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Annales de pathologie (2008) 28, 158—160 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com CAS POUR DIAGNOSTIC Une masse épididymaire douloureuse A painful mass of the epidydimis Sergio Fernández-Aguilar a,c,, Patricia Cornut a , Daniel Naômé b a Laboratoire d’anatomie pathologique, CHU de Charleroi — Espace Santé, 1, boulevard Zoé-Drion, 6000 Charleroi, Belgique b Service d’urologie, CHU de Charleroi, Charleroi, Belgique c Laboratorio HistoCitoMed, Santiago Rusi˜ nol, Madrid, Espagne Accepté pour publication le 11 juillet 2007 Disponible sur Internet le 2 juillet 2008 Observation Un homme âgé de 42 ans, en bon état général, avec antécédents de vasectomie bila- térale à l’âge de 38 ans, s’est présenté pour douleur épididymaire droite persistante depuis quatre mois. L’examen clinique mettait en évidence une masse épididymaire droite centimétrique douloureuse à la palpation. L’échographie montrait un nodule sous- cutané droit de 8 mm de diamètre situé au-dessus de la tête de l’épididyme. Les testicules et les épididymes ne revelaient pas de lésion particulière. Après résection chirurgicale de la lésion, localisée au niveau du canal déférent droit, l’examen his- tologique mettait en évidence une paroi déférente normale avec une prolifération de structures canalaires non atypiques, sans mucosécretion évidente, contenant des sper- matozoïdes au sein du tissu conjonctif périvasal (Fig. 1). Au voisinage, un infiltrat inflammatoire discret avec de nombreuses cellules épithélioïdes d’aspect histiocytaire et des cellules géantes multinuclées était présent (Fig. 2a), accompagné de sper- matozoïdes. De manière intéressante, des spermatozoïdes étaient observés en grand nombre au sein des structures vasculaires périphériques à paroi fine, sans structure cana- laire ni cellule épithéliale évidente (Fig. 2b). Ces données étaient confirmées après réalisation de techniques immunohistochimiques pour détecter les cytokératines et le CD34. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Fernández-Aguilar). 0242-6498/$ — see front matter © 2008 Publi´ e par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.annpat.2007.07.001

Une masse épididymaire douloureuse

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nnales de pathologie (2008) 28, 158—160

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

AS POUR DIAGNOSTIC

ne masse épididymaire douloureuse

painful mass of the epidydimis

Sergio Fernández-Aguilara,c,∗, Patricia Cornuta,Daniel Naôméb

a Laboratoire d’anatomie pathologique, CHU de Charleroi — Espace Santé,1, boulevard Zoé-Drion, 6000 Charleroi, Belgiqueb Service d’urologie, CHU de Charleroi,Charleroi, Belgiquec

Laboratorio HistoCitoMed, Santiago Rusinol,Madrid, Espagne

Accepté pour publication le 11 juillet 2007Disponible sur Internet le 2 juillet 2008

Observation

Un homme âgé de 42 ans, en bon état général, avec antécédents de vasectomie bila-térale à l’âge de 38 ans, s’est présenté pour douleur épididymaire droite persistantedepuis quatre mois. L’examen clinique mettait en évidence une masse épididymairedroite centimétrique douloureuse à la palpation. L’échographie montrait un nodule sous-cutané droit de 8 mm de diamètre situé au-dessus de la tête de l’épididyme. Lestesticules et les épididymes ne revelaient pas de lésion particulière. Après résectionchirurgicale de la lésion, localisée au niveau du canal déférent droit, l’examen his-tologique mettait en évidence une paroi déférente normale avec une prolifération destructures canalaires non atypiques, sans mucosécretion évidente, contenant des sper-matozoïdes au sein du tissu conjonctif périvasal (Fig. 1). Au voisinage, un infiltratinflammatoire discret avec de nombreuses cellules épithélioïdes d’aspect histiocytaireet des cellules géantes multinuclées était présent (Fig. 2a), accompagné de sper-matozoïdes. De manière intéressante, des spermatozoïdes étaient observés en grandnombre au sein des structures vasculaires périphériques à paroi fine, sans structure cana-laire ni cellule épithéliale évidente (Fig. 2b). Ces données étaient confirmées aprèsréalisation de techniques immunohistochimiques pour détecter les cytokératines et leCD34.

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (S. Fernández-Aguilar).

242-6498/$ — see front matter © 2008 Publie par Elsevier Masson SAS.oi:10.1016/j.annpat.2007.07.001

Lésion épididymaire douloureuse 159

Figure 1. Canal déférent droit normal avec structures canalairesproliférantes en périphérie (HE × 40).Right vas deferens surrounded by ductal structures (HE × 40).

Figure 2. (a) Réaction granulomateuse à cellules géantes avecspermatozoïdes (HE × 200) ; (b) Les spermatozoïdes sont nombreuxdans les lumières vasculaires (HE × 200).(a) Giant cell granuloma with spermatozoids (HE × 200); (b) nume-rous spermatozoids within vascular lumina (HE × 200).

Quel est votre diagnostic ?

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iagnostic : Vasitis nodosa avecranulomes spermatocytaires

a vasite noueuse (vasitis nodosa) est considérée actuel-ement comme une lésion proliférative bénigne de

’épithélium des canaux déférents survenant principalementprès traumatisme (vasectomie) [1]. Toutefois, elle a étéécrite « de novo » comme une séquelle de processus infec-ieux et du traitement chirurgical des hernies inguinales.elon les auteurs, ces lésions peuvent compliquer jusque0 % des vasectomies [2]. Unilatérale dans la majorité desas, elle se caractérise à l’examen microscopique par la pré-ence de canaux contenant des spermatozoïdes s’étendantans le tissu conjonctif adjacent. Ces canaux peuvent êtregalement observés à l’intérieur des vaisseaux et le diagnos-ic différentiel avec une lésion carcinomateuse se pose. Larésence de spermatozoïdes associée à l’absence d’atypiesucléocytoplasmiques facilitent le diagnostic.

La présence de granulomes spermatocytaires accompa-nant la vasitis nodosa est fréquemment rapportée dansa littérature et expliquerait la symptomatologie doulou-euse. L’invasion des structures vasculaires, en particuliere type veineux, a été exhaustivement documenté paralogh et Travis en 1985 [3] et a été comparée à l’infiltrationasculaire de l’adénose sclérosante selon les descriptions’Eusebi et Azzopardi [4]. Elle aurait lieu après isole-ent des vaisseaux de la circulation sanguine lors de la

ésection chirurgicale. Des lésions d’élastose avec occlu-ion précéderaient ce phénomène et l’oblitération de laumière expliquerait l’absence de dissémination hémato-ène. Dans notre cas, et malgré les multiples niveaux

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S. Fernández-Aguilar et al.

e coupe réalisés, nous n’avons pas mis en évidence detructure épithéliale intravasculaire accompagnant les sper-atozoïdes.Par ailleurs, des lésions d’invasion périneurale ont été

apportées jusque dans 16 % des cas [2], mais cette éven-

e structures nerveuses relativement nombreuses dans’adventice des canaux déférents.

De plus, les lésions de vasite noueuse peuvent être ren-ontrées en association avec d’autres pathologies, telles quees granulomes spermatocytaires (65 % des cas, [2]), le sper-atocèle, la métaplasie mucineuse et les granulomes sur

orps étranger (fil chirurgical).Plus rarement, des neuromes de type traumatique ont

té documentés. Leur origine ne serait toutefois pasxclusivement mécanique et certains auteurs invoquent laécrétion de facteurs de croissance par les cellules épithé-iales proliférantes.

éférences

1] Gaudin PB, Epstein JI. Diseases of the spermatic cord and para-testicular tissue. In: Murphy WM, editor. Urological Patholgy.Philadelphia: Saunders; 1997.

2] Hirschowitz L, Rode J, Guillebaud J, Bound W, Moss M. Vasi-tis nodosa and associated clinical findings. J Clin Pathol1988;41:419—23.

3] Balogh K, Travis WD. Benign vascular invasion in vasitis nodosa.Am J Clin Pathol 1985;83:426—30.

4] Eusebi V, Azzopardi JG. Vascular infiltration in benign breastdisease. J Pathol 1976;118:9—16.