Upload
adel-adel
View
28
Download
1
Embed Size (px)
Citation preview
TTHHÈÈSSEE
En vue de l'obtention du
DDOOCCTTOORRAATT DDEE LL’’UUNNIIVVEERRSSIITTÉÉ DDEE TTOOUULLOOUUSSEE
Délivré par l’Université Toulouse III – Paul Sabatier Discipline ou spécialité : Génie Civil
JURY
M. Buyle-Bodin François
M. Prince William M. Escadeillas Gilles Mme Arliguie Ginette M. Gaillet Laurent
M. Laurens Stéphane M. Balayssac Jean-Paul
Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur
Invité
Ecole doctorale : Mécanique Energétique Génie civil Procédés
Unité de recherche : LMDC
Présentée et soutenue par Mme VERVISCH-FORTUNÉ Isabelle Le 25 septembre 2009
Titre : Sensibilité de la technique d’émission acoustique à la corrosion
des armatures dans le béton
Remerciements
Page 1/ 194
Remerciements
Tout d’abord, je souhaite remercier Jean-Paul Balayssac qui a co-encadré cette thèse et qui
m’en a proposé le sujet. Il m’a soutenu tout au long de ce travail, sa grande disponibilité et
toutes nos discussions ont été fructueuses pour l’avancée de cette thèse et mener à bien ce
travail de recherche. Je le remercie également pour les nombreuses heures passées à la
relecture et aux corrections du manuscrit. Je remercie monsieur Gilles Escadeillas, directeur
du LMDC et madame Ginette Arliguie, directrice de ma thèse, de m’avoir autorisée à
effectuer ma thèse au sein du laboratoire.
Je remercie tous les membres du jury dont messieurs François Buyle-Bodin et William Prince
d’avoir accepté d’être les rapporteurs de ma thèse et monsieur Laurent Gaillet pour s’être
rendu disponible afin d’en être un des examinateurs.
Je voudrais aussi exprimer tous mes remerciements aux collègues du LMDC pour l’ambiance
studieuse et amicale, qui ont été d’un grand réconfort et d’une aide précieuse. Un merci tout
particulier à Sifaques pour les nombreuses discussions et échanges sur l’émission acoustique
qui nous ont permis d’avancer dans un domaine complexe qu’est l’EA et de « tenir bon ».
Toute ma gratitude à toutes les personnes ayant relu, corrigé et commenté mon manuscrit et
ayant ainsi participé à son amélioration.
Mes remerciements vont aussi à tous les membres du laboratoire, techniciens, secrétaires qui
ont participé indirectement ou directement au bon déroulement de ces travaux de recherche et
à leur finalité.
Pour finir, je tiens à remercier mes parents et mes beaux-parents car si j’en suis arrivée là,
c’est grâce à leur patience, à leur disponibilité, à leur aide précieuse et à leur soutien au
quotidien. Un grand merci tout particulier à mon mari et aux deux soleils de ma vie, Samantha
et Emmeline, qui à tout moment, même difficile, ont su m’apporter réconfort et amour durant
toutes ces années de thèse.
Page 2/ 194
Résumé
Page 3/ 194
Résumé
La corrosion des armatures est l’une des principales causes de dégradation du béton.
Les deux mécanismes les plus courants contribuant au développement de la corrosion sont la
pénétration des chlorures et la carbonatation du béton. Ceux-ci génèrent deux types de
corrosion respectivement par piqûres et généralisée. Une des méthodes non destructives
actuellement utilisée dans le Génie Civil, l’émission acoustique, tend à se développer pour
évaluer la corrosion des câbles et des structures métalliques.
L’objectif de cette thèse est, d’une part de définir un essai de corrosion accélérée réaliste et
maîtrisé et d’autre part de vérifier la sensibilité de l’émission acoustique à la corrosion des
armatures dans le béton. Des méthodes électrochimiques éprouvées sont utilisées pour valider
les résultats obtenus par émission acoustique. Ces méthodes, comme la mesure du potentiel de
corrosion et l’évaluation de la vitesse de corrosion faisant l’objet de recommandations
RILEM, demeurent néanmoins des méthodes intrusives nécessitant l’accès à l’armature.
A partir des essais rencontrés dans la littérature, différents essais ont été étudiés utilisant
d’abord de forts courants de corrosion puis en les diminuant pour atteindre des courants
proches de ceux existants dans les structures. Différentes conditions d’initiation de la
corrosion comme l’attaque par les chlorures et la carbonatation du béton d’enrobage ont été
également testées. Cela nous a permis de mettre au point un essai de corrosion accélérée avec
des densités de courant de corrosion proches de la réalité. Cet essai consiste à créer une
macro-pile en connectant deux armatures coulées dans un même béton, une des armatures
étant dépassivée par carbonatation du béton, la seconde étant maintenue à l’état passif.
L’intensité du courant galvanique a été modifiée en faisant varier le rapport de surface
anodique/cathodique et la distance entre armatures.
L’analyse des signaux acoustiques enregistrés et de leurs paramètres a permis d’identifier
deux types de salves correspondant à une corrosion par micro-piles et à une corrosion par
macro-pile. Cette classification a été obtenue par une étude des formes d’onde et des
paramètres associés qui a ensuite permis de définir une procédure de filtrage. La mesure de
résistance de polarisation a permis de déterminer un accroissement de courant pour une
période donnée et de la corréler avec les événements acoustiques enregistrés sur cette même
période. Enfin une relation entre accroissement de densité de coups et accroissement de
densité de courant est proposée.
Mots clefs : béton armé, corrosion, essai accéléré, courant galvanique, émission acoustique,
carbonatation, résistance de polarisation, potentiel de corrosion
Abstract
Page 4/ 194
Abstract Corrosion of reinforcement is a major cause of concrete deterioration. The two most common
mechanisms contributing to the development of corrosion are penetration of chlorides and
carbonation of cover concrete. These two mechanisms induce two types of corrosion, pitting
and generalised corrosion. One of the non destructive techniques used in Civil Engineering,
acoustic emission, extends to monitor the corrosion of prestressing cables and metal
structures.
The objective of this thesis is firstly to define an accelerated corrosion test able to provide
conditions close to natural corrosion and secondly to check the sensitivity of acoustic
emission for detecting the effect of early corrosion in reinforced concrete. Usual
electrochemical methods are used to validate the results obtained by acoustic emission. These
methods, potential of corrosion measure and corrosion rate measurement being RILEM
recommendations, remain intrusive methods requiring access to the rebar.
From a literature review, various tests were studied, first using high impressed corrosion
currents and then by decreasing gradually the current to values existing in structures.
Different conditions for initiating corrosion, as an attack by chlorides and carbonation of
cover concrete, were also tested. This enables the development of an accelerated corrosion
test with densities of corrosion current close to the natural ones. It’s about creating a macro-
cell by connecting both two rebars in the same concrete, one of the rebar being depassivated
by carbonation of concrete, the second remaining in a passive state. Different galvanic
currents are obtained with different anodic and cathodic surfaces and distances between
electrodes.
The analysis of recorded acoustic signals and their parameters enable the identification of two
types of waveform. One corresponds to corrosion by micro-cell and the other by macro-cell.
This classification has been obtained firstly by an analysis of waveforms and parameters
associated and secondly by an automatic acquisition filtering. The measure of polarization
resistance allowed defining an increase of current during a given period. Then, it’s possible to
correlate the current increase with the acoustic hits recorded during the same period. Finally a
relationship between the increase of counts density and the increase of corrosion current
density is proposed.
Keywords: reinforced concrete, corrosion, accelerated test, galvanic current, acoustic
emission, carbonation, polarization resistance, corrosion potential
Table des matières
Page 5/ 194
TABLE
DES MATIERES
Table des matières
Page 6/ 194
Remerciements .......................................................................................... 1
Résumé ...................................................................................................... 3
Abstract...................................................................................................... 4
INTRODUCTION GENERALE ............................................................ 11
CHAPITRE I: ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE ..................................... 15 1. Les besoins en évaluation non destructive des ouvrages .................. 16
1.1. La problématique .......................................................................................................... 16 1.2. Les pathologies du béton............................................................................................... 16
1.2.1. Réaction Alcali-granulat ......................................................................................... 17 1.2.2. Lixiviation ............................................................................................................... 17 1.2.3. Attaque par les sulfates ........................................................................................... 18
1.3. La corrosion des armatures ........................................................................................... 18 1.4. Nécessité de la reconnaissance des pathologies ............................................................ 19
2. La corrosion : phénomène et caractérisation .................................... 22
2.1. La corrosion de l’acier : Grands principes électrochimiques ........................................ 22
2.1.1. Processus de corrosion. ........................................................................................... 22 2.1.1.1. Corrosion par micro-piles ................................................................................ 23 2.1.1.2. Corrosion par macro-pile ................................................................................. 23
2.1.2. Notion de thermodynamique électrochimique ........................................................ 24
2.1.2.1. Corrosion électrochimique du fer .................................................................... 24
2.1.2.2. Loi de Nernst ................................................................................................... 26 2.1.2.3. Diagramme de Pourbaix .................................................................................. 27
2.1.3. Approche cinétique ................................................................................................. 29 2.1.3.1. Equation de Butler-Volmer: loi fondamentale de la cinétique électrochimique . ......................................................................................................................... 29 2.1.3.2. Droites de Tafel : notion de cinétique électrochimique ................................... 31
2.1.3.3. Loi de faraday : étude quantitative (cinétique de corrosion) ........................... 32 2.2. La corrosion de l'acier dans le béton ............................................................................. 33
2.2.1. Différents types de corrosion .................................................................................. 33 2.2.2. Principales causes de corrosion ............................................................................... 33
2.2.2.1. Rôle du béton ................................................................................................... 33 2.2.2.2. Etat de l’acier dans le béton ............................................................................. 34 2.2.2.3. Dépassivation par carbonatation du béton ....................................................... 35
2.2.2.4. Dépassivation par l’attaque des chlorures ....................................................... 36
2.2.2.5. Amorçage et propagation de la corrosion ........................................................ 37
2.2.2.5.1. Corrosion généralisée ................................................................................. 38
2.2.2.5.2. Corrosion localisée par piqûres .................................................................. 38
Table des matières
Page 7/ 194
2.2.3. Produits de corrosion .............................................................................................. 39 2.2.4. Facteurs influents sur la corrosion des armatures du béton .................................... 40
2.2.4.1. La température ................................................................................................. 40 2.2.4.2. Résistivité du béton (Porosité) ......................................................................... 41
2.2.4.3. La concentration en chlorures .......................................................................... 41
2.2.4.4. Nature et composition de l’acier. ..................................................................... 42
2.3. Méthodes de caractérisation de la corrosion des aciers dans le béton .......................... 42
2.3.1. Méthodes électrochimiques et électriques .............................................................. 43
2.3.1.1. Mesure de potentiel de corrosion ..................................................................... 43
2.3.1.2. Mesure de la résistivité électrique du béton .................................................... 44
2.3.1.3. Evaluation de la vitesse de corrosion par la mesure de résistance de polarisation....................................................................................................... 45
2.3.2. Les techniques acoustiques ..................................................................................... 46 2.3.2.1. Le contrôle par ultrasons ................................................................................. 47 2.3.2.2. Radar ................................................................................................................ 48 2.3.2.3. Émission acoustique ........................................................................................ 49
3. Corrosion accélérée: essais ............................................................... 51
3.1. Différents essais en laboratoire ..................................................................................... 51 3.2. Essai par immersion-séchage et milieu chloruré........................................................... 51
3.3. Essais brouillard salin ................................................................................................... 52 3.4. Essais en atmosphère carbonique .................................................................................. 53 3.5. Essai avec courant imposé ............................................................................................ 54
4. L’émission acoustique ....................................................................... 55
4.1. Technique de l’Emission acoustique............................................................................. 55 4.1.1. Généralités .............................................................................................................. 55 4.1.2. Sources d’émission acoustique ............................................................................... 56
4.1.2.1. Lors de différents endommagements ............................................................... 56
4.1.2.2. Dans le processus de corrosion ........................................................................ 56
4.1.3. Acquisition .............................................................................................................. 58 4.1.3.1. Chaîne d’acquisition ........................................................................................ 58
4.1.3.1.1. Les capteurs ................................................................................................ 59 4.1.3.1.2. Les pré-amplificateurs ................................................................................ 60
4.1.3.1.3. Le système d’acquisition ............................................................................ 60
4.1.3.2. Paramètres acoustiques ................................................................................... 60 4.2. La propagation des ondes .............................................................................................. 62
4.2.1. Signaux.................................................................................................................... 62 4.2.2. Vitesse de propagation ............................................................................................ 62 4.2.3. Influence du milieu ................................................................................................. 63
4.3. Analyse des données enregistrées par émission acoustique .......................................... 63
4.3.1. Analyse temporelle ................................................................................................. 63 4.3.2. Analyse muti-paramétrique ..................................................................................... 64 4.3.3. Analyse statistique .................................................................................................. 65
4.4. Les applications actuelles de l’émission acoustique en Génie Civil ............................. 66
4.4.1. Fissuration du béton (endommagement) ................................................................. 67
4.4.2. Rupture de câbles .................................................................................................... 68 4.4.3. Fuites ....................................................................................................................... 69 4.4.4. Injection de coulis ................................................................................................... 69 4.4.5. Corrosion des armatures.......................................................................................... 70
Table des matières
Page 8/ 194
CHAPITRE II: ......................................................................................... 73
DÉVELOPPEMENT D’UNE MÉTHODOLOGIE ................................ 73 1. Introduction ....................................................................................... 74
2. Dispositifs expérimentaux ................................................................. 75
2.1. Matériaux ...................................................................................................................... 75 2.1.1. Béton ....................................................................................................................... 75 2.1.2. Acier ........................................................................................................................ 75
2.2. Description des essais de corrosion accélérée............................................................... 76 2.2.1. Introduction ............................................................................................................. 76 2.2.2. Essais avec courant imposé ..................................................................................... 77
2.2.2.1. Description des corps d’épreuve ...................................................................... 77
2.2.2.2. Application du courant .................................................................................... 79 2.2.2.3. Essais en milieu chloré .................................................................................... 80
2.2.2.3.1. Essai de type Chl-I ..................................................................................... 81
2.2.2.3.2. essai de type Chl-E ..................................................................................... 82
2.2.2.4. Essais en milieu carbonaté ............................................................................... 83 2.2.2.4.1. Essai de type Car-I ..................................................................................... 84
2.2.2.4.2. Essai de type Car-E .................................................................................... 84
2.2.3. Essai avec courant galvanique : essai de type G-Car .............................................. 85
2.2.3.1. Description des corps d’épreuve ...................................................................... 85
2.2.3.2. Description de la cellule de corrosion ............................................................. 86
2.2.4. Récapitulatif des essais ........................................................................................... 87 2.3. Système d’émission acoustique .................................................................................... 88
2.3.1. Description de la chaîne d’acquisition .................................................................... 88 2.3.2. Eléments constitutifs de la chaîne d’EA ................................................................. 88
2.3.2.1. Capteurs ........................................................................................................... 88 2.3.2.2. Pré-amplificateur ............................................................................................. 90 2.3.2.3. Carte d’acquisition ........................................................................................... 91
2.3.3. Paramètres d’acquisition ......................................................................................... 91 2.3.3.1. Le seuil d’acquisition ....................................................................................... 92 2.3.3.2. Les paramètres temporels ................................................................................ 92
2.3.3.3. Autres paramètres ............................................................................................ 93 2.3.4. Paramètres des salves .............................................................................................. 94
2.4. Les mesures complémentaires ...................................................................................... 96 2.4.1. Appareillage mesure électrochimique ..................................................................... 96
2.4.1.1. Matériel ............................................................................................................ 96 2.4.1.2. Montage expérimental ..................................................................................... 98
2.4.2. Perte de masse ....................................................................................................... 100
3. Résultats des essais de corrosion accélérée par courant imposé .... 101
3.1. Identification des paramètres influents ....................................................................... 101 3.1.1. Introduction ........................................................................................................... 101 3.1.2. Influence de l’humidification. ............................................................................... 101
3.1.2.1. Déroulement des essais .................................................................................. 101 3.1.2.2. Résultats et analyse ........................................................................................ 102
3.1.3. Influence de la température. .................................................................................. 103 3.1.3.1. Introduction .................................................................................................... 103
Table des matières
Page 9/ 194
3.1.3.2. Déroulement de l’essai .................................................................................. 103 3.1.3.3. Résultats et analyse ........................................................................................ 104
3.1.4. Conclusion ............................................................................................................ 106 3.2. Analyse des résultats obtenus sur les essais avec courant imposé .............................. 106
3.3. Conclusion générale .................................................................................................... 112
4. Développement d’un essai à courant libre : G-Car ......................... 113
4.1. Introduction ................................................................................................................. 113 4.2. Résultats ...................................................................................................................... 113
4.2.1. Contrôle par émission acoustique ......................................................................... 114 4.2.2. Contrôle du potentiel ............................................................................................. 114 4.2.3. Contrôle du courant .............................................................................................. 115 4.2.4. Contrôle visuel ...................................................................................................... 116 4.2.5. Contrôle par le calcul de perte de masse ............................................................... 116
4.3. Conclusion .................................................................................................................. 118
CHAPITRE III: IDENTIFICATION DES PARAMÈTRES DES SALVES DUES A LA CORROSION ET RELATION ENTRE COURANT DE CORROSION ET EA ................................................. 119
1. Introduction ..................................................................................... 120
2. Définition des expérimentations ..................................................... 121
2.1. Données expérimentales ............................................................................................. 121 2.2. Détails de l’essai ......................................................................................................... 123 2.3. Contrôle du développement de la corrosion ............................................................... 124
2.3.1. Contrôles électrochimiques ................................................................................... 124 2.3.1.1. Suivi du potentiel libre anodique et cathodique ............................................ 124 2.3.1.2. Suivi du potentiel du circuit ........................................................................... 127
2.3.1.2.1. Influence du rapport Sa/Sc et de la distance anodique/cathodique ......... 128
2.3.1.2.2. Influence de la différence de potentiel entre les deux armatures au moment de leur connexion ..................................................................................... 129
2.3.2. Contrôle du courant ............................................................................................... 130 2.3.2.1. Par suivi de la tension du circuit .................................................................... 130
2.3.2.2. Par calcul de la perte de masse ...................................................................... 131
2.3.3. Contrôle visuel ...................................................................................................... 133 2.3.3.1. Influence de la durée de conservation avant l’essai ....................................... 133
2.3.3.2. Influence du rapport de surface ..................................................................... 134
2.3.3.3. Influence de la distance entre armatures ........................................................ 135
2.3.3.4. Influence du courant galvanique .................................................................... 136
2.4. Conclusion .................................................................................................................. 136
3. Analyse des résultats d’émission acoustique .................................. 138
3.1. Introduction ................................................................................................................. 138 3.2. Analyse temporelle ..................................................................................................... 138 3.3. Identification des paramètres d’EA les plus pertinents ............................................... 141
3.4. Analyse multi-paramétriques ...................................................................................... 144
Table des matières
Page 10/ 194
3.5. Reconnaissance et classification des salves ................................................................ 145 3.6. Identification des salves .............................................................................................. 150 3.7. Détermination des filtres ............................................................................................. 154 3.8. Validation de la procédure de filtrage ......................................................................... 155
3.8.1. Corrosion par micro-piles ..................................................................................... 155 3.8.2. Corrosion par macro-pile ...................................................................................... 157 3.8.3. Eprouvettes non corrodées .................................................................................... 158
3.9. Conclusion .................................................................................................................. 158
4. Validation de la procédure de filtrage et relation entre événements acoustiques et courant de corrosion ...................................................... 160
4.1. Introduction ................................................................................................................. 160 4.2. Mesures électrochimiques et électriques ..................................................................... 161
4.2.1. Mesure du potentiel anodique ............................................................................... 161 4.2.2. Mesure de la résistance de polarisation Rp et de la chute ohmique Ru ................. 162
4.2.2.1. Principe de mesure de la résistance de polarisation et de la chute ohmique . 162
4.2.2.2. Résultats ......................................................................................................... 164 4.3. Examen visuel de l’état de corrosion .......................................................................... 165 4.4. Contrôles par émission acoustique .............................................................................. 167
4.4.1. Traitement des données ......................................................................................... 167 4.4.2. Corrélation EA/ Icorr ............................................................................................ 171
4.5. Conclusion .................................................................................................................. 174
CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................... 175
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .............................................. 179
Table des figures ................................................................................... 189
Table des tableaux ................................................................................. 193
Introduction générale
Page 11/ 194
INTRODUCTION
GENERALE
Introduction générale
Page 12/ 194
La grande majorité des ouvrages d’art et des bâtiments sont construits en acier et en
béton armé. Une des principales causes de la pathologie du béton est la corrosion des
armatures, liée en partie aux problèmes environnementaux. Cela représente 55% des
dégradations observées par la British Cement Association. On comprend l’intérêt d’étudier ce
type de pathologie et d’évaluer l’état des armatures par une technique non destructive de
façon précoce afin de suivre son évolution et d’y remédier au plus tôt.
Les deux mécanismes les plus courants contribuant au développement de la corrosion
sont la pénétration des chlorures et la carbonatation du béton. Ceux-ci génèrent deux types de
corrosion respectivement par piqûres et généralisée.
Tous les dispositifs déjà mis en œuvre pour déterminer l’état de corrosion des armatures sont
limités d’une part par l’accès au cœur du matériau, d’autre part par la technicité employée. On
peut actuellement connaître à chaque instant l’état de corrosion dans lequel se trouve une
armature (passivité, immunité ou corrosion probable) dans une structure en béton. Cela se fait
depuis plusieurs années par la mesure du potentiel de corrosion et l’évaluation de la vitesse de
corrosion. Mais la mesure du potentiel de corrosion qui est une technique éprouvée faisant
l’objet de recommandations [RILEM, 2004] demeure une méthode intrusive qui nécessite
l’accès à l’armature.
De nouvelles techniques acoustiques sont mises au point pour évaluer des défauts dans le
béton, mesurer des épaisseurs sans avoir accès à l’armature. La technique d’émission
acoustique qui consiste à détecter un événement acoustique, généré par une libération brutale
d’énergie mécanique comme des contraintes locales dans le béton, doit permettre
l’auscultation des armatures dans le béton et de vérifier l’état de l’évolution de l’ouvrage sans
l’endommager. Une des orientations actuelles de l'utilisation de l'émission acoustique en
génie civil consiste à corréler des événements acoustiques avec l'activité de corrosion des
armatures. Cependant, l’émission acoustique ne détecte que de la corrosion active. L’EA ne
peut pas indiquer l’état dans lequel se trouve l’armature mais seulement une évolution de
corrosion à partir d’un instant donné. Les différentes études actuelles font état soit d’études
sur des câbles de précontrainte soit sur des éprouvettes de béton armé en laboratoire. De
nombreux essais en laboratoire présentés dans la littérature [Austin, 2004], [Idrissi, 2005], [El
Maaddawy, 2003], [Alonso, 2002] ont été effectués sur des éprouvettes de manière à obtenir
une corrosion accélérée. Plusieurs méthodes sont utilisées d’une part pour initier la corrosion
et d’autre part pour la propager. L’initiation de la corrosion des armatures se fait par l’attaque
d’agents agressifs ou par carbonatation du béton. La propagation se fait soit par l’application
Introduction générale
Page 13/ 194
d’un champ électrique, soit en utilisant des cycles environnementaux différents.
Malheureusement la plupart de ces essais utilisent des courants imposés beaucoup plus élevés
que les valeurs usuelles mesurées sur ouvrages.
Le but de cette étude est tout d’abord de déterminer un essai de corrosion accélérée se
rapprochant le plus possible de la corrosion rencontrée dans les structures en béton armé.
Puis, une fois l’essai de corrosion validé par des techniques électrochimiques éprouvées, il
s’agit de vérifier la sensibilité de l’EA à détecter une corrosion à de faibles densités de
courant.
Le premier chapitre va faire un état des connaissances sur les différents aspects de la
corrosion dans le béton, en rappelant les principes fondamentaux et les techniques classiques
d’identification et de suivi de la corrosion. On s’intéressera, d’une part aux différents essais
de corrosion accélérée mis au point jusqu’à présent et d’autre part, à la technique d’émission
acoustique qui se développe dans le domaine de la corrosion et plus particulièrement à ses
applications actuelles dans le Génie Civil.
Pour identifier les salves et les qualifier, il a été nécessaire de confronter les résultats obtenus
par émission acoustique avec des mesures électriques et électrochimiques. Les résultats sont
présentés dans le deuxième chapitre pour l’ensemble des corps d’épreuve testés. Ce chapitre
comprend également l’étude de différents essais de corrosion accélérée et la démarche qui
nous a conduit à valider un essai dont le courant de corrosion se rapproche des valeurs
usuelles. Différentes conditions d’initiation et de propagation de la corrosion ont été testées de
manière à obtenir les deux types de corrosion rencontrées dans le béton armé : la corrosion
par piqûre et la corrosion généralisée.
Cet essai est développé dans le troisième chapitre dont l’objet est d’une part d’identifier les
salves relatives aux deux types de corrosion en mettant au point une méthode de classification
et d’autre part de corréler les résultats acquis par émission acoustique avec les densités de
courant de corrosion.
Introduction générale
Page 14/ 194
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 15/ 194
CHAPITRE I: ÉTUDE
BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 16/ 194
1. Les besoins en évaluation non destructive des ouvrages
1.1. La problématique
Aujourd’hui, le parc structurel en acier et en béton armé représente la grande majorité des
ouvrages d’art et des bâtiments. La corrosion des aciers dans le béton est une des premières
conséquences liées aux problèmes environnementaux à l’origine de la pathologie du béton.
De plus en plus, les maîtres d’ouvrage doivent répondre à une demande de la part des
utilisateurs en matière de sécurité. La préoccupation des maîtres d’ouvrage est donc la
connaissance de l’état des ouvrages de leur parc ainsi que de leur suivi afin de permettre leur
maintenance et leur pérennité dans le temps. Le but est non seulement d’évaluer d’un point de
vue non destructif les ouvrages mais également de prévoir les évolutions afin, soit de
permettre une amélioration, soit d’en valider l’état pour plus de sérénité. Tous les dispositifs
déjà mis en œuvre sont limités d’une part par l’accès au cœur du matériau, d’autre part par la
technicité employée. Les dispositifs à mettre en place dépendent non seulement du matériau à
étudier mais également de la pathologie de celui-ci.
C’est pourquoi l’étude des différentes pathologies du béton et de l’acier va permettre de
déterminer les dommages causés, de les qualifier et de les quantifier afin d’obtenir un
diagnostic propre à chaque pathologie.
1.2. Les pathologies du béton
Les ouvrages en béton armé constituent le matériau composite le plus couramment employé.
La dégradation du béton se fait à partir de différentes attaques chimiques résultant de diverses
réactions.
Seuls deux mécanismes contribuent au développement de la corrosion des aciers dans le
béton : la carbonatation et la pénétration des ions chlorure. Les attaques peuvent être
également d’origine physique comme les cycles de gel-dégel, provoquant des fissurations à
l’origine de la pénétration d’agents agressifs.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 17/ 194
1.2.1. Réaction Alcali-granulat
L’attaque chimique par alcali-réaction est favorisée par un milieu humide et une teneur en
alcalins élevée du béton. Certains granulats peuvent contenir des formes de silices réactives.
Ceux-ci réagissent avec la phase liquide interstitielle du béton contenant des alcalins comme
le potassium et le sodium. Cette réaction s’accompagne de la formation de gel expansif,
susceptible de créer des fissures.
La fissuration apparaît sous forme de réseau de type faïençage (maille étroite avec des
fissures de faible profondeur, quelques centimètres) comme sur la photo figure I-1.
Figure I- 1 : Mur faïencé sous l’effet d’une réaction alcali-granulat
1.2.2. Lixiviation
La plupart des ouvrages peuvent être affectés par des eaux de ruissellement sous l’effet de la
pluie, de l’eau de mer, des eaux souterraines et de la neige. Le béton comprend outre les
granulats, la pâte de ciment qui est fortement basique avec un pH autour de 12,5 de par sa
solution interstitielle. La pâte de ciment est composée de 15 à 20% de portlandite, de silicates
de calcium hydratés, d’aluminates et de sulfoaluminates de calcium hydratés.
Les eaux de ruissellement sont en général moins basiques ce qui entraîne un déséquilibre
entre le milieu extérieur et le béton. Cela produit des sels insolubles ou solubles (ce qui est
plus préjudiciable) puisque la dissolution est associée à un lessivage de la chaux très soluble
dans l’eau. Ce phénomène, appelé lixiviation, s’accroît si le béton contient beaucoup de chaux
comme le ciment Portland pur. Il entraîne des dégradations et une fragilisation du matériau en
augmentant la porosité interne et en diminuant les propriétés mécaniques du béton. Cela se
manifeste par l’apparition d’efflorescences en surface du béton [Calibe, 2002].
Une enquête publiée par l’OCDE classe ce type de dégradation en deuxième position derrière
la corrosion [OCDE, 1989].
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 18/ 194
1.2.3. Attaque par les sulfates
Les bétons qui sont au contact des eaux souterraines ou soumis à certaines pluies acides,
sont susceptibles de subir des réactions chimiques avec les ions sulfates. Cela conduit à des
phénomènes locaux de cristallisation sous forme d’aiguilles. Les cristaux formés constituent
de l’ettringite dite secondaire très expansive qui engendre des contraintes internes capables de
dégrader le béton et par conséquent l’ouvrage.
La conséquence est le gonflement interne du béton avec une manifestation de fissures en
réseau suivant un maillage large de quelques dixièmes de millimètres à quelques millimètres
[Divet, 2003].
1.3. La corrosion des armatures
La corrosion des armatures est la dégradation la plus courante des ouvrages du génie civil.
Cela représente 55% des dégradations observées lors de l’enquête réalisée par la British
Cement Association [BCA, 1997]. En 1994, l’IREX a mené une enquête sur des ouvrages
très divers. Il en résulte que ce sont les armatures de peau et les armatures les plus sollicitées
qui sont les plus corrodées [Taché, 1994]. Dans le cas des armatures de peau, la corrosion est
reliée à l’épaisseur du béton d’enrobage et à sa porosité. Dans le cas des armatures principales
les plus sollicitées, c’est la fissuration du béton qui en est à l’origine. La corrosion ne peut
s’initier que lorsque l’environnement est propice à son développement. Par sa forte basicité le
béton est un excellent passivant pour les armatures en acier mais si la carbonatation ou les
chlorures parviennent à migrer jusqu’aux armatures, le pH peut s’abaisser suffisamment pour
que la corrosion s’initie. Les détails relatifs au développement des conditions propices à
l’amorçage et à la propagation de la corrosion seront présentés au paragraphe 2.2.
Lors du coulage du béton, l’acier corrodé superficiellement après stockage à l’air libre se
trouve plongé dans un milieu très basique (pH=12,7), la solution interstitielle du béton.
Cela forme autour de l’armature une fine couche d’oxydes en surface appelée couche de
passivation [Duval, 1992] qui la protège naturellement de la corrosion.
Pour que la corrosion ait lieu, la présence simultanée d’eau et d’oxygène est une condition
nécessaire.
Les armatures du béton peuvent subir deux types de corrosion : corrosion par carbonatation et
par pénétration des chlorures.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 19/ 194
1.4. Nécessité de la reconnaissance des pathologies
La reconnaissance, l’identification et la quantification des pathologies sont nécessaires pour
l’évaluation de l’état des ouvrages. Pour cela on peut avoir recours à divers types
d’investigations. Les plus basiques mais qui demeurent incontournables sont basées sur des
surveillances régulières par des relevés visuels. Sur la base de ces relevés on peut alors avoir
recours à des investigations supplémentaires plus ou moins approfondies par le biais de
moyens semi-destructifs, non destructifs voire sur des prélèvements. Notre objectif ici est de
mettre en avant l’intérêt des essais non destructifs.
L’évaluation de l’état des ouvrages doit être faite en regard des fonctions qui leur sont
attribuées. Pour que l’ouvrage soit capable d’assurer ces fonctions, il est nécessaire qu’il
satisfasse certaines exigences en termes de performances mécaniques, d’étanchéité, de défauts
pouvant altérer son esthétique ou de façon plus large de durée de vie.
Dans le processus d’évaluation non destructive d’un ouvrage, plusieurs familles de techniques
peuvent être envisagées. Dans une de ces familles, sont répertoriées toutes les techniques
dédiées au suivi dans le temps de l’ouvrage appelé monitoring. On peut citer par exemple le
suivi des déplacements, des mouvements d’appui, des déflexions,… Mais on peut également
trouver des méthodes moins directes dans le sens où les informations qu’elles fournissent ne
sont pas directement traduisibles en termes d’éléments de diagnostic sans un traitement
préalable, telles que le suivi par analyse vibratoire ou par émission acoustique.
Le monitoring permet d’ausculter, de diagnostiquer à temps les problèmes éventuels, voire
prévoir et prévenir les risques pour anticiper les problèmes et y répondre à temps. Il faut
anticiper et détecter les défauts de structure ou problèmes à temps, contrôler et suivre le
vieillissement des matériaux afin d’augmenter la durée de vie des structures et matériaux
[AFGC, 2005].
Le contrôle est nécessaire pour évaluer l’état des structures. Il doit s’inscrire dans une
démarche qualité supposant ainsi l’existence d’un système qualité. Ce système doit être
normalisé et récurrent. Le contrôle trouve son origine dans le rôle, il s’agit de vérifier si c’est
conforme à la norme. L’évaluation trouve son origine dans la valeur, il s’agit de déterminer ce
que ça vaut, la qualité de ce que l’on est en train de regarder par rapport à l’état de départ
[Bollon, 1996]. On vise à qualifier et à quantifier les matériaux, à suivre leur évolution dans le
temps.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 20/ 194
Auscultation :
Une méthode de suivi des ouvrages et de contrôle est l’auscultation. Elle vise à mieux
connaître l’état de l’ouvrage de manière à vérifier l’évolution de la pathologie et à déterminer
les prédictions.
L’auscultation a souvent fait appel à des techniques comme des prélèvements (essais
mécaniques, essais physiques, analyses chimiques et minéralogiques, analyses optiques
(pétrographie, métallographie)) ou des mesures sur ouvrage après une observation visuelle
[Godart, 2005]. L’auscultation des fondations peut se faire par carottage et permet de se
rendre compte de l’état de celle-ci. Un grand nombre d’instruments d’auscultation permet
d’aboutir à un diagnostic fiable et sûr comme la mesure de potentiel de corrosion nécessité
l’accès aux armatures. Cependant ces mesures sont destructives.
Il est nécessaire de mettre en place des méthodes non destructives afin d’évaluer. Des
méthodes non destructives permettent l’auscultation du béton armé, des armatures dans le
béton , du béton et de la structure et de vérifier l’état de l’évolution de l’ouvrage sans
l’endommager comme [Godart, 2005]:
• Les méthodes par propagation d’ondes mécaniques
• Les méthodes électromagnétiques
• Les méthodes thermiques
• Les méthodes électriques et électrochimiques
• Les méthodes radiographiques
• Les méthodes optiques
• l’auscultation des fondations profondes par carottages soniques.
Evaluation :
On peut ainsi connaître à chaque instant l’état de corrosion dans lequel se trouve une armature
dans une structure en béton, par exemple. Cela se fait depuis plusieurs années par la mesure
du potentiel de corrosion, l’évaluation de la vitesse de corrosion.
L’évaluation se fait par différentes mesures qui visent à déterminer l’état dans lequel se
trouvent l’armature (passivité, immunité ou corrosion probable) et le béton :
• mesure de la vitesse de propagation des ultrasons dans les matériaux (béton, pierre,
bois, …)
• mesure de la capacité portante des fondations profondes
• mesure profondeur d’enrobage
• mesure de teneur en chlorures
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 21/ 194
• mesure de résistance en compression
• mesure de vitesse de corrosion
Diagnostic :
Cela permet de détecter les pathologies pour y remédier au plus tôt afin de faire un état des
lieux et de suivre l’évolution. Cela vise également à prédire la durée de vie d’un ouvrage : à
partir du diagnostic (état de santé actuel), de sa cinétique de vieillissement dépendant des
caractéristiques intrinsèques du matériau et des agressions possibles résultant des conditions
environnementales.
Dans le cas des altérations du béton armé par corrosion, suivant le type d’environnement, il
est nécessaire d’évaluer les indicateurs de durabilité usuels que sont la profondeur
carbonatée, la teneur en ions chlorures, la porosité du béton, les coefficients de diffusion mais
également la profondeur d’enrobage qui constituent les données d’entrée des modèles de
prédiction de la durée de vie de l’ouvrage. L’identification des indicateurs de propriétés et de
durabilité à évaluer constitue un préambule essentiel à toute opération d’auscultation. Afin de
s’inscrire dans une démarche de durabilité, un des indicateurs est de prévoir l’amorçage de la
corrosion, c’est-à-dire de déterminer son temps d’initiation.
Dans le cas du béton carbonaté, le suivi du front de carbonatation peut être contrôlé en
comparant la position des armatures avec la profondeur du béton carbonaté, soit par une
méthode destructive en vérifiant avec de la phénolphtaléine, soit par une méthode non
destructive en calculant le temps d’initiation de la corrosion et en utilisant la loi de
propagation suivante :
D
dt i
2
316,0= (1)
où ti représente le temps d’initiation, D le coefficient de diffusion des ions chlorure et d
l’épaisseur du béton d’enrobage [Gulikers, 2000].
D’autres moyens d’investigation sont utilisés pour prévoir l’évolution de la corrosion comme
le suivi de la vitesse de corrosion ou du potentiel d’électrode (voir paragraphe 2.3).
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 22/ 194
2. La corrosion : phénomène et caractérisation
2.1. La corrosion de l’acier : Grands principes électrochimiques
Ce chapitre décrit les principes de base de la corrosion qui sont normalement valables pour
tous les métaux.
Une première partie explique la thermodynamique des réactions de corrosion. Mais l’aspect
thermodynamique seul ne permet pas d’interpréter les faits expérimentaux. Il y a d’autres
phénomènes qui interviennent comme la cinétique électrochimique qui est l’étude de la
vitesse des réactions électrochimiques. Une réaction électrochimique est une réaction
d’oxydo-réduction qui a lieu à l’interface entre l’électrode et l’électrolyte. Deux processus
complémentaires interviennent comme le transfert de charge entre l’électrode et l’électrolyte
et le transfert de matière des espèces redox de l’électrolyte à la surface de l’électrode. Ce
transport de matière peut avoir lieu par diffusion, convection et migration. La deuxième partie
explique la cinétique des réactions de corrosion qui détermine le taux de corrosion.
2.1.1. Processus de corrosion.
Il convient de préciser que la corrosion d’un métal a comme moteur différents processus de
corrosion tels que :
- corrosion électrochimique : corrosion aqueuse
- corrosion chimique
- corrosion biochimique
- corrosion par érosion
- corrosion en milieu gazeux : corrosion sèche
Nous nous intéresserons essentiellement dans ce chapitre à la corrosion aqueuse (corrosion
électrochimique) car c’est l’un des phénomènes les plus importants qui correspond en outre
au processus de corrosion de l’acier dans le béton. Son existence est conditionnée par la
présence simultanée en surface du métal de zones cathodiques et anodiques. Ces zones
peuvent subir des réactions d’oxydation et de réduction lorsqu’elles sont en contact avec une
solution électrolytique conductrice d’ions. Cette forme de corrosion est due à la formation de
micro-piles à l'intérieur du métal lui-même. Nous envisagerons ensuite au chapitre 2.2.4 les
facteurs favorisant cette corrosion.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 23/ 194
Il existe deux types de réaction électrochimique (réaction d’oxydo-réduction):
- réaction chimique directe : métal plongé dans une solution.
- pile électrochimique : apparition d’un courant entre deux électrodes lorsqu’on les
réunit.
Afin de refléter avec précision la corrosion qui se produit au sein de la structure, les actions
dues aux micro-piles doivent être ajoutées à celles dues à la macro-pile [Andrade, 1991].
De nombreuses recherches ont été effectuées et toutes s’accordent à penser que le courant de
corrosion icorr représente l’activité combinée d’une part par la micro-pile et d’autre part par la
macro-pile. Nous allons expliquer ces deux mécanismes de corrosion, la corrosion par macro-
pile et par micro-piles [Elsener, 2002], [Smolinski, 2007], [Andrade, 1996].
2.1.1.1. Corrosion par micro-piles
La corrosion par micro-piles est observée lorsque les réactions anodiques et cathodiques ont
lieu non loin d’une autre réaction. Elle se produit à des endroits isolés le long de la barre
comme des piqûres de corrosion. Les réactions anodiques et cathodiques étant proches les
unes des autres sur une petite surface, la dissolution de l’acier se fait sur une zone assez large
qui donne l’impression d’avoir une corrosion généralisée. Cette dernière résulte en général de
la carbonatation du béton ou d’une très forte attaque par les chlorures concentrés en une zone
[Elsener, 2002] et [Raupach, 1996].
2.1.1.2. Corrosion par macro-pile
Les macro-piles se développent quant à elles lorsqu’il y a de grandes zones anodiques qui
sont en contact électrique avec des zones cathodiques [Andrade, 1991] et [Keddam, 1994]. Le
béton agit comme un électrolyte afin de compléter la pile galvanique.
La corrosion par macro-pile a une influence sur la corrosion par micro-pile, elle peut en
augmenter les effets.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 24/ 194
2.1.2. Notion de thermodynamique électrochimique
2.1.2.1. Corrosion électrochimique du fer
L’état métallique n’est pas thermodynamiquement stable, dans des conditions naturelles
d’utilisation, contrairement aux oxydes de fer Fe2O3 qui sont thermodynamiquement plus
stables que le métal Fe. Le risque de corrosion est donc « naturel ». Le processus de corrosion
aqueuse est un processus électrochimique car il se traduit par une réaction à laquelle des
espèces chimiques et des charges électriques prennent part. Il est à la fois réaction chimique et
transfert d’électrons (figure I-2). La corrosion électrochimique résulte de l’établissement de
courants locaux dus à l’existence de piles locales, la réduction cathodique et l’oxydation
anodique étant localisées en deux zones distinctes. Il se crée ainsi une différence de potentiel
entre ces deux zones.
La corrosion correspond à la formation, à partir de l’état métallique, d’ions passant en
solution donc à une oxydation. Le plus souvent, un ion en solution est identique à celui
existant dans la phase métallique:
(Fe2+)métal → (Fe2+)solution (2) A température ambiante, la corrosion des matériaux métalliques est exclusivement due à
l’eau, même si d’autres facteurs peuvent intervenir.
La réaction anodique correspond à la dissolution du fer.
Fe Fe 2+ + 2e- (3)
La réaction (4) est nécessairement couplée avec une réaction de réduction dite réaction
cathodique, éliminant les électrons produits:
(Ox+q)solution + (e-)métal → (Red+(q-1))solution (4)
Les oxydants les plus communs sont :
- la molécule d’eau selon la réaction H2O + e- → ½ H2 + OH- (5)
- les ions H+ par H+ + e- → ½ H2 (6)
- l’oxygène dissous par O2 + 4H+ + 4e-→ 2H2O (7)
ou par O2 + 2H2O+ 4e- → 4OH- (8)
- la valence supérieure d’un ion à valences multiples, par exemple
Fe3+ + e- → Fe2+ (9)
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 25/ 194
Figure I- 2 : Processus de la corrosion de l’acier dans le béton [Moriande, 2005]
Le processus électrochimique peut s’écrire sous la forme suivante :
−+ +→++ OHFeOHOFe 22
1 222 (10)
Les produits de réactions anodiques et cathodiques peuvent parfois réagir :
22 )(2 OHFeOHFe →+ −+
(11)
On obtient ainsi un hydroxyde qui recouvre la surface métallique et la protège (réaction de
passivation). D’autres anions que OH- comme Cl-, SO42- peuvent réagir et participer à la
formation de la couche qui recouvre le métal.
Les réactions (11) et (7) que l’on rencontre dans le béton armé réagissent selon les équations
suivantes :
OHOFeOOHFe 23222 22
1)(2 +→+ (12)
donnant un composé rouille rouge-brun, l’hématite.
OHOFeOOHFe 24322 32
1)(3 +→+ (13)
donnant un composé noir, la magnétite.
Si le taux d’oxygène est élevé et le pH>6, alors Fe(OH)2 précipite et est rapidement oxydé et
hydrolysé en Fe(OH)3. A long terme, Fe(OH)3 peut se transformer en goethite par perte d’eau.
OHOHFeOOHFe 23 )()( +→ (14)
Les réactions (3) et (5) sont caractéristiques du couple Métal / Solution.
A l’échelle macroscopique, elles ont lieu simultanément et au même endroit.
Un métal est formé d’un réseau d’ions positifs et d’un nuage d’électrons pouvant se déplacer
par rapport à ces ions. Lorsque le conducteur électronique (Fe) est en contact avec un
conducteur ionique par exemple électrolyte (H2O), il constitue une électrode. Les ions
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 26/ 194
superficiels Fe2+ tendent à passer dans l’eau en abandonnant dans le métal Fe deux charges
négatives. Les charges négatives ainsi crées à la surface du métal Fe maintiennent les ions à
courte distance et il se forme ainsi une couche d’ions positifs parallèle à la surface du
métal. L’interface entre les deux phases représente pour chacune une très forte perturbation
dans la distribution locale de leurs charges électriques, dont la densité moyenne locale est
normalement nulle.
Il s’établit ainsi de part et d’autre de l’interface des charges d’espace non nulles, électronique
du côté du métal et ionique du côté de la solution. En première approximation, la répartition
de ces densités de charge électriques de signe opposé peut être considérée comme située dans
deux plans parallèles correspondant à un condensateur électrique (double couche d’Helmotz)
[Briant, 1989].
Il existe ainsi entre les deux « plaques » de ce condensateur une différence de potentiel
appelée « potentiel d’électrode » ou « potentiel électrochimique » ou « potentiel du métal »
(sous entendu par rapport à la solution) et dans tout l’espace concerné un très fort champ
électrique local.
Ce champ électrique et le potentiel d’électrode associé influent naturellement sur les transferts
de charge électriques entre les deux phases métal et solution, c’est à dire sur les deux
réactions (3) et (5). En sens inverse, ces transferts modifient les charges d’espace et donc la
différence de potentiel du condensateur.
Même si les deux réactions (3) et (5) sont indépendantes, elles engendrent et subissent toutes
les deux le même type d’interaction avec les grandeurs électriques potentiel et courant. Elles
sont donc mutuellement couplées par leurs effets électriques.
De même pour la relation entre potentiel et courant (interaction en boucle) : le potentiel U
influence le courant i, comme d’habitude en électricité, et le transfert de charges par le
courant qui circule, influence en retour la distribution de ces charges, et donc le potentiel.
2.1.2.2. Loi de Nernst
Les métaux se trouvent en principe à l’état d’oxydes, de sulfates et de carbonates. Une fois
réduits à leur état métallique tel le fer, ils ont tendance à revenir à leur état initial, c’est-à-dire
à la forme oxydée qui est thermodynamiquement stable. C’est ce phénomène chimique qui est
appelé corrosion.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 27/ 194
Il se crée vite un équilibre dynamique qui correspond à la dissolution du métal (oxydation) :
Oxydation −+↔ enOxd .Re
Réduction
Cet équilibre correspond à un potentiel E représentant la différence de potentiel entre le métal
Ox et l’électrolyte contenant les ions (figure I-3).
Ce potentiel est régi par la loi de Nernst :
+=
d
ox
C
C
nF
RTEE
Re
0 ln (15)
E0 : potentiel standard de l’électrode de travail, le métal.
n : nombre d’électrons.
R : constante des gaz parfaits ( 8,314 J.mol-1.K-1).
F : nombre de Faraday ( 96500 C/mol ).
T : température absolue.
COx et CRed : concentration des espèces Ox et Red en solution.
Figure I- 3 : Réaction d’oxydo-réduction et transport du courant (réaction électrochimique)
[Torbiero, 2006]
Le potentiel standard de l’électrode E0 est mesuré par rapport à une électrode de référence dite
électrode standard à l’hydrogène ou au calomel.
Le potentiel d’équilibre n’est mesurable que lorsqu’il n’y a pas de courant.
2.1.2.3. Diagramme de Pourbaix
Lorsqu’on plonge un métal, ici, une barre de fer, dans une solution contenant les ions
métalliques, il existe une différence de potentiel entre le métal et la solution qui est appelée
potentiel d’électrode. Chaque couple oxydo-réducteur (Fe/Fe2+; H2O/H+) a un potentiel
d’électrode par rapport à une électrode de référence. Lorsque ces deux couples sont mis en
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 28/ 194
jeu, au bout d’un temps suffisamment important pour qu’un régime stationnaire soit établi, il
se crée une différence de potentiel entre l’électrode métallique et la solution appelé potentiel
de corrosion.
Le métal a un potentiel qui dépend fortement de son environnement. Certains potentiels
d’électrode sont influencés par le pH du milieu environnant. C’est le cas de l’armature dans le
béton. Le pH de la solution électrolytique a une forte influence sur le potentiel de l’armature.
Le pH de la solution interstitielle du béton fortement basique joue le rôle de protecteur de
l’armature. Si l’on fait varier le pH de la solution interstitielle, le potentiel du système
acier/béton va varier et modifier l’état de l’armature. On trace ainsi le diagramme de Pourbaix
E = f (pH) à partir des équations d’équilibre donnant le potentiel d’équilibre d’une réaction
d’oxydoréduction, issues de l’équation de Nernst (15) [Duval, 1992]. De nombreuses
réactions d’électrode dont celles conduisant à la formation d’oxydes en milieu aqueux font
intervenir les ions H+. Le potentiel E dépend donc du pH de la solution. Les diagrammes de
Pourbaix (potentiel-pH) permettent de prévoir les réactions de corrosion métallique (figure I-
4). Mais en aucun cas, ces prévisions ne font intervenir de considérations cinétiques.
Figure I- 4 : Diagramme de Pourbaix (Potentiel-pH) relatif au fer en milieu aqueux (Fe-H2O) [Pourbaix, 1975]
Dans ce diagramme, les zones délimitées par des traits indiquent les couples de valeurs (E,
pH) pour lesquelles une espèce est stable.
Il met en évidence plusieurs domaines :
- des zones de corrosion (zone a), on est dans une zone de stabilité d’espèces solubles du fer
(Fe2+).
c
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 29/ 194
- des zones de passivité (zone b), on est dans une zone de stabilité d’un de ses oxydes (Fe2O3).
- des zones d’immunité (zone c), le métal ne réagit pas, on est dans une zone de stabilité du
fer (Fe).
Les différentes frontières représentées correspondent respectivement aux équilibres suivants
[Pourbaix, 1975] :
1 2 Fe3+ + 3 H2O ↔ Fe2O3 + 6 H+ pH = 1,76
2 2 Fe2+ + 3 H2O ↔ Fe2O3 + 6 H+ + 2 e- E(V)= 1,082 – 0,1773 pH
3 3 Fe2+ + 4 H2O ↔ Fe3O4 + 8 H+ + 2 e- E(V)= 1,512 – 0,2364 pH
4 2Fe3O4 + H2O ↔ 3 Fe2O3 + 2 H+ + 2 e- E(V)= 0,221 – 0,059 pH
5 3Fe + 4 H2O ↔ Fe3O4 + 8 H+ + 8 e- E(V)= 0,085 – 0,059 pH
6 Fe ↔ Fe2+ + 2 e- E(V)= -0,617
7 Fe2+ ↔ Fe3+ + e- E0(V)= -0,771
2.1.3. Approche cinétique
La thermodynamique n’explique pas à elle seule le processus de corrosion électrochimique.
C’est une réaction d’oxydo-réduction avec deux processus cinétiques complémentaires
comme le transfert de charge et le transfert de matière.
Une réaction électrochimique est presque toujours constituée d’une succession d’étapes
élémentaires qui sont associées pour former une réaction en chaîne.
Chaque étape élémentaire a sa vitesse propre. La régulation de la réaction en chaîne est
assurée par l’étape élémentaire qui a la vitesse la plus faible (étape lente limitante). Les étapes
plus rapides ont lieu à une vitesse inférieure à leur vitesse maximale propre.
2.1.3.1. Equation de Butler-Volmer : loi fondamentale de la cinétique électrochimique
La loi de Nernst nous a permis de relier l’évolution du système à la différence de potentiel
entre les deux couples et de définir le potentiel d’équilibre de l’électrode.
Lorsqu’un courant circule dans la cellule galvanique, le système est nécessairement hors
équilibre.
La vitesse des réactions électrochimiques est reliée au courant i et une réaction ne peut se
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 30/ 194
produire que dans un domaine de potentiel. On peut donc relier le courant (paramètre
cinétique) et le potentiel (paramètre thermodynamique).
D’un point de vue cinétique, la vitesse d’une réaction électrochimique correspond au transfert
d’un certain nombre d’électrons à l’interface matériau métallique/ solution [Jaubert, 2004].
On peut donc l’évaluer à partir de la densité de courant et des cinétiques de chacune des
réactions anodiques et cathodiques. La vitesse globale dépend de la cinétique de l’étape la
plus lente qui contrôle l’ensemble du processus.
La vitesse d’une réaction dépend du transfert de charge, du transfert de matière (diffusion) et
du transport de matière (convection).
En supposant qu’il n’y a pas d’agitation de l’électrode (pas de convection), la vitesse de la
réaction électrochimique du système métal/électrolyte dépendra de la cinétique du transfert
d’électrons et de la cinétique du transfert de masse qui contrôle les concentrations
interfaciales.
Soit la réaction : Red Ox + nF.e- (16)
A l’équilibre, la vitesse globale est nulle : vox=vred=v0. nFA
iv =0 (17)
Le courant électrique i traversant l’interface électrochimique dépend de la vitesse du
processus et s’exprime ainsi [Torbiero, 2006]: OxddOx CkCkAFn
i..
..ReRe −= (18)
avec ( ) ( )
−−×=RT
EEnFkkox
01exp
α (19)
et ( )
−−×=RT
EEnFkkred
0
expα
(20)
A : aire de l’électrode en cm2.
kOx et kRed : constantes de vitesse du processus d’oxydation et de réduction.
COx et CRed : concentrations de Ox et de Red à la surface de l’électrode.
La notion de potentiel d’électrode est liée à la notion d’équilibre. Les conditions hors
d’équilibre se caractérisent par la production constante d’entropie interne (2ème principe de la
thermodynamique) ∆G.
Hors équilibre, il existe une différence entre le potentiel E (lorsqu’un courant circule) et le
potentiel de repos E0 appelée surtension η.
Il a été démontré que η est directement reliée à ∆G = E -E0 [Henn, 2006].
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 31/ 194
En posant les hypothèses d’une cinétique de 1er ordre, on a :
Fn
iv d
d .Re
Re = (21)
et Fn
iv Ox
Ox .= (22).
Et en reliant à l’équation de Nernst (15) et aux conditions aux limites, on obtient l’équation de
Butler-Volmer simplifiée :
( )
−−
−=RT
nF
RT
nFii
ηαηαexp
1exp0 (23)
Elle démontre le lien existant entre le courant de la cellule et le potentiel du système.
2.1.3.2. Droites de Tafel : notion de cinétique électrochimique
Lorsque la différence entre le potentiel E et E0 appelée surtension η est suffisamment élevée,
la réaction anodique ou la réaction cathodique devient négligeable devant l’autre.
Pour une surtension anodique ηa, on a :
)exp(0aa RT
nFiii ηα== (24)
Pour une surtension catodique ηc, on a :
))1(exp(0cc RT
nFiii ηα−−== (25)
Dans ces relations, on peut définir les coefficients de Tafel anodique et cathodique par :
nF
RTa α
β = nF
RTc )1( α
β−
= (26) (27)
On a dans ce cas : )/( 0iiLn aaa βη = )/( 0iiLn ccc βη −= (28) (29)
Pour la branche anodique : )(log)3,2/()(log 0
1010 ii aaa += βη (30)
Pour la branche cathodique : )(log)3,2/()(log 01010 ii ccc +−= βη (31)
Ces relations sont les droites de Tafel anodique et cathodique qui décrivent les limites
anodique et cathodique de l’équation générale de Butler-Volmer (23).
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 32/ 194
L’équation de Butler-Volmer (23) et l’équation de Tafel (24) permettent de tracer les droites
de Tafel ln(i)=f(E) (figure I-5) et d’en déduire le courant d’échange i0 et le potentiel Eeq.
L’intersection des droites anodique et cathodique, extrapolées au potentiel de corrosion,
donne la densité de courant d’échange ou courant de corrosion icorr (A.cm-2) à l’équilibre.
[Moriande, 2005]
Les domaines de potentiels pour lesquels la courbe rejoint les droites de Tafel sont les
domaines de Tafel anodique et cathodique (figure I-5).
Figure I- 5 : Graphe Droites de Tafel d’après [Moriande, 2005]
2.1.3.3. Loi de faraday : étude quantitative (cinétique de corrosion)
La corrosion d’un métal se traduit par une perte de masse. Pour déterminer la durée de vie
d’une structure soumise à une attaque électrochimique, il est nécessaire d’évaluer en fonction
du temps la quantité de métal passé en solution.
La loi de Faraday permet la détermination de cette perte de masse m (g):
Fn
tiAm
corr
.
..= (32)
A : masse atomique du métal (g),
icorr : intensité du courant de corrosion (Ampère),
t : temps (s),
n : le nombre d’électrons de valence,
F : la constante de Faraday égale à 96500C/mole.
Cette relation montre que pour un métal donné, la perte de masse est proportionnelle au
courant de corrosion. Dans la pratique la résistance d’un métal en service dans un électrolyte,
se caractérise par la cinétique de corrosion exprimée en mm/an.
On classe les métaux en quatre catégories :
ic(H+) ln i
ln icorr
Droites de Tafel ia(Fe)
E (V) E corr
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 33/ 194
Tableau I- 1 : Cinétique de corrosion
Vitesse de corrosion (µm/an) Résistance à la corrosion
< 0,05 Très résistant TB
< 0,5 Résistant B
0,5 à 1,0 Peu résistant AB
> 1 Non résistant M
2.2. La corrosion de l'acier dans le béton
2.2.1. Différents types de corrosion
Il existe plusieurs types de corrosion des armatures du béton dépendant de l’environnement et
du milieu agressif.
La corrosion des aciers dans les ouvrages en béton armé est de deux types :
- Corrosion localisée par piqûres : attaque par les chlorures
- Corrosion généralisée par carbonatation du béton : elle se caractérise par l’existence
de plusieurs processus électrochimiques élémentaires.
La corrosion des armatures en anaérobie démontrée par Raharinaivo est nommée la « rouille
verte ».
2.2.2. Principales causes de corrosion
La corrosion de l'acier dans le béton ne peut se produire que lorsque certaines conditions
physico-chimiques sont réunies. L'existence de conditions particulières conduit au démarrage
d’un processus électrochimique qui tend à dissoudre localement le fer métallique afin de
former des produits plus stables (oxydes, oxyhydroxydes...).
2.2.2.1. Rôle du béton
Le béton protège l'acier de la corrosion du fait d’une part de la forte alcalinité (pH élevé de
l’ordre de 12,5 à 13) de sa solution interstitielle et d'autre part, de son rôle de barrière contre
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 34/ 194
la pénétration d'agents agressifs. Pour comprendre l’influence du milieu sur la corrosion des
armatures, il est nécessaire de connaître la composition de la solution interstitielle au
voisinage de l’acier dont dépendent les processus électrochimiques dépendent. Le béton
enrobant l’acier est un matériau poreux constitué de trois phases : solide, liquide et gazeuse.
La phase solide est constituée de granulats et de la pâte de ciment. Les granulats inactifs en
général sur la corrosion des armatures peuvent, par leur présence, ralentir la pénétration
d’agents agressifs [Garboczi, 1998]. Toutefois la présence de liquides dans leurs pores peut
influer sur la cinétique de corrosion. La pâte de ciment poreuse, composée de silicates de
calcium hydraté C-S-H (50 à 70% du volume), de portlandite Ca(OH)2 et ettringite joue un
rôle important parce que la pénétration des agents agressifs se fait par les pores.
La phase liquide, d’après les travaux de Powers et al, se présente sous quatre formes : l’eau
liée chimiquement, l’eau adsorbée à la surface des C-S-H, l’eau interfeuillet et l’eau contenue
dans les pores capillaires [Powers, 1947]. La solution des pores est thermodynamiquement en
équilibre avec la phase solide et fortement chargée en ions. Lorsque des agents extérieurs
pénètrent, la solution change et a des effets sur la matrice cimentaire.
La phase gazeuse est contenue dans la porosité. C’est l’air contenu dans la porosité connectée
qui favorise la pénétration des agents agressifs vers les aciers. Cette pénétration s’accompagne
de l’acidité de la solution et de la dépassivation de l’acier.
2.2.2.2. Etat de l’acier dans le béton
L’acier est un alliage passivable c’est-à-dire capable de former une couche protectrice, dense,
étanche et isolante électriquement, qui s'oppose au passage de ses ions métalliques vers
l'électrolyte. Cette passivation est fonction du pouvoir oxydant de l'électrolyte et de la
morphologie de la couche formée.
Les propriétés oxydantes de la solution entraînent une réaction entre la barre de fer et la
solution électrolytique qui conduit à la croissance initiale d’adsorbats hydroxylés en surface
du métal. Ensuite, il se forme une couche oxydée continue non poreuse qui constitue une
phase homogène nouvelle. L’acier se trouve en principe à l’état d’oxydes, de sulfates et de
carbonates. L’acier est recouvert d’une couche passive, une couche d’oxydes, qui le protègent
des agressions extérieures. Dès lors que le milieu environnant change, la stabilité de
l’ensemble béton/acier est « modifiée ». La couche passive disparaît et la corrosion peut
s’amorcer.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 35/ 194
2.2.2.3. Dépassivation par carbonatation du béton
Le métal à l’état actif subit une attaque uniforme et régulière au pourtour de sa surface. C’est
le cas des armatures dans le béton carbonaté qui subissent une dissolution uniforme de la
surface métallique après dépassivation de l’armature. Cela résulte de la pénétration du gaz
carbonique jusqu’à l’armature. La combinaison de la portlandite contenue dans le ciment et de
l’acide carbonique de l’air forme du calcaire en libérant de l’eau, qui en abaissant le pH élevé
de la solution interstitielle (pH = 12,7), va détruire la couche passive environnant l’armature.
On dit que les aciers sont dépassivés.
Le CO2 pénètre sous forme gazeuse dans le béton d’enrobage et réagit avec les hydrates du
ciment, en particulier la portlandite Ca(OH)2, pour former en présence d’eau, de la calcite
CaCO3 suivant la réaction (34) :
( ) ( ) OHCaCOCOOHCa g 2322 +⇒+ (33)
Cette réaction entraîne la consommation de bases alcalines présentes dans la solution
interstitielle des bétons aboutissant à une diminution du pH qui passe d’une valeur de 13 à une
valeur inférieure à 9. Le taux de carbonatation dépend principalement de l'humidité relative,
de la concentration en CO2, des différentes pressions partielles de CO2 et de la température de
l'environnement où le béton est placé [Neville, 2001]. L’ordre de grandeur de la profondeur
de pénétration du CO2 est de 20 à 25mm en 50 ans pour un béton de porosité moyenne exposé
sous nos climats. Il a été démontré qu’à partir d’une distance de 25 à 30 mm à l’intérieur du
béton, il n’y a plus d’échange gazeux dû aux dépôts de calcaire de la pâte du ciment [Girard,
1998]. Le pH reste stable autour de 11 et la corrosion ne se manifeste pas. De même, les
bétons immergés ne carbonatent pas compte tenu de l’absence d’échanges gazeux [Valls,
2002].
La progression du CO2 dépend de la perméabilité de ce dernier. L’état hydrique du béton
influe sur sa perméabilité. Lors de la réalisation d’ouvrage en béton, un seuil de perméabilité
du béton est fixé de manière à limiter la pénétration d’agents agressifs comme le CO2. Ce
seuil dépend de l’exposition de l’ouvrage (état hydrique) [Balayssac, 1998].
On peut mesurer la profondeur de carbonatation, c’est-à-dire de pénétration du CO2, dans le
béton grâce à un essai destructif sur un prélèvement en pulvérisant un indicateur coloré, la
phénolphtaléine.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 36/ 194
On peut ainsi suivre l’évolution de la profondeur de carbonatation x(t) en fonction du temps
grâce à des lois empiriques de la forme (Loi de Fick):
tDktx **)( = (34)
avec D : coefficient de diffusion (diffusivité de la carbonatation).
Le CO2 présent dans l’atmosphère se diffuse dans les pores du béton et se dissout en acide au
contact de la solution interstitielle. Cette acidification conduit à la dissolution des hydrates et
notamment de la portlandite, abaissant ainsi le pH de la solution à une valeur inférieure à 9,
en réduisant la passivation des aciers et permettant l’amorçage de la corrosion des armatures.
La réaction bilan de carbonatation de la portlandite (33) indique que l’eau est libérée dans le
réseau poreux [Thiery et al, 2003].
Les produits de corrosion formés provoquent des décollements aux interfaces acier-béton.
Pour un matériau cimentaire à porosité constante, la carbonatation devrait engendrer une
expansion volumique du matériau carbonaté de 11% en raison du rapport des volumes
molaires de la portlandite et de la calcite [Huet, 2005]. Il a été démontré que le matériau se
resature en eau dans la zone réactionnelle en raison de la réduction de porosité couplée à la
quantité d’eau relarguée, ayant pour effet de ralentir la pénétration du dioxyde de carbone et
donc de ralentir l’avancement du front de carbonatation [Bary, 2004].
Il a été démontré que la période et les conditions initiales de cure ont une influence sur le
temps et la profondeur de carbonatation du béton [Cengiz, 2002]. La longueur initiale de cure
humide augmente le degré d'hydratation du ciment et réduit la porosité et la perméabilité du
béton [Neville, 2001], en limitant la diffusion de CO2 dans l'échantillon. Il est nécessaire pour
augmenter la résistance d’un béton d’augmenter le degré d’hydratation du ciment. Mais ce
n’est pas le but de cet essai. Mais une période minimale de cure est tout de même nécessaire à
l’hydratation des grains de ciment. Plus le temps initial de cure humide est long, plus le temps
de carbonatation est long pour atteindre la même profondeur de béton carbonaté.
2.2.2.4. Dépassivation par l’attaque des chlorures
Elle se traduit sous forme de piqûre plus ou moins circulaire après rupture localisée du film
passif. Seule une faible surface externe est affectée, on dit qu’elle est localisée. L'attaque se
prolongeant en profondeur dans l’acier, la perte de section rapide entraîne une chute de la
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 37/ 194
capacité portante de la structure. Les ions chlorure, véhiculés par l’eau, pénètrent dans la
solution interstitielle du béton jusqu’à l’armature. Ils pénètrent dans le béton par diffusion à
travers la porosité ou le long d’une fissure. Les ions chlorure associés aux hydroxyles présents
dans la solution provoquent la destruction de la couche de passivation de l’armature et
abaissent le pH de la solution. La corrosion peut alors commencer.
La seconde loi de Fick régit la diffusion des ions chlorure au travers de la solution
interstitielle contenue dans les pores du béton :
Forme de l’équation : )2
()(),( 00tD
xerfcccctxc
app
s −+= (35)
c(x,t) : concentration des ions chlore à la profondeur x et au temps t
c0 : concentration initiale en ions chlorure.
cs : concentration à la surface en ions chlorure.
Dapp : coefficient de diffusion apparent des ions chlorure.
dttxerfc
x)exp(
21)(
2∫ −
−=π
(36)
2.2.2.5. Amorçage et propagation de la corrosion
La corrosion des armatures dans le béton est décrite par le modèle phénoménologique de
Tuutti [Tuutti,1982]. Il considère que la corrosion des armatures est divisée en deux phases :
une phase d’incubation et une phase de propagation (figure I-6).
Figure I- 6 : Modèle de K.Tuutti
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 38/ 194
La phase d’incubation correspond à une période pendant laquelle les agents agressifs
pénètrent dans le béton d’enrobage jusqu’à l’armature.
Quand les agents agressifs atteignent le niveau critique qui va provoquer la dépassivation de
l’acier, la corrosion s’amorce puis se développe à une vitesse qui dépend de la température, de
la présence d’oxygène et de la conductibilité électrique du béton [François, 1994].
Le temps t0 correspond au passage de la phase d’incubation à la phase de propagation.
2.2.2.5.1. Corrosion généralisée
Dans le cas de la corrosion de l’armature par carbonatation du béton, on considère que
l’amorçage de la corrosion commence dès que le front de carbonatation atteint les armatures à
t0, correspondant au commencement du processus de dépassivation. Pour accélérer ou retarder
l’amorçage, il faut intervenir sur l’épaisseur du béton d’enrobage. En comparant les
profondeurs de pénétration des agents agressifs et l’épaisseur du béton d’enrobage, on peut
estimer si la corrosion est amorcée.
Dès lors que l’amorçage de la corrosion a eu lieu, si les conditions environnementales ne sont
pas modifiées, la propagation ne peut pas être interrompue.
2.2.2.5.2. Corrosion localisée par piqûres
Les ions chlorures Cl- pénètrent dans le béton et provoquent, à partir d’une certaine
concentration dans la solution des pores, au niveau des armatures, la destruction locale du
film de passivation et l’initiation d’une corrosion localisée. Les ions chlorures s’introduisent
dans la couche passive en remplaçant l’oxygène et en augmentant à la fois sa solubilité, sa
perméabilité et sa conductivité ionique. Ils sont rarement distribués de manière homogène à la
surface de l’acier laissant subsister quelques imperfections dans la couche passive qui facilite
l’incorporation des ions chlore. La dégradation de la couche passive est un phénomène local
conduisant à une corrosion par piqûre. Des études menées par le Building Research
Establishment ont établi des teneurs en chlorures critiques ou valeur limite. La valeur limite
de la teneur en chlorures de 0,4% par masse de ciment est utilisé pour la prédiction de vie des
bétons [BRE, 1997]. On considère que la quantité de chlorures libres nécessaires pour détruire
la couche de passivation dépend de la quantité de portlandite présente. Toutefois il s’avère
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 39/ 194
que le dépassement des seuils critiques définis ne constitue pas toujours une condition
suffisante pour amorcer la corrosion. La qualité de l’interface entre l’armature et le béton peut
également être déterminante [Castel, 2000].
2.2.3. Produits de corrosion
On trouve différents types de produits de corrosion suivant la nature des espèces en solution.
On peut les répertorier en fonction de la valence de l’atome de fer dans le réseau cristallin
[Huet, 2005]. Ainsi pour une valence croissante, on trouve les oxydes de fer II, les rouilles
vertes, la magnétite et les oxydes et oxy-hydroxydes de fer de valence III.
Parmi les oxydes de fer II, en fonction du milieu électrolytique, on trouvera l’hydroxyde
ferreux (Fe(OH)2). L’oxydation de l’oxyde de fer de valence II mène à la rouille verte.
[Raharinaïvo, 1998] a observé, après avoir fendu une éprouvette corrodée, qu’il existait à
l’interface acier-béton en anaérobie des produits de corrosion verts qui virent immédiatement
au brun lors de l’exposition à l’air de l'éprouvette, tandis qu’à l’extérieur de l’éprouvette, il
apparaît des produits de corrosion brun à la jonction entre l’acier et le béton. Il peut s'agir de
la rouille verte ou des ions ferreux (Fe2+). Puis on trouve des produits d’oxydation des rouilles
vertes comme la magnétite, l’akaganéite dans les milieux chlorurés et les oxydes de fer de
valence III (figure I-7).
Figure I- 7 : Composés susceptibles d’apparaître au cours du processus d’oxydation du fer
selon Misawa et Pons
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 40/ 194
2.2.4. Facteurs influents sur la corrosion des armatures du béton
Les facteurs qui influencent la pénétration des chlorures ou du dioxyde de carbone et par
conséquent la corrosion des armatures sont les propriétés des matériaux (composition du
ciment, porosité du béton, pH, …), la réalisation de la construction (temps de cure, …) et les
actions de l’environnement (concentration en chlorures, en CO2, température, humidité
relative, …).
On s’intéresse dans ce paragraphe aux paramètres fortement variables comme la température,
la concentration en chlorures, la nature de l’armature et la résistivité du béton (porosité).
2.2.4.1. La température
La variation de température influence le potentiel de la réaction qui est régi par la loi de
Nernst selon l’équation (15).
D’après Liu et Weyers, une augmentation de la température accroît la vitesse de corrosion
[Liu, 1998]. Ce phénomène peut s’expliquer d’une part par le fait que les processus anodiques
(oxydations des composants de l’acier) et cathodiques (réduction des protons en milieu acide)
sont activés thermiquement. Il en résulte un courant d’échange c’est-à-dire une vitesse de
corrosion augmentant avec la température. Une élévation de 10 à 20°C multiplie par deux la
vitesse de corrosion en situation de corrosion active.
Le changement de température dans le béton entraîne le changement d’autres paramètres.
Cornell et Schwertmann ont expliqué dans leurs études que la température avait une influence
directe sur la nature des oxydes formés dans le béton [Cornell, 2003]. L’effet total de la
température sur le taux de corrosion dans le béton est très complexe et contrôlé par
l’interaction de plusieurs autres facteurs. L’élévation de température augmente la vitesse de la
réaction mais peut également agir sur un autre facteur de corrosion. Par exemple,
l’abaissement de solubilité de l’oxygène dans l’eau, lorsque la température augmente, est un
cas où la corrosion se ralentit par manque d’oxygène.
D’autre part, en milieu aéré, une élévation de température facilite la diffusion de l’oxygène
dans la solution augmentant le courant d’échange.
Le modèle développé montre une relation entre le courant de corrosion et la température de la
forme suivante :
−=
12
228321
11.
TTeii (37)
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 41/ 194
Lorsque l’on plonge une éprouvette en béton armé dans un bain à différentes températures, on
constate que le courant circulant dans le système électrode/ électrolyte change.
La densité de courant de corrosion passe de 1µA/cm2 à 5µA/cm2 lorsque la température
s’élève de 5°C à 40°C.
2.2.4.2. Résistivité du béton (Porosité)
Les caractéristiques du réseau poreux (porosité, distribution des tailles de pores,…)
déterminent les propriétés de transfert. Ces propriétés de transport du béton vont évoluer dans
le temps du fait de la carbonatation et de la fissuration qui modifient le réseau poreux et par
conséquent la cinétique de corrosion.
La résistivité du béton a une influence sur le taux de corrosion à une même température. Elle
est proportionnelle à la vitesse de corrosion lorsque l’armature est à l’état actif sauf dans le
cas de béton saturé, très sec ou dégradé [Huet, 2005]. Plus elle sera élevée, moins le béton
sera conducteur, et donc le passage du courant sera limité. La résistivité du béton est
fortement conditionnée par sa phase liquide. Plus la porosité du béton est forte, plus la phase
liquide peut être importante et par conséquent plus la résistivité est faible. Plus le béton aura
une résistivité élevée, plus la diffusion des ions agressifs sera limitée et le courant de
corrosion sera faible.
Dans le cas d’une résistivité infinie, c’est-à-dire un béton sec, le courant de corrosion est très
faible et proche de 0 µA/cm2. Pour une résistivité du béton faible, c’est-à-dire un béton très
humide dans des conditions normales d’utilisation, le courant de corrosion sera plus élevé et
pourra atteindre la valeur de 2,5 µA/cm2.
Dans le cas de structures en béton armé totalement immergées dans l’eau, le taux de corrosion
est contrôlé par l’oxygène fourni. Le faible taux d’oxygène ralentit le processus de corrosion.
2.2.4.3. La concentration en chlorures
Les ions chlorures conditionnent la solubilité des produits de corrosion et l’existence de
dépôts [Marcotte et al, 2003]. Leur présence dans le béton armé a une influence sur la
corrosion puisque leur présence induit un risque de localisation de la corrosion, notamment
par piqûre [Lacombe, 1990], augmentant le courant de corrosion.
D’une part, une concentration critique est nécessaire pour que la dépassivation des aciers
débute, ce taux limite est fonction du ratio entre les ions chlorures et les ions hydroxydes
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 42/ 194
présents dans la solution intersticielle. D’autre part, lorsque la concentration en ions chlorure
augmente, la conductivité du béton augmente, favorisant le passage des ions chlorures vers
l’armature.
En milieu chloruré, lorsque la dissolution du métal se poursuit sous le dépôt, l’excès d’ions
Fe2+ ou Fe3+ produits conduit à la diffusion inverse des anions Cl- pour respecter la neutralité
des charges. Les cations métalliques s’hydrolysent selon la réaction :
++ +→+ HOHFeOHFe 2)(2 222 (38)
Il se forme ainsi un hydroxyde qui protège l’armature.
On note, pour des éprouvettes identiques placées dans des solutions électrolytiques contenant
des quantités de ions chlorures différentes, des courants de corrosion différents.
2.2.4.4. Nature et composition de l’acier.
[Beranger, 1994] et [Lacombe, 1990] ont décrit l’influence de la nature des armatures sur la
corrosion en fonction du milieu dans lequel elles sont situées.
Dans un milieu neutre aéré, la nature de l’acier intervient peu car le facteur contrôlant le
phénomène de corrosion est la concentration en oxygène dissous.
Dans un milieu acide, c’est la nature et la composition de l’acier qui sont des facteurs
importants du développement de la corrosion. En effet, la corrosion se développe tant qu’elle
n’est pas limitée par l’appauvrissement en protons H+. Hors, en milieu acide, la réaction de
réduction du proton H+ en H2 est lente de telle façon que le courant d’échange et le courant de
la surtension varient en fonction du matériau sur lequel la réduction se produit. La surtension
d’hydrogène sera différente selon les éléments d’alliages, impuretés et phases cristallines de
l’acier. De même, les traitements thermiques conditionnent la répartition et la taille des phases
pouvant créer des piles localement, donc des phénomènes de corrosion localisée.
2.3. Méthodes de caractérisation de la corrosion des aciers dans le béton
Les méthodes électrochimiques sont très souvent utilisées. La méthode la plus usitée est la
mesure de potentiel de corrosion. Cette méthode s’appuie sur les recommandations (ASTM et
RILEM), mais ne donne qu’une évaluation qualitative. Son utilisation est toutefois contestée
pour certaines applications particulières notamment dans le cas de béton en présence de
chlorures. Une autre méthode : la mesure de résistance de polarisation présente l’avantage de
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 43/ 194
fournir des données plus quantitatives que précédemment et de renseigner sur la vitesse de
corrosion.
D’autres outils de mesure utilisant la propagation des ondes sont en cours d’étude comme le
radar, l’impact écho et l’émission acoustique.
2.3.1. Méthodes électrochimiques et électriques
2.3.1.1. Mesure de potentiel de corrosion
La mesure de potentiel de corrosion ou de potentiel d’électrode est une des techniques les plus
usitées dans le domaine du contrôle non destructif en génie civil.
Cette méthode est utilisée dans le but de déterminer l’état de corrosion des aciers dans le
béton. Des recommandations ont été publiées par l’ASTM (C876-91) [ASTM, 1991] et
RILEM TC154-EMC [RILEM, 2004].
Pour mesurer le potentiel d’une électrode, il est nécessaire d’introduire dans la solution
électrolytique un second conducteur électronique qui va constituer une deuxième électrode ;
c’est la différence des potentiels internes des deux conducteurs électroniques qui représente
le potentiel de l’électrode. A condition de choisir comme sonde toujours la même électrode
appelée électrode de référence, il est possible, à une température donnée, de comparer le
potentiel de différentes électrodes dites de travail ou de suivre le potentiel d’un système. Il
existe plusieurs électrodes de référence. En pratique, trois d’entre elles sont utilisées, la plus
stable étant celle au calomel. Elles ont un potentiel défini par rapport à l’électrode à
hydrogène normal (EHN) à 20°C (tableau I-2).
Tableau I- 2 : Potentiel d’électrode de référence par rapport au potentiel à hydrogène.
Cuivre-sulfate de cuivre saturé Cu/ Cu SO4 (ESC) + 0,318 VEHN
Calomel saturé Hg2 Cl2 (ECS) + 0,241 VEHN
Argent-chlorure d’argent saturé Ag/ Ag Cl(ESS) + 0,199 VEHN
Dès qu’une armature est immergée dans le béton, qui se comporte comme un électrolyte, sa
surface est instantanément portée à un certain potentiel électrochimique du fait de l’apparition
d’une double couche électrochimique en surface. La différence mesurée entre le potentiel de
l’armature et celui de l’électrolyte est appelée potentiel de l’électrode.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 44/ 194
Les propriétés de l’électrolyte variant généralement en fonction de l’environnement, son
potentiel varie également. Cela génère des différences de potentiel d’électrode le long de
l’armature, ce qui amorce le mécanisme de corrosion. Le potentiel de corrosion Ecorr du
système acier-béton est une tension mesurée par rapport à une électrode de référence placée à
la surface du parement de béton. Les différences de potentiel mesurées dépendent d’une part
de l’état de corrosion dans lequel se trouve l’acier, d’autre part de l’électrode de référence
utilisée. L’électrode de référence étant placée à la surface du béton, les valeurs mesurées ne
représentent pas le potentiel au contact de l’armature. En effet le potentiel mesuré à la surface
est plus positif que celui que l’on aurait à l’anode, là où l’armature est corrodée.
Suivant l’endroit où est placée l’électrode de référence, la valeur du potentiel évolue et plus
l’on s’éloigne de la zone corrodée, plus le potentiel est positif du fait de la chute ohmique due
à la résistivité du béton d’enrobage.
2.3.1.2. Mesure de la résistivité électrique du béton
Cette méthode ne donne que la mesure d’une possible corrosion. Cette mesure est qualitative
et non quantitative.
La résistivité électrique du béton caractérise les possibilités de déplacement des particules
électriquement chargées. Elle représente la résistance spécifique du matériau au passage d’un
courant électrique. On l’exprime en Ohm-mètre (Ω.m ).
Il existe deux dispositifs de mesure de résistivité du béton :
• résistivité du béton de surface
La technique de mesure de la résistivité du béton de surface est directement issue de la mesure
de résistivité en géophysique. Le dispositif est composé de deux électrodes de courant servant
à l’injection dans le matériau d’un courant électrique et de deux électrodes de mesure du
potentiel ainsi créé (dispositifs WENNER ou quadripôle). Ce que l’on mesure est la résistivité
apparente.
).(I
Vk
∆=ρ (39)
avec k : facteur géométrique dépendant du dispositif retenu.
Les résultats des mesures de résistivité à la surface d'une structure, sont souvent portés sur un
plan (cartographie), pour visualiser les zones de faible résistivité. En effet, ces zones de faible
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 45/ 194
résistivité sont celles qui ont une forte humidité ou une forte teneur en sel (chlorure venant du
milieu environnant), donc des zones de corrosion des armatures.
• résistivité du béton d’enrobage
La résistance électrique d'un enrobage de béton peut être mesurée en polarisant une armature
à l'aide d'une contre-électrode placée à la surface du béton (figure I-8). Si la longueur et le
diamètre de l'armature concernée par la mesure sont connues, il est possible de calculer la
résistivité du béton.
DR..2=ρ (40)
avec : R : résistance donnée par la chute ohmique
D : diamètre électrode en surface.
Figure I- 8 : Mesure de résistivité d'un enrobage de béton, par
polarisation d'une armature
Dans le béton, le principal mode de transport de l’électricité, produit par un champ électrique,
est la conduction ionique. Les déplacements ioniques dans le béton sont dus à des réactions de
corrosion.
2.3.1.3. Evaluation de la vitesse de corrosion par la mesure de résistance de polarisation
Pour les mêmes raisons que pour la mesure du potentiel, tout courant imposé nécessite une
électrode auxiliaire. On mesure alors i directement sur le circuit électrique extérieur reliant les
deux électrodes. Il est nécessaire pour comprendre l’évolution de la corrosion, donc sa
cinétique, de connaître l’évolution des potentiels aux électrodes en fonction du courant de
corrosion. On trace ainsi les courbes de polarisation. Une vitesse de perte d’épaisseur de 1µm/
an correspond à un courant de corrosion de 0,1 µA. cm-2.
Les prévisions quantitatives nécessitent le calcul d’une vitesse de corrosion efficace et un
niveau de risque de corrosion (tableau I-3).
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 46/ 194
Tableau I- 3 : Niveaux de corrosion en fonction des vitesses de corrosion.
Vitesse de corrosion (µm/ an ) Niveau de corrosion Inf. à 1 Négligeable
De 1 à 5 Faible
De 5 à 10 Modéré
Sup. à 10 Elevé
Il s’agit d’appliquer à l’armature un faible courant continu changeant l’état initial du système.
Le dispositif nécessite une électrode de travail, une électrode de référence par exemple au
calomel, une contre-électrode, un générateur de tension et un système d’acquisition des
mesures. On détermine ainsi le paramètre électrique du système acier-béton : la résistance de
polarisation Rp.
On en déduit en appliquant la formule de Stern-Geary, le courant de corrosion :
p
corr R
Bi = (41)
La loi de Faraday nous donne la relation entre la vitesse de corrosion p et le courant de
corrosion Icorr .
FnA
tiMp corr
...
..
ρ= (mm/an) (42)
M : masse atomique du fer (g/mol).
icorr : intensité du courant de corrosion (Ampère),
t : temps (s),
ρ : densité du fer (g/mm3),
A : masse atomique du métal (g),
n : le nombre d’électrons de valence,
F : la constante de Faraday égale à 96500C/mole.
2.3.2. Les techniques acoustiques
Les méthodes acoustiques pour l’auscultation du béton s’appuient sur la propagation d’onde
mécanique à des fréquences inférieures à 300 kHz. Les techniques acoustiques utilisées ou à
l’étude pour détecter la corrosion dans le béton sont :
• le contrôle par ultrasons
• radar
• émission acoustique
C’est à cette dernière méthode que nous allons nous intéresser.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 47/ 194
2.3.2.1. Le contrôle par ultrasons
Les ultrasons sont des ondes mécaniques générées à partir d’un élément piézo-électrique
excité à une fréquence comprise pour de nombreuses applications entre 2 et 5 MHz. Cet
élément est souvent fixé d’un côté sur une semelle en matière plastique et de l’autre à un
amortisseur, l’ensemble constituant le transducteur [AFGC, 2005].
Le contrôle par ultrasons est basé sur la transmission, la réflexion et l’absorption d’une onde
ultrasonore se propageant dans l’élément à contrôler. Le train d’onde émis par le transducteur
émetteur se réfléchit dans le fond de la pièce et lorsque les ultrasons rencontrent un défaut
favorablement orienté par rapport à l’onde incidente, un écho revient vers le transducteur
récepteur.
Cette énergie mécanique réfléchie est transformée en signal électrique par l'élément piézo-
électrique et se signale par un écho sur le système de visualisation de l'appareil à ultrasons.
D'un point de vue pratique, on utilise un écran d’oscilloscope. Les échos sont représentés par
des pics sur l'écran. La position de l'écho permet de déterminer la profondeur à laquelle se
trouve l’inclusion dans la pièce et d'en apprécier le caractère volumique ou non.
Transmission
Réflexion
Figure I- 9 : Emission des ondes par ultrason
Suivant la position du récepteur en mode transmission ou réflexion (figure I-9), cela permet
d’avoir des informations sur les couches superficielles du béton dégradé, de connaître la
mesure d’épaisseur du béton par exemple et de rechercher des défauts comme la corrosion de
l’acier.
L’auscultation par ondes ultrasonores permet de contrôler la qualité du béton afin de détecter
des zones de différentes natures, de détecter et dimensionner des défauts et d’estimer la
résistance à la compression du béton.
récepteur source source
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 48/ 194
2.3.2.2. Radar
Le radar est un système générant des ondes électromagnétiques dans une gamme
d’hyperfréquences (de l’ordre de quelques MHz à quelques GHz ) [Laurens, 2001]. Les échos
sont enregistrés sous forme de traces temporelles.
Ce système est constitué d’une antenne d’émission, d’une antenne de réception, d’un système
électronique gérant l’émission et la réception des signaux et d’une unité d’acquisition et de
traitement.
Le principe est la transmission d’une impulsion électromagnétique de courte durée à la
structure au moyen d’une antenne émettrice (figure I-10).
Cette impulsion électromagnétique de courte durée se propage et se réfléchit sur toute
interface présentant un contraste d’impédance électromagnétique [Laurens, 2001].
Figure I- 10 : Schéma de principe d’une mesure Radar
Le radar est utilisé pour mesurer des épaisseurs, détecter des vides par exemple sous une
dalle, un radier, ou à l'extrados d'une galerie en éléments préfabriquées, localiser les armatures
et les fissures dans le béton armé ou pour caractériser les matériaux.
L'application de cette méthode nécessite néanmoins un accès direct à la surface de l'ouvrage à
ausculter. L’utilisation du radar dans l’évaluation de la corrosion des armatures a démontré
qu’il détectait les dommages causés par la corrosion, traduisant ainsi un stade avancé de la
corrosion. Des essais ont été réalisés sur des dalles de stationnement souterrain d’un hôtel
construit depuis plus de trente ans [Dous, 2002] (figure I-11). Le radar a permis d’évaluer le
taux d’humidité et la délamination.
L’exemple suivant est extrait de [Dous, 2002].
Antenne
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 49/ 194
inspection visuelle
Radar- Amplitude d’onde de la fin de dalle
Potentiel de corrosion (mV)
Figure I- 11 : Résultats par mesure radar, potentiel et visuel de la corrosion d’une dalle
Les résultats ont permis de démontrer qu’il y avait des similitudes entre le radar, le potentiel
de corrosion et le sondage au marteau. Cela indique essentiellement la probabilité de l’activité
de corrosion. Le radar peut donc prévenir des conditions favorisant l’initiation de la corrosion.
D’autres applications de la technique radar ont été dévelopées comme la caractérisation de
certaines propriétés physiques des bétons telles que la teneur en eau et en chlorures [Sbartaï et
al, 2005], des propriétés électromagnétiques comme la permittivité et la conductivité [Klysz,
2004].
2.3.2.3. Émission acoustique
C’est une technique consistant à détecter un événement acoustique et à localiser son lieu
d’émission. Ces événements sont générés par une libération brutale d’énergie mécanique
pouvant être attribuée, dans le cas du béton, à la fissuration locale du matériau.
Le temps d’arrivée du signal est différent pour chaque capteur, et dépend de la distance entre
le capteur et le lieu de la fissuration. En s’appuyant sur ce principe, il est possible en
confrontant les temps d’arrivée des signaux et en connaissant la position des capteurs de
localiser géométriquement l’événement détecté. Une des orientations actuelles de l'utilisation
de l'émission acoustique en génie civil consiste à étudier les corrélations entre la densité
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 50/ 194
d'événements acoustiques et l'activité de corrosion des armatures, de manière à détecter
précocement les phénomènes de corrosion [Li, 1998]. Cette approche a également été à
l'étude en France [Proust, 2001].
Le mode de détection des capteurs utilisés en Emission Acoustique (EA) est basé sur l’effet
direct de la piézo-électricité .
On mesure donc des quantités de charge qui se traduisent, une fois amplifiées et
conditionnées, en un signal transitoire dont l’amplitude s’exprime en dBEA (NF EN 1330-9).
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 51/ 194
3. Corrosion accélérée: essais
3.1. Différents essais en laboratoire
De nombreux essais en laboratoire ont été effectués sur des éprouvettes de manière à obtenir
une corrosion accélérée.
Plusieurs méthodes sont utilisées, soit par vieillissement accéléré du béton, soit en accélérant
la vitesse de corrosion de l’armature.
Pour cela, on trouve des essais réalisés sur des éprouvettes en béton armé ayant subi :
- d’une part des cycles environnementaux différents comme des cycles de
séchage/ humidification, des séjours en atmosphère carbonique ou en
brouillard salin (essai de vieillissement accéléré du béton).
- d’autre part, des courants imposés de l’ordre de 100 à 500 µA/cm2 entre
l’électrode de travail, c’est à dire l’armature, et la contre-électrode.
3.2. Essai par immersion-séchage et milieu chloruré
Le principal objectif de cet essai [Arliguie, 1997] est d'accélérer les processus de corrosion
des armatures, en favorisant la pénétration des agents agressifs (chlorures), tout en conservant
les deux étapes essentielles du mécanisme de la corrosion, l'étape d'amorçage et l'étape de
croissance. L'attaque corrosive est constituée par la combinaison de deux paramètres :
- l'alternance de périodes d'immersion et de séchage favorisant la migration des
agents agressifs,
- la présence d'un milieu agressif (solutions alcaline et saline).
Zdunek et P. Shah ont exposé les corps d’épreuve dans une solution électrolytique de sel
cyclique pendant 3 mois de façon à initier et accélérer la corrosion [Zdunek, 1995]. Il s’agit
d’une solution à base de 15% de NaCl avec des cycles de séchage de 3 jours et
d’humidification de 4 jours.
Les cycles de séchage et humidification accélèrent la pénétration de l’eau à l’intérieur. Il
s’ensuit une altération du béton et plus particulièrement de la pâte de ciment due à la présence
de l’eau. Le fait d’abaisser le pH de la solution électrolytique (pH< 11,5) conduit à la
décalcification du béton. Les phénomènes majeurs étant la dissolution à l’équilibre de la
portlandite (Ca(OH)2) conduisant à une augmentation de la porosité et du coefficient de
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 52/ 194
diffusion et la décalcification progressive des silicates de calcium hydratés (C-S-H) entre le
front de dissolution de la portlandite et la surface [Le Bescop, 2000].
Pour accélérer la dépassivation des armatures et initier la corrosion, une solution d'essai est
préparée à l'aide de chlorure de sodium et d'eau déminéralisée. La concentration est de 35
g/litre en NaCl. Cette solution est renouvelée lorsque son pH devient supérieur à 10 [Arliguie,
1997]. La durée totale de l'essai est de l’ordre de 3 à 6 mois.
Andrade et al ont introduit dans la pâte de ciment 3% de CaCl par kilogramme de ciment de
manière à provoquer une attaque active des armatures [Gonzalèz, 1995]. De même, les
éprouvettes ont subi des périodes répétées de séchage-humidification à l’aide d’un tampon
humidifié placé à la surface des éprouvettes. Les tests étant longs (6 ans), des courants
anodiques ont été appliqués pour accélérer les tests.
Dans le cas de ces essais de corrosion accélérée, on obtient une corrosion localisée, par
piqûre.
3.3. Essais brouillard salin
Il s’agit d’effectuer une attaque accélérée, par un brouillard salin artificiel [François, 1997].
Une enceinte a été conçue pour la conservation des corps d’épreuve, ici des poutres, en
ambiance saline (figure I-12).
Figure I- 12 : Enceinte à brouillard salin. Extrait de la thèse de Ziad Hamdan,
[Hamdan, 1993]
Le brouillard salin est généré par quatre pulvérisateurs en plexiglas positionnés à chaque
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 53/ 194
angle supérieur. Ils sont alimentés en air comprimé à une pression de 1000 hPa et en eau salée
à 35 g/l. Cette concentration est équivalente en masse à celle de l'eau de mer dont la teneur en
sels se situe souvent entre 32 et 38 g/l. La température moyenne de l'enceinte est de 20 °C.
L'expérimentation est conduite sur des poutres de béton armé de grandes dimensions,
conservées sous charge dans des ambiances agressives comme le brouillard salin. Un suivi de
l’état des armatures est réalisé à l'aide de mesures non destructives telles que la mesure du
potentiel électrochimique. Cela a permis de suivre l’évolution de l’endommagement du béton
ainsi que la pénétration des chlorures. Cela a permis de mettre en évidence les différentes
phases d’une corrosion localisée.
La corrosion en se développant a conduit à de la fissuration et contribué à accélérer le
phénomène. Il apparaît que l'endommagement des interfaces pâte-granulat accélère la
pénétration des agents agressifs dans les zones tendues des poutres indiquant que la
réglementation doit prendre en compte le niveau de sollicitation, l'agressivité du milieu et la
position des armatures pour déterminer l’épaisseur d’enrobage [Hamdan, 1993].
D’autres essais dont le but était de soumettre à des agents agressifs salins des corps d’épreuve
pour accélérer la dépassivation des armatures et initier la corrosion, ont été réalisés en faisant
varier la température de 14°C en hiver à 24°C en été [Andrade et al, 1995]. Ces essais ont
duré 6 ans. Cela a généré une corrosion localisée par piqûres et démontré l’influence de la
température sur le développement de la corrosion.
3.4. Essais en atmosphère carbonique
Il s’agit de mettre des éprouvettes en béton armé dans une enceinte de carbonatation de
manière à carbonater le béton jusqu’à l’armature et à dépassiver celle-ci pour amorcer le
processus de corrosion.
L'action du gaz carbonique étant très lente pour des mesures en laboratoire, il est habituel de
soumettre les éprouvettes testées à des essais accélérés qui consistent à les conserver dans des
ambiances enrichies en CO2. Dans les enceintes de stockage utilisées, l'ambiance est
constituée par un mélange de 50 % de CO2 et 50 % d'air, avec une humidité relative de 60%.
En effet, si le CO2 est nécessaire pour amorcer la corrosion, l'oxygène de l'air est
indispensable pour son développement.
La température de 20°C choisie, correspond à une vitesse maximale de diffusion. C'est donc
cette valeur moyenne qui est maintenue dans l'enceinte durant la période d'exposition.
En fonction de l’épaisseur d’enrobage de l’armature, les durées de carbonatation peuvent être
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 54/ 194
de l’ordre de 1 à 6 mois [Valls, 2002].
3.5. Essai avec courant imposé
Les méthodes avec courant imposé sont le moyen d’accélérer les phénomènes de corrosion
par rapport aux évolutions naturelles des matériaux. La réalisation va dépendre du type de
corrosion attendue. La corrosion électrolytique est définie comme un processus de corrosion
accélérée résultant du passage de courant.
Le comportement en corrosion du métal dans la solution est caractérisé par le potentiel de
corrosion Ucorr et par la vitesse de corrosion icorr proportionnelle (loi de Faraday) à la perte de
masse ou à la perte d’épaisseur.
Il s’agit de créer entre l’électrode de travail (anode) et la contre-électrode (cathode) une
connexion de manière à accélérer le processus de corrosion.
De nombreuses études ont été réalisées avec un courant imposé pour accélérer la corrosion
des corps d’épreuve. Austin et Lyons ont imposé des courants de corrosion de l’ordre de 100
µA/cm2 obtenant ainsi au bout de 2 jours une corrosion significative [Austin et al, 2004]. El
Maaddawy a imposé un courant de 200 µA/cm2, le but étant d’obtenir de la fissuration par
corrosion [El Maaddawy, 2003]. Gonzalèz et Feliu ont imposé un courant de 10 à 100
µA/cm2 sur des éprouvettes en béton armé [Gonzalèz, 1995]. Ces essais ont une durée de 1
mois. Cela a pour avantage de maîtriser le courant de corrosion. L’armature est bien corrodée
et on obtient des produits de corrosion [Austin, 2004], [Zongjin, 1998], [El Maaddawy, 2003].
Toutefois, on remarquera que de telles valeurs ne sont pas représentatives des valeurs usuelles
rencontrées en corrosion naturelle et qu’en outre, elles sont à l’origine de phénomènes
perturbateurs comme l’électrolyse de l’eau [Ferrigno, 1999].
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 55/ 194
4. L’émission acoustique
4.1. Technique de l’Emission acoustique
4.1.1. Généralités
L’émission acoustique (EA) est « l’ensemble des phénomènes dans lesquels des ondes
élastiques transitoires sont générées par dissipation d’énergie provenant de sources localisées
à l’intérieur d’un matériau» [ASTM, 1982]. C’est aussi la discipline scientifique qui étudie
ces phénomènes : détection des ondes résultant de micro-déplacements locaux internes à un
matériau soumis à une sollicitation statique ou dynamique (déformation à l’échelle
microscopique).
L’ensemble des fréquences des ondes concernées s’étend dans le domaine ultrasonore, c’est-
à-dire entre 20KHz et quelques MHz. L’origine de l’émission acoustique trouve sa place dans
le domaine de la séismologie. L’analyse des ondes élastiques produites par les séismes a été
utilisée pour caractériser le mouvement en termes d’énergie libérée et de localisation. Les
premiers travaux concernant l’émission acoustique ont été réalisés en 1950 par Kaiser.
Toutefois, on connaît depuis longtemps des phénomènes d’émission acoustique comme « le
cri de l’étain ». On peut dire que le matériau « parle » quand il est soumis à une sollicitation.
Avec le matériel d’émission acoustique, il est donc possible d’″écouter″ les bruits émis par le
matériau comme les ruptures de fibres et beaucoup d’autres détériorations que subit le
matériau contraint [Lenain, 1997].
L’émission acoustique est liée aux phénomènes transitoires que sont les micro-ruptures. Les
ondes émises contiennent des informations sur les mécanismes physiques qui les ont
engendrées. On peut ainsi, en utilisant l’émission acoustique, connaître le comportement des
matériaux testés tels que le béton, les métaux et tout autre matériau composite.
C’est une technique non destructive qui peut s’adapter à la plupart des matériaux. Elle permet
de détecter en temps réel soit des défauts évolutifs, soit un endommagement au sein du
matériau, soit des ruptures. C’est une méthode qui n’a pas d’influence sur l’évolution de
l’endommagement du matériau. En utilisant plusieurs capteurs, on peut également faire de la
localisation. Cependant, son application reste limitée du fait qu’elle ne peut détecter que des
évolutions. Tout défaut non évolutif, donc non énergétique, ne peut être décelé.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 56/ 194
4.1.2. Sources d’émission acoustique
4.1.2.1. Lors de différents endommagements
Les ondes de contrainte émises à l’intérieur du matériau sont détectées par un capteur, en
temps réel, et converties par ce dernier sous forme de signaux électriques. Les signaux sont
ensuite conditionnés (préamplificateur, amplificateur et filtre) avant d’être analysés.
Dans un matériau composite, les fissurations de la matrice et les décohésions ou ruptures de
fibres sont sources d’EA. Dans les métaux, l’EA est due à la fissuration, aux décohésions
d’inclusions, aux transformations de phase, à la corrosion généralisée, à la corrosion localisée
(piqûres) (figure I-13), aux impacts mécaniques, au glissement et clivage, au dégagement
gazeux,… Dans un matériau sous contrainte, la création d’un défaut ou son évolution se
traduit par un relâchement local des contraintes. Si le matériau est élastique, cela provoque
des oscillations entraînant une onde mécanique qui se propage à une certaine vitesse. Cette
énergie libérée brutalement dans le matériau est caractéristique du mouvement des ondes
élastiques produites.
4.1.2.2. Dans le processus de corrosion
Concernant l’étude de la corrosion par EA, plusieurs processus physiques interviennent et
peuvent être sources d’EA. On peut donc la détecter au fur et à mesure qu’elle se produit. Une
autre source possible est basée sur l’effet Kaiser. Il s’agit de faire évoluer les dommages créés
par la corrosion en appliquant une contrainte [Pollock, 1986].
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 57/ 194
−+− +> eMM 22
1HeH →+ −+
Figure I- 13 : Sources potentielles d’émission acoustique dans les phénomènes de corrosion
d’après [Yuyama, 1986]
Rouby avait démontré que les sources d’émission acoustique peuvent être analysées d’un
point de vue microscopique et macroscopique correspondant respectivement à l’amorçage et à
la propagation d’endommagements [Rouby, 1990]. Les sources macroscopiques peuvent
correspondre à différents phénomènes tels que la corrosion sous contrainte [Rothea, 1990],
[Proust, 1992], [Caron, 2000], la corrosion généralisée [Rettig, 1976], la corrosion localisée
par piqûres [Mazille, 1995] et [Frégonèse, 2001] entre autres. Différentes études ont été faites
[Yuyama, 1986] et [Pollock, 1986] pour recenser les sources microscopiques susceptibles
d’émettre pendant les phénomènes de corrosion uniforme ou de corrosion sous contrainte
(figure I-13). Parmi ces événements susceptibles d’intervenir au cours de la corrosion
uniforme et d’engendrer une émission acoustique, l’un d’eux est la dissolution du métal,
c’est-à-dire le passage d’atomes en solution. Mais ce phénomène n’est pas assez énergétique
pour être détecté par l’EA [Jaubert, 2004]. Lors de la formation de produits de corrosion, la
migration des atomes est en théorie source de contraintes et donc d’émission acoustique. La
rupture du film passif est également source de contrainte. Une autre source, générée par la
corrosion généralisée en milieu acide, est liée à la création de bulles de gaz comme
l’adsorption ou la désorption d’hydrogène.
Tous ces phénomènes sont susceptibles d’intervenir en même temps, modifiant ainsi les
signaux d’émission acoustique.
E
Réactions
anodiques
Réactions
cathodiques
Dissolution du métal Dégagement de H2 gazeux Rupture d’un film épais
d’oxyde E
Dissolution du métal
Rupture ou décohésion
d’inclusions ou de précipitée
Propagation de fissure
Déformation
Transformation martensitique
Glissement
E
E
E
E
E
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 58/ 194
4.1.3. Acquisition
4.1.3.1. Chaîne d’acquisition
C’est dans les années 70-80 que l’énorme potentiel de la technique d’émission acoustique a
commencé à se faire jour. Mais à l’époque, une des limites de la technique était liée aux
faibles capacités disponibles pour l’acquisition et le stockage des signaux. Mais avec les
progrès considérables des systèmes informatiques, les moyens d’acquisition des signaux
acoustiques évoluent sans cesse et des dispositifs d’acquisition et de traitement des signaux
relativement performants sont désormais disponibles [Thummen, 2004].
Le rôle de la chaîne d’acquisition est de recueillir les informations nécessaires à la
connaissance de l’état du système et de délivrer ces informations sous une forme appropriée à
leur exploitation (figure I-14).
Figure I- 14 : Exemple d’une structure de chaîne d’acquisition
Elle est généralement constituée de :
- Une acquisition de données (analogique)
- Plusieurs capteurs, pré-amplificateurs reliés à un système d’acquisition (figure
I-15)
- Une carte analogique/numérique permettant la transformation des données
- Un ordinateur + logiciel : traitement des données .
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 59/ 194
Figure I- 15 : Schéma d’une chaîne d’acquisition de signaux d’émission acoustique
4.1.3.1.1. Les capteurs
Un capteur est un dispositif qui transforme une grandeur physique d’entrée, appelée
mesurable [m], en une grandeur de nature électrique appelée réponse [s]. Les capteurs sont les
premiers éléments d’une chaîne de mesure ou chaîne d’acquisition de données.
Ce sont les interfaces entre le « monde physique » et le « monde électrique » [Toulminet,
2002].
Les capteurs les plus utilisés en émission acoustique sont les capteurs piézoélectriques car ils
sont sensibles et stables dans le temps. Ils ont la propriété de convertir les ondes mécaniques
qui les excitent en signaux électriques.
Deux types de capteurs sont choisis dépendant du domaine de fréquence ultrasonore des
ondes générées :
- Les capteurs résonants, de bande passante étroite mais très sensibles autour
d’une fréquence caractéristique. Cela entraîne une atténuation des composantes
fréquentielles situées hors de la bande passante modifiant ainsi l’allure des
signaux. Le capteur R15 a sa fréquence de résonance centrée à 150 KHz.
- Les capteurs à large bande qui ont l’avantage de ne pas modifier la forme
réelle du signal mais sans zone de sensibilité préférentielle sur cette bande,
comme le capteur µ80 qui a une bonne sensibilité entre 100 Hz et 1 MHz ou à
large bande WD80.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 60/ 194
4.1.3.1.2. Les pré-amplificateurs
Les ondes mécaniques sont converties en signaux électriques transmis ensuite à la carte
d’acquisition du système par l’intermédiaire du préamplificateur. Leur gain varient de 20, 40
à 60 dB et permet d’améliorer le rapport signal sur bruit d’une part et de filtrer les fréquences
non souhaitées d’autre part.
4.1.3.1.3. Le système d’acquisition
Le système d’acquisition est composé d’une carte qui permet la gestion de la configuration du
système comme la gestion des paramètres d’acquisition, la visualisation des graphes
d’acquisition. Elle permet également l’analyse par extraction des caractéristiques de la salve.
Puis les données peuvent être stockées grâce au système d’acquisition.
4.1.3.2. Paramètres acoustiques
Le but de la technique de l’émission acoustique est de détecter la présence de sources
émissives.
A partir de ces sources, le système d’acquisition les transpose en signaux électriques et en
extrait un maximum d’informations.
Pour cela, il est nécessaire de régler au mieux les paramètres d’acquisition comme le gain du
pré-amplificateur, la fréquence d’échantillonnage, les filtres et le seuil d’acquisition.
Afin de s’affranchir des bruits environnants qui correspondent à des bruits électromagnétiques
ou des bruits dus à la chaîne d’acquisition, il est nécessaire d’appliquer un seuil minimal
d’acquisition au dessous duquel le système d’acquisition n’enregistre pas les salves. Par
contre, les signaux qui ont une amplitude supérieure au seuil fixé sont enregistrés.
L’acquisition est interrompue jusqu’au prochain dépassement de seuil et le système enregistre
des salves qui sont déterminées par des paramètres que l’on va définir ci-après (figure I-16):
- seuil : tension électrique prédéfinie qui doit être dépassée pour qu’il y ait
détection d’une salve. Ce paramètre est à régler en fonction des acquisitions
souhaitées.
- Amplitude maximale : c’est l’amplitude atteinte lors d’une salve. Elle est
exprimée en mV ou en dBAE.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 61/ 194
- Nombre de coups : c’est le nombre de fois où les alternances du signal
dépassent le seuil. Ce paramètre est calculé pour chaque salve.
- Durée de la salve : temps écoulé entre le premier dépassement de seuil et le
dernier dépassement de seuil d’une salve.
- Temps de montée : intervalle de temps entre le premier dépassement de seuil et
l’instant où l’amplitude maximale est atteinte.
A partir de ces paramètres extraits de la salve, on peut calculer d’autres paramètres comme :
- La fréquence moyenne : rapport du nombre de coups sur la durée de la salve.
- L’énergie : intégrale du carré de l’amplitude de la salve sur sa durée :
E = ∫[ A(t)] 2.dt (43)
- La tension efficace moyenne ( notée RMS ) : elle est considérée comme la
racine carrée du apport de l’énergie de la salve E sur sa durée notée D :
RMS = ( E / D )1/2 (44)
Deux autres paramètres peuvent être extraits de l’analyse spectrale et plus particulièrement de
la transformée de Fourier.
- La fréquence du maximum d’amplitude : composante fréquentielle d’une salve
qui correspond au maximum d’amplitude du spectre de densité spectrale.
- Le barycentre de densité spectrale : c’est le barycentre de l’aire balayée par la
salve transcrite dans le domaine fréquentiel.
Figure I- 16 : Schéma d’une salve et ses paramètres
Il peut arriver que l’activité soit intense et que les signaux se succèdent sans interruption, on
parle d’émission continue. Lorsque les signaux sont interrompus jusqu’au prochain
dépassement de seuil, on parle d’émission par salves.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 62/ 194
4.2. La propagation des ondes
4.2.1. Signaux
Le matériau subissant une déformation irréversible génère des signaux de deux types ;
- un signal continu : ce type de signal correspond à un événement microscopique, peu
énergétique et fréquent dans le temps, relatif à des déformations plastiques et des
phénomènes ductiles. On rencontre ce type de signal dans les métaux comme
l’aluminium, le laiton.
- des signaux brefs, impulsionnels, de forte amplitude et de courte durée.
4.2.2. Vitesse de propagation
- ondes longitudinales ou de compression : ondes de volume, polarisées parallèlement à
la direction de propagation.
- ondes transversales ou de cisaillement : ondes de volume, polarisées
perpendiculairement à la direction de propagation.
- ondes de surface ou ondes de Rayleigh : se propagent dans une zone très proche de la
surface du matériau. Elles peuvent être longitudinales ou transversales.
- Ondes de plaque ou ondes de Lamb : se propagent dans les matériaux en forme de
plaque.
Elles correspondent à la superposition de deux ondes transversales ou longitudinales
se réfléchissant successivement sur les faces supérieures et inférieures de la plaque.
Ces ondes ont chacune une vitesse de propagation qui leur est propre et qui dépend du
matériau étudié. Les vitesses moyennes de propagation dans les aciers des ondes
longitudinales, transversales et de surface sont données dans le tableau I-4 :
Tableau I- 4 : Vitesses moyennes de propagation des ondes dans les aciers
Matériau VLONGITUDINALE VTRANSVERSALE VSURFACIQUE
Acier 6100 m/s 3240 m/s 3000 m/s
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 63/ 194
La propagation des ondes à travers le matériau modifie continuellement l’énergie de
dissipation ainsi que le spectre de fréquence. Cela est dû à la somme de réflexions et
d’absorptions des ondes dans le matériau qui modifient l’énergie et la fréquence.
Le signal reçu est également modifié par l’ensemble des éléments constituant la chaîne
d’acquisition.
Le signal fourni par la chaîne d’acquisition est le produit de convolution de trois fonctions de
transfert tel défini ci-dessous [Bellenger, 2002]:
V(t) = S(t) * G(t) * R(t) * H(t) (45)
S(t) : expression du signal tel que la source le génère.
G(t) : appelée fonction de Green. Elle représente la réponse impulsionnelle du milieu. Elle
rend compte des modifications de l’onde tout au long de son parcours entre la source et le
capteur.
R(t) : fonction de transfert propre du capteur.
H(t) : fonction de transfert propre au système d’acquisition. Elle prend en compte les
modifications induites par les pré-amplificateurs et l’application des différents filtres
fréquentiels.
4.2.3. Influence du milieu
Suivant le milieu dans lequel se trouvent les ondes, leur propagation sera différente. Dans le
cas du Génie Civil, la porosité du béton est un paramètre déterminant sur la vitesse de
propagation des ondes. Plus le béton sera compact, plus la vitesse sera élevée.
La taille des granulats et les différentes interfaces entre la pâte de ciment et les granulats et
l’armature ont également une influence.
4.3. Analyse des données enregistrées par émission acoustique
4.3.1. Analyse temporelle
La méthode la plus courante et la plus simple est de suivre dans le temps les différents
paramètres tels que le nombre de coups, l’amplitude, le nombre de salves et un autre
paramètre qui peut être mécanique (contrainte, charge, …) ou physique (température,
potentiel, …). L’étude de l’émission acoustique a été réalisée sur de nombreux matériaux
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 64/ 194
comme les bétons, les alliages, les aciers et donnent lieu à divers articles. Mais la plupart des
essais ne se déroulent pas dans les mêmes conditions de tests et les paramètres d’émission
acoustique sont différents d’une étude à l’autre,… Toutefois, il est possible de définir une
chronologie de l’endommagement des bétons pendant un essai [Thummen, 2004].
4.3.2. Analyse muti-paramétrique
Une autre méthode consiste à tracer un paramètre en fonction d’un ou deux autres. Des
exemples issus de la bibliographie sont présentés ci-après [Miinshiou,1998] :
L’émission acoustique est utilisée pour surveiller la formation de défaut et de fissures dans les
matériaux. Une analyse multi-paramétrique montre la corrélation entre l’effort appliqué sur le
matériau ou la contrainte et le nombre de coups cumulés issus des salves enregistrées en 2D
(figure I-17).
Figure I- 17 : Courbe de contrainte et d’événements acoustiques en fonction de l’effort
appliqué
La figure suivante montre la corrélation entre trois paramètres, l’effort, les cycles et les
événements acoustiques en 3D (figure I-18).
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 65/ 194
Figure I- 18 : Tracé en trois dimensions des événements acoustiques, des cycles et des
contraintes
Cela permet de corréler des paramètres supposés indépendants les uns des autres à partir d’un
même événement.
4.3.3. Analyse statistique
Diverses méthodes, notamment mathématiques [Johnson, 2002] permettant l’étude des
données enregistrées et leur analyse statistique en prenant en compte plusieurs paramètres
extraits des salves. Il est nécessaire d’avoir à notre disposition plusieurs méthodes permettant
de définir les ressemblances ou les différences entre toutes les données à partir de plusieurs
paramètres. La séparation de critères de reconnaissance, à partir de l’ensemble des données
fournies, est le principe de la plupart des disciplines telles que l’analyse des données
météorologiques, la reconnaissance d’écriture, etc…[Shaira, 2006].
En émission acoustique, les techniques d’analyse statistique permettent de différencier les
signaux et de les classer en prenant en compte l’ensemble des paramètres [Ohtsu, 1987].
L’utilisation de telles méthodes apportent des informations sur la signature acoustique des
différents mécanismes sources dans les matériaux. La technique de classification sur les
bétons a été utilisée [Thummen, 2004]. On rencontre deux méthodes de classification. Une
des méthodes dite supervisée nécessite un jeu de données déjà identifié, à savoir que les
classes sont déjà connues, permettant de construire le modèle. L’autre méthode dite non
supervisée ne possède aucun modèle ou classes connus. Ces méthodes utilisent des
algorithmes permettant de réduire les données puis identifie les classes par la représentation
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 66/ 194
graphique comme l’analyse en composantes principales.
4.4. Les applications actuelles de l’émission acoustique en Génie Civil
Cette technique peut être exploitée dans le cadre de contrôle non destructif tant en
installations industrielles [Fleischmann, 1992] qu’en caractérisation des matériaux [Rouby,
1985] et [ Jaubert, 2004]. Elle se développe de plus en plus dans le domaine de la corrosion.
Elle présente des avantages par rapport aux méthodes classiques d’estimation de
l’endommagement [Rothea, 1990] comme la représentation directe du phénomène qui se
produit à la surface du métal et également en terme de suivi d’un endommagement puisqu’il
s’agit d’une méthode de monitoring. De plus, elle permet de déterminer le moment où la
corrosion débute et d’en estimer la sévérité de l’endommagement [Jaubert, 2004].
La technique d’émission acoustique a malgré tout des limites. Elle ne détecte que les
événements évolutifs. Il faut soit un enregistrement en continu soit un enregistrement par
événements en choisissant correctement le seuil de détection.
Les principaux domaines d’application sont les:
• matériaux et structures dans le transport (contrôle des installations ferroviaires, …)
• équipements et installations industrielles (contrôle des structures porteuses,
surveillance de la corrosion, détection et localisation des fuites, …)
• ouvrages d’art (auscultation et surveillance des câbles ; suivi des structures
métalliques, contrôle de la fissuration des structures en béton, …)
Les applications actuelles de l’Emission Acoustique visent principalement le comportement
des matériaux comme le métal, les roches, le béton. Cela concerne la propagation des fissures,
la fatigue, la corrosion et la corrosion sous contrainte, la fracture de fibres et la délamination.
L’Emission Acoustique est également utilisée pour le contrôle durant le processus de
fabrication, c’est-à-dire la détection de défauts tels que les pores, inclusions, les différentes
phases et procédés de transformation du métal et d’autres alliages.
Enfin, l’EA permet d’effectuer le suivi des structures métalliques, des pipelines, des câbles,
des ponts, des barrages, et de détecter une fuite.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 67/ 194
4.4.1. Fissuration du béton (endommagement)
Une des applications du génie civil est le suivi de l’évolution des fissures dans le béton.
L’émission acoustique peut être générée par différents mécanismes tels que la
microfissuration, le mouvement de dislocation, la phase de transformation et d’autres
changements irréversibles dans le matériau. La fissuration est un phénomène responsable du
mouvement rapide d’atomes, qui génère les ondes d’émission acoustique. Elle génère des
ondes très énergétiques qui sont à l’origine d’une forte activité acoustique.
De nombreuses études ont été effectuées dans le cadre d’un diagnostique sur la détérioration
de la structure du béton. L’émission acoustique peut aussi être générée par l’ouverture, la
fermeture ou le frottement des fissures qui sont produites lors de la dilatation ou de la
contraction du béton [Ohtsu, 1998].
Lorsque le béton est soumis à un chargement, il se crée des contraintes à l’intérieur de la
structure en béton. L’activité acoustique enregistrée lors d’un essai de compression uniaxial
sur un corps d’épreuve montre que les paramètres issus de la forme d’onde comme
l’amplitude, la durée de la salve augmente et croît très rapidement avant la fissuration [Ohtsu,
1999]. D’autres études sur l’évaluation de l’intégrité structurelle des structures en béton armé
ont été menées et les mesures effectuées sur des poutres en béton sous chargement indiquent
que l’initiation des micro-fissures précoces de tension, des fissures principales sont clairement
détectées et identifiées par les mesures faites par émission acoustique. Les micro-fissures ont
des niveaux d’amplitude de l’ordre de 40 à 60 dB alors que les fissures principales sous une
charge de 38,2 kN produisent des salves avec des amplitudes très élevées de l’ordre de 80 dB
[Yuyama, 1998]. De même, Golaski démontre que les événements acoustiques croissent en
même temps que le chargement [Golaski, 2004].
Une autre application de l’émission acoustique est la localisation des événements acoustiques
dans une poutre en béton armé, ici un cube de 20*20*20 armé d’une tige en métal et soumis à
l’arrachement [Grösse, 2006] (figure I-19). Les événements en rouge sont ceux que l’on
rencontre au début du test tandis que les événements en violet sont ceux que l’on rencontre à
la fin du test.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 68/ 194
Figure I- 19 : Localisation des événements acoustiques [Grösse, 2006]
4.4.2. Rupture de câbles
L’auscultation des ponts suspendus ou à haubans par la technique d’émission acoustique est
une des applications de l’EA en génie civil. Par cette technique, il est possible de détecter la
présence de fils rompus dans les ancrages de câbles mono torons multicouches [Gaillet,
2004]. La rupture d’un câble est génératrice d’ondes et très énergétique et peut donc
facilement être détectée par le système d’émission acoustique. Outre les paramètres comme
l’amplitude, les coups ou l’énergie qui permettent de différencier les événements liés à la
rupture d’un fil des autres événements, la répartition fréquentielle est également un bon
indicateur. Il est constaté que la répartition fréquentielle est très dispersée sur un câble
endommagé par rapport à un câble sans défauts. Cette dernière est centrée sur 350 kHz
[Gaillet, 2004].
Une autre des applications de l’émission acoustique est la télésurveillance, mise au point par
le laboratoire Central des Ponts et Chaussées, des câbles de précontrainte. Des capteurs
détectent la moindre rupture de fil et l’information est transmise, localisant l’évènement.
Plusieurs capteurs sont positionnés sur une poutre à mi-travée et sur les zones d’about de
poutre. Le dispositif d’alerte permet de prévenir dès qu’un événement ou fil rompu est
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 69/ 194
détecté. Les alertes étaient de différents niveaux suivant le nombre d’événements et la
fréquence à laquelle les événements se répétaient [Tessier, 2005] (figure I-20).
Figure I- 20 : Principe du système mis au point par le LCPC/ MACOA [Tessier, 2005]
4.4.3. Fuites
Une des principales applications industrielles de l’émission acoustique est le contrôle des
équipements métalliques sous pression et des réservoirs de stockage.
La législation sur l'environnement limite les émissions de produits chimiques et
pétrochimiques dans l'atmosphère ou les sols. Des études ont été menées sur les possibilités
d'utiliser l'émission acoustique pour détecter et mesurer ces émissions fugitives. Mais les
premiers résultats montrent que l'émission acoustique classique est difficilement transférable
aux faibles débits considérés. En revanche, des méthodes acoustiques alternatives comme la
méthode photo acoustique (conversion de l’énergie lumineuse absorbée par un échantillon en
énergie thermique créant un signal acoustique) ou nez acoustique semblent prometteuses
[Caron, 2004].
Cette technique est déjà exploitée sur sites. D’autres études sur site ont démontré que le
diagnostic à l’aide de l’émission acoustique permet de localiser une fuite ponctuelle sur le
fond d’un réservoir pétrolier [Proust, 2002].
4.4.4. Injection de coulis
L’injection de coulis dans les microfissures des ouvrages en béton des barrages est délicate et
peut entraîner la propagation des fissures. Le suivi en temps réel des injections au moyen de
l’émission acoustique est préconisé. Les signaux acoustiques détectés sont dus aux
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 70/ 194
accélérations et décélérations du produit injecté et aux mécanismes résultant des variations de
pression et de débit du fluide, c'est-à-dire l’ouverture et la fermeture de la fissure [Rhazi,
1993].
4.4.5. Corrosion des armatures
L’Emission Acoustique représente pour la corrosion une méthode de contrôle non destructif
permettant la détection, la localisation, l’évaluation et le suivi de la dégradation des métaux.
Les conséquences qui résultent de la corrosion sont bien connues et les moyens et techniques
mis en œuvre pour les réparer sont onéreux. L’application d’un contrôle par émission
acoustique permet de détecter les endommagements soit des revêtements de protection
comme le cloquage, la mise à nu du métal soit du métal lui-même.
L’utilisation de la technique d’émission acoustique peut permettre de comprendre et de
caractériser les mécanismes d’amorçage et de propagation de la corrosion. L’émission
acoustique est également utilisée conjointement aux mesures électrochimiques pour la
détection de l’endommagement de matériaux métalliques et du décollement de leurs
revêtements.
La méthode reste assez qualitative et une écoute à l’aide de l’émission acoustique ne peut
donner des résultats que si d’une part les conditions d’essai sont rigoureusement respectées et
d’autre part si l’historique de la structure est parfaitement connu. La méthode ne peut détecter
que des sources actives comme la corrosion [Caron, 2004]. Pour l’instant, il existe peu de
retour d’expérience sur site.
Cette technique est toutefois déjà exploitée sur sites et a démontré que le diagnostic à l’aide
de l’émission acoustique permet de déterminer l’état de corrosion active [Proust, 2002].
Deux grandes séries d’études ont été réalisées pour déterminer la corrosion des aciers, la
première sur des aciers à nu et la deuxième sur des armatures coulées dans le béton.
Actuellement, l’émission acoustique est une technique potentiellement exploitée pour l’étude
de l’influence de l’hydrogène sur la corrosion sous contrainte mais aussi pour l’étude des
phénomènes de fragilisation par hydrogène des structures en acier. De nombreuses études en
laboratoire ont été effectuées par Yuyama afin de déterminer les caractéristiques acoustiques
des différents événements sources [Yuyama, 1986].
L’émission acoustique est une technique applicable dans le cas du suivi de la corrosion
uniforme [Rettig, 1976]. De nombreuses expériences sur des barres de fer plongées dans de
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 71/ 194
l’acide ont été réalisées. Une relation entre l’activité acoustique et la vitesse de corrosion
estimée avait été trouvée.
Zakharov l’a également démontré pour des barres dans des solutions fortement acides, en
remarquant que le nombre de salves par minute évolue de la même façon que la vitesse de
corrosion [Zakharov, 1978].
Une étude réalisée par Fenn et Condello sur la corrosion d’aciers doux dans un milieu salin
aéré formant une couche d’hydroxyde ferrique en surface [Fenn, 1986] a établi des signatures
acoustiques pour deux produits de corrosion Fe2O3 et Fe3O4. Il est relevé une amplitude de 0,5
à 1 V avec une fréquence de 40 à 90 kHz pour Fe2O3 et une amplitude de 0,5 à 4 V avec une
fréquence de 350 à 400 kHz pour Fe3O4.
De nombreuses études sur des corps d’épreuve en béton armé ont été menées. Les expériences
ont démontrées que des niveaux mesurables d’émission acoustique se produisent et peuvent
être enregistrées même lors d’exposition corrosive libre du béton armé [Weng, 1982].
Plusieurs signaux acoustiques sont détectés lors de la corrosion d’armatures dans le béton
immergé dans une solution contenant des chlorures. Ils peuvent être attribués à l’infiltration
du milieu à travers la porosité ou à des micro-fissures [Idrissi, 2005]. Pour accélérer le
processus de corrosion des armatures dans le béton armé, les corps d’épreuve sont immergés
dans des solutions contenant des chlorures de l’ordre de 5% et un courant, dont la densité est
d’au moins 100 µA/cm2, est imposé [Austin et al, 2004]. L’habilité de l’émission acoustique
à détecter la corrosion apparaît clairement. Les signaux enregistrés montrent une amplitude de
80 à 90 dB ceux attribués à la corrosion et une amplitude très faible de l’ordre de 40 à 50 dB
pour les signaux dus au bruit de fond [Austin et al, 2004].
De nouvelles études utilisant des méthodes électrochimiques et le suivi par émission
acoustique montrent la corrélation entre l’évolution du potentiel de corrosion et le nombre
d’événements acoustiques enregistrés [Ohtsu, 2007].
L’émission acoustique reste une technique de contrôle non destructif capable de détecter tout
endommagement actif et suffisamment énergétique.
Chapitre I : Etude bibliographique
Page 72/ 194
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 73/ 194
CHAPITRE II:
DÉVELOPPEMENT D’UNE
MÉTHODOLOGIE
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 74/ 194
1. Introduction
La revue bibliographique a permis de constater la faisabilité du suivi par émission acoustique
d’endommagements tels que la fissuration du béton, la déformation sous chargement ou la
corrosion sous contrainte, c’est-à-dire des événements très énergétiques. Qu’en est-il du suivi
de la corrosion uniforme ou par piqûre? Des développements, visant à obtenir un essai de
corrosion accélérée reproduisant des conditions les plus proches possibles de la corrosion
naturelle, sont présentés dans ce chapitre. Cet essai a pour but d’accélérer le phénomène, de
quantifier la corrosion par des méthodes électrochimiques, d’isoler les mesures d’EA qui
proviennent de la corrosion, d’effectuer une étude paramétrique et d’obtenir des modèles de
calibration liés à l’électrochimie et à l’EA. En s’illustrant d’études précédentes, différents
types d’essai de corrosion des armatures dans le béton sont analysés. A chaque fois, la
sensibilité de l’émission acoustique à la caractérisation de la corrosion est testée. D’autres
techniques de suivi de la corrosion sont mises en œuvre parallèlement afin de pouvoir en
corréler les résultats avec le suivi des événements acoustiques.
La première partie de ce chapitre concerne la présentation des différents dispositifs mis en
œuvre pour le développement d’un essai de corrosion accéléré ainsi que les matériaux utilisés
lors des études expérimentales et les différents matériels et techniques utilisés pour le suivi de
la corrosion. On s’est attaché à expliquer les choix concernant aussi bien la configuration des
éprouvettes que les paramètres nécessaires à l’acquisition des salves.
La deuxième partie de ce chapitre est consacrée à la méthodologie des essais de
développement accéléré de la corrosion et au test de la sensibilité de l’émission acoustique.
En utilisant deux environnements agressifs pour l’armature tels que la présence de chlorures
dans le béton ou sa carbonatation, le courant imposé est suffisamment élevé pour accélérer la
corrosion et se rendre compte de l’aptitude de l’émission acoustique à détecter les événements
relatifs à la corrosion. Le courant est progressivement diminué, l’objectif étant d’obtenir un
courant de corrosion le plus proche possible de celui rencontré dans les structures en béton
armé. Pour chaque essai, l’activité enregistrée par les capteurs est vérifiée et analysée.
La dernière partie de ce chapitre est consacrée à la présentation des critères de choix qui ont
conduit à la définition de l’essai de corrosion accélérée à « courant libre » et à sa description.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 75/ 194
2. Dispositifs expérimentaux
2.1. Matériaux
2.1.1. Béton
Pour se rapprocher le plus de la corrosion naturelle in situ et contrairement aux diverses
études de la littérature, il n’a pas été introduit de NaCl dans le béton au moment du malaxage.
En effet, généralement, pour dépassiver l’armature, 1 à 5% de NaCl par poids de ciment sont
ajoutés à l’eau de malaxage [Austin et al, 2004], [Zongjin et al, 1998], [El Maaddawy et al,
2003]. Mais ce pourcentage assez élevé de chlorures dans la pâte de ciment ne répond pas à la
norme et le choix de ne pas introduire de chlorure dans le béton s’est imposé. On utilise
volontairement un béton poreux, de façon à faciliter la pénétration des agents agressifs. Un tel
milieu de faible compacité est également défavorable à la transmission des ondes acoustiques.
D’après Austin et Lyons, certains paramètres du béton influencent les mesures de l’émission
acoustique, comme par exemple la porosité du béton [Austin et al, 2004]. Comme précisé ci-
après, le fort rapport eau sur ciment utilisé ici (0,78) confère au béton une porosité élevée
(14,8 %) ce qui nous place dans une situation contraignante pour étudier la sensibilité de
l’émission acoustique, les ondes se propageant moins bien dans un béton fortement poreux
(faible compacité) que dans un béton peu poreux (forte compacité).
Mais si cette sensibilité est avérée dans ces conditions elle le sera également dans un
environnement mettant en œuvre un béton de plus grande compacité.
La composition du béton est donnée ci-après :
• Ciment portland CEM 1 52.5 R: 280 kg/m3
• Sable roulé de Garonne 0/4: 854.4 kg/ m3
• Gravillon roulé de Garonne 4/10: 1068.2 kg/m3
• Eau : 218 litres
• E/C = 0,78 ;
2.1.2. Acier
Deux types d’acier ont été retenus, l’acier écroui (Haute Adhérence) et l’acier doux (rond
lisse). L’acier doux a été retenu pour les derniers essais de corrosion par carbonatation du
béton afin d’avoir une surface à polariser bien nettoyée, sans aspérité, et de manière à pouvoir
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 76/ 194
plus aisément évaluer la surface à corroder, élément nécessaire au calcul du courant de
corrosion par la loi de Faraday (perte de masse). Les barres d’acier sont nettoyées à la brosse
métallique puis recouvertes d’une résine époxy anti-rouille sur une grande partie de
l’armature y compris sur la partie située à l’extérieur du béton. Cela permet d’obtenir une
surface déterminée à polariser, permettant ainsi de contrôler le courant de corrosion. Pour
chaque barre d’acier, le poids est relevé avec une précision d=0,01g avant l’application de la
peinture anticorrosion et après l’application de celle-ci.
2.2. Description des essais de corrosion accélérée
2.2.1. Introduction
L’objectif des différents essais menés pour cette étude est de déterminer un essai de corrosion
accélérée dont la densité de courant est proche de la corrosion naturelle inférieure à 10
µA/cm2 et « la potentialité » de l’émission acoustique à détecter de l’activité dans le béton due
à la corrosion.
De nombreuses études ont démontré que l’émission acoustique détectait la corrosion pour des
courants de 100 µA/cm2 (tableau II-1). C’est pourquoi nous avons commencé les essais en
appliquant un courant de 100µA/cm2 sur des corps d’épreuve immergés dans une solution
avec des chlorures afin de vérifier si d’une part l’armature se corrodait et si d’autre part des
événements acoustiques étaient enregistrées nous permettant le paramétrage acoustique. Ces
essais à forte densité de courant de corrosion engendrent des fissurations qui ne sont pas
représentatifs d’une corrosion in situ et qui sont loin de l’objectif que nous nous sommes
fixés, à savoir détecter la corrosion précoce induisant de faibles courants de corrosion de
densité inférieure à 10 µA/cm2 en accord avec les études réalisées in situ (I.4.4.5).
D’autres types d’essais ont donc été réalisés en utilisant une solution électrolytique moins
agressive, en initiant la corrosion par dépassivation de l’armature par carbonatation du béton
et en faisant diminuant progressivement la densité de courant de corrosion.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 77/ 194
Tableau II- 1 : Etudes des principaux essais de corrosion accélérée
Initiation
(dépassivation de l’acier)
Propagation Auteurs
Solution à 5% NaCl sur une éponge
Courant anodique de 100 µA/cm2. 2 semaines d’essai
[Austin et al, 2004]
5% NaCl mis dans le béton
Courant anodique 100 à 500 µA/cm2.
[El Maaddawy, 2003]
2 à 3 % de CaCl2 dans le béton. e=0,7 cm.
Courant anodique 10 à 100 µA/cm2. Durée de l’essai : 1 mois
[Gonzalèz et al, 1995]
Béton avec ajout de CaCl2
e= 10 mm Solution à 5% de NaCl. Fissure après huit à dix heures d’essai. Durée de l’essai : 1 semaine
[Petre-Lazar, 2000]
3% NaCl mis dans la solution
Courant anodique variable et sous chargement cyclique.
[Shah et al, 2000]
Sel Cycles séchage/ humidification
15% NaCl Durée de l’essai : 3 semaines/ 1 mois
[Zdunek et al, 1995]
NaCl dans béton NaCl 6% ; détérioration
[Idrissi, 2005]
2.2.2. Essais avec courant imposé
2.2.2.1. Description des corps d’épreuve
Les éprouvettes confectionnées sont des cylindres de manière à obtenir une corrosion
uniforme radiale (type 1 et type 2).
Type 1 :
Comme le montre la figure II-1, les corps d’épreuve sont des cylindres de béton de 110 mm
de diamètre et de 110 mm de hauteur dans lesquels nous avons positionné des ronds lisses en
acier de 25 mm de diamètre. L’enrobage e>40 mm recommandé par la norme NF EN206-1
[AFNOR, 2000] correspond aux conditions les plus défavorables vis-à-vis de la pénétration
des agents agressifs et donc à l’enrobage réglementaire maximal rencontré dans les structures
en béton armé. Dans ce cas, le développement de la corrosion d’une armature et la
propagation des ondes dues à la corrosion dans le béton d’enrobage sont plus difficiles. Cela
permet de vérifier la sensibilité des capteurs à la détection de la corrosion de l’acier dans le
béton dans les conditions les plus défavorables.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 78/ 194
Figure II- 1 : Schéma de l'éprouvette de type 1
Ces corps d’épreuve serviront essentiellement aux essais avec chlorures et aux essais
permettant de déterminer les différents paramètres influents sur l’émission acoustique.
Type 2 :
Comme le montre la figure II-2, les corps d’épreuve sont des cylindres de béton de 60 mm de
diamètre et de 110 mm de hauteur dans lesquels nous avons positionné des HA 10 afin
d’avoir un enrobage de 25 mm.
Figure II- 2 : Schéma de l'éprouvette de type 2
Comme cela a été expliqué dans le chapitre I, de manière à réduire le temps de carbonatation
du béton, à faciliter la pénétration des chlorures jusqu’à l’armature et à diminuer le temps
d’initiation de la corrosion, l’épaisseur d’enrobage a été diminuée tout en respectant la norme
NF EN 12696 [AFNOR, 2000] (e = 1,5 à 3 cm, enrobage en environnement courant
extérieur).
Armature D=10 mm Cylindre D= 60 mm 25 mm
Armature D = 25 mm
mm
Cylindre D = 110 mm
42,5 mm
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 79/ 194
2.2.2.2. Application du courant
La propagation de la corrosion est accélérée par la méthode suivante. Cette méthode consiste
à imposer une tension entre l'armature d'une éprouvette en béton armé et une contre-électrode
en Ti-Ru, placée à l'extérieur de l’échantillon en béton armé. L'armature travaille dans la
région de potentiel anodique pour accélérer la formation des produits de corrosion.
Pour imposer un courant et maîtriser sa valeur, le schéma figure II-3 a été adopté. Cela permet
de contrôler le courant anodique et de vérifier sa valeur par le calcul de perte de masse. On
assimile l’éprouvette béton à un système composé de deux électrodes et d’une résistance
pouvant varier. La résistance variable permet de stabiliser le courant dès que la résistivité du
béton diminue d’une part due à l’immersion et d’autre part due aux produits de corrosion.
L’armature dite électrode de travail est connectée au pôle positif du générateur tandis que la
contre-électrode en titane placée autour de l’éprouvette est connectée au pôle négatif du
générateur. Le système est plongé dans une solution électrolytique pour diminuer la résistivité
du béton et favoriser la corrosion de l’armature. La connexion à l’armature est protégée par un
gel empêchant sa corrosion.
Figure II- 3 : Schéma de principe électrique
Pour la suite, le système équivalent à la figure II-3 sera représenté de façon simplifiée comme
ci-après (figure II-4).
-
Rbéton
Electrode de travail
Contre-Electrode R i
Gén. + A -
+ _
+
-
e-
i
e-
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 80/ 194
Figure II- 4 : Cellule de corrosion par courant imposé
2.2.2.3. Essais en milieu chloré
Pour pouvoir initier la corrosion de l’armature lors des essais, il a été choisi de dépassiver
l’armature en plaçant les corps d’épreuve dans une solution électrolytique composée d’eau du
robinet avec 5% de NaCl afin d’obtenir une corrosion localisée par piqûre.
Les corps d’épreuve, de type 1 et de type 2, sont placés en cure humide pendant 28 jours, puis
stockés à 20°C et 60% d’hygrométrie au minimum pendant trois jours avant d’être testés.
Puis, au moment du test, ils sont placés dans la solution électrolytique chlorée. Afin de ne pas
perturber l’essai par un échange hydrique entre le milieu extérieur et le milieu intérieur et de
s’affranchir des bruits dus à l’immersion et au séchage, un système de goutte à goutte est mis
en place permettant de maintenir un niveau d’eau constant (figure II-5).
Figure II- 5 : Remplissage en continu de solution chlorhydrique
Solution électrolytique
Béton
Armature ANODE
Contre-électrode CATHODE
e-
+ _
+ -
e
Solution NaCl
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 81/ 194
2.2.2.3.1. Essai de type Chl-I
L’essai consiste à immerger les corps d’épreuve de type 1 ou de type 2 dans la solution
chlorée pour initier la corrosion par la pénétration des chlorures dans le béton jusqu’à
l’armature, comme le montrent les figures II-6 et II-7. Après 24 heures d’immersion dans la
solution contenant les ions chlorures, on impose un courant entre l’anode et la cathode
correspondant à une densité de courant de l’ordre de 100 à 125 µA/cm2 assurant la
propagation de la corrosion. Puis on diminue le courant par palier de 25 µA/cm2 jusqu’à
obtenir une densité de courant de 10 µA/cm2. On souhaite ainsi se rapprocher de la corrosion
naturelle [Andrade , 1991]. Cela correspond à un courant de corrosion très élevé et va
permettre de s’assurer de la potentialité de l’émission acoustique à détecter cette forte
corrosion.
Figure II- 6 : Coupe partielle de principe de la cellule de corrosion
Figure II- 7 : Photo de la cellule de corrosion
Solution électrolytique à 5% de NaCl
Béton D=11cm
Acier HA D=25 mm
Capteur
Contre-électrode
+ - e-
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 82/ 194
La durée de l’essai varie entre 1 semaine et 3 mois. Cette variation est due:
• à différentes densités de courant provoquant une corrosion plus ou moins élevée
sur une à plusieurs semaines.
• au suivi de l’évolution de la corrosion à différents stades.
Les principales caractéristiques de l'essai sont résumées dans le tableau II-2 ci-après:
Tableau II- 2 : Caractéristiques de l'essai
Durée : 1 semaine à 3 mois environ
Corps d'épreuve: Type 1 et 2
Solution électrolytique: H2O + 5% NaCl pour un environnement agressif.
Potentiel imposé: 1,6 V pour un courant variable de 4mA à 0,4 mA.
Température de la pièce: 20 °C ; 60% HR
En milieu d'anaérobie, il y a un manque d'oxygène nécessaire au développement de la
corrosion. Le degré de saturation du béton a aussi une part importante dans le processus de
corrosion. Cela influence la diffusion de l'oxygène. En effet, dans le cas de structures en béton
armé totalement immergées dans l'eau, le taux de corrosion étant contrôlé par l’oxygène
fourni, la corrosion se développe très lentement. Pour nos essais, le niveau de la solution est
maintenu au 2/3 de la hauteur des éprouvettes. Ainsi la surface du corps d’épreuve bien que
non totalement immergé mais hydraté par capillarité, est en contact avec le milieu extérieur,
ce qui permet de fournir l’oxygène nécessaire.
2.2.2.3.2. essai de type Chl-E
L’essai Chl-I précédent a été mené sur plusieurs corps d’épreuve qui n’ont pas tous subi de
corrosion, par manque d’oxygène. En accord avec les études de Austin et Lyons, une autre
solution consiste à placer l’éprouvette béton sur une éponge placée au contact de la solution
contenant 5% de NaCl [Austin et al, 2004]. Le but est de garantir l’oxygène nécessaire à
l’initiation du processus de corrosion. On laisse le béton s’imbiber par capillarité de manière à
ne pas avoir une résistivité du béton trop élevée qui empêcherait le courant de circuler. Ces
corps d’épreuve sont suivis par émission acoustique pendant 24 heures sans courant, puis un
courant de 100 µA/cm2 environ est imposé durant une semaine (figures II-8 et II-9).
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 83/ 194
Figure II- 8 : Cellule de corrosion
Figure II- 9 : Photo de l’éprouvette dans la
cellule de corrosion
2.2.2.4. Essais en milieu carbonaté
Pour pouvoir initier la corrosion de l’armature, il a été choisi de dépassiver l’armature par
carbonatation du béton pour obtenir une corrosion uniforme. Pour augmenter le temps de
profondeur de carbonatation du béton, la norme impose un temps de cure humide de 28 jours.
C’est pourquoi, il a été choisi une période initiale de cure humide de 7 jours, en vue
d’accélérer la carbonatation du béton [Cengiz, 2002], [Neville, 2001] expliqué au chapitre I.
.2.2.2.3.
Pour les éprouvettes cylindriques de type 1, la carbonatation a lieu pendant 3 à 4 mois,
l’enrobage étant de 4,5 cm. Pour les éprouvettes cylindriques de type 2, l’enrobage étant
réduit à 2,5 cm afin de diminuer le temps nécessaire à la carbonatation, la carbonatation dure
2 mois.
Solution électrolytique
à 5% de NaCl
Béton
D=11cm
Capteur
Contre -électrode
+ -
e-
éponge
R
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 84/ 194
Puis les corps d’épreuve sont placés dans une cellule de carbonatation accélérée (50% de
CO2, 20°C, 65% d’HR) pendant 2 mois et demi et enfin en chambre climatisée à une
température de 20°C et une humidité relative de 60% avant d’être testés.
2.2.2.4.1. Essai de type Car-I
Une fois l’armature dépassivée et l’initiation de la corrosion réalisée, la corrosion est amorcée
en appliquant un courant de 100 µA/cm2 puis l’on diminue le courant de corrosion à 10
µA/cm2 pendant 3 semaines et à 0 µA/cm2 pendant deux à trois semaines (figure II-10).
Figure II- 10 : Schéma de l’essai de corrosion accélérée
Une série de corps d’épreuve sera fendue après avoir imposé une densité de courant de 100
µA/cm2 pendant une semaine et 10 µA/cm2 pendant une semaine. Une autre série sera fendue
après application d’une densité de courant de 100 µA/cm2 pendant une semaine, de 10
µA/cm2 pendant trois semaines et de 0 µA/cm2 pendant trois semaines afin de suivre
l’évolution de la corrosion.
2.2.2.4.2. Essai de type Car-E
Pour les mêmes raisons décrites dans le cas de l’essai Chl-E, l’armature étant dépassivée par
carbonatation du béton d’enrobage, il est nécessaire qu’il y ait de l’eau et de l’oxygène pour
que la corrosion se propage. Les corps d’épreuve sont placés sur une éponge dans une
solution électrolytique composée d’eau du robinet pendant 48 heures. Puis, on impose un
Solution électrolytique à 5% de NaCl
Béton D=7 cm
Acier HA D=10 mm
Capteur
Contre-électrode
e-
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 85/ 194
courant de l’ordre de 100 µA/cm2 et on le diminue jusqu’à 10 µA/cm2. L’essai est arrêté au
bout de six semaines. Contrairement à certains essais où la contre-électrode est immergée
dans la solution électrolytique [Austin et al, 2004] et aux essais réalisés sur éponge avec
chlorures (essai Chl-E), celle-ci est placée radialement autour de l’éprouvette béton et en
contact avec la solution électrolytique (figure II-11).
Figure II- 11 : Schéma de principe de la cellule de corrosion
2.2.3. Essai avec courant galvanique : essai de type G-Car
2.2.3.1. Description des corps d’épreuve
Type 3 :
Les corps d’épreuve sont composés de deux barres d’acier espacées de 40 mm à 70 mm
(Figure II-12). L’enrobage est de 15 mm tout autour de la barre qui sera corrodée.
Figure II- 12 : Schéma de l'éprouvette de type 3
Les corps d’épreuve sont carbonatés comme il est décrit au II.2.2.2.4 mais la durée en
chambre de carbonatation n’est que d’un mois et demi, l’enrobage étant de 15 mm seulement.
Pour cet essai, seule une partie de l’éprouvette est protégée de la carbonatation par un papier
15 mm
D=25 mm 40 à 70 mm
Solution électrolytique
Béton D=11cm
Acier HA D=25 mm
Capteur vers EA
Contre-électrode
+ -
e-
éponge
R
15 mm
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 86/ 194
aluminium adhésif empêchant ainsi l’air et le CO2 de pénétrer à l’intérieur du béton de
manière à ne pas dépassiver la barre d’acier servant de cathode (figures II-13 et II-14).
Figure II- 13 : Zone de carbonatation et dimensions d’une éprouvette
Figure II- 14 : Photo des éprouvettes protégées pour la carbonatation
2.2.3.2. Description de la cellule de corrosion
Le corps d’épreuve de type 3 décrit ci-dessus est immergé dans de l’eau jusqu’au 1/3 de la
hauteur de l’éprouvette. Les deux barres sont connectées entre elles par l’intermédiaire d’un
fil électrique. Une résistance est placée en série de manière à pouvoir suivre le courant de
corrosion et ne pas perturber le phénomène de corrosion par courant galvanique (figure II-15).
Les deux armatures sont connectées entre elles. Le courant est provoqué par la différence de
potentiel créée entre l’anode et la cathode. Le déséquilibre entre les deux armatures qui ne
sont pas au même potentiel crée un champ électrique à l’origine du courant galvanique. Le
béton armé est immergé dans une solution qui décroît la résistance électrique du système et
permet ainsi au courant de circuler. La circulation du courant provoque la circulation des
140 mm
Φ=25 mm
15 mm
Zone protégée contre la
pénétration du CO2
10
0 m
m
15
mm
4
0 m
m
45à 70 mm
Zone
carbonatée
Acier nu
cathode
Acier nu
anode
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 87/ 194
électrons qui génère le processus de corrosion.
Pour le suivi par émission acoustique, le capteur est placé sur le béton.
Figure II- 15 : Cellule de corrosion par courant galvanique
2.2.4. Récapitulatif des essais
L’ensemble des essais réalisés est donné dans le tableau II-3.
Tableau II- 3 : Caractéristiques des essais avec courant
Type d’
éprouvette
Dépassivation
par chlorure
Dépassivation par
carbonatation
Avec courant
imposé
Avec courant
galvanique
Chl-I 1 ou 2 X X
Chl-E 1 ou 2 X X
Car-I 2 X X
Car-E 2 X X
G-Car 3 X X
Cat
hode
Ano
de
Solution H20
R
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 88/ 194
2.3. Système d’émission acoustique
2.3.1. Description de la chaîne d’acquisition
Le dispositif d’acquisition d’émission acoustique utilisé est composé de capteurs
piézoélectriques résonants d’émission acoustique, de pré-amplificateurs, d’une carte
d’acquisition et d’un logiciel permettant de visualiser les paramètres des salves. Ce système
est de type DISP-4, développé par Physical Acoustic Corporation (figure II-16).
1 : capteurs 150 KHz 2 : préamplificateur 40 dB
3 : carte PCI-DSP4 4 : ordinateur
Figure II- 16 : Schéma de principe du dispositif
Préalablement à toute acquisition, il est nécessaire de déterminer les différents éléments
constituant la chaîne d’émission acoustique. Suivant le matériau (acier ou béton) sur lequel le
capteur est collé, les paramètres d’acquisition acoustique sont également à déterminer.
2.3.2. Eléments constitutifs de la chaîne d’EA
2.3.2.1. Capteurs
Les capteurs utilisés dans ce travail sont de deux types :
• R15
• WD 80
Les capteurs de type R15 résonant ont une fréquence caractéristique de 150 KHz. Ils ont une
plus grande sensibilité et une meilleure résolution à cette gamme de fréquence.
Les capteurs de type WD 80 différentiel sont à large bande (100 kHz à 1200 kHz) mais ont
une moins bonne résolution. Cela permet [Bellenger, 2002] de relever un panorama plus
1 1
2
3 4
Extraction des
paramètres d’EA Stockage et
post-traitement
2
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 89/ 194
complet des diverses populations de signaux émis lors du phénomène de corrosion. Cela
semble valable pour des taux de corrosion élevés de l’ordre de 100 à 500 µA/ cm2.
Différents essais ont été réalisés, d’une part avec des capteurs R15 et d’autre part avec des
capteurs WD80 sur des bétons armés et sur des câbles de précontrainte. Les capteurs de type
PAC WD 80 ne sont pas assez sensibles pour enregistrer des signaux dus à la corrosion
précoce des armatures dans le béton, en particulier lorsqu’ils sont placés sur le béton. Par
contre, les essais réalisés avec des capteurs WD80 sur des aciers précontraints soumis à la
corrosion sous contrainte donnent de bons résultats.
Les capteurs de type R15 se sont révélés plus sensibles en particulier lors des essais avec de
faibles courants de corrosion, c’est pourquoi ils ont donc été retenus pour l’ensemble du
travail.
Pour assurer un bon couplage entre le capteur et l’élément sur lequel il est posé, il a été
nécessaire de mettre en place un protocole et d’assurer un maintien constant du capteur sur
l’élément. En accord avec la norme AFNOR NF A09355, pour chaque nouvel essai, le mode
opératoire suivant a été respecté :
• préparation de la surface de couplage : la surface doit être plane, exempte de poussière ou
d’épaufrures.
• mise en place du couplant (graisse de couplage)
• fixation du capteur à l’aide de cavalier sur mesure sur l’armature et sur le béton: la vis
permet d’appliquer une même pression sur le capteur et de ne pas perturber l’acquisition
(figure II-17).
• Vérification du couplage avec le test HSU-NIELSEN (figure II-18).
Figure II- 17 : Cavalier de maintien
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 90/ 194
Il s’agit de la rupture d’une mine de crayon selon
la norme NF EN 1330-9 en pressant la mine sur la
surface de la pièce. Cela génère un signal
acoustique intense.
On utilise une mine de dureté 2H ; d’un diamètre
de 0,5mm et d’une longueur de 3mm que l’on
casse près du capteur. L’amplitude doit être de 95
dB à ± 3 dB (figure II-19).
Figure II- 18 : Schéma du test HSU-NIELSEN ou cassé de mine
Figure II- 19 : Salve issue d’un cassé de mine
La salve a une amplitude de 8,8 mV correspondant à 99 dB.
2.3.2.2. Pré-amplificateur
Le pré-amplificateur utilisé est de type 1220A commercialisé par EPA (Euro Physical
Acoustic) qui amplifie le signal d’un gain de 40 dB ou 60 dB. Il s’agit d’un pré-amplificateur
large bande (20-1200 kHz) qui peut être différentiel ou simple suivant le capteur que l’on
utilise. Il permet d’amplifier le signal par rapport au bruit parasite environnant.
D’après la thèse de Bellenger pour amplifier le signal par rapport au bruit parasite dû à
l’environnement, le gain du pré-amplificateur était de 60 dB. Afin d’atténuer ce bruit de fond,
le pré-amplificateur est placé à proximité du capteur [Bellenger, 2002]. Mais les gains
importants lors de l'amplification augmentent l'influence des nuisances générées par
Crayon guide
mine
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 91/ 194
l'amplificateur lui-même.
En électronique, le bruit désigne les signaux aléatoires et non désirés, voire parasites, se
superposant aux signaux utiles. Dans un amplificateur ces signaux parasites peuvent venir de
son environnement ou de ses propres composants. Il est possible de réduire le bruit dans un
amplificateur en s’attaquant directement à ses origines, mais aussi en limitant le plus possible
la bande passante de l’amplificateur, afin d’éliminer le bruit présent en dehors des fréquences
de travail de l’amplificateur.
Dans notre cas, l’amplitude atteinte lors des différents essais n’est pas suffisamment élevée
par rapport au bruit environnant. Le gain choisi est de 40 dB car le bruit de la chaîne
d’acquisition est trop amplifié avec un gain de 60 dB.
2.3.2.3. Carte d’acquisition
La carte d’acquisition utilisée est la carte numérique PCI-DSP4 qui possède 4 voies d’entrée
en émission acoustique et 8 entrées paramétriques qui permettent d’enregistrer des paramètres
comme le potentiel, la température, etc…
Cette carte d’acquisition possède le module d’analyse des formes d’onde, qui permet de
visualiser pour chaque événement la forme d’onde associée et d’en tracer le spectre associé.
Cette carte qui transforme un signal électrique en signal numérique est pilotée ensuite par le
logiciel AEWIN. Elle enregistre les signaux et les caractéristiques des salves qui dépendent
des paramètres d’acquisition que l’on a au préalable définis.
2.3.3. Paramètres d’acquisition
Les réglages des différents paramètres sont nécessaires pour l’exploitation des résultats.
Les paramètres déterminants sont :
• le seuil d’acquisition.
• les paramètres temporels d’acquisition : PDT ; HDT ; HLT.
Avant de commencer une série d’essai, il a fallu faire des tests d’épreuve afin de régler les
différents paramètres.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 92/ 194
2.3.3.1. Le seuil d’acquisition
Le seuil est une tension électrique prédéfinie qui doit être dépassée pour qu’il y ait détection
d’une salve et au dessous duquel aucune émission n’est enregistrée par le système
d’acquisition. Il est déterminant pour effectuer une acquisition en s’affranchissant des bruits
environnants et ceux dus à la chaîne d’acquisition.
Le seuil a été fixé pour la plupart des essais à 35 dB, juste au dessus du bruit de fond. Même
si l’on perd de l’information, les signaux que l’on souhaite acquérir sont supérieurs à 35 dB.
Lorsque le seuil avait été fixé à 30 dB, cela perturbait trop les signaux et les fichiers obtenus
étaient difficilement exploitables.
Le seuil S est donné en dBEA ou µV :
×=
)(
)(log20)(
0 µVA
µVAdBS EA (46)
Formule de Graham Bell
A : tension mesurée
A0 : tension de référence en sortie capteur (A0=1µV équivalent à 0 dBEA).
Le seuil de 35 dB (en pointillé sur la figure II-20) correspond à une tension en sortie pré-
ampli de 0,0056 mV d’après la formule de Graham Bell (46).
2.3.3.2. Les paramètres temporels
Le but est d’isoler la salve, de dissocier les modes directs, de définir la fin de la salve et
d’éliminer les échos (figure II-20). Cela sert à en extraire les caractéristiques.
PDT : Peak Definition Time
Ce paramètre sert à la détermination du maximum de la salve et à la mesure du temps de
montée. Le but étant de dissocier les pics de l’onde volumique et surfacique.
HDT : Hit Definition Time
Ce paramètre est utilisé pour individualiser et séparer les salves d’éventuels échos. Il sert à la
détermination de la fin de la salve.
HLT : Hit Lockout Time
C’est le temps de réarmement : l’intérêt est de ne pas re-déclencher l’acquisition sur des
échos.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 93/ 194
Figure II- 20 : Schéma représentant les paramètres temporels
Le tableau II-4 donne les différentes valeurs des paramètres temporels retenus pour
l’ensemble des essais, en fonction du matériau sur lequel le capteur est placé (acier ou béton).
Tableau II- 4 : Paramètres temporels
Matériau PDT (µs) HDT (µs) HLT (µs) Pre-trigger (µs)
Acier 400 2000 5000 300
Béton 200 700 400 25,6
2.3.3.3. Autres paramètres
La Fréquence d’échantillonnage appelée Sample Rate est le nombre de valeurs du signal
échantillonnées par la carte AEDISP en une seconde sur 16 bits. Une fréquence
d’échantillonnage de 1 MSPS signifie qu’un échantillon de forme d’onde est pris chaque
µsec. La condition de Shannon (critère de Nyquist) [INRP, 1998] s'énonce ainsi : "Si on veut
échantillonner sans perdre d'information un signal à spectre limité, il faut échantillonner ce
signal à une fréquence au moins égale au double de la plus haute fréquence qu'il contient".
Dans notre cas, la plus haute fréquence des salves étant de 300 kHz, on peut échantillonner à
une fréquence d’au moins 600 kHz. La plus petite fréquence d’échantillonnage étant de
1MSPS c’est-à-dire de 1 MHz, on choisit cette fréquence.
Le pre-trigger permet de numériser la salve avant le déclenchement défini par le seuil. Il a été,
fixé dans le cas des différents essais avec le capteur positionné sur le béton, à 25,6 µs.
Length : c’est la longueur maximale de la salve qui fixe la durée maximale de la forme d’onde
à stocker. Cette longueur est exprimée en kilo-échantillons. 1 kilo-échantillon correspond à
HLT Pre-trigger
seuil
PDT HDT
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 94/ 194
1024 échantillons de 16 bits. Elle définit la taille de la salve enregistrée. Dans cette étude, la
longueur de la salve retenue est de 2 kilo-échantillons.
2.3.4. Paramètres des salves
Pour chaque signal d’émission acoustique, plusieurs paramètres comme définis au I.4.1.3.2
sont enregistrés.
Ceux extraits directement des salves sont le nombre de coups (Counts), Durée de la
salve (Duration), Temps de montée (Rise Time) et l’amplitude maximale.
Nous retiendrons dans nos essais des valeurs d’amplitude maximale comprises entre 35 dB et
80 dB.
Le calcul extrait des salves est le suivant :
Amplitude
××=0
/1000log20)(
U
gainUdBA EA (47)
Avec U donné en mV : tension en sortie de pré-ampli et U/gain : tension en sortie de capteur
avec un gain de 40 dB correspondant à un gain de 100 µV.
et U0 en µV : tension de référence en sortie capteur=1µV équivalent à 0 dBEA.
L’amplitude maximale de la salve représentée sur la figure II-21 est environ de 0,019 mV,
c’est-à-dire : EAEA dBdBA 45)( =
A partir de ces paramètres extraits de la salve, on peut calculer d’autres paramètres comme :
la fréquence moyenne : A-Frq (Average Frequency) en kHz, l’énergie vraie ou Absolute
Energy (atto joule), la fréquence maximale :Peak Frequency (P-Frq), Centroid Frequency (C-
Frq), Reverberation frequency (R-Frq), Initiation Frequency (I-Frq).
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 95/ 194
Figure II- 21 : Schéma d’une salve et ses paramètres
Le tableau II-5 donne les caractéristiques extraites de la salve (figure II-21) et les
caractéristiques calculées.
Tableau II- 5 : Paramètres extraits de la salve figure II-21.
Rise P-Cnt Cnt Durat Amp A-Frq R-Frq I-Frq Abs-E C-Frq P-Frq
13 2 16 164 45 98 93 154 41,8 327 148
Figure II- 22 : Exemple d’une FFT à partir de la salve figure II-21
Counts 16
Duration 164 µs
150 kHz 500 kHz
Amplitude 45 Rise 13
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 96/ 194
2.4. Les mesures complémentaires
Les paramètres que nous avons suivis au cours de l’essai sont les suivants :
• potentiel de corrosion
• courant de corrosion
• perte de masse après les essais
• mesure de la résistance de transfert de charge
2.4.1. Appareillage mesure électrochimique
2.4.1.1. Matériel
Electrodes/ Contre-électrode
Pour pouvoir imposer le potentiel d’électrode, le faire varier et produire ainsi des réactions
électrochimiques, il faut opérer dans une cellule d’électrolyse comportant trois électrodes
auxquelles un circuit extérieur se trouve connecté. Le potentiel de l’électrode principale,
appelée aussi électrode de travail, où doivent avoir lieu les réactions que l’on désire produire,
est contrôlé à l'aide d’une électrode de référence au calomel saturé ECS. L'électrolyse se
manifeste alors par la circulation d'un courant électrique, dont l'intensité peut être mesurée sur
le circuit extérieur, à l'aide de la troisième électrode dite contre-électrode. Celle des deux
électrodes qui est traversée par le courant dans le sens correspondant à un processus de
réduction est désignée par le terme de cathode. L'autre électrode, traversée par le courant dans
le sens qui correspond à un processus d'oxydation, est désignée par le terme d’anode.
Dans le cas des essais avec courant imposé utilisant les éprouvettes cylindriques de type 1 ou
de type 2 (essais Chl-I, Chl-E, Car-I, Car-E), la contre-électrode est un grillage en titane Ti-
Ru à maille 10*10 cm.
Dans le cas des essais avec courant galvanique ou « courant libre » utilisant des éprouvettes
de type 3 (essai G-Car), une deuxième barre d’acier non dépassivée joue le rôle de cathode.
Générateur de courant
Pour imposer à l’électrode de travail un potentiel bien contrôlé, on utilise un potentiostat, aux
bornes duquel les trois électrodes sont connectées. Cet appareil fournit automatiquement la
tension électrique entre l'électrode de travail et la contre-électrode, nécessaire pour que la
tension entre l'électrode de travail et l'électrode de référence soit maintenue égale à une valeur
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 97/ 194
de consigne affichée à l'appareil. Dans le cas où l’on souhaite imposer un courant, le système
est piloté en imposant un courant et en limitant une tension fluctuante. Cette alimentation
stabilisée de type AL936 fournit une tension de 0 à 30 Volts et un courant de 0 à 2,5 A avec
une puissance de 345 VA.
Multimètre/ Ampèremètre ZRA
Lorsque l’on a imposé un courant, il a été nécessaire de le contrôler à l’aide d’un
ampèremètre. Dans le cas de l’essai dit à « courant libre » (essai G-Car), afin de pouvoir
mesurer le courant de corrosion, une résistance de l’ordre de 50 Ω est placée en série dans le
circuit dans un premier temps. Un voltmètre placé en parallèle permet de mesurer la tension
du circuit et ainsi d’en déduire le courant de corrosion sans modifier la cinétique du processus
de corrosion. Dans un deuxième temps, l’intensité de courant mesuré étant de plus en plus
faible de l’ordre de 0,2 à 0,5 µA/cm2, un ampèremètre à zéro résistance ZRA a été nécessaire.
Résistance variable
Des résistances variables (figures II-23 et II-24) ont été prévues pour ajuster et faire varier le
courant dans le cas d’un courant imposé (essais Chl-I, Chl-E, Car-I et Car-E).
Figure II- 23 : Schéma de principe
Figure II- 24 : Résistance variable
Le générateur fournit une tension constante. Lorsque la résistance du béton Rbéton diminue du
fait de l’humidification du béton et du développement de la corrosion, on augmente la
résistance R variable pour que la résistance totale du système Rtotal = Rbéton + R, demeure
constante et délivre le même courant. L’ampèremètre mis en série permet de contrôler le
R Rbéton
Générateur
Ampèremètre
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 98/ 194
courant circulant dans le système.
2.4.1.2. Montage expérimental
• dans le cas de l’essai par courant imposé (Chl-I, Car-I)
Figure II- 25 : Schéma de montage du suivi électrochimique
- mesure du potentiel par rapport à une électrode de référence.
De manière à coupler les résultats d’émission acoustique avec une autre mesure de détection
de corrosion, on utilise la méthode de mesure de potentiel. Le matériel nécessaire à ces
mesures sont une électrode de référence (ici au calomel saturé KCl : ECS) et un multimètre en
parallèle (figure II-25 ). Ces données sont également enregistrées par le logiciel d’acquisition
de la chaîne d’émission acoustique via une connexion dB25 permettant de mesurer des
paramètres extérieurs. (dans notre cas nous avons utilisé une des voies paramétriques de la
carte d’EA).
Il est possible de suivre le potentiel libre ou « potentiel d’abandon » de l’armature anodique
c’est-à-dire le potentiel pris naturellement par l’armature par rapport à la solution en circuit
ouvert (figure II-26), en reliant un multimètre d’un côté à l’armature et de l’autre à une
électrode de référence. Cela permet de déterminer le domaine dans lequel est située
l’armature.
Dans le cas de notre travail, pour accélérer la corrosion, il a été appliqué un courant. On peut
mesurer, à circuit fermé, le potentiel du circuit entre l’électrode de travail et l’électrode de
Solution électrolytique
²
Eprouvette Béton D=6 cm
Acier HA
Capteur
+-
e-
EA Electrode de travail
Electrode de référence
Contre-électrode ( Titane )
Multimètre à
enregistrement
DDP
Ele
ctro
de
Cal
om
el S
atu
ré
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 99/ 194
référence (figure II-26).
Figure II- 26 : Schéma de mesure du potentiel d’abandon ou du circuit
- mesure du courant de corrosion.
Un potentiostat décrit au § II.2.4.1.1 a été utilisé dans les différents essais réalisés à courant
imposé, en limitant le courant et en laissant la tension fluctuante. De manière à pouvoir
contrôler le courant durant tout l’essai, un ampèremètre est monté en série. Une résistance
variable a été utilisée afin de maintenir constante l’intensité délivrée.
• dans le cas de l’essai par courant galvanique (G-Car)
Figure II- 27 Schéma de montage du suivi électrochimique d’une pile
Cat
hode
Ano
de
R
V
V
Ele
ctro
de
Cal
om
el S
atu
ré
Ele
ctro
de
trav
ail
Co
ntr
e E
lect
rod
e
Ele
ctro
de
réfé
ren
ce
Potentiel d’abandon (circuit ouvert)
Potentiel du circuit (circuit fermé)
+ -
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 100/ 194
- mesure du potentiel par rapport à une électrode de référence.
Le suivi du potentiel se fait à circuit fermé pour ne pas perturber l’essai. En effet, le suivi du
potentiel libre de l’armature oblige à ouvrir le circuit et modifie la cinétique du processus. On
suit donc l’évolution du potentiel du système par rapport à l’électrode de référence comme sur
la figure II-27.
- mesure du courant de corrosion.
L’intensité du courant de corrosion du circuit a été mesurée en plaçant une résistance fixe en
série (figure II-27) et en mesurant en parallèle, à l’aide du multimètre, une tension ou
potentiel. Cela permet d’effectuer les différentes mesures sans perturber « l’état
électrochimique » du système. La mesure du potentiel s’est effectuée aux bornes de
l’électrode de travail (anode) et de la contre-électrode (cathode). Ce suivi peut-être fait en
continu à l’aide de la carte d’acquisition qui est connectée au système par l’intermédiaire
d’une broche DB 25. Cela permet de suivre le courant de quelques essais en continu. Pour les
essais à très faibles courants et afin de déterminer la valeur du courant galvanique, les
mesures ont été réalisées à l’aide d’un ampèremètre ZRA.
2.4.2. Perte de masse
On évalue la perte de masse pour chaque essai réalisé. Pour cela, la masse des barres d’acier
est mesurée avant et après chaque essai. Afin de pouvoir quantifier les produits de corrosion,
les barres sont préparées selon « Recommended Practice for Laboratory Immersion Corrosion
Testing of Metals” [ASTM, 1972].
Après la rupture des éprouvettes pour une vérification visuelle de la corrosion, les barres
d’acier sont préparées d’après le test ASTM G1-90 pour évaluation de la corrosion par perte
de masse [ASTM, 1990]. Les barres d’acier corrodées, après avoir été brossées, sont placées
dans une solution de Clarke. Cette solution contient pour 1000 ml d’acide chlorhydrique, 20g
d’oxyde antimoine (Sb2O3) et 50g de chlorure stanneux (SnCl2). Les produits de corrosion
présents sur ces barres sont dissous dans cette solution et les barres d’acier ainsi nettoyées
sont pesées.
On détermine grâce à la loi de Faraday (chapitre I.2.1.3.3), le courant de corrosion qui est
comparé à celui relevé lors de l’essai à l’aide de l’appareillage nécessaire et décrit au II.
2.3.1.1.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 101/ 194
3. Résultats des essais de corrosion accélérée par courant imposé
3.1. Identification des paramètres influents
3.1.1. Introduction
D’après certaines études réalisées précédemment [Austin, 2004], [El Maaddawy, 2003],
[Gonzalèz, 1995], [Shah, 2000], [Zdunek, 1995], différents paramètres peuvent influer sur les
résultats. Afin de mieux contrôler ces différents paramètres et s’en affranchir lors du suivi de
la corrosion par émission acoustique, on va s’appliquer à les isoler et à les faire varier pour
analyser leur effet en terme d’EA. Il s’agit de savoir si des paramètres fortement variables
comme la température, la concentration en chlorure, l’humidification et la résistivité du béton
ont une influence d’une part sur le taux de corrosion et d’autre part sur l’activité acoustique
enregistrée.
Dans cette étude, on va s’intéresser aux deux paramètres suivants :
- humidification du béton
- température : (variations diurne et nocturne ou saisonnière). On va faire varier la
température du bain dans lequel les éprouvettes sont immergées.
3.1.2. Influence de l’humidification.
3.1.2.1. Déroulement des essais
Des essais sont réalisés pour vérifier l’influence de l’humidification sur l’activité acoustique
enregistrée dans le béton. Les éprouvettes utilisées sont de type 1 dont l’armature est passive.
On lance une acquisition par émission acoustique sur les éprouvettes à l’état sec tout d’abord
pendant deux jours afin de pouvoir évaluer le bruit de fond. Puis on immerge le corps
d’épreuve dans une solution d’eau du robinet et on relance une acquisition pendant un jour.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 102/ 194
3.1.2.2. Résultats et analyse
Lorsque l’éprouvette est à l’état sec, après passage à l’étuve, il n’y a pratiquement aucune
activité enregistrée par les capteurs placés à la fois sur l’armature et sur le béton. Dès que l’on
immerge l’éprouvette dans de l’eau, le capteur placé sur le béton enregistre une activité ne
dépassant pas les 43 dB (figure II-28) qui se stabilise pendant quelques heures puis décroît,
tandis que le capteur placé sur l’armature n’enregistre aucune activité.
Figure II- 28 : Amplitude en fonction du temps (capteur sur béton)
Les armatures des éprouvettes n’étant pas dépassivées au démarrage de l’essai, lorsqu’elles
sont immergées, l’activité enregistrée générée est sûrement liée à la diffusion de l’eau dans le
béton et ne cesse qu’une fois les pores du béton saturés. L’éprouvette fendue montre bien
qu’il n’y a pas eu de corrosion.
Le choix de l’immersion de l’éprouvette permet de saturer le béton et de s’affranchir des
bruits générés par les échanges hydriques avec le milieu environnant. Mais, cela freine le
processus de corrosion, en particulier en empêchant la réduction de l’oxygène, nécessaire au
développement de la corrosion. En effet, le degré de saturation du béton a une incidence
importante dans le processus de corrosion, car il influence la diffusion de l’oxygène. Dans le
cas des structures en béton armé qui sont complètement immergées dans l’eau, le taux de
corrosion est contrôlé par l’oxygène fourni, la corrosion a lieu lentement et la résistivité du
béton est très faible.
C’est la raison pour laquelle il a été choisi de ne pas immerger totalement l’éprouvette dans la
solution afin de permettre un apport d’oxygène nécessaire à la réaction d’oxydo-réduction au
voisinage de l’armature.
immersion fin d’acquisition
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 103/ 194
3.1.3. Influence de la température.
3.1.3.1. Introduction
En recherchant dans la littérature, les études ont démontré que la température avait une
influence sur l’activité acoustique. Le taux de corrosion augmente en fonction de
l’augmentation rapide de la température [Liu et al, 1998]. Donc la variation de température
joue un rôle sur l’émission acoustique mais les bruits engendrés par la température sont dus
également à un taux de corrosion plus fort. D’après Austin and Lyons [Lyons et al, 2004],
plus qu’une température élevée, c’est sa forte variation qui va être à l’origine d’une activité
acoustique. Les résultats de leurs travaux montrent que l'AE est plus sensible pour des
changements de température de courte durée (à l’échelle d’une journée par exemple) que pour
des variations sur des échelles de temps plus importantes (d’une saison à l’autre par exemple).
3.1.3.2. Déroulement de l’essai
Dans un premier temps, un essai avec les éprouvettes de type 1 est réalisé dans une pièce non
climatisée lors de journées où la différence entre la température diurne et la température
nocturne est très élevée.
Afin de vérifier que ces paliers sont bien dus à une différence de température élevée, des
essais complémentaires sont réalisés en utilisant une chambre de gel avec contrôle de la
température.
Des corps d’épreuve de type 1 sont placés dans une chambre de gel en plaçant un capteur sur
le béton et un autre sur l’acier avec un suivi en émission acoustique (figure II-29 ). La
« cellule de gel » permet de faire varier la température de l’eau dans laquelle sont immergés
les corps d’épreuve. Différentes températures sont appliquées variant de +2°C à +40°C par
palier successif avec des ∆T ≈ 6°C. Chaque température est maintenue pendant 3 jours.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 104/ 194
Figure II- 29 : Photo du bain dans lequel sont placés les échantillons
Pour vérifier la courbe de température de l’eau et la courbe de température ambiante, on
prévoit une chaîne d'acquisition de température à l'aide d'un thermocouple. Les acquisitions
sont effectuées en continu.
Les corps d'épreuve utilisés de type 1 sont ceux décrits au § 2.2.2.1. Ces corps d'épreuve sont
placés dans une cellule climatique à 2°C; 10°C; 16°C; 22°C; 30°C; 40°C à ± 1,5°C, pendant 3
jours pour chaque température. La température a été limitée à 50°C pour éviter une
dessiccation trop importante du béton qui créerait des contraintes et par conséquent une
activité acoustique. Le choix d’un écart de température de 5°C à 10°C a été choisi en
référence aux travaux de Austin et Lyons [Austin et al, 2004]. On utilise une résistance
chauffante pour augmenter la température de l’eau de la cellule.
3.1.3.3. Résultats et analyse
On fait varier la température de 10 °C à 22 °C par paliers successifs. Les résultats
sont donnés ci-après (figures II-30 et II-31).
Figure II- 30 : Amplitude en fonction du temps (capteur sur acier)
T° de 16°C à 22°C
T° de 10°C à 16°C
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 105/ 194
Figure II- 31 : Amplitude en fonction du temps (capteur sur béton)
On constate une augmentation de l’activité acoustique à chaque changement brutal de
température pendant deux à trois heures correspondant bien à ce que l’on obtenait lors du
premier essai avec une activité plus élevée sur le béton que sur l’acier. L’activité est identique
quelque soit la température, c’est l’augmentation qui est à l’origine de cette activité soudaine.
Lorsque la température atteint 40°C, il y a une évaporation de l’eau qui est responsable de
bruits durant l’essai.
On remarque que lors de ces essais de température, l’augmentation d’activité est également
visible sur le capteur placé sur l’armature sûrement due à l’augmentation du taux de
corrosion. La température a un effet significatif sur le taux de corrosion de l’acier dans le
béton.
Un modèle d’étude a donné la relation suivante entre le courant de corrosion et la variation de
température:
i 1 = i 2 e 2283(1/T2 – 1/T
1) (48)
Le taux de corrosion augmente à mesure que la température augmente. Pour des mêmes
conditions d’essais, le taux de corrosion passe de 1µA/cm2 à 5°C à 5µA/cm2 à 40°C.
La température extérieure influe sur l’émission acoustique à travers le béton, non seulement
parce qu’elle génère du bruit acoustique mais aussi parce qu’elle intervient sur la cinétique de
corrosion. Il a été choisi de s’affranchir de ce paramètre de variation de température en
s’installant dans une pièce climatisée à 20°C afin d’identifier au mieux l’activité à l’origine de
la corrosion et de mieux contrôler sa cinétique.
T° de 16°C à 22°C
T° de 10°C à 16°C
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 106/ 194
3.1.4. Conclusion
L’humidification du béton engendre une activité acoustique de courte durée, le temps que les
pores du béton se saturent en eau. Pour s’affranchir des bruits dus à la pénétration de l’eau à
travers les pores, nous avons choisi d’immerger partiellement le corps d’épreuve en
maintenant le niveau d’eau constant. Le choix de l’immersion partielle permet de garantir la
diffusion de l’oxygène à travers le béton jusqu’à l’armature.
On constate que l’eau et les chlorures sont nécessaires à l’initiation de la corrosion. Les
chlorures provoquent une rupture du film passif localement permettant à la corrosion de se
propager.
Le courant imposé a une influence sur l’activité acoustique parce qu’il dépend de la cinétique
de corrosion. Enfin, des fluctuations importantes de température sur un faible laps de temps
(ne dépassant pas la journée) ont une incidence significative sur l’activité acoustique
enregistrée, celle-ci étant due en partie à l’augmentation de l’intensité de corrosion. C’est
pourquoi les essais de corrosion accélérée se feront dans une pièce climatisée à 20°C pour ne
pas perturber les enregistrements.
3.2. Analyse des résultats obtenus sur les essais avec courant imposé
Les essais à courant imposé ont été testés en faisant varier les conditions:
• d’initiation la corrosion : chlorures et carbonatation
• de propagation de la corrosion : différentes intensités du courant imposé
Pour chaque essai, plusieurs contrôles ont été réalisés:
• un contrôle visuel en cassant à chaque étape une éprouvette attestant ainsi de la présence
ou non de produits de corrosion.
• un suivi par émission acoustique, un capteur d’émission acoustique est placé sur
l’armature et un autre sur le béton
• un suivi du courant galvanique IG,
• un contrôle du courant de corrosion Icorr par le calcul de la perte de masse.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 107/ 194
Essai Chl-I : Première série d’essais en immersion
Contrôle IG :
IG : 100 µA/cm2 à 125 µA/cm2, contrôlé par une
résistance variable.
A ces forts courants, le système composé par le
béton, l’armature et la solution électrolytique est
modifié. Lorsque le béton est immergé, sa
résistivité diminue, facilitant la migration des ions
Cl- vers l’armature. La résistivité du système
diminuant, elle favorise le passage du courant.
Contrôle Icorr :
Icorr = IG .
Contrôle visuel :
L’essai est rapide et on a une forte corrosion par
piqûre. Une fissure dans le béton est visible et on
remarque l'apparition de produits de corrosion
bruns à l’interface entre l’acier et le béton (figure
II-33). Présence des produits verts à l’intérieur
(rouille verte qui est produite en milieu anaérobie
[Raharinaïvo, 1998]) qui virent immédiatement au
brun (hydroxydes ferreux (Fe2OH3 ou hématite))
au contact de l’air (figure II-34).
Contrôle par émission acoustique :
Amplitude élevé : 85 dB à 125 µA/cm2
(figure II-32).
Le dégagement du di-hydrogène à l’interface acier-
béton génère des bruits parasites qui perturbent
l’émission acoustique.
Figure II- 32 : Amplitude/temps d’une éprouvette
corrodée en immersion dans du NaCl.
Photos
Figure II- 33 : Produits de
corrosion
Figure II- 34 : Produits de corrosion
verts virant au brun à l’air
Problème :
Lorsque l’on applique un champ
électrique élevé, on a une électrolyse
de l’eau chlorurée en Cl2 et en H2
selon la réaction : l’on obtient
l’hypochlorure de sodium couramment
appelé l’eau de javel [Petre-
Lazar, 2000].
Courant 100 µA/cm2
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 108/ 194
Essai Chl-I : deuxième série d' essais en immersion
Contrôle IG :
I imposé : compris entre 10 et 100 µA/cm2 pendant
2 semaines.
Contrôle Icorr :
Icorr ≈ IG .
Contrôle visuel :
On constate en cassant l’éprouvette, qu’il y a eu
corrosion par piqûres (figure II-35). On trouve la
présence de produit de corrosion de couleur verte et
brune. Les produits verts qui virent au brun au
contact de l’air se situent dans la partie immergée
de l’éprouvette, les produits bruns dans la partie en
aérobie.
Contrôle par émission acoustique :
100 µA/cm² et de 10 µA/cm² par des amplitudes de
75 dB et 55 dB respectivement
Dans tous les essais, une première période latente,
permettant à l’eau de remplir les pores du béton, est
visible sur la figure II-32 au cours de laquelle
l’amplitude de l’EA est voisine de 40 dB. Puis
l’amplitude croît due à la diminution de la
résistivité du béton sous l’effet de la pénétration de
l’eau facilitant la circulation du courant et par voie
de conséquence le développement de la corrosion.
Photos
Figure II- 35 : Corrosion par piqûre
sur l’armature
Problème :
Certaines éprouvettes, ayant subi les
mêmes conditions d’essai, avoir avoir
été fendues sont non corrodées à cause
du manque d’oxygène. L’amplitude ne
dépasse pas 45 dB.
Conclusion :
Pour un courant supérieur à 125 µA/cm2, l’amplitude atteint les 85 dB. Elle n’est que de 75
dB à 100µA/cm2 et de 55 dB à 10 µA/cm2. Un courant supérieur à 100 µA/cm² accélère la
corrosion de manière significative avec de fortes contraintes entraînant la fissuration du
béton. Cela donne des résultats probants quand à l’obtention d’une corrosion et à la capacité
de l’émission acoustique à détecter cette corrosion.
Notre objectif est d’obtenir des courants de corrosion les plus proches possibles de la
corrosion naturelle. C’est pourquoi au cours des essais suivants, nous nous appliquerons à
diminuer le courant de corrosion jusqu’à 10 µA/cm² puis 1µA/cm².
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 109/ 194
Essai Chl-E
Contrôle IG :
IG : 100 µA/cm2 pendant 1 semaine.
Contrôle Icorr :
Icorr ≠ IG .
Contrôle visuel :
On constate que sur la partie supérieure, il
n’y a pas autant de piqûres de corrosion que
sur la partie en contact avec l’éponge et face
à la cathode (figure II-36 et II-37). La durée
de l’essai étant courte, on n’obtient pas une
corrosion uniforme. C’est la raison pour
laquelle, dans les essais suivants, la contre-
électrode a été placée de façon radiale.
Contrôle par émission acoustique :
Les essais sont arrêtés au bout d’une
semaine. On constate une très forte activité
acoustique à partir du moment où l’on a
imposé le courant de 100 µA/cm2.
L’amplitude atteint les 80 dB durant toute la
suite de l’essai.
Photos :
Figure II- 36 : Photo côté de l’armature en
contact avec l’éponge et en face à face avec
la contre-électrode.
Figure II- 37 : Photo côté opposé de
l’armature.
Problème :
On n’obtient pas une corrosion
uniformément répartie sur toute la surface
rendant difficile le calcul de Icorr.
Conclusion :
Ces essais où l’on impose un fort courant montrent que d’une part, on a un essai de corrosion
accéléré et que d’autre part, on a une activité liée à la corrosion de l’armature. Mais
l’armature se trouve dans des conditions de corrosion qui sont très éloignées de celles de la
corrosion naturelle. Nous obtenons une corrosion par piqûres et non une corrosion uniforme
comme cela était souhaité. Pour obtenir une corrosion uniforme et non localisée, il faut que le
béton d’enrobage soit carbonaté. Cela permet de dépassiver l’armature en tout point et ainsi
d’initier la corrosion uniformément sur toute la surface.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 110/ 194
Essai Car-E
Contrôle IG :
Le courant imposé est progressivement abaissé
passant de 100 µA/cm2 à 10 µA/cm2 en 15 jours et
contrôlé à l’aide de l’ampèremètre placé en série.
Contrôle Icorr :
Icorr ≠ IG .
Contrôle visuel :
Il apparaît une fissure bien visible sur la face en
contact avec l’éponge (figure II-38).
En réalisant ces essais sur plusieurs éprouvettes de
type 2 et en les cassant à différentes échéances, on
remarque une évolution de la corrosion. Les figures
II-40 et II-41 montrent la cinétique de corrosion. Il
s’agit de deux éprouvettes carbonatées sur éponge
auxquelles on a imposé un courant de 100 µA/cm2
pendant deux jours puis un courant de 10 µA/cm2
pendant trois semaines (figure II-40) pour l’une et
six semaines (figure II-41) pour l’autre.
Contrôle par émission acoustique :
On enregistre des salves dont l’amplitude atteint 75
dB à 100 µA/cm2 et 60 dB à 10 µA/cm2.
Problème :
On n’obtient pas une corrosion uniformément
répartie sur toute la surface rendant difficile le calcul
de Icorr.
Photos
Figure II- 38 : Photo fissure apparente sur l’éprouvette corrodée.
Figure II- 39 : Photo béton autour de l’armature
Figure II- 40 : Corrosion armature après 3 semaines à 10 µA/cm2.
Figure II- 41 : Photo corrosion d’une armature après 6 sem. à 10 µA/cm2.
Conclusion : On a bien un essai de corrosion accélérée de 5 à 6 semaines. On constate qu’à
faible courant, une activité est enregistrée.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 111/ 194
Essai Car-I
Contrôle IG :
IG varie progressivement de 100 µA/cm2 à 10
µA/cm2 puis 0 µA/cm2.
Contrôle de Icorr :
Perte de masse réelle (ASTM G1): 0,54 g
Perte de masse (Faraday): 0,52 g
On constate que la perte de masse calculée est
proche de celle pesée. La différence peut-être
due soit à la mesure soit à un courant par micro-
piles.
Contrôle visuel :
La corrosion est uniforme et généralisée. C’est
typique d’une corrosion par carbonatation.
En fendant les éprouvettes, on trouve des
produits de corrosion verts (figure II-42) en
anaérobie qui virent au brun (figure II-43). La
photo de la figure II-43 confirme que la
corrosion se poursuit sans courant galvanique.
Contrôle par émission acoustique :
On enregistre des salves dont l’amplitude atteint
70 dB à 100 µA/cm2 et 55 dB à 10 µA/cm2.
L’amplitude varie entre 45 dB et 50 dB sans
courant galvanique.
Contrôle visuel
Figure II- 42 : Photo de l’éprouvette
fendue après une semaine à 100µA/cm2
et une semaine à 10 µA/cm2.
Figure II- 43 : Photo armature corrodée
après une semaine à 100 µA/cm2 puis 3
semaines à 10 µA/cm2 et 3 semaines à 0
µA/cm2.
Conclusion :
Cet essai confirme qu’on peut obtenir une corrosion généralisée et enregistrer une activité
acoustique de 50 dB sans imposer de courant.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 112/ 194
Récapitulatif Tableau II- 6 : Récapitulatif des essais avec courant imposé
Chl-I Chl-E Car-E Car-I
IG (µA/cm2) 100 à 125 De 10 à 100 10 à 100 100-> 0
Icorr
(µA/cm2)
= IG ≠IG ≠IG ≠IG
Problème
rencontré
Electrolyse de l’eau
à 125 µA/cm2
Manque d’oxygène
Surface
partiellement
corrodée
Surface
partiellement
corrodée
Amplitude
(dB)
85 (125 µA/cm2)
75 (100 µA/cm2)
80 (100 µA/cm2) 75 (100 µA/cm2)
60 (10 µA/cm2)
50 (sans IG)
70 (100 µA/cm2)
55 (10 µA/cm2)
50 (sans IG)
Activité
acoustique
Très élevée Très élevée Elevée Elevée
Type de
corrosion
Piqûre sur toute la
surface
Piqûre, localisée
sur une face
Généralisée mais
côté en contact
avec éponge
Généralisée sur
l’ensemble de la
surface et par
piqûre
3.3. Conclusion générale
L’étude des différents paramètres influant la corrosion et par conséquent l’EA comme :
- une différence de température soudaine de 6° à 10 ° C
- un courant galvanique élevé supérieur à 100µA/cm2 à l’origine de l’électrolyse de
l’eau, générant des parasites et perturbant l’émission acoustique
- la pénétration de l’eau dans le béton générant une activité acoustique non négligeable
nous a permis de déterminer un essai type en s’affranchissant de certains facteurs
perturbateurs.
Les différents essais de corrosion accélérée ont démontré qu’une activité acoustique est
enregistrée d’une part pour de faibles courant galvanique et d’autre part en présence d’une
corrosion par micro-piles sans courant galvanique.
L’essai suivant est l’aboutissement d’une recherche sur un essai de corrosion accélérée proche
de la corrosion naturelle et dans des conditions maîtrisées.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 113/ 194
4. Développement d’un essai à courant libre : G-Car
4.1. Introduction
Tous les essais de corrosion accélérée utilisant un courant anodique imposé montrent bien
qu’une corrosion significative peut être obtenue en une à deux semaines. On a constaté
également qu’il y avait fissuration du béton due à la corrosion des armatures.
Lorsque la densité du courant imposé est de l’ordre de 10 µA/cm2, on enregistre une activité
due à la corrosion qui n’est pas perturbée par un courant trop élevé [Petre-Lazar, 2000].
L’objectif de cette étude est de proposer un test de corrosion accélérée sans courant imposé et
de vérifier l’aptitude de l’émission acoustique à identifier une activité liée à une corrosion
naturelle entre 1 et 10 µA/cm2 [Andrade, 1996]. Ces résultats sont comparés avec les mesures
électrochimiques déjà éprouvées (tableau II-7).
Tableau II- 7 : Gamme des valeurs des taux de corrosion [Andrade, 1996].
Pas de corrosion Icorr < 0.1 µA/cm2
Corrosion possible dans 10-15 ans Icorr 0.1 à 1.0 µA/cm2
Corrosion possible dans 2-10 ans Icorr 1.0 à 10 µA/cm2
Corrosion possible en 2 ans ou moins Icorr > 10 µA/cm2
Petre-Lazar a observé une fuite d’oxygène à l’anode pour un courant supérieur à 100 µA/cm2
qui perturbe la cinétique du processus de corrosion [Petre-Lazar, 2000]. C’est pour ces raisons
que les essais sont réalisés sans courant imposé afin de se rapprocher le plus possible de la
corrosion naturelle et de ne pas perturber le processus de corrosion et l’acquisition des
signaux acoustiques. L’essai est décrit au II.2.2.3. Il s’agit de créer une macro-pile entre deux
armatures coulées dans un même béton.
4.2. Résultats
Plusieurs contrôles sont conduits en parallèle sur les éprouvettes :
• un suivi par émission acoustique.
• un suivi du potentiel anodique et du potentiel du circuit.
• un suivi du courant galvanique.
• un contrôle du courant de corrosion par le calcul de la perte de masse.
• un contrôle visuel en cassant à chaque étape une éprouvette attestant ainsi de la présence
de produits de corrosion.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 114/ 194
4.2.1. Contrôle par émission acoustique
30
40
50
60
70
80
90
0 20 40 60 80 100 120 140
Temps (jour)
Am
plitu
de (dB
)
(dB
)
Figure II- 44 : Amplitude en fonction du temps d’une éprouvette de type 3
Un suivi acoustique a été réalisé en discontinu (figure II-44). L’activité acoustique dont
l’amplitude atteint les 50 dB.
4.2.2. Contrôle du potentiel
On immerge tout d’abord partiellement l‘éprouvette pendant dix jours avant de connecter les
deux armatures entre elles.
Un suivi de potentiel libre des deux armatures est fait au début de l’essai (figure II-45).
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Temps (jour) Potentiel anode
Potentiel cathode
Pot
entie
l lib
re
(mV
/EC
S)
connexion électrique
Figure II- 45 : Evolution du potentiel libre de l’anode et de la cathode
Au démarrage de l’essai, les potentiels anodique et cathodique sont à peu près identiques.
Très vite, après immersion, les potentiels deviennent plus négatifs et le potentiel de l’armature
dépassivée (anodique) atteint -350 mV, domaine de corrosion très probable.
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 115/ 194
Après la connexion électrique, le potentiel anodique continue de décroître pour atteindre -550
mV à la fin de l’essai (au bout de 120 jours).
Le potentiel du circuit (armatures connectées) par rapport à l’électrode de référence est
également suivi (figure II-46).
-390
-370
-350
-330
-310
-290
-270
-250
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Temps (jour)
Pot
entie
l du
circ
uit
(mV
/EC
S)
connexion électrique
Figure II- 46 : Evolution du potentiel du circuit en fonction du temps
Le potentiel du circuit diminue ce qui est significatif d’une évolution de la corrosion.
4.2.3. Contrôle du courant
Ig en fonction du temps
0
20
40
60
80
100
120
140
0 20 40 60 80 100 120
Temps (jours)
Ig (µA
) )
Figure II- 47 : Evolution du courant galvanique en fonction du temps
Cette évolution du courant de corrosion correspond, sur la durée de l’essai, à une moyenne de
85 µA et à une densité de courant de corrosion de 2,7 µA/cm2 (figure II-47).
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 116/ 194
4.2.4. Contrôle visuel
Figure II- 48 : Photo de l’éprouvette après l’essai
On constate visuellement que l’armature servant d’anode s’est corrodée de manière presque
uniforme (figure II-48). En fait, il s’agit de corrosion généralisée, l’armature étant dépassivée
par carbonatation du béton d’enrobage. En revanche la cathode n’est presque pas corrodée.
Seuls quelques points peuvent être remarqués dus au fait que la cathode avait un potentiel
libre de l’ordre de -150 mV à 200 mV et était donc en partie dépassivée.
4.2.5. Contrôle par le calcul de perte de masse
Tableau II- 8 : Masse d’une barre avant et après corrosion
Nombre de jours d’essai : 120 jours
Barre Avant corrosion Après corrosion et nettoyage
Masse (g) 380,48 380,17
Le tableau II-8 permet de déterminer la perte de masse (0,31 g) d’une éprouvette pour une
surface S de 31,4 cm2.
Le courant de corrosion calculé par la loi de Faraday (I.2.1.3.3) donne : µAI 103=
La densité de courant de corrosion est équivalente à : 2/3,3 cmµAS
Ij ≅= (49)
Si l’on compare avec la densité de courant de corrosion mesurée 2,7 µA/cm2 (figure II-47), la
densité calculée est supérieure (3,3 µA/cm2). Alonso et al ont démontré que le courant de
corrosion icorr représente une valeur instantanée au moment où l’essai est réalisé et est
différent du taux de corrosion dans le cas d’une attaque localisée [Andrade, 1995] [RILEM,
2004]. Dans le cas d’une corrosion par piqûre, la surface corrodée à prendre en compte n’est
pas la surface totale de l’armature. En minimisant la taille de la surface corrodable, on
minimise l’erreur. Il a été démontré que le courant de corrosion est :
Anode
Cathode
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 117/ 194
macromicrocorr III += [Andrade, 2008].
Le courant qui est mesuré est le courant galvanique est : macrogalva II = dû à la macro-pile
formée.
Dans le cas de l’essai par courant imposé Car-E, le courant galvanique est suffisamment
important par rapport au courant par micro-pile pour être prépondérant : galvaniquecorr II ≈ .
Dans le cas de l’essai avec courant galvanique G-Car, micropilegalvaniquecorr III += ; (50)
D’une part, l’on mesure galvaI qui dépend de la distance entre l’anode et la cathode, et d’autre
part, l’armature étant dépassivée, un courant par micro-pile est créé.
Suivant les positions de l’anode et de la cathode, la corrosion peut prendre différentes formes
[Jäggi, 2001] :
• comme une micro-pile, où les réactions anodiques et cathodiques sont immédiatement
adjacentes, engendrant une dissolution de l’armature uniforme sur toute la surface. Cette
corrosion uniforme est généralement causée par la carbonatation du béton ou un taux
élevé de chlorures.
• comme une macro-pile, avec un courant galvanique créé par la différence de potentiels
entre les zones anodique et cathodique et lorsque ces zones sont suffisamment éloignées.
Les macro-piles se produisent en général dans le cas de la corrosion par piqûre générée
par la présence de chlorures.
De plus, le rapport de surface entre l’anode et la cathode Sa/Sc est prépondérant sur la
cinétique de la macro-pile [Andrade, 2008].
Les mesures ont mis en évidence une différence entre le courant calculé et le courant mesuré
ce dernier étant dans la majorité des cas inférieur. La raison est que l’armature dans le béton
carbonaté est déjà dépassivée lorsque l’échantillon est sorti de l’enceinte de carbonatation.
Comme l’échantillon n’est pas immédiatement utilisé dans le but de stabiliser son
hygrométrie, le processus de corrosion peut déjà démarrer. Sur des échantillons, en analysant
l’état de surface de la cathode qui n’est pas complètement passivée, on observe des points de
corrosion laissant à penser qu’une activité par micro-piles a eu lieu et qu’elle peut également
se produire indépendamment de la macro-pile. De plus, avant de démarrer l’essai,
l’échantillon est placé dans une cellule contenant de l’eau, afin de suivre le potentiel anodique
libre de l’armature. Toutes les conditions sont réunies pour que le processus de corrosion
s’initie et se propage. Une autre raison de cette différence est donnée par Andrade [Andrade,
1996]. En effet, lorsque l’armature est corrodée dans le béton, les deux surfaces anodiques et
cathodiques se développent simultanément correspondant aux réactions d’oxydo-réduction
Chapitre II : Développement d’une méthodologie
Page 118/ 194
localement, c’est-à-dire aux micro-piles. En connectant les deux armatures, un courant
galvanique est mesuré correspondant à l’activité de la macro-pile.
Or la corrosion réelle, d’ailleurs constatée visuellement et par le calcul de perte de masse, est
la somme du courant de la macro-pile et du courant des micro-piles. Andrade explique
également que les piqûres locales de corrosion dues au courant par macro-pile créent des
déséquilibres de potentiel localement, avec de nouvelles surfaces anodiques et cathodiques
très proches et à l’origine de corrosion par micro-piles [Andrade, 1996].
4.3. Conclusion
L’objectif de cette partie était de développer un essai de corrosion accélérée proche des
conditions réelles rencontrées sur ouvrages. Plusieurs essais ont été mis au point et testés à
partir de modèles trouvés dans la littérature. Mais à chaque fois, les conditions de
développement de la corrosion étaient trop éloignées des conditions réelles (courant trop fort,
corrosion en anaérobie). Nous avons donc proposé un essai original dont nous avons testé la
validité. L’essai permet d’obtenir une corrosion significative dans un délai court de 2 à 3 mois
avec une densité de courant de l’ordre de 1 à 5 µA/cm2. Cependant, en comparant le courant
de corrosion relevé au cours de l’essai correspondant au courant galvanique et celui calculé
par la perte de masse correspondant au courant galvanique et au courant par micro-piles, une
différence quasiment systématique a été relevée. Cela est du au fait, comme il a été expliqué
au § 2.3.2, que l’armature étant dépassivée, le courant de corrosion est la somme d’un courant
par macro-pile et d’un courant par micro-piles. Le fait que la cathode soit très légèrement
corrodée prouve que les armatures ont bien subi une corrosion par micro-piles.
Pour que cet essai donne de meilleurs résultats, il faudrait s’assurer que la cathode ne soit pas
dépassivée et que l’essai démarre aussitôt que le front de carbonatation ait atteint l’armature.
Mais cela n’empêchera pas le processus de corrosion par micro-piles. En effet, Andrade et al
ont démontré que la corrosion localisée induite par le courant galvanique, engendrant des
différences de potentiel localement, favorise la corrosion par micro-piles [Andrade, 1991].
Dans tous les cas, cet essai a prouvé que l’émission acoustique détecte une activité en
concordance avec les mesures électrochimiques pour des niveaux de courant de corrosion
représentatifs de la corrosion rencontrée dans les structures en béton armé.
Le chapitre suivant est consacré au traitement et à l’analyse des événements acoustiques
enregistrés au cours de l’essai et à leur signification vis-à-vis des deux types de corrosion
générées (par micro-piles et galvanique).
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 119/ 194
CHAPITRE III:
IDENTIFICATION DES
PARAMÈTRES DES SALVES
DUES A LA CORROSION ET
RELATION ENTRE
COURANT DE CORROSION
ET EA
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 120/ 194
1. Introduction Le chapitre II a détaillé le développement d’un essai de corrosion accélérée par macro-pile
dont le courant de corrosion est proche du courant rencontré dans les structures en béton armé
(G-Car). Différentes méthodes non destructives comme les méthodes électrochimiques ainsi
que l’émission acoustique sont utilisées pour suivre l’évolution du processus de corrosion.
Les premiers résultats indiquent que le processus de corrosion a bien lieu et que cela génère
de l’activité acoustique.
Afin de corréler par la suite un courant de corrosion avec l’activité enregistrée par émission
acoustique, nous montrons dans un premier temps comment nous avons fait varier le courant
de corrosion et de quelle façon nous l’avons contrôlé. Puis, dans un deuxième temps, on a
cherché à vérifier sur la base d’éprouvettes préparées et stockées dans les mêmes conditions,
la reproductibilité de cet essai.
La deuxième partie du travail consiste en la mise au point une méthode de suivi des formes
d’onde de façon à déterminer des filtres et à ne conserver que les salves dues à la corrosion.
D’abord, les formes d’onde associées aux salves sont examinées une par une et classifiées en
différents groupes. Ensuite, on analyse les paramètres de chaque groupe. Cette dernière
méthode est ensuite appliquée à l’ensemble des essais réalisés. Une attention toute particulière
est accordée à la différenciation entre le bruit de fond et les signaux induits par la corrosion,
en utilisant les caractéristiques propres à chaque forme d’onde. Une classification spécifique
des différents signaux est proposée.
La dernière partie de ce chapitre vise à mettre en évidence une relation entre émission
acoustique et courant de corrosion en faisant varier ce dernier.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 121/ 194
2. Définition des expérimentations
2.1. Données expérimentales
Plusieurs corps d’épreuves de type 3 décrits au chapitre II.2.2.3 ont été étudiés (essai de type
G-Car). Afin de faire varier le courant de corrosion, d’une part, on diminue la surface de
polarisation anodique par rapport à la surface cathodique (rapport Sa/Sc) et d’autre part on
modifie la distance entre l’anode et la cathode (40 mm, 70 mm) (figure III-1).
Dans tous les cas, les corps d’épreuve sont composés de deux barres d’acier de 25 mm de
diamètre et d’un enrobage de 15 mm tout autour de la barre (anode) qui est soumise à la
corrosion.
S=1 S=1/2 S=1/4
Type A Type B Type C
Type A’ Type B’
Figure III- 1 : Présentation des différentes éprouvettes
A C A C
C A
A C 40 mm
A C 70 mm D
ista
nce
en
tre a
rma
ture
s va
ria
ble
Surface anodique variable
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 122/ 194
Figure III- 2 : Photo des armatures avec les
différentes surfaces anodiques
Figure III- 3 : Photo d’une éprouvette de
type B’
Figure III- 4 : Schéma d’une éprouvette et différents types de surfaces anodiques
La surface cathodique est de 31,4 cm2. Trois différentes surfaces anodiques sont étudiées (SA,
SB, SC) et plusieurs échantillons ont été réalisés suivant le type de surface anodique et suivant
la distance entre l’anode et la cathode (figures III-2, III-4 et tableau III-1). Deux séries
d’éprouvettes ont été préparées dans les mêmes conditions mais coulées séparément. La
première série (A1, A2, B1, A’1, …) a été utilisée pour mettre au point la méthode de
classification des salves attribuées à la corrosion (paragraphe III.3). La deuxième série (A1a,
A2a, B1a, …) a été utilisée pour valider la méthode de classification et comparer l’évolution
des événements acoustiques avec les différentes formes de corrosion observées (paragraphe
III.4).
10
0 m
m
15
mm
4
0 m
m
Zone
carbonatée
Acier nu
Acier nu
Ano
de
Cat
hode
4 cm
Type A/A’
A A
2 cm
Type B/B’ Type C
1 cm
40 et 70 mm 15 mm
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 123/ 194
Tableau III- 1: Tableau des différentes surfaces anodiques
Type d’armature Surface polarisée
Type A: A1/ A2/ A1a/ A2a/ A3a/ A4a
Type A’ : A’1/ A’2
SA = 31,4 cm2
Type B: B1/ B2/ B1a/ B2a/ B3a/ B4a
Type B’: B’1/ B’2
SB = 15,7 cm2
Type C: C1/ C2/ C1a/ C2a/ C3a/ C4a SC = 7,85 cm2
Les procédures de carbonatation et de préparation des éprouvettes sont expliquées au chapitre
II. Les armatures ont été pesées avant et après le test de corrosion accélérée en utilisant une
éprouvette témoin. Les masses sont présentées dans le tableau suivant (tableau III-2).
Tableau III- 2: Masses des armatures
Type d’armature A1 A2 A1a A2a A3a A4a Masse avant essai (g) 380,480 383,320 373,765 377,173 368,475 391,543 Masse après essai (g) 380,170 / 373,48 376,939 368,202 391,345 Type d’armature B1 B2 B1a B2a B3a B4a Masse avant essai (g) 383,650 385,320 373,747 390,251 386,162 366,835 Masse après essai (g) 383,330 384,864 373,408 389,771 385,666 366,429 Type d’armature C1 C2 C1a C2a C3a C4a Masse avant essai (g) 387,380 386,720 375,072 396,629 388,476 377,858 Masse après essai (g) 387,080 386,232 374,902 396,416 388,282 377,696 Type d’armature A’1 A’2 B’1 B’2 Masse avant essai (g) 382,900 383,630 384,930 384,540 Masse après essai (g) 382,400 / 384,362 383,920
2.2. Détails de l’essai
L’essai étudié est l’essai G-Car décrit au chapitre II.2.2.3. Il s’agit de créer une macro-pile
entre deux armatures coulées dans un même béton.
Afin d’évaluer la corrosion par plusieurs méthodes et de vérifier leur concordance, les
éprouvettes sont suivies à l’aide de mesures électriques et électrochimiques et par émission
acoustique (figures III-5 et III-6).
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 124/ 194
acquisition EA
Figure III- 5 : Schéma de montage du suivi électrochimique et par EA
Figure III- 6 : Photo de la cellule de
corrosion accélérée
2.3. Contrôle du développement de la corrosion
2.3.1. Contrôles électrochimiques
2.3.1.1. Suivi du potentiel libre anodique et cathodique
Deux types de potentiel électrochimique de l’armature sont mesurés par rapport à une
électrode de référence au calomel saturé (ECS), le potentiel libre de l'armature et le potentiel
de la pile ou potentiel du circuit. Les mesures du potentiel nous permettent de vérifier si
l’armature se trouve dans le domaine de corrosion probable.
Avant de démarrer le test de corrosion accélérée en connectant les deux armatures, pour
l’ensemble des échantillons partiellement immergés dans l’eau, le potentiel de la cathode est
mesuré afin de valider la passivation de celle-ci et le potentiel libre anodique de l’armature est
Ele
ctro
de
Cal
om
el S
atu
ré
V
i
Cat
hode
Ano
de
R
V
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 125/ 194
mesuré afin de vérifier si cette dernière est dans le domaine probable de corrosion (figure III-
7). Mais pour obtenir la valeur de ce potentiel, il est nécessaire d’ouvrir le circuit c’est-à-dire
de déconnecter les armatures entre elles, ce qui modifie la cinétique du processus (chapitre
II.2.4.1.2). Par conséquent, par la suite, on s’est contenté de suivre le potentiel du circuit.
Le potentiel libre de l’armature est mesuré pendant dix jours en utilisant une électrode de
référence au calomel saturé (ECS). Nous observons qu’après immersion des épreuves dans
l’eau à (t>0), le potentiel libre décroît rapidement pour atteindre après deux jours des valeurs
entre -125 mV et -275 mV/ ECS correspondant au domaine probable de corrosion selon
ASTM C876-91 et RILEM TC 154-ECM [ASTMC876, 91] [Elsener, 2003]. Ces valeurs
continuent à décroître entre -300 mV et -450 mV/ ECS et se stabilisent après cinq jours. Le
graphe suivant (figure III-7) indique l’évolution du potentiel de l’armature anodique et de
l’armature cathodique pour la première série d’échantillons.
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
0 2 4 6 8 10Temps (j)
Pot
entie
ls (m
V/E
CS
)
ttl
A1 anodeA1 cathodeA2 anodeA2 cathodeB1 anodeB1 cathodeB2 anodeB2 cathodeC1 anodeC1 cathodeC2 anodeC2 cathode
Figure III- 7 : Potentiels libres anodique et cathodique des armatures avant connexion
électrique
On remarque que la différence de potentiel anodique et cathodique pour l’épreuve B1 est très
faible alors que celle de l’épreuve A1 est très importante. La protection cathodique pendant la
carbonatation du béton a joué son rôle puisque son potentiel pour l’ensemble des épreuves est
bien inférieur au potentiel anodique. Cela nous permet de vérifier si l’armature est dans le
immersion
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 126/ 194
domaine de corrosion probable c’est-à-dire autour de -350 mV/ ECS ce qui correspond à une
très forte probabilité de corrosion suivant ASTM C 876 et RILEM TC 154-EMC [ASTM,
1991] [Elsener, 2003]. Lorsque l'armature est passive, le potentiel varie entre 0 et -200
mV/ECS (électrode au calomel) et au cours de l’humidification de l’éprouvette, il devient plus
positif. Par contre, si l'armature est dépassivée, le potentiel devient encore plus négatif et sa
valeur est comprise entre -300mV et -600 mV au cours de l’humidification du béton [AFPC-
AFREM, 1997], [Ping Gu, 1998].
Tous les échantillons, à l'exception de celui avec l'armature A2, sont gardés pour poursuivre
les essais de corrosion accélérée. Seul le modèle A2 a été retiré et rompu. La progression du
front de carbonatation est contrôlée avec la phénolphtaléine. Cela permet de vérifier que le
front de carbonatation a bien atteint l'armature (figure III-8).
Figure III- 8 : Photo de l’éprouvette A2 fendue après un test en immersion pendant dix jours
Le potentiel indique que l’armature cathodique est dans un domaine de corrosion probable
[ASTM, 1991]. Cela est confirmé par le test à la phénolphtaléine. Le dioxyde de carbone a
réussi à diffuser le long de l’armature à l’interface acier-béton. L’armature avant coulage est
recouverte sur une grande partie, excepté la zone de polarisation, d’une protection anti-rouille.
La présence de cette protection sur l’armature empêche l’adhérence acier-béton, permettant la
diffusion du dioxyde de carbone le long de cette interface. Pour pallier ce problème, les
éprouvettes suivantes ont reçu en surface, à la jonction du béton et de l’armature cathodique,
une protection époxy.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 127/ 194
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
10 20 30 40 50 60Temps (j)A1 B1 C1
Pote
ntie
l anodi
que
(mV
/EC
S)
Figure III- 9 : Potentiel libre anodique en fonction du temps après connexion des armatures
Si on analyse les résultats des figures III-7 et III-9 au regard de la recommandation ASTM
C876-91, les armatures sont dépassivées. On remarque que l’évolution du potentiel libre des
armatures n’est pas le même suivant les barres et dépend de plusieurs facteurs :
• du potentiel anodique de la barre au début de l’essai ; les valeurs varient de -100 mV à
+ 100 mV (figure III-7).
• du courant galvanique créé dans le cas de connexion des armatures cathodiques et
anodiques entre elles.
• le suivi du potentiel libre est une indication qualitative sur l’état de l’armature mais la
cinétique du système dépend de l’évolution du potentiel du circuit et de la différence
de potentiel entre les deux armatures au moment de la connexion.
• de la distance entre les deux armatures anodique et cathodique.
• du rapport entre la surface de polarisation anodique et cathodique.
2.3.1.2. Suivi du potentiel du circuit
L’essai de corrosion accélérée commence lorsque les deux armatures (anode et cathode) sont
connectées entre elles. Le potentiel du circuit est relevé et représenté sur la figure III-10
pendant les 30 premiers jours des essais.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 128/ 194
2.3.1.2.1. Influence du rapport Sa/Sc et de la distance
anodique/cathodique
-700
-650
-600
-550
-500
-450
-400
-350
-300
-250
0 10 20 30 40
Temps (j)
Pot
entie
l circ
uit (m
V/ E
CS)
e d
Sa/Sc=1; d=40mm Sa/Sc=1/2; d=40mmSa/Sc=1; d=70mm Sa/Sc=1/2; d=70mm
Figure III- 10 : Suivi du potentiel du circuit pour des rapports Sa/Sc différents et des
distances anodiques/ cathodiques différentes
On constate que le potentiel du circuit des éprouvettes de type B (Sa/Sc=1/2 et d=40 mm) est
plus négatif que celui des éprouvettes de type A (Sa/Sc=1 et d=40 mm) pouvant atteindre des
valeurs jusqu’à -650 mV contre -500 mV. Cela confirme qu’une corrosion par courant
galvanique est plus importante pour des éprouvettes de type B (densité de courant de
corrosion de 3 µA/cm2) que pour des éprouvettes de type A (densité de courant de corrosion
de 1,5 µA/cm2). Le rapport Sa/Sc a une influence sur le courant de corrosion [Andrade, 2008]
De même, le potentiel des éprouvettes de type B’ (Sa/Sc=1/2 et d=70 mm) atteint des valeurs
entre -350 mV et -480 mV contre -650 mV pour des éprouvettes de type B. La distance entre
les armatures a une influence sur le courant galvanique. La résistivité du béton entre les deux
armatures des éprouvettes de type B’ est plus importante limitant le passage du courant et
diminuant la corrosion due au courant galvanique.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 129/ 194
2.3.1.2.2. Influence de la différence de potentiel entre les deux
armatures au moment de leur connexion
-600
-500
-400
-300
-200
-100
00 10 20 30 40
Temps (jour)
Pot
entie
ls (m
V/E
CS
)
C
S)
Anode A1
Cathode A1
Circuit A1
Anode A2a
Cathode A2a
Circuit A2a
Anode A3a
Cathode A3a
Circuit A3a
Figure III- 11 : Evolution des potentiels libres et du potentiel du circuit pour des armatures
dont Sa/Sc=1 et d=40 mm
La différence de potentiel libre entre les armatures anodiques et cathodiques influe sur la
cinétique de corrosion, donc sur le courant de corrosion. En analysant la figure III-11, on
constate que :
• armature A1 : pour une différence de potentiel de 160 mV entre l’anode et la cathode
avant connexion, le potentiel libre anodique varie de -80 mV.
• armature A2a : pour une différence de potentiel de 150 mV entre l’anode et la cathode,
le potentiel libre anodique varie de -30 mV.
• armature A3a : pour une différence de potentiel de 90 mV entre l’anode et la cathode,
le potentiel libre anodique varie de -10 mV.
Si on compare au courant galvanique relevé sur cette période, on a les valeurs suivantes :
• Ig(A1)= 35 µA pour un potentiel anodique de -500 mV.
• Ig(A2a)=24 µA pour un potentiel anodique de -530 mV.
• Ig(A3a)=18 µA pour un potentiel anodique de -460 mV.
Le potentiel libre de l’anode et la différence de potentiel entre les armatures avant connexion
sont autant de facteurs influant sur la corrosion de l’armature qui sont à déterminer avant
chaque essai. Bien que les éprouvettes aient été préparées et stockées dans les mêmes
conditions, le suivi du potentiel libre anodique montre que les conditions de corrosion sont
différentes pour chaque armature.
Connexion électrique
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 130/ 194
2.3.2. Contrôle du courant
2.3.2.1. Par suivi de la tension du circuit
Pour ne pas perturber le processus de corrosion, une résistance fixe dont la valeur est connue
est montée en série entre les deux armatures connectées. Cela permet de suivre l’évolution du
courant galvanique en suivant l’évolution de la tension aux bornes de la résistance.
Le courant de corrosion est suivi durant tout le test. Le tableau (tableau III-3) et le graphe
(figure III-12) montre le suivi de la densité du courant galvanique pour des éprouvettes de
type A, A’, B, B’ et C pour une durée de 40 jours.
Tableau III- 3: Tableau des différentes densités de courant
Type d’éprouvette Densité de courant Surface polarisée Distance entre
armatures
A 1,6 à 2,5 µA/cm2 Sa=Sc 40 mm
B 1,2 à 3,9 µA/cm2 Sa=Sc/2 40 mm
C 3,1 à 6,8 µA/cm2 Sa=Sc/4 40 mm
A’ 0,3 µA/cm2 Sa=Sc 70 mm
B’ 0,6 à 1,3 µA/cm2 Sa=Sc/2 70 mm
0
1
2
3
4
5
6
7
8
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (j)Sa=Sc; d=40 mm Sa=Sc; d=70 mmSa=Sc/2; d=40 mm Sa=Sc/2; d=70 mmSa=Sc/4; d=40 mm
Den
sité
de
cour
ant g
a lv
aniq
ue (
µA
/cm
2)
Figure III- 12 : Courant galvanique pour des éprouvettes Sa=Sc, Sa=Sc/2 et Sa=Sc/4,
distance entre armatures égale à 40mm ou 70mm
Plus la distance entre l’anode et la cathode est grande, plus le courant galvanique est faible.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 131/ 194
De même, le rapport de surface (Sa/Sc) est déterminant dans l’évolution du courant
galvanique. Pour une distance de 70 mm, le courant galvanique est relativement stable sur une
période de 40 jours alors qu’il est croissant lorsque la distance entre les armatures est de 40
mm.
2.3.2.2. Par calcul de la perte de masse
A la fin du test, pour vérifier si le courant mesuré correspond au courant de corrosion calculé
par la loi de Faraday, l’échantillon est rompu. L’armature est nettoyée et placée dans la
solution de Clarke selon la norme ASTMG1-90 [ASTM, 1990] et la perte de masse est
mesurée. Le tableau III-2 donne les pertes de masse relevées pour l’ensemble des corps
d’épreuve. La perte de masse pour l’armature A1 après 120 jours d’essai est de 0,31 g.
Le courant calculé au chapitre II.4.2 selon la loi de Faraday donne :
µAi 103= et 2/3,3 cmµAS
ij ≅=
Le courant de corrosion moyen calculé par la loi de Faraday sur la période d’essai t1 est de
103 µA, c'est-à-dire une densité de courant de corrosion de 3,3 µA/cm2. Si l’on compare avec
le courant relevé et tracé à la figure III-12 d’une valeur de 1,6 µA/cm2 sur une durée de 40
jours et de 2,7 µA/cm2 sur une durée de 110 jours (tableau III-4), on constate que le courant
calculé est supérieur. L’ensemble des données sont notées dans le tableau III-4 en fonction
des rapports Sa/Sc et de la distance entre armatures.
Tableau III- 4: Récapitulatif des caractéristiques et des différents contrôles effectués sur les
corps d’épreuve avec un courant galvanique par macro-pile
Barre A1 A’1 B1 B2 B’1 B’2 C1 C2
Rapport Sa/Sc 1/1 1/1 1/2 1/2 1/2 1/2 1/4 1/4
Distance anode/ cathode
(mm)
40 70 40 40 70 70 40 40
t1 (j) 120 45 60 80 45 45 60 80
Potentiel circuit/ECS (mV) à
la fin de l’essai
-418 -402 -334 -280 -410 -465 -423 -310
t2 (j) 0 120 120 190 120 120 120 190
Perte de masse (g) 0,31 0,50 0,320 0,456 0,568 0,620 0,300 0,488
j1 (µA/cm2) 3,3 14,1 13,5 14,5 31,5 33,8 25,4 31,1
j2 (µA/cm2) 3,3 3 4,5 4,3 8,6 9,2 8,5 9,2
jG (µA/cm2) 2,7 0,3 1,9 5,4 1,1 2,5 7,6 11,4
Avec : t1 : durée d’immersion dans la cellule de corrosion.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 132/ 194
t2 : temps écoulé entre la sortie de la chambre de carbonatation et l’immersion
dans la cellule de corrosion.
j1 : densité de courant de corrosion calculé (loi de Faraday) sur la durée t1.
j2 : densité de courant de corrosion calculé (loi de Faraday) sur la durée t1+t2.
jG : densité de courant galvanique relevé sur la durée t1-10 jours (dès
connexion des armatures).
On peut remarquer que la densité de courant galvanique calculée par la loi de faraday j2 n’est
pas du même ordre de grandeur que la densité de courant galvanique relevé jG pour les barres
de type A’ et B’. Cela confirme que la distance entre les armatures est trop importante,
diminuant l’impact du courant galvanique. La densité de courant de corrosion j2 très
supérieure à jG montre qu’il y a bien eu une corrosion due à des micro-piles (tableau III-4), le
potentiel du circuit se trouvant dans un domaine de corrosion très probable entre -400 et -465
mV à la fin de l’essai.
En analysant le tableau III-4, on constate qu’il y a des différences entre le courant calculé et le
courant relevé. En général le courant calculé à partir des pertes de masse est supérieur au
courant relevé. Plusieurs raisons peuvent être à l’origine de cette différence:
• le nettoyage de la barre selon la norme ASTM G1-90 après l’essai de corrosion : le
brossage métallique de la barre enlève trop de matière.
• le temps pris en compte pour le calcul du courant de corrosion par la loi de Faraday
est différent du temps correspondant à l’essai. Certains corps d’épreuve sont laissés
en chambre tempérée après leur sortie de la chambre de carbonatation.
• les résistances montées en série sont trop faibles pour la mesure du courant
galvanique à l’origine d’une incertitude dans la mesure de la tension du circuit.
• la corrosion par micro-piles peut démarrer dès que le front de carbonatation atteint
l’armature dans le béton. En effet, lorsque l’éprouvette carbonatée sort de la chambre
de carbonatation, la barre est déjà dépassivée. Comme celle-ci n’est pas utilisée
immédiatement d’une part afin de stabiliser son hygrométrie et d’autre part dans
l’attente de démarrer l’essai et que les conditions de corrosion sont réunies, le
processus de corrosion peut commencer. De plus, l’éprouvette est placée dans l’eau
avant le test pour suivre l’évolution du potentiel, initiant et propageant la corrosion
par micro-piles [Andrade, 2008].
• lorsque de la corrosion par piqûre est induite par un courant galvanique, cela génère
des différences de potentiel localement provoquant de la corrosion par micro-piles.
• l’estimation de la surface polarisée à prendre en compte dans le calcul.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 133/ 194
2.3.3. Contrôle visuel
Les premiers résultats électrochimiques ont montré que les corps d’épreuve testés étaient dans
un état de corrosion très probable. En créant un courant galvanique, on provoque une
corrosion accélérée. Le contrôle visuel permet de valider ou d’infirmer ce qui a été constaté
précédemment et de vérifier l’influence des paramètres tels que la durée de conservation de
l’éprouvette avant l’essai, le rapport Sa/Sc et la distance entre les armatures. Ce contrôle est
qualitatif et ne donne qu’une indication de l’évolution de la corrosion d’une armature coulée
dans le béton.
2.3.3.1. Influence de la durée de conservation avant l’essai
Deux éprouvettes de type A ont été testées sans courant galvanique, l’une en immersion et
fendue après 10 jours, l’autre à température ambiante (20°C et HR=60%) et fendue après 120
jours. Les photos des figures III-13 et III-14 montrent l’évolution de la corrosion.
On constate que d’une part, avant de démarrer l’essai de corrosion accélérée il y a bien
corrosion par micro-piles (figure III-13) et que d’autre part le processus de corrosion par
micro-piles évolue dans le temps (figure III-14).
Figure III- 13 : Eprouvette A2 après essai en
immersion pendant 10 jours
Figure III- 14 : Eprouvette A’2 après
essai à température ambiante durant 120 j
Anode Cathode
Béton entourant l’anode
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 134/ 194
2.3.3.2. Influence du rapport de surface
Figure III- 15 : Eprouvette B2 après 90 jours
d’essai et avec courant galvanique
Figure III- 16 : Armatures de l’éprouvette B2
Figure III- 17 : Eprouvette C2 après 90
jours d’essai et avec courant galvanique
anode
anode cathode
anode cathode
cathode
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 135/ 194
Les photos (figures III-15, III-16 et III-17) permettent de remarquer que la surface des zones
attaquées par la corrosion est à peu près identique même si la surface anodique est deux fois
plus grande. La mesure du courant galvanique relevé est également à peu près similaire (85
µA pour B2 et 90 µA pour C2) ce qui valide l’observation visuelle.
En revanche, la densité de courant de corrosion de la barre C2 (j1= 31,1 µA/cm2 et j3=11,4
µA/cm2) est bien deux fois plus grande que celle de la barre B2 (j1= 14,5 µA/cm2 et j3=5,4
µA/cm2).
2.3.3.3. Influence de la distance entre armatures
Le courant galvanique de l’éprouvette B1 (IG = 30 µA) est plus important que celui de
l’éprouvette B’1 (IG = 15 µA) confirmant que lorsque la distance entre les armatures est petite
(40 mm au lieu de 70 mm), cela favorise le passage du courant.
Lorsqu’on compare à la perte de masse et à la différence de potentiel du circuit (tableau III-4),
les photos (figures III-18 et III-19) montrent confirme bien une corrosion plus importante
pour l’éprouvette B’1 que pour l’éprouvette B1 correspondant aux données relevées
(m(B’1)=0,568 g et m(B1)=0,320 g) et attestant qu’une corrosion par micro-piles a eu lieu
en même tant que la corrosion par courant galvanique.
Figure III- 18 : Photo éprouvette B’1 après 45
jours d’essai et avec courant galvanique. Photo
de l’armature anodique
Figure III- 19 : Photo éprouvette B1 après
60 jours d’essai et avec courant galvanique
Anode
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 136/ 194
2.3.3.4. Influence du courant galvanique
Figure III- 20 : Photo éprouvette A’2 après
120 jours sans courant galvanique
Figure III- 21 : Photo éprouvette A1 après 120
jours d’essai et avec courant galvanique
En comparant les photos des figures III-20 et III-21, on constate après 120 jours d’essai que
l’éprouvette A1 a subi une corrosion plus importante que l’éprouvette A’2.
On constate d’une part que le courant galvanique a une influence sur la corrosion et d’autre
part qu’il y a bien deux types de corrosion, la corrosion par micro-piles constatée sur les corps
d’épreuve qui n’ont pas eu de courant galvanique (A’2) et la corrosion par macro-pile pour les
éprouvettes dont les armatures ont été connectées (A1).
2.4. Conclusion
En faisant varier différents paramètres comme le rapport de surfaces Sa/Sc et la distance entre
les armatures, on fait varier IG et Icorr, avec pour objectif de détecter cette variation par
émission acoustique. L’essai de carbonatation accélérée du béton permet de dépassiver
l'armature de façon uniforme sur une zone prédéfinie. En appliquant la loi de Faraday, on
obtient une corrélation entre la perte de masse théorique et réelle pour des essais dont la
distance entre les deux armatures est faible permettant plus facilement le passage du courant
galvanique et dont la corrosion par micro-piles est faible devant la corrosion par macro-piles.
Anode Cathode
anode
cathode
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 137/ 194
L'essai de corrosion accélérée par macro-pile permet de fournir des conditions fiables de
développement de la corrosion. L'armature anodique dans le béton est corrodée et la densité
de courant de corrosion varie entre 1 et 20 µ A/cm2. Mais le processus de corrosion dépend
de la différence initiale entre le potentiel cathodique et le potentiel anodique, ce qui rend
difficile la reproductibilité des essais.
Les essais de corrosion accélérée par courant galvanique montrent que l’on obtient bien de la
corrosion et dans des délais assez courts de l’ordre de 2 à 3 mois avec des courants de
corrosion proches de ceux rencontrés dans les structures en béton armé.
Mais l’analyse des mesures électrochimiques laisse entrevoir des mises au point à faire quand
à la validité de l’essai.
• la distance entre l’anode et la cathode ne doit pas excéder 40 mm. Plus elle sera
faible, plus la corrosion par macro-pile sera importante.
• la différence de potentiel entre l’anode et la cathode doit être la plus grande possible
pour accélérer le passage du courant. Pour cela la cathode doit être maintenue
totalement passivée.
• limiter le temps de carbonatation pour que la corrosion ne démarre pas trop tôt.
• les essais devront démarrer au plus tôt après la sortie de la chambre de carbonatation
pour limiter la corrosion par micro-piles et contrôler aussi le courant galvanique.
La mesure du courant galvanique n’est pas un indicateur pertinent car il n’est pas représentatif
des conditions réelles de corrosion. Il faut prendre en compte également le courant par micro-
piles pour déterminer le courant de corrosion Icorr. Dans le cas de courant galvanique élevé
de 10µA/cm2 à 100 µA/cm2 comme dans les premiers essais expliqués au chapitre II, la
mesure de IG donnait un état approximatif du courant de corrosion Icorr de l’armature
acceptable et en adéquation avec ce qui était enregistré par émission acoustique. Dès que IG
est approximativement du même ordre de grandeur que Imicro-piles, il n’est plus représentatif de
Icorr. Afin de corréler les mesures effectuées par émission acoustique, il faut connaître l’état de
l’armature anodique et donc de Icorr au cours du temps. C’est ce que nous nous attacherons à
faire par la suite.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 138/ 194
3. Analyse des résultats d’émission acoustique
3.1. Introduction
Les premiers résultats indiquent que l'initiation de la corrosion génère de l’activité acoustique.
Les échantillons de béton sont contrôlés par émission acoustique tout d’abord dans l’air
ambiant, puis une fois immergés et après avoir établi la connexion entre les armatures
anodique et cathodique. Cela permet de différencier l'origine des différentes salves obtenues.
Ce paragraphe traite de la manière dont les salves ont été classifiées en examinant tout d'abord
les formes d'onde une par une. Cette classification permet ensuite à partir des paramètres de
chaque classe de déterminer des filtres paramétriques et de vérifier la validité de ces
hypothèses sur de nouveaux essais. Puis pour chaque classe répertoriée, l’activité de corrosion
est mise en parallèle avec les événements acoustiques.
3.2. Analyse temporelle
L’analyse temporelle permet de suivre l’évolution dans le temps de l’éprouvette et donc de
l’armature dans le béton. Nous allons analyser dans un premier temps les résultats des deux
éprouvettes B2 et C2. Les premiers résultats n’ont pas été filtrés (figures III-22 et III-23).
30
40
50
60
70
80
0 10 20 30 40 50 60
Temps (jour)
Am
plitu
de (dB
)
Figure III- 22 : Amplitude (dB) en fonction du temps (jour) de l’éprouvette B2
immersion Addition d’eau dans la cellule
Connexion électrique
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 139/ 194
30
40
50
60
70
80
0 10 20 30 40 50 60
Temps (jour)
Am
plitu
de (dB
)
)
Figure III- 23 : Amplitude (dB) en fonction du temps (jour) de l’éprouvette C2
Le suivi a été fait en continu pour ne perdre aucune information. Le fait d’immerger
l’éprouvette et de connecter les armatures entre elles accélère le processus de corrosion.
Lorsqu’on analyse les figures III-22 et III-23, l’activité enregistrée ne donne pas la même
évolution et laisse penser à des cinétiques de corrosion différentes.
En corrélant ces résultats avec ceux décrits au paragraphe III.2.3, ces deux éprouvettes ont des
courants de corrosion de l’ordre de 80 µA et des masses à peu près identiques dans les mêmes
conditions d’essai (tableau III-5). Les potentiels anodiques de B2 et de C2 avant la connexion
des armatures sont de -380 mV, ce qui explique qu’une corrosion par micro-piles a eu lieu.
Tableau III- 5: Suivi du courant pour les éprouvettes B2 et C2
Masse perdue (g) t1 (j) t1+t2 (j) jG (t1) (µA/cm2) j2 (t1+t2) (µA/cm2)
B2 0,456 80 270 5,4 4,3
C2 0,488 80 270 11,4 9,2
Figure III- 24 : Photo du béton entourant la
barre anodique B2 après 80 jours d’essai
Figure III- 25 : Photo de l’épreuve C2 après
80 jours d’essai
Connexion électrique
immersion Addition d’eau dans la cellule
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 140/ 194
En analysant les graphiques, l'activité augmente après addition d'eau dans la cellule puis
diminue au bout d’un jour pour les deux échantillons. Lorsque les deux armatures sont
connectées au bout de dix jours, l'activité se poursuit mais à des instants différents pour les
deux échantillons. Comme il a été expliqué au III.2.3, la seule mesure du courant galvanique
n’est pas représentative du courant de corrosion puisqu’il ne tient pas compte du courant
induit par la corrosion par micro-piles. La perte de masse finale ne nous permet pas de
connaître la cinétique de corrosion et de déterminer avec précision quelle part de la corrosion
par micro-piles a eu lieu pendant et avant l’acquisition par émission acoustique.
Afin de corréler les événements acoustiques et la corrosion de l’armature, il faudrait
connaître : Icorr = Igalva+Imicropile à chaque instant de l’enregistrement par émission acoustique.
Ceci est confirmé par l’étude sur l’éprouvette A’2 qui n’a pas subi de corrosion par courant
galvanique (figure III-26).
30
40
50
60
70
80
0 2 4 6 8 10Temps (j)
Am
plitu
de (d
B)
de
Figure III- 26 : Amplitude de A’2 à température ambiante en fonction du temps
L’éprouvette A’2 est sortie de la chambre de carbonatation depuis 120 jours et laissée en
chambre tempérée à 20°C. L’éprouvette fendue, on constate qu’ il y a bien eu corrosion
(figure III-20).
On remarque qu’une activité acoustique est enregistrée pour des courants galvaniques nuls.
On enregistre bien une activité même peu importante pour de faibles courants de corrosion,
due seulement aux micro-piles.
Cette seule analyse de l'amplitude n'est pas suffisante pour déterminer l'origine des salves.
D’autres paramètres extraits des salves peuvent être déterminants et nous permettre de mieux
identifier les salves dues à la corrosion.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 141/ 194
3.3. Identification des paramètres d’EA les plus pertinents
Plusieurs paramètres peuvent être extraits d’une salve. L’analyse de l’évolution temporelle de
ces paramètres permet de renseigner sur l’évolution des phénomènes. Mais il peut y avoir
redondance d’informations entre certains paramètres. Enfin, il est intéressant de distinguer
quels sont les paramètres les plus porteurs d’information.
L’analyse en composantes principales (ACP) donne une indication de la dépendance des
paramètres entre eux. C’est une méthode permettant de mettre en évidence des corrélations
entre des variables prises deux à deux dans un ensemble de données multidimensionnelles et
de détecter éventuellement des valeurs suspectes. Le but de l’ACP est de représenter des
variables de dimensions n dans une dimension plus petite contenant la plupart de
l’information. Il s’agit en combinant les variables initiales de créer de nouvelles variables
factorisées appelées composantes principales. Graphiquement, les points sont projetés sur des
axes et leurs nouvelles coordonnées sont les valeurs des composantes principales. L’ACP
précède souvent une classification voire une régression multivariée.
A partir des paramètres fournis par les salves lors des différents essais réalisés, on obtient les
représentations graphiques des figures III-27 et III-28.
Lorsqu'on se place en dimension deux, les points de l’échantillon ne sont plus représentés que
sur un plan perdant ainsi une partie de l’information. Le résultat d'une ACP sur ce plan
consiste à déterminer les deux axes qui expliquent le mieux la dispersion de ces points. Ces
axes représentent les composantes principales.
Les composantes principales, variables décorrélées deux à deux, définissent des directions de
l’espace qui sont deux à deux orthogonales. Le premier axe représente la première
composante principale, fournissant la plus grande partie de l'information d'origine. Puis on
trace la représentation des points dans les plans définis par ces nouveaux axes. Lorsque les
unités de mesure diffèrent d'une variable à l'autre (ex : fréquence moyenne en kHz, énergie
absolue en atto-joule), le recours à la réduction des variables est systématique, permettant
d'atténuer l'effet d'échelle, c’est la normalisation.
Le premier graphe est la représentation des différents paramètres à partir des deux premières
composantes principales PC1 et PC2 (figure III-27). Le deuxième graphe est la représentation
à partir de la première et troisième composantes principales PC1 et PC3 (figure III-28).
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 142/ 194
Figure III- 27 : Représentation des paramètres selon la méthode ACP pour l’éprouvette B2
suivant deux composantes principales PC1/PC2
Figure III- 28 : Représentation des paramètres selon la méthode ACP pour l’éprouvette B2
suivant deux composantes principales PC1/PC3
Eprouvette B2
Eprouvette B2
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 143/ 194
L’analyse des graphes (figures III-27 et III-28) nous indique que l’amplitude, l’énergie
absolue et les coups fournissent à peu près la même information. Ils se trouvent sur un même
côté de l’axe principal. De même le nombre de coups, le temps de montée, la durée
fournissent également la même information et donc la même représentation graphique. Les
figures III-29 et III-30 représentent pour le même essai, le graphe de l’amplitude en fonction
du temps et le graphe du nombre de coups en fonction du temps.
35
45
55
65
75
85
95
0 10 20 30 40 50 60Temps (jour)
Am
plitu
de (dB
) B
)
Figure III- 29 : Amplitude en fonction du temps pour l’éprouvette B2
0
20
40
60
80
100
120
140
160
0 10 20 30 40 50 60Temps (jour)
Nom
bre
de c
oups
b
s
Figure III- 30 : Nombre de coups en fonction du temps pour l’éprouvette B2
On constate qu’on obtient à peu près la même information.
Par contre, la fréquence au pic P-Frq et la moyenne fréquentielle A-Frq sont deux paramètres
fortement dé-corrélés qui sont susceptibles de porter des informations différentes.
Pour rechercher un maximum d’information permettant de différencier les salves, on
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 144/ 194
s’intéresse aux paramètres indépendants en les combinant entre eux. Les paramètres à retenir
pour les études suivantes sont l’Amplitude ou le nombre de coups, le temps de montée (Rise)
ou la durée (Duration), la fréquence au pic (P-Frq) et la fréquence moyenne (A-Frq).
3.4. Analyse multi-paramétriques
Les salves sont déterminées à partir de plusieurs paramètres. Il est ainsi possible de
caractériser des formes d’onde appartenant à un même groupe à partir de deux ou plusieurs
paramètres. Les paramètres choisis sont des variables dé-corrélées entre elles, c’est-à-dire sur
des axes orthogonaux par rapport à un axe principal, fournissant le plus d’information. Ces
variables sont obtenues à partir de l’analyse en composantes principales expliquée au III.3.3.
Les deux graphes (figures III-27 et III-28) indiquent que la moyenne fréquentielle (A-Frq), la
fréquence maximum (P-Frq) et la durée de la salve (Duration) sont fortement décorrélées.
Figure III- 31 : Graphe 3D (P-Frq, A-Frq, duration) de l’éprouvette B2
On s’aperçoit que des groupes de salves se dessinent (figure III-31). L’analyse des paramètres
des salves à l’intérieur de chaque groupe va permettre de les identifier et de les classifier.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 145/ 194
3.5. Reconnaissance et classification des salves
La méthodologie que nous allons décrire a été mise au point à partir des résultats obtenus sur
les échantillons B2 et C2. Cela consiste en la séparation des salves par l’analyse des formes
d’onde pour un essai donné et en la classification de ces formes en groupes prenant en compte
leur aspect d’une part, puis les caractéristiques des salves d’autre part.
Dans un premier temps, l’analyse des formes d’onde nous permet d’éliminer certaines salves
correspondant à des bruits liés à la chaîne d’acquisition ainsi qu’aux bruits environnants tels
les impulsions de Dirac ou le bruit continu. Ces salves ont la forme et les caractéristiques
suivantes (figures III-32 et III-33).
Figure III- 32 : Forme d’onde d’un bruit continu
Tableau III- 6 : paramètres de la salve (figure III-32)
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
1 1 1 A<40 0 ou 1000 100
Figure III- 33 : Forme d’onde, impulsions de Dirac
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 146/ 194
Tableau III- 7 : paramètres de la salve (figure III-33)
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
2 4 >500 50 0 ou 1000 200
Tout d’abord, l’essai est décomposé en plusieurs étapes ce qui permet de donner une
correspondance entre les salves obtenues et l’état dans lequel peut se trouver l’armature en
relation avec les résultats électrochimiques expliqués au III.2.3.1.
- L’éprouvette est tout d’abord suivie par émission acoustique avant son immersion. Le
capteur d’émission acoustique est placé sur le béton. Les formes de la majorité des salves
rencontrées sont présentées sur la figure III-34.
Les caractéristiques extraites de cette salve sont données dans le tableau III-8.
Figure III- 34 : Forme d’onde
Figure III- 35 : Spectre associé
Tableau III- 8 : paramètres de la salve (figure III-34)
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
7 1 8 37 125 156
Ces formes d’onde sont regroupés dans une classe appelée classe 0.
Ce sont des salves de faible amplitude dont la plus grande partie de la forme d’onde est
inférieure au seuil d’acquisition. Ce seuil de 35 dB est imposé par les limites de l’appareillage
ne permettant pas d’une part, une grande capacité de stockage de l’ensemble des salves et
d’autre part, de les séparer des autres bruits de la chaîne d’acquisition. Ces signaux de la
classe 0 ainsi que les bruits identifiés précédemment seront éliminés par le traitement des
données.
- Après quelques jours en immersion, de nouvelles salves apparaissent avec la forme suivante
(figures III-36 et III-38):
1000
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 147/ 194
Figure III- 36 : Forme d’onde associée à une salve. Figure III- 37 : Spectre associé à
la forme d’onde figure III-36.
Tableau III- 9 : Récapitulatif des paramètres de la salve figure III-36
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
35 13 127 45 102 163
Figure III- 38 : Forme d’onde associée à une salve.
Figure III- 39 : Spectre associé à la
forme d’onde III-38.
Tableau III- 10 : Récapitulatif des paramètres de la salve figure III-38
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
10 12 76 45 158 161
Ces formes d’onde sont regroupés dans une classe appelée classe 1.
- Les corps d’épreuve sont toujours immergés. Les armatures anodique et cathodique sont
connectées entre elles. Après connexion des armatures, on trouve toujours des salves de classe
1 mais de nouvelles salves apparaissent. Elles ont les formes et les caractéristiques suivantes
(figures III-40 et III-42).
1250
1250
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 148/ 194
Figure III- 40 : Forme d’onde associée à une salve
Figure III- 41 : Spectre associé à la
forme d’onde III-40
Tableau III- 11 : Récapitulatif des paramètres
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
55 31 166 47 187 239
Figure III- 42 : Forme d’onde
Figure III- 43 : Spectre associée à la forme
d’onde III-42
Tableau III- 12 : Récapitulatif des paramètres
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
20 21 129 49 163 258
Ces formes d’onde sont regroupées dans une classe appelée classe 2.
Les salves sont réparties en trois classes en fonction de leur forme. Plusieurs graphiques sont
tracés en combinant les différents paramètres. L'un d'eux est présenté sur les figures III-44 et
III-45. La représentation (en fonction de deux paramètres seulement) de la fréquence
moyenne en fonction de la fréquence maximale (A-Frq fct P-Frq) montre que les salves de
classe 1 et de classe 2 sont concentrées sur des fréquences maximales autour de 150 kHz et
250 kHz respectivement.
1250
1250
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 149/ 194
0
50
100
150
200
250
300
350
400
0 50 100 150 200 250 300 350 400
P-Frq (kHz)Classe 0 Classe 1 Classe 2
A-f
rq (k
Hz)
Figure III- 44 : Graphe A-Frq/ P-Frq éprouvette B2
0
50
100
150
200
250
300
350
400
0 100 200 300 400
A-F
rq (k
Hz)
P-Frq (kHz)Classe 0 Classe 1 Classe 2
Figure III- 45 : Graphe A-Frq/ P-Frq éprouvette C2
Classe 0:
Cette catégorie comprend tous les signaux de salves de faible amplitude (<40).
En règle générale, les salves de classe 0 montrent une distribution d'amplitude concentrée
autour de 35-40 dB et la fréquence au pic (P-Frq) est comprise entre 100 kHz et 300 kHz
(tableau III-13).
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 150/ 194
Tableau III- 13 : Tableau récapitulatif des paramètres extraits des salves de classe 0
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
< 10 < 5 < 100 35- 40 70 < x < 200 100 < x < 300
Classe 1:
Tableau III- 14 : Tableau récapitulatif des paramètres extraits des salves de classe 1
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
> 9 > 5 > 50 40 < x < 50 90 < x < 170 130 < x < 170
Les salves de la classe 1 couvrent une gamme assez large d’amplitude allant jusqu'à 55 dB. La
fréquence maximale (P-Frq) est située autour de 150 kHz (tableau III-14) et d’une fréquence
moyenne (A-Frq) de 150 kHz et dont l'amplitude est de 20 µV correspondant de 40 à 50 dB.
Classe 2:
Tableau III- 15 : Récapitulatif des paramètres extraits des formes d’onde de classe 2
Rise Count Durat Ampl A-Frq P-Frq
> 9 > 15 > 100 > 45 130 < x < 200 230 < x < 270
Le tableau III-15 présente les caractéristiques relatives aux formes d'onde de la classe 2. La
fréquence maximale (P-Frq) est située autour de 250 KHz et une fréquence moyenne (A-Frq)
de 150 kHz et dont l'amplitude des salves de classe 2 varie entre 30 µV et 50 µV
correspondant de 45 dB à 60 dB.
3.6. Identification des salves
Nous avons d’abord analysé deux éprouvettes corrodées ayant subi une corrosion galvanique.
Les salves correspondant aux classes 1 et 2 sont identifiées sur les deux enregistrements
correspondant aux corps d’épreuve B2 et C2 et sont représentées sur les figures III-46 et III-
47.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 151/ 194
35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
0 10 20 30 40 50 60
Am
plitu
de (d
B)
Temps (jour)Classe 0 Classe 1 Classe 2
Figure III- 46 : Amplitude (dB) / temps (jours) de l’éprouvette B2 avec les 3 classes
35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
0 10 20 30 40 50 60
Am
plitu
de (d
B)
Temps (jour)Classe 0 Classe 1 Classe 2
Figure III- 47 : Amplitude (dB) / temps (jours) de l’éprouvette C2 avec les 3 classes
On constate que dès l’immersion des éprouvettes, les salves de classe 1 apparaissent. En
revanche, après connexion des armatures, dans le premier graphique, une classe unique
apparaît (classe 1, figure III-46) tandis que dans le deuxième graphique, deux classes (classe 1
et classe 2, figure III-47) peuvent être distinguées.
L’armature de l’éprouvette C2 fournit plus de salves de la classe 2 au début de l'essai, après
connexion
immersion
connexion
immersion
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 152/ 194
immersion de l'échantillon dans l'eau et la connexion des armatures, que l’éprouvette B2.
Cela peut s’expliquer par le fait que pour un potentiel libre anodique de -380 mV pour les
deux éprouvettes avant la connexion des armatures, la différence de potentiel entre l’anode et
la cathode est de 150 mV pour B2 et de 80 mV pour C2 (figure III-7). Cela a pour
conséquence de favoriser la pompe à électrons pour l’éprouvette B2 dont le potentiel du
circuit varie de -210 mV à -280 mV mais avec un potentiel à la connexion des armatures de -
210 mV. Par contre le potentiel du circuit de C2 à la connexion des armatures est de -285 mV
et varie jusqu’à -320 mV. Cela peut entraîner la formation de produits de corrosion beaucoup
plus rapidement sur C2, l'armature étant dans un domaine de potentiel de corrosion plus élevé
dès le début. Pour l'échantillon B2, une grande quantité de salves de la classe 2 semble
apparaître après le quarantième jour. Dans les deux cas, les salves de classe 2 apparaissent à
chaque fois après la connexion entre les armatures et surtout après les salves de classe 1, ce
qui pourrait suggérer que ces salves sont dues à la propagation de la corrosion ou à la
corrosion par macro-pile accélérant le processus. Toutefois, pour les deux essais, les salves de
la classe 1 sont présentes dès la phase d'immersion. Ces événements, qui sont
systématiquement relevés sur les deux essais dès que l'eau est ajoutée à la cellule de
corrosion, peut résulter de la migration des ions vers l'armature initiant le processus de
corrosion ce qui suggère que ces salves correspondent à l'initiation du processus de corrosion
en raison de l'ajout d'eau en particulier la corrosion par micro-pile (figures III-46 et III-47).
De même, chaque fois que l'eau est introduite dans la cellule, l'activité acoustique augmente
soudainement atteignant des amplitudes très élevées. Il semble que l'augmentation rapide de
l'amplitude soit liée à l'augmentation du bruit de fond. L'ajout d'eau à la cellule crée une
grande activité avec de fortes amplitudes. D’une part, la pénétration de l’eau dans l’éprouvette
génère des salves que l’on a attribuées à la classe 0. D’autre part, des salves dues à une
corrosion par micro-pile sont superposées au bruit de fond et aux salves issues de la
pénétration de l’eau dans l’éprouvette et difficiles à séparer entre elles. Ces salves ont été
filtrées.
Le fait que les salves de classe 2 ne se produisent que quatre à cinq jours après la connexion
des armatures pour l’éprouvette C2 peut être relié à une augmentation du potentiel qui ralentit
dans un premier temps l’évolution du processus de corrosion.
En reprenant le graphe (figure III-31) et en ne conservant que les salves dont les formes
correspondent aux deux classes décrites au III.3.5 (classe 1 et classe 2), on obtient la figure
III-48.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 153/ 194
Figure III- 48 : Graphe 3D (P-Frq, A-Frq, duration) de l’éprouvette B2
On remarque sur le graphe III-48 que les deux classes forment deux groupes distincts dont les
caractéristiques vont permettre d’instaurer un filtrage.
Certaines études [Yuyama et al, 1986], [Jaubert, 2004] ont montré que le processus de
corrosion causé par différents mécanismes est la source de salves dont les paramètres ont
différentes gammes. Rouby a démontré que les sources d’EA peuvent être analysées d’un
point de vue macroscopique et microscopique [Rouby et al, 1985]. Les processus
irréversibles, les sources d'émission acoustique, sont très souvent associés à l'initiation et la
propagation des dommages. L'énergie d'émission acoustique est libérée lorsque les fissures se
propagent et probablement quand il y a un dommage, résultant de l’expansion due au
processus de corrosion. Mais les émissions acoustiques liées à la corrosion libèrent beaucoup
moins d'énergie que les émissions provenant d'une fissure. Le bruit de fond est également
détecté par émission acoustique et son amplitude est du même ordre de grandeur que
l’amplitude due à la corrosion.
Dans les études où un fort courant de corrosion est appliqué, l'amplitude de salves atteint un
niveau élevé d’environ 100 µV, qui correspond à 60-70 dB. Dans notre cas, le courant de
corrosion est faible et les amplitudes des salves dues à la corrosion sont au même niveau que
celles des salves dues au bruit de fond.
Pour Dai et Zhang, l’émission acoustique du bruit de fond de type continu avec une fréquence
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 154/ 194
plutôt faible, alors que la fissuration par corrosion sous contrainte (CSC) est caractéristique de
salves avec des fréquences situées dans des gammes élevées (400kHz - 800kHz) [Dai et al,
1988]. Les signaux d’émission acoustique produits par la rupture du film de passivation et les
piqûres de corrosion sont détectés avec un niveau supérieur à 50 µV (55 dB) et 300 KHz. Les
signaux émis par le bruit de fond sont détectés avec un niveau de 7,5 µV (37 dB) d’amplitude
maximale [Geng, 2006].
Nos résultats sont du même ordre de grandeur de 2-8 µ V, ce qui correspond à 25-38 dB pour
le bruit de fond. Pour les salves dues à la corrosion, les amplitudes sont situées dans une
fourchette plus large de 20 à 150 µV (de 45 à 65 dB). Si nous analysons les différentes salves
et en étudiant leurs paramètres correspondant aux différentes classes, nous pouvons
différencier les formes d'onde de la corrosion par micro-piles, de la corrosion par macro-pile.
3.7. Détermination des filtres
L'objectif d'utiliser des filtres est d'éliminer les salves liées au bruit de fond et de classifier les
autres salves. Elles sont ensuite analysées pour vérifier leur forme d’onde et valider leur
appartenance à chaque classe.
Un premier filtrage est réalisé sur les coups (Counts), le temps de montée (Rise) et la durée
(Duration) et la moyenne fréquentielle (A-Frq) tels que définis dans le tableau III-16.
Tableau III- 16 : Filtres éliminant le bruit de fond
Paramètres Counts Rise Duration A-Frq
Filtres < 4 < 5 > 400 < 50 et > 400
Par la suite, un filtrage est mis en place dès l’acquisition des données pour éliminer le bruit de
fond.
L'analyse des paramètres, représentatif de chaque classe issue de la méthode par classification
à partir des formes d’onde, a permis de mettre en place des filtres sur la fréquence maximale
(P-Frq), la fréquence moyenne (A-Frq), les coups (Counts), la durée de la salve (Duration) et
l'amplitude (Amplitude), et aussi d'éliminer toutes les salves qui ne font pas partie de la classe
1 et de la classe 2. Les filtres sont présentés dans le tableau III-17.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 155/ 194
Tableau III- 17 : Filtres séparant les salves de classe 1 et de classe 2
Classe 1 Classe 2
Peak-Frequency
(P-Frq)
130 <P-Frq < 170 kHz 230 < P-Frq < 270 kHz
Average-Frequency
(A-Frq)
90 < A-Frq < 170 kHz 130 < A-Frq < 200 kHz
Risetime (Rise) 9 < Rise < 130 9 < Rise < 70
Counts (Coun) 7 < Count < 60 15 < Count < 80
Duration (Duration) 75 < Duration < 200 100 < Duration < 400
Amplitude (Amp) Amp > 40 dB Amp > 45 dB
Les deux classes de salves peuvent ainsi être extraites automatiquement de l’ensemble des
signaux enregistrés en utilisant les filtres déterminés ci-dessus et ceci pour l’ensemble des
essais réalisés.
3.8. Validation de la procédure de filtrage
Les filtres déterminés précédemment (tableau III-17) à partir des éprouvettes B2 et C2 sont
appliqués sur de nouvelles éprouvettes dont certaines sont soumises à un courant galvanique.
L’objectif est de vérifier si le nombre et le type de classe obtenus correspondent aux types de
corrosion présents.
3.8.1. Corrosion par micro-piles
L’éprouvette A’2 a été suivie par émission acoustique, avant immersion dans la cellule de
corrosion, pendant une semaine, les armatures n’étant pas connectées.
L’application des filtres tels qu’ils sont décrits au III.3.7. sur les fichiers obtenus à partir de
l’acquisition réalisée sur l’éprouvette A’2 a donné les résultats suivants.
Une autre éprouvette corrodée A’2 n’ayant pas subi de courant galvanique a été également
analysée. Les résultats sont donnés à la figure III-49.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 156/ 194
35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
0 2 4 6 8 10
Am
plitu
de (d
B)
Temps (jour)Classe 0 Classe 1
Figure III- 49 : Identification des salves par filtrage (amplitude/temps) de l’éprouvette A’2
Sur cet essai, on remarque qu’il n’y a que les salves de classe 1 qui apparaissent. Les
armatures n’étant pas connectées, la seule corrosion possible est la corrosion par micro-piles.
En effet, le suivi électrochimique du potentiel d’abandon de l’armature a donné des valeurs de
l’ordre de -330 mV. Cela prouve que l’armature est bien dans le domaine très probable de
corrosion et que la corrosion par micro-piles a pu s’amorcer.
En analysant les salves de classe 1, l’une des formes d’onde est donnée (figure III-50).
Figure III- 50 : Forme d’onde de classe 1extraite des données de l’éprouvette A’2
Très peu de salves sont enregistrées mais l’enregistrement n’a duré qu’une semaine. Il faut
que la corrosion soit active pour enregistrer des salves. Les salves obtenues à l’aide de la
méthode par filtres correspondent bien aux formes d’onde définies pour la classe 1.
La corrosion par micro-piles est le seul type de corrosion présent dans cet essai puisque les
seules salves obtenues appartiennent à la classe 1.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 157/ 194
3.8.2. Corrosion par macro-pile
L’éprouvette B’1 qui a subi une corrosion par courant galvanique est suivie par émission
acoustique. L’application des filtres aboutit au graphe de la figure III-51. Cela donne une
représentation des différentes classes en fonction du temps.
35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
0 10 20 30 40 50
Am
plitu
de (d
B) d
e
Temps (jour)Classe 1 Classe 2
Figure III- 51 : Graphe représentant l’amplitude en fonction du temps pour l’éprouvette B’1
Après l’immersion de l’éprouvette B’1, des salves de classe 1 apparaissent. Les salves de
classe 2 arrivent après la connexion des deux armatures entre elles.
On obtient beaucoup plus de salves de classe 1 montrant que la corrosion par micro-piles est
prépondérante par rapport à la corrosion par macro-pile, ce qui est validé par le courant
galvanique peu élevé et un Icorr calculé à partir de la perte de masse largement supérieure à IG.
La densité de courant galvanique moyenne jG est égale à 1,1 µA/cm2 contre une densité de
courant de corrosion j2 égale à 8,6 µA/cm2 (tableau III-4). Cette dernière valeur tient compte
de l’ensemble de la corrosion par micro-piles et par macro-pile qu’a subi l’éprouvette B’1 sur
une durée supérieure à celle de l’enregistrement.
Ce filtrage nous permet de déterminer sur une durée d’enregistrement si des salves de classe 1
et de classe 2 sont présentes mais ne nous permet pas à ce stade de corréler ces données avec
une densité de courant de corrosion.
Connexion électrique immersion
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 158/ 194
3.8.3. Eprouvettes non corrodées
Un suivi acoustique a été réalisé sur une éprouvette mise en immersion mais dont l’armature
n’était pas dépassivée. Une fois l’éprouvette fendue, on constate qu’il n’y a pas de corrosion.
Lorsqu’on trace les graphes de la fréquence maximale en fonction de la fréquence moyenne,
les seules salves rencontrées avant le filtrage sont essentiellement centrées sur une fréquence
maximale de 100 kHz (figure III-52).
L’application des filtres à cet essai, n’a fourni aucune salve confirmant, d’après toutes les
hypothèses et constations précédentes, qu’il n’y a pas corrosion.
On ne rencontre pas de salves de classe 1 et de classe 2 pour les essais d’éprouvettes non
corrodées, laissant penser que celles-ci peuvent être attribuées à la corrosion.
Figure III- 52 : P-Frq en fonction de A-Frq d’une éprouvette non corrodée
3.9. Conclusion
La démarche proposée dans cette première partie a consisté à :
- réaliser un suivi par émission acoustique d’éprouvettes de béton armé soumises à des
conditions de corrosion naturelles puis accélérées en connectant deux barres d’acier entre
elles, l’une étant dépassivée par carbonatation (anode), l’autre étant à l’état passif (cathode).
- analyser les signaux tant d’un point de vue paramétrique, que spectral ou même de forme
d’onde
- mettre en relation la cinétique et la typologie de la corrosion (naturelle par micro-pile ou
accélérée par macro-pile) avec les paramètres d’émission acoustique
- identifier des classes de salves liées d’une part au bruit de fond, qui correspond à des bruits
de la chaîne de mesure ou environnementaux et d’autre part aux deux types de corrosion
identifiés.
- développer un algorithme de filtrage permettant une classification des salves pour
l’appliquer sur l’ensemble des essais réalisés.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 159/ 194
Une activité liée à la corrosion est détectée par émission acoustique. Mais pour les raisons
évoquées précédemment, état de l’armature avant le test et cinétique variable, malgré
l’application des filtres paramétriques et la classification des salves, la corrélation entre le
courant de corrosion et l’activité enregistrée semble difficile à obtenir. C’est la raison pour
laquelle il est nécessaire de connaître l’état de l’armature avant et après chaque période
d’essai et de faire le suivi par émission acoustique sur cette période donnée.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 160/ 194
4. Validation de la procédure de filtrage et relation entre événements acoustiques et courant de corrosion
4.1. Introduction
Les différents essais précédents nous ont permis d’une part de mettre en œuvre un essai de
corrosion accélérée avec un courant de corrosion proche de la réalité et d’autre part de
déterminer un filtrage afin de séparer les salves. Les différents contrôles électrochimiques et
par émission acoustique ont démontré que les éprouvettes en béton armé ne subissaient pas
toutes la même évolution dans le temps. D’une part, au départ de l’essai, elles se trouvent
dans des états de corrosion différents et d’autre part, la cinétique n’est pas la même pour les
raisons citées au chapitre III.2.3. Cette observation nous a conduits à déterminer l’état dans
lequel se trouvent les armatures avant et après chaque période d’essai.
Dans cette partie, la procédure de filtrage décrite au paragraphe précédent est testée sur une
nouvelle série de corps d’épreuve de type A, B et C. L’objectif est de vérifier si les deux
classes décrites précédemment relatives à la corrosion par micro-piles et par macro-piles sont
à nouveau identifiées. Les acquisitions sont réalisées sur plusieurs périodes (tableau III-18)
qui ne sont pas toutes détaillées dans ce paragraphe. Nous étudions plus particulièrement la
période d’acquisition 3 où une corrosion significative est observée. Le courant de corrosion
est ensuite corrélé avec les paramètres d’émission acoustique. Le tableau III-18 explique la
correspondance des différentes périodes pour les éprouvettes de type A et B:
Tableau III- 18 : Caractéristiques des essais
Type
armature
Connection
armatures
Nombre de
périodes d’écoute
Nom des
périodes
Description Durée
(jours)
A1a Non 2 Période 1 Immersion 7
Période 3 Immersion 7
A2a Oui 3 Période 1 Immersion 7
Période 2 Connexion 10
Période 3 Connexion 7
A3a Oui 3 Période 3 Connexion 7
A4a Non 2 Période 1 Immersion 7
Période 3 Immersion 7
B2a Oui 3 Période 1 Immersion 7
Période 2 Connexion 10
Période 3 Connexion 7
C4a Oui 3 Période 1 Immersion 7
Période 2 Connexion 10
Période 3 Connexion 7
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 161/ 194
4.2. Mesures électrochimiques et électriques
4.2.1. Mesure du potentiel anodique
Le suivi du potentiel libre anodique et du potentiel du circuit permet de qualifier l’état de
corrosion de l’armature. L’armature étant dépassivée dès le début de l’essai, les potentiels
doivent avoisiner les -300 mV/ECS (II.2.3.1.1).
Dès l’immersion des corps d’épreuve, le potentiel anodique décroît rapidement pour atteindre
au bout de cinq jours un potentiel variant entre -400 mV et -500 mV, indiquant que l’armature
anodique est dans le domaine de corrosion probable. Le potentiel de l’ensemble des corps
d’épreuve n’évolue pas de façon identique. Certains sont soumis à un courant galvanique
(corrosion par macro-pile) tandis que d’autres ne subissent qu’une corrosion par micro-piles
(figure III-53).
-700
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
0 5 10 15 20 25
Temps (jour)
Pot
entie
l (m
V/E
CS)
e
l
Type A
Type B
Type C
Figure III- 53 : Suivi du potentiel libre anodique (mV/ECS) de tous les corps d’épreuves en
fonction du temps
Le graphe de la figure III-54 montre l’évolution du potentiel libre anodique des armatures
connectées à une cathode engendrant un courant galvanique.
Après connexion des corps d’épreuve, on constate que le potentiel des corps d’épreuve de
type A évolue moins vite que celui des corps d’épreuve de type B et C corroborant les
résultats du § III.2.3. (figure III-54).
immersion Connexion
électrique
armatures non connectées
armatures connectées
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 162/ 194
-700
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
0 10 20 30 40
Pot
entie
l lib
re a
nod
ique
(E
CS
/mV
)
Temps (jour)Type A Type B Type C
Figure III- 54 : Evolution du potentiel anodique des corps d’épreuves avec armatures
connectées (mV/ECS) en fonction du temps
4.2.2. Mesure de la résistance de polarisation Rp et de la chute ohmique Ru
4.2.2.1. Principe de mesure de la résistance de polarisation et de la chute ohmique
Dans un deuxième temps afin de déterminer l’état de corrosion dans lequel se trouve
l’armature dans le béton avant et après chaque essai, des mesures de résistance de polarisation
Rp ont été réalisées à l’aide du potentiostat Gamry®300.
Dans les essais à « courant libre » (essai G-Car) étudiés dans ce paragraphe, on a de faibles
courants de corrosion dus à la corrosion par macro-pile et à la corrosion par micro-piles. La
mesure de résistance de polarisation nous permet de déterminer le courant total de corrosion
Icorr et d’en déduire le courant de corrosion du aux micro-piles connaissant le courant de
corrosion du au courant galvanique mesuré à l’aide d’un galvanostat ZRA.
Le schéma de la figure III-55 présente le principe de montage de la mesure de résistance de
polarisation.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 163/ 194
Figure III- 55 : Schéma de montage de mesure de Rp et Ru
Le domaine de validité de cette mesure est réduit à la corrosion uniforme et l’on doit
considérer la densité de courant de corrosion instantanée égale à icorr en prenant comme
surface la totalité de la surface polarisée Mais dans le cas d’une corrosion par courant
galvanique, la densité de courant de corrosion à prendre en compte est Icorr [RILEM, 2004].
Nous avons fait l’hypothèse que, d’une part l’armature étant dépassivée par carbonatation du
béton, la surface prédéfinie est totalement corrodée. De plus, la surface anodique est
suffisamment petite devant la surface de l’éprouvette pour être supposée polarisée en totalité
(figure III-55).
A un instant donné, l’éprouvette se trouve dans un état de corrosion défini par Ecorr. On fait
varier la tension de 10 mV autour de ce potentiel. La valeur de Rp est prise dans le domaine
linéaire de la courbe tel que 0→∆
∆∆=
Ep i
ER avec i=∆I/S.
Le courant de corrosion total Icorr est calculé en utilisant la formule de Stern : p
corr R
BI =
dans laquelle B est une constante dépendante de l’activité de la corrosion (égale à 26 pour des
armatures dépassivées) et Rp la résistance de polarisation.
Le potentiel de corrosion Ecorr prend en compte la corrosion de l’armature ayant subi une
corrosion par micro-piles et par courant galvanique. On en déduit un courant de corrosion
total Itotal= Imicro-piles + Imacro-pile [Andrade, 2008].
La mesure de la résistance de polarisation caractérise le système acier-béton et donne une
mesure en surface du béton de l’éprouvette. Pour connaître la valeur de la résistance de
transfert de charge Rtc, qui caractérise réellement l’état de corrosion de l’acier il faut
retrancher à la résistance de polarisation mesurée Rp, la valeur de la chute ohmique Ru due à
l’enrobage mesurée à l’aide d’un potentiostat Rtc = Rp-Ru.
Ele
ctro
de
Cal
om
el S
atu
ré
Ano
de
Cat
hode
Acquisition
Eponge humide
Contre-électrode
en titane
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 164/ 194
4.2.2.2. Résultats
Les mesures de Rp et Ru nous permettent d’évaluer le courant de corrosion Icorr au début et à la
fin de chaque période d’acquisition. On en déduit des valeurs de ∆Icorr (accroissement de
courant de corrosion).
Les tableaux III-19 et III-20 donnent les résultats de résistance de transfert de charge pour les
éprouvettes de type A et du calcul de courant de corrosion durant la période d’acquisition
3 correspondant à la période comprise entre t5 et t6 (figure III-56).
35
40
45
50
55
60
65
70
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Am
plitu
de (d
B)
Temps (jours)
Période d'acquisition 1 Période d'acquisition 3
Période d'acquisition 2 non affichée
Figure III- 56 : Amplitude en fonction du temps de l’éprouvette A1a sur plusieurs périodes
non filtrées
Tableau III- 19 : Calcul de Icorr au temps t5
ANODE Rp (kΩ) Ru (kΩ) Ecorr Ig(µA) Rct (kΩ) Icorr(µA) Imicro-piles(µA)
A1a 1,82 1,244 -556 0,576 45,14 45,14
A2a 10,89 8,305 -602 7 2,585 10,06 3,06
A3a 2,807 1,368 -523 9 1,439 18,07 9,07
A4a 2,636 1,778 -519 0,858 30,30 30,30
Tableau III- 20 : Calcul de Icorr au temps t6
ANODE Rp (kΩ) Ru (kΩ) Ecorr Ig(µA) Rtc (kΩ) Icorr(µA) Imicro-piles(µA)
A1a 1,302 0,816 -527 0,486 53,50 53,50
A2a 4,954 3,779 -545 17 1,175 22,13 5,13
A3a 2,471 1,561 -454 16 0,910 28,57 12,57
A4a 1,278 0,458 -518 0,820 31,71 31,71
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 165/ 194
On déduit de cette période d’acquisition des accroissements de courant de corrosion ∆Icorr
(tableau III-21).
Tableau III- 21 : Calcul de ∆Icorr (µA) durant la période d’acquisition 3 pour les éprouvettes
de type A
Type ANODE ∆I g (µA) ∆I corr (µA) ∆Imicro (µA)
A1a 0 8,36 8,36
A2a 10 12,07 2,07
A3a 7 10,50 3,50
A4a 0 1,40 1,40
On a procédé de la même manière pour l’ensemble des éprouvettes de type A, B et C.
On trouve après quinze jours d’essai les résultats suivants pour B2a et C4a (tableau III-22).
Tableau III- 22 : Calcul de ∆Icorr (µA) durant la période d’acquisition 3 pour l’éprouvette
B2a et C4a
Type ANODE ∆I g (µA) ∆I corr (µA) ∆Imicro (µA)
B2a 16 27,20 11,20
C4a 17 18,10 1,10
On constate que la part du courant de corrosion par micro-piles est importante devant le
courant galvanique. Dès la connexion des armatures anodiques et cathodiques, on observe une
diminution du courant de corrosion qui augmente de nouveau après quelques jours.
4.3. Examen visuel de l’état de corrosion
Après fendage des éprouvettes on peut procéder à un examen visuel des armatures qui permet
une discrimination qualitative au regard de la quantité des produits de corrosion formés. Il
apparaît sur la photo figure III-57 que la corrosion a bien eu lieu.
Figure III- 57 : Photo des
armatures anodiques après 45
jours de test de corrosion
accélérée
A1a
A2a A1a A3a A4a
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 166/ 194
Figure III- 58 : Photo du béton d’enrobage de
l’armature anodique non connectée A1a
Figure III- 59 : Photo du béton d’enrobage de
l’armature anodique connectée A2a
Figure III- 60 : Photo du béton d’enrobage de
l’armature anodique connectée A3a
Figure III- 61 : Photo du béton d’enrobage de
l’armature anodique de l’éprouvette A4a non
connectée
Figure III- 62 : Photo du béton d’enrobage de
l’armature anodique connectée B2a
Figure III- 63 : Photo du béton d’enrobage
de l’armature anodique connectée C4a
Vers cathode
Vers extérieur
Vers cathode
Vers extérieur
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 167/ 194
Figure III- 64 : Photo du béton d’enrobage
de l’armature cathodique de l’éprouvette A2a
Figure III- 65 : Photo du béton d’enrobage
de l’armature cathodique de l’éprouvette A4a
En analysant les photos ci-dessus, on constate une corrosion localisée plus importante sur
l’armature anodique se trouvant face à la cathode lorsque celles-ci sont connectées (figure III-
59 et III-60). Les figures III-62 et III-63 montrent que dans le cas d’une densité de courant
galvanique plus élevé, on a une corrosion plus importante.
Dans le cas d’une corrosion sans courant galvanique, celle-ci est plus uniforme et bien
répartie sur toute la périphérie de l’armature (figure III-58 et III-61).
Dans le cas des figures III-64 et III-65, il n’existe sur la cathode que quelques points de
rouille dont les traces sont visibles sur le béton alors que cette corrosion est beaucoup plus
importante sur l’anode.
4.4. Contrôles par émission acoustique
4.4.1. Traitement des données
Pour chaque test réalisé, une acquisition par émission acoustique est effectuée sur des
périodes d’environ une semaine comme défini dans le tableau III-18. Les données sont
traitées en appliquant les filtres définis précédemment. Nous allons traiter plus en détail la
période d’acquisition 3, les données acquises lors des autres périodes d’acquisition étant
rapportées sur le graphe (figure III-72).
Pour les éprouvettes A1a et A4a, la cathode et l’anode ne sont pas connectées. L’analyse
paramétrique des éprouvettes A1a et A4a donne pour la période d’acquisition 3 les graphes
suivants (figures III-66 et III-67).
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 168/ 194
35
40
45
50
55
60
65
30 32 34 36 38 40
Am
plit
ude
(dB
)
Temps (jours)Classe 1
Figure III- 66 : Amplitude/temps de l’éprouvette A1a pour la période d’acquisition 3
35
40
45
50
55
60
65
30 32 34 36 38 40
Am
plit
ude
(dB
)
Temps (jours)Classe 1
Figure III- 67 : Amplitude/temps de l’éprouvette A4a pour la période d’acquisition 3
L’analyse temporelle nous permet seulement de déterminer des périodes d’activité plus
intense pendant lesquelles l’armature subit une corrosion plus forte.
Les figures III-66 et III-67 montrent qu’après application des filtres comme définis au III.3.7,
les salves présentes dans cet essai ne sont que des salves de classe 1. Les éprouvettes A1a et
A4a, n’ayant pas leurs armatures connectées, ne subissent pas de corrosion par courant
galvanique. Il s’agit seulement de corrosion par micro-piles.
L’activité enregistrée est plus faible pour l’éprouvette A4a que pour l’éprouvette A1a, ce qui
est confirmé par le calcul de ∆Icorr (tableau III-21).
Période d’acquisition
Période d’acquisition
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 169/ 194
Les armatures de l’éprouvette A2a sont connectées. La période d’acquisition 3 analysée
correspond à celle de la période d’essai avec connexion des armatures comme définie dans le
tableau III-18. L’analyse paramétrique donne le graphe suivant (figure III-68).
35
40
45
50
55
60
65
30 32 34 36 38 40
Am
plit
ude
(dB
)
Temps (jours)
Classe 1
Classe 2
Figure III- 68 : Amplitude/temps de l’éprouvette A2a pour la période d’acquisition 3
L’éprouvette A2a subit une corrosion accélérée par courant galvanique. Le courant mesuré IG
est de l’ordre de 15 µA à ce moment de l’essai et subit un accroissement de courant
galvanique de 10 µA pour un rapport de surface Sa/Sc= 1. Sur la figure III-68, les salves
présentes appartiennent aux classes 1 et 2.
L’éprouvette B2a subit également une corrosion par courant galvanique. Le courant
galvanique IG est de l’ordre de 25 µA et subit un accroissement de 16 µA pour un rapport de
surface Sa/Sc= 1/2 à ce moment de l’essai, ce qui correspond bien à un accroissement de
densité de corrosion au moins deux fois plus grande pour l’armature B2a que pour A2a. On
trouve sur la figure III-69 outre des salves de classe 1, des salves de classe 2 en plus grand
nombre que dans le cas de l’éprouvette A2a et attestant de la présence de corrosion par
courant galvanique.
Période d’acquisition
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 170/ 194
35
40
45
50
55
60
65
15 17 19 21 23 25
Am
plit
ude
(dB
)
Temps (jours)Classe 1 Clase 2
Figure III- 69 : Amplitude en fonction du temps de l’éprouvette B2a pour la période
d’acquisition 3
L’éprouvette C4a subit également une corrosion par courant galvanique. Le courant
galvanique IG est de l’ordre de 34 µA et subit un accroissement de 17 µA pour un rapport de
surface Sa/Sc= 1/4 à ce moment de l’essai, ce qui correspond bien à un accroissement de
densité de corrosion deux fois plus grande pour l’armature C4a que pour celle de B2a.
35
40
45
50
55
60
65
15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
Temps (jour)
Am
plitu
de (d
B)
(e
Classe 1 Classe 2
Figure III- 70 : Amplitude en fonction du temps de l’éprouvette C4a pour la période
d’acquisition 3
On trouve sur la figure III-70 des salves de classe 1 en plus petit nombre que dans le cas des
éprouvettes A2a et B2a. Des salves de classe 2 sont présentes attestant qu’il y a un courant
galvanique. Leur nombre est à peu près identique à celui trouvé lors de l’acquisition faite sur
Période d’acquisition
Période d’acquisition
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 171/ 194
l’éprouvette B2a, pour des valeurs de IG différentes mais pour des accroissements de courant
∆IG(B2a)= 16 µA et ∆IG (C4a)=17 µA acquis sur une même période d’essai, à peu près
identiques.
Sur une période donnée d’acquisition, ce n’est pas tant le courant galvanique qui circule dans
la pile qui est important mais l’accroissement de courant qui est à l’origine du nombre de
salves enregistrées sur cette période.
Le fait d’avoir une surface anodique deux à quatre fois plus petite que la surface cathodique
ne change pas le courant galvanique, mais la densité de courant de corrosion. La surface
anodique étant plus petite sur l’essai concernant l’éprouvette C4a que celle des éprouvettes
B2a et A2a, la surface exposée à la corrosion par micro-piles est beaucoup plus petite dans le
cas de l’éprouvette C4a. Le courant par micro-piles (Imico-piles) est moins important, ce que
montre la figure III-70 où l’on observe un nombre moins important de salves de classe 1.
Lorsque la surface anodique est très petite devant la surface cathodique, le courant galvanique
devient prépondérant sur le courant par micro-piles et Icorr a une valeur proche de IG. C’est ce
que démontre Andrade pour un rapport Sa/Sc=1/10, où IG=Icorr [Andrade, 2008].
4.4.2. Corrélation EA/ Icorr
Pour l’ensemble des essais, dont l’acquisition a été faite durant une semaine environ, les
mesures de résistance de polarisation ont été effectuées avant et après chaque acquisition.
Des accroissements de densité de courant de corrosion et des accroissements de densité de
coups ont été calculés:
• des accroissements puisque nous étudions l’évolution du courant de corrosion de
l’armature sur une période donnée par rapport à un état initial.
• Des densités car la surface anodique change suivant le type d’armature choisi A, B ou
C.
Dans un premier temps, l’étude a été effectuée sur des éprouvettes non immergées. Puis afin
de déterminer l’influence de l’immersion sur l’activité enregistrée par émission acoustique,
celle-ci est faite, durant une semaine, sur des éprouvettes dont l’humidité est croissante.
En début de test, les éprouvettes ne sont pas toutes dans un même état hydrique. Cet état
favorise plus ou moins rapidement la pénétration de l’eau dans le béton lorsque les
éprouvettes sont immergées au tiers de leur hauteur. On constate (figure III-71) que
l’immersion d’une éprouvette non saturée génère une forte activité acoustique qui n’est pas
retrouvée dans le cas des éprouvette saturées avant immersion, ce qui confirme des résultats
présentés au paragraphe II.3.1.2. En revanche, une fois l’état hydrique stabilisé (au bout d’un
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 172/ 194
à deux jours), l’activité acoustique n’augmente quasiment plus sauf si une corrosion par
micro-piles se développe. Pour cette raison, les événements acoustiques enregistrés durant la
première semaine d’essai (période 1 d’acquisition) n’ont pas été exploités. Seules les périodes
d’essai où les conditions hydriques étaient stabilisées ont été analysées.
0
50
100
150
200
250
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6
∆Densité de courant (µA/cm2)
∆de
nsité
de
coup
s
o
ups
immersion éprouvette saturée immersion éprouvette partiellement saturéeimmersion éprouvette à température ambiante
Figure III- 71 : ∆densité Coups en fonction de ∆densité de courant
Pour chaque test d’une durée d’une semaine environ, nous avons corrélé la différence de
courant de corrosion (voir III.4.2.2) au nombre de coups cumulés relevés sur ces périodes
(Tableau III-23).
Tableau III- 23 : Accroissement de la densité du courant de corrosion et des coups pour les
éprouvettes de type A,B et C pour la période d’acquisition 3
Type ANODE ∆Jg
(µA/cm2)
∆Jcorr
(µA/cm2)
∆Jmicro
(µA/cm2)
∆densitéCoups
A1a 0 0,27 0,27 32
A2a 0,32 0,39 0,07 44
A3a 0,23 0,34 0,11 38
A4a 0 0,05 0,05 14
B2a 1,02 1,72 0,70 148
C4a 2,16 2,30 0,14 406
On obtient pour les différents types de corps d’épreuve des accroissements de densité de
coups en fonction d’accroissements de densité de courant de corrosion pour toutes les
périodes (figure III-72).
Les points relatifs aux essais sans courant galvanique proviennent de toutes les éprouvettes
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 173/ 194
testées et ayant différentes surfaces anodiques.
Le graphe (figure III-72) représente des densités de courant de corrosion qui incluent à la fois
des densités de courant galvanique et des densités de courant par micro-piles. Les salves
prises en compte sont des salves appartenant à la classe 1 et à la classe 2, supposées induites
respectivement par la corrosion par micro-piles et par macro-pile. Pour cette représentation,
les salves dues aux micro-piles et à la macro-pile ne sont pas séparées dans le calcul du
nombre de coups.
0
100
200
300
400
500
600
700
0 1 2 3 4
∆D
ensi
té d
e co
ups
∆Densité de courant(µA/cm2)
sans courant galvanique avec courant galvanique Sa=Scavec courant galvanique Sa=Sc/2 avec courant galvanique Sa=Sc/4
Figure III- 72 : ∆Densité de Coup en fonction ∆Densité de courant (Icorr) pour les
éprouvettes de type A, B et C
On constate que plus le rapport entre surface cathodique et anodique est grand plus
l’accroissement de densité de courant est important pouvant atteindre 4 µA/cm2.
On remarque également que pour des courants galvaniques importants, le nombre de coups
est supérieur à 200 alors que dans le cas d’un courant par micro-piles, le nombre de coups
n’excède pas 50.
Dans le cas de la corrosion par micro-piles uniquement (figure III-72), les différentes valeurs
de densité de courant de corrosion observées sont liées au fait que la surface anodique varie
dans un rapport de 1 à 4 pour les différentes éprouvettes ce qui va induire une corrosion plus
importante.
Chapitre III : Identification des paramètres des salves et relation courant de corrosion/EA
Page 174/ 194
4.5. Conclusion
La connaissance de l’état des armatures avant et après chaque essai montre que, dans des
conditions d’essai identiques, les armatures ont d’une part des états de corrosion différents et
d’autre part des cinétiques de corrosion différentes.
En appliquant des filtres paramétriques déterminés à partir de la forme d’onde associée, nous
avons identifié des salves appartenant à trois classes différentes. La classe 0 regroupe
l’ensemble des salves comme les bruits continus, le diracs et les salves de faible amplitude.
Lorsque l’éprouvette est immergée, on obtient des salves de classe 1, l’éprouvette n’ayant
subi qu’une corrosion par micro-piles. Dès que les armatures sont connectées, des salves de
classe 2 apparaissent en même temps que de salves de classe 1, l’éprouvette subissant une
corrosion à la fois par macro-pile sous l’effet du courant galvanique et par micro-piles.
En effectuant des essais sur des périodes définies (environ une semaine), nous arrivons à
corréler des densités de courant de corrosion avec des densités de coups. Il s’agit
d’accroissements de courant de corrosion, en déterminant le courant de corrosion initial Icorr init
et le courant de corrosion final Icorr fin . On peut ainsi déterminer l’accroissement du nombre de
coups pour la même période.
Il serait possible de déterminer pour différents rapports de surface anodique/cathodique, des
accroissements de courant de corrosion en faisant varier la surface de la cathode pour des
surfaces anodiques identiques.
Conclusion générale
Page 175/ 194
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Conclusion générale
Page 176/ 194
Le but de cette étude était de déterminer un essai de corrosion accélérée réaliste et de
vérifier l’aptitude de l’émission acoustique à détecter la corrosion des armatures dans le
béton.
Les essais, mis au point et testés à partir de modèles trouvés dans la littérature, nous ont
permis de réfuter ce type d’essai dont les conditions de développement de la corrosion étaient
trop éloignées des conditions réelles (courant trop fort, corrosion en anaérobie) et de proposer
un essai de corrosion accélérée original dont nous avons testé la validité. L’essai permet
d’obtenir une corrosion significative dans un délai relativement court (2 à 3 mois) avec une
densité de courant de l’ordre de 1 à 5 µA/cm2 proche de celle rencontrée dans les structures.
La détermination de facteurs influents d’une part sur la corrosion et d’autre part sur l’activité
acoustique a permis d’effectuer un essai dans des conditions maîtrisées.
Dans tous les cas, cet essai a prouvé que l’émission acoustique détecte une activité en
concordance avec les mesures électrochimiques pour des niveaux de courant de corrosion
représentatifs de la corrosion rencontrée dans les structures en béton armé.
La seule mesure du courant galvanique n’est pas représentative du courant de corrosion, car il
faut aussi prendre en compte la corrosion par micro-piles. Le développement de la corrosion
par micro-piles et par macro-pile dépend d’un grand nombre de facteurs et notamment de
l’état dans lequel se trouve l’armature au début de l’essai, avant le coulage du béton et
également de la manière dont l’interface est maîtrisée. Ce sont également les raisons pour
lesquelles il a été difficile d’obtenir un essai reproductible.
Afin de corréler les mesures effectuées par émission acoustique, il faut connaître l’état de
l’armature anodique et donc de Icorr au cours du temps.
Tout d’abord, l’analyse des salves a permis d’identifier des classes de salves liées d’une part
au bruit de fond, qui correspond à des bruits de la chaîne de mesure ou environnementaux et
d’autre part aux deux types de corrosion identifiés. Puis cela a permis de mettre en relation la
typologie de la corrosion (naturelle par micro-piles ou accélérée par macro-pile) avec les
paramètres d’émission acoustique.
Enfin, une corrélation des accroissements de densité de courant avec des accroissements de
densité de coups est proposée.
Cet essai est représentatif d’un essai de laboratoire mais dans l’état actuel compte tenu des
faibles niveaux d’amplitude observées pour la corrosion naturelle et des limites des appareils
utilisés, il est difficilement exploitable sur le site.
Conclusion générale
Page 177/ 194
Cette étude a permis d’expérimenter un essai de corrosion accélérée et de corréler une activité
acoustique avec deux types de corrosion rencontrées dans le béton armé et avec différents
niveaux de densité de courant de corrosion variant de 0,1 à 10 µA/ cm2. Toutefois, cette
expérimentation doit être développé en y apportant quelques ajustements:
• Essai de corrosion accélérée de type G-Car à améliorer.
- modification de la surface cathodique au lieu de la surface anodique afin de faire
varier le courant galvanique IG et permettant de corréler des accroissements de
coups avec des accroissements de courant.
- Modification de la configuration de l’éprouvette de façon à avoir une corrosion
uniforme radiale en coulant des éprouvettes cylindriques. Possibilité de considérer
ainsi la surface totale corrodée.
- dépassivation uniquement de l’armature anodique par carbonatation du béton.
- coulage de l’éprouvette en deux temps : tout d’abord d’une éprouvette cylindrique
avec armature à dépassiver par carbonatation du béton et ensuite coulage,
radialement autour du cylindre carbonaté, de béton contenant des armatures
passives servant de cathode.
- possibilité de faire varier le courant galvanique par multiplication des cathodes
radiales.
• Amélioration de la détection par émission acoustique.
- Abaissement du seuil de manière à détecter les salves de faible amplitude
porteuses d’information.
- détermination des différentes étapes de la corrosion comme l’initiation et la
propagation à corréler avec l’activité acoustique.
- distinction des accroissements de courant par micro-piles et par macro-pile.
- Vérification de l’influence du courant galvanique sur le courant par micro-piles.
Conclusion générale
Page 178/ 194
Références Bibliographiques
Page 179 / 194
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
Références Bibliographiques
Page 180 / 194
[Abraham, 2002] ABRAHAM O., COTE P. ; LCPC- Juillet/Août 2002- Réf.4428, p.41-50 Méthode impact-écho basse fréquence pour la détection de vide dans les gaines de précontrainte. [AFNOR, 2000] NF EN 12696 : Protection cathodique de l’acier dans le béton Norme publiée sous l’indice A 05 668 et sous le statut de norme française homologuée en juillet 2000. AFNOR Norme NF EN206-1 [AFPC-AFREM, 1997] OLLIVIER J.P., RAHARINAIVO A., ARLIGUIE G. ; Journées techniques de l’AFPC-AFREM ; DURABILITE DES BETONS ; «méthodes recommandées pour la mesure des grandeurs associées à la durabilité » 11-12 déc. 1997 ; INSA Toulouse. [Alonso, 2002] ALONSO C., CASTELLOTE M., ANDRADE C. ; Chloride threshold dependence of pitting potential of reinforcements; Received 10 February 2002; revised 29 April 2002. Available online 16 August 2002 [Andrade, 1991]; ANDRADE, MARIBONA, FELIU, GONZALEZ and FELIEU; “The Effect of Macrocells Between Active and Passive Areas of Steels Reinforcements.” Corrosion Science 33 (1991): 237-249. [Andrade, 1996] ANDRADE C., ALONSO C.; “Corrosion rate monitoring in the laboratory and on-site”; Construction and Building Materials; Vol.10, N°5, pp.315-328; 1996. [Andrade, 2008] ANDRADE C., GARCES M., MARTINEZ I.; “Galvanic currents and corrosion rates of reinforcements measured in cells simulating different pitting areas caused by chloride attack in sodium hydroxide”; Corrosion Science; pp.2959-2964; 2008. [Arliguie, 1997] Données tirées du document (AFPC-AFREM (DURABILITE DES BETONS) Ginette ARLIGUIE ; « Méthodes recommandées pour la mesure des grandeurs associées à la durabilité » ; Laboratoire des Matériaux et Durabilité des Constructions (L.M.D.C.) ; 1997. [ASTM, 1972] American Society for Testing and Materials ; « Recommanded Practice for Laboratory Immersion Corrosion Testing of Metals » ; ASTM,G1-72. [ASTM, 1982] American Society for Testing and Materials ; « Standard definition of terms relating to AE » ; ASTM,E610-82. [ASTM, 1990] ASTMG1 -90- American Society for Testing and Materials, “Standard Practice for preparing, cleaning and Evaluating Corrosion Test Specimen”; 8 pages; 1999. [ASTM, 1991] ASTM C876-91 – “Standard Test Method for Half-Cell Potentials of Uncoated Reinforcing Steel in Concrete”. American Society for Testing and Materials, (1991). [Austin, 2004] AUSTIN et LYONS. “Electrochemical Behavior of Steel-Reinforced Concrete During Accelerated Corrosion Testing”; Corrosion; Vol.60; N°2; pp.203-212; 2004.
Références Bibliographiques
Page 181 / 194
[Balayssac, 1998] BALAYSSAC J.P., DETRICHE Ch.H., DIAFAT N. ; « Influence de la durée de cure humide sur la durabilité du béton de peau », RILEM, Matériaux et Constructions, Vol.31, N°209, 1998. [Balayssac, 2002] BALAYSSAC J.P., LAURENS S., RHAZI ; « Utilisation du radar pour la détection de zones à risque de corrosion dans le béton armé » ; mars-avril 2002 ; NT4416.99 ; Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées 237 ; p.102. [Bary, 2004] B.BARY, A.SELLIER ; »Coupled moisture-carbon dioxide-calcium transfer model for carbonation of concrete », Cement and Concrete Research, 2004, 34, pp.1859-1872. [BCA, 1997] BCA – Development of an holistic approach to ensure the durability of new concrete construction. Research report for the Department of the Environment, Project 38/13/21 (cc 1031), October 1997. [Bellenger, 2002] BELLENGER F. ; « Etude et contrôle de la corrosion feuilletante des alliages d’aluminium 2024 et 7449 par bruit électrochimique et émission acoustique. Analyse microstructurale et caractérisation de l’endommagement » ; Thèse de doctorat INSA Lyon ; 2002. [Beranger, 1994] BERANGER G., DABOSI F., BAROUX B.; “Corrosion localisée”; Ecole d’automne Banyuls, 1992; Les Editions de Physique; 1994.
[Bollon, 1996] BOLLON A. ; Bulletin IUFM, Limousin, “Evaluer”. [Breysse, 2005] BREYSSE D., ABRAHAM O. ; « Méthodologie d’évaluation non destructive de l’état d’altération des ouvrages en béton » ; AFGC-COFREND ; Presses LCPC ; 2005. [Briant, 1989] BRIANT J.; « Phénomènes d’interface, agents de surface : principe et modes d’action » ; Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des moteurs ; Editions Technip ; 3ème trimestre 1989. [BRE, 1997] J. G. M. Wood and J. Crerar; “Tay road bridge: Analysis of chloride ingress variability & prediction of long term deterioration “; 10 novembre 1997. Structural Studies & Design Ltd, Chiddingfold, UK Paper to seminar at Building Research Establishment; Construction and Building Materials; Volume 11, Issue 4, June 1997, Pages 249-254; Corrosion and Treatment of Reinforced Concrete. [CALIBE, 2002] « Les parements en béton », fascicule de documentation rédigé dans le cadre du projet national CALIBE, 2002. [Caron, 2004] CARON D., janvier 2004, Détectabilité des fuites par émission acoustique (Performances, Résultats des actions collectives) [Castel, 2000] CASTEL A., « couplage mécanique et corrosion dans les éléments de béton armé », doctorat de l’Université Paul Sabatier, Toulouse, 2000. [Cornell, 2003] CORNELL R.M., SCHERTMANN U.; “The Iron Oxides”; WILEY-VCH; Germany; 2003; 664 p.
Références Bibliographiques
Page 182 / 194
[Divet, 2003] DIVET L., « La formation d’ettringite différée dans les bétons de parties d’ouvrages massives – Synthèse des études de ponts dégradés », Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées, Vol 244-245, Mai-Juin-Juillet-Août 2003, Réf.4473, pp.91-111 [Dous, 2002] DOUS O., RHAZI J., BERTRAND L. ; «Auscultation des dalles en béton armé par des techniques de contrôle non destructif » ; Sherbrooke ; 2002 [Duval, 1992] DUVAL R.-« La durabilité des armatures et du béton d’enrobage ». La durabilité des bétons, Presses des Ponts et Chaussées, 1992, p.173-226.
[El Maaddawy , 2003] EL MAADDAWY T. SOUDKI K.; “Effectiveness of Impressed Current Technique to Simulate Corrosion of Steel Reinforcement in Concrete”; Journal of Materials in Civil Engineering ; February 2003; Volume 15, Issue 1, pp. 41-47.
[Elsener, 2002] ELSENER; “Macrocell Corrosion of Steel in Concrete- Implications for Corrosion Monitoring.” Cement & Concrete Composites 24 (2002): 65-72. [Elsener, 2003] ELSENER B., ANDRADE C., GULIKERS J., POLDER R., RAUPACH M.; “ Half-cell potential measurements- Potential mapping on reinforced condrete structures”; RILEM TC 154-EMC: Electrochemical techniques for Measuring Metallic Corrosion; Materials and Structures, Vol.36; August-September 2003; pp.461-471. [Fenn, 1986] FENN R., CONDELLO C. « Monitoring corrosion by acoustic emission. Non destructive testing communications; 1986; vol.2; N°5-6; pp.169-176. [Ferrigno, 1999] FERRIGNO R.,“Coplanar interdigitated band electrodes for electrosynthesis. Part 6. Hypochlorite electrogeneration from sea water electrolysis”; Electrochimica acta ; 1999, vol. 44, no17, pp. 2871-2878 [Fleischmann, 1992] FLEISCHMANN P. »Emission acoustique et endommagement des matériaux métalliques » ; INSA de Lyon ; CAST ; chap.IV ; 1992 ; p.33. [François, 1994] FRANCOIS R., ARLIGUIE G., MASO J.C. ; « Durabilité du Béton Armé » ; Rapport de synthèse ; LMDC INSA UPS Toulouse ; 1994. [Frégonèse, 2001] FREGONESE M., IDRISSI H., MAZILLE H., RENAUD L., CETRE Y. ; « Initiation and propagation steps in pitting corrosion of austenitic stainless steels : monitoring by acoustic emission » ; Corrosion Science ; 2001 ; vol.43 ; N°4 ; pp.627-641. [Gaillet, 2004] GAILLET L., TESSIER C., BRUHAT D., MICHEL R. ; « Auscultation par émission acoustique d’ancrages de câbles multicouches » ; Bulletin des Laboratoires des ponts et Chaussées ; LCPC ; 2ème trimestre 2004 ; Réf. 4514 ; pp.55-63. [Garboczi, 1998] GARBOCZI, BENTZ, 1998- Multiscale analytical/ numerical theory of the diffusivity of concrete pp. 77-88. [Geng, 2006] GENG R. ; « Corrosion-related Acoustic Emission and Its Identification » ; Beijing ; China. [Girard, 1998] GIRARD C., 1998; La carbonatation du Béton Armé; Division ST-Technical Facilities Management, CERN, workshop, Genève, Suisse.
Références Bibliographiques
Page 183 / 194
[Godard, 2005] GODARD B., 2005; « Les techniques d’auscultation des ouvrages en béton armé » ; LCPC ; Colloque sur les OA, LE PONT, Toulouse, 19 et 20 Octobre 2005. [Gonzalèz, 1995] GONZALEZ J.A., ANDRADE A., ALONSO C., FELIU S.; “Comparison of rates of general corrosion and maximum pitting penetration on concrete embedded steel reinforcement”; Cement and Concrete Research;Volume 25 , N°2 , February 1995, pp. 257-264. [Gulikers, 2000] GULIKERS J.- « Service life management of a concrete structure exposed to a marine environment ». Procedure of the international RILEM Workshop Life Prediction and Aging Management of Concrete Structures, Cannes, France, octobre 2000. [Hamdan, 1993] HAMDAN Z. ; « Evolution de la corrosion des aciers du béton armé en ambiances agressives » ; LMDC INSA Toulouse ; Thèse N° ordre 237 ; 1993. [Huet, 2005] B.HUET; “ Comportement à la corrosion des armatures dans un béton carbonaté. Influence de la chimie de la solution interstitielle et d’une barrière de transport » ; Thèse INSA Lyon ; 28 octobre 2005. [Idrissi, 2005] IDRISSI H., ASSOULI B., SIMESCU F., DEBICKI G. ; « Detection and identification of concrete cracking during corrosion of reinforced concrete by acoustic emission coupled to the electrochemical techniques » ; NDT&E ; 17 avril 2005 [Jäggi, 2001] JAGGI S., BOHNI H. and ELSENER B.; “Macrocell corrosion of steel in concrete- Experiments and numerical modelling; Presented at Eurocorr 2001; Publication Associazione Italiana Metallurgia; Milan. [Jaubert, 2004] JAUBERT L. ; « Etude de la corrosion uniforme d’aciers non alliés et inoxydables : utilisation conjointe de l’émission acoustique et des techniques électrochimiques » ; Thèse INSA Lyon ; 2004. [Johnson, 2002] JOHNSON M. ; « Waveform based clustering and classification of AE transients in composite laminates using principal component analysis » NDT&E International, 2002, vol.35, n°3, p.367-376. [Kharraty, 1995] KHARRAT Y., RHAZI J., BALLIVY G., COTE P. ; « Auscultation des structures hydrauliques en béton par tomographie sonique » ; Journal Canadien de Génie Civil ; CNRS ; vol.22, n°6, pp.1072-1083 [Klysz, 2004] KLYSZ G., « Caractérisation du béton d’enrobage par technique radar : exploitation de l’onde directe émetteur-récepteur » ; Thèse de doctorat, Université Paul Sabatier- Toulouse III. [Lacombe, 1990] LACOMBE P., BAROUX B., BERANGER G. : Les aciers inoxydables ; 2ème édition ; Les Ulis : Les éditions de physique ; 1990. [Laurens, 2001] LAURENS S., Thèse 2001, Aptitude de la technique radar à la caractérisation du béton d’enrobage- aide au diagnostic de la corrosion des armatures. [Laurens, 2002] LAURENS S., BALAYSSAC J.P., RHAZI J., ARLIGUIE G. (2002) ; « Influence of concrete moisture upon radar waveform » RILEM Materials and structures, V.35, p.198-203.
Références Bibliographiques
Page 184 / 194
[Le Bescop, 2000] ; P. LE BESCOP, F.ADENOT, C.GALLE, P.LOVERA ; Dégradation des matériaux à base de liants hydrauliques en milieu saturé- Application au comportement à long terme des colis « béton » ; CE Saclay et CE Caradache, France. [Lemaignan, 2003] LEMAIGNAN C. ; « La rupture des matériaux » ; EDP Sciences. [Lenain, 1997] LENAIN J.C. ; Euro Physical Acoustics ; « Evaluation de l’état de santé des installations en service par émission acoustique ; COFREND ; Congress on Nondestructive Testing, September 22-26, 1997. [Li, 1998] LI Z., LI F., ZDUNEK A., LANDIS E., SHAH S. ; “Application of Acoustic Emission Technique to Detection of Reinforcing Steel Corrosion in Concrete”; ACI MATERIALS JOURNAL , January/February 1998 ; Title no. 95. [Liu, 1998] ; LIU T.et WEYERS R.W.; “Modeling the Dynamic Corrosion Process in Chloride Contaminated Concrete Structures”; Cement and Concrete research; Vol.28; Issue 3; Mars 1998; pp.365-379. [Lyons, 2004] LYONS R.; AUSTIN S.; “Influence of diurnal and seasonal temperature variations on the detection of corrosion in reinforced concrete by acosutic emission”; Corrosion Science; Vol.47; pp.413-433; 11 septembre 2004. [Marcotte, 2003] MARCOTTE T., HANSSON C.M., « The influence of silica fume on the corrosion resistance of steel in high performance concrete exposed to simulated sea water”; Journal of Materials science; Vol. 38; 2003; pp.4765-4776. [Mazille, 1995] MAZILLE H., ROTHEA R., TRONEL C.; “An acoustic emission technique for monitoring pitting corrosion of austenitic stainless steels”; Corrosion Science; 1995; vol.37; N°9; pp.1365-1375. [Moriande, 2005] MORIANDE « Electrochimie ». Editions Dunod, 2005. [Miinshiou, 1998] Miinshiou Huang ; « Using Acoustic Emission in Fatigue and Fracture Materials Research”, Non destructive evaluation; Novembre 1998; (vol. 50, no. 11). [Neville, 2001] NEVILLE A.; Consideration of durability of concrete structures: past, present and future. Materials and structures, 34:114-118. [OCDE, 1989] OCDE- Recherches routières. Durabilité des ponts routiers en béton. Paris, 1989. [Petre-Lazar, 2000] PETRE-LAZAR I.; “Evaluation du comportement en service des ouvrages en béton armé soumis à la corrosion des aciers”; Thèse Université Laval ; Québec ; Novembre 2000. [Pollock, 1986] ; POLLOCK A.A. ; Acoustic emission capabilities and applications in monitoring corrosion.ASTM Special technical publ.908, Philadelphia; 1986; pp.30-42. [Pourbaix, 1975] POURBAIX M. ; « Notions fondamentales, Aspects électrochimiques de la corrosion » Chapitre III ; matériaux Métalliques- Phénomènes de Corrosion. Leçons en Corrosion Electrochimique (Cefracor Ed) ; 1975.
Références Bibliographiques
Page 185 / 194
[Powers, 1947] POWERS T.C., BROWNYARD T.L. ; « Studies of the physical properties of hardened cement paste. American Concrete Institut Journal; 1947; vol.43; Parties 1 à 9. [Proust, 1992] PROUST A. « Etude par la technique d’émission acoustique de la corrosion sous contrainte de trois nuances d’acier inoxydable en milieu chloruré chaud » ; Thèse de doctorat INSA de Lyon ; 1992 ; 286 p. [Proust, 2001] PROUST A., LEROY D., LENAIN J.C.; “Apport de la technique d’émission acoustique pour l’étude de la corrosion des armatures et de la corrosion sous contraintes des câbles » ; CEFRACOR 2001. [Proust, 2002] PROUST A., LENAIN J.C.; “Détection de la corrosion active par la technique d’émission acoustique en milieu industriel : exemples d’applications et solutions apportées» ; Matériaux 2002. [Raharinaïvo, 1998] RAHARINAIVO A., ARLIGUIE G., CHAUSSADENT T.; « La corrosion et la protection des aciers dans le béton » ; Presses du LCPC ; 1998. [Ramadan, 2007] RAMADAN Salah; Corrosion sous contrainte des câbles d’aciers utilisés dans les ouvrages d’art ; ANR-ACTENA. [Ramniceanu, 2004]; Ramniceanu; “Correlation of Corrosion Measuerements and Bridge Conditions with NBIS Deck Rating.” Master of Science Thesis in Civil and Environmental Engineering, Virginia Polytechnic Institute and State University. [Raupach, 1996] RAUPACH; “Chlrodie-Induced Macrocell Corrosion of Steel in Concrete- Theoretical Background and Practical Consequences.” Construction and Building Materials 10 (1996): 329-338. [Reguer, 2005] REGUER Solenn; « Phases chlorées sur les objets archéologiques ferreux corrodés dans les sols : caractérisations et mécanismes de formation » Thèse, 2005. Université paris XI Orsay. [Rettig, 1976] RETTING T.W., FELSEN M.J. Acoustic emission method for monitoring corrosion reactions. Corrosion NACE, 1976, vol.32, N°4, pp.121-126. [Rhazi, 1993] J. RHAZI, G. BALLIVY ; “Suivi de l’injection au moyen de l’émission acoustique” ; Presses scientifiques du CNRC ; pp. 965-973 ; 1993. [RILEM, 2004] RILEM TC 154-EMC : Electrochemical Techniques for Measuring Metallic Corrosion ; « Test methods for on-site corrosion rate measurement of steel reinforcement in concrete by means of the polarization resistance method » ; Recommandations ; Andrade et Alonso ; 30 mai 2005. [Rouby,1985] ROUBY D., FLEISCHMANN P. Possibilités d’analyse quantitative de mécanismes irréversibles par émission acoustique. Matériaux et techniques, 1985 ; Vol.73 ; N°8-9 ; pp.E67-E68. [Rothea, 1990] ROTHEA R., MAZILLE H. Méthodes de contrôles non destructifs. Ecole CNRS Bombannes, Editions de physique ; 1990 ; pp.515-535.
Références Bibliographiques
Page 186 / 194
[Sansalone, 1986] SANSALONE Mary ; « Nondestructive testing and evaluation for manufacturing and construction » ; 1986 [Shah, 2000] SHAH SURENDRA P., DONG-JIN Y., WEISS J. ; « Detecting the extent of corrosion with acoustic emission » ; Transportation research record 1698 ; paper N°00-1425. [Sbartaï, 2004] Z.M. Sbartaï , G. Klysz, S. Laurens, J-P. Balayssac, G. Ballivy, G. Arliguie ‘ Aptitude de l'onde directe radar à la détection des gradients d'humidité dans le béton: Essais en laboratoire et étude de cas.' INFRA 2004 , 15-17 Nov 2004, Montréal, Québec, Canada. [Sbartaï, 2005] SBARTAI Z. M. , LAURENS S., RHAZI J. , BALAYSSAC J-P., BALLIVY G., ARLIGUIE G. ; « Evaluation non destructive du risque de corrosion par mesures radar et de résistivité électrique : expérimentation en laboratoire et application in situ » ; Congres International, Réhabilitation des Construction et Développement Durable , Alger, 3-4 mai 2005, pp 25-33. [Shaira, 2006] SHAIRA M. ; « Caractérisation non destructive de la transformation martensique de l’acier 304L induite par déformation cyclique » ; Thèse INSA de Lyon. 01 décembre 2006 [Taché, 1994] enquête IREX-“Durabilité des armatures du béton armé et précontraint”, 1994. [Taché, 1998] TACHE G., VIE D., « Diagnostic des ouvrages en béton armé. Facteurs de vieillissement des ouvrages ». Annales de l’ITBTP, février 1998, p.27-37. [Tessier, 2005] ; TESSIER C., GAILLET L., BRUHAT D., MICHEL R., NOBLET S., BARBIER V. ; « Les moyens d’auscultation et de surveillance : Applications au viaduc de Merlebach » Journée « Cables 2005 » ; LCPC/ MACOA. [Thiery, 20003] ; THIERY, VILAIN, PLATRET ; 3Effect of carbonation on density, microstructure and liquid water saturation concrete”, Proc. 9th Eng. Conf. On Advances in cement and concrete, USA, 2003, pp.481-490. [Thummen, 2004] THUMMEN F. ; « Propriétés mécaniques et durée de vie de bétons réfractaires » ; Thèse INSA de Lyon ; 2004. [Torbiero, 2006] TORBIERO B. ; « Développement de microcapteurs électrochimiques pour l’analyse en phase liquide » ; Thèse INSA Toulouse ; Novembre 2006. [Toulminet, 2002] ASI 2002-2003 Gwenaëlle TOULMINET – cours sur les capteurs. [Tuutti, 1982] TUUTTI K. ; « Corrosion of Steel in Concrete”; Swedish Cement and Concrete Research Institute; S-100 44; Stockholm (1982). [Valls, 2002]; VALLS S., VASQUEZ E.; “Accelerated carbonation of sewage sludge-cement-sand mortars and its environmental impact”; Article; 2002. [Yuyama, 1986] YUYAMA S. ; “Fundamental aspects of acoustic emission applications to the problems caused by corrosion”. ASTM special Tech. Publ.908; 1986; pp.75-88.
Références Bibliographiques
Page 187 / 194
[Zdunek, 1995] ZDUNEK A., PRINE D., LI Z., LANDIS E., P. SHAH S.; “Early Detection of Steel Rebar Corrosion by Acoustic Emission Monitoring"; Paper No. 547 presented at CORROSION95, the NACE International Annual Conference and Corrosion Show. [Zongjin, 1998] ZONGJIN, ZDUEK, LANDIS, P.SHAH; “Application of Acoustic Emission Technique to Detection of Reinforcing Steel Corrosion in Concrete”; ACI Materials Journal; January-February 1998; Volume 95, N°1. [Zakharov, 1978] ZAKHAROV Y.V., REZNIKOV Y.A., GORBACHEV V.I., VASILLEV V.N.; “Correlation between acoustic emission and corrosion rate”; Prot. Met.; 1978; vol. 14; pp. 376-385.
Références Bibliographiques
Page 188 / 194
Table des figures
Page 189/ 194
Table des figures
CHAPITRE I :
Figure I- 1 : Mur faïencé sous l’effet d’une réaction alcali-granulat…………………….. 17 Figure I- 2 : Processus de la corrosion de l’acier dans le béton [Moriande, 2005]……… 25 Figure I- 3 : Réaction d’oxydo-réduction et transport du courant (réaction
électrochimique) [Torbiero, 2006]…………………………………………. 27 Figure I- 4 : Diagramme de Pourbaix (Potentiel-pH) relatif au fer en milieu aqueux (Fe-H2O) [Pourbaix, 1975]………………………………………………… 28 Figure I- 5 : Graphe Droites de Tafel d’après [Moriande, 2005]………………………… 32 Figure I- 6 : Modèle de K.Tuutti………………………………………………………… 37 Figure I- 7 : Composés susceptibles d’apparaître au cours du processus d’oxydation du fer selon Misawa et Pons……………………………………………….. 39 Figure I- 8 : Mesure de résistivité d'un enrobage de béton, par polarisation d'une armature ……………………………………………………………………. 45 Figure I- 9 : Emission des ondes par ultrason……………………………………………. 47 Figure I- 10 : Schéma de principe d’une mesure Radar………………………………….. 48 Figure I- 11 : Résultats par mesure radar, potentiel et visuel de la corrosion d’une dalle.. 49 Figure I- 12 : Enceinte à brouillard salin. Extrait de la thèse de Ziad Hamdan,
[Hamdan, 1993] ……..…………………….……………………………… 52 Figure I- 13 : Sources potentielles d’émission acoustique dans les phénomènes de
corrosion d’après [Yuyama,1986]………………………………………... 57 Figure I- 14 : Exemple d’une structure de chaîne d’acquisition…………………………. 58 Figure I- 15 : Schéma d’une chaîne d’acquisition de signaux d’émission acoustique…… 59 Figure I- 16 : Schéma d’une salve et ses paramètres……………………………………... 61 Figure I- 17 : Courbe de contrainte et d’événements acoustiques en fonction de l’effort
appliqué………………………….………………………………………. 64 Figure I- 18 : Tracé en trois dimensions des événements acoustiques, des cycles et des contraintes…………………………….…………………………………... 65 Figure I- 19 : Localisation des événements acoustiques [Grösse, 2006]………………… 68 Figure I- 20 : Principe du système mis au point par le LCPC/ MACOA [Tessier, 2005].. 69
CHAPITRE II :
Figure II- 1 : Schéma de l'éprouvette de type 1………………………………………….. 78 Figure II- 2 : Schéma de l'éprouvette de type 2………………………………………….. 78 Figure II- 3 : Schéma de principe électrique……………………………………………... 79 Figure II- 4 : Cellule de corrosion par courant imposé…………………………………... 80 Figure II- 5 : Remplissage en continu de solution chlorhydrique………………………... 80 Figure II- 6 : Coupe partielle de principe de la cellule de corrosion……………………... 81 Figure II- 7 : Photo de la cellule de corrosion……………………………………………. 81 Figure II- 8 : Cellule de corrosion………………………………………………………... 83 Figure II- 9 : Photo de l’éprouvette dans la cellule de corrosion………………………… 83 Figure II- 10 : Schéma de l’essai de corrosion accélérée………………………………… 84
Table des figures
Page 190/ 194
Figure II- 11 : Schéma de principe de la cellule de corrosion…………………………… 85 Figure II- 12 : Schéma de l'éprouvette de type 3………………………………………… 85 Figure II- 13 : Zone de carbonatation et dimensions d’une éprouvette………………….. 86 Figure II- 14 : Photo des éprouvettes protégées pour la carbonatation…………………... 86 Figure II- 15 : Cellule de corrosion par courant galvanique……………………………... 87 Figure II- 16 : Schéma de principe du dispositif………………………………………..... 88 Figure II- 17 : Cavalier de maintien……………………………………………………… 89 Figure II- 18 : Schéma du test HSU-NIELSEN ou cassé de mine……………………….. 90 Figure II- 19 : Salve issue d’un cassé de mine…………………………………………… 90 Figure II- 20 : Schéma représentant les paramètres temporels…………………………... 93 Figure II- 21 : Schéma d’une salve et ses paramètres……………………………………. 95 Figure II- 22 : Exemple d’une FFT à partir de la salve figure II-21…………………….. 95 Figure II- 23 : Schéma de principe………………………………………………………. 97 Figure II- 24 : Résistance variable……………………………………………………….. 97 Figure II- 25 : Schéma de montage du suivi électrochimique…………………………… 98 Figure II- 26 : Schéma de mesure du potentiel d’abandon ou du circuit………………… 99 Figure II- 27 : Schéma de montage du suivi électrochimique d’une pile………………... 99 Figure II- 28 : Amplitude en fonction du temps (capteur sur béton)…………………….. 102 Figure II- 29 : Photo du bain dans lequel sont placés les échantillons…………………… 104 Figure II- 30 : Amplitude en fonction du temps (capteur sur acier)……………………… 104 Figure II- 31 : Amplitude en fonction du temps (capteur sur béton)…………………….. 105 Figure II- 32 : Amplitude/temps d’une éprouvette corrodée en immersion dans du NaCl. 107 Figure II- 33 : Produits de corrosion……………………………………………………... 107 Figure II- 34 : Produits de corrosion verts virant au brun à l’air…………………………. 107 Figure II- 35 : Corrosion par piqûre sur l’armature………………………………………. 108 Figure II- 36 : Photo côté de l’armature en contact avec l’éponge et en face à face avec la
contre-électrode…………………………………………………………... 109 Figure II- 37 : Photo côté opposé de l’armature………………………………………….. 109 Figure II- 38 : Photo fissure apparente sur l’éprouvette corrodée………………………... 110 Figure II- 39 : Photo béton autour de l’armature…………………………………………. 110 Figure II- 40 : Corrosion armature après 3 semaines à 10 µA/cm2……………………… 110 Figure II- 41 : Photo corrosion d’une armature après 6 sem. à 10 µA/cm2…………….. 110 Figure II- 42 : Photo de l’éprouvette fendue après une semaine à 100µA/cm2 et une semaine
à 10 µA/cm2……………………………………………………………… 111 Figure II- 43 : Photo armature corrodée après une semaine à 100 µA/cm2 puis 3 semaines à
10 µA/cm2 et 3 semaines à 0 µA/cm2……………………………………. 111 Figure II- 44 : Amplitude en fonction du temps d’une éprouvette de type 3…………….. 114 Figure II- 45 : Evolution du potentiel libre de l’anode et de la cathode………………….. 114 Figure II- 46 : Evolution du potentiel du circuit en fonction du temps…………………... 115 Figure II- 47 : Evolution du courant galvanique en fonction du temps…………………... 115 Figure II- 48 : Photo de l’éprouvette après l’essai……………………………………….. 116
CHAPITRE III :
Figure III- 1 : Présentation des différentes éprouvettes…………………………………... 121 Figure III- 2 : Photo des armatures avec les différentes surfaces anodiques……………... 122 Figure III- 3 : Photo d’une éprouvette de type B’………………………………………... 122 Figure III- 4 : Schéma d’une éprouvette et différents types de surfaces anodiques……… 122 Figure III- 5 : Schéma de montage du suivi électrochimique et par EA…………………. 124
Table des figures
Page 191/ 194
Figure III- 6 : Photo de la cellule de corrosion accélérée………………………………… 124 Figure III- 7 : Potentiels libres anodique et cathodique des armatures avant connexion
électrique………………………………………………………………… 125 Figure III- 8 : Photo de l’éprouvette A2 fendue après un test en immersion pendant dix
jours ……………………………………………………………………. 126 Figure III- 9 : Potentiel libre anodique en fonction du temps après connexion des armatures ……………………………………………………………………………. 127 Figure III- 10 : Suivi du potentiel du circuit pour des rapports Sa/Sc différents et des
distances anodiques/ cathodiques différentes……………………………. 128 Figure III- 11 : Evolution des potentiels libres et du potentiel du circuit pour des armatures
dont Sa/Sc=1 et d=40 mm………………………………………………... 129 Figure III- 12 : Courant galvanique pour des éprouvettes Sa=Sc, Sa=Sc/2 et Sa=Sc/4,
distance entre armatures égale à 40mm ou 70mm………………………... 130 Figure III- 13 : Eprouvette A2 après essai en immersion pendant 10 jours……………... 133 Figure III- 14 : Eprouvette A’2 après essai à température ambiante durant 120 j……….. 133 Figure III- 15 : Eprouvette B2 après 90 jours d’essai et avec courant galvanique……….. 134 Figure III- 16 : Armatures de l’éprouvette B2…………………………………………… 134 Figure III- 17 : Eprouvette C2 après 90 jours d’essai et avec courant galvanique……….. 134 Figure III- 18 : Photo éprouvette B’1 après 45 jours d’essai et avec courant galvanique. Photo de l’armature anodique……………………………………………. 135 Figure III- 19 : Photo éprouvette B1 après 60 jours d’essai et avec courant galvanique… 135 Figure III- 20 : Photo éprouvette A’2 après 120 jours sans courant galvanique………… 136 Figure III- 21 : Photo éprouvette A1 après 120 jours d’essai et avec courant galvanique.. 136 Figure III- 22 : Amplitude (dB) en fonction du temps (jour) de l’éprouvette B2……….. 138 Figure III- 23 : Amplitude (dB) en fonction du temps (jour) de l’éprouvette C2……….. 139 Figure III- 24 : Photo du béton entourant la barre anodique B2 après 80 jours d’essai…. 139 Figure III- 25 : Photo de l’épreuve C2 après 80 jours d’essai…………………………… 139 Figure III- 26 : Amplitude de A’2 à température ambiante en fonction du temps………. 140 Figure III- 27 : Représentation des paramètres selon la méthode ACP pour l’éprouvette B2
suivant deux composantes principales PC1/PC2………………………... 142 Figure III- 28 : Représentation des paramètres selon la méthode ACP pour l’éprouvette B2 suivant deux composantes principales PC1/PC3………………………… 142 Figure III- 29 : Amplitude en fonction du temps pour l’éprouvette B2…………………. 143 Figure III- 30 : Nombre de coups en fonction du temps pour l’éprouvette B2………….. 143 Figure III- 31 : Graphe 3D (P-Frq, A-Frq, duration) de l’éprouvette B2………………... 144 Figure III- 32 : Forme d’onde d’un bruit continu………………………………………... 145 Figure III- 33 : Forme d’onde, impulsions de Dirac……………………………………... 145 Figure III- 34 : Forme d’onde……………………………………………………………. 146 Figure III- 35 : Spectre associé…………………………………………………………... 146 Figure III- 36 : Forme d’onde associée à une salve……………………………………… 147 Figure III- 37 : Spectre associé à la forme d’onde figure III-36………………………… 147 Figure III- 38 : Forme d’onde associée à une salve……………………………………… 147 Figure III- 39 : Spectre associé à la forme d’onde III-38………………………………... 147 Figure III- 40 : Forme d’onde associée à une salve……………………………………… 148 Figure III- 41 : Spectre associé à la forme d’onde III-40………………………………… 148 Figure III- 42 : Forme d’onde……………………………………………………………. 148 Figure III- 43 : Spectre associée à la forme d’onde III-42………………………………. 148 Figure III- 44 : Graphe A-Frq/ P-Frq éprouvette B2…………………………………….. 149 Figure III- 45 : Graphe A-Frq/ P-Frq éprouvette C2……………………………………. 149
Table des figures
Page 192/ 194
Figure III- 46 : Amplitude (dB) / temps (jours) de l’éprouvette B2 avec les 3 classes….. 151 Figure III- 47 : Amplitude (dB) / temps (jours) de l’éprouvette C2 avec les 3 classes….. 151 Figure III- 48 : Graphe 3D (P-Frq, A-Frq, duration) de l’éprouvette B2………………... 153 Figure III- 49 : Identification des salves par filtrage (amplitude/temps) de l’éprouvette A’2 …………………………………………………………………………… 156 Figure III- 50 : Forme d’onde de classe 1extraite des données de l’éprouvette A’2……. 156 Figure III- 51 : Graphe représentant l’amplitude en fonction du temps pour l’éprouvette B’1 ……………………………………………………………………………. 157 Figure III- 52 : P-Frq en fonction de A-Frq d’une éprouvette non corrodée…………….. 158 Figure III- 53 : Suivi du potentiel libre anodique (mV/ECS) de tous les corps d’épreuves en
fonction du temps………………………………………………………… 161 Figure III- 54 : Evolution du potentiel anodique des corps d’épreuves avec armatures
connectées (mV/ECS) en fonction du temps…………………………….. 162 Figure III- 55 : Schéma de montage de mesure de Rp et Ru…………………………….. 163 Figure III- 56 : Amplitude en fonction du temps de l’éprouvette A1a sur plusieurs périodes
non filtrées………………………………………………………………. 164 Figure III- 57 : Photo des armatures anodiques après 45 jours de test de corrosion accélérée ……………………………………………………………………………. 165 Figure III- 58 : Photo du béton d’enrobage de l’armature anodique non connectée A1a... 166 Figure III- 59 : Photo du béton d’enrobage de l’armature anodique connectée A2a……. 166 Figure III- 60 : Photo du béton d’enrobage de l’armature anodique connectée A3a……. 166 Figure III- 61 : Photo du béton d’enrobage de l’armature anodique de l’éprouvette A4a non
connectée…………………………………………………………………166 Figure III- 62 : Photo du béton d’enrobage de l’armature anodique connectée B2a…….. 166 Figure III- 63 : Photo du béton d’enrobage de l’armature anodique connectée C4a…….. 166 Figure III- 64 : Photo du béton d’enrobage de l’armature cathodique de l’éprouvette A2a ……………………………………………………………………………. 167 Figure III- 65 : Photo du béton d’enrobage de l’armature cathodique de l’éprouvette A4a ……………………………………………………………………………. 167 Figure III- 66 : Amplitude/temps de l’éprouvette A1a pour la période d’acquisition 3…. 168 Figure III- 67 : Amplitude/temps de l’éprouvette A4a pour la période d’acquisition 3…. 168 Figure III- 68 : Amplitude/temps de l’éprouvette A2a pour la période d’acquisition 3…. 169 Figure III- 69 : Amplitude en fonction du temps de l’éprouvette B2a pour la période
d’acquisition 3…………………………………………………………… 170 Figure III- 70 : Amplitude en fonction du temps de l’éprouvette C4a pour la période
d’acquisition 3…………………………………………………………… 170 Figure III- 71 : ∆densité Coups en fonction de ∆densité de courant……………………...172 Figure III- 72 : ∆Densité de Coup en fonction ∆Densité de courant (Icorr) pour les
éprouvettes de type A, B et C……………………………………………. 173
Table des tableaux
Page 193/ 194
Table des tableaux CHAPITRE I :
Tableau I- 1 : Cinétique de corrosion …………………………………………………… 33 Tableau I- 2 : Potentiel d’électrode de référence par rapport au potentiel à hydrogène…. 43 Tableau I- 3 : Niveaux de corrosion en fonction des vitesses de corrosion……………... 46 Tableau I- 4 : Vitesses moyennes de propagation des ondes dans les aciers……………. 62
CHAPITRE II :
Tableau II- 1 : Etudes des principaux essais de corrosion accélérée……………………... 77 Tableau II- 2 : Caractéristiques de l'essai………………………………………………… 82 Tableau II- 3 : Caractéristiques des essais avec courant…………………………………. 87 Tableau II- 4 : Paramètres temporels…………………………………………………….. 93 Tableau II- 5 : Paramètres extraits de la salve figure II-21……………………………… 95 Tableau II- 6 : Récapitulatif des essais avec courant imposé……………………………. 112 Tableau II- 7 : Gamme des valeurs des taux de corrosion [Andrade, 1996]…………….. 113 Tableau II- 8 : Masse d’une barre avant et après corrosion……………………………… 116
CHAPITRE III :
Tableau III- 1: Tableau des différentes surfaces anodiques……………………………… 123 Tableau III- 2: Masses des armatures…………………………………………………….. 123 Tableau III- 3: Tableau des différentes densités de courant……………………………… 130 Tableau III- 4: Récapitulatif des caractéristiques et des différents contrôles effectués sur les
corps d’épreuve avec un courant galvanique par macro-pile……………...131 Tableau III- 5: Suivi du courant pour les éprouvettes B2 et C2…………………………. 139 Tableau III- 6 : paramètres de la salve (figure III-32)…………………………………… 145 Tableau III- 7 : paramètres de la salve (figure III-33)…………………………………… 146 Tableau III- 8 : paramètres de la salve (figure III-34)…………………………………… 146 Tableau III- 9 : Récapitulatif des paramètres de la salve (figure III-36)………………… 147 Tableau III- 10 : Récapitulatif des paramètres de la salve III-38………………………… 147 Tableau III- 11 : Récapitulatif des paramètres…………………………………………… 148 Tableau III- 12 : Récapitulatif des paramètres…………………………………………… 148 Tableau III- 13 : Tableau récapitulatif des paramètres extraits des salves de classe 0….. 150 Tableau III- 14 : Tableau récapitulatif des paramètres extraits des salves de classe 1…... 150 Tableau III- 15 : Récapitulatif des paramètres extraits des formes d’onde de classe 2…. 150 Tableau III- 16 : Filtres éliminant le bruit de fond………………………………………. 154 Tableau III- 17 : Filtres séparant les salves de classe 1 et de classe 2…………………… 155 Tableau III- 18 : Caractéristiques des essais. ……………….……………………………. 160 Tableau III- 19 : Calcul de Icorr au temps t5…………………………………………….. 164 Tableau III- 20 : Calcul de Icorr au temps t6…………………………………………….. 164 Tableau III- 21 : Calcul de ∆Icorr (µA) durant la période d’acquisition 3 pour les éprouvettes
de type A………………………………………………………………... 165
Table des tableaux
Page 194/ 194
Tableau III- 22 : Calcul de ∆Icorr (µA) durant la période d’acquisition 3 pour l’éprouvette B2a et C4a………………………………………………………………. 165
Tableau III- 23 : Accroissement de la densité du courant de corrosion et des coups pour les éprouvettes de type A,B et C pour la période d’acquisition 3…………………………… 172
AUTHOR : Isabelle VERVISCH-FORTUNÉ
TITLE : Sensitivity of acoustic emission technique to reinforcement corrosion in concrete
___________________________________________________________________________
ABSTRACT Reinforcement corrosion is a major cause of concrete deterioration. Acoustic emission, a non-
destructive method currently used in civil engineering, extends to monitor the corrosion of
prestressing cables and metal structures. The objective of this thesis is firstly to define an
accelerated corrosion test able to provide conditions close to natural corrosion and secondly check
the sensitivity of acoustic emission to early corrosion in reinforced concrete. Usual electrochemical
methods are used to validate the results obtained by acoustic emission.
From a literature review, various tests were studied first using high corrosion currents and
increasingly weak to reach value similar to those encountered in structures. Different conditions for
initiation of corrosion were also tested. This allowed access to the development of an accelerated
corrosion test with densities of corrosion current close to the natural ones. The analysis of recorded
acoustic signals and their parameters enabled the identification of two types of waveform. One
corresponds to corrosion by micro-cells and the other by macro-cell. This classification obtained by
an analysis of waveforms and their associated parameters has allowed the development of filters for
automatic discrimination of signals. Finally a relationship between increased density of counts and
increased density of corrosion current is proposed.
_______________________________________________________________
KEYWORDS :
reinforced concrete, corrosion, accelerated test, galvanic current, acoustic emission, carbonation,
polarization resistance, corrosion potential
AUTEUR : Isabelle VERVISCH-FORTUNÉ
TITRE : Sensibilité de la technique d’émission acoustique à la corrosion des armatures dans le béton
DIRECTEURS DE THESE : Ginette ARLIGUIE, Jean-Paul BALAYSSAC et Stéphane LAURENS
LIEU ET DATE DE SOUTENANCE : Toulouse, le 25/09/09
___________________________________________________________________________
RESUME La corrosion des armatures est l’une des principales causes de dégradation du béton. Une
des méthodes non destructives actuellement utilisée dans le Génie Civil, l’émission acoustique, tend
à se développer pour évaluer la corrosion des câbles et des structures métalliques. L’objectif de
cette thèse est d’une part de définir un essai de corrosion accélérée réaliste et maîtrisé et d’autre part
de vérifier la sensibilité de l’émission acoustique à la corrosion des armatures dans le béton. Des
méthodes électrochimiques éprouvées sont utilisées pour valider les résultats obtenus par émission
acoustique.
A partir de résultats de la littérature, différents essais ont été étudiés utilisant d’abord des courants
de corrosion élevés puis de plus en plus faibles pour atteindre des valeurs proches de celles
rencontrées dans les structures. Différentes conditions d’initiation de la corrosion ont également été
testées. Cela a permis d’accéder au développement d’un essai de corrosion accélérée avec des
densités de courant de corrosion proches de la réalité. L’analyse des signaux acoustiques enregistrés
et de leurs paramètres a permis d’identifier deux types de salves correspondant d’une part à une
corrosion par micro-piles et d’autre part à une corrosion par macro-pile. Cette classification obtenue
par une étude des formes d’onde et des paramètres associés a permis l’élaboration de filtres pour
une discrimination automatique des signaux. Enfin une relation entre des accroissements de densité
de coups et des accroissements de densité de courant est proposée.
________________________________________________________________
MOTS-CLES :
béton armé, corrosion, essai accéléré, courant galvanique, émission acoustique, carbonatation,
résistance de polarisation, potentiel de corrosion
___________________________________________________________________________
DISCIPLINE ADMINISTRATIVE : Génie Civil
___________________________________________________________________________
LABORATOIRE : LMDC (Laboratoire Matériaux Durabilité des Constructions)