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Effacement du complexe des Etangs Narlin
Diagnostic piscicole 5 ans après l’effacement
En collaboration avec :
2
Rédacteur : Julien Bouchard
Avec la collaboration technique de :
F. Huger (ONEMA DiR9), O. Milley (ONEMA SD21), L. Perrin (ONEMA SD21)
B. Barré (ONF), P-E. Quintard (ONF)
Syndicat Intercommunal Hydraulique de la Haute Seine
F. Oeuvray (FDAAPPMA 21)
Février 2012
Référence à citer : BOUCHARD J.., 2011. Effacement du complexe des Etangs Narlin – Diagnostic 5 ans après l’effacement.
Rapport ONEMA DIR 9, 36 p.
Sommaire
1. Introduction ..........................................................................................................................5
2. Site d’étude et méthode d’investigation .......................................................................5
2.1. Sites d’étude ................................................................................................................5
2.2. Matériel et méthode ....................................................................................................7
3. Situation piscicole générale ............................................................................................9
3.1. Richesse spécifique ...................................................................................................9
3.2. Abondances totales (numériques et pondérales) ............................................13
4. Evolution et situation des différentes espèces sur le site du Val des Choues 24
4.1. Situation de la truite commune .............................................................................25
4.2. Situation du Chabot .................................................................................................27
5. Conclusion .........................................................................................................................34
Bibliographie ..............................................................................................................................35
Résumé Dans le cadre du programme LIFE « Têtes de bassins et faune patrimoniale associée » (2005-
2009), le site du Val des Choues a été retenu pour engager un programme d’actions portant sur
l’effacement d’étangs.
Différentes campagnes de suivi du compartiment piscicole ont été menées, notamment un état
initial en 2005 puis, trois campagnes après les travaux de 2006, en 2007, 2008 et 2011.
Ces différentes campagnes de suivi ont pu démontrer les effets bénéfiques des travaux de
restauration, visant le décloisonnement du milieu, le rétablissement du cycle hydrologique et
thermique du ruisseau du Canal, mais aussi l’amélioration de l’habitat.
Aujourd’hui, sur l’ensemble du cours d’eau, nous avons pu démontrer que les espèces qui
étaient inféodées aux plans d’eau ont très fortement régressé et qu’il n’en reste plus que
quelques individus sporadiques. Toutefois, concernant ce point on notera toujours la présence
du brochet due aux étangs toujours en place. Une proposition de plan de gestion a été établie
par l’ONF de façon à minimiser ce bruit de fond toujours présent sur le ruisseau du Canal.
Sur l’ensemble du ruisseau, le peuplement piscicole est équilibré et les espèces qui devraient
en toute logique être naturellement présentes sur ce type de cours d’eau le sont. Le milieu,
aujourd’hui rouvert, fonctionne comme un contexte à part entière pour une espèce comme la
truite, dont les exigences en terme de déplacement pour l’accomplissement de son cycle
biologique sont fortes.
Les travaux peuvent être considérés comme une réussite sur le plan piscicole, sur ce contexte
qui a retrouvé son intégrité, même si on peut encore espérer une amélioration des habitats pour
l’accueil de géniteurs de truite par exemple.
1. Introduction
Dans le cadre du programme LIFE « Têtes de bassins et faune patrimoniale associée » (2005-
2009), le site du Val des Choues a été retenu pour engager un programme d’actions portant sur
l’effacement d’étangs.
Un état initial de l’environnement a été conduit en 2005 en portant une attention particulière au
peuplement piscicole et aux populations astascicoles (BARAN, 2005). En 2006, les travaux
d’effacement des étangs ont été conduits. Au printemps 2007, un premier bilan de la situation
piscicole et astascicole a été effectué (BARAN, MILLEY, 2007) et en 2008, une deuxième
campagne post-travaux a été menée au mois de juillet (BOUCHARD, 2008).
Cinq ans après la réalisation des travaux, l’ONF décide de suivre à nouveau l’évolution de ce
site pour différents compartiments biologiques et compléter l’état des connaissances,
notamment, au travers de l’échantillonnage des peuplements de poissons des plans d’eau
restant. L’ONEMA s’est associé à cette démarche au travers d’une convention partenariale avec
l’ONF visant notamment la réalisation d’une troisième campagne de suivi du peuplement
piscicole.
Le présent rapport établit l’état du peuplement de poissons du ruisseau du Val des Choues cinq
ans après l’effacement des étangs Narlin, ainsi que l’évolution de ce peuplement entre l’état
initial de 2005 et les différentes campagnes de suivi post-travaux.
Après un rappel sur la présentation des sites d’étude et des méthodologies d’échantillonnage,
les résultats sont détaillés et discutés en s’attachant à rechercher les facteurs
environnementaux permettant d’expliquer la situation actuelle.
2. Site d’étude et méthode d’investigation
2.1. Sites d’étude Sept stations d’étude ont été sélectionnées dans la zone d’investigation qui correspond au
massif forestier domanial de Châtillon. Parmi ces 7 sites, 4 ont été inventoriés lors de l’état
6
initial de 2005, 5 lors de la campagne de 2007 et 6 lors de la campagne de 2008 (dont les 2
sites se situant dans l’emprise des anciens étangs Narlin pour 2007 et 2008).
Station S0 : Combe Baudot Station S1 : Ru du Canal en aval de l’Abbaye du Val des Choues Station S2 : Ru du Canal en aval de l’étang du val des Choues Station S2A : Ru du Canal en amont immédiat de la digue du Narlin Supérieur Station S2B : Ru du Canal en amont immédiat de la vieille digue Station S3 : Ru du Canal en aval des étangs Narlin – Pont de Lantive Station S4 : Ru de la Combe Narlin
Figure 1 Localisation géographique des différentes stations d'étude
Les principales caractéristiques de ces 7 stations d’étude sont présentées dans le tableau 1 ci-
après.
distance à la source
(km)
pente (o/oo)
largeur (m)
Ru de la combe Baudot S0 – Combe Baudot 0.7 14.6 1.7 Ru du Canal S1 - Aval Abbaye 0.6 7 2.8 Ru du Canal S2 - Aval Etang du Val des Choues 1.5 7 2.7 Ru du Canal S2A - Amont digue Narlin supérieur 1.8 6.5 2.1 Ru du Canal S2B - Amont vieille digue 2 7.1 2.8 Ru du Canal S3 - Pont de Lantive 2.7 9.3 3.4 Ru de la Combe Narlin S4 - Amont Etang Narlin 0.5 6.5 1.5
Tableau 1 caractéristiques principales des différentes stations d'étude
7
2.2. Matériel et méthode
2.2.1. Méthode d’échantillonnage
Afin de comparer les données obtenues lors de cette étude avec celles réalisées les années
précédentes, la même méthode d’échantillonnage a été employée, à savoir la pêche électrique
complète par épuisement. Chaque station a été prospectée en totalité au moyen d’une
électrode sur toute sa largeur. Les pêches ont été réalisées avec un appareil de type Héron de
fabrication Dream Electronic.
Type d’appareil utilisé : Héron Dream Electronic
Nombre d’électrodes : 1
Nombre d’opérateurs : 5
Méthode : 3 passages successifs et à l’issu de chaque passage les poissons ont été conservés
dans des bacs de stabulation selon la méthode de pêche par épuisement de De Lury (DE
LURY, 1947 in LAURENT & LAMARQUE, 1975).
Biométrie : les poissons sont déterminés à l’espèce, mesurés en longueur totale (1mm près) et
pesés (1g près). Afin de minimiser l’erreur sur le poids des plus petits individus, ces derniers
peuvent être pesés en lots de tailles homogènes et mesurés individuellement (lot I ou lot de
type S/L).
2.2.2. Calcul des densités numériques et pondérales
La régression des captures à chaque passage permet d’estimer des densités numériques et
pondérales par unité de surface ou par linéaire de cours d’eau. La méthode de Carle & Strub
(1978), basée sur le maximum de vraisemblance pondérée a été utilisée. Cette méthode est
plus robuste pour les estimations et les intervalles de confiance fournis sont plus petits que ceux
calculés par les autres méthodes d’estimation (GERDEAUX, 1987). Cependant, Gerdeaux
(1987) indique qu’une confiance limitée doit être accordée aux résultats où l’efficacité de pêche
est inférieure à 25%. Ainsi pour les cas où l’efficacité de pêche ne dépasse pas cette valeur,
seules les données brutes sont utilisées car elles représentent une certitude minimale. Se sont
généralement des petites espèces qui sont concernés par ce biais. Les écrevisses sont
également concernées, mais, la pêche électrique n’étant pas adaptée pour une estimation fiable
8
des populations astascicoles, les données calculées pour ce taxon ne sont présentes qu’à titre
indicatif.
Les données brutes ont été saisies et traitées pour partie avec le logiciel WAMA V1.9 et pour
partie avec la programmation informatique proposée par Gerdeaux (1987).
Les biomasses ont été estimées à partir des densités calculées via la méthode de Carle &
Strub. Les biomasses estimées sont donc l’addition de la biomasse observée et du poids moyen
des individus de chaque espèce multiplié par le nombre d’individus estimé en plus de celui
observé. Cette méthode a été appliquée pour toutes les espèces.
2.2.3. Transformation des données en classes d’abondances
Les données ont été transformées en classes d’abondance (classes de 0 à 5) selon le protocole
et les limites définies par le Conseil Supérieur de la Pêche (CSP DR n°5, 1995). Cette méthode
permet de diagnostiquer de manière objective les densités et les biomasses estimées. Ces
données sont comparées à des gammes de valeurs de référence, qui tiennent compte
notamment du niveau de production de la portion de cours d’eau étudiée.
2.2.4. Comparaison du peuplement observé au peuplement théorique
Dans un cours d’eau, la composition du peuplement de poissons varie longitudinalement. Les
travaux conduits par Verneaux (1973) ont montré que l’on pouvait découper un cours d’eau en
une succession de biotypes ou niveaux typologiques (NTT) qui correspondaient chacun à une
structure particulière du peuplement piscicole (nombre d’espèces et abondance de ces
espèces). Ce même auteur (VERNEAUX, 1977) donne une formule permettant de calculer le
niveau typologique théorique d’un tronçon de cours d’eau en fonction de 6 variables du milieu.
Niveau typologique :
(T) = 0.45 x [0.55tMn-4.34] + 0.30 x [1.17 ln(do x D x 10-2))+1.50] + 0.25 x [1.75 ln(S m x 102/p
x l 2)+3.92]
Où :
tMn : moyenne des températures maximales des 30 jou rs consécutifs les plus chauds
do : distance aux sources en km
D : dureté totale de l’eau (Calcium+Magnésium) en m g/l
9
Sm: la section mouillée à l’étiage en m²
p : la pente de la ligne d’eau ( 0/00)
l : la largeur du cours d’eau à l’étiage en mètre.
A partir d’un ensemble de stations référentielles, la délégation régionale du CSP de Lyon a
fourni des références de classes d’abondance pour chaque espèce de poisson et pour chaque
niveau typologique (CSP/DR n°5, 1995). L’analyse de la concordance entre la référence et le
peuplement réel a été effectuée pour chacune des 7 stations d’étude ainsi que la comparaison
par rapport aux classes d’abondances des campagnes antérieures.
Dans la présente étude, les niveaux typologiques pris en compte sont les mêmes que ceux
déterminés par le bureau d’étude ECOGEA en 2007, après les travaux.
3. Situation piscicole générale
3.1. Richesse spécifique
Huit espèces de poissons et une espèce d’écrevisse ont été inventoriées sur l’ensemble des 7
stations en 2011. Globalement, on retrouve le cortège des espèces électives de ce type de
ruisseau de tête de bassin (écrevisse à pieds blancs, chabot, truite commune, lamproie de
planer, vairon et loche franche), toutefois, on retrouve également dans une moindre mesure,
des espèces caractéristiques des eaux plus calmes et des plans d’eau toujours présents
(brochet, chevaine, anguille (Cf. Fig. 2)). A noter toutefois que l’anguille et le chevaine, espèces
ubiquistes, peuvent être naturellement présents dans les systèmes d’eau courante tels que les
ruisseaux de tête de bassin.
0
1
2
3
4
5
6
7
ANG CHE BRO LPP VAI APP LOF CHA TRF
Figure 2 Occurrences des différentes espèces sur les stations d'étude
10
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
S0 - CombeBaudot
S1 - AvalAbbaye
S2 - AvalEtang du Valdes Choues
S2A - Amontdigue Narlinsupérieur
S2B - Amontvieille digue
S3 - Pont deLantive
S4 - AmontEtang Narlin
nom
bre
d'es
pèce
s
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
S0 - CombeBaudot
S1 - AvalAbbaye
S2 - AvalEtang du Valdes Choues
S2A - Amontdigue Narlinsupérieur
S2B - Amontvieille digue
S3 - Pont deLantive
S4 - AmontEtang Narlin
nom
bre
d'és
pèce
s
2005
2007
2008
2011
Figure 3 Nb d'espèces sur les stations d'étude 2011 Figure 4 Comparaison des nb d'sp entre les années
La figure 3 montre que le nombre d’espèce s’échelonne de 4 espèces à 9 espèces sur les
stations d’étude. Les stations du ruisseau du Canal (S1 à S3) montrent une tendance à
l’augmentation de la richesse spécifique selon un gradient amont aval, ce qui est normal dans
les systèmes d’eau courante.
La comparaison de la richesse spécifique des différentes stations entre les différentes années
d’échantillonnage montre que :
� Sur les stations « références » S0 – Combe Baudot et S4 – Amont étang Narlin , il n’y
a pas d’évolution depuis les derniers suivis. La station de la combe Baudot compte 4
espèces, qu’il est normal de trouver sur ce type de milieu (APP, CHA, TRF, LOF). La
station amont étang Narlin compte 4 espèces également (APP, CHA, TRF, VAI). La
présence du vairon est une nouvelle fois confirmée sur cette station.
� Sur la station S1 – aval Abbaye , 6 espèces ont été contactées en 2011, soit deux de
plus que lors du suivi de 2008 et une de plus qu’en 2007 et lors de l’état initial de 2005.
Ces fluctuations sont expliquées par la présence du brochet en 2011, qui n’avait pas été
capturé en 2008 et par la présence de la loche franche. Concernant le brochet, il n’est
pas étonnant d’en retrouver sur ce secteur, même après les travaux de suppression des
étangs, puisqu’il reste toujours l’étang du val des Choues dont le peuplement est
majoritairement constitué de cette espèce (QUINTARD, 2011). Pour la loche franche,
c’est la première fois que cette espèce est capturée sur cette station, et aussi haut sur le
ruisseau du Canal. Cette présence pourrait s’expliquer par l’aménagement de la
surverse en rive droite avec une rampe rugueuse dans le but de faire passer les
11
écrevisses à pieds blancs. La loche est une espèce de fond et sous certaines conditions
pourrait avoir colonisée le secteur amont de l’étang du val des Choues.
� Sur la station S2 – Aval étang du Val des Choues , 6 espèces ont été contactées, soit
une de moins que lors de la campagne de 2008. Cette différence vient du fait que la
lamproie de planer n’a pas été contactée cette année. Lors de la campagne de 2008,
seulement 2 individus ont été capturés. Cette espèce du fait de son écologie (phase
larvaire enfouie dans le sédiment) est difficilement capturable en pêche à l’électricité. De
plus, les travaux de F. OEUVRAY (2011) montrent que plus de 70 % de la station
présente un substrat graveleux, donc non optimal pour les larves de lamproie et que le
reste du substrat (sableux) est plutôt considéré comme sub-optimal pour la lamproie
(LASNE, 2009)
� Sur la station S2A – Digue Narlin Supérieur , une espèce de moins a été capturée par
rapport à 2008. Aujourd’hui, la station abrite 5 espèces. Sur ces 5 espèces, seul le
brochet n’est pas électif des têtes de bassin versant, mais comme pour la station S2 –
aval étang du Val des Choues , sa présence est largement imputable à la population
présente dans l’étang. Rappelons que cette station est dans l’emprise d’un des anciens
étangs. Un des faits marquant sur cette station est l’absence du vairon, alors que cette
espèce était largement dominante en terme d’effectif en 2007 et en 2008
(respectivement 686 et 151 individus pêchés) (BARAN, 2007 & BOUCHARD, 2008).
Cette disparition ne peut être due à de la variabilité instrumentale, et nous nous
attacherons à chercher les causes dans la partie de l’étude dédiée à cette espèce.
� Sur la station S2B – Vieille digue , nous avons pu observer lors de la campagne 2011
une très nette différence en terme de richesse spécifique par rapport aux autres années.
En effet, se sont 9 espèces qui ont été échantillonnées contre 4 en 2007 et 2008. Cette
augmentation, vient du fait qu’en 2011, on retrouve toutes les espèces de tête de bassin
à savoir truite, chabot, lamproie, loche, vairon mais aussi le premier contact d’écrevisse
pieds blanc en pêche électrique sur cette station. Le brochet est également présent,
pour les mêmes causes que sur les stations précédentes, le chevaine toujours présent
également et cette année une anguille de 88 cm a été capturée. Jusqu’à présent cette
espèce n’avait jamais été rencontrée sur les stations d’étude du Val des Choues. Il ne
s’agit aucunement d’une anguille remontée naturellement sur ce site mais plutôt d’un
12
déversement récent (source potentielle non connue) ou bien d’une anguille de
repeuplement des étangs restée sur le site suite à leur vidange.
� Sur la station S3 – Pont de Lantive , 7 espèces ont été capturées en 2011 contre 9 en
2008 et 8 en 2005 et 2007. Cette diminution est expliquée par l’absence du gardon et du
goujon par rapport à 2008. Aujourd’hui, en dehors du brochet dont la présence est
expliquée par l’étang du Val des Choues et du chevaine, espèce ubiquiste qui occupe un
large spectre d’habitats différents (KEITH & ALLARDI, 2001), cette station abrite un
cortège d’espèces typique des têtes de bassin versant. A noter toutefois que l’écrevisse
pieds blancs n’a pas été capturée contrairement à la campagne de 2008.
Figure 5 Comparaison des occurrences de chaque espèce en fonction des années et de leur électivité aux milieux de tête de bassin versant
13
En conclusion de cette partie sur la richesse spécifique des stations d’étude, il apparaît que la
disparition des espèces de plans d’eau contactées encore en 2007 et dans un moindre mesure
en 2008 est confirmée. Il reste toutefois le brochet, dont les effectifs ne disparaitront pas tant
que la population se maintient dans l’étang du Val des Choues comme le montrent les travaux
de P-E.QUINTARD (2011), le chevaine, espèce ubiquiste, et quelques individus relictuels des
plans d’eau comme cette anguille capturée sur la station S2B - vieille digue .
La disparition de ces espèces laisse place à un cortège d’espèces de tête de bassin sur toutes
les stations avec des faits encourageants comme le contact des loches sur la station la plus en
amont et des faits plus difficiles à interpréter comme la disparition du vairon sur la station S2A –
Digue Narlin supérieur .
L’objectif « qualitatif » qu’est l’obtention d’une richesse spécifique naturelle de ce type
de milieu peut être considéré comme atteint depuis la réalisation des travaux
d’effacement des étangs .
La figure 5, s’attachant à montrer les occurrences des différentes espèces sur le site du Val des
Choues (toutes stations confondues) montre qu’en 2005 pour une espèce capturée peut
importe où sur le site il y avait 3,5 chances sur 10 que ce soit une espèce de plan d’eau,
aujourd’hui cette probabilité est tombée à moins de 2 chances sur 10. Si en plus on fait
abstraction du brochet dont le cas n’a pu être complètement traité avec le maintient du plan
d’eau du Val des Choues, la probabilité passe de 2 chances sur 10 à 1 chance sur 10 en 2011.
Il convient maintenant de s’attacher à caractériser les métriques quantitatives des peuplements
à savoir les densités numériques et pondérales totales puis espèce par espèce.
3.2. Abondances totales (numériques et pondérales)
3.2.1. Situation en 2011 Avec une moyenne de 13583 ind./ha pour la densité et 82 kg/ha pour la biomasse, les
abondances totales de poissons sur l’ensemble du secteur d’étude sont moyennes à fortes en
étant toutefois un peu en-deçà des valeurs de 2008 (respectivement 16784 ind/ha et 104 kg/ha)
.
14
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
S1 - A val Abbaye
S2 - A val Etang du Val des Choues
S2A - Amont d igue Na rl in s upér ieu r
S2B - Amont v ie ille digue
S3 - P ont de La ntive
S4 - Amont Et ang Narlin
S0 - Com be Baud ot
dens
ité (
ind/
ha)
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
biom
asse
(kg
/ha)
Densités
Biomasses
Figure 6 Abondances totales sur les 6 des 7 stations d’étude
La figure 6 ci-dessus montre les abondances numériques et pondérales pour les différentes
stations échantillonnée en 2011.
Sur le cours du ruisseau du Canal les abondances numériques et pondérales augmentent de
l’amont vers l’aval ce qui traduit une situation relativement conforme au gradient amont aval de
ce type de milieu. On remarquera tout de même une différence importante de productivité entre
les stations en amont de la digue de l’ancien Narlin supérieur et celles en aval. La biomasse de
la station S2B – Amont vieille digue est composée principalement de très gros individus (CHE
et ANG) ce qui explique aussi la différence dans le rapport densité numérique et pondérale que
l’on peut voir en lecture graphique sur la figure 6 (écart entre le point de biomasse et la barre de
densité).
Les deux stations choisies pour faire office de référence S0 – Combe Baudot et S4 – Amont
Etang Narlin présentent des caractéristiques de densités numériques et pondérales assez
similaires en 2011.
15
3.2.2. Comparaison à l’état initial
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
S1 - Aval Abbaye
S2 - Aval Etang du Val des Choues
S2A - Amont digue Narlin supérieur
S2B - Amont vieille digue
S3 - Pont de Lantive
S4 - Amont Etang Narlin
S0 - Combe Baudot
dens
ité (
ind/
ha)
0
50
100
150
200
250
300
350
biom
asse
(kg
/ha)
Densités 2005
Densités 2011
Biomasses 2005
Biomasses 2011
Figure 7 Comparaison des abondances totales entre 2005 (initial) et 2011 (aujourd’hui)
Entre 2005 et 2011, on observe sur la figure 7 que les densités numériques totales sont assez
équilibrées entre sur les stations amont de la suppression d’étangs (S1 et S2) et les densités
pondérales plus fortes en 2005 sur ces stations. Sur la station aval, la densité numérique est
plus forte en 2011 cependant la biomasse était beaucoup plus élevée en 2005 (poissons de
plans d’eau, moins nombreux, mais plus gros).
Les données sur la station S4 – Amont étang Narlin sont assez similaires et les données sur la
station S0 – Combe Baudot montrent une nette augmentation entre 2005 et 2011. Cette station
n’ayant pas été échantillonnée dans tout l’intervalle 2005-2011 il sera difficile de pouvoir tirer
des conclusions sur l’évolution des peuplements puisque nous avons plutôt ici deux images
instantanées des peuplements qui intègrent 6 années de vie du cours d’eau.
16
3.2.3. Comparaison des abondances après les travaux de restauration
Figure 8 Comparaison des abondances pour les différentes campagnes de suivi post-travaux
Les différentes années de suivi montrent en ce qui concerne les abondances totales, une
diminution des densités numériques sur les stations du ruisseau du canal, sauf pour la station
S3 – pont de Lantive où la densité à plus que doublée depuis 2008. A noter que les conditions
d’étiage assez marquées en 2011 font que la station S3 – pont de Lantive présente une
largeur en eau inférieure de près d’un mètre aux autres années de suivi, pour des effectifs
pêchés assez semblables.
Les faits marquants portent surtout sur les stations dans l’emprise des anciens étangs,
notamment la station amont S2A où la densité numérique s’est effondrée depuis 2007 (Cf.
Figure 9). Ce phénomène est principalement du à l’espèce vairon. En effet, sur cette station, on
dénombrait une très forte surdensité de vairon (environ 23000 ind/ha) en 2007 que l’on imputait
à un front de colonisation dans l’emprise de l’étang, ou pourquoi pas des individus résidents du
plan d’eau qui seraient restés vers l’alimentation en eau à l’amont lors de la vidange du plan
d’eau. Cette espèce a régressé depuis jusqu’à être absente de la station en 2011.
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
S1 - Aval Abbaye
S2 - Aval Etang du Val des Choues
S2A - Amont digue Narlin supérieur
S2B - Amont vieille digue
S3 - Pont de Lantive
S4 - Amont Etang Narlin
dens
ité (
ind/
ha)
0
50
100
150
200
250
300
biom
asse
(kg
/ha)
Densités 2007
Densités 2008
densités 2011
biomasses 2007
biomasse 2008
biomasses 2011
17
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
100000
S2A - 2007 S2A - 2008 S2A - 2011
Figure 9 Comparaison des densités numériques de la station S2A - Amont digue Narlin supérieur
En ce qui concerne la station S2B – Amont vieille digue , ce que l’on remarque c’est surtout
une augmentation de la biomasse par rapport à 2007 et 2008 où elle était sensiblement égale.
En effet, cette biomasse est passée de l’ordre de 50 kg/ha à 163 kg/ha, soit 3 fois plus. Bien
que quelques gros individus (chevaine et anguille) aient été capturés, la biomasse qui était
dominante les autres années était celle de vairon alors qu’aujourd’hui, en ce qui concerne les
espèces électives de tête de bassin, les biomasses sont dominées par la truite et le chabot.
Les données de densités numériques et de biomasse espèce par espèce seront présentées
dans la dernière partie de ce rapport avec une synthèse de l’évolution de chacune des espèces
représentatives de ce type de milieux depuis la réalisation des travaux. Cette synthèse
reprendra les évolutions chiffrées et les déplacements globaux au sein du site d’étude en regard
des travaux de décloisonnement qui ont été réalisés.
Avant cette ultime partie, il convient de comparer pour chacune des stations le peuplement
observé par rapport à ce que l’on pourrait attendre sur des milieux de même type non impactés
par des pressions d’origine anthropique.
3.3. Comparaison du peuplement observé au peuplemen t théorique
A partir des caractéristiques du milieu de chacune des stations d’étude, les niveaux
typologiques théoriques ont été calculés. Les niveaux typologiques des différents secteurs
d’étude varient de B2 à B4.
18
Tableau 2 Niveau typologique théorique des différentes stations d'étude
Le modèle biotypologique montre qu’en l’absence de pollution, l’abondance de chaque espèce
de poisson varie en fonction du type considéré pour atteindre des valeurs maximales au niveau
de son préférendum écologique. Ces valeurs optimales ont été déterminées de façon statistique
sur une série de sites non pollués, puis transformées en classes d’abondance intrinsèques à
chaque espèce (CSP, 1995). Chaque type écologique est associé à un ensemble d’espèces
susceptible d’y être capturé et montrant des affinités plus ou moins affirmées pour ce type, se
traduisant par des abondances potentielles plus ou moins fortes.
Il faut noter toutefois qu’un des inconvénients de ce modèle réside dans la prise en compte de
paramètres modifiables à travers certaines perturbations (section mouillée, température,
éventuellement dureté). Dans le cas de telles modifications, le peuplement théorique
correspond au peuplement attendu avec ces nouvelles caractéristiques.
Ainsi, les résultats des pêches électriques quantitatives ont été convertis en classes
d’abondance numériques et pondérales sur une échelle de 0 à 5, propre à chaque espèce.
La classe d’abondance la plus faible entre classe d’abondance numérique et classe
d’abondance pondérale a été retenue comme classe finale. En effet, les résultats de chacun de
ces deux types de classe peuvent être influencés par les succès de reproduction par exemple
pour la classe numérique et par l’échantillonnage aléatoire d’un gros individu par exemple pour
la classe pondérale. Un tel filtrage permet de mettre en valeur les populations à la fois
équilibrées et productives (DEGIORGI et RAYMOND, non publié).
19
3.3.1. Station S1 – Aval Abbaye
CHATRF
LPPVAI
LOFBRO
2011
2008
2007
2005
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0
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2
3
4
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Cla
sses
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bond
ance
Figure 10 Comparaison des abondances observées et référentielles de la station S1 – Aval Abbaye
Sur cette station, le peuplement tend globalement vers une situation de référence. En effet,
hormis la présence du brochet due au plan d’eau du Val des Choues, et l’absence du vairon
(jamais contacté sur la station) les autres espèces sont celles que l’on devrait trouver
naturellement sur ce type de cours d’eau. Le chabot, bien que deux classes sous la référence
se maintient au niveau de 2008 et est mieux situé qu’en 2005 avant les travaux. La truite a
gagné une classe d’abondance et est toujours en dessous du niveau référentiel. La lamproie de
planer semble être bien implantée sur cette station et dépasse son niveau théorique de
présence. On notera en 2011 le premier contact avec la loche franche sur la station S1
possiblement du à l’aménagement de la digue du plan d’eau du Val des Choues.
3.3.2. Station S2 – Aval étang du Val des Choues
Figure 11 Comparaison des abondances observées et référentielles de la station S2 - Aval étang du Val des Choues
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20
Sur la station S2 – Aval étang du Val des Choues , on remarquera un certain « éloignement »
à une situation de référence par rapport à la situation de 2008 qui s’en approchait plus. En effet,
le chabot perd deux classes d’abondance et passe ainsi sous le niveau observé en 2005 avant
les travaux. La truite perd aussi une classe d’abondance et n’est plus que considérée à l’état de
« présence ». Le vairon quant à lui perd 3 classes d’abondance et s’effondre en classe 2. Pas
d’évolution notable pour la loche et augmentation d’une classe d’abondance pour le chevaine.
Même si le cortège d’espèces présentes est caractéristique des ruisseaux de tête de bassin par
rapport à la situation de 2005 (Cf. figure 11), nous sommes en présence d’un peuplement
dégradé. Les analyses sur l’habitat réalisées par F. OEUVRAY (2011) montrent une relative
homogénéité des habitats entre 2008 et 2011 et une faiblesse de la diversité des faciès
d’écoulement. Cette stabilité pourrait expliquer pourquoi nous n’atteignons pas un niveau de
référence du peuplement mais pas pourquoi il semble se dégrader. De plus, l’analyse du
peuplement d’invertébrés montre que celui-ci est en bon état (OEUVRAY, 2011)
Lors des échantillonnages piscicoles nous avons pu observer que les cyprinidés de cette station
étaient tous marqués de points noirs liés à des parasites (trématode au stade larvaire).
Figure 12 Vairon et chevaine parasités
21
3.3.3. Station S2A – Amont digue Narlin supérieur
CHATRF
LPPVAI
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2008
2007
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Figure 13 Comparaison des abondances observées et référentielles de la station S2A - Amont Digue Narlin supérieur
Cette station est positionnée dans l’emprise de l’ancien étang le plus amont. Son peuplement
piscicole correspond à celui d’un ruisseau de tête de bassin avec la majorité des espèces
électives du type écologique présentes (chabot, vairon). La truite est présente sur le tronçon en
2008 et 2011, toujours avec une abondance relativement faible et la lamproie de planer qui
n’avait pas été capturée en 2011 présente une classe d’abondance de 2 en 2011.
On notera la présence du brochet (classe 3). Sur cette station, première en aval de la station S2
– Aval étang du Val des Choues , on notera la disparition du vairon et du chevaine. Pour le
premier des deux, il était présent en classe 4 en 2008 et en classe 5 en 2007. Assez peu
d’explications sur cette disparition si ce ne sont les conditions sanitaires des poissons de la
station S2.
22
3.3.4. Station S2B – Amont vieille digue
Figure 14 Comparaison des abondances observées et référentielles de la station S2B - Amont vieille digue
En 2008, l’étude du peuplement montrait une tendance vers un peuplement caractéristique des
cours d’eau de tête de bassin avec toutefois un caractère transitoire. Aujourd’hui, en 2011, cette
tendance est toujours vérifiée avec une nette amélioration pour toutes les espèces de tête de
bassin. On notera tout de même la diminution du vairon de 2 classes d’abondance, comme sur
les stations plus en amont et toujours la présence de chevaine, brochet et d’une anguille sur ce
site.
La truite qui n’avait fait qu’ « apparaître » entre 2007 et 2008 et aujourd’hui en classe 2 sur cette
station. Même si elle est encore en deçà de la référence théorique, ces données sont très
encourageantes, et, associées aux évolutions des autres espèces, notamment chabot, lamproie
et loche, témoignent de la réussite de l’opération de restauration du site du Val des Choues.
3.3.5. Station S3 – Pont de Lantive
Figure 15 Comparaison des abondances observées et référentielles de la station S3 - Pont de Lantive
CHATRF
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23
En 2007, le peuplement piscicole du pont de Lantive n’était toujours pas conforme au type
écologique. Le chabot présentait des abondances déficitaires qui avaient légèrement diminué
par rapport à 2005 et surtout 2002. La truite avait disparu tout comme la lamproie de planer
(déjà absente en 2005) (BARAN, 2007)
En 2008, on note une nette amélioration sur cette station, avec globalement une tendance à la
conformité au référentiel. Ceci est en particulier vrai pour le chabot dont la classe d’abondance
a augmenté et est conforme et pour la lamproie de planer qui a recolonisé cette station (absente
depuis 2002). La truite bien que très faiblement représentée (1 individu échantillonné) était à
nouveau capturée sur la station. (BOUCHARD, 2008).
En 2011, la tendance va toujours dans le bon sens avec notamment une amélioration sur les
lamproies de planer et les vairons (tendance inverse des autres stations pour cette espèce), le
maintien du chabot dans une classe conforme au référentiel. L’abondance de truite quant à elle
ne « décolle » toujours pas et reste en classe « présence ».
3.3.6. Station S4 – Amont étang Narlin
CHATRF
LPPVAI 2 0 11
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Figure 16 Comparaison des abondances observées et référentielles de la station S4 - Amont étang Narlin
Sur le ruisseau de la Combe Narlin, le peuplement piscicole reste relativement conforme au
type écologique. L’abondance de truites a nettement diminué depuis 2005. Par rapport à 2008
où une seule classe d’âge de truites a été inventoriée sur la station (0 +), deux classes d’âge
inventoriées en 2011 : 0+ et 1+ (1 seul individu de 1+).
24
Les chabots ont perdu 2 classes d’abondance par rapport 2008 et se retrouvent ainsi au plus
bas niveau connu sur cette station.
4. Evolution et situation des différentes espèces s ur le site du Val des
Choues
En 2011, il s’agit de la troisième campagne de suivi des peuplements de poisson post travaux
de restauration et certainement la dernière avant un certain temps. En effet, la fréquence future
de suivi piscicole, encore non définie, sera d’au moins 5 ans puisque les principales conclusions
des effets de la restauration étant visible sur les peuplements de poisson.
Aujourd’hui, il convient de faire un bilan de cette restauration en terme d’évolution et de situation
des différentes espèces de poisson présentent sur l’ensemble du site et cela en regard des
différents objectifs principaux de la restauration, à savoir :
� le décloisonnement du milieu par l’ouverture des digues
� le gain d’habitat de type ruisseau dans l’emprise des anciens étangs
� le rétablissement d’un cycle thermique et hydrologique naturel ou proche du ruisseau du
canal
� le rétablissement de l’hydrologie du ruisseau du canal, notamment sur la partie aval étang
du Val des Choues
Ce point de situation se focalisera principalement sur les espèces visées directement par la
restauration, c’est-à-dire les espèces de tête de bassin versant (truite, chabot, vairon, loche et
lamproie de planer
4.1. Situation de la truite commune
Figure 17 truitelle capturée sur le ruisseau du canal (ONEMA)
La truite commune est une des espèces de poisson principalement visées dans la restauration
du site du Val des Choues. En effet, il s’agit de l’une des espèces ayant les plus fortes
exigences en terme de déplacement pour l’accomplissement de son cycle biologique et en
particulier la phase de reproduction. Cette espèce, psychrosténotherme et oxyphile était
également visée par la suppression des étangs et le rétablissement du cycle thermique naturel
du cours d’eau.
Figure 18 Evolution de la population de truite du Val des Choues au cours du temps
26
La figure 18 montre l’évolution de la population de truite entre l’avant travaux (2005) et les
campagnes post travaux (2007, 2008 et 2011). Le premier point remarquable sur cette figure
est la colonisation complète du milieu par la truite. Aujourd’hui elle est retrouvée sur toutes les
stations. En 2007, première campagne à peine un an après les travaux, l’espèce n’était pas
retrouvée dans l’emprise des étangs et était également absence de l’aval des étangs (S3 –
pont de Lantive ) certainement à cause de l’impact des travaux et de la vidange des étangs. En
2008 et 2011 la truite a recolonisé toutes les stations d’étude.
0
20
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densité estimée
Figure 19 Evolution des densités numériques et pondérales de truites sur le site du Val des Choues
Depuis la réalisation des travaux, les densités de truites augmentent de façon conséquente sur
toutes les stations du ruisseau du Canal. Seule la station S4 – Amont étang Narlin a vu sa
densité baisser en 2007 et 2008, mais elle est remontée en 2011. En 2011, les densités
calculées sont comprises entre 500 et 1500 ind./ha, ce qui sont de bonnes valeurs pour ce type
de milieu. Cependant, les biomasses sont encore assez faibles et dans les faits on observe
assez peu d’individus mâtures. Il est toutefois à préciser que les habitats présents sont assez
peu propices aux adultes, notamment avec des tirants d’eau assez faibles (en particulier en
2011).
27
On notera en 2011 un bon équilibre global de la population de truite commune à l’échelle du site
avec, sur 72 individus capturés, 72% de juvéniles, 23% d’immatures et 4 % de mâtures.
Pour mémoire, en 2008 ce n’étaient que 18 truites capturées sur l’ensemble des stations et en
2007 seulement 4.
En conclusion sur cette espèce, le rétablissement de la continuité ainsi que la restauration du
cycle thermique du cours d’eau ont permis d’une part la colonisation de l’ensemble du site par
l’espèce, l’augmentation des densités numériques et un équilibre entre les différentes classes
d’âge. La truite, dans la réalisation de son cycle biologique, profite mieux de l’ensemble du
contexte qui lui est maintenant alloué sur le site du Val des Choues, même si les habitats
propices aux adultes manquent encore (notamment dans l’emprise du Narlin supérieur (S2A) et
en amont de tête vaillant (S2).
4.2. Situation du Chabot
Figure 20 Chabot capturé sur le ruisseau du canal (ONEMA)
Le chabot, espèce accompagnatrice de la truite, était également visé par les travaux. Cette
espèce élective des têtes de bassin versant est moins exigeante que la truite en matière de
déplacement mais tout aussi en ce qui concerne la qualité de l’eau et de l’habitat, notamment
pour le colmatage des fonds. La restauration du cycle thermique ainsi que l’ouverture de
nouveaux habitats doivent lui profiter.
28
Figure 21 Evolution de la population de chabot du Val des Choues au cours du temps
La figure 21 montre l’évolution de la population de chabot au cours des différentes années de
suivi avant et après les travaux d’effacement des étangs. On peut voir qu’en 2005 l’espèce était
déjà présente sur toutes portions du ruisseau du Canal, à savoir en amont et en aval du
complexe d’étangs et entre le complexe Narlin et l’étang du Val des Choues. Les abondances
de chabots étaient assez faibles avant les travaux. En 2007, 2008 et 2011, toutes les stations
échantillonnées montrent la présence de l’espèce. Le chabot a pu reconquérir l’emprise des
étangs avec notamment la plus forte classe d’abondance observée pour l’ensemble du site
dans l’emprise de l’étang Narlin inférieur (S2B – amont vieille digue ) Cf. figure 22. Les 2 plus
fortes classes d’abondance en 2011 sont observées sur les deux stations dans l’emprise des
anciens étangs.
29
Aujourd’hui, la population de chabot à l’échelle globale du site du Val des Choues est équilibrée
et abondante. Toutes les stations montrent la présence d’un recrutement avec des juvéniles de
l’année.
Figure 22 Evolution des densités numériques et pondérales de chabots sur le site du Val des Choues
4.3. Situation du vairon
Figure 23 Vairon capturé sur la Seine à Nod sur Seine (2011) (ONEMA)
Le vairon, espèce accompagnatrice de la truite était également visé par les travaux. Cette
espèce n’était pas visée directement mais étant élective des têtes de bassin versant (moins
exigeante que la truite en matière de déplacement) on espérait voir une évolution de la
population suite à la réalisation des travaux d’effacement des étangs.
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30
Figure 24 Evolution de la population de vairon du Val des Choues au cours du temps
En ce qui concerne le vairon, on observe un phénomène différent de ce qui peut être observé
pour la truite ou bien pour le chabot par exemple. Avant les travaux, en 2005, l’espèce ne
semblait être présente que sur la station S3 – Pont de Lantive , elle n’a pas été contactée ni en
amont des étangs Narlin sur le ru de Tezenas (S4) ni en amont sur le ruisseau du Canal (S2 et
S1).
Les effets du décloisonnement ont été immédiats puisque de très fortes densités ont été
observées pour cette espèce dans l’emprise des anciens étangs. En 2008, on commençait à
voir une régression sur cette espèce avec notamment une baisse en terme de densité dans
l’emprise des étangs. La station du pont de Lantive restant assez stable dans le temps.
Aujourd’hui, en 2011 la population de vairon semble avoir fortement régressée au niveau de
tête vaillant (S2), a disparu dans l’emprise du Narlin supérieur (S2A) et a diminué dans
l’emprise du Narlin inférieur (S2B).
La diminution, voire la disparition de l’espèce sur S2A, est assez difficile à expliquer. Plusieurs
hypothèses peuvent être avancées :
31
� présence d’un parasite des cyprinidés (observés sur chevaines et vairon de tête vaillant)
sur le ruisseau du Canal mais aussi dans les plans d’eau restant, notamment celui de
Combe Noir (QUINTARD, 2011). Cependant les vairons présents en S2B et en S3 -
pont de Lantive ne semblent pas être touchés.
� La forte densité de vairons observée en S2A en 2007 était issue du plan d’eau et les
poissons sont restés en amont, vers l’alimentation en eau du plan d’eau et se sont de
fait retrouvés dans le cours d’eau par la suite. La diminution étant liée à des conditions
défavorables dans le cours d’eau au droit de cette station pour cette espèce.
� Dernière hypothèse, moins probable pour une disparition complète de l’espèce dans
l’ancien Narlin supérieur est que le vairon soit la principale ressource trophique des
brochets présents sur le site.
4.4. situation de la loche franche
Figure 25 Evolution de la population de loche franche du Val des Choues au cours du temps
32
En terme de classes d’abondance, l’évolution de la population de loche est assez faiblement
marquée. En effet, cette espèce ne dépasse pas la classe P, à savoir présence sporadique.
Cependant, ce qu’il faut tout de même noter pour la loche, c’est qu’en 2005 elle se cantonnait à
la station aval du site au pont de Lantive. En 2011, même si c’est de façon sporadique, elle
occupe l’ensemble des stations du ruisseau du canal et ce jusque sur la station amont S1 –
Aval Abbaye . Ainsi les opérations de décloisonnement ont été bénéfiques pour cette espèce.
On peut espérer à l’avenir, avec l’augmentation des habitats disponibles pour cette espèce, une
amélioration de la qualité de la population.
4.5. Situation de la lamproie de planer
Figure 26 photo de lamproie de planer (ONEMA 39, 2008)
La lamproie de planer est une des espèces inscrites à l’annexe 2 de la directive habitat et qui
était principalement visée dans le cadre du programme LIFE ruisseaux de tête de bassin et
faune patrimoniale associée. Cette espèce, de part son cycle de vie et son habitat à l’état
larvaire (enfouie dans les sédiments fins), est assez difficile à capturer en pêche à l’électricité.
Souvent, les efficacités de pêche ne sont pas très bonnes sur cette espèce. Des techniques de
capture pour estimer l’état des populations de cette espèce sont à l’étude, notamment les
travaux de LASNE et SABATIER (2009) qui consistent en l’échantillonnage de placettes via une
caisse adaptée qui vise à draguer les sédiments. Les tests de ce protocole montrent des
résultats plus efficaces que la pêche électrique, notamment sur les plus petites classes d’âge.
33
Figure 27 Evolution de la population de lamproie de planer du Val des Choues au cours du temps
La figure 27 ci-dessus montre que la lamproie de planer n’était présente qu’à l’amont du
complexe des étangs Narlin qui a été effacé. Les jeunes, enfouies dans le sédiment ont un
mode de déplacement assez peu connu et on pense qu’ils ne se déplacent que de manière
passive vers l’aval au gré des événements hydrologiques en l’absence de toute pollution. Ceci
pourrait expliquer le schéma de colonisation qui semble aller à l’inverse des autres espèces,
c'est-à-dire de l’amont vers l’aval. L’espèce n’a pas été contactée en 2011 sur la station dans
l’emprise de l’ancien étang Narlin supérieur (S2A) cependant elle semble occuper tout le
linéaire du ruisseau du canal. Cette espèce n’est pas présente dans l’affluent ru de Tézenas,
mais cela peut trouver son explication par une faiblesse des substrats optimaux pour l’espèce
ainsi que des conditions thermiques trop fraîches pour elle.
34
5. Conclusion
Dans le cadre du programme LIFE « Têtes de bassins et faune patrimoniale associée » (2005-
2009), le site du Val des Choues a été retenu pour engager un programme d’actions portant sur
l’effacement d’étangs.
Différentes campagnes de suivi du compartiment piscicole ont été menées, notamment un état
initial en 2005 puis trois campagnes après les travaux de 2006, en 2008, 2008 et 2011.
Ces différentes campagnes de suivi ont pu démontrer les effets bénéfiques des travaux de
restauration, visant le décloisonnement du milieu, le rétablissement du cycle hydrologique et
thermique du ruisseau du Canal, mais aussi l’amélioration de l’habitat, notamment au niveau de
tête Vaillant.
Aujourd’hui sur l’ensemble du cours d’eau, nous avons pu démontrer que les espèces qui
étaient inféodées aux plans d’eau ont très fortement régressé et qu’il n’en reste plus que
quelques individus sporadiques. Toutefois, concernant ce point on notera toujours la présence
du brochet due aux étangs toujours en place. Une proposition de plan de gestion a été établie
par l’ONF (QUINTARD, 2011) de façon à minimiser ce bruit de fond toujours présent sur le
ruisseau du Canal.
Sur l’ensemble du ruisseau, le peuplement piscicole est équilibré et les espèces qui devraient
en toute logique être naturellement présentes sur ce type de cours d’eau, le sont. Le milieu,
aujourd’hui rouvert, fonctionne comme un contexte à part entière pour une espèce comme la
truite, dont les exigences en terme de déplacement pour l’accomplissement de son cycle
biologique sont fortes. L’amélioration et le gain ont été mesurés cette année, même si les
conditions hydrologiques de 2011 n’ont pas été les plus favorables aux milieux et espèces
inféodées. L’étude des macro invertébrés a elle aussi conforté le bilan positif des actions de
restauration du site (OEUVRAY, 2011)
Les travaux peuvent être considérés comme une réussite sur le plan piscicole, sur ce contexte
qui a retrouvé toute son intégrité, même si on peut encore espérer une amélioration des
habitats pour l’accueil de géniteurs de truite par exemple.
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