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"Si ma ville m'était contée" est un recueil de textes et de dessins originaux fruit d'une rencontre entre la classe de CE2 de l’école Jacques Prévert et un groupe de seniors de la Ville de Carquefou. La rencontre émouvante entre ces deux générations a permis de confronter les différents visages de la vie quotidienne aujourd'hui et hier, à Carquefou ou ailleurs...
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Espace des Solidarités
CCAS de Carquefou
Si ma ville m'était contée :
Regards croisés entre générations
Textes et illustrations:
Annik, Colette, Marie-Agnès, Paulette,
Alain, Marcel, Maurice,
Hippolyte, Léa, Roxane, Romane,
Clara, Axel, Romain, Léa,
Juliette, Lou, Soléa, Kelig,
Zoé, Yann, Charlène, Claire,
Ethan, Jules, Axel, Solène, Gaspard,
Sarah, Maxime, Loris, Lucas
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L’avenir ne peut se construire que si nous connaissons notre passé. Le travail
qui a été réalisé entre la classe de CE2 de l’école Jacques Prévert et un groupe de
seniors a pour but de connaître les pratiques scolaires, les loisirs et la vie
quotidienne de nos aînés il y a quelques années de cela.
Il est vrai que les technologies nouvelles comme internet favorisent la
connaissance du monde mais l’échange entre les générations apporte cette
dimension humaine, inégale à ce jour.
Le devoir de mémoire est indispensable pour les jeunes qui arrivent.
Nathalie Gâté
Adjoint à la Solidarité et au Handicap
Ce recueil est le fruit d'un projet, d'un échange, d'une rencontre. Sept
« seniors » se sont réunis régulièrement au cours d'un atelier d'écriture, laissant
revenir sous leur plume les différents visages de la vie quotidienne dans leur
jeunesse, à Carquefou ou ailleurs. Ces textes étaient envoyés aux élèves de la
classe de CE2 de Mme Amossé, à l'école Jacques Prévert. Lecture et découverte,
questions aussi... Puis les enfants illustraient les textes des seniors ou
répondaient à leur tour par un texte. Les auteurs et les illustrateurs se sont
rencontrés au début puis au cours de cette correspondance, nourrissant ainsi
cette relation entre générations. Que tous soient ici remerciés pour ces regards
croisés.
Fabienne Thomas
Atelier d'écriture Crayon Libre
2
1. Premières évocations de Carquefou
Regards en 1945 – 1955Si Carquefou était un parfum, ce serait l’odeur chaude des champs de blés
au début de l’été, quand commençait le temps des moissons, et que tous ensuite
se rassemblaient pour faire les battages dans la cour de la ferme où la
moissonneuse-batteuse séparait les grains de la paille jusqu’à la nuit tombée.
Si Carquefou était un son, ce serait celui des cloches, derrière les abat-son,
lorsqu’elles tintaient pour appeler les fidèles à la grand’ messe du dimanche
matin. Chacun laissait son ouvrage, revêtait ses plus beaux habits du dimanche
et accourait pour entendre le curé dire la messe en latin devant le maître autel en
marbre blanc de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. A la fin de la cérémonie, elles
carillonnaient à qui mieux-mieux annonçant la sortie des paroissiens.
Zoé
Si Carquefou était une saveur, ce serait le goût du pain encore chaud tout
juste sorti du four du boulanger. Après la messe, alors que les messieurs se
hâtaient vers les cafés du bourg, les dames quant à elles faisaient quelques
achats indispensables dans les boulangeries dont les étagères étaient pleines de
pains de deux livres à la croûte dorée bien croquante sous les dents, et de grosses
boules de campagne.
3
Si Carquefou était une sensation, au milieu de ce XXème siècle, ce serait
une impression de sérénité et de calme rythmée par les saisons. Quelques fermes
se trouvaient près du bourg et parfois on pouvait voir un troupeau de vaches à
proximité des rues lorsqu’on le ramenait à l’étable pour la dernière traite. C’était
alors une petite ville de campagne de moins de 3000 habitants et la vie de chaque
jour était tranquille. Il n’y avait pas encore de problème de stationnement
puisqu’on ne comptait que quelques rares voitures automobiles.
Si Carquefou était une image, ce serait celle des rives de l’Erdre au vieux
Gaschet où l’on pouvait aller danser au son des flonflons sur le bord de l’eau. Les
voiles hissées lors des régates de Nantes à Sucé et les barques virant au souffle
du vent créaient une animation de fête nautique où les Nantais aimaient venir se
distraire.
Paulette
Loris
Carquefou en 1950 : Une commune rurale de 3000 habitants environDans mon enfance (1940-1950), Carquefou était une commune rurale, en
majorité agricole. Elle vivait en autarcie presque totale. L’artisanat et le commerce
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étaient importants. Ils répondaient aux besoins de ses habitants. Dans le bourg
qui était très réduit par rapport à ce qu’il est aujourd’hui, les artisans et
commerçants étaient très nombreux. Ils avaient leur jardin potager, leurs lapins,
leurs poules et même parfois leur cochon pour leur consommation familiale.
Gaspard
Dans les fermes, les paysans possédaient un petit troupeau de vaches
laitières. Le lait produit était partiellement vendu aux particuliers, surtout ceux
du bourg. Les fermiers de la campagne le vendaient aux marchands de lait qui
rétrocédaient le beurre qu’ils fabriquaient. Ils avaient abandonné la fabrication
du beurre à la ferme avec leur baratte (machine à battre la crème du lait pour en
faire du beurre).
5
Clara
Les cultures se limitaient à celle du blé qui couvrait leurs besoins en farine
à boulanger leur pain, mais aussi à celle du sarrasin (blé noir) pour en faire des
galettes. L’avoine était cultivée car avec le foin et l’herbe pâturée, elle complétait
la ration alimentaire des chevaux de trait. Ceux-ci servaient à la traction des
outils agricoles : charrue, houe, herse, rouleau, remorque… Les betteraves et les
choux ainsi que le foin (herbe coupée et séchée, au mois de juin), servaient aussi
à alimenter les bovins pendant l’hiver. L’été, ceux-ci pâturaient les prairies
naturelles…
6
Si Carquefou était une odeur, je penserais justement au parfum du foin
récolté sans avoir été mouillé par la pluie. Lorsque ma mémoire évoque un bruit,
c’est celui de la cour de récréation qui me revient.
Je pense aussi au plaisir de goûter une bonne pomme ramassée sous le pommier
ou la grappe de raisin cueillie dans la vigne, bordant le chemin de l’école...
Maurice
Si Carquefou était une couleur, ce serait multicolore car les arbres sont
verts, le ciel est bleu, les nuages sont blancs, le soleil est jaune, l'herbe est
verte, ce serait une ville magnifique et spectaculaire.
Romane
Si Carquefou était un plaisir, ce serait d'entendre les arbres.
Si Carquefou était un parfum, ce serait l'odeur de la rose qui sent dans mon
jardin.
Si Carquefou était une couleur, ce serait le vert car l'herbe est verte !
Si Carquefou était une image, ce serait l'image d'une usine dans Carquefou.
Si Carquefou était un son, un bruit, ce serait un arbre qui gigote à cause du
vent et du battement de la pluie.
Si Carquefou était une saveur, ce serait de manger plein plein de gâteaux
et de biscuits.
Roxane
7
Je débarque à Carquefou!A mon arrivée, en 1972, mon premier bonheur a été de vivre dans ma
maison, celle que j'avais choisie. Située au sud de la commune, non loin de la
grande ville (Nantes), elle présentait de nombreux avantages : nous étions à la
campagne avec les odeurs de la terre après la pluie, avec les bêlements des
agneaux de la ferme toute proche, avec la possibilité de cueillir les fruits
directement aux arbres, avec le chant des oiseaux comme réveil matin, avec le
calme et le repos après une semaine bien remplie.... C'était le bonheur tout
simple !
Annik
Romane
Si Carquefou était un parfum, ce serait l'odeur de ma maison qui est à
Carquefou.
Si Carquefou était un goût, ce serait croustillant comme un gâteau.
Soléa
8
1989Une image : lorsque je suis arrivé à Carquefou, en 1989, la Savaudière était
encore un petit village, situé au sud de la commune. On y trouvait quelques
fermes avec leurs vaches et quelques tracteurs labourant les champs alentours.
Claire
Un parfum, une odeur : l’ odeur d’herbe humide, l’odeur des vaches dans l’écurie,
du lait chaud tout frais tiré dans le seau par le grand-père, lors de la traite du
matin et du soir.
Un son, un bruit : le chant des oiseaux, et surtout le cri des pies et des corbeaux.
Un goût, une saveur : le bol de lait pur du petit déjeuner, les œufs frais « direct
du cul de la poule ».
Une sensation, une impression : une vie de joie et bonheur, de grands espaces
verts et boisés et sans les bruits d’autos ou si peu. Le voisinage parfait, les
bavardages des uns et des autres, les échanges de recettes de cuisine.
Alain
9
Clara
Si Carquefou était un jour, ce serait le dimanche, là où tout est calme.Kelig
Si Carquefou était un parfum sans pollution, ce serait un bonheur d'aller
là-bas !
Yann
Carquefou à l’époque d’aujourd’hui...Si Carquefou était une image : une petite ville à la campagne avec autour tout ce
dont nous avons besoin.
Si Carquefou était un parfum : l’odeur de sous-bois, l’odeur du jardin les matins
de printemps en ouvrant mes volets, l’odeur du feu de bois.
Si Carquefou était un son, un bruit : des chants d’oiseaux mélangés aux
vrombissements des voitures.
Si Carquefou était un goût, une saveur : les légumes ou fruits spécifiques de la
région, mâche, carottes, pommes, fraises, puis le lait, le beurre, le pain qui cuit
dans le four.
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Si Carquefou était une sensation, une impression : une impression de calme, de
bien-être tout de même, loin des embouteillages de la grande ville et de la
pollution.
Marie-Agnès
Maxime
Si Carquefou était une couleur, ce serait vert parce que les buissons sont
verts.
Si Carquefou était une forme, ce serait rond parce que la planète est ronde.
Si Carquefou était une odeur, ce serait la pomme parce que il y a des
parfums de pomme dans ma maison.
Si Carquefou était un parfum à la fleur, ce serait un plaisir d'aller là-bas !
Si Carquefou était une fleur, ce serait une tulipe parce qu'il y a des tulipes
dans mon jardin.
Jules
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Si Carquefou était un plaisir, ce serait l'envie de se balader dans la forêt à
pied.
Si Carquefou était un goût, ce serait le bon gâteau que me fait ma maman.
Si Carquefou était un bruit, ce serait les bruits des usines qui travaillent et
des voitures qui roulent.
Si Carquefou était une couleur, ce serait le bleu clair du ciel et le vert de
l'herbe.
Si Carquefou était une image, ce serait l'église qui fait dong dong dong.
Si Carquefou était un paysage, ce serait le paysage des arbres avec leurs
feuilles qui tombent.
Si Carquefou était un homme, ce serait un homme aux habits gris et verts
et aux lunettes rouges...ce serait moi, Ethan.
Ethan
Si Carquefou était la banlieue de Lyon, nous verrions les joueurs de
L'Olympique Lyonnaise.
Si Carquefou était la banlieue de Barcelone, on verrait Puyol et David
Villa.
Si Carquefou était la ville de Lisbonne, on verrait Cristiano Ronaldo.
Mais Carquefou est la banlieue de Nantes et nous on a Da Rocha.
Yann
Si Carquefou était une impression, ce serait un désert car ça ne bouge pas
assez !
Axel C.
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2. Promenades dans Carquefou
Petit inventaire de noms de lieux : la Savaudière, la Salle, la Chambre, la
Bréchetière, la Noé, la Noue, (la Patate), l’Erdreau, (Petit Erdre), la Gare, le lavoir
de Charbonneau...
Le village de l'Epinay : un village ancré dans ma mémoire J’ai aimé le village de l’Epinay parce que j’y suis né et que j’y ai vécu toute
mon enfance (1940-1952). Les souvenirs, au milieu de mes cinq sœurs et quatre
frères ne manquent pas. La vie était certes difficile, mais elle était riche et joyeuse
d’un vécu ensemble en famille avec beaucoup d’animation à la maison : jeux,
chants... Nous participions aux travaux de la ferme dès que l’on savait marcher :
ramasser les pommes, les raisins, les haricots blancs ou verts , les pommes de
terre…, mais aussi les cailloux pour empierrer les chemins. Les battages et les
vendanges étaient considérés un peu comme une fête. Il y avait de l’entraide avec
les autres fermiers. Malgré le travail pénible, il était fréquent d’entendre les
travailleurs chanter au repas qui suivaient les battages. Dans les vignes en
ramassant le raisin, c’était la même chose …
Maurice
Léa B.
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Plusieurs fêtes communales très joyeuses J’habitais dans un village où étaient organisées plusieurs fêtes communales.
Le cadre naturel avec un bois, des allées de chênes était idéal, et ce n’était pas
loin du bourg. Avec ma famille, je profitais pleinement de ces moments de
spectacles, de rencontres, avec de la détente, des rires pour tous les gens ( jeunes
et anciens) de la commune et des environs. Pour moi, enfant, la fête durait trois
jours car, la veille, j’étais curieux de voir le montage des stands : jeux, buvettes,
podium , manèges… et le lendemain le démontage.
Maurice
En gardant les vaches, nous nous fabriquions des jeux
Les jeudis (jour de congé scolaire) et les jours de vacances, avec mes frères,
nous gardions les vaches. Cela consistait à éviter qu’elles sortent des prés car il y
avait des passages dans les haies les entourant. Avec les autres enfants, gardiens
comme nous dans les prés voisins, nous nous réunissions pour jouer à cache-
cache, à traine-traine mon balai, à grimper dans les arbres, à faire de la course à
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pied. Avec des bâtons, on jouait à l’escrime, comme Zorro que nous ne
connaissions pas. Nous fabriquions aussi des arbalètes, des frondes pour tuer les
oiseaux. En réalité, nous ne faisions que les effrayer car nos armes fabriquées de
bois, d’élastiques à chambre à air de vélo, de cuir de languette de brodequins
n’étaient pas très efficaces.
Maurice
Lou
Les merles sont des bons maçonsIl nous arrivait aussi d’observer les nids d’oiseaux dans les haies, les
arbres. Que les merles étaient soigneux dans la confection de leur nid : arrondi ,
creux, bien façonné, avec des brindilles d’herbes et de terre! Les tourterelles et les
pigeons étaient moins minutieux. Ils se contentaient d’un nid presque plat, fait de
petits bois empilés dans tous les sens. Aujourd’hui, leurs nids sont toujours
fabriqués de la même façon, preuve que leurs parents leur ont transmis leur
savoir faire.
Maurice
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Beaucoup d'oiseaux, de lapins... Nous étions curieux de voir les grenouilles vertes, sauter du bord dans
l’étang, les gardons sautiller à la surface de l’eau, les poules d’eau, les canards et
même parfois un héron nager pour rechercher des insectes ou des poissons pour
se nourrir. Les perdrix grises ou rouges au piaillement particulier s’envolaient de
champ en champ. Nous observions les gîtes des lapins ou des lièvres que nous
débourrions (dérangions) dans les touffes d’herbes. Au printemps, les coucous
annonçaient le printemps. Les pigeons roucoulaient leur «ou- sont’ils - tous-
deux ». Les autres oiseaux entonnaient leur concert de sifflements aigus ou
graves..
Léa D.
La vie, au village de l’Epinay me laisse de bons souvenirs d’enfance : la vie
de famille, les jeux, les fêtes, les animaux de la ferme, la nature, les oiseaux …,
mais ma mémoire n’a pas oublié la pénibilité du travail, les difficultés matérielles
et morales, les peurs vécues en cette période de guerre et d’après guerre.
Maurice
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Kelig
La Noue (route de Châteaubriant) en 1958, j’avais 10 ans. J’aimais beaucoup aller chez ma grand-mère maternelle, non pas que je
l’aimais plus que ma grand-mère paternelle, mais cela apportait du changement
dans ma jeune vie, parce que je vivais déjà près de ma grand-mère paternelle.
Donc comme je disais, j’aimais y aller et y passer la nuit. Il n’y avait qu’une seule
chambre donnant sur la route qui allait vers Châteaubriant, et il y avait si peu de
voitures à cette époque, que même, tout en dormant, je les entendais arriver au
loin et puis passer.
Juliette
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Mais surtout le plaisir qui me reste encore à l’esprit, cinquante ans après,
c’est de courir, bien vite, à cinq heures de l’après-midi, remonter l’allée du jardin
bordée d’œillets blancs, pour regarder passer la locomotive vapeur et ses
interminables wagons transportant des céréales, du carburant ou les toutes
premières et imposantes moissonneuses batteuses bleues (entreprise Braud). Là,
j’agitais ma main en guise de bonjour au mécanicien.
Marie-Agnès
La PicaudièreC'est le nom du lotissement dans lequel je me suis installée en 1972. Il était
le deuxième construit dans le sud de la commune, après celui de La Madeleine.
Donc il était encore en pleine campagne, avec des champs, des bois et une
bergerie toute proche dont j'entendais les bêlements le dimanche matin.
C'était le bon côté des choses car en contrepartie, il n'y avait pas de bus,
pas d'école, pas de collège... Tout se fera petit à petit et ma fille « essuiera les
plâtres » quand elle ira à l'école maternelle puis à l'école primaire Jacques Prévert
et ensuite au collège Gérard Philipe.
Soléa
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Le lotissement aussi n'était pas complètement terminé. J'ai assisté, sur ma
place, à l'avancement des travaux de la troisième et dernière tranche, à l'arrivée
des nouveaux propriétaires qui resteront pour la plupart jusqu'à aujourd'hui et
nous formons un groupe soudé qui accueille avec convivialité les nouveaux
venus. Avant la mise en place « officielle » de la fête des voisins, nous nous
réunissons deux fois par an, en janvier pour la galette des rois et fin juin avant le
départ en vacances. Nous prenons des nouvelles des enfants (que nous avons vus
grandir) mais aussi des petits-enfants, voire des arrières petits-enfants pour
certains. Nous nous entraidons si nécessaire.
J'aurai de la peine à quitter ce lieu de vie.
Annik
Solène
La Savaudière A mon arrivée au village en 1989, je participais, avec le grand-père, en
famille, au ramassage du foin pour les vaches l’été, ainsi qu’aux battages des
moissons, puis à la taille de la vigne l’hiver, enfin au hillage (faucillage) des haies
autour des champs, avec l’oncle, durant des journées entières. Mais ce qui me
reste le plus à l’esprit, c’est la période des vendanges en octobre, et
particulièrement la récolte du jus de raisin au pressoir.
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Toute la préparation du pressoir était faite à la main. Nous mettions
d’abord de la paille, puis une couche de raisins, à nouveau de la paille, et ainsi de
suite, de façon à obtenir trois couches de chaque. Ensuite il fallait faire descendre
la presse, tout en la faisant tourner sur sa vis centrale, presser le raisin, puis afin
d’augmenter la pression, installer une grande barre de fer, au travers, et tourner
à la force des bras. Mais le résultat en valait la peine, quel goût merveilleux que
ce jus de raisin tout frais pressé.
Alain
Le chemin de l’Enfer de 1982 à 2002Savez-vous ce qu’il y a derrière chez moi ? Il y a un chemin de terre, qui
commence à côté de l’ancienne minoterie, il mène vers un petit pont enjambant
un ruisseau nommé Charbonneau prenant sa source dans l’étang du domaine de
Maubreuil et se jetant dans l’Erdre à la boire noire près de Gaschet. Ce chemin a
un nom bien étrange, « le chemin de l’Enfer». Pourquoi ce nom ? En 1833, sur les
vieux plans cadastraux, il est nommé chemin de Louisfert. Il existe effectivement
une ville de ce nom pas très loin de Châteaubriant où le poète René Guy Cadou
fut instituteur. Il est donc possible qu’il s’agisse d’une erreur d’écriture.
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Près du petit pont, des châtaigniers et des chênes centenaires ombragent
encore actuellement un espace herbeux où tour à tour, tous les ans à la même
période depuis plus d’un siècle, s’installaient les bouilleurs de cru. Il y avait ainsi
plusieurs endroits réservés à l’installation des alambics, toujours près d’un étang
ou d’un ruisseau afin de bénéficier de l’eau courante.
Roxane
C’était en fait une tradition rurale et souvent familiale mais soumise à des
taxes et donc à des contrôles sévères de la Régie des fraudes, car il s’agissait de la
transformation du cidre ou du vin en un alcool très fort que l’on nomme encore
« eau de vie, gnôle, ou goutte ». La saison de distillation, ou brûlage, se situait
plusieurs mois après les dernières vendanges ou récoltes pour les pommes. En
2002 le bouilleur de cru installait encore son alambic ambulant près du
Charbonneau, ce fut une des dernières années où ses clients purent lui confier
une barrique de vin à brûler, et repartir avec un tonnelet ou une touque pleine
d’eau de vie.
A Carquefou au XIXème siècle, avant 1880, il y avait 40 hectares de vignoble. Dès
1968, où l’on vit les premiers lotissements sortir de terre, de nombreuses vignes
furent arrachées.
21
Romain
Ces vingt dernières années, on pouvait voir les tuyaux au sol pompant les
eaux du ruisseau et rejetant dans son lit les eaux sales en continuel mouvement,
on pouvait écouter les sons de l’eau refroidissant les serpentins, on pouvait
respirer cette senteur mêlée des odeurs spécifiques du moût de raisin, d’essence
et du gas-oil nécessaire pour faire fonctionner la machine. Toutes ces sensations
sont restées dans ma mémoire, ainsi que le regret de constater la pollution
envahissant alors le joli ruisseau qui coule vers l’étang Hervé, se répandant dans
le lit d’une des plus belles rivières de France.
Paulette
22
Mes premiers souvenirs à Carquefou
Je me souviens quand je suis arrivé à Carquefou à 6 ans. Je pensais que
c'était nul, mais je me suis habitué. En fait c'était la décoration que je
n'aimais pas.
Hippolyte
Mon premier souvenir à Carquefou
Mon plus vieux souvenir, c'était en 2003. Si seulement ça pouvait
revenir comme ça ! Il faisait tellement chaud ! J'aimerais tant revenir en
2003 ! C'était la belle vie, le ciel était bleu, tout le monde était content; le
seul problème était qu'il faisait trop chaud . Mais bon, il ne fallait quand
même pas se plaindre. Il fallait en profiter quand même !
Mais je ne comprends pas pourquoi maintenant il fait si froid ? Je
suis sûre, que comme les autres, vous aimez la chaleur. Alors est-ce que
vous avez déjà connu une chaleur comme ça avant ?
En fait, j'aimais être à Carquefou à cette époque là, et c'est toujours le
cas, parce que à cette époque là, il faisait très chaud !
Sarah, née en 2002
La grande sécheresse de 1976J'étais agriculteur. J'avais encore des terres à l'Epinay, à quatre kilomètres
du bourg de Carquefou. On avait beaucoup de maïs cette année-là. De mars à
septembre, il n'y a pas eu de pluie. La température a dépassé les 40°.
Heureusement, on avait fait faire une réserve d'eau. Sinon, on aurait fait faillite.
Maurice
23
Sarah
C'est cette année-là que les agriculteurs des autres régions de France ont
envoyé du foin et de la paille aux agriculteurs de Carquefou. Je suis allée en
chercher à la gare, avec mes parents. Les vaches n'avaient plus rien à manger.
J'avais deux chèvres et en juin, juillet, il n'y avait plus rien pour les faire
brouter. Le midi, je faisais cinq ou six cents mètres pour les amener brouter dans
un chemin à l'ombre. Après je retournais au travail, et le soir, je les amenais de
nouveau. Je leur apportais aussi un seau d'eau. J'avais du mal à leur trouver à
manger.
Marie-Agnès
Sarah
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Chaleur d’été en 1976Cet été-là, nous étions en vacances avec notre caravane sur le camping de
Piriac en Loire-Atlantique, le ciel était bleu sans un nuage. Depuis plusieurs
semaines la chaleur était accablante et les bains dans l’océan étaient bien
agréables.
Ce jour-là, l’après-midi avant de partir à la plage, nous avions laissé
l’auvent ouvert afin de l’aérer. Alors que nous étions sur les rochers à faire peur
aux mouettes, le ciel s’obscurcit soudain et un vent chaud s’éleva. Quelques
coccinelles rouges à points noirs voltigèrent dans l’air et atterrirent sur les algues
et les vagues. Tout à coup, ce fut comme un nuage qui envahit le ciel, des
coccinelles recouvrirent le paysage en provoquant une débandade générale et la
fuite vers le camping afin de s’abriter de cette invasion.
En arrivant à notre caravane, il nous fallut bien constater que l’auvent était
lui aussi recouvert, à l’intérieur comme à l’extérieur, de ces envahissantes
coccinelles dégageant une odeur très désagréable. Le nettoyage des lieux, afin de
rendre la plage accessible aux vacanciers, demanda plusieurs jours à la
municipalité de Piriac car à la marée suivante les vagues ramenèrent une grande
quantité de bêtes à bon Dieu qui s’étaient noyées dans l’eau salée.
Paulette
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3. L'école
Carquefou et ses écoles primaires, de 1841 à 2004
La première mairie et la première école communale
de Carquefou s’installèrent dans cette ancienne
maison en 1841, au 2 rue Jules Verne. Auparavant il
fallait louer une pièce chez l’habitant.
Les locaux de l’école primaire publique des garçons
furent construits en 1865, derrière l’ancienne mairie
au 18 de la rue Jules Verne. La mairie occupa le
bâtiment côté rue à partir de 1865 puis l’ensemble de
toutes les constructions lui fut consacré jusqu’en
1987, année de l’achèvement des travaux de l’hôtel
de ville.
L’école primaire laïque du Plessis, pour les filles, fut
créée en 1881, lorsque Jules Ferry a institué
l’instruction primaire laïque gratuite et obligatoire
pour les filles et les garçons. Elle n’avait que deux
classes. Elle devint l’école Louis Armand en 1971,
avec 10 classes primaires mixtes et 4 classes
maternelles.
Les écoles privées des rues Jean XXIII et Jeanne
d’Arc : l’école Sainte-Anne fut créée en 1889, avec
deux classes pour les filles ; l’école Saint-Joseph,
pour les garçons, était composée de deux classes à
son ouverture en 1926.
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L’école Jacques Prévert fut créée de 1976 à 1977, dans le quartier de la
Picaudière. L’école Georges Brassens, rue Victor Hugo, a ouvert ses portes à la
rentrée de 1981. L’école Anne Frank, rue Mendès France, a reçu ses premiers
élèves en septembre 1986. Le groupe scolaire Pierre Stalder fut construit en 2004
au Souchais.
Paulette
Claire
L'école en 1940L'école dont je vous parle était et est encore située derrière l'église: c'est
l'école Saint-Joseph, créée en 1931. L'école des filles, Sainte-Anne, étaient tenue
par les sœurs de Saint Paul de Chartres.
Dans le centre bourg il y a l'église, les écoles, la poste et à côté le cimetière,
Rue Marquis de Dion, désaffecté en 1951.Cette histoire qui va suivre se situe
dans les années 1940. Écoute moi bien petit, ceci est mon histoire et demain
peut-être ce sera la tienne. J'avais ton âge, je venais d'avoir neuf ans, j'étais
comme toi, assis sur les bancs de l'école. Certains souvenirs restent gravés dans
ma mémoire, demeurant aussi présents, aussi vifs que s'ils s'étaient écoulés hier.
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Romain
Nous étions en ce mois de juin à la veille des vacances. Un matin, surprise
dans la cour de l'école, de grands hommes blonds réunis au baquet d'eau
faisaient leurs ablutions, torse nu. Cela fut pour nous enfants un choc car ces
soldats ennemis venaient de prendre possession de l'école. Le directeur s'avança
vers les élèves présents sous le préau, vint nous dire que l'école venait de fermer,
nous étions en vacances avant l'heure. Vous allez peut-être vous dire que je fais
partie de ces vieillards qui racontent des histoires et pourtant c'est la vérité.
Carquefou a été occupé le 19 juin 1940.
Les pupitres avaient quatre à six places. Les textes recommandent des
pupitres biplaces afin de prévenir les contagions. Il n'y avait pas de transport
scolaire, pas de cantine l'hiver, pas de chauffage, à part un poêle récupéré après
le départ des anglais en 1939 dans le dépôt de la gare. Ce dépôt tenait toute
l'intendance d'une armée en campagne sauf les armes : poêles, bottes en
caoutchouc, haches, pelles, pioches, lampes d'éclairage à carbone.
Ceux qui ne pouvaient pas rentrer le midi chez eux emmenaient leur casse-
croûte dans leur musette et mangeaient froid, sous le préau. Ceux qui avaient de
la famille ou des amis dans le bourg mangeaient chez eux.
Marcel
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Rythme scolaireL'âge de rentrée à l'école était fixé à cinq ans, quatre ans si nous avions un
frère aîné capable de vous protéger. La fin des études avant 1940 était à douze
ans, âge admissible pour le certificat d'étude primaire (CEP). Cet âge fut repoussé
à quatorze ans et exceptionnellement à treize ans sous le régime de Vichy sous
certaines conditions. L'âge légal se situe à quatorze ans en 1945.
L'entrée au travail pour ceux qui avaient choisi un métier se faisait par
contrat d'apprentissage sur trois ans sans rémunération obligatoire. Les collèges
et lycées n'existaient qu'à la ville voisine et ne furent accessibles qu'à partir de
l'année scolaire 1945-1946. Ils étaient encore en nombre restreint, soit parce
qu'ils avaient été démolis par les bombardements, soit par manque de
professeurs. Les prisonniers ne furent rapatriés qu'au mois de juin 1945. Nous,
apprentis, allions prendre des cours pour notre métier dans les baraques en
planches construites à la va-vite sur les cours des rues nantaises débarrassées
des décombres.
Voici en quelques lignes notre début dans la vie active, la plupart sans
bagage – à part pour certains le CEP. Heureusement pour parfaire notre savoir
furent organisés des cours du soir soit à l'école, soit par correspondance.
Marcel
ChansonsDans les années 1946-1952, je fréquentais l’école St Joseph. Que se soit
dans la leçon de morale affichée chaque jour au tableau ou dans les dictées, les
rédactions … le thème du travail était souvent au programme. Je me rappelle
d’une poésie apprise par cœur :
S’il fait beau temps, disait un papillon volage .
S’il fait beau temps, je vais folâtrer dans les champs .
Et moi, lui répondit l’abeille sage,
S’il fait beau temps, je vais avancer mon ouvrage,
S’il fait beau temps.
Qui a raison : l’abeille ou le papillon ?
29
Lou
Être heureux dans le métier que nous exercerons plus tard, tel était le
message que voulait nous transmettre l’instituteur, en nous faisant chanter cette
chanson :
Si le mineur aime la mine et le marin le bruit des flots .
C’est qu’en leur cœur chacun devine, que leur métier est le plus beau .
Roxane
30
Ou encore d’autres couplets :
Le laboureur qui dans la plaine, charrue en main, chante toujours,
Aurait-il l’âme aussi sereine, s’il n’aimait pas ses beaux labours
Le refrain qui suivait, nous donnait beaucoup d’espoir :
Le travailleur chante, et dans son labeur, trouve le bonheur, tra lalalalala...
Maurice
HumiliationL’instituteur était humiliant envers les élèves qui faisaient des erreurs ! En
1950, j’avais 12 ans. Je me rappelle d’un camarade de classe qui avait écrit une
rédaction avec les mots qu’ils employaient chez lui. Il parlait de groles (corbeaux)
aux pattes « graissouses », de plancher en ciment (à cette période, il ne pouvait
être qu’en planches), de murs blanchis en jaune etc …
Romane
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Une autre fois, le thème de la rédaction était « Vous avez recueilli un chien
errant, vous l’avez soigné, nourri et vous vous êtes attaché à lui. Racontez cette
histoire ». Un autre élève avait mal compris le sens du mot attaché, il avait écrit
que le chien s’était « entournillé « (entouré) avec sa chaine autour de ses jambes…
L’instituteur ne manquait pas les occasions de lire ces erreurs devant toute
la classe qui riait aux éclats, ridiculisant et parfois même traumatisant les
enfants. Personnellement, j’en étais souvent choqué car les élèves étaient parfois
mes amis…
Il y avait des classements, des bons points, des médailles et la distribution
des prix. Les derniers de la classe, surtout chez les garçons, étaient la risée, ils
étaient le souffre-douleur de l'instituteur.
Maurice
Ethan
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Zéro collectifUn jour, nous avons été punis car il y avait eu un chahut dans la classe.
Chaque élève a eu un zéro et ma mère me l’a reproché avec colère, pendant des
mois. Même mon père n’en pouvait plus de l’entendre rabâcher ce zéro qu’elle
n’attribuait qu’à moi.
Colette
Gaspard
33
L’école primaire d’enseignement public en 1953Cours moyen 2ème année, école des filles
Loris
Senteurs d’enfance
Pour moi, les souvenirs de l’école primaire sont comme un herbier où des
odeurs seraient collectées. Tout d’abord, il y a celle des tilleuls dans la cour de
récréation, l’odeur de l’encre, celle de la craie blanche qui servait à écrire sur nos
ardoises pour le calcul mental et l’odeur d’amande du petit pot de colle.
Et puis, les matins d’hiver, l’odeur du bois et du charbon lorsque la
maîtresse allumait le poêle en fonte noire, et aussi parfois celle de la fumée
envahissant la classe quand le tirage se faisait mal, ce qui nécessitait l’ouverture
des fenêtres pour éviter d’asphyxier toutes les élèves.
A la rentrée scolaire de 1953, je n’avais pas encore 10 ans, l’école venait de
changer les vieux pupitres et bancs de bois à deux places, nous avions
dorénavant des tables et chaises individuelles ressemblant beaucoup à celles
utilisées aujourd’hui. Une chose n’avait pas changé, c’était les encriers en
porcelaine blanche que la maîtresse emplissait d’encre violette tous les matins.
34
Hippolyte
Après la leçon de morale, la journée commençait souvent par des lignes
d’écriture. Les majuscules écrites en pleins et en déliés s’alignaient sur nos pages
quadrillées. Cela demandait beaucoup d’application, car nous écrivions avec un
porte-plume équipé de la plume sergent major qu’il fallait tremper dans l’encrier
en évitant de faire des taches. Bien sûr nous avions des buvards pour sécher
l’encre, mais là aussi il fallait faire très attention à ne pas déraper en faisant des
vilaines traces.
Les leçons d’histoire avaient toujours lieu l’après-midi, tout comme celles
de géographie où nous apprenions les mers et les océans, les fleuves et les
montagnes mais aussi les départements. Le nôtre se nommait Loire-Inférieure
jusqu’en 1957, ce fut cette année-là qu’il fut renommé Loire-Atlantique.
Les leçons de choses, sciences aujourd’hui, donnaient lieu à des
expériences comme par exemple le fonctionnement d’un appareil photo qui est un
jeu de lentilles restituant une image vue à l’envers, c’était aussi l’occasion de
nous expliquer le corps humain et plus précisément la vue.
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Léa B
Parfois un montreur d’animaux venait sous le préau de l’école, c’est ainsi
que je vis pour la première fois un ours véritable, un aigle dont nous devions
mesurer l’envergure des ailes déployées, et un mouton à cinq pattes.
Paulette
L'écoleJe me souviens de ma dernière année à l'école primaire située près de la
place Viarme à Nantes. C'était en 1954. J'arrivais d'un autre pays et donc je
découvrais de nouvelles choses. Dans la cour il y avait des arbres autour
desquels nous pouvions jouer et cette cour était goudronnée.
Dans la classe, nous étions assis suivant les résultats du mois. A la fin du
mois, nous vidions nos pupitres puis nous les cirions. Ensuite nous allions à la
place que nous avions « gagnée par notre travail ».
Dans la classe de la directrice où je me trouvais, nous étions parfois seules
car la maîtresse devait s'absenter et un jour ma voisine m'a « provoquée en duel
avec sa règle en bois »; je me suis défendue juste au moment où la maîtresse
revenait et je me suis pris une belle gifle ! Je ne m'en suis pas vantée à la maison
car j' aurais reçue une autre gifle par mon père qui était très sévère. Par exemple,
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quand il disait : « Montre-moi tes cahiers. », nous n'étions pas très à l'aise car s'il
trouvait une rature, un mot mal écrit, il arrachait la page et nous devions tout
refaire. Pour lui l'école était très importante et il voulait nous donner la chance de
bien réussir dans la vie grâce aux études et aux diplômes.
Annik
1956: le Mendès-laitIl y avait des excédents de lait. Tous les matins, on partait en rang jusqu'à la
cantine boire le lait chaud, avec un biscuit LU. C'était une initiative du ministre
Mendès France.
Alain
Mon école en 1958-1960Chaque matin lorsque nous rentrions en classe, le maître, qui était déjà là,
avait inscrit sur le tableau une phrase de morale, comme par exemple : « A
chaque jour suffit sa peine » et nous expliquait ce que cela voulait dire.
Charlène
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Je me souviens aussi de la bonne odeur des cahiers et des livres neufs
distribués lors de la rentrée scolaire, de celle de mon beau plumier en bois peint
et vernis, où étaient bien sagement rangés mes crayons neufs, et à l’étage au-
dessous, ma gomme, mon taille crayon, l’éponge pour essuyer mon ardoise.
A la cantine, on s'asseyait autour de grandes tables rectangulaires avec des
bancs. Les Bonnes soeurs avaient mis le couvert. Elles nous servaient, avec de
grands plats en alu. Je garde toujours le bon goût du hâchis armentier je n'arrive
pas à refaire le même.
Marie-Agnès
PolitesseA l’école nous devions rester debout, derrière notre pupitre, tant que le
maître ne nous avait pas dit de nous asseoir. Ensuite il y avait la leçon de morale.
Quand une personne entrait toute la classe devait se mettre debout.
En fin de semaine, sur le « cahier du jour », chaque élève dessinait et
coloriait une frise :
Alain
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Ma maitresse de CPJ’ai beaucoup aimé ma première maîtresse du CP. Ma mère était très sévère
et ne me donnait pas l’affection que j’attendais. Avec la maîtresse j’avais des
félicitations que j’attendais et je ne l’ai pas oubliée.
Colette
L'école d'aujourd'hui en 2011
Il y a des différences avec votre école.
Les filles et les garçons sont ensembles dans la même école.
Les tables ne sont plus collées. On n'est plus sur des bancs. Nous n'avons
plus d'encrier. On a des stylos-billes ou des stylos-plumes.
On n'a plus d'uniforme.
Il y a plus de jeux dans la cour.
Nous avons des responsabilités. Par exemple, être facteur c'est aller dans
les classes et donner les feuilles de cantine, de car et d'accueil.
Les punitions sont moins sévères. On ne tape plus avec les mains ou des
objets. On ne se moque plus de nous; on ne nous met plus le chapeau d'âne
ou on ne nous fait plus faire le tour de la cour. On écrit des lignes. Le piquet
existe encore mais il s'appelle maintenant le coin.
On n'amène plus nos paniers repas. On va à la cantine.
Les élèves de CE2 de Jacques Prévert
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4. L'éducation
Regards en 1952
Lors de ma naissance, à la fin de 1943, mes parents avaient déjà deux
garçons, nous étions ce que l’on appelait une famille nombreuse. La fratrie de ma
mère se composait de dix enfants nés entre 1913 et 1930. J’avais donc beaucoup
de cousins et cousines, nous les rencontrions très souvent au cours des visites
familiales du dimanche après-midi que nous faisions en nous déplaçant sur nos
bicyclettes.
Notre éducation était basée sur l’obéissance et le respect des adultes qui en
toutes circonstances avaient toujours raison. Il était hors de question d’essayer
de se justifier sous peine de réprimande, et du fameux « on ne répond pas » qui
mettait fin à la tentative de discussion.
Léa D
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Il y avait plusieurs phrases aussi autoritaires que les parents nous
répétaient à chaque sortie familiale :
Tu ne parles que si on t’en donne la permission, et pas à tort et à travers.
Tu dois dire bonjour et au revoir, même si on ne te répond pas.
Si on te permet de te servir de gâteaux ou bonbons il ne faut pas en prendre
plusieurs. (sauf si la personne insiste mais seulement après l’accord des
parents)
Tu peux jouer dehors mais ne reviens pas toutes les cinq minutes, sinon
reste sans bouger sur ta chaise ou on va penser que je t’ai mal élevée.
Il est facile de comprendre que dans ces conditions nous considérions les
réunions de la famille comme une corvée inévitable.
Les parents consultaient rarement l’avis de l’enfant, même lorsqu’il
s’agissait du choix de sa formation pour son futur métier. Il faut se souvenir que
avant 1792 la majorité était à 25 ans, puis jusqu’en 1974 les jeunes adultes
étaient majeurs à 21 ans. Aujourd’hui la majorité est à 18 ans.
Paulette
Clara
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Préceptes éducatifsCe que je vais raconter maintenant va surprendre les enfants qui ont huit
ans aujourd'hui : quand j'avais cet âge-là (en 1951) et que nous étions à table,
mes parents, mes frères et mes sœurs, nous n'avions pas le droit de parler. Seuls
les parents discutaient de ce qui s'était passé dans la journée, de choses qui
pouvaient être entendues par les enfants. Ces derniers ne parlaient que si on les
interrogeait, ils ne se mêlaient pas de la conversation des adultes.
Annik
A propos de la politesse J'étais déjà un peu plus grande (en 1954, j'étais en sixième au collège
Moderne de Jeunes Filles, situé place de la République à Nantes) et le jeudi, ma
mère m'envoyait chercher le pain à la boulangerie de notre quartier. A chaque fois
que j'entrais dans cette boutique, je disais, haut et fort « Bonjour, Messieurs-
Dames. » et l'on me répondait.
Et un jour, en même temps que moi, s'est trouvé le professeur qui
m'enseignait l'anglais au collège. Quelle ne fut pas ma surprise et ma fierté
d'entendre cette dame me faire des compliments sur ma politesse.
Annik
Principes éducatifs Un cousin, Bernard, fils unique, était très gâté. Il piquait des colères
terribles quand il n’avait pas tout ce qu’il désirait. Un jour de vacances, un jeune
oncle, enseignant, a organisé un jeu avec tous les cousins. Bernard a abusé pour
gagner et a triché. Notre oncle lui a donné une gifle pour le punir et je me suis
sentie vengée!
Colette
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La Course (1958)
Je n’étais pas toujours d’accord avec mon père et je « répondais » souvent.
Je me souviens encore de ce jour où j’avais peut être du répondre plus qu’à
l’habitude et où il devait être excédé... Quoiqu’il en soit il s’est mis, soudain, à
courir après moi, certainement pour me donner une fessée ou une claque. Le
voyant arriver je me suis mise moi aussi à courir de toutes mes jambes, et je
nous revois encore remonter le chemin du village tous les deux, à celui qui courra
le plus vite ! Il ne m’a pas rattrapée, il avait abandonné, essouflé.
Marie-Agnès
Zoé
Le monde des adultes
Pour moi, enfant, les adultes avaient beaucoup vécu et donc beaucoup de
connaissances et j’avais de l’admiration pour leur tendresse et aussi pour leurs
conversations si intéressantes.
Alain
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A la maison
Quand nous allions chez d’autres personnes, avec mes parents, nous
devions dire bonjour, en premier, à la dame de la maison, ensuite au monsieur,
et enfin aux enfants s’il y en avait, et attendre que mes parents me permettent de
m’asseoir ou d’aller jouer avec les autres enfants.
Et surtout ne pas prendre un gâteau dans l’assiette qui se trouvait sur la
table sans que la maîtresse de maison l’autorise. Et ne pas oublier de dire merci!
Alain
Quelques conseils entendus (1958)
Tiens-toi droite, ne mets pas tes coudes sur la table.
Ne mets pas tes doigts dans le nez
Ne réponds pas
Assez de bavardages
Marie-Agnès
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5. La mode
Costumes d'époque 1940/50Les enfants scolarisés portaient une blouse noire boutonnée au milieu ou sur
le côté, avec une culotte courte pour les garçons. Pour assister aux offices à
l'Église, on portait une tenue du dimanche, on disait "tu t'es endimanché". De
retour à la maison on changeait de tenue, car il ne fallait surtout pas la salir pour
éventuellement la reprendre pour assister aux vêpres.
Pour les femmes et les jeunes filles, l'entrée de l'église cheveux au vent était
interdite, elles devaient se coiffer d'un chapeau ou d'un foulard de soie.
Marcel
Les fêtesLes grandes fêtes d'été, Pâques, la Saint-Pierre (fête patronale), la communion
solennelle, la confirmation, la mi-août, la Toussaint et Noël étaient très suivies.
Pour ces fêtes comme pour les mariages et les enterrements, les hommes
portaient le beau costume, noir de préférence (ce costume était appelé le nocial,
c'était le costume de mariage).
Solène
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Pour les fêtes d'été, les dames sortaient une nouvelle robe le plus souvent
fabriquée par la couturière du pays. La modiste créait pour la circonstance un
nouveau chapeau plus ou moins original porté par les châtelaines. Les
commentaires allaient bon train sur la tenue et surtout sur la coupe de cheveux
et le chapeau de Mme Untel. La coiffe avait disparu début 1939, on ne trouvait
plus de repasseuse.
Marcel
Clara
Tenue de travail La tenue de travail des hommes variait selon leur profession : pantalon de
velours et chemise à carreaux, aux pieds des sabots de bois. Autour de la taille
on enroulait à même la peau une ceinture de flanelle en faisant plusieurs tours,
ceci pour éviter le refroidissement et absorber la transpiration. Elle servait aussi
à éviter le tour de rein lors des durs travaux de portages (chargement des gerbes
de blé ou des sacs de blé au pied de la vanneuse lors des battages).
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Clara
Aux pieds on commençait à porter des brodequins pour protéger les mollets.
On portait des bandes molletières ou des bottes par temps de pluie. L'usage des
bandes molletières venait de l'armée lors du service militaire, ils étaient utilisés
jusqu'en 1940.
Sur la tête comme couvre-chef, on portait l'été le chapeau de paille, à l'inter-
saison on portait la casquette pour se protéger du soleil. Les lunettes de soleil
n'existaient pas.
Marcel
Trempés ou frigorifiés, certains jours d’hiver Dans les années 1945-1950, nous allions à pied à l’école St-Joseph à
Carquefou. Nous avions un kilomètre à parcourir. Ce n’était pas beaucoup car
d’autres camarades, venant de la Gouachère, parcouraient jusqu’à sept
kilomètres. Pour moi, c’était suffisant pour que je me rappelle le froid sur les
jambes et les pieds, en rentrant dans la classe, les matins d’hiver. Nous étions
vêtus d’une culotte courte (short), d’une blouse, et chaussés de galoches (sorte de
brodequins avec semelle en bois).
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Romain
Entre la tenue d’été et celle d’hiver, il n’y avait que peu de différence :
simplement un pull-over en plus que nous prenions à la mauvaise saison. En cas
de pluie, nous enfilions un capuchon (imperméable), mais il ne fallait pas
l’oublier le matin car, dans ce cas, nous restions trempés en classe toute la
journée.
Maurice
Léa D
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Les habits du dimanche- 1953Autrefois selon les circonstances nous avions des habits différents. Il y
avait les habits du dimanche, qui avaient été ceux des grandes occasions, et qui
un jour deviendraient ceux de la semaine s’ils n’étaient pas devenus trop petits.
En 1953, ma mère m’avait acheté une jolie veste bleue, avec
un crochet qui fermait le col, celle que je porte sur la photo,
ainsi qu’un chapeau rond à peu près de la même teinte.
Pour compléter cette tenue, la couturière m’avait fait une
jupe plissée écossaise avec des bretelles réalisées dans le
même tissu. Je portais aussi un corsage blanc avec un col
Claudine et des manches ballon, j’avais des chaussettes
blanches et mes pieds étaient chaussés de sandalettes en
cuir marron. C’était ma tenue du dimanche pour le printemps, celle que je
mettais pour aller à la messe. Maman m’avait également offert un petit sac à
main, assorti à mes chaussures, afin d’y ranger un mouchoir blanc brodé et un
petit miroir offert par le coiffeur. J’y mettais également mon petit porte-monnaie
avec les quelques pièces de monnaie destinées à la corbeille de la quête.
Paulette
Romane
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Vers 1955Quand j’étais petite fille vers 1954, pour aller à l’école, ma mère me mettait
toujours une blouse en coton pour protéger mes vêtements. Mais on n’en mettait
pas le dimanche car on allait à la messe et la tenue était spéciale ce jour là.
Kelig
En 1956, pour ma communion, j’ai dû aller chez le coiffeur, pour faire une
indéfrisable avec des rouleaux chauffants qui pesaient très lourds et qu’on devait
garder un certain temps ! Moi qui avais les cheveux raides, je me trouvais
affreuse !
Pour le dimanche de Pâques, j’avais toujours une tenue neuve cousue par
la couturière et on devait aller la voir plusieurs fois pour les essayages.
Mon grand-père qui était responsable du jardin potager ne jardinait qu’avec
des sabots de bois pour bêcher ou désherber.
Colette
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Ma tenue d'un dimanche d'été - 1956 (j’avais 8 ans)Chacun avait son « habit du dimanche » et ce jour-là, je me souviens, nous
nous rendions à la messe avec mes parents, dans la grande traction Citroën
noire.
Claire
Mes socquettes blanches et mes vernis noirs aux pieds, ma petite robe à
carreaux Vichy roses et blancs, froncée à la taille et à manches ballon, j’allais,
fière de ma tenue, serrant fort la main de maman. A cette époque j’avais encore
de longs cheveux fins qui avaient souvent tendance à s’emmêler et à friser, et
nous avions beaucoup de mal à les coiffer chaque matin.
Après la messe, nous attendions dans la voiture, ma mère et moi, le retour de
mon père qui discutait avec ses copains au bistrot. Pour me faire patienter, ma
mère m’achetait à la boulangerie proche, du réglisse, vous savez la grande bande
noire de réglisse roulée en forme de colimaçon, avec une dragée rouge au centre.
Marie-Agnès
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Loris
Ma tenue d'écolier - 1959 (j’avais 9 ans)Pour nous rendre à l’école nous portions comme habillement à cette
époque, une culotte courte, puis des souliers montants qui nous tenaient bien les
chevilles, car l’école était loin de la maison, trois ou quatre kilomètres à pieds.
L’été je portais des sandalettes toujours afin de bien tenir les pieds.
J’avais également un petit blouson pour l’hiver et une chemise peu épaisse
pour la chaleur de l’été. Mon père portait aussi un gros veston bien chaud pour la
saison d’hiver, qui portait le nom de « canadienne ».
La coiffure était toujours très courte et bien propre afin d’éviter les fameux
poux qui existaient déjà. D’ailleurs le maître faisait souvent l’inspection. A ce
moment-là je me demandais toujours pourquoi il nous regardait si souvent les
cheveux, maintenant j’ai compris.
Alain
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Les vêtements d'aujourd'hui
Aujourd'hui, nos vêtements ne sont plus pareils qu'avant. Nous avons
le droit de mettre les habits que l'on veut, à l'école bien sûr !
On est plus à la mode moderne: on a des tee-shirt, des jeans et d'autres
vêtements.
Kelig
Maintenant, on s'habille avec les vêtements que l'on souhaite sauf
déguisement et maillot de bain. (On ne peut pas se balader comme cela).
Et le dimanche, on s'habille un peu plus chic. Autrefois, on avait des
costumes. Maintenant , on a des pulls, des jeans, des pantacourts, des
jupes.....
Romane
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6. L'hygiène
Sans eau courante L’eau courante, quel progrès ! Nous ne connaissions pas les douches. Tous
les matins, nous nous débarbouillons le visage avec une serviette. Un coin de
celle-ci était trempée dans l’eau froide et savonnée pour se laver, l’autre coin
servait à s’essuyer. La grande toilette se faisait le samedi soir dans une grande
bassine.
Maurice
Roxane
Mes parents allaient chercher l’eau au puits à plus de cent mètres. Ils la
remontaient avec un seau accroché au bout d’une chaine qui s’enroulait autour
de ce que nous appelions un « vir « : bois rond sur lequel s’enroulait la chaine.
Un groupe moteur électrique-pompe a été installé en avril 1947. Quel progrès,
car il évitait des transports pénibles. Avant cette installation, il fallait faire le
trajet au puits plusieurs fois par jour pour ramener deux seaux de dix litres, un
dans chaque main . C’était très appréciable de n’avoir qu’un robinet à ouvrir pour
avoir de l’eau!
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Charlène
Un détachant efficaceA l’école, les conseils de propreté étaient fréquents. L’instituteur était très
exigeant, il vérifiait nos mains à chaque entrée en classe pour voir si elles étaient
propres. Un midi, avec mon frère, nous revenions déjeuner à la maison, il faisait
très chaud. Notre curiosité était attirée par le goudron de la route qui fondait.
Yann
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Nous avons pris plaisir à en faire des boules avec nos mains qui ont vite été
toutes noires. Arrivés à la maison, nous avons essayé de les nettoyer, mais le
savon et l’eau n’enlevaient rien. Nous avons donc été contraints de manger avec
des mains sales. Nous étions très inquiets car l’instituteur ne nous aurait pas
acceptés ainsi dans la classe . Ce jour- là, nous mangions des galettes de blé noir
(sarrasin) au beurre et surprise, le goudron s’en allait de nos mains! Nous
venions de découvrir un détachant très efficace pour les tâches de goudron. Nous
avons donc utilisé du beurre fondu pour nettoyer nos mains et nous avons été
sereins pour repartir à l’école.
Maurice
Ethan
La toilette vers 1950 Petite fille, je me lavais les mains avec un broc d’eau, souvent dans l’évier,
et la figure avec un gant de toilette, et c’était fini. Nous n’avions pas l’eau
courante et elle venait du puits devant la maison. Le dimanche, maman faisait
chauffer beaucoup d’eau sur la cuisinière à charbon et la versait dans une
baignoire en zinc placée devant la cuisinière pour ne pas avoir froid l’hiver. L’été,
s’il faisait chaud, on faisait chauffer l’eau au soleil. Mon frère passait avant ou
après moi, dans la même eau.
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Vers 1956, nous avons déménagé et pour la première fois nous avons eu
une salle de bain avec une douche. Ma tante venait quelquefois profiter de la
douche pour son fils car elle n’en possédait pas encore.
Colette
Gaspard
La toilette vers 1950-195Ces années-là nous habitions un petit village du bord de Loire, notre
maison ne comprenait que deux pièces, un grenier, une buanderie, un caveau et
la petite cabane au fond du jardin où se trouvaient les cabinets.
Il n’y avait pas de service d’eau, pas de tout à l’égout, pas de WC dans la maison,
parfois pas d’électricité à cause des plombs qui sautaient souvent. Pas de four et
de plaques électriques pour cuire les repas, pas de réfrigérateur, pas d’évier ni
robinet d’eau froide et chaude, pas de lavabo ni de douche et encore moins de
baignoire, pas de sanitaires donc pas de WC à l’intérieur de la maison. Comment
faisiez-vous, me direz-vous ?
Afin de vous expliquez cela, je vais faire appel à la petite fille de 9 ans que j’étais
alors, tenez tout juste votre âge!
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La cuisine était le lieu de séjour et de salle de bains. Mais nous avions une
cuisinière à charbon qui, en hiver, chauffait pendant toute la journée. Le matin
maman « ragalait » les cendres encore tièdes avec le tisonnier pour faire repartir le
feu, afin de chauffer le lait et le café du petit déjeuner.
Les plaques de la cuisinière gardaient la chaleur toute la journée, ce qui
permettait d’avoir de l’eau chaude en permanence grâce à la bouilloire en
aluminium qui y était posée. Nous avions aussi un petit réchaud à alcool à
brûler pour les cas d’urgence lorsque la cuisinière était éteinte.
Jules
Le matin, maman allait dans le jardin pour tirer l’eau de la citerne, pour
cela elle se servait d’un seau en zinc attaché par une corde, puis elle vidait cette
eau dans un broc qu’elle ramenait à la maison. Dans la cuisine il y avait un coin
toilette, il se composait d’une petite table juponnée d’un rideau à fleurs et
surmontée d’un miroir. La toilette du matin était vite expédiée, autant dire que
nous faisions la toilette du chat, nous nous débarbouillions en trempant le gant
de toilette dans l’eau qui avait été versée dans une cuvette émaillée blanche et
décorée d’un petit liseré bleu. Une savonnette, une serviette, un gant, un peigne,
étaient les objets à notre disposition, ainsi qu’un gobelet en aluminium rempli
d’eau, un tube de dentifrice et une brosse pour se laver les dents une fois par
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jour. Il y avait aussi un flacon d’eau de Cologne, une boite de crème Nivéa, un
shampooing sous forme de berlingot Dop et de la brillantine pour fixer les
cheveux.
Nous les enfants, notre grande toilette avait lieu le samedi en fin d’après-
midi. L’hiver notre mère plaçait un baquet en zinc dans la cuisine, il servait de
baignoire en étant rempli avec de l’eau à bonne température. En tant que fille et
benjamine j’étais la première à me laver dans une eau bien propre, ensuite, après
avoir rajouté de l’eau chaude, elle servait également au bain de mes frères jamais
très pressés de se laver. L’eau sale était ensuite déversée dans le jardin.
Le dimanche matin, pendant que nous les enfants étions à la messe, nos
parents prenaient leur bain de la même manière. Parfois le samedi soir, après la
journée de travail, mon père pouvait prendre une douche aux chantiers navals,
c’étaient à cette époque «Les chantiers de la Loire ».
L’été nous procédions de la même façon, seulement le baquet était rempli
d’eau froide laissée à chauffer en plein soleil dans la cour, c’était plus agréable de
se laver dehors sans risque de se faire gronder parce que l’eau débordait et
inondait le parquet.
Paulette
La propreté - 1958 (j’avais 8 ans)Dans les années 1958 nous n’avions encore pas de douche ni de baignoire,
alors nous nous lavions dans une bassine.
Maman faisait chauffer l’eau dans une bouilloire, puis mettait l’eau dans
une bassine et nous lavait avec un gant et du savon de Marseille, le visage, puis
les mains avec les ongles bien brossés et coupés, enfin le reste du corps. A notre
arrivée à l’école, le matin, le maître vérifiait nos mains, nos ongles, si le visage
était propre et les cheveux bien coiffés. Si les mains de l’élève n’étaient pas
propres, il devait descendre au lavabo dans la cour, et devant le concierge, se
relaver les mains.
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Le maître inscrivait cet incident sur le cahier de liaison à l’intention des
parents qui devaient le signer et l’élève le rapportait le lendemain, et le maître
vérifiait à nouveau les mains de l’élève.
Nous trouvions alors très dure cette inspection de tous les jours, mais en y
réfléchissant maintenant, elle nous a permis d’apprendre la propreté.
Alain
Zoé
Comment on se lave maintenant ?
Nous nous lavons le corps entièrement dans une douche ou nous
prenons un bain dans une salle de bains tous les jours. Alors qu'autrefois
nous nous lavions dans une bassine.
Il y a au moins une salle de bains dans chaque maison.
Maintenant, on utilise des toilettes confortables qui sont dans la
maison. Avant, on faisait nos petits besoins dans un grand pot. C'était plus
difficile.
Roxane et Ethan
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7. La santé
Les maladies en 40/45La population rurale était protégée par sa robustesse naturelle et bénéficiait
d'une alimentation plus abondante et plus équilibrée que les réfugiés. Les moyens
sanitaires, permettant de venir en aide à cette population étaient misérables.
Le cortège des maladies de la misère et du froid, de la saleté et de la faim
était long: gales, dartres, impétigos, furoncles, poux, mais aussi le rachitisme et
la tuberculose, sans parler des problèmes dentaires et oculaires. La maladie et la
mort fauchaient les plus fragiles, en particulier pendant le grands froids de 1941
et les grandes chaleurs.
Hippolyte
On utilisait la moutarde pour les cataplasmes, les sangsues et les
ventouses pour évacuer l'infection. On fabriquait soi-même ses pommades et ses
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onguents pour soigner engelures, brûlures, crevasses, dartres, clous. On
recherchait ceux qui avaient des dons, des talents de guérisseurs et de
rebouteux. Quand tout avait échoué restaient les neuvaines, les scapulaires et les
invocations à la Vierge et l'Ange Gardien.
Marcel
Vaccinations dans les années 1945-1950 En matière de soins dans le cadre de l’école, j’ai le souvenir des
vaccinations. Il y avait les « cutis » . C’était pour vérifier si notre organisme avait
été en contact avec le microbe de la tuberculose. C’était une maladie assez
répandue et grave à cette époque-là, surtout si elle n’était pas décelée à temps.
L’instituteur nous répétait souvent « La tuberculose est la maladie des enfants
qui touchent à tout«. Il nous incitait par là à la propreté de notre corps, pour être
en bonne santé. D’autres vaccins nous étaient injectés par piqûres. Je n’aimais
pas cela car à chaque fois, je tombais dans les « pommes » (évanoui).
Maurice
Une mésaventure chez le dentiste
Léa B
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Depuis quelques temps déjà je souffrais d’un mal de dent, on ne me parlait
pas encore de carie, j’avais une dent gâtée et pour la première fois ma mère me
conduisit chez le dentiste.
Après un temps d’attente ce fut mon tour de m’allonger sur le fauteuil,
« ouvre la bouche » me dit-il. J’avais peur mais malgré tout je le fis. Ce ne fut pas
très long, il introduisit ses doigts pour toucher la molaire douloureuse, à cet
instant la douleur fut si forte que je refermais violemment la bouche en mordant
les doigts du dentiste.
Lou
Surpris et en colère, il avait sans doute eu mal, il refusa de me soigner en
disant à ma mère que j’étais mal élevée. Cela me convenait bien puisque de toute
façon je ne voulais plus ouvrir la bouche, et surtout pas pour qu’il y mette les
doigts.
J’ai souffert, à vraiment en baver, toute seule dans mon coin avec des
caries sur mes dents de lait, mais ma mère ne m’a plus jamais accompagné chez
un dentiste.
Paulette
Vous avez dit malade ? Maladies ? Docteur ?
Bien sûr nous avions une petite armoire à pharmacie à la maison, elle
contenait le minimum nécessaire pour les petits bobos, c’est à dire un
thermomètre médical, du coton hydrophile, de la gaze, des bandes Velpeau, un
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désinfectant, du talc, un tube de vaseline et de l’aspirine sous forme de
comprimés d’Aspro et un flacon de sirop des Vosges.
Au moment de changement de lune j’avais parfois une crise de montée de
vers intestinaux, « elle a les vers » disait ma mère en reconnaissant les
symptômes et mon haleine avait l’odeur particulière de l’acétone. Elle me donnait
du vermifuge qui était une sorte de sirop, mais souvent ce n’était pas suffisant.
Dans ce cas, elle ou mon père m’emmenait chez la baisseuse de vers qui utilisait
de l’ail préconisé pour ce problème. On m'en faisait un collier qui avait la
réputation d’empêcher les vers de monter au cerveau et je devais le porter autour
du cou pendant plusieurs jours. Je prenais aussi de l'ail cuit et écrasé dans du
lait à avaler de suite. Parfois elle disait que les vers étaient montés à la tête, et ça
c’était dangereux car il y avait un risque de méningite. Alors elle me faisait un
massage du bout de ses doigts enduits d’une huile spéciale, partant de l’arrière
des oreilles elle massait lentement en descendant vers la base du cou.
Elle disait que ces petits vers blancs, les oxyures, pouvaient se répandre
dans les poumons, le foie, vers le cœur et tous les organes du corps, mais après
quelques instants de soins les vers redescendaient dans les intestins et le
lendemain matin ils étaient morts et évacués dans les excréments.
J’étais également sujette aux angines rouges, la fièvre s’installait et la
température montait très vite. L’intérieur de la gorge ainsi que les amygdales
enflaient douloureusement empêchant d’avaler et aussi de parler. Le docteur
venait à la maison pour m’examiner et faire une ordonnance. La plupart du
temps il préconisait des suppositoires pour faire baisser la fièvre, un sirop à
l’eucalyptus et, horreur, des badigeons à appliquer au fond de la gorge.
La méthode consistait à fixer de la gaze sur un bâtonnet, et à l’enduire d’un
antiseptique de couleur rouge. Ensuite ma mère introduisait le tout jusqu’au fond
de la gorge afin de la badigeonner avec le produit. Ce qui me provoquait des
hauts le cœur en me donnant envie de vomir. Après quelques jours de ce
traitement j’étais guérie.
Paulette
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Soins par les plantes et ventousesOn se soignait surtout par les plantes car les grands-mères avaient
beaucoup de recettes. Je me souviens aussi avoir eu un cataplasme de moutarde,
très chaud sur la poitrine, car je toussais. J’ai vu aussi comment on passait une
flamme dans des ventouses (sortes de pots de yaourts en verre) pour vider l’air et
on en appliquait une douzaine sur le dos du malade qui avait une bronchite.
C’était impressionnant de voir la peau qui se gonflait dans ces pots très chauds !
Colette
1960 (j’avais 12 ans)Il n’y avait pas d’eau courante à la maison, il fallait aller pomper l’eau au
puits et la mettre à chauffer sur le coin de la cuisinière à charbon, puis nous la
mettions dans une bassine pour faire notre toilette.
Si parfois, j'attrapais froid et que le rhume me rendait malade, j’avais droit
au cataplasme de moutarde sur la poitrine. Aïe aïe aïe comme il piquait et brûlait
à la longue! Mais je préférais encore le cataplasme aux terribles ventouses que
mon père devait supporter sur le dos, quand il avait la grippe.
Je frissonnais de voir ces petits pots de verre retournés sur la peau et dans
lesquels on avait mis un coton enflammé pour faire le vide d’air et aspirer le mal.
Marie-Agnès
Les visites médicales à l'écoleLors des visites médicales à l’école des garçons, un médecin venait dans
chaque classe. C’était souvent une dame, très gentille d’ailleurs : elle rentrait
dans la classe, nous disait : « bonjour les petits, la visite médicale». Chacun à
notre tour, torse nu, nous montions sur l’estrade et passions devant elle. Elle
auscultait chacun avec son stéthoscope, puis nous disait avec une petite tape
dans le dos : » retourne à ta place mon petit poulet ».
Alain
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8. Les métiers
Couturière, le métier de ma mère : Apprentissage : 1939, Cours de coupe : 1942
Zoé
Ma mère avait appris la couture très jeune, car à cette époque on quittait
l’école dès 12 ans. Elle suivait un apprentissage de couturière chez Madame
Marie-Louise Gombaud à Carquefou. A 15 ans, voulant se perfectionner dans la
coupe, elle se rendait aux cours à Nantes même sous les bombardements. Elle
allait à vélo jusqu’au Croissant et là prenait le tramway jusqu’au centre.
Elle était une couturière très recherchée parce que son travail était
irréprochable. Vers 1958, une grande maison de couture de Nantes, spécialisée
dans le Prêt-à-porter (Adri) lui avait même suggéré de travailler pour elle, à son
domicile. Cela dura quelque temps, mais lasse de confectionner des vêtements en
série, et devant la pression constante du responsable pour la réalisation du
travail, elle préféra stopper ces travaux, se réservant à ses seules clientes.
Elle travaillait à la maison, avait quelques ouvrières, et recevait ses clientes
afin de choisir, dans un premier temps, le modèle du vêtement, et de prendre les
mesures. La cliente achetait son tissu au métrage dans un des nombreux
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magasins qui existaient à cette époque à Nantes, puis revenait avec. C’est là
qu’enfant, j’aimais me cacher sous la table, tirer discrètement un morceau du
tissu neuf pour en respirer son odeur. Ensuite la même cliente repassait une,
voire deux fois essayer son vêtement avant sa confection.
Lou
Ma mère aimait tant son métier qu’elle y passait ses journées et même ses nuits,
penchée sur son travail et devant sa machine à coudre, surtout quand elle devait
terminer la robe de mariée promise au petit matin et toutes les robes du cortège
qui suivait.
Marie-Agnès
Léa B
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Les outils agricoles des années 1940-1950 Dans les fermes à cette époque-là, les surfaces occupées par les prairies
naturelles (prés qui n’avaient jamais été labourés et ensemencés) étaient
importantes. Cependant, plusieurs hectares étaient labourés pour les cultures.
Loris
Les outils étaient tractés par des animaux, soit une paire de bœufs ou de
chevaux attelés l’un à coté de l’autre. Pour d’autres travaux moins durs et plus
délicats, ils l’étaient par un cheval ou une vache. Les labours consistaient à
retourner la terre avec une charrue appelé brabant. Les travaux de préparation
du sol avant les plantations ou semis (ameublissement, émiettement de la terre)
s’effectuaient avec un cultivateur (outil à dents recourbés et à ressort ), une
herse, un rouleau … La charrue servait aussi à faire les sillons sur lesquels les
choux, les betteraves étaient plantés. Les pommes de terre étaient plantées
(déposées) à la main dans le creux du sillon et recouverte avec une petite charrue
à un versoir. La houe servait à sarcler entre les sillons.
Dans les vignes qui étaient toutes labourées dans ces années-là, un cheval
tractait la petite charrue. Pour retourner la bande de terre auprès des ceps, on
utilisait la décavaillonneuse. La herse ronde et la canadienne (outil dont les
dents ressemblaient au cultivateur, mais plus petit) étaient également utilisées
dans les vignes.
68
Maxime
Tous ces matériels n’empêchaient pas les nombreux travaux manuels à
effectuer par le paysan et sa famille : le sarclage, les semis, les plantations,
l’éclaircissement pour certains légumes, les traitements, les récoltes dont les
vendanges.
A Carquefou, la première C.U.M.A. (Coopérative d’Utilisation de Matériels
en Commun) a été créé en 1925. Elle a permis l’achat de batteuses à céréales et
de locomobiles (locomotives à vapeur) pour les faire fonctionner. Les agriculteurs
s’organisaient en compagnie par quartier. Ils s’entraidaient pour les battages car
le chantier nécessitait 30 à 40 hommes autour de la batteuse. Les matériels
d’aujourd’hui et les nouvelles méthodes de culture ont beaucoup diminué la
pénibilité des travaux agricoles.
Maurice
69
Les artisansLa roue en bois fut remplacée par le pneumatique (construction de plateau
tiré par le cheval ou remorqué par un tracteur).
Ce fut la disparition des métiers manuels, l’écolier ne verra plus l’ouvrier au
travail car auparavant, le plus souvent, ce métier se passait à la vue des gens: le
maréchal ferrant posant le fer sur le pied avec cette odeur de corne brûlée, le
charron procédant au ferrage des roues auprès d’un grand feu de bois pour la
dilatation du fer avant la pose sur la roue dans un nuage de fumée et de vapeur
pour refroidir le fer après arrosage. Belle leçon de choses sans les livres!
Marcel
L'atelier du bourrelier -1955Lorsque j’emménageai à Carquefou, en septembre 1982, je découvris que
dans la rue du IX août 1944, il y avait un magasin qui était aussi un atelier où le
bourrelier réparait les sangles et tout ce qui était en cuir, tandis que sa femme
dans la pièce à côté fabriquait des matelas.
Charlène
70
Cette rencontre me ramena par la pensée en l’année 1955, j’avais 11 ans et
nous venions d’emménager dans une nouvelle ville. Ma mère était commerçante,
elle avait acheté un fond de commerce de vêtements et mercerie au centre du
bourg. Notre proche voisin avait un atelier de bourrelier et sa femme était
tapissière matelassière. Je rendais parfois visite au bourrelier dans son magasin,
c’était aussi l’atelier et les odeurs de cuir de colle, de crin se mêlaient toutes
ensemble créant une ambiance très particulière.
Près de l’entrée et de la vitrine du magasin, il y avait une très vieille
machine à coudre le cuir qui fonctionnait par un mouvement des pieds sur une
sorte de pédale. Un poêle rond en fonte chauffait une casserole noircie et
cabossée contenant de la colle fabriquée avec de la peau de lapin. Un très grand
et vieil établi en bois était adossé au mur du fond sur lequel de nombreux outils
étaient accrochés. Il y avait des marteaux de différentes grandeurs, des pinces et
des tenailles dont la forme variait en fonction de leur usage, des emporte-pièce,
des cales, des serre-joints et un très gros étau fixé sur l’établi. Il y avait aussi des
alènes dont se servaient le bourrelier pour percer le cuir, des bobines de gros fil,
de la poix, des échantillons de cuir de plusieurs couleurs et épaisseurs, des
pointes, et des clous de tapissier et beaucoup d’autres choses encore.
Léa D
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Le travail de ce bourrelier consistait à fabriquer ou à réparer des harnais et
courroies en cuir qui servaient pour l’agriculture et l’élevage. Mais il recousait
aussi les cartables, les sacoches de vélo, les ceintures, ceinturons et vêtements
du style canadienne ou blouson dont le tissu était très épais.
Comme tous les artisans, il portait des vêtements de travail peu fragiles, et
surtout un grand tablier de cuir qui le protégeait lorsqu’il travaillait en posant les
objets sur ses genoux. Il ne portait pas de chaussures, mais des sabots sous
lesquels il clouait des protections en caoutchouc.
Paulette
Tenues de travailLa tenue de travail des différents artisans variait d'un métier à l'autre, le
forgeron, le maréchal ferrant, le bourrelier, le sabotier et divers métiers portaient
un tablier de cuir pour se protéger des étincelles ou blessures pouvant être faites
par leur outillage.
Les ecclésiastiques portaient la soutane et la barrette, plus tard le béret noir. Le
facteur comme le chef de gare ou le militaire de carrière portait le képi, le respect
des autorités était important.
Marcel
Le travail du papa charbonnierPapa avait un travail ingrat et dur à la fois, puis très salissant, car il
fabriquait des boulets et des briquettes de charbon dans une usine nantaise: Les
Charbonnages. Les briquettes étaient destinées aux locomotives des chemins de
fer, et les boulets pour chauffer les particuliers. Le livreur de charbon qui nous
apportait les sacs de charbon de 40 kgs, sur son dos, devait les monter soit dans
les greniers soit les descendre à la cave. L’hiver ces boulets de charbon mis dans
la cuisinière nous chauffait ainsi que l’eau pour la cuisine ou la toilette.
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Je me souviens, papa partait le matin tout blanc, et je le revois le soir
revenir tout noir de suie, sauf le blanc de ses yeux, mais qu’il était beau papa, et
dur métier que le sien !
Alain
Axel
L'industrie à CarquefouEn 1964, j’ai été reçue au concours de contrôleur de la Poste à Nantes. Je
me suis mariée et mon mari a recherché un travail dans la région. Il a trouvé
dans une usine, dans la nouvelle zone industrielle à Carquefou, à la SERCEL
(Société d’études et de recherches électroniques). C’était le début de l’électronique
pour la recherche du pétrole.
En 1976, les premiers lotissements sont apparus à Carquefou. Nous avons
fait construire une maison, près de la zone industrielle et mon mari allait à son
travail à pieds. Son travail était très technique et changeait de l’habitude très
agricole de Carquefou.
Colette
73
Institutrice en classe uniqueEn septembre 1967, j'ai été nommée institutrice d'une classe unique, dans
une commune rurale proche de Nantes. A la rentrée, j'avais 28 élèves, en majorité
des garçons (les filles étant à l'école libre).
Les débuts ont été difficiles pour moi car il fallait organiser la journée de
travail pour tous les niveaux. Par exemple, quand j'apprenais à lire aux élèves du
CP, il fallait que les deux petits « de maternelle », les « CE », les « CM »,et l'unique
élève de « Certificat d'Etudes Primaires» soient occupés à des exercices écrits.
J'avais de la chance d'avoir des élèves très sages, très disciplinés. Ils
portaient tous une blouse, comme moi-même.
Juliette
En y repensant maintenant, malgré les difficultés que j'ai rencontrées, je
peux dire que c'est une année qui m'a marquée mais aussi et surtout qui m'a
laissé de très bons souvenirs.
Annik
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9. Sports et loisirs
Le sport et la musique m’ont fait vivre de bons momentsJ’ai eu la chance de pratiquer plusieurs disciplines sportives. Enfant, c’était
la gymnastique. Je n’étais pas brillant car j’étais très raide. Malgré tout, je garde
le souvenir des concours où je faisais la fête avec les copains. Ensuite, j’ai joué
trois années au foot de 14 à 17 ans, cela me plaisait (je suis toujours un
supporter du F.C.Nantes), mais j’avais besoin d’essayer un autre sport.
Sarah
Ce fût l’athlétisme, le cross. Des compétitions étaient organisées par les
jeunes entre eux, dans le monde rural du département. J’y ai participé. Nous les
appelions les coupes sportives rurales. Carquefou a souvent brillé car l’équipe
bénéficiait des conseils d’entrainements de ceux qui étaient licenciés dans un
club de Nantes : l’Entente Sportive St Pierre. Nous prenions plaisir à nous
mesurer aux autres, sur les courses à pied, le lancer du poids, le saut en hauteur
ou en longueur… même si parfois l'esprit de gagner à tout prix gênait trop les
participants des petites communes moins favorisées.
75
Par ailleurs, j’ai participé à un groupe de musique de l’USJA : la clique. J’y
jouais du clairon. Le festival départemental était grandiose. C’était extraordinaire
lorsque plus de cinquante fanfares interprétaient le même morceau de musique!
Maurice
Clara
Un numéroUne première prise de contact avec la gym avait marqué ma jeunesse. De
bonne heure après la libération, avec un groupe de copains, on a relancé cette
activité. Nous avions la chance de posséder l’équipement de nos anciens (barre
fixe, barre parallèle, tremplin), ce qui nous permettait de faire de la voltige. Plus
tard on fabriqua un cheval d’arçon et de voltige. Comme tapis de sol nous eûmes
un vieux tapis de salon de trois mètres sur quatre, acquis à la salle des ventes de
Nantes, ce qui nous permis d’amortir les chutes au sol. Grâce au travail aux
agrées et au sol, nous avons amélioré notre souplesse.
L’équipe se prenant au jeu, on créa de nouveaux numéros. La chance nous
aidant, on construisit grâce au métier un portique de quatre mètres de haut,
maintenu par des haubans, des piquets et des tendeurs avec des poteaux
enfoncés dans le sol pour maintenir la structure verticalement. Après le retour du
régiment est venue l’idée de monter un numéro de fildefériste appelé « Les
Bernardos ». Ce fil était tendu par un palan abandonné par l’armée en déroute en
76
1940. Le fil d’une vingtaine de mètres de long avait été trouvé dans une décharge
et grâce l’amabilité du chef de chantier, étant donné l’objet sportif de notre
démarche, il nous l’offrit gratuitement en nous disant d’oublier d'où il venait.
A partir de là, cela nous permit de créer des numéros au portique appelé
« Les Marcellys », « Les Acros-Stils », un numéro de clowns acrobates. Cela nous a
aidé à meubler un après-midi de fête au cour d’une quinzaine de sortie à travers
et hors du département.
Marcel
Une grande manifestation de gymnastique, juillet 1954A la fin de l’année scolaire, qui se terminait le 14 juillet, l’amicale laïque de
l’UMP organisait une journée de compétition de toutes les disciplines de
gymnastique, des barres parallèles et du cheval d’arçon à la poutre, au saut en
hauteur et en longueur, sans oublier la course à pied et de relais, et les haltères.
Les clubs de sport étaient invités, ainsi que les écoles laïques qui ouvraient les
festivités par une grande démonstration de mouvements d’ensemble.
A l’école, en prévision de cette grande journée, pendant le cours de
gymnastique, un samedi après-midi sur deux, on nous faisait travailler sur un
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thème de mouvements des bras et de rotation du corps tout en conservant une
place précise désignée pour chaque élève.
Lorsque le grand jour enfin arriva, tous les écoliers accompagnés par les
maîtresses et maîtres d’école, furent transportés en autocar jusqu’au stade de
football qui avait été choisi pour cette occasion. Plusieurs écoles étaient
représentées, rassemblant garçons et filles tous vêtus de la même tenue,
pantalon ou jupe plissée bleu marine et tricot blanc. Ce jour-là, il faisait très
beau et chaud sous le ciel bleu de l’été.
Claire
La fanfare, vêtue également en bleu et blanc, jouait de la musique en
défilant sur le stade. Tambours, grosses caisses, trompettes, cors et trombones
faisaient une belle harmonie que tout le monde applaudissait. Puis les enfants
furent invités à prendre place sur les emplacements prévus et numérotés par
classe sur le terrain de football. C’était très impressionnant de participer à cette
manifestation mais aussi angoissant dans la crainte de se tromper de
mouvements. Je me souviens également de la chaleur et de la poussière, et
surtout que nous avions très soif lorsque nous sommes remontés dans le car.
Paulette
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Goal au Handball !Le sport que j'ai pratiqué tout d'abord a été la marche à pied pour me
rendre à l'école primaire et en revenir, cela quatre fois par jour.
Puis au Collège, où j'allais également à pied, il y avait les cours d' éducation
physique qui me plaisaient beaucoup (ce qui n'était pas le cas de presque toutes
les filles de ma classe !) et j'ai participé à des sports collectifs dont le handball. Je
faisais partie de l'équipe du collège qui jouait parfois à l'extérieur.
Je me souviens d'un match qui avait lieu à Angers. Ce jour-là, je
remplaçais la goal (je ne sais plus pourquoi) et « j'étais dans mes petits souliers » :
je portais des lunettes mais pour éviter qu'elles ne soient cassées (car elles
avaient coûté très cher à mes parents) je les ai enlevées et alors je voyais moins
bien donc vous pouvez imaginer la suite.....nous avons perdu le match.
Axel C
A cette époque, il n'y avait pas de retransmission à la télé (heureusement
pour moi !) mais nous écoutions en silence, avec notre père, les retransmissions
des match de foot.
Annik
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Les Sports à Carquefou 1957 (j’avais 9 ans)Je n’étais pas sportive du tout, pensez je n’ai jamais réussi à monter à la
corde lorsque j’allais à l’école ! mais, petite, je me souviens j’accompagnais
souvent mon père, car il aimait beaucoup le sport et en pratiquait aussi
beaucoup (le vélo, le football, la marche).
Romain
A Carquefou avaient lieu chaque année au retour des beaux jours, des
courses de vélos autour du bourg et nombreux étaient les spectateurs. J’étais
fière, j’avais un de mes oncles qui courait parmi le peloton et, attentive, je
surveillais le passage des coureurs afin de l’applaudir à chacun de ses tours. Il ne
fut pas souvent le vainqueur, il participait surtout pour le plaisir de la bicyclette,
finissant même souvent le dernier, empochant ainsi la prime offerte au dernier.
Yann
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Chaque dimanche tantôt était aussi organisé un match de football et déjà
on y trouvait de nombreux amateurs. A cette époque le terrain de football se
trouvait encore dans le bourg, là où se situe l’école Louis Armand.
Marie-Agnès
Mon équipe de Volley années 1960Nous étions sept garçons, tous de la même classe, et nous faisions du
volley Ball avec notre entraîneur qui était aussi notre maître. Nous jouions dans
tout le département, car nous étions dans la division cadets, classée 5ème sur une
dizaine d’équipes.
Je me souviens de partir jouer, le dimanche matin, à Ancenis, dans une DS
qui servait d’ambulance dans la semaine, car son conducteur était ambulancier,
et tenait en même temps un café et un tabac.
Nous jouions soit à l’école, le dimanche matin, ou bien sur d’autres
terrains, et souvent devant nos parents, et nous étions fiers et heureux lorsqu’ils
applaudissaient, même si la pluie tombait sur nous.
Alain
Lucas
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Théâtre et culture Le théâtre avait une grande place parmi les activités artistiques. Les spectacle
se déroulait dans la salle paroissiale, le répertoire était varié; presque toutes les
pièces de Labiche ont été jouées. Parmi ces spectacles j’ai noté les Misérables, le
Comte de Monte-Cristo, le Tour du monde en 80 jours, les Cinq sous de Lavarède
et dans le domaine classique L’avare de Molière… A partir des années 70,
succéda une revue humoriste et satirique avec chants, ballets et orchestre
nommé « Carqu Flash » et ce pendant dix ans. Après, tous ces spectacles ont été
interrompus car la commission de sécurité interdisait la salle sauf pour l’arbre de
noël.
Marcel
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Au bord de la mer et à véloMes beaux parents habitaient à Pornichet et dès 1977, nous allions
presque tous les week-end, régulièrement, leur rendre visite en voiture. Mon mari
adorait la natation et a formé nos fils pour qu’ils n’aient pas peur de l’eau, comme
moi. Nous faisions aussi des balades à vélo, en famille, quand nous restions à
Carquefou, sur les petites routes où il n’y avait pas trop de circulation .D’ailleurs
la piste cyclable a été une des premières construites dans la région nantaise.
Colette
Soléa
Les sports d'aujourd'hui
Je fais de la danse. J'apprends plein de choses à la danse. Je tourne, je saute,
je fais du pas chassé... Moi, je fais du moderne jazz.
Solène
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10. Les transports
A pied, à cheval, ou en voiture!
Clara
Enfant entre 1940 et 1950, je me déplaçais à pied à l’école, ou au bourg,
pour faire les commissions (courses). Avec mes parents, nous allions voir nos
cousins à quinze kilomètres, en carriole tractée par un cheval. Avec ce moyen de
transport, j’accompagnais parfois mon père à Nantes pour livrer du vin, des
pommes de terre, du blé … chez des particuliers (des familles). Il fallait faire
attention de bien guider le cheval car les roues de la carriole pouvaient se coincer
dans les rails du tramway.
Soléa
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J’ai eu un vélo personnel à 14 ans. C’était celui de mon frère ainé. Repeint
par le réparateur de cycles, il avait l’aspect d’être neuf. A 18 ans, j’ai pu avoir une
mobylette (vélomoteur). Le service militaire d’une durée de vingt-huit mois, de
novembre 1958 à février 1961, m’a permis d’utiliser le train pour me rendre en
Allemagne. A 25 ans, j’ai pu acheter ma première voiture : une 2 chevaux
Citroën.
Aujourd’hui, les voitures sont plus rapides, plus confortables et plus
sécurisées, encore faut-il pour leur conduite, tenir compte du code de la route !
(le règlement). Le train à grande vitesse (TGV), l’avion ont raccourci le temps de
transport. Ils permettent d’aller dans d’autres pays du monde .
Maurice
A pieds, en train...Quand j’étais petite, je marchais souvent à pieds. Mais j’allais à l’école à
vélo car j’habitais à plus de deux kilomètres. Je laissais mon vélo chez une amie
qui avait sa maison près de l’école. Elle est restée ma meilleure amie depuis le
CP.
Roxane
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Quand j’ai été reçue au BEPC, j’ai eu un vélo solex en cadeau. C’était un
gros vélo noir avec un moteur sous le guidon. J’étais très fière de l’avoir. Mes
parents ont eu une voiture 4 CV, il me semble quand j’avais une dizaine
d’années.
Pour aller d’un ville à l’autre, dans mon département, nous prenions le car,
et s’il y avait une train, nous l’appelions la « Micheline »
Colette
Axel C
L‘estuaire de la Loire 1950 – 1975En 1950, pour aller de l’autre côté de l’eau il fallait prendre le bac… Parfois
pendant l’été, le temps d’une journée nous allions à la mer, c'est-à-dire à
Saint-Brévin. C’était toute une expédition qui s’organisait en rassemblant les
familles de mes oncles, tantes, cousins, cousines. Même grand-mère délaissait
ses aiguilles à tricoter pour nous accompagner. Personne n’avait de voiture et
tous voyageaient à pied ou à bicyclette en transportant les casse-croûtes du midi
dans des musettes, sorte de sac en grosse toile qui se portait à l’épaule en
bandoulière.
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Juliette
Le point de ralliement était la base sous-marine de Saint-Nazaire, située à
quatre kilomètres de notre village, là où se trouvait le quai d’embarquement pour
monter à bord du bateau qui faisait la traversée de la Loire, de Saint-Nazaire à
Mindin. Une cinquantaine de passagers pouvaient prendre place à bord, il y avait
une cabine mais pour éviter le mal de mer nous préférions rester assis en plein
vent sur les bancs de bois. En plus du pilote, deux hommes s’occupaient de la
manœuvre, dont un qui vérifiait les billets de passage. La traversée durait environ
cinquante minutes avec l’accostage d’un quai à l’autre. Après le tantôt passé à la
plage, le soir nous rentrions par le même moyen de locomotion.
Vers l’année 1960, il y eut un grand changement, les bateaux furent
remplacés par des navires plus importants qui étaient construits pour embarquer
beaucoup de voitures et leurs passagers et même plusieurs autocars en une seule
traversée. C’était tout un équipage de marins qui travaillait à bord. En plus des
manœuvres de navigation il fallait diriger le placement des véhicules sur le pont
supérieur.
Enfin, entre 1973 et 1975, enjambant le fleuve, un pont fut construit au-
dessus de la Loire.
87
Claire
Plus de bateaux aux anciens quais de Saint-Nazaire et Mindin, les piliers
d’accostage furent abandonnés. Mais leur présence, aujourd’hui encore nous
rappelle combien ces lieux étaient animés l’été pendant la période des vacances,
surtout lorsqu’il fallait patienter dans une longue file de véhicules en attendant le
prochain bateau et surtout le dernier qu’il ne fallait pas rater, sous peine de
longer la Loire pour la traverser au pont de Pirmil à Nantes.
Paulette
Léa D
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La mobylette
Maxime
On se déplaçait à pieds, puis en vélo, ensuite en car, autobus, et enfin
arriva l’automobile.
Ce qui a le plus marqué mon adolescence ce fut la mobylette. Elle nous
permettait, à mon frère et moi, d’aller très loin et de rejoindre les camarades.
Nous partions dès le matin pour la journée. Pour moi c’était vraiment de la
fatigue en moins de ne plus utiliser le vélo, chaque jour, pour me rendre à mon
travail, où je devais souvent traverser Nantes. Ma mobylette me donnait soudain
un vent de liberté !
Alain
Loris Yann
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11. Les communications
Le temps et les distances sont abolis. Nous sommes témoins de grands
changements :
Le télex devenu le fax
Le téléphone à cadran devenu l’ipad, l’iphone
La TV analogique, devenue TV LCD et bientôt HD (en relief)
La voiture devenue tout électronique
Ambulance Samu, maintenant par hélico pour les grandes distances
La correspondance à la plume devenue internet
Marie-Agnès
Sarah
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Le poste de TSFMes parents avaient acheté un poste de TSF vers 1941, il était posé sur une
étagère murale dans la cuisine et occupait une place bien en évidence, il prit
beaucoup d’importance dans leur vie de tous les jours. Les informations étaient
diffusées sur les ondes radiophoniques. Malgré quelques crachotements et
grésillements, le son passait bien. Le journal quotidien était aussi une lecture
familiale, j’aimais particulièrement les dessins de Daniel Laborde et de son
personnage fétiche, le fameux Lariflette.
Jules
Vers 1950, l’écoute en direct de l’épreuve cycliste du tour de France était
un vrai plaisir pour les sportifs. C’est dans ces années que la notion de loisirs fut
plus ressentie dans ma famille. Le poste de radio diffusait aussi de la musique et
des chansons de Tino Rossi, Fréhel, Maurice Chevalier, Edith Piaf, André
Claveau, Line Renaud, etc…
Les transmissions de pièces de théâtre adaptées pour l’écoute, tout comme
les épisodes des aventures de Arsène Lupin le gentilhomme cambrioleur, nous
préparaient déjà à l’arrivée du petit écran en noir et blanc. Le poste de télévision
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arriva en 1963, une seule chaîne, un seul programme. Des jeux télévisés, comme
L’homme du xxème siècle, le cirque avec La piste aux étoiles du mercredi soir,
Bonne nuit les petits, Tournicoti-tournicoton , autant d’émissions qui, avec Zorro et
Thierry la fronde, ont fait le bonheur des petits et des grands.
Paulette
Romane
Le téléphone
J’ai vu l’arrivée des nouvelles technologies sur la façon de communiquer
par téléphone. Il y a encore cinquante ans il n’y avait pas le téléphone dans
chaque maison, seulement chez les commerçants et les notables de la ville. Le
téléphone comportait un cadran numéroté qu’il fallait tourner selon les chiffres
désirés, et ensuite il fallait attendre bien longtemps avant d’obtenir le
correspondant.
Ensuite dans les années 1970, presque chaque famille possédait le sien et
il était devenu à grosses touches.
Et maintenant qui n’a pas le téléphone chez soi, fixe ou portable ou même
les deux, et pour les ados ou les plus férus de technologies modernes, les ipad,
les itouch’, et j’en passe.
Marie-Agnès
92
Ethan
Un appareil étonnant
Au début des années 90, j'ai utilisé un appareil qui m'a franchement
étonnée. En quelques secondes, je pouvais transmettre, à un correspondant
travaillant à l'autre bout de la France, un document écrit, un dessin ou une
image et il pouvait me répondre de suite et aussi rapidement.
J'étais franchement estomaquée !!!
Quel est cet outil ?.....Le FAX.
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Hippolyte
Mais ce n'est pas le seul appareil qui a changé notre vie de tous les jours.
Si le Fax a "remplacé" le télégramme,
la télévision a permis de voir les images décrites par les voix de la radio,
le tramwway s'est modernisé et on l'appelle maintenant le tram,
la Micheline qui circulait lentement entre toutes les petites villes s'est
transformée en TGV qui roule très, très vite entre les grandes villes,
le disque en vinyle que l'on plaçait sur le tourne-disques est devenu le CD que
l'on emporte partout,
etc, etc.....
Annik
94
12. Regards sur le progrès
Depuis 70 ans, des progrès énormes!
Lucas
Les progrès en matière de communication, de transport, d’habitat, de
confort ménager, de médecine et dans bien d’autres domaines encore, ont changé
notre vie. Pour ceux et celles qui travaillent, la pénibilité physique a diminué car
beaucoup de travaux étaient faits à la main. Il n’y avait pas ou peu de matériels
pour transporter, construire, fabriquer, lever, creuser, semer … Aujourd’hui, il
faut aller de plus en plus vite, ce n’est pas la même fatigue ; celle-ci est plutôt
nerveuse et c’est parfois difficile pour certains travailleurs.
Le chauffage dans les maisons, n’était souvent qu’un foyer ou une
cuisinière à bois. Le linge était lavé dans une lessiveuse (récipient en fonte dans
laquelle l’eau était chauffée avec du bois) car les machines à laver n’existaient
pas.
95
Charlène
Autrefois, les gens vivaient moins vieux car il y avait peu de possibilités de
diagnostics (exemple : les progrès en radiographie) et de traitements pour se
soigner…
Aujourd’hui, les relations avec les voisins, les artisans, les commerçants,
les gens du bourg … sont moins naturelles et moins régulières. Nos familles, nos
amis habitent souvent loin de chez nous. Heureusement, il y a le téléphone,
Internet pour communiquer avec eux. Les voitures d’aujourd’hui nous permettent
d’aller les rencontrer, même s’ils habitent à plusieurs centaines de kilomètres.
Malheureusement, tous les gens ne peuvent avoir accès à tous ces progrès...
Ceux-ci vivent ils aussi heureux ?
Maurice
Hippolyte
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VitesseAujourd’hui en 2011, nous sommes plus nombreux qu’en 1950 à vivre sur
la terre et notre connaissance du monde a évolué. Les informations nous
parviennent en un temps record, tout va plus vite, plus loin, grâce aux satellites
qui là-haut tournent sans cesse autour de notre planète. En quelques secondes,
le téléphone nous met en communication avec un correspondant à l’autre bout
du monde, alors qu’il était difficile, il y a 60 ans, d’obtenir une ligne en inter dans
le même département.
Romain
En quelque deux heures trente, nous voici sur le quai de la gare
Montparnasse à Paris, auparavant le voyage demandait cinq heures de train et
même plus. Si nous voyageons en avion, le dépaysement est encore plus rapide,
en dix heures de vol nous voici sur un autre continent de l’autre côté de l’océan.
Les 20 et 21 mai 1927, l’aviateur Charles Lindbergh avait réalisé l’exploit de
traverser l’océan Atlantique, Paris-New-York (5800 km), en 33 heures et 30
minutes sans escale!
Sans parler des voyages dans l’espace interplanétaire!
Paulette
97
Gaspard
Deux générations
Je n’ai pas beaucoup voyagé quand j’étais petite.Et le progrès pour les
communications est arrivé quand j’avais 20 ans. Les gens qui voyageaient à
l’étranger prenaient plutôt le bateau car les avions sont arrivés plus tard ainsi
que les voitures plus puissantes.
Ce sont mes enfants qui ont profité du progrès et aujourd’hui, on trouve
normal d’aller à l’autre bout du monde en quelques heures.
Colette
Zoé
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Un homme a marché sur la lune
Solène
L’évènement qui m’a le plus étonné arriva un 21 juillet 1969, le jour où un
Américain, Neil Armstrong, a marché sur la lune. A la maison nous n’avions pas
de télévision et nous allions la regarder au café ou plus souvent chez le voisin. Il
n’y avait pas encore la couleur, l’écran n’était que noir et blanc. Ce jour-là les
infos allaient diffuser ce reportage extraordinaire d’une fusée habitée par trois
cosmonautes et la sortie de deux d’entre eux pour faire quelques pas sur la lune.
Avec mes parents nous étions émerveillés, et tout le monde dans la pièce criait,
sautait, levait les bras au ciel devant l’écran quand les cosmonautes ont mis le
pied sur la lune. Quelle victoire pour l’humanité, un grand pas dans l’évolution
du monde et des technologies, et tout ce qui en découlera par la suite, dans la
médecine, la recherche, les communications etc...
Alain
Kelig
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Les choses ont changéA Carquefou comme ailleurs on communique plus vite, que se soit par
téléphone ou par internet, mais on ne voit pas la personne en face de soi. On fait
ses courses plus rapidement, on a tout sous la main au supermarché, mais la
caissière est pressée, le client suivant attend, et même certaines caisses n’ont
même pas de caissière. Les voitures vont plus vite, mais les accidents sont plus
graves, elles comportent aussi plus de technologies diverses et pratiques, mais les
réparations ne sont plus à la portée de tous.
Même si la vie est plus trépidante, les nouvelles technologies l’ont quand
même améliorée.
Marie-Agnès
Lou
100
Profiter chaque jourMême si j'ai un peu de nostalgie en parlant de tout ce qui existait dans mon
enfance (années 50/60), il faut reconnaître que le progrès ,dans tous les
domaines (sciences, médecine, technologies, transports, etc...) permet de vivre
mieux.
Cependant, il ne faut pas aller trop vite ni trop loin pour pouvoir profiter
chaque jour pleinement de tous les bienfaits de ces progrès.
Annik
Léa B
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Table des matièresSi ma ville m'était contée :....................................................................................................................11. Premières évocations de Carquefou.................................................................................................32. Promenades dans Carquefou .........................................................................................................133. L'école.............................................................................................................................................264. L'éducation.....................................................................................................................................405. La mode..........................................................................................................................................456. L'hygiène .......................................................................................................................................547. La santé...........................................................................................................................................618. Les métiers......................................................................................................................................669. Sports et loisirs...............................................................................................................................7510. Les transports ...............................................................................................................................8411. Les communications.....................................................................................................................9012. Regards sur le progrès..................................................................................................................95
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