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Optimisation des budgets : la solution par le numérique

AU CŒUR DES TERRITOIRES

CONNECTÉS

Data : la France numérique 2015

Le senior est-il l’avenir du digital ?

Les réseaux sociaux au service de l’e-réputation

French Tech, l’enjeu des écosystèmes ?

paroles d’élusEmmanuel MACRON, François BAROIN, Caroline CAYEUX, Charles-Éric LEMAIGNEN, Olivier DUSSOPT, Laurent WAUQUIEZ, Vanik BERBERIAN, Dominique BUSSEREAU, Frédéric CUVILLIER, Jean-Luc MOUDENC, Karine BERGER, Ibrahim DUFRICHE-SOILIHI, Valérie LÉTARD, Stéphane RICHARD… #1

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paroles d’élus #1

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Paroles d’élus fait peau neuve ! Dix ans après son lancement, il était temps pour notre partenariat innovant – et pour son dispositif éditorial – de trouver un nouveau souffle. C’est chose faite avec la mise en ligne d’un site Internet de dernière génération complètement repensé – parolesdelus.com – et la publication de Paroles d’élus #1 que vous tenez entre vos mains.

Bienvenue dans l’ère du mook, cet objet hybride entre le livre et le magazine, qui se donne le temps de la réflexion, qui privilégie le format long, la narration et l’esthétisme. C’est d’abord dans son contenu que Paroles d’élus fait sa mue. Finie la seule pédagogie, place au décryptage !

À la diversité des témoignages d’élus, d’acteurs de terrain, au foisonnement des initiatives autour des enjeux du numérique dont on ne dira jamais assez la richesse, vient donc se greffer une nouvelle approche. Nous avons fait appel à l’expertise de chercheurs, de sociologues, de géographes, de philosophes, d’ethnographes qui, tout en décryptant les ressorts du numérique, dégagent les tendances des usages à venir. Riche d’expériences fortes et de réalisations concrètes, Paroles d’élus #1 donne également les moyens de se projeter vers le futur.

Cyril LuneauDirecteur des Relations avec les Collectivités locales Groupe - Orange

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4 Paroles d’élus

La révolution numériquen’est pas en train d’advenir : elle est déjà réalité. Elle concerne tous nos concitoyens, sans exception, qui voient leurs manières d’apprendre, de communiquer, de se déplacer… de vivre se transformer en profondeur. Elle touche également notre économie tout entière : tous les secteurs doivent innover, toutes les entreprises doivent s’adapter, toutes les administrations doivent se moderniser et l’ensemble des territoires doit s’équiper. Dans cette “Grande transformation”, la mission des responsables politiques est immense. Elle se fonde, selon moi, sur un triple combat : politique, économique et démocratique.

Le combat politique, c’est le combat pour l’égalité. La révolution numérique doit être synonyme d’opportunités pour tous. L’égalité d’accès, qui est l’ADN de notre modèle économique, de notre modèle social et de notre modèle culturel, doit être maintenue à son plus haut degré. Notre ambition, c’est que chacun puisse accéder aux moyens de communication, où qu’il vive sur le territoire, qu’il soit urbain ou rural. Ainsi, grâce à l’impulsion des élus et des collectivités, grâce aussi à l’engagement du secteur privé, la France tout entière se numérise. Le Gouvernement prend sa part de ce mouvement, en investissant plus de 3 milliards d’euros pour équiper les territoires en très haut débit, et en particulier les territoires ruraux. Cette mobilisation sans précédent, dont nous suivons pas à pas les avancées, nous permettra d’atteindre l’objectif fixé par le président de la République : couvrir, en dix ans, l’ensemble du pays en très haut débit.

Dans cette “Grande transformation”, il faut également nous mettre en ordre de bataille pour saisir les opportunités économiques. Car Internet, ce n’est plus seulement le moyen de travailler plus rapidement, d’améliorer ses performances, d’accroître son efficience. Désormais, Internet, c’est le point de départ de tout : pour chercher un emploi, pour correspondre, pour être joignable, pour s’informer, il faut être connecté. Les élus de tous les territoires sont donc en première ligne

Préface

Emmanuel MacronMinistre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique

8 Contributeurs Ils sont l’ADN du mook Paroles d’élus #1.

10 Intervention des présidents Croiser les témoignages, les réflexions et les éclairages pour décrypter la France numérique qui émerge. C’est l’ambition que nous partageons.

12 Regards Alain Juillet, le cyberexpert Daniel Kaplan, le prospectiviste Stéphane Richard, le chef d’entreprise Serge Guérin, le sociologue Bernard Stiegler, le philosophe

28 La France numérique 2015

32 L’entretienCharles-Éric Lemaignen : mise en commun des savoirs autour du numérique et de son évolution

36 Dossier Économies : la solution par le numérique ?

42 L’entretien François Baroin : le numérique en tant que facteur d’optimisation budgétaire

46 Dossier French Tech : accélérateur de croissance pour les territoires

52 Grand anglePlongez dans la ville numérique !

54 L’entretienLaurent Wauquiez : le numérique en territoires montagneux

58 Ils font le numérique dans les territoiresAntonaves, Reims, Montreuil/Simplon, Lascaux 4, Valenciennes

68 L’entretienVanik Berberian : le numérique, créateur d’emploi pour repeupler les zones rurales

72 Voyages visuels au pays du numériqueMusées : les transformations numériques Objets connectés : voyage dans les labos

82 DossierSilver économie : les gisements de l’or gris

88 Points de vueLes réseaux sociaux au service de l’e-réputation

90 L’entretienDominique Bussereau : la couverture THD et le numérique comme lien de proximité et vecteur de changement dans les métiers de l’éducation

98 MutationsCes métiers qui changent avec le numérique

102 11 ans, 11 partenaires

104 Contacts

6498

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Sommaire

12pour diffuser les usages et l’innovation, pour développer des écosystèmes qui favorisent le développement et la montée en puissance des start-up. L’État joue déjà un rôle moteur avec la French Tech et la Nouvelle France industrielle, mais ce sont les collectivités qui, sur le terrain, transformeront cette démarche en succès.

Enfin, nous devons réformer notre système tout entier : les nouvelles opportunités économiques ne concernent pas que le numérique. Il faut revoir notre système de formation pour accélérer la montée en compétences des travailleurs, notamment pour les préparer aux nouveaux métiers. Il faut aussi forger de nouvelles sécurités individuelles, en phase avec le développement du travail indépendant, avec la polyactivité et le développement de carrières moins linéaires. Ces défis, nous devons les relever tous et nous devons les relever ensemble. Car la révolution numérique nous impose de définir des choix collectifs innovants et de forger un nouveau consensus social.

Voilà quels doivent être, selon moi, les trois piliers de notre action collective. Ils trouveront une traduction concrète dans la stratégie pour les nouvelles opportunités économiques que m’ont confiées le président de la République et le Premier ministre. La révolution numérique est, par essence, une révolution démocratique. Elle est portée par la multitude, par tous les usagers, par tous les acteurs de notre économie. Pour la porter et l’accompagner, l’engagement des élus est donc la clé.

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“Notre société est entrée dans l’ère du numérique et nos populations en sont de grandes consommatrices. Avec la croissance démographique des territoires ruraux depuis plus de dix ans, les habitants de nos communes sont demandeurs de haut débit, de téléphonie mobile et de services numériques.” Vanik Berberian, président de l’AMRF

“Si le numérique peut participer à l’amélioration de la vie quotidienne des populations, le contact humain restera toujours nécessaire et indispensable.” François Baroin, maire de Troyes, député de l’Aube, président de l’AMF, ancien ministre

“Le numérique peut faciliter le quotidien des personnes qui avancent dans l’âge mais aussi favoriser l’accès à la culture ou à la connaissance.” Frédéric Cuvillier, président du Cner, maire de Boulogne-sur-Mer, député du Pas-de-Calais, ancien ministre

“Offrir Internet et le tripleplay modifie complètement la donne et peut enrayer la migration de population. L’arrivée de ce nouveau service public équilibre la disparition des autres et favorise une parfaite égalité.” Karine Berger, députée des Hautes-Alpes

“Plus que jamais, le secteur public doit profiter de la révolution des usages et des nouveaux outils pour repenser son fonctionnement interne et la relation entre administration et citoyens.”Francisque Vigouroux, maire d’Igny

“La réalité de l’automatisation, donc du numérique, c’est la destruction de l’emploi. Cela se présente comme une très mauvaise nouvelle, mais vu sous un autre angle, c’est au contraire une très bonne nouvelle – car la fin de l’emploi, c’est le début du travail.” Bernard Stiegler, philosophe

“De nombreuses initiatives en France alimentent une même démarche. Accompagner l’innovation, favoriser la mise en place du numérique pour qu’il profite à tous, c’est le principe des fab’labs français.” Charles-Éric Lemaignen, président de l’AdCF

“Les potentialités du numérique pour les petites villes sont d’abord à penser en termes de croissance. Nous vivons la quatrième révolution industrielle.”Loïc Hervé, maire de Marnaz, sénateur de la Haute-Savoie

“Le numérique est un vecteur de communication extrêmement puissant pour les musées. Il y a une véritable passion française pour les musées. On voit des foules extraordinaires se déplacer, pas seulement pour les très grandes expositions mais pour toutes les expositions.” Christine Albanel, directrice exécutive RSE, Diversité, Partenariats et Solidarité d’Orange, ancienne ministre

“L’objectif smart city est non seulement bénéfique sur le plan du service rendu mais il l’est également sur un plan financier, avec l’optimisation du travail des agents grâce à l’analyse fine des données collectées.” Christophe Béchu, maire d’Angers, sénateur du Maine-et-Loire

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“À l’aise avec les chiffres, le numérique l’est aussi pour mettre en relation, coordonner, agréger des individus, des groupes, des informations et des données, des actions et des projets.”Daniel Kaplan, prospectiviste

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Édité par Orangesur une idée de Scripto Sensu Directeur de la publication : Cyril LuneauRédacteur en chef : Pascal GiordanoAssistants : Mathieu Djourabtchi, Florian TolletConception et réalisation : Scripto Sensu Direction éditoriale : Bertrand VorimoreCoordination : Guilhem Cadoret

Design et direction artistique : Claude GentilettiÉdition : Delphine Tardiveau Avec la participation de : Michel Léon, Cécile Perrin, Dominique Fidel, Marc Feuillade, Cédric Buades, Pierre Abruzzini, Isegoria, Taïga Média, Studio-V2Crédit photo de couverture : CorbisFabrication : Gutenberg NetworksImpression : France Ouest Imprim (Livarot)

Avertissement. Ce mook est destiné à être diffusé aux élus des collectivités territoriales ainsi qu’à des responsables d’administrations d’État et de services publics locaux, à l’exception du grand public. Il est édité par Orange et ses partenaires, qui ont pris soin de veiller au caractère purement informatif de son contenu. Toute reproduction du présent ouvrage, totale ou partielle, quel que soit le support, est strictement interdite.

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Onze partenairesParoles d’élus #1 est édité par Orange, en partenariat avec : Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) ; Assemblée des Communautés de France (AdCF) ; Assemblée des Départements de France (ADF) ; Association des maires ruraux de France (AMRF) ; Association nationale des élus de la montagne (Anem) ; Association des Petites Villes de France (APVF) ; Fédération des agences de développement et des comités d’expansion économique (Cner) ;Fédération des Entreprises publiques locales (FedEpl), Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF) ; Villes de France

Comité de pilotageNathalie Dotres et Delphine Breure (AMF), Sandrine Guirado (AdCF), Jean-Pierre Quignaux (ADF), Julien Thibert (AMRF), Olivier Lamoureux et Olivier Riffard (Anem), François Panouillé (APVF), Audrey Duquenne (FedEpl), Élisabeth Coquaz-Garoudet, Florence de Marignan (Villes de France), Raphaëlle Frija (Cner), Pascal Giordano, Émilie Richer, Muriel Faucher, Patrice Carré, Mathieu Djourabtchi, Florian Tollet (Orange)

Dispositif digitalParoles d’élus est présent sur Internet – avec son site parolesdelus.com – et sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…).Digital social Media : Muriel FaucherProduction des contenus textes et vidéos : IsegoriaConception et gestion du site web : HumancomDirection de production : Pierre AbruzziniCommunity management : Isabelle Hache

RemerciementsLes partenaires de Paroles d’élus remercient les élus des collectivités territoriales, les experts, les institutions et les organismes qui ont participé à ce projet original.

Nous adressons nos remerciements à Sandrine André pour sa collaboration fructueuse sur le grand angle dédié à Strasbourg Eurométropole.

Enfin, nous remercions tout particulièrement Bruno Janet, qui a porté et a fait évoluer pendant plus de dix ans avec enthousiasme le projet Paroles d’élus.

Aurélie Guillerey Illustration “Économies, la solution numérique” P. 36

Aurélie Guillerey est née en 1975 à Besançon. Elle étudie à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et obtient son diplôme d’illustration en 1999. Depuis, elle travaille

dans son atelier, à Rennes, pour la presse et l’édition, et réalise des affiches de théâtre. Depuis quelques années, elle a un peu abandonné ses pinceaux pour exécuter ses illustrations en numérique à la palette graphique. Elle aime s’approprier des sujets d’actualité et d’évolution de la société en y mettant une touche de poésie. Et quand elle n’est pas connectée derrière son ordinateur, elle part dans sa cabane sans électricité, sur une dune en Normandie.

Émilie BiensIllustration “Strasbourg Eurométropole” P. 52

Émilie Biens est une illustratrice et une artiste peintre membre de la Fondation Taylor. Elle collabore avec des musées nationaux tels que le Muséum national d’histoire naturelle

et le musée de la Grande Guerre. Son style graphique original lui permet d’être sélectionnée pour le prestigieux Salon national des beaux-arts qui se déroulera au Carrousel du Louvre fin 2015. L’illustration de Strasbourg présentée ici a été réalisée sur le modèle des gravures du XIXe siècle, de manière artisanale entièrement à main levée.

Hélène BuillyIllustration “French Tech” P. 46

Illustratrice française, Hélène Builly remporte à 23 ans le 1er prix de l’Institut du design pour son projet de fin d’études “Extra d’Ordinaire” sous-

titré “La véritable histoire de l’actualité”. Elle dessine en 2003 l’affiche du Printemps de Bourges, travaille pour Fooding et sur l’album de Laurent Garnier The Cloud Making Machine. Elle entre ensuite chez l’agent Costume 3 pièces et réalise ses premières campagnes de pub (Absolut, Renault, les grands magasins du Printemps ). Par ailleurs, Hélène dirige la section art dans la revue du CNRS Les Cahiers européens de l’imaginaire. Elle illustre pour nous le dossier French Tech.

Brian W. StevensIllustrations “Regards” P. 14

Designer print et web américain installé en France depuis une vingtaine d’années, Brian a conçu des formules de presse

magazine kiosque comme Cargo ou Optimum. Illustrateur et compositeur de musique électronique, il prête son talent de graphiste à de nombreux supports de presse et d’édition.

IcinoriIllustration “Silver économie” P. 82

Raphael Urwiller et Mayumi Otero sont deux jeunes dessinateurs diplômés de l’École supérieure des arts

décoratifs de Strasbourg. Fondateurs des Éditions expérimentales Icinori, ils y développent leurs univers, travaillant en duo ou de façon indépendante. Passionnés d’estampes, nourris d’imagerie populaire et de dessin contemporain, ils créent notamment des illustrations pour la revue XXI, le New York Times, Le Nouvel Observateur, Le Monde, et réalisent indépendamment des albums jeunesse. Ils se retrouvent aussi pour éditer leurs pop-ups en sérigraphie…

Contributeurs

parolesdelus.com

Une émission mensuelle, le JT, vous permet de suivre et d’intervenir sur les sujets liés aux territoires numériques.

Des contenus enrichis, instantanés et propices aux partages sur les réseaux sociaux, et de nouvelles rubriques “Le Fil Actu” et le “Trombinoscope”.

Personnalisez, éditez, téléchargez “Mon Paroles d’élus” en sélectionnant les contenus pour les intégrer à un magazine PDF, vous imprimez votre propre Paroles d’élus !

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Mourad MokraniPhotographies des présidents P. 10

Né en 1968 à Alger, Mourad découvre la photographie en 1995, à travers le sourire des gens. Son objectif est alors d’immortaliser ces moments de bonheur.

Très vite, il perçoit les potentialités expressives de la photographie et surtout la liberté de partir à la découverte des autres, du monde et de soi-même. Depuis vingt ans, il accompagne des grandes, moyennes et petites entreprises dans le monde. Aujourd’hui, il s’offre un regard 100 % numérique avec Paroles d’élus.

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partenaires

Croiser les témoignages, les réflexions et les éclairages pour décrypter la France numérique qui émerge. C’est l’ambition que nous partageons.

Nul n’en doute désormais. Un nouvel écosystème se met en place. Nous ne devons pas simplement le constater, nous devons le penser pour mieux le façonner. La réflexion sur le rôle du numérique dans les transitions auxquelles nous sommes confrontés est incontournable.Quel peut être le rôle du numérique dans les transformations du monde ? Sur quoi agit-il ? Que remet-il en cause ? Le monde dans lequel nous vivons connaît de profondes mutations, comme il en a rarement connu : changement climatique, épuisement des ressources naturelles, vieillissement de l’Occident, explosion

des inégalités, courants migratoires, etc. Sur bien des points le numérique n’apporte pas de réponse ; en revanche – et c’est ce que nous montrent bien les intervenants réunis ici –, il suscite l’innovation et l’émergence de pratiques qui, en se diffusant et s’agrégeant, finissent par substituer leurs mécanismes aux anciens : effets de réseaux, économie collaborative, nouvelles conceptions du travail, etc. En bref, une mutation radicale de nos cadres de référence.

Nous sommes tous, associations d’élus comme opérateur, à l’orée de transformations fondamentales. La France doit profiter de la puissance du numérique, à l’instar de la French Tech, qui sera un outil des changements nécessaires. Un numérique porteur d’espoir pour des innovations sur tous les territoires, un numérique capable d’ouvrir la culture au plus grand nombre, de renouveler la démocratie, porteur de nouvelles pratiques de solidarité ; un numérique moteur d’une véritable transition énergétique et écologique. Un numérique ouvrant le champ des possibles pour les collectivités territoriales

malgré des moyens en baisse. Un numérique porteur de progrès pour notre “vivre ensemble”, par exemple en luttant contre l’isolement des personnes âgées. C’est une nouvelle configuration de l’espace public qui se profile. Gageons que ces “Paroles d’élus” renouvelées nous aideront à mieux le comprendre et le faire vivre.

Laurent WauquiezPrésident de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem)

Olivier Dussopt Président de l’Association des Petites Villes de France (APVF)

Charles-Éric Lemaignen

Président de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF)

Jean-Luc MoudencPrésident de l’Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF)

Caroline CayeuxPrésidente de Villes de France

Jacques ChironPrésident de la Fédération des Entreprises publiques locales (FedEpl)

FRENCH TECH P. 46 MUSÉES P. 72 LASCAUX 4 P. 64 ENTRETIEN P. 32E-RÉPUTATION P. 88

Vanik Berberian

Président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF)

ENTRETIEN P. 68

François Baroin

Président de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF)

ENTRETIEN P. 42

Dominique BussereauPrésident de l’Assemblée des Départements de France (ADF)

ENTRETIEN P. 94

Stéphane RichardPrésident-directeur général d’Orange

REGARDS P. 20ENTRETIEN P. 54

Frédéric CuvillierPrésident de la Fédération des agences de développement économique (Cner)

SILVER ÉCONOMIE P. 82

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ujourd’hui, nous ne sommes pas dans une crise mondiale, mais dans une véritable mutation du monde. C’est une mutation profonde, dans la mesure où elle va aboutir à un changement des comportements et des approches. C’est une forme de révolution, car nous sommes face à une rupture entre nos pratiques anciennes et celles à venir en entrant dans le cyberespace.

Alain Juillet préside le Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE) et l’Académie de l’intelligence économique. Conseiller senior au cabinet d’avocats international

Orrick Rambaud Martel, il a été directeur du renseignement au sein de la DGSE, puis haut responsable pour l’intelligence économique auprès du Premier ministre.

Le cyberexpert

AAlain Juillet

Regards

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14 Paroles d’élus Paroles d’élus 15

Nous sommes bel et bien entrés dans une mutation profonde. Les nouveaux modes de vie font que les gens sont isolés. Ils vivent seuls, tra-vaillent de plus en plus seuls, et la plupart du temps devant leur ordi-nateur. Or, l’être humain a besoin d’échanger.À travers le numérique a émergé une nouvelle formule d’échanges : les réseaux sociaux. Le problème derrière ces réseaux, c’est l’utilisation de nos données personnelles à des fins com-merciales. Cela rapporte de l’argent. On vous analyse, on stocke vos don-nées, on utilise votre réseau pour faire passer des idées… ou provoquer des achats. Au-delà des déclarations, c’est une opération commerciale.Il ne faut pas oublier que Google et leurs homologues sont des commer-çants, ni plus ni moins. Nous vivons dans un système où ces grands acteurs (Amazon, Apple, Google…) ont parfaitement compris comment gagner de l’argent et n’ont vraiment aucun scrupule. Il faut donc arrêter de croire que ce sont les bienfaiteurs de l’humanité. Ils exploitent nos failles personnelles en disposant d’infor-mations que nous n’aurions jamais fournies nous-mêmes directement et qu’on leur laisse diffuser. Dans ce but, ils ont progressivement amélioré leur système. L’une de leurs plus belles inventions, c’est le fameux cloud.

Parce que le cloud, c’est quoi ? Théoriquement, cela concerne toutes les informations hébergées sur votre ordi-nateur, votre mobile ou vos autres supports informatiques. Si vous n’y faites pas attention ou que vous donnez votre accord, ces données migreront vers un lieu “virtuel” où elles seront stockées sans que vous ayez aucun moyen de contrôle et sans que vous puissiez savoir qui accédera à vos données. Et c’est bien le but de l’opération. Pour les collectivités, comme pour les individus et les entre-prises, il faut être réaliste : le cloud indéfini permet à tous ceux qui en ont la clé d’exploiter des informations à leur profit. Donc, attention de ne pas mettre dans ce cloud des données sensibles.En fait, il existe trois niveaux de cloud. D’abord, le cloud indéfini, où l’on peut mettre ce qui n’a aucune importance, mais en sachant que tout pourra être exploité. Ensuite, le

cloud national – ou européen – qui garantit au moins que les données ne sortiront pas du territoire. Cela peut paraître difficile car, par essence, le monde digital n’a pas de frontières. Et pourtant, c’est possible. On peut tout de même arriver à sécuriser. Pourquoi un cloud national ? Car il se doit de respecter les lois de la République. Alors que le cloud stocké en Irlande, aux États-Unis ou au “Balouchistan”, tout le monde s’en moque. Sur ces clouds interna-tionaux, on ne peut rien contrôler et nos lois ne s’appliquent pas. Si, en revanche, il s’agit d’un cloud national, la loi française peut interdire tel ou tel agissement. En cas d’informations à protéger, il est donc préférable d’opter pour ce niveau-là.Et puis, il y a la troisième option, celle qui concerne ce qui est vrai-ment le cœur de l’entreprise : les recettes, le fichier client, la structure financière, un brevet, etc. Des don-nées dont dépend l’avenir de l’entre-prise. Il est évident qu’il faut éviter le cloud national ou pire, le cloud international, et le garder chez soi, dans un serveur fermé, verrouillé, qui n’est pas connecté à l’extérieur. Toutes les entreprises devraient appli-

quer cette règle impérative. J’ai tendance penser que tout État ou collectivité devrait la pratiquer aussi. Parce qu’il faut se poser les vraies questions : par exemple, est-ce que les données concernant mes concitoyens doivent circuler n’importe où ? Est-ce que, par exemple, mes déclarations de revenus doivent être stockées en France et y rester quoi qu’il arrive ? Qui doit y avoir accès en dehors du personnel des impôts ? En imaginant même qu’en France nous ayons résolu notre problème, si la Belgique, l’Allemagne ou l’Angleterre ne l’ont pas fait, nous allons, d’une part, vers un problème politique (pourquoi un pays est-il “libre” et pas l’autre ?) et, d’autre part, vers un risque de fuites. Il faut un consensus européen pour des clouds nationaux, mais rien n’empêche de concevoir un cloud européen s’appuyant sur un pool de pays qui fasse respecter un minimum de règles.

Cybersécurité et collectivités. On parle toujours des attaques contre les entreprises, et c’est vrai qu’elles sont fré-quentes ces temps-ci. On parle également des attaques contre les États, les services publics, mais personne ne parle des

attaques contre les collectivités. Or leurs fichiers ont de la valeur, quand ils précisent par exemple le niveau de vie ou les centres d’intérêt des habitants. Aujourd’hui, dans les entre-prises il existe des services qui fournissent une protection importante. Au sein des ministères, avec l’ANSI notamment, les services de l’État ont pris les choses en main. Les collectivités, elles, ne sont pas armées et, faute de moyens, sont victimes sans même le savoir.Rappelons-nous l’affaire du film sur la Corée du Nord en rapport avec Sony. Il est dit qu’ils ont bloqué le film… Ce qui m’interpelle le plus, c’est qu’une grande ville de Corée du Nord ait été plongée dans le noir durant environ une douzaine d’heures. Cela veut dire que des gens ayant une certaine capacité technique ont carrément neutralisé une ville entière durant une journée.On parle de piratage, de vols, mais il est aussi des attaques qui peuvent tout paralyser. J ’aime prendre l’exemple du GPS. Il suffirait de déca-ler sa précision de quelques mètres pour que, en quelques minutes, Paris et sa banlieue se transforment en un gigantesque chaos. C’est aussi simple que cela. Des milliers de conducteurs voudront tourner là et ne le pourront pas. Quelques hackers sont capables de ce type de cyberattaque, tout comme certains États.

Le citoyen lambda est exposé à titre personnel, car il constate bien les attaques qu’il subit sur son propre ordi-nateur, chez lui. Qu’il s’agisse d’usurpation d’identité, de demande de paiement, les techniques sont connues.Nous évoluons au cœur d’un système formidable qui va per-mettre de gagner en efficacité, mais aussi de plus en plus risqué. D’un côté, c’est un énorme progrès qui va nous faire gagner du temps, de l’efficacité, de la précision, donc c’est formidable et on évite des erreurs. Bravo ! Mais de l’autre, la même amélioration peut nous amener à la catastrophe, car nous ne sommes pas prêts.Prenons l’exemple de l’automobile : les constructeurs ont aujourd’hui accès en moyenne à une cinquantaine d’infor-mations (usure des pneus, état du moteur…) via les objets connectés. L’étape suivante, dans la voiture, risque d’être : “Vous conduisez trop vite” ; “Pour réduire votre consom-mation d’essence, il faut baisser votre vitesse…” ; “Pourquoi avez-vous fait cela ? Vous ne devriez pas...”. Bref, un passage

au conducteur complètement conditionné avant de basculer vers le sans pilote. Cela pose de vrais problèmes, parce que d’autres acteurs – votre assureur par exemple – vont avoir accès à l’ information. Les compagnies vont pouvoir augmenter

votre police selon que vous condui-sez plus ou moins bien. Où est la liberté là-dedans ?Le fond du problème, c’est que nous sommes en train de vivre volontai-rement une aliénation de plus en plus importante de nos libertés. Les politiques commencent à en prendre conscience et à se poser les bonnes questions. Le sujet n’est pas de dire “c’est bien” ou “c’est mal”. La question c’est de se dire : “On est pris dans une lame de fond, on ne peut pas s’y opposer, alors essayons de voir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Battons-nous pour empêcher l’inacceptable.” C’est le rôle du poli-tique et s’il ne comprend pas cette évolution, il va être dépassé.

Le web et les réseaux sociaux sont devenus un espace public d’échanges. Les gens se surex-posent de plus en plus. Or rien ne leur garantit que les informations qu’ils livrent aujourd’hui ne ressor-tiront pas opportunément dans dix ans. On nous rétorque le “droit à l’ou-

bli”. Mais c’est de la foutaise, le droit à l’oubli ! En supposant qu’on parvienne à instaurer le droit à l’oubli en France, il ne s’appliquera pas hors de nos frontières. Et le web ne connaît pas de frontières. Il suffira de stocker tous les échanges dans un autre pays pour qu’il n’y ait pas de réel droit à l’oubli.Le droit à l’oubli, c’est un leurre, un écran de fumée. En réalité, les organisations criminelles stockent déjà des informations dont elles pourront se servir pour faire pression, exercer un chantage, etc. Certains pays stockent les informations qui leur permettent de surveiller ce que vous faites, et il n’existe pas de droit à l’oubli chez eux. Quand les internautes se mettent à nu sur Facebook, ils ne se rendent pas compte que c’est pour la vie entière ou qu’ils facilitent la vie des criminels. Récem-ment, des cambriolages ont pu être réussis par des voyous qui, circulant sur les réseaux sociaux, ont été informés du bon moment pour commettre leur acte et des objets intéressants à voler. Il est temps de sensibiliser les citoyens par un vrai apprentissage pour leur faire comprendre qu’il y a un certain nombre de choses qu’on ne peut ou ne doit pas faire quand on utilise ces nouveaux outils.

La fracture numérique,

enjeu mondial… Il y a quelques années,

le président Chirac parlait de la “fracture sociale”. Ça n’avait pourtant rien

à voir avec ce que va être la “fracture numérique”.

Ce sera un problème essentiel dans les cinquante prochaines années au niveau

des pays, des villes, des individus. Fracture entre

ceux qui ont accès à la connaissance et ceux

qui ne l’ont pas.

C’est Dr Jekyll

et Mr Hyde !La mutation que

nous sommes en train de vivre a des avantages

considérables, mais aussi un inconvénient majeur :

nous sommes en train de vivre volontairement une aliénation de plus

en plus importante de nos libertés. Serons-nous capables de dire “stop”, de discerner

ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas ?

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Daniel Kaplan

Le prospectiviste

DANIEL KAPLAN est cofondateur et délégué général de la Fondation pour l’Internet nouvelle génération (FING), il est aussi membre du Conseil national du numérique.

En 1986, il a fondé JKLM, l’une des premières agences de communication numérique au monde. Il a également écrit ou dirigé plus de 25 ouvrages et rapports sur le thème de l’Internet.

Q u’est-ce que le numérique transforme ? On pourrait être tenté de répondre “Demandons-nous d’abord ce qu’il ne transforme pas, ça ira plus vite !” Mais on ne s’en tirera pas à si bon compte. Parce que le constat change du tout au tout selon l’échelle à laquelle on se situe, ou l’acteur que l’on considère.

Regards

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de notre système productif au sens large : réduire les intrants à production constante ; réduire les déchets ; réduire la demande (en contrôlant en particu-lier les “effets rebond”, l’augmentation de consommation que génèrent très souvent les gains de productivité).Cette perspective dessine un agenda quelque peu différent du développe-ment du numérique, en particulier dans les territoires.

La transformation écologique de notre économie passera d’abord par la mesure : mesure des pollu-tions, d’autant plus précise et mobi-lisatrice que les citoyens pourront y participer, par exemple à l’aide de leurs objets connectés ; traçabilité des intrants, des matières, des déchets, des objets tout au long de leur cycle, le tout d’une manière aussi partagée que possible pour obtenir la connec-tivité sans laquelle les différentes facettes de “l’économie circulaire” se montrent moins efficaces ; et mesure de la valeur, qui doit se déprendre de la seule valeur marchande, internali-ser les fameuses “externalités” sociales et environnementales, s’intéresser aux “communs” et à leur gestion.

À l’aise avec les chiffres, le numé-rique l’est aussi pour mettre en relation, coordonner, agréger des individus, des groupes, des informa-tions et des données, des actions et des projets. Si la démocratie participative, numérique ou non, déçoit souvent (pas toujours), le potentiel d’une démocra-tie “contributive” paraît immense : les citoyens n’y concourent pas seulement à former une décision commune, mais directement à concevoir un dispositif, à gérer une ressource commune, à produire un “service” d’intérêt col-lectif. La multiplication des espaces partagés dans les territoires (du coworking aux maisons de services), les nouveaux réseaux d’aidants, les pratiques collaboratives de déplacement (covoitu-rage) mais aussi de partage d’équipements, d’échange de ser-vices… en sont de parfaits exemples. Le numérique les aide à émerger, à fonctionner dans la durée avec des individus mobi-

lisés de manière intermittente. Il joue également un rôle majeur pour interconnecter les réseaux, horizon-talement (réseaux de covoiturage, par exemple) ou verticalement (le covoiturage local avec les grandes infrastructures urbaines, parkings et transports publics). Autre exemple fameux (quoiqu’il soit encore un peu théorique), “l’Internet de l’énergie” de Jeremy Rifkin, qui retourne le fonctionnement des infrastructures électriques. À grande échelle, “l’éco-nomie contributive” sera numérique ou ne sera pas.

D’autres pistes pourront égale-ment être explorées. Après avoir trop cru aux effets écologiques de la “dématérialisation”, avons-nous trop facilement abandonné cette piste ? Jusqu’où pourrait-on aller dans la substitution de services aux produits, d’actions locales à des déplacements, dans le partage d’infrastructures qui pourraient inclure jusqu’à nos pièces de récep-tion ou chambres d’amis ? Comment faudra-t-il alors reconcevoir des objets, espaces, véhicules ou équi-pements prévus dès l’origine pour être partagés ?Les territoires sont au cœur de ces reconfigurations. À l’inverse de l’image parfois justifiée que l’on a du numérique, celles-ci visent à créer plus de liens entre les gens et non moins, plus de diversité et non d’homogénéité sous l’égide de grandes enseignes mondiales. Et aussi plus de résilience face aux

difficultés qui s’annoncent : or la connectivité, la diversité et la confiance (en soi et en l’autre) sont les clés de la résilience. En reconnectant les transitions numérique et écologique, nous ne faisons pas que dessiner un chemin possible pour la trans-formation écologique : nous redonnons également un sens à la révolution numérique.

… et le numérique ne change rien

aux embouteillages en périphérie des villes,

au rythme du réchauffement climatique, à l’expérience

vécue par 90 % des élèves dans leurs classes,

à la culture de nos élites, à la concentration des richesses, à la concentration des grands médias, au mal-être urbain,

au mal-être paysan, etc. Notre monde très numérique n’est

à l’évidence ni plus sûr, ni plus juste, ni plus vert que le monde

“prénumérique”.

Dans l’édition 2013 de “Ques-tions numériques”, le cycle de prospective de la FING dont l’angle était celui des promesses, nous constations cette “disjonction entre, d’un côté, le développement rapide et massif d’outils, de services et de pra-tiques numériques et, de l’autre, des effets systémiques faibles, voire nuls, voire carrément paradoxaux. Le numé-rique a libéré notre temps de multiples contraintes ; or nous nous sentons tou-jours plus pris par le temps. La dématé-rialisation a considérablement progressé dans nos vies quotidiennes comme dans les organisations, sans vraiment simpli-fier nos vies ni la gestion des entreprises, sans réduire non plus la consommation de papier. (…) En ligne, nous devenons tous auteurs, innovateurs, producteurs, nous savons y produire de l’intelligence collective a des échelles sans précé-dent ; pourtant nous nous montrons toujours aussi incapables de répondre aux grands défis collectifs, toujours plus inquiets face a l’avenir…”

À elle seule, la technologie, même superbe, même massivement appropriée, ne suffit pas à résoudre des problèmes dont les racines puisent loin dans l’histoire ainsi que dans l’organisation politique et économique de nos sociétés – orga-nisation dont découlent d’ailleurs nos technologies. Si nous visons un changement systémique, alors il faut décrire ce changement et y appliquer une volonté forte, tenace, largement partagée, tout en accep-tant la confrontation.Nous devons décrire une transition, c’est-à-dire, pour un système complexe (une planète, une ville, un secteur écono-mique…), le passage d’un état de départ devenu instable à un état futur soutenable, raisonnablement stable et adapté aux conditions du moment.Cela est d’autant plus crucial que nous voyons s’approcher la nécessité d’une transition écologique et que, plus nous atten-dons, plus l’espace de nos choix se restreint. Nous devons concilier deux ensembles de contraintes à la fois fortes et

contradictoires : rester ou revenir en deçà des neuf “barrières planétaires” au-delà desquelles le comportement de notre écosystème planétaire devient imprévisible et vraisembla-blement dangereux, tout en attei-gnant ou dépassant les “objectifs du millénaire” de l’ONU, à commencer par le premier : “éliminer l’extrême pauvreté et la faim”. Aucune de ces deux séries d’objec-tifs n’est optionnelle et chacune conditionne l’autre. Ça tombe bien, avons-nous longtemps voulu croire : en dématérialisant tout ce qui peut l’être, en déplaçant des informations plutôt que des atomes, en ratio-nalisant nos grands systèmes, le numérique obtiendra l’un et l’autre et produira une économie naturel-lement prospère et “verte” à la fois, parce qu’immatérielle.Nous savons aujourd’hui que ça ne fonctionne pas ou, du moins, pas tout seul, sans intention. Et pourtant, il demeure quelque chose de fort dans cette idée. En effet, la transi-tion écologique est notre horizon, notre objectif, mais trente ans de déceptions nous obligent à admettre qu’elle sait mieux décrire son but que son chemin. À l’inverse, la tran-sition numérique est notre quotidien, notre levier, mais c’est une force sans objectif qui transforme tout ce qu’elle touche, sans trop savoir en quoi.

L’une a le but, l’autre le chemin : chacune des deux transitions a besoin de l’autre ! Et pourtant leurs acteurs communiquent trop peu et

trop mal. Il est aujourd’hui temps de mettre explicitement la force des transformations numériques au service de la transi-tion écologique. C’est la tâche à laquelle s’attelle le programme Transitions2, qui regroupe un nombre croissant d’associations, de réseaux, de territoires(1), etc.Un modèle (exagérément) simple illustre le lien entre ce que nous pouvons appeler “les sept leviers numériques des transitions” (optimal, smart, soft, open, agile, disruptif, distri-bué)(2) et les trois grands leviers d’une transition écologique

Le numérique change tout… nos journées de travail,

nos mobilités, nos pratiques médiatiques et culturelles,

nos relations sociales ; l’organisation de nos

entreprises, les marchés et les chaînes de valeur, les cycles économiques

et d’innovation ; des secteurs entiers tels

que les “industries culturelles”, les médias, le voyage

et le tourisme, la finance ; les rythmes sociaux,

les formes de décision, les barrières entre privé

et public, entre consommateur et professionnel, etc.

(1) transitions2.net(2) Questions Numériques, édition 2015 : fing.org/?-Questions-Numeriques-

Une approche socioéconomique

de la transition écologique

Source : Oxfam/Kate Raworth

Couche environnementale

Changement

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Pollution aux aérosols

atmosphériquesPollution

chimique

Acidif cationdes océans

Cycle d’azote

et de phosphore

Utilisation

de l’eau douce

climatique

AlimentationEau

Énergie Emploi

Expression

Résilience

Revenus

ÉducationSanté

Égalité des sexes

Égalité sociale

Plafonds environnementaux

Fondations sociales

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20 Paroles d’élus Paroles d’élus 21

ux côtés des élus et des citoyens, notre Groupe s’investit, en partenariat avec les acteurs du secteur, pour un espace public plus simple, plus convivial et plus agréable à vivre.

Stéphane Richard préside depuis 2011 le groupe Orange, l’un des principaux opérateurs mondiaux de télécommunications (157 000 salariés). Présent dans 28 pays,

Orange sert 263 millions de clients dans le monde.

Stéphane Richard

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Le chef d’entreprise

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Parce qu’elle a changé nos com-portements, désorganisé les hié-rarchies, enrichi nos imaginaires, la révolution numérique bouleverse notre rapport et notre ouverture au monde. Bien sûr, elle a aussi fait naître de nouvelles attentes, comme un besoin prégnant de connectivité dans les différents domaines de la vie quotidienne.Cette révolution transforme aussi les territoires en gommant les distances, en soutenant leur développement économique ou encore en favorisant de nouvelles solidarités citoyennes. Comme nous la vivons chacun à notre manière, nous atten-dons que les offres et services soient aussi flexibles et adaptés à nos besoins que possible. L’enjeu n’est alors plus seulement de proposer un réseau performant, mais bien d’offrir des ser-vices prenant en compte la réalité de la vie numérique de chacun. Le numérique est appelé à jouer un rôle essentiel pour les collectivités locales et leurs administrés. Nous y développons des solutions susceptibles d’apporter une réelle contribution à l’amélioration des services publics : valorisation du patri-moine culturel et géographique d’une commune ou d’un site remarquable, optimisation de la gestion des ressources de la collectivité, amélioration du service rendu et de l’information aux administrés, etc. Les exemples ne manquent pas et Paroles d’élus en a été, depuis dix ans, le témoin et le promoteur engagé.

Notre mission est forte, claire et assumée : le rôle d’Orange est d’être “toujours là” pour connecter chacun à ce qui lui est essentiel. C’est la pre-mière attente de nos clients comme celle des collectivités. Cela passe d’abord par un accès à des infrastructures de premier plan. Nous sommes déjà leader dans le déploiement du Fiber to the Home (FttH). Nous comptons poursuivre cette démarche volontariste. C’est pourquoi nous investirons en France plus de 3 milliards d’euros dans le déploiement du FttH entre 2015 et

2018. Ces investissements sont créateurs de valeur et d’em-plois pour les années à venir. En France, la multiplication par trois de nos investissements dans la fibre d’ici à 2020 doit nous permettre d’atteindre 12 millions de logements raccor-dables en 2018 et 20 millions en 2022.

Orange déploie aussi d’autres solutions technologiques pour apporter le très haut débit à l’ensemble du territoire, avec la montée en débit du réseau cuivre (fibre jusqu’au vil-lage, le satellite ou encore la 4G). Nous modernisons notre réseau afin d’assurer la montée en débit pour nos clients DSL , en complément du programme de déploiement du FttH. Cela est possible grâce à une modernisation du réseau cuivre pour les territoires qui ne pourront pas bénéficier du FttH à court ou moyen terme. Nous continuerons dans les années

à venir à ouvrir plusieurs milliers de nouveaux NRA à cette technologie, permettant ainsi, en complémentarité de la fibre optique, un maillage effi-cace du territoire pour offrir au plus grand nombre de foyers français un accès au très haut débit.Nous sommes également très pré-sents dans les territoires ruraux où nous ne négligeons pas le réseau cuivre ! L’investissement par ligne fixe y est deux fois plus important qu’en zone urbaine. Le réseau cuivre d’Orange représente 1 million de kilomètres d’artères, 15 millions de poteaux, 16 000 nœuds de raccordement, répartis sur l’ensemble du territoire français, dont 60 % en zone rurale. Orange investit 500 millions d’euros chaque année pour entretenir le réseau cuivre. Depuis 2003, nous avons procédé à l’équipement de plus de 10 000 NRA en VDSL2, permettant d’augmenter très signifi-cativement les débits de près de 30 % des lignes.

En parallèle, nos investissements dans le réseau mobile nous permettent d’accompagner l’ensemble de nos clients dans leur vie quotidienne, y compris pendant les trajets et dans les transports, mais aussi à l’intérieur des bâtiments. Dans les grandes agglomérations, nous lançons ainsi le projet “Ma ville sans coupure”, visant à la disparition des coupures d’appels. Afin d’augmenter encore la couverture mobile sur l’ensemble

du territoire national, Orange a été le moteur dans la conception du plan de couverture des zones blanches mobile, en partenariat avec le Gou-vernement et les collectivités.

En plus de cette connectivité enrichie que nous offrons à nos clients, Orange démocratise les nou-velles technologies auprès du plus grand nombre. Comme avec le “Big Data”, pour lequel nous développons déjà des plateformes sécurisées qui utilisent ces données ouvertes pour proposer de nombreux services inno-

vants (comme Flux Vision utilisé par des collectivités pour modéliser les flux de visiteurs et adapter leurs capacités d’accueil de ces visiteurs et touristes).Orange a l’ambition de faire vivre à chacun une expérience incomparable au quotidien en concevant les services numé-riques qui lui permettent de profiter, en toute confiance, de ce qui lui est essentiel. Aux côtés des élus et des citoyens, notre Groupe s’investit, en partenariat avec les acteurs du secteur, pour un espace public plus simple, plus convivial et plus agréable à vivre. Nous avons la volonté d’être leur partenaire de confiance sur le numérique et ainsi leur permettre d’anticiper les attentes de nos concitoyens et y apporter une réponse simple et personnalisée.

Notre mission est forte, claire

et assumée : le rôle d’Orange est d’être “toujours là”

pour connecter chacun à ce qui lui est essentiel. C’est la première attente

de nos clients comme celle des collectivités.

Cette révolution transforme

les territoires en gommant les distances,

en soutenant leur développement

économique ou encore en favorisant

de nouvelles solidarités citoyennes.

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Retrouvez l’intégralité de l’entretien en vidéo sur Culture Mobile : culturemobile.net

Le numérique suscite de vrais échanges entre générations. La question numérique a été la source de quelque chose d’ex-traordinaire, que l’on n’avait jamais connu auparavant à ce niveau-là : la réciprocité de l’enseignement. Auparavant, l’an-cien détenait la connaissance : au meilleur des cas, par exemple en tant que compagnon du devoir, il transmettait son savoir aux plus jeunes, et l’échange s’arrêtait là. Mais aujourd’hui (…), on commence à comprendre tous les bénéfices de la réci-procité des savoirs. Au sein des entreprises, les plus âgés ont conscience de tout ce que les plus jeunes peuvent leur apporter en termes d’usages des technologies numériques, de l’Internet, de la data mobile ou des réseaux sociaux. Accepter cette réalité, et permettre aux jeunes de transmettre ce savoir opérationnel à leurs aînés, apporte beaucoup. Ces jeunes se sentent valorisés. Ils gagnent en légitimité au sein de l’orga-nisation. Et, du même coup, ils acceptent d’autant mieux et sont d’autant plus demandeurs d’un accompagnement des plus anciens. Ils admettent plus facilement leurs manques en termes de compétences, et ils les acquièrent également plus aisément. Bien plus forte qu’il y a quarante ou même vingt ans, cette réciprocité des enseignements installe de la fluidité dans les relations. Chacun ayant gagné en légitimité aux yeux de ses pairs, elle permet à tous de mieux respecter l’autre, qu’ils soient d’un âge ou même d’une culture, d’un milieu social dif-férents. PAR SERGE GUÉRIN Sociologue

GÉNÉRATIONS

Serge Guérin (53 ans) est un sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement. Titulaire d’un doctorat et d’une habilitation à diriger des recherches en communication, il est professeur à l’Inseec Paris, où il dirige la chaire “Entrepreneurship & Social Business” et enseigne dans le cadre du master Politiques gérontologiques de Sciences Po. Personnalité éclectique, il s’attelle avant tout à améliorer l’image des personnes âgées dans la société. Il cherche en outre à revaloriser les métiers de l’accompagnement et du lien social, notamment auprès des seniors. Il s’intéresse également à l’éducation aux médias et réfléchit à des techniques d’initiation des jeunes aux journaux papier. Spécialiste des nouvelles techniques de marketing, il étudie le comportement des consommateurs. Serge Guérin a notamment publié Silver Génération - 10 idées reçues a combattre a propos des seniors (Michalon, 2015) et a participé à l’écriture de Regards sur un XXIe siècle en mouvement (Ellipses Marketing, 2012).

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La réalité de l’automatisation, donc du numérique, c’est la des-truction de l’emploi. Cela se présente comme une très mau-vaise nouvelle, mais vu sous un autre angle, c’est au contraire une très bonne nouvelle – car la fin de l’emploi, c’est le début du travail. Le numérique entre littéralement partout, des cages thoraciques, via des organes artificiels, aux supermarchés ou aux pièces détachées dans les usines, avec des puces RFID pour que les robots les trouvent plus facilement et produisent encore plus vite, encore mieux, sans avoir besoin de personne. Le numérique envahit tout, car il a une vertu, si j’ose dire, qui peut se transformer en gros défaut si l’on n’en comprend pas le sens : le numérique a une capacité extraordinaire de restitution, de connexion, et donc d’intégration de tous les automatismes. Je parle là des automatismes industriels, tech-nologiques, mais aussi comportementaux, biologiques, psy-chologiques et sociologiques. (…) Or l’emploi, à l’instar du taylorisme et du travail à la chaîne, a ceci de spécifique qu’il ne suppose la reproduction par les femmes et les hommes que d’automatismes sans la moindre “désautomatisation”. C’est en ce sens qu’il s’avère être le contraire du travail. Savoir faire un travail, c’est essentiellement avoir acquis des automatismes que l’on a tellement intériorisés, dont on est maître au point de pouvoir les “désautomatiser”. PAR BERNARD STIEGLER Philosophe

EMPLOI

Retrouvez l’intégralité de l’entretien en vidéo sur Culture Mobile : culturemobile.net

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Bernard Stiegler, docteur de l’École des hautes études en sciences sociales, est président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Georges-Pompidou, professeur à l’université de Londres (Goldsmiths College), professeur associé à l’université de technologie de Compiègne, et enseigne à l’École polytechnique de Zurich. Il a été directeur de programme au Collège international de philosophie, directeur général adjoint de l’Institut national de l’audiovisuel en 1996, directeur de l’Ircam en 2001 et directeur du département du Développement culturel du Centre Georges-Pompidou en 2006. Ses dernières publications : La Société automatique. 1. L’Avenir du travail (Fayard, 2015) et L’Emploi est mort, vive le travail ! avec Ariel Kyrou (Fayard/Mille et Une Nuits, 2015).

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Dès le réveilPIBE-commerce

4G

Les Français ont dépensé57 milliards d’eurossur Internet en 2014

Équipement

Réseaux sociaux Génération Y

Source : Fevad – Observatoire du numérique

Les foyers françaissont équipés de 6,4 écransen moyenne

Source : Médiamétrie / lecollectif.orange.fr (janvier 2015)

4 Français sur 10 consultent leur mobile dans la demi-heure qui suit leur réveil

Source : étude sur les usages mobiles 2014 – Deloitte

1 Français sur 2a une page Facebook

1 milliard de personnesconnectés à Facebooken une seule journée :le 27 août 2015 50 %

nos façonsde nous déplacer

Source : données Facebook (01/09/2015) et Twitter (septembre 2015)

5,5 %, c’est le poids quereprésente le numériquedans le produit intérieurbrut de la France

Sources : étude McKinsey (septembre 2014) + “9 chiffres qui vont vous étonner sur la France et le #numérique” sur gouvernement.fr

Source : Orange

Source : Orange au 30/06/15 Source : Orange au 30/06/15

Source : Orange

Parmi les étudiants, 61 %pensent que le numériqueva bouleverser nos manières de travailler

44,3 % des logements, entreprises et services publics sur le territoire français sont couverts en très haut débit au 30 juin 2015 (objectif 100 % en 2022, plan France Très Haut Débit)Source : France Très Haut Débit au 30/06/15, en croissance de 10 points depuis décembre 2013

4,6 millions de logements déjà raccordables au 22 octobre 2015 (objectif : 20 millions en 2022)Orange investira, entre 2015 et 2018,

3 milliards d’euros pour le déploiement de la fibre optique sur le territoire national

La 4G est présente dans plus de 200 stations balnéaires et 55 stations de ski

Numéro 1 pour la qualité de ses services mobiles*. En France, Orange couvre 99 % de la population en 3G et 76,5 % en 4G. La 4G+ est disponible dans 17 grandes villes. * Pour la 5e année de suite : enquête Arcep sur la qualité des réseaux mobiles du 30/07/2015

48 % nos modesde consommation

Source : enquête “Ville & Numérique” réalisée en ligne auprès de 1000 étudiants français par la chaire Immobilier et Développement durable de l’Essec. 10/09/2015

L’âge moyendu Twitto est de 22 ans

33 %habitenten régionparisienne

2,3 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur Twitter en France

Très haut débit

Dès le réveilPIBE-commerce

4G

Les Français ont dépensé57 milliards d’eurossur Internet en 2014

Équipement

Réseaux sociaux Génération Y

Source : Fevad – Observatoire du numérique

Les foyers françaissont équipés de 6,4 écransen moyenne

Source : Médiamétrie / lecollectif.orange.fr (janvier 2015)

4 Français sur 10 consultent leur mobile dans la demi-heure qui suit leur réveil

Source : étude sur les usages mobiles 2014 – Deloitte

1 Français sur 2a une page Facebook

1 milliard de personnesconnectés à Facebooken une seule journée :le 27 août 2015 50 %

nos façonsde nous déplacer

Source : données Facebook (01/09/2015) et Twitter (septembre 2015)

5,5 %, c’est le poids quereprésente le numériquedans le produit intérieurbrut de la France

Sources : étude McKinsey (septembre 2014) + “9 chiffres qui vont vous étonner sur la France et le #numérique” sur gouvernement.fr

Source : Orange

Source : Orange au 30/06/15 Source : Orange au 30/06/15

Source : Orange

Parmi les étudiants, 61 %pensent que le numériqueva bouleverser nos manières de travailler

44,3 % des logements, entreprises et services publics sur le territoire français sont couverts en très haut débit au 30 juin 2015 (objectif 100 % en 2022, plan France Très Haut Débit)Source : France Très Haut Débit au 30/06/15, en croissance de 10 points depuis décembre 2013

4,6 millions de logements déjà raccordables au 22 octobre 2015 (objectif : 20 millions en 2022)Orange investira, entre 2015 et 2018,

3 milliards d’euros pour le déploiement de la fibre optique sur le territoire national

La 4G est présente dans plus de 200 stations balnéaires et 55 stations de ski

Numéro 1 pour la qualité de ses services mobiles*. En France, Orange couvre 99 % de la population en 3G et 76,5 % en 4G. La 4G+ est disponible dans 17 grandes villes. * Pour la 5e année de suite : enquête Arcep sur la qualité des réseaux mobiles du 30/07/2015

48 % nos modesde consommation

Source : enquête “Ville & Numérique” réalisée en ligne auprès de 1000 étudiants français par la chaire Immobilier et Développement durable de l’Essec. 10/09/2015

L’âge moyendu Twitto est de 22 ans

33 %habitenten régionparisienne

2,3 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur Twitter en France

Très haut débit

La France numérique2015

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Les emplois directs du numérique constituent 3,3 % du total de l’emploi salarié en France, ce qui en fait un secteur une fois et demie plus pourvoyeur d’emplois que l’agroalimentaire, par exemple. Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation numérique des entreprises”

Le poids du numérique à l’échelle macroéconomique est substantiel : calculé par une approche “demande”, la valeur ajoutée générée par le numérique représente 5,5 % du PIB français, soit davantage que le secteur des services financiers (4,8 % du PIB), et en phase de rattrapage avec celui de la construction (6,3 % du PIB). Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation numérique des entreprises”

On assiste à une nouvelle lame de fond : l’émergence des objets connectés, qui sont sur le point d’investir massivement nos vies dans de plus en plus de domaines. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, celle de “l’Internet des objets”, notamment dans les domaine de la santé et du bien-être, ou encore dans celui de la maison connectée.

On estime qu’il y aura 50 milliards d’objets connectés dans le monde en 2020. Lire l’intervention de Luc Bretones en page 81

Dans le cadre de l’instruction des 74 dossiers de demande de subvention des collectivités territoriales, l’État a attribué un engagement financier à 43 dossiers. 1,49 milliard d’euros d’engagement financier de l’État en 2014.Source : plan France Très Haut Débit

Les internautes français ont déjà largement adopté les nouveaux usages numériques. Près de 60 % des consommateurs français réalisent des achats en ligne et environ 60 % des citoyens sont usagers de l’administration en ligne. Ainsi, parmi les 28 États de l’Union européenne, la France se classe au 5e rang pour l’usage des smartphones et tablettes.

Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation numérique des entreprises”

Pour la seule année 2015, plus de 25 millions de smartphones et tablettes ont été vendus en France : un record de ventes absolu pour le mobile.Source : baromètre trimestriel de la Mobile Marketing Association France

Le numérique rend poreuses les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Un tiers des actifs possédant un ordinateur utilise les technologies numériques pour travailler à leur domicile. Source : étude Credoc/Arcep 2014

291 240Les commerçants sont de plus en plus équipés en terminaux de paiement sans contact.Source : Observatoire du NFC et du sans contact

La France numérique2015

L’hyperconnexion des jeunes s’intensifie. Les adolescents passent en moyenne 13 h 30 par semaine sur Internet en 2015, contre 12 h 20 en 2012. Source : étude Ipsos “Junior Connect”

Près de la moitié des entreprises interrogées estiment que le déploiement du numérique dans l’entreprise a un impact positif sur leur chiffre d’affaires. Les entreprises les plus matures sur le numérique ont une croissance du CA six fois plus élevée que celle des entreprises les moins matures.

Source : étude Roland Berger Strategy Consultants, en collaboration avec cap.Digital (septembre 2014). “Du rattrapage à la transformation l’aventure numérique, une chance pour la France”

En 2014, l’équipement des Français en smartphones dépasse pour la première fois celui en téléphones mobiles standards. De nouveaux matériels apparaissent, mais leur utilisation reste confidentielle : montre intelligente (2 %), traqueur fitness (2 %), lunettes intelligentes (1 %).Source : étude sur les Usages mobiles 2014 – Deloitte

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À l’échelle d’un bassin de vie, l’accès au numérique est stratégique, tant pour les habitants que pour les entreprises. Une plus grande combinaison doit être recherchée entre les investissements privés et l’action publique pour la couverture en très haut débit. Les efforts doivent se conjuguer…

Charles-Éric LemaignenPrésident de la Communauté

d’agglomération Orléans-Val de Loire Conseiller régional de la Région Centre-Val de Loire

Président de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF)

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uniforme sur l’ensemble de la France, tant les investissements requis sont lourds. Dans un contexte où l’investissement numérique des collectivités sera entamé par les baisses de dotation de l’État en cours et programmées sur les trois prochaines années, il nous faudra veiller à ce que cela n’accentue pas une fracture territoriale. L’enjeu de l’accès est de taille car, comme je l’évoquais, le développement économique est une compétence importante des intercommunalités. Des infrastructures de qualité sont indispensables pour accueillir ou pour conserver des entreprises dans une communauté. Des entreprises, ce sont aussi des emplois et, à l’échelle d’un bassin de vie, l’accès au numérique est stratégique, tant pour les habitants que pour les entreprises et, dans certains cas, les touristes. Une plus grande combinaison doit être recherchée entre les investissements privés et l’action publique pour couvrir les territoires en très haut débit. Les efforts doivent se conjuguer. À cette fin, les stratégies des uns et des autres doivent être lisibles et la progression des équipements doit être transparente.

Le partage et la mise en commun sont-ils affaire d’association ? Depuis une dizaine d’années, l’AdCF participe à la dynamique de partage des pratiques numériques des territoires. Les efforts sur les infrastructures doivent en effet s’accompagner d’une pédagogie des usages. Le passage au numérique d’un service d’une collectivité peut modifier le pilotage d’un équipement, la relation aux usagers, à des administrations tierces, etc. Il implique un management spécifique pour intégrer tous ces changements. La dématérialisation des relations entre une collectivité et son comptable public par exemple “n’est pas qu’affaire de tuyaux”. De nouvelles procédures doivent se mettre en place, induisant d’adapter les pratiques des agents. Ces évolutions impliquent des “porter à connaissance” ainsi que de l’acquisition de savoir-faire et de savoir-être.

En 2015, les intercommunalités sont-elles smart ? Au cours de ces quinze dernières années, le numérique s’est formidablement diffusé au sein des intercommunalités pour servir un meilleur accès à l’information publique, la dématérialisation des procédures, le développement de projets innovants dans de nombreux domaines au service de la collectivité et donc des administrés. Être smart, que l’on gère une commune ou une intercommunalité, c’est avant tout utiliser les technologies numériques pour enrichir les politiques publiques. Parmi les pratiques avancées en la matière, nul besoin d’être une “grande” commune ou intercommunalité. La Communauté de communes de Parthenay-Gâtine (Deux-Sèvres) ou la Communauté d’agglomération du Grand Cahors (Lot) ont toutes deux développé des outils dits de smart city. Elles ont œuvré, avec pour ambition la simplification administrative et l’amélioration des services de la vie quotidienne. Les habitants de ces communautés disposent ainsi d’une carte “Grand Pass” pour le Grand Cahors ou d’une “carte de vie quotidienne” pour Parthenay Gâtine, leur simplifiant l’accès aux transports, aux bibliothèques, aux piscines, aux déchetteries, etc. Dans ma communauté, Orléans-Val de Loire, nous avons mis en place il y a cinq ans la carte sans contact “Moda Pass” pour faciliter l’utilisation de “TAO”, le réseau de transports collectifs de l’agglomération. La mise en place de ce système sans contact renforce l’accessibilité au réseau et offre une utilisation facilitée aux personnes en situation de handicap visuel (un bip confirme la validation) et contribue à l’adaptation des différents handicaps visuels et cognitifs (même couleur de valideur au sein des bus et tram, par exemple). Être smart, c’est avant tout penser la technologie au service de ses concitoyens.

Pensez-vous que le numérique profite à tous les territoires ? Il est certain que les territoires urbains disposent de réseaux numériques haut débit ou très haut débit et d’offres d’opérateurs plus étoffées que les territoires ruraux ou périurbains. Les territoires à forte densité de population et d’entreprises concentrent l’intérêt des opérateurs. Pour autant, les Communautés, quelle que soit leur taille, ont pour mission de développer économiquement leur territoire. Aussi, il est primordial de se mobiliser autour d’écosystèmes qui favorisent l’économie numérique. À l’image de la French Tech, qui mise sur la croissance et le rayonnement d’entreprises numériques innovantes françaises dans 13 métropoles, nous avons mis en place la “French Tech Loire Valley” à Orléans et Tours autour d’un vivier numérique de 3 400 entreprises dans sept domaines d’excellence – objets connectés, sur-mesure industriel, agriculture 3.0, écotechnologie, biomédicaments, e-tourisme, innovation sociale. Notre objectif est ainsi de devenir le territoire test d’innovations grandeur nature, d’offrir un accompagnement complet, de la recherche au prototype, de l’industrialisation au développement à l’international. Fin 2015, le Lab’O d’Orléans, incubateur de jeunes pousses de l’économie numérique, accueille ses premières entreprises.De nombreuses initiatives en France alimentent une même démarche. Accompagner l’innovation, favoriser la mise en place du numérique pour qu’il profite à tous, c’est le principe des fab’labs français. En plein essor, l’innovation n’est pas l’apanage des seuls territoires urbains : dans le Jura, par exemple, le premier fab’lab dit “rural” a ouvert ses portes en 2012. En juillet dernier, la Communauté du Grand Dole en a inauguré un. Rien qu’en Franche-Comté, ce sont pas moins de 12 laboratoires d’expérimentation numérique qui sont ouverts depuis septembre 2015. Cette démarche de partage des technologies et des ressources fait écho au déploiement de l’intercommunalité. Nous promouvons des logiques similaires de mutualisation des compétences et des moyens pour créer une dynamique collective autour de projets structurants pour l’avenir.

Que représente, pour vous, l’accès au numérique ? Le numérique est un enjeu majeur d’aménagement du territoire. Chacun d’entre nous ne veut pas être “déconnecté” voire “non connecté” chez lui ou lors de déplacements. Les espaces ruraux et périurbains, les plus fragiles sur ce plan, ne restent pas l’arme au pied. Les collectivités s’associent pour tenter de combler une couverture défaillante, faire jouer une forme de péréquation et favoriser une diffusion des usages. Il est peu probable que nous atteignons en 2020 une qualité de couverture numérique

La diffusion d’expériences pratiques et la mutualisation des savoirs permettent à tous d’avancer, c’est pourquoi nous y contribuons via l’association “Les Interconnectés”, dont nous sommes l’un des membres fondateurs. Cette association organise en région toute l’année des rencontres d’élus et d’acteurs publics et privés sur le numérique. Elle est également l’instigatrice d’un forum annuel qui réunit à Lyon des élus et des agents d’intercommunalités, des opérateurs de réseau, des SSII. Cette manifestation met en lumière des expériences et de nouveaux process, et prend du champ pour apprécier les impacts des évolutions numériques. À l’AdCF, nous favorisons aussi la connaissance des usages avec la diffusion depuis 2003 d’un baromètre annuel AdCF/Ocalia qui relève la progression des usages numériques dans les intercommunalités et, bien sûr, avec l’ouvrage Paroles d’élus depuis onze ans. Nos Communautés doivent aussi relever un défi de maîtrise et d’exploitation des data générées par l’ensemble des services qu’elles pilotent ou délèguent. Les stratégies à déployer, les ententes à établir avec les opérateurs supposent pour les territoires de présenter une stratégie coordonnée. L’action conjuguée des associations de collectivités et d’élus réunis rue Joubert, à Paris, (AdCF, AMGVF, ACUF, GART, FNAU, Ville et Banlieue) est un point d’appui pour la définition de cette stratégie et une entrée en négociation.

Charles-Éric Lemaignen

63 ans

2001 Président de

la Communauté d’agglomération

Orléans- Val de Loire

2004conseiller régional

du Centre- Val de Loire

2014président

de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF)

Être smart, c’est avant tout penser la technologie au service de ses concitoyens

LE LIEU “Totem” de la French

Tech Orléans- Val de Loire, le Lab’O

donne une seconde vie à la friche industrielle Famar. Cet incubateur

accueille ses premières jeunes pousses de

l’économie numérique. Au terme des travaux, start-up, associations et porteurs de projet

bénéficieront de 18 000 m2 pour faire

émerger leurs projets innovants.

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ÉCONOMIES La solution par le numérique ?

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38 Paroles d’élus

Quelles opportunités le numérique offre-t-il aux petites villes ?Les potentialités du numérique pour les petites villes sont d’abord à penser en termes de croissance. Nous vivons la quatrième révolution industrielle. Ensuite, il y a les usages et les applications qui peuvent servir la relation entre la collectivité et les usagers, que ce soient les habitants, les familles, les associations, les entreprises, etc. Là aussi, c’est une révolution des pratiques qui va bouleverser les habitudes des citoyens. Dans ma commune, à Marnaz, nous mettons en place un portail Famille qui se décline très simplement. Au lieu d’apporter ou de renouveler des documents dans le cadre de l’accueil de leurs enfants, les familles vont pouvoir effectuer toutes ces démarches en ligne. Cela n’empêche pas le contact humain, mais cela permet de soulager les services de tâches chronophages et donc de dégager du temps pour la relation humaine. Tout le temps gagné permet de s’occuper des familles qui en ont le plus besoin.

Quels sont les gains d’efficacité à en attendre ?Le numérique joue certainement sur l’efficacité. Il permet de faire plus vite, moins cher, mais surtout de faire mieux. L’enjeu qui est le nôtre est de faire adhérer la population à ce type de système. Notamment en voulant toujours dépasser la fracture numérique. Nous devons sans cesse proposer un accueil personnalisé. Et il faut que l’on développe progressivement une capacité de formation afin que les citoyens aient la possibilité d’entrer dans cette nouvelle ère. Sur un plan plus concret, le numérique améliore la gestion financière grâce à une comptabilité analytique plus fine. C’est très important pour la collectivité de disposer de ce type d’outils.

Le numérique peut-il faire vivre le slogan “Small is beautiful” ?Les villes de 4 000, 5 000 ou 10 000 habitants sont des collectivités à taille humaine qui, grâce à leur proximité de terrain, parviennent à mettre sur pied des

systèmes tout à fait opérationnels et qui ne coûtent pas tant que ça. D’une commune à l’autre, le benchmark est incroyable et efficace. Pour mettre en place le portail Famille, mes services ne vont pas chercher une solution à l’autre bout de la France. À trente kilomètres, la commune de Ville-la-Grand a fait la même chose il y a quatre ou cinq ans. Cette solidarité de commune à commune fonctionne extrêmement bien.

Quels conseils donneriez-vous à des élus d’une petite ville qui voudraient améliorer ses services grâce au numérique ?Il faut d’abord définir ses besoins très précisément. À partir de cet état des lieux, il ne faut jamais hésiter à aller constater ce que font les communes de même taille. Et ne pas hésiter non plus à avoir recours aux entreprises du secteur qui sont capables de proposer des solutions adaptées à chaque collectivité, à sa culture, à sa taille, à ses besoins. La collectivité définit le besoin et les entreprises apportent les solutions.

ifficile d’affirmer le contraire, les temps sont durs pour les collectivités locales. Une nouvelle donne s’im-pose à elles, en particulier les communes et, parmi ces dernières, celles de taille

modeste. Elles doivent tout d’abord faire face à une baisse

jamais vue des concours finan-ciers de l’État aux collectivités.

Quelques éléments d’appréciation de cette chute sans précédent dans les budgets locaux : elle se concentre sur la dotation globale de fonctionnement (DGF), qui passe de 40,1 mil-liards d’euros en 2014 à 36,6 milliards d’euros en 2015 – soit une baisse de 8,9 %. La DGF se verra encore amputée de 3,67 milliards d’euros en 2016 puis de 3,66 milliards d’euros en 2017. La potion n’a pas fini d’être amère. En volume annuel, cette législature se sera traduite par une baisse des dotations de fonctionnement de 12,7 milliards d’euros entre 2013 et 2017 (pour un niveau ini-tial de 51,8 milliards d’euros), soit une diminution de près de 25 % ! Au total, ce sont donc plus de 28 milliards d’euros qui auront été économisés par l’État sur les dotations aux collectivités locales en quatre ans. Les communes, premières bénéfi-ciaires de la DGF, sont les plus touchées. À côté de cette problématique financière cruciale, le positionnement même des communes subit des

évolutions. Sous l’influence de la triple réforme territoriale, leurs responsabilités se diluent dans une décentralisation désormais envisagée depuis la perspective tracée par le couple Région- Intercommunalité, qui s’est substitué au fil des quinze dernières années à celui formé historique-ment par la commune et le Département. Après la fusion des Régions, les groupements de com-munes sont aussi appelés à grandir en surface et en population. Parallèlement, les compétences essentielles de l’eau et de l’assainissement rejoin-dront à terme le giron des intercommunalités. Un mouvement qui ignore l’impératif besoin de proximité des citoyens. Pour l’illustrer, les Villes doivent s’emparer des opportunités laissées par le numérique. En délivrant efficacement leurs ser-vices à leurs populations, elles démontrent leur utilité. Sans compter que cette efficacité s’accom-pagne de réduction de coûts. De quoi, là aussi, satisfaire le citoyen. Et relever le défi posé par la baisse des dotations.

DÉMATÉRIALISATIONTrois vastes chantiers déjà mis en œuvre dans nombre de communes produisent des services publics mieux rendus, à moindre coût.La dématérialisation des actes de l’administration, engagée maintenant depuis une dizaine d’années, a été le premier pilier de l’utilisation du numé-rique dans le secteur public à des fins d’efficience. Parapheurs électroniques qui accélèrent la mise

Loïc Hervé, maire de Marnaz, sénateur de la Haute-Savoie, président du groupe d’études Société numérique, Nouveaux Usages, Nouveaux Médias au Sénat, président de la Communauté de communes Cluses-Arve et Montagnes

Les villes gagnent en efficacité grâce au numérique

“FAIRE MIEUX, PLUS VITE ET MOINS CHER”Rigueur budgétaire et bouleversements institutionnels :

les défis ne sont pas minces pour les petites villes. Pour y répondre, les solutions apportées par le numérique se caractérisent par leur inventivité et leur efficacité au service des citoyens.

Dossier réalisé en partenariat avec l’APVF - Illustrations : Aurélie Guillerey

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Retrouvez l’intégralité du dossier sur parolesdelus.com

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en œuvre de la décision publique, commande publique dématérialisée, comme l’est l’émission des bulletins de salaire des agents : autant de pratiques moins gourmandes en temps passés et en coûts de fonctionnement, soit de véritables économies budgétaires. Exemple avec la gestion et la transmission dématérialisées, qui réduisent les délais de paiement et de traitement adminis-tratif en sécurisant et fiabilisant toute la chaîne de l’achat. L’étude d’impact de l’ordonnance du 26 juin 2014 relative au développement de la fac-ture électronique estime que celle-ci permet de réduire les coûts de traitement de près de 50 %, engendrant pour les collectivités une écono-mie estimée à plus de 16 millions d’euros, pour 1,9 million d’euros de charges nouvelles.Les échanges entre l’administration et ses admi-nistrés passent aussi désormais par le web ainsi que les technologies sans contact, permettant le paiement d’une série de services municipaux via les smartphones. Le paiement en ligne se généralise aussi, occasionnant un gain certain de temps, pour les familles, par exemple quand le règlement de la cantine ou de la garderie est proposé sur le site de la mairie. Les bénéfices se font là peut-être moins sentir sur le budget que sur la satisfaction des usagers, il n’en reste pas moins que les frais de gestion de ces services sont tout de même réduits.En revanche, de vrais gisements d’économies sont à trouver dans l’application des technolo-gies numériques aux services urbains et envi-ronnementaux (eau, électricité, traitement des

ordures ménagères), dépense substantielle des communes. À commencer par le réseau Internet lui-même. La croissance des contenus vidéos et des services mis en ligne pour les citoyens sur les sites web des collectivités ainsi que les chan-tiers de dématérialisation de l’e-administration imposent des serveurs informatiques de plus en plus puissants, sécurisés et disponibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. En outre, l’accès aux données ne se fait plus uniquement par ordinateur, mais aussi par smart-phone et tablette, ce qui augmente les risques d’intrusions malveillantes via les connexions WiFi. Ces contraintes sont de plus en plus pesantes pour les plus petites villes, d’un point de vue tant financier que technique. Ce contexte explique la progression du modèle de cloud computing dans la pratique des collectivités.Mais avec le développement des capteurs et objets connectés et la baisse des coûts de télécommu-nication, le numérique est surtout désormais pertinent pour tous ces métiers urbains et envi-ronnementaux des collectivités : éclairage public, efficacité énergétique des bâtiments municipaux, distribution d’eau potable, surveillance du risque d’inondation, etc. Les exemples de services qui gagnent en efficacité grâce aux solutions numé-riques se multiplient. Paradoxalement, à peine 50 % des élus les connaissent, selon une étude commandée par l’Association des Petites Villes de France (APVF). C’est pourtant là que résident, dans un contexte budgétaire plus que tendu, de véritables marges de manœuvre.

Annonay (Ardèche)

La cantine, c’est en ligne !

Limoux (Aude)

La mairie dans le nuageC’est un accident, un sinistre informatique qui a décidé la Ville de Limoux d’opter pour le cloud. En 2009, pendant quatre mois, le système de la mairie n’a pas fonctionné. Résultat : la perte de la

Vif (Isère)

Une promenade qui s’éclaire intelligemmentÀ Vif, depuis 2012, les promeneurs du soir ont l’impression que les lumières dansent sur leur passage. Sur un kilomètre et demi d’une allée piétonne doublée d’une piste cyclable, 67 lampadaires à LED basse consommation ont été équipés d’un système basé sur l’utilisation

I l y a un an, Igny vivait encore dans un passé où des centaines de pages étaient imprimées

et adressées par coursier aux élus municipaux. Des dizaines de parapheurs circulaient au quotidien de bureau en bureau. Une simple décision de bon sens et nous sommes passés aux documents

Éviter les déplacements en mairie pour l’inscription des enfants à la cantine ou aux activités périscolaires. Les familles d’Annonay en rêvaient, la mairie l’a fait ! Poursuivant une politique ambitieuse d’accès au web pour le plus grand nombre et de facilitation des démarches administratives, la Ville propose sur son site Internet une plateforme permettant de réaliser en ligne toutes les démarches liées à la vie périscolaire.Dans les faits, chaque famille comptant un enfant scolarisé dans les écoles maternelles ou élémentaires publiques peut disposer d’un espace personnel sur cette plateforme. Les parents alimentent un compte en ligne par carte bancaire sur cet espace. Au fur et à mesure des inscriptions à telle ou telle activité, les montants correspondants sont déduits.

de détecteurs de mouvements. Cet outil permet à la Ville d’économiser plus de 75 % d’énergie sur cette voie, soit 21 000 kWh par an, tout en préservant le confort et la sécurité de ses habitants. En effet, les lampadaires s’illuminent progressivement lors de la traversée des piétons ou des cyclistes, passant de 10 % à 100 % de leur capacité d’éclairage du mode veille au mode actif. Cette solution d’éclairage public intelligent épargne également l’environnement naturel nocturne et la biodiversité, en limitant la pollution lumineuse, sans pour autant nuire au confort des usagers.

quasi-totalité des données de la mairie. Le besoin de sécuriser ces dernières a donc été la première motivation de ce choix. Mais aussi le manque de ressources : deux agents dédiés au service informatique, décidément trop peu pour faire face à l’ampleur de la tâche. En avril 2013, le dernier serveur encore présent quittait définitivement la mairie. Désormais, l’accès aux logiciels métier et à la bureautique ainsi que le stockage des données se font par Internet, à travers un espace virtuel réservé à la Ville dans un centre de données de l’opérateur Orange situé en région parisienne.

PDF envoyés par e-mail. Aujourd’hui, Igny fait partie des “Villes Internet” et développe des projets innovants autour d’un site Internet responsive et innovant appelé à se transformer en profondeur dans les mois qui viennent. Nos communes vivent aujourd’hui une véritable révolution numérique de leurs pratiques et de leurs modes de fonctionnement. L’accès des citoyens aux services publics de proximité s’en trouve facilité : inscriptions en

ligne, portail Famille, applis smartphone. Parapheurs et signatures électroniques accélèrent la mise en œuvre des décisions politiques. Les écoles doivent, elles aussi, bénéficier de ce bouleversement. Tableaux numériques interactifs et classes informatiques mobiles mettent à portée de nos enfants les outils de demain.Plus que jamais, le secteur public doit profiter de la révolution des usages et des nouveaux outils pour repenser son fonctionnement

interne et la relation entre administration et citoyens. C’est aussi l’occasion, à terme, de dégager des économies d’échelle indispensables dans le contexte financier actuel.

Francisque Vigouroux, maire d’Igny

Trois applications smart cities

“ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCISION POLITIQUE”

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42 Paroles d’élus Paroles d’élus 43

Les collectivités se sont emparées des nouveaux outils numériques à leur rythme. Elles s’adaptent en permanence, et ce quelle que soit leur taille, aux innovations technologiques, passant de l’informatisation des services aux applications mobiles sur smartphone.

François BaroinMaire de Troyes

Sénateur de l’Aube Président de l’Association

des maires de France et des présidents d’intercommunalité

Ancien ministre

Paroles d’élus 43AR

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44 Paroles d’élus Paroles d’élus 45

FrançoisBaroin

50 ans

Ancien ministre

1993 Député de l’Aube (entre au Sénat

en 2014)

1995 Maire de Troyes

2014 Président

de l’Association des maires de France

La “maison commune” ne peut pas se résumer à un guichet automatique ou à une borne d’appel !

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LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE L’OPTIMISATION

BUDGÉTAIREÀ ce jour, 84,5 % des communes

et 67,2 % des EPCI utilisent le PES V2

(protocole d’échange standard d’Helios

version 2) pour échanger leurs flux

comptables et financiers. Le PES

V2 a permis à 76,6 % des communes et

70,9 % des EPCI de transmettre au moins une pièce justificative

dématérialisée (la dématérialisation

ne sera pas obligatoire avant

2019 pour les collectivités de plus de 10 000 habitants).Chiffres DGFiP (arrondis),

juin 2015

comptables (titres de recettes, mandats de dépenses) ainsi que, de manière optionnelle, les pièces justificatives et la signature électronique. Entre le 1er janvier 2017 et le 1er janvier 2020 va se mettre en place également la facturation électronique entre les collectivités locales et leurs fournisseurs. En matière de coûts de traitement, le gain qui en résulte pour la sphère publique est estimé en moyenne à 3 euros par facture. Parmi les bénéfices attendus, tant pour l’ordonnateur que le comptable, figurent la facilitation du travail des agents en charge du traitement comptable et la baisse significative de l’utilisation du support papier, occasionnant une diminution des coûts mais aussi une réduction des délais de paiement. Si le développement accru de la dématérialisation des opérations comptables et des factures devrait générer à terme des effets positifs sur les budgets locaux, elle n’en constitue pas pour autant la solution unique. Parallèlement, avec l’harmonisation européenne des moyens de paiement (SEPA), le bloc communal a développé de nouvelles options concernant ses moyens de paiement, à savoir le recours à la carte bancaire, la mise en place de prélèvements automatiques ou du paiement en ligne TIPI.

Les outils numériques sont-ils les meilleurs relais de la mutualisation des moyens entre collectivités ? La dématérialisation n’a pas été à ce jour présentée comme outil au service de la mutualisation entre collectivités. Ainsi, les moyens existants à l’heure actuelle (PES V2, facturation électronique à venir) ne nous apparaissent pas comme des leviers d’économies.

Qu’il s’agisse de santé, de dépendance, des relations avec les administrés, de l’école ou de l’enseignement, le numérique offre des solutions innovantes. Comment concevez-vous le rôle des pouvoirs publics dans leur déploiement ?Depuis dix ans, le numérique, que l’on appelait auparavant technologies de l’information et de la communication, a envahi la vie des citoyens et a forcément impacté le fonctionnement des communes et des intercommunalités. Les collectivités se sont emparées de ces nouveaux outils à leur rythme. Elles s’adaptent en permanence, et ce quelle que soit leur taille, aux innovations technologiques, passant de l’informatisation des services aux applications mobiles sur smartphone. Les promesses du numérique ne manquent pas : rendre la commune plus durable, la gestion municipale plus efficiente, les relations avec les citoyens plus démocratiques et plus innovantes. Toutefois, ces innovations appellent à la vigilance. Elles doivent, d’une part, bénéficier à tous les territoires, ce qui suppose en particulier l’accès de tous à des réseaux de communication électroniques fixes et mobiles performants. Elles ne doivent pas, d’autre part, exclure les citoyens les plus fragiles et les moins à l’aise avec des outils de plus en plus sophistiqués. Elles doivent être accessibles à tous, toutes générations confondues.

Une attention particulière doit être apportée à la garantie des libertés individuelles…Aujourd’hui, nous assistons à une véritable explosion de la collecte, de la production et de la diffusion de la donnée au niveau des territoires. C’est un sujet sensible sur lequel nous devons tous nous mobiliser pour en garder la maîtrise et s’assurer de leur protection. La CNIL nous y incite fortement, à raison, et nous devrions promouvoir, plus que cela n’est fait, une “éducation au numérique” des élus, des agents, et, plus largement, de la population (en particulier les enfants) pour

saisir toutes les opportunités de cette mutation mais aussi les écueils et les dangers.

Allons-nous vers une mairie automatisée ?Éviter des tâches répétitives pour nos agents, simplifier les démarches des citoyens, permettre une réponse plus rapide aux attentes des usagers en termes d’information ou d’action sont des enjeux essentiels pour le fonctionnement de nos mairies. Mais le contact humain, l’adaptation aux demandes et, plus généralement, l’écoute sont aussi des exigences que nous ne sommes pas près d’abandonner. La “maison commune” ne peut pas se résumer à un guichet automatique ou à une borne d’appel !

Du point de vue du citoyen, qui rechigne souvent devant “ces machineries”, des précautions sont-elles souhaitables pour préserver une vision humaniste de la gestion des territoires ? Avec l’apparition du concept des smart cities, certains commentateurs ont décrit la ville intelligente comme un tableau de bord piloté via des infrastructures centralisées qui analyseront des milliers de données issues des capteurs branchés sur les objets du quotidien, le tout relié à Internet. C’est une vision techniciste de la ville. Ce qui fait les qualités uniques d’une commune, c’est la cohésion sociale, les rapports entre les communautés, la mixité dans les quartiers, la vie culturelle et associative, le maintien des commerces de proximité, etc.La technologie ne pourra pas tout résoudre. Si le numérique peut participer, et il le fait déjà largement, à l’amélioration de la vie quotidienne des populations, le contact humain restera toujours primordial.

Au contraire, vous attendez-vous à de nouvelles opportunités ? Contribueront-elles demain, d’après vous, au mieux vivre des citoyens, dans des territoires mieux gérés, plus équilibrés ? Dans le cadre budgétaire contraint que nous connaissons, où il faut faire mieux avec moins, les outils numériques peuvent contribuer à améliorer la vie quotidienne des citoyens. Par exemple, ils apportent des solutions à la question de la mobilité. Pour réduire les embouteillages, la pollution, diminuer les déplacements, les communes et les intercommunalités mettent en place des lieux, espaces de coworking ou télécentres pour permettre à des travailleurs indépendants ou à des salariés de (télé)travailler dans un espace proche de leur domicile.

Le recours aux outils numériques est-il la meilleure réponse pour optimiser les budgets locaux ? Depuis le 1er janvier 2015, le PES V2 (protocole d’échange standard d’Helios version 2) est l’unique logiciel d’échange avec le comptable public, en remplacement des protocoles existants (lire l’encadré ci-contre). Il marque une nouvelle étape dans la dématérialisation des échanges avec le comptable, en permettant l’envoi numérique des pièces

En effet, il conviendrait de faire évoluer préalablement le cadre organisationnel des collectivités qui souhaitent recourir à la mutualisation (mise en commun de leurs services), tant pour leurs recettes que pour leurs dépenses.

Et le numérique à l’école ?Les maires et présidents d’intercommunalité se mobilisent fortement pour équiper les écoles primaires en outils numériques, dans un contexte de mutation de la société et de lutte contre l’échec scolaire, malgré des moyens financiers disparates. L’AMF suit de près cette thématique depuis plusieurs années et, dernièrement, lors de la concertation nationale qui a débouché sur le nouveau plan numérique. À cet égard, elle a regretté notamment que la priorité ne soit finalement plus accordée aux écoles primaires, comme cela avait pourtant été annoncé en 2012 par l’ancien ministre Vincent Peillon, alors que les besoins restent forts. Dans un contexte budgétaire très dégradé, l’AMF tient à rappeler que l’effort qui est demandé aux collectivités implique que l’Éducation nationale précise d’abord quelle pédagogie numérique elle souhaite promouvoir par le biais de ses enseignants à destination des élèves, ce qui relève de sa propre compétence. C’est en effet à partir de ces éléments qu’il sera possible de mieux identifier les mesures nécessaires en termes d’infrastructures, d’équipements et d’usages, et de permettre ainsi à la filière du numérique éducatif de mieux se structurer et de répondre aux besoins de l’Éducation nationale en tenant compte des contraintes des collectivités. L’Éducation nationale doit porter, à ce titre, un message fort et lisible à l’égard des acteurs éducatifs, dont les collectivités.Afin d’assurer aux élus la visibilité dont ils ont besoin sur la stratégie nationale, l’AMF a signé, le 1er octobre, la convention créant officiellement le Comité des partenaires pour le numérique éducatif. Les maires ont besoin d’être éclairés et concertés sur les perspectives de développement du numérique à l’école et d’être rassurés sur la pleine utilisation des outils numériques par les enseignants et de leurs effets sur la réussite scolaire des élèves.

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FRENCH TECHACCÉLÉRATEUR DE CROISSANCE POUR LES TERRITOIRES

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Quels sont les objectifs de la mission French Tech ?L’idée est de faire émerger plus de start-up (jeunes entreprises, ou entreprises à forte croissance), de dynamiser cet écosystème en France et de le rendre plus visible à l’international. Nos cibles sont les entrepreneurs, les VC (Venture capitalist ou capital-risqueurs) ainsi que les médias et les influenceurs.

Dix-sept villes sont labellisées “Métropole French Tech”, pourquoi s’arrêter là ?Une certaine taille critique est nécessaire pour l’obtention du label. Mais ce qui est intéressant c’est le nombre de candidatures, 29, qui montre que la proposition de l’État de se mettre au service des territoires a été appréciée et comprise. La French Tech est un moyen de mettre tout le monde en mouvement, de susciter des projets collectifs et de connecter ces écosystèmes entre eux.

Qu’apporte ce label aux écosystèmes estampillés French Tech ? Nous avons une véritable stratégie de marque. Le fait d’être une start-up French Tech doit être aussi évocateur que le fait d’être une start-up israélienne. Le label doit ouvrir des portes et attirer talents et investisseurs.

David Monteau, directeur de la mission French Tech au ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique

“LA FRENCH TECH EST UN MOYEN DE METTRE TOUT LE MONDE EN MOUVEMENT.”

’équipe de France du numé-rique est au complet. Début juillet, la deuxième vague de

labellisation “Métropole French Tech” permettait à quatre nouvelles métropoles de rejoindre les neuf écosystèmes déjà labellisés à la fin 2014. Véritable offensive du Gouvernement, cette initiative vise à placer la France en bonne place sur l’échiquier international du numérique et de l’entrepreneu-riat. Souhaitant faire de l’Hexagone une terre de choix pour les start-up, ces entreprises pour-voyeuses d’emplois (58 % des emplois sont en effet créés dans les 7 % d’entreprises qui croissent le plus vite, selon une étude de la Banque de France), le Gouvernement a également en ligne de mire “l’effet d’entraînement économique sur l’en-semble du territoire français qu’aura la croissance de ces écosystèmes métropolitains et de leurs entreprises championnes du numérique”, précise le document de présentation de l’initiative French Tech. Si l’heure n’est pas encore au bilan, dont les pre-mières esquisses ne seront dressées qu’en fin d’année, quelques bénéfices se font tout de même déjà sentir. À Nantes, présentée par son ancien maire Jean-Marc Ayrault comme “la deuxième ville du web française”, la labellisation, obtenue lors de la première phase, ne laissait guère de doutes. “Nantes est une place forte du numérique depuis longtemps”, confirme Mickael Froger, cofondateur de la société Lengow et président de l’association Atlantic 2.0, qui regroupe les principaux acteurs de l’innovation numérique en Pays de Loire, “mais il est trop tôt pour juger de l’utilité du label French

Tech, ajoute-t-il. S’il n’a pas vocation a servir maté-riellement les écosystèmes labellisés, il permet en tout cas de mettre tout le monde dans la même direction et de créer des synergies régionales”.

UN LABEL POUR FÉDÉRER“C’est la première fois qu’un label national met en ordre de bataille toutes les métropoles de France”, acquiesce Francky Trichet, adjoint au maire chargé du Numérique et vice-président en charge du numérique à l’université de Nantes. Un enjeu majeur pour le French Tech, dont l’un des piliers est de fédérer et de mobiliser les territoires. Avec 29 candidatures reçues, le directeur de la mis-sion French Tech au ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, David Monteau, témoigne de l’engouement suscité par l’initiative : “Il y a une véritable dynamique autour du projet. Mais ce qui est important, ce sont le collectif et la mise en réseau. Nous ne fermons pas la porte aux villes candidates qui n’ont pas obtenu la labellisation. Au  contraire, nous accompagnons leur mise à niveau, et dans trois ans certains de ces écosystèmes seront assez matures pour prétendre a la labellisation.”

REDYNAMISATION DES VILLESEn effet, à l’issue d’une période de trois ans, le label sera soumis à réévaluation pour éviter que les “Métropoles French Tech ne se reposent sur leurs lauriers”, rappelle David Monteau. “Notre objectif à dix ans est d’être un écosystème vibrant, influant et inspirant, glisse quant à lui Francky Trichet. Pour bien faire, il faut que l’on ait une politique de

La French Tech, un outil de valorisation des territoires

Le Gouvernement tient son équipe de France du numérique ! Elle est composée de 13 métropoles labellisées “French Tech” qui devront respecter des plans à trois et dix ans pour favoriser l’émergence et la croissance de start-up sur leurs territoires. Avec tout ce que cela comporte comme bénéfices en termes d’attractivité et d’emplois.

La French Tech est une initiative publique portée par le ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, qui fédère tous ceux qui travaillent pour les start-up françaises – entrepreneurs, investisseurs, designers, développeurs… – et qui s’engagent pour leur croissance et leur rayonnement international. Neuf “Métropoles French Tech” ont été labellisées en novembre 2014, quatre autres en juin 2015 (ainsi que quatre écosystèmes thématiques) : elles concentrent les atouts nécessaires pour répondre aux besoins des start-up.

Illustrations : Hélène Builly

Métropoles

Partout en France, un réseau d’écosystèmes au service des start-up

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Présenté en 2013, le label French Tech vise à devenir un véritable sceau du savoir-faire français dans le domaine du numérique et des nouvelles technologies. Créé pour faire favoriser le déploiement de start-up et donner davantage de visibilité à la France sur la scène tech internationale, ce label vise également une plus grande attractivité des différents territoires. Jean-Luc Moudenc, président de l’Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF) et maire de Toulouse, l’une des neuf villes labellisées lors de la première phase, fin 2014, revient sur les enjeux de ce label made in France.

Que représente le label “Métropole French Tech” pour les villes labellisées ?C’est une véritable reconnaissance. Le numérique s’est beaucoup développé ces dernières années, et il constitue un facteur d’attractivité de notre pays. Mais les entreprises, souvent petites, qui s’y investissent n’étaient pas très visibles. Le label “French Tech” a permis de fédérer les énergies pour bâtir un dossier de candidature. Pour les métropoles qui l’ont obtenu, c’est une sorte de drapeau. C’est donc important pour la dynamique et pour l’image.

Est-ce un véritable atout ?Le but est de mettre en valeur des entrepreneurs français, leur réussite, leur capacité à se développer, mais c’est aussi une invitation à rayonner à l’international, c’est-à-dire à faire en sorte que des créateurs qui sont

ancrés sur un territoire puissent se développer dans d’autres pays. En sens inverse, l’objectif est aussi de donner envie à des investisseurs étrangers de prendre pied dans des métropoles françaises. Cette internationalisation de la filière est l’une des conditions de son développement.

Faut-il des moyens importants pour obtenir ce label ?Disons qu’il faut une certaine taille critique. Quelques initiatives et start-up ne suffisent pas à faire émerger un secteur. Et puis, il faut un certain nombre d’actes volontaires, comme la création de bâtiments totem. À Toulouse, La Cantine numérique en est un. C’est un lieu de rencontres et collaborations.

La labellisation de grandes villes permet-elle de générer une dynamique locale ? Comme tout se passe à partir des noyaux urbains importants – grandes villes, communautés urbaines, métropoles –, la sélection est importante au départ. C’est la condition pour que le label soit consistant et ne soit pas qu’un simple

pavillon de complaisance. Derrière, il y a tout un territoire. Je prends l’exemple de Toulouse, qui fait partie des neuf métropoles labellisées depuis novembre 2014. Déjà, des liens se tissent avec Montauban, à 50 km. En outre, la Région Midi-Pyrénées, qui a été partie prenante de la démarche, appuie afin que les villes moyennes des autres départements se mettent, elles aussi, au numérique et prennent leur part au développement. Il faut concevoir la reconnaissance accordée à ces métropoles comme un point de départ, après lequel doit se construire une dynamique de développement à l’échelle de tout le territoire.

Jean-Luc Moudenc, président de l’Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF), maire de Toulouse

“DONNER ENVIE À DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS D’INVESTIR DANS DES MÉTROPOLES FRANÇAISES”

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développement urbaine en cohérence avec cet objec-tif.” Jean-Marc Ayrault voulait faire de l’île de Nantes une place de choix pour les industries créatives et technologiques. En 2017, renaîtra ainsi l’ancien site des Halles Alstom, déserté par l’entreprise en 2001, sous les traits d’un important pôle dédié au numérique après une réhabilitation estimée à 50 millions d’euros. De quoi répondre en partie à l’obligation des “Métropoles French Tech” d’offrir un “environnement urbain favorable, lisible et attractif”, emblématique du dynamisme de la ville en matière de numérique.

LA VISIBILITÉ ET L’ATTRACTIVITÉ AU CŒUR DE LA MÉTROPOLEDes chantiers d’urbanisme pareront les villes de leurs plus beaux atours pour accueillir les nouveaux talents, cibles de choix de la French Tech. “Le vrai défi à Nantes est le bassin d’emploi, qui est plus faible que dans d’autres régions, admet Mickael Froger. Le vrai sujet pour nous est donc de savoir comment attirer les talents de l’extérieur.” Avant d’attirer, encore faut-il se faire connaître. Et c’est bien à cet enjeu de visibilité et d’attractivité que répond le label French Tech, pensé comme une véritable marque. “Depuis que nous sommes labellisés, nous attirons de nombreuses start-up parisiennes, observe Francky Trichet. Nantes est une ville attractive : les ingénieurs sont moins chers, de même que les mètres carrés, or ce sont les deux nerfs de la guerre des métropoles : les compétences et les loyers.” Mais les start-up elles-mêmes sont les pre-mières ouvrières de cette attractivité : “Nous participons a développer la visibilité de l’écosystème nantais en France et a l’international, remarque Julien Hervouët, CEO de la start-up nantaise iAdvize. Plus il y a d’entreprises attractives a Nantes et plus l’employabilité se développe.”Et pour séduire les talents avant même qu’ils ne soient sur le marché du travail, les universités et les grandes écoles “anticipent déja les forma-tions de demain pour être plus agiles sur le besoin de compétences”, remarque Francky Trichet. Car

dans le secteur du numérique, les talents, qui se font parfois rares selon les profils, sont l’objet de toutes les convoitises. “Notre but est de rendre visible

l’écosystème pour faciliter le recrutement. Nous voulons créer de l’envie et favori-

ser la reconnaissance”, ajoute David Monteau.

C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT INVESTIR DANS L’HEXAGONEUne reconnaissance utile pour

attirer les cerveaux, mais aussi les investissements, comme le pré-

cise Francky Trichet : “Nos start-up bénéficient de plus de levées de fonds, 8 millions d’euros a ce jour, car le label est un véritable

accélérateur de visibilité auprès des VC (Venture capitalist ou capital-

risqueurs).” Après quelques “coups” comme la présence d’une déléga-tion French Tech à la grand-messe du CES (Consumer Electronic Show) à Las Vegas, les acteurs internatio-naux semblent saisir l’appel du pied

fait par la France. C’est en tout cas ce que laisse penser un postdithyrambique de John Chambers, PDG de Cisco, sur le blog de la firme informatique américaine : “Je viens de passer du temps en France et il apparaît clairement que la sphère high-tech française est à un point d’inflexion. C’est maintenant qu’il faut investir dans le futur de la France. (…) Cette transfor-mation numérique va stimuler la compétitivité globale de la France en soutenant la croissance de l’emploi, de l’éducation, de la cybersécurité, de l’innovation et des initiatives d’entrepreneurs. De quoi faire croître le PIB de 1 à 2 %.” Cocorico !

100 M€ L’américain Cisco a annoncé

un plan d’investissement de 100 millions d’euros dans

l’écosystème français.

ParisLe cabinet PwC classe Paris

au 1er rang des villes mondiales pour le capital intellectuel et l’innovation (mai 2014).

2016En 2016, ouvrira à Paris

le plus grand incubateur de start-up numériques du monde (33 000 m2), à la Halle Freyssinet.

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Plongez dans la ville numérique !

Fantasme hier, la cité numérique est aujourd’hui devenue une réalité. Haut débit, fablabs, mobilité, coworking… sous l’impulsion des collectivités et des acteurs locaux, la vie digitale se répand partout. Exemple dans l’agglomération de Strasbourg Eurométropole.

Page 29: MOOK Paroles délus 2015

Campus En trois ans, plus

de 20 start-up et 1 000 emplois ont

été créés grâce à l’écosysème du campus

des technologies médicales.

Strasbourg partoutLa Ville et

l’Eurométropole ont investi les réseaux

sociaux pour toucher de nouveaux publics.

ZA THD12 zones d’activité

bénéfcient du label THD qui garantit un débit supérieur ou égal à

100 Mb/s symétrique.

U’GOLancée en 2013,

cette application mobile permet l’achat et

la validation en ligne des titres de transport.

Billetterie en ligneL’Orchestre

philharmonique et les TAPS (théâtres actuels et publics) permettent de choisir son siège

à partir d’une photo HD.

Camp SantéHacking Health Camp

est un événement organisé par Alsace

Digitale pour favoriser la fertilisation croisée

entre numérique et santé.

La Plage DigitaleDepuis 2012, cet espace

de coworking anime la flière numérique et favorise la fertilisation

croisée entre les start-up qui y sont installées.

SaxOpenEn 2015 Strasbourg

a été au cœur du World Streaming Show, un concert multimédia

retransmis sur ARTE.

MédiathèqueServices numériques,

mise à disposition de tablettes, 150 titres de presse en ligne…

Appels à projets Tango&Scan

87 projets innovants ont été soutenus par

l’Eurométropole depuis 2012 dans ce dispositif.

Page 30: MOOK Paroles délus 2015

Parcours touristique

Pionnière en matière de services sans contact,

Strasbourg a créé quatre parcours de

découverte basés sur la technologie NFC.

Archives en ligneDepuis octobre,

les Strasbourgeois ont accès en ligne à plus

de 400 000 documents de l’Eurométropole.

StrasMapApplication lancée

en 2011, la première à indiquer en temps réel toutes les informations liées aux déplacements

Seppia-Holo3 Dispositif de visite virtuelle immersive

en 3D de la cathédrale.

Le ShadokFabriquer, inventer, partager… c’est la

devise de cet espace d’expérimentation

collaborative des usages du numérique.

Située au cœur de l’espace rhénan, l’ Eurométropole de Strasbourg affirme son rôle moteur en matière d’innovation et de créativité. Avec sa 95e place au classement de Shanghai (1re université française hors Paris), trois Prix Nobel et 47 projets label-lisés Investissements d’avenir, Strasbourg renforce sa position d’excellence en matière de R&D, et ainsi son rayonnement.

L’obtention récente du label French Tech pour l’excellence de notre territoire en matière de MedTech et de BioTech a démontré que le numérique est une composante majeure de cette excellence. Aujourd’hui, il fait partie inté-grante de notre vie quotidienne, personnelle comme professionnelle. Il est donc essentiel que Strasbourg renforce la qualité de ses infrastructures et propose des services et usages innovants afin de permettre à chacun de profiter pleinement des possibilités offertes par le digital.

Cette stratégie se traduit par trois axes prioritaires : l’aménagement de lieux per-mettant de favoriser les projets collabora-tifs et la création de start-up, la création de nouveaux services digitaux, et l’animation de l’écosystème du numérique en lien avec le grand public.Fer de lance de cet écosystème, le Shadok, fabrique du numérique, a ouvert ses portes en avril. Lieu dédié à l’expérimentation numé-rique sous toutes ses formes, il s’adresse à tous, amateurs comme experts. Il accueille un lieu d’exposition, un fablab et un espace de coworking. Ce dernier permet de renfor-cer les capacités d’hébergement de start-up innovantes et de développer de nouveaux modes de travail plus collaboratifs. La Plage Digitale, gérée par Alsace Digitale, a été un lieu précurseur de cette évolution dès 2012. Le grand public peut également découvrir et accéder à des outils numériques dans les médiathèques, équipées de plus de 250 postes multimédias, qui proposent un service de médiation numérique dans le cadre de l’initiative l’@ppli.

Des applications web et mobiles ont été mises en œuvre pour faciliter la vie des habi-tants et des visiteurs, comme StrasMap, qui offre une information en temps réel sur les transports en commun, l’occupation des par-kings ou le déneigement de la voirie. Stras-bourg Eurométropole est également leader dans le déploiement de services mobiles basés sur la technologie NFC. Dès 2011, les Strasbourgeois pouvaient payer “sans contact” leur stationnement, ce qui était une première mondiale ! Depuis, de nouvelles solutions sont venues renforcer la gamme de services disponibles. C’est le cas avec U’GO, une application mobile qui permet, de façon simple et sécurisée, d’acheter et de valider ses titres de transport.

De nombreuses manifestations com-plètent ces dispositifs en permettant à tous de découvrir, de s’informer ou d’utiliser les nouvelles technologies. À l’occasion du Millénaire de la cathédrale, Holo3 propose une visite immersive de la flèche. Le congrès mondial du saxophone SaxOpen est aussi l’occasion d’une prouesse technique, avec l’organisation d’un concert live en réseau entre plusieurs sites dans le monde.

Enfin, le numérique joue un rôle moteur dans la croissance et la performance des entreprises ; il irrigue tous les champs de l’économie. Le campus des technologies médicales, qui rassemble recherche, forma-tion, soins et entreprises, est la démonstra-tion d’une fertilisation réussie entre numérique et technologies médicales.Ces quelques illustrations mettent en valeur la diversité, la richesse, mais aussi tout le potentiel du numérique. L’Eurométropole de Strasbourg compte bien se saisir de ces opportunités nouvelles favo-rables au développement de son territoire.

Saisir les opportunités offertes par le numérique

Robert Hermannprésident de Strasbourg Eurométropole, conseiller départemental du Bas-Rhin,

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Illustration : Émilie Biens

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Le maintien d’un tissu économique compétitif dépend très fortement de la possibilité d’être connecté au très haut débit. Avec la présence d’une école et d’un médecin, l’accès au numérique constitue l’un des facteurs déclenchant l’arrivée d’une famille dans une commune, voire son maintien…

Laurent WauquiezMaire du Puy-en-Velay

Député de la 1re circonscription de la Haute-Loire Président de l’Association nationale

des élus de la montagne (Anem) Ancien ministre

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Quelles sont les solutions ?De façon très pragmatique et sans aucun fétichisme technologique, l’Association nationale des élus de la montagne expérimente depuis plusieurs années l’ensemble des moyens permettant d’apporter rapidement du très haut débit, c’est-à-dire une connexion Internet supérieure à 30 Mb/s. Aujourd’hui, force est de constater que le déploiement de la fibre optique se concentre dans les zones du territoire très denses qui coïncident très souvent avant les grandes aires urbaines. Il semble particulièrement injuste qu’au moment où les métropoles disposent gratuitement du très haut débit fixe et mobile (4G), les montagnards doivent payer pour financer les infrastructures

Quels sont les enjeux du numérique pour les territoires de la montagne ?Les élus de la montagne exigent plus que jamais une véritable politique d’aménagement numérique du territoire. La nécessité d’une couverture intégrale de la montagne en très haut débit fixe et mobile n’est plus à démontrer si l’on veut une montagne connectée au reste du monde. Il faut inventer la solidarité entre les territoires à l’échelle du pays, qui doit prendre en compte toutes les inégalités, toutes les disparités. Le numérique est un outil majeur d’aménagement du territoire qui constitue un facteur d’attractivité, une nécessité pour le maintien des entreprises, des services

publics et des habitants. Or, si le déploiement de la fibre en zone urbaine suscite l’intérêt des opérateurs privés, il n’en est pas de même pour les zones moins denses que sont les zones rurales et les zones de montagne.

Et pourtant, les attentes sont les mêmes… Tout à fait. Les besoins en débit des utilisateurs en zone rurale sont les mêmes que dans les zones urbaines. L’aménagement numérique des territoires de montagne – qui regroupent 5 millions d’habitants permanents et 15 millions de résidents temporaires – implique la création d’un réseau d’infrastructures permettant la fourniture d’un service de communication électronique à très haut débit aux entreprises, aux services publics comme aux particuliers. Si la couverture intégrale du territoire en fibre optique est l’objectif final, le réalisme ne recommande-t-il pas de privilégier la montée en débit pour que les montagnards puissent accéder au THD avant 2025 ? Faut-il prévoir des modalités de financement adaptées au cas particulier de la montagne ?

destinées à transporter le très haut débit, sans avoir la certitude que les opérateurs commercialiseront l’offre faute de rentabilité suffisante…

L’actualisation de la loi Montagne est en cours…Sous peine d’accentuer la fracture numérique et d’instaurer un très haut débit à deux vitesses, je demande la création d’un fonds spécifique dédié à la couverture numérique des territoires isolés. Le maintien d’un tissu économique compétitif dépend très fortement de la possibilité d’être connecté au très haut débit. Avec la présence d’une école et d’un médecin, l’accès au numérique constitue l’un des facteurs déclenchant l’arrivée d’une famille dans une commune, voire son maintien. Comment justifier en 2015 qu’une commune de montagne soit située en zone blanche de la téléphonie mobile ou que le citoyen puisse uniquement téléphoner sans pouvoir consulter ses courriels ? Je fonde beaucoup d’espoir dans le rapport parlementaire d’Annie Genevard et Bernadette Laclais, respectivement députées du Doubs et de la Savoie, qui formule plusieurs propositions innovantes en matière de numérique. Je serai très vigilant pour que ces propositions trouvent une traduction concrète et opérationnelle sur le terrain.

Souhaitez-vous faire pour le THD ce qui a été fait pour l’électricité ?Mettons en perspective historique le déploiement du très haut débit avec ce qui a été fait pour le réseau électrique. L’électrification des zones rurales a été lancée vers 1920 grâce à un engagement très fort de l’État, qui subventionnait les travaux des collectivités à hauteur de 50 %, avec un niveau de subvention d’autant plus élevé que le coût de desserte était important. Des mécanismes de financement créatifs permettent de compenser la difficulté du déploiement, notamment dans les zones les plus reculées. Les mécanismes d’accompagnement et de financement se sont superposés les uns aux autres à mesure que l’électrification atteignait les zones les plus coûteuses à déployer. Inspirons-nous d’un modèle qui a déjà fait ses preuves.

Laurent Wauquiez

40 ans

Ancien ministre

2004 Député

de la Haute-Loire

2008 Maire du

Puy-en-Velay

2014 Président

de l’Association nationale des élus de la montagne

(Anem)

La nécessité du THD fixe et mobile n’est plus à démontrer si l’on veut une montagne connectée au reste du mondeC

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Antonaves est situé dans la belle vallée du Buëch, difficile d’accès, dans le sud des Hautes-Alpes. Avec un inconvénient : le débit. Inférieur à 3 mégabits, il interdisait la plupart des usages numériques, d’où un véritable risque de voir la population déserter cette localité disposant déjà de très peu de commerces et où les services publics sont absents. Le défaut de connexion constituait un vrai handicap pour la vie économique et touristique, notamment les maisons d’hôtes et les gîtes.

Pour faire grimper le débit des zones mal desservies, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que les Départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence ont créé, fin 2012, le Syndicat mixte ouvert (SMO) PACA THD. Sélectionné sur appel d’offres, Orange a réalisé 53 équipements de montée en débit dans les deux départements en 2014. Grâce à l’installation de fibres optiques sur les nœuds de raccordement ADSL, 8 000 lignes ont dorénavant accès au très haut débit, avec le choix du fournisseur d’accès Internet. L’investissement – 90 millions d’euros – témoigne de la volonté affirmée des élus d’assurer la continuité territoriale et de faire reculer définitivement la fracture numérique.

Symbole de l’enjeu, Isabelle Boiteux, maire d’Antonaves a accueilli dans sa commune la secrétaire d’État chargée du Numérique, Axelle Lemaire, ainsi que la députée Karine Berger le 10 octobre 2014, jour de la dernière soudure de fibres optiques du point de raccordement mutualisé. Depuis, les 93 lignes téléphoniques du village ont accès au très haut débit.

Révolution du quotidien, le débit jusqu’à 20 mégabits offre aux habitants d’Antonaves l’accès aux mêmes services que ceux de villes plus importantes : e-commerce, démarches administratives, écoute de musique en ligne, etc. La vallée du Buëch est passée à l’heure du numérique et l’ensemble des acteurs économiques en profite. Les entreprises touristiques bénéficient ainsi désormais d’une présence sur le web leur permettant d’enregistrer des réservations et de proposer l’accès à Internet aux vacanciers, notamment aux adolescents hyperconnectés. Essentiel pour une région de tourisme avant tout familial !

Entre Provence et montagne, dans la région enclavée du Buëch, Antonaves et ses 200 habitants ont changé d’ère à l’automne 2014. Désormais, le village est connecté en très haut débit, et ça change tout ! Reportage.

“Zone de début de montagnes et de fin des Alpilles, Antonaves rencontre une problématique bien courante de villages superbes, dont le maintien des services est fragile. Sans effort des pouvoirs publics, nous pouvons voir des villages disparaître. Offrir Internet et le triple-play modifie complètement la donne et peut enrayer la migration de population. L’arrivée de ce nouveau service public favorise une parfaite égalité, avec les mêmes droits à l’accès au haut débit à Antonaves qu’ailleurs. L’impact économique est également important, avec un potentiel touristique réel pour la région. En effet, la réservation de séjours depuis l’étranger et la France se fait désormais en ligne. Sans Internet, il est donc impossible d’envisager un développement touristique. Les petites entreprises d’artisanat ou de dépannage voient aussi une amélioration concrète de leur activité au quotidien.”

Karine Berger, députée des Hautes-Alpes

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Montée en débit, un an après…

La montée en débit apporte l’égalité au sens le plus noble

habitants à Antonaves. mégabits de débit, soit 7 fois plus qu’auparavant.

équipements de montée en débit réalisés par Orange dans les départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence.

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Inauguration de la fibre à Antonaves, en présence d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique.

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Engagés dans le numérique, la Ville de Reims et les acteurs publics, comme le CHU et l’université et Reims Métropole, ont lancé dès 2002 un réseau de fibre optique nommé Jupiter. Exploité en régie, ce dernier est ouvert aux opérateurs privés, ce qui permet de multiplier les offres de haut débit et de limiter les tarifs pour les usagers. Infrastructure de développement économique, Jupiter amène la fibre jusqu’aux portes des entreprises, y compris, depuis 2015, à celles du pôle de compétitivité Industries & Agroressources situé à la périphérie de Reims. La municipalité offre ainsi les moyens technologiques de développement économique et de R&D aux chercheurs, aux start-up et aux entreprises.

Smart city, Reims offre depuis peu le WiFi en libre accès sur son territoire. La Ville lance aussi une étude sur un réseau sans fil de type LiFi, permettant aux données de passer par la lumière dans un système de LED. Il s’agit de développer d’ici 2018 d’autres réseaux d’information modulables et personnalisés. De quoi conforter l’image de Reims, pionnière du numérique !

Au service de tous, le numérique simplifie la vie des 182 000 Rémois au quotidien. Un exemple : les arrêts de bus connectés qui indiquent aux usagers la durée d’attente à prévoir. Il existe également une application mobile dédiée au stationnement en centre-ville, qui permet de localiser les places disponibles et de payer via un smartphone. Le numérique crée un lien permanent entre l’administré et la collectivité.

Atout pour la collectivité, l’intégration du numérique dans l’action publique permet de rationaliser, par exemple, la gestion des ressources humaines ; des outils numériques de répartition des agents en temps réel améliorent ainsi à la fois l’efficacité et la qualité du service. De même, le réseau interne en fibre optique est multiservice et synonyme d’économies puisqu’il gère à lui seul l’informatique, la téléphonie, la vidéosurveillance ainsi que le chauffage urbain et les feux de circulation.

Pionnière parmi les villes propriétaires de leur réseau de fibre optique, Reims propose depuis la rentrée 2015 le WiFi en libre accès sur son territoire. Le numérique se met aujourd’hui au service de l’action publique et du développement économique.

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Le numérique pour améliorer l’action publique

“Notre avance en matière de numérique est liée au plein développement de la ville, qui entend tirer parti de sa proximité avec Paris, à seulement 45 minutes. Pour attirer les entreprises, Reims s’appuie sur le foncier, les infrastructures traditionnelles, autoroutières et ferroviaires, mais aussi sur l’accès aux outils numériques. Dans cet esprit, le label Reims Image 2014, symbole de la ville connectée, a regroupé cinq événements majeurs autour des technologies de l’image. L’intégration des données numériques dans les services publics améliore leur efficacité et en crée de nouveaux, comme Reims-Contact, la plateforme, qui recueille toutes les demandes des administrés. Par ailleurs, les outils numériques favorisent le développement économique, notamment via la R&D. Le réseau Jupiter est ainsi étendu jusqu’au pôle de compétitivité sur les agroressources, car développer des centres de recherche implique des réseaux puissants capables de transmettre les informations.”

Arnaud Robinet, maire de Reims, député de la Marne

Réseaux fibre, WiFi et mobile renforcent l’image d’une ville attractive

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Reims

Les taxis G7 et la banque en ligne INGDirect sont deux des entreprises attirées à Reims par la fibre optique.

C’est le montant des économies réalisées sur la vidéosurveillance urbaine à l’échelle de la métropole grâce à la mutualisation du réseau Jupiter.

G7 2,6 MEÀ la rentrée 2015, neuf écoles ont été dotées de tableaux numériques interactifs, dont deux maternelles.

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Simplon.co. C’est l’idée de deux anciens étudiants en communication du Celsa associés à leur enseignant, Frédéric Bardeau. “Notre école s’inspire librement des Dev’ Bootcamps américains. Mais en y ajoutant une orientation sociale qu’ils n’ont pas, explique Frédéric Bardeau. Notre ambition première est de faire du code un tremplin pour l’insertion.” L’implantation en Seine-Saint-Denis, département en difficulté, n’a rien d’un hasard.

Tous les apprenants de Simplon sont en effet bénéficiaires des minima sociaux. Au-delà de ce point commun, les profils sont variés : hommes, femmes, de 18 à 54 ans, sans diplôme ou bac + 10, demandeurs d’emploi, décrocheurs, personnes en reconversion ou porteurs de projets, etc. Face à ce public protéiforme, la pédagogie mise avant tout sur le concret, les élèves travaillant sur de vrais projets de sites et d’applications qu’ils gèrent dans toutes leurs dimensions (programmation, relation client, communication).

Octobre 2013. L’école Simplon ouvre ses portes dans une usine reconvertie de Montreuil. Ils sont une vingtaine d’élèves à faire leur rentrée ce jour-là. En six mois, après une formation gratuite aussi intensive qu’immersive, ils seront devenus des pros du code et du développement web, aptes à voler de leurs propres ailes ou à prendre l’un des 38 000 postes de développeur numérique à pourvoir chaque année.

Et ça marche ! “Sur les 112 premiers Simploniens, près de neuf sur dix ont trouvé un débouché dans les trois mois qui suivaient leur formation (CDI, CDD, création d’activité ou stage) principalement dans des start-up, des collectivités sociales ou des entreprises de l’économie sociale et solidaire”, annonce Frédéric Bardeau. Fin 2015, Simplon devrait en toute logique faire partie des premières structures labellisées Grande École du Numérique.

Le “93”, mais aussi Marseille, l’Ardèche, la Guadeloupe… Les premiers résultats de Simplon ont donné des idées à d’autres collectivités désireuses de faire du numérique un outil d’insertion sociale en créant leur propre école du code. Des essaimages ont déjà pris racine à Marseille, au Cheylard (Ardèche), à Cluj en Roumanie et à Johannesburg en Afrique du Sud (en partenariat avec SAP). Simplon.co déploie sa formation “développeur.se Web-mobile” à Narbonne, Mende, Boulogne-sur-Mer, Roubaix et Lyon-Villeurbanne. Un projet est aussi à l’étude à Bamako, en collaboration avec Orange.

Il y a ceux qui voient le numérique comme une “fracture” séparant les déshérités des nantis… Et ceux qui voient en lui un puissant levier d’insertion. L’école et la Ville de Montreuil font résolument partie de ce second groupe.

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“Avec des acteurs comme Ubisoft ou Simplon, la ville de Montreuil se positionne comme l’un des principaux pôles de compétitivité numériques de l’Est parisien. Près de 2 000 emplois sont directement liés à ce secteur, dont près de 800 emplois concernent les jeux vidéo. Ces chiffres cruciaux nous poussent à développer l’emploi et la formation dans ces domaines : mise en relation avec les entreprises, l’IUT ou l’école ETIC, organisation de forums ou d’événements, etc. En 2015, nous avons ainsi accueilli les ‘European Indie Game Days’ et favorisé la mise en place d’une formation au métier de ‘référent digital’, portée par l’association Les Compagnons du Dev. Notre second défi est celui de l’école numérique. Grâce à l’installation de tableaux numériques dans toutes les écoles élémentaires de la ville, nous souhaitons permettre à notre jeunesse d’entrer de plain-pied dans le monde numérique. Nous avons ainsi expérimenté le programme ‘Les Voyageurs du Code’, lancé par Bibliothèques sans frontières. Notre ambition : que Montreuil continue à être une ville créative et solidaire qui donne à ses jeunes les moyens pour exprimer leurs talents et développer leurs compétences.”

Ibrahim Dufriche-Soilihi, 1er adjoint au maire de Montreuil, délégué à l’Innovation économique, sociale, solidaire et numérique

Un puissant levier pour une ville créative et solidaire

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Montreuil

Former au code pour insérer

d’élèves en poste trois mois après leur sortie.

87 %entreprises déjà créées par des “Simploniens”.

10des élèves de Simplon à Montreuil sont bénéficiaires des minima sociaux.

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Quelle est l’origine du projet Lascaux 4 ?La fréquentation touristique de la grotte de Lascaux durant les années 1950, après sa découverte en 1940, a entraîné une rapide dégradation et une mise en danger du site. La décision de sa fermeture a conduit à la réalisation d’un fac-similé d’une partie de la grotte, ouvert au public dès 1983 : il s’agit de Lascaux 2. Cependant, la reconstitution a été construite à proximité de l’entrée de la grotte d’origine, ce qui impliquait à nouveau des risques de dégradation. Il a été alors décidé de sanctuariser complètement la colline et de construire une nouvelle reconstitution à ses pieds, le projet Lascaux 4.

Comment la Semitour-Périgord a-t-elle utilisé le numérique dans ce projet ?Il faut savoir que la grotte de Lascaux est depuis longtemps à la pointe des technologies innovantes, notamment grâce à l’utilisation de fac-similés pour Lascaux 2 et 3 (une exposition itinérante). La Semitour-Périgord a remporté le marché pour la gestion de Lascaux 4, qui s’élève à 1,8 milliard d’euros. L’Atelier des fac-similés du Périgord (AFSP), filiale de la Semitour, est chargé de numériser la grotte afin d’obtenir des reproductions au millimètre près. Le résultat est étonnant puisque la technique de la projection 3D a permis de mettre au jour des éléments invisibles à l’œil nu. Quand le relevé par calques avait permis de recenser 700 figures dans la salle de l’Abside, nous en avons découvert 120 de plus ! Le numérique jouera également un rôle dans la reproduction.

Quel sera le résultat pour le public ?La Semitour, qui gère déjà plus de 500 000 visiteurs sur l’ensemble de ses sept sites culturels, dont 280 000 à Lascaux 2, et dont le Conseil départemental de la Dordogne est le principal actionnaire, a choisi de tout miser sur le développement du numérique afin d’offrir une nouvelle expérience à tous les publics. La principale attraction sera un compagnon de visite,

Outre la dimension touristique de ce nouvel espace de 8 000 m² qui permettra la valorisation du patrimoine préhistorique, la numérisation des grottes constituera un matériau propice au développement de produits numériques innovants. Soutenue par le Département, la Région et l’Union européenne, l’opération s’inscrit dans une démarche de développement durable et de préservation.

une torche numérique qui sera adaptée à tous les publics en fonction de leur âge et de leur handicap éventuel. Nous souhaitons permettre aux enfants de se glisser dans la peau d’aventuriers, un peu à l’image de ceux qui ont découvert la grotte. Nous aurons donc un audioguide amélioré par les techniques de la réalité augmentée et de la 3D. Il sera bien sûr possible de partager les expériences en temps réel sur les réseaux sociaux. Et l’expérience ne s’arrêtera pas là, puisque plusieurs salles d’expositions permettront de mettre en avant les liens entre les fresques paléolithiques, l’art du XXe siècle et la création contemporaine. L’objectif de Lascaux 4, dont l’ouverture est prévue pour l’automne 2016, est d’atteindre les 400 000 visiteurs par an.

Bruno Lamonerie, président de la Semitour-Périgord

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Au cœur du développement de la Dordogne

La projection 3D a permis de mettre au jour des éléments invisibles à l’œil nu !

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visiteurs par an. C’est l’objectif que souhaite atteindre la Semitour-Périgord sur le site de Lascaux 4.

C’est le montant du marché attribué à la Semitour-Périgord pour la gestion du site de Lascaux 4.

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À ce jour, Valenciennes Métropole dispose et gère en mode régie une infrastructure fibre optique de plus de 180 km, permettant ainsi aux entreprises du territoire de bénéficier d’un accès très haut débit (Valenciennes Métropole apparaît ainsi en deuxième position nationale en termes de zones d’activités labellisées ZA THD) via les offres de services proposées par les nombreux opérateurs télécoms implantés dans le Valenciennois. Parallèlement, Valenciennes Métropole coordonne avec l’opérateur Orange un déploiement FTTH qui, d’ici la fin 2020, permettra aux 35 communes du territoire de disposer d’un accès Internet très performant.

Une fois les infrastructures télécoms déployées, Valenciennes Métropole, aux côtés de ses partenaires locaux, a structuré et accéléré le développement de la filière numérique. La Communauté d’agglomération développe ainsi sur 26 hectares un site d’excellence qui a pour vocation de devenir un véritable cluster national et européen dédié au numérique : Les Rives Créatives de l’Escaut.

En avril 2015, la Serre numérique, un projet ambitieux porté par la CCI Grand Hainaut, y a ouvert ses portes. D’une qualité architecturale unique, elle propose 17 000 m² entièrement dédiés aux métiers de l’image et de la création numérique, réunissant les trois écoles d’excellence internationale du groupe Rubika, un incubateur, une pépinière de 3 000 m², un centre de recherche appliquée et des espaces de coworking. D’autres programmes sont en cours de développement sur la zone : un hôtel d’entreprises, une résidence étudiante, un Green data center développé par CIV et, à proximité immédiate, le futur Centre d’expositions et de congrès. Ce positionnement numérique et ces premières réalisations ont valu à Valenciennes Métropole d’obtenir le label French Tech aux côtés de la MEL, de Cap Calaisis et de la Communauté d’agglomération Lens-Liévin en novembre 2014.

Riche de son tissu économique, proche des grandes métropoles européennes, jeune et innovante grâce à la présence de son université et d’écoles de renommée internationale, Valenciennes Métropole offre les conditions de développement idéales pour les entreprises du numérique. Afin de faciliter leur implantation, les acteurs locaux ont mis en place une ingénierie d’accueil complète : aide au recrutement, ingénierie financière, recherche de logement pour les cadres et leur famille.Des événements liés à l’innovation sont organisés régulièrement, notamment les Google Devfest, en partenariat avec Faubourg Numérique, ou encore les “Digital Culture Days”, boot camp visant à accompagner les start-up dans leurs candidatures aux appels à projets Fiware.Enfin, l’inclusion numérique fait partie intégrante de la stratégie de Valenciennes Métropole, notamment à travers le projet de l’école numérique “Pop School”, lancé avec l’Association d’innovation sociale numérique (Anis), qui dispensera dès 2015 des formations gratuites à la programmation web/mobile, sans prérequis de diplômes.

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Un pôle d’excellence numérique à vocation multiple

“Valenciennes Métropole a défini en matière d’attractivité et développement économique trois filières d’excellence en lien avec le tissu économique et les atouts de notre territoire : le numérique, la logistique et les transports durables. La longue tradition numérique du Valenciennois prend aujourd’hui corps avec le cluster des Rives Créatives de l’Escaut, qui a pour objectif de fixer sur le territoire valenciennois les étudiants, originaires de toute la France, issus des formations d’excellence universitaires ou consulaires valenciennoises, de concourir à la création d’entreprises innovantes, de motiver le transfert de technologie, la coopération recherche/entreprise dans un environnement porteur et dédié. Pour concourir également à l’attractivité du territoire, la question des infrastructures et de l’aménagement du territoire est décisive. En utilisant les compétences en faveur de l’aménagement numérique de notre territoire et en accompagnant le déploiement de la fibre optique, nous offrons à nos entreprises et futures entreprises, ainsi qu’à l’ensemble de nos habitants et futurs habitants les meilleures conditions d’accueil, de développement et d’épanouissement.”

Valérie Létard, présidente de Valenciennes Métropole, sénatrice du Nord

Une tradition numérique qui vise l’excellence

Dès 2004, la Communauté d’agglomération Valenciennes Métropole, en prenant la compétence d’opérateur de réseaux de télécommunication, marquait clairement sa volonté d’investir et de devenir un territoire majeur en matière d’innovation et d’aménagement numérique.

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Nous voulons rester connectés au monde, me disait un collègue de Lozère. Il est des zones encore trop peu accessibles. Nous devons le dire sans relâche pour lutter contre cet optimisme béat qui veut que le numérique soit une réalité partout aujourd’hui. C’est hélas faux. Le croire réduit l’ambition et la mobilisation collective pour agir…

Vanik BerberianMaire de Gargilesse-Dampierre (Indre)

Président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF)

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communes utilisatrices de campagnol.fr mettent à disposition des habitants l’ensemble des informations utiles : actualités du territoire, comptes rendus de conseils municipaux, etc. Il s’agit d’un partage de la démocratie. En cela, Internet rapproche plus les gens qu’il ne les éloigne. Par exemple, la mairie de Marchastel (150 habitants), dans le Cantal, a créé son site en 2013. Son objectif est de faire connaître la commune et de partager les actualités, chantiers, animations, etc. Des formulaires d’état civil sont également disponibles en ligne pour faciliter les démarches des administrés, à toute heure du jour… et de la nuit ! Pour l’élu en charge du site, “il est désormais indispensable pour une commune, même rurale, d’être présente sur le Net. Les visiteurs sont heureux de retrouver toute l’actualité de leur commune. Et les personnes qui ne connaissent pas la commune se félicitent, elles, de pouvoir la découvrir en ligne.” Requérant entre deux et trois heures de travail par semaine : un site campagnol.fr est “très simple a administrer et ne nécessite pas de connaissances techniques particulières”.

Est-ce facile (techniquement et financièrement) pour une collectivité rurale d’accéder au numérique ? Il est des zones encore trop peu accessibles. Heureusement, on note une réelle progression des équipements haut débit dans certains territoires ruraux. Mais on doit aller plus loin et surtout plus vite ! Il ne faut pas croire que le numérique est partout, il existe encore un écart entre les zones urbaines et rurales. C’est une volonté partagée entre les opérateurs et les communes d’offrir un accès au numérique, ce numérique qui connecte nos territoires au reste du monde.

Est-il encore envisageable pour une commune rurale de se détourner du numérique et de ses outils ? Depuis plusieurs années, l’AMRF porte les revendications des maires ruraux en matière d’aménagement numérique du territoire et de très haut débit. Aujourd’hui, nos interlocuteurs nous font parfois remarquer que de nombreuses communes rurales n’ont pas encore mis en place leur site officiel sur le web… Comment prétendre au “bon débit” si nous ne développons aucun usage des technologies de l’information et de la communication dans nos communes ? Notre avenir sera numérique. Il suffit de ne pas traîner en chemin et que les objectifs fixés par l’État soient atteints dans les temps. L’objectif gouvernemental reste d’accomplir le raccordement de 80 % des foyers à la fibre optique d’ici 2022.

Avez-vous lancé des pistes de réflexion pour développer encore mieux le numérique dans les territoires ruraux ?Nous ne manquons pas d’idées ! Par exemple, promouvoir des “Cafés du village connectés” ou des cybercentres ruraux, conçus à la fois dans un but de désenclavement (l’accès aux services publics, notamment) économique et de resocialisation (lieux multi-usages propices à la collaboration).

L’AMRF est positionnée depuis de nombreuses années sur l’essor du numérique. Quel bilan dressez-vous de vos actions en sa faveur ?Notre société est entrée dans l’ère du numérique et nos populations en sont de grandes consommatrices. Avec la croissance démographique des territoires ruraux depuis plus de dix ans, les habitants de nos communes sont demandeurs de haut débit, de téléphonie mobile et de services numériques. L’Association des maires ruraux de France a pour ambition de rendre les territoires ruraux les plus attractifs possible et d’y permettre le maintien et le développement des services auprès des commerces, des entreprises et de la population. Depuis plusieurs années, l’AMRF est engagée dans le numérique et lutte contre les fractures que fait apparaître cette innovation comparable à l’arrivée de l’électricité au siècle dernier. Globalement nous observons avec optimisme les changements en cours. Le Plan Numérique prend de l’ampleur pour le déploiement du très haut débit. Mais de très grandes disparités persistent entre territoires ruraux. Elles ont vocation à s’estomper dans le futur. Il faut accroître l’effort financier et la prise de conscience des élus. L’opération Connect’Écoles, lancée en 2013, a fait émerger le plan Écoles Connectées du Gouvernement. La direction est bonne. Il faut désormais accélérer son déploiement. Nous travaillons aussi du côté des élus à les inciter à prendre conscience de l’enjeu numérique.

C’est une des conditions essentielles du développement de leur territoire… Oui. Les communes rurales ont un peu de retard. Seulement un tiers des communes dispose d’un site qui leur est propre, et parmi ce tiers, plus de 30 % des sites ne sont pas à jour. Dans une société où près de deux Français sur trois sont utilisateurs réguliers d’Internet, cette situation présente des conséquences négatives pour deux raisons principales :

la commune n’a pas “d’existence” dans l’univers du web et les habitants de ces villages ne peuvent disposer des services qu’ils attendent (information, communication, démarches, vie citoyenne…). L’objectif devrait donc être pour toutes les mairies rurales de disposer d’un site web communal. Sans investissement important et sans connaissances informatiques particulières.

Votre site propose une nouvelle version. Cette évolution est-elle inhérente au succès de la plateforme ?Campagnol.fr est le symbole de notre implication dans les territoires ruraux au service des maires. La nouvelle version répond à un besoin des élus ruraux de s’approprier encore mieux leurs sites Internet communaux. Elle est plus intuitive et ergonomique, et offre de nouvelles fonctionnalités dans la mise en page. Cet outil symbolise notre ambition de “mairie numérique” pour rendre les communes rurales plus visibles sur la Toile. Cela leur permet de proposer d’abord un service de proximité indispensable aux habitants et de devenir des actrices du développement de l’économie locale et des services aux habitants. Plus intuitive, plus ergonomique, la version 3 de campagnol.fr propose une meilleure souplesse pour effectuer les mises en page : outre la personnalisation des modules (choix des couleurs et des polices), les communes bénéficient d’une assistance et du stockage de leurs données basées en France. C’est une bonne chose de voir évoluer ainsi notre plateforme, preuve que les communes se sont approprié l’outil. Nous nous réjouissons que les collectivités rurales veuillent plus que jamais rester connectées !

Pourquoi avoir créé campagnol.fr ?La création de campagnol.fr repose sur le constat simple que communiquer est une nécessité qui s’impose aux collectivités locales. Avec notre plateforme, les communes qui le souhaitent disposent d’une véritable vitrine numérique, pratique, accessible et peu coûteuse. L’AMRF, dans le cadre de son action de service à ses adhérents, a décidé de proposer ce service pour 180 euros TTC de cotisation additionnelle annuelle. Pendant douze mois, la commune disposera d’un ensemble de prestations.Nous avons retenu une formule “tout-en-un” par souci de simplicité, comprenant l’accès à la plateforme de création et d’administration de sites, l’hébergement de votre site sur Internet, le nom de domaine, une vingtaine d’adresses e-mail avec le nom de domaine de la commune en référence, l’accès à l’assistance téléphonique pour le coût d’une communication normale, un référencement sur Google, ainsi que des statistiques de consultation permettant de connaître la fréquence des visites, la nature des pages le plus consultées, l’origine des visiteurs, etc. Ces statistiques seront disponibles en ligne et actualisées chaque jour.L’AMRF est par nature transparente dans ses actions et le numérique n’y échappe pas. Internet est un outil de transparence et de proximité, car toutes les

Le cybercentre est l’une des pistes pour accueillir les porteurs de projets favorisant un retour d’activités dans la commune, dans un espace partagé, bien connecté et sécurisé, éventuellement lié à la mairie. C’est aussi un lieu relais de partenaires territoriaux. La présence d’un tel espace connecté permet de réduire les temps de transports et l’empreinte carbone. Il peut accueillir des activités ponctuelles, comme le suivi de maladies chroniques par un médecin ne disposant pas de cabinet dans la commune. Autre piste de réflexion, la réalisation d’un maillage communal d’Espaces publics numériques localisés ou itinérants, dans une logique de proximité des personnes qui ont besoin d’accompagnement au numérique (objectif d’inclusion numérique) : on ne peut pas attendre des personnes non sensibilisées à l’importance du numérique de se déplacer jusqu’à la ville voisine si elles n’en voient pas l’utilité. C’est à l’animateur d’EPN de se déplacer dans les communes !

Vanik Berberian

60 ans

1989Maire

de Gargilesse-Dampierre

2008Président

de l’Association des maires

ruraux de France (AMRF)

Promouvoir des Cafés du village connectés

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participatif, réalité augmentée, visite virtuelle… La révolution numérique est en marche dans les musées !

Guide numérique du musée Louvre-LensFort d’un accompagnement audio et vidéo, il attire votre attention sur les détails ou les attributs symboliques inaccessibles à l’œil nu pour mieux comprendre l’œuvre.

Aventure interactive sur iPad “Au service du Roy”Au château royal d’Amboise, ce nouveau concept de visite dédié aux adolescents et aux jeunes adultes immerge le visiteur dans l’univers familier des jeux d’heroic fantasy. Cinématiques en dessins animés, jeux d’adresse, de rapidité et d’esprit ont ainsi été imaginés avec les moyens techniques de motion capture.

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Application officielle du musée Soulages, à RodezGrâce à son audioguide intégré, l’application lancée par la Communauté d’agglomération du Grand Rodez permet de découvrir les œuvres et les techniques artistiques de Pierre Soulages.

Palais de TokyoL’application de ce centre d’art contemporain d’avant-garde permet, entre autres, d’être au plus près des artistes, avec des contenus multimédias exclusifs ainsi que des focus réalisés sur une sélection d’œuvres et de manifestations.

Expérience immersive au musée d’OrsayGrâce à des tablettes mises à leur disposition devant la toile, les visiteurs peuvent “entrer” dans L’Atelier du peintre de Gustave Courbet et l’explorer lors d’une balade poétique d’une trentaine de minutes.

63,5 MILLIONS… C’est le nombre d’entrées recensées dans les musées en 2013 par le ministère de la Culture et de la Communication.

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Comment les villes moyennes assument-elles leurs charges de centralité pour le développement culturel et la valorisation de leur patrimoine ?Les villes-centres membres de Villes de France consacrent en moyenne 10 % de leur budget à la culture, qu’il s’agisse de développement culturel, de spectacle vivant ou de valorisation du patrimoine. C’est beaucoup et c’est justifé, car la culture est véritablement le ciment du vivre ensemble. Dans un contexte de plus en plus contraint fnancièrement, la question du partage des charges de centralité devient une priorité et la mutualisation l’une des réponses. De nombreuses villes se tournent également vers le mécénat, en particulier pour le patrimoine.

Caroline Cayeux, maire de Beauvais, sénatrice de l’Oise, présidente de Villes de France

“La culture est véritablement le ciment du vivre ensemble.”

Au-delà de la question fnancière, le numérique appliqué aux musées permet de mettre les œuvres des grands maîtres à la portée du plus grand nombre où que l’on se trouve. Dès lors qu’une connexion Internet est possible, le musée devient accessible jusqu’au fn fond de la brousse ! C’est une révolution considérable qui va permettre un développement de l’accès à la culture dont on ne mesure peut-être pas encore tous les bénéfces. En ce sens, tous les musées ont leur chance de développement.

À Beauvais, avez-vous développé des actions en faveur de l’usage du numérique dans le domaine culturel ?Le numérique s’invite dans tous les aspects de la vie culturelle locale. À Beauvais, ville d’art et d’histoire, la promotion des actions culturelles et patrimoniales passe d’abord par l’Internet, avec notamment le portail Culture directement alimenté par les forces vives du territoire : artistes, établissements, associations, etc. Le numérique, c’est aussi la mise en lumière de la plus haute cathédrale gothique du monde ; les balades virtuelles au Moyen-Âge, sur tablette, dans un ensemble d’architecture hospitalière d’exception ; l’équipement des médiathèques en liseuses et tablettes ; la mise à disposition de fonds patrimoniaux numérisés, etc.Dans les musées, le numérique permet de nouveaux modes d’accès aux collections et des informations enrichies – grâce aux tablettes, tables tactiles, écrans, vidéoprojections, flashcodes et audioguides – permettant souvent de toucher et d’intéresser de nouveaux publics. Ici et là, comme au musée départemental de l’Oise, des œuvres digitales côtoient des toiles multicentenaires.

Quelles sont les solutions pour que tous les musées de France trouvent un équilibre budgétaire malgré les baisses de subventions et comment le numérique peut y contribuer ?Le numérique est un vecteur de communication extrêmement puissant pour les musées. Il existe une véritable passion française pour les musées. On voit des foules extraordinaires se déplacer, pas seulement pour les très grands événements mais pour toutes les expositions. Celles qui se déroulent dans les villes de province suscitent un immense intérêt. Mais encore faut-il que les gens soient au courant et porter ce message culturel. Le numérique va alors servir à informer les fdèles des musées. Des communautés se créent, car les gens aiment beaucoup partager ce qu’ils ont vu. C’est donc un relais fantastique, autant pour les petites institutions que pour les très grandes.

Comment Orange accompagne-t-il les musées dans leur usage du numérique ?Chez Orange, nous avons porté des projets extrêmement importants, comme à Versailles ou au Louvre-Lens. Pour Versailles et ses jardins, notre application est sans doute l’une des plus connues du monde culturel et l’une des

Christine Albanel, directrice exécutive Responsabilité sociale d’entreprise, Diversité, Partenariats et Solidarité du groupe OrangeAncienne ministre

Face aux baisses des dotations de l’État, les collectivités locales sont obligées de revoir à la baisse certaines subventions. Comment pallier ce manque et promouvoir le développement culturel au niveau local ?Aujourd’hui, la baisse drastique des dotations aux collectivités nous a conduits à revoir certains projets, et parmi eux des projets culturels, qu’il s’agisse d’investissements ou de subventions aux associations.C’est le casse-tête de tous les élus : comment faire aussi bien avec moins ? Il faut donc établir des priorités et inciter les associations à se regrouper quand c’est possible.

L’innovation numérique peut-elle être un atout pour augmenter la fréquentation des musées ?

plus innovantes. L’aide à la visite avec la réalité augmentée, par exemple, est particulièrement innovante. Les institutions culturelles et les ingénieurs d’Orange apportent leurs richesses respectives à ces projets. Les petits musées doivent aussi jouer la carte de l’événement, en trouvant un angle qui va intéresser la population locale. Nous accompagnons tous les musées. Orange peut être sollicité par toutes les institutions et/ou poursuivre une aventure qui compte déjà plusieurs chapitres.

Comment l’expérience du numérique va-t-elle évoluer pour les musées ?Tous les possibles sont offerts par le numérique et cela rétablit une démocratie culturelle en couvrant tout le territoire, puisque l’on peut à présent voir en direct une grande exposition de façon virtuelle. On peut également toucher un public international. Tout cela est très prometteur.

Châteaux et jardins de Trianon Du Grand Trianon au Temple de l’amour, du Pavillon français à la grotte de Marie-Antoinette, du salon des Malachites au boudoir de l’impératrice, l’application Châteaux et Jardins de Trianon propose une visite du domaine grâce à des commentaires audio, des vidéos, des photos, des jeux ou encore des archives retraçant quatre cents ans d’histoire intime de ces lieux champêtres.

Retrouvez l’intégralité de ce voyage visuel sur parolesdelus.com

“Tous les possibles sont offerts par le numérique et cela rétablit une démocratie culturelle.”

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C’est déjà demain…Le robot Nao, conçu par la société française Aldebaran, permet de développer notamment la communication avec les enfants autistes atteints du syndrome d’Asperger.

Avec 50 milliards d’objets connectés d’ici cinq ans, ce marché révèle un potentiel énorme pour les villes et la santé, entre autres.

Voyage dans les abosl

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ectésObjectif : précisionLa première montre connectée du groupe Cupertino, sortie en avril 2015 en France, est équipée d’un écran Retina, d’un verre Sapphire, d’un capteur de rythme cardiaque et de mouvement.L’Ultimaker 2 Extended est une imprimante 3D qui offre une qualité d’impression allant de 300 à 20 microns pour les prototypes réclamant une précision extrême. Sa vitesse d’impression peut aller jusqu’à 300 mm par seconde. Une vraie révolution !

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Christophe Béchu, maire d’Angers, sénateur du Maine-et-Loire

Notre pays est entré de plain-pied dans la modernité numérique. Une étude récente montre que les Français consultent en moyenne 150 fois par jour leur smartphone. Or, cette modernité se réinvente chaque jour ! Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une immense déferlante, celle des objets connectés. D’ici 2020, on estime que 50 milliards de capteurs et autres objets communicants seront connectés au réseau Internet. D’ici cinq ans, nous devrions posséder, en moyenne, 15 objets connectés par personne. Notre pays – pouvoirs publics, start-up… – a saisi les enjeux de cette véritable révolution. Orange a choisi d’investir massivement dans ce secteur porteur. C’est un prolongement naturel de notre cœur de métier. Orange veut être présent sur l’ensemble de la chaîne de valeur, ce qui inclut à la fois la vente d’objets en magasins, en particulier dans nos 40 mégastores, ceux déjà ouverts comme ceux qui vont ouvrir, ainsi que la fourniture de services à valeur ajoutée autour de ces objets dans la santé, le bien-être, l’environnement ou la maison connectée. Ainsi, notre bouquet de services HomeLive (sérénité, détection de fumée,

Luc Bretones, directeur du technocentre d’Orange et d’Orange Vallée

caméra, thermostat connecté…) est déjà un succès en France et sera lancé dans d’autres pays d’Europe. N’oublions pas, bien sûr, l’analyse des données et les solutions de connectivité pour les entreprises (cartes SIM machine à machine ou M2M et connectivité LoRa). Notre ambition, outre la distribution de ces objets, est donc de proposer aux collectivités intéressées, via l’initiative “Datavenue”, des plateformes d’échanges et de valorisation des données obtenues. De nombreuses collectivités territoriales encouragent cet essor, souhaitant maîtriser les services et les données collectées en temps réel. Et c’est pourquoi, en rejoignant notamment la Cité de l’objet connecté, nous voulons contribuer au développement de la flière française et européenne de l’Internet des objets.

“Impulser un esprit pionnier.”

“D’ici cinq ans, nous devrions posséder, en moyenne, 15 objets connectés par personne.”

Cité de l’objet connectéInaugurée le 12 juin 2015 à Angers par le président de la République François Hollande, la Cité de l’objet connecté est une usine d’un nouveau genre : un accélérateur industriel qui répond aux besoins de rapidité de développement des entreprises innovantes.

Pour un élu local, quels sont les enjeux de l’évolution numérique ?Toute la société est touchée par la révolution numérique. Les collectivités locales et les élus n’échappent pas à cette règle. Impossible de passer à côté de ce progrès technique offert par le déploiement des objets connectés. Les Villes ont en main des outils permettant d’adapter au plus juste les services aux besoins réels de la population et de mieux connaître ses habitudes. L’objectif smart city est non seulement bénéfque sur le plan du service rendu, mais il l’est également sur un plan fnancier avec l’optimisation du travail des agents grâce à l’analyse fne des données collectées. Le numérique, c’est aussi une révolution de la relation élu-citoyen avec une exigence accrue en matière de transparence, de dialogue et de réactivité.

Donnez-nous quelques exemples concrets de ce que peuvent apporter les objets connectés ?Nous venons d’installer des capteurs de remplissage dans des conteneurs enterrés de tri sélectif pour optimiser la collecte. Nous testons des poubelles triant elles-mêmes les déchets. Nous traquons les fuites d’eau avec

le centre-ville d’Angers est désormais un laboratoire permanent de test des applications smart city. Cela grâce à un partenariat avec WiFiLib, le réseau de WiFi gratuit déployé dans les métropoles par Afone, une entreprise angevine.

C’est pourquoi vous avez mis en place la Cité de l’objet connecté ?La Ville et l’Agglomération ont naturellement accompagné et soutenu l’arrivée de la Cité de l’objet connecté. Mais cette dernière est une initiative privée. Si elle s’installe à Angers, c’est parce qu’il existe ici un territoire propice à l’innovation industrielle. L’électronique et l’informatique sont depuis les années 1970 des flières d’excellence de notre territoire : entreprises, recherche, enseignement supérieur, entre autres. À l’heure de la révolution numérique, tous ces acteurs ont su s’adapter aux nouveaux enjeux industriels. C’est pourquoi Angers compte sur son territoire de nombreuses pépites : à la fois des leaders (Eolane, Evolis, Valeo, Atos…), mais aussi des entreprises à la pointe de l’innovation (Creative Eurecom, Afone, Octave…) et des sociétés qui grandissent vite dans un esprit start-up (We Forge, groupe InWest, Logosapience, Physidia, Qowisio…). La flière numérique/électronique représente pas moins de 900 entreprises et 7 000 salariés. C’est donc en toute logique que notre agglomération vient d’être labellisée French Tech, faisant d’Angers LA référence en matière d’objets connectés.

des capteurs de bruit sur le réseau. Toujours dans le domaine de l’eau, 70 000 émetteurs ont été installés sur les compteurs permettant à l’agent d’effectuer le relevé sans descendre de son véhicule… Et je ne m’étends pas sur les capteurs environnementaux ou nos outils pour fluidifer la circulation. J’évoquerai enfn les 140 000 cartes A’Tout en circulation, grâce auxquelles les Angevins accèdent à la fois aux bus, aux tramways, aux bibliothèques, aux piscines, à la patinoire, etc. Le tout avec des démarches et une gestion simplifées grâce à un e-dossier unique.

Angers porte l’ambition de devenir une smart city exemplaire ?Clairement. Désormais, à Angers, toute action publique est passée au crible de l’ambition smart city. Peut-on innover grâce à des objets connectés ? Existe-il des expérimentations que l’on pourrait appliquer ? Nous impulsons un esprit pionnier. C’est une volonté politique, mais nous nous appuyons sur des compétences très en pointe en la matière. Ainsi, trois écoles d’ingénieurs angevines se sont associées pour lancer le programme Pavic. Grâce à lui,

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LES GISEMENTS DE L’OR GRIS

Silver économie

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es chiffres qui signent un enjeu de société sans précédent : en 2030, plus de 20 millions de Fran-çais seront sexagénaires.

Un tiers de la population ! C’est un phénomène inédit,

conséquence du baby boom d’après-guerre et de l’allon-

gement de l’espérance de vie. En quarante-cinq ans, la part des personnes

âgées dans la population globale a augmenté de 80 %. À l’horizon 2050, 1,4 million à 4,8 millions de personnes auront plus de 85 ans. La préserva-tion de l’autonomie est devenue un enjeu crucial dont ont pris conscience les pouvoirs publics.

Parmi ceux-ci, les Départements sont en première ligne, titulaires de larges pans de compétences sur la santé et, par ailleurs, guichets d’aide sociale. À la faveur de la récente réforme territoriale, les métropoles et les Communautés d’agglomération se penchent à leur tour sur les problématiques que rencontrent les personnes âgées.Au plus près des besoins des usagers, les collec-tivités innovent, structurent les acteurs publics et privés pour proposer des solutions ingénieuses, s’appuyant sur les technologies numériques. Des initiatives originales, nombreuses et variées prennent corps dans les territoires (lire en pages suivantes).Dans un contexte budgétaire tendu pour le secteur public, qui pèse singulièrement sur les finances

L’or gris, gisement de croissance à la portée des territoires

Les technologies numériques multiplient les réponses pertinentes au défi posé par le vieillissement de la population et par l’aspiration sociale à une autonomie la plus longue possible. Au plus près des demandes des citoyens, les collectivités font émerger sur le territoire des filières potentielles moteur de croissance.

Silver Normandie : la Région s’engage pour les seniors

Vous avez dit… silver économie ?Filière économique transversale, elle englobe “l’ensemble des technologies offrant des services destinés aux personnes avançant dans l’âge, à leurs aidants directs ou aux professionnels accompagnant ces personnes”*. * Livre blanc 2015 La révolution du bien vieillir

(Syntec numérique)

La Basse-Normandie, Eldorado des seniors ? C’est en tout cas le pari pris par le Conseil régional qui, via son agence de développement économique, Miriade, œuvre à la construction d’une filière économique centrée autour des services et produits innovants à destination des personnes âgées. Résultat : la région est la première à avoir bénéficié du label “Silver région”. Le projet s’articule autour de deux axes. D’une part, le pôle de compétitivité TES, pour “Transactions électroniques sécurisées”, qui travaille au développement de produits d’e-santé et, d’autre part, le cluster Techsap Ouest, qui se consacre au développement de l’innovation pour le maintien à domicile des personnes, notamment par le numérique, grâce à un living lab et à un club usager.

Que représente le défi du vieillissement de la population pour notre société ?L’évolution démographique, le vieillissement de la population, la pyramide des âges nous amènent à anticiper des mouvements. Dans les quinze prochaines années, 20 millions de Français auront dépassé les 60 ans. C’est avant tout une réalité humaine à laquelle la société doit s’adapter. Tous les pans de la vie doivent prendre en compte ce défi qu’est celui de la silver économie, un enjeu qui doit être relevé par tous les acteurs, institutionnels et économiques. La question que nous devons nous poser est : “Comment prépare-t-on en termes de services et d’offres économiques à cette nouvelle étape de la vie ?”

Que peuvent apporter les technologies numériques à l’émergence de la silver économie ?L’innovation et les avancées technologiques, au premier rang desquelles le numérique, doivent constituer des opportunités permettant d’adapter les modes de vie en termes de mobilité ou grâce à la domotique. Le numérique peut faciliter le quotidien des personnes qui avancent dans l’âge mais aussi favoriser l’accès à la culture ou à la connaissance. C’est l’ensemble des équilibres des relations de solidarité, au sein de la collectivité nationale et au plus près des territoires, qui va être repensé.

Frédéric Cuvilliermaire de Boulogne-sur-Mer, député du Pas-de-Calais, ancien ministre, président de la Fédération des agences de développement économique (Cner)

31 Md€Marché en France en 2010,

soit 1,59 % du PIB. Prévisions en 2040 :

2,4 %*

24 Md€Total des dépenses

publiques (prise en charge de la santé, APA, aide

à l’hébergement)*

7 Md€Total des dépenses privées

* Rapport Stratégie pour la couverture de la dépendance des personnes âgées, Bertrand Fragonard, 24 juin 2011.

En quoi s’agit-il également d’un enjeu économique ?Derrière les réalisations des entreprises, il y a une dynamique territoriale, directe ou indirecte, soit avec des entreprises elles-mêmes directement en lien avec l’innovation de la silver économie, soit en termes d’attractivité du territoire parce que les collectivités font en sorte que leurs territoires s’adaptent.

Quel peut être le rôle des agences de développement économique en la matière ?Les agences de développement économiques naissent de la volonté politique de collectivités de se doter d’outils capables de contribuer au rayonnement économique de leur territoire. Nous sommes à la fois des facilitateurs mais aussi des “assembliers”. Nous sommes là pour offrir des boîtes à outils et répondre en cela aux attentes du territoire. Et ce grand rendez-vous de la silver économie, qui est l’une des spécificités françaises, doit nous permettre là encore de nous appuyer sur la pertinence des territoires et sur leurs connaissances mais également sur la capacité de notre réseau – plus d’une centaine d’agences – à apporter notre expertise et notre expérience.

“REPENSER L’ENSEMBLE DES ÉQUILIBRES DES RELATIONS DE SOLIDARITÉ”

Dans les territoires

Retrouvez l’intégralité du dossier sur parolesdelus.com

Dossier réalisé en partenariat avec le Cner- Illustration : Icinori

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départementales, ces technologies offrent des applications de plus en plus performantes. Elles sont la clé pour transformer les défis liés au vieil-lissement en opportunités sociétales. Trois champs d’activité sont particulièrement por-teurs de perspectives : la qualité et le confort de vie, l’interaction sociale des seniors et, bien sûr, l’e-santé.Les opportunités sont aussi économiques. Car les seniors comptent parmi les Français les plus aisés. Leurs revenus ont été multipliés par sept en vingt ans. Ceux dont ils disposent sont en moyenne 30 % supérieurs au reste de la population et ils détiennent 60 % du patrimoine des ménages.De ces constats est née l’ambition de faire émer-ger un pan de l’économie prenant en compte ces nouveaux besoins liés à l’avancée en âge. Il porte déjà un nom : la “silver économie”. La Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) estime à 300 000 le potentiel de créations d’emplois nettes dans cette nouvelle filière. Selon le rapport de la commission “Innovation 2030”, présidée par Anne Lauvergeon, ce marché représente un véritable gisement de croissance et pourrait atteindre 2,4 % du PIB en 2040. Il compte parmi les sept ambitions dessi-nées pour la France : l’innovation au service de la longévité, autrement appelée silver économie.Au tout début de l’année 2014, une première expérimentation de structuration de filière voit le

jour en banlieue parisienne, à Ivry-sur-Seine. C’est la Silver Valley. Parallèlement, d’autres territoires décident de jouer cette carte d’avenir. Trois “Silver régions” émergent au même moment, en Basse-Normandie, en Midi-Pyrénées et en Aquitaine. Les principes sont similaires. Il s’agit de créer un lieu privilégié d’échanges, virtuel ou réel, entre les différents acteurs du secteur pour proposer un ensemble de services aux entreprises afin qu’elles accèdent à ce marché, pour accompa-gner les entreprises naissantes sur le modèle des pépinières, pour accueillir aussi des laboratoires et, parfois, proposer un showroom, comme à Ivry.Entre développement économique local et réponse au défi majeur du vieillissement de leurs admi-nistrés, les collectivités ont bien compris l’intérêt qu’elles pouvaient trouver à développer “l’or gris”.

Accélérer la croissance de la silver économieEn 2013, de nombreuses initiatives publiques et privées ont mis en lumière les enjeux économiques posés par le vieillissement de la population. Le concept de silver économie émergeait et une véritable impulsion des acteurs s’activait. Deux ans plus tard, Syntec numérique, le premier syndicat professionnel de l’écosystème numérique français, consacrait son Livre blanc 2015 à “la révolution du bien vieillir”. Rédigé sous la direction de Nadia Frontigny, vice-présidente Care Management chez Orange HealthCare, ce rapport émet quatre recommandations pour “faire face à l’allongement de la vie, véritable défi pour notre système social” :

• relancer le Comité de filière industrielle silver économie, qui a pour mission

Le numérique maintient à domicile C’est une première en France : en Ariège, à Foix, une pépinière d’entreprises s’est installée, au printemps 2014, au cœur même d’un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), à l’initiative de l’agence de développement économique du département, Ariège Expansion. La pépinière, d’une surface de 70 m², propose quatre bureaux

à des entreprises spécialisées dans l’innovation au service du maintien à domicile et de la prévention de la dépendance. Services déjà proposés par les entreprises : assistance vingt-quatre heures sur vingt-quatre, recueil et traitement des informations fournies par des objets communicants et modélisation des comportements de vie des seniors au travers de l’analyse de l’utilisation des appareils électriques.

Le bien-être du 3e âge passe par le designSur un territoire marqué par la désindustrialisation, Adel 42, l’agence de développement économique du Conseil départemental de la Loire, fait de la silver économie l’un des leviers de son potentiel de croissance. En partenariat avec des entreprises locales, des chercheurs, des enseignants du supérieur et la Cité du design de Saint-Étienne, elle remporte en 2010 un appel à projets lancé par l’État. En s’appuyant sur les usages et en travaillant autour du concept de design universel, l’initiative a pour but de faciliter le quotidien des personnes âgées et leur mobilité. Le guide Design pour tous, conçu par le cluster Designer + a ainsi été publié à destination des entreprises.

de piloter, fédérer et structurer cette filière, en saisissant les nouvelles opportunités offertes par le numérique (solutions, métiers, organisations, financement) ;

• construire un plan national de modernisation de l’action sociale pour replacer la prévention et l’accompagnement du vieillissement à sa juste place en complément de l’offre de soins. Ce plan, construit dans une logique économique viable et ancrée dans les territoires, pourrait s’inspirer des structures mises en place dans le cadre du projet Territoire de soins numérique (TSN) ;

• faire émerger des grands acteurs pour accélérer la transformation de l’action sociale par de larges préfigurations afin de consolider la filière et de l’inscrire dans la durée ;

• établir une démarche proactive et intelligente de la gestion des données des seniors et créer un observatoire des usages et des métiers, pour

un meilleur accompagnement du vieillissement.

S’ajoutent trois pistes d’action spécifique pour le Comité de filière :

• élaborer une nouvelle stratégie de services s’appuyant sur une segmentation fine des seniors et sur les opportunités liées au numérique (hotline, sites web, réseaux sociaux, big data, intermédiation…) ;

• mettre en place une organisation robuste autour d’un “opérateur pivot” pour coordonner une offre dédiée au senior bénéficiaire et son aidant, dans une logique de territoire ;

• consolider un modèle de financement alliant sources publiques et privées en associant les assureurs.

Ce Livre blanc a été remis le 24 juin 2015 à Laurence Rossignol, secrétaire d’État chargée de la Famille, des Personnes âgées, de l’Autonomie et de l’Enfance.

Répondre aux enjeux

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Les réseaux sociaux au service de l’e-réputation

Taper votre nom sur un moteur de recherche et passer en revue les dix premiers liens ? Rien de narcissique rassurez-vous. Simplement du bon sens numérique. Sur Internet, a fortiori sur les réseaux sociaux, le droit à l’oubli n’existe pas. Une raison parmi d’autres de vous armer de la plus grande vigilance afin de ne pas dériver à bord de ces fameux canaux 2.0. Contextualisons. Alors que les 44,6 millions d’électeurs ne se déplacent que deux fois par an au maximum dans les bureaux de vote, les deux tiers des 30 millions d’usagers français de Facebook sont en ligne quotidiennement. Nul besoin d’être l’édile d’une métropole high-tech pour s’emparer de cette arène politique : du haut des 700 habitants de sa commune, le maire de Conliège, Roger Rey, s’exprime désormais autant que la maire de Paris sur Twitter. Il y parle vin jaune, musique et Jura. En tant que personnalité publique, votre présence sur Internet est inéluctable, alors comment la maîtriser ? Quatre élus, en Normandie, en Ardèche, dans l’Orne et en Gironde reviennent sur leur expérience pour vous aider à fabriquer votre propre guide de survie de l’honneur de l’élu en milieu numérique !

à certaines conditions !

Les 4 commandements de l’e-réputation

2De retenue, vous ferez preuvePour un tweet de trop sur Éric Zemmour, le maire de Conliège a subi les foudres des internautes partisans du polémiste durant des semaines… Devenu agora numérique, Internet fait cohabiter les deux temps de la parole politique : l’immédiateté de l’information continue et la longue mémoire des moteurs de recherche. “Que faire, à part être attentif à ce qu’on dit ?” interroge Olivier Dussopt, qui a établi sa propre charte d’usage des réseaux sociaux pour éviter de s’enflammer comme d’autres pour un mot de travers. “La réputation, vous n’en êtes pas maître, ce que vous rendez public vous engage presque pour l’éternité”, résume Alain Lambert, le président du Conseil départemental de l’Orne.

3Empreinte de clarté, votre communication seraGare à ne pas mélanger les types de communication entre le personnel et l’institutionnel. Pour éviter la confusion, chacun sa méthode : “Quand je suis en campagne, je ne parle que de local pour que mes électeurs sachent que je suis tout aux débats de l’Orne”, préconise Alain Lambert. Dans son fief ardéchois, Olivier Dussopt a, pour sa part, séparé clairement les différents comptes : le compte Facebook de la Ville pour les informations municipales, de la réunion publique à l’interruption d’une rue, et sa page personnelle pour ses opinions. “Si je veux relayer une information institutionnelle sur laquelle je n’ai pas de commentaire, je partage le statut de la Ville, a-t-il établi dans sa charte.

1Votre histoire, vous écrirezPremier exercice pratique : tapez votre nom sur un moteur de recherche. Ne cherchez pas plus loin que la partie qui s’affiche dans votre navigateur : qualifiée de “zone utile” par les spécialistes de l’e-réputation, les cinq à dix premiers liens concentrent à eux seuls plus de 80 % des clics des internautes. Et si vous découvrez des informations dont vous n’aviez pas connaissance, vous voilà face à un premier problème. “Ne pas être présent sur Internet, c’est prendre le risque de perdre le contrôle de ce qui se dit sur vous”, résume Olivier Dussopt. Pour y remédier, Yves d’Amécourt, maire de Sauveterre-de-Guyenne, en Gironde, a donc déployé un arsenal complet : Twitter, Facebook et blog.

4Du droit à l’oubli, vous ne serez pas exemptéAu tribunal, Internet est un lieu public comme un autre. Quand les ricochets de phrases trop affûtées finissent par blesser quelqu’un, la loi s’applique comme ailleurs : “Des élus qui utiliseraient les réseaux sociaux pour diffamer seraient exposés aux mêmes risques que sur la place publique, résume Luc Brunet, responsable de l’Observatoire SMACL des risques de la vie territoriale. À quoi s’ajoute la responsabilité des commentaires laissés sur les pages par les administrés, qui peuvent faire l’objet de plainte auprès de la collectivité.” Deuxième cause de contentieux pénal des élus locaux après l’atteinte à la probité avec 20 % des cas, l’atteinte à l’honneur ! Ce risque est désormais couvert par certaines assurances sous le titre de la reconstitution d’image.

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Comment organisez-vous votre expression sur Internet ?

Ce que je fais sur le blog relève plus du compte rendu de mandat. Sur Facebook, c’est de l’actualité essentiellement locale et du partage de vidéos. Sur Twitter, je suis uniquement dans le commentaire national. En revanche, je ne veux pas que cela introduise de la confusion, notamment en période électorale. C’est pourquoi nous avons créé un compte Facebook de la Ville d’Annonay : ceux qui auront à me succéder le reprendront, mais ce n’est pas le compte du maire, c’est le compte de la Ville. Lorsque l’information est très institutionnelle, pour la lisibilité de la source, je relaie le statut du compte de la Ville.

Quelles limites vous fixez-vous ?

Sur la nature de l’expression, même quand je suis très énervé ou très fâché de certaines déclarations, je fais attention à la manière dont je m’exprime. C’est une page personnelle, mais celui qui la consulte lit la page d’un député, de quelqu’un qui exerce des responsabilités publiques. Je fais toujours attention à ne pas être dans la grossièreté et de n’être léger que sur des choses légères. Par ailleurs, vous ne trouverez rien sur ma vie privée : je peux partager des sentiments personnels mais aucune photo de soirée avec mes amis ou de mes nièces.

Pourquoi vous tourner vers les réseaux sociaux pour parler de votre commune ?

Mes enfants ont entre 14 et 25 ans, ils lisent très rarement le journal, mais ils s’informent en permanence sur les réseaux sociaux. Le rôle d’un élu, c’est de faire et puis aussi de faire savoir. Il y a une génération de Français qui n’ouvrent jamais un journal et je me tourne vers les réseaux tout simplement pour m’adresser à cette partie de la population. Nous avons été l’une des premières communes en France à mettre en ligne les délibérations du conseil, les comptes rendus, etc. C’est un outil de démocratie et de diffusion, mais aussi un outil de travail. Certaines personnes se déplacent aux manifestations en apprenant qu’elles avaient lieu grâce aux réseaux sociaux. Je ne fais pas de communiqué de presse, je m’exprime sur les réseaux sociaux, et les médias locaux citent désormais mon compte Twitter. En étant présent sur Internet, je maîtrise 80 % de mon image et de celle de la commune.

Comment cela influe-t-il sur la réputation de votre commune ?

Aujourd’hui, la commune de Sauveterre- de-Guyenne a une notoriété en Gironde et sur Internet qui est bien supérieure à celle d’une commune française de 2 000 habitants. Quand le maire de Sauveterre va défendre

Comment évitez-vous et gérez-vous la polémique ?

Ces débats qui s’enflamment sur Twitter s’éteignent aussi vite qu’ils se sont enflammés. Je suis un garçon qui se cadre tout seul : en termes d’utilisation, ce n’est pas parce que vous m’attaquez sur Twitter que je vais vous répondre. Et ce n’est pas parce que j’ai répondu une fois que je répondrai une deuxième, à l’inverse de personnes qui s’enferment et finissent par faire de la mousse en répondant vingt fois à la même personne qui les insulte. Prenons un exemple : j’ai trouvé le Président très pertinent sur la question du terrorisme dans une récente intervention mais ce n’est pas mon domaine. Si je tweete mon avis et que la phrase est reprise, je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même : je n’avais pas à l’écrire si je ne voulais pas que mes propos soient repris. En 2010, j’ai prononcé une phrase qui, sortie de son contexte pouvait être jugée maladroite, et j’ai compris qu’on pouvait trouver des propos désagréables en réaction des mois après. Qu’y faire à part veiller à ce qu’on dit ?

un dossier à tel ou tel endroit, la commune est connue : sa notoriété a été accélérée par l’usage des réseaux sociaux. La réputation de Sauveterre est celle d’une ville qui avance, qui bouge, on le voit quand on prend un rendez-vous auprès des services de l’État ou d’un organisme.

Quelles précautions prenez-vous pour éviter que la réputation de votre commune ne vous échappe ?

Je ne tweete pas comme je parle, je ne blogue pas comme je parle… je fais attention. Pendant les élections départementales, j’avais pris position pour un candidat dans un article de Rue89, j’en ai entendu parler : mon frère qui habite à 400 kilomètres d’ici, m’a appelé pour me dire qu’on discutait de cette sortie jusque dans ses réunions ! Internet créé de nouvelles frontières, de nouveaux périmètres.

Olivier Dussopt@olivierdussopt

Président de l’Association des Petites Villes de France, député de l’Ardèche et maire d’Annonay, Olivier Dussopt s’est constitué une charte d’utilisation des réseaux sociaux mêlant prudence et sang-froid pour ne pas sortir de son rôle… et ne pas prêter le flanc aux polémiques !

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Yves d’Amécourt@yvesdamecourt

Viticulteur habitué à surveiller la réputation de sa production sur Internet, Yves d’Amécourt applique les mêmes recettes pour faire connaître Sauveterre-de-Guyenne, dont il est le maire depuis 2008.

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Olivier Dussopt @olivierdussopt

Même si elle est personnelle, ma page reste celle d’un député.

Yves d’Amécourt @yvesdamecourt

En étant présent sur Internet, je maîtrise 80 % de mon image et de celle de la commune.

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Vice-président de l’Association des maires ruraux de France, John Billard, maire du Favril (Eure-et-Loir) a fait de Facebook un outil de transparence vis-à-vis de ses administrés.

Quel rôle jouent pour vous les réseaux sociaux dans la vie politique locale ?

Les élus rencontrent moins la population après les campagnes électorales, et c’est dommage. La révolution numérique nous offre ainsi le moyen de maintenir le lien direct avec nos électeurs, ce qui est un “plus” démocratique. Personnellement, j’ai tout de suite considéré que les réseaux sociaux étaient l’occasion de sortir d’une sorte de “ghetto” et de vivre au cœur de la société dont je suis l’élu. C’est aussi un moyen de mieux connaître les attentes de mes concitoyens.

Comment gérez-vous la relation à vos administrés sur les réseaux ?

La difficulté est de séparer communications nationale et locale. Cela étant, l’objectif reste tout de même de faire remonter dans le débat national les idées de nos concitoyens, sans qu’ils aient pour autant le sentiment que l’on s’éloigne de leurs préoccupations. Je me souviens d’une erreur que j’ai commise durant les législatives à Paris, en 2012. François Fillon et Rachida Dati s’y disputaient. Par provocation, j’avais proposé de les aider à trancher leur désaccord en me présentant à leur place. Cela avait été pris au premier degré et j’ai alors été soupçonné de me désintéresser de mon département. Depuis, je fais particulièrement attention à ne pas mélanger les genres.

Comment utilisez-vous les réseaux sociaux ?

Je les utilise comme n’importe qui les utiliserait dans sa vie de tous les jours. Sauf que ma vie n’est pas comme celle de tout le monde puisque je suis élu. Pour moi, l’enjeu c’est la transparence : la commune ne m’appartient pas, donc les citoyens sont en droit de savoir qui je suis, ce que je pense, et je me fais un devoir de leur montrer ce que je fais concrètement. Dans le cadre de mes fonctions au sein de l’Association des maires ruraux de France, je m’adonne aussi à un petit jeu qui consiste à photographier toutes les mairies des villages ruraux que je traverse pour montrer la diversité de la ruralité en France sur mon compte Facebook.

Peut-on tout dire sur Internet ?

Rien n’est fait au hasard, je réfléchis à chaque fois à l’opportunité de mes prises de parole. Mais je m’exprime toujours pour faire savoir qui je suis : en cela, le commentaire d’un fait d’actualité est efficace pour véhiculer mes positions. En ce qui concerne ma vie privée, je pense qu’il faut se préserver. Je publie parfois des choses de ma vie hors mandat, mais cela va dans le même objectif : montrer

Vous fixez-vous des limites dans votre expression ?

J’évite de prendre parti sur des sujets sur lesquels j’estime ne pas avoir de compétences techniques ou philosophiques. Je me suis toujours autorisé une très grande indépendance, même vis-à-vis des formations politiques auxquelles j’ai appartenu. Mes concitoyens savent que je ne serai jamais prisonnier d’un parti. Je pense que les réseaux sociaux sont un outil de libération des élus au regard de l’appartenance partisane qui, en France, est trop clanique : le côté régiment des partis y est castrateur de la personnalité des personnes engagées.

Comment vous efforcez-vous de maîtriser votre réputation sur les réseaux sociaux ?

La réputation, vous n’en êtes pas maître. Il faut rester très vigilant sur ce que l’on rend public, car cela vous engage presque pour l’éternité ! Cela oblige à un contrôle soigneux de ce que vous publiez, de manière au moins à rester fidèle à la personne que vous êtes. Pour Twitter comme pour Facebook, j’ai publié une charte expliquant la façon dont je conçois ma relation avec mes followers. Si je veux susciter un débat un peu vif, j’opte pour Twitter, pour un débat plus détendu, je choisis Facebook.

que je suis un citoyen comme un autre avec une femme et des enfants.

Comment gérez-vous votre e-réputation ?

Je rédige moi-même les contenus, je ne le confie pas à un conseiller en communication. Je fais très attention à la façon dont je m’exprime : je relis toujours et parfois je retire ce qui peut poser problème a posteriori. Si jamais il y a un souci juridique, mon assurance personnelle d’élu comporte une clause réputation qui permet de prendre en charge le “rattrapage” de ma réputation. Mais une fois que le mal est fait, pour réparer les dégâts, c’est long. Quand je reçois des critiques directes sur mes actions via Internet (ce qui est assez rare), je vais voir les gens pour en parler. Être sur un réseau, ça n’empêche pas les rapports humains.

Alain Lambert@alainlambert

Hyperactif numérique et passionné de technologies, le président du Conseil départemental de l’Orne, ancien ministre, utilise les réseaux sociaux pour maintenir le lien avec ses électeurs locaux, même quand il est entraîné au cœur de débats nationaux.

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Alain Lambert @alainlambert

Les réseaux sociaux permettent de se libérer des logiques partisanes.

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Sur Internet, je montre ce que je fais concrètement.

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La question qui est devant nous est de savoir quel est l’écosystème numérique territorial optimal pour bénéficier de la confiance des citoyens et de leur participation à la conception et à l’évolution des services publics qui devront demain être rendus à tous, tant à distance que dans la proximité…

Dominique BussereauDéputé de la Charente-Maritime

Président du Département de la Charente-MaritimePrésident de l’Assemblée des Départements

de France (ADF) Ancien ministre

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reposer sur les équipements mobiles individuels. Les territoires ruraux et périurbains de nos départements doivent être considérés comme des territoires prioritaires d’innovation numérique. Pour cela, c’est la 4G qui devrait maintenant y être déployée le plus rapidement possible.

Concernant les usages et services numériques quels sont pour vous les grands chantiers ? Notre pays a besoin de volontarisme numérique dans les domaines de l’éducation, de l’administration, de la santé et des solidarités, de l’économie, et de la culture du numérique en général. Dans le domaine de l’éducation, on constate encore que les Départements ont été aux avant-postes des expérimentations au travers de l’équipement numérique de nombreux collèges. Mais l’heure n’est plus aux expérimentations. Désormais, un enfant construit en partie son identité et sa relation au monde, aux autres et aux connaissances grâce aux écrans et à l’Internet.

Nous faut-il réinventer notre système éducatif ?Oui, en nous servant du numérique et en hybridant le plus efficacement possible le meilleur de la pédagogie classique en présentiel avec celui de la pédagogie numérique et à distance. Le corps enseignant semble de plus en plus persuadé par cela. Leur formation aux pratiques pédagogique reposant sur le numérique est prioritaire. Le risque est aujourd’hui que les établissements les plus avancés dans les usages pédagogiques numériques le soient toujours plus au détriment de ceux qui le sont moins. Le contexte budgétaire ne permet pas d’envisager la fourniture et la maintenance par les collectivités territoriales d’équipement mobile individuel pour chaque collégien. Enfin, l’écosystème éducatif numérique doit être conçu pour optimiser la réussite de chaque élève dans la durée. À cet égard, nous devons territorialiser l’action publique par bassin d’éducation en englobant écoles et collèges et en incluant les familles dans la dynamique des apprentissages par le numérique. Le défi est celui de la mutualisation des idées, des analyses et des moyens humains, financiers et techniques. De ce point de vue, le dialogue qui s’est instauré entre le ministère de l’Éducation nationale et les associations d’élus territoriaux, dans le cadre du Comité des partenaires pour l’école numérique, est un point de départ.

Et l’administration numérique ?La dématérialisation complète de notre système administratif risque d’être une “usine à gaz” et un gouffre financier si nous ne faisons pas l’effort préalable de le simplifier radicalement. Le numérique offre avec la simplification l’opportunité de ressouder la chaîne de confiance entre les citoyens et leur administration. Il faut pour cela que la mutualisation de nos ressources en ingénierie informatique, notamment entre les

Quels impacts le numérique a-t-il sur les collectivités territoriales ? Il y a un siècle, un territoire sans électricité n’avait pas d’avenir. Aujourd’hui pareillement, sans apport de numérique de qualité et sans services numériques, une collectivité territoriale s’exclut du futur. Elle ne peut plus fonctionner ni remplir ses missions de services et de développement vis-à-vis de ses concitoyens. Son territoire, ses écoles, ses entreprises se dévitalisent et perdent leur attractivité. Le numérique permet à chacun d’avoir accès à des masses inouïes de données, d’informations, de connaissances et de savoirs, mais aussi, quand on en maîtrise bien les outils, de les échanger et de les traiter avec plus de pertinence et d’intelligence. Ce faisant, tous les domaines d’action d’une collectivité territoriale sont impactés, la relation avec les citoyens, l’administration des services, l’organisation des solidarités, la formation et l’éducation, le maintien et la création d’emploi, la sécurité, la prise de décision, ou encore la gestion des équipements collectifs. Dans tous ces domaines, le numérique invite à faire mieux, autrement et, souvent, à moindre coût… Nos concitoyens ont bien compris les enjeux du numérique là où ils vivent, et tous les élus locaux peuvent témoigner que l’accès en très haut débit chez soi et en mobilité aux réseaux et aux services numériques est au premier rang de leurs attentes.

Le Gouvernement prévoit une couverture numérique totale en très haut débit du territoire d’ici 2022 ? Êtes-vous optimiste ? Peu différent dans ses principes du plan national Très Haut Débit lancé en 2010, le plan France-THD, lancé au printemps 2013, vise à couvrir l’intégralité du territoire à plus de 30 Mb/s en 2022, notamment par la fibre optique. Ce plan repose, d’une part, sur l’investissement exclusif des opérateurs privés

dans les zones les plus denses et, d’autre part, sur l’investissement des collectivités locales avec le soutien de l’État dans des réseaux d’initiatives publiques (RIP) pour les territoires peu denses considérés comme non rentables par les opérateurs privés. À ce jour, les Départements sont au rendez-vous de ce programme : 87 sont déjà engagés dans son déploiement au travers de 74 projets. Treize Départements ont choisi de se regrouper dans un cadre régional et/ou interdépartemental. De plus en plus nombreux sont ceux qui envisagent des montages interdépartementaux pour mieux commercialiser leur RIP en attirant les grands fournisseurs d’accès Internet, dont la présence est attendue par nos concitoyens qui veulent pouvoir bénéficier partout des mêmes offres. Les projets présentés dans le cadre du plan France THD représentent déjà un investissement de l’ordre de 10 milliards d’euros, dont 1,5 milliard d’euros d’engagement de l’État. Les 8,5 milliards d’euros restant vont être supportés par les Départements, les communes, les Régions – le plus souvent regroupés en syndicat mixte numérique ouvert – et par les opérateurs privés, au travers notamment de délégations de service public. Il s’agit d’un engagement lourd pour les collectivités territoriales puisqu’il intervient dans un contexte de fortes restrictions budgétaires. Nous restons optimistes, car tous les élus territoriaux considèrent ces investissements comme prioritaires. Néanmoins, se posent encore de nombreux problèmes, dont ceux de l’articulation des déploiements privés et publics et de la commercialisation des RIP auprès des grands opérateurs privés d’envergure nationale.

Et pour le très haut débit mobile ? Depuis 2009, l’ADF n’a pas cessé de rappeler que les stratégies du THD pour le fixe et pour le mobile devaient être corrélées. Pour rappel, les Départements ont été, au côté de l’État, les principaux investisseurs publics dans le Programme national 2003-2013 de résorption des zones blanches en téléphonie mobile. Il s’agissait d’apporter la 2G au centre-bourg de quelque 3 500 communes, le long des principaux axes routiers les desservant, et pour des lieux touristiques ruraux exceptionnels. Un dialogue avec les opérateurs s’était engagé dans ce cadre. En 2010, ceux-ci avaient promis d’apporter la 3G – et donc un accès à Internet en mobilité – dans ces zones avant la fin 2013 en mutualisant leur réseau. Cela n’a pas pu être fait et nous l’avons vivement regretté. Nous nous réjouissons aujourd’hui que les quatre opérateurs historiques aient annoncé, le 21 mai 2015, un accord pour fournir la 3G d’ici la mi-2017 dans les zones blanches en téléphonie mobile. Néanmoins, dans les territoires ruraux, nos concitoyens se posent maintenant la question de savoir pourquoi cet accord ne porte pas sur la 4G, déployée partout ailleurs. Nous savons tous que les services et les usages numériques vont rapidement et de plus en plus

différents niveaux de collectivités territoriales, s’opère dans la perspective d’offrir des services numériques respectueux des libertés individuelles et collectives. Pour un territoire, pour une collectivité, l’enjeu est le traitement de ses données. L’enjeu, c’est de trier ou d’être trié. La capacité d’un territoire à agir est déterminée désormais par sa capacité à collecter, traiter et diffuser, à la fois massivement, finement et éthiquement, les données de toute nature qui le concerne. Les collectivités territoriales ne peuvent plus développer chacune et de façon isolée leur système d’information. Les infrastructures nécessaires à la mise en œuvre et au déploiement des services publics numériques et administratifs de demain, à savoir les data centers ou le cloud computing, doivent faire l’objet d’une coopération administrative renforcée au sein de chaque Département mais aussi entre les Départements pour atteindre une taille critique. Une réflexion urgente est à conduire sur la nature et la taille des plateformes numériques sur lesquelles vont s’appuyer les opérateurs de services publics numériques, éducatifs, administratifs, de santé et de solidarité de demain.

Dominique Bussereau

63 ans

Ancien ministre

2008 Président du Conseil

départemental de Charente-

Maritime

2010Député de

la Charente- Maritime

2015Président

de l’Assemblée des Départements

France (ADF)

Le numérique rend voisin le lointain, tout en remaillant les liens dans la proximité

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Quels enjeux soulève le numérique, pour vous ?L’enjeu du numérique, et de cette 3e révolution agricole, est de mieux répondre aux besoins alimentaires et énergétiques de la population mondiale. Le numérique apporte de nouvelles solutions dans une certaine continuité pour la production, mais surtout donne accès à des réseaux qui permettent de recréer le lien entre le producteur et le citoyen. Par exemple, pour faire des pâtes de qualité, il faut produire du blé dur, avec un taux de protéines suffisant pour que les pâtes ne collent pas au fond de la casserole. Les protéines sont présentes dans les grains si la plante trouve suffisamment d’eau et de nitrate auprès de ses racines. Si je peux mieux acheminer mes engrais et l’eau d’irrigation pour les plantes, en limitant le gaspillage de l’eau et la fuite des nitrates dans les nappes phréatiques, j’assure la qualité de ma production et le respect de l’environnement. Modèles informatiques de minéralisation des nitrates, sonde d’irrigation pour connaître l’humidité du sol, photo satellite ou de drone, météo fiable sur dix jours, épandage modulé des engrais par une cartographie du sol sont autant d’outils pour une agriculture performante et durable. Mais tout cela n’est pas facile à faire figurer sur un paquet d’1 kg de pâtes ! L’agriculture doit saisir ce moment pour expliquer ces nouvelles pratiques, sinon nous risquons de nous retrouver dans les impasses actuelles sur les pesticides, les OGM, les algues vertes, notamment.

Vous vous dites “expérimentateur” de nouvelles technologies, expliquez-nous. La vulgarisation des nouvelles technologies en agriculture est très facile quand il y a un acte commercial, la vente d’un robot de traite, d’un autoguidage GPS avec son abonnement au signal RTK à 2 cm (pilotage automatique des tracteurs…). Vendre du conseil, de la formation, des techniques nouvelles sur les sols ou la maîtrise de l’eau, ou sur l’utilisation

“Le numérique et l’agriculture, c’est une association que l’on ne fait pas souvent.”

TIC et réseaux, robotique, sécurité informatique… Si la propagation du numérique dans les territoires révèle de nouveaux métiers, elle provoque une véritable transformation des métiers traditionnels. Rencontres avec ces professionnels au quotidien désormais numérique.

Quel est son rôle ? La communication pédagogique ? Communiquer sur l’agriculture d’aujourd’hui est difficile. Vu le retard sur notre image et les doutes semés par les scandales sanitaires, nous sommes dans la justification avec un vocabulaire technique. Nous avons une opportunité de parler de l’agriculture du futur qui se dessine devant nous, du retour à une agronomie forte, des débouchés locaux, de la production énergétique renouvelable, et de la technologie pour une agriculture de précision qui donne une foule de solutions face aux griefs contre l’agriculture actuelle.

Les élus sont-ils plus accessibles grâce à ce type d’outils ?Tous les élus ne sont pas encore accessibles via Twitter. Leur compte est souvent un outil de communication sur leur action, tenu par un chargé de communication… Cependant, certains élus sont au clavier et l’utilisent pour jauger leur action, rencontrer des acteurs, voire pour tester une idée. Une réaction positive, un lien sur un article précieux, un encouragement sur leur action permet de poursuivre un échange en IRL (In Real Life) ou de laisser une adresse pour une visite terrain. La vraie difficulté pour un élu, comme pour un blogueur ou un utilisateur Facebook, est d’avoir un échange positif dans le flot de commentaires sans intérêt et agressifs.

Des messages à faire passer à nos élus concernant le numérique et les territoires ? C’est le moment !Sur la cartographie des zones blanches, ne pas considérer le hors bâti d’une commune comme des zones vierges. Ces zones aussi ont besoin d’équipement et de la qualité des réseaux GPS, 4G et fibre. Il n’y a pas que les circuits courts, l’agro-industrie est aussi locale, tout comme la production en ferme, (alimentation et énergie), le stockage, la transformation ou la distribution.

le céréalier

Ces métiers qui changent avec le numérique…

d’outils de virtualisation est plus complexe, il faut des paysans leaders, experts, qui vulgarisent les techniques. De plus, le système d’aide agricole est entre deux eaux : très orienté vers les investissements matériels, sur de la réglementation, etc. Et peu sur de l’acquisition d’information et de connaissances.

Rémi DUMERY, céréalier connecté, à Boulay-les-Barres (Loiret)

Quelle utilisation faites-vous de Twitter ?La période du Salon, ou d’une crise agricole, permet d’être visible dans le flot médiatique aux yeux du monde agricole, mais aussi à ceux des associations environnementales. Les réseaux sociaux permettent de mettre au premier plan les actions de chacun et de limiter les abus ou autres intox de l’information.

Quel est l’impact de ce réseau par rapport à des opérations coup de poing plus traditionnelles ?Il ne faut pas confondre les coups de force dans les périodes de crise et la communication au fil de l’eau. Twitter ne peut pas remplacer les actions de terrain, il est simplement périphérique. Il permet de balayer des solutions en amont, de soutenir le buzz dans l’action et de préciser, corriger des informations erronées dans les médias traditionnels.

TWITTER, C’EST LE SALON

DE L’AGRICULTURE TOUTE L’ANNÉE !

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Quelle place le numérique tient-il dans le quotidien des collectivités ?D’abord on travaille différemment. Tous les cadres utilisent des smartphones, et les tableaux de bord qui permettent de piloter en temps réel l’activité se généralisent : pour le chauffage des bâtiments, l’exploitation d’un réseau de transport, etc. Ensuite, les politiques publiques liées au numérique évoluent de plus en plus vite. Au début de ma carrière, il était nécessaire de permettre à tous d’accéder à Internet, en créant des bornes d’accès ou en investissant dans les réseaux. À présent, il s’agit d’accompagner le développement de l’économie du numérique sur les territoires, en même temps que l’action publique elle-même se transforme.

Comment cette transformation de l’action publique se traduit-elle ?Il est désormais possible de payer en ligne ses factures de crèche ou d’eau, de réserver la cantine, un livre à la bibliothèque, un spectacle ou même de n’utiliser qu’une seule carte pour accéder à tous ces services. Plus encore : le rapport à l’usager et au citoyen évolue au fur et à mesure de l’intégration des outils numériques dans la communication publique, permettant à chacun d’interagir avec les services qu’on lui propose, voire de participer à leur conception. Le service public se réinvente avec les innovations technologiques.

Benjamin FAUCHER, ostéopathe biomécanicien au pôle Santé Équilibre d’Aurillac (Cantal)

Comment s’est matérialisée l’arrivée du numérique dans votre travail ? Dans un premier temps, pendant mes stages, j’ai utilisé un iPad et l’application Osteopad, qui est un logiciel de traitement de données patients. Cogitobio a également développé le logiciel Posturalyst. Grâce à équipement dédié, il est possible de prendre et d’enregistrer des photos de postures des patients. Depuis mon installation, j’utilise un logiciel de traitement de patients, PatientL, qui permet de conserver un historique de toutes les consultations, d’imprimer des factures et de faire une partie de ma comptabilité. Pour la prise de rendez-vous, je partage, avec ma secrétaire, mon agenda sur un logiciel.

Le numérique a-t-il un impact sur votre quotidien ?Le numérique me permet de travailler partout. Outre mon activité en cabinet, je suis l’ostéopathe de l’équipe de rugby du Stade Aurillacois Cantal-Auvergne. Dans ce cadre, il m’est indispensable d’accéder à mes données où que je sois. Cela facilite également la relation avec mes patients. À tout moment, je peux consulter leur dossier. Enfin, le partage d’agenda entre ma secrétaire et moi me permet davantage de réactivité dans la prise en charge des patients.

le cadre de collectivité

Le numérique est profitable aux collectivités locales, mais l’inverse est-il vrai ? Oui certainement, car les services publics peuvent jouer un rôle de pionniers. Dans les années 1980, créer des services de téléalarme pour personnes âgées dépendantes, c’était audacieux, ça coûtait cher et cela allait à contre-courant de l’idée que les personnes ne pouvaient pas rester seules chez elles. Ce sont des collectivités locales, des CCAS ou des SDIS qui les ont créés. Aujourd’hui, ce type de service est rentable et attire les investissements privés. La téléalarme, comme service public, se situe désormais dans un champ plus large, celui de la silver économie, de la téléassistance et des objets connectés, qui dépasse de loin la seule population en perte d’autonomie.

La frontière est donc ténue entre services publics et marchands…Bien sûr, et il y a même des relations de plus en plus étroites où collectivités locales et acteurs économiques collaborent étroitement. Dans le cadre d’un projet européen, le pays du Mont-Blanc a créé un projet de réservation en ligne des refuges du Tour du Mont-Blanc. Aujourd’hui, ce système est géré par une association regroupant les refuges des trois pays traversés par cette grande randonnée mythique. Ce site génère désormais un chiffre

Vous montrez que le monde agricole se saisit du numérique. Pouvez-vous nous expliquer comment ?Une exploitation agricole ne peut pas se passer d’Internet. C’est devenu un geste quotidien : la météo, les mouvements d’animaux, les échanges avec la coopérative, la comptabilité, la presse spécialisée ainsi que les e-mails professionnels qui sont de plus en plus nombreux.

Qu’est-ce qui vous a incité à participer au programme “Agriculture connectée” de la FDSEA ?Depuis des années, j’ai une connexion Internet bas débit, d’abord par téléphone, puis par WiFi, mais rien de très satisfaisant en matière de débit. Quand la FDSEA du Lot a fait appel à candidatures, j’ai répondu immédiatement.

Le numérique est-il indispensable à votre quotidien professionnel ?Trop d’actes de notre quotidien sont liés à Internet. L’État exige de nous que nous fassions toutes nos déclarations en ligne. L’exploitation qui n’a pas de connexion se voit donc pénalisée.

Votre production est menée dans une logique de performance. Pouvez-vous nous en dire plus sur les techniques que vous utilisez ? Notre élevage a participé aux essais de boucles électroniques dès 2005, avec un bâton de lecture qui était relié à un Palm sur lequel se trouve notre logiciel de troupeau. Depuis, ce Palm a laissé place à un téléphone. Toutes ses données sont envoyées sur l’ordinateur. Les échographies sont pratiquées sur notre élevage depuis plus de vingt ans. L’ensemble de notre troupeau est tracé, du jour de sa naissance jusqu’à son départ.

Quels sont les bénéfices pour vous ?Le numérique a de nombreux atouts. Je conserve et consulte en un clic l’historique et les documents liés aux consultations de chaque patient. Le temps consacré à la prise en charge en est d’autant plus long. Enfin, il améliore la gestion du cabinet : pas besoin de stocker des fiches dans un tiroir et les modifications d’informations sont facilitées.

Quelles améliorations imaginez-vous pour le futur ?Le numérique rend possible le développement des logiciels et applications. Avec l’évolution du logiciel Posturalyst d’OstéBio et Cogitobio, par exemple, nous serions à même d’affiner les informations sur les postures des patients. Des données de déjettements nous permettraient d’adapter encore mieux le traitement au cours des séances.

Quels sont, pour vous, les avantages de l’e-santé ?La communication entre les différents praticiens de santé est facilitée. Cet échange permet une prise en charge pluridisciplinaire plus simple, plus rapide et surtout plus efficace, du patient. Il est important de tenir compte de l’environnement médical du patient pour effectuer la prise en charge la plus appropriée.

David BEN SADOUN, directeur général des Services de la Communauté de communes Pays du Mont-Blanc, vice-président de l’Association des directeurs généraux des communautés de France, en charge du Numérique

l’ostéo

d’affaires de plus d’1 million d’euros par an, avec des dizaines de milliers de connexions depuis une centaine de pays.

Comment voyez-vous vous la place des collectivités locales dans le développement du numérique ?Nous sommes tous dans l’attente des prochaines lois sur le numérique. Le principal défi sera de ne pas créer un développement numérique des territoires à deux vitesses. Les stratégies numériques existent à l’échelle des métropoles et des grandes agglomérations. Qu’en est-il du reste du territoire ? Les intercommunalités forment le périmètre pertinent pour innover, créer de nouveaux services et développer l’économie du numérique. J’imagine les 2 133 intercommunalités s’engager pour les cinq prochaines années à investir chacune sur un projet numérique innovant, pour transformer le service public ou accompagner le développement économique de leur territoire. Cet effort pourrait être aidé par l’Europe, l’État et les Régions. Ce serait un progrès considérable et ça permettrait à l’ensemble du pays de ne pas se faire dépasser par le rythme des innovations. Ceux qui innovent se trouvent partout ; il est important qu’ils puissent trouver un terrain d’application, y compris pour les idées qui ne seront rentables que dans vingt ou trente ans.

l’éleveuse

Marie-Chantal LAURENT, éleveuse d’agneaux du Quercy, à Soucirac (Lot)

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Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité

41, quai d’Orsay 75007 ParisTél. : 01 44 18 14 [email protected]

Créée en 1907 et reconnue d’utilité publique dès 1933, l’AMF est aux côtés des maires et des présidents d’intercommunalité, dans le respect des valeurs et des principes qui ont prévalu depuis sa création : défense des libertés locales, appui concret et permanent aux élus dans la gestion au quotidien, partenariat loyal mais exigeant avec l’État pour toujours mieux préserver les intérêts des collectivités et de leurs groupements. 34 486 maires et 1 481 présidents d’EPCI en sont aujourd’hui adhérents. Avec près de 36 000 adhérents, l’AMF constitue une vraie force de proposition et de représentation qui intervient comme interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, très en amont des projets, partout où se jouent l’avenir des communes, de leurs groupements, et les conditions de leur développement.amf.asso.fr

Fédération des agences de développement économique

219, bd Saint-Germain75007 ParisTél. : 01 42 22 35 [email protected]

Créé en 1952, le Cner est la Fédération nationale des agences de développement économique. Regroupant près d’une centaine de structures régionales, départementales ou locales, il remplit une triple mission :- représentation des agences auprès des pouvoirs publics : promotion de leurs actions, conseil aux collectivités ;- animation du réseau d’agences pour favoriser les rencontres entre professionnels, échange de bonnes pratiques : constitution de groupes de travail et de clubs, organisation de séminaires et colloques annuels ;- information et formation des professionnels du développement économique : sessions sur les métiers du développement, newsletter d’actualité, publication d’études et d’ouvrages.cner-france.com

Assemblée des Communautés de France

22, rue Joubert 75009 Paris Tél. : 01 55 04 89 [email protected]

L’Assemblée des Communautés de France (AdCF) est la fédération nationale des élus de l’intercommunalité. Depuis sa fondation en 1989, à l’initiative de Marc Censi, l’AdCF s’attache à promouvoir la coopération intercommunale en participant activement à l’élaboration des lois, à la diffusion des pratiques locales et à l’appui technique des élus et techniciens communautaires. Elle contribue aussi aux grands débats sur l’organisation territoriale française, la réforme de la fiscalité locale et l’exercice des compétences décentralisées. L’AdCF est le porte-parole auprès des pouvoirs publics de 1 216 intercommunalités dont 216 urbaines (203 communautés d’agglomération, sept métropoles, cinq communautés urbaines, un syndicat d’agglomération nouvelle) qui regroupent 74 % de la population française.adcf.org

Fédération des Entreprises publiques locales

95, rue d’Amsterdam75008 ParisTél. : 01 53 32 22 [email protected]

La Fédération des Epl est depuis 1956 le seul représentant des 1 208 sociétés d’économie mixte (SEM), sociétés publiques locales (SPL) et sociétés d’économie mixte à opération unique (Semop) françaises. Les Epl se positionnent à la fois comme des opérateurs d’aménagement du territoire, des acteurs du développement économique, mais aussi des utilisateurs du très haut débit, et donc des créateurs d’usages innovants. En tant que “bras armé” des collectivités, les Epl sont en première ligne dans la redéfinition de l’offre de services publics locaux et dans leur optimisation.Elles utilisent pour cela pleinement les nouvelles possibilités développées par les réseaux sociaux (pour la gestion d’un parc de logement social comme d’un domaine skiable), créent des plateformes numériques afin de renforcer le lien social entre les populations et leurs services locaux, mettent en place des solutions d’accessibilité (dans les transports comme dans le tourisme) et exploitent des innovations telles que la réalité augmentée.lesepl.fr

Assemblée des Départements de France

6, rue Duguay-Trouin75006 ParisTél. : 01 45 49 60 [email protected]

Dès 2013, les débats parlementaires autour de la décentralisation et les négociations sur les allocations individuelles de solidarité ont montré que la bataille concernant l’avenir des Départements avait commencé. En 2014, elle se menait pied à pied. L’ADF en est désormais la figure de proue incontournable. Pour cela, elle se doit plus que jamais d’être stratège et innovante pour mobiliser les Départements. C’est pourquoi l’année 2013 a vu la mise en œuvre d’une démarche participative de réorganisation, qui a abouti à l’adoption du nouvel organigramme par le Bureau du 4 février 2014.Pour mener à bien ses missions, l’ADF réunit les représentants des Conseils généraux, recueille les expériences et valorise les initiatives et les politiques départementales auprès du grand public.departements.fr

Association des maires de Grandes Villes de France

22, rue Joubert 75009 ParisTél. : 01 44 39 34 [email protected]

L’Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF), créée en 1974, regroupe les villes et intercommunalités, et accueille en son sein à la fois des maires de villes-centres, des présidents de Communautés d’agglomération, de Communautés urbaines ou de métropoles.Le principal objectif de l’AMGVF consiste à promouvoir la dimension urbaine dans la société française. Elle entend être un espace de dialogue et d’échanges entre ses membres autour de problématiques communes ainsi qu’un levier d’influence en faveur du fait urbain, notamment dans la création de métropoles puissantes et intégrées, leaders, avec les Régions, en matière de développement économique. L’AMGVF fait entendre sa voix sur les principales décisions qui peuvent prendre le Parlement, les pouvoirs publics, les ministères et les administrations, afin que le fait urbain soit pris en compte dans les politiques publiques et les textes parlementaires en préparation.grandesvilles.org

Association des maires ruraux de France

52, av. du Maréchal-Foch69006 LyonTél. : 04 72 61 77 [email protected]

L’Association des maires ruraux de France fédère, informe et représente les maires des communes de moins de 3 500 habitants, partout en France. Elle s’engage au quotidien au niveau local comme national pour défendre et promouvoir les enjeux spécifiques de la ruralité. Créée en 1971, l’AMRF rassemble ainsi près de 10 000 maires ruraux regroupés dans un réseau convivial et solidaire d’associations départementales, indépendamment des pouvoirs et des partis politiques. En quelques années, l’AMRF s’est ainsi imposée comme le représentant spécifique du monde rural auprès des décideurs comme des grands opérateurs nationaux. De la lutte pour le maintien des services publics en milieu rural à la promotion de l’école numérique, l’AMRF est à l’avant-garde d’une ruralité vivante et moderne.amrf.fr

Villes de France

94, rue de Sèvres75007 ParisTél. : 01 45 44 99 [email protected]

Villes de France est une association pluraliste d’élus qui rassemble les villes et agglomérations de taille inframétropolitaine du territoire national, ensemble qui est le cadre de vie de près de la moitié de la population française (30 millions d’habitants).La mission de Villes de France est de représenter et de défendre ces bassins de vie qui assurent la solidité du maillage régional entre les métropoles et les territoires ruraux avec lesquels ils dialoguent et coopèrent. L’Association a pour vocation de valoriser les enjeux spécifiques et les attentes de ces territoires urbains, de renforcer leur contribution au développement économique, social et culturel, essentielle à l’équilibre national, et de promouvoir leur image. À l’occasion des grands débats d’aménagement du territoire, Villes de France se donne pour ambition de contribuer à l’émergence d’un nouvel équilibre territorial.villesdefrance.fr

Association nationale des élus de la montagne

7, rue de Bourgogne 75007 ParisTél. : 01 45 22 15 [email protected]

Les élus se sont regroupés au sein de l’Association nationale des élus de la montagne en octobre 1984. La loi reconnaît une spécificité “montagne”, un droit à la différence et la nécessité d’adapter les dispositions générales aux particularités de près de 25 % du territoire français sur lequel vivent 4,9 millions d’habitants.La principale mission de l’Anem vise à donner aux collectivités des moyens d’action renforcés pour défendre les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la montagne. Elle promeut ainsi le développement équilibré et durable des six massifs français (Alpes, Corse, Jura, Massif central, Pyrénées, Vosges) et rassemble tous les niveaux de collectivités locales (commune, intercommunalité, Département et Région) pour que ces territoires puissent assurer pleinement leur triple fonction productive, récréative et environnementale. anem.fr

Orange

Direction des Relations avec les Collectivités locales Groupe78, rue Olivier-de-Serres75505 Paris Cedex 15Tél. : 01 44 44 22 [email protected]

Orange est l’un des principaux opérateurs de télécommunications dans le monde, avec un chiffre d’affaires de 39 milliards d’euros en 2014 et 157 000 salariés au 30 septembre 2015, dont 98 000 en France. Présent dans 28 pays, le Groupe servait 263 millions de clients dans le monde au 30 septembre 2015, dont 200 millions de clients “mobile” et 18 millions de clients “haut débit fixe”. Orange est également l’un des leaders mondiaux des services de télécommunications aux entreprises multinationales sous la marque Orange Business Services. En mars 2015, le Groupe a présenté son nouveau plan stratégique “Essentiels 2020”, lequel vise à mettre les besoins de ses clients au centre de sa stratégie pour qu’ils puissent bénéficier pleinement du monde numérique et de la puissance de ses réseaux très haut débit.orange.com/fr/collectivites

Association des Petites Villes de France

42, boulevard Raspail75007 Paris Tél. : 01 45 44 00 [email protected]

L’Association des Petites Villes de France fédère depuis 1990 les petites villes de 2 500 à 25 000 habitants, pour promouvoir leur rôle spécifique dans l’aménagement du territoire. Elle compte aujourd’hui près de 1 200 adhérents en France métropolitaine et en outre-mer.L’APVF mobilise son Bureau, ses dirigeants et ses parlementaires pour faire avancer les dossiers des petites villes : rencontres avec les ministres, questions au Gouvernement, lettres ouvertes, rédaction et dépôts d’amendements au Parlement. À travers des communiqués et des conférences de presse, l’APVF s’attache à faire entendre la voix des petites villes sur tous les dossiers qui les concernent : fiscalité locale, petits hôpitaux, statut de l’élu, etc. L’APVF intervient également au sein des instances officielles pour représenter la strate des petites villes : auditions auprès des commissions parlementaires, présence dans des jurys pour des appels à projets auprès du CGET, etc.apvf.asso.fr

Paroles d’élus : 11 ans, 11 partenaires

11 ans

Partenaires depuis onze ans autour des enjeux du numérique, dix associations nationales d’élus s’unissent au groupe Orange pour mettre en valeur les collectivités locales qui, partout en France, innovent dans leurs politiques publiques et pour ouvrir le débat sur ce que le numérique change à notre société, les tendances qui s’amorcent, les solutions qui émergent, etc.

11 partenaires

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Contacts Orange

Direction des Relationsavec les Collectivités locales78, rue Olivier-de-Serres75505 Paris Cedex 15Tél. : 01 44 44 22 [email protected]

ALPESDidier ChaminadeDélégué régionalTél. : 04 38 42 81 48 Xavier Picart - DRCL Isère 38Tél. : 04 38 42 82 [email protected]érôme Capron - DRCL Savoie 73, Haute-Savoie 74Tél. : 04 38 40 16 [email protected], chemin du Vieux-Chêne BP 9838243 Meylan Cedex

ALSACEMaïtena Labarère-GeyerDéléguée régionaleTél. : 03 88 19 37 90Didier Liret - DRCL Bas-Rhin 67, Haut-Rhin 68Tél. : 03 88 19 37 [email protected], av. de l’Europe – BP 4003167074 Schiltigheim Cedex

AQUITAINEÉric ArduinDélégué régionalTél. : 05 56 53 34 00Bérénice Heuzé - DRCL Gironde 33Déléguée régionale adjointeTél. : 05 56 53 34 [email protected] Broyer - DRCL Dordogne 24,Lot-et-Garonne 47Tél. : 06 87 68 12 [email protected] Favereau - DRCL Landes 40Tél. : 05 58 05 59 [email protected] Castaing - DRCL Pyrénées- Atlantiques 64Tél. : 05 56 53 24 42 [email protected] Lumine et Sens32-38, allée de Boutaut33731 Bordeaux Cedex 9

AUVERGNEJean-Marie MontelDélégué régionalTél. : 04 37 44 94 28Brigitte Allegrette - DRCL Cantal 15,Puy-de-Dôme 63Tél. : 04 37 44 94 [email protected]

Denis Delannoy - DRCL Seine- Saint-Denis 93Tél. : 01 58 94 10 [email protected] Orzech - DRCL Val-de-Marne 94Tél. : 01 58 94 10 [email protected], rue Juliette-Savar – Bâtiment A94000 Créteil

LA RÉUNION-MAYOTTEDaniel RamsamyDélégué régionalTél. : 02 62 23 13 08Pierre Clain - DRCL La Réunion-MayotteTél. : 02 62 23 12 [email protected], bd du Chaudron – BP 743197743 Saint-Denis Cedex Messageries Cedex 09

LANGUEDOC-ROUSSILLONSalomon BottonDélégué régionalTél. : 04 99 55 11 01Yves Lebeau - DRCL Aude 11, Pyrénées-Orientales 66Tél. : 04 99 55 11 [email protected] Chantal Poyet - DRCL Lozère 48Tél. : 04 99 55 11 [email protected]éronique Fontaine - DRCL Gard 30Tél. : 04 99 55 10 [email protected] Zagaroli - DRCL Hérault 34Tél. : 04 99 55 00 [email protected], rue Euclide – CS 7006834967 Montpellier Cedex 2

LIMOUSINFranck AupetitDélégué régionalTél. : 05 46 57 20 72Dominique Gayout - DRCL Haute-Vienne 87, Creuse 23Tél. : 05 46 57 21 37 [email protected] Juffroy - DRCL Corrèze 19Tél. : 05 46 57 22 [email protected] de Noriac25, rue Édouard-Michaud87000 Limoges Cedex

LORRAINEHubert ThielDélégué régionalTél. : 03 90 31 23 95Isabelle Pasteur - DRCL Vosges 88Tél. : 03 90 31 25 [email protected]

Denis Decloquement - DRCL Meurthe-et-Moselle 54, Meuse 55Tél. : 03 90 31 24 [email protected]é Croizier - DRCL Moselle 57Tél. : 03 90 31 22 [email protected], av. Paul-Doumer – BP 21354500 Vandoeuvre-lès-Nancy

LYONMarie-Claude FoucréDéléguée régionaleTél. : 04 37 44 77 52Daniel Guillot - DRCL Ain 01Tél. : 04 37 44 77 [email protected] Michel - DRCL Loire 42Tél. : 04 37 44 98 [email protected]éphane Penin - DRCL Rhône 69Tél. : 04 37 44 77 [email protected], bd Vivier-Merle69424 Lyon Cedex 03

MARSEILLE PROVENCEFabien FinucciDélégué régionalTél. : 04 96 13 73 73Sylvie Scotto Arnold - DRCL Bouches-du-Rhône 13Tél. : 04 96 13 72 [email protected] Docks – Hôtel de Direction10, place de la Joliette – CS 7022813567 Marseille Cedex 02

MARTINIQUEJosiane LudonDéléguée régionaleTél. : 05 96 38 50 [email protected] 626 – Pointe des Grives97262 Fort-de-France

MIDI-PYRÉNÉESJean-Christophe ArguillèreDélégué régionalTél. : 05 34 54 10 91Chantal Poyet - DRCL Aveyron 12Tél. : 06 88 05 11 [email protected] Roch - DRCL Tarn 81, Ariège 09Tél. : 06 87 18 06 [email protected] Levasseur - DRCL Gers 32, Hautes-Pyrénées 65Tél. : 05 34 54 23 [email protected] Lang - DRCL Haute-Garonne 31Tél. : 05 34 54 23 [email protected]

Jean-Claude Garret - DRCL Allier 03,Haute-Loire 43Tél. : 04 37 44 94 [email protected] Salford63962 Clermont-Ferrand Cedex 9

BASSE-NORMANDIEMarc Maouche Délégué régionalTél. : 02 31 55 81 00Sophie Le Bricquir - DRCL Calvados 14, Manche 50Tél. : 06 70 75 33 [email protected] Loqué - DRCL Orne 61Tél. : 06 71 78 86 [email protected] Bosquet Référent régional Tél. : 02 33 06 24 [email protected], rue des Coutures – BP 2618914063 Caen Cedex 4

BOURGOGNEVéronique MorlighemDéléguée régionaleTél. : 03 90 31 03 63Pascale Garcia - DRCL Côte-d’Or 21Tél. : 03 90 31 03 [email protected] Teissier - DRCL Saône- et-Loire 71Tél. : 03 90 31 03 [email protected] Beraud - DRCL Nièvre 58,Yonne 89Tél. : 03 90 31 03 [email protected], rue du Jardin-des-Plantes BP 88007 21080 Dijon Cedex 9

BRETAGNEChristophe HervéDélégué régionalTél. : 02 23 26 21 31Alain Capp - DRCL Côtes-d’Armor 22,Finistère 29 Tél. : 02 23 26 29 [email protected]ël Rouxel - DRCL Ille-et-Vilaine 35Tél. : 02 23 26 21 [email protected] Henry - DRCL Morbihan 56Tél. : 02 23 26 24 [email protected] H, rue du Pâtis-Tatelin – CS 5085535708 Rennes Cedex 7

CENTRE-VAL DE LOIREÉtienne BordryDélégué régionalTél. : 02 38 25 64 26

Michel Jannin - DRCL Tarn- et-Garonne 82, Lot 46Tél. : 06 79 45 86 [email protected] 3512131512 Toulouse Cedex

NORD PAS-DE-CALAISLaurent VitouxDélégué régionalTél. : 03 28 39 59 62Patrice Lépine - DRCL Hainaut, Artois, Avesnois 59/62Tél. : 03 28 39 21 [email protected] Boufime, DRCL Flandres, Côte d’Opale 59/62Tél. : 03 28 39 50 [email protected] Demouilliez, DRCL Lille, Métropole-Bassin minier 59/62Tél. : 03 28 39 18 [email protected], rue Trémière – BP 6022959654 Villeneuve-d’Ascq Cedex

PARISJean-Pierre DicostanzoDélégué régionalTél. : 01 55 56 28 92Patricia Lecocq - DRCL Paris 75Tél. : 01 55 56 29 [email protected], rue d’Anjou – BP 44575366 Paris Cedex

PAYS DE LA LOIREAnne FleuretDéléguée régionale Tél. : 02 28 56 11 27Dominique Aubrit - DRCL Loire-Atlantique 44Tél. : 02 28 56 10 [email protected] Le Bott - DRCL Maine- et-Loire 49Tél. : 02 41 60 62 [email protected] Abinne - DRCL Mayenne 53Tél. : 02 43 67 50 [email protected] Cros - DRCL Sarthe 72 Tél. : 02 43 77 80 [email protected] Le Coz - DRCL Vendée 85Tél. : 02 28 56 10 [email protected], rue de la Gaudinière – BP 8021144302 Nantes Cedex 01

PICARDIEOlivier GiraultDélégué régionalTél. : 03 22 42 43 01

Christophe Beauvais - DRCL Cher 18, Indre 36Tél. : 02 48 27 82 [email protected] Meynard - DRCL Loiret 45Tél. : 02 38 25 67 [email protected]Éric Maes - DRCL Eure-et-Loir 28Tél. : 02 35 35 13 [email protected] Frédéric Nicolas - DRCL Indre- et-Loire 37, Loir-et-Cher 41Tél. : 02 47 80 71 [email protected], rue Eugène-Turbat45068 Orléans Cedex 2

CHAMPAGNE-ARDENNEDaniel NabetDélégué régionalTél. : 03 28 39 31 38Philippe Henry - DRCL Ardennes 08Tél. : 03 28 39 31 [email protected] Carillon - DRCL Haute- Marne 52Tél. : 03 28 39 31 [email protected] Gervasoni - DRCL Aube 10Tél. : 06 30 51 22 [email protected] Vigneron - DRCL Marne 51Tél. : 03 28 39 31 [email protected], av. du Général-Patton – CS 9041451021 Châlons-en-Champagne Cedex

CORSEPhilippe DaumasDirecteur régionalTél. : 04 95 51 82 00Thierry Giannechini - DRCL Corse-du-Sud 2ATél. : 04 95 51 82 [email protected]çois Poli - DRCL Haute-Corse 2BTél. : 06 87 71 29 [email protected] du Docteur-Ramaroni – BP 41920309 Ajaccio Cedex 1

FRANCHE-COMTÉCyprien MateosDélégué régionalTél. : 03 90 31 21 32François Pons - DRCL Doubs 25, Jura 39Tél. : 03 90 31 18 [email protected] Blanchot - DRCL Haute-Saône 70, Territoire de Belfort 90Tél. : 06 88 82 23 [email protected]

Corentin Gervasoni - DRCL Aisne 02Tél. : 06 30 51 22 [email protected] Richard - DRCL Oise 60Tél. : 06 07 74 97 71 [email protected]ël Tordeux - DRCL Somme 80Tél. : 06 84 80 92 [email protected], av. Paul-ClaudelBâtiment Jules-Verne80050 Amiens Cedex 1

POITOU-CHARENTESJean-Pierre LartigeDélégué régionalTél. : 06 85 72 62 39Bruno Levêque - DRCL Charente 16,Deux-Sèvres 79Tél. : 06 82 55 33 [email protected]Éric Leblanc - DRCL Charente-Maritime 17Tél. : 05 46 57 05 [email protected] Lasselin - DRCL Vienne 86Tél. : 05 46 57 09 [email protected], rue Salvador-Allende – BP 76986030 Poitiers Cedex

PROVENCE CÔTE D’AZURLaurent LondeixDélégué régionalTél. : 04 92 94 53 01Franck Lavagna - DRCL Alpes-Maritimes 06Tél. : 04 92 94 53 [email protected] Daguillon - DRCL Var 83Tél. : 04 94 01 61 [email protected] Park – Bâtiment A45, allée des Ormes – BP 3606251 Mougins Cedex

RHÔNE ET DURANCERichard ValetteDélégué régionalTél. : 04 97 46 02 34Vincent Fernandez - DRCL Alpes-de-Haute-Provence 04, Hautes-Alpes 05Tél. : 04 92 44 40 [email protected]é Cretin - DRCL Ardèche 07, Drôme 26Tél. : 04 38 40 17 [email protected] Vaucluse 84Tél. : 08 10 84 04 07Les Docks – Hôtel de Direction10, place de la Joliette – CS 7022813567 Marseille Cedex 02

4, rue Bertrand-Russel – BP 5202725050 Besançon Cedex

GUADELOUPEPhilippe RoquelaureDélégué régionalTél. : 05 90 38 52 [email protected] Caraïbes – Moudong Sud97122 Baie-Mahault

GUYANEChantal MauriceDéléguée régionaleTél. : 05 94 39 94 [email protected], av. André-Aron – BP 800097308 Cayenne Cedex

HAUTE-NORMANDIEPascale HomsDéléguée régionaleTél. : 02 35 35 70 00Éric Despreux - DRCL Seine-Maritime 76Tél. : 02 35 35 63 [email protected] Loqué - DRCL Eure 27Tél. : 02 35 35 80 [email protected], rue de la Motte76188 Rouen Cedex

ÎLE-DE-FRANCE OUESTRémi DupuyDélégué régionalTél. : 01 44 72 64 40Marie-Anne Tournaire - DRCL Hauts-de-Seine 92Tél. : 01 44 72 64 [email protected] Clinckemaillie - DRCL Val-d’Oise 95Tél. : 01 44 72 64 [email protected]égis Philippon - DRCL Yvelines 78Tél. : 01 44 72 64 42 [email protected], rue Poncelet – CS 8001175840 Paris Cedex 17

ÎLE-DE-FRANCE SUD ET ESTMarianne BrunatDéléguée régionaleTél. : 01 58 94 14 01Jean-Luc Torche - DRCL Seine- et-Marne 77Tél. : 01 58 94 10 [email protected]éphane Courtignon - DRCL Essonne 91Tél. : 01 58 94 40 [email protected]

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Le numérique est un vecteur de communication extrêmement puissant pour les musées.Si je veux susciter un débat

un peu vif, j’opte pour Twitter,

pour un débat plus détendu,

je choisis Facebook.

Les technologies

numériques multiplient

les réponses pertinentes

au défi posé

par le vieillissement

de la population.Désormais, un enfant construit en partie son identité et sa relation au monde, aux autres et aux connaissances grâce aux écrans et à l’Internet.