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Compte rendu détaillé
Atelier A3 – Pourquoi et comment mesurer sa dépendance et ses
impacts sur la biodiversité ?
Introduction
Ce compte-rendu détaille le déroulement de l’atelier A3 – « Pourquoi et comment
mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ? » organisé dans le
cadre du cadre du Forum national Biodiversité et Economie qui s’est tenu à Paris
les 24 et 25 novembre 2016, sous le parrainage du ministère de
l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer à l’occasion de la création de l’Agence
Française de la Biodiversité au 1er janvier 2017. Il s’inscrit dans le thème
« s’engager pour la biodiversité ».
L’érosion de la biodiversité se poursuit, cette perte n’est toujours pas enrayée et
il devient essentiel de s’engager dans une gestion et une conservation durable de
la biodiversité. Il est ainsi important de comprendre les impacts et la dépendance
de chacun vis-à-vis de la biodiversité. Il est par ailleurs utile de rappeler que, par
définition, la biodiversité est multiforme et contexte dépendante. C’est pourquoi
il existe de nombreuses méthodes permettant de mesurer les impacts et
dépendances des acteurs industriels, ayant chacune sa spécificité. Cette diversité
des outils de mesure permet de répondre à des attentes différentes en fonction
de la situation de l’entreprise qui souhaite les implémenter.
L’atelier propose un panorama de retours d’expériences de neuf organismes et
entreprises (BASF, CDC Biodiversité, Ciment Calcia, EpE, EUROVIA, Kering, I
Care & Consult, MNHN, SUEZ) sur leur utilisation de différents outils de mesure
de dépendances et impacts sur la biodiversité, y compris des outils en cours de
développement. Un regard critique est également apporté sur les perspectives
d’évolution du reporting biodiversité.
Déroulé de la séquence 2h
1 – Introduction sur le thème et présentation générale de deux guides à
destination des acteurs économiques sur les outils à disposition pour le reporting
biodiversité
2 – Retours d’expériences de plusieurs entreprises. Chaque intervenant s’appuie
sur un format de présentation donné répondant aux questions suivantes :
- Pourquoi mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ?
- Quels outils, comment et avec qui ?
- Combien de temps et quel budget pour la mise en place et le suivi ?
- Quels sont les bénéfices et les limites?
3 – Présentation d’outils en cours de développement
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4 – Regard critique et comment aller plus loin
5 – Echanges avec la salle
Intervenants :
Pilote : Annabelle PRIN-COJAN - Responsable du pôle Environnement et de la
Communication, EpE
Co-pilote : Benjamin LEVEQUE – manager I Care & Consult
BASF LACROIX Pascal Responsable des Affaires Publiques
CDC Biodiversité VALLIER Antoine Chef de projet
CIMENT CALCIA -
HeidelbergCement
Group
VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable
EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement et de la
Qualité
KERING CASSAN-BARNEL Baptiste Sustainability performance manager
MNHN GOURDAIN Philippe Responsable de la cellule Conventions
d’études Biodiversité
SUEZ BERMAN Sandra Expert biodiversité
UICN France THUNE Matthieu Chargé de mission Entreprises et
biodiversité
Compte-rendu de l’atelier
1) Introduction sur le thème et présentation générale de deux guides à
destination des acteurs économiques sur les outils à disposition pour
le reporting biodiversité :
Annabelle PRIN-COJAN
Pourquoi cet atelier ?
L’érosion de la biodiversité est préoccupante et concerne autant les ONG que les
entreprises. Il est important de présenter les différents outils disponibles pour les
entreprises permettant de mesurer ses impacts et dépendances face à la
biodiversité.
Il existe plusieurs guides regroupant et décrivant ces outils :
Mesurer et piloter la biodiversité, EpE : regroupant une quarantaine
d’exemples concrets de la pratique d’utilisation des outils et indicateurs
par les entreprises membres d’EpE http://www.epe-asso.org/mesurer-et-
piloter-la-biodiversite-2013/.
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Guide du WBCSD ECO4BIZ: “Ecosystem services and biodiversity tools to
support business decision-making" : classe de nombreux outils par
catégories (échelle globale, locale, par produit) et par type de données
(qualitatifs ou quantitatifs ou cartographie). Il présente le principal intérêt
de l’outil, l’utilisateur et le coût.
Guide de la CDC Biodiversité : « entreprises et biodiversité : quels outils
pour quelles décisions » : analyse comparative de nombreux outils
incorporant un « arbre de décisions » qui aide à la sélection d’un outil en
fonction du contexte et ses applications.
2) Retours d’expérience
Baptiste CASSAN-BARNEL - L’Environmental Profit & Loss Account (E P&L) : un
outil pour mesurer son impact sur l’environnement et prendre des décisions :
l’indicateur land use.
KERING est une entreprise française mondialisée de l’industrie textile et
accessoires de luxe et de sport. Sa production dépend directement des matières
premières agricoles (cuir, cachemire, laine) et donc de la biodiversité.
Pourquoi ?
Dans ce contexte de forte concurrence à l’accès aux matières premières, il est
essentiel de comprendre les dépendances et impacts vis-à-vis de la biodiversité
des chaînes d’approvisionnement, pour les rendre ensuite résilientes. Cela
permet aussi de saisir des opportunités business, de mieux gérer les risques en
lien avec les approvisionnements, de sensibiliser des acteurs comme les
financiers.
Quel outil, comment et avec qui ?
KERING a développé l’outil EP&L depuis 2011. Son objectif est de mettre une
valeur monétaire sur les impacts environnementaux des activités des chaînes
d’approvisionnement, depuis l’extraction des matières premières jusqu’aux points
de vente. L’EP&L estime en euro le coût des achats du groupe sur les
populations. Il se base sur le changement d’affectation des sols comme proxi de
l’impact sur la biodiversité. En effet, en transformant par exemple une forêt en
champ agricole, le terrain connaît une perte significative de flux annuel de
services écosystémiques rendus par la biodiversité anciennement présente.
KERING est aussi en partenariat avec des universités pour affiner l’évaluation
spatiale, améliorer la compréhension de l’impact des conversions de terrain, et
essayer d’établir un indicateur biodiversité qui ne repose pas sur une traduction
financière des services rendus par la biodiversité.
D’autre part, l’outil est en Open Source afin de faciliter son échange et
amélioration et en faire bénéficier d’autres acteurs économiques.
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Enfin, KERING intègre cet outil dans le processus de décisions stratégiques.
Quel coût, combien de temps ?
Cette méthode a débuté en 2011, en partenariat avec Natural Capital Coalition.
Sa mise en place a demandé un Investissement très important en temps et en
ressources, dont la complexité ne dépend pas de la taille de l’entreprise mais de
la traçabilité de ses produits et de la chaîne d’approvisionnement (long travail de
collecte d’information primaire).
Les bénéfices
Meilleure compréhension des chaînes d’approvisionnement
Diagnostic concret et précis d’implémentation de bonnes pratiques
agricoles (par exemple par une rotation de cheptels en particulier sur
certains terrains)
Meilleures relations avec les fournisseurs mise en place à la suite des
recherches de données d’approvisionnement
En interne : cohésion des employés ; sensibilisation des directeurs
financiers et des acheteurs ; aide à la gestion des risques (réglementaires,
campagne d’ONG attaquant l’image de la marque etc.)
Les limites
Méthodologiques : amélioration des connaissances nécessitent la
collaboration avec les universités
Traçabilités des matières premières complexe
Accès aux données terrains dans le monde entier nécessaire à l’utilisation
de l’outil.
Requêtes pour l’AFB : faciliter l’accès aux données biodiversité de terrains ( au
niveau national mais également à l’international pour permettre la mise en place
d’une base de données ?)
Nicolas VUILLIER - Système de Management de la Biodiversité (SMBio)
Ciments Calcia, est la filiale Française « ciment » du groupe
HEIDELBERGCEMENT, une entreprise de production de matériaux de construction
implantée mondialement N°1 du granulat, n°2 du ciment et n°3 du BPE.
Pourquoi ?
Ciment Calcia est producteur de ciment et à ce titre a une activité extractive.
C’est-à-dire une activité en lien direct avec la biodiversité puisque le groupe
exploite des carrières et donc à un impact direct sur la biodiversité. Par ailleurs,
la matière première du ciment : le calcaire est issue de la biodiversité du passé.
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Mesurer ses impacts sur la biodiversité permet de mieux les connaitre et donc de
nous inscrire dans une démarche nous permettant de les éviter et les réduire.
Quel outil, comment et avec qui ?
C’est pourquoi un Système de Management dédié à la biodiversité (SMBIO) a été
mis en place, en partenariat avec l’UICN France.
Cet outil permet :
- Une structuration nationale déclinée localement
- Un pilotage politique au plus haut niveau de l’entreprise
- Une intégration opérationnelle des enjeux de la biodiversité
- Un meilleur partage d’expérience, des outils de gestion commun, une
harmonisation des pratiques.
- Une reconnaissance pour les acteurs de terrain
- Un renforcement de l’intégration territoriale des activités
- Une anticipation des politiques publiques (mesures de protection des
territoires).
Basé sur les systèmes de management de l’environnement ( ISO1400)1, il suit
une approche standard pilotée nationalement et décliné localement.
Quels moyens ?
Le SMBio s’inscrit dans le SME de l’entreprise, il implique ainsi les acteurs
internes et les partenaires locaux. D’autre part, des formations régulières sont
organisées avec l’aide de l’UICN afin de sensibiliser et d’engager les opérateurs à
la conservation de la biodiversité, en plus d’un partage d’expérience permanent
et d’une consolidation locale et nationale des données permettant de tenir
informé les actionnaires.
Les bénéfices et les limites :
SMBio a permis :
- Une meilleure adaptation des projets aux enjeux de la biodiversité en
intégrant cette dernière dans le cycle complet de l’exploitation d’un terrain
(de la conception des projets jusqu’à la restitution du terrain).
- De mettre en évidence la possibilité réelle de recréer des milieux
intéressants.
- D’anticiper les politiques publiques.
Le projet possède aussi des limites :
- Peu de reconnaissances externes pour les entreprises engagées (‘’ pas de
récompenses pour les bons élèves’’) ni de reconnaissance pour les actions
et contributions réalisées. La réglementation évolue avec plus de
contraintes sans intégrer les réelles performances des entreprises sur ces
sujets.
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- Ne permet pas de qualifier les apports au territoire en matière de
biodiversité ainsi que la trajectoire d’évolution du site. il n’existe pas un
bon indicateur permettant de mesurer les impacts positifs apportés par
l’intégration de la biodiversité.
Clara LORINQUER (Eurovia) Sandra BERMAN (SUEZ) et Philippe Gourdain (SPN-
MNHN) – Indicateur de Qualité Écologique (IQE) et Indicateur de Potentialité
Écologique (IPE)
Pourquoi ?
Le développement de l’IQE entre 2008 et 2013 répond à un manque
d’indicateurs de performance de la gestion de la biodiversité sur les sites
industriels.
L’enjeu était d’évaluer la qualité écologique des sites industriels dans le temps
avec un indicateur robuste scientifiquement, abordable et applicable à différents
instants d’exploitations du site. Ceci dans le but d’orienter les mesures de gestion
et d’aménagement propre à chaque site et par la suite de pouvoir évaluer les
bénéfices de ces mesures dans le temps.
C’est pourquoi un partenariat entre le Muséum national d’histoire naturelle a été
mis en place, avec SUEZ dès 2008, puis avec d’autres acteurs comme Eurovia en
2013.
Quel outil, comment et avec qui ?
Le partenariat a permis de construire deux indicateurs scientifiques : l’Indicateur
de Qualité Écologique (IQE) et une version simplifiée : l’Indicateur de Potentialité
Écologique (IPE).
Ils sont fondés sur trois grands types de critères :
- Patrimonialité des habitats et des espèces (par exemple les espèces
inscrites sur la liste rouge de l’UICN, déterminantes de ZNIEFF, espèces
listées dans les Directives européennes Oiseaux (annexe I) et Habitats-
Faune-Flore (annexe II))
- Fonctionnalité écologique : la biodiversité ne peut être résumée à une liste
d’espèces présentes sur un site. Les interactions et interdépendances
entre les espèces et avec leurs milieux font partie intégrante de la
biodiversité et il est nécessaire de les maintenir pour un bon
fonctionnement des écosystèmes.
- Diversité des habitats et de l’avifaune.
Les résultats d’application de l’indicateur sont par la suite présentés sous forme
de schéma et diagramme clairs pour des non spécialistes et pour permettre leur
compréhension et assimilation en interne de l’entreprise.
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L’IQE et l’IPE sont applicables en France métropolitaine (Corse comprise), pour
des sites aménagés ou à aménager de 10 à 100 ha. Ils nécessitent de faire appel
à un naturaliste de bon niveau et expérimenté, ayant suivi une formation auprès
d’un utilisateur expérimenté de l’IQE. Les formations à l’utilisation de l’IQE/IPE
sont dispensées gratuitement par le MNHN (cf. http://iqe-spn.mnhn.fr/).
En termes de besoins en ressources et temps :
- Spécifiquement pour l’IQE :
o 6 jours de terrain, à raison de quatre campagnes de terrain dans
l’année (période de mars à août) pour faire l’évaluation sur les
différentes saisons (donc 1 an au total) + 3 à 6 jours pour la
rédaction des préconisations de gestions et d’échanges avec les
équipes locales
o Prévoir un accompagnement avec le site (réunion de lancement et
de restitution)
Remarque : Si la période de terrain s’étale sur 6 mois, il faut ensuite attendre la
phase de rédaction du rapport d’expertise qui intervient généralement après
l’été. La remise de rapport et la présentation des résultats aux responsables de
site et aux décideurs intervient en général sur la période automne-hiver.
- Spécifiquement pour l’IPE :
o 1 journée de terrain et la rédaction du rapport
- Formation des partenaires à la démarche/méthodologie (1 journée de
formation)
- Animation de la démarche au niveau du siège de l’entreprise
- Fréquence de suivi de l’indicateur dans le temps dépend du site (carrières
en roches massives : 5 ans ; Carrières en roches alluvionnaires : 3 ans ;
sites ISD : 1 à 4 ans). Remarque : cet aspect est valable aussi bien pour
l’IPE que pour l’IQE. Rappelons que l’IPE s’inscrit dans une logique de «
prédiagnostic » et qu’il n’a pas exactement la même vocation que l’IQE et
qu’il ne permet pas en toute logique d’obtenir un suivi aussi fin que l’IQE.
En revanche, il permet d’identifier « à grands traits » quels sont les
potentialités d’un site en terme de biodiversité.
Les jours de formation et d’accompagnement sont très importants pour que les
collaborateurs et acteurs locaux, s’approprient la démarche.
Bénéfices et limites :
- Indicateur scientifique robuste
- Méthode standardisée qui permet de réitérer la mesure avec un suivi dans
le temps. En revanche, la comparaison inter-sites est limitée (ne peut se
faire que pour des sites dont la configuration est proche : même contexte
biogéographique, même superficie et caractéristique technique, etc.).
- Responsabilisation des équipes du site à la préservation de la biodiversité
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- Identification et amélioration de mesures concrètes de gestion et de
conservation de la biodiversité
- Facilité pour communiquer auprès des clients, partenaires, public (à l’aide
notamment des « diagrammes radars » qui permettent de voir rapidement
où en est l’entreprise et ce qu’il reste à améliorer)
- Communauté de pratique autour de l’outil grâce au site internet :
http://iqe-spn.mnhn.fr/
- Indicateur qui ne permet que de répondre à la question pour laquelle on l’a
construit. Il ne répond pas à la question de quelle est la dépendance de
l’entreprise à la biodiversité.
- Applicable uniquement pour des tailles de sites ad hoc (10 à 100 ha)
Retour d’expérience d’Eurovia - Clara LORINQUER
L’outil a été appliqué à des carrières (au départ sur 3 sites de carrières différents
pendant 2 ans. Maintenant généralisé sur de nombreux sites).
L’outil est adapté aux attentes des sites et permet une appropriation rapide par
les parties prenantes. Les formations des structures locales renforcent les
relations partenariales et leur donnent une nouvelle dimension.
L’aspect scientifique de l’indicateur tempère les désaccords potentiels des acteurs
locaux et des employés sur la question de la biodiversité et permet de légitimer
la procédure.
Retour d’expérience de Suez - Sandra BERMAN
Suez travaille en partenariat avec le MNHN depuis 2008, sur 51 sites différents
(73 expertises réalisées). Ces différents suivis ont permis de mettre en évidence
la présence de 4.3 espèces patrimoniales par site en moyenne, plus de 1500
espèces différentes présentes et 74% d’espaces à caractère « naturel ».
Le suivi dans le temps des améliorations ainsi que la démarche d’apprentissage
sont très positifs, notamment l’implication des ingénieurs environnement et des
chefs de centre lors de la réalisation des IQE.
Pascal LACROIX - Le programme BiodiversID
BASF – Entreprise de la chimie,
Présentation du programme BiodiversID, qui est décliné par la division
agriculture de l’entreprise.
Pourquoi ?
L’objectif du programme BiodiversID est de montrer qu’à l’échelle d’un territoire,
agriculture moderne et développement de la biodiversité sont compatibles.
Pour cela, il est nécessaire de passer d’une vision réglementaire nationale
quelquefois conflictuelle à une démarche locale pédagogique et volontaire, au
travers d’un mode de gouvernance clair et d’un suivi en parallèle d’indicateurs
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biodiversité et socio-économiques reconnus. D’autre part, il faut mutualiser et
améliorer la connaissance des interactions entre l’agriculture et la biodiversité.
Quel outil, comment et avec qui ?
Un partenariat avec 50 fermes en France a été mis en place, fondé sur une
démarche volontaire et proactive des agriculteurs.
Les fermes sont réparties en deux groupes en fonction du type de mesures qui y
est réalisé :
- Fermes de vulgarisation : suivi des abeilles domestiques et pollinisateurs
sauvages et du succès de reproduction des perdrix grises.
- Fermes expérimentales (certaines sont conduites en partenariat avec des
écoles d’ingénieurs en agronomie) : en complément des indicateurs
mentionnés ci-dessus : suivi du pollen dans les ruches (aire de butinage
des abeilles, espèces végétales butinées) et suivis ornithologique assurés
le plus souvent par des fédérations départementales des chasseurs.
Ce réseau permet de tester la compatibilité entre les aménagements biodiversité
et la rentabilité des exploitations agricoles ainsi que de suivre l’évolution des
pratiques sur le site.
La gouvernance se constitue d’un comité de pilotage dans lequel est présent
BASF et le réseau FARRE (Forum des agriculteurs responsables respectueux de
l’environnement) et d’un comité scientifique, où l’on peut trouver notamment
une écologue de l’INRA/ENSAIA, des experts de l’ONCFS et du Réseau
Biodiversité pour les Abeilles.
Les résultats de ces travaux sont partagés avec d’autres partenaires, comme
l’Observatoire Agricole de la Biodiversité ou encore Agrifaune.
A la suite d’un travail de recherche de plus d’un an, plusieurs indicateurs ont été
retenus.
Les différentes étapes de cette démarche étaient les suivantes :
- Tester les indicateurs qui puissent facilement suivis par les agriculteurs et
leur pertinence
- Faire un état des lieux initial de la biodiversité à l’échelle de l’exploitation
agricole
- Proposer aux agriculteurs des aménagements favorables à cette
biodiversité
- Suivre la pertinence et l’impact de ces aménagements dans le temps sur la
biodiversité
- Mesurer les indicateurs biodiversité couplés à des indicateurs socio-
économiques, notamment celui du Céréopa qui permet de mesurer la
performance nourricière des exploitations agricoles
- Inventaire des pratiques des agriculteurs et des infrastructures agro-
écologiques bénéfiques à la biodiversité
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Quel coût, combien de temps ?
Ressource humaine nécessaire :
- Un apprenti permanent pour assurer le suivi des agriculteurs, faire la
synthèse des données et animer les échanges.
- Une experte biodiversité au niveau national
- 4 ingénieurs conseil en environnement qui soutiennent les agriculteurs en
leur apportant des conseils agronomiques
- 20 000 €/ an pour financer les études (par exemple les suivis
ornithologiques)
Les bénéfices et les limites :
- Fonctionne bien, à partir du moment où les bénéfices offerts par la
biodiversité soient bien perçus par les agriculteurs
- Nécessite beaucoup de pédagogie
- Nécessite de constituer des outils de partage d’informations
- Rassemble de nombreux acteurs différents, partageant leurs
connaissances (bonne cohésion à condition que la gouvernance soit bien
établie et que chacun respecte son aire d’autorité)
- Chronophage
Remarques pour la future AFB :
- Au-delà du partage d’informations, comment mutualiser et incrémenter
ces différents programmes en un seul ?
- Comment arriver à déployer plus largement cette approche actuellement
déclinée sur ce réseau de 50 fermes pilotes à l’échelle nationale ?
Matthieu THUNE - Regard critique : améliorer la transparence et aller plus loin en
reportant sur l’efficacité des actions menées par les entreprises – Comité français
de l’UICN (ou UICN France)
L’UICN France s’est donnée pour missions de renforcer l’implication des
entreprises en faveur de la biodiversité. Pour cela, l’UICN France s’est dotée d’un
groupe de travail « entreprises et biodiversité », qui travaille en partenariat avec
7 entreprises (Ciments Calcia-GSM, EDF, EQIOM, ENGIE, l’Occitane Veolia et
Lafarge France). L’un des principaux axes de travail est l’amélioration du
reporting biodiversité, en accompagnant les entreprises pour qu’elles renforcent
leurs communications extra-financières sur le sujet biodiversité et enrichissent
leur document de reporting.
L’exercice de reporting et de suivi des indicateurs environnementaux sont
essentiels, comme le rappelle le rapport de la Conférence des Nations Unis sur le
Développement Durable de 2012, qui a été signé par les 188 Etats parties ; ou le
Congrès Mondial de la Nature en septembre 2016 durant lequel a été pris une
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motion qui encourage à la fois les entreprises à reporter sur la biodiversité et les
Etats à mettre un place un dispositif juridique qui demande aux entreprises de
reporter sur ce sujet (motion adoptée à la quasi unanimité par l’Assemblée
générale de l’UICN : 217 Etats et agences gouvernementales et plus de 1000
ONG).
Auquel se rajoute une attente de plus en plus grande de la part de la société
civile pour des biens et des services en respect avec la biodiversité.
Le groupe de travail a produit en 2012 des recommandations sur le sujet du
reporting de la biodiversité qui se divisent en deux groupes :
- 2 recommandations méthodologiques sur le périmètre du reporting
- 7 recommandations thématiques : impacts ; dépendances ; engagement
et la gouvernance de l’entreprises ; sites prioritaires ; actions
réglementaires ; actions volontaires ; résultats obtenus.
Pour chaque thématique, le groupe de travail recommande une liste d’indicateurs
à utiliser. Par exemple, l’UICN France recomande à chaque entreprise de
quantifier si possible sa contribution aux causes de l’érosion de la biodiversité.
L’une des premières causes étant l’artificialisation des milieux, les entreprises
doivent informer sur la surface totale de leurs sites en distinguant les surfaces
imperméabilisées, de celles modifiées mais non imperméabilisées et des surfaces
sur lesquelles l’entreprise n’exerce aujourd’hui aucune activité.
Dans le cas des dépendances à des services culturels, l’UICN France invite les
entreprises à identifier et quantifier les caractéristiques de milieux ou
écosystèmes utilisés à des fins commerciales (exemples : une forêt riche en
biodiversité pour l’éco-tourisme ou une eau de bonne qualité pour le nautisme).
Le rapport complet « Le reporting biodiversité des entreprises et ses indicateurs :
état des lieux & recommandations » est téléchargeable gratuitement à l’adresse
suivante : http://uicn.fr/wp-content/uploads/2016/09/UICN-
Etude_Reporting_Biodiversite_.pdf
En 2015, les documents de reporting des entreprises partenaires se sont-ils
enrichis depuis ces recommandations ?
- Sur les dépendances : peu de progrès.
En 2012, 4 entreprises sur 6 évoquaient leurs dépendances, et ce de
manière très générale sans détailler les types de dépendances et services
écosystémiques associés.
En 2015, à part une entreprise qui a fait une étude exhaustive et une
autre qui a détaillé un service écologique, le sujet est très peu abordé.
- Sur les impacts : des progrès mais des informations qui sont encore trop
qualitatives.
En 2012, une entreprise était plutôt exemplaire (liste de ses impacts et
quantification dans certains cas) mais les autres ne détaillaient pas.
En 2015, 6 entreprises sur 7 reconnaissent avoir des impacts sur la
biodiversité, en listant et priorisant les impacts et les secteurs d’activité
concernés (notamment en incluant les fournisseurs).
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Comment renforcer le document de reporting ? Les recommandations :
- Invite toute entreprise (quels que soit sa taille et son secteur d’activité) à
s’interroger sur ses enjeux en termes de biodiversité
- Reporting dont le périmètre déborde les entités contrôlées par les
entreprises (amont et aval).
- Distinguer dans le reporting les actions de l’ordre du réglementaire et
celles volontaires pour démontrer que l’entreprise est engagée pour la
biodiversité
- Quantification dans le temps (afin de mesurer les progrès)
- Reporter sur les résultats obtenus sur le terrain en faveur de la
biodiversité
- S’appuyer sur l’ensemble des supports de communication (pas uniquement
les documents obligatoires) pour partager sur la biodiversité.
- Une entreprise transparente pour renforcer sa crédibilité : être honnête
sur l’état des lieux en matière de biodiversité et les actions réalisées
3) Les outils en cours de développement
Antoine VALLIER - Le Mean species aboundance (MSA) un indicateur de l’impact
des entreprises sur la biodiversité.
Outil en cours de développement pour résoudre les freins principaux de
l’intégration de la biodiversité dans les activités économiques : la quantification
des impacts et la prise en compte des impacts indirects des activités de
l’entreprise.
En partant de ce constat, CDC Biodiversité développe une empreinte biodiversité
pour les entreprises, dans un contexte mondial (des fournisseurs à l’international
par exemple) et multisectoriel.
L’outil s’appuie sur la quantification de la biodiversité en tant que telle (non
monétaire) et se veut transparent (open source) et consensuel (en travaillant
avec des de la Commission de la Diversité Biologique).
La méthodologie de cet outil consiste à cartographier, à l’échelle mondiale, la
biodiversité avec une évolution dans le temps. Pour cela, la modélisation prend
en compte différents types de pressions (changement d’usage des terres,
changement climatique, fragmentation, émission de polluants) et alloue
spatialement ces impacts aux diverses activités.
Pour l’instant, cela est en cours de développement sur les matières premières
agricoles.
En parallèle, est lancé un deuxième aspect du projet afin de renforcer la mise en
œuvre opérationnelle de cette méthodologie. Il s’agit d’un groupe de travail en
partenariat avec les entreprises pour rationaliser la signification de la biodiversité
positive (club B4B+).
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Trois groupes de travail ont vu le jour, chacun travaille sur une partie de la
chaîne de valeur : en amont (chaîne d’approvisionnement) ; sur le site et en aval
(métiers du secteur financier et des assurances).
Le projet nécessite plus de partenariats avec les entreprises, contact : Antoine
VALLIER antoine.vallier@cdc-biodiversite.fr
Benjamin LEVEQUE – Présentation Empreinte et ACV biodiversité
Présentation brève :
Ce projet, qui verra le jour en 2018, vise à mettre en place une meilleure
intégration de la biodiversité dans l’ACV à l’échelle du produit. Un meilleur
dialogue entre les écologues de terrain et les personnes travaillant
administrativement sur les ACV serait souhaitable.
Les questions qui se posent sont à quel point il faut aller dans le détail et la
science ou dans la simplification, au risque de perdre en légitimité mais de
gagner en coûts.
4) Echanges avec le public
Représentante de la Fédération d’industrie cosmétique (FEBEA) : En tant
qu’entreprises, nous dépendons de nos fournisseurs, comment obtenir des
données d’impact sur la biodiversité des produits que l’on achète,
notamment dans le secteur cosmétique où nous nous fournissons auprès
de nombreux petits fournisseurs ?
Ce qui est important est de remonter l’ensemble des chaînes de production (par
exemple Nestlé qui est remonté aux champs des huiles de palme). Le plus facile
est de partir d’un fournisseur qu’on connait plutôt que de remonter à la source.
KERING : le travail avec les indicateurs a entraîné les fournisseurs à plus
transparence et a augmenté leur prise de conscience de leurs impacts sur
la biodiversité.
La traçabilité est une des difficultés majeures des entreprises de
transformation
Coordinateur biodiversité au groupe Engie – Jérôme Louvel : Sur les sites
où il y a eu une application de l’IQE, a-t-on vu une amélioration de la
biodiversité ?
Oui, on voit très bien une évolution du radar IQE, notamment grâce au
côté chiffré des indicateurs. Par exemple, certains sites ont connu une
progression nette des espèces patrimoniales.
Au-delà des espèces elles-mêmes, on s’aperçoit que l’outil est fédérateur
et permet aux gestionnaires des sites de prendre à bras le corps la
question de la biodiversité.
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Il faut aussi se poser la question de ce qu’on souhaite favoriser dans la
biodiversité. Est-ce plutôt une espèce patrimoniale ou bien la
fonctionnalité écologique globale du site ? Ce sont des choix à faire de
manière éclairée.
A cela s’ajoute la question de la réactivité des écosystèmes :
Les écosystèmes sont plus ou moins réactifs, en fonction des espèces et
du milieu considéré. Dans le cas des sites de stockage des déchets, qui
sont des milieux ouverts, la recolonisation du site par les espèces peut
être assez rapide (3 à 5 ans).
Personne travaillant pour l’Agence des aires marines protégées : La
biodiversité marine sera-t-elle inclue dans le modèle MSA ?
Pour l’instant, la deuxième version intègre la biodiversité terrestre et
aquatique mais pas marine, car cela est un très complexe à évaluer du
point de vue scientifique.
A l’aide de l’outil IQE, peut-on démontrer de la biodiversité positive
produite par un site ?
Oui, à partir du moment où il y a une évaluation avant exploitation,
pendant et après exploitation.
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