1
Tuberculose résistante chez un sujet sidéen Un diabète gestationnel peut favoriser l’apparition d’un diabète de type 2 L e diabète gestationnel se définit par une intolérance au glucose détecté pour la première fois pendant une grossesse. Aux États-Unis, ce phénomène concerne 135 000 femmes enceintes (3 à 5 % de l’en- semble des grossesses) chaque année. Peu après la déli- vrance, l’homéostasie du glucose est restaurée à des taux normaux, mais ces femmes présentent un risque élevé de développer dans le futur un diabète de type 2. L’incidence des diabètes gestationnel et de type 2 est en augmentation à travers le monde avec des coûts de santé publique conséquents. Le diabète prédispose à des pathologies cardiovasculaires, rénales et rétiniennes, représentant un coût de 8 Md$ par an aux États-Unis. Une équipe de chercheurs britanniques vient de réa- liser une méta-analyse de plusieurs études réalisées sur ce sujet entre 1960 et le 31 janvier 2009, afin de quantifier le risque de développer un diabète de type 2 après un épisode gestationnel et d’évaluer son délai d’apparition. Au total, les 20 études sélectionnées comprenaient 675 455 femmes et 10 900 cas de diabète de type 2. Les risques relatifs ont été calculés grâce à un modèle statistique. Plusieurs paramètres ont été retenus comme les cas de diabète de type 2, l’origine ethnique, la durée du suivi, l’âge maternel, l’indice de masse corporelle et les critères diagnostic. Ainsi, les résultats montrent que les femmes ayant eu un diabète gestationnel ont un risque augmenté d’en développer un de type 2 comparé à celles ayant eu une grossesse normoglycémique. Ce risque relatif, évalué à 7,43 %, varie en fonction de l’amplitude des études, pouvant monter jusqu’à 12,6 %. Un taux élevé qui doit inciter ce type de patiente à adopter un mode de vie et des mesures diététiques adaptées et à mettre en place des interventions pharmacologiques permettant de prévenir ou de retarder l’apparition de la pathologie. O. M. Référence Bellamy L, Casas J. Type 2 diabetes mellitus after gestational diabetes: a systematic review and meta-analysis. Lancet 2009 May 23, 373(9677): 1773-79. Eau du robinet, académies contre guérir.fr Des recommandations sur l’eau potable ont fait réagir les académies de Médecine, de Pharmacie et de l’Eau qui considèrent qu’elles constituent « un déni de la science, un mépris de la médecine et une atteinte au respect des patients ». À l’origine de la controverse, un communiqué du site (guérir.fr) du Dr David Servan- Schreiber qui, soutenu par un impressionnant comité scientifique, avait appelé à la prudence les personnes qui ont un cancer ou qui en ont été atteintes quant à l’utilisation de l’eau du robinet. Les académies déplorent qu’aucune étude scientifique ne démontre cette nocivité, et craignent que « la poursuite des études sérieuses d’analyse des risques […] par des laboratoires scientifiques indépendants soit menacée. » Le collectif de spécialistes se défend d’être alarmiste, mais conseille toujours aux personnes fragiles de se renseigner sur les analyses d’eau dans leur commune ou de s’équiper en conséquence. E. G. Sources • presse.anti-cancer.fr/CP-0623-eau- cancer-wwf-servan-schreiber.pdf • www.academie-medecine.fr/detail Publication.cfm?idRub=27&idLigne =1639 U ne femme âgée de 24 ans présentant des antécédents de tuberculose et de HIV est admise dans un hôpital en Afrique du Sud pour une toux progressive avec dyspnée et asthénie. Le dia- gnostic de tuberculose pulmonaire a été fait sept mois auparavant alors qu’elle présentait une toux productive et qu’un échantillon salivaire retrouvait du bacille acido-alcoolo-résistant à l’examen microscopique. Un traitement antimycobactérien par isoniazide, rifampicine, étham- butol et pyrazinamide pendant deux mois, suivi par de l’isoniazide et de la rifampicine pendant quatre mois, a alors été institué. Le mois suivant, le taux de lymphocytes T CD4+ est de 102/ m 3 . Après six mois de traitement, la toux productive persiste et des échantillons salivaires sont retrouvés de nouveau positifs au bacille tuberculeux. Le trai- tement isoniazide et rifampicine est poursuivi. Six semaines avant l’hos- pitalisation, on note l’apparition d’une dyspnée avec de la fièvre, des sueurs nocturnes et une perte de poids. La malade ne reçoit aucun traitement, à part la rifampicine et l’isoniazide, ni antirétroviral ni prophylaxie contre Pneumocystis jirovecii. Lors de l’examen clinique, la fièvre est montée à 40°C, et la patiente pré- sente une détresse respiratoire. Un traitement IV par amoxicilline-acide clavulanique est instauré ainsi que par trimethoprime-sulfamethoxazole. Le traitement par isoniazide et rifam- picine est continué. Le diagnostic est alors posé : une infection pulmonaire avec une tuberculose résistante au traitement. La souche isolée est résistante à l’isoniazide, la rifampi- cine, l’éthambutol, la streptomycine, la kanamycine et la ciprofloxacine. Malgré le traitement antibiotique, le décès interviendra rapidement. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution : le délai de traitement de la tuberculose multirésistante, l’im- munosuppression avancée, l’insuf- fisance respiratoire, la co-infection et la maladie pulmonaire. | O. M. cas clinique ©BSIP/J. Oto Référence Wilson D, Hurtado R. Case 18-2009 - A 24-Year- Old Woman with AIDS and Tuberculosis with Pro- gressive Cough, Dyspnea, and Wasting. New Engl J Med 2009; 360(23): 2456-64. épidémiologie | actualités 7 OptionBio | Lundi 14 septembre 2009 | n° 423

Tuberculose résistante chez un sujet sidéen

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Tuberculose résistante chez un sujet sidéen

Tuberculose résistante chez un sujet sidéen

Un diabète gestationnel peut favoriser l’apparition d’un diabète de type 2

Le diabète gestationnel se définit par une intolérance au glucose détecté pour la première fois pendant une grossesse. Aux États-Unis, ce phénomène

concerne 135 000 femmes enceintes (3 à 5 % de l’en-semble des grossesses) chaque année. Peu après la déli-vrance, l’homéostasie du glucose est restaurée à des taux normaux, mais ces femmes présentent un risque élevé de développer dans le futur un diabète de type 2.L’incidence des diabètes gestationnel et de type 2 est en augmentation à travers le monde avec des coûts de santé publique conséquents. Le diabète prédispose à des pathologies cardiovasculaires, rénales et rétiniennes, représentant un coût de 8 Md$ par an aux États-Unis.Une équipe de chercheurs britanniques vient de réa-liser une méta-analyse de plusieurs études réalisées sur ce sujet entre 1960 et le 31 janvier 2009, afin de quantifier le risque de développer un diabète de type 2 après un épisode gestationnel et d’évaluer son délai d’apparition.Au total, les 20 études sélectionnées comprenaient 675 455 femmes et 10 900 cas de diabète de type 2. Les risques relatifs ont été calculés grâce à un modèle statistique. Plusieurs paramètres ont été retenus comme les cas de diabète de type 2, l’origine ethnique, la durée du suivi, l’âge maternel, l’indice de masse corporelle et les critères diagnostic.

Ainsi, les résultats montrent que les femmes ayant eu un diabète gestationnel ont un risque augmenté d’en développer un de type 2 comparé à celles ayant eu une grossesse normoglycémique. Ce risque relatif, évalué à 7,43 %, varie en fonction de l’amplitude des études, pouvant monter jusqu’à 12,6 %. Un taux élevé qui doit inciter ce type de patiente à adopter un mode de vie et des mesures diététiques adaptées et à mettre en place des interventions pharmacologiques permettant de prévenir ou de retarder l’apparition de la pathologie.

O. M.RéférenceBellamy L, Casas J. Type 2 diabetes mellitus after gestational diabetes: a

systematic review and meta-analysis. Lancet 2009 May 23, 373(9677):

1773-79.

Eau du robinet, académies contre guérir.fr

Des recommandations sur

l’eau potable ont fait réagir

les académies de Médecine,

de Pharmacie et de l’Eau

qui considèrent qu’elles

constituent « un déni de la science, un mépris de la médecine et une atteinte au respect des patients ».

À l’origine de la controverse,

un communiqué du site

(guérir.fr) du Dr David Servan-

Schreiber qui, soutenu par

un impressionnant comité

scientifique, avait appelé à

la prudence les personnes

qui ont un cancer ou qui en

ont été atteintes quant à

l’utilisation de l’eau du robinet.

Les académies déplorent

qu’aucune étude scientifique

ne démontre cette nocivité, et

craignent que « la poursuite des études sérieuses d’analyse des risques […] par des laboratoires scientifiques indépendants soit menacée. »

Le collectif de spécialistes

se défend d’être alarmiste,

mais conseille toujours aux

personnes fragiles de se

renseigner sur les analyses

d’eau dans leur commune

ou de s’équiper en

conséquence.

E. G.

Sources

• presse.anti-cancer.fr/CP-0623-eau-

cancer-wwf-servan-schreiber.pdf

• www.academie-medecine.fr/detail

Publication.cfm?idRub=27&idLigne

=1639

Une femme âgée de 24 ans présentant des antécédents de tuberculose et de HIV est

admise dans un hôpital en Afrique du Sud pour une toux progressive avec dyspnée et asthénie. Le dia-gnostic de tuberculose pulmonaire a été fait sept mois auparavant alors qu’elle présentait une toux productive et qu’un échantillon salivaire retrouvait du bacille acido-alcoolo-résistant à l’examen microscopique.Un traitement antimycobactérien par isoniazide, rifampicine, étham-butol et pyrazinamide pendant deux mois, suivi par de l’isoniazide et de la rifampicine pendant quatre mois, a alors été institué. Le mois suivant,

le taux de lymphocytes T CD4+ est de 102/ m3.Après six mois de traitement, la toux productive persiste et des échantillons salivaires sont retrouvés de nouveau positifs au bacille tuberculeux. Le trai-tement isoniazide et rifampicine est poursuivi. Six semaines avant l’hos-pitalisation, on note l’apparition d’une dyspnée avec de la fièvre, des sueurs nocturnes et une perte de poids. La malade ne reçoit aucun traitement, à part la rifampicine et l’isoniazide, ni antirétroviral ni prophylaxie contre Pneumocystis jirovecii.Lors de l’examen clinique, la fièvre est montée à 40°C, et la patiente pré-sente une détresse respiratoire. Un traitement IV par amoxicilline-acide

clavulanique est instauré ainsi que par trimethoprime-sulfamethoxazole. Le traitement par isoniazide et rifam-picine est continué. Le diagnostic est alors posé : une infection pulmonaire avec une tuberculose résistante au traitement. La souche isolée est résistante à l’isoniazide, la rifampi-cine, l’éthambutol, la streptomycine, la kanamycine et la ciprofloxacine. Malgré le traitement antibiotique, le décès interviendra rapidement. Plusieurs facteurs ont favorisé cette évolution : le délai de traitement de la tuberculose multirésistante, l’im-munosuppression avancée, l’insuf-fisance respiratoire, la co-infection et la maladie pulmonaire. |

O. M.

cas clinique

©B

SIP

/J. O

to

RéférenceWilson D, Hurtado R. Case 18-2009 - A 24-Year-

Old Woman with AIDS and Tuberculosis with Pro-

gressive Cough, Dyspnea, and Wasting. New Engl

J Med 2009; 360(23): 2456-64.

épidémiologie | actualités

7OptionBio | Lundi 14 septembre 2009 | n° 423