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Toxicologie Analytique & Clinique (2014) 26, 128—132 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Une interférence analytique peut en cacher une autre : l’exemple de l’urapidil, du dépistage de MDMA et de l’identification d’un stimulant de synthèse, la 2-MeOPP An analytical interference can hide another one: The example of urapidil, the screening of the MDMA and the identification of a designer drug (2-MeOPP) Nathalie Allibe a,, Hélène Eysseric-Guérin a,b , Xavier Fonrose b , Mireille Bartoli b , Marianne Barbieux c,d,e , Franc ¸oise Stanke-Labesque b,f a Laboratoire de médecine légale et toxicologie, université Joseph-Fourier, 38041 Grenoble, France b UM pharmacologie-toxicologie, CS10217, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble, France c UM pathologie neurovasculaire, CS10217, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble, France d Inserm U836, 38041 Grenoble, France e Grenoble institut des neurosciences, université Grenoble Alpes, 38041 Grenoble, France f Inserm U1042, 38041 Grenoble, France Disponible sur Internet le 5 aoˆ ut 2014 MOTS CLÉS Urapidil ; Dérivé de la phénylpipérazine ; Ecstasy ; Immunochimie ; MDMA ; Toxicologie Résumé Dans le cadre d’une recherche systématique d’étiologie toxique lors d’un accident vasculaire cérébral (AVC) chez un patient âgé de 53 ans, un dépistage immunochimique urinaire des stupéfiants a été réalisé. Pour le test de recherche du MDMA (kit EXTC, Siemens ® ), le résultat obtenu était bien supérieur au seuil de positivité. Des analyses chromatographiques ont alors été mises en œuvre pour confirmer ce résultat ou identifier une éventuelle interférence analytique. Un dosage spécifique en CL-SM/SM n’a pas confirmé la présence de MDA ni MDMA. Un screening réalisé en CPG-SM a mis en évidence la présence de (1,2-méthoxyphényl)-pipérazine (2-MeOPP), un stimulant de synthèse, tandis qu’un screening en CL-BD a permis de détecter et quantifier de l’urapidil, un vasodilatateur, administré lors de la prise en charge médicale de l’AVC. Au vu de la disparité de ces résultats, différentes analyses complémentaires ont alors été réalisées. Deux interférences liées à l’urapidil ont ainsi été mises en évidence : d’une part, les urines de patients traités par urapidil présentent une réponse positive au test immunochimique de Correspondance. Laboratoire de médecine légale et toxicologie, faculté de médecine, domaine de La Merci, 38700 La Tronche, France. Adresse e-mail : [email protected] (N. Allibe). http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.07.002 2352-0078/© 2014 Société Franc ¸aise de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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n analytical interference can hide another one: The example of urapidil, thecreening of the MDMA and the identification of a designer drug (2-MeOPP)

Nathalie Allibea,∗, Hélène Eysseric-Guérina,b,Xavier Fonroseb, Mireille Bartoli b,Marianne Barbieuxc,d,e, Francoise Stanke-Labesqueb,f

a Laboratoire de médecine légale et toxicologie, université Joseph-Fourier, 38041 Grenoble,Franceb UM pharmacologie-toxicologie, CS10217, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble, Francec UM pathologie neurovasculaire, CS10217, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble, Franced Inserm U836, 38041 Grenoble, Francee Grenoble institut des neurosciences, université Grenoble Alpes, 38041 Grenoble, Francef Inserm U1042, 38041 Grenoble, France

Disponible sur Internet le 5 aout 2014

MOTS CLÉSUrapidil ;Dérivé de laphénylpipérazine ;Ecstasy ;Immunochimie ;MDMA ;

Résumé Dans le cadre d’une recherche systématique d’étiologie toxique lors d’un accidentvasculaire cérébral (AVC) chez un patient âgé de 53 ans, un dépistage immunochimique urinairedes stupéfiants a été réalisé. Pour le test de recherche du MDMA (kit EXTC, Siemens®), le résultatobtenu était bien supérieur au seuil de positivité. Des analyses chromatographiques ont alors étémises en œuvre pour confirmer ce résultat ou identifier une éventuelle interférence analytique.Un dosage spécifique en CL-SM/SM n’a pas confirmé la présence de MDA ni MDMA. Un screeningréalisé en CPG-SM a mis en évidence la présence de (1,2-méthoxyphényl)-pipérazine (2-MeOPP),

Toxicologie un stimulant de synthèse, tandis qu’un screening en CL-BD a permis de détecter et quantifierde l’urapidil, un vasodilatateur, administré lors de la prise en charge médicale de l’AVC. Au vude la disparité de ces résultats, différentes analyses complémentaires ont alors été réalisées.Deux interférences liées à l’urapidil ont ainsi été mises en évidence : d’une part, les urinesde patients traités par urapidil présentent une réponse positive au test immunochimique de

∗ Correspondance. Laboratoire de médecine légale et toxicologie, faculté de médecine, domaine de La Merci, 38700 La Tronche, France.Adresse e-mail : [email protected] (N. Allibe).

http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.07.002352-0078/© 2014 Société Francaise de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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dépistage du MDMA et, d’autre part, du 2-MeOPP est identifié en CPG-SM lors de l’analyse deces urines, suggérant qu’un métabolite de l’urapidil est à l’origine de cette interférence.© 2014 Société Francaise de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tousdroits réservés.

KEYWORDSUrapidil;Phenylpiperazinederivative;Ecstasy;Immunoassay;MDMA;Toxicology

Summary A 53-year-old-man was hospitalized for a stroke. As usually, qualitative urine drugscreenings were ordered in the emergency department. Urine immunoassay testing was negativefor amphetamines, cannabis, cocaine and opiates, but was very positive for ecstasy using EXTCkit (Siemens®). Then chromatographic analyses were realized to confirm this result or identifya possible analytical interference. A specific assay of ecstasy performed using LC-MS/MS didnot allowed confirming the presence of MDA and MDMA, the detection limit of this techniquewas 1 �g/L. Qualitative urine drug screens were also realized using gas chromatography-mass spectrometry (GC-MS) and liquid chromatography-diode array detection (LC-DAD). Thescreening of urine performed with GC-MS allowed for the identification of a piperazine, the(1,2-methoxyphenyl)-piperazine (2-MeOPP). Piperazine derivatives act as stimulants, these sub-stances being classified as designer drugs. However, the screening performed using LC-DADrevealed the presence of urapidil, a sympathetic antihypertensive drug. More analyses wererealized to control these different results. Urines of patients treated with urapidil inducedpositive results to EXTC kit and presented a signal identified as 2-MeOPP using GC-MS. In thisarticle, two interferences associated with urapidil were shown.© 2014 Société Francaise de Toxicologie Analytique. Published by Elsevier Masson SAS. Allrights reserved.

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Introduction

Les techniques immunochimiques sont fréquemment uti-lisées pour le dépistage urinaire des médicaments etstupéfiants. Leurs principaux atouts sont la facilité demise en œuvre, la rapidité d’exécution et la possibilitéd’automatisation. En toxicologie d’urgence, l’immunochi-mie permet d’identifier rapidement les toxiques (ou famillede toxiques) mis en cause [1], cependant cette technologieest onéreuse. La spécificité et la sensibilité de la détectiond’une substance sont variables en fonction de l’anticorpsutilisé pour le test et de la molécule recherchée. Un manquede spécificité associé à de nombreuses réactions croiséespeut entraîner des résultats faussement positifs. À l’inverse,un manque de sensibilité peut entraîner des résultats faus-sement négatifs.

Dans la littérature, différents exemples de résul-tats faussement positifs à un test immunochimique ontété décrits. Concernant plus particulièrement les tests« amphétamines », de nombreuses substances telles queles « bath salts », les stimulants « amphetamine-like », lefénofibrate, peuvent induire des résultats faussement posi-tifs pour certains tests immunochimiques [2—6]. Curtinet al. rapportent, par exemple, un cas de réaction croi-sée entre la phényléphrine et la métamphétamine : lesurines d’une patiente ayant recu une dose intraveineusede phényléphrine ont généré un dépistage positif à larecherche immunochimique de métamphétamine [7]. Des

échantillons urinaires contenant de la trazodone, ou de laméta-chlorophénylpipérazine présentent des résultats posi-tifs au test immunochimique EMIT® II ecstasy [8]. Encore

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lus récemment, Fucci rapporte le cas d’échantillon urinaire’un patient traité par metformine, entraînant un résul-at faussement positif avec un test immunochimique auxmphétamines [9].

Cet article concerne la mise en évidence d’interférencesnalytiques impliquant l’urapidil, le dépistage immuno-himique du 3,4-méthylènedioxy métamphétamine (MDMA)t l’identification d’un stimulant de synthèse, la (1,2-éthoxyphényl)-pipérazine (2-MeOPP).

as clinique

onsieur B., âgé de 53 ans, tabagique a été hospitalisé ennité neurovasculaire pour la prise en charge d’un AVC. Unilan étiologique a été réalisé comprenant une imagerie parésonance magnétique au niveau cérébral, une imagerie desroncs supra-aortiques, une électrocardiographie, un bilane biologie standard. Un dépistage de stupéfiants urinairescannabis, amphétamines, opiacés et cocaïne) a égalementté réalisé dans le cadre d’une recherche systématique lors’un AVC chez un patient de moins de 55 ans. Les résul-ats du dépistage immunochimique se sont révélés négatifsour la recherche d’opiacés, de cocaïne, de cannabis et’amphétamines dans les urines. En revanche, il s’est révéléositif pour la recherche de MDMA. Le dosage spécifique deDMA et de 3,4-méthylènedioxyamphétamine (MDA) n’a pasonfirmé les résultats du test immunochimique et le patient

formellement nié avoir consommé toute substance illicite.es investigations complémentaires ont été réalisées pour

ocumenter ces discordances.
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atériel et méthodes

épistage immunochimique

es dépistages immunochimiques ont été réalisés à l’aide’automates Vista de chez Siemens (Système Dimensionista®, Siemens Healthcare Diagnostics Inc, Siemens). Leséactifs utilisés sont ceux du coffret Syva® EMIT® II PlusMPH Flex® pour la recherche d’amphétamines, Syva® EMIT®

I Plus EXTC Flex® pour la recherche d’ecstasy, Syva® EMIT® IIlus COC Flex® pour la recherche de cocaïne et métabolites,yva® EMIT® II Plus OPI Flex® pour la recherche d’opiacés etyva® EMIT® II Plus THC Flex® pour la recherche de can-abis. Les seuils de positivité sont de 300 �g/L pour AMPHlex®, EXTC Flex®, et OPI Flex®, 150 �g/L pour COC Flex®

t 50 �g/L pour THC Flex®.

éactifs

’urapidil (solution injectable, 50 mg/10 mL, Mylan) a étéourni par la pharmacie du centre hospitalier universitairee Grenoble. Des solutions d’urapidil de différentes concen-rations (5 ; 50 et 500 mg/L) ont été préparées par dilutione la solution injectable dans de l’eau distillée.

La 2-MeOPP a été achetée chez LGC standard (Molsheim,rance).

nalyse en chromatographie gazeuse couplée une détection en spectrométrie de masseCPG-SM)

a préparation de l’échantillon (1 mL d’urine dont 0,5 mLont hydrolysés pendant une nuit par une solution de �-lucuronidase, Sigma-Aldrich) consiste en une extractioniquide en Toxitube® A en présence d’un standard interne,e SKF-525A [10].

Les analyses sont effectuées avec un chromatographe890 N Network GC System (Agilent Technologies) couplé

un spectromètre de masse 5975 inert XL Mass Selec-ive Detector, équipé d’un passeur d’échantillons liquides683 Series Autosampler. Les injections automatiques (1 �L)ont réalisées en mode splitless pulsé, à une températuree 250 ◦C, sur une colonne capillaire de silice fondue : DB-ms UI (30 m × 0,25 mm d.i. ; 0,25 �m d’épaisseur de film).e gaz vecteur utilisé est l’hélium, à un débit constant de

mL/min. Le programme de température du four est leuivant : 70 ◦C pendant 1 min, puis une programmation à0 ◦C/min jusqu’à 100 ◦C, 20 ◦C/min jusqu’à 300 ◦C et un pla-eau de 12 min à 300 ◦C. La détection est réalisée en impactlectronique à 70 eV, en mode SCAN avec un balayage desasses de 40 à 600 uma. Les températures de l’interface,e la source et du quadripôle sont respectivement de 315,30 et 150 ◦C.

nalyse en chromatographie liquide couplée àne détection UV à barrette de diodes (CL-BD)

es analyses sont effectuées sur un système CLHP (SHIMADZUrominence) constitué de 2 pompes LC 20AD, d’un injecteuréfrigéré (SIL 20 AC) et d’un détecteur à barrette de diodesSPD M 20A). Pour la séparation chromatographique, une

fiddv

N. Allibe et al.

olonne C18 (NUCLEOSIL 100-3 C18 ; 150 × 4,6 mm, Mache-ey Nagel, Allemagne) avec une pré-colonne intégrée esttilisée.

La préparation de l’échantillon comprend une extractioniquide alcaline (tampon phosphate à pH 9,2), en présencee standards internes (éthyl loflazépate et glafénine), parn mélange hexane/dichlorométhane (40/60). Après agita-ion et centrifugation la phase organique est évaporée souszote et l’extrait sec est repris par 100 �L d’un mélangeampon phosphate et CH3CN/H2O (70/30). Le volume injectést 50 �L.

nalyse en chromatographie liquide couplée àne détection par spectrométrie de masse enandem (CL-SM/SM)

es analyses sont effectuées sur un système CLHP (SHI-ADZU LC Prominence) constitué de 3 pompes LC 20AD, d’un

njecteur réfrigéré (SIL 20 AC) et d’un détecteur AB SCIEX200 QTRAP (ABSciex, Toronto, Ontario, Canada) avec uneource d’ionisation électrospray en mode positif.

L’échantillon (200 �L) est déproténéisé avec 200 �L’une solution d’acide sulfosalicylique à 0,5 g/mL. Aprèsentrifugation, 50 �L du surnageant sont injectés danse système. Les extraits sont alors purifiés en ligne surne colonne Oasis HLB 25 �m (2,1 × 20 mm, WATERS) eta colonne analytique est une colonne ATLANTIS dC18150 × 2,1 mm ; 3 �m, WATERS) thermostaté à 45 ◦C [11].

ésultats et discussion

ans les urines de Monsieur B., les tests immunochimiquesux opiacés, cocaïne, cannabis et amphétamines se sontévélés négatifs. En revanche, le dépistage immunochimique’est révélé positif à la recherche de MDMA (kit EXTC) avecne évaluation semi-quantitative à 1098 �g/L, le seuil deositivité étant fixé à 300 �g/L. Le MDMA est un dérivé de laétamphétamine se métabolisant par N-déméthylation enDA [12]. Plus connue sous le nom d’ecstasy, c’est une des

ubstances psychoactives illicites les plus consommées enrance [13]. Elle est utilisée chez les jeunes en milieu festif« rave party », discothèque), notamment en raison de sesropriétés stimulantes et entactogènes [14].

Le dosage spécifique du principe actif de l’ecstasy parne technique CL-SM/SM n’a pas confirmé la présence deDMA ni de MDA ; la limite de détection étant de 1 �g/L pourhacun des composés. Ce dosage a permis d’exclure égale-ent les autres composés recherchés par cette technique

amphétamine, métamphétamine, MDEA, MBDB et méphé-rone).

Des analyses complémentaires ont été réalisées afin deocumenter l’interférence analytique observée avec le kitXTC. Deux criblages chromatographiques des urines ontonc été effectués par CL-BD et par CPG-SM.

Le criblage en CL-BD des urines du patient a permis deettre en évidence la présence d’urapidil et de le quanti-

er à 94 mg/L. Ce résultat est en accord avec le traitementu patient puisque l’urapidil a été administré dans le cadree la prise en charge médicale de l’AVC. L’urapidil est unasodilatateur, indiqué dans des cas d’hypertension sévère.
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Tableau 1 Résultats semi-quantitatifs obtenus avec lekit EXTC de recherche du MDMA pour des solutions puresd’urapidil.

Solution d’urapidil (mg/L) Résultats (�g/L)

500 36950 117

Figure 1. Formules chimiques des composés.

Tableau 3 Comparaison des criblages de 3 échantillonsurinaires de patients traités par urapidil.

Urines Kit EXTC(�g/L)

2-MeOPPCPG-SM

Urapidil(mg/L)CL-BD

Urine 1 1098 + 94Urine 2 208 + 22

ddpg

2sic

lldpbCSebdd

5 26

À la phase aiguë des AVC, l’hypertension est fréquente etrespectée jusqu’à un certain seuil au-delà duquel elle peutêtre traitée par urapidil. Sa demi-vie d’élimination sériqueest de 2,7 heures en moyenne, il est métabolisé essentiel-lement au niveau hépatique. Cinquante à 70 % de la doseadministrée sont éliminés sous forme de métabolites dansles urines ainsi que 15 à 20 % sous forme inchangée. Lemétabolisme de l’urapidil est peu décrit dans la littérature.Quelques métabolites ont été identifiés, chez l’Homme lemétabolite prédominant étant l’urapidil para-hydroxylé (ouM1) [15,16].

Le criblage réalisé en CPG-SM a montré la présence d’undérivé pipérazine, la 2-MeOPP. Cette molécule semble avoirun effet relaxant plutôt que stimulant selon les utilisateurs.Elle est souvent associée à un autre dérivé pipérazine aveceffet stimulant tel que la benzylpipérazine pour obtenir uneffet combiné. Dans la littérature, des tests réalisés sur desdérivés contenant le motif 2-méthoxyphénylpipérazine ontmontré l’effet hypotenseur de ces molécules [17].

La divergence de ces résultats nous a conduits à émettretrois hypothèses : existe-t-il une interférence entre le kitEXTC et l’urapidil ou l’un de ses métabolites urinaires ?Existe-t-il une interférence entre ce kit immunochimiqueet la 2-MeOPP ? Enfin existe-t-il une interférence entrel’urapidil et la 2-MeOPP en CPG-SM ?

Des solutions d’urapidil de différentes concentrationsont été testées avec ce kit EXTC (Tableau 1). Une solutiond’urapidil à 500 mg/L présente un signal positif en immuno-chimie. Afin de confirmer cette interférence entre l’urapidilet le kit EXTC, différentes urines de patients traités parurapidil ont été testées. Les résultats présentés dans leTableau 2 montrent que le signal obtenu était soit proche,soit supérieur au seuil de positivité (300 �g/L). Ceci nous adonc permis de confirmer qu’il existe une interférence entre

l’urapidil et/ou ses métabolites et le kit EXTC. Par ailleurs,une analyse de l’échantillon urinaire « patient 6 » a été réa-lisée par immunochimie avec un kit CEDIA amphet-ecstasy

Tableau 2 Résultats semi-quantitatifs obtenus avec lekit EXTC pour des échantillons urinaires de patients trai-tés par urapidil.

Patients Résultats (�g/L)

Patient 1 1098Patient 2 285Patient 3 250Patient 4 324Patient 5 1134Patient 6 3139

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Urine 3 3139 + 141

e chez Microgenics® au laboratoire de toxicologie du CHRUe Lille. Cette analyse s’est révélée négative, le seuil deositivité étant de 500 �g/L, alors que cette même urineénérait un résultat positif avec le kit EXTC (Siemens®).

Afin de vérifier la deuxième hypothèse, une solution de-MeOPP à 500 mg/L a été testée avec le kit EXTC. Aucunignal n’a été détecté, ce qui nous a permis d’exclure unenterférence entre le dérivé pipérazine et ce kit immuno-himique.

Enfin, l’étude de l’analogie structurale entre l’urapidil eta 2-MeOPP suggère que si l’urapidil, ou l’un de ses métabo-ites, est dégradé dans les conditions chromatographiquese CPG-SM, il peut générer un pic de 2-MeOPP (Fig. 1). Ceciourrait expliquer la discordance de nos résultats de cri-lages. Une interférence entre l’urapidil et la 2-MeOPP enPG-SM est donc tout à fait possible. L’injection, en CPG-M, d’une solution d’urapidil « en direct », c’est-à-dire nonxtraite en Toxitube A, ne montre pas de pic d’urapidil, pro-ablement dégradé dans nos conditions chromatographiquese CPG-SM, ni de 2-MeOPP. En revanche, les injectionse plusieurs échantillons urinaires de patients traités parrapidil, montrent toutes un pic identifié comme étant la-MeOPP en CPG-SM et une valeur supérieure au seuil deositivité avec le kit EXTC (Tableau 3). Il semble doncrès probable qu’un métabolite urinaire de l’urapidil peuténérer un pic de 2-MeOPP dans nos conditions chromato-raphiques.

onclusion

es méthodes automatisées de type immunochimiques per-ettent de répondre très rapidement quant à la présence

u l’absence d’une famille de composés toxiques. Cepen-ant, il est important d’en connaître les limites et surtout

e procéder à des investigations complémentaires qui per-ettront de confirmer la présence ou l’absence d’un toxique

fin d’éviter le piège des faux-positifs.

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Dans cet exemple, nous avons mis en évidence deux inter-érences observées avec deux techniques différentes pourne même substance : l’urapidil. D’une part, l’urapidil et/oues métabolites entraîne un signal positif en immunochimievec le kit EXTC (Siemens®), d’autre part, un métaboliterinaire de l’urapidil génère un pic de (1,2-méthoxyphényl)-ipérazine en CPG-SM.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

emerciements

es auteurs remercient le Pr Delphine Allorge et son équipeu service de toxicologie et génopathies (CHRU de Lille) quint réalisé les analyses complémentaires en immunochimieur kit CEDIA, Microgenics®.

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