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#3 NOTES DE SYNTHÈSE Avril 2017 TRAVAILLER AU XXI E SIÈCLE LES PROPOSITIONS DES CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE 2017 AU TAMIS DES PROPOSITIONS DE L’INSTITUT DE L’ENTREPRISE

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#3

NOTES DE SYNTHÈSE

Avril 2017

TRAVAILLER AU XXIE SIÈCLE

LES PROPOSIT IONS DES CAND IDATS À LA PRÉS IDENTI ELLE 2017 AU TAM IS DES PROPOSIT IONS DE

L ’ I NST ITUT DE L ’ENTREPR ISE

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TRAVAILLER AU XXIE SIÈCLELES PROPOSITIONS DES CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE 2017 AU TAMIS

DES PROPOSITIONS DE L’ INSTITUT DE L’ENTREPRISE

#3

NOTES DE SYNTHÈSE

Avri l 2017

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SOM

MAIRE

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INTRODUCTION

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXIE SIÈCLE ?

9 - NOUVELLES FORMES DE TRAVAIL : PENSER, RÉGULER OU INTERDIRE ?

11 - CONTRAT DE TRAVAIL : ASSOUPLIR OU RIGIDIFIER ?

12 - TEMPS DE TRAVAIL : ADAPTER OU PARTAGER ?

13 - RÉMUNÉRATION : INCITER OU ENCADRER ?

14 - CONDITIONS DE TRAVAIL : EFFICACITÉ OU JUSTICE SOCIALE ?

LES RELATIONS SOCIALES AU TRAVAIL : AVONS-NOUS ATTEINT L'ÂGE DE RAISON ?

17 - DIALOGUE SOCIAL DANS L’ENTREPRISE : QUELLES RÈGLES DU JEU ?

18 - ET LE PARITARISME ?

6-7

8-14

16-19

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INTRODUCTION

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TRAVAILLER AU XXIE SIÈCLELES PROPOSIT IONS DES CAND IDATS À LA PRÉSIDENTIELLE 2017 AU TAMIS DES PROPOSITIONS DE L’ INSTITUT DE L’ENTREPRISELe champ de cette note se limite aux cinq candidats principaux en termes d’intentions de vote au premier tour de la présidentielle du 23 avril prochain tels qu’ils ressortent à ce jour dans l’ensemble des enquêtes d’opinion, à savoir : M. Le Pen, F. Fillon, E. Macron, B. Hamon, J.-L. Mélenchon. Nous avons choisi de séparer les propositions relevant d’une réforme du marché du travail, traitées dans cette note de synthèse, de celles relevant de réformes des politiques de l’emploi.

L’Institut de l’entreprise analyse les propositions des candidats à travers la grille de lecture suivante, fondée sur ses nombreux travaux :Dans quelle mesure les propositions préfigurent-elles / accompagnent-elles l’émergence des nouvelles formes de travail ? Dialogue social : avons-nous atteint l’âge de raison ?

Bonne lecture !

INTRODUCTION

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QUELLES PROPOSITIONS

POUR LE TRAVAIL DU XXIE SIÈCLE ?

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Le numérique bouleverse notamment les formes et organisations de travail et modifie en profondeur notre rapport au travail ainsi que les relations de travail dans l’entreprise. C’est un thème que l’Institut de l’entreprise a étudié en profondeur sous différents aspects au cours des dernières années.

Bien que les médias se soient fait largement l’écho des convulsions et réflexions sur ce sujet au cours des derniers mois, « et que nous expérimentions déjà le développement de ces nouvelles formes et organisations de travail1  », les programmes des candidats semblent en décalage par rapport à la réalité vécue par nombre de travailleurs, qualifiés ou non. Ils abordent le sujet via des concepts datés et, pour certains d’entre eux, un prisme doloriste marqué.

NOUVELLES FORMES DE TRAVA I L : PENSER, RÉGULER OU INTERDIRE ?Demain, quel travailleur serons-nous ?

« Demain, serons-nous tous indépendants  ? Rien n’est moins sûr. La fin du salariat n’est pas pour demain. A l’horizon 2030, le taux d’emploi non salarié pourrait avoisiner les 14,7%, proche de ce qu’il était en…1992. Serons-nous tous slashers, passant d’un emploi à l’autre et d’un employeur à l’autre en une seule journée ? Peut-être. Nous serons de plus en plus nombreux à cumuler plusieurs activités (comptable et photographe ; aide-soignant et déménageur ; DRH et enseignant…), pour des raisons d’épanouissement personnel, sous la contrainte financière, ou pour entretenir notre employabilité. Demain, serons-nous tous travailleurs à la demande ? Non. Le travail sur les plates-formes numériques sera loin d’être la norme. En revanche, il pourrait se développer, permettant ainsi aux plus fragiles d’entre nous dont la productivité est faible de trouver  de l’activité à défaut d’un emploi. Demain, serons-nous tous des flexible workers ? Si le travail indépendant n’augmente pas de façon significative, sa nature se modifie profondément. La légère hausse se concentre surtout sur les activités à haute valeur ajoutée, où les travailleurs sont plus diplômés que la moyenne et aspirent à une plus grande autonomie. Demain, serons-nous tous remplacés par des robots ? Il faudra nous adapter, nous former et accroître nos qualifications, pour occuper des emplois à haute valeur ajoutée. » De nouvelles lois pour le travail de demain et autres contributions, Le Monde, 18 janvier 2017.

1 De nouvelles lois pour le monde du travail de demain, Le Monde, 18 janvier 2017

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXI E S IÈCLE ?

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Le numérique a fait émerger des nouvelles formes de travail qui suscitent espoirs et inquiétudes. Les médias ont relayé abondamment la crainte des uns et l’enthousiasme des autres. De nombreux travaux et réflexions visant à ébaucher des pistes de ce que pourrait être le travail au XXIe siècle ont vu le jour.

Par exemple, dans la note de l’Institut de l’entreprise, Travail à la demande, quel modèle social ?, David Ménascé propose des pistes souples et « gagnant-gagnant » pour sécuriser les travailleurs économiquement dépendants des plateformes opératrices. De même, Jacques Barthélémy et Gilbert Cette2 préfigurent également ce que serait un « droit de l’activité professionnelle », transcendant tant les statuts que les droit du travail et de la protection sociale : un socle de droits fondamentaux, bénéficiant à tous les travailleurs, serait complété de droits à protection croissants avec le degré de dépendance économique, indépendamment du statut – salarié ou indépendant. 

F. Fillon propose de « créer un statut de prestataire indépendant pour les « autoentrepreneurs qui le souhaiteront. Il les protégera en minimisant ainsi les possibilités de requalification. Ce statut sera valable pour 3 ans  ». Jacques Barthélémy montre cependant que la création d’un statut ad hoc, piste qu’il a envisagée un temps, risque de générer davantage de complexité.

S’il est encore trop tôt – et sans doute inopportun – de formuler des propositions précises, on pouvait s’attendre à une dynamique de réflexion plus forte et à davantage de vision. Le citoyen-travailleur reste sur sa faim.

Pour le reste, l’essentiel des propositions se concentre en effet sur des dispositions fiscales et sociales autour du statut d’autoentrepreneur3, du RSI.

Quant à B. Hamon et J.-L. Mélenchon, ils se prononcent clairement pour une absorption de ces nouvelles formes de travail par le salariat (« lutter contre le salariat déguisé des entreprises uberisées en requalifiant leurs collaborateurs en salariés » ; « faciliter la requalification en contrat de travail salarié des autoentrepreneurs à client unique »).

2 « Travailler au XXIe siècle, L'ubérisation de l'économie ? » Gilbert Cette et Jacques Barthélémy, Editions Odile Jacob, 2017

3 Ces dispositions d’ordre fiscal et social sont traitées dans la note de synthèse « Emploi »

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXI E S IÈCLE ?

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CONTRAT DE TRAVAIL : ASSOUPLIR OU RIGID IFIER ?L’espace et le temps du travail sont bouleversés par le numérique. Pourtant, le « travail » reste abordé par les candidats sous des angles « habituels » : contrat, durée, conditions. Aucune amorce de réflexion sur l’inadéquation du contrat de travail aux nouvelles formes de travail.

Emmanuelle Barbara comme Jacques Barthélémy expliquent pourtant pourquoi il faudrait supprimer le lien de subordination, qui non seulement n’a plus de sens mais, surtout, conduit à des situations ubuesques où ceux qui en ont le moins besoin se retrouvent surprotégés. Jacques Barthélémy et Gilbert Cette proposent de lui substituer un « lien de dépendance économique », Emmanuelle Barbara un « lien de coopération ».

Sur le thème du «  contrat de travail  » on retrouve les deux logiques qui de longue date  s’opposent dans les propositions des candidats : entre volonté d’assouplir ou d’accroître les contraintes du contrat (formes et conditions de rupture). B. Hamon et J.-L. Mélenchon proposent un renforcement de l’encadrement des contrats précaires, le premier par « l’encouragement à la négociation » sur ce sujet, le second sur l’instauration « d’un quota maximum de contrats précaires (10% dans les PME, 5% dans les grandes entreprises) ».

La forme du contrat de travail, notamment via le concept de « contrat unique », qui avait cristallisé l’attention lors des précédents débats, n’est quasiment plus évoquée. Seul F. Fillon propose de « rénover le contrat de travail » en créant un « contrat de mission ou contrat à causes de rupture définies ».

Par ailleurs, F. Fillon souhaite « clarifier les règles du licenciement économique ». Il partage avec E. Macron la volonté de donner de la lisibilité aux entreprises en encadrant les indemnités prud’homales. En contrepoint, J.-L. Mélenchon propose sans surprise d’«  interdire les licenciements boursiers  », de «  réformer le recours à la rupture conventionnelle pour empêcher les licenciements déguisés », de « refondre la procédure de licenciements économiques pour les rendre ineffectifs avant l’épuisement des recours ».

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXI E S IÈCLE ?

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QUELQUES POINTS DE REPÈRESLe chômage de longue durée (plus d’1 an) représente 42,6% des chômeurs et 4,3% de la population active.Le chômage touche près de 10% de la population active. Le CDI reste dominant : 85,6% des salariés en 2015, 75,8% de l’emploi.À la fin du 4e trimestre 2016, les CDD représentaient 86,5% des embauches, dont 17,3% pour moins d’un mois selon l’ACOSS .Nombre de ruptures conventionnelles : 360 000 environ en 2015, nombre qui a quasiment doublé depuis leur introduction par la Loi du 25 juin 2008, selon la DARES . Plus de 9 litiges sur 10 sont liées à la rupture du contrat de travail. Le taux de recours est élevé (~67%) et les délais de traitement très longs (entre 16,6 et 28 mois en moyenne selon qu’il y ait ou non départage).

TEMPS DE TRAVA IL : ADAPTER OU PARTAGER ? Faut-il encore débattre des 35 heures ? Nous avons posé la question sur notre plateforme de débat. À 56%, les contributeurs ont voté NON. Florilège des commentaires : parler de durée du temps de travail a encore du sens dans certains secteurs. «Un changement du temps de travail règlementaire dans la fonction publique aurait un impact très important sur la qualité du service public et sur les impôts.» Mais pour d’autres, le débat des 35 heures est «un combat d’arrière-garde». Activité salariée plus variée, pluriactivité, travail indépendant, notamment sur les plateformes… «Penser 35 heures ou pas, pour tous, c’est nier le fait que la norme unique pour tous a volé en éclats.» Au bout du compte, ce sont les accords d’entreprise qui nous diront si, oui ou non, nous devons, tous, travailler 35 heures au 21e siècle. Et de conclure: «Il faut en parler pour ne plus en parler».

Dans les faits, les salariés français à temps complet travaillent déjà en moyenne 39 heures4. Les 35 heures ne sont plus tant un sujet de temps de travail dans l’entreprise que de coût du travail. Trois logiques s’affrontent. Celle de F. Fillon, qui propose de « mettre

4 Insee, Tableaux de l’économie française, Insee Références, Edition 2016, 01 mars 2016

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXI E S IÈCLE ?

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fin à la durée légale du travail et laisser chaque entreprise décider de son temps de travail par la négociation collective. L’accord majoritaire s’imposera au contrat de travail. Une durée de référence de 39 heures sera introduite pour le cas d’entreprise sans dispositions conventionnelles ».

Celle de ceux qui ne touchent pas à la référence légale, mais autorisent des dérogations. « Les horaires effectifs ou l’organisation du travail seront négociés au plus près du terrain. Ils seront définis par accord majoritaire ou par référendum d’entreprise sur la base d’un accord minoritaire », s’agissant d’E. Macron. Pour M. Le Pen, il faut « maintenir la durée légale hebdomadaire du travail à 35 heures et la majoration des heures supplémentaires » et « autoriser la négociation sur l’allongement du temps de travail exclusivement au niveau des branches professionnelles et à la condition d’une compensation salariale intégrale ».

B. Hamon souhaite « encourager la poursuite de la réduction collective du temps de travail sur la base du volontariat par la négociation ». J.-L. Mélenchon envisage de revenir « sur la flexibilisation, l’annualisation et les horaires fractionnés », «  sur le forfait-jour pour le limiter aux seuls cadres dirigeants », «sur les élargissements du travail le dimanche ». Il souhaite également « favoriser le passage à la semaine de 4 jours pour aller vers les 32 heures », « appliquer immédiatement les 32 heures aux travail de nuit et aux métiers pénibles », « généraliser une sixième semaine de congés payés ».

RÉMUNÉRATION : INCITER OU ENCADRER ?B. Hamon et J-L. Mélenchon proposent l’augmentation uniforme du SMIC, malgré l’impasse qu’elle peut représenter pour l’emploi5. Ainsi, B. Hamon veut « augmenter immédiatement le SMIC de 10% », J.-L. Mélenchon de 16% et « majorer les heures supplémentaires (25% pour les 4 premières, 50% au-delà) » (soit 18 milliards d'euros par an supplémentaires, selon nos chiffres). B. Hamon souhaite « encourager la négociation des partenaires sociaux sur les salaires ».

La rémunération des dirigeants fait l’objet de plusieurs propositions des candidats. E. Macron entend travailler sur l’échelle des rémunérations, en s’appuyant sur les leviers de la transparence et de la responsabilisation des entreprises par la pratique du « name and shame ». Il propose d’« obliger les grandes entreprises à publier un ratio d’équité mesurant l’écart de rémunération entre dirigeants et salariés » et « responsabiliser les organes de direction en cas de vote défavorable des actionnaires sur la rémunération des dirigeants ».

5 Garner, Brun-Schammé, Naboulet, Le Ru, Quels leviers pour l’emploi ? 2017-2027, Note d’analyse, France Stratégie, mai 2016

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXI E S IÈCLE ?

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B. Hamon souhaite « créer un statut de dirigeant de grande entreprise afin de moraliser les pratiques » et « prohiber les rémunérations dépourvues de lien avec l’amélioration des résultats en cours de mandat ». Il envisage de plus de «  supprimer les stock-options, les retraites chapeaux en cas de démission ou de perte de confiance du conseil d’administration ». J.-L. Mélenchon va dans le même sens, la suppression étant sans condition. Il souhaite de plus « fixer un salaire maximum pour limiter de 1 à 20 l’échelle des salaires dans l’entreprise ».

CONDITIONS DE TRAVAIL : EFFICACITÉ OU JUSTICE SOCIALE ?La complexité du compte pénibilité est dénoncée par les entreprises. Son coût est préoccupant (6 milliards d'euros en régime permanent, voir la fiche Fipeco qui lui est consacrée). Sensibles à ces observations, F. Fillon, M. Le Pen et E. Macron en propose la suppression au profit d’alternatives (traitement via les conditions de travail et la prévention, majoration des annuités de retraite, négociation). B. Hamon propose au contraire de le renforcer et de l’étendre.

B. Hamon et J.-L. Mélenchon fondent leur propositions sur une vision doloriste du travail, loin des aspirations à l’émancipation qui s’exprime y compris chez les plus fragiles. Ils s’intéressent ainsi à la souffrance au travail et envisagent tous deux de reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle. B. Hamon propose également « rendre les dirigeants responsables en cas de pratiques sources de souffrance avérée au travail ».

QUELLES PROPOSITIONS POUR LE TRAVAIL DU XXI E S IÈCLE ?

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LES RELATIONS SOCIALES AU

TRAVAIL : AVONS-NOUS

ATTEINT L'ÂGE DE RAISON ?

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DIALOGUE SOCIAL DANS L’ENTREPRISE : QUELLES RÈGLES DU JEU ? «  Le dialogue social est un levier de la capacité d’adaptation des entreprises à un environnement en mutation constante et accélérée. À ce titre, il doit être envisagé à partir de l’entreprise. En conséquence, l’accord collectif, conclu au plus près du terrain (groupe, entreprise, établissement, business unit, communauté de travail, branche le cas échéant) devrait, par principe, primer sur la loi – sous réserve de dispositions d’ordre public. Cette proposition peut sembler irréaliste au regard de la qualité de nos relations sociales. L’Institut de l’entreprise croit au contraire que c’est en décentralisant la négociation collective que celle-ci recouvrera l’importance stratégique qui doit être la sienne.  », Accords collectifs, vers une économie de la confiance, contribution de l’Institut de l’entreprise pour France Stratégie.

Il peut être noté la convergence de trois candidats (M. Le Pen, F. Fillon, E. Macron) sur la nécessité de simplifier en les fusionnant les instances représentatives du personnel (DP, CE, CHSCT) dans l’entreprise. Chez F. Fillon et E. Macron, cette convergence va plus loin et propose une nouvelle forme de gouvernance des relations sociales dans l’entreprise qui consiste à en appeler directement aux salariés par un referendum d’entreprise (à l’initiative de l’employeur pour l’un, par l’employeur ou un syndicat sur la base d’un accord minoritaire pour l’autre). Si l’évolution du rapport de force en faveur du chef d’entreprise est claire dans la proposition de F. Fillon, on comprend par contre mal ce qu’apporte celle d’E. Macron par rapport aux dispositions de la Loi du 25 août 2016, dite « Travail ». F. Fillon propose de doubler les seuils sociaux pour faciliter l’embauche dans les petites entreprises, bien que l’impact d’une telle mesure sur la création d’emploi soit semble-t-il limité6.

M. Le Pen propose de « réduire le nombre d’obligations administratives liées au seuil social de 50 salariés »

En contrepoint, B. Hamon et J.-L. Mélenchon proposent de « rééquilibrer » le pouvoir dans les entreprises en faveur des salariés par des droits de veto accordés au comité d'entreprise et un pouvoir accru des représentants du personnel sur le fonctionnement de l’entreprise.

B. Hamon veut « mettre en place un droit de veto pour les représentants des salariés élus au comité d'entreprise sur les grands choix stratégiques des entreprises de plus

6 Insee, Les seuils de 10, 20, 50 salariés : un impact limité sur la taille des entreprises françaises, Insee Analyses N°2, décembre 2011

LES REL ATIONS SOCIALES AU TRAVAIL : AVONS-NOUS AT TEINT L'ÂGE DE RAISON ?

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de 2 000 salariés : délocalisation, digitalisation, utilisation des fonds publics (CICE, CIR), robotisation ou fermeture d’usine » et « garantir aux syndicats l’accès exhaustif à l’information dans l’entreprise ».

J.-L. Mélenchon propose d’ « abroger la loi El-Khomri », d’« instaurer le droit pour les salariés à un vote de défiance à l’égard des dirigeants », d’ « accorder de nouveaux droits de contrôle aux comité d'entreprise sur les finances de leur entreprise », d’« instaurer un droit de veto suspensif du comité d'entreprise sur les licenciements économiques », de « reconnaître un droit de préemption aux salariés pour former une SCOP en cas de fermeture ou de vente de leur entreprise ».

Enfin, notons une convergence entre B. Hamon et E. Macron, qui proposent tous deux de placer des représentants de salariés comme administrateurs au sein des organes de direction dans les entreprises. Différence de taille toutefois entre les deux, B. Hamon semble vouloir l’imposer par la loi à hauteur de 50% des membres votants quand E. Macron se contente d’incitations.

ET LE PARITARISME ?Primauté de l’accord d’entreprise, fin du monopole syndical aux élections professionnelles, limitation des mandats, réduction du nombre de branches, réforme du financement des organisations syndicales, sont autant de mesures que proposent F. Fillon et E. Macron. À l’inverse, le retour au principe de faveur proposé par B. Hamon, pierre d’achoppement idéologique cristallisant l’opposition à la loi « Travail », marque une volonté nette de retour à un ordre juridique antérieur. Quant à J.-L. Mélenchon, il propose de modifier la représentativité des organisations patronales qui ne seraient plus fondée sur des critères d’audience7 conformément aux Lois du 5 mars 2014 et 8 août 2016, mais sur l’élection.

Faut-il aller plus loin et réformer en profondeur le paritarisme ? La question a été posée par l’Institut de l’entreprise, sur la base de constats réalisés par Jean-Charles Simon. En images, c’est ici.

« Syndicats et patronat ont dans notre pays des prérogatives considérables et souvent méconnues, que bien des Français croient d’ailleurs être celles de l’État. Sait-on par exemple qu’ils gèrent ensemble, et seuls, plus de 130 milliards d’euros de budgets sociaux ? […] Composante

7 Portail d’information de la Représentativité Patronale

LES REL ATIONS SOCIALES AU TRAVAIL : AVONS-NOUS AT TEINT L'ÂGE DE RAISON ?

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essentielle du système social français, le paritarisme ne peut être exonéré des failles de celui-ci. À plus d’un titre, les difficultés de financement ou d’adaptation de notre modèle social apparaissent comme l’un des problèmes majeurs du pays. […] Alors qu’ils sont décriés pour leur archaïsme, leur faible représentativité, leur opacité ou leur mode de financement, les partenaires sociaux servent pourtant d’alibi à un État qui se défausse sur eux et ne réforme jamais. Totems d’un dialogue social proclamé comme la solution à toutes les difficultés, ils peuvent apparaître comme les garants de l’immobilisme. Le système paritaire ne serait-il pas davantage le problème que la solution ? » Jean-Charles Simon.

Certains candidats esquissent de timides propositions pour dynamiser le paritarisme en encourageant le syndicalisme par la formation des représentants et la lutte contre la discrimination syndicale. « Réduire le nombre de branches professionnelles à moins de 100 », « renforcer la formation des représentants des salariés en droit social et en gestion », «  encourager l’engagement syndical et la valorisation de ce dernier dans un parcours de carrière », « lutter contre la discrimination syndicale » pour E. Macron. « Limiter le temps consacré aux mandats syndicaux à 50% du temps de travail » et « valoriser l’expérience syndicale sur le plan des compétences et de la gestion de carrière » pour François Fillon.

Pour les autres candidats, demeure une idée de déséquilibre entre patronat et syndicats de salariés, que la puissance publique devrait venir rétablir par le contrôle et la sanction.

B. Hamon souhaite :« renforcer les corps d’inspection qui font respecter le droit du travail et les règles fiscales » ;« rendre les dirigeants responsables en cas de pratiques sources de souffrance avérée au travail » ; « renforcer le statut de lanceur d’alerte ».

J.-L. Mélenchon entend :«  augmenter nettement les effectifs de police en charge de la délinquance en col blanc » ;« donner la priorité à la lutte contre la délinquance financière et la corruption » ;« doubler les effectifs de l’inspection du travail » ; « protéger les lanceurs d’alerte et investir les salariés d’une mission d’alerte ».

LES REL ATIONS SOCIALES AU TRAVAIL : AVONS-NOUS AT TEINT L'ÂGE DE RAISON ?

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PUBLICATIONS DE L’ INSTITUT DE L’ENTREPRISE SUR CE THÈME

Innover en entreprise : de l’incantation à l’action, mars 2017Travailler au XXIe siècle, janvier 2017Faut-il en finir avec le paritarisme ? octobre 2016Travail à la demande : quel modèle social ? mai 2016Innovation & the City, avril 2016La nouvelle assurance chômage, décembre 2015Civilisation du savoir et statut du travailleur, novembre 2015La France du bon coin, septembre 2015Accords collectifs et travail : vers une économie de la confiance, juillet 2015L’ère du sur-mesure : solutions pour l’insertion des jeunes, février 2015L’emploi à vie est mort, vive l’employabilité ! septembre 2014Réseaux sociaux d’entreprise, entre promesses et illusions, 2014Dialogue social, l’âge de raison : faire du dialogue social un levier de performance, 2013

LES NOTES DE L' INSTITUT DE L'ENTREPRISE

Maquette : Iggybook Studio

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Créé en 1975, l’Institut de l’entreprise est un think tank indépendant de tout mandat syndical ou politique. Association à but non lucratif, l’Institut de l’entreprise a une triple vocation : être un centre de réflexion, un lieu de rencontre et un pôle de formation. Profondément ancré dans la réalité économique, il concentre ses activités sur la relation entre l’entreprise et son environnement. L’Institut de l’entreprise réunit plus de 120 adhérents (grandes entreprises privées et publiques, fédérations professionnelles et organismes consulaires, institutions académiques, associations, etc.). Ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n’excédant 2 % du budget annuel.

THINK TANKLa réflexion de l’Institut de l’entreprise s’organise autour de 5 thématiques prioritaires : compétitivité et innovation, emploi et prospective sociale, management, finances publiques et réforme de l’action publique.Dans cette réflexion, la vision de l’entreprise – conçue à la fois comme organisation, acteur du monde économique et acteur de la société – tient une place prépondérante. Pour réaliser ses études et élaborer ses propositions, l’Institut de l’entreprise met à contribution un vaste réseau d’experts (universitaires, hauts fonctionnaires, économistes, politologues, dirigeants d’entreprise, think tank partenaires étrangers etc.). La diffusion de ses idées s’appuie sur la parution régulière de rapports et de notes et sur la publication d’une revue annuelle, Sociétal.Le Blog, intégré au site internet de l’Institut de l’entreprise est résolument tourné vers l’international. L’Institut de l’entreprise, partenaire fondateur du Réseau International des Think Tank Economiques (www.isbtt.com), intègre systématiquement dans sa réflexion l’analyse de modèles étrangers susceptibles d’inspirer les politiques publiques françaises.

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