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Axel DE NOVION Amélie PERARD Romain REGNIER
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2010 DAUPHINE NEWSPAPER
UNIVERSITE PARIS DAUPHINE Winter Edition – n°1
Romain REGNIER Amélie PERARD
“Il n’y a pas de problèmes; il n’y a que des solutions” – André GIDE
Axel DE NOVION
Romain REGNIER
DAUPHINE NEWSPAPER Winter Edition – n°1
Ces trois géants se lancent dans un conflit épique avec des milliards de dollars et des industries entières en jeu.
Google vs. Apple vs. Microsoft Politique .03
High Tech .09 Suite p.09
Economie .08
Il est difficile de saisir la complexité de cet affrontement, tant son ampleur est à couper le souffle, et tant les tenants et aboutissants sont nombreux.
Les conséquences de ce conflit de concurrence qui dure depuis des années modifieront durablement le paysage technologique du monde. Cependant, ceci n’est pas uniquement lié à la taille de Microsoft ou d’Apple, qui sont des entreprises pionnières et des titans du secteur. En effet, ce qui est le plus choquant et ce qui provoque le plus de vague aujourd’hui n’est autre que la vitesse de croissance du troisième belligérant, Google. En à peine 10 ans cette entreprise est devenue la plus importante sur la toile, tissant des fils sur tout ce que l’Internet touche à une vitesse ahurissante, à la manière d’un virus. D’un simple moteur de recherche, elle s’est étendue aux livres numériques, vidéos, téléphones portables, systèmes d’exploitation, et bientôt à nos téléviseurs.
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Axel DE NOVION
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Le 17 novembre dernier, Le Monde a publié un article sous forme de point de vue au sujet du boycott d’Israël par le mouvement “BDS”. Le BDS est un mouvement international non-‐violent et populaire qui se développe aux quatre coins du monde, et ce depuis plusieurs années. Syndicats, ONG, associations, Eglises, universités, municipalités, personnalités de renommée mondiale et simples citoyens se retrouvent pour défendre un même objectif: “l’application du droit”. L’article du Monde fait, en effet, état d’un manquement clair depuis plusieurs décennies de la part d’Israêl au sujet du respect des règles les plus élémentaires du droit international. Ce sont ainsi plus de 30 résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qu’Israël a refusé ou refuse encore de respecter.
Le boycott, la solution au conflit israelo-palestinien?
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L’article pose la question d’impunité. “Que font nos gouvernements ? Que font nos représentants de la communauté des nations ? Exercent-‐ils des pressions sur Israël ? Non.” C’est alors fort de ce constat que la société civile palestinienne a invité la société civile internationale à se charger elle-‐même de faire pression sur Israêl et sur nos gouvernements, “pour que l’impunité cesse”. Les animateurs de la campagne BDS ont donc jugé nécessaire d’avoir recours à l’arme du boycott international, prétextant que leur combat n’est pas fondé sur le rejet d’un peuple mais qu’il s’agit, en réalité, d’exercer une réelle pression sur l’Etat d’Israël, en développant un boycott économique, diplomatique, et un boycott des institutions académiques, sportives et culturelles israéliennes. Le Monde note déjà l’action de personnalités
Politique
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mondialement reconnues comme Michel Platini et Desmond Tutu, ainsi que la création du mouvement de Boycott From Within qui vont dans le sens du boycott initié par BDS. L’article conclu enfin sur l’exemple sud-‐africain et la campagne victorieuse de boycott contre le régime d’apartheid, en invoquant une possible application au conflit israélo palestinien. Il nous est alors apparu indispensable de revenir sur ce point de vue pour le moins radical dans un conflit aussi sensible. Notons, par ailleurs, que ce mouvement est supporté par des personnalités politiques françaises du PS, du NPA, de la Gauche initaire européenne ou encore des Verts. Nous pourrions commencer par un exemple, une histoire, pourquoi pas? L’histoire d’un film diffusé sur une chaîne de télévision publique israélienne et inspirée de faits réels. C’est l’histoire du petit Ahmed Al-‐Khatib, un garçon du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie. Il n’avait que 12 ans quand il a été touché par les balles des soldats israéliens. Il a été transporté dans un hôpital israélien, mais les médecins n’ont pas réussi à le sauver. On a contacté son père pour lui dire qu’il avait perdu son fils et lui demander s’il autorisait le don d’organes au profit d’un enfant israélien. Le père, en deuil, a téléphoné à ses proches, aux hommes de religion du camp et à des membres de mouvements de la résistance palestinienne. Tous lui ont conseillé de faire en sorte que d’autres vies puissent être sauvées. « Mais les organes risquent d’être implantés dans les corps d’enfants juifs », a objecté Ismaël Al-‐Khatib, désemparé, au chef des Brigades des martyrs d’Al-‐Aqsa (branche armée du Fatah) du camp. Celui-‐ci lui a alors rétorqué: “Ce n’est pas un don à un Juif, mais à un être humain.”. Le père fit alors le don. C’était l’une des rares fois que le public israélien avait l’occasion de comprendre que les Palestiniens vivant de l’autre côté du mur de séparation n’étaient pas des ennemis sauvages et impitoyables – comme veulent le faire croire la plupart des chaînes de télévision israéliennes – mais des êtres qui aiment leurs enfants et aspirent
Le boycott, la solution au conflit israelo-‐palestinien (suite)
Politique
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à une humanité sans frontières. C’était aussi l’occasion de montrer le contraste entre ce père, qui a pris une décision aussi difficile que de permettre le don d’organes à l’Etat et au peuple qui venaient de tuer son fils, et la barbarie d’une occupation où l’on tue un enfant qui jouait avec un fusil en plastique en compagnie de ses camarades. Certes, ce film n’a pas mis un terme à l’occupation israélienne ni abouti à la création d’un Etat palestinien souverain, mais il a réussi, pendant deux heures, à faire douter les Israéliens et à toucher leur conscience. Pour ce qui est des Palestiniens, beaucoup considèrent ce film comme une forme inacceptable de “normalisation”. Nombreux sont ceux dans le monde arabe qui considèrent que toute forme de rapports – culturels, sportifs, politiques, universitaires – avec n’importe quelle instance israélienne est à bannir. Force est de constater que leur approche ne contribue pas à faire avancer la cause palestinienne. Pour donner un autre exemple avant d’arriver à notre démonstration critique envers le boycott, citons les chercheurs arabes spécialistes du conflit israélo-‐arabe. Ces derniers donnent des conférences partout dans le monde, à l’exception d’Israël. Ainsi, les Palestiniens de 1948 (qui sont restés après la création d’Israël et qui ont la nationalité israélienne) se retrouvent seuls à devoir combattre le discours politique israélien, et les lecteurs israéliens restent prisonniers des sources sionistes. Contrairement à l’idée reçue, le rejet des échanges n’a pas contraint Israël à changer de politique et il apparaît nécessaire
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d’aborder trois points dans ce débat. Premièrement, le regard que porte Israël sur ses relations avec le monde arabe. Israël apparaît comme indifférent face au boycott arabe. Dès la création de leur Etat, ils ont trouvé d’autres alliés dans la région et ont établi des relations avec les Etats-‐Unis, la diaspora juive et les pays européens qui leur permettent de ne pas avoir besoin d’en entretenir avec les Arabes. Le boycott d’Israël sous le signe du nationalisme arabe ne contribue pas à changer cette politique. Les seuls qui en souffrent étant les intellectuels et activistes israéliens de gauche qui voudraient militer conjointement avec les Arabes contre l’occupation. Deuxièmement, l’échec des tentatives d’imposer une politique par des sanctions. L’on peut alors citer de nombreux exemples à travers le monde qui ont prouvé l’inefficacité des boycotts et des sanctions. Est-‐ce qu’on a réussi, après quatre mouvements de sanctions contre l’Iran, à le contraindre à se plier aux demandes de la communauté internationale concernant le dossier nucléaire? Cela n’a-‐t-‐il pas contribué au contraire à pousser son gouvernement à se montrer inflexible aux yeux de sa population? Le blocus décrété par Israël autour de la bande de Gaza a-‐t-‐il brisé le Hamas? Cela n’a-‐t-‐il pas contribué au contraire à renforcer le Hamas et à consolider son pouvoir? Et le régime irakien, avait-‐il été affaibli par les sanctions internationales? Celles-‐ci n’avaient-‐elles pas simplement affamé et privé de médicaments et d’accès aux soins les Irakiens, tandis que les membres du régime se procuraient tout ce qu’ils voulaient? En réalité, les sanctions contribuent seulement à consolider la mainmise des régimes sur leur population, exténuée à cause de ces sanctions mêmes et amenées à se resserrer autour de ses dirigeants. Troisième et dernier point, l’article du Monde fait un parallèle entre l’exemple sud-‐africain et le conflit israélo arabe. Le Monde oublie toutes les différences qui distinguent ce pays d’Israël.
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Prétoria n’avait pas d’allié puissant tel que les Etats-‐Unis, et les Blancs d’Afrique du Sud n’étaient pas soutenus par un groupe de pression tel que l’AIPAC (lobby pro-‐israélien très influent sur la politique américaine). Face à Israël, les Européens ne cessent d’hésiter avant d’envisager des sanctions aussi sérieuses que celles qu’ils avaient imposées à l’Afrique du Sud. Par ailleurs, ce ne sont pas les sanctions qui ont été l’élément déterminant pour l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud puisqu’elles n’ont coûté au pays que 1% de son PIB et que l’embargo sur les ventes d’armes ont été une aubaine pour l’industrie sud-‐africaine. L’élément déterminant a été la lutte intérieure des Noirs – avec des Blancs – ainsi que la vision politique de Nelson Mandela fondée sur la création d’un Etat démocratique pour les Noirs et les Blancs. Seulement voilà, en Palestine, Il n’y a pour l’instant pas de Mandela. Par ailleurs, la vision politique qui a uni les Noirs et les Blancs en Afrique du Sud n’a jusqu’à présent pas sont équivalent au Moyen-‐Orient. L’appel au boycott est donc dénué de toute vision politique et incapable d’infléchir la politique israélienne. Ses adeptes ne se rendent pas compte qu’ils vont dans le sens de l’extrême droite israélienne, affaiblissant le camp de la paix, déjà fort réduit, qui reste convaincu qu’il existe un partenaire arabe pour la paix qui déteste l’occupation sans détester les juifs. L’idée qu’il faudrait interdire tout contact est absurde. Il faudrait plutôt établir des normes et critères pour la normalisation. Toute rencontre avec un israélien ne relève pas de la trahison, surtout si elle a pour but de montrer à la majorité des Israéliens l’injustice de l’occupation. Aux conflits intergroupes tel que celui-‐ci, seul un dialogue libre et quotidien entre les peuples dits “ennemis” apparaît comme solution pour la paix.
Le boycott, la solution au conflit israelo-‐palestinien (suite)
Politique
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Amélie PERARD
Depuis le remaniement du gouvernement annoncé le dimanche 14 novembre 2010, une question planait. Nommé au gouvernement, qu'allait faire Frédéric Lefebvre des parts de sa société de conseil? Le secrétaire d'Etat, à qui il a déjà été fait le reproche de potentiels conflits d'intérêts a annoncé qu'il lançait la procédure adéquate pour ne plus détenir de parts dans des sociétés: l'une spécialisée dans le conseil aux entreprises et le lobbying, l'autre dans la production audiovisuelle. Frédéric Lefebvre annonce renoncer aussi à sa charge d'avocat.
Lefevre a du renoncer à ses parts dans sa
société de conseil en raison de conflit
d’intérêt
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Martin Hirsch s’explique au travers de son livre : comment éviter la confusion entre intérêts général et privé? En pleine affaire Woerth-‐Bettencourt, l'ex-‐membre de l'équipe Fillon désormais à la tête de l'Agence du service civique signe un livre de réflexion qui tombe à pic. Pourquoi ce livre ? L'année 2010 a été marquée par une série d'événements sans lien apparent -‐ la tempête
Politique
Monsieur Hirsch monte au front au
travers de son livre : pour en finir avec les conflits
d’intérêts
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Xynthia, la grippe A, les affaires Proglio puis Woerth-‐Bettencourt. Pourtant toutes ont un point commun, le conflit d'intérêts. Après Xynthia -‐ 50 morts dans la nuit du 27 au 28 février, l'on a appris qu'une élue locale délivrait des permis de construire à son fils promoteur immobilier, lui permettant de lotir sur des terrains en zone inondable. Le cumul de la présidence d'EDF avec celle de Veolia par Henri Proglio a fait l'objet de deux mois de débats. La célérité avec laquelle des experts de l'OMS ont recommandé la vaccination contre la grippe A a créé le doute sur les liens qu'ils pouvaient entretenir avec les laboratoires fabriquant ces produits. Enfin, depuis le mois de juin, le terme de conflit d'intérêts est utilisé matin, midi et soir dans les articles sur l'affaire Woerth-‐ Bettencourt sans que personne n'explique vraiment ce que c'est, ni surtout comment les prévenir. Or j'ai été confronté à ces problèmes à plusieurs reprises dans mon parcours, en particulier à mes débuts, dans la santé publique, une période marquée par de grands drames, le sang contaminé, l'hormone de croissance, l'amiante, tous amplifiés par de terribles conflits d'intérêts. C'est le Dr Garretta, censé être garant de la gratuité du don et qui crée des sociétés lucratives. C'est aussi ce système de transfusion sanguine qui peine à concilier le respect des normes sanitaires et les impératifs de gestion. Mon premier travail a été d'élaborer la loi réformant la transfusion sanguine, en 1992. J'ai fait partie de ceux qui ont construit le mécanisme de prévention des conflits d'intérêts dans le domaine sanitaire afin d'éviter qu'un expert consulté pour la mise sur le marché d'un médicament soit en même temps payé par le laboratoire qui le fabrique ! La lutte contre les conflits d'intérêts est un préalable pour que les citoyens aient confiance dans la politique et la vie publique. C'est pour cela que j'ai ressenti le besoin impérieux d'écrire ce livre.
Pour en finir avec les conflits d’intérêts (suite)
Politique
Le Royaume de Belgique est aujourd’hui gangrené de l’intérieur par des idées séparatistes, un manque d’espoir et une identité oubliée voire dévalorisée. L’identité du belge à l’étranger ne s’éloigne pas fort du cliché « bouffeur de frites, amateur de bières à l’accent pas possible ». Ramener le belge aux stéréotypes courants est très réducteur et la faute revient aux Belges. En effet une majorité a tendance à pratiquer l’autodérision plutôt que de vendre les mérites de son pays. Ainsi, un étranger visitant la Belgique se rend facilement compte du peu d’esprit national qui y règne. L’image de la Belgique est entachée par le peu de cohésion entre le Nord et le Sud du pays. Les récents problèmes communautaires au sein des sphères politiques n’ont fait qu’envenimer le désespoir de certains et les mœurs séparatistes d’autres. Qu’a donc fait le belge de sa devise nationale: L’union fait la force.
La Belgique en mal d’identité
nationale : un conflit d’identité
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Economie
Amélie PERARD
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L'audit comptable et financier est un examen des états financiers de l'entreprise, visant à vérifier leur sincérité, leur régularité, leur conformité et leur aptitude à refléter l'image fidèle de l'entreprise. Cet examen est effectué par un professionnel indépendant appelé « auditeur» appartenant le plus souvent à un cabinet d’audit. L’audit comptable et financier est la forme moderne de contrôle, de vérification, d’inspection, de surveillance des comptes, en apportant une dimension critique. Ainsi chaque entreprise est dans la situation ubuesque où les cabinets d'audit sont payés et mandatés par les gens dont ils sont chargés de vérifier les comptes. On comprend vite que le rapport de force n'est pas toujours du côté de l'auditeur, surtout si l'entreprise auditée est de taille importante et représente une partie importante du chiffre d'affaire du cabinet. Un auditeur qui souhaiterait déclarer que les comptes de son client ne sont ni
Les conflits d’intérêt dans les métiers de l’audit.
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fiables, ni sincères, ni fidèles, se verrait instantanément rappeler à l'ordre par son client, qui lui rappellerait le gros chèque qu'il est censé lui signer à la fin de la mission. La seule solution qu’ont trouvé les cabinets pour corriger partiellement cet embarrassant conflit d’intérêt a été de pouvoir porter des réserves sur des comptes qu'ils n'ont pu examiner, manière discrète de dire qu'ils n'avalisent pas intégralement les comptes réalisés par l'entreprise. Si les investisseurs de Madoff, avaient eux-‐mêmes choisi, mandaté, et payé le cabinet d'audit qui aurait vérifié les comptes de Madoff, il est probable qu'il n'aurait jamais prospéré tranquillement à l'abri des soupçons, l'auditeur n'ayant, dans ce cas, aucun intérêt à camoufler la mauvaise santé de la société auditée.
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Dans les années 1990 c’était Microsoft qui donnait l’impression de se répandre comme un virus. C’était Microsoft qui était assigné en justice pour non respect des lois « antitrust » (contre les monopoles). Partout où il y avait de l’informatique, il y avait Microsoft. Cependant, aujourd’hui Apple a la main mise sur le marché de la musique numérique, avec iTunes, qui lui permet aussi de verrouiller ses clients et de vendre des produits compatible uniquement avec ce service (iPod, iPad, iPhone). Ensuite Apple a révolutionné le marché de la téléphonie mobile en introduisant l’iPhone en 2007. Son écran entièrement tactile, son interface simplifiée et intuitive, son système d’applications et son design ont en effet séduit le public à une vitesse extraordinaire. C’est aussi Apple qui vient de réinventer les tablettes informatiques en introduisant l’iPad. Cette dynamique n’est plus partagée par Microsoft, qui aujourd’hui est complètement dépassé par les capacités d’innovation d’Apple et de Google.
Les enjeux de cet affrontement, qui aujourd’hui migre vers le champs de la téléphonie mobile, sont de taille et seront déterminants dans l’écriture de l’histoire à venir. Ce conflit de concurrence tend donc à devenir une guerre d’idéologies, dans laquelle chacun tente d’imposer sa conception du futur de l’informatique : Google et l’internet, Apple et les applications mobiles, et Microsoft et les ordinateurs.
Les amis sont devenus des ennemis. Des ennemis de plus en plus paranoïaques ; et ils ont raison car Google ne tardera pas à rattraper son retard.
Google vs. Apple vs. Microsoft
-‐ 250 millions d’iPods vendus depuis 2001
-‐ 40 millions d’iPhones vendus depuis 2007
-‐ Environ 150 000 d’apps sur l’App Store (400 000 en 2011)
Quelques chiffres
Apple
Apple vs. Google (CA)
High Tech Romain REGNIER
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Lancé en Juin 2010, l’iPhone 4 s’est déjà vendu à plus de 14 millions d’exemplaires dans le monde. Pourtant son lancement a été plus que balbutiant. En effet, la polémique a été lancée immédiatement autour des problèmes de réception de l’appareil lorsqu’il était tenu en main. Ceci se traduisait par une perte quasi-‐complète du signal, ce qui est plus que préjudiciable pour un téléphone mobile.
Cette polémique sans précédente dans l’histoire d’Apple a par ailleurs été attisée par les propos de son dirigeant, Steve Jobs, qui a nié en bloc tous les arguments mettant en avant des problèmes de conception de l’appareil : "Tenir n'importe quel téléphone aboutira à l'atténuation des performances de son antenne, certaines positions étant pires que d’autres selon le placement des antennes. C'est une réalité sur n'importe quel téléphone sans fil. Si vous rencontrez ces problèmes sur votre iPhone 4, évitez de le tenir
L’iPhone 4 crée la polémique chez les utilisateurs, et au sein même d’Apple.
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par le coin inférieur gauche dans votre main d'une manière qui couvre les deux côtés de la bande noire, ou utilisez simplement une des nombreuses housses de protection disponibles." Cette réaction pour le moins surprenante a attisé le mécontentement de nombreux spécialistes et meneurs d’opinion, pourtant cela n’a pas empêché l’entreprise d’écouler un nombre extraordinaire d’appareils. Appliquant le célèbre adage « seuls les idiots ne changent pas d’avis », Apple a par la suite admis qu’il y avait un véritable problème de réception, mais en a cependant différencié la cause : « Après enquête, nous avons été surpris de voir que la technique utilisée pour calculer les nombres de barres de puissance du signal à afficher est totalement fausse. Notre formule, dans de nombreux cas, affiche à tort 2 barres de plus que ce qu’il devrait y
Romain REGNIER
High Tech
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L’iPhone 4 crée la polémique (suite)
Comme les spécialistes le pensaient au départ, l’iPhone 4 est sujet à un problème de conception majeur. En effet, lorsque l’iPhone est tenu en main, la peau crée un pont entre l’antenne wifi et l’antenne 3G. Ce pont empêche alors chacune des deux antennes de fonctionner normalement, en créant des interférences.
Défaut de conception
Après avoir nié les faits, Apple accuse les utilisateurs de mal tenir leur téléphone
High Tech
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avoir pour un signal donné. Par exemple, nous avons parfois 4 barres affichées alors qu’en réalité, il ne devrait y en avoir que 2. Les utilisateurs qui observent une chute de plusieurs barres lorsqu’ils tiennent leur iPhone d’une certaine manière se situent en réalité dans une zone à faible signal, mais ils ne le savent pas car la valeur de départ est fausse. » Suite à cette déclaration, Apple a effectué une mise à jour système rendant effectivement moins visible la perte d’intensité de signal. Cependant, cela n’a pas complétement réglé le problème, et c’est suite à cela que la thèse du défaut de conception est revenue à l’ordre du jour, mais cette fois-‐ci avec un nouveau lot d’arguments. Ceci a aussi permis de se rendre compte que cette polémique était en fait la conséquence d’un conflit plus profond, interne à Apple, et refoulé par Steve Jobs. Le site Bloomberg explique que l'année dernière, alors que l'iPhone 4 était encore en phase de développement, Ruben Caballero, ingénieur spécialisé dans les antennes, avait évoqué les problèmes de réception que le design retenu pouvait entrainer. Un « opérateur partenaire » aurait également soulevé la question de ce problème d'antenne avant le lancement de l'iPhone 4. Bloomberg indique qu'Apple n'a pas souhaité faire de commentaire et refusé que Ruben Caballero s'exprime. Ceci témoigne donc bien de l’existence d’un conflit d’autorité et d’intérêt au sein de l’entreprise. Bien sûr, personne n’a jamais eu le fin mot de cette histoire. In fine, les options d’Apple face a cette polémique étaient au nombre de deux : soit rappeler en urgence tous les appareils vendus, ce qui engendrait un coût de près de 1,5 milliard de dollars, soit proposer des housses gratuites, pour un coût de quelques millions de dollars. Evidemment le choix a été vite fait, et malgré la polémique les ventes ont atteint des records. Ceci soulève d’ailleurs la question des motivations d’achat des utilisateurs d’iPhone et de l’existence d’un esprit critique.
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