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  • 7/25/2019 kant causalit

    1/5

    Revue Philosophique de Louvain

    Michel Puech, Kant et la causalit. tude sur la formation dusystme critiquePhilipp W. Rosemann

    Citer ce document Cite this document :

    Rosemann Philipp W. Michel Puech, Kant et la causalit. tude sur la formation du systme critique. In: Revue Philosophique

    de Louvain. Quatrime srie, tome 89, n84, 1991. pp. 666-669 ;

    http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2

    Document gnr le 25/05/2016

    http://www.persee.fr/collection/phlouhttp://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/author/auteur_phlou_57http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/author/auteur_phlou_57http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1991_num_89_84_6714_t1_0666_0000_2http://www.persee.fr/collection/phlouhttp://www.persee.fr/
  • 7/25/2019 kant causalit

    2/5

    OMPTES

    REN US

    Philosophie moderne

    et

    contemporaine

    Michel

    Puech,

    Kant et

    la

    causalit. tude

    sur la formation du

    systme

    critique. (Bibliothque

    d histoire

    de

    la

    philosophie).

    Un

    vol.

    24

    x

    16

    de 526

    pp. Paris,

    Librairie

    philosophique

    J.

    Vrin,

    1990.

    Prix:

    300 FF.

    Je

    l avoue franchement:

    ce fut

    l avertissement

    de

    David Hume,

    qui, voil

    plusieurs

    annes, interrompit d abord

    mon

    sommeil

    dogmatique

    et

    donna

    mes recherches dans

    le

    champ de la philosophie

    spculative une toute

    autre

    direction ... La fameuse affirmation de

    Kant dans les

    Prolgomnes,

    o il reconnat

    on

    ne peut plus

    nettement

    le rle crucial

    jou par Hume

    dans la formation de la philosophie

    transcendantale, a servi des gnrations de philosophes de fil

    conducteur apparemment infaillible pour

    l interprtation

    de la

    gense du

    systme

    critique.

    Mais

    si

    Kant

    n avait

    cr

    l image

    de son

    sommeil

    dogmatique que pour simplifier pdagogiquement un

    cheminement

    philosophique

    qui fut en ralit plus

    sinueux? Peut-tre l ide

    d une

    filiation

    troite entre Hume et

    Kant

    n est-elle

    qu une fable

    trompeuse

    Telle

    est la

    thse

    que M. Puech soutient dans le

    prsent travail,

    ralis

    sous la direction

    du Professeur

    Alexis Philonenko. En effet

    Puech

    montre

    que la

    philosophie

    critique de Kant ne se comprend

    historiquement que sur

    l arrire-fond

    du climat

    philosophique

    qui caractrisait

    l Allemagne

    du xvnr sicle: dans

    cette

    perspective, la dgnrescence de

    la pense

    post-wolffienne et

    le dsarroi

    intellectuel

    qui s ensuivit

    paraissent

    beaucoup

    plus

    formatifs

    du kantisme que

    l influence

    d un auteur,

    Hume,

    que

    Kant

    a

    uniquement

    connu

    travers

    des traductions

    et

    des

    commentaires.

    Or la question centrale autour de laquelle se cristallisaient les

    discussions philosophiques du

    xvme

    sicle

    tait

    le

    problme

    de la

    causalit. La

    physique

    newtonienne

    avait

    lgu aux Lumires une

    nouvelle conception

    des

    relations causales, suivant laquelle

    la

    recherche

    des causes

    relles et

    explicatives

    tait de

    plus

    en

    plus

    supplante par la

    seule description

    des

    rgularits dans la nature. Face au dfi de ce

    phnomnisme lgal,

    les penseurs du xvme sicle

    cherchaient

  • 7/25/2019 kant causalit

    3/5

    Philosophie moderne

    et

    contemporaine 667

    rconcilier

    l empirisme de la nouvelle physique avec la mtaphysique

    traditionnelle

    surtout leibnizienne,

    sans cependant

    parvenir

    une

    vraie

    synthse

    qui

    surmonterait

    dcidment

    les

    difficults. Car

    dans

    le

    conflit entre l harmonie prtablie d un Leibniz (thorie, bien entendu,

    qui nie toute

    causalit

    l extrieur des substances), le ralisme causal

    profess par

    les

    adhrents de

    l

    influx et

    le

    phnomnisme

    des

    physic iens, les meilleurs esprits devaient capituler, en se contentant souvent

    de solutions

    superficielles

    ou purement verbales.

    De

    la sorte,

    selon

    Puech,

    en se

    dsintgrant

    la

    philosophie

    du

    xvme

    sicle

    a dgnr

    en

    clectisme;

    l chec

    de la

    mtaphysique, un

    grand nombre de

    philosophes rpondirent

    par

    le scepticisme, tandis que

    d autres optaient pour

    un

    irrationalisme

    radical (par exemple Swedenborg). Puech

    assemble

    la

    mosaque

    complexe du

    mouvement

    philosophique

    au

    sicle

    de

    Kant

    avec une rudition et une connaissance de dtail tout fait admirables;

    cette

    rudition risque pourtant parfois d embrouiller le lecteur,

    parce

    que l insertion de

    tel

    ou

    tel

    dtail dans les grandes lignes de

    l argumentation

    n est

    pas

    toujours entirement

    vidente.

    La

    rponse

    kantienne

    la crise mtaphysique

    des

    Lumires

    fait

    l objet de la deuxime partie de l ouvrage. Au vrai,

    le

    dclin de la

    philosophie

    post-wolffienne

    fut dans une grande mesure le rsultat

    du

    formalisme de

    l cole

    de Wolff elle-mme, qui,

    coince

    dans son essen-

    tialisme,

    ne

    savait

    envisager le

    problme

    de

    l tre qu en

    termes de

    possibilit

    logique: Ens dicitur, quod existere potest, consequenter cui

    existentia non

    rpugnt

    (Wolff,

    Philosophia

    prima sive

    Ontologia,

    134). Sous l influence de Christian

    August

    Crusius, le plus important

    reprsentant de l cole de

    Leipzig,

    Kant se rendit compte que la

    problmatique

    causale

    (comment est-ce

    qu un tre

    B

    peut recevoir sa

    ralit

    effective

    d un

    tre A?) ne pouvait se rsoudre

    dans

    le

    cadre

    d une

    approche limite l analyse de

    seules compatibilits

    logiques. La thse

    kantienne sur

    l tre (Heidegger) dcouvre donc, dj vers 1763, un

    point de vue authentiquement ontologique: l tre n est pas une

    proprit un prdicat des

    objets, parmi

    d autres prdicats, il est une

    position

    absolue

    (p.

    258).

    Peut-tre l auteur aurait-il

    pu

    mme dire

    que

    Kant

    a

    redcouvert, au

    xvme

    sicle, la distinction thomiste entre l tre

    et

    l essence.

    En

    tout

    cas,

    la

    diffrenciation

    entre

    l existence

    effective

    et

    l essence marque,

    dans le dveloppement du grand philosophe de

    Knigsberg, la premire tape de l invention de la

    mthode

    transcen-

    dantale,

    base, elle, sur la

    dichotomie

    de l lment formel ou logique

    d une part

    et

    de

    l lment matriel d autre

    part de la connaissance. En

    1

    78

    1 dans la Critique

    de

    la raison

    pure,

    l identification de la

    causalit

    une condition

    formelle

    et apriorique de la possibilit de connatre

    fournira

    Kant

    la solution dfinitive de ce problme.

  • 7/25/2019 kant causalit

    4/5

    668 Comptes rendus

    Mais

    la Critique de la raison pure ne reprsente point

    l ide

    de la

    philosophie transcendantale dans sa plus grande

    puret.

    Cette

    thse

    fort

    intressante

    se

    dmontre

    par la

    lecture

    des cours

    que

    Kant

    a

    donns

    et

    des brouillons qu il a produits

    pendant

    la fameuse dcennie

    silencieuse des annes

    1770:

    ainsi voit-on que

    toutes

    les notions

    centrales

    du systme

    critique

    la

    distinction

    entre

    matire

    et

    forme de

    la

    connaissance

    et entre

    tre donn

    et

    tre pens, les

    concepts

    de Va

    priori

    et

    du

    transcendantal se

    sont

    dj formes durant cette priode

    fconde. Utilisant

    des

    documents

    peu

    connus et encore moins

    tudis,

    tel que le Duisburgscher Nachlass, Puech arrive reconstituer la

    pense

    de

    Kant

    avant la complexification colossale

    qu elle

    a subie dans la

    Critique. En

    fait,

    le mode

    logicis et psychologis selon

    lequel la

    philosophie

    transcendantale

    se

    trouve

    expose dans

    l uvre de

    1781

    tmoigne

    des

    influences post-wolffiennes

    qui se sont

    exerces

    en

    un

    sens contraire

    au

    projet kantien pur de l ontologisation de la

    mtaphysique: Kant n a pas

    pu

    se

    soustraire

    entirement aux courants

    contemporains

    qui

    l ont entran vers une

    thorie

    psychologisante

    du

    comment de la constitution transcendantale de

    l exprience

    qui,

    vrai dire,

    n est

    pas essentielle

    sa philosophie.

    Kant et la causalit ne

    s puise pas

    en une

    reconstitution historique

    de l volution de la pense critique;

    il

    se

    veut,

    au contraire, une

    histoire philosophique

    de la philosophie

    (p.

    15).

    Ainsi

    se pose la

    question de savoir dans quelle mesure la

    solution

    que

    Kant a

    propose

    pour

    le

    problme

    de

    la

    causalit parat

    encore

    convaincante

    et

    rece-

    vable. Or,

    d aprs

    Michel Puech, la grande faiblesse de la thorie

    kantienne

    consiste en ceci

    qu elle

    ne

    met

    nullement en

    doute l

    ontologie

    naturelle

    de la causalit, c est--dire les ides concernant les

    processus

    causals qui

    informent

    notre

    agir

    quotidien et

    spontan dans

    le monde. Car

    selon notre

    auteur

    la formule A est la

    cause de B ne

    serait

    que le

    rsultat d un

    triage

    tout

    fait

    pragmatique, o dans un

    ensemble de

    faits

    prcdant immdiatement un

    vnement

    B la

    proprit cause de B est assigne celui d entre eux que nous pouvons

    influencer avec le moindre

    effort:

    Dans

    un ensemble

    A1} A2, ..., de faits tels que, s ils sont le cas,

    alors

    B

    est

    le

    cas,

    et

    si

    l un

    d entre eux

    n est

    pas

    le

    cas,

    alors

    B

    n est

    pas le

    cas, on

    appelle cause de B le

    terme An

    tel que

    An

    est le

    plus

    facilement ralisable ou

    vitable

    par nous,

    le plus

    accessible

    notre

    action

    (p.

    25).

    An est

    ensuite,

    affirme Puech, qualifi de cause

    ncessaire

    de

    B par

    une

    simple

    analogie

    anthropomorphique la

    manire

    dont l homme

    peut

    produire immanquablement un effet dans le domaine

    des

    oprations

    qu il contrle, serait

    navement

    transpose dans le rgne des causes

  • 7/25/2019 kant causalit

    5/5

    Philosophie moderne et

    contemporaine

    669

    naturelles. Mais

    cette

    ontologie naturelle de la

    causalit, Kant

    ne

    l aurait pas

    remise

    en question; la philosophie transcendantale

    fonderait

    donc d une

    faon

    nouvelle

    ce

    qu elle

    aurait

    d

    examiner

    avec

    un

    sens critique aigu.

    Nous

    ne savons

    toujours

    pas, aprs avoir lu la

    Seconde Analogie de

    l exprience

    dans la Critique de la raison pure, ce

    que nous voulons

    dire

    exactement lorsque nous disons que A est la

    cause

    de B (p. 390).

    Sans doute cette question est tout au

    cur

    de la problmatique

    causale. C est pourquoi il faudrait peut-tre se

    demander

    de nouveau si

    des

    conceptions

    non-ralistes

    seront

    jamais

    en mesure de rendre

    vraiment compte

    du mystre

    qu une

    cause peut

    crer

    (pas ex nihilo,

    bien

    sr) un

    autre tre ou

    un

    autre fait. A

    dire vrai,

    l empirisme

    et

    le

    transcendantalisme

    ne

    font

    que

    cacher la

    profondeur de

    cette

    question

    et

    dtournent

    d elle.

    La prsentation de Kant et la causalit est

    exemplaire;

    dans les 526

    pages je n ai compt qu une

    douzaine de

    fautes d impression lgres.

    L ouvrage est

    recommander

    aux spcialistes de la philosophie

    kantienne et tous

    ceux qui

    s intressent au mouvement

    philosophique du

    xvme

    sicle en toute son ampleur.

    Philipp

    W.

    Rosemann.

    Monique

    Castillo, Kant et l avenir de

    la culture. Avec

    une

    traduction

    de

    rflexions

    de

    Kant

    sur

    l anthropologie,

    la

    morale

    et

    le

    droit

    (Philosophie d aujourd hui).

    Un

    vol.

    22

    x

    14 de 300 pp.

    Paris,

    Presses

    Universitaires de

    France,

    1990. Prix: 195 FF.

    Cet ouvrage procde un examen

    approfondi

    des

    liens

    complexes

    tablis

    par

    Kant

    entre

    sa morale, sa

    philosophie

    de

    l histoire et son

    anthropologie. On

    sait

    que

    pour Kant

    l humanit,

    la diffrence

    des

    autres espces biologiques, ne trouve pas son achvement dans

    l individu mais dans le progrs de l espce.

    Celui-ci

    toutefois ne se prsente

    pas comme un effet des

    facteurs

    matriels de la

    vie

    humaine mais

    comme une simple exigence critique,

    lie

    la destination de la raison

    sa perfection.

    Comment

    cette

    exigence

    morale

    de

    progrs

    pose

    a

    priori

    peut-elle

    se

    raliser dans l histoire? Comment la lgalit peut-elle

    se muer en moralit? M.

    Castillo

    trouve la rponse ces questions dans

    une

    analyse

    de la

    conception

    kantienne de la culture.

    Celle-ci

    constitue

    le mdium de la

    moralisation

    de l humanit, qui prend en charge le

    contenu

    pdagogique

    de l idal du

    progrs,

    l attente d un

    passage

    un

    tout moral partir d un accord pathologiquement extorqu. Kant

    charge la culture

    d inscrire

    dans l histoire elle-mme la continuit et

    l lan d un progrs.

    Il

    incombe la philosophie de l histoire de rendre