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Richard Walther, expert AFD, étude SI
La formation professionnelle en
secteur informel
Les résultats d’une enquête terrain dans 7 pays
d’Afrique
10
Richard Walther, expert AFD
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Remarques préliminaires
Secteur informel ou économie informelle? « Le terme « économie informelle » est préférable à celui
de « secteur informel » parce que les travailleurs et les entreprises concernés ne relèvent pas d’un secteur de l’économie, mais d’une réalité qui traverse l’ensemble des secteurs. Toutefois le terme « économie informelle » tend à sous-estimer les liens, les zones grises et les interdépendances qui existent entre les activités formelles et informelles »
Résolution de l’OIT, 90ème session, 2002
Richard Walther, expert AFD, étude SI
I. Présentation de l’étude
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un constat de départ• Le secteur informel occupe une place
prépondérante dans la création des emplois et dans la production de la richesse nationale des pays en développement, en particulier africains.
• Les moyens de la formation ne peuvent plus aller exclusivement vers des secteurs peu demandeurs de main-d’œuvre
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Les hypothèses de l’étude
• La formation professionnelle est un facteur de dynamisation du secteur informel.
• La formation professionnelle peut aider au passage d’une économie de survie et de subsistance à une économie de développement et de croissance.
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Les objectifs visés
• Appréhender la réalité du secteur informel dans chaque pays enquêté
• Identifier les dispositifs de formation en place
• Analyser les dynamiques innovantes de formation en secteur informel
• Définir à partir de là les conditions optimales de dynamisation du secteur au moyen de la formation
• En tirer des préconisations opérationnelles
Richard Walther, expert AFD, étude SI
La méthodologie employée
• Des enquêtes terrain dans sept pays africains– Afrique du Sud– Angola (en coopération avec le MAE)– Bénin – Cameroun – Ethiopie (en coopération avec la GTZ)– Maroc– Sénégal
• Sept rapports pays • Un rapport de synthèse
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Mais qu’est-ce donc que le « secteur informel »?
• Approche par le concept statistique« On entend par entreprise informelle toute unité de
production ou de service qui n’a pas de comptabilité explicite. »
• Approche par le concept de « travail décent »• Approche par la fiscalité• Définition par le positionnement socio-
économique (auto-emploi, micro et petite entreprise)
Richard Walther, expert AFD, étude SI
II. Les principaux constats concernant le secteur informel
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur informel prépondérant dans les économies africaines
• Entre 31% (Afrique du Sud) et 95% (Bénin) du marché du travail
• Entre 30% (Afrique du Sud) et 50-60% (Bénin, Cameroun et Sénégal) de la production de la richesse nationale
• A comparer aux données de l’Amérique latine (entre 47% et 84% du marché du travail) et de l’Inde (90% du marche du travail)
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Part du secteur informel marocain non agricole dans le PIB (1999/2000)
Source : Enquêtes emploi. Direction de la Statistique – Rabat
Secteur d’activité Part dans le PIB national global
Industrie et artisanat
Construction
Commerce et réparation
Autres services
Total
1,7%
0,7%
13,1%
1,5%
17%
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Contribution des ménages marocains dans
l’économie nationale (1999/2000) Source : Enquêtes emploi. Direction de la
Statistique – Rabat
Secteur d’activité Part dans le PIB national global
Agriculture et abattage
Secteur informel non agricole
Activités domestiques non agricoles
Total
15,9%
17%
7,6%
40,5%
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur informel grand pourvoyeur d’emplois
Pays Part de l’emploi informel Part de l’emploi en entreprise
Part de l’emploi administratif
Afrique du Sud 31% (tous secteurs) 69%
Angola 66% (secteur urbain) 24% 10%
Benin 95% (tous secteurs) 5% (administration inclue)
Cameroun 90.4% (tous secteurs) 4.7% 4.9%
Ethiopie 90.% (tout secteurs) 6,2% 2.6%
Maroc 39% (secteur urbain)
Sénégal (Dakar) 77.5% (secteur urbain) 16.8% 5.7%
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Décomposition de l’emploi informel non agricole marocain par secteur d’activité (1999/2000)
Source : Enquêtes emploi. Direction de la Statistique – Rabat
Secteur d’activité Part de l’emploi informel du secteur
Industrie et artisanat
Construction
Commerce et réparation
Autres services
Total
36,8%
23,6%
91,2%
18,8%
39%
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un emploi informel en croissance dans tous les pays enquêtés
Pays Période de référence
Résumé des enquêtes statistiques
Afrique du Sud 1997-2001 Doublement des emplois informels urbains (de 965000 à 1873 000)
Angola 1995-2001 Les emplois salariés passent de 43% à 34%
Bénin 1978-92 + 9,8% d’emplois informels par an
Cameroun 2005 Le % de salariés est de 28% chez les pères contre 21,2% chez les fils
Ethiopie 2003 « Croissance sans précédent du secteur informel »
Maroc 1988-1997 Augmentation de 8% du nombre d’emplois informels
Sénégal 2003 « Chaque ménage de Dakar tire une partie de ses revenus du secteur informel
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur informel qui remplit des fonctions multiples
• Il joue un rôle irremplaçable dans la lutte contre l’extrême pauvreté monétaire sans être nécessairement un outil de sortie de la pauvreté
• Il est porteur d’innovation et de développement
• Il fonctionne comme sous-traitant du secteur formel
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un emploi informel essentiellement précaire
Enquête ETHIOPIE
• 9% de tous les actifs occupés sont des salariés
• 40, 9% sont des travailleurs indépendants ou des auto-employés
• 50,3% sont des travailleurs familiaux sans aucun revenu
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un emploi informel sans protection réelle
Enquête AFRISTAT• Moins de 9% ont un contrat de travail
• Moins de 3% ont une feuille de paie
• 9,1% sont affiliés à la sécurité sociale
• 3,3% ont une couverture sociale par l’entreprise
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un emploi informel en bas de l’échelle des revenus
(Enquête AFRISTAT)
• Administration publique: 132 500 FCFA
• Entreprise publique: 148 300 FCFA
• Entreprise privée: 114 400 FCFA
• Secteur informel: 33 100 FCFA
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Des revenus en lien direct avec le niveau d’éducation
Enquête AFRISTAT
• Les personnes non scolarisées gagnent légèrement plus que celles qui ont un niveau d’éducation primaire
• Le revenu est multiplié par 2 pour une personne ayant fait des études secondaires
• Le revenu est multiplié par 5 pour une personne ayant fait des études supérieures
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Des questions à débattre
• Secteur informel versus secteur formel: le concept d’économie/secteur informel est-il approprié?
• Que faut-il faire pour mettre en œuvre la recommandation de la conférence euro-méditerranéenne de Marrakech concernant la formalisation de l’économie informelle?
• Comment faire pour que les micro-entreprises entrent dans une dynamique d’innovation et de développement?
Richard Walther, expert AFD, étude SI
III. L’état des lieux de la formation/qualification en secteur
informel
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur qui forme la très grande majorité des jeunes dans les pays de
l’Afrique sub-saharienne
Formation informelle ou non formelle (95%)Formation sur le tas
Auto-formationApprentissage traditionnel
Formation formelle (environ 5%)
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur qui insère d’autant plus vite que le jeune est moins qualifié
Niveau d’instruction
Non scolarisé
Primaire
Secondaire général 1er cycle
Secondaire général2ème cycle
Secondaire technique
1er cycleSecondaire technique 2ème cycle
Supérieur
Urbain Rural
Hommes Femmes Hommes FemmesCameroun
3,6 2,3 0,3 0,2 0,5
7 8,6 2 1,5 3,1
9,8 17,2 1,3 4,4 7,3
9,8 22 3,2 4,6 10,7
11,9 12,4 5,6 1,8 8,5
12,2 19,5 1,3 0,8 11,8
9,3 19,4 11,5 40,4 13,4
Sources INS Cameroun, EESI, 2005, Phase 1
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur dont les niveaux de qualifications varient selon le type
d’activité informelle: le cas du MarocSecteur d’activité Répartition des travailleurs dans le secteur informel (%) selon
le niveau de diplôme (1999/2000)
Sans diplôme Niveau moyen Niveau supérieur Non déclarés
Industrie et artisanat
Construction
Commerce et réparation
Autres services
Total
76,4
66,5
71,6
60,5
70,3
18,3
16,6
22
25,4
21,3
1,1
1
3,1
6,7
3,2
4,2
15,9
3,3
7,4
5,2
Niveau éducatif global(2002) 67,5 22,2 10,5
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur qui doit relever un certain nombre de défis
Professionnaliser les jeunes déscolarisés
• 50% des jeunes africains entre 12 et 15 ans sont en moyenne hors de tout système d’éducation et de formation
• Au Maroc, le nombre de jeunes déscolarisés serait au moins de 1,5 million
• Il y a peu de voies et moyens pour ces jeunes Marocains de se former. Il existe :
– les actions d’alphabétisation et d’insertion de l’Education non formelle– les actions de mise à niveau et de formation de l’Entraide nationale – les interventions des ONG notamment dans des grandes villes– les interventions dans les quartiers sensibles promues par l’INDH– …
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Un secteur qui doit relever un certain nombre de défis
Former les adultes au travail • Il existe peu de programmes de formation pour les adultes
au travail• Nombre de responsables d’unités informelles sont
analphabètes et en demande de « rattrapage technologique »
• Le Maroc a des outils en place (GIAC, CSF) mais qui s’adressent surtout au secteur formel
• Des projets en cours s’adressent spécifiquement au secteur informel– Les formations à l’entrepreneuriat des organismes de micro-crédit
(Zakoura, Al Amana)– Les projets de professionnalisation du ministère de l’artisanat– …
Richard Walther, expert AFD, étude SI
IV. Les facteurs de dynamisation du secteur informel par la formation
professionnelle
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Les préalables de l’efficacité de la formation en secteur informel
• La formation doit avoir pour finalité l’atteinte d’une amélioration de la situation socio-économique.
• L’action de formation doit se situer dans un cadre global de l’intervention concertée des différents acteurs concernés.
• L’action de formation doit s’inscrire dans les stratégies de développement (en fonction notamment des métiers porteurs identifiés).
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Le processus de l’efficacité de la formation en secteur informel
Le contexte de la
demande deformation
Définition des
impacts visés
Insertion dela formation
dans une action
globale
Analysedes
impacts termes
•économique•social
•professionnel
SuiviEvaluation
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Les conditions de l’efficacité de la formation en secteur informel
Former à À l’autonomieÀ l’initiative
Au diagnosticÀ la gestion…
Moyens pédagogiques,
matériels, financiers
(micro-crédits…)
Formation mutualiséeFormation
par les pairs
Créationd’activités,
et de micro-
entreprises
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Les voies de dynamisation du secteur informel par la formation professionnelle
1. Reconnaître le secteur comme lieu à part entière de professionnalisation
2. Faire évoluer l’apprentissage traditionnel vers un apprentissage de type dual
3. Former les adultes en même temps que les jeunes4. Donner les moyens pour passer de la formation à
l’insertion et à la création d’activités5. Mettre en place des dispositifs de
préprofessionnalisation pour éviter le gâchis scolaire et social
Richard Walther, expert AFD, étude SI
Les voies de dynamisation du secteur informel par la formation professionnelle
6. Mettre en place des outils de financement pérennes et appropriés
7. Valoriser le rôle structurant des organisations professionnelles
8. Transformer les actifs du secteur en acteurs de leur propre formation
9. Donner une place aux jeunes dans le débat sur l’insertion et la création d’activités
10. Elever dans tous les cas le niveau éducatif des actifs du secteur
Richard Walther, expert AFD, étude SI
En conclusion: la stratégie de formation actuelle du Maroc
• L’étude diagnostique sur les perspectives de développement de l’économie marocaine (Plan, Emergence) de 2005 a permis de déterminer des secteurs et des métiers porteurs : les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme, du textile/habillement, du BTP, des TIC, de l’artisanat d’art, de l’industrie des équipements aéronautiques et automobiles…
• Certains de ces secteurs ont une forte composante informelle: textile/habillement, BTP, artisanat…
Richard Walther, expert AFD, étude SI
En conclusion: la stratégie de formation actuelle du Maroc
• Le diagnostic économique a débouché sur un plan de développement de la formation professionnelle au titre de 2008-2012
• Le plan fixe les compétences à développer, les modes de formation à privilégier (formation alternée et par apprentissage) ainsi que la réingénierie de l’ensemble du système de formation selon l’APC
• Le plan prévoit notamment d’accroître de 33% la formation en alternance et de 100% la formation par apprentissage
• Le plan met en œuvre un partenariat étroit entre les pouvoirs publics et les branches professionnelles
Richard Walther, expert AFD, étude SI
En conclusion: la stratégie de formation actuelle du Maroc
Les défis qui restent à surmonter
• Améliorer un système éducatif encore largement défaillant• Multiplier les voies de la « deuxième chance » pour les jeunes de
12 à 15 ans en échec scolaire• Davantage ouvrir les dispositifs de formation alternée et
d’apprentissage aux jeunes ayant un faible niveau éducatif• Former les jeunes et les adultes à la création d’activités et à
l’esprit d’entreprise• Reconnaître, pour mieux le faire évoluer, l’apport du secteur
informel à l’économie marocaine
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