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SAISON 2017-2018 AUDITORIUM DU LOUVRE CINE-CONCERT VOYAGE AU CONGO SAMEDI 10 MARS, 17H

VOyagE au cONgO - Le Louvre · 2018-03-05 · 2 Voyage au Congo SCèneS de la Vie indigène en afrique équatoriale rapportéeS par andré gide et MarC allégret Dans le cadre du

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saison 2017-2018auditorium du Louvre

cINE-cONcERT

VOyagE au cONgO

saMEDI 10 MaRs, 17 H

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Voyage au CongoSCèneS de la Vie indigène en afrique équatoriale rapportéeS par andré gide et MarC allégret

Dans le cadre du festival « Toute la mémoire du monde » de la Cinémathèque Française et du cycle de films « Autoportrait en voyageur »

Ciné-concertPremière du film restauré

Film de Marc AllégretFr., 1927, 117 min, nbMusique originale de Mauro Coceano (2017)Ciné-concert avec orchestre dirigé par Mauro Coceano

Film restauré et numérisé par Les Films du Panthéon en collaboration avec Les Films du Jeudi, avec le soutien du CNC et de La Cinémathèque française, et avec l’aide du British Film Institute.

Séance présentée par Pascale Raynaud, Laurence Braunberger, Béatrice de Pastre, Hervé Pichard et Benjamin Alimi.

Voyage au Congo, Marc Allégret,

1925 © Les Films du Panthéon

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Par Hervé Pichard24 novembre 2017

« Ce que nous avons cherché à montrer dans ce film ?Cela se résume en un mot : la Beauté. Au lieu de nous complaire à photographier des êtres déformés ou étranges, des anomalies ou des laideurs, au lieu de surprendre le spectateur par des voies inattendues, nous voudrions l’émouvoir par la beauté de ces races qui est grande.Et nous nous sommes effacés du lieu autant que nous pouvions. »

André Gide,Comœdia, 25 février 1927

Marc Allégret, cinéaste français du début des années 1930 jusqu’à la fin des années 1950, réalise en 1925 son premier film, Voyage au Congo, un documentaire sur l’Afrique équatoriale où il partage, avec un regard respectueux, son admiration pour les peuples qu’il rencontre, les gestes familiers, les jeux, les danses et les rituels, la beauté des corps et des paysages.

À l’initiative de ce voyage, André Gide est pour l’occasion chargé de mission par le Ministère des Colonies. Écrivain déjà renommé grâce à des œuvres comme Les Nourritures terrestres (1897) ou L’Immoraliste (1902), il désire,

la reStauration de « Voyage au Congo »

depuis son plus jeune âge, voyager en Afrique et marque à nouveau son intérêt pour l’Afrique noire depuis le retour de mission au Cameroun de son ami, le pasteur Élie Allégret (père de Marc) en octobre 1922.

Afin d’organiser cette aventure africaine, l’écrivain propose au futur cinéaste un poste de secrétaire qui l’aidera à préparer l’itinéraire.André Gide apparaît au générique du film pour apporter sa renommée et soutenir un cinéaste encore inconnu – son premier succès, Mam’zelle Nitouche, datant de 1931.C’est en effet Marc Allégret qui, tout en assurant l’organisation de cette expédition, prépare et assure seul

Voyage au Congo,Marc Allégret, 1925 ©

Les Films du Panthéon

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ce tournage périlleux. Il n’empêche, le parcours littéraire et intellectuel d’André Gide, son regard critique, s’avère profitable à la créativité du jeune homme.

Lors de ce périple, Marc Allégret ne se contente pas de rapporter des images animées, il tient son propre carnet de voyage et réalise une série de photographies. Les deux hommes embarqueront sur le paquebot « L’Asie » et quitteront Bordeaux pour Dakar le 18 juillet 1925. Onze mois plus tard, les deux aventuriers retrouveront le port de Bordeaux, le 31 mai 1926. Durant le voyage, le cinéaste, ne pouvant visionner aucune image, s’inquiétera du résultat.Il écrira dans Les Cahiers de Belgique (n° 4, mai 1928) : « Ce négatif

mystérieux se promenait (non développé) pendant dix mois sur la tête des porteurs, dans des petites caisses capitonnées de poudre de liège, grillé par le soleil et moisi par l’humidité... L’emballage résisterait-il ? Malgré tous les soins dont il était entouré, le négatif ne serait-il pas détérioré au point d’être inutilisable ?... ».

Le cinéaste réalise Voyage au Congo sans aucune expérience et occupé avant tout par sa mission première auprès d’André Gide, devant respecter les étapes et le rythme du voyage. Il ne peut s’attarder sur son propre film et, pourtant, il trouve le temps de tourner tout en jonglant avec ses deux autres passions, l’écriture et la photographie. Durant

le voyage, Allégret utilise deux appareils, un appareil photo à soufflet Plaubel Makina pouvant accueillir des plaques de verre au format 6 ½ x 9 et la caméra Debrie à manivelle, très maniable.

Avant de partir, il se forme rapidement et tourne des bouts d’essais à Paris en avril 1925. Le réalisateur cherche son style et fait des erreurs techniques. De nombreuses prises sont inexploitables et non retenues dans le montage définitif. Il fait par ailleurs des choix précis de mise en scène, influencés certainement par d’autres documentaires comme Nanouk (Flaherty, 1922). Voyage au Congo est un film étonnant et épuré, à l’esthétique plutôt rare à cette époque, qui se focalise non sur le

Voyage au Congo,Marc Allégret, 1925 ©

Les Films du Panthéon

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périple des deux hommes mais sur les lieux et les tribus uniques et encore inconnus du grand public.Il écrira à propos de son film, afin de se distinguer de ce qu’il était convenu de filmer dans les années 1920 : « Nous avons délibérément supprimé de notre film tout ce qui pouvait rappeler proprement le voyage, tout ce qui pouvait donner l’idée d’effort, de risque ou d’aventure ; Nous souhaitions que le spectateur fût aussitôt enveloppé, comme nous l’avions été nous-mêmes, par l’atmosphère de ce pays mystérieux ; et qu’il devînt indiscrètement l’observateur secret d’une humanité sans histoire. C’est pourquoi dans le Voyage au Congo les scènes d’ensemble, les morceaux à effet ne sont pas considérés comme plus importants que les scènes familières.

Nous n’avons pas cherché à abolir la surprise, mais bien à maintenir toute chose à sa place. Ainsi seulement s’expliqueront, ainsi paraîtront comme naturels les coutumes les plus étranges, les gestes les plus déconcertants... Bien des coutumes de ces peuplades sont assez voisines de nos coutumes européennes, témoignent des mêmes nécessités ou des mêmes préoccupations... ».

Pendant que Marc Allégret monte son film, André Gide publie en 1927, aux éditions Gallimard, son journal de bord intitulé Voyage au Congo, puis un an plus tard, Retour du Tchad. En 1929, un ouvrage en édition numérotée réunit les deux recueils illustrés de soixante-quatre photos inédites de Marc Allégret. Le film pourrait s’apparenter au

témoignage animé du carnet de voyage d’André Gide. Il reste une œuvre à part entière offrant un regard personnel qui diffère de celui de l’écrivain. Le livre prend une orientation politique partagée par Marc Allégret, dénonçant les méfaits de l’administration coloniale. Le film se contente souvent de décrire la beauté des peuples rencontrés : « Le jeu du soleil sur les peaux mates que l’eau vient de rendre luisantes comme du bronze poli... », ignorant volontairement la présence coloniale et celle des Blancs. Le réalisateur s’amuse aussi à mettre en scène dans son film, comme pour une fiction, une histoire sentimentale. Une séquence curieuse qui tranche avec le style documentaire et la chronique du voyage impliquant généralement une certaine distance afin de préserver le naturel et la spontanéité des individus.

Voyage au Congo,Marc Allégret, 1925 ©

Les Films du Panthéon

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Le film est avant tout un véritable témoignage sur les coutumes des peuples vivant au Congo avec des images surprenantes et émouvantes. Marc Allégret est conscient de la beauté et de la rareté des imagesqu’il filme et transmet. C’est ce geste unique qui, de toute évidence, le guidera à poursuivre sa passion de la mise en scène.

Hervé Pichard est responsable des acquisitions et chef de projet des restaurations de films à la Cinémathèque française.

La restauration 2K a été réalisée au laboratoire Hiventy, à partir du négatif original conservé au CNC, un contretype tiré par La Cinémathèque française, complétée et conformée grâce à une copie mise à disposition par le BFI.

Voyage au Congo,Marc Allégret, 1925 ©

Les Films du Panthéon

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Voyage au Congo, Marc Allégret, 1925 © Les Films du Panthéon

Mauro Coceano, compositeur

Mauro Coceano, né en Italie, est compositeur et pianiste. Il a composé la musique d’une trentaine de pièces de théâtre (Emma la Clown, Michèle Guigon, Pierre Trapet, Philippe Ferran, etc...) ainsi que la musique de près de cinquante ciné-concerts allant du solo jusqu’à des formations de 40 musiciens (commandes ARTE, Forum des Images, Festival d’Anères, Musée d’Orsay, etc.) qui se sont produites dans de nombreuses salles en France et à l’étranger.Il dirige depuis 12 ans l’ensemble « Unikum Swak » composé d’une quinzaine de musiciens.

MuSique

Note d’intention

La musique, ici, se veut un œil qui donne à entendre, l'œil de l'occidental qui découvre l'Afrique – une Afrique en ce temps-là. Elle accompagne ou prend le contre-pied des scènes, crée des graphismes sonores, des climats, ou bien encore commente l'action avec distance. Des séquences se répètent, avec parfois d'infimes variations, les notes racontent ce que le « voir » ignore. Le silence est utilisé comme une caisse de résonance qui déploie les images, et une part est laissée à l'improvisation, au dialogue entre les musiciens.Dans ce film la musique africaine n'est qu'un écho lointain, une réminiscence qui ne cherche ni à imiter ni à reproduire, mais plutôt qui inspire. Quelque chose qu'on respire, comme un parfum qui éveille le souvenir.

Musiciens

Mauro Coceano : piano/accordéon

Bastien Ferrez : saxophoneKarsten Hochapfel : violoncelle/guitareGaël Mevel : violoncelle/pianoEtienne Meziere : violonNN : violonRomain Perda : percussionsAurélie Pichon : clarinette

Thierry Delor : sons/séquences

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Programmation cinéma (Louvre) : Pascale Raynaud assistée de Camille Bertholio

Les Amis du Louvre Jeune et les adhérents Louvre Professionnels bénéficient : - de la gratuité pour l’ensemble du cycle Autoportrait en voyageur à l’auditorium du Louvre - du tarif réduit lors du Festival Toute la mémoire du monde à la Cinémathèque française

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Remerciements :Laurence Braunberger (Les Films du Jeudi), Annick Girard, Pauline de Raymond, Hervé Pichard (La cinémathèque française)

Mercredi 18 avrilà 20 hUn étrange voyaged’Alain CavalierFilm suivi d’une rencontre avec Alain Cavalier et Charlotte Garson, critique de cinéma.

Vendredi 20 avrilà 20 hTrois Jours en Grècede Jean-Daniel PolletFilm présenté par Jean-Paul Fargier, cinéaste

Vendredi 27 avrilà 20 hCarnets de notes pour une Orestie africaineNotes pour un film sur l’Indede Pier Paolo PasoliniSéance présentée par Jean-Charles Fitoussi, cinéaste.

Vendredi 13 avrilà 20 hJournal intimede Nanni Moretti Film présenté par Grégory Valens, enseignant et critique à Positif.

Samedi 14 avril à 15 hWalden (Diaries, Notes & Sketchesde Jonas MekasFilm présenté par Jean-Jacques Lebel, artiste.

Dimanche 15 avrilà 15 hRoute One USAde Robert KramerFilm présenté par Bernard Eisenschitz, historien du cinéma.

Samedi 28 avrilà 15 hLes Glaneurs et la glaneused’Agnès VardaFilm présenté par Michel Ciment, rédacteur en chef de Positif.

Dimanche 29 avrilà 15 hVacances prolongéesde Johan van der KeukenFilm présenté par Laetitia Mikles, cinéaste et critique à Positif.

prochainement

autoportrait en Voyageur

Prisé des écrivains comme des peintres, le carnet de voyage est une tradition artistique à laquelle le cinéma n’a pas dérogé. Le cycle rend compte de la diversité des pratiques des cinéastes qui ont confronté de façon directe leur regard à la réalité de l’ailleurs et de l’autre. En partenariat avec Positif.

SÉANCE JEUNE PUBLICMercredi 25 avrilà 15 hLa Croisière du Navigatorde Buster KeatonCiné-concert avec Robert Piéchaud, piano, et Stan de Nussac, clarinette.À partir de 6 ans