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microbienne chez les tres jeunes enfants (taille de la fratrie, pre- sence d'animaux domestiques, placement en collectivite en bas age) et I'apparition de pathologies

composantes allergiques. Cette observation avait conduit plu- sieurs chercheurs & supposer que I'hygiene, en limitant le risque des infections infantiles precoces, pouvait modifier qualitativement la reponse immunitaire et predispo- ser les enfants A un certain nombre d'allergies. Cette hypothese reposait notam- ment sur la tres nette reduction des allergies infantiles observees chez les enfants ayant des freres et soeurs plus ages : ceux-ci se trouveraient exposes plus jeunes aux infections bacteriennes, virales et parasitaires. Une enquete danoise, publiee dans le British Medical Journal, nuance quelque peu cette vision du probleme. Conduite chez plus de 13 000 enfants de moins de 18 mois, cette etude demontre que I'incidence de I'eczema atopique (d'origine allergique) n'est pas cor- relee & I'incidence de maladies infectieuses survenant avant Page de 6 mois. En revanche, les auteurs notent une reduction sensible des cas d'ec- zerna chez les enfants exposes & un risque microbien diffus : vie A la ferme, presence d'animaux domes- tiques, nombre de freres et sceurs plus ages et placement precoce en collectivite. Cette analyse conduit donc& revoir les rnodeles prece- dents : ce ne sent pas les infections par des pathogenes qui limitent le risque allergique, mais plus gene- ralernent I'exposition & des germes courants, non pathogenes pour la plupart, dent la presence est net- tement corr61ee & une degradation des standards d'hygiene. Ces organismes seraient des vieux compagnons de I'hornme (myco- bacteries atypiques, lactobacilles, helminthes...). En s'adaptant & leur presence depuis des generations, notre sys- teme immunitaire aurait appris & ne pas reagir de fa?on exageree, ce qui se traduirait en particulier par la production de lymphocytes T regu- lateurs. En augmentant notre niveau d'hygiene, neus aurions elimine ces vieux camarades et laisse le sys- teme immunitaire reprendre ses droits, ce qui se traduirait par une

plus grande predisposition aux reactions allergiques.

Benn C.S. & aL, Br. Med. J. 328 (7450) (22/05/04)

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Abc s cdrdbraux multiples

Actinomyces • Uactinomycose cerebrale est secondaire & une suppuration intra- cranienne ou & un granulome inflammatoire d'evolution lente. L'actinornycose a pour agent infec- tieux un bacille A Gram +, anaero- bie strict, asporule, filamenteux et ramifie, distinct des Nocardia qui ne font pas partie de la flore normale saprophyte de I'hornrne. Les Acti- nornyces, dent I'espece principale est Actinomyces israelii, comptent des especes qui ne sent pas anaerobies stricts mais tousles Actinomyces cultivent rnieux dans des conditions d'anaerobiose. Leur isolement est deticat du fait de la lenteur de leur croissance et de leur association frequente dans les suppurations A d'autres bacteries. Les Actinomyces sent des bacte-

ries opportunistes et les infections qu'ils provoquent, deux fois plus fre- quentes chez les hommes que chez les femmes, sent le plus souvent cervico-faciales ( 50 A 60 % des cas), thoraciques (20 A 25 %) ou abdorninales (15 & 20 0/0). La Ioca- lisation intracerebrale est rare et dans les deux tiers des cas sous forrne d'abces unique. Ces abces sent d'origines diverses : contigu'i~e avec des infections dentaires ou cervico-faciales, hematogene & par- tir d'un foyer thoracique, trauma- tique, indeterminee, etc. Le dia- gnostic differentiel se pose avec la nocardiose, essentiellernent chez les sujets irnmunodeficients. L'observation presentee ici concer- ne une fernme de 56 ans sans ante- cedent, hospitalis6e pour syn- drome grippal associe & des troubles du comportement. Le bilan biologique etait normal, a I'ex- ception d'une proteine C r6active A 42 mg/mL. Au 5~ jour, alors qu'elle est traitee par cefpodoxime, on observe chez cette patiente Pap- parition de troubles de la vigilance avec syndrome meninge sans signes de Iocalisation. La ponction Iombaire (PL) ramene un liquide clair acellulaire avec hyper-protei- norachie a 1 g/L, en depit de divers

traitements antibiotiques. Ce n'est qu'au 24 e jour qu'une ponction biopsique stereotaxique neurochi- rurgicale d'un des abces cerebraux observes au scanner et IRM note la presence de grains actinomyco- siques, confirmant le diagnostic d'actinomycose et perrnettant une evolution rapidement favorable sous antibiotherapie associee amoxici l l ine+chloramphenicol, relayee par la clindamycine pendant 6 mois. Cette observation montre I'inter~t de I'examen anatomo-patholo- gique en I'absence de documen- tation bacteriologique apres ponc- tion biopsie stereotaxique. II faut toutefois rappeler que d'autres pathologies & grains, dent la tuberculose, peuvent simuler une actinomycose dent les formes cerebrales sent severes avec un taux de rnortalit6 de 28 %. Le traitement s'appuie sur I'anti- biotherapie et la chirurgie, la peni- cilline G restant I'antibiotique de reference. Dans le cas present, la guerison a pu 6tre obtenue sans intervention chirurgicale.

J. Lotier & aL, Presse M~d. 33 (13/03/04)

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Revue Fran?aise des Laboratoires, septembre 2004, N ° 365 1 5