Instruction Secrète Des Grands Profès

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    Instruction secrte des Grands Profs

    Mon Trs Respectable et cher Frre !

    Si l'homme s'tait conserv dans la puret de sa premire origine, l'initiation n'aurait jamais

    eu lieu pour lui et la vrit s'offrirait encore sans voile ses regards, puisqu'il tait n pour la

    contempler et pour lui rendre un continuel hommage. Mais depuis qu'il est

    malheureusement descendu dans une rgion oppose la lumire, c'est la vrit elle-mme

    qui l'a assujetti au travail de l'initiation, en se refusant ses recherches.

    Droits primitifs de l'homme

    II suffit pour s'en convaincre de jeter les yeux sur l'homme, d'abord aprs sa naissance,

    lorsqu'il commence jouir de la lumire sensible ; cette poque ses progrs sont lents et

    douloureux ; les annes s'coulent et peine a-t-il une ide superficielle des objets qui

    frappent ses sens ; c'est par une tude pnible et assidue qu'il apprend les connatre. Arriv

    l'ge o il doit carter lui-mme les tnbres, qui arrtent ses pas, sa marche est incertaine;

    les illusions des sens et de l'habitude le sduisent au point qu'il ne peut plus dmler la vrit

    d'avec l'erreur, et s'il parvient dcouvrir quelques traits de lumire, ce n'est qu'en

    dgageant avec effort son intelligence de tout ce qui lui est tranger.

    Cette premire initiation fonde sur la dgradation de l'homme et exige par la nature

    mme, fut le modle et la rgle de celle qu'tablirent les anciens Sages. La Science, dont ils

    taient dpositaires tant d'un ordre bien suprieur aux connaissances naturelles, ils ne

    purent la dvoiler l'homme profane qu'aprs l'avoir affermi dans la voie de l'intelligence et

    de la vertu. C'est dans ce dessein qu'ils assujettirent leurs disciples des preuvesrigoureuses et qu'ils s'assurrent de leur constance et de leur amour pour la vrit en

    n'offrant leur intelligence que des hiroglyphes ou des emblmes difficiles pntrer. Voil

    ce qu'on voulut vous figurer, mon Cher Frre dans les grades de la maonnerie par les travaux

    allgoriques qu'on exigea de vous.

    Si vous doutiez de la haute destine de l'homme et de sa dgradation, qui est l'unique

    fondement de toute initiation naturelle, humaine ou religieuse, il vous serait difficile d'entrer

    dans la carrire que vous vous proposez de parcourir, puisque vous admettriez alors, que

    l'homme sensible et animal est ce qu'il doit tre ; et dans cette supposition, quel rapport

    pourrait-il y avoir entre lui et la vrit . Il est vrai que, parmi les philosophes, il s'en trouve ungrand nombre qui ont adopt cette erreur pernicieuse, n'ayant considr dans l'homme que

    sa nature matrielle. En effet, si on ne voit en lui que des facults sensibles, il faut bien

    convenir que sa vritable place est parmi les Etres sensibles, et qu'il doit tre abandonn,

    comme les autres animaux, aux tnbres des sens et de la matire. Mais quoique les

    philosophes ne connussent point les Droits de l'homme originel, ils auraient sans doute avou

    l'excellence de sa nature, si aprs avoir aperu les bornes de ses facults sensibles, ils eussent

    observ de mme l'tendue de ses facults intellectuelles. Ce contraste tonnant leur aurait

    prouv la grandeur de son origine et sa dgradation, car l'homme est essentiellement dou

    d'une action spirituelle qui par sa nature n'a point de bornes, mais cette activit puissante est

    tellement resserre et contenue qu'elle est presque toujours sans effet. L'insuffisance desorganes par lesquels il doit ncessairement la manifester ne lui permet jamais de l'exercer

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    dans toute l'tendue de sa volont, ni d'atteindre le but qu'il se propose. Cependant malgr

    les obstacles qui arrtent tout instant ses efforts, il est si intimement convaincu de sa

    supriorit naturelle qu'il tend sans cesse soumettre son action, tous les tres qui

    l'environnent

    II est aussi dou d'une intelligence sans borne, aucune connaissance ne surpasse sapntration et jamais on n'a fix de terme la Science dont il est susceptible; cependant

    malgr l'tendue de ses facults intellectuelles, les moindres individus de l'univers sont des

    mystres impntrables pour lui. Condamn ne rien connatre que par l'entremise des sens,

    ces organes matriels et composs peuvent bien lui procurer la perception des individus

    corporels parce que ces corps ne sont eux-mmes que des assemblages lmentaires, mais

    des sens organiss sont incapables par eux-mmes de transmettre les vrits de la nature qui

    rsident essentiellement dans l'unit et la ralit des Etres spirituels.

    Ainsi l'homme qui pourrait encore tout connatre, si rien ne le sparait de la vrit, se trouve

    assujetti par son corps n'apercevoir que des apparences sensibles et illusoires. Il a desfacults infinies mais il se voit priv des moyens d'en faire usage tant loign de tous les

    Etres vrais de l'Univers sur lesquels il devait les manifester. En sorte qu'avec un dsir

    irrsistible de l'empire et de la jouissance, il ne voit autour de lui que rsistances et limites, et

    que dans cet tat tous les objets qu'il aperoit tant finis et borns, il ne s'en trouve aucun

    qui convienne un tre que l'infini seul peut contenter.

    Or si aucun des individus de la nature n'a reu du Crateur que des facults relatives et

    proportionnes son rang dans l'Univers, il est difficile ceux qui observent l'homme sans

    prjug de ne pas reconnatre, conformment aux traditions religieuses, qu'il n'est point

    prsent dans sa place naturelle, et que des facults suprieures divines qui se manifestent enlui, devaient s'exercer sur des Etres suprieurs aux objets matriels et sensibles ; sans quoi il

    serait le plus inconcevable des Etres.

    Voil mon Cher Frre ce que nous devions vous dire sur les Droits primitifs de l'homme et sur

    sa dgradation qui le rend indigne aujourd'hui d'approcher du Sanctuaire de la Vrit;

    cette doctrine ayant toujours t la base des initiations, les Sages qui en taient parfaitement

    instruits eurent grand soin de l'enseigner leurs disciples, comme on peut s'en convaincre

    par la multitude de lustrations et de purifications de tous genres, qu'ils exigeaient des initis,

    et ce ne fut qu'aprs les avoir ainsi prpars qu'ils leur dcouvraient la seule route qui peut

    conduire l'homme son tat primitif et le rtablir dans les droits qu'il a perdus. Voil mon

    Cher Frre le vrai, le seul but des initiations. Telle est cette science mystrieuse et sacre dont

    la connaissance est un crime pour ceux qui ngligent d'en faire usage et qui gare ceux qui ne

    seront pas levs au-dessus des choses sensibles.

    C'est d'aprs ces Principes que les initiations furent mystrieuses et svres. La vrit

    l'exigeait elle-mme, puisqu'elle se cachait aux hommes corrompus. Les emblmes et les

    allgories, que les Sages employrent, figuraient aux apparences sensibles et matrielles de la

    nature, qui rendent impntrables nos regards, les agents moteurs de l'Univers et des Etres

    individuels qu'il renferme.

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    Dans l'tat actuel de l'homme priv de la lumire, ce qui peut lui arriver de plus funeste, c'est

    d'oublier ou de nier cette lumire. Aussi l'objet principal des sages instituteurs de l'initiation

    ne fut pas prcisment de faire connatre la vrit aux Peuples, mais de les porter par leur

    exemple et par leur doctrine, croire en Elle avec confiance et lui rendre un sincre

    hommage, quoiqu'elle fut cache leurs yeux. Dans cette vue, ils levrent chez les

    Athniens un Temple au Dieu inconnu, afin d'loigner les Peuples de la doctrine impie des

    Philosophes qui osaient nier hautement l'existence de tout agent crateur ou moteur de la

    nature gnrale et particulire. Cependant ces hommes, vains de leurs systmes, avaient

    dans leur propre puissance d'action intrieure, un tmoignage invincible de la possibilit, ou

    pour mieux dire de l'existence effective des agents individuels. Mais ils rsistaient ce

    sentiment intime et attribuaient toutes les forces et puissances de la nature une certaine

    organisation fortuite, qu'ils croyaient suffisantes pour ordonner l'Univers et produire tous les

    individus actifs ou organiss : Ainsi ces philosophes n'admettaient rien au-del de ce qu'ils

    pouvaient connatre par leurs sensations superficielles, quoiqu'ils ne puissent douter que les

    sens sont incapables de donner le moindre indice, non seulement de la nature, mais mme

    de la vraie forme d'aucun individu matriel.

    Quelque invraisemblable que fut leur doctrine, elle avait fait des progrs d'autant plus

    rapides parmi les Nations, qu'elle n'exigeait aucun effort de ses sectateurs. En rduisant toute

    existence possible aux seuls tres matriels, plus ou moins organiss, elle livrait absolument

    l'homme ses jouissances et ses perceptions sensibles. Le Principe universel agent crateur

    de tout ce qui existe dans l'Univers hors de l'univers, tait gnralement regard comme un

    tre chimrique et l'on ne croyait plus aux agents puissants et actifs qu'il a placs dans la

    nature pour veiller sur tout tre en privation Divine, ainsi que pour gouverner ou produire les

    formes gnrales et particulires des individus matriels. C'est par cette voie tnbreuse des

    sens, que les hommes abjurant les moyens de se rtablir dans leurs premiers droits, auraientinsensiblement perdu tous leurs rapports religieux et naturels, si les Sages fidles la

    doctrine des premiers temps ne l'eussent prserv d'un oubli gnral en la conservant par

    des initiations. Mais respectant le voile, dont la vrit mme s'enveloppe, ils ne la

    prsentrent que sous des emblmes et des hiroglyphes pour ne pas l'exposer au ddain ou

    la profanation des hommes ignorants et pervers. C'est ainsi que dans un temple clbre,

    dont toutes les parties, depuis le Porche jusqu'au Sanctuaire, taient remplies d'initis de

    divers rangs et fonctions, on prsentait l'homme de dsir, un Tableau parfait de l'Univers et

    des agents prposs le diriger.

    Les nombres, mon Cher Frre ne sont que l'expression ou le signe reprsentatif de la natureet de l'action des tres spirituels ou temporels. Revenons aux rapports qui ont t figurs par

    le Temple de Salomon. Il eut la forme d'un carr long pour figurer les quatre rgions de

    l'univers. Les proportions du corps de l'homme prsentent la mme figure. Le Temple eut

    quatre parties latrales lesquelles, quoique spares, en formrent l'enceinte ou le parvis

    intrieur et furent ncessaires pour que le grand Prtre pt rendre son sacerdoce rversible

    sur toute la Nation lue. De mme le corps de l'homme a quatre membres ou adhrences, qui

    sont runies au tronc et servent manifester son action sur les Etres qui l'environnent.

    Cependant, ils peuvent les uns et les autres tre spars sans que l'homme animal prisse,

    car le foyer de la vie sensible rside essentiellement dans le tronc, comme les fonctions des

    Lvites et des Sacrificateurs s'opraient dans l'intrieur du Temple. Le Temple universel est

    divis en trois parties qui furent toujours distingues par les Sages sous le nom de terrestre,

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    cleste et surcleste. De mme celui de Salomon tait divis en trois parties distinctes par

    leur position et leur forme et par leur destination particulire, savoir le Porche, le Temple

    intrieur, le Sanctuaire. De mme aussi le corps de l'homme est divis en trois parties bien

    distinctes, qui sont le ventre, la poitrine et la tte. Les trois parties du temple taient

    attenantes et ne formaient qu'un seul tout indivisible. De mme les trois parties que nous

    connaissons dans le Corps de l'homme sont tellement lies qu'elles ne peuvent tre spares

    sans oprer la mort corporelle ou la destruction de son Temple particulier. Les limites de

    l'univers cr le sparent jamais d'une immensit incre et sans bornes, que les Sages ont

    appele immensit divine. Elle est voile aux yeux de la nature sensible et ne peut tre

    conue que par l'intelligence. De mme au centre du Sanctuaire tait le Saint des Saints ou

    l'Oracle, qui tait voil aux yeux du Peuple et des Prtres eux-mmes. Le grand Prtre seul y

    pouvait entrer une fois l'an, pour adorer la Majest suprme au nom de la nation entire ; et

    s'il tait Assez imprudent pour s'y prsenter sans tre prpar par toutes les purifications

    lgales spirituelles et corporelles, il courrait risque de la mort. Le bruit des sonnettes, qui

    taient au bas de ses vtements venant cesser, annonait aux Prtres le danger o il se

    trouvait. Les longs cordons, dont il tait ceint, conservs encore aujourd'hui dans quelquesornements sacerdotaux et dont les extrmits restaient hors du Sanctuaire, la disposition

    des Prtres, leur servaient pour l'en retirer, dans quelque tat qu'il fut ; car en aucun cas il ne

    leur tait permis d'y entrer. De mme aussi l'intelligence de l'homme, image et manation

    divine, rside dans la tte comme dans le sanctuaire de son Temple particulier, o est l'oracle

    qui doit diriger son action. Mais les oprations de cette intelligence sont si voiles l'homme

    matriel et animal, qu'il n'en a et ne peut en avoir connaissance que par ses effets. C'est ce

    voile funeste de la matire, qui nous jette dans l'oubli de nos facults spirituelles, au point de

    regarder leur puissance et leur existence mme comme chimriques, ainsi qu'il est arriv

    ceux qui n'ont exerc leur activit que sur les facults sensibles.

    L'homme bien purifi est le seul grand prtre qui puisse entrer dans le sanctuaire de

    l'intelligence, comprendre sa nature, se fortifier par elle et rendre dans son propre Temple un

    hommage pur celui dont elle est l'image. S'il nglige de se purifier avant de se placer devant

    cet autel, les tnbres paisses de la matire viennent l'aveugler et il trouve la mort, o il

    venait puiser la vie. Nous passerions les bornes de cette instruction si nous entreprenions de

    vous parler des agents qui oprent dans les trois parties de l'univers cr et des fonctions

    qu'ils sont chargs d'y remplir. Pour peu qu'on veuille rflchir sur les fonctions des diverses

    classes de personnes auxquelles les trois parties du Temple de Jrusalem taient attribues et

    sur les actes particuliers qui s'oprrent dans les trois divisions de la forme corporelle de

    l'homme, on pourra concevoir des rapports trs intressants entre le corps humain, leTemple de Salomon et le temple universel. Dans le Porche du Temple de Jrusalem qui figure

    la partie terrestre comme le parvis intrieur figurait la terre elle-mme, tait place la mer

    d'airain pour les prparations corporelles matrielles. De mme, c'est dans le Ventre, partie

    infrieure du corps de l'homme que se font les fonctions matrielles de vgtation et de

    reproduction et la sparation des parties les plus impures. La partie intrieure du Temple

    rpond la division de l'univers appele cleste. C'est l qu'tait l'autel des parfums, les

    douze pains de proposition qui taient tous les jours renouvels en offrande l'Eternel et le

    Chandelier circulaire sept branches dont le feu sacr tait sans cesse entretenu par les

    Lvites et servait allumer le feu destin consumer les holocaustes. De mme aussi dans la

    poitrine, qui est la partie moyenne du corps de l'homme est plac son cur, qui est tout la

    fois le centre de sa forme corporelle et le foyer de sa vie animale. Le cur sige de toutes ses

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    affections est l'autel sur lequel il doit offrir des parfums journaliers la Divinit et entretenir

    avec soin le feu sacr destin consumer les holocaustes, sous peine d'tre livr tous les

    maux, dont tait menac le peuple Hbreu, dans le cas o les Lvites laisseraient teindre le

    feu commis leur garde. Ces maux taient grands, mon Cher Frre, mais ils taient bien

    infrieurs ceux dont furent frapps les impies qui osrent offrir dans le Temple, ou devant

    l'Arche, un feu tranger. L'autel des holocaustes offerts pour la nation entire tait plac dans

    le Parvis intrieur. Ce parvis figure la terre qui est la fois le rceptacle de toutes les actions

    temporelles et l'autel spcial sur lequel l'homme, victime passagre, doit s'immoler

    volontairement l'imitation de la victime ternelle universelle. Le Sanctuaire du Temple de

    Jrusalem figure la division de l'univers, que les Sages ont nomm Surcleste. C'est dans ce

    lieu sacr qu'tait l'Oracle, dont les jugements dirigeaient les Prtres et la Nation. C'est ainsi

    que dans la tte de l'homme rside son intelligence comme dans son Sanctuaire pour

    dominer et diriger suivant sa loi particulire toutes les facults infrieures. C'est ici le

    moment, mon Cher Frre de vous rappeler ce qui vous a t dit sur les diverses natures qui

    composent l'homme actuel.

    Vous en reconnatrez encore une dmonstration sensible dans la Division ternaire, qui vient

    de vous tre prsente. Vous reconnatrez que la tte figure la nature Intelligente, que le

    ventre figure la nature corporelle matrielle et que ces deux parties sont unies et lies par la

    poitrine, qui figure la puissance animale et qui en est le foyer. C'est dans la tte qu'il sent

    oprer les actes de son intelligence, tandis que la partie infrieure de son corps n'a pour

    objets que des actes purement matriels. Cette division ternaire universelle, gnrale et

    particulire, a t mystrieusement figure avant la construction du Temple de Jrusalem par

    Mose sur le Sina; montagne mystrieuse, qui forme aussi un type de la plus grande

    attention. Lorsque Mose se rendit sur le mont Sina, pour y adorer le Seigneur et y recevoir la

    loi destine la nation lue, il laissa le peuple dans le camp au bas de la montagne et lui traades limites qu'il ne devait point passer sous peine de mort. Ce camp dans le dsert figure le

    triste sjour de l'homme sur cette terre et lui indique qu'il ne peut sans crime acclrer

    volontairement le cours de sa vie temporelle. Les limites tant poses, le conducteur des

    Hbreux monta sur la montagne avec Aaron et les soixante dix chefs des Tribus, qu'il laissa

    une certaine hauteur au- dessus du camp pour marquer la premire division universelle. Il

    monta ensuite plus haut, avec Josu qu'il laissa sur cette partie de la montagne, pour

    dsigner la seconde Division de l'univers. Enfin il monta seul dans un lieu plus lev comme le

    Grand Prtre dans le Sanctuaire et ce lieu figura la partie appele Surcleste. Aprs y avoir

    ador l'Eternel, il fut par une faveur spciale et sans exemple, appel sur le sommet, c'est--

    dire dans le Saint des Saints mme, o il reut la loi pour le peuple et la confirmation de samission par un Dput divin d'un Ordre suprieur. Si les Ecritures traditionnelles paraissent

    faire entendre que Mose y ait vu Dieu face face, elles ont en mme temps limit le sens de

    ces paroles, en ajoutant qu'il ne le vit que par derrire. En effet quel lieu sur la terre serait

    assez pur pour recevoir l'action immdiate du Crateur ; quel tre de matire, gnral ou

    particulier, pourrait subsister en sa prsence . Sa puret ternelle et ineffable n'habite point

    cet univers ; son centre est dans l'homme incr o tous les agents spirituels ont reu la vie et

    la puissance qui les constitue. C'est par eux qu'il a vivifi l'univers et qu'il lui conserve

    l'existence. C'est par eux qu'il rpand sur l'homme les effets de sa grandeur et de sa clmence

    et qu'il les envoie manifester son action et ses volonts sous les formes de gloire dont ils sont

    revtus ; ainsi qu'il nous a t spcialement enseign par la vision de Jacob, lorsqu'il aperut

    des Puissances clestes qui parcouraient l'intervalle qui spare le ciel d'avec la terre. Si la

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    montagne de Sina est devenue si mmorable par les faits merveilleux qui s'y oprrent en

    faveur d'un homme en prsence du peuple entier qui en tait l'objet, celle sur laquelle fut

    bti le Temple de Jrusalem ne mrite pas moins votre attention. Car si ce Temple fut une

    figure de l'univers, la base sur laquelle il fut lev ne dut point tre choisie indiffremment.

    Ce fut en effet sur cette montagne qu'Abraham et Isaac oprrent ensemble un sacrifice de

    volont, qui leur fut imput comme acte parfait. Ce fut dans ce mme lieu que Jacob fut

    tmoin de cette tonnante manifestation qui lui fit connatre ses erreurs dans la voie de la

    science et renoncer des garements sur lesquels les Traditions ont vit de s'expliquer. Ce

    fut l que la Cit Sainte, la ville du Seigneur, fut btie ; cette Jrusalem image sensible du

    centre cleste autour duquel doivent habiter les tres purs spirituels. Ce fut l que David vit

    l'ange exterminateur remettre le glaive dans le fourreau et lui assurer le pardon de son crime.

    Ce fut l que Salomon leva son Temple l'Eternel au commencement du quatrime

    millnaire de l're maonnique; ce fut sur cette montagne enfin qu'environ mille ans aprs la

    fondation du Temple, les sacrifices sanglants des animaux furent remplacs par le Sacrifice

    volontaire du Rparateur universel, mdiateur entre Dieu et l'homme. Voil, mon Cher Frre

    les oprations sublimes et universelles qui furent manifestes dans le lieu o a t le Templede Salomon. Vous avez vivement dsir le grade que vous venez de recevoir, qui est le

    dernier de ceux auxquels vous aviez quelques droits de prtendre depuis votre admission

    dans l'Ordre maonnique, puisque son existence vous avait t annonce depuis longtemps,

    en vous invitant travailler sans relche vous en rendre digne. L'objet de cette instruction

    est de vous en faire sentir toute l'importance. D'aprs ce que vous avez vu dans les trois

    grades prcdents, vous vous attendiez sans doute, dans celui ci, quelques nouvelles

    scnes, propres rveiller votre attention et faire natre en vous de nouvelles rflexions.

    Mais quelque grande que soit votre pntration, vous n'aviez pas pu prsumer ni le nombre

    ni la diversit des objets qui viennent de vous tre prsents. Ils mritent tous de votre part

    de profondes mditations. Les trois premiers grades vous ont prsent, sous le voile dessymboles, des emblmes, des allgories, un tableau raccourci du pass, du prsent et de

    l'avenir. A l'aide des avis, des conseils et des maximes que vous avez reus, vous avez pu

    apercevoir, sans de grands efforts, que l'homme moral et intellectuel en est le principal ou,

    pour mieux dire, l'unique objet. Assujetti pour un temps, par l'effet ncessaire de sa

    dgradation originelle, l'enveloppe matrielle dont il sent tout le poids, expos au choc des

    lments qui actionnent violemment sur sa nature physique et toutes les influences qui

    provoquent sans cesse ses passions et font clore en lui tant de vices, il a besoin qu'on lui

    rappelle quels dangers, quels secours l'environnent, quelles sont les causes des souffrances

    auxquelles il est journellement en proie, et quelles esprances lui donne la noblesse de son

    origine. La Franc-Maonnerie bien mdite vous prsente toutes ces utiles instructions. Ellevous rappelle sans cesse, et par toutes sortes de moyens, votre propre nature essentielle.

    Elle cherche constamment saisir les occasions de vous faire connatre l'origine de l'homme,

    sa destination primitive, sa chute, les maux qui en sont la suite, et les ressources que lui a

    mnages la bont divine pour en triompher. Jetons un coup d'il rapide sur les principales

    circonstances de vos grades prcdents, et vous resterez convaincu des grandes vrits

    qu'ils vous ont retraces. Dans le premier grade d'Apprenti, aprs avoir subi l'preuve des

    lments matriels, figuratifs de ceux dans lesquels l'homme actuel est incorporis, vous

    avez bientt reconnu que vous tiez tomb sous le flau de l'inexorable Justice. Mais on

    vous exhorta rclamer la Clmence qui en tempre les rigueurs ; et, pour en assurer sur

    vous les effets salutaires, on vous fit sentir la ncessit d'en user vous mme envers vossemblables. Dans cet tat d'obscurit, d'ignorance et d'imperfection, on vous montra la

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    pierre brute comme l'emblme le plus vrai de vous mme. On vous fit sentir la ncessit de

    travailler sans relche la dgrossir, la polir, et recommencer souvent ce travail dur et

    difficile, si vous vouliez un jour en recueillir le prix. Et on ne vous dissimula pas que cette

    tche vous est impose pour toute la dure de votre vie. Dans le second grade, entach des

    mmes imperfections, vous vous montriez plein d'une folle prsomption ; vous vous applau-

    dissiez des petits succs de vos premiers efforts, comme s'ils eussent t considrables. Pour

    vous dsabuser, on vous prsenta devant l'emblme important des Compagnons, pour y

    apprendre vous connatre vraiment tel que vous tes, en tout ce qui constitue

    essentiellement votre tre moral et intellectuel. Vous comprtes sans effort que ce miroir qui

    rflchissait fidlement vos traits naturels, n'tait que la figure d'une tude bien plus

    importante et plus approfondie que vous aviez faire sur vous mme. Vous dtes apprendre

    par l qu'il fallait fouiller au fond de votre cur, sans complaisance et sans illusion, pour y

    dcouvrir vos dfauts, peut tre aussi des vices qui pour l'ordinaire sont bien mieux connus

    des autres que de nous mmes, et pour vrifier, par un svre examen, les progrs que vous

    pouviez avoir faits jusque l dans votre travail sur la pierre brute, et ceux qui vous restaient

    encore faire. On ne vous dissimula pas que, pour parvenir cette connaissance sincessaire de soi mme, il fallait un grand dsir, beaucoup de courage, et les efforts

    soutenus de l'intelligence. Mais, pour vous faciliter ce travail pnible, on vous recommanda

    de cultiver soigneusement la vertu de Temprance, de cette temprance universelle qui

    embrasse l'homme physique, l'homme moral et l'homme intellectuel, qui embrasse toutes

    ses penses, toutes ses paroles, toutes ses actions, en un mot tout son tre. Ce fut alors que

    l'Etoile Flamboyante se prsenta vos regards, pour vous diriger dans l'emploi des moyens

    que vous aviez prendre, pour acqurir et perfectionner en vous cette vertu, et pour

    soutenir vos efforts, d'abord chancelants, pour apprendre la pratiquer. Considrez, mon

    cher Frre, quel est l'avantage et la supriorit sur ses semblables de l'homme qui a su se

    rendre matre de ses penses, de ses paroles et de ses actions ; vous concevrez alors le prixet l'importance de cette temprance universelle qui vous a t si fort recommande. Le

    troisime grade, en vous prsentant un cadavre, figur sous vos yeux, vous a rappel la fin

    de l'homme physique et de toutes les choses temporelles, comme le premier grade vous en

    avait annonc le commencement et le second leur dure. Les nombres, consacrs ce

    grade, rpts et multiplis sous diffrentes formes, ne changent jamais de valeur et n'en

    peuvent donner aucune autre. Ils vous dmontrent l'inertie totale et la nullit absolue de la

    matire, lorsqu'elle est spare du principe de vie qui la faisait exister. Ils vous apprennent

    en mme temps bien distinguer ce qui, par sa nature, est prissable dans l'homme et dans

    toutes choses d'avec ce qui est indestructible, et ne jamais le confondre. Le monument

    funraire qui avait frapp vos regards en entrant dans ce lieu de deuil et de douleur, vousavait dj donn cette importante leon et vous avait appris que l'homme, la fin de son

    voyage dans la rgion terrestre, se dpouille de tout ce qui est tranger sa vraie nature.

    Mais la flamme qui s'levait au dessus de ce monument vous avait appris en mme temps

    que sa nature essentielle est imprissable et lui survit, et qu'elle est destine remonter sa

    source primitive, si elle l'a mrit. Ce grade est encore destin donner ceux qui y sont

    appels, une grande leon d'un autre genre. Etendu dans le cercueil comme n'existant plus,

    mais y conservant cependant tous les principes de la vie, vous avez figur l'homme vicieux et

    corrompu qui parat entirement mort la vertu, qui, oubliant ce qu'il est, ce qu'il se doit

    lui mme et aux autres et tous ses rapports sociaux, se livre inconsidrment tous ses

    penchants drgls et aux passions les plus avilissantes, qui ne montre plus qu'un treentirement perdu pour la socit qui gmit de sa perte dans le deuil et dans la tristesse.

  • 8/10/2019 Instruction Secrte Des Grands Profs

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    Cependant il reste toujours capable de sortir de cet tat funeste, tant qu'il n'a pas teint au

    fond de son me le germe de bien qui l'unit encore son principe. Il peut toujours, soit par

    l'effet des bons conseils, des bons exemples qui l'environnent, soit par l'nergie de ses

    propres rsolutions, sortir de cette profonde lthargie et renatre la vertu. C'est alors que

    le secours puissant du Matre vient seconder ses premiers efforts. Rappelez vous ici ceux que

    le Vnrable Matre, qui figurait cette puissance protectrice, a faits pour vous tirer de cet

    tat funeste, et avec quel tendre empressement il vous a arrach du tombeau et rendu la

    vie. Alors vous avez retrouv vos Frres, la joie a succd au deuil, la tristesse, et la lumire

    aux tnbres. Le nombre de matire morte qui vous caractrisait s'est dissip et, en

    acqurant un nouvel ge, vous avez acquis le nombre de la vie. La prudence, cette vertu

    favorite du Matre, aussi ncessaire l'homme qui veut rentrer dans la bonne route dont il a

    eu le malheur de s'carter qu' celui qui veut se garantir des dangers dont il sait qu'il est

    sans cesse environn, vous avait t annonce, ds le commencement de votre rception,

    comme un secours toujours prsent dans vos besoins, si vous saviez vous lapproprier. Elle

    vous avait donn ses conseils, que sans doute vous navez pas oublis. Mais en terminant

    votre rception, et avant de vous abandonner vos propres forces, elle s'est prsente ellemme vos regards et s'est offerte vous comme un guide sr, pour vous diriger dans

    toutes vos actions et vous conduire au terme heureux de vos esprances. Comme nous

    avons beaucoup de choses vous dire sur le grade que vous venez de recevoir, nous ne

    pouvons pas poursuivre plus longtemps l'analyse des grades prcdents. Gravez profon-

    dement dans votre esprit et dans votre cur les explications lumineuses qui viennent de

    vous tre donnes, afin qu'elles deviennent dsormais la rgle invariable de votre conduite.

    Le quatrime grade, dont nous allons nous occuper, complte et termine votre initiation

    maonnique dans les classes des symboles. Dans celui ci, l'Ordre vous prsente les mmes

    vrits avec de nouveaux dveloppements, sous des formes et allgories diffrentes, qui

    tendent toutes au mme but ; et cela ne saurait tre autrement, puisque c'est toujoursl'histoire de l'homme en gnral, celle de son tat pass, prsent et futur, de ses rapports

    directs avec son crateur, avec ses semblables et avec tout ce qui l'environne dans l'univers

    cr, qu'il vous prsente dans celui ci, ainsi que dans les prcdents, comme l'unique objet

    de la Franc-Maonnerie primitive. Ces formes, ces allgories, ne sont tant varies que pour

    imprimer plus profondment dans votre esprit les vrits importantes qu'elles voilent. Mais

    comme, en se multipliant sous vos yeux, elles vous apportent toujours quelques nouvelles

    lumires, elles vous imposent aussi de nouveaux devoirs. Vous devez donc chaque pas

    redoubler d'attention pour les connatre, et d'exactitude pour les remplir.

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