En noir et blanc ou en couleurs, que voir dans les clips sud-africains ?
L A présente note se donne une fonction essentiellement explo- ratoire. AprÚs avoir tenté de saisir comment la musique popu- laire sud-africaine a ressenti et retransmis les transformations
sociales et politiques qui se sont produites depuis une trentaine dâannĂ©es (I), jâai essayĂ© de voir ce quâen montraient des vidĂ©ogram- mes musicaux, autrement dit des clips. Une telle recherche se heurte toutefois Ă de nombreux problĂšmes mĂ©thodologiques, et tous nâont pas Ă©tĂ© ici surmontĂ©s.
Analyser des clips sud-africains : précautions liminaires
Les clips musicaux nâont guĂšre, jusquâĂ prĂ©sent, Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s. On hĂ©site encore, semble-t-il, Ă les considĂ©rer en tant quâexpres- sions dâune situation socio-culturelle, quâindicateurs des changements qui la parcourent, quâ(c objets politiques non identifiĂ©s )) si lâon veut (2). DĂ©finis comme (( [...I des Ă©noncĂ©s visuels de trois ou quatre minutes c o n p s pour ĂȘtre adjoints de maniĂšre artistique Ă une chanson dans le but dâaccomplir plusieurs objectifs de communication )> (3), ils combinent trois champs (images, musique et paroles) susceptibles dâĂȘtre eux-mĂȘmes composĂ©s de plusieurs dĂ©ments. Dans lâidĂ©al, il convient donc dâanalyser chacun de ces champs et leur fonction- nement en tant quâĂ©noncĂ© les rĂ©unissant. LâĂ©tude des paroles est la moins problĂ©matique; pour peu quâon les possĂšde ... Certains sont en langues africaines et je nâai pas les traductions des textes des chansons ; dâautres sont en anglais, transcrits Ă lâaudition avec les risques dâerreur que cela comporte (4). La difficultĂ© est prĂ©sente,
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dĂ©jĂ , Ă ce niveau. En ce qui concerne la musique, les mĂ©thodes font encore lâobjet de dĂ©bats (5) ; dans le cas prĂ©sent, je me suis bornĂ© Ă une approche stylistique rapide. Quant aux images, la sĂ©mio- logie du cinĂ©ma est aujourdâhui une discipline riche dont les tech- niques peuvent sans aucun doute ĂȘtre appliquĂ©es aux vidĂ©ogram- mes musicaux ; il faut espĂ©rer que la jonction entre sociologie, poli- tologie et cette sĂ©miologie du cinĂ©ma sâeffectuera sous peu mais je ne prĂ©tendrai pas lâavoir accomplie ici (6).
Mon approche des clips sud-africains relĂšve donc dâun (( brico- lage )) dont lâintĂ©rĂȘt est sans doute de dĂ©signer des pistes sur les- quelles il conviendra de sâaventurer plus avant, et mieux armĂ©; elle ambitionne de montrer la richesse de ce medium et la nĂ©ces- sitĂ© de lâĂ©tudier systĂ©matiquement, notamment dans un pays oĂč lâimage des hommes (donc leur couleur) a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour dĂ©finir leurs rapports sociaux. Mais les conclusions qui seront proposĂ©es doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es Ă titre dâhypothĂšses ; susceptibles dâĂȘtre sen- siblement modifiĂ©es si ce nâest contredites par des recherches plus approfondies.
LâĂ©chantillon que jâai utilisĂ© est reprĂ©sentatif des grands cou- rants de la musique populaire moderne sud-africaine, bien quâil ait Ă©tĂ© constituĂ© un peu par hasard. I1 comprend deux groupes de clips. Le premier est disponible en France sur une cassette du com- merce (7) ; il comprend des vidĂ©ogrammes dâorigine sud-africaine tournĂ©s avant 1988. Le second consiste en une compilation de clips rĂ©alisĂ©s en Afrique du Sud et diffisĂ©s au cous de lâĂ©mission Mondo Sono (produite par Christian NĂšve pour FR3 Toulouse) en
(1) Voir : (( Le triolet multicolore, dans la musique Sud-africaine, une blanche nâĂ©gale pas nĂ©cessairement deux noires )), Politique africaine 25, mars 1987 : 74-81 ; a La musi- que au-delĂ de lâapartheid )), postface Ă Coplan (David), I71 Township Tonight ! Musi- que et thĂ©Ăątre dans les villes noCres dâAfrique dn Sud, traduit de lâanglais - Etats-Unis - par C. Belvaude, Paris, Karthala, 1992 : 377-402 (lâouvrage de D. Coplan demeure la rĂ©fĂ©rence en ce qui concerne lâhistoire de la musique populaire noire en Afrique du Sud) et Les hymnes du mĂ©tissage, musiques populaires dâAfrique du Sud in: Martin (D.C.) dir., Sortir de lâapartheid, Bruxelles, Complexes, 1992 : 119-131.
(2) Sur le clip politique, voir : J.P. Gou- revitch, Le clip politique n, Revue Francaise de Science Politique 39 (l), février 1989 : 21-33 : s u r les vidéogrammes musicaux : Abt (Dean), (i Music Video : Impact of the Visual Dimension D, in : J. Lull ed., Popular Music and Communication, Newbury Park, Sage, 1987: 96-111.
(3) Abt, art. cit., 97.
(4) Lorsque cela Ă©tait possible, je me suis efforcĂ© de contrĂŽler ces transcriptions Ă lâaide dâenregistrements sur cassette ou disque com- pact, de meilleure qualitĂ© sonore quâune vidĂ©o ; exceptionnellement, jâai eu la chance de retrouver des paroles de chansons sur des pochettes dâenregistrement audio.
(5) Voir : D. Levallet, D.E. Martin, U Quels sont les sens des sons ? n, LâAwzĂ©ri- que de Mingus, musique et politique, les (1 Fables of Faubus N de Charles Mingus, Paris,
(6) Je me suis inspirĂ© des travaux dâO. BĂ€chler : << La sĂ©miologie gĂ©nĂ©rative au cinĂ©ma D, CinĂ©mAction 47, avril 1988, 44-51 ; (1 Quelques perspectives thĂ©oriques rĂ©centes n, Le Francais aujourdâhui 91, 19-22 ; (( Michel Colin : de la grammaire gĂ©nĂ©rative Ă la psychologie cognitive n, Irk 5, avril 1989 : 131-135 : (( Images de films, images de :rĂȘves : le vĂ©hicule de la vision )), CinĂ©mAction 50, janvier 1989 : 40-46.
(7) Le lecteur voudra bien se reporter Ă lâannexe pour les rĂ©Erences et une descrip- tion sommaire de chacun des clips.
POL, 1991 : 57-96.
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1991-1992, donc sans doute tournĂ©s vers 1990 (8). Avec les incon- nues quâil comporte cet Ă©chantillon permet nĂ©anmoins une Ă©tude diachronique en une pĂ©riode charniĂšre de lâhistoire sud-africaine.
Ces vidĂ©ogrammes musicaux obĂ©issent, dans une large mesure, aux lois du genre : souvent inspirĂ©s de (( spots )) publicitaires, ils enchaĂźnent sĂ©quences et plans de maniĂšre rapide en vue de cons- truire un rĂ©cit mouvementĂ© qui rĂ©pond au rythme de la musique (et parfois le ponctue trĂšs prĂ©cisĂ©ment). I1 y a indubitablement un (( langage B du clip dans lequel certains procĂ©dĂ©s techniques (surim- pression ; incrustation ; opposition ou saturation des couleurs ; dilec- tion pour les plans non horizonaux : plongĂ©es ou contre-plongĂ©es extrĂȘmes ; travellings rapides ; coups de zoom ; mouvements tour- nants de camĂ©ra) ont acquis une forte expressivitĂ© qui, en quelque sorte, compense la briĂšvetĂ© de lâĂ©noncĂ©. Les relations imageslmusi- quelparoles sont le plus souvent complexes. On en trouvera ici trois grands types : illustratif (la construction du texte imagĂ© illustre les paroles et, Ă©ventuellement, par le montage et lâutilisation de plans de ponctuation, la musique) ; allĂ©gorique (le rapport aux paroles existe, mais symboliquement) ; dĂ©tachĂ© (il nây a apparemment pas de rapport entre le texte imagĂ© et le texte des paroles). I1 va sans dire que ces trois types ne se rencontrent presque jamais purs mais peuvent ĂȘtre combinĂ©s et que, par exemple, le rapport musiquelima- ges peut suggĂ©rer le lien qui semble manquer entre le rĂ©cit des paroles et le rĂ©cit des images : la combinaison, lâenchevĂȘtrement des Ă©lĂ©ments potentiellement significatifs sont au cĆur de lâart du clip. En revanche, le clip Ă©tant destinĂ© Ă promouvoir des chansons et des musiciens, la musique nây a quasiment jamais fonction dâillus- tration sonore comme dans des films (( classiques n.
Les clips sud-africains utilisent ce langage. Ils obĂ©issent Ă des rĂšgles de communication par lâimage qui semblent universelles ; ils doivent aussi se placer sur un marchĂ© international de la musique qui impose des modes dâexpression en mĂȘme temps quâil lĂ©gitime, en Afrique du Sud mĂȘme, les artistes sud-africains qui sây rallient. Et ce dâautant plus quâen Afrique du Sud comme ailleurs, la tĂ©lĂ©- .vision est le canal le plus important de diffusion des vidĂ©ogram- mes musicaux.
Dâune part, la tĂ©lĂ©vision diffise des clips Ă©trangers, et les clips sud-africains se doivent de faire jeu Ă©gal avec ceux-ci. Mais, dâautre part, la tĂ©lĂ©vision nâest apparue que trĂšs rĂ©cemment en Afrique du Sud. En 1976 est crĂ©Ă©e la premiĂšre chaĂźne qui Ă©met en anglais et en afrikaans ; une seconde chaĂźne (bientĂŽt dĂ©doublĂ©e) destinĂ©e aux Noirs est lancĂ©e en 1982-1983 : T V 2/3. La South African Broad-
(8) Dans les deux cas, aucune mention nâest faite des dates et lieux de tournage, ni du nom des rĂ©alisateurs.
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casting Corporation-Television est, sur le papier, indĂ©pendante du pouvoir. En rĂ©alitĂ©, elle est soumise Ă des systĂšmes de censure trĂšs minutieux qui renforcent lâautocensure spontanĂ©e de beaucoup de journalistes et de producteurs : la tĂ©lĂ©vision, rehsĂ©e pendant long- temps par les conservateurs afrikaners parce quâelle risquait de porter atteinte Ă la moralitĂ© des populations, doit, lorsquâon ne peut plus en faire IâĂ©conomie face Ă lâirruption prĂ©visible des chaĂźnes trans- mises par satellites, diffiser et consolider les valeurs sur lesquelles repose lâordre social dominant. En ce qui concerne les Noirs, les tĂ©lĂ©spectateurs sont essentiellement des urbains ; dans une pĂ©riode de remodelage de lâapartheid, TV 2/3 met lâaccent sur une idĂ©olo- gie de la rĂ©ussite matĂ©rielle qui complĂšte la stratĂ©gie visant Ă faire Ă©merger une petite-bourgeoisie africaine acceptant dâĂȘtre le parte- naire dĂ©sormais nĂ©cessaire de lâhĂ©gĂ©monie blanche.
Pourtant, malgrĂ© lâambition totalitaire de la tĂ©lĂ©vision sud- africaine, des non conformistes y Ćuvrent qui dĂ©bordent dâimagi- nation de maniĂšre Ă Ă©viter les contrĂŽles et jouent des spĂ©cificitĂ©s du message tĂ©lĂ©visuel pour suggĂ©rer des perceptions originales de la sociĂ©tĂ© de lâapartheid (9). Câest dans ce climat contradictoire : bombardement idĂ©ologique et stratĂ©gies de contournement que sont, au dĂ©part, conçus les clips. Par delĂ une Ă©criture qui respecte les rĂšgles internationales du genre, ils continuent une tradition dou- ble : transmettre par lâimage des valeurs morales et sociales ; sug- gĂ©rer, sous-entendre en multipliant les symbolisations et les com- binaisons images/musique/paroles quâautorisent les techniques vidĂ©o.
Jâenvisagerai donc dâabord, dans les clips de lâĂ©chantillon, les (( j e u dâimages )) : les techniques communicatives, de nature symbo- lique pour lâessentiel, susceptibles de transmettre une Ă©motion por- teuse de sens, donc apte Ă toucher le spectateur qui pourra lâintĂ©- grer, plus ou moins consciemment, dans son systĂšme de valeurs et dans les perceptions quâil se forge de la sociĂ©tĂ© oĂč il vit. Jâaborderai ensuite quelques-uns des thĂšmes qui semblent revenir frĂ©quemment dans ces clips avant de tenter de les synthĂ©tiser pour dĂ©celer quelles sont les valeurs et les visions de lâavenir quâils pourraient projeter.
Jeux dâimages
I1 est frappant de constater que, sâagissant de vidĂ©ogrammes musicaux sud-africains, le procĂ©dĂ© visuel le plus frĂ©quemment
(9) Ces paragraphes sont largement ins- Calvinist Puritans to Enter the New South pirĂ©s de : R. Tomaselli et al. Ă©d., Broadcas- Africa ? (A Review of Current Trends in the tixg in South Africa, Londres, James Currey, Publications Appeal Board) n, South Ajriiaiz 1989: 109-138 et 153-176. Sur lâĂ©volution Jounzal of Humaiz Rights 6 (3), 1990: rĂ©cente de la censure, en gĂ©nĂ©ral, voir: 425-434. J. Van der WesthuĂzen, (( Do We Have to be
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employĂ© est le jeu sur les couleurs; quelles que soient les considĂ©- rations esthĂ©tiques qui entrent en ligne de compte dans la rĂ©alisa- tion dâun clip, cela ne saurait ĂȘtre un simple effet du hasard. Dans dix dâentre eux, la couleur est porteuse de sens ; dans six dâentre eux (A4, B1, B7, B8, BIO, Bll), par le moyen de combinaisons de sĂ©quences en noir et blanc et de sĂ©quences en couleurs. Dans ce dernier cas, le noir et blanc montre, selon les cas; la rĂ©alitĂ© sociale (lâunivers de lâapartheid, un univers en a noir et blanc D) opposĂ©e au monde de la chanson qui invite Ă la paix, Ă lâharmo- nie, au changement (BI, B7, B8) ; le passĂ© (mĂȘme idĂ©alisĂ©), au prĂ©- sent (B10, B11); le bien, au mal (A4).
La comparaison des deux clips de Lucky Dube, chanteur (( reg- gae )) extrĂȘmement populaire, adoptant volontiers une posture pro- phĂ©tique, est, en ce domaine, Ă©loquente. Dans Slave (A4), le plus ancien, il aborde un problĂšme social sous lâangle moral : lâalcoo- lisme est un flĂ©au qui dĂ©truit les familles. On retrouve, Ă un pre- mier niveau, des valeurs qui sont dĂ©fendues par TV 2/3 ; sobriĂ©tĂ© = stabilitĂ© des familles = ascension sociale. En mĂȘme temps, la combinaison alcoolisme/environnement dĂ©gradĂ©lnoir et blanc pose implicitement la question des causes de cet (( esclavage )) quand lâemploi du mot esclave renvoie Ă lâhistoire de lâAfrique et que la musique reggae Ă©voque un mythe de rĂ©bellion (10). La chaĂźne des associations symboliques conduit inĂ©luctablement 5 une condamna- tion implicite de lâapartheid. Ce que confirme lâenregistrement (publiĂ© en 1990 (11)) de la mĂȘme chanson lors dâun concert oĂč Lucky Dube commence par annoncer : ((Maintenant je vais vous interprĂ©ter une chanson ... Nous sommes des esclaves, jusquâĂ ce que IâAfrique et les Africains soient libres. Câest une chanson qui sâintitule (( Slave D et remplace en une occasion (( Iâm a liquor slave B par (( Iâm a slave in my own country n. Dans le plus rĂ©cent, House of Exile (Bl), lâimportance de la famille est 5 nouveau soulignĂ©e, la rĂ©alitĂ© des townships, qualifiĂ©s de (( ghettos )), est rendue en noir et blanc et, dans lâopposition couleurs/noir et blanc, qui souligne la sĂ©paration, on peut voir Ă la fois une Ă©vocation du problĂšme des exilĂ©s politiques attendant lâamnistie pour rentrer au pays et une dĂ©nonciation de la situation des Noirs, exilĂ©s dans leur propre pays. Mais lâappel Ă la libĂ©ration est maintenant explicite dans les paroles.
Dans Homeless du groupe vocal Ladysmith Black Mambazo (A5), lâopposition bien/mal est symbolisĂ©e par le contraste nuit lunaire (câest-Ă -dire nuit en noir et blanc)/jour. Bump Bump (B2), derriĂšre un aspect anodin, mĂ©lange le blanc et le noir, annule leur diffĂ©-
(10) Voir : D. Constant, Aux sources du regga, musique, société et politique en Jumaï- que, Marseille, ParenthÚses, 1982.
(11) L. Dube, (I Slave D, Captured Live, Johannesburg, Gallo, Lucky DC 6, 1990.
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rence en quelque sorte, jusquâĂ ce que lâavenir (les jeunes) appa- raisse revĂȘtu de couleurs(l2). Dans deux autres clips enfin, ce sont les couleurs elles-mĂȘmes, qui sont significatives. Au terme provi- soire de The Unfinished Story (A7), câest lorsque des portes de tou- tes couleurs se sont multipliĂ©es quâelles finissent par sâouvrir sur des visages noirs, les paroles venant ici en contrepoint serrĂ© (K posi- tive dreams )) : Ray Phiri frappe Ă la derniĂšre portelcc build monu- ments )) : elles sâouvrent toutes en mĂȘme temps). Enfin, dans Idand Boy (B3), les changements de robes de Claire Johnston (chanteuse soliste blanche du groupe multiracial Mango Groove) semblent struc- turer un rĂ©cit particuliĂšremient sinueux ; noire de la dĂ©solation sinon du deuil ; rouge de lâĂ©preuve (associĂ©e Ă lâarĂšne) ; noire Ă gants rou- ges de lâĂ©preuve surmontĂ©e (associĂ©e aux (( cordes multiraciales D) ; noire Ă pois blancs (image dâune fin qui sonne telle un au revoir joyeux et libĂ©rĂ©) comme lâespoir dâune sociĂ©tĂ© intĂ©grĂ©e. Les cho- ristes sont en vFrt, jaune et rouge; elles composent Ă elles trois le drapeau de lâEthiopie, Ă qui les Rastafariens ont empruntĂ© leurs couleurs (visibles sur lâĂ©charpe que porte Lucky Dube dans Slave) ...
Le jeu sur les habits est donc parfois indissociable du jeu sur les couleurs. Mais il peut prendre dâautres significations. La vĂȘture dĂ©signe, elle code, elle classe. DiffĂ©rents types de vĂȘtements peu- vent ainsi symboliser, en une dichotomie simpliste mais efficace, la (( tradition )) (donc lâ(( africanitĂ© n) et la modernitĂ© (A5, B5, B7, B8, B9). Cette dichotomie, toutefois, entraĂźne au-delĂ de lâopposi- tion pour montrer la complĂ©mentaritĂ© traditionlmodernitĂ©, inviter Ă une modernitĂ© qui ne renie pas la tradition, donc Ă une nou- velle Afrique du Sud dont la modernitĂ© revendiquĂ©e soit enracinĂ©e dans la <( tradition africaine D. Mafrika (B5) qui rĂ©unit deux des artistes les plus populaires, Sello (( Chicco )) Twala, chanteur, pro- ducteur, compositeur et Brenda Fassie, (( sex symbol )) du disco sud- africain, en fournit un bon exemple. I1 met en scĂšne un couple habillĂ© Ă lâeuropĂ©enne qui, (( interpellĂ© D, littĂ©ralement fascinĂ© par lâimage de danseurs (( africains )), ne peut rĂ©sister au rythme, se met Ă danser et, en une succession de plans trĂšs rapides, se trouve pro- gressivement dĂ©vĂȘtu pour finalement arborer le simple appareil des (( Africains n. Le codage symbolique rĂ©pond aux stĂ©rĂ©otypes domi- nants : lâafricanitĂ© dĂ©signĂ©e par le vĂȘtement se vit aussi dans le rap- port au corps et Ă la nuditĂ© (13). Pourtant, ce (( retour )) ne peut
(12) On peut remarquer, par ailleurs, que N Bump Bump )) est inclus sur un enregis- trement globalement intitulĂ© Black President dont la couverture reprĂ©sente Brenda Fassie, sur fond de tissu noir et blanc et vĂȘtue du mĂȘme motif: B. Fassie, Bleck Presidem, Johannesburg, CCP, Bren (EV) 406854, 1990.
(13) Jusquâi trĂšs rĂ©cemment, les seuls seins nus autorisĂ©s sur des images sud- africaines Ă©taient ceux de jeunes filles afri- caines dansant au cours de rituels (( tradition- nels )) ; il est dâailleurs symptomatique que, dans ce clip, Brenda Fassie, sex symbol mais femme c moderne n, conserve la poitrine couverte.. .
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ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un rejet : les personnages (( africains )) sont filmĂ©s en extĂ©rieur aussi bien que dans un bĂątiment typique de la (( modernitĂ© )) sud-africaine ; les personnages (( modernes )) sont filmĂ©s en extĂ©rieur et se meuvent sur une chorĂ©graphie proche de celle des (( Africains 1) ; enfin, les ponctuations musicales, au son et Ă lâimage (plans des instruments), proclament une modernitĂ© intĂ©- grative enracinĂ©e dans lâafricanitĂ©, la derniĂšre sĂ©quence rĂ©capitu- lant lâensemble des Ă©lĂ©ments qui composent cette africanitĂ©.
Cette idĂ©e de rassemblement, dâintĂ©gration, prĂ©vaut aussi lors- que les habits dĂ©signent des catĂ©gories professionnelles ou gĂ©nĂ©ra- tionnelles (B4 : tous unis derriĂšre Mandela ; B6 : jeunes et moins jeunes rĂ©unis dans le marabi). Dâune autre maniĂšre, le groupe mul- tiracial Zia, en distribuant les types de costumes sans Ă©gard pour la couleur des peaux (Blancs habillĂ©s (( traditionnel )) ; Noirs habil- lĂ©s (( moderne ))), tend Ă brouiller de façon provocante les stĂ©rĂ©oty- pes raciaux, donc Ă dĂ©boulonner les bases de lâapartheid (Al). Enfin, Lucky Dube, dans Slave (A4), fait aussi passer la dichotomie bienlmal par le vĂȘtement en associant le dĂ©braillĂ© Ă lâalcoolisme et une sorte dâuniforme (celui quâil porte sur scĂšne) Ă la famille rĂ©unie.
Les mouvements, les jeux sur les dĂ©placements Ă lâintĂ©rieur de lâĂ©cran, paraissent Ă©galement possĂ©der une valeur communicative. Dans les clips les mieux Ă©crits D, les plus Ă©laborĂ©s en tout cas (Slave, A4 et Island Boy, B3), le tournant du rĂ©cit est effective- ment signalĂ© par un changement de sens ou de position. Dans Slave, au moment oĂč lâivrogne rejette la bouteille pour rejoindre la femme et lâenfant, non seulement lâensemble de lâimage passe Ă la cou- leur, mais encore le Lucky Dube chanteur (le conteur moraliste) qui, jusque-lĂ , occupait en surimpression la gauche ou le centre de lâĂ©cran, se transporte Ă droite. On peut interprĂ©ter cette trans- lation dans une symbolique gauche/droite classique : gauche = sinis- tre = mal/droite = bien; ou encore left = gauche ou aban- donnĂ©lright = bien. On peut aussi tenir compte de la lecture par- ticuliĂšre que le spectateur fait de lâĂ©cran (toujours de gauche Ă droite), de la hiĂ©rarchie inconsciente qui le conduit Ă retenir plus facilement ce qui est Ă droite et Ă y accorder plus dâimportance (14). Dans cette perspective, le passage Ă droite aurait valeur et de clĂŽ- ture positive du rĂ©cit et dâappel : le Lucky Dube (( prophĂšte D devient lâĂ©lĂ©ment premier, stable, en mĂȘme temps ouvrant SUT lâave- nir. Et les derniĂšres images le montrent en gros plan, tournĂ© vers la droite (la suite du rĂ©cit non incluse dans le clip, lâavenir) puis tournant la tĂȘte pour regarder le spectateur << droit dans les yeux )) (lâappeler Ă prendre part Ă cet avenir, se libĂ©rer ?).
(14) Voir : Batchler, (( La sémiologie générative ... m, art. cit.
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Dans Island Boy, tournĂ© Ă Maputo (B3), le pĂ©riple en taxi cor- respond trĂšs exactement au second couplet (15) oĂč sâaffirme la con- fiance ; câest lorsque Claire Johnston proclame quâelle peut trou- ver son paradis quâon voit le taxi, qui Ă©tait parti de gauche Ă droite, (( revenir )) de droite Ă gauche, aprĂšs avoir (( traversĂ© )) un faubourg africain. Le dernier plan de cette sĂ©quence le montre roulant devant une façade oĂč est inscrit le slogan N Viva o internacionalisnso proletario D.
Dâautres types de mouvements, bien que moins frappants, peu- vent nĂ©anmoins avoir valeur symbolique. Waiting for the Winds (Al), de Zia, semble opposer des dĂ©placements des cĂŽtĂ©s vers le centre Ă des dĂ©placements du centre vers les cĂŽtĂ©s, soit des mouvements associatifs (chanteuse noire avec chanteuse blanche ; hommes jem- nes ; ensemble chanteuse-hommes jeunes) et des mouvements dis- sociatifs (femmes Ă©cartant les hommes ; dĂ©part des vieux Blancs). Dans Kazet (A2), mettant en scĂšne Simon Mahlathini et les Maho- tella Queens, illustrateurs du mbaqanga, musique Ă©troitement liĂ©e Ă lâurbanisation de populations rurales (1 6), lâorganisation musicale en cycles rĂ©pĂ©titifs sous-tend le ballet des bus et des trains allant et venant de droite Ă gauche et de gauche Ă droite, comme sâils faisaient la navette entre un ici aux abords de la modernitĂ© (quali- fiĂ© comme tel par lâenvironnement, les moyens de transport, les Ă©coliers en uniforme) et un ailleurs (rural) dont les acteurs (appar- tenant Ă lâici) ne sont pas coupĂ©s.
Le clip, comme tout produit dâune Ă©criture filmique, utilise volontiers la distinction entre intĂ©rieur et extĂ©rieur, quâil la mon- tre, ou quâil la suggĂšre comme dans lâexemple prĂ©cĂ©dent. Câest, une nouvelle fois dans House of Exile (Bl) et Island Boy (B3) que cela apparaĂźt le mieux. Lucky Dube est enfermĂ© dans la maison ravagĂ©e de lâexil; par les fenĂȘtres, le spectateur est invitĂ© Ă voir, dâune part des scĂšnes de concerts, de lâautre, des morceaux en noir et blanc du monde rĂ©el. Le clip dĂ©coupe donc trois espaces reliĂ©s : le lieu de lâexil, le monde de la rĂ©alitĂ© sociale, lâunivers du chan- teur. LâexilĂ© et le chanteur sont une seule et mĂȘme personne en deux espaces diffĂ©rents ; le combattant de la libertĂ© est montrĂ© en exil mais aussi, dans la rĂ©alitĂ©, en partance pour lâexil (disant adieu Ă sa famille). Lucky Dube appartient ainsi Ă trois espaces : il est de la rĂ©alitĂ© sociale, sâassimile Ă lâexilĂ© (quâil soit de lâextĂ©rieur ou de lâintĂ©rieur), sans cesser dâĂȘtre artiste : il est le hĂ©raut, le porte- parole, le prophĂšte-combattant portant sur son uniforme les galons du rastafarisme, invitant Ă la priĂšre pour la libĂ©ration du pays. A la derniĂšre reprise du refrain (17), la camĂ©ra (( passe par une fenĂȘ-
(15) DĂ©butant par * dans lâannexe. (16) Voir : D.B. Coplan, In Township
Tonight, South Africaâs Black City Music and
Thatm, Londres, Longman, 1985 : 178-1â79 ; (275-276 de lâĂ©dition française).
(17) EncadrĂ© par * dans lâannexe.
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tre )) (ouvrant sur la rĂ©alitĂ©) et les scĂšnes prĂ©cĂ©demment placĂ©es dans des espaces distincts sâenchaĂźnent rapidement jusquâau plan final de lâĆil.
Dans Island Boy (B3), Claire Johnston, installĂ©e Ă lâintĂ©rieur du taxi se penche par deux fois Ă la fenĂȘtre (vers la droite), les plans suivants montrent des faubourgs africains, suggĂ©rant que câest ce quâelle voithegarde Ă lâextĂ©rieur, et câest alors que le taxi repart )) en sens inverse accompagnĂ© de paroles dâespoir. La vision de la rĂ©alitĂ© africaine joue donc un rĂŽle dĂ©terminant dans le passage de la dĂ©ploration Ă la confiance. Lâouverture des portes de The Unfi- nished Story (A7) sur des visages noirs suit immĂ©diatement Ă lâĂ©vo- cation des <( positive dreams n. Township Fever (B4) est un hymne magnifique Ă la gloire de Nelson Mandela chantĂ© dans le style des polyphonies religieuses sud-africaines par une grande chorale. Celle-ci est filmĂ©e dans un bĂątiment qui ressemble Ă un entrepĂŽt, un lieu clos Ă lâintĂ©rieur duquel on voit des grilles. A plusieurs reprises, le chef de chĆur est montrĂ©, en extĂ©rieur, perchĂ© sur un rocher surplombant de vastes espaces, dirigeant dâinvisibles chanteurs. Ici, le peuple des Africains enfermĂ©s (en costumes Ă©voquant diffĂ©ren- tes professions) place son espoir dans celui qui les conduira vers les terres de la libertĂ©; on voit dans ces images sur fond de gos- pel comme un Ă©cho du cĂ©lĂšbre spiritual afro-amĂ©ricain Go Down Moses, avec Mandela dans le rĂŽle de MoĂŻse.
On a pu noter, au passage, lâimportance des yeux et des regards dans certains clips. Bien que cela ne concerne que trois clips de lâĂ©chantillon, il semble que le jeux des regards soit Ă©galement un Ă©lĂ©ment important du langage des vidĂ©ogrammes musicaux. On dis- tingue mal les yeux de Ray Phiri dans Tlze Unfinislzed Story (A7), jusquâĂ ce que les portes sâouvrent et quâapparaissent les visages noirs faisant face au spectateur, lâinvitant peut-ĂȘtre aux N rĂȘves posi- tifs D. Appel semblable, plus explicite, Ă la fin de Slave (Ad,). Quant Ă Island Boy (B3), une sĂ©quence dĂ©cisive montre le policier noir observant Ă la jumelle ; la sĂ©quence suivante permet au spectateur de voir ce quâil voit : dans lâun des oculaires (le gauche), une Claire Johnston en robe rouge regardant vers la mer (Ă©preuve de la sĂ©pa- ration), dans lâautre, une Claire Johnston en robe Ă pois regardant droit vers celui qui lâespionne, donc aussi vers le spectateur. Câest peu aprĂšs quâelle pĂ©nĂštrera en robe noire avec gants rouges dans le cafĂ© de plein air oĂč se retrouvent tous les personnages ((posi- tifs D pour Ă©couter lâorchestre multiracial.
Thématiques
I1 nâest guĂšre surprenant que le thĂšme dominant de la plupart de ces clips touche Ă la proclamation de lâafricanitĂ©, dâune sud-
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africanitĂ© plus prĂ©cisĂ©ment qui fond tradition et modernitĂ©. La musi- que, le plus souvent affirme cette sud-africanitĂ© (font exception les clips du genre (< disco international )) : A6, B2, B8) que montrent les corps des artistes (mĂȘme chez Mango Groove et Zia, puisquâil sâagit dâensembles multiraciaux, prĂ©figurant donc la N nouvelle Afri- que du Sud D). Mais elle apparaĂźt aussi sous dâautres formes. La terre (dâoĂč semble jaillir Simon Mahlathini, barde de lâAfrique musi- cale (paroles), Ă lâorĂ©e de Kazet (A2) ; terre-paysage, vastes espaces ruraux indissociables de lâidĂ©e de libertĂ© (A5, B4, B9); Afrique- carte (B8). Les costumes (danseurs intercalĂ©s dans le concert de Lucky Dube filmĂ© pour Iâve Got You Babe, A3 ; clips de Zia, Al et A9, de Mahlathini, A2, Alo, de Laydsmith Black Mambazo, A5, de Yvonne Chaka Chaka, B9, de Joe Rashidi, B8 et, bien entendu, de Chicco et Brenda Fassie (B5). La danse est Ă plusieurs reprises associĂ©e Ă la terre et au costume. LâAfrique peut ĂȘtre symbo- lisĂ©e par un personnage fĂ©minin (A3, B9). Le tout se condensant dans la Mamaland $Yvonne Chaka Chaka (B9) : (( matrie )) de terre et de parure, plus familiale et intime, plus accueillante sans doute aussi quâune anonyme motherland. Dans une tonalitĂ© MĂ©rente, plus populiste, lâAfrique du Sud, ce peut ĂȘtre aussi le peuple des tra- vailleurs, la classe ouvriĂšre de RotiIihIaha MandeZa (B4) et de Kantâunjani (Ag), la symbolique fĂ©ministe Ă©tant en ce dernier cas encore prĂ©sente.
La proclamation de lâafricanitĂ© est ambiguĂ« ; elle nâest pas nĂ©ces- sairement contradictoire avec lâidĂ©ologie de lâapartheid. Lorsquâil y a risque que soient confondus le (( dĂ©veloppement sĂ©parĂ© )), les bantoustans et une conception libĂ©ratrice de lâafricanitĂ©, dâautres signes viennent prĂ©ciser le texte des clips pour insinuer une con- testation ou une dinonciation du pouvoir pĂ»le et de ses valeurs. Umoja (A6) joue du sarcasme, Ă tel point que lâon a du mal Ă percevoir qui est visĂ©, voire qui ne lâest pas. Lâargent, câest des nĂšfles, des U bananes D. Mendier auprĂšs du Blanc conduit Ă sâaliĂ©ner totale- ment et la (( belle vie )) (beaux habits et belles petites femmes) que procure le rand nâest que paccotille. En fait, pour sortir de lâargent de la banque, il faut dâabord lây avoir dĂ©posĂ©. Pourtant la belle vie, la voiture amĂ©ricaine, les petites femmes, ça nâest pas dĂ©sa- grĂ©able, mais cy est le moraliste aux bananes, habillĂ© plutĂŽt Q peu- ple )) et musicalement reliĂ© aux townships qui en profitera. Der- riĂšre le burlesque et les tombereaux de sous-entendus Ă©rotiques, demeure la critique de la course effrĂ©nĂ©e Ă lâargent ; si lâon accepte que tout, pour ce groupe, est Ă double sens... Lucky Dube place fugitivement, dans la sĂ©quence tourbillonnante qui prĂ©lude Ă la fin de Iâve got you Babe, un clown qui, derriĂšre son grimage, possĂšde un visage blanc; cette allusion rappelle la prĂ©sentation de P.W. Botha avec nez rouge que faisaient dĂšs 1981 au Market Thea- ter Barney Simon, Mbongeni Ngema et Percy Mtwa dans Wozu
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Albert. Ladysmith Black Mambazo (A5) se contente, de maniĂšre encore plus discrĂšte que Lucky Dube (A4), dâun constat : des foyers sont dĂ©truits, beaucoup meurent ; peut-ĂȘtre est-ce le vent dans 1âAfiri- que du Sud noire et blanche comme la lumiĂšre de la lune se reflĂ©- tant la nuit sur un lac ? Toutefois, nây a-t-il pas dâautres causes ? Sur un tout autre registre, paroles et images acquiĂšrent avec Zia (Al , A9) une tonalitĂ© menaçante.
AprĂšs 1990, la dĂ©nonciation devient sans doute un peu super- fĂ©tatoire ; lorsquâelle est maintenue, elle est dĂ©sormais trĂšs claire : {< Mandela, ils lâont enfermĂ© pendant vingt-sept ans et demi, ils ont tentĂ© de le bĂąillonner ... D (B4).; Q Qui est cet homme qui me dit de partir de ma terre, de ma âmatrieâ ? )) (B9). (( Ils D, (( cet homme D, tout le monde sait de qui parlent les chanteurs.
Aujourdâhui, câest la paix, la rĂ©conciliation quâon Ă©voque. Que Chicco rĂ©clame de toutes ses forces dans Papa Stop the War (B7). QuâYvonne Chaka Chaka demande pour sa Mamaland (B9). Qui, obtenue par la priĂšre et le combat, permettra le retour des exilĂ©s (Bl).
La religion apparaĂźt comme un des moyens de parvenir Ă lâhar- monie. House od Exile (BI) conjugue christianisme (aux attitudes de priĂšre succĂšde, dans la rĂ©alitĂ©, un crucifix) et rastafarisme (cou- leurs, reggae). Joe Rashidi (B8) psalmodie sur un mode biblique devant lâarchevĂȘque Desmond Tutu. Et Township Fever utilise le langage musical de la religion pour messianiser Nelson Man- dela (B4).
A lâidĂ©e de paix, de rĂ©conciliation, dâintĂ©gration vient sâajou- ter, en deux cas, le mythe des annĂ©es D r u m ; des Ă©lĂ©ments (sons, images, paroles) qui renvoient Ă un souvenir idĂ©alisĂ© des annĂ©es 50, lorsque lâapartheid nâavait pas encore gagnĂ©, que gens de toutes communautĂ©s se battaient ensemble, faisaient en commun une musi- que inouĂŻe et que le magazine Drum rendait compte de tout cela. Les African Jazz Pioneers (orchestre de jazz sud-africain composĂ© de (( vĂ©tĂ©rans 1) de lâĂ©poque, dont un Blanc, le tromboniste Jasper Cook) perpĂ©tuent ce mythe et lâillustrent prĂ©cisĂ©ment dans Ten Ten Special (B 11). Mango Groove en joue Ă©galement dans Special Star (B 10) dont les vues hors concert semblent tout droit tirĂ©es dâune collection de Drum (18).
(18) Lâenregistrement sonore, rĂ©alisĂ© en 1989, fait dâailleurs entendre, avant que la musique ne commence sous la forme dâun solo de pennywhistle, une voix qui annonce : (( King of Kwela : Spokes Mashiyane x interprĂštes. ((( Special Star n, Hometalk, Paris, Totem/
Cent pour cent 50 220, 1991). Le Kwela était une musique populaire (dans tous les sens du terme) 1 la fin des années 50 et Spo- kes Mashiyane en fut un des plus fameux
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Images du futur
Par tous les moyens (images, musique, paroles), en utilisant sub- tilement les possibilitĂ©s de chacun de ces champs et les combinai- sons que leur intrication permet, les clips disent quelque chose, beaucoup de choses sur la rĂ©alitĂ© sud-africaine au moment oĂč sâengage difficilement le dĂ©mantĂšlement de lâapartheid. I1 est donc intĂ©ressant de rĂ©ordonner, pour finir, les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments envi- sagĂ©s jusquâĂ prĂ©sent pour tenter de dĂ©celer quelles valeurs sont placĂ©es au cĆur de ces vidĂ©ogrammes musicaux et, Ă partir de cela, montrer quelles visions de lâavenir ils projettent.
Avant 1988, câest, en des tonalitĂ©s diverses, la revendication allĂ©- gorique de la libertĂ© qui domine. Elle est associĂ©e Ă lâintĂ©gration (caractĂšre multiracial du groupe), Ă un non-conformisme joyeux de tonalitĂ© populiste chez Zia (Al, Ag). Pour Stimela, elle sera abou- tissement, rĂ©alisation du rĂȘve, lorsque toutes les portes sâouvriront (A7). Avec Simon Mahlathini, elle sâexprime par la musique et fait lien avec la tradition : << notre libertĂ© Li mus Africains, câest la musi- qze, mais cette wzusiqzie porte notre ZibĂ©ratioz n, dit-il en substance (A2). Lucky Dube, enfin, appelle Ă la rĂ©volte contre tous les escla- vages (A4) et, faisant de lâAfrique du Sud une femme (les danseurs (( traditionnels )) apparaissent entre les deux Q femmes )) lorsquâil chante : (( Jâai errĂ© Ă travers le monde en tentant de trouver une femme*, une femme qui me comprendrait n), il crie son bonheur au moment oĂč sâenvolent des pigeons, symboles de paix et de libertĂ© ((( Itâs so nice with yozi Baby, so nice, so nice, so nice D) (A3).
Cette revendication de libertĂ© sâaccompagne parfois dâune criti- que sociale qui la justifie : dĂ©nonciations implicites de lâesclavage (A4), des dĂ©placements forcĂ©s et des destructions de foyers (A5) ; caricature des nouveaux riches noirs (A6) ; menaces Ă lâadresse de ceux qui refusent dâaccepter la nĂ©cessitĂ©, lâinĂ©luctabilitĂ© des chan- gements (Al, Ag).
Aux alentours de 1990, les clips Ă©voquent surtout lâzinitĂ©, en deux grandes conceptions. Dâune part, lâunitĂ© de tous les Sud- Africains, une unitĂ©-intĂ©gration-rĂ©conciliation (B2, B3, B7, B8). Dâautre part, lâunitĂ© de la nation africaine, fusionnant traditions et modernitĂ© (Bl, B4, B5, B9). Sây ajoute un accent mis sur la continuitĂ© : le (( mythe des annĂ©es Drmi )) afirme que la fraternitĂ© et la coopĂ©ration interraciale sont une part de lâhistoire sud-africaine et que seule une Afrique du Sud non raciale pourra ĂȘtre fidĂšle Ă cette part lĂ , la meilleure (B10, B11); quant Ă Dorothy Masuka, dont la rĂ©putation Ă©tait dĂ©jĂ Ă©tablie Ă la fin des annĂ©es 40, elle dĂ©montre quâelle peut faire danser toutes les gĂ©nĂ©rations (B6). Pour lâancienne, comme pour la jeune Brenda Fassie (B2), la musique est le moyen de communier dans la joie.
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De fait, lâensemble de ces clips est plutĂŽt optimiste. Pourtant, il sâagit dâun optimisme anxieux, dâun vĆu plus que dâune assu- rance. Vers 1988, il sâexprime avec une certaine dĂ©termination, et est accompagnĂ© dâappels Ă la lutte (Ad,), Ă la mobilisation des Ă©ner- gies en vue de rĂ©aliser les rĂȘves (A7), voire dâavertissements aux conservateurs (Al, Ag). Seul Ladysmith Black Mambazo (A5), laisse lâimpression dâun total dĂ©sarroi, dâune impuissance dĂ©solĂ©e, mais il faudrait avoir le texte complet des paroles pour en juger vrai- ment.
AprĂšs 1990, une fois les premiers pas franchis sur le chemin du changement, alors quâon prend conscience des obstacles restant Ă surmonter et que tous les Sud-Africains sont confrontĂ©s au dĂ©fer- lement des violences, les clips traduisent un espoir qui nâest quel- quefois guĂšre plus quâune expectative inquiĂšte. Lucky Dube (B l), Chicco (B7), deux des chanteurs les plus populaires parmi les jeu- nes des townships, expriment trĂšs prĂ©cisĂ©ment ces sentiments mĂȘlĂ©s, mĂȘme si Brenda Fassie, seule (Ă lâĂ©cran, mais produite par Chicco, B2) ou avec Chicco (B5), semble plus confiante. Cette espĂ©rance se retrouve chez Township Fever (B4), nourrie par la foi dans le dirigeant suprĂȘme, mais aussi dans lâinvocation religieuse de Joe Rashidi (B8), dans la gloire de Yvonne Chaka Chaka lâafricaine (B9) ou dans le sourire de Claire Johnston (B3).
Que Mango Groove soit adulĂ© dans toutes les communautĂ©s sud- africaines, du jeune flic blanc au (( camarade )) du township, que son histoire, que sa musique reflĂštent la complexitĂ© des change- ments se dĂ©roulant en Afrique du Sud, sans pourtant que ses mem- bres lâaient c o n p ainsi (19), laisse espĂ©rer que ce sourire, au terme dâune histoire tourmentĂ©e oĂč lâhĂ©roĂŻne rejette son dĂ©sarroi, Ă©chappe Ă ceux qui lâĂ©pient, surmonte les Ă©preuves pour parvenir Ă une sorte de paradis fantasmatique de lâintĂ©gration, que ce sourire donc, ne sera pas dĂ©menti.
Denis-Constant Martin CERI
(19) Entretien avec Peter Cohen, Claire Johnston et John Leyden de Mango Groove, Paris, le 2 avril 1992, reproduit partiellement
dans I( Mango Groove, Ă la recherche dâune nouvelle Afrique du Sud )), Poliris 182 S, mars 1992 : 85.
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Présentation des clips (20)
A. Cassette zulu hits, Paris, celluloid 66847-8 [origine gallo Afri- que du Sud], copyright 1988. VHS-SECAM. 43â
1. Zia : Waitiag for the winds (IVoza Wozu). 3â05 RĂ©cit. A la sortie dâun bĂątiment moderne, deux hommes blancs en
habits (( africains )) tentent dâarrĂȘter une jeune femme blanche en costume (( africain )) ; elle ne sâarrĂȘte pas et les deux hommes sont bousculĂ©s par trois femmes africaines qui suivent la femme blanche. Un couple ĂągĂ©, paraissant appartenir Ă la petite bourgeoisie afrikaner, est assis dans son living-room. Des (( guerriers )) africains entrent par le fond de la piĂšce suivie de la jeune femme du dĂ©but (chanteuse soliste) et des membres de lâorchestre. Le couple reste imperturbable. Au bout dâun moment (divers plans sur les musiciens, les chanteurs et les danseurs), la femme afrikaner se lĂšve et on sâaperçoit que lâhomme est dĂ©jĂ parti. Les deux hommes jeunes du dĂ©but prennent leur place, finissent leur thĂ© et la Ete musicale sâinstalle dans le living-room.
Musique. Dominante reggae-rock, avec interlude musique township. Paroles les plus importantes. (( Iâm waiting for the wind to blow ))
(Jâattends que souffle le vent).
2. Simon Mahlathini and the Mahotella Queens : Kazet. 5â22 RĂ©cit. Des chanteuses en costumes <( traditionnels )) (les Mahotella
Queens) et des musiciens sont placĂ©s dans une savane herbeuse au fond de laquelle on aperçoit des maisons de faubourg noir. Simon Mahlathini (en costume (( africain n) est prĂ©sentĂ© comme sâil sortait de terre. On le voit ensuite avec des bovidĂ©s. Vues de bus circulant dans des townships. Retour sur Mahlathini. Train de banlieue. Mahlatini ; chanteuses. Un bull- dozer sur un chantier. Les chanteuses puis les musiciens dans ce chan- $er. Images de vie dans le township. Travail1,eurs sur le chantier. Bus. EcoliĂšres dans le bus. Guitariste accompagne de femmes et dâenfants. Mah- lathini en costume noir Ă festons blancs (costume marin ?) dans la cour dâun immeuble entourĂ© de gens qui dansent. Divers plans de Mahlathini en costume (( africain )) dans la savane ; en costume noir dans un envi- ronnement moderne (immeuble, gare); de train et de bus.
Musique. Mbaqanga. Paroles. En langue africaine. Passage en anglais : (( This is our kind
of freedom in AfricalWe send our messages through music/Itâs our tradi- tion in Africa )) (câest notre libertĂ© Ă nous en Afrique, câest en musique que nous communiquons, câest notre tradition en Afrique).
3. Lucky Dube; Iâve got you Babe. 3â53 RĂ©cit. Film tournĂ© en concert, sans doute dans deux stades diffĂ©rents.
Les séquences de scÚne alternent avec des vues de danseurs (( tradition-
(20) Ces courtes fiches ne prĂ©tendent pas fournir une description exhaustive, ni mĂȘme rendre le dĂ©coupage prĂ©cis des vidĂ©ogrammes
Ă©tudiĂ©s ; elles visent seulement Ă donner une idĂ©e de ce qui les compose au lecteur qui nâa pas eu la chance de les visionner.
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nels )) et de vols de pigeon. Dans certaines sĂ©quences, lâĂ©cran est divisĂ© en trois : Lucky Dube, au centre, Ă©tant encadrĂ© par des prises de vue mobiles de la foule des spectateurs. A la fin, une sĂ©rie de plans enchaĂź- nĂ©s trĂšs rapidement propose une sorte de rĂ©capitulatif des Ă©lĂ©ments prĂ©- sentĂ©s auparavant au milieu desquels on aperçoit fĂčgitivement un clown jouĂ© par un Blanc.
Musique. Reggae. Paroles les plus importantes. ((1 have wandered around the
world I Trying to find a woman I A Woman who will understand me I All the women I had before never understood me I Iâm gonna find a woman [...I You know baby my life depends on youlYouâre my future, youâre everything I got I Please Baby, Please Baby. )) Jâai errĂ© Ă travers le monde, tentant de trouver une femme, une femme qui me comprendrait. Toutes les femmes que jâai eues avant ne mâont jamais compris. Je vais me trou- ver une femme ... T u sais, ma petite, ma vie dĂ©pend de toi, tu es mon avenir, tu es tout ce que jâai. Sâil te plaĂźt, sâil te plaĂźt ...
4. Lucky Dube: Slave. 3â30 RĂ©cit. Un ivrogne (Lucky Dube) est filmĂ© enânoir et blanc. On le
montre buvant, titubant, se querellant avec une femme et un enfant. En surimpression, et en couleurs, Lucky Dube dans son attirail de chanteur (costume kaki Ă©voquant un uniforme militaire ; Ă©charpe aux couleurs ras- tafariennes : rouge, vert et jaune) se place, de temps Ă autres, Ă la gau- che ou au centre de lâĂ©cran. Lâivrogne brise des bouteilles vides puis se dirige vers la femme et lâenfant pour se jeter dans les bras de la femme en souriant. A partir de ce moment tous les plans sont en couleurs et Lucky Dube-chanteur occupe la droite de lâĂ©cran. La (( famille )) rĂ©unie (Lucky Dube en costume de chanteur) sort dans une rue de quartier petit bourgeois (petits immeubles, voitures garĂ©es). Lucky Dube-chanteur rĂ©ap- parait en surimpression jusquâĂ occuper tout lâĂ©cran.
Musique. Reggae. Paroles les plus importantes. (( Iâm a slave, a slave, a slave, just a
liquor slave I I have lost the dignity I had before I Trying to please every- body. )) Je suis un esclave, un esclave, un esclave, tout juste un esclave de lâalcool. A force de vouloir plaire Ă tout le monde, jâai perdu la dignitĂ© que jâavais avant.
5. Ladysmith Black Manbazo : Homeless. 3â50 RĂ©cit. Les chanteurs en costumes (( africains )) sont assis dans la pĂ©nom-
bre. On voit la lune se lever au-dessus dâun lac. Les chanteurs, en costu- mes (( modernes )> sont debout, en plein jour, devant un lac. Une sĂ©quence montre des danses (( traditionnelles )) dans un village ; aprĂšs un retour sur les chanteurs, des enfants ruraux se battant avec des massues, des lances et des boucliers. Peu aprĂšs, ce sont des adultes que lâon voit sâaffron- tant. U n soliste chante devant une large lune en faisant de grands ges- tes. La derniĂšre sĂ©quence alterne des plans du groupe devant le lac en costumes (( traditionnels 1) et en costumes (( modernes D.
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Musique. Chant choral a capella isicatamiya. Paroles. En langue africaine. Passage en anglais : (( Homeless, Home-
less / Moonlight sleeping on a midnight iake [...] Strong wind destroy our
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home1 Many dead tonight it could be you [...I Somebody say ih hih ih hih ih I Somebody sing hello, hello, hello I Somebody cry why, why, why ? )> Nous sommes sans foyer, sans foyer. Le clair de lune dort sur un lac de minuit ... De fortes bourrasques dĂ©truisent nos foyers. Beau- coup sont morts, ce soir ce pourrait ĂȘtre vous. .. Quelquâun dit ih ih ih ih ; quelquâun chante bonjour, bonjour, bonjour ; quelquâun pleure pour- quoi, pourquoi, pourquoi ?
6. Umoja : Money, Money (Bananas, Bananas). 4â26 RĂ©cit. Un homme noir en haillons de queue-de-pie aide un automobi-
liste blanc se garer. Avec la piĂšce que celui-ci lui a donnĂ©e, il va jouer au bandit manchot. I1 gagne. De la bouche dâun homme en blouson noir sortent des mots qui sâinscrivent sur lâĂ©cran : jackpot, new car, smart clo- thes, city lights, fast life, nice girls. On lâentend dire (c bananas, bananas ))
alors quâil ouvre son blouson Ă lâintĂ©rieur duquel sont accrochĂ©es des bana- nes. SĂ©quence montrant des hommes noirs dĂ©pensant de grosses sommes avec de belles jeunes femmes noires ; lâun dâentre eux se promĂšne avec elles dans une grosse dĂ©capotable amĂ©ricaine. ScĂšnes de la (( belle vie D. Entre deux plans, lâhbmme au blouson revient dire (( bananas, bananas )). I1 entre ensuite dans une banque et en ressort, un rĂ©gime de bananes dans les bras. Plan sur lâhomme et les femmes dans la dĂ©capotable. Puis lâhomme au blouson conduisant la mĂȘme voiture avec, Ă lâarriĂšre, un homme en chemise jouant de la guitare acoustique. Des personnages dansent devant un feu. Lâhomme au blouson, au volant de la dĂ©capotable sâarrĂȘte devant lâhomme et les femmes en tenue de soirĂ©e, debout dans la rue. Les fem- mes montent en voiture. Lâhomme enlĂšve sa veste, court aprĂšs la voiture, sâassied au milieu de la rue, il est recouvert par un effet ((verre cathĂ©- drale D dont on se sert, dans les informations tĂ©lĂ©visĂ©es, pour prĂ©server lâanonymat des personnes soupçonnĂ©es de crime ou de dĂ©lit.
Musique. Disco-rap avec un passage musique township (homme Ă la guitare acoustique).
Paroles les plus importantes. (( No shops, no cash, no living. )) Pas de boutiques, pas dâargent, pas de vraie vie.
7. Stimela : The Unfinished Story. 4â05 Gros plan de Ray Phiri (leader de Stimela). Ray Phiri danse avec ses
musiciens. Visage de Ray Phiri au premier plan ; au second, un groupe dâhommes est assis en rond. Dans une piĂšce vide, Ray Phiri se dirige vers une porte jaune et y frappe ; pas de rĂ©ponse, il se recule, une autre porte apparaĂźt ; et ainsi de suite, jusquâĂ ce quâil ait cinq portes : jaune, violette, orange, verte, bleue. Pendant ce temps des personnages, dont un second Ray Phiri, puis un troisiĂšme contrefait, traversent la piĂšce en se croisant. Ray Phiri revient frapper Ă la porte bleue. Toutes les paro- les sâouvrent sur des gros plans des visages des musiciens. Gros plan sur Ray Phiri. Puis visages derriĂšre les portes avec visage de Ray Phiri en incrustation en bas et Ă droite de lâĂ©cran sur lequel sâinscrivent les mots : to be continued, Ă suivre ...
Musique. Soul. Paroles les plus importantes. (( If you destroy roofs I See in all the
rooms I And think about the story thatâs unifinished I You wonât be thro-
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wing your life away I We build prisons, throw away the key I And yawn boredom rules the heart of the idle I When you gonna finish what you started [...I This your story, my story, our story [...I This is the unfinis- hed story I The dogs donât bite anymore I Knock on my door, youâll be answered I Positive dreams build monuments I The heroes of today build stature I Iâve seen your face before I Where have you been all my life ? )) Si vous dĂ©truisez les toits, vous pouvez voir dans toutes les piĂšces. Et pensez Ă cette histoire qui nâest pas encore finie. Vous ne gĂącherez pas votre vie. Nous construisons des prisons, nous en jetons les clefs et bail- lons des rĂšgles dâennui au cĆur du dĂ©sĆuvrĂ©. Quand allez-vous finir ce que vous avez commencĂ© ... Telle est lâhistoire qui nâest pas encore finie, mon histoire, votre histoire ... Telle est lâhistoire qui nâest pas encore finie. Les chiens ne mordent plus. Frappez Ă ma porte et lâon vous ouvrira. Les rĂȘves positifs construisent des monuments. Les hĂ©ros dâaujourdâhui Ă©lĂšvent la stature. Jâai dĂ©jĂ vu ton visage. OĂč Ă©tais-tu pendant toute ma vie ?
8. Stimela : Look, Listeiz and Decide. 4â29 Film de concert sans vĂ©ritable Ă©criture des images. Non retenu.
9. Zia : Kantâwzjani. 4â35 RĂ©cit. Dans la nuit, aux marges dâune ville industrielle, un feu, des
ombres sây chauffent. Des personnages dansent. Une guitare sâintercale. A la levĂ©e du jour les personnages, noirs et blancs (membres du groupe Zia), deviennent visibles. Ils courent dans une rue, passent dans un tun- nel. SĂ©quence sur lâorchestre en tant quâorchestre en intĂ©rieur. U n ven- deur de journaux, les personnages courant lui achĂštent des journaux. Le vendeur se met Ă danser devant un chantier. Les personnages apparais- sent en ouvriers. SĂ©quence en intĂ©rieur. Musiciens, chanteuse, danseurs dans la rue. Puis devant une voie de chemin de fer, une des chanteuses est en robe U habillĂ©e D. Roues de locomotive. SĂ©quence en intĂ©rieur. Alter- nance de plans du groupe en intĂ©rieur et de plans en extĂ©rieur avec rĂ©in- sertion des images du dĂ©but.
Musique. Rocltltownship. Paroles les plus importantes. (( Yes from now on, if you treat her this
way I Yes from now on if you still malte her pay ... 1) Et maintenant, si tu la traites comme ça; oui, si tu continues à lui faire payer ...
10. Simon Mahlathini and the Mahotella Queens : Thokozile. 3â32 RĂ©cit. Des musiciens, dont un joueur de pennywhistle. Sur une route
rurale, on voit au loin une femme. Des danseurs (( traditionnels n. Simon Mahlathini ; les Mahotella Queens, tous en costumes (( traditionnels 1).
Alternance de plans montrant les musiciens, les Queens, Mahlathini, la femme marchant sur la route et qui se rapproche. Mahlathini ouvre la porte dâun parc Ă bestiaux, des vaches en sortent. On revoit les danseurs (( traditionnels D. La femme rejoint le groupe musiciens, chanteuses, Mah- lathini.
Musique. Mbaqanga. Paroles. En langue africaine.
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E. Vidéogrammes diffusés au cours de diErentes émissions dans mondo sono, sur FR3, en 1991-1992
1. Lucky Dube : House of Exile. 3â10 (21) RĂ©cit. Dans une piĂšce en trĂšs mauvais Ă©tat dotĂ©e de plusieurs fenĂȘ-
tres, Lucky Dube chante en costume militaire camouflĂ©. Par les fenĂȘtres,~ le spectateur pourra voir dâune part des scĂšnes de concert, dâautre part, en noir et blanc, des scĂšnes montrant le hĂ©ros de la chanson (jouĂ© par Lucky Dube, disant adieu Ă sa famille) ou des scĂšnes de la vie des Noirs. Vers la fin du clip, la camĂ©ra ((passe par la fenĂȘtre )> pour montrer en plein cadre la scĂšne dâadieu et des scĂšnes rĂ©alistes. La derniĂšre sĂ©quence fait se succĂ©der plans de scĂšne et plans de rue et se termine par le gros plan dâun Ćil.
Musique. Reggae. Paroles les plus importantes. ((Freedom fighter [...I He had a home
one time, the love of a girl I But he left all that behind [...I All he asks for is a prayer I And as he turns to walk away he says I * Iâm still here in the house, of exile I For the love of the nation* [...I All he dreams about is the freedom of the nation I When every man will be equal in the eyes of the Lord. )) Un combattant de la libertĂ© ... NaguĂšre il avait un foyer, une fille lâaimait, mais il a laissĂ© tout cela derriĂšre lui ... Tout ce quâil demande, câest une priĂšre. Et, alors quâil se retourne et sâen va, il dit : je suis toujours dans la maison de lâexil, pour lâamour de la nation. Tout ce dont il rĂȘve, câest de la libertĂ© de la nation, du temps oĂč tous seront Ă©gam aux yeux du Seigneur.
2. Brenda Fassie : Bump Bump. 1â25. RĂ©cit. Dans un univers blanc et vide, Brenda Fassie chante et danse.
Selon les moments, la rejoignent dâautres Brenda Fassie et des danseurs. Tous ces personnages sont en habits noirs ou blancs, mais par des effets de masque les couleurs, ils sâintervertissent parfois (le blanc devient noir et vice-versa). Un pinceau Ă©lectronique trace des traits rouges sur le fond blanc. Des plans intercalaires montrent des esquisses de visages en traits rouges. Au milieu du clip arrive un danseur blanc rapidement recouvert en noir. Puis viennent danser deux enfants noirs en vĂȘtements rouges et jaunes. Le dernier plan montre la petite fille en rouge et jaune.
Musique. Disco. Paroles les plus importantes. ((1â11 see you get down/ Are you
ready ? I Show me how you do it [...I Lefs go and have fun boys. )) Je vais voir comment vous vous y mettez. Etes-vous prĂȘts ? Montrez moi comment vous le faites. Allons-y les gars, Ă©clatons nous.
3. Mango Groove : Island Boy. 4â25 RĂ©cit. Le montage extrĂȘmement (( nerveux )) de ce clip, oĂč de trĂšs brefs
plans se succĂšdent rapidement, formant de sĂ©quences elles-mĂȘme cour- tes, rend difficile un rĂ©sumĂ© de lâhistoire que content les images. Suc- cinctement. Un quadrimoteur Ă hĂ©lice, une plage, une ville (visiblement pas sud-africaine). Une femme vĂȘtue de noir (Claire Johnston, chanteuse
(21) Les durées indiquées pour ces vidéo- grammes sont celles de leur df is ion télévi-
sĂ©es ; elles peuvent ĂȘtre inferieures aux durĂ©es originelles.
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soliste de Mango Groove) est attablĂ©e dans un cafĂ© oĂč lâon aperçoit aussi un policier noir, un homme blanc avec un turban et un autre homme blanc Ă lunette ; tous semblent lâĂ©pier. Un serveur remet Ă la femme une lettre ; celle-ci se lĂšve. Divers plans de liaison, dont Claire Johnston sur un front de mer en robe noire Ă pois blancs. La femme danse dans le cafE avec les serveurs (un noir, un blanc, peut-ĂȘtre le troisiĂšme est-il mĂ©tis). La femme sort du cafĂ© et monte dans un vieux taxi mercĂ©dĂšs. Elle est assise dans le taxi qui roule ; elle se penche pour regarder par la fenĂȘ- tre ; on voit alors des images de faubourgs africains ; le taxi semble reve- nir. La femme entre dans une arĂšne vide ; elle est ;en robe rouge. Au bas des gradins, trois femmes noires (les choristes) en jaune, vert et rouge ; se cachant au sommet des gradins, lâhomme Ă lunettes du bar. On retrouve la femme en robe Ă pois dans une rue. Elle rencontre un joueur dâorgue de barbarie (homme blanc portant un fez rouge) ; puis lâhomme Ă lunet- tes qui joue de la caisse claire; puis un saxophoniste noir; puis un homme noir en costume marin blanc qui joue de la guitare ; un groupe de marins vient danser au milieu de la rue. Survient une patrouille de policiers emmenĂ©e par celui du bar. Ils chargent les marins. La femme sâenfuit. Elle arrive au Mercado Municipal; court entre les Ă©tals, en ren- verse un ; voit lâhomme au turban qui charme un serpent. Plage. Le chef policier observe Ă la jumelle ; dans lâoculaire visible Ă droite de lâĂ©cran : la femme en robe Ă pois regarde vers le policier : dans lâoculaire Ă gau- che, en robe rouge, elle est tournĂ©e vers la mer. ScĂšnes sur la plage; plans de boutres. La nuit, dans un cafĂ© en plein air plutĂŽt luxueux, un orchestre Ă cordes comprenant des femmes noires et des femmes blan- ches. LâhĂ©roĂŻne passe en robe noire avec des gants rouges; on voit lâhomme au turban, un marin noir et les choristes. La femme va sâasseoir Ă la table des choristes. La derniĂšre sĂ©quence enchaĂźne des plans de la femme sur le front de mer, en robe Ă pois, faisant un signe dâau revoir et, pour terminer, lâavion du dĂ©but.
Musique. Rock mélodique avec épisodes jazz sud-africain (saxophone) et pseudo-classique (cordes).
Paroles les plus importantes. ((Just when I thought it was safe to dream I I saw you leaving me I For ever it seems [...I
* Oh Island Boy there is no joy I There is no reason to pretend you will return I So I must learn to face the pain I Oh Island Boy I see you toy with my affection and my pride I But now youâre gone I know I can find a paradise as mine. )) Juste quand je croyais pouvoir rĂȘver sans ris- que, je tâai vu me quitter, pour toujours semble-t-il. Oh gars des Ăźles, il nây a pas de joie, il nây a pas de raison de faire semblant que tu vas revenir. Je dois apprendre Ă supporter la douleur. Oh gars des Ăźles, je me rends compte que tu joues avec mon affection et ma fiertĂ©. Mais main- tenant, tu es parti et je sais que je peux trouver un paradis qui sera le mien.
4. Township fever : Rolzlihlaha Mandela. 4â34 RĂ©cit. Dans un bĂątiment industriel, genre entrepĂŽt, un homme dirige
depuis une plateforme surĂ©levĂ©e un chĆur dont les membres portent divers costumes ou uniformes (mineurs, ouvriers, infirmiĂšres, etc.). Des sĂ©quen- ces montrent le chef de chĆur en extĂ©rieur perchĂ© sur un rocher dâoĂč
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lâon dĂ©couvre un vaste paysage rural. Le clip alterne des sĂ©quences intĂ©- rieures (chĆur et cheq et des sĂ©quences extĂ©rieures (chef, paysage) avec, intercalĂ© de temps en temps, un plan montrant le visage de Nelson Man- dela en clair obscur.
Musique. Gospel. Paroles les plus importantes. ((Freedom, freedom is in your
hands I Show us the way I Please show us the way to freedom, oh Man- dela. )) La libertĂ©, la libertĂ© est entre tes mains. Montre-nous le chemin. Sâil te plaĂźt, montre-nous le chemin vers la libertĂ©, oh Mandela.
5. Chicco et Brenda .Fassie : MafrĂŹka. 3â50 RĂ©cit. Un groupe de personnages en costumes traditionnels )) ; en
surimpression au premier plan, un couple en habits (( modernes D. Dans une vaste salle, style hall de bĂątiment public, un groupe de danseurs en costumes (( africains )) (les femmes portent simplement une jupette) ; Brenda Fassie, en costume (( africain )) (mais avec soutien gorge) vient chanter en surimpression. Groupe (( traditionnel )), la nuit en plein air avec Chicco jouant dâun petit lamellophone (mbira) et Brenda Fassie. Apparition du visage de la femme (( moderne )) en surimpression qui sem- ble regarder le groupe (( traditionnel )) et se dĂ©tourner. En plein air, la nuit, un groupe de personnages en uniformes divers (policiers, Ă©coliers, ecclĂ©siastiques, etc.) danse de maniĂšre (( africaine )). Ponctuation rythmi- que avec des plans dâinstruments (trompettes, saxophone). SĂ©quence de plans se succĂ©dant trĂšs rapidement : le couple moderne alterne avec les danseurs G traditionnels 1) en plein air et en intĂ©rieur ; au dĂ©part lâhomme et la femme sont complĂštement habillĂ©s ; ils sont progressivement dĂ©vĂȘ- tus jusquâĂ apparaĂźtre en costume (( africain D, comme les danseurs en plein air. La derniĂšre sĂ©quence fait alterner les danseurs (( traditionnels )) et les danseurs i( modernes D avec des aonctuations dâinstruments.
en
Musique. Fusion avec coloration typiquement sud-africaine. Paroles. En langue africaine.
6 . Dorothy Masuka : Pata Pata. 2â28 RĂ©cit. La chanteuse est filmĂ©e en noir et blanc, entourĂ©e de danseurs costumes allant des annĂ©es 60 aux annĂ©es 90. Musique. Marabi. Paroles. En langue africaine.
7. Chicco: Papa Stop The War. 4â10 RĂ©cit. Dans un univers vide, un groupe de chanteurs en habits moder-
nes. En noir et blanc, comme un reportage, on voit successivement : un homme noir qui sort une lance de dessous son l i t ; un homme noir qui prend un couteau dans un placard; un homme blanc qui attache une ceinture avec un pistolet. Des plans de Chicco en costume noir, seul ou avec les chanteurs, alternent avec des sĂ©quences en noir et blanc oĂč lâon voit des petites filles tenter de retenir les hommes du dĂ©but. On retrouve les trois petites filles, ensemble, regardant vers le ciel, toujours tournĂ©es en noir et blanc. Les sĂ©quences suivantes (en couleurs) alternent des vues de Chicco et du groupe de chanteurs en intĂ©rieur ; des vues de person- nages Ă contre jour en extĂ©rieur ; Chicco en costume (( traditionnel ))
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D. -C. MAR TIN
devant une lueur dâexplosion ; de temps Ă autre, une bouche parle (( der- riĂšre )) les images ; fĂčgitivement, sur fond de ciel bleu nuageux, on aper- çoit Chicco en costume de couleur danser avec une jeune femme.
Musique. Fusion/funk. Paroles les plus importantes. Parlé : (( Now is the time to unchain
the minds I Now is the time to unchain the hearts I Images of a new dream I Images of a new society should be made I Here come the voices of reason [...I Racial venom is like a social dynamite / It is like a revival of a perilous Syndrom I A Syndrom of death and destruction I This is the voice of concern I A voice of social redemption I An eye for an eye makes the world blind I Reconciliation and reconstruction is like a dark cloud I Giving way to the blue sky. )) ChĆur, chantĂ© : (( Papa stop the war. )) 11 est maintenant temps de libĂ©rer les esprits. I1 est maintenant temps de libĂ©rer les cĆurs. Les images dâun nouveau rĂȘve, les images dâune nouvelle sociĂ©tĂ© doivent ĂȘtre inventĂ©es. Voici la voix de la raison ... Le venin racial, câest de la dynamite sociale. Câest la renaissance dâun syndrome pĂ©rilleux, un syndrome de mort et de destruction. Voici la voix de lâengagement, une voix de rĂ©demption sociale. U n Ćil pour un Ćil rend le monde aveugle. La rĂ©conciliation et la reconstruction sont des nuages sombres qui font place au ciel bleu. Papa, arrĂȘte cette guerre.
8. Joe Rashidi : Jehoviah. 1â40 RĂ©cit. Joe Rashidi chante parfois en blouson de cuir avec un gros
pendantif en forme de carte dâAfrique, parfois en costume (( traditionnel 1)
avec une couronne sur la tĂȘte. De temps Ă autres, on voit danser u n homme torse nu. A plusieurs reprises Joe Rashidi apparaĂźt au premier plan par surimpression de photos ou de vues montrant en noir et blanc : Desmond Tutu ou des manifestants noirs portant une pancarte (( March for Peace and Freedom )). Le dernier plan fait apparaĂźtre Joe Rashidi devant la photo dâun garson noir et dâun garçon blanc.
Musique. Disco. Paroles. (( They call him Jehoviah / The Kingdom comes I The King-
dom rises I Everyone is fighting for peace I Everyone is fighting for har- mony / Everyone is crying for peace. D On lâappelle Jehovah. Le Royaume vient. Le Royaume sâĂ©lĂšve. Tous se battent pour la paix. Tous se bat- tent pour lâharmonie. Tous demandent la paix.
9. Yvonne Chaka Chaka: Mamaland. 1â36 RĂ©cit. Yvonne Chaka Chaka, en drapĂ© avec impressions (( africaines n,
chante devant un paysage rural. Sâintercalent des vues de danseurs (( tra- ditionnels )) et des vues de musicien dans u n bar. Dans une rue, la chan- teuse est en robe avec un homme en chemise. A nouveau, Yvonne Chaka Chaka devant le paysage rural. Puis des sĂ©quences prises lors dâun con- cert. On montre divers consommateurs dans u n bar. ScĂšnes de concert. SĂ©quence montrant un navire, des passagers, un port, des personnages qui font des signes de la main. La derniĂšre sĂ©quence montre Yvonne Chaka Chaka assise sur le toit dâune voiture saluant la foule.
Musique. Mbaqanga modernisé. Paroles les plus importantes. (( Who is that man telling me to go /from
my land, my mamaland ? I This is my home where I belong I My roots
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are here in Africa [...I Stop fighting for mamaland I Stop killing for mama- land. )) Qui est cet homme qui me dit de partir de ma terre, de ma (( matrie 1) ? Câest ici mon pays, câest dâici que je suis. Mes racines sont ici en Afrique ... Cessez de vous battre pour la (( matrie )), cessez de tuer pour elle.
10. Mango Groove : Special Star. 4â08 RĂ©cit. En noir et blanc : une salle de boxe ; une voie de chemin de
fer ; un joueur de pennywhistle ; un passager ; une manifestation devant un puits de mine ; le passager descend du train Ă Johannesburg, il mar- che dans la ville; diverses photos datant des annĂ©es 50 ou 60. En cou- leurs : des danseurs sur scĂšne ; Mango Groove ; Claire Johnston arrive et chante. Alternance de sĂ©quences de scĂšne et de sĂ©quences annĂ©es 50 se terminant par une photo sans doute ancienne dâun camp de squatters.
Musique. Marabi/kwela. Paroles. (( When the stars no longer shine / When the sun falls from
the sky / I will be forever yours /you will be forever mine / Thereâs a special star that shines every evening in your eyes D. Quand les Ă©toiles ne brilleront plus, quand le soleil tombera du ciel, je serai pour toujours Ă toi, tu seras Ă moi pour toujours. I1 y a une Ă©toile singuliĂšre qui cha- que soir brille dans tes yeux.
11. African Jazz Pioneers : Ten Ten Special. 3â22 RĂ©cit. En sĂ©pia : dans un train de banlieue des annĂ©es 50, des musi-
ciens se lĂšvent et se rassemblent dans un wagon vide. En couleurs : ils se mettent Ă jouer. En alternance avec les vues de lâorchestre des photos datant des annĂ©es 50 ou 60.
Musique. Marabi. Paroles. Introduction parlée : ((Bra Zakes Nkosi was living in the
township of New Alexandra when he composed this song âTen ten spe- cialâ. We had to get out of town by ten oâclock, but we still knew how tho have fun. )) FrĂšre Zacks Nkosi (22) vivait dans le township de New Alexandra lorsquâil composa ce morceau : Ten Ten Special. Nous devions avoir quittĂ© la ville Ă dix heures (23), mais nous savions comment conti- nuer Ă nous amuser.
(22) Saxophoniste marabi trÚs populaire, (23) Dix heures du soir, les musiciens prenaient donc, pour rentrer dans R leurs D townships, le train spécial de 10 h 10.
des annĂ©es 50 jusquâĂ sa mort, en 1982.
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