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Posters B191 rale varicelleuse de 25 % chez ces patients immunodéprimés est conforme aux données de la littérature. Contrairement aux idées rec ¸ues, nos résultats montrent une fréquence identique de lésions viscérales (25 %) chez les patients ayant et n’ayant pas d’atteinte muqueuse. Conclusion.— Nos résultats incitent à proposer la même surveillance clinique à l’ensemble des patients immunodéprimés atteints de varicelle, qu’il existe ou non une atteinte muqueuse. Une étude rétrospective multicentrique va être prochainement initiée pour vérifier ces données préliminaires. Déclaration d’intérêts.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.314 P162 Un cas d’infection cutanée à bactérie « terroriste » : Burkholderia pseudomallei D. Carre a,, A. Belgaid b , W. Basille a , I. Jennesseaux a , P. Bravard a a Service de dermatologie, groupe hospitalier du Havre, Le Havre, France b Service de pédiatrie, groupe hospitalier du Havre, Le Havre, France Auteur correspondant. Mots clés : Bioterrorisme ; Burkholderia pseudomallei ; Mélioïdose Introduction.— Burkholderia pseudomallei est une bactérie res- ponsable d’infections parfois graves, très rarement isolée dans les pays occidentaux. Nous rapportons le cas d’un enfant d’origine sénégalaise qui présentait une infection cutanée à B. pseudomallei responsable de lésions abcédées. Observation.— Un enfant de neuf ans d’origine sénégalaise présen- tait depuis quatre mois une teigne du cuir chevelu associée à une lésion abcédée de la cuisse gauche, dans un contexte d’état géné- ral conservé, sans fièvre. Le dernier séjour au Sénégal datait de plus d’un an. Des prélèvements locaux étaient réalisés. Sur le plan mycologique, il était mis en évidence la présence de Trichophyton soudanense au niveau du cuir chevelu ; un traitement par griséo- fulvine était instauré. Sur le plan bactériologique, des colonies de B. pseudomallei étaient isolées au niveau de la teigne du cuir che- velu et de la lésion cutanée de la cuisse. La détection moléculaire de B. pseudomallei par PCR confirmait ces résultats. Les échographies hépatique et cardiaque étaient normales. Un traitement anti- biotique par l’association triméthoprime-sulfaméthoxazole était instauré pendant six semaines. Le traitement était bien toléré et efficace, avec disparition des lésions abcédées laissant place à des cicatrices. Discussion.— De très rares cas d’infection cutanée à B. pseudomallei ont été décrits en Europe. Cette bactérie tellurique et hydrique, qui se développe dans les eaux polluées, est un bacille à Gram négatif aérobie strict responsable de la mélioïdose. Cette maladie, surtout connue en Asie du sud-est et dans le Nord de l’Australie, affecte principalement les sujets immunodéprimés. Elle est responsable de syndromes septicémiques, d’atteintes pulmonaires sévères, d’abcès et d’infections cutanées localisées. Son taux de mortalité en l’absence de traitement est élevé, de l’ordre de 30 à 40 %. Dans notre cas, l’infection n’a atteint que la peau, au niveau de deux zones distinctes et a concerné un jeune patient immunocompé- tent qui n’avait pas voyagé en zone d’endémie. B. pseudomallei est une bactérie sensible aux associations amoxicilline ou ticar- cilline et acide clavulanique, aux céphalosporines de troisième génération, au chloramphénicol, aux tétracyclines et à l’association triméthoprime-sulfaméthoxazole qui a été utilisée avec succès chez notre patient. Depuis 2002, B. pseudomallei est inscrite parmi les agents pathogènes potentiellement utilisés dans le bioterrorisme, avec cependant un risque plus faible que l’anthrax, la peste ou la variole. Conclusion.— Nous rapportons un cas rare en France d’infection cutanée à B. pseudomallei, bactérie potentiellement impliquée dans le bioterrorisme. Déclaration d’intérêts.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.315 P163 Une cryptococcose cutanée primitive à Cryptococcus albidus chez un malade diabétique S. Azib , V. Florin, E. Delaporte Service de dermatologie, hôpital Claude-Huriez, CHRU de Lille, Lille, France Auteur correspondant. Mots clés : Cryptococcus albidus ; Diabète ; Fluconazole Introduction.— La cryptococcose cutanée primitive (CCP) est une entité rare liée à l’inoculation cutanée de levures du genre Cryp- tococcus (C), sans atteinte systémique. Nous rapportons le premier cas de CCP à Cryptococcus albidus de localisation nasale chez un malade diabétique équilibré. Observations.— Un homme de 62 ans, traité pour un diabète non insulinodépendant par répaglinide et metformine, consultait pour une ulcération croûteuse nasale évoluant depuis 18 mois. En août 2010, une papule narinaire avait été traitée par cryothérapie. Sa récidive amenait le praticien à réaliser une exérèse-greffe. L’examen histologique révélait un infiltrat inflammatoire dermique polymorphe et des particules sphériques intramacrophagiques colo- rées par le PAS et le Grocott. Trois mois plus tard, une ulcération croûteuse apparaissait en bordure de greffe. Devant l’échec de dif- férentes antibiothérapies locales, orales puis d’une corticothérapie locale au long cours, le malade nous était adressé en janvier 2011. Il existait alors un placard érythémato-télangiectasique et atro- phique de la pointe du nez, associé à une ulcération de 5 mm de diamètre. L’analyse histologique révélait un infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire étendu du derme et des levures en voie de bourgeonnement au sein des follicules pilaires. La culture puis le séquenc ¸age permettaient l’identification de C. albidus. L’examen clinique complet, l’IRM cérébrale et le scanner thoracique étaient normaux ; la recherche d’antigènes cryptococciques dans le sang et le LCR était négative. Le diabète était bien équilibré, aucune autre cause d’immunosuppression n’était retrouvée. Un traitement par fluconazole à 400 mg par jour permettait une nette amélioration dès le premier mois. Discussion.— C. albidus est une espèce « non neoformans », ubi- quitaire, trouvée dans le sol et les déjections de pigeons. La CCP à C. albidus est extrêmement rare, deux cas seulement ont été publiés (un malade était traité par étanercept, l’autre pré- sentait un syndrome de Sézary traité par méthotrexate). Notre malade présentait un diabète équilibré. Les 15 cas d’infections sys- témiques à C. albidus rapportés étaient tous survenus chez des patients immunodéprimés : quatre présentaient une hémopathie, quatre un cancer solide, trois une infection VIH, trois étaient trans- plantés et un recevait une corticothérapie au long cours. Ici, l’aspect clinique et le contexte étaient peu évocateurs et le dia- gnostic était redressé par les études histologiques et mycologiques. En l’absence de schéma thérapeutique codifié, la bonne réponse thérapeutique au fluconazole oral dans les cas antérieurs nous a amenés à proposer ce traitement chez ce malade, avec une évolu- tion favorable. Conclusion.— Nous rapportons le premier cas d’une CCP à C. albidus localisée, avec un bilan d’extension complet négatif, chez un malade diabétique équilibré, d’évolution favorable sous fluconazole oral. Déclaration d’intérêts.— Aucun. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.316

Un cas d’infection cutanée à bactérie « terroriste » : Burkholderia pseudomallei

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http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2012.10.314

P162Un cas d’infection cutanée à bactérie« terroriste » : Burkholderia pseudomalleiD. Carre a,∗, A. Belgaid b, W. Basille a, I. Jennesseaux a,P. Bravard a

a Service de dermatologie, groupe hospitalier du Havre, Le Havre,Franceb Service de pédiatrie, groupe hospitalier du Havre, Le Havre,France∗ Auteur correspondant.

Mots clés : Bioterrorisme ; Burkholderia pseudomallei ; MélioïdoseIntroduction.— Burkholderia pseudomallei est une bactérie res-ponsable d’infections parfois graves, très rarement isolée dans lespays occidentaux. Nous rapportons le cas d’un enfant d’originesénégalaise qui présentait une infection cutanée à B. pseudomalleiresponsable de lésions abcédées.Observation.— Un enfant de neuf ans d’origine sénégalaise présen-tait depuis quatre mois une teigne du cuir chevelu associée à unelésion abcédée de la cuisse gauche, dans un contexte d’état géné-ral conservé, sans fièvre. Le dernier séjour au Sénégal datait deplus d’un an. Des prélèvements locaux étaient réalisés. Sur le planmycologique, il était mis en évidence la présence de Trichophytonsoudanense au niveau du cuir chevelu ; un traitement par griséo-fulvine était instauré. Sur le plan bactériologique, des colonies deB. pseudomallei étaient isolées au niveau de la teigne du cuir che-velu et de la lésion cutanée de la cuisse. La détection moléculaire deB. pseudomallei par PCR confirmait ces résultats. Les échographieshépatique et cardiaque étaient normales. Un traitement anti-biotique par l’association triméthoprime-sulfaméthoxazole étaitinstauré pendant six semaines. Le traitement était bien toléré etefficace, avec disparition des lésions abcédées laissant place à descicatrices.Discussion.— De très rares cas d’infection cutanée à B. pseudomalleiont été décrits en Europe. Cette bactérie tellurique et hydrique, quise développe dans les eaux polluées, est un bacille à Gram négatifaérobie strict responsable de la mélioïdose. Cette maladie, surtoutconnue en Asie du sud-est et dans le Nord de l’Australie, affecteprincipalement les sujets immunodéprimés. Elle est responsable desyndromes septicémiques, d’atteintes pulmonaires sévères, d’abcèset d’infections cutanées localisées. Son taux de mortalité enl’absence de traitement est élevé, de l’ordre de 30 à 40 %. Dansnotre cas, l’infection n’a atteint que la peau, au niveau de deuxzones distinctes et a concerné un jeune patient immunocompé-tent qui n’avait pas voyagé en zone d’endémie. B. pseudomalleiest une bactérie sensible aux associations amoxicilline ou ticar-cilline et acide clavulanique, aux céphalosporines de troisièmegénération, au chloramphénicol, aux tétracyclines et à l’associationtriméthoprime-sulfaméthoxazole qui a été utilisée avec succès cheznotre patient. Depuis 2002, B. pseudomallei est inscrite parmi les

agents pathogènes potentiellement utilisés dans le bioterrorisme,avec cependant un risque plus faible que l’anthrax, la peste ou lavariole.

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163ne cryptococcose cutanée primitive àryptococcus albidus chez un malade diabétique

. Azib ∗, V. Florin , E. DelaporteService de dermatologie, hôpital Claude-Huriez, CHRU de Lille,ille, FranceAuteur correspondant.

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nsulinodépendant par répaglinide et metformine, consultait pourne ulcération croûteuse nasale évoluant depuis 18 mois. En août010, une papule narinaire avait été traitée par cryothérapie.a récidive amenait le praticien à réaliser une exérèse-greffe.’examen histologique révélait un infiltrat inflammatoire dermiqueolymorphe et des particules sphériques intramacrophagiques colo-ées par le PAS et le Grocott. Trois mois plus tard, une ulcérationroûteuse apparaissait en bordure de greffe. Devant l’échec de dif-érentes antibiothérapies locales, orales puis d’une corticothérapieocale au long cours, le malade nous était adressé en janvier 2011.l existait alors un placard érythémato-télangiectasique et atro-hique de la pointe du nez, associé à une ulcération de 5 mm deiamètre. L’analyse histologique révélait un infiltrat inflammatoireymphoplasmocytaire étendu du derme et des levures en voie deourgeonnement au sein des follicules pilaires. La culture puis leéquencage permettaient l’identification de C. albidus. L’examenlinique complet, l’IRM cérébrale et le scanner thoracique étaientormaux ; la recherche d’antigènes cryptococciques dans le sang ete LCR était négative. Le diabète était bien équilibré, aucune autreause d’immunosuppression n’était retrouvée. Un traitement paruconazole à 400 mg par jour permettait une nette améliorationès le premier mois.iscussion.— C. albidus est une espèce « non neoformans », ubi-uitaire, trouvée dans le sol et les déjections de pigeons. LaCP à C. albidus est extrêmement rare, deux cas seulement ontté publiés (un malade était traité par étanercept, l’autre pré-entait un syndrome de Sézary traité par méthotrexate). Notrealade présentait un diabète équilibré. Les 15 cas d’infections sys-

émiques à C. albidus rapportés étaient tous survenus chez desatients immunodéprimés : quatre présentaient une hémopathie,uatre un cancer solide, trois une infection VIH, trois étaient trans-lantés et un recevait une corticothérapie au long cours.ci, l’aspect clinique et le contexte étaient peu évocateurs et le dia-nostic était redressé par les études histologiques et mycologiques.n l’absence de schéma thérapeutique codifié, la bonne réponsehérapeutique au fluconazole oral dans les cas antérieurs nous amenés à proposer ce traitement chez ce malade, avec une évolu-ion favorable.onclusion.— Nous rapportons le premier cas d’une CCP à C. albidus

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