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JEAN-BAPTISTE DE PROYART JEAN-MICHEL GOUTIER Trésors de la bibliothèque d’André Breton GALERIE MILLE NEUF CENT DEUX MILLE DAVID ET MARCEL FLEISS 8 RUE BONAPARTE PARIS t

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JEAN-BAP TISTE DE PROYART

JEAN-MICHEL GOU TIER

Trésors de la bibliothèque

d’André BretonGALERIE MILLE NEUF CENT DEUX MILLE

DAVID ET MARCEL FLEISS

8 RUE BONAPARTE

PARIS

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Galerie 1900 t 2000David et Marcel Fleiss

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Galerie Mille Neuf Cent Deux Mille

David et Marcel Fleiss

8 rue Bonaparte

Paris VIe

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Impossible de se pencher sur ces fleurons incontournables de la bibliothèqued’André Breton, réunis dans cette exposition, sans se souvenir que le futur auteur desManifestes fréquentait régulièrement, en compagnie de Louis Aragon, depuis leurrencontre à l’hôpital du Val-de Grâce en 1917, la librairie d’Adrienne Monnier, LaMaison des Amis des Livres, rue de l’Odéon. Par la suite, « les deux jeunes tigres »,ainsi que les surnommait Jacques Doucet, se retrouvèrent en février 1922, à l’initiativede Breton, pour établir ensemble les bases de la bibliothèque littéraire du célèbrecollectionneur. Mais avant d’évoquer les débuts de la revue Littérature dont le nomavait été choisi par provocation par Paul Valéry, revenons à 1916, l’année des vingt ansde Breton.

Appelé sous les drapeaux avec la classe 16, à laquelle il appartenait, André Bretonpassera sa vingtième année aux armées, d’abord à Nantes où il a été affecté, en juillet1915, après ses classes à Pontivy, puis au Centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier,de la fin du mois de juillet à novembre 1916, et enfin en première ligne sur le front dela Meuse. À l’époque, l’avenir réservé par la France à sa jeunesse se réduisait àl’uniforme bleu horizon et à la boue des tranchées.

Quel était l’état d’esprit du jeune poète entraîné dans le chaos absurde et sanglantde la Première Guerre mondiale ? Quels étaient, dans ce monde vacillant, les hommesqui ne déméritaient pas à ses yeux ? Quels étaient, alors, les repères de sa constellationpoétique ?

Au sortir de l’adolescence, en 1913, Breton ne connaissait de Rimbaud quequelques textes lus dans des anthologies et il ignorait, par exemple, comme il le relatedans ses Entretiens, la célèbre formule « La main à plume vaut la main à charrue. —Quel siècle à mains ! — Je n’aurai jamais ma main. » Sa rencontre avec les textesimportants de Rimbaud, « la grande affaire », n’aura lieu que pendant l’été 1914. Sespoètes admirés étaient en ce temps-là : Jean Royère, directeur de la revue La Phalange,qui, en mars 1914, publiera les premiers vers de Breton, Francis Viélé-Griffin, RenéGhil, Saint-Pol Roux (dont La Dame à la Faulx restera pour toujours, « le chef-d’œuvre du théâtre symboliste ») et, bien entendu, Baudelaire et Mallarmé.

À partir de 1914, c’est Paul Valéry qui commencera à exercer une fascination surBreton qui savait presque par cœur La soirée avec Monsieur Teste ; ce personnage le

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par Jean-Michel Goutier

« Le satin des pages qu’on tourne dans les livres moule une femme si belleQue lorsqu’on ne lit pas on contemple cette femme avec tristesseSans oser lui parler sans oser lui dire qu’elle est si belleQue ce qu’on va savoir n’a pas de prix »

André Breton, Le Revolver à cheveux blancs (1932)

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répondra ironiquement : « Je vois maintenant que l’illumination vous gagne. » Leparallèle est, en effet, évident avec « Aube » de Rimbaud. Le second destinataire,Apollinaire, qui a déjà remercié Breton le 14 février pour l’envoi du poème, revient le12 mars 1916, dans une carte postale pour correspondance militaire, sur l’importancequ’il accorde à l’auteur des Illuminations : « Je crois que Rimbaud pressentit bien deschoses modernes […] Ainsi ce que disait Rimbaud n’est-il plus de simple raffinementmais une méthode à laquelle les sciences ouvrent un vaste champ, toutes les sciences,même celle des mœurs. »

À Nantes, où il avait été envoyé en juillet 1915 comme infirmier militaire, Bretonfait la rencontre de Jacques Vaché à l’hôpital où il exerce au début de 1916. Lafréquentation, quasi journalière, deux mois durant, de ce singulier compagnon, de cepersonnage qui affichait un écart absolu à l’égard de la littérature, marquera unecassure définitive dans la vie de Breton. En 1948, il terminera son texte « Trente ansaprès », publié dans la revue Néon, avec ces lignes sur le désir : « de promouvoir auplus haut rang, dans l’ordre de la salubrité et des soins d’urgence, les très raresconcentrés de résistance absolue que sont les Lettres dites de guerre, de Jacques Vachéet Les Jours et les Nuits, journal d ’un déserteur, d’Alfred Jarry qui gardent toute leurvigueur de contrepoison. »

Dans le catalogue de la Galerie 1900-2000, figurent Les Jours et les Nuits, journald’un déserteur ainsi que Gestes suivis de Paralipomènes d ’Ubu très appréciés du jeuneBreton mobilisé par la Grande Guerre. Jarry est présent sur la liste établie en 1922pour Doucet et sur celle qui nous sollicite aujourd’hui. Préoccupé par l’élaborationd’une nouvelle poésie, Breton est un fervent admirateur de l’humour de Jarry et decelui de Vaché et il est aussi attentif aux rapports que ces derniers établissent entrel’art et la vie. Il notera à ce sujet dans l’Anthologie de l ’humour noir : « À partir de Jarry,bien plus que de Wilde, la différenciation tenue longtemps pour nécessaire entre l’artet la vie va se trouver contestée, pour finir anéantie dans son principe. » Ce quicoïncide parfaitement avec les impératifs surréalistes.

« En littérature, je me suis successivement épris de Rimbaud, de Jarry,d’Apollinaire, de Nouveau, de Lautréamont, mais c’est à Jacques Vaché que je dois leplus… » mentionne encore Breton, dans « La Confession dédaigneuse », texte quiouvre le volume Les Pas perdus, paru en 1924, et que l’auteur avait adressé à JacquesDoucet quatre ans auparavant dans sa correspondance régulière avec lui !

Affecté, sur sa demande, le 16 juillet 1916 au Centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier, Breton découvre Freud à travers le Précis de psychiatrie du docteur Régis etsonge même, confronté à la folie des malades qui l’entourent, à renoncer à la poésiepour une carrière médicale ! À la fin novembre, la folie des hommes dits normaux, quijette Breton dans l’offensive de la Meuse, faillit laisser à jamais en suspens le choixenvisagé mais il n’en fut rien et, heureusement, la poésie et la vie triomphèrent. Unnouveau poème, après de longs mois de silence, voit le jour : « Soldat ». Retour àRimbaud, présent au cœur du texte, retour à Valéry et à Apollinaire auxquels lepoème est adressé. La boucle se referme, les vingt ans de Breton s’achèvent sur lavictoire de la poésie.

En cette année 1916 Breton a évité l’impasse de la littérature, celle du « pohète »dont se moquait Vaché, comme il a évité, peu de temps après, ainsi qu’on vient de levoir, celle d’une carrière médicale. Après sa découverte de Rimbaud, celle de

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hanta longtemps, au point qu’il se substitua même, par la suite, à son créateur. Valéryjoua dans la vie de Breton un rôle considérable par l’attention et les conseils qu’il luiprodigua. C’est Valéry qui lui recommandera, notamment, la lecture du Livre deMonelle de Marcel Schwob comme antidote au climat cocardier et revanchard quirégnait à l’époque.

La nature des lettres échangées avec Valéry aidera grandement celui quideviendra le principal théoricien du surréalisme à se dégager du symbolisme et àtrouver, après bien des errances et des crises, sa voie. Ainsi, à l’orée de 1916, Valéry,répondant à Breton qui lui a envoyé le sonnet intitulé « À vous seule », écrit : « Cesderniers vers […] font penser que vous êtes dans un état que les physiciensnommeraient “critique”, leur brisement, leur art situé entre les types définis ; lehasard introduit, voulu, rétracté à chaque instant, assurent que vous touchez uncertain point intellectuel de fusion ou d’ébullition — bien connu de moi, quand leRimbaud, le Mallarmé inconciliables se tâtent et se limitent dans un poète ; débatcapital, qu’on n’évite pas, perceptible si clairement dans ce sonnet où le solitaire, levolontaire, le seul soi, mais la rime exacte, la forme fixe, la recherche des contrastes,coexistent. » (Lettre de Paul Valéry à André Breton du 29-01-1916, citée dans lesŒuvres complètes d’André Breton, tome I de La Bibliothèque de la Pléiade,Gallimard, 1988, p. 1114.)

Un autre « passant considérable » jouera également, toujours au cours de cetteannée 1916, dans le débat d’idées qui agite Breton, un des principaux rôles,Guillaume Apollinaire. À tout seigneur, tout honneur, une des pièces les plusadmirables, sinon la plus admirable parmi celles qu’ont su réunir Marcel et DavidFleiss dans leur exposition est, incontestablement, Calligrammes, ouvrage dédicacé àBreton et qui contient, entre autres, l’original de la fameuse lettre du 14 février 1916,document essentiel pour l’histoire de notre modernité.

Ce livre Calligrammes faisait aussi partie de la bibliothèque de Doucet. Il s’agissaitd’un des quatre exemplaires, imprimés sur Japon ancien, que Breton conseillera augrand collectionneur de faire relier. C’est Rose Adler qui s’en chargera. Elle sera aussisollicitée pour Les Aventures de Télémaque d’Aragon et Les Ardoises du toit de Reverdy.

Dans un Bulletin du bibliophile de 1980, François Chapon après avoir cité lesartisans d’art qui collaborèrent à habiller d’autres volumes choisis par Breton : Locussolus de Raymond Roussel, Ubu roi et Le Surmâle de Jarry par A. et J. Langrand, et Le livre de Monelle de Marcel Schwob par Yvonne Ollivier, nous apprend que dansune lettre adressée à Doucet du 9 février 1921, Breton l’aurait incité à acheterégalement Impressions d ’Afrique de Roussel dont il considérait qu’« avecLautréamont, [il était] le plus grand magnétiseur des temps modernes ». RetrouvonsApollinaire, « l’Enchanteur », avec lequel Breton a entamé une correspondance, endécembre 1915, en lui adressant le poème « Décembre » (publié à la fin de la guerredans Mont de piété). Cette correspondance se prolongera jusqu’au mois d’octobre1918, quelques semaines avant la mort de l’auteur de « Zone » et de « La Chansondu mal aimé ».

Le 10 février 1916, au soir, Breton termine un poème en prose qui a pour titre« Âge » dédicacé à Léon-Paul Fargue. Le lendemain, il l’envoie à Valéry ainsi qu’àApollinaire mais daté du 19, jour de son anniversaire, afin de mettre ses vingt anssous le signe de Rimbaud. Le premier destinataire, Valéry, qui n’est pas dupe,

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Man Ray, ainsi qu’en quatrième de couverture le redoutable choix : « Lisez / ne lisezpas » où se trouvaient, parmi les élus de la rubrique « Lisez », 8 noms de la listeprésente ! Le jeu pourrait se poursuivre en consultant le Manifeste du surréalisme, lesommaire de l ’Anthologie de l ’humour noir ou telle enquête de revue comme celle desCahiers GLM, en mars 1939, mais il me semble plus significatif de l’interrompre encitant l’ouvrage Pour une Bibliothèque idéale, sous forme d’enquête présentée parRaymond Queneau, en 1956, chez Gallimard. À celle-ci, 40 écrivains français oupersonnalités, répondent en citant les cent ouvrages qui formeraient, à leur avis, labibliothèque idéale. Breton a répondu en citant 112 titres de livres choisis parmi ceux,publiés au cours des siècles, dans le monde. De cette liste se détachent, entre autres,huit des noms du catalogue prestigieux de la Galerie 1900-2000 : Apollinaire,Duchamp, Jarry, Lautréamont, Péret, Reverdy, Roussel, Sade.

Après cette énumération comparative d’œuvres bibliophiliques, il me semble ques’impose une note d’humour, cher aux surréalistes, de cet humour revendiqué etcélébré par Breton dans son Anthologie de l ’humour noir. À ce titre, pourquoi ne pasciter une savoureuse anecdote contée par Salvador Dalí, génial promoteur de l’activitéparanoïaque, critique et auteur du chef d’œuvre incontesté L’Amour et la Mémoire :

« Un éditeur américain m’a demandé d’écrire un livre spécialisé sur la technique dela peinture à l’huile ; alors j’ai écrit ce livre et c’est après coup, en relisant mon proprelivre, que j’ai appris à peindre en suivant les instructions que moi-même j’avaisrédigées. »

Pour conclure cette évocation de la jeunesse de Breton, j’affirmerai que ce poèteest, paradoxalement, plus un homme de fidélité qu’un homme de rupture. Jamais, aucours de son existence, il ne reniera les options de ses vingt ans et encore moins lesêtres et les événements qui l’ont conduit à opérer ces choix.

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Lautréamont deux ans plus tard, viendra confirmer l’orientation choisie : « On saitmaintenant que la poésie doit mener quelque part » revendiquera Breton dans La N.R.F du 1er juin 1920.

La lecture des Chants de Maldoror de Lautréamont déclencha un véritable séismeparmi les trois amis Aragon, Breton et Soupault. Évoquant « ce message fulgurant »dans ses Entretiens, Breton déclare : « Rien, pas même Rimbaud, ne m’avait agité à cepoint… » Ce livre capital est un sésame pour pénétrer au cœur du surréalisme. Il estrévélateur d’apprendre que l’édition originale de 1869, très rare, figure en bonne placedans la bibliothèque de Doucet (l’exemplaire de Poulet-Malassis avec trois lettresautographes d’Isidore Ducasse !) et que l’exemplaire qui appartenait à Breton, et qu’ondécouvre avec émotion, est également exceptionnel. Les documents qu’il contientrépercutent les échos de l’événement qui bouleversera les trois jeunes poètes et quiaura une influence déterminante sur les futurs membres du mouvement surréaliste.

Avant qu’il n’adresse à Doucet un programme détaillé de la bibliothèque qu’ilsouhaite constituer et auquel il associe Aragon, Breton expose, au préalable, laméthode adoptée pour le choix des ouvrages. Celle-ci préside aussi bien auxacquisitions envisagées pour Doucet qu’à celles qu’il compte entreprendre, le caséchéant, pour lui- même. Nous avons là, la plus rigoureuse des clés pour édifier labibliothèque idéale !

« Nous ne pouvons, Monsieur, déclare Breton, songer à compléter effectivementune bibliothèque à laquelle ce serait prétendre imposer des limites. Mais nous croyonspouvoir, comme vous avez bien voulu nous le demander, vous indiquer certains livres,sans préjuger de leur importance ni de leur valeur, qui ont joué pour nous et pourquelques autres un rôle tel, que sans aimer encore tous les livres que nous vousrecommandons, il nous est du moins impossible de les oublier. C’est à juger le moinsles ouvrages dont nous réunissons ici les titres que nous pensons faire le mieux untravail objectif. Nous nous sommes rapportés constamment à un seul critérium : laformation de la mentalité poétique de notre génération. »

On retrouve, dans la fameuse liste des auteurs retenus par Breton et Aragon, enfévrier 1922, pour la bibliothèque de Jacques Doucet, la plupart des noms qui figurentaujourd’hui dans le catalogue de la Galerie 1900-2000, à deux exceptions près :Salvador Dalí et Julien Gracq. De plus, il est à noter que certains des livres offerts ànotre admiration, étaient alors recommandés, particulièrement, au célèbre couturierpar ses jeunes conseillers. Breton n’avait pas manqué de préciser à son employeur dansune de ses lettres que : « L’esprit de révolte, voilà ce qui, chez tous les auteurs dontnous avons cité les noms, fait le prix que nous attachons au-delà de ce qu’ilsreprésentent, à ces noms mêmes. » C’est la raison pour laquelle les livres conseillés parBreton à Doucet et les livres de sa propre bibliothèque sont bien souvent les mêmes !

Pour compléter ce rappel historique, il faut citer le n° 18 de Littérature de mars1921 qui, sous le titre « Liquidation », s’ouvrait sur un sévère jeu de notation dont lebut était non de classer, mais de déclasser les écrivains célèbres, y compris lesdadaïstes. (Parmi les mieux notés figuraient 16 des noms retenus sur la liste actuelle).La présentation sur une double page d’ « ERUTARETTIL », liste des poètes admiréspar les responsables de Littérature, nouvelle série, n° 11 et 12, affichait 8 noms quiappartiennent aussi à la liste actuelle. Enfin le précieux catalogue de Corti de 1931présentait la bibliographie de 12 membres du groupe surréaliste, photographiés par

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1 —Guillaume ApollinaireAlcoolsParis, Mercure de France, 1913

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Remarquable envoid’Apollinaire à André Breton.

In-8 (180 x 114 mm).Dos de chagrin orange, papier marbré,couverture et dos conservés. Ex-librisd’André Breton.

Édition originale.

Envoi :À André Bretonen souvenir de sa visite le lendemain de ma trépanation le 10 mai 1916Guillaume Apollinairele 5 août 1917

Sept corrections typographiquesautographes d’Apollinaire, à l’encre violette,contemporaines de l’envoi, aux pages 65, 71,77, 86, 92, 110 et 189.

Dans ses Entretiens avec AndréParinaud (1952), André Bretonrappelle précisément, presquequarante ans après, lescirconstances dans lesquellesApollinaire inscrivit cet envoisur son exemplaire d’Alcools :

« Nos relations, qui ont étébrèves mais extrêmementassidues de ma part, s’étaientnouées par correspondance. Lapremière fois qu’il devaitm’apparaître physiquement,c’est sur son lit d’hôpital, le 10mai 1916, soit le lendemain de satrépanation, ainsi que me lerappelle la dédicace de monexemplaire d’Alcools. À partir delà, je devais le revoir presquechaque jour jusqu’à sa mort ».

Apollinaire ouvrit les voiesnouvelles de la poésie du XXe

siècle, la libérant de cette pièceenfumée dans laquelle l’avaientenfermée le poète de la rue deRome et ses disciples. Le mondemoderne entrait dans le poèmeen même temps que la prose, laponctuation était supprimée, lesrimes devenaient dissonantes etles alexandrins irréguliers.

Naturellement, la jeunegénération qui commença àécrire pendant la PremièreGuerre mondiale (celle desfuturs surréalistes, Breton entête), se tourna vers ce « phare »qu’était Apollinaire, et sonrecueil, Alcools.

Référence : André Breton, ŒuvresComplètes, III, Paris, 1999, Entretiensradiophoniques avec André Parinaud,p. 437.

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2 —Guillaume ApollinaireCalligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916)Paris, Mercure de France, 1918

Avec un envoi essentiel : « ÀAndré Breton, cette dernièreépreuve de Calligrammes ». Ont été joints par Breton lui-même :- l’importante lettre du 14février 1916 : « La formerompue des poèmes… rend àmon sens ce que je puis rendrede la vie infiniment variée. »- la lettre du 24 mars 1918 :« Je ne connais personne quipuisse aussi bien parler de ceque j’ai fait que vous », auverso d’un poèmecalligrammatique autographe :« Venu de Dieuze ».

In-8 (220 x 135 mm). Plein chagrin orange, tête dorée. Ex-librisd’André Breton. Exemplaire d’épreuves constitué par AndréBreton lui-même.

Avec des corrections aux pp. 151(typographique) et p. 189 : « Souci de laBeauté » corrigé à l’encre en « Souci d’êtreparfait ». Comme il se doit, les exemplairesd’épreuves dites « bonnes feuilles » n’ontpas à posséder de couverture. Le livreprésente la même collation, avec le portraitgravé d’Apollinaire blessé d’après PabloPicassso gravé sur bois par R. Jaudon.

Envoi autographe signé : À André Breton, cette dernière épreuve de CalligrammesTrès amicalement, Guillaume Apollinaire

Pièces jointes :

1. Bon de souscription à en-tête du Mercurede France.

2. L.a.s. d’Apollinaire à André Breton,[Hautvillers], 14 février 1916, 3 pp. in-4(pliée pour être insérée dans le livre),enveloppe bleue jointe avec suscriptionautographe : « André Breton, Étudiant enmédecine, Interne à l’Hôpital municipal2bis, 2 rue du Boccage, Nantes, Loireinférieure ». Cette lettre a été placée parAndré Breton en ouverture de l’exemplairedevant la dédicace imprimée à René Dalize.

Importante lettre où Apollinaire fait

l’histoire de ses lectures personnelles,précise son lien avec la poésie deMallarmé, énonce sa fameuse théoriede la poésie : « La forme rompue despoèmes… rend à mon sens ce que jepuis rendre de la vie infinimentvariée ». Apollinaire admire l’un despremiers poèmes d’André Breton :« Âge ».

« Je vous avouerai donc, Monsieur et cherpoète, que si Mallarmé a toujours été dansl’air autour de moi je n’ai jamais beaucoupmédité sur son compte. J’ai dû le lireentièrement (mais non sa prose) à bâtonsrompus aux hasards des trouvailles. Enréalité je n’ai lu avec soin que des livresspéciaux sur tous les sujets, des catalogues,des journaux de médecine, des livres delinguistique, les contes de Perrault, desgrammaires, des voyages et des poètes parfragments, beaucoup de conteurs ancienspar fragments ou entiers, Villon, Racine, LaFontaine et beaucoup d’auteurs célèbres parfragments, les Robinson aussi, des romanspopulaires, Paul Féval, les épopéesaméricaines (Buffalo Bill, Nick Carter). Jen’ai lu Victor Hugo qu’il y a trois ou quatreans, mais j’avais lu La Chute d’un Ange il y alongtemps à 18 ans. Je ne vous donne pas ledétail de toutes mes lectures. Lesanthologies de classe y jouent un grand rôle,et en 1901 j’ai lu pas mal de romans de

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chevalerie ; enfin j’ai beaucoup parcouru delivres sotadiques, etc. etc., poésie, prose, etc.etc., mais la lecture n’occupe pas une trèsgrande place dans ma vie quoique j’aie deslivres, mais j’en lis peu, surtout de nouveauxlivres.Pour ce qui est de Mallarmé, c’est l’Hériodadequi d’abord me frappa dans ce que j’en lus.Néanmoins il est hors de doute que Mallarméa dû agir sur moi quoiqu’avant tout je l’aietrouvé parnassien, pro-parnassien. Plus tard,je ne sais comment un jour, j’ai découvertqu’il continuait Racine, mais c’est ma raisonqui découvrait et je ne l’ai pas aimé plusqu’auparavant bien que Racine ait été avecLa Fontaine mon poète préféré durant toutemon enfance. Racine, La Fontaine, Perrault,et aussi Mme Le Prince de Beaumont furentmes grandes admirations d’enfant. Pour en venir à mes pièces qui vont des« Fenêtres » à mes poèmes actuels enpassant par « Lundi rue Christine » et les

poèmes idéograph[iques], j’y trouve pour mapart (mais je suis orfèvre) la suite naturellede mes premiers vers ou du moins de ceuxqui sont dans Alcools. La forme rompue despoèmes dont vous parlez rend à mon sens ceque je puis rendre de la vie infiniment variée.Je la sens ainsi.Mes enthousiasmes ne sont pas toujours sigrands que le pense Royère. Néanmoins jedéfends si âprement (même ce que j’aimepoint) contre ce que je trouve une injustice,qu’il arrive souvent que l’on me croie trèsenthousiasmé d’une chose que je goûtemédiocrement mais que l’on a attaquée mal àpropos.Voilà quelques réponses à vos questions. J’ai beaucoup aimé votre poème en prosedédié à mon ami Fargue ; vous le connaissezdonc ! et avez-vous son adresse ? Si oui, envoyez-la moi je vous prie. Ma main amie »3. L.a.s. d’Apollinaire à André Breton,

[Paris], 24 mars [1918], 2 pp. in-4 (pliéepour être insérée dans le livre), le poèmeautographe « Venu de Dieuze » setrouve au verso de cette lettre qui a étéplacée entre les pp. 110-111 où « Venu deDieuze » est imprimé.

Apollinaire fait d’André Breton sonhéritier poétique et lui annoncel’envoi d’un exemplaire d’épreuves,ces « bonne feuilles deCalligrammes ».

« Mon cher ami, j’approuve de tout cœur etde tout mon esprit ce poème si sûr, sicurieux comme forme où vous célébrezDerain.Si vous voulez le lui adresser, il demeure entemps de paix 13 rue Bonaparte. J’ai égaréson adresse du front. J’approuve infiniment aussi que vousdonniez des poèmes à Nord-Sud. Tous ceux

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que vous m’avez envoyés peuvent y êtreinsérés.J’ai songé aussi à vous demander un service.Je ne connais personne qui puisse aussi bienparler de ce que j’ai fait que vous.S’il vous plaisait de faire à ce propos un assezlong article, je crois que le Mercure lepublierait, lui qui va publier Calligrammesin-8° ; en tout cas je présenterais votrearticle à ces Messieurs.Entre-temps je vous ferai parvenir les bonnesfeuilles de Calligrammes mais il faudrait quel’article fût une vue générale sur mesprincipaux livres. Je vous montrerai ceuxque vous ne connaissez sans doute pas,L’Enchanteur et Le Bestiaire.A bientôt, ma main amie »

Au verso, le poème calligramme Venu deDieuze dédié au M[aréchal] des LogisBonfans. Ce manuscrit destiné à l’impressionporte les indications d’un typographe au

crayon : « 48. À clicher tel quel composéstitre et dédicace ». La dédicace disparaîtra dela version imprimée qui présente quelquesvariantes avec cette version manuscrite. Ladisposition typographique des vers n’étantpas la même.

4. Carte postale autographe signéed’Apollinaire à André Breton, du 9 juillet1918 (cachet postal) au 81e R.A.L., 64e Bie-Infirmerie du C.O.A.L., Moret (S.-et-M.),expédiée par le s/lieutenant G. Apollinaire,202, Bd Saint Germain (carte postalepublicitaire au profit de l’Urodonal,médicament contre l’acide urique, avec aurecto la reproduction d’un tableaureprésentant une consultation d’unmédecin). Le texte d’Apollinaire se poursuitsur cette reproduction.« Cher ami, je n’ai plus de vos nouvelles,donnez-m’en. Remettez votre adresse dansvos lettres car les sigles qui la composent

sont d’une grande complication et je ne puisles retenir par cœur.Je vous enverrai un de ces jours mon Percevalle Galloys qui vient de paraître chez Payot.Je vous envoye l’expression de ma très viveamitié. »

Références :2. Correspondance générale, III, n° 1424, p.86 —Marcel Adéma, Guillaume Apollinaire lemal-aimé, p. 18 — Marguerite Bonnet,« Lettres d’Apollinaire à André Breton »,Guillaume Apollinaire 3, p. 22 — Œuvrescomplètes, t. 4, p. 880.3. Correspondance générale, III, n° 1848, p. 512 — M. Bonnet, « Lettres d’Apollinaire àAndré Breton », Guillaume Apollinaire 3,p. 32 — Oeuvres complètes, t. 4, p. 874-5.4. Correspondance générale, III, n° 1891, p. 546 — M. Bonnet, « Lettres d’Apollinaire àAndré Breton », Guillaume Apollinaire 3,p. 33 — Œuvres complètes, t. 4, p. 880.

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3 —Guillaume Apollinaire et Raoul DufyLe Bestiaire ou Cortège d’OrphéeParis, Éditions de la Sirène, 1919

In-8 (190 x 140 mm), broché, couverturejaune d’édition.Deuxième édition illustrée de 32 gravuressur bois de Raoul Dufy. Préface de RaoulDufy en édition originale.Un des 1200 exemplaires sur papierbouffant.

Dans ses entretiensradiophoniques avec AndréParinaud, André Breton rappellejustement qu’Orphée est l’unedes principales figuresd’Apollinaire : « Le lyrisme enpersonne. Il traînait sur ses pasle cortège d’Orphée ».

L’édition originale parut en 1911au format in-4.

Référence : André Breton, Œuvres

complètes, III, Paris, 1999, p. 437.

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Envoi de Louis Aragon à AndréBreton, sous la forme d’uncollage de mots soulignés.

In-8 (191 x 138 mm), broché, couvertureverte d’édition.Illustrée des reproductions de 32 tableauxde peintres surréalistes, en noir et blanc.Dos passé.

Édition originale.

Aragon souligne certains mots imprimés qui,collés bout à bout, forment une phrase. Seulsle début et la fin de l’envoi sont manuscrits : Cherchez la dédicace, un cheval et lacouronne de fer des Rois de Lombardie(page de titre). À mon cher André Breton(p. 9) quelques mots superficiels (p. 10) pour(p. 12) jouer avec l’inimitable à (p. 15)prophétiser (p. 16) une destinée étrange(p. 19) à ce Chevalier X qu’est André Breton(p. 20) fantôme bien coiffé (p. 23) dans unpaysage où il n’est guère de la limousine(p. 24) de sable et de la craie philosophique(p. 25) que la poubelle pour (p. 26) dire sicrier c’est essentiel à ce que pense unhomme (p. 27) par exemple (p. 28) la penséen’est pas un sport. Le merveilleux (p. 29) estencore que je puisse parler à un être vivant,mon cher ami, mon cher ami, comme il esttard. Louis Aragon

Prospectus de vernissage de l’expositionjoint.

La Peinture au défi constitue lapréface d’Aragon pour lecatalogue d’une exposition decollages de peintres surréalistes.L’envoi éparpillé qu’il porte surl’exemplaire d’André Breton faitécho, de façon ludique, au sujetdu livre.

4 —Louis AragonLa Peinture au défimars 1930

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Envoi à André Breton.

In-8 (161 x 127 mm).

Reliure de l’époque signée de S. Jacques.Maroquin vert, décor de filets estampés àfroid convergeant vers le centre des plats,dos à nerfs, tranche supérieure dorée, nonrogné, couverture et dos conservés.Ex-libris d’André Breton.Dos passé, charnières frottées.

Édition originale.

Envoi :À André Breton[?] des docteursde Van Goghde la canneet quand la canne sera retrouvéelui qui la défenditAntonin Artaud14 décembre 1947

Un des trente exemplaires hors commerce(celui-ci numéroté XXI), sur MaraisCrèvecœur.

Antonin Artaud rapporta de sonséjour au Mexique, en 1937, unecanne ayant prétendument

appartenu à saint Patrick. Ilattribuait à cet objet fétiche despouvoirs protecteurs etmaléfiques : « une canneincrustée de signes particuliers,faite de 13 nœuds, tressée, je l’aidit, de 220 millions de fibres,munie d’un bout ferré quej’avais mesuré moi-même, faitencastrer moi-même chez unchaudronnier du quartier duPanthéon à Paris, et cette canneavait cette propriété étrange dedégager des étincelles, puis desflammes lorsque je la frappaissur le sol avec la violenceappropriée … la canne, je latiens de Dieu. Cette canne, m’a-t-on raconté, fut mienne déjàdans d’autres siècles ».

Cette canne aux pouvoirsdruidiques fut à l’origine de sonvoyage en Irlande. Mais elle futperdue lors d’une bagarre avec

des moines, et Artaud fut rapatriéde force en France, en 1938. Antonin Artaud avait quitté legroupe des Surréalistes à la finde l’année 1929. Mais il retrouvaAndré Breton après plusieursannées d’éloignement, à sa sortiede Rodez, au printemps 1946.

5 —Antonin ArtaudVan Gogh le suicidé de la sociétéParis, K éditeur, 1947

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Exemplaire neuf, tel que paru.Un des grands érotiques du XXe

siècle : la sulfureuse rencontrede Bataille et Bellmer.

In-8 (249 x 157 mm), broché, couverture àrabats, chemise et étui d’édition.Un des cinq exemplaires réservés auxcollaborateurs de l’ouvrage, imprimés survélin de Rives B. F. K., avec une suite en noirdes gravures. Celui-ci numéroté E. C. 11.Illustré de six gravures originales à pleinepage de Hans Bellmer, dont une au burin etcinq à l’eau-forte. Avec une suite en noir dessix gravures ajoutée, mentionnée dans letirage.

Deuxième édition.

L’édition originale, illustrée par AndréMasson, parut clandestinement en 1928.Cette deuxième édition, célèbre pour sesgravures de Bellmer, fut publiée, après laguerre, par Alain Gheerbrant, l’éditeurd’Antonin Artaud.

6 —Georges BatailleHistoire de l ’œilSéville, [K. éditeur], 1940

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7 —Hans BellmerJointure de boule1935

Rarissime maquette nominativedes Jeux de la poupée, réaliséepour André Breton en 1935. Unjalon dans l’histoire d’une desœuvres les plus emblématiquesdu surréalisme.

Maquette originale.10 feuillets de format in-8 (174 x 126 mm)cousus ensemble. Papier cartonné noir.Titre, date et envoi autographes de HansBellmer écrits à la gouache rose, bleue, jaunesur le feuillet de titre. 13 photographies originales de HansBellmer, en noir et blanc (54 x 54 mm)Frontispice volant : trois photographiesoriginales rehaussées au pinceau de gouacheblanche par Bellmer lui-même, maintenuespar des encoches dans une feuille de papierrose. L’une d’entre elles porte la légende aucrayon, de la main de Bellmer : « Surprise :regarder contre une lampe électrique ! »Broché. Couverture de papier marbré.Dos de la couverture déchiré.

Envoi : À André Breton

La réalisation des Jeux de la

poupée est le pivot de l’œuvre deHans Bellmer. Il travaille depuis1931 à donner corps à unecréature étonnante, constituéed’une ossature de bois etrecouverte d’une envelopped’étoupe durcie à la colle puispeinte. Un premier livre, DiePuppe, illustré de dixphotographies, est publié en1934. Il fait parvenir quelquesphotographies de cette premièrepoupée aux surréalistesfrançais :« Durant l’été 1934, HansBellmer très isolé à Berlin décidede prendre contact avec Breton.Il confie à sa cousine Ursula, quise rend à Paris, quelques clichésde La Poupée, en la chargeant deles remettre aux surréalistes.Breton, impressionné, demandeà Bellmer de faire parvenir àÉluard un jeu plus complet dephotographies. L’effet est

saisissant : La Poupée qui mêleérotisme et jeu, enfance et mort,lui apparaît comme l’objetsurréaliste par excellence ». (Dictionnaire André Breton)

La photographie est au cœur duprocessus de création de LaPoupée. Bellmer photographiechaque étape de cet automatequ’il monte et démonte. Lachronologie de la distribution deces photographies et leurreproduction dans les revuessurréalistes (dès décembre 1934,dans Minotaure) fontaujourd’hui, pour nous, état del’avancée de ses recherches. Laphotographie ne documente pasle processus de fabrication de lapoupée ni de ses possibilités,mais enregistre « un actecréateur sans cesse àreprendre ». (Dourthe) La découverte en 1935 du

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principe d’articulation de lajointure à boule est décisive.L’automate est désormais dotéd’un système qui s’organiseautour d’un ventre rotatif quipermet de monter et dedémonter toutes les parties ducorps, dans une combinatoireinfinie : boule de ventre,collections de jambes, de bustes,de bassins, protubérances entout genre, prolifération de seins,tête et main uniques. L’objet,plus soigné que le premier, estpeint en rose, de manière àdonner l’impression d’une peaulisse. La nouvelle poupée estachevée à l’automne 1935.Bellmer envoie quelquesphotographies de celle-ci à desamis surréalistes mais il réalisesurtout quelques rarissimesmaquettes pour quelques-unsd’entre eux, entre la fin 1935 et ledébut 1937. Ces quelquesmaquettes nominatives sontqualifiées par Pierre Dourthe de« petits livres dont l’existence estméconnue ». Elles n’enconstituent pas moins l’une desétapes essentielles de l’histoiredes Jeux de la Poupée. Cesquelques maquettes sontdifférentes les unes des autres,par leur nombre dephotographies et leur titre.Chacune constitue un exemplaireunique. On recense : La Poupée,Seconde Partie, adressée à PaulÉluard, le 21 décembre 1935(douze photographies en noir et blanc, décrit par Dourthe) ;Sans titre, adressée à HenriParisot le 10 janvier 1936 (18photographies en noir et blanc) ;Poupée, à nouveau adressée àPaul Éluard en décembre 1936(11 photographies dont 8coloriées à la main), et enfin,deux exemplaires intitulés LaPoupée 2. Préparatifs aux Jeuxde la Poupée, deux maquettes

que Georges Hugnet transformeen livres-objets. L’exemplaired’André Breton, daté de 1935, estdonc l’un des tous premiersfabriqués par Hans Bellmer.

Tout dans cette maquette estoriginal : les photographies deBellmer, les rehauts de gouacheencadrant les photographies dufrontispice, les légendes, etmême les coutures liant entreeux les différents feuillets. Ce« petit livre méconnu » est doncnon seulement le seul, parmi lespoupées, à être entièrementmarqué de l’empreinte originaleet unique de l’artiste, et il estévidemment, exceptionnellementrare. Il a le privilège, ici, d’avoirété conservé dans son étatd’origine, sans avoir eu à souffrird’aucune forme de reliure ratée.

Jointure de boule marque uneétape essentielle de l’histoire deJeux de la poupée. Elle succède àDie Puppe (1934), et précède satraduction française, La Poupée,en 1936. Elle entérine l’existencede la seconde poupée dès soninvention, et illustreparfaitement ce mode opératoireutilisé par Hans Bellmer pour lafaire connaître auprès desprincipaux surréalistes. Ce goûtdu petit livre minutieux, aupapier fragile, aux illustrationschoisies, se retrouvera dansd’autres livres de Bellmer,notamment Œillades ciselées enbranche.

Référence : Pierre Dourthe, Le Principe deperversion, Paris, 1999 — DictionnaireAndré Breton, Paris, 2012, p. 124 — Ji-YoonHan, « La Poupée de Bellmer : variationséditoriales sur le montage d’une sériephotographique », actes du colloque« Photolittérature, littératie visuelle etnouvelles textualités », NYU, Paris, 26 & 27octobre 2012.

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8 —André BretonMont de PiétéParis, Au Sans Pareil, 1919

Premier livre d’André Breton.Exemplaire de tête sur Japon,avec la très rare premièrecouverture, connue à seulementquelques exemplaires.

In-12 (188 x 136 mm).Illustré de deux dessins d’André Derainreproduits l’un en vignette, l’autre enfrontispice.Un des dix exemplaires de tête imprimés surJapon, celui-ci numéroté IX.Reliure de l’époque vélin ivoire à rabats,première couverture illustrée conservée,deuxième couverture et dos conservés,tranche supérieure dorée.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Cet exemplaire possède lararissime première couverture :« André Breton avait conçu lepremier projet de couverture deMont de Piété sur le modèle desacs à café de Félix Potin quiavaient fait rêver son enfance...Les titres des poèmes devaient

remplacer les inscriptionsgéographiques d’usage. Undéfaut d’exécution du dessin,que l’éditeur s’était réservéd’entreprendre, conduisit àl’abandon de ce projet. De cedessin, il existe au moins deuxépreuves, l’une dansl’exemplaire personnel d’AndréBreton, l’autre dans l’exemplairequi a appartenu à René Gaffé. »(Marguerite Bonnet). Selon lecatalogue de la vente RenaudGillet (Londres, 27 octobre 1999,n° 77), la collection Matarasso(Paris, 1993) conservait untroisième exemplaire avec lapremière couverture.

Mont de Piété est l’une despremières publications de lalibrairie et maison d’édition AuSans Pareil et le premier recueilde poésie d’André Breton. Lapage de titre précise « 1913-

1919 », imitant le sous-titred’Alcools. C’est entre ces deuxdates que furent écrits les quinzepoèmes rassemblés dans le livre,dont quatorze avaient fait l’objetd’une publication antérieure enrevues. Le poème inédit « UneMaison peu solide » fait mourirune deuxième fois Apollinairedans l’écroulement d’unéchafaudage. Mont de Piété esten effet marqué par unéloignement avec Apollinaire etReverdy, et un engouementnouveau pour Tzara.

Référence : André Breton, Œuvrescomplètes, Paris, 1988, I, 1065 et suiv.

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9 —André Breton et Philippe Soupault Les Champs magnétiquesParis, Au Sans Pareil, 1922

Acte de naissance dusurréalisme : envoi de PhilippeSoupault à André Breton sur Les Champs magnétiques.« Incontestablement, il s’agit là du premier ouvragesurréaliste. » (André Breton)

In-8 (187 x 138 mm).Exemplaire imprimé sur papier bleu.Reliure vélin à rabats, dos à la bradel signéede Gonon.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Envoi :Philippe Soupaultc’est moiquelquefoisAndré Bretonc’est vousmon amiLes Champs magnétiquesc’est vousc’est moic’est nousPhilippe Soupault

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10 —André BretonSecond Manifeste du surréalismeParis, Éditions Kra, 1930

Envoi d’André Breton à sesparents.

In-4 (283 x 220 mm).Broché. Titre imprimé en bleu sur lacouverture.Exemplaire bruni, légères déchirures sansmanque au dos.

Édition originale.

Envoi :À vous, mon cher Papa, ma chère Maman. Très affectueusement, André

Pièces jointes : « Extraits des Statuts desartistes et écrivains révolutionnaires » (deuxpages tapuscrites) ; prière d’insérer deL’Immaculée conception (1930) ; prièred’insérer du Second Manifeste dusurréalisme, de la librairie José Corti(1930) ; prière d’insérer du SecondManifeste du surréalisme, des éditions Kra(1930) ; tiré à part de Lautréamont enverset contre tout (1927) — poème manuscritd’un certain Claude de Ruerre, intitulé « LaChanson de l’eau ».

Dans le Second Manifeste dusurréalisme (1930), Breton sefait plus radical que dans lepremier, publié six ansauparavant. Rappelant que lesurréalisme ne se réclamed’aucune morale et rejette toutendoctrinement politique, il enappelle cependant à la nécessitéde se rapprocher du particommuniste. Ce manifesteentérine sa rupture avecplusieurs compagnons de lapremière heure dont RobertDesnos, Philippe Soupault,Georges Bataille et AntoninArtaud. Une phrase de Bretonest surtout restée célèbre :« l’acte surréaliste le plus simpleconsiste, revolvers aux poings, àdescendre dans la rue et à tirerau hasard, tant qu’on peut, dansla foule. » Breton déplorera lui-même certaines « fâcheusestraces de nervosité » dans ce

manifeste, lors de sa rééditionen 1946.

Le même envoi de Breton à sesparents figure sur un exemplairede l’Introduction au discourssur le peu de réalité (1927)proposé à la vente (Paris, 7-9avril 2003, n° 127).

Référence : André Breton, Œuvrescomplètes I, Paris, 1988, p. 1583.

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11 —André Breton et Paul ÉluardL’Immaculée ConceptionParis, Éditions surréalistes, 1930

D’un auteur l’autre : long envoide Paul Éluard à André Breton.Remarquable dessin original, àl’encre noire, de Salvador Dalí.Exemplaire de tête imprimé surJapon, broché, neuf. Le premierlivre illustré par Salvador Dalí.L’une des plus belles gravuresdu surréalisme.

In-4 (260 x 195 mm).Un des 10 exemplaires sur Japon nacré,signé par les deux auteurs.Illustré d’une gravure de Salvador Dalíplacée en frontispice.Broché, à toutes marges. Étui.

Édition originale.

Envoi :Exemplaire d’André Bretonet à la fois tous les exemplaires,la substitution de la poésie à la vie,de la vie pendant 12 ans passée à lutter aveclui,à combattre désespérément avec lui pourtout ce qui compte au monde,puisque nous nous sommes toujours confié

les plus ténébreuses pensées que nous avions,ces nuits qui sont notre nuit même,toutes nos amours,Paul Éluard

Pièces jointes : 1. un dessin original de Salvador Dalí,ayant servi à la vignette de couverture et detitre. À l’encre noire, sur un feuillet volant(260 x 195 mm).2. une photographie originale, en tiraged’époque, représentant Alberto Giacometti,Jacqueline Lamba et André Breton (73 x 78 mm), contrecollée sur un feuillet de papier Japon (188 x 155 mm).3. deux photographies originales deL’Immaculée Conception (211 x 155 mm et219 x 168 mm) imprimées par le studioDeberny et Peignot (tampon au dos).4. un poème autographe signé de PaulÉluard. À l’encre noire, raturé.

Avec L’Immaculée Conception,Breton et Éluard entendaientexplorer l’inconscient et prouverque l’esprit « dressépoétiquement chez l’hommenormal » pouvait « soumettre àsa volonté les principales idées

délirantes ». D’où le recoursévident pour l’illustration àSalvador Dalí qui venait demettre au point sa méthodeparanoïa-critique à la définitionrestée célèbre : « méthodespontanée de connaissanceirrationnelle, basée surl’association interprétative-critique des phénomènesdélirants » que l’on peut prouver« par l’intervention critique ».

Le dessin original que Dalíréalisa pour illustrerL’Immaculée conceptionconstitue l’une des illustrationsles plus célèbres de l’histoire dusurréalisme.

Référence : André Breton, Œuvrescomplètes I, Paris, 1988, p. 1629.

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12 —André BretonLe Revolver à cheveux blancsParis, Éditions des Cahiers Libres, 1932

Exemplaire de tête sur Japon,avec l’eau-forte originalesignée de Dalí. Couverturenominative. Avec deux autresétats de cette même eau-forte.Broché, à toutes marges, étatde neuf.

In-12 (193 x 142 mm).Un des treize exemplaires de tête impriméssur Japon nacré (dix dans le commerce etceux de l’auteur, l’illustrateur et l’éditeur),les seuls à être illustrés d’une eau-forteoriginale de Dalí. Celui-ci, l’« exemplaired’auteur », signé par Breton à lajustification.Eau-forte originale de Dalí imprimée surJapon avec les très belles remarques,signée au crayon, placée en frontispice.Reliure de l’époque. Couverture à rabats depapier Japon blanc, nom « André Breton »imprimé au milieu du plat supérieur, nonrogné, en grande partie non coupé.

Édition en partie originale. Nombreux poèmes inédits.

Illustrations originales ajoutées : unedeuxième épreuve de la même eau-forte avec

les remarques, imprimée sur chine, rayée etnon signée ; une troisième épreuveimprimée sur Japon, à toutes marges, sansles remarques et non signée.

Deux des parties de l’ouvragereprennent six des poèmes déjàpubliés en 1915-1919, vingt-et-unen 1919-1924, dans Mont depiété, Les Champs magnétiquesou Clair de terre. La troisièmepartie regroupe vingt-sept textesécrits postérieurement, dont dix-sept inédits. Le Revolver àcheveux blancs constitue uneétape nouvelle dans la pensée etla pratique poétique de Breton.

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13 —André BretonLes Vases communicantsParis, Éditions des Cahiers Libres, 1932

Exemplaire de tête sur Japonavec couverture nominative.

In-8 (191 x 140 mm).Un des vingt-cinq exemplaires de têteimprimés sur Japon impérial.

Édition originale.

Prospectus d’annonce de l’éditeur joint.Reliure de l’époque. Couverture à rabats depapier Japon blanc, nom « André Breton »imprimé au milieu du plat supérieur, nonrogné, en grande partie non coupé. Les deuxplats de la couverture d’origine illustrée parMax Ernst conservés non reliés.Feuillet du titre et du frontispice dérelié.

André Breton, dans Les Vasescommunicants, poursuit cetteexploration du domaine del’inconscient. Il note une série derêves et essaie de trouver leurscorrélations avec des faits de lavie éveillée : « le poète à venirsurmontera l’idée déprimante dudivorce irréparable de l’action etdu rêve ».

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14 —André BretonLe Château étoiléParis, [Albert Skira], [1936]

Bel exemplaire, tel que paru,frottage original de Max Ernst.

In-4 (322 x 247 mm).Tirage unique à 50 exemplaires, comportanttous un frottage original de Max Ernst.Avec un frottage original en couleurs, signéet numéroté 10/50 par Max Ernst, et placéen frontispice et 8 compositions de MaxErnst reproduites et collées à pleine page, envis-à-vis du texte.Reliure de l’éditeur : toile bleue, dessin deMax Ernst reproduisant celui du frottageoriginal, poussé à l’or sur le plat supérieur.Dos passé.

Édition originale.

Cette rare édition originale est letiré à part d’un texte paru dansle n°8 de juin 1936 de la revueMinotaure. Il formera lechapitre V de L’Amour fou,publié l’année suivante.

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15 –André Breton et Marcel DuchampAu Lavoir noir. Avec une fenêtre de Marcel DuchampParis, G.L.M., 1936

Exemplaire à l’état de neuf, tel que paru.

In-4 (250 x 188).Tirage unique à 70 exemplaires surNormandy Vellum, celui-ci hors-commerce.Illustration : composition de MarcelDuchamp intitulée « La Bagarred’Austerlitz », rehaussée de gouacheblanche.

Édition originale.

En feuilles, couverture rouge.

Le texte de ce petit livreméconnu de Breton ne suit pasun développement discursif mais« une succession de glissementsinattendus de la pensée » delaquelle le lyrisme n’est pasabsent. La contribution deMarcel Duchamp, dont le nomapparaît à l’égal de celui deBreton sur la couverture, est la« fenêtre » qui porte un titrecomplètement hétérogène au

texte, « La Bagarred’Austerlitz ». Cette fenêtreserait celle par laquelle lespapillons de nuit, protagonistesdu récit, pénètrent dans lachambre du narrateur. Unmanuscrit de cette plaquette aété récemment proposé à lavente, à Paris, le 26 avril 2016.

La rencontre de Breton et deDuchamp date des années 1921-1922, autour de la revueLittérature. Dans ses Entretiensradiophoniques avec Parinaud(1952) Breton exprimera encoresa « fascination » pour cescomportements souverains sedétournant de l’œuvre,constitutifs de l’œuvre deDuchamp.

Références : André Breton, Œuvrescomplètes, Paris, 1992, II, p. 1688 etŒuvres complètes, Paris, 1999, III, p. 433.

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16 —André Breton Anthologie de l ’humour noirParis, Éditions du Sagittaire, 1940

Un des cinq exemplairesimprimés sur Japon, illustréd’une eau-forte originale dePicasso. « Un de ces livres quimodèlent puissamment le profild’une époque. » (MargueriteBonnet)

In-8 (230 x 160 mm).Un des deux exemplaires hors commerceimprimés sur Japon (celui-ci, numéroté II).Eau-forte originale de Pablo Picasso, nonsignée, non numérotée. Cette eau-forte n’estpas signalée, dans le tirage, pour lesexemplaire hors commerce. En revanche, lajustification mentionne cette eau-fortesignée et justifiée pour les trois premiersexemplaires sur Japon et les dix surHollande mis dans le commerce. Vingtphotographies d’écrivains reproduites ennoir et blanc hors-texte.Reproduction du « Ready Made Aidé », encouleurs, sur feuille plastifiée ; photographiereprésentant la vitrine d’exposition dumatériau iconographique de l’Anthologie del’humour noir.Reliure d’édition réservée auxexemplaires sur grand papier.Décalcomanie d’Oscar Domínguez rehausséeet signée à la gouache verte, placée enjaquette de l’ouvrage, non rogné, en grandepartie non coupé.

Édition originale.

De tous les livres d’AndréBreton, l’Anthologie de l’humournoir est celui dont l’aventureéditoriale est la plus compliquée.Après plusieurs tentatives depublication, le livre subitfinalement la censure de Vichy etdut attendre la fin de la guerrepour paraître. L’eau-forte dePicasso initialement prévueillustre bien les quelquesexemplaires de luxe. AndréBreton considérait cette gravurecomme étant « objectivementune des plus importantes et desplus sensationnelles de l’artiste »(lettre du 29 avril 1940, BnF).Comme l’indique le prièred’insérer, Oscar Domínguezremplaça Marcel Duchamp, exiléaux États-Unis, pour réaliser lacouverture des exemplaires deluxe de l’Anthologie de l’humournoir.

La question d’une définition del’humour noir préoccupa AndréBreton tout au long de sa vie, dèssa rencontre avec Jacques Vachéen 1916 jusqu’à la réédition deson Anthologie de l’humour noiren 1966. Breton est fasciné par« la forme extrême d’un humourqui, au-delà des mots, renvoie àune attitude existentielle »(Étienne-Alain Hubert). Cettesorte d’humour est un refus defuir devant la contradiction àlaquelle « se heurte toujourstoute conscience de la vie »(Annie Le Brun) et la volontéd’en faire la synthèse, justementdans le sens de la vie. L’humournoir est ainsi une révoltesupérieure de l’esprit et la« marque de la plus grandeinsoumission » (ibid.)

Références : André Breton, Œuvrescomplètes, Paris, 1992, II, 1745 et suiv. —Annie Le Brun, « L’Humour noir » inEntretiens sur le surréalisme, Paris, 1968,p. 100.

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17 —André BretonAnthologie de l ’humour noir[Paris], Éditions du Sagittaire, [1940]

Objet unique signé par Marcel Duchamp. Remarquableobjet-reliure à deux dos« exécuté par Mary Reynolds sur les indications de MarcelDuchamp » (André Breton).Envoi d’André Breton à MaryReynolds.

In-8 (228 x 157 mm).

Édition originale.

Envoi (à l’encre noire, en haut du faux-titre) : À Mary Reynolds qui à jamais règnera sur les pages 221 (et la suite) de ce livre, avec toute l’affection d’André Breton

Annotation (au crayon, en bas du faux-titre) : Cet exemplaire, dans une reliure exécutéepar Mary Reynolds sur les indications deMarcel Duchamp, m’a été remis par cedernier à la mort de son amie. A. B.

Deux eaux-fortes originales gravées parPedretti d’après des dessins d’Acarie Baron,originellement rehaussées de couleurs à la

main et extraites du Dictionnairepittoresque d’histoire naturelle et desphénomènes de la nature (Paris, sous ladirection de M. F.-E. Guérin, 1833-1835)collées aux contreplats de la reliure.

Reliure de l’époque « exécutée parMary Reynolds, sur les indications deMarcel Duchamp » (Breton). Chagrinbrun, dos long sans titre portant le nomd’André Breton en queue, rabat du platsupérieur sur la tranche de gouttière créantl’illusion d’un second dos identique aupremier, lanière de veau encerclantl’exemplaire avec titre inscrit en caractèresdorés, deux gravures collées sur les contre-plats, la première signée par MarcelDuchamp, au crayon à papier, en bas dupremier contre-plat, non rogné, étui d’originelaissant apparaître les deux dos.

Mary Reynolds a rencontréMarcel Duchamp au début desannées 1920. En 1929, elles’initie à la reliure auprès dePierre Legrain et installe sonatelier au 14 rue Hallé. Pendantla guerre, Mary Reynolds rejointun groupe de résistants, le mêmeque celui de Samuel Beckett.Mais son atelier est identifiécomme étant une « planque »

par la Gestapo durant l’été 1942.Elle parvient à rejoindre MarcelDuchamp à New York. Enseptembre 1945, Mary Reynoldsretourne vivre à Paris, alors queDuchamp reste à New York. Ilsse retrouvent lors d’un séjour deMarcel Duchamp en Europe, en1946. C’est probablement à cemoment que l’exemplaire deMary Reynolds futconjointement relié par MaryReynolds et Marcel Duchamp.

Mary Reynolds aura réalisé prèsde soixante-dix reliures d’art.Ces reliures sont classées endeux groupes : celles réaliséespar Mary Reynolds seule etcelles, beaucoup moinsnombreuses, réalisées par MaryReynolds en collaboration avec— ou « selon les indications de »Marcel Duchamp. L’inventeurdes Ready-Made participa à laconfection de quelques reliures,pour des ouvrages surréalistes.

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Seize reliures de Mary Reynolds sontconservées à l’Art Institute of Chicago :quatre d’entre elles seulement furentréalisées conjointement par Mary Reynoldset Marcel Duchamp : Ubu Roi (cote MR253), Gestes et Opinions du DocteurFaustroll (MR 248), Rrose Sélavy (MR246) et Hebdomeros (MR 217). Aucuned’entre elles ne porte la signature de MarcelDuchamp.

On sait que la bibliothèque de MaryReynolds fut la vraie bibliothèque de MarcelDuchamp qui partageait sa vie entredifférentes adresses et l’atelier de son amie.À la mort de Mary Reynolds, en 1950, lacollection d’œuvres d’art de celle-ci (plus decinq cent pièces) est donnée, par MarcelDuchamp, à l’Art Institute of Chicago.Duchamp conserva cependant cetexemplaire de l’Anthologie de l’humour noirpour l’offrir à André Breton.

Cet exemplaire possède deuxcaractéristiques notoires : la première estqu’en l’offrant à Breton, Duchamp opère unretour au donateur, comme l’indique l’envoide Breton à Mary Reynolds. La secondecaractéristique est qu’il ne revint pas àBreton tel que celui-ci l’avait probablementoffert à Mary Reynolds, c’est-à-dire broché.Marcel Duchamp et son amie l’ont entre-temps relié d’une façon très particulière« sur les indications de Marcel Duchamp ».L’objet a été signé, au crayon, par MarcelDuchamp, sur le premier contre plat.

Cette reliure est pourvue de deux dosidentiques et muets. Le livre, aprèsdétournement de Duchamp, est devenuun objet. La bande de cuir enserrantl’exemplaire accentue son caractèrecirculaire et hermétique. Dans quel sensdoit-on manipuler ce livre-objet qui serefuse au lecteur ?

Cette reliure est l’une des plusextraordinaires reliures réaliséesconjointement par Mary Reynolds etMarcel Duchamp. Parmi les quatreconservées par l’Art Institute of Chicago,elle est celle qui détourne le plusradicalement un livre, c’est pourquoi, elleest la seule à porter sa signature.

Références : Surrealism and its Affinities. The MaryReynolds Collection, bibliographie compilée par HughEdwards, The Art Institute of Chicago, 1956.Arturo Schwarz, The Complete Works of Marcel Duchamp,New York, Delano, 2000, n°479, rep. p.758.

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18 —André BretonYves TanguyNew York, Pierre Matisse editions, 1946

Envoi illustré d’Yves Tanguy àAndré Breton. Un grand dessinsigné, en couleurs, d’YvesTanguy, trois eaux-fortes, cinqpetits dessins et cinq collagesoriginaux d’Yves Tanguy. Avecun manuscrit autographeillustré d’Yves Tanguy.Exemplaire de tête avec lareliure conçue par Duchamp.

In-4 (304 x 232 mm).

Édition originale.

Maquette de Marcel Duchamp. Texte enfrançais et en anglais. Traduction anglaisede Bravig Imbs. Reproduction de 35 œuvresd’Yves Tanguy. Un des vingt exemplaires de tête contenantun dessin original en couleurs et une gravureoriginale signée d’Yves Tanguy.Illustration originale, comprise dansle tirage :1. Un grand dessin original signé d’YvesTanguy, daté de 1945. Encre noire et carmin,gouache bleue et grise (220 x 150 mm).2. une eau-forte originale d’Yves Tanguy

signée au crayon à papier (225 x 150 mm à lacuve).Reliure d’édition dessinée par MarcelDuchamp réservée aux exemplaires dutirage de tête. Dos de toile verte, plats depapier crème recouverts d’un filet de toile,non rogné. Étui.

Envoi illustré d’un dessin original à lamine de plomb et à l’encre rouge : Pour André et ÉlisaTendrement,Yves

Illustration originale ajoutée :3. cinq dessins originaux d’Yves Tanguy(80 x 65 mm), à l’encre noire, sur troisfeuillets cartonnés. 4. cinq collages originaux d’Yves Tanguy(130 x 200 mm) réalisés dans du papierCanson de couleur rouge, noire, bleue,jaune.5. deux eaux-fortes originales d’YvesTanguy, non rognées (168 x 122 mm et 104 x 64 mm à la cuve).

Manuscrit autographe signé d’Yves Tanguy,à l’encre noire, illustré de cinq dessinsoriginaux dans la marge (une page).

Yves Tanguy et André Breton serencontrèrent rue Fontaine en

1925. Pour Breton, Tanguy est le« géomètre du rêve »,l’exécuteur de paysagesoniriques qui évoquent desespaces sous-marins ouminéraux peuplés de formesbiomorphiques humaines etanimales. Le peintre et le poètecontinuent à se fréquenter aprèsla parution du Second Manifeste(1930) qui divisa le groupesurréaliste. En 1940, ils seretrouvent en exil, à New York,avec Marcel Duchamp. Ilsparticipent à des expositionscommunes. André Bretonrassemble alors en un volumeéponyme, Yves Tanguy, lestextes qu’il publia, pendant prèsde vingt ans, à propos de l’œuvrede son ami. Marcel Duchampréalisa la maquette du livre :« This book has been designedby Marcel Duchamp ».

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19 —André Breton et Arshile GorkyYoung Cherry Trees Secured Against HaresNew York, View Editions, 1946

Rare exemplaire de tête avec deux dessins originauxd’Arshile Gorky. Célèbrejaquette illustrée de MarcelDuchamp.

In-8 (231 x 154 mm).Traduction d’Edouard Roditi.Un des 25 exemplaires de tête avec deuxdessins originaux à l’encre noire, avec desrehauts rouges et blancs d’Arshile Gorky.Celui-ci, numéroté 9.Reliure de l’éditeur. Jaquette illustrée deMarcel Duchamp, dos à la bradel.Très légère usure du dos de la jaquette.

Édition originale.

La plupart des poèmes de YoungCherry Trees furent publiés, parAndré Breton, entre 1923 et 1944.Dans cette édition, unetraduction anglaise est placée envis-à-vis des textes en français.« L’Union libre » (originellementpublié en 1931) est traduit ici par« Freedom of love ».

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20 —André BretonMartinique charmeuse de serpentsParis, Éditions du Sagittaire, 1948

Broché, tel que paru. État deneuf.

In-8 (188 x 137 mm).Un des quinze exemplaires de tête impriméssur Hollande, celui-ci un des trois horscommerce marqué B illustré d’une eau-forteoriginale d’André Masson imprimée enrouge.Broché, non rogné.

Édition originale.

André Breton séjourna un moisen Martinique en 1941 avant depouvoir rejoindre New York. Ilrencontra Claude Lévi-Straussau cours de cette traversée,comme le rappelle le début deTristes Tropiques. AndréMasson les rejoignit unesemaine après leur arrivée surl’île.

Référence : André Breton, Œuvres

complètes, Paris, 1999, III, 1255 et suiv.

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21 —André Breton Anthologie de l ’humour noirParis, Éditions du Sagittaire, 1950

Exemplaire d’André Breton sur lequel Joan Miró a réaliséun magnifique dessin qu’il adédicacé à André et ÉlisaBreton.

In-8 (224 x 138 mm).Un des 17 exemplaires de tête imprimés surHollande, celui-ci marqué « C », un des 5hors-commerce illustré d’une lithographieoriginale en couleurs de Joan Miró.Deuxième édition, en partie originale.Broché. Couverture vieux rose de PierreFaucheux illustrée de silhouettesphotographiques, non rogné, en grandepartie non coupé.Dos légèrement passé.

Illustration originale ajoutée : dessinoriginal, en couleurs, signé de JoanMiró sur la page de garde, portant ladédicace suivante : « pour Élisa et AndréBreton, de tout cœur, Miró, 15 XII 1950 ».

Lorsqu’ils avaient un ateliervoisin, rue Blomet à Paris, JoanMiró aurait demandé à Massons’il fallait voir Picabia ou Breton.Masson lui aurait répondu :

« Picabia, non, c’est déjà lepassé ; André Breton oui, luic’est l’avenir. » Joan Miró etAndré Breton se rencontrentl’année de la publication duManifeste du surréalisme :« l’entrée tumultueuse de Miró,en 1924, marque une étapeimportante dans ledéveloppement de l’artsurréaliste » (André Breton).Miró devient dès lors uncompagnon de route (plus qu’unparticipant actif) du groupesurréaliste. André Breton acquitplusieurs œuvres du peintredont il ne cessa d’admirer unautomatisme plastique qui« renoue avec le monde del’enfance ».

Références : André Breton, Œuvrescomplètes, Paris, 1992, II, p. 1750 — JacquesDupin, Miró, Paris, 1993.

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22 —André BretonConstellationsNew York, Pierre Matisse, 1959

Exemplaire d’Élisa Breton.Grand dessin original à l’encreet à l’aquarelle de Joan Miró,portant un envoi signé dupeintre à Élisa Breton.

In-folio (440 x 355 mm).Un des vingt-deux exemplaires nominatifs,celui-ci numéroté XIV « imprimé pourMadame André Breton », signé par Miró etBreton avec une lithographie originale encouleurs signée et justifiée au crayonXIV/XXII.22 reproductions de gouaches en couleurs deJoan Miró.Couverture illustrée. Boîte d’édition.

Édition originale.

Envoi : Hommage à Élisa Breton,Miró

Avec un grand dessin original signé deJoan Miró à l’encre de Chine et gouache dequatre couleurs, au format de la page (310 x300 mm).

Les vingt-deux dessins à lagouache reproduits dans

Constellations sont la réductiond’une célèbre série d’œuvre quele peintre catalan réalisa dans lesannées 1940.

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23 —André Breton et Yves TanguyVolièreCirca 1963

Maquette ayant servi à l’éditionoriginale, comprenant un projetde couverture et une pageautographe d’André Breton.

In-4 (285 X 225 mm).En feuilles. Couverture rempliée,reproduction en fac-similé des 32 textesd’André Breton avec étiquettes de datecollées et des 9 dessins d’Yves Tanguy surpapier Canson de couleurs. Maquette de couverture non-retenue, crayonet collage sur papier cartonné noirAvant-dire, autographe signé d’AndréBreton. Une page in-4 (268 X 205 mm).Encre bleue sur papier, nombreusescorrections dont certaines à l’encre rouge.Sans les pages de titre, de faux-titre, dejustificatif de tirage de l’ouvrage imprimé.Sans l’Avant-dire en fac-similé.

Le livre sera publié par Pierre Matisse en1963.

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24 —René CrevelDalí ou l ’anti-obscurantismeParis, Éditions surréalistes ( José Corti), 1931

Envoi de René Crevel à AndréBreton. Deux dessins originauxde Salvador Dalí dont l’un,magnifique, signé et dédicacé à André Breton.

In-8 (228 x 160 mm).Un des dix exemplaires sur Japon nacréblanc. Celui-ci non numéroté.Reproduction photographique de dixtableaux de Salvador Dalí.Reliure de l’éditeur. Papier grainé noir àrabats, à toutes marges.Dos légèrement frotté.

Édition originale.

Envoi : À André Breton par ce qu’il peut y avoir d[’anti-obscurantisme]dans ce livre, ce que son auteur peut acquérir, (malgré la pudeur dédicatoire) il faut bien dire que c’est à vous que je le dois, avec mon affectionDécembre 1931René Crevel

Illustrations originales ajoutées :1. Un dessin original signé deSalvador Dali (12 cm) à l’encre de chine,dans la marge de la p. 9 « Baromètre ethorloge falique en fonctionnement liquide »et en dessous du dessin la signature :« orloge antrophomorfic (visage) PourAndré Breton avec toute son amitiéSalvador Dalí 1931 ».2. Un dessin original de Salvador Dali(6 cm), à l’encre de Chine, sur feuilletvolant, représentant un soulier et unciboire.

« Fasciné par le peintre, Crevelse hâta de rejoindre Vernet-les-Bains pour s’y enfermer et yrédiger en deux semaines Dalíou l’Anti-obscurantisme. Aussin’est-il guère surprenant quedans ces pages soient soulignésles dons d’expression prodigieuxde l’artiste [...] Son texte est unedescription de l’enfer moderne,lequel est évoqué sur le mode dela cérébralité, du machinisme[...] Pour Crevel, la pensée deDalí, mais aussi sa peinture,

représente dans un mondedominé par la théorie de la mortla libération de l’esprit, lapossibilité de la part del’imagination de récupérer sesdroits abolis » (Félix Fanès).

Référence : Fanès, « Dalí, l’hommeinvisible », in René Crevel ou l’Esprit contrela raison, Mélusine, n° 22, 2002, p. 189 etsuivantes — Catalogue de l’expositionSalvador Dalí : rétrospective 1920-1980.Paris, Centre Georges Pompidou, 1979, pp.157-169.

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25 —Charles CrosLe Collier de griffesParis, P.-V. Stock, 1908

Un des poètes cités dansl’Anthologie de l’humour noir.

In-12 (183 x 112 mm).Dos de maroquin beige, plats de papiermarbré, tranche supérieure dorée,couverture et dos conservés.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Les surréalistes ont pris une partactive à la réhabilitation deCharles Cros au XXe siècle,même si André Breton estimequ’« il est loin encore d’être misà son rang » (Anthologie del’humour noir).

Référence : Marcel Clouzot, Guide dubibliophile français, p. 79.

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26 —Salvador DalíL’Amour et la mémoireParis, Éditions surréalistes, 1931

Magnifique dessin original de Salvador Dalí, à la plumereprésentant une femme nuevue de dos. Avec un seconddessin original de Dalí. Envoide Salvador Dalí à AndréBreton. Exemplaire de tête sur Japon.

In-8 (193 x 139 mm).Un des 10 exemplaires de tête sur Japon,celui-ci non numéroté.Reproduction d’une photographie de Dalí etGala par Buñuel placée en frontispice.Reliure de l’éditeur. Couverture de papiergrainé rouge à rabats, non rogné.Dos passé, petites piqûres sur le dernierfeuillet.

Édition originale.

Envoi : À André Breton, son disciple inconditionnel, Salvador Dalí, 1932[suivi d’un poème autographe signé de Dalíde dix vers écrit dans une langue phonétique

franco-espagnole : « Allégorie corporative del’amour et de la mémoire »]

Illustrations originales ajoutées :1. Un dessin original signé de SalvadorDalí (11 cm), réalisé à la plume, en marge dela page 7, représentant une femme nue vuede dos, avec la dédicace suivante : « PourAndré Breton, boucles de sein [?] SalvadorDalí 1932 ». 2. Un petit dessin original de SalvadorDalí représentant une fermesse à l’encrenoire, avec légende manuscrite au verso :« Emblème 1/3 ».

Ce livre est publié à l’époque del’âge d’or des relations entre Dalíet le groupe surréaliste, celle desfilms de Buñuel, auxquels Dalíparticipe, et des premièresgrandes toiles surréalistes dupeintre espagnol que Breton juge« d’un caractère bouleversant ».

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27 —Robert Desnos La Liberté ou l ’amourParis, Éditions du Sagittaire, 1927

Exemplaire de tête sur Japon,broché, carré, à toutes marges.Long envoi de Robert Desnos à André Breton. Desnos aprolongé le texte d’unetrentaine de lignesmanuscrites, pour AndréBreton.

In-12 (195 x 162 mm).Un des 35 exemplaires de tête sur Japon(celui-ci numéroté 31).Broché, sous couverture rempliée, à toutesmarges.Bien complet des passages qui serontimmédiatement censurés.Dernier cahier débroché.

Édition originale.

Envoi : À André BretonSolitudes, déserts, arbres perdus dans lacampagneJe n’ai jamais vu de forêts aussi blanchesJamais d’arcs en ciel si pâlesQuel est donc ce paysage à la fois si étrangeet si familierJ’ai déjà perdu tout ce qui m’est cherLe ciel la mer la terre qu’est-ce que c’estC’est moins que le varech heurté par unpaquebotMoins que l’ombre, moins que minuitTas de lieux communs.Je ne sais plus rien dire mais je sais ce queje pense

Où suis-je, qu’est-ce que je disUne formidable marée emporte mes rêves àchaque minuteQu’est-ce que ça veut direSolitude, arbres, déserts, torrents sourcesJ’ai déjà parcouru toutes les terresinexploréesOuvert toutes les portesQu’est-ce que ça veut direOù suis-jeQue dis-je ?Son amiRobert Desnos

Annotations, à la suite du texte imprimé,page 183 :[C’est alors que le Corsaire Sanglot] sedébarrassa des suaires qui enveloppent lemonde depuis des temps sans mesure. Onvit longtemps sa silhouette planer surl’océan ensanglanté, sur les nuagesimmobiles, sur les cadavres mutilés. On vitlongtemps son visage dans les yeux desamants, on entendit longtemps sa voix dansles cloches de cristal.Je meurs, je meurs déjà, mon agonie estcommencée. C’est celle du corsaire Sanglotmais aussi la mer et l’espace engloutiront-ils sinon cette voix déjà fatiguée, ces rêvesdéjà oubliés, cet amour éternel et inconnucomme l’éternité. Je meurs, je meurs déjà etsi tu as ressenti quelque ennui au spectaclede ces râles lyriques, mets la tête dans tamain et souviens toi. À minuit quand lesnuages et le silence s’affronteront turelèveras ton front pâli et tu diras : « Ilaime encore mais il ne ressuscitera pas caril appartient désormais aux bagnesinfinis ». Et si ton cœur peut s’émouvoirencore, que ce soit au propre spectacle detes douleurs secrètes et de tes déceptions. R. D.

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28 —Marcel Duchamp Rrose SélavyParis, GLM, 1939

Envoi concis de Marcel Duchampà André Breton.

In-12 (158 x 114 mm).Un des 500 exemplaires sur vélin blanc.Broché.

Édition originale.

Envoi : Cher BretonM. Duchamp

Rrose Sélavy est un personnagefictif créé par Marcel Duchampen 1920. Il signe un certainnombre d’œuvres de cepseudonyme et se faitphotographier, travesti enfemme, par Man Ray. Ce petitrecueil rassemble une séried’étranges calembours etcontrepèteries.

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29 —Julien Gracq Prose pour l ’Étrangère[Paris], José Corti, 1952

Envoi de Julien Gracq à André Breton.

In-12 (152 x 91 mm).Un des 58 exemplaires imprimés sur vélindu marais, celui-ci numéroté 37.Broché, couverture à rabats.Dos légèrement passé.

Édition originale.

Envoi : À André Breton,ce petit livre qui ne relève guère d’uneesthétiqueSon ami – l’incorrigible esthèteJulien Gracq

La relation intellectuellequ’entretint Gracq avec Bretonfut l’une des plus importantesqu’il connut après la guerre. Laquasi-totalité des livres de Gracqavec envoi à Breton fut proposéeà la vente André Breton (Paris,7-9 avril 2003).

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30 —Richard Huelsenbeck Dada AlmanachBerlin, Erich Reiss, été 1920

In-8 (181 x 131 mm).Texte en allemand et français.Illustré de photographies reproduites à pleine page.Broché. Couverture illustrée d’unephotographie.Ex-libris manuscrit d’André Breton.

Édition originale.

Coupon titré « Bewilligung » attestant del’envoi du livre à André Breton, avec sonnom écrit à la plume et le prix joint.

Richard Huelsenbeck est le co-fondateur en 1916, avec HugoBall, du Cabaret Voltaire. Il éditacette anthologie historique enallemand et en français, aprèsl’exposition internationale dadade juin 1920 à Berlin qui futl’apogée et la chute du club dadaberlinois : un procès pour insulteà l’armée condamna lesorganisateurs. Cette anthologieconstitue l’unique panoramainternational du groupe dadapublié à cette époque. On y

trouve, en particulier, la célèbrechronique de Tzara qui brosse letableau endiablé de la naissancedu groupe à Zurich.

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31 —Alfred Jarry Gestes suivis des Paralipomènes d’UbuParis, Éditions du Sagittaire, 1920

Broché, tel que paru, état de neuf.

In-12 (147 x 149 mm).Un des 940 exemplaires sur Hollande.7 eaux-fortes originales et ornements de Géo A. Drains.Broché. Couverture illustrée à rabats, à toutes marges, en partie non coupé.

Première édition.

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32 —Alfred Jarry Les Jours et les nuits, roman d’un déserteurParis, Mercure de France, 1897

Envoi d’Alfred Jarry à JulesRenard. « Notre maître à tous,Alfred Jarry » (André Breton).

In-8 (181 x 115 mm).Reliure signée L. Bernard. Dos et coins de chagrin brun, filets dorés, dos à nerfs,tranche supérieure dorée, couverture et dos conservés.Provenance Jules Renard (envoi ; ex-libris ;Paris, 12 février 1921, n° 129).Ex-libris d’André Breton.Charnières frottées.

Édition originale.

Envoi : À Jules Renard, très sympathiquement, Alfred Jarry

Pièces jointes :1. Quatre contretypes tardifs dephotographies d’Alfred Jarry. 2. Une photographie originale des années 30de Jindřich Štyrský représentant la maisonde Jarry (surnommée « la GrandeChasublerie »), annotée de la main deBreton au dos « La maison d’Alfred Jarry / 7rue Cassette (Photo Štyrský) ».

Jarry est l’étonnant chaînonentre le symbolisme et lesurréalisme, entre Mallarmé etBreton : « Vous avez mis debout,avec une glaise rare et durableaux doigts, un personnageprodigieux », lui écrira

tardivement le premier. Jarryrestera une des figures tutélairesdu surréalisme : « Depuis ledébut de la guerre [la première],André Breton pratique l’esprit deJarry avec Les Jours et les nuitscomme d’un moyen de moquersa misère, de dénier l’emprise duréel ... De tous les poètes pourlesquels il s’est enthousiasmé,Jarry est celui qui gardera saconstante estime, avecLautréamont » (DictionnaireAndré Breton).

Quelques mois après qu’Ubu roi,représenté au théâtre del’Œuvre, eut fait connaître lenom d’Alfred Jarry, Les Jours etles nuits, roman d’un déserteurparaît donc au Mercure deFrance. Le roman de Jarryapparaît comme une œuvreantimilitariste dans le contextede l’Affaire Dreyfus. Mais c’estaussi et surtout un roman sur ledédoublement, sur « ladésertion » du réel pour le rêve.C’est pourquoi, comme l’a écritMaurice Saillet dans son essaiSur la route de Narcisse, « les

fervents d’Alfred Jarry ont unesecrète préférence pour LesJours et les nuits ».

Jules Renard est un desfondateurs du Mercure deFrance, en 1889 : à la foiscritique et prosateur, rédacteuren chef et administrateur. AlfredJarry y publiera régulièrementses œuvres et ses articles, dèsson premier livre, Les Minutesde sable mémorial (1894). LeJournal de Jules Renard estponctué de nombreux détails etanecdotes sur Jarry : sur laréception de ses œuvres – dontla première d’Ubu roi quiscandalisa Renard lui-même,mais surtout sur Jarry lui-mêmequi visait à s’identifier de plus enplus à son personnage d’Ubu.D’ailleurs Breton « s’est pourvud’un grand nombre d’anecdotesdressant un portrait de Jarry enoriginal, dont certaines serontconfirmées par Jules Renarddans son Journal »(Dictionnaire André Breton).

Référence : Jarry en images, Paris, 2011.

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33 —Lautréamont, Isidore Ducasse, dit comte deLes Chants de MaldororParis et Bruxelles, en vente chez tous les libraires, 1874

De Rimbaud à Lautréamont.« J’ai sous les yeux unexemplaire de la nouvelleédition des Chants de Maldororet je le considère avecémotion » (A. Breton). Breton a inséré dans sonexemplaire cinq longsmanuscrits autographesreprésentatifs de la réceptionde l’œuvre de Lautréamont parle mouvement surréaliste : 1. la lettre de Félix Vallotton àpropos de son portrait deLautréamont (1921) 2. la préface de Louis Aragon àla réédition de Maldoror(1922) 3. ses propres « Notes surMaldoror » (1920) 4. le beau texte de Tristan

Tzara « Note sur le Comte deLautréamont ou le cri » (1922) 5. la lettre de Philippe Soupaultsur Lautréamont intitulée « Moncher ami Ducasse » (1925).

In-8 (184 x 113 mm).Reliure vers 1920. Plein chagrin brunmarbré, décor doré, filets verticaux etencadrement, dos long, tranche de têtejaspée, couverture et une petite partie du dosconservées.Ex-libris manuscrit d’André Breton.

Édition originale, second état : émissionavec la page de titre à la date de 1874.

Pièces jointes :

1. L.a.s. de Félix Vallotton à André Breton :« Monsieur, le portrait de Lautréamont parudans le Livre des masques est une créationpure faite sans aucun document, personne, ycompris de Gourmont, n’ayant vu lepersonnage, la moindre lueur, cependant jesais qu’on chercha. C’est donc une image depure fantaisie, mais les circonstances ontfini par lui donner corps et elle passegénéralement pour vraisemblable », encrebleue, carte-lettre, 59 rue des Belles-Feuilles, 21 avril 1921, suscription

« Monsieur André Breton 15 rueDelambre », 1 p. in-8 [cf. Minotaure, n° 8-10, p. 31].

2. Manuscrit autographe signé deux fois parLouis Aragon : « Comme au temps desgrandes invasions, tandis que le fauxempereur frisait son poil rare avec unsourire jaune le vent je crois, soufflait del’est, entraînant l’immense clameur de laBourse dans cette chambre de la rueVivienne où Isidore Ducasse, comte deLautréamont, portait le romantisme aurouge blanc. Orage salutaire qui montait enspirale par la cour, j’ai entendu aussi ces crisfauves, j’ai regardé les pierres noires de lafaçade sur laquelle personne n’écrivit «icivécut Ducasse» et sous la voûte j’ai croisé unjeune homme pâle qui ne ressemblait pas àses portraits […] C’est dans ce bruit saincomme assassiner que je m’instruis tous lesjours un peu, sans livres ni poignards, enlaissant carrière aux mots qui m’habitent.Un jour je connaîtrai mes limites. Ce n’étaitqu’une ombre sur le mur, un dessin d’enfantmalhabile avec sa barbe et ses moustaches,le ventre rond, les bras en U, la pipe au becet la rosette de la légion d’honneur. Depuis1870, personne n’a plus vu Isidore Ducasse,mort d’une fièvre maligne et qui passe pourun fou auprès des Bloy et des Gourmont etqui exerce encore aujourd’hui en France uneinfluence au moins égale à celle d’Arthur

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Rimbaud. Nous ne savons rien de son visageet de sa vie : il a fallu cinquante années pourque ses Poésies fussent publiées, réimprimésles Chants de Maldoror. Maldoror, à peine sil’on y a goûté, toute poésie devient un peufade et concertée [...] Lautréamont parleseul, ou dialogue avec le mur : il croit si peu àla possibilité d’un lecteur [...] Ainsi commeon dit d’une eau-forte, nous avons les étatssuccessifs de sa pensée. Cinéma cérébral [...]Lautréamont se commente et c’est sa joie ousa dérision [...] Je vous dis qu’il est tout seul.Tu couches avec ton image et tut’abandonnes à la découvrir [...] de quellesrégions de merveilles Maldoror ne nousrend-il pas maîtres ? [...] 1868 tirage à partdu premier chant de Maldoror : je marqued’une pierre transparente qui prend lacouleur des regards, l’origine du lyrismecontemporain. On le sait mal encore.J’entends d’ici les gens renseignés :« Laissez-nous rire », « Laissons-les rire ».Titré Préface de 1922 et dédié à M. J, encrenoire, petit dessin au centre du premierfeuillet, ratures et corrections, 2 p. in-4 deformat différent, quelques déchiruresmarginales et légères usures dans les plis.

3. Manuscrit autographe signé d’AndréBreton : « Les Chants de Maldoror par lecomte de Lautréamont » (titre tapé à lamachine) : « La vie humaine ne serait pascette déception pour certains si nous ne nous

sentions constamment en puissanced’accomplir des actes au-dessus de nosforces. Il semble que le miracle même soit ànotre portée [...] Ce n’en serait pas moinsune erreur de considérer l’art comme une fin[...] On sait maintenant que la poésie doitmener quelque part. C’est sur cette certitudeque repose, par exemple, l’intérêt que nousportons à Rimbaud [...] Mais, pour exaspérernotre désir, ce dernier, comme tant d’espritsinterrogés sur l’au-delà, s’est plu jusqu’à cejour à nous décevoir [...] C’est encore dans letravail littéraire [nous : de Lautréamont] [...]qu’on trouve le mieux à satisfaire la volontéde puissance [...] je crois que la littératuretend à devenir pour les modernes unemachine puissante qui remplaceavantageusement les anciennes manières depenser [...] J’espère seulement que le lecteurdes Chants ne s’en tiendra pas à un purbaudelairisme de forme. Il s’en trouveraitd’autant plus mal que le style deLautréamont lui opposerait une dénégationfrappante [...] Lautréamont eut si nettementconscience de l’infidélité des moyensd’expression qu’il ne cessa de les traiter dehaut : il ne leur passa rien et, chaque foisqu’il était nécessaire, il leur fit honte. Ilrendit en quelque sorte leur trahisonimpossible. Aussi, rien n’ayant chance de sedénouer jamais par l’artifice grammatical,devons-nous lui savoir plus de gré desuspendre, comme il le fait, la fin de sa

phrase [nous : par des points de suspension],que de faire semblant de résoudre, demanière aussi élégante qu’on voudra, unproblème qui restera éternellement posé »...On notera encore quelques phrases bifféesdans le manuscrit, publiées dans la Pléiade etpour la dernière inédite : « Il faut bien direqu’avec Lautréamont nous en avons fini avecles poètes maudits [...] Je ne puis regardersans émotion un livre qui constitue, aumoins, le seul poème épique des tempsmodernes [...] J’ai sous les yeux unexemplaire de la nouvelle édition des Chantsde Maldoror et je le considère avecémotion », 6 pp. écrites sur 3 ff. in-8 recto-verso, pliés, écriture à l’encre bleue et noire,très nombreuses ratures et ajouts, le titre dumanuscrit a été tapé à la machine, le dernierfeuillet a été relié en sens inverse.

4. Manuscrit autographe signé de TristanTzara intitulé : « Note sur le comte deLautréamont ou le cri », débutant « Mal d’oror de douleur/Mal d’or l’or a brisé la mort/Sa folie ne fut pas belle c’est pourquoi elle vitencore [...] le comte de Lautréamont adépassé le point de tangence qui séparecréation de folie. Pour lui, la création est déjàmédiocrité [...] La liberté de ses facultés, querien ne lie, qu’il tourne de tous les côtés etsurtout envers lui-même, la force des’abaisser, de démolir, de s’accrocher àtoutes les tares, avec une sincérité beaucoup

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trop intime pour nous intéresser, est la plushaute attitude humaine… parce quetransformée en action, elle devrait aboutir àl’anéantissement de cet étrange malheur d’osde farine et de végétation : l’humanité.L’esprit de cet homme négatif [...] dépassel’hystérie douceâtre de Jésus et d’autresmoulins à vent infatigables, installés dans lessomptueux appartements de l’histoire.N’aimez pas si vous voulez mourirtranquillement. Mal d’or or de douleur / Mald’or l’or a brisé la mort par son éclat et lamusique des grenouilles de zéphyr. » 2 p.in 4, encre noire, au verso d’un papier à en-tête de la « Taverne royale, 25 rue Royale ».

5. Manuscrit autographe signé de PhilippeSoupault, sous forme de lettre et intitulé :« Mon cher ami Ducasse ». Soupault aenvoyé ce manuscrit à Breton puisqu’il luiécrit : « cher André, voilà ma promesse. Ph »(coin gauche de la première page). Lemanuscrit débute par : « Isidore Ducasse.Ces quelques syllabes suffisent à meréconcilier pendant une heure avec moi-même ».... Il se clôt sur ce que Bretonappellera plus tard le pacte fait avecLautréamont : « Ce n’est pas à moi, ni àpersonne (Entendez-vous messieurs. Quiveut mes témoins ?) de juger M. le Comte.On ne juge pas M. de Lautréamont. On lereconnaît au passage et on salue jusqu’àterre. Je donne ma vie à celui ou à celle quime le fera oublier à jamais »...

Le texte de Louis Aragon« Préface à Maldoror », iciprésent à l’état de brouillon, a étépublié dans la revue Les Écritsnouveaux dans le numérod’août-septembre 1922. Onconnaît une autre version de cetexte recopiée par Louis Aragonpour René Gaffé.

Le manuscrit d’André Breton aparu sous forme d’un article dansLa Nouvelle Revue française le1er juin 1920, sous le titre de« Notes sur Maldoror ». Ils’agissait de faire la recension dela réédition des Chants auxéditions de La Sirène, avec lapréface de Remy de Gourmont. Ilsera repris dans Les Pas perduspubliés en 1924. C’est le seulmanuscrit cité par MargueriteBonnet (Pléiade, t. I, p. 1255).

Elle souligne le caractère ardu dece texte magnifique : « si Bretonressent au plus profond de lui-même l’“Apocalypse définitive”qu’il trouve en Lautréamont, s’ille rejoint dans sa mise enquestion et des procédés et desfins de la littérature,Lautréamont-Ducasse pousse auplus haut degré l’antinomie qu’ilvit alors entre la nécessité deparole et la vérité de silence »(ibid.). Découvrant Lautréamont,Breton renonce pour partie auxinterrogations rimbaldiennes surl’au-delà. L’absence même dedonnées biographiques surl’auteur des Chants facilite, aucontraire de Rimbaud, la plongéedans l’immanence propre del’œuvre. Avec Lautréamont,André Breton entre dans l’étudedes stratégies d’écriture, dans lenœud vivant de la métaphore. Ladécouverte des Chants et desPoésies ouvre à celle de l’écritureautomatique, voilà le propos dece texte, à la fois magnifique etabscons.

Le texte de Tristan Tzara intitulé« Note sur le comte deLautréamont ou le cri » estpublié dans le premier numérode la seconde série de Littératureen mars 1922. Cette notion de criest au centre des avant-gardes.On pense bien sûr au Schrei dumouvement expressionniste(Munch) mais aussi au texted’Antonin Artaud définissant lesurréalisme comme « un cri del’esprit qui retourne vers lui-même » (27 janvier 1925, tractdu Bureau de recherchessurréalistes). La Bibliothèquelittéraire Jacques Doucetconserve une version

dactylographiée avec correctionsde ce texte. En 1919, Breton avaitfait découvrir Maldoror à Tzarapar l’intermédiaire de PaulÉluard qui lui envoya l’un de sesdeux exemplaires. De fait, de1919 à 1923, Éluard est beaucoupplus proche du dadaïsme queBreton ne l’était lui-même.

Philippe Soupault entreprit derépondre par une lettre adresséeà « Mon cher ami Ducasse », àl’enquête lancée en 1925 par len°4 de la revue Le Disque vert etintitulée « Le cas Lautréamont »(publié en janvier 1926). La finde ce texte sera encore citée parAndré Breton dans les Entretiensavec André Parinaud lorsqu’ilévoquera l’irruption deLautréamont dans son mondepoétique. Il déclare approuverabsolument la conclusion de lalettre de Soupault insérée dans leprésent exemplaire : « cettedéclaration en forme de pacte,sans hésitation, je l’auraiscontresignée ».

Références : Jean-Jacques Lefrère, IsidoreDucasse, Paris, 1998, p. 639 et suiv. — Enfrançais dans le texte, Paris, BnF, 1990, n°293.

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34 —Michel Leiris TauromachiesParis, G. L. M., 1937

Exemplaire neuf, tel que paru.

In-8 (251 x 189 mm).Tirage unique à 70 exemplaires surNormandy vellum blanc, celui-cinuméroté 67.Gravure d’André Masson reproduite enfrontispice.En feuilles. Couverture jaune.

Édition originale.

Pièce jointe :Manuscrit autographe de Michel Leiris (5 pages) : textes oniriques en prose dontcertains fragments furent publiés dans La Révolution surréaliste, n°5, du 15octobre 1925.

En 1926, Michel Leiris voit sapremière corrida à Fréjus avecPicasso. Malgré la désastreuse« tuerie » à laquelle il assiste, sanouvelle passion se confirmelorsqu’il voit toréer Rafaelillo àValence en 1935, alors qu’ilséjourne en Espagne, à Tossa deMar, chez les Masson. Il écrittrois textes majeurs sur l’art

tauromachique : Tauromachies(1937), Abanico para los toros(1938), et Miroir de latauromachie (1938).

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35 —Benjamin Péret Le Passager du TransatlantiqueParis, Collection Dada, 1921

Envoi de Benjamin Péret àAndré Breton sur son premierlivre. Une rencontre importantedu surréalisme.

In-4 (321 x 242 mm).Reproduction de quatre dessins de HansArp.Un des 42 exemplaires sur Hollande, celui-cinuméroté 11.Reliure de l’époque signée de Stroobants.Maroquin orange, deux figures en maroquinnoir, de forme losangique, mosaïquées surles plats, dos long avec titraison dorée.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Envoi :À André BretonÀ seize ans, il eut soin des fourchettes sans rien autre que la victoire de [Jack]Dempsey au quatrième round, Benjamin Péret2 juillet 1921

Pièces jointes :1. Trois textes autographes deBenjamin Péret.2. Deux poèmes autographes : « Le Carré del’hypoténuse » (publié dans Le Passager du

Transatlantique), « Mes dernier malheurs »(signé, publié dans Le Grand Jeu, 1928) et lacélèbre « dictée de Mérimée », recopiée parBenjamin Péret (en tout, 3 pages sur 3 ff., àl’encre bleue).

On connaît les circonstances dela rencontre d’André Breton etde Benjamin Péret. Un jour de1920, la mère de Benjamin Péretrendit visite à André Breton, quiséjournait alors à l’hôtel desGrands Hommes, pour luiacheter le dernier numéro de larevue Littérature et luirecommander une « personnequi voudrait se lancer dans lalittérature ». Quelques jours plustard, Benjamin Péret arrivait deNantes. Cette amitié des deuxhommes dura plus de quaranteans, jusqu’à la mort de Péret.

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36 —Benjamin Péret Au 125 du boulevard Saint-Germain. ConteParis, Collection « Littérature », 1923

Envoi de Benjamin Péret àAndré Breton. Un des dixexemplaires sur Japon, avec la suite de la pointe-sècheréalisée par Max Ernst. Rare.

In-8 (154 x 110 mm).Un des 10 exemplaires hors-commerce surJapon, avec la suite sur Chine (après 1exemplaire sur Chine). Celui-ci, numéroté V. Une pointe sèche originale de Max Ernstimprimée sur Chine, avant la lettre,commune à tous les exemplaires. Trois étatsde cette même pointe sèche, imprimés surChine, avec la lettre. Seuls les dixexemplaires Japon et l’exemplaire sur Chinepossèdent la suite des gravures.Reliure signée de L. Wahart. Cartonnagerose, titre doré sur le plat supérieur, dos à labradel, couverture et dos conservés, nonrogné.Dos passé.

Édition originale.

Envoi : qui le premier a rencontré le roi de Grèce, ou le président de la République vendantdes épingles à cheveux Place de laConcorde.Le président de la République voulait

emmener André Breton au bordel. Breton ouvrait les parapluies des damesdans l’espoir d’arrêter la pluie qui tombait sans mouiller le président de laRépublique (Deschanel) car il avait le corps oint d’une huile sentantle charbon de bois. Très affectueusement, Benjamin Péret, 30 août 1923

Ce second texte publié parBenjamin Péret, tout juste âgé de vingt-quatre ans, affirme sasingularité dans le groupe forméautour d’André Breton, aumoment où Dada est en passe dedevenir le surréalisme. Il n’avaitauparavant publié qu’un recueilde poèmes en vers. Si BenjaminPéret prend prétexte de l’adressed’Apollinaire, auquel il rendhommage au passage, pourécrire ce conte, l’incongru etl’humour l’affilient plutôt àJarry. Seuls les rares onzepremiers exemplaires du tirage

possèdent la suite, en trois états,de la pointe sèche de Max Ernst,en plus de la pointe sèchecommune à tous les exemplaires.

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37 —Benjamin PéretImmortelle maladieParis, Collection « Littérature », 1924

Envoi de Benjamin Péret àAndré Breton. Manuscritautographe du recueil et jeud’épreuves corrigées.

In-8 (210 x 163 mm).Un des 10 exemplaires sur Japon ancien,celui-ci marqué « B ».Photographie de Man Ray reproduite enfrontispice.Broché.

Édition originale.

Envoi :À André Bretonqui passe avec la jeunefille aux oranges12 juillet 1924Benjamin Péret

Pièces jointes :

1. Manuscrit autographe des poèmesnumérotés « 3 » (partiel), « 4 », « 5 » et« 6 » (complets). 4 pages de cahierquadrillé, à l’encre brune.

2. Jeu d’épreuves avec correctionsautographes de Benjamin Péret et del’imprimeur (sans le poème « 4 » mais avec

un doublon pour les poèmes « 1 », « 2 » et« 3 »). 11 pages avec corrections à l’encrebrune et au crayon bleu.

« La jeune fille aux oranges »mentionnée dans l’envoi figuredans le troisième poème durecueil.

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38 —Benjamin Péret Dormir, dormir dans les pierresParis, Éditions surréalistes, 1927

Exemplaire nominatif d’AndréBreton avec envoi multicolorede Benjamin Péret à AndréBreton. Dessins d’Yves Tanguyreproduits dans le livrerehaussés de gouache par lepeintre. Manuscrit autographecomplet et signé de BenjaminPéret.

In-8 (222 x 170 mm).14 dessins d’Yves Tanguy reproduits envignette ou à pleine page.Exemplaire nominatif d’André Breton, undes cinq hors-commerce imprimés sur Chine(plus petit tirage des exemplaires de luxe).Broché, couverture illustrée par Yves Tanguyet rehaussée de gouache, non rogné.Couverture détachée.

Édition originale.

Envoi au crayon multicolore :À André BretonUne lance d’orage frappe le monde geléet les insectes du poêle se tordent les brasdevant les miroirsqui tremblent comme des aveugles.

Mais je suis là pour te dire bonjourBenjamin Péret

Les quatre illustrations à pleine page, cellede la page de titre et les trois reproduitesdans le corps du livre, ont été rehaussées degouache blanche, verte et rouge par YvesTanguy, sans qu’il en soit fait mention dansla justification.

Pièce jointe :Manuscrit autographe complet et signé parBenjamin Péret de Dormir, dormir dans lespierres (sur papier crème et bleu, in-8 etin-4).

Les cinq poèmes qui constituentle recueil Dormir, dormir dansles pierres, ont paruprécédemment dans la revueCahiers du Sud (1926).

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39 —Benjamin PéretLe Grand JeuParis, Librairie Gallimard, 1928

Double envoi de BenjaminPéret à André Breton. Avec vingt-sept poèmesautographes de BenjaminPéret. Un des troisexemplaires de tête impriméssur Japon impérial. Reliure dePaul Bonet strictementcontemporaine.

In-8 (234 x 181 mm).Un des trois exemplaires de tête impriméssur Japon impérial, celui-ci numéroté II. Reliure strictement d’époque signée dePaul Bonet. Maroquin brun mosaïqué debandes de maroquin bleu et vert, bande depapier vert d’eau moucheté d’or, dos longavec titre entièrement mosaïqué et nomd’auteur au palladium, tranche supérieureau palladium, couverture et dos conservés.

Édition originale.

Premier envoi :À André Breton

Second envoi :À André Breton

qui est à la hauteur de toutes les situations,mais tellement au-dessus du poèmesuivant : Noir comme un chat qui tombe par lafenêtrele réséda roule sur les pentes et ramasse de ci de là quelques avalanches des tas de corvées assommantes au sommetdes arbreset LE fils aîné du mobilier national quidevint GRANDcomme le serpent de mer au moment où il tomba dans un JEU de quilles À toi avec l’affection que tu sais Benjamin Péret

Pièces jointes : 27 poèmes autographes deBenjamin Péret (sur 128 poèmes imprimés),sur 30 pages de divers papiers, quadrillés,blancs ou à en-tête d’hôtels, de cafés et decommerces, à l’encre brune, bleue ou aucrayon. Chaque page autographe est montéesur onglet en vis-à-vis du poème imprimé.

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40 —Benjamin Péret De derrière les fagotsParis, Éditions surréalistes, José Corti, 1934

Exemplaire adressé parBenjamin Péret à JacquelineBreton le jour de son mariageavec André Breton.

In-8 (203 x 154 mm).Un des 25 exemplaires sur papier vertlumière, celui-ci numéroté 29.Broché, couverture orange à rabats, nonrogné.Dos légèrement passé.

Édition originale.

Envoi :À Jacqueline Bretonqui a fait aujourd’hui plongerle maire dans son encrierAffectueusementBenjamin Péret14 août 1934

Pièce jointe :Faire part de mariage d’André Breton etJacqueline Lamba, imprimé sur papiervert.

La vente Breton (Paris, 9-11 avril 2003,n°985) proposait un exemplaire jumeau decelui-ci, mais avec un envoi adressé à AndréBreton : « À André Breton qui a sûrement

eu envie de bâtonner un officier ministérielaujourd’hui, quoique... Benjamin Péret, 14août 1934 »

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41 —Benjamin Péret Je sublimeParis, Éditions surréalistes, 1936

Envoi de Benjamin Péret àJacqueline Breton. Exemplaire à toutes marges, sur papiervert, avec les quatre frottagesoriginaux de Max Ernst.

In-12 (203 x 166 mm).Un des 25 exemplaires hors-commerce surpapier « Le Roi Louis », teinte Normandie,contenant les quatre frottages originaux deMax Ernst (également présents dans les 16exemplaires de tête sur Japon).Broché, à toutes marges.Marges un peu salies.

Édition originale.

Envoi : À Jacqueline Bretonqui attire le soleilcomme une coupe de champagne.Et toute mon amitiéBenjamin Péret2 août 1926

Contrairement à André Breton età la grande majorité dessurréalistes, Benjamin Péret amaintenu, jusqu’à la fin de sa

vie, un contact quasimentnaturel avec l’écritureautomatique comme entémoigne de manière éclatanteJe sublime. Déjà, au moment dela fondation du mouvementsurréaliste en 1924, Bretonconsidérait Péret comme étantl’un des « plus rebelles à touteconcession » (Entretiens avecAndré Parinaud). Je sublime futpublié juste avant que Péret nes’engage dans la Guerred’Espagne. Certains poèmes dece recueil, comme Allo (« Monavion en flammes mon châteauinondé de vin »...) sont parmi lesplus célèbres de son auteur.

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42 —Benjamin Péret Feu centralParis, K. éditeur, 1947

Envoi à André Breton.Exemplaire de tête, avec une eau-forte originale d’Yves Tanguy. État de neuf, tel que paru.

In-4 (245 x 187 mm). Exemplaire hors commerce sur pur filJohannot avec une eau-forte originale d’YvesTanguy (du même tirage que les trentepremiers exemplaires de tête numérotés, quipossèdent également cette eau-forteoriginale) non reliée.Quatre gouaches d’Yves Tanguy, reproduitesen phototypie.Reliure d’édition réservée auxexemplaires de luxe, exécutée sur unemaquette de Pierre Faucheux, d’après undessin d’Yves Tanguy. Jaquette grise àrabats avec une fenêtre dans laquelleapparaît la titraison en rouge, impriméesur une couverture de papier grainéjaune, non rogné.

Édition en partie originale.

Envoi : À André BretonQue les vents n’atteignent pas ;le seul homme fidèle à lui-même que j’aiejamais connu

Son amiBenjamin Péret18 mai 1949

Feu central rassemble desrecueils publiés auparavant :Immortelle maladie, Dormir,dormir dans les pierres, Jesublime, et Un point c’est tout.À tâtons est publié pour lapremière fois dans cet ouvrage.

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43 —Benjamin Péret La Brebis galanteParis, Éditions premières, 1949

Exemplaire nominatif d’AndréBreton portant un doubleenvoie de Benjamin Péret et de Max Ernst.

In-4 (239 x 190 mm).Exemplaire nominatif d’André Breton,imprimé sur Grand Vélin d’Arches, avec lestrois eaux-fortes originales en couleurs deMax Ernst (dont une pour le titre)communes à tous les exemplaires.Nombreuses eaux-fortes de Max Ernstreproduites hors-texte.

Reliure d’édition. Couverture à rabats depapier couleur brique illustrée par MaxErnst, non rogné.

Édition originale.

Premier envoi :À André BretonDans le bruit de la fête leur christ en naissant (qu’ils disent !)crève comme la vesse-de-loup,mais leur poussière ne fait éternuer que leschiens de garde bien rusés.Nous les fouettons.Benjamin Péret24 décembre 1949

À Élisal’arc-en-ciel du solstice d’hiver qui fait un trait d’union entre mon affectionet elle.Benjamin Péret

Deuxième envoi :Ni les colères du tempsni les caprices de l’espacen’ont pu altérer mon amitiépour André Breton, pour ÉlisaMax Ernst

Cette image de « vesse-de-loup », Benjamin Péretl’emploiera à nouveau, à laradio, en 1952, pour qualifierl’époque du Procès Barrès (1921)organisé par les surréalistes :« c’est le moment où Dada éclatecomme une vesse-de-loup.L’évolution vers le surréalismese déroule simplement commeon sort d’une pièce enfumée. »

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44 —Benjamin Péret Anthologie de l ’amour sublimeParis, Éditions Albin Michel, [1957]

Envoi de Benjamin Péret àAndré Breton.

In-8 (200 x 134 mm).Tirage unique à 37 exemplaires sur vélin duMarais, celui-ci numéroté I, comportant tousune lithographie originale en couleurs deJoan Miró.Lithographie originale signée au crayon deJoan Miró.Quelques portraits reproduits hors texte.Broché, non rogné.

Édition originale.

Envoi : À André Bretonqui est plus responsable que moi de cetouvrage.Son ami de toujours,Benjamin Péret

À la fin de 1956, Benjamin Péretfait paraître l’Anthologie del’amour sublime selon le modèlede celle de l’humour noir publiéepar André Breton (ce querappelle probablement l’envoiporté sur cet exemplaire). SelonPéret, l’humanité n’a conçu

qu’un « seul mythe de pureexaltation, l’amour sublime, quipartant du cœur même du désir,vise à sa satisfaction totale ».Péret suit les manifestationsbalbutiantes de cet « axe de lavie humaine » à travers lestextes d’une cinquantained’auteurs, depuis l’amourcourtois jusqu’au concept de« cristallisation » chez Stendhal,les Romantiques français etallemands, et des textes d’AndréBreton.

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45 —Francis Picabia Cinquante deux miroirs. 1914-1917Barcelone, Olivia de Villanova, 1917

Très rare envoi du peintre aupoète. Avec un dessin originalsigné de Picabia et portant unenvoi à Simone Breton. Lepremier livre de Francis Picabia.

In-4 (235 x 235 mm).Broché.Quelques rousseurs à la couverture.

Édition originale.

Envoi :Très affectueusement à mon ami André Breton, Francis Picabia, Paris, 11 mai 1922

Pièce jointe : Dessin original signé deFrancis Picabia, à l’encre noire et au crayon(154 x 222 mm). Le dessin porte l’envoisuivant : « Souvenir de Barcelone, à SimoneBreton, Francis Picabia, 1922 ». Il a étéréalisé au verso du prospectus imprimé del’exposition Francis Picabia, à la GalerieDalmau, en novembre 1922.

Jamais André Breton et FrancisPicabia ne seront aussi prochesque durant cette périoded’élaboration du surréalisme,allant de la rupture avec Dada,en janvier 1922, au premier

Manifeste du Surréalisme, en1924.

Durant l’été 1922, André Bretondevient le seul responsable de larevue Littérature après le départde Louis Aragon et de PhilippeSoupault. Breton décide alors deremplacer l’image de couverturecréée par Man Ray par desdessins de Francis Picabia. Il luidonne carte blanche pour lescouvertures de chacun desnuméros qui paraissent deseptembre 1922 (numéro 4) àjuin 1924 (numéro 13, le dernier).

En novembre 1922, Breton etPicabia partent pour Barceloneen voiture, accompagnés deSimone et de Germaine Everling,maîtresse de Picabia. Uneexposition consacrée au peintredoit se tenir à la galerie Dalmau.Breton écrit la préface ducatalogue. Il y vante une œuvredénuée d’harmonie rassurante,

ce qui en fait, à ses yeux, une desseules « sources de mystère » del’art moderne, aux côtés deDuchamp et Picasso.

En 2014, la Galerie 1900-2000 avendu au Centre GeorgesPompidou vingt-six dessins quePicabia conçut, en 1922, pour lescouvertures de la revueLittérature. Ce dessin de Picabiareprésentant une scène decorrida date précisément de cevoyage à Barcelone. Le livre qu’ilaccompagne, Cinquante deuxmiroirs, est déjà rare en lui-même. L’envoi à André Breton,daté de cette année si ingénieusede 1922, ainsi que le dessin, fontde cet exemplaire un témoinexceptionnel de la naissance dusurréalisme.

Références : Catalogue de l’exposition ManRay, Picabia et la revue « Littérature »(1922-1924), Paris, Centre GeorgesPompidou, 2014 – Catalogue de l’expositionFrancis Picabia. Dessins pour Littérature,Paris, Galerie 1900-2000, 2007.

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46 —Francis PicabiaPoèmes et dessins de la fille née sans mèreLausanne, Imprimeries réunies, 1918

Envoi de Francis Picabia à André Breton. Exemplaire accompagné de trois magnifiques lettresillustrées de dessins originauxde Francis Picabia. Chacune de ces trois lettres a été adressée par Picabia à Breton à un momentessentiel de leur relation et de l’histoire de l’art : de Tzara à Littérature, de Dada à Paris à la naissance du surréalisme.

In-8 (233 x 154 mm). 18 dessins de Francis Picabia reproduitshors-texte.Reliure de l’époque non signée. Percalineverte et rose, dos à la bradel, tranchesupérieure jonquille, non rogné, couvertureconservée.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Envoi : Très sympathiquementà André BretonFrancis Picabia11 janvier 1920

Avec un tirage argentique d’époquereprésentant Francis Picabia (177 x 126mm), montée sur onglets, en frontispice.

Pièces jointes : trois lettres de peintre deFrancis Picabia adressées à André Breton,illustrées de grands dessins originaux,montées sur onglets à la fin du volume :

1. Dessin original : portrait représentantTristan Tzara, intitulé « Tzara enRoumanie ». Encre de Chine et encre bleuediluées avec de l’eau (230 x 150 mm) surune page blanche (300 x 200 mm).

Lettre autographe signée de Francis Picabiaà André Breton. Deux pages sur deuxfeuillets (la première avec le dessin) :« Paris, 11 août 1920. Mon cher Breton, vouscomprenez que le “Sans Pareil” est devenuune cellule conjonctive et qu’il faut nousdéfendre contre l’activité des tissus – DADAbonne publicité, dada durera le temps d’unejolie fusée parachute ; mais nous “SansPareil” nous serons lancés et ferons le petitcommerce des conneries, vraiment c’estécœurant ; Tzara n’avait aucune confiance,

comme il avait raison ! Qu’allons nousfaire ?? Vous n’avez pas envie je pense desubir l’artériosclérose qui sévit siprodiguement à Paris. Tzara est enRoumanie où il s’ennuie prodigieusement, ilcompte revenir à Paris fin septembre.“Pourquoi suis-je parti” écrit-il – sonadresse est Com. Garceni (Gutedul Vaslui)Roumanie Fabrica de Cherestea [?]. Je vaisvous envoyer le manuscrit de Jésus ChristRastaquouère, dîtes moi très amicalementce que vous en pensez, et surtout joignez àvotre lettre la préface. Très affectueusementvotre ami, Francis Picabia.PS. Fougère Royale [?] est un très grandtableau trois mètres sur deux mètrescinquante, il est fait de 261 ronds noirs surfond fraise écrasée, dans un coin du tableauil y a un énorme bilboquet en or, quant auxinscriptions, je préfère vous en laisser lasurprise. F. P. Ritz-Carlton, sentimental »

2. Dessin original : portrait représentantle matador Joselito intitulé « Joselito ».Encre de Chine (260 x 160 mm) sur unepage blanche (310 x 200 mm).

Lettre autographe signée de Francis Picabiaà André Breton : « Cher Breton, à samedi soir, rue ÉmileAugier, Affectueusement à vous deux,Francis Picabia »

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3. Dessin original : femme nue, debout, deprofil. Encres noires et rouges, crayons decouleur brun, jaune, vert (250 x 130 mm)sur une page blanc-cassé (267 x 208 mm).Papier à en-tête imprimé de la maison dePicabia au Tremblay sur Mauldre.

Lettre autographe signée de Francis Picabiaà André Breton :« Jeudi 19 octobre 1922. Cher Breton, Jeviens de recevoir une lettre d’un de mesamis, fils d’un haut personnage persan, ildésire avoir Littérature, je vous prie de luiécrire que je vous ai demandé de l’abonner ;expédiez- lui en même temps les deuxderniers numéros. Cher ami, cela m’a faitplaisir de vous voir hier, vous êtes vraimentun des seuls qui comprenne ce qui se passeen ce moment, car il se passe toujoursquelque-chose et ceux qui ne le voient passont comme la fortune ! Hier soir, j’ai fait uneffort énorme, cela m’a terriblement usé,mais je me réjouis de vous montrer cet effortdimanche.L’adresse de mon ami est Surkhai Sardar,chez Monsieur Amir Nussat, Tauris, Perse,Asie.Surkhai Sardar est un homme trèsintelligent, ayant toute la fraîcheur d’unpeintre qui n’a jamais connu Cézanne, niMatisse, ni Picasso, ni Jarry. Un jour quenous étions allés visiter ensemble àLausanne une exposition de peinture, il medit : « vraiment tous ces artistes ne sont quedes débutants ». Lui ayant demandépourquoi il les jugeait ainsi, il me dit : « ilsen sont encore à copier des pommes, desmelons, des pots de confiture ». Je luirépondis que c’était très bien peint. Il ditencore : « ce qui est beau, c’est de bienpeindre une invention, ce monsieurCézanne, comme vous l’appelez, a uncerveau de fruitier ». - Cézanne peint samaladie par des pommes, nous, nouspeignons notre maladie sur nous-mêmes, cequi est peut-être la même chose.Le spiritisme est un calmant pouraujourd’hui.Toute mon affection à vous deux, VotreFrancis Picabia »

En 1918, Francis Picabia part enSuisse pour soigner des troublesnerveux. Ses médecins luiinterdisent de peindre. Il écritalors fiévreusement Poèmes et

dessins de la fille née sans mèrequ’il fait publier à Lausannedans une édition illustrée dedessins « mécanomorphiques »,réalisés dans le style de la revue291 de sa récente époque new-yorkaise.

L’envoi inscrit sur cetexemplaire est daté de janvier1920, soit de l’époque où TristanTzara arrive à Paris. Le trioTzara-Picabia-Breton se forme.C’est la grande époque de Dada àParis. Deux ans plus tard, larupture est consommée avecTzara. À partir de l’été 1922,Breton dirige seul la revueLittérature qu’illustre Picabia.Jusqu’en 1924, date officielle denaissance du surréalisme, aucunpeintre ne sera aussi proched’André Breton.

Ces trois lettres avec dessinsoriginaux forment untémoignage unique de la relationPicabia-Breton ; il les fit relieravec son exemplaire,probablement en 1922. Dans lapremière lettre, datée du 11 août1920, Picabia demande à Bretonde préfacer son livreRastaquouère, ce qu’il ne ferapas. La deuxième lettre est uneinvitation illustrée d’un granddessin représentant le célèbrematador Joselito, tué en 1920.La troisième lettre correspond àl’époque où Breton et Picabiaviennent de reprendre la revueLittérature, à l’été 1922.

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47 —Man Ray1931. Exposition Coloniale Internationale.Reportage par Man Ray. Paris[Paris], [1931]

Superbe objet surréalisteentièrement réalisé à la main par Man Ray. Manuscrit autographe d’unreportage photographique de Man Ray sur l’Expositioncoloniale, tiré à septexemplaires.

In-4 (295 x 229 mm). 4 pages. Titreautographe manuscrit de Man Ray.Justification tapée à la machine au versod’une carte de visite de Man Ray, àl’adresse de la rue Campagne-Première,collée sur la dernière page : « Il a été tiréde ce cahier sept exemplaires constituantl’édition complète, destinés aux amis del’auteur. Exemplaire n° 4 pour AndréBreton ». Broché.

Édition originale.

Avec trois photographies originales de ManRay : deux grandes (212 x 171 mm) et uneplus petite (110 x 168 mm), contrecolléessur les trois premières pages.

Cet album fut entièrementréalisé à la main par Man Ray,en réaction à l’ExpositionColoniale qui se tint à Paris enmai 1931 : le titre autographe, lestrois photographies originales etla justification.

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48 —Pierre Reverdy Les Jockeys camouflés[Paris], La Belle Édition [mais François Bernouard], [1918]

Envoi de Pierre Reverdy à André Breton: une desgrandes charnières poétiques du XXe siècle.

In-4 (252 x 185 mm).Un des 100 exemplaires imprimés sur simili-Japon, celui-ci numéroté 99.Cinq dessins d’Henri Matisse hors-textereproduits en noir dont un sur double page.Reliure d’époque. Dos de chagrin orange,plats de papier marbré, doublures et gardesde balsa, tranche supérieure dorée.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Envoi : À mon très cher poète et ami André Breton, Pierre Reverdy

On ne dira jamais assez le rôlecharnière que jouèrent PierreReverdy et sa revue Nord-Sudentre la génération « espritnouveau » d’Apollinaire, et celledes futurs surréalistes. Commela ligne de métro à laquelle la

revue emprunta son nom (ligneMontmartre-Montparnassecréée en 1910), Nord-Sud jouaun rôle de « liaison » (termeapollinarien) entre des espacesgéographiques et desgénérations de poètes.

« Breton reprend à son compte,avec ferveur, dans le Manifestedu surréalisme (1924), ladéfinition de l’image parReverdy… en 1917 et 1918, ce futsans doute autour d’Apollinaire,mais aussi autour de Reverdyque se cimenta le petit groupeconstitué par André Breton,Louis Aragon et PhilippeSoupault. Les jeunes gens quinaissaient au monde littéraire segroupèrent dans cet “organe decombat” (Reverdy) etinscrivirent bientôt leurs nomsaux sommaires » (Étienne-AlainHubert).

Références : Étienne-Alain Hubert,Circonstances de la poésie. Reverdy,Apollinaire, surréalisme. Paris, 2000 –Pierre Reverdy, Œuvres complètes. Nord-Sud, Self-defence et autres écrits, Paris,1975.

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49 —Pierre Reverdy Cravates de chanvreParis, Éditions Nord-Sud, [1922]

Exemplaire imprimé surHollande, avec les trois eaux-fortes originales de Picasso.

In-8 (227 x 160 mm).Un des quinze exemplaires sur Hollande(celui-ci numéroté 19), deuxième papieraprès quinze Japon.Trois eaux-fortes originales de PicassoBroché, non rogné.Nom du destinataire de l’envoi effacé.

Édition originale.

Envoi :À MonsieurRespectueux et très sympathique hommagede l’auteur Pierre Reverdy

Pierre Reverdy publie Cravatesde chanvre en 1922 aux« Éditions Nord-Sud », dans lamodeste officine de Montmartre,rue Cortot, où il imprima sespremiers recueils. Reverdy décidede rassembler une vingtaine depoèmes, à une période accablantede son existence – pauvreté,fatigue, avant-gardes plusvoyantes comme Dada. Ceux-ci,composés entre 1915 et 1920,constituent le dernier recueil despoèmes de jeunesse de Reverdy, la fin de sa période montmartroise(les prochains seront publiés parla NRF et Gallimard).

La « solidarité sur les hauteurs »,selon l’expression de FrançoisChapon, unit depuis dix ansPicasso et Reverdy dans l’amitiéet l’estime. Picasso réalise deseaux-fortes pour son ami qui lui ademandé de l’aider à faire dulivre un « objet de valeur », ensouscription et à tirage limité : unportrait en frontispice et deuxeaux-fortes hors-texte dans unstyle rapidement appelé« ingriste ». Seuls les trenteexemplaires sur grand papier(quinze Japon et quinzeHollande) possèdent ces troiseaux-fortes originales de Picasso.

Cet exemplaire imprimé surpapier Hollande, et avec unenvoi dont le nom dudestinataire a été effacé, aappartenu à André Breton.Breton possédait un autreexemplaire de Cravates dechanvre, avec envoi de PierreReverdy, imprimé sur papierordinaire (Renaud Gillet, 27octobre 1999, n° 70 : « À AndréBreton, son admirateur et ami,Pierre Reverdy »). Leurs routess’éloigneront l’une de l’autremais Reverdy siège

définitivement, et depuislongtemps, au panthéon deBreton : « Reverdy estsurréaliste chez lui », déclare-t-ilpour le protéger d’éventuellesattaques d’autres membres dugroupe surréaliste. « La magieverbale » de Pierre Reverdy« enchantera » encorelongtemps André Breton. Aucours des fameux entretiens avecAndré Parinaud, Pierre Reverdyrépondait à André Breton : « Jene pense pas que la poésie doivese cacher, mais qu’elle doivepuiser dans les profondeursplutôt que se complaire auxéclats de la lyre. Le temps estvenu pour elle d’exploiter cettezone où le poète espèrerencontrer ce qu’il pressentaitêtre le plus important en lui-même et qu’il ne connaît pas,qu’il ne peut rendre évident pourlui-même qu’en écrivant » (mars1952).

Références : Pierre Reverdy, Œuvrescomplètes, notices d’É.-A. Hubert, tome I,Paris, 2010 — Étienne-Alain Hubert,Circonstances de la poésie, Paris, 2009 —François Chapon, Le Peintre et le livre,Paris, 1987, p. 138.

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50 —Georges Ribemont-Dessaignes L’Empereur de Chine. Suivi de Le Serin muetParis, Au Sans Pareil, 1921

Envoi à André Breton.Exemplaire sur papier orange.

In-8 (190 x 128 mm).Un des douze exemplaires imprimés surpapier orange, signés par l’auteur.Broché. Couverture noire et oranged’édition.Petite déchirure angulaire au feuilletd’envoi.

Édition originale.

Envoi :À André BretonLe serpent qu’a mangé la fleur de miroirsLe serpent qui se balance sur une conduitede gazC’est une jolie cage à deuxEt dehors des dragées distribuéesEt je joue au cerceauG. Ribemont-Dessaignes

Georges Ribemont-Dessaignesécrivit L’Empereur de Chine en1916 sur les papiers verts duministère de la guerre, alors qu’ilétait employé au Secrétariat auxdisparus. Cette pièce de théâtrequ’il aurait écrite sans connaître

le mouvement dada en train denaître au cabaret Voltaire, estpourtant considérée commel’une des plus représentatives dece mouvement. Le Serin muetfut joué pour la première foislors de la soirée dada du 27 mars1920 à la Maison de l’Œuvre parAndré Breton, Philippe Soupaultet Tristan Tzara.

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51 —Raymond Roussel Locus SolusParis, Librairie Alphonse Lemerre, 1914

Extraordinaire exemplaire deLocus Solus portant un envoi de Raymond Roussel à AndréBreton. Reliure de Pierre Legrain. « Le plus grand magnétiseurdes temps modernes » (AndréBreton, à propos de RaymondRoussel).

In-8 (183 x 114 mm). Exemplaire du tirage courant.Reliure de l’époque signée de Pierre Legrain.Dos et coins de maroquin havane, plats depapier doré, couverture et dos conservés.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Sans la dédicace imprimée à sa sœur laduchesse d’Elchingen que Raymond Rousselfit ajouter postérieurement à certainsexemplaires du tirage courant, sur une pagede garde supplémentaire, d’un papierdifférent.

Envoi : Tous mes remerciements,

cher Monsieur, avec l’expression de mes meilleurssentiments,Raymond Roussel

Pièces jointes : deux réservations deplaces en balcon, autographes de RaymondRoussel.

La vente André Breton (Livres II, Paris, 9-11avril 2003) proposait neuf exemplaires deRaymond Roussel. Quatre d’entre euxétaient reliés par Pierre Legrain, àl’identique de celui-ci (n° 1215, 1217, 1218 et1219), et quatre portaient un envoi deRaymond Roussel à André Breton.

Le 8 décembre 1922, AndréBreton assiste à unereprésentation de Locus Solus,adaptée au théâtre. Lelendemain, il lui adresse unexemplaire des Champsmagnétiques avec un envoi : « À Raymond Roussel pourLocus Solus, le seul spectacleauquel il m’ait été donnéd’assister ». Un quart de siècleplus tard, il réserve une place de

choix à Raymond Roussel dansson Anthologie de l’humournoir : « Roussel est, avecLautréamont, le plus grandmagnétiseur des tempsmodernes. Chez lui, l’hommeconscient extrêmementlaborieux ne cesse d’être auxprises avec l’homme inconscientextrêmement impérieux. Lamagnifique originalité del’œuvre de Roussel oppose undémenti lourd de signification etde portée, inflige un affrontdéfinitif aux tenants d’unréalisme primaire attardé ».

Références : François Caradec, RaymondRoussel. Paris, 1997, pp. 171-175 — AndréBreton, Œuvres complètes, Paris, 1992, p.1069 — En français dans le texte, Paris, Bnf,1990, n° 345 — Antoine Coron, Des Livresrares, Paris, BnF, 2002, n° 188.

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52 —Sade, Donatien-Alphonse-François, marquis deDialogue entre un prêtre et un moribond[Paris], Stendhal et Compagnie, 1926

En pièce jointe, un reçuautographe de Sade.

In-4 (254 x 204 mm).Un des 80 exemplaires imprimés surHollande, celui-ci numéroté 99.Broché. Couverture à rabats, titre impriméen couleurs, à toutes marges.

Première édition. Elle fut réalisée à partir dumanuscrit autographe avec un avant-proposet des notes de Maurice Heine, l’un desprincipaux redécouvreurs et éditeurs deSade.

Pièce jointe : reçu autographe de Sade,signé et daté du 17 septembre 1797, aveccachets au dos (10 lignes à l’encre noire)

Les surréalistes, et Breton lepremier, ont activementparticipé à la réévaluation dumarquis de Sade. L’auteur deJustine fait partie des « grandsaventuriers de l’esprit »(Arcane 17) marginalisés par lasociété : « Ils ont enfermé Sade ;ils ont enfermé Nietzsche ; ils ontenfermé Baudelaire » (Nadja).

Sa révolte radicale lui vaut defigurer au Panthéon de Breton.

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53 —Saint-Pol-Roux, Paul Roux ditLes Reposoirs de la processionParis, Mercure de France, 1893

Saint-Pol-Roux, « le maître de l’image » et « le seulauthentique précurseur dumouvement dit moderne »(André Breton). Le premier recueil de poèmesde Saint-Pol-Roux.

In-12 (227 x 164 mm).Un des trois exemplaires sur papierWhatman. Les exemplaires sur papierWhatman sont les moins nombreux et lesplus chers des grands papiers même s’ilsapparaissent en quatrième position à lajustification : 500 ex. sur papier de luxe à4 fr. ; 20 ex. sur Hollande à 20 fr. ; 10 ex. sur Japon impérial et 4 ex. sur Chine à25 fr. ; 3 ex. sur Whatman à 30 fr.Portrait de Saint-Pol-Roux reproduit enfrontispice et signé par le poète. Broché, à toutes marges.

Édition originale.

Saint-Pol-Roux, d’abord célébrépar les symbolistes, fut, aulendemain de la Grande Guerre,fêté par les jeunes surréalistes.

André Breton lui dédia sonrecueil Clair de terre. Il publiason Hommage à Saint-Pol-Rouxle 9 mai 1925 dans Les NouvellesLittéraires, et qualifia le vieuxpoète de « seul authentiqueprécurseur du mouvement ditmoderne ». Le banquet que lessurréalistes donnèrent, peuaprès, en son honneur, à laCloserie des Lilas tourna aupugilat et Saint-Pol-Roux duts’enfuir, effrayé.

Référence : Théophile Briant, Saint-Pol-Roux, Paris, 1952.

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54 —Philippe SoupaultRose des ventsParis, Au Sans Pareil, 1920

Envoi de Philippe Soupault à André Breton. Le deuxièmelivre de Philippe Soupault,contemporain des Champsmagnétiques.

In-8 (190 x 128 mm). Vignette sur la page detitre et sur la couverture.Exemplaire sur alfa illustré de quatredessins de Marc Chagall reproduits hors-texte.Reliure de l’époque signée de Stroobants.Dos de maroquin rouge, plats en vélin, titrepoussé à l’or dans une pièce de maroquinnoir mosaïquée au centre du plat supérieur,couverture et dos conservés.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale

Envoi : À André Breton,ce soir nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notredésespoirPhilippe Soupaultoctobre 1919

Pièce jointe : portrait de Philippe Soupaultsur une photo-carte postale dédicacé àAndré Breton, à l’encre bleue : « À André

Breton, mon mal de tête, PhilippeSoupault »

« Il faut que vous deveniezamis », dit GuillaumeApollinaire à André Breton etPhilippe Soupault qu’il avaitréunis au Flore sans les prévenir,au printemps 1917. Trois ansplus tard, paraissent LesChamps magnétiques, en mêmetemps que Rose des vents, minceplaquette de poésies brèves etsyncopées. La date d’éditionimprimée sur la page de titre deRose des vents est 1920 mais lelivre parut, en fait, à la fin del’année 1919, ce que confirmel’envoi porté sur cet exemplaire.

Soupault et Breton unirent bienleur « désespoir » à cetteépoque, allant jusqu’à jouer à laroulette russe. Philippe Soupaultrappellera des années plus tard :

« le suicide au temps de Dadaétait une tentation. C’était,somme toute, assez logiquepuisque Dada était négationdans tous les domaines ».

Référence : Philippe Soupault, Vingt mille etun jours, entretiens avec Serge Fauchereau,Paris, 1980, p. 38.

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55 — Auguste Villiers de l’Isle-Adam AkëdyssérilParis, Brunhoff, 1886

In-8 (248 x 170 mm).Vignettes et initiales gravées.Tirage unique à 250 exemplaires sur Japon.Celui-ci numéroté 92.Portrait de Villiers de L’Isle-Adam reproduiten frontispice, eau-forte de Félicien Rops entriple état.Reliure de l’époque signée de Champs. Doset coin de maroquin vert olive, filets dorésen encadrement, dos mosaïqué, tranchesupérieure dorée, à toutes marges.Ex-libris d’André Breton.

Édition originale.

Villiers de L’Isle-Adam ferapartie des écrivains retenus parBreton dans son Anthologie del’humour noir.

Référence : Clouzot, Guide du bibliophilefrançais, p. 277.

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ADLER Rose 4APOLLINAIRE Guillaume 4, 5, 8,10, 12, 20, 36, 118, 158, 170ARAGON Louis 3, 5, 6, 22, 102, 104,158ARP Jean 114ARTAUD Antonin 24, 26, 40BARON Acarie 58BATAILLE Georges 26, 40BAUDELAIRE Charles 3, 166BECKETT Samuel 58BELLMER Hans 26, 28, 30BERNARD L. 100BONET Paul 132BRETON André 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 12,20, 22, 24, 28, 30, 36, 38, 40, 42, 48, 50,52, 54, 56, 58, 61, 62, 68, 72, 76, 78, 80,84, 86, 88, 92, 94, 96, 100, 102, 103,104, 114, 118, 124, 128, 132, 136, 138,140, 142, 144, 146, 148, 150, 154, 158,162, 164, 168, 170BRETON Elisa 62, 76, 142BUÑUEL Luis 86CÉZANNE Paul 150CHAGALL Marc 170CORTI José 6CREVEL René 80CROS Charles 84DALÍ Salvador 7, 42, 48, 80, 86DALÍ Gala 86DALIZE René 10DERAIN André 12, 36DESNOS Robert 40, 88DOMINGUEZ Oscar 56DOUCET Jacques 3, 4, 5, 6DRAINS Géo A. 98DUCHAMP Marcel 7, 54, 56, 58, 61,62, 68, 92, 146DUFY Raoul 20ELUARD Paul 28, 30, 42ERNST Max 50, 52, 118, 138, 142EVERLING Germaine 146FARGUE Léon-Paul 4, 12FAUCHEUX Pierre 140FÉVAL Paul 10FLEISS David 4FLEISS Marcel 4FREUD Sigmund 5GAFFÉ René 36, 104GHIL René 3GIACOMETTI Alberto 42GONON Alphonse-Jules 38GORKY Arshile 68GOURMONT Remy de 102

GRACQ Julien 94HUELSENBECK Richard 96HUGNET Georges 30HUGO Victor 10JACQUES S. 24JARRY Alfred 4, 5, 7, 98, 100, 118JAUDON R. 10KAHN (Breton) Simone 146LA FONTAINE Jean de 10, 12LAMBA (Breton) Jacqueline 42, 136LANGRAND A. et J. 4LAUTRÉAMONT, Isidore Ducassedit le comte de 4, 5, 6, 7, 40, 100, 102,103, 104LEGRAIN Pierre 58, 164LEIRIS Michel 112LÉVI-STRAUSS Claude 72MALLARMÉ Stéphane 3, 4, 10, 12,100MAN RAY, Emmanuel Radnitzky dit6, 92, 124, 154MASSON André 26, 72, 74, 112MATISSE Henri 150, 158MIRÓ Joan 74, 76, 144MONNIER Adrienne 3NAGUSCHEWSKI Ursula 28NIETZSCHE Friedrich 166NOUVEAU Germain 5OLLIVIER Yvonne 4PARISOT Henri 30PÉRET Benjamin 7, 114, 118, 124,128, 132, 136, 138, 140, 142, 144PERRAULT Charles 10, 12PICABIA Francis 74, 146, 148, 150PICASSO Pablo 10, 56, 112, 146, 160QUENEAU Raymond 7RACINE Jean 10, 12RENARD Jules 100REVERDY Pierre 7, 36, 158, 160REYNOLDS Mary 58, 61RIBEMONT-DESSAIGNESGeorges 162RIMBAUD Arthur 3, 4, 5, 6, 102, 103ROPS Félicien 172ROUSSEL Raymond 4, 7, 164ROYÈRE Jean 3, 12RUERRE Claude de 40SADE, Donatien Alphonse François de7, 166SAINT-POL-ROUX, Paul Roux dit3, 168SCHWOB Marcel 4SOUPAULT Philippe 6, 38, 40, 102,104, 158, 162, 170

STENDHAL, Marie-Henri Beyle dit144STROOBANTS 114, 170ŠTYRSKÝ Jindřich 100TANGUY Yves 62, 128, 140TZARA Tristan 36, 102, 103, 104, 148,150, 162VACHÉ Jacques 5, 56VALÉRY Paul 3, 4, 5VALLOTTON Félix 102VIÉLÉ-GRIFFIN Francis 3VILLIERS DE L’ISLE-ADAMAuguste 172VILLON François 10WAHART L. 118WILDE Oscar 5

INDEX DES AUTEURS, DES ILLUSTRATEURS,DES RELIEURS ET AUTRES PERSONNALITÉS

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GALERIE 1900 20008 rue Bonaparte, 75006 ParisTel (33) 01 43 25 84 [email protected]

JEAN-BAP TISTE DE PROYART

JEAN-MICHEL GOU TIER

Trésors de la bibliothèque

d’André BretonGALERIE MILLE NEUF CENT DEUX MILLE

DAVID ET MARCEL FLEISS

8 RUE BONAPARTE

PARIS

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