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Dans les GRANDS CAUSSES
02 mai 2017: Durzon,
Viaduc, Calendreto
Lâchés 2017
1er juin 2017: Arcana
Les Gypaètes dans les Grands Causses, l’aventure continue…
La réintroduction du Gypaète barbu dans le Massif central s’inscrit à l’échelle internationale dans la continuité de la reconstitution des populations des 4 espèces de vautours européens. Ce projet vise la création de nouveaux noyaux de populations dans les Préalpes et le Massif central afin notamment de permettre des échanges d’individus entre ces populations. C’est dans ce cadre que ce projet se poursuit depuis 2012. La LPO Grands Causses et ses partenaires assurent les lâ-chers et le suivi de ces oiseaux dans les Grands Causses. Ces opérations sont financées depuis 2015 par le programme européen LIFE Gypconnect. Le Gypaète barbu est un grand rapace nécrophage qui présente une envergure imposante de 2,70 à 2,90 mètres, pour un poids de 5 à 6 kg. En Europe, l’espèce est observée en moyenne et haute montagne. Le Gypaète barbu se nourrit essentiellement d’os. Ses sucs digestifs lui permettent de digérer les nutriments (graisse et protéines) qu’ils contien-nent. On le surnomme, le « Casseur d’os ! » 2017 est donc la 5ème année consécutive au cours de laquelle, il a été procédé à des lâchers dans les Grands Causses. Ceux-ci ont lieu alternativement en Lozère et en Aveyron. Ainsi, entre mai et juin 2017, 4 jeunes gypaètes barbus ont été lâchés dans la vallée du Trévezel, sur la commune de Nant, en Aveyron. Ils ont succédé aux 11 autres qui ont été lâchés entre 2012 et 2016. Dès la réception des oiseaux, qui proviennent de centre d’élevages spécialisés et de zoos Européens, se met en place une surveillance attentive et intensive. Pour cela, une équipe de surveillants se relaie et suit de près l’évolution des jeunes gypaètes. Cette équipe entretien un journal de bord qui relate les évènements marquants des quatre mois que dure la surveillan-ce de ces jeunes oiseaux. Ce sont ces évènements que vous pourrez découvrir dans ces quelques pages. Après cette période, les oiseaux s’émancipent et les distances qu’ils parcourent, prennent de l’ampleur. Leur suivi se fait donc essentiellement grâce aux données que nous envoient les balises GPS dont ils sont équipés. Vous pouvez, vous aussi accéder à ces données en vous rendant sur le site : rapaces.lpo.fr/gypaete-grands-causses/ en suivant l’on-glet « suivi des oiseaux ». Je vous souhaite une très bonne lecture…
Raphaël Néouze
2 mai 2017
Trois gypaètes barbus sont arrivés dans l’A-
veyron le 02 mai. Ils ont environ 90 jours et s’envo-
leront à peu près dans un mois dans le ciel des
Grands Causses. Ils ont été nommés Calendreto,
Viaduc et Durzon, noms choisis par les enfants des
écoles du Causse du Larzac.
La population de Nant, les enfants des écoles de
Sauclières, Nant et de l’Hospitalet du Larzac, les
élus et les partenaires (le Conseil département, le
Parc National des Cévennes et le Parc Régional des
Grands Causses) ainsi que la presse étaient pré-
sents à Nant pour les accueillir.
Après avoir été bagués et marqués (quelques plu-
mes au niveau des ailes et de la queue ont été déco-
lorées) afin de les reconnaitre en vol, les oiseaux
sont enfin prêts pour être déposés dans la vire où
l’équipe de la LPO Grands Causses a préparé des
nids de laine de mouton tout comme l’aurait fait un
couple de gypaète en milieu naturel.
A partir de ce moment là, les surveil-
lants vont se relayer tous les jours
pour veiller sur les gypaètes, leur com-
portement, leur évolution et s’assurer
de leur bonne santé. Ce sera dans un
premier temps de l’affut proche de la
vire, puis à la longue vue ou par suivi
télémétrique quand les oiseaux s’envo-
Les oiseaux sont arrivés!
BREVES
16/05/2017 LACHER 2017
LACHER GYPAETES BARBUS
DANS LES GRANDS CAUSSES
2017
Baguage des oiseaux
Chaque bague comporte un code d’identifica-
tion.
Marquage allaire et caudal pour une reconnaissance
de l’oiseau en vol.
Présentation des oiseaux au public venu nombreux
De gauche, à droite: Durzon porté par Jean-François Gaillard, Président du
Conseil départemental de l’Aveyron; Calendreto présenté par Christian Font,
Vice-président du PNR Grands Causses et Viaduc porté par Lionel Cayron,
Conseiller municipal à la mairie de Nant.
©LPO Grands Causses
©LPO Grands Causses
photo©Bruno Berthémy
4
Un premier repas pour
Durzon.
Tous les 3 jours environ, des
portions de viande et d’os is-
sues de restes de boucherie sont
distribuées discrètement par le
haut de la vire.
Durzon est le premier des trois
oiseaux à se servir, à peine
quelques minutes après le dépôt
de nourriture. Il a avalé ainsi
plusieurs morceaux, constitués
de viande et d’os, que son sys-
tème digestif n’aura aucun mal
à digérer grâce à de puissants
sucs gastriques.
La vire, cavité rocheuse dans les gorges du Trévezel et l’affût de
surveillance
Les oiseaux ont environ 90 jours à leur arrivée dans les gorges du
Trévezel. Dans une trentaine de jours ils devraient prendre leur
envol.
Les oiseaux juvéniles sont de couleur sombre avec la tête noire.
Le plumage, de la tête et du corps vont au cours des années s’é-
claircir. Adulte à six, sept ans, la tête est presque blanche et le
corps blanc coloré de rouille. ©LPO Grands Causses
©LPO Grands Causses
©LPO Grands Causses
« Le gypaète barbu présente un bec caractéristique, comprimé latéralement avec un fort crochet. L’ouverture buccale associée à
l’élasticité des tissus permet le passage des gros os. La langue épouse parfaitement le canal de la mandibule inférieure, ce qui
lui donne sa forme. »Le gypaète barbu , Les sentiers du naturaliste par Jean-François Terrasse
©LPO Grands Causses
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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Fiches identitaires
©Raphaël Néouze– LPO Grands Causses
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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©Raphaël Néouze—LPO Grands Causses
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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©Raphaël Néouze—LPO Grands Causses
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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Un fil à la patte…
Le vendredi 5 mai, une petite surprise pour Durzon: la laine de mouton utilisée pour les nids
s’est emmêlée autour de sa patte. Suffisamment en tout cas pour qu’il emmène la moitié de son
nid dans sa descente accroché à sa patte. Les surveillants sont intervenus pour démêler et ainsi
éviter qu’il se blesse. Ils ont profité de cette inter-
vention pour effiler la laine en menus morceaux.
A l’état naturel, l’aire construite dans une anfrac-
tuosité rocheuse, est un amas de branchage pou-
vant atteindre deux mètres de diamètre garni au
centre de laine de mouton et de peaux de mammi-
fères.
Prise de bec...
Viaduc, Durzon et Calandreto
partagent un même espace,
mais ils sont suffisamment
avancés dans l’âge et assez
alimentés pour éviter des
comportements de caïnisme
(quand la ponte est double, le
poussin le plus fort tue géné-
ralement le plus faible en l’af-
famant ou par agressivité).
Cependant, de grandir à trois
dans un espace réduit n’est
pas une situation naturelle
aussi les comportements sont
parfois inattendus.
Des fortes interactions sont
très courantes au cours de la
première semaine de cohabita-
tion, le temps que la hiérar-
chie entre les oiseaux s'éta-
blisse. Durant les premiers
jour, Viaduc et Calandreto se
montrent les deux oiseaux les
plus dominants.
Certains coups de bec répé-
tés ont été jusqu'à blesser lé-
gèrement Viaduc au niveau du
bec, sans gravité après avis du
vétérinaire.
©Rémi Turban—LPO Grands Causses
©Rémi Turban -LPO Grands Causses
Malgré ces quelques signes d’agressivité sans incidence, les trois jeunes oiseaux ont pris l’habitude de
changer de nid régulièrement et aussi de se retrouver parfois à deux au même endroit. Et même, ils ont
fini aussi par cohabiter quelques instants tous ensemble sur le même nid… un peu à l’étroit, une certai-
ne tension était perceptible par des regards intimidants mais sans suite.
©photo Bruno Berthémy
L’aire des gypaètes sont
constituées de laine et de
brindilles. Les deux pa-
rents participent à son
élaboration. Il a été obser-
vé en Catalogne, région
qui compte plusieurs cou-
ples reproducteurs, que ce
sont majoritairement les
mâles qui se chargent
d’apporter les matériaux
alors que la femelle les
disposent.
La période de séjour à
l’aire pour un poussin est
d’environ 120 jours en
milieu naturel .
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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Le 16 mai, pose des balises GPS
Le 16 mai, Durzon, Viaduc et Calendreto ont été équipés de balises GPS. Cet émetteur, lourd de quelques grammes, est fixé par
un harnais sur l’oiseau. Il fonctionne en autonomie, grâce au panneau solaire posé sur le dessus, qui se recharge par beau temps.
Cette balise satellitaire transmettra, une fois les oiseaux en vol, des données sur leurs déplacements et permettra une analyse de
leurs comportements.
Les allers et venues des jeunes gypaètes barbus seront dès lors observés dans le temps et dans l’espace. En plus de leur suivi , cet
équipement peut s’avérer salvateur. Pour exemple, le gypaète Layrou lâché en 2013, a été retrouvé grâce à sa balise GPS en
grande difficulté, blessé par un tir . Il a été soigné puis à nouveau relâché. Il vole aujourd’hui dans le ciel des Grands Causses. On
peut voir sur la carte ci-dessous les dernières transmissions de sa balise datées au 21 mai 2017 qui montrent ses déplacements
durant les trente derniers jours.
Localisation de Layrou: ses déplacements sur 30 jours <21/05/2017
Les jours suivants, les oiseaux sont restés peu actifs.
Les conditions météorologiques sont peu favorables, le vent souffle fort dans les Gorges du Trévezel et il fait froid dans l’affût .
Aussi, les oiseaux passent une grande partie de leur temps au nid, se nourrissent, nettoient leur plumage et déploient très peu
leurs ailes pour s’entraîner au vol.
©LPO Jeremy Buscail
LE ROZIER
MILLAU
©Raphaël Néouze—LPO Grands Causses
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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29 mai, ouverture de la cavité
L’âge moyen des gypaètes barbus pour
l’envol est de 120 jours. Âge atteint par
Durzon qui a aujourd’hui 121 jours et
Viaduc 120 jours. Calendreto est le plus
jeune avec 114 jours.
Ces derniers jours, ils ont considérable-
ment augmenté le nombre de battements
d’ailes, effectuant de beaux vols planés
dans la vire.
La clôture de protection est enlevée ce
qui suscite chez eux une nouvelle curiosi-
té. L’absence de grillage a beaucoup
stimulé les oiseaux. Ils sont venus tour à
tour se placer au bord de la cavité pour
réaliser de nombreuses séries de batte-
ments accompagnés de sauts.
30 mai, des oiseaux curieux
Les trois oiseaux sont très actifs depuis le
lever du jour. Viaduc et Durzon ont ex-
ploré la pente sous la vire et ont faits de
jolis sauts accompa
gnés de belles séries de battements d’ai-
les.
31 mai, l’envol
Durzon et Viaduc montrent les signes
d’un envol imminent. Viaduc suivi de
Durzon, s’élancent enfin pour des petits
vols de quelques secondes. Durzon, se
pose sur le Causse et Viaduc à quelques
mètres en dessous de la vire sur un pin.
1er juin, les premiers vols
Ce jour-là, on pouvait apercevoir Viaduc
dès les premiers rayons du soleil, posté
sur un promontoire rocheux.
Calendreto s'est montré quelques dizaines
de minutes plus tard ; il sortait alors de la
végétation à gauche de la vire.
Aucun signe de Durzon mais repéré à la
longue vue sur le plateau, il fut peu actif
cette journée.
Le plus jeune : Calendreto - âgé alors de
117 jours - fait deux à trois séries de bat-
tements d'ailes et s’élance dans les airs à
7h45 ! Ce vol très matinal se termine une
dizaine de secondes plus tard au pied d'un
pin. Il ne sortit de là qu'en fin de matinée.
A 10h45, Viaduc s'élance depuis une cor-
niche. Il monte dans les airs, se dirige
vers la vallée de la Dourbie puis revient
en arrière, survole la vire et passe à deux
reprises au-dessus de la longue vue, com-
me pour analyser ce qu'il se passe. Son
vol, d'une minute trente, les ailes dé-
ployées , permet de visualiser ses mar-
ques alaires (voir p.4).
© Mathilde Mas_LPO GC
© Noémie_Ziletti_LPO GC
CALENDRETO
DURZON a
quitté la cavité
et d’un vol, il
s’est retrouvé
sur le Causse. Il
a choisi un tas
de pierres sur
lequel il a passé
plus d’une jour-
née.
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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1er juin 2017, lâcher du quatrième oi-
seau
Une femelle gypaète - quatrième individu à
être réintroduit dans les Grands Causses
cette année - est originaire du centre d’éle-
vage d’Haringsee (Autriche), comme Via-
duc et Calandreto.
M.Florent Tarisse, Président du PNRGC,
l’a présentée au public et aux enfants venus
des écoles de La Blaquererie et de Cornus.
Les écoliers, après un vote, ont choisi de la
baptiser Arcana (« ocre rouge », en occi-
tan). Un nom prédestiné pour ces oiseaux
au plastron blanc qui, une fois adulte, se
colore les plumes dans des bains de boue
ferrugineuse pour se donner cette couleur
rubigineuse caractéristique du Gypaète
Le 5 juin
Calendreto effectue de petits vols en fin de matinée. Il se pose sur une
quille rocheuse, un bon perchoir en sécurité. Viaduc et Durzon font plu-
sieurs beaux vols et vont se poser sur le haut d’un rocher sur lequel de la
nourriture a été déposée. Ils vont passer l’après-midi à décortiquer les os.
Le 03 juin
Cette première semaine de juin les oiseaux effectuent des petits
vols, se posent sur le Causse ou passent du temps sur des rochers non
loin de la cavité.
Durzon est parti en excursion sur le plateau puis est revenu en marchant
jusqu’à la corniche en aval de la vire avant d’effectuer un beau vol.
Viaduc passe beaucoup de temps sur un grand rocher.
Pas de vol ce jour là pour Calendreto; après avoir trouvé une place à
l’ombre, il consacre sa journée à l’entretien de son plumage et à quel-
ques battements d’ailes.
Quant à Arcana, elle se porte bien. Dans sa cavité, elle se nourrit, effec-
tue quelques battements d’aile et fait l’entretien de son plumage.
© Thierry David_LPO GC
« A sa sortie du nid, le jeune oiseau ne maîtrise pas toutes les subtilités
du vol. Peu à peu il va acquérir à la fois la musculature et l’expérience
nécessaires. Ses premiers vols sont brefs et malhabiles et les premiers
atterrissages sont souvent délicats, l’oiseau ne sachant pas encore cal-
culer la bonne vitesse pour ne pas culbuter au sol à l’arrivée. Le vol fait
appel à des caractères innés (par exemple, battre des ailes) et à une
expérience acquise au jour le jour à la sortie de l’aire.» Extrait du livre
Le gypaète barbu, de Jean-François Terrasse.
© Camille Dupuyds_LPO GC
Encadrés par Katia, l’animatrice de la LPO, Auré-
lie, Jérémy, Pauline et Camille (surveillants), les
enfants, ont pu observer depuis le hameau des Plôs,
© Camille Dupuyds_LPO
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
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Le 8 juin, de nouvelles interactions
Aujourd'hui, Durzon s'est introduit dans
la vire où se trouve Arcana et y est resté
un peu moins de deux heures. Il en a pro-
fité pour se désaltérer, manger, et même
prendre un bain, à son aise. Il a été ac-
cueilli par Arcana, au plumage gonflé,
quelque peu stressée par son arrivée. Et
c'est sous l'œil rouge d'Arcana qu'il a re-
pris son envol pour rejoindre son compè-
re, Viaduc !
L'œil rouge du gypaète
L'une des caractéristiques spécifique au
gypaète barbu est son œil cerclé de rouge.
Cela lui a longtemps valu la réputation
d'oiseau démoniaque, alors que cette co-
loration plus ou moins vive indique leur
degré de stress ou d'excitation.
L'équipe de surveillance des jeu-
nes gypaètes a notamment pu faire
le constat à plusieurs reprises de
l'apparition de cette coloration
rouge...
Comme par exemple, lors d'inte-
ractions entre eux, de prises de
nourriture ou de présences étran-
gères. Ce fut le cas dernièrement
avec l'intrusion de Durzon dans
l'espace d'Arcana, où celle-ci l'a
accueilli avec méfiance.
« Le fameux cercle rouge: il s’agit
de sclérotique, membrane entou-
rant l’œil et pouvant se dilater en
cas d’excitation , signal et outil de
communication. »
J-F Terrasse
Le vol
Les gypaètes barbus, comme la plupart
des rapaces, utilisent des courants chauds
ascendants pour voler et monter en altitu-
de. Ces courants se retrouvent plus parti-
culièrement au niveau des falaises expo-
sées au soleil. L’apprentissage de nos
jeunes gypaètes consiste à trouver et sen-
tir ces différents courants afin d’adapter
leur vol. Une fois qu’ils sauront correcte-
ment les identifier, ils pourront voler pen-
dant plusieurs heures sans battre des ailes
et ainsi économiser de l’énergie.
Pour l’instant, Viaduc commence à bien
maîtriser son vol, suivi de près par Dur-
zon. Calendreto a encore un peu de mal à
bien sentir les courants et donc à prendre
de l’altitude.
Ces derniers jours il a fait relativement
chaud dans les gorges du Trévezel. Cette
chaleur parfois pesante se traduit par une
activité plus faible des oiseaux en cours
de journée. Néanmoins, les gypaètes sem-
blent en pleine phase de perfectionne-
ment; les vols sont de plus longs et aussi,
de plus en plus hauts.
En effet, le 08 juin dernier, les conditions
étaient certainement optimales pour le vol
car les trois oiseaux ont fait leur meilleur
temps de vol.
Le 9 juin, compétition de vol
Durzon remporte la palme du meilleur
volant avec un vol d'une durée de 7min41
et avec un temps de vol cumulé journalier
de 27 min 10 (à 28 min 40) (petite confu-
sion entre Viaduc et Durzon pour un vol
d'1min30) ; Viaduc est deuxième avec un
vol d'une durée de 6min04 et
un temps de vol cumulé à la
journée évalué à 23 min 13 (ou
21 min 43) ; enfin Calendreto
est loin derrière avec 3min46
pour son vol le plus long et
9min56 au total sur la journée.
En somme, pour le moment le
plus âgé est le plus volant, le
plus jeune le moins actif.
Le 12 juin, Viaduc a effectué
son vol le plus long, près de 12
minutes à une altitude assez
importante au-dessus de la zone
de lâcher des Gorges du Tréve-
zel. Voilà presque deux semai-
nes que les trois mâles ont pris
leur premier envol. Pour le mo-
ment ils s’entrainent et se mus-
clent toujours les ailes en fai-
sant de courts déplacements,
non-loin de la vire.
©photo Bruno Berthémy
© LPO GC
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
13
Chacun son territoire!
Les quatre oiseaux se portent bien. Viaduc a fait cette semaine plusieurs vols du côté des
Gorges de la Dourbie accompagné de Durzon. Calendreto prend de plus en plus d’assurance
et est allé rendre visite à Arcana en compagnie de Durzon !
Viaduc et Durzon ont tous les deux volé près de 20 minutes cette semaine, un nouveau re-
cord !
Ils sont souvent houspillés par un faucon crécerelle (photo ci-contre) voulant défendre son
territoire. Durzon essaie de le fuir alors que Viaduc n'hésite pas à se défendre.
25 juin , l’envol d’Arcana.
Ça y est ! C'est le grand jour pour Arcana qui a pris son
envol ce matin ! Un petit vol d’une minute qui l’a trans-
portée vers les rochers tout proches.
Désormais, les oiseaux sont tous envolés et ne retournent
dans la vire que pour se nourrir, boire ou chercher un peu
d'ombre. Depuis quelques jours, ils reçoivent régulièrement la visite d'un vautour
percnoptère et, ce matin, ce sont trois vautours moines qui se sont joints à la partie.
Le 24 juin, Viaduc a volé avec un couple d'aigles royaux. Une interaction a eu lieu avec prise de serres.
photo©LPO GC
Le 19 juin, Arcana est
équipée d’une balise.
Les jeunes gypaètes s’en-
volent du nid à l’âge de 4
mois soit, environ 120
jours. Arcana a aujourd-
’hui 116 jours et il est
imminent de l’équiper
d’une balise, il se pourrait
qu’elle quitte le nid dans
les jours à venir.
On profite de cette mani-
pulation pour faire un
bilan de santé de l’oiseau;
Arcana est pesée, son
plumage est examiné. Son
aspect général est rassu-
rant, Arcana est un oiseau
en bonne santé.
Vendredi 23 juin : Calandreto, Viaduc et
Durzon jouent aux stars de la télé
Vendredi 23 juin, des journalistes de France 3
édition Quercy-Rouergue, déjà présents lors du
lâcher de Calandreto, Viaduc et Durzon, ont
souhaité revenir dans les Gorges du Trévezel
afin de filmer les premiers vols de ces trois jeu-
nes gypaètes.
Retour en image sur cette matinée du 23 juin où
Viaduc a fait le bonheur des journalistes en les
survolant de très près. Rappelons que cette espè-
ce est assez curieuse et peut vous survoler de
près; néanmoins, il est interdit d'aller à l'en-
contre de ces oiseaux pour éviter tout risque de
dérangement!
photos©LPO GC_Rémi Turban
photo©LPO GC_Rémi Turban
Viaduc, Durzon et Calendreto en vol
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
14
A nous les grands espaces!
Depuis son premier vol du 25 juin, Arcana a bien
progressé. Elle a enchaîné des vols de plus de 2
minutes dès son deuxième jour, chose qu'aucun
des trois mâles ne peuvent se vanter d'avoir ac-
compli à la même date. Pour son troisième jour,
elle a fait un vol de plus de 5 minutes en compa-
gnie de vautours fauve et d'un vautour moine! Ces
derniers ont compris que de la nourriture était
déposée pour les gypaètes et ils ne s'en privent
pas : ils viennent nombreux sur le site depuis
quelques jours.
Les trois gypaètes mâles se sont, quant à eux, es-
sayés à un nouveau jeu, une idée signée Durzon :
voler avec une branche entre les serres. Ils ont
tour à tour testé l'exercice et, Durzon a tenté de la
ravir à Viaduc en vol. Cette nouvelle expérience
n’est peut-être qu’un apprentissage à se saisir des
os pour les lâcher en hauteur .
Le 27 juin, Viaduc et Durzon ont passé leur pre-
mière nuit ailleurs que sur le site du lâcher.
photo©LPO GC_Rémi Turban
Le 02 juillet, l’apprentissage de la prise de
nourriture
Viaduc se retrouve ici avec un os beaucoup trop
gros pour pouvoir l’ingérer. Après l’avoir nettoyé
en déchiquetant tous les petits morceaux de chair
autour, il se retrouve bien embêté de ne rien pou-
voir faire de plus.
Pour l’instant, les quatre jeunes ne sont pas encore
assez expérimentés pour utiliser la technique de
« casseur d’os » bien connue chez les Gypaètes.
Afin de réduire les os en plus petits fragments, ils
les lâchent d’une certaine hauteur sur des rocail-
les. Peut-être que certains d’entres eux s’y essaie-
ront d’ici les prochaines semaines…
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
Dessin de Camille Dupuyds.
De gauche à droite: Durzon, Viaduc et Calendreto.
photo©LPO GC_Rémi Turban
photo©LPO GC_Rémi Turban
Ci-contre
Durzon et Viaduc en compagnie de vautours fauve.
15
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
Le suivi GPS, localisation des gypaètes au 17 juillet 2017
VIADUC
CALENDRETO
Le repérage
VHF est utilisé
régulièrement
pour localiser
les oiseaux à
l’instant T; on
capte une onde
sonore qui indi-
que la proximi-
té de l’oiseau
( p h o t o c i -
contre).
ARCANA
Le 16 juillet, Durzon a quitté les Grands
Causses pour filer tout droit vers le Nord.
Il a passé la nuit près de Marvejols pour
continuer son périple le lendemain. Après
une nuit dans le secteur de Roanne dans la
Loire, il est reparti toujours dans la même
trajectoire et était localisé le 19 au matin
près de Reims. Ses déplacements sont
suivis de près. Un oiseau si jeune parcou-
rant une telle distance en si peu de temps
est très étonnant.
Le secteur de prédilection de Viaduc est la
région de Millau. Il s’est aventuré une pre-
mière fois, le 11 juillet, jusqu’à St-Geniez-
de-Bertrand et la deuxième fois, le 16 juil-
let, a fait demi-tour au viaduc pour dormir
sur les contreforts du Larzac.
Calendreto a volé jusqu’au Mont-Aigoual.
Arcana ,qui rappelons-le, s’est envolée le
25 juin, 25 jours après ses congénères,
expérimente des petits vols autour du site
et est allée dernièrement jusqu’à Dourbie.
DURZON
Vous pouvez suivre le déplacements des
gypaètes barbus en vous rendant régulière-
ment sur le site rapaces.lpo.fr/gypaete-
grands-causses dans la rubrique suivi des
oiseaux. Cliquez sur Affichage du suivi
GPS de Durzon (exemple). La dernière
position indiquée correspond à la date J-1.
16
Maîtrise de vol et apprentissage — 15 juillet 2017
Depuis quelques jours, Arcana semblait mal maîtriser son vol. Loin de l’habituelle position des ailes en vol glissé, semblable à la
forme d’un arc turc, la jeune femelle adoptait davantage une posture avec les ailes « pliées » les rémiges primaires bien visibles,
écartées comme les doigts d’une main, et relevées par la poussée de l’air ; les pattes tantôt pendantes, tantôt repliées sous elle,
elle tanguait parfois brusquement.
En réalité, force est de constater que loin d’être en difficulté, Arcana semble davantage s’amuser à l’instar des Grands corbeaux
lesquels se plaisent eux aussi à effectuer des prouesses acrobatiques et techniques en vol – par la réalisation entre autres de loo-
pings plus ou moins peaufinés. La voilure des ailes des jeunes gypaètes leur permet une meilleure utilisation des thermiques grâ-
ce notamment aux ailes plus larges que celles des adultes ; cela leur confère une surface de portance plus importante. Selon J.F.
Terrasse, un mois après leur envol, le jeune gypaète possède la parfaite maitrise du vol toutefois, il acquiert la virtuosité des adul-
tes en même temps que son plumage évolue c’est-à-dire aux alentours des 4 à 5 ans de l’oiseau.
Le terrain de jeu de la jeune femelle se cantonne pour le mo-
ment aux Gorges du Trévezel. Néanmoins, nous pouvons
espérer que leurs déplacements quotidiens et de plus en plus
éloignées de Viaduc (jusqu’à Millau) et Durzon l’inciteront à
aller elle aussi s’exercer en vol dans les gorges voisines.
Calandreto quant à lui s’est exercé aujourd’hui à attraper un
matériau à l’aide de ses serres puis, après s’être quelque peu
envolé, il le lâcha en contrebas de la vire. Est-ce là les prémi-
ces du comportement de « casseur d’os » si particulière à
l’espèce ?
Ce comportement apparaît généralement autour du quatriè-
me mois après l’envol du jeune. Lors des actions de cassage
d’os, le gypaète démontre toutes ses capacités pour voler au
ralenti, queue étalée, pour descendre en spirales lentes au-
dessus du sol afin de repérer les fragments d’os disséminés
ça et là. Pour casser les os, le gypaète applique une technique
opérante qui consiste à emporter l’os jusqu’à un endroit dé-
terminé nommé « enclume » ou « pierrier de cassage » et à
le laisser choir sur les rochers jusqu’à ce qu’il se brise. Le
jeune choisit souvent une enclume fixe proche de son aire de
décollage (Heredia cité par Terrasse) - ici la vire. Il aura be-
soin de nombreux essais avant d’acquérir l’efficience d’un
adulte.
Des jeunes comme Calandreto, relâchés selon la méthode du
taquet, ont appris tout seuls et en quelques semaines à maîtri-
ser la technique du cassage d’os sans éducation ni imitation.
Photo©Rémi_Turban-LPO GC
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LACHER GYPAETES BARBUS 2017
1er Aout 2017
"Nos gypaètes s'émancipent de plus en plus. Et ils ne sont pas les seuls ! En effet, Pro Natu-ra, gypaète femelle relâchée cette année dans les Baronnies a rejoint les Grands Causses. Elle a été aperçue partageant son vol avec Viaduc un matin. Puis, elle a rejoint le site de lâcher le jour suivant et s'y est installée depuis. Elle a ainsi pu faire la connaissance de Calandreto et d'Arcana. L'entente semble bonne. Viaduc de son côté a décidé de voyager un
peu après son vol en compagnie de Pro Natura et a pris la direction de la Haute Loire. Nous espérons toutefois qu'il ne sera pas aussi ambitieux que Durzon.. Viaduc continue son voyage, il a été observé et photographié (voir photo ci-dessous) à Creste au nord du Puy de Sancy et se trouve dans le Parc Naturel Régional des Volcans d’Au-vergne. Depuis il a continué son voyage vers la Corrèze où il a pu être observé par Ma-
thilde qui fait partie de l’équipe de surveillants (voir photo page suivante). Elle nous dit: qu’elle a eu la grande joie d’observer Viaduc perché à la cime d’un Pin sylvestre, dans une petite clairière à dominante humide sur le plateau des Miles Vaches dans le Limou-sin. Dans « une clairière entourée de vieilles hêtraies mais aussi de planta-
tions (et de coupes à blanc) (sic) de résineux. Un paysage très vert en somme,
qui contraste fort avec les causses. Pas de vent favorable à l'envol ce matin.
Des Limousines et des chevreuils (des chasseurs et leurs chiens aussi) dans le
secteur (…)».
Le 02 Août, retour de Durzon dans les Grands Causses Durzon a été rapatrié du centre de soin de Sachsenhagen, près d'Hannovre en Allemagne pour être relâché dans les Gor-ges du Trevezel le 02 Août au matin. Après avoir mangé, il a fait de nombreux battements d'ailes avant de décoller. Il s'est posé quelques instants à côté de Calandreto puis, il a volé en direction des Gorges de la Dourbie. L’oiseau va bien, après une phase d’acclimatation il va vite retrouver ses repères et ses congénères.
Déplacement de Pro Natura lâchée dans les Baronnies (Drôme) au mois de mai
2017 qui séjourne actuellement dans les Grands Causses
photo_viaduc_CresteAuvergne_©ArjanBoele
photo_viaduc_Corrèze©MathildeMas
Deux agents de la LPO
Grands Causses, Noé-
mie et Thierry, ont fait
le déplacement jus-
qu’au centre de soin de
Sachsenhagen où Dur-
zon a été recueilli
après sa capture.
Le vétérinaire du cen-
tre a restitué l’oiseau,
reparti par la route,
vers son lieu de lâcher
dans l’Aveyron.
©LPO GC 18
Depuis l’arrivée des gypaètes dans la vallée du Trévezel, une équipe de surveillant a été constituée pour sui-
vre ces jeunes oiseaux. L’équipe complète, coordonnée par Noémie Ziletti de la LPO Grands Causses, est constituée de bénévo-
les, de stagiaires, des techniciens de la LPO Grands Causses et des gardes du Parc National des Cévennes .
De l’affût proche de la vire, du hameau des Plôs, sur les routes, les chemins et les causses, ils ont suivi patiemment l’évolution de
ces oiseaux à la longue vue, aux jumelles ou avec le repérage VHF.
Un remerciement chaleureux à l’équipe de jeunes bénévoles et stagiaires (sur la photo ci-dessus de gauche
à droite) Rémi Turban, Mathilde Mas, Camille Dupuyds, Jérémy Buscail, Pauline Riffaud et Charline
Magot épaulés de Aurélie Guégnard venue en renfort de la LPO Vendée (non présente sur la photo).
Ils sont à l’origine de ce journal en écrivant chaque semaine des nouvelles retraçant l’évolution des oi-
seaux, illustré en grande partie par les photos prises par Rémi .
On leur souhaite bon vol à eux aussi, et tout comme aux gypaètes lâchés cette année, de revenir les Grands
Causses.
L’équipe de surveillants des gypaètes barbus lâchés en 2017
06 Août 2017, 6 Gypaètes dans les Gorges du Tréve-
zel
Viaduc est de retour dans les Causses ! Après un petit
voyage de 5 jours du côté de la Corrèze, il a décidé de
rentrer sur le site de lâcher hier en début d'après-midi.
Il a ainsi fait ses retrouvailles avec Durzon revenu
d'Allemagne quelques jours plus tôt.
Le record du nombre de gypaètes dans les Gorges du
Trévezel a été enregistré hier : 6 gypaètes observés en
une après-midi ! Il s'agissait des quatre jeunes relâchés
cette année (Durzon, Viaduc, Calandreto et Arcana), de
Pro Natura qui est toujours présente, mais également
d'un jeune gypaète de 2 ou 3 ans non bagué. Il pourrait
venir des Pyrénées ou des Alpes. Il a été observé en vol
avec Durzon au dessus de la vire de lâcher avant de
repartir. Nous espérons avoir la chance de l'observer à
nouveau, même si il est possible qu'il ne soit que de
passage
LACHER GYPAETES BARBUS 2017
Calendreto en compagnie de Pro Natura, la jeune
Gypaète Barbu lâchée au mois de mai dans les Baronnies.
©Rémi Turban LPO GC
©Rémi Turban LPO GC
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