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Le réseau des FIER: une «réussite», selon Charest Bachand demande à Investissement Québec denquêter, plutôt quau vérificateur général ROBERT DUTRISAC Q uébec Le premier ministre Jean Charest a qualifié, hier, le réseau des FIER de «réussite» au moment même son ministre Raymond Ba- chand annonçait quil ordonnait à Investissement Québec de mener une enquête interne sur ces so- ciétés privées de capital de risque régional qui sont financées aux deux tiers par des fonds publics. La chef de lopposition officielle, Pauline Ma- rois, a réclamé plutôt une enquête en bonne et due forme du vérificateur général cju Québec sur les 30 FIER régionaux auxquels lÉtat a consenti 200 millions, ce que le gouvernement a rejeté du revers de la main. Le porte-parole péquiste en ma- tière déconomie, le député de Rousseau, François Legault, y est allé hier dautres révélations sur des conflits dintérêts possibles qui impliqueraient Va- lier Boivin, lassocié de Pietro Perrino. La députée de Taschereau, Agnès Maltais, s'est intéressée à l'hôtel de luxe pour chiens et chats, lhôtel Muzo de Montréal, dans lequel a investi le FIER Mon- testrie Capital, ce qui a permis au ministre des Fi- nances et du Développement économique, de lIn- novation et de l'Exportation, Raymond Bachand, de se porter à la défense «des millions de Québécois VOIR PAGE A 8: FIER La chronique de Michel David : Le prétendant Léditorial de Jean-Robert Sansfaçon: Une mécanique douteuse > Pages A 3 et A 6 w w w .led e v o i r . e o ni LE DEVOIR V o i. . C N " 10 0 L E ,1 E F I) I 7 M A I 2 0 (I i) I , I O $ + T A .N K S = 1.20$ Sommet trilatéral À Washington Karzaï et Zardari promettent dêtre plus fermes envers les talibans CLAUDE LÉVESQUE L e président américain Barack Obama a reçu hier à la Maison-Blanche ses homologues Hamid Karzaï de lAfghanistan et Asif Ali Zarda- ri du Pakistan, deux personnages clés dans sa stratégie de lutte contre lex- trémisme, alors que les tali- bans ne savouent vaincus dans aucun de ces deux pays. Washington tente de convaincre ses deux alliés de collaborer plus étroitement dans le combat contre ces in- surgés islamistes qui disposent de bases des deux côtés dune frontière poreuse. Mission accomplie ou en voie de lêtre, sil faut en croire le pré sident américain. «Je suis heu- reux que ces deux hommes, les di- rigeants élus de lAfghanistan et du Pakistan, mesurent totale- ment la gravité de la menace à laquelle nous sommes confrontés, et aient réaffirmé leur engage- ment à y faire face», a dit Barack Obama, aux côtés des deux pré sidents, hier après-midi. Les relations entre les trois pays sont souvent houleuses, marquées par fréquentes criminations. Hier, la secrétaire dÉtat américaine, Hillary Clinton, a été obligée dexprimer sa «pro- fonde tristesse» devant la mort de nombreux civils afghans dans ce qui apparaît comme une nouvelle VOIR PAGE A 8: TALIBANS Asif Ali Zardari m Hamid Karzaï 71 '.W-ii'A 0V0 : LA MAGIE OPÈRE ENCORE JACQUES GRENIER LE DEVOIR SOUS une pluie de papillons multicolores et une chaude musique, près de 2500 spectateurs ont ovation- les 53 artistes, lors dune finale festive et carnavalesque dOvo, le tout nouveau spectacle du Cirque du Soleil signé par la chorégraphe brésilienne Deborah Colker. La critique de Luc Boulanger en page B 8. Un Canadien RETENU AU SOUDAN LONU contredit Ottawa Il est permis de survoler dautres pays pour rentrer au Canada HÉLÈNE BUZZETTI O ttawa Alors que la Cour fédérale entend ce matin la cause dAbousfian Abdelrazik, ce Canadien coincé au Soudan que le gouverne- ment conservateur ne veut pas ramener au pays, un haut représentant de lONU contredit la lo- gique dOttawa. Rien nempêche son retour au Canada, pas même la géographie! M. Abdelrazik vit à ïambassade canadienne de Khartoum depuis un an. Il demande en vain à Ot- tawa des documents de voyage temporaires afin de retrouver sa famille à Montréal. Le gouverne- ment de Stephen Harper refuse sous prétexte que lhomme est inscrit sur la liste terroriste des Nations unies. Or, même léquipe de surveillance dal-Qaïda et des talibans à lONU qui veille au respect de cette liste estime qu'Ottawa se trompe. En entrevue avec Le Devoir hier, le coordonna- teur de cette équipe, Richard Barrett, a rappelé que lONU a prévu une exemption pour les ci- toyens rentrant dans leur pays dorigine, que le gel des actifs doit être appliqué avec discerne- ment et quil ny aurait pas de conséquences si VOIR PAGE A 8: OTTAWA REUTERS Stephen Harper en compagnie du premier ministre tchèque SOMMET CANADA-UE Vers un vaste pacte commercial Québec compte sur lappui de Bruxelles A lire en pages B 1 et B 3 INDEX Annonces.... . B4 Avis publics. .BS Bourse........ . B 2 Culture....... . B 8 Décès.......... . B 4 Economie... . B I Éditorial ..... . A 6 Idées .......... A 7 Météo............ B 6 Monde...........A 5 Mots croisés. B 6 Sports........... B 6 Sudoku......... B 5 Télévision.... B 7 Lespace serait-il devenu un dépotoir? 14 000 débris de plus de 10 cm en orbite autour de la Terre PAULINE GRAVEL L e 10 février 2009, le satellite américain Iri- dium 33 percutait un vieux satellite russe hors service. La collision créa un nuage de débris, dont 750 dentre eux avaient une taille su- périeure à 10 cm. Laccident provoqua l'émoi dans les 50 pays qui opèrent des satel- lites dans lespace. Il suscita une prise de conscience plus vive encore de ce fléau qui ne cesse de samplifier. Aujourdhui sentame à lInstitut de droit aérien et spatial (IDAS) de lUniversité McGill le Congrès internatio- nal et interdisciplinaire sur les débris spatiaux. Des spécialistes des quatre coins du globe y dis- cuteront des stratégies qui permettraient de re- médier à ce problème, ainsi que des améliora- tions à apporter aux directives adoptées par le Tous ces objets, petits et grands, se déplacent à des vitesses allant de 3 à 8 km/s VOIR PAGE A 8: ESPACE REUTERS «Les petits morceaux sont plus dangereux que les plus gros, car on peu! voir les plus gros et ainsi tenter de les éviter en déviant la trajectoire du satellite», dit un chercheur. ii* mmà HONDA Insight 2010 ' Civic DX 2009 life Au Coeur du Centre-Ville! / Vente et service [W] wvuw.hohdadesigi.com Venez nous visiter pour plus de détails HK H êatU v : iAfffwiii •'------------ Location 6U mois i 2,9% dintérêt _ Comptant de 3318$ Modèle M1529EK r Véhicules usagés certifiés Honda 1 L Salle de montre à lintérieur J HOATCIA vtmcuus ofRr apu»* Service de navette gratuit 51 4-B*79-1 550 1 12-4, rue de Bleury (Coin René-Lévesque), Montréal H2Z1N4 77831302383119

Amour, divorce et politique

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Le réseau des FIER: une «réussite», selon CharestBachand demande à Investissement Québec d’enquêter, plutôt qu’au vérificateur généralROBERT DUTRISAC

Québec — Le premier ministre Jean Charest a qualifié, hier, le réseau des FIER de «réussite» au moment même où son ministre Raymond Ba­

chand annonçait qu’il ordonnait à Investissement Québec de mener une enquête interne sur ces so­

ciétés privées de capital de risque régional qui sont financées aux deux tiers par des fonds publics.

La chef de l’opposition officielle, Pauline Ma- rois, a réclamé plutôt une enquête en bonne et due forme du vérificateur général cju Québec sur les 30 FIER régionaux auxquels l’État a consenti 200 millions, ce que le gouvernement a rejeté du

revers de la main. Le porte-parole péquiste en ma­tière d’économie, le député de Rousseau, François Legault, y est allé hier d’autres révélations sur des conflits d’intérêts possibles qui impliqueraient Va- lier Boivin, l’associé de Pietro Perrino. La députée de Taschereau, Agnès Maltais, s'est intéressée à l'hôtel de luxe pour chiens et chats, l’hôtel Muzo

de Montréal, dans lequel a investi le FIER Mon- testrie Capital, ce qui a permis au ministre des Fi­nances et du Développement économique, de l’In­novation et de l'Exportation, Raymond Bachand, de se porter à la défense «des millions de Québécois

VOIR PAGE A 8: FIER

■ La chronique de Michel David : Le prétendant ■ L’éditorial de Jean-Robert Sansfaçon: Une mécanique douteuse > Pages A 3 et A 6♦ w w w .led e v o i r . e o ni ♦

LE DEVOIR V o i. . C N " 10 0 ♦ L E ,1 E F I) I 7 M A I 2 0 (I i) I , I O $ + T A .N K S = 1.20$

Sommet trilatéral À Washington

Karzaï et Zardari promettent d’être plus fermes envers les talibansCLAUDE LÉVESQUE

Le président américain Barack Obama a reçu hier à la Maison-Blanche ses homologues Hamid Karzaï de l’Afghanistan et Asif Ali Zarda­

ri du Pakistan, deux personnages clés dans sa stratégie de lutte contre l’ex­trémisme, alors que les tali­bans ne s’avouent vaincus dans aucun de ces deux pays.

Washington tente de convaincre ses deux alliés de collaborer plus étroitement dans le combat contre ces in­surgés islamistes qui disposent de bases des deux côtés d’une frontière poreuse.

Mission accomplie ou en voie de l’être, s’il faut en croire le pré sident américain. «Je suis heu­reux que ces deux hommes, les di­rigeants élus de l’Afghanistan et du Pakistan, mesurent totale­ment la gravité de la menace à laquelle nous sommes confrontés, et aient réaffirmé leur engage­ment à y faire face», a dit Barack Obama, aux côtés des deux pré sidents, hier après-midi.

Les relations entre les trois pays sont souvent houleuses, marquées par dç fréquentes ré

criminations. Hier, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a été obligée d’exprimer sa «pro­fonde tristesse» devant la mort de nombreux civils afghans dans ce qui apparaît comme une nouvelle

VOIR PAGE A 8: TALIBANS

Asif Ali Zardari

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Hamid Karzaï

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0V0 : LA MAGIE OPÈRE ENCORE

JACQUES GRENIER LE DEVOIR

SOUS une pluie de papillons multicolores et une chaude musique, près de 2500 spectateurs ont ovation­né les 53 artistes, lors d’une finale festive et carnavalesque d’Ovo, le tout nouveau spectacle du Cirque du Soleil signé par la chorégraphe brésilienne Deborah Colker. La critique de Luc Boulanger en page B 8.

Un CanadienRETENU AU SOUDAN

L’ONUcontreditOttawaIl est permis de survoler d’autres pays pour rentrer au CanadaHÉLÈNE BUZZETTI

Ottawa — Alors que la Cour fédérale entend ce matin la cause d’Abousfian Abdelrazik, ce Canadien coincé au Soudan que le gouverne­

ment conservateur ne veut pas ramener au pays, un haut représentant de l’ONU contredit la lo­gique d’Ottawa. Rien n’empêche son retour au Canada, pas même la géographie!

M. Abdelrazik vit à ïambassade canadienne de Khartoum depuis un an. Il demande en vain à Ot­tawa des documents de voyage temporaires afin de retrouver sa famille à Montréal. Le gouverne­ment de Stephen Harper refuse sous prétexte que l’homme est inscrit sur la liste terroriste des Nations unies. Or, même l’équipe de surveillance d’al-Qaïda et des talibans à l’ONU qui veille au respect de cette liste estime qu'Ottawa se trompe.

En entrevue avec Le Devoir hier, le coordonna­teur de cette équipe, Richard Barrett, a rappelé que l’ONU a prévu une exemption pour les ci­toyens rentrant dans leur pays d’origine, que le gel des actifs doit être appliqué avec discerne­ment et qu’il n’y aurait pas de conséquences si

VOIR PAGE A 8: OTTAWA

REUTERSStephen Harper en compagnie du premier ministre tchèque

SOMMET CANADA-UE

Vers un vaste pacte commercialQuébec compte sur l’appui de Bruxelles

■ A lire en pages B 1 et B 3

INDEX

Annonces.... . B4Avis publics. .BSBourse........ . B 2Culture....... . B 8Décès.......... . B 4Economie... . B IÉditorial ..... . A 6

Idées .......... A 7Météo............B 6Monde...........A 5Mots croisés. B 6Sports...........B 6Sudoku......... B 5Télévision....B 7

L’espace serait-il devenu un dépotoir?14 000 débris de plus de 10 cm en orbite autour de la TerrePAULINE GRAVEL

Le 10 février 2009, le satellite américain Iri­dium 33 percutait un vieux satellite russe hors service. La collision créa un nuage de débris, dont 750 d’entre eux avaient une taille su­

périeure à 10 cm. L’accident provoqua l'émoi dans les 50 pays qui opèrent des satel­lites dans l’espace. Il suscita une prise de conscience plus vive encore de ce fléau qui ne cesse de s’amplifier.

Aujourd’hui s’entame à l’Institut de droit aérien et spatial (IDAS) de l’Université McGill le Congrès internatio­

nal et interdisciplinaire sur les débris spatiaux. Des spécialistes des quatre coins du globe y dis­cuteront des stratégies qui permettraient de re­médier à ce problème, ainsi que des améliora­tions à apporter aux directives adoptées par le

Tous ces objets, petitset grands, se déplacent à des vitesses allant de 3 à 8 km/s

VOIR PAGE A 8: ESPACE

REUTERS«Les petits morceaux sont plus dangereux que les plus gros, car on peu! voir les plus gros et ainsi tenter de les éviter en déviant la trajectoire du satellite», dit un chercheur.

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HONDA Insight 2010

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Civic DX 2009life

Au Coeur du Centre-Ville!/ Vente et service

[W] wvuw.hohdadesigi.comVenez nous visiter pour plus de détails

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Location 6U mois i 2,9% d’intérêt _Comptant de 3318$ • Modèle M1529EK

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L Salle de montre à l’intérieur JHOATCIAvtmcuus ofR r a pu»*

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I E DEVOIR. LE .1 E U I) I 7 M A I 2 0 0 !)

ACTUALITESLa bataille contre l’embargo européen s’engage

Le Bloc veut habiller les athlètes canadiens avec des peaux de phoqueAMÉLIEDAOUST-BOISVERT

Nos athlètes pourraient de­venir les porte-étendard des chasseurs de phoques de­

vant les caméras du monde en­tier aux Jeux de Vancouver. Hier, la Chambre des com­munes a adopté à l’unanimité une motion du Bloc québécois qui demande qu’on incorpore des produits du loup-marin aux vêtements officiels de l'équipe canadienne en 2010.

«Le Canada défendra avec vi­gueur son industrie du phoque, tant au pays que devant les tri­bunaux internationaux», a indi­qué M. Harper à Prague. Le spectre d’une poursuite devant les tribunaux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a laissé l’Union euro­péenne de glace. Elle estime que sa motion n’est pas une «mesure protectionniste».

M. Harper a joué de pruden­ce, craignant manifestement que le dossier du phoque entra­ve les négociations en vue d’un accord commercial entre l’UE et le Canada. Pour lui, «si nous devions fonder nos relations com­merciales avec l’Union euro­péenne uniquement sur les en­jeux reliés à la chasse aux phoques, nous n’aurions jamais de liens commerciaux». L’embar­go européen sur les produits du phoque voté avec une forte ma­jorité par le Parlement euro­péen mardi doit encore obtenir l’aval des différents gouverne­ments avant de prendre effet en octobre.

A l’Assemblée nationale, le ministre des Relations interna­tionales, Pierre Arcand, a dé­posé une motion condamnant la décision du Parlement euro­péen. «Nous avons mis notre réseau à contribution, a-t-il dit,

en particulier notre délégation générale à Bruxelles.» Rappe­lons que mardi, tous les dépu­tés à l’exception d’Amir Kha- dir ont appelé le Canada à contester la décision de l’UE deyant l’OMC.

A l'instar du premier ministre Jean Charest, qui considère que la décision repose sur des émotions plutôt que sur des faits, Lyne Morisette, biologiste à l’UQAR, s’étonne que l’Union européenne agisse en mettant la science de côté. «La gestion de la chasse aux phoques est im­peccable, dit-elle, bien mieux que d’autres chasses commerciales. Comment des arguments aussi émotifs ont-ils pu se frayer un chemin aussi haut dans les struc­tures gouvernementales?» Cette année, les quotas de chasse ont été établis à 280 000 phoques du Groenland sur une popula­tion de 5 millions et demi. Seules 60 000 bêtes ont été abattues ce printemps.

Quelles conséquences au­raient une baisse de la chasse pour les écosystèmes du golfe? Selon Lyne Morissette, la popu­lation de phoques se stabilisera d’elle-même. Elle rejette que les stocks de morue, déjà très mal en point, en souffrent davanta­ge. «C’est l’homme qui a entraî­né le déclin de la morue, pas le phoque», rappelle-t-elle. Mal­heureusement, les morues, ob­serve la biologiste, «ne sont pas aussi mignonnes que les phoques avec leurs grands yeux, l’UE ne s’outre pas contre les océans qui se vident.» Pour elle, le problè­me de l’embargo réside dans son impact pour les 6000 chas­seurs qui vivent de cette «indus­trie importante, en accord avec les principes de développement durable».

Le Devoir

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Percée canadienne pour combattre la grippe A (HINI)

La souche du virus décryptéeLa maladie sera éventuellement plus facile à diagnostiquer et la mise au point d’un vaccin sera facilitéeAvec désormais 2000 infec­tions dans le monde, le virus de la grippe continue de sé­vir, mais il est de mieux en mieux cerné. En déterminant la séquence complète de la souche du virus, des cher­cheurs canadiens auront per­mis au monde entier de faire un pas de géant dans la com­préhension de cette forme d’influenza et de ses muta­tions possibles.

LISA-MARIE G E R VA IS

Des chercheurs canadiens du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg ont

réussi à décrypter la souche du virus qui court actuellement au Canada et à établir sa grande ressemblance avec celui qui a infecté les Mexicains et qui a causé la mort de 42 d’entre eux. Une première mondiale dont s’est réjouie la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, en conférence de presse hier. «C’est une preuve de l’excellence scientifique canadienne», a-t-elle souligné.

En plus de faciliter l’élabora­tion d’un vaccin, la séquence complète de la souche du virus de la grippe A (H1N1), qui pro­vient du Mexique, permettra de raffiner les tests de dépistage pour les rendre plus rapides. Il existerait à l’heure actuelle des tests permettant de prédire si l’influenza est de type A B ou C et Hl. «Mais ces tests ne permet­tent pas de différencier un Hl d’un autre», a expliqué Jean- Pierre Vaillancourt, épidémiolo­giste et professeur à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal. «On est maintenant en bien meilleure posture pour adapter le test afin

BRIAN HARKIN AFPLes Mexicains ont recommencé à fréquenter les restaurants.

qu’il soit spécifique, et en mesure d’aller chercher rapidement les particularités uniques de ce vi­rus-là», a-t-il ajouté.

Le décryptage de la souche ne permet pas de prévoir le pouvoir pathogène çlu virus, a néanmoins averti Eric Frost, spécialiste en microbiologie et infectiologie à l'Université de Sherbrooke.

Vers un vaccin ?Ainsi, on a désormais la certi­

tude que le virus propagé au Canada et ailleurs dans le mon­de par des voyageurs ayant fait un séjour au Mexique est le même que celui qui infecte les Mexicains. Mais, également l’assurance que le vaccin exis­tant ne sera pas efficace. Par contre, l’information obtenue sur la souche va permettre de comparer plus rapidement les séquences similaires entre le vi­rus et certains vaccins, croit Eric Frost.

Des chercheurs tentent ac­tuellement de décoder la souche du virus qui a infecté

des porcs de l’Alberta et qui a poussé certains pays, dont la Chine, à interdire l’importation de produits dérivés de cet ani­mal. «Ce serait intéressant de sa­voir si le virus des porcs est simi­laire à celui chez les humains. On pourrait alors adapter pour les humains le vaccin destiné au porc», a soutenu M. Frost en précisant qu’on sauverait ainsi beaucoup de temps.

En tout, quelque 200 infec­tions attribuables à la grippe A ont été confirmées au Canada depuis la mi-avril. Presque tous les malades canadiens souf­frent d’une forme bénigne de la maladie. La seule exception est une jeune fille de l’Alberta, qui se rétablirait bien.

Maintenant qu’ils connais­sent la structure du virus, les autorités croient que les infec­tions graves et les décès constatés au Mexique sont peut-être attribuables à de multiples facteurs étrangers à la grippe elle-même, dont l’état préalable de santé des victimes, leur bagage géné­

tique et leur environnement.Selon Eric Frost, s’il n’y a pas

encore de cas d’infectiofra graves au Canada, c’est que les personnes ayant contracté le vi­rus sont des personnes en bon­ne santé, du moins suffisam­ment pour voyager. «On va pou­voir évaluer la virulence et la pathogénécité du virus lorsqu’il se sera propagé à d’autres per­sonnes plus vulnérables, comme des personnes âgées et des bébés», a-t-il souligné.

Dix cas au QuébecEn dépit des efforts de pré­

vention, le Québec a toutefois vu son nombre de malades grimper à dix, hier, avec la confirmation de six nouveaux cas. Au Canada, l’Agence cana­dienne d’inspection des ali­ments a insisté sur le fait qu’au­cun animal ne faisait son entrée dans la chaîne alimentaire avant d’avoir été examiné tout juste avant son abattage.

Quant aux Canadiens à l’étranger, la Chine a par ailleurs levé hier la quarantaine imposée depuis cinq jours à une vingtaine d’étudiants de l’Université de Montréal. Cer­tains pays continuent pourtant d’user de mesures de contrôle rigoureuses par crainte de voir se propager le virus. Ainsi, les autorités haïtiennes ont refusé l’entrée au pays à un bateau mexicain d’aide humanitaire qui transportait 70 tonnes de nourriture.

Au Mexique, épicentre de l’épidémie, la vie reprend tran­quillement son cours avec la ré­ouverture des commerces et des restaurants. Les différents établissements scolaires rouvri­ront leurs portes au cours des prochains jours.

Le Devoir Avec La Presse canadienne

et U Associated Press

Recommandation du Réseau des ingénieurs québécois

L’État doit aider les entreprises à mettre en place des programmes d’économie d’énergieLOU IS-GILLES FRANCŒUR

Le Réseau des ingénieurs québécois (RIQ) estime que Québec doit mettre sur

pied un fonds national d’effica­cité énergétique afin de faire en sorte d’accélérer substantielle­ment les progrès dans ce do­maine, surtout du côté de la grande entreprise, qui consom­me la part du lion en énergie avec 40 % du total global.

Sinon, prédit l’organisme qui représente environ 54 000 des 58 000 ingénieurs du Québec, les objectifs que le Québec s’est donné en matière d’efficacité énergétique d’ici 2015 risquent

fort de ne pas être atteints.Un tel fonds, expliquait hier

le président du RIQ, Etienne Coulombe, permettrait aux en­treprises d’envisager des ré­ductions de consommation d’énergie, électricité ou com­bustibles fossiles, qui ne se­raient pas rentables à court ou à moyen terme.

Avec un tel fonds, comme il en existe d’ailleurs plusieurs aux Etats-Unis, le gouverne­ment finance les projets de moyen et long terme. Les en­treprises remboursent cette dette avec les économies fi­nancières réalisées. Elles bé­néficient par la suite des éco­nomies sans qu’il en ait coûté

François Gendronavocat

LL.L., M.A., Ph.D.

Vieux Montréal 514.845.5545

qn sou aux contribuables. Aux Etats-Unis, de tels fonds sont aussi disponibles pour les contribuables, qui financent ainsi souvent de coûteuses rénovations.

Hémorragie de capitauxPour le RIQ, cette mesure

constituerait le socle d’une véri­table politique d’efficacité éner­gétique. Les mégawattheures économisés pourraient être re­vendus à profit à nos voisins. Quant aux combustibles fos­siles, le RIQ ajoute qu’il est ur­gent de mettre un terme à l’hé­morragie de capitaux que leur consommation engendre, la­quelle atteint 20 milliards par an si en plus des combustibles on ajoute la valeur des voitures importées d'ailleurs.

Dans ce domaine, le RIQ pré­conise le développement d’une «industrie des véhicules hybrides et électriques au Québec».

Pour y arriver, il faut déve­lopper l’expertise québécoise dans la technologie des piles, adapter la sécurité routière pour faciliter la coexistence avec les hybrides et les tout- électriques, mettre en place des programmes d’achat et de remplacement des flottes, éta­blir un réseau de soutien tech­nique et de recharge et plani­

fier la gestion du réseau élec­trique pour faire face à cette demande malgré tout margi­nale globalement.

Comme les ingénieurs sont convaincus que la demande en électricité continuera de croître, ils proposent de conti­nuer à miser sur l’hydroélectri­cité, sur la modernisation des vieilles centrales, sur la restau­ration de Gentilly-2. S’ils avali­sent presque toutes les poli­tiques en place, ils recomman­dent cependant à Hydro-Qué- bec d’intégrer désormais l’éo­lien avec l’hydraulique dans les futurs grands projets, ce qu’Hydro pourrait encore faire avec les projets de la Rupert et de la Romaine.

Ils suggèrent enfin à Québec de, forcer la main de la société d’Etat afin qu’elle intensifie le recours aux énergies vertes, principalement l’éolien, le phq- tovoltaïque et la géothermie. À leur avis, on doit stimuler l’auto­production en obligeant Hydro- Québec à acheter cette produc­tion «à des tarifs préférentiels» suffisamment élevés pour que cette microproduction puisse servir à l’enrichissement collec­tif tout en augmentant la sécuri­té énergétique.

Le Devoir

v.i*'. * ' ; pheUN BLOGUE COLLECTIFDES JOURNALISTES DU DEVOIR

CARNETSDUDEV0IR.COM

LE DEVOIR LE .JE U I) I M A I 2 O O !» A 3

POLITIQUELe prétendant

Michel David

A Québec, plusieurs font des gorges chaudes des ambitions de Raymond Ba- chand, qui rêvait d’être ministre des Fi­nances depuis longtemps, mais qui vise encore

plus hautLe départ de Philippe Couillard a laissé un

grand vide. L'ancien ministre de la Santé en im­posait tellement qu’on tenait plus ou moins pour acquis qu’il succéderait un jour ou l’autre à Jean Charest. Les anciens lieutenants de Robert Bou- rassa lui avaient même offert leurs services, mais il en est arrivé à la conclusion que son heu­re était passée. La façon politiquement suicidaire dont il s’est recyclé dans le secteur privé atteste du fait qu’il a définitivement tourné la page.

Si plusieurs doutent que M. Charest sollicite un quatrième mandat, bien malin celui qui pour­rait prédire aujourd’hui qui sera le prochain chef. Il n’y a actuellement personne qui ne s’impose d’emblée, ni à Québec ni à Ottawa. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a peut-être d’authentiques racines libérales, mais il n’a pas l’étoffe d’un premier ministre.

Pour peu qu’elle se révèle durable, l’idylle entre Nathalie Normandeau et le député adé- quiste François Bonnardel risque de disquali­fier la vice-première ministre. Il est déjà suffi­samment embêtant qu’une ministre partage sa vie avec un membre de l’opposition. Dans le cas d’une première ministre, ce serait tout sim­plement impensable.

Le retour en forme du ministre des Res­sources naturelles, Claude Béchard, a réjoui tout le monde, mais son état de santé demeurera un objet de préoccupation. D’ailleurs, il est bien pos­sible que son combat contre le cancer l’ait amené à revoir ses priorités.

Si M. Charest décide de passer à autre chose, M. Bachand peut légitimement aspirer à lui suc­céder. D'autant plus qu’après trois mandats libé­raux de suite, la perspective d’un long séjour dans l’opposition, qui a rebuté M. Couillard, pourrait en décourager d’autres.

♦ ♦ ♦Les temps sont difficiles pour un ministre des

Finances et du Développement économique, mais l’économie finira bien par se relever. Enco­re faudrait-il que M. Bachand soit en mesure d’en profiter.

Depuis le départ de Monique Jérôme-Forget, il lui a aussi succédé comme tête de Turc de l’op­position et il n’en mène pas large. Dans le dossier des Fonds d’intervention économique régionale (FIER), François Legault semble jouer avec lui comme un chat qui fait durer le plaisir avant d’at­traper la souris. Même François Bonnardel réus­sit à tirer son épingle du jeu.

En toute justice, on ne peut pas exiger d’un mi­nistre qu’il connaisse le dossier de chaque entrepri­se qui participe à un programme, même s’il semble évident que les règles de fonctionnement des FIER comportent de sérieuses lacunes, particulièrement en ce qui concerne les conflits d’intérêts.

En revanche, à partir du moment où certains de ces dossiers se retrouvent au centre du débat public, un ministre doit s’en saisir personnelle­ment et rapidement. On peut comprendre que les premières questions de M. Legault aient pris M. Bachand au dépourvu, mais il n’est pas nor­mal qu’il donne l’impression d’aller d’une surpri­se à l’autre depuis une semaine.

«S’il y a un cas qui semble irrégulier au député de Rousseau, je vais le porter à l’attention des autorités d’investissement Québec, et le président d’investisse­ment Québec prendra les sanctions s’il trouve une ir­régularité, C’est comme ça que ça fonctionne», a dé­claré le ministre des Finances.

Désolé, mais ça ne devrait pas fonctionner comme ça. Depuis quand un ministre s’en remet- il à l’opposition pour savoir ce qui ne va pas dans son ministère? Dès qu’il y a le moindre doute, il doit s’empresser d’aller au fond des choses.

♦ ♦ ♦Au contraire, dès que l’affaire a éclaté au grand

jour, M. Bachand s’est employé à embrouiller les choses. En mettant dans le même sac Claude Blanchet et les hommes d’affaires libéraux, qui détiennent tous des actions d’entreprises dans lesquelles des FIER ont investi, il cherchait sciemment à tromper la population.

Il savait très bien qu’à la différence du conjoint de Pauline Marois, MM. Pietro Perrino, Valier Boivin et Charles Sirois agissent comme admi­nistrateurs de FIER qui ont investi dans des en­treprises dont ils sont eux-mêmes actionnaires.

On peut comprendre que la Fédération des chambres de commerce du Québec se porte à la défense de ses membres, comme Ta fait sa prési­dente, Françoise Bertrand, en accusant l’opposi­tion de se livrer à une chasse aux sorcières.

Le devoir d’un ministre est de défendre l’inté­rêt public, en l’occurrence l’argent des contri­buables investi dans les FIER, mais cela ne semble pas préoccuper M. Bachand. Après avoir vu la façon dont la direction d’investissement Québec a tenté de minimiser l’affaire au départ, il devient presque risible de lui demander de fai­re elle-même le ménage.

Le ridicule ne tue pas, dit-on. En politique, il peut cependant causer un tort immense, surtout à un prétendant au trône. Hier, à l’Assemblée na­tionale, il était franchement ahurissant d’en­tendre le ministre des Finances défendre bec et ongles un investissement du FIER de l’Estrie dans un hôtel de luxe pour chiens et chats à Montréal.

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Deux diplomates en poste à Moscou expulsés

Le Canada victime de représailles russes contre l’OTANL’alliance militaire avait elle-même expulsé deux diplomates russesL’expulsion par la Russie de deux di­plomates canadiens travaillant à l’OTAN a créé une onde de choc à Ottawa. Le gouvernement Harper a jugé ce geste «inacceptable» et a de­mandé à Moscou de mieux se com­porter sur la scène internationale.

ALEC CASTONGUAY

Ottawa — Ce n’est peut-être plus la guerre froide, mais la tension entre Ottawa et Moscou depuis quelques

mois est bien visible. L’incident diploma­tique d’hier ne fait qu’ajouter à la rhéto­rique musclée entre les deux pays.

Tôt hier matin, l’ambassadeur cana­dien à Moscou, Ralph Lysyshyn, a été convoqué au ministère russe des Af­faires étrangères pour se faire dire que deux diplomates canadiens au service de l’OTAN étaient expulsés du pays. Il s’agit de la directrice du bureau d’infor­mation de l’OTAN à Moscou, Isabelle François, et de son adjoint,Mark Opgenorth.

La Russie dit avoir fait ce geste en guise de représailles contre l’OTAN, qui avait elle aussi expulsé deux diplo­mates russes de ses bureaux à Bruxelles la semaine derniè­re. L’Alliance atlantique accu­sait les deux diplomates russes d’avoir trempé dans une affaire d’espionnage.

Plus précisément, il s’agit de l'affaire Herman Simm, du nom de ce haut fonctionnaire de l’Estonie condamné à 12 ans de prison en février dernier par la justice de son pays pour avoir livré près de 2000 documents secrets de l’OTAN à la Russie. Herman Simm a dit avoir fourni les do­cuments à des membres du service de renseignement russe. Moscou a tou­jours nié ces allégations.

Le geste du Kremlin a fortement indis­posé le Canada hier. Le ministre des Af­faires étrangères, Lawrence Cannon, a rencontré vers 17h hier soir l’ambassa­deur de Russie au Canada, Georgyi Ma­medov, pour obtenir des explications. «Nous avons de très sérieuses objections à cette façon de procéder», a-t-il dit, ajoutant qu’il trouvait cette décision de la Russie «bizarre» étant donné que l'OTAN et Moscou tentent de rebâtir les ponts bri­sés par la guerre en Géorgie l’été dernier.

Pas une relation idéale, dit Harper

En voyage à Prague pour le Sommet Canada-Union européenne, le premier ministre Stephen Harper n’a pas mâché ses mots, affirmant que la Russie doit commencer à se comporter de manière plus «acceptable» sur la scène internatio­nale. «Nous sommes préoccupés par cer­tains comportements des Russes, a-t-il dit. Nous voudrions que les Russes se compor­tent de façon plus acceptable.»

Selon le premier ministre, la Russie a

« Ça aurait pu être des

Français, des

Allemands

ou n’importe qui qui travaille au centre

d’infomation

de l’OTAN»

le droit de procéder à des représailles di­plomatiques, mais il a laissé entendre que sa cible était mauvaise. «La Russie a le droit de répliquer, mais cela ne change rien au fait que les diplomates ne faisaient rien d'illégal ou de contraire à l’éthique.»

Ottawa, qui est en froid avec Moscou depuis plusieurs mois sur les questions de l’Arctique et des vols militaires russes près de l’espace aérien canadien, estime que cette tension va se pour­suivre encore un moment. «C’est la réali­té, a dit Stephen Harper. Ce n’est pas la guerre froide, mais ce n’est pas une rela­tion idéale.»

Il a néanmoins réaffirmé sa volonté de rapprochement avec la Russie «tout en communiquant clairement les messages sur plusieurs dossiers, y compris ceux des droits de l’homme, de la démocratie et de l’espionnage».

A l’ambassade de Russie à Ottawa, on tentait de minimiser l'incident hier. Un porte-parole, Vladimir Lapshin, a soutenu que la cible des représailles était l’OTAN et non le Canada. «De ce que je com­

prends, les Canadiens étaient les seuls représentants de l’OTAN à Moscou, a-t-il dit au réseau CTV. Ç’aurait pu être des Français, des Allemands ou n’importe qui tra­vaillant au centre d’information de l’OTAN à Moscou.» M. Lap­shin a soutenu que c'est avant tout l’OTAN qui est responsable de cette guerre diplomatique.

L’OTAN regrette le geste de Moscou

- Vladimir Lapshin

A Bruxelles, le secrétaire gé­néral de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a dit «profondément re­gretter» la décision russe d’ex­pulser les deux diplomates cana­diens, la qualifiant «d’injustifiée».

«La mesure prise par la Rus­sie est très malheureuse et contre-productive au regard de

nos efforts pour restaurer le dialogue et la coopération avec la Russie», a affirmé Jaap de Hoop Scheffer dans une déclara­tion écrite. En effet, l’Alliance atlantique avait décidé à son sommet de Stras- bourg-Kehl, début avril, de relancer le dialogue avec la Russie malgré la guerre en Géorgie à l’été 2008.

La décision de renouer avec la Russie «reste valide», a néanmoins déclaré Jaap de Hoop Scheffer, qui a ajouté que le Bureau d’information de l’OTAN à Mos­cou, qui sert à renseigner les Russes sur l’Alliance atlantique, resterait ouvert même s’il est «très affecté» par la sanc­tion russe.

Les relations entre la Russie et l'OTAN sont marquées par de fortes tensions. Plus tôt cette semaine, le mi­nistre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé qu'il ne parti­cipera pas au Conseil Russie-OTAN, pré­vu fin mai. La décision de l'OTAN de mener des exercices militaires en Géor­gie a aussi soulevé Tire de Moscou. Ces exercices s'ouvraient officiellement hier.

Le Devoir Avec T Agence-France Presse

Une députée libérale accusée de maltraiter des employéesOttawa — La députée libérale fédéra­

le Ruby Dhalla a choisi de quitter son poste de porte-parole du parti en

matière de jeunesse et de multicultura­lisme, hier, pendant qu’elle essaie de prouver son innocence dans une histoi­re de mauvais traitement d’employés.

Mme Dhalla s’est retrouvée au centre d’une controverse à la suite d’allégations de la part de deux aides familiales em­bauchées pour prendre soin de sa mère.

Dans une déclaration émise hier, Mme Dhalla a dit avoir abandonné son poste de porte-parole afin de pouvoir consacrer toute son énergie à prouver son innocence et à défendre vigoureuse­ment sa réputation.

La députée a ajouté qu’elle travaille­rait avec les autorités pour s’assurer «de rétablir les faits» en ce qui a trait à l’expérience de sa famille avec les aides familiales.

Mme Dhalla, qui demeure néanmoins députée de la circonscription ontarienne de Brampton-Springdale, a indiqué que

le chef libéral, Michael Ignatieff, avait accepté sa démission de ses fonctions de porte-parole chargée de la jeunesse et du multiculturalisme.

Dans un bref communiqué de presse, M. Ignatieff a de son côté affirmé at­tendre «avec intérêt que les faits concer­nant le recours par sa famille à des aides résidants soient établis».

Magdalene Gordon, âgée de 31 ans, et Richelyn Tongson, 37 ans, affirment quelles gagnaient 250 $ par semaine alors qu’elles travaillaient de 12 à 16 heures par jour au domicile familial de Mme Dhalla à Mississauga, en Onta­rio. La députée aurait de plus saisi leur passeport.

Les deux femmes avancent également avoir été contraintes par les autres membres de la famille de la députée à la­ver des voitures, cirer des chaussures et nettoyer des cliniques de chiropractie appartenant à la famille Dhalla.

La Presse canadienne

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« Ce n’est pas la guerre

froide, mais

ce n’est pas

une relation

idéale »- Stephen

Harper

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ACTUALITESMONTRÉAL

Un évaluateur congédié pour avoir voulu jouer avec les chiffres à son avantageJEANNE CORRIVEAU

La Ville de Montréal a congé­dié un évaluateur soupçon­né d’avoir tenté de réduire la va­

leur foncière d’un immeuble commercial qu’il cherchait à ac­quérir, a appris Le Devoir. Le stratagème de l’employé aurait été découvert avant que celui-ci n’ait pu réaliser son plan, a-t-on indiqué à la Ville.

C’est à la suite d’une plainte que la Ville a entamé une en­quête sur un évaluateur à son emploi depuis 1990. Selon les informations fournies par la Ville, il s’agirait d’un acte isolé. L’employé, qui travaille au ser­vice de l’évaluation foncière, aurait tenté de faire baisser la valeur d’un bâtiment commer­cial dans le but éventuel de s’en porter acquéreur. Le pro­priétaire de l’immeuble en question aurait refusé d’être associé à une telle démarche, a soutenu hier Jean-Yves Hinse, directeur des services profes­sionnels à la Ville.

Même si la transaction ne s’est jamais réalisée et même si aucune modification n’a été fina­lement apportée au rôle foncier, la Ville a congédié l’employé le 12 décembre dernier, lui repro­chant de s’être placé en situa­tion de conflit d’intérêts et d’avoir voulu tirer un avantage indu de la situation. L’homme était suspendu sans solde de­puis le mois de novembre. Au­cune plainte n’a été déposée à la police. «C’est vraiment un cas

isolé extrêmement regrettable, mais il est clair que la Ville ne pouvait faire autrement que de mettre fin au lien d’emploi pour une question de bris de confian­ce», a expliqué M. Hinse.

Congédiement contestéComme le syndicat des pro­

fessionnels municipaux de la Ville a contesté le congédie­ment, le dossier a été confié à un arbitre qui entendra la cause le 19 mai prochain. En raison de la tenue de cette audience, M. Hinse n’a pas voulu dévoiler tous les éléments de preuve que détient la Ville.

Le syndicat des profession­nels a déposé un grief, car se­lon lui, un doute raisonnable subsiste quant aux reproches qui sont faits à l’employé. «C’est l’arbitre qui devra statuer à savoir si [sic] les preuves de la Ville sont suffisantes et si la sanction est appropriée», a indi­qué Gisèle Jolin, présidente du syndicat.

En septembre 2008, la Ville avait congédié le chef de pro­jets à la Direction des systèmes d’information, Gilles Parent, à la suite de la découverte d’une fraude de 8 millions de dollars qu’il avait orchestrée après avoir développé un système de surfacturation. Récemment, un cadre a lui aussi été congédié en lien avec cette affaire. La Sû­reté du Québec enquête actuel­lement sur cette fraude.

Le Devoir

Mort d’un homme dans une clinique médicale

Chaoulli tente de rétablir sa réputationLe médecin accuse la coroner d’avoir été biaisée,mais il n’a pas l’intention de la poursuivre en justice pour autant

Deux semaines après la parution du rapport de la coroner Catherine Rudel-Tessier, le Dr Jacques Chaoulli donne sa ver­sion des faits sur les circonstances de la mort d’un patient dans la salle d’attente de la clinique Viau. Il en profite pour recommander fortement que toutes les cliniques sans rendez- vous aient une infirmière de triage.

LISA-MARIE GERVAIS

Estimant sa réputation enta­chée, le Dr Jacques Chaoul­li a tenu hier à rétablir la vérité

et à réfuter publiquement cer­taines accusations «graves et sé­rieuses» contenues dans le rap­port de la coroner sur la mort de Jean-Jacques Sauvageau, survenue le 11 janvier 2008 dans la salle d’attente de la cli­nique Viau. En plus de l’accu­ser à tort de ne pas avoir tenté de manœuvres de réanimation sur le corps du malade, la coro­ner, Catherine Rudel-Tessier, ainsi que son témoin expert, la D" Colette Lachaîne, de la San­té publique du Québec, au­raient selon lui «semé, de maniè­re indue, l’inquiétude au sein de la population en faisant croire que des médecins de la clinique laissent mourir des gens dans la

salle d’attente sans leur porter assistance».

«Son travail a été biaisé. [La coroner] a fait des erreurs de droit et de faits en plus de terrori­ser la population. C’est grave», a- t-il soutenu en conférence de presse. Selon le D' Chaoulli, le patient en question, décédé à la suite d’embolies pulmonaires bilatérales massives, était déjà mort lorsqu’il est arrivé à son chevet et que, contrairement à ce qu’a mentionné la coroner dans son rapport, tenter de ré­animer un cadavre est «contrai­re à l’éthique».

Mort subiteLe D1 Chaoulli maintient que

le patient est décédé de façon foudroyante et qu’il présentait des signes de mort subite tels la rigidité des membres et le re­lâchement des sphincters, ce

JACQUES NADEAU LE DEVOIRJacques Chaoulli

qu’auraient également rapporté d’autres témoins. Il s’étonne donc que la coroner ait rejeté cette «preuve testimoniale» qui a été démontrée lors de l’enquê­te. Le Dr Chaoulli maintient qu’il avait le droit de constater ce décès et de décider de ne pas réanimer le patient, un pri­vilège que les médecins ont en tout temps contrairement aux ambulanciers et aux policiers, exception faite des cas de morts évidentes, par exemple la décapitation. «La coroner a commis là une erreur de droit», a-t-il insisté.

S’il affirme avoir beaucoup appris, il admet, en rétrospecti­ve, qu’il demanderait aux per­sonnes de la salle d’attente de sortir, de manière à isoler la scène. «Mais vous savez, c’est toujours facile à dire après», a-t-il reconnu.

Le Dr Chaoulli a suggéré que toutes les cliniques sans ren­dez-vous aient une infirmière dédiée au triage, une recom­mandation qui va dans le sens de celles émises par la coroner.

Jacques Chaoulli, célèbre pour avoir obtenu de la Cour suprême le droit d’ouvrir une clinique privée, a rectifié le tir en précisant que la clinique Viau n’était pas privée au sens strict et qu’il n’en était pas le propriétaire.

Il a aussi affirmé qu’il n’inten­terait pas de poursuites. «Je suis dans une démarche de compré­hension et de rapprochement avant tout avec la famille de M. Sauvageau, a-t-il dit. J’offre toute ma collaboration pour des dialogues positifs de manière à faire avancer cette difficile ques­tion des morts subites.»

Le Devoir

La SHDM se retire de deux projets importantsSes dirigeants estiment ne pas avoir l’expertise nécessaire pour gérer le développement de grands ensembles

JEANNE CORRIVEAU

La Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), sévèrement blâmée

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de l’Êglise catholique de Montréal

&

pour sa gestion du dossier du Faubourg Contrecœur, vient de se retirer de la gestion de deux projets de développement immo­bilier importants, soit ceux des secteurs du golf de l’île de Mont­réal et de Bellechasse. La Ville de Montréal a donc confié la pla­nification de ces deux projets à ses propres fonctionnaires.

En mai 2008, quelques mois avant que soient dévoilées les ir­régularités dans la gestion de la SHDM, la Ville de Montréal avait mandaté celle-ci afin qu’elle élabore des plans d’affaires pour le développement de terrains ad­jacents au Club de golf de l’fle de Montréal, dans l’arrondissement de Riviére-des-Prairies-Pointe- aux-Trembles (RDP-PAT). et du secteur Bellechasse, dans Rose mont-La PetitePatrie.

Le premier terrain, d’une su­perficie de 28 hectares, voisin du Club de golf de l’île de Montréal, a été aménagé en 1999. A la demande de l’arron­dissement de RDP-PAT, la Ville avait confié à la SHDM le soin de concocter un plan d’affaires et d’assurer la mise en œuvre des projets immobiliers qui de­vaient y être réalisés. On vantait alors «l’expertise développée par la SHDM en matière de viabilité de grands sites».

La SHDM avait reçu un mandat semblable pour la mise en valeur du secteur Bel­

lechasse, un terrain de 11,5 hectares situé dans le qua­drilatère bordé des rues Saint- Denis et Bellechasse, du bou­levard Saint-Laurent et de l’em­prise de la voie ferrée du CP. Le projet prévoit la construc­tion de 1500 logements, ainsi que des commerces et des bu­reaux sur ce terrain situé à proximité du métro Rosemont. La Société de transport de Montréal (STM) détient 40 % du site et la Ville, 20 %, alors que le reste appartient à des intérêts privés.

La SHDM a récemment de­mandé à l’administration Trem­blay de se désister des deux dossiers. Lors de la réunion hebdomadaire du comité exé­cutif la semaine dernière, les élus ont mandaté le Service de mise en valeur du territoire et du patrimoine afin qu’il prenne la relève de la SHDM.

«Je ne crois pas que la SHDM ait le mandat et la profondeur pour faire de grands plans d’en­semble, a expliqué au Devoir le directeur général de la SHDM, Guy Hébert. Dans le cas du 6000, Saint-Denis [secteur Bellechasse], le projet implique le déménagement d'un garage d’autobus et le déplacement d’un viaduc. On pense que le mandat de la SHDM, c’est d’être complémentaire à ce pro­jet. On va d’ailleurs y partici­

per, mais tous les arrondisse­ments ont des services d’urba­nisme et on ne veut pas se sub­stituer à eux. On veut travailler en partenariat avec eux.»

M. Hébert soutient que ni la tourmente entourant la SHDM et la gestion déficiente du pro­jet du Faubourg Contrecœur ni la publication de rapports acca­blants du vérificateur général de la Ville et de la firme Sam- son Bélair Deloitte & Touche la semaine dernière ont influencé la décision de la SHDM. «Il n’y aurait pas eu de Contrecœur, et la SHDM se serait désistée quand même», a-t-il dit en rappe­lant que la SHDM souhaitait concentrer ses efforts dans le démarrage de projets de déve­loppement et dans la construc­tion de logements abordables. «On devrait aller dans des en­droits où le privé ne va pas, et travailler sur des projets qui sont plus expérimentaux, comme d’anciens entrepôts, des projets pour les familles ou à caractère environnemental», a-t-il dit.

Rappelons que la SHDM, de même que son ancien directeur général Martial Fillion, ont été durement critiqués pour la ges­tion de diverses transactions ef­fectuées en 2007 et 2008 et qu’une enquête a été confiée à la Sûreté du Québec.

Le Devoir

L’affaire Airbus rebondit à la commission OliphantJIM BROWN

Ottawa — Le spectre de l’affaire Airbus est re­venu hanter Brian Mulroney hier. Le rapport d’un expert en comptabilité a soulevé bien des

questions à propos des liens financiers qui unis­sent Karlheinz Schreiber et l’ex-premier ministre.

Mais en fin de compte, rien n’a permis de re­lier M. Mulroney à la vente controversée d’avions Airbus à Air Canada, en 1988, une tran­saction qui l'a poursuivi pendant des années mal­gré ses proclamations répétées d’innocence.

Le rapport comptable, rédigé par la firme Na­vigant Consulting et déposé dans le cadre de l’en­quête publique sur les relations d'affaires entre MM. Mulroney et Schreiber, n’a pas non plus permis de trouver de trace écrite des 300 000 $ que M. Schreiber dit avoir versés à M. Mulroney afin qu’il fasse du lobbying pour d’un autre pro­jet, soit la construction de véhicules militaires blindés de conception allemande au Canada. Cela s’explique en bonne partie par le fait que les sommes échangées entre MM. Schreiber et Mulroney l’ont été en argent comptant.

Le rapport montre que l’argent reçu par M. Schreiber pour son rôle d'intermédiaire dans la transaction des Airbus a probablement été versé plus tard dans un compte bancaire suisse au nom de code «Britan».

M. Schreiber a affirmé qu’il avait ensuite retiré du compte Britan 300 (XX) 8 afin de payer M. Mul­roney pour ses services de lobbying pour le pro­

jet Bear Head en 1993-94. Ce projet prévoyait que la firme allemande Thyssen AG implante une usi­ne au Canada pour y construire des véhicules blindés et les exporter.

Steven Whitla, de Navigant, a déclaré dans son té­moignage que bien que la documentation reste in­complète, on pouvait raisonnablement conclure que la majeure partie des sommes contenues dans le compte Britan provenait des commissions reçues par M. Schreiber pour le projet Airbus. M. Whitla a cependant été incapable de remonter la filière finan­cière jusqu'à M. Mulroney. Bien que les montants retirés par M. Schreiber semblent équivaloir aux versements faits à M. Mulroney, les paiements ont toujours été effectués en argent comptant. Il n’est donc pas possible de prouver que l’argent a été re­mis à M. Mulroney, a précisé M. Whitla.

Richard Wolson, l’avocat en chef de la commis­sion Oliphant, a aussi indiqué que même si l’ar­gent du compte Britan a été utilisé pour payer M. Mulroney, cela ne signifie pas que l’ancien pre­mier ministre savait que cet argent provenait à l’origine de la transaction avec Airbus.

Soupçonné par la GRC de malversations dans le dossier Airbus, M. Mulroney avait intenté une poursuite pour diffamation. Il avait conclu une entente à l’amiable avec Ottawa, avait reçu des excuses publiques de la part du gouvernement canadien et une compensation financière du gou­vernement libéral de Jean Chrétien.

La Presse canadienne

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LE MONDEAfghanistan

Cent morts dans des frappes américaines, dont une majorité de civils

REUTERSDes villageois examinaient hier les dégâts causés par les frappes américaines dans le district de Bala Buluk.

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Herat — Plus de 100 per­sonnes, parmi lesquelles une majorité de civils, dont des

femmes et des enfants, ont été tuées lundi dans l’ouest de l’Af­ghanistan, selon les autorités locales, dans des combats et bombardements des forces américaines qui ont ouvert une enquête.

De violents combats oppo­sant des talibans aux forces af­ghanes et internationales ont éclaté lundi dans le district de Bala Buluk de la province de Farah, où les insurgés sont bien implantés.

«Je me suis rendu à Farah. Au cours des combats et des bombar­dements, plus de 100 personnes ont été tuées. Parmi elles figurent de 25 à 30 talibans et les autres sont des civils, parmi lesquels des femmes et des enfants», a expli­qué hier Abdul Rauf Ahmadi, porte-parole de la police afgha­ne dans l’ouest du pays.

Dans la matinée, le chef de la police de la province, Abdul Ghafar Watandar, avait assuré avoir vu les cadavres de 30 ci­vils apportés en camion par des villageois. Pour sa part, une porte-parole du Comité interna­tional de la Croix-Rouge (CICR) Jessica Barry qu’une équipe avait vu sur place «les corps de dizaines de personnes tuées, parmi lesquelles des femmes et des enfants». «La plu­part des maisons de la zone visée ont été réduites en ruines», a-t- elle déclaré.

Lors d’une déclaration à Wa­shington aux côtés des prési­dents afghans et pakistanais, Hamid Karzaï et Asjf Ali Zarda- ri. la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a exprimé ses «regrets personnels» et «la sympathie» de

l’administration américaine «à propos des pertes en vies hu­maines en Afghanistan». «Nous les regrettons profondément», a-t- elle dit.

De son côté, l’armée améri­caine a ouvert une enquête conjointe avec les autorités af­ghanes. Le général américain David McKiernan, comman­dant les forces internationales en Afghanistan, a pour sa part affirmé que 25 talibans ainsi qu’un nombre encore indéter­miné de civils avaient été tués au cours de combats et bom­

bardements dans l’ouest du pays.

Le gouverneur de Farah, Ro- hul Amin, n’était pas non plus en mesure de confirmer le nombre de victimes. «La zone bombardée est sous le contrôle des talibans», a-t-il déclaré.

Les affrontements ont été déclenchés par une attaque menée par des insurgés contre deux villages, au cours de la­quelle ces derniers ont tué trois policiers et assassiné trois civils accusés de travailler pour le gouvernement, provo­

quant l’intervention des forces afghanes et américaines.

Les forces étrangères en Af­ghanistan tuent régulièrement des civils lors des combats et des bombardements contre les in­surgés. Ces bavures provoquent la colère de la population et des autorités afghanes. En 2008, 2118 civils ont été tués dans des violences, selon l’ONU, qui esti­me que les forces progouverne­mentales sont responsables de la mort de 39 % d’entre eux.

Agence France-Presse

Les juges colombiens sous écouteLes magistrats exigent des explications du président Uribe

Bogota — Les présidents des plus hautes cours co­lombiennes, dont la Cour su­

prême, ont adressé mardi soir une demande d’explication sans précédent au président Alvaro Uri­be après la révélation d’écoutes pratiquées sur les magistrats.

Dans une lettre ou­verte signée des pré­sidents des plus hautes instances judi­ciaires où il est rappe­lé que le service ayant pratiqué les écoutes, le département admi­nistratif de sécurité, dépend directement de la présidence co­lombienne, les magis­trats demandent à Alvaro Uribe «qu’il s’exprime directement sur cette grave affaire».

Des enquêtes délicatesLes magistrats qualifient «de

grave atteinte à l’autonomie et l’indépendance de la justice et par conséquent à toute la démo­cratie», les écoutes pratiquées sur les juges, en particulier ceux qui enquêtaient sur le scandale dit de la parapolitique, qui a mis en lumière les liens entre plusieurs dizaines de par­lementaires de la majorité et des groupes paramilitaires. Ils appellent le président dont les rapports avec la magistrature

sont notoirement tendus depuis des mois, à offrir des garanties pour les «attaques» et «vexa­tions» dont sont victimes les magistrats cessent

Le 26 avril, le procu­reur général Mario Iguarân avait confirmé le scandale d’espionna­ge révélé par un heb­domadaire d’investiga­tion en février, tou­chant des opposants, des membres du gou­vernement, des magis­trats et des journa­listes. Il avait qualifié les faits d’«atteinte à la sécurité de l’État» et de «violation injustifiable des droits des citoyens».

L’appel à Alvaro Uribe, est signé de la Cour suprême, du Conseil d’État, de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature.

Dans un rapport sur la Co­lombie publié en octobre, l’or­ganisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch avait directe­ment accusé le gouvernement d’Alvaro Uribe de freiner les enquêtes de la Cour suprême sur les liens entre paramili­taires et classe politique, évo­quant des actes de «sabotage» et d'«obstruction».

Agence France-Presse

Ledépartement administratif de sécurité

dépend

directement de laprésidencecolombienne

Conséquence de la crise

104 millions de personnes sous-alimentées de plus

Les deux maux de la Géorgie

IRAKI.I GEDEN1DZE REUTERSLe président de la Géorgie, Mikheil Saakachvili, a rencontré hier des mutins.

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EN BREF

Le Maine légalise le mariage homosexuelNew York—Le Maine est deve­nu hier le 5‘ Etat américain à lé­galiser le mariage homosexuel, après la promulgation par le gou­verneur d’une loi approuvée par les législateurs. Le Sénat avait adopté plus tôt le projet de loi en faveur du mariage homosexuel, déjà approuvé par la Chambre des représentants. Le mariage entre personnes du même sexe est permis dans trois autres Etats du nord-est (le Connecti­cut, le Massachusetts et le Ver­mont) etl’Iowa (centre). Le New Hampshire) a lui aussi franchi ré­cemment un pas vers la recon­naissance du mariage homo­sexuel, qui a été adopté par un vote du Sénat -AFP

Aznavour ambassadeur d’Arménie en SuisseErevan — Le chanteur français d’origine arménienne Charles Aznavour a été officiellement nommé ambassadeur d’Arménie en Suisse, a annoncé hier la pré­sidence de ce pays du Caucase. Le président Serge Sarkissian a aussi nommé le chanteur repré­sentant permanent de l’Arménie auprès du bureau des Nations unies à Genève. - AFP

Décapités pour vol à main armée et meurtreRiyad — Deux Yéménites, re­connus coupables de vol à main armée et meurtre, ont été déca­pités au sabre hier dans la pro­vince de Jizane. Dabi Akhrach et Mohammed Naami avaient été condamnés à mort pour le meurtre d’un de leurs compa­triotes, Ahmed Qassam, tué par balle dans une série d’attaques et de vols à main armée, a précisé le ministère dans un. Ces déca­pitations portent à 28 le nombre d’exécutions en Arabie depuis le début de 2009. -AFP

L’OTAN a entamé hier des manoeuvres militaires en Géorgie dans un climat de tension ravivée avec la Rus­sie, qui a livré un bref conflit armé contre son voisin l’an dernier et parle aujourd’hui de provocation. Sur le plan intérieur, les manifestations se succèdent pour demander la démission du président.

HÉLÈNEDESPIC-POPOV1C

Un petit pays frontalier de la Russie dont les tankistes se mutinent de temps à autre

et qui de surcroît ne contrôle pas l’ensemble de son territoi­re est-il un candidat sérieux à l’adhésion à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord? A priori non, même si, dans le cas de la Géorgie, c’est son vœu le plus cher.

Force est de de constater qu’après avoir monté en épingle mardi la mutinerie de la base de Moukhrovani, près de Tbilissi, vite imputée à de noires visées russes, la Géor­gie, soudain consciente des im­plications de cet épisode sur son image, s’est mise à rétropé- daler. La mutinerie, a expliqué hier à Paris, la présidente du Conseil de sécurité nationale, Ekaterine Tkechelachvili, était «à petite échelle». Ce n’était pas toute une base, même pas toute une unité, juste «quelques sol­dats et officiers» liés à «d’anciens généraux démis de l’armée». «Mais même une mutinerie non résolue pendant un jour ou deux aurait pu empêcher la tenue des exercices de l’OTAN qui ont com­mencé aujourd’hui [mercredi)», a dit l’ancienne ministre des af­faires étrangères. Ces ma­nœuvres, qui sont en fait des exercices conjoints entre les pays de l’OTAN et ceux du Par­tenariat pour la paix, ont telle­ment exaspéré le Kremlin que Tbilissi veut voir sa main dans cette mutinerie.

La faute au présidentPour la Russie, la faute in­

combe au bouillant président géorgien Mikheil Saakachvili.

«Si le président géorgien souffre d’une indigestion, cela signifie que nous l’avons empoisonné. Je n’arrête pas de le dire: il faut en­voyer en Géorgie des infirmiers et non des militaires», a déclaré hier l’ambassadeur russe au­près de l’OTAN, Dmitri Rogozi- ne. En termes plus diploma­tiques, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine a expliqué par télé­phone à son homologue améri­cain Daniel Fried qu’«î7 se passe

« Si le président géorgien

en Géorgie ce que nous avons toujours craint: l’aggravation d’une situation politique incon­trôlable qui est interprétée com­me des agissements de l’ennemi qu’est la Russie».

La Géorgie vit en effet une époque de contestation inhabi­tuelle. Même si elle n’a pas rassemblé des foules assez nombreuses pour s’emparer du pouvoir, l’opposition harcè­le le gouvernement par de pe­tites manifestations quasi quo­tidiennes depuis le 9 avril. Lui trouver des liens avec des mu­tins soi-disant liés à la Russie relève donc de la bonne aubai­ne, même si, officiellement, on prêche la patience. Un des of­ficiers mis en cause, s’est-on empressé do dire à Tbilissi,

venait d’adhérer au parti d’Irakli Alassania, un ancien diplomate considéré comme le chef de file de l’opposition mo­derniste. Plus que jamais, l’existence d’un conflit larvé avec le voisin russe s'avère être un frein puissant à la dé­mocratisation du pays. Car il est toujours plus facile d’agiter la menace russe que de mener le dialogue.

Contrairement à ce qu’aurait souhaité Moscou, sur fond

d'expulsions réciproques de diplo­mates, l’OTAN n’a pas annulé les exercices pré­vus. Mais le

secrétaire général de l’alliance, Jaap de Hoop Scheffer, a cru bon de rappeler à l’ordre Tbilis­si pour la présentation qui en avait été faite en Géorgie. «Ce n'est pas un exercice de l’OTAN, mais de l’OTAN et de ses parte­naires, qui est accueilli par la Géorgie», a-t-il souligné. La Rus­sie estime que ces manœuvres enfreignent les dispositions du cessez-le-feu conclu après la guerre d’août 2008 en Ossétie du sud. Tbilissi rétorque que Moscou ne les respecte pas en occupant toujours 20 % de son territoire. «La politique russe reste la même: la Russie veut éta­blir son monopole sur la région», dit Ekaterine Tkechelachvili.

Libération

Paris — La faim dans le mon­de touchera 104 millions de personnes de plus en 2009 en

raison de la crise, portant le nombre total de personnes sous-alimentées à près d’un mil­liard, a estimé hier Jacques Diouf, directeur de l’agence de l'ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

«Nous estimons que 104 mil­lions de personnes supplémen­taires n’auront pas un accès adéquat à la nourriture cette année en raison de la crise éco­nomique et financière», a dé­claré M. Diouf lors d’une conférence de presse à Paris. «Nous arriverons à peu près à un milliard de personnes qui seront privées de leur droit fon­damental à l’alimentation», a- t-il précisé, ajoutant que ce ni­veau n’avait jamais été atteint par le passé.

En 2008, le nombre de per­sonnes sous-alimentées avait augmenté de 40 millions sous l’effet de la flambée des prix des produits alimentaires, a dé-

N> Djamena — Les rebelles tchadiens qui affichent

comme «objectiffinal» N’Dja­mena ont été bombardés par l’armée dans l’est du Tchad, a affirmé hier le gouvernement tchadien, qui condamne «l’agression manifeste, de gran­de envergure» lancée, selon lui, par Khartoum.

Les rebelles ont été «localisés et traités’par nos avions. Il n’y a eu aucunement de combat, ils ont évité les forces gouvernemen­tales», a déclaré le ministre tchadien de l’Intérieur et de la Sécurité publique Ahmat Maha- mat Bachir, assurant que le cal­me régnait «dans toutes les villes de l’Est».

«Depuis 72 heures, ces rebelles ont contourné les points névral­giques gardés par nos forces de défense et de sécurité. Ils se sont infiltrés par d'autres bouchons et sont arrivés autour de la sous- préfecture de Kerfi, à environ 45 km au sud de Goz Beïda», a ajouté M. Bachir, qui a été clair:

claré M. Diouf, précisant que la hausse en 2007 avait concerné 75 millions de personnes.

L’insécurité alimentaire affec­te principalement 32 pays dans le monde qui nécessitent une aide d’urgence, a ajouté M. Diouf, estimant par ailleurs qu’il fallait doubler la produc­tion alimentaire mondiale.

Le patron de la FAO a égale­ment appelé les pays dévelop­pés à tenir leurs engagements en matière d'aide aux pays pauvres, en dépit de la crise, fi a souligné que les sommes né­cessaires pour cela étaient sans commune mesure avec celles dépensées récemment pour ai­der le secteur bancaire. «On ne peut pas comparer les mille mil­liards dollars dépensés pour faire face à la crise financière [...] avec les sommes qui sont néces­saires pour permettre aux per­sonnes de satisfaire leur besoin le plus fondamental, qui est de manger», a-t-il argumenté.

«Quelles que soient les condi­tions, ils ne prendront aucune ville de l’Est. Toutes les disposi­tions sont prises.»

Il a ensuite a indiqué qu’une colonne de rebelles avait été «répérée et fixée et suivie de près» dans une localité non précisée du nord-est de la Centrafrique, frontalière du sudest du Tchad. «Elle est fixée par nos forces qui ne tarderont pas à l'atteindre», a- t-il ajouté.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a interrompu ses distributions de nourriture dans le camp de Goz Amir (22 000 réfugiés). La chargée de communication du bureau régional du PAM à Dakar, Judi­th Schuler, a indiqué que le PAM continuait «la distribution dans les 11 autres camps de l’est du Tchad, mais avait arrêté mardi les vols humanitaires du PAM sur Goz Beïda, Farchana, Koukou et Dogdore».

Agence France-Presse

souffre d’une indigestion, cela signifie

que nous l’avons empoisonné »

Agence France-Presse

Tchad

Les rebelles poursuivent leur progression

A 6 LE DEVOIR, L E J E U D I 7 MAI 2 () 0 9

EDITORIALFIER

Mécanique douteuseLes révélations faites par les partis d’opposition à l’Assem­blée nationale sur le fonctionnement des Fonds d’interven­tion économique régionaux (FIER) gérés par Investissement Québec ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête. Bien sûr, les allégations de conflits d’intérêts doivent être éclaircies, de même que la destination régionale des fonds. Mais l’usage même de ces millions soulève des questions.

En commission parlementaire cette semaine, le mi­nistre du Développement économique, M. Ray­mond Bachand, n’a pas pu fournir d’explication satisfaisante à plusieurs situations troublantes ré­vélées par l’opposition au sujet des FIER Com­ment expliquer que deux FIER l’un du Saguenay et l’autre de Laval, dirigés par des sympathisants libéraux, aient effectué neuf investissements dans des entreprises dont ces mêmes sympathisants sont aussi actionnaires? Comment expliquer

qu’un autre libéral connu ait obtenu 4 millions de quatre FIER diffé­rents pour une même entreprise?

A l’origine, les FIER ont été créés pour encourager l’investissement dans des projets de démarrage qui ne trouvent pas de capital de risque, surtout en région. En théorie, le FIER devait être un fonds dans lequel des investisseurs privés placent de l’argent qui sera réin­vesti dans des entreprises, enrichi d’une mise gouvernementale du double.

En général, lorsqu’une banque ou une société de capital de risque joue un tel rôle auprès d’une entreprise qui ne possède pas l’argent

nécessaire pour se développer, elle exige un ren­dement de 20 à 30 % par année en plus d’un cer­tain nombre d’options d’achat d’actions à être exercées si la compagnie inscrit son titre en Bour­se., Dans le cas d’un FIER l’investisseur public (l’Etat) qui contribue pour les deux tiers n’exige pas de rentabilité à court terme pour lui-même. Si le projet réussit, l’argent retourne au FIER S’il échoue, c’est la mise gouvernementale qui dispa­raît en premier, avant celle du partenaire privé.

Dans le cas de ce dernier, c’est différent L’ar­gent placé dans un FIER doit rapporter, et vite, comme pour toute société de capital de risque. Il

faut donc bien choisir les projets pour réaliser des gains élevés, qui se­ront multipliés si l’entreprise réussit son passage à la Bourse. Or, com­me on n'est jamais si bien servi que par soi-même, pourquoi ne pas créer son propre FIER siéger au conseil et choisir sa propre entrepri­se pour y investir l’argent du FIER? Ainsi, l’argent gouvernemental servira de levier pour faire grimper la mise de finvestisseur, et par la suite, la valeur des titres des actionnaires. Ce n’est donc pas un hasard si la formule intéresse tant d’investisseurs qui s’y connaissent en capi­tal de risque.

Pour qu’une telle mécanique ne tourne pas au détournement de fonds publics, plusieurs conditions s’imposent un, que les FIER ne se substituent pas au capital de risque du marché; deux, que seuls les projets régionaux qui ne pourraient voir le jour autrement fas­sent l’objet d’une aide gouvernementale; trois, que personne ne soit en situation de conflit d’intérêts à aucun moment du processus; quatre, que les FIER ne servent pas de simple levier financier pour des investisseurs à la recherche d’un profit maximum dans des en­treprises où ils sont déjà actionnaires; cinq, que l’ensemble des opé­rations soit sous la supervision d’administrateurs neutres; six, qu’une évaluation exhaustive et transparente soit rendue publique tous les ans par Investissement Québec.

Pour le moment, trop d’indices laissent croire que certains FIER se­raient tombés sous le contrôle d’individus trop bien informés qui utili­seraient les fonds publics pour leur enrichissement personnel. Seul le vérificateur général peut faire la lumière sur la question.

MAISON DU FESTIVAL DE JAZZ

Jazz aluminium

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Jean-RobertSansfaçon

in juin, un touriste débarqué à Montréal et errant coin Sainte-Catherine et de Bleury ne saura pas que la nouvelle Maison du Festival Rio Tinto Alcan ne cache pas un musée de l’aluminium, mais bel et bien un antre du jazz!

L’industrie culturelle québécoise est cruellement soumise aux commandites et aux dons d’entreprises. Cette dépen­dance est telle que le président fondateur du Festival international de jazz de Montréal, Alain Simard, le dit d’emblée: sans finance­ment privé, pas de maison du jazz. On devine la suite: sans pro­messe d’affichage au donateur, pas de commandite.

Le résultat de ce jeu comptable est pour le moins navrant: la maison du jazz pourrait aussi bien abriter un entrepôt de chaus­sure. ou une usine de pois en conserve, qu’en saurions-nous? Rien dans son appellation n’évoquera la chaleur d’un rythme musical. Révoltant! A l’ère florissante des PPP, que nous réserve-t-on pour la future salle de l’OSM?

La maison du jazz-aluminium aura coûté davantage en fonds pu­blics qu’en commandites, mais le donateur rem­porte le concours toponymique. L’Etat encoura­ge, en quelque sorte, cette course à l’affichage commercial. Il versera sa part publique seule­ment si le privé a accepté de contribuer. Résul­tat? La commandite fait foi de bougie d’alluma­ge. Cette maison de la musique, qui aurait pu dignement offrir sa devanture à un grand nom du jazz tel Oscar Peterson, fait dans le métal blanc et le conglomérat anglo-australien.

Jusqu’à quand d’ailleurs? Qu’on se rappelle le Centre Molson, changé par un coup de baguette comptable en Centre Bell. Ne serait-ce que pour

la pérennité du nom d’une institution culturelle, le choix de son ap­pellation ne devrait pas être dicté par des impératifs financiers. Sans compter qu'aucune entreprise — l’actualité nous le rappelle sans cesse — n’est à l’abri d’une déconvenue, quelle qu’elle soit.

Le milieu universitaire a depuis longtemps succombé aux ca­prices des donateurs. Mais les pavillons Jean Coutu (Université de Montréal) ou Schulich (Université McGill) honorent non seule­ment de grands bienfaiteurs et hommes d’affaires, mais d’anciens étudiants attachés à leur aima mater. La différence est de taille.

Dans un passé pas si lointain, le Québec était en guerre contre l’affichage en anglais, y voyant une attaque fine à l’âme de sa cultu­re, sa langue française. Notre charte ne peut toutefois rien contre l’assaut publicitaire, qui s’insinue sournoisement dans la topony­mie de ces bâtiments, si culturels et soutenus par des fonds pu­blics soient-ils.

La dépendance des institutions culturelles envers les commandi­taires serait telle qu’il serait devenu un «luxe» d’appeler un chat un chat? Il faudrait donc courber l’échine, contribuer à la banalisation du phénomène et donner platement dans l’aluminium plutôt que dans l’hommage aux plus grands? Reste à compter alors sur la pu­deur et la sobriété du cercle des richissimes. Un rappel à ceux-là: le mécénat n’a rien de la propagande, mais tout de l’impératif mo­ral et privé.

tnachouinanKaledevoir.com

Marie-AndréeChoiiinard

LE DEVOIRFONDÉ PAR HENRI BOURASSA LE 10 JANVIER 1910. FAIS CE QUE DOISDirecteur BERNARD DESCÔTEAUXRédacteur en chef JEAN-ROBERT SANSFAÇONVice-présidente, finances et administration CATHERINE LABERGEDirectrice de l’information JOSÉE BOILEAUDirecteurs adjoints de l’information PIERRE BEAULIEU, LOUIS LAPIERRE, JEAN-FRANÇOIS NADEAU Directeur artistique CHRISTIAN T1FFET Directrice, ventes publicitaires MANON BÉLAND

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Le laxisme de la ministre et la retraite du maire

L’administration Tremblay n’arrive plus à démontrer une quelconque rigueur dans sa gestion de la ville de Montréal. Le dossier des compteurs d’eau est le der­nier dossier d’une longue liste de cas pro­blématiques pour l’administration de Gé- rald Tremblay. Et le plus surprenant est que malgré toutes ces importantes alléga­tions, la ministre des Affaires municipales et de la métropole, madame Nathalie Nor­mandeau, s’en lave les mains et refuse de prendre ses responsabilités et de re­mettre à sa place une administration en constante perte de vitesse. Est-ce à cause des allégeances libérales de monsieur Tremblay?

Comme dans le cas de la privatisation de la SHDM, la ministre Normandeau ne peut cette fois-ci se défiler de ses respon­sabilités envers la plus grande ville du Québec et elle doit sommer la Ville de Montréal de respecter les lois et règle­ments régissant les villes. Ce n’est pas en annonçant un code d’éthique pour les villes truffé d’exceptions qu’elle rendra l’administration municipale plus accep­table. D’ailleurs, son propre gouverne­ment tarde depuis 2003 à nommer (J'un commissaire à l’éthique au Québec.A titre de contribuables municipaux, souhaitons-nous que cela prenne moins de temps de la part de madame Normandeau.

Avec le dévoilement de nombreux dos­siers troublants pour son administration, il serait peut-être temps que le maire sortant Gérald Tremblay songe à prendre sa retrai­te afin de faire place à un renouveau sou­haitable pour le développement de notre ville. Merci Monsieur Tremblay et bonne retraite!

André TremblayLe 6 mai 2009

L

Amour, divorce etPHILIPPE BERNIER ARCANDDoctorant en sociologie à l’UQAM

Des événements d’ordre privé se re­trouvent désormais dans les pages internationales et politiques des quotidiens. On peut penser, au cours des

derniers jours, aux révélations sur les infidé­lités du sénateur américain John Edwards par sa femme Elizabeth ou encore à la de­mande de divorce de Veronica Lario à son mari, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi. Le Québec n'est pas en reste avec la médiatisation de l’union entre la vice- première ministre Nathalie Normandeau et le député adéquiste François Bonnardel.

La médiatisation de la vie privée des po­liticiens n’a rien de surprenant: le politi­cien n’est plus uniquement présenté à ses citoyens dans son rôle d'homme — ou de femme, le cas échéant! — politique. On le présente désormais dans les médias sous de multiples identités, qui n’ont souvent pourtant aucun lien avec sa fonction poli­tique, comme celle de père, de mari, de partisan d’une équipe sportive, etc. Les identités qui relevaient autrefois de la vie privée se retrouvent aujourd’hui dans la vie publique.

La frontière entre l’espace public et le

LETTRES

Mal de cœurLe ministre des Finances du Québec, mon­

sieur Raymond Bachand, peut bien tenter d'associer le Parti québécois à la crise des FIER, cela ne prend pas la tête à Papineau pour réaliser que cela ressemble davantage à une opération de diversion indigne du mi­nistre nouvellement en poste. Même les mé­dias ont révélé la faiblesse de l’attaque de monsieur Bachand en indiquant que Claude Blanchet était un simple actionnaire d’une compagnie ayant obtenu du financement d'un FIER, et non un dirigeant de cette entre­prise, comme cela est le cas pour plusieurs collaborateurs et contributeurs du PLQ. La nuance est importante et les médias l’ont très rapidement révélée. Cette tentative de diver­sion n’est qu’un pétard mouillé qui indique très clairement à quel point le gouvernement Charest est embrouillé dans une autre si­nistre histoire au parfum de scandale.

Alors qu’ils devaient servir au développe­ment des régions concernées, les Fonds d’in­tervention économique régionaux (FIER) ont davantage servi des intérêts dans les centres urbains. Nous apprenions que le pre­mier investissement du FIER Gaspésie a été fait dans une compagnie de l’Outaouais et que l’un des deux FIER du Saguenay-Lac- Saint-Jean avait investi tout son argent dans la région montréalaise! Face à ces faits acca­blants, le ministre Bachand a été incapable de défendre l’utilisation des fonds publics faisant partie des FIER.

Le gouvernement québécois se retrouve avec un déficit budgétaire et les régions vi­vent très durement les effets de la présente crise mondiale. Elles n’ont pas à subir les tractations politiques libérales les privant d’importantes sommes prévues initialement pour favoriser le développement économique en région. Confronté à un sérieux problème éthique dans sa gestion des affaires de l’État, le gouvernement Charest devrait donc immé­diatement demander au vérificateur général

IBRE OPINIO

politiqueprivé n’a cessé d’être bouleversée depuis les années 1970 à cause, notamment et se Ion divers sociologues, de la télévision comme média de masse, de l’individualis­me hédoniste et de la mise en scène de l’in­timité. Dans les médias, on assiste à une croissance constante de l’exposition de l’es­pace privé sur la scène publique.

La télévision permet de regarder ce qui était autrefois caché, car relevant de l’es­pace privé. En effet, il suffit maintenant d’ouvrir son téléviseur pour voir au quoti­dien l’intimité d’individus à Loft Story ou encore de voir des invités sur le plateau de Tout le monde en parle raconter leur vécu à la première personne. Il en va de même avec les politiciens.

Le succès du politicien ne se mesure pas uniquement par ses compétences pour ré­soudre des problèmes sociaux, écono­miques et politiques, mais aussi par sa no­toriété. Le politicien doit passer par les mé­dias pour atteindre le public. En mal de no­toriété, les politiciens doivent se plier au jeu des médias et exposer leur vie privée et leur intimité.

Il y a toutefois lieu de se demander si cet effacement des frontières entre l’espa­ce public et l'espace privé est dû à une cu­riosité de la population envers les politi-

du Québec de mettre son nez dans cette affai­re de FIER afin de dresser un portrait global et non partisan de la situation. Cela laissera au moins la perception que le gouvernement Charest ne se moque pas tant que cela du sort des régions du Québec qui se battent avec courage pour se sortir de la crise.

Olivier Lemieux Longueuil, le 6 mai 2009

L’ange du quatrièmeDe passage quelques jours à l’Institut de

cardiologie de Montréal (ICM) pour une in­tervention qui n’intéresse personne, j’ai ren­contré un ange cardiologue. Je l’ai observé pendant trois jours. Vêtu de blanc, il semblait voler au-dessus du quatrième étage.

Je l’ai entendu se réjouir haut, fort et sin­cèrement de l’arrivée d’une infirmière qu’il connaissait et qui venait se joindre à l’équi­pe. Je l’ai vu, avec délicatesse, vulgariser pour ma voisine de chambre, les propos d’un autre cardiologue qui était avec lui et qui tenait un langage incompréhensible. [...]

Je ne sais pas pourquoi, mais il faut dire que c’est une créature céleste; il a compris que je faisais entièrement confiance à la ca­pacité de l’équipe médicale de me soigner judicieusement, mais que du même coup, je doutais de la compétence quant à la ges­tion de «mon c^s» par l’organisation dont elle fait partie. A l’ICM comme ailleurs, les batailles corporatistes, syndicales et bu­reaucratiques font rage et minent l’efficaci­té de l’organisation.

Créature extraterrestre, le cardiologue m’a traité comme je le voulais. En me lais­sant croire que je gagnais sur le système, il a fait son boulot dans les règles de l’art dans un univers parsemé d’embûches inac­ceptables. Il m’appelait «mon ami». Je ne l’avais jamais rencontré de ma vie. Il s’ap- pelle Reda Ibrahim. Salut mon ami.

Benoit Gignac Le 2 mai 2009

N

ciens ou à un désir d’exhibition de ces derniers. En effet, le politicien a tout avantage dans sa stratégie de communica­tion à exposer sa vie privée.

Les citoyens préfèrent s’identifier à un politicien plutôt que d’adhérer à ses idées. Pour s’identifier à un politicien, la population a besoin de comprendre qui il est. C’est dans la vie privée que le citoyen retrouve le plus de similitudes entre lui et le politicien.

Avec une bonne stratégie de communi­cation politique, il est possible de prendre avantage de cette confusion qui existe entre l’espace public et l’espace privé. Ain­si, les événements heureux ou malheureux de la vie privée du politicien permettent d’afficher son humanité, de le présenter en tant que femme ou en tant qu’homme plu­tôt qu’uniquement en tant que politicien.En montrant ses sentiments, le politicien démontre qu’il est comme tout le monde, ce qui favorise le processus d’identification par la population. Il se dégage de cette dé­marche une apparence de sincérité, ce qui permet au politicien de se construire une \ image positive. En revanche, c’est la démo­cratie qui en souffre puisque cette person­nification du politicien ne fait qu’éclipser les programmes et les idées politiques.

LE DEVOIR. L E .1 E l! 1> I 7 M A 1 2 0 0 9 A 7

IDEES

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR

Modernisation de la rue Notre-Dame et du complexe Turcot

Montréal à la croisée des cheminsCOLLECTIF D’AUTEURS

u cours des derniers mois, le gouvernement du Québec a annoncé des investissements de plusieurs milliards de dol­lars pour rénover et dévelop­per les infrastructures de transport sur l’île de Mont­réal, des investissements sa­lués par la grande majorité des Montréalais puisque plu­sieurs de ces infrastructures, telles que l'échangeur Tur­

cot et le métro de Montréal, ont plus de 40 ans et que les besoins de transport de notre métropole croissent rapidement.

La reconstruction du complexe Turcot et la transformation de la rue Notre-Dame sont une occasion unique de réaliser des projets dont les choix de fonctions, de gabarit et d’implantation contribueront à transformer Montréal en une grande métropole avec un centre-ville dyna­mique où la créativité, le développement des af­faires, la protection de l’environnement et la qua­lité de vie seront au rendez-vous.

Qualité de vieAujourd’hui cependant, avec l’accroissement

continu de la population dans les banlieues, l’aug­mentation constante de la circulation, du parc au­tomobile et de la congestion routière, un constat s’impose. Il n’est plus possible d’accroître le nombre de véhicules sur l’île de Montréal, en particulier au centre-ville, sans affecter la qualité de vie des résidants et des travailleurs des quar­tiers centraux, sans nuire à l’économie locale, mais aussi régionale, et sans compromettre l’ave­nir de notre planète.

Toutes les métropoles font face à la même problématique et optent pour des solutions nou­velles qui permettent d’améliorer la mobilité

des personnes et des marchandises tout en contribuant à la lutte aux changements clima­tiques, à l'amélioration de la qualité de l’air, à la revitalisation des quartiers centraux, à la réduc­tion de notre dépendance au pétrole et à la re­lance économique. Montréal ne peut pas échap­per à ce processus.

Choix collectifsDans la mesure où le gouvernement du Qué­

bec souhaite investir plus de 3 milliards de dol­lars dans la modernisation de la rue Notre-Dame et la reconstruction du complexe Turcot, mais ne dispose pas des fonds nécessaires pour construi­re tous les projets actuellement à l’étude, nous devons collectivement faire des choix. Ces choix, tout en visant à obtenir le maximum de gains pour les investissements consentis, devront per­mettre de bâtir un meilleur équilibre entre l’usa­ge de la voiture, du camionnage et des transports collectifs et actifs dans le milieu urbain.

Heureusement, ce ne sont pas les solutions qui manquent pour améliorer la mobilité dans l’axe est-ouest de l’autoroute et offrir des solutions de rechange à l’usage de l’auto en solo, notamment aux 65 % de navetteurs qui empruntent cet axe matin et soir: la construction d’une ligne de tram­way, la navette ferroviaire entre l’aéroport et le centre-ville de Montréal, l’accroissement de l’achalandage du train de Rigaud, les voies réser­vées pour autobus et le Viabus de l’Est.

Services durablesLa reconstruction de l’échangeur Turcot sur plu­

sieurs années exige de planifier et d’implanter des mesures de mitigation en transports collectifs avant que les travaux commencent afin de limiter l’étran­glement routier et économique. Cela représente une belle occasion de mettre en place des services qui demeureront après les travaux. Les choisir en même temps que se définit le concept du nouveau Turcot permettrait certainement d’améliorer ce

dernier, de contribuer au développement écono­mique et urbain des secteurs traversés et à la dimi­nution véhiculaire dans l'axe est-ouest

Tel que suggéré par le vérificateur général, le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal doivent procéder à une «analyse comparée et do­cumentée des différents scénarios possibles» pour permettre une meilleure prise en compte des in­cidences à court et à long termes des projets de transport sur la santé, le contexte social, l’écono­mie, l’environnement, I’utilisation des ressources naturelles pour mieux servir la communauté.

Vision du transportC’est pourquoi nous unissons nos voix aujour­

d’hui sur la nécessité de doter Montréal d’une vi­sion du transport et de l’aménagement, en parti­culier dans l’axe est-ouest de l’autoroute, objet des prochaines consultations, pour les pro­chaines décennies. Le gouvernement du Qué­bec, la Ville de Montréal et l’ensemble des ac­teurs de notre collectivité doivent prendre part à ce débat, afin de trouver des solutions concrètes et globales pour l'avenir des citoyens et des en­treprises tout en évitant un immobilisme qui se ferait également au détriment de Montréal et de sa grande région.

Montréal est à la croisée des chemins et nous ne pouvons manquer cette occasion unique de réaliser une ville à l’image de ce que nous sommes et de ce que nous serons, en harmonie avec nos valeurs et nos aspirations. Boston, San Francisco, Vancouver, Portland, New York, les villes européennes le font Pourquoi pas nous?

Ont signé cette lettre: Florence Junca- Adenot, André Portier, Steven Guilbeault,

David Brown, Gérard Beaudet, Louis Brisson, Pierre Gauthier, David B.Hanna,

Louise Vandelac, Hélène Lauzon, Pierre Morrissette, Michel Ducharme, Gaétan

Chateauneuf et Nancy Néant tan

Accord économique avec l’Europe

La recherche doit faire partie des négociationsMICHEL LEBLANCPrésident et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

LUC V I N ETRecteur de l’Université de Montréal

Hier marquait l’annonce du lancement, par le Canada et l’Union européenne (UE), de négociations visant à conclu­re un accord économique global. Nous applaudissons ce progrès et invitons aujourd’hui le gouvernement du Cana­

da à dép oyer les efforts requis pour que la re­cherche, l’innovation et la mobilité des cher­cheurs figurent au nombre des sujets qui feront l’objet de discussions et de résolutions concrètes dans le contexte de ces négociations.

Nous soutenons que la recherche, l’innova­tion et la mobilité des chercheurs sont de véri­tables moteurs du développement économique et que ces enjeux devraient être inclus dans cet accord économique international. Notre sug­gestion relative à la politique internationale ca­nadienne est en phase avec le plan économique Avantage Canada et la Stratégie des sciences et de la technologie.

Le Canada a le besoin, la capacité et la responsa­bilité de participer à l’avancement des connais­sances et à la découverte de solutions aux grands

défis planétaires de notre époque, et cette participa­tion aura un impact significatif sur notre économie.

Politique de rechercheNous proposons donc que le gouvernement

du Canada saisisse l’occasion qui se présente par ces négociations Canada-Europe pour prendre la direction de la planification et de l’organisation d’une politique de recherche mondialisée. Ces négociations sont une occasion de revoir en pro­fondeur la stratégie canadienne d’internationali­sation de la recherche non seulement avec l’Eu­rope, mais aussi de façon générale, et d’instituer un changement de paradigme.

Les collaborations à l’échelle internationale ac­célèrent les projets de recherche, enrichissent et maximisent les retombées locales de ces activi­tés, tout en en partageant les risques. Pour une ville universitaire à l’avant-garde comme Mont­réal, nous n’avons d’autre choix que d’y être ac­tifs et d’en faire la promotion.

Programme-cadreL’UE a déjà mis en place une structure, le sep­

tième Programme-cadre pour la recherche et le développement (PC), qui détermine les aires prioritaires et qui soutient financièrement les ini­tiatives majeures de recherche en Europe.

Ce septième PC, doté d’un budget de 54 mil­liards d’euros pour la période de sept ans qui se

termine en 2013, n’est pas restreint aux pays membres de l’UE. L’existence de ce véhicule de soutien aux initiatives de recherche européenne in­vite à examiner quels moyens seraient les plus ap­propriés et les plus fructueux pour accroître la par­ticipation du Canada à la recherche européenne.

Collaboration et ouvertureCette question mérite d’être inscrite dans le

mandat de négociation. Il serait ainsi particulière­ment intéressant d’envisager la possibilité pour les Canadiens d’influencer les orientations de si vastes programmes de recherche et pour nos chercheurs d’agir à titre de chercheurs princi­paux et de gérer des projets de recherche d’en- vergure lancés sous ces auspices.

À l’évidence, les négociateurs des deux côtés de l’Atlantique se verront confier le mandat de maximiser les retombées positives d’une plus grande collaboration et d’une plus grande ouver­ture entre le Canada et l'UE. Nous encourageons avec vigueur l’inclusion des questions de re­cherche, d’innovation et de mobilité des cher­cheurs dans le mandat de négociation, et nous souhaitons que des avancées précises devien­nent des divisions de cette entente. Le gouverne­ment du Canada a devant lui une occasion très concrète d’ajouter une autre dimension au lea­dership qu’il exerce en matière de développe­ment et d’intégration économiques.

Anglaid, de Michel Brûlé

La réduction d’une langueDANIEL GRENIERDoctorant en études littéraires à l’UQAM

^ ' l titre de jeune Québécois montréalais, francophone de langue, d’appartenan-

Ace, de culture et d’ouverture, je désire ici exprimer mon désaveu de la récen­te publication de l’éditeur et auteur Mi­chel Brûlé, Anglaid. Je désire condam- --........ ner et décrier cet effort malsain et mal­

honnête de réduire une langue — et par la même occasion les gens qui la parlent — à des clichés d’apparence raciste. Je désire exprimer mon désaccord complet et intégral quant à la teneur, les propos, l’intention, les figures de style, les vir­gules, les conjonctions de coordination présentes à l’intérieur de l’œuvre de M. Brûlé.

J’ai grandi dans le respect de la différence, voi­re l’amour de la différence, et même s’il ne s’agit pas de nier le passé historique, je suis en mesure d’affirmer ici que le français, l’anglais, l’espagnol et le mandarin ne peuvent être réduits à des langues «calculées» sur une échelle de beauté ou de laideur. [...]

PolémisteJe suis en colère parce que j’ai l’impression

que M. Brûlé non seulement ne comprends pas la portée de son «acte», mais aussi qu’il tirera un malin plaisir de la polémique qui s’en suivra. Je m’interroge: qu’un tel «acte», si irrespectueux envers une si grande part de la population non seulement du Québec, mais du monde entier, soit annoncé fièrement et grossièrement à la sor­tie d’un pont (Jacques-Carder en l’occurrence) me révolte. La censure, après tout, ne serait peut- être pas toujours négative.

D’abord, comment peut-on intituler un livre qui parle de la supposée laideur d’une langue avec un mot-valise de si mauvais goût? M. Brûlé n’a manifestement pas vu le beau film Ridicule, de Patrice Leconte. Il aurait su alors qu’on évite, dans la cour des grands, ce genre de facilités d’esthétique et d’esprit.

[...] M. Brûlé n’a manifestement pas lu ce pe­tit essai de vulgarisation linguistique de Marina Yaguello, Catalogue des idées reçues sur la langue. Il aurait appris alors que depuis les an­nées inoubliables des fascismes européens, on essaie le plus possible d’éviter d’entretenir des préjugés ridicules sur les langues, les étrangers, les autres et les gens en général. Et cela, même si on appartient de cœur et d’âme à une minori­té qui essaie de survivre au milieu d’un océan de plus en plus absorbant.

Mélange culturelJe tiens à souligner que même si parfois je res­

sens une petite montée nationaliste lorsque je marche sur la rue Sainte-Catherine et que je n’entends que de l’anglais, je suis en amour avec le mélange culturel absolument inédit qui carac­térise Montréal. Il s’agit là plus d’une chance que d’une engeance, et bien que nous nous devions d’être vigilants pour au moins préserver cet équi­libre précaire, il est fini ce temps où on se lançait des pierres et qu’un étudiant de l’UQAM ne pou­vait pas travailler sur l’œuvre romanesque de Mordecai Richler. M. Richler a, au cours de sa vie, écrit et dit des choses à propos des franco­phones et de leurs luttes qui méritent d’être ou­bliées, mais il a également écrit de superbes ro­mans dans une langue que, personnellement, je considère davantage que celle de M. Brûlé.

L’anglais est une belle langue. Quand M. Brûlé aura lu, entendu, savouré les mêmes choses que plusieurs millions de personnes, comme moi, il s’apercevra que même si la langue anglaise a pro­duit son lot de bêtises, comme toutes les aubes, elle a aussi presque inventé la démocratie moder­ne, elle a été à la source de la Déclaration d’indé­pendance, elle a libéré la France, elle a écrit Mac­beth, Stanzas In Meditation, Ulysses, Paradise Lost, Mrs Dalloway, Midnight's Children, Underworld, Lolita, elle a chanté Johnny Cash, Radiohead, Nina Simone, Tom Waits, Bjôrk, John Lennon (un petit mot très laid au passage: «peace»), elle a joué Audrey Hepburn, Scarlett Johansson, Woo­dy Allen, Marlon Brando [...].

Elle est comme toutes les autres choses diffi­ciles et belles, qu’on croit tenir, mais qui nous glissent constamment entre les doigts. Si M. Brû­lé avait lu, entendu, savouré les mêmes choses que moi, il aurait su que l’anglais, comme toutes les autres langues, n’est pas un personnage au­quel on peut attribuer des défauts et des qualités humaines. Et lui et moi aurions pu éviter ce gen­re d’anthropomorphisme réducteur. [...]

Ecrivez-nous!Le Devoir se fait un plaisir de publier dans cette page les commentaires et les analyses de ses lecteurs. Étant donné l’abondance de courrier, nous vous de­mandons de limiter votre contribution à 8000 carac­tères (y compris les espaces), ou 1100 mots. Inutile de nous téléphoner pour assurer le suivi de votre envoi: si le texte est retenu, nous communiquerons avec son auteur. Nous vous encourageons à utiliser le courriel {re- [email protected]) ou un autre support électro­nique, mais dans tous les cas, n'oubliez pas d’indiquer vos coordonnées complètes, y compris votre numéro de téléphone.

L’ÉQUIPE DU DEVOIRRÉDACTION Information génCrulc et tnttropolilaini- : Gérald Dallaire 'adjoint au directeur de l information). Marie-Andrée Chouinard tiditorialiste. responsable de la pane Idées). Stéphane Üaillariteon (général). Clairandrée Cauchy (éducation), Jeanne Corriveau tuf pitres municipales). Fabien Dt-Rlisc (consommation), lean Dion tsports). UmiaOillea Francceur (envinmnemmt), l’auline Grave! (sciences), lirian Myli-a (justice et faits de société). loulae-Maude Riom Soucy (santé), Alexandre Shields (général), Hiilipix- Papineau (pupitre) : information imlititiue : Michel David (chroniqueur). Hélène Buzzetti et Alec CastonRitay (correspondants parlementaires à Ottawa), Antoine Robitallle et Robert Dutrisac (correspondants parlementaires à Québec). Kathleen Lévesque (reporter) ; information culturelle Michel Hélair (théâtre et cahier Culture), Guillaume Bourgault-Côté (reporter). Paul Cauchon (médias). Frédérique Doyon (reporter). Caroline MontpeUt (livres). Isabelle Paré (reporter). Odile Tremblay (einéma). Paul Bennett (pupitre cahiers spéciaux et culturels du week-end). Julie Carpentier (pupitre) : information économique : Gérard Bérubé (adjoint au directeur de iinfurmation), François Desjardins (reporter), Eric Desrosiers (reporter), Claude Turcotte (reporter), Dominique Reny (pupitre) ; information Internationale Guy Talllefer (adjoint au directeur de l'infiirmation). Serge Truffaut (éditorialiste). Claude Lévesque (reporter). Jean-Pierre legault (pupitre international, page éditoriale et cahier Perspectives) ; Diane Précourt (responsable des pages thématiques) . Jacques Grenier et Jacques Nadeau tphotographes) ; Michel Garneau trariraturiste) ; Michèle Malenfant et Christine Dumazet (correctrices) -, Benoît Monger (responsable du site Internet). Emilie Folie-Bolvin et Vincent Cauchy Irommis Internet) : Amélie Gaudreau (secrétaire il la rédaction): Jean-Jacques Coulombc et Étienne Plamondon-Ëmnnd (commis à la rédaction). DOCUMENTATION Gilles Paré (directeur). Manon Demme t Montréal). Olivier Spéciel (Québec). Monique libérer (Ottawa) PUBLICITÉ Julie Chrétien (directrice adjointe). Amélie Bessette, Jean de Hilly. Jennifer lioily I tenters, Jean François Bossé, Manon Bollard. Marlène Côté. Richard Douangmala, Amélie Maltais. Claire Paquet, Klyssa Portier. Chantal Rainville. Isabelle Sanchez, Nadia Sebaï (publicitaires). Sylvie Laporte, Martine Bérubé (secrétaire). PRODUCTION Christian Goulet (directeur de production). Olivier Zuida /directeur adjoint), Michel Hernatchez, Danielle Cantata, Richard Des Cormiers. Donald Fillon. Yannick Morin, Nathalie Zemailis. INFORMATIQUE Yanick Martel (administrateur Web), Hansel Matthews (technicien informatique) PROMOTION, DISTRIBUTION ET TIRAGE Caroline Simard (responsable service à la clientèle), Nancy Beaulieu. Manon Blanchette. Nathalie Fillon, Marte-Lune Houde-Brisebois ; Jean Robert Divers (responsable promotion). ADMINISTRATION Stéphane Roger (contrôleur). Olena Bilyakova (responsable des services comptables). Claudette Béliveau (adjointe administrative), Céline Furoy, Ghislaine LaSeur, Claudine Chevrier, Monique Protean, Danielle Ross.

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ACTUALITESFIERSUITE UE LA PAGE 1

qui sont propriétaires de chiens et de chats».Lors de la période de questions à l’Assemblée na­

tionale, Jean Charest, a déclaré que les FIER (Fonds d’intervention économique régionale) «sont le miroir également de leur économie régionale», un «succès» qui a permis de créer 2000 nouveaux em­plois et d’en maintenir 5000 autres. Il a accusé l’op­position officielle de salir des réputations, notam­ment celle de üza Frulla, qui siège au conseil d’ad­ministration d’IQ FIER la filiale d’investissement Québec (IQ) chargée de superviser le réseau des 30 FIER-Régions et des 14 FIER-Soutien.

Pauline Marois a dénoncé le fait que Raymond Bachand demande à IQ de «s’enquêter sur eux- mêmes» alors que l’organisme, tout comme le mi­nistre, ont «d’abord innocenté tout le monde pour

ensuite se rétracter». Cette enquête interne «n’est absolument pas crédible», juge-t-elle.

La chef péquiste a toutefois reconnu que le véri­ficateur général n’a pas d’autorité directe sur les FIER étant donné que ce sont des sociétés privées.

Dans une lettre adressée à Robert Cloutier, le président du conseil d’IQ, Raymond Bachand de­mande à IQ FIER, présidé par l’ancien député li­béral démissionnaire Jean-Sébastien Lamoureux, de revoir des dossiers FIER avec l’aide de ses vé­rificateurs internes et externes, soit le vérifica­teur général et Deloitte et Touche, en plus de «soumettre un rapport de conformité au comité de vérification d’investissement Québec». IQ FIER doit procéder à «un examen minutieux de la gouver­nance du programme et des règles de conflits d’inté­rêts». La gouvernance des FIER «comporte un de­gré de complexité» puisqu’il fait concilier l’intérêt public, les bonnes pratiques d’affaires et «l’esprit d’entreprise des entrepreneurs», écrit le ministre. L’exercice doit se conclure par la formulation de

recommandations au ministre sur des change­ments à apporter au programme, «en particulier [un changement] au pourcentage d’investissement devant être effectué dans la région d'origine».

De son côté, le député de Shefford et portepa- role adéquiste en matière de finances, François Bonnardel, est revenu sur le cas des FIER 1D, de Montréal, Anges Québec, ID Capital et Télésys­tèmes, une société de Charles Sirois et de sa fa­mille, qqatre entités qui partagent la même adresse. A M. Bachand, le député a posé, à deux reprises, une question simple à laquelle il n’a pas obtenu de réponse: «Est-ce qu un investisseur peut démarrer un FIER, obtenir deux fois son investisse­ment de l’argent des contribuables, siéger au conseil d’administration de ce FIER et réinvestir ces fonds publics dans ses propres entreprises?»

François Legault s’est à nouveau penché sur les cas du FIER Boréal-02 et du FIER Ville-Marie, tous deux dirigés par Pietro Perrino et Valier Boivin, deux sympathisants libéraux. Les deux FIER ont investi

375 000 $ et 1 million dans les Systèmes BUS, une sodété dont M. Boivin est à la fois actionnaire et ad­ministrateur. Systèmes BUS a été revendue à perte depuis pour quelque 500 000 $, selon le PQ. Or, Va­lier Boivin a perçu en tant qu’avocat des honoraires de 202 000 $ de la jeune entreprise en 2006 et 2007. «Est-ce qu’il peut nous dire si, oui ou non, il y a eu conflit d’intérêts?» a demandé M. Legault au ministre.

Pour sa part, Agnès Maltais n’a pas manqué d’en faire sourire plus d’un au Salon bleu quand elle a décrit l’objet d’un placement de 250 000 $ que le FIER Montrestrie a fait à l’extérieur de sa région. L’hôtel Muzo, qui a pignon sur rue à Montréal, est un hôtel de luxe pour chiens et chats avec «télévi­sion, webcam, gym, limousine, collations, lit douillet, bol surélevé», a signalé la députée. «R n’y a pas de sot­te entreprise», a répliqué Raymond Bachand, qui a dénoncé «cette argumentation méprisante, hautaine envers les industries de service du Québec».

Le Devoir

De plus en plus de debris dans l'espaceLa collision entre un satellite américain et un satellite russe hors service

met en évidence les dangers des objets spatiaux abandonnés10 000 objets répertoriés autour de la TerreLes nuages de débris spatiaux se

situent dans 2 zones principales^ . Résidus

-.-«rV'" C?:;Orbite géostationnaire

'(siiMe à 35 785 km au-dessus de la Têrre)• Satellites de télécommunications

Résidus

■ Orbite basse‘(gravite autour de la Terre à une altitude

comprise entre 200 et 2 000 km) ••

w' Station Spatiale Internationale\ et satellites scientitiques

Autresfragments

50 000 autres objets,pouvant être dangereux,ne sont pas répertoriés

Vaisseaux en activité Vaisseaux abandonnés

Débris de fusées

Objetsde missions spatiales

La quantité de débris augmente chaque année14 OOO , ■; f ; . r-

12 000

TALIBANSSUITE UE LA PAGE 1

bavure commise lundi par l’aviation américaine.Le Pakistan, lui, a eu droit aux félicitations de

Mme Clinton pour l’offensive militaire qu’il mène depuis une dizaine de jours contre des ta­libans installés dans plusieurs districts de sa province du nord-ouest. Cette campagne pour­rait s’intensifier au cours des prochaines heures, et la crainte d’un affrontement majeur dans la vallée de Swat a provoqué l’exode de di­zaines de milliers de personnes.

L’octroi au Pakistan d’une aide d’urgence d’environ 1 milliard de dollars, en plus de ver­sements annuels de 1,5 milliard pendant cinq ans, est actuellement à l’étude au Congrès américain. Cette assistance à la fois civile et militaire ne sera sans doute pas octroyée sans conditions.

Les Etats-Unis reprochent depuis longtemps aux autorités pakistanaises de manquer de fer­meté envers les talibans installés dans les ré­gions frontalières de l’Afghanistan.

Le président Obama compte déployer dans ce dernier pays quelque 21 000 soldats supplé­mentaires cette année, ce qui y portera le çontingent américain à 68 000 hommes. Les Etats-Unis n’ont pas de troupes au Pakistan, mais ils y font des frappes aériennes avec l’ap­pui discret des autorités.

Ces derniers mois, Washington s’est inquié­tée de la progression des talibans pakistanais vers des zones de plus en plus proches d’Isla- i mabad, la capitale d’un pays disposant de l’ar- i me nucléaire.

En février, les Etats-Unis ont reproché au gouvernement pakistanais de conclure avec les talibans de la vallée de Swat un accord leur permettant d’imposer la charia, la loi isla­mique, en échange d’un engagement à renon­cer à leurs patrouilles armées. Washington a ensuite reproché à Islamabad de tarder à ré­agir quand les talibans ont rompu cette pro­messe et ont même imposé leur présence dans d’autres districts.

«Ma démocratie se montrera à la hauteur, le peuple pakistanais se tiendra aux côtés du peuple américain et du peuple afghan», a assu­ré hier Azif Ali Zardari.

«Je demande à nos frères et sœurs du Pakistan de compter sur nous: l’Afghanistan fera tout ce qui est possible pour apporter la paix et la prospérité à nos deux pays», a renchéri Hamid Karzaï.

Les deux hommes ont participé hier matin à des réunions de travail avec des ministres des trois pays avant de rencontrer, d’abord séparé­ment puis ensemble, Barack Obama. C’était la première fois depuis sa prise de fonction en jan­vier que le président américain réunissait MM. Zardari et Karzaï.

Le programme a commencé en matinée par la signature d’un document engageant Islamabad et Kaboul à résoudre d’ici la fin de l’année le vieux problème du transit des importations et des exportations de l’Afghanistan, un pays qui n’a pas d’accès à la mer.

Les dernières informations indiquent qu’on a affaire à une crise régionale. Au Pakistan, plus de 40 000 personnes ont fui Mingora, le chef- lieu du district de Swat, où l’armée a assuré hier avoir tué 35 talibans dans les plus violents combats depuis l’accord de cessez-le-feu de fé­vrier, rendu de facto caduc. Les militaires ont également affirmé avoir abattu 27 talibans dans le district voisin de Buner.

D’autre part, les informations selon les­quelles des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants selon la Croix-Rou­ge, avaient été tués lundi dans des combats et des bombardements américains dans la province de Farah en Afghanistan sont ve­nues rappeler que la situation est tout aussi préoccupante dans ce pays.

Le Devoir Avec l’Agence France-Presse

RectificatifDans le texte «Mort d’une écrivaine phare du fé­minisme américain» publié en une de notre édi­tion du mercredi 6 mai 2009, il aurait fallu lire que le titre français de l’ouvrage The Feminine Mystique est Im Femme mystifée et que son auteu- re est, évidemment, Betty Friedan.

ESPACESUITE UE LA PAGE 1

Comité pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (CUPEEA) des Nations unies en janvier 2007 dans Je but de limiter et de ré­duire les débris spatiaux. A l’heure actuelle, parmi les quelque 14 000 débris de plus de 10 cm en orbi­te autour de la Terre, seuls 850 environ sont des engins opérationnels, le plus souvent des satellites d’observation ou de télécommunications. Parmi ces débris figurent de vieux satellites hors d’usage, des têtes de fusées de lancement, des résidus de collision ou d’explosion de satellites. On estime que 300 000 débris additionnels, comme des bou­lons, mesurant entre 1 cm et 10 cm pollueraient l’espace, qui est également infesté de plusieurs mil­lions de détritus inférieurs à 1 cm, comme des éclats de peinture. Tous ces objets, petits et grands, se déplacent à des vitesses allant de 3 à 8 km/sec. «Il faut comprendre que quand un débris, comme un boulon, par exemple, rencontre un satelli­te qui se déplace à la même vitesse, mais en sens in­verse, l’impact est dévastateur», explique Hugues Gilbert, directeur politique et des relations exté­rieures de l’Agence spatiale canadienne, qui relate par ailleurs la chute sur le sol canadien de compo­santes d’un satellite militaire soviétique en 1978.

Les débris qui retombent sur Terre sont néan­moins rarissimes, préviennent les spécialistes. Même les collisions entre satellites ou avec de gros débris ne sont pas légions. Mais le nombre de débris ne cessant d’augmenter, les risques que les satellites soient endommagés par des dé­bris s’accroissent. «Et étant donné que ces débris entrent régulièrement en collision entre eux, ils gé­nèrent toujours plus de morceaux», souligne Ram Jakhu de 1TDAS de l’Université McGill.

«Les petits morceaux sont même plus dangereux que les plus gros, car on peut voir les plus gros et ainsi tenter de les éviter en déviant la trajectoire du satellite», poursuit le chercheur. Grâce aux données recueillies par la United States Space Surveillance Networks, des cartes de la position des plus gros débris spatiaux sont produites chaque jour et affichées sur Internet. Leur préci­sion demande toutefois à être accrue pour vérita­blement aider à prévenir les collisions.

In durée de vie des débris spatiaux dépend de l’altitude à laquelle ils se trouvent, explique Gé­rard Brachet, qui fut président du CUPEEA de 2006 à 2008. Ceux qui sont le plus près de nous, soit à 300 km, voire 400 km au-dessus de la surfa­ce de la Terre, rentrent dans l’atmosphère natu­rellement et retombent sur Terre au bout de quelques années. Ceux qui gravitent sur une or­bite de 800 km à 900 km continueront à tourner autour de la Terre pendant des dizaines d’an­nées. Quant aux satellites géostationnaires de té­lécommunications qui se situent à 36 000 kilo­mètres d’altitude au-dessus de l’équateur, «ils sont tellement loin de la Terre qu'il n’y a plus d’at­mosphère résiduelle. Il n'y a donc plus aucune pos­sibilité qu'ils rentrent dans l’atmosphère et qu'ils s’y

désintègrent», précise le spécialiste français. «La recommandation faite [par les directives du CU­PEEA] est de déplacer les satellites qui ont terminé leur vie utile dans une orbite cimetière située 300 km plus haut, où ils ne risqueront plus de gêner les satellites opérationnels.»

Débarrasser l’espace de tous ces débris quasi impérissables demeure aujourd’hui un véritable dilemme. «La seule chose que l’on peut faire à l’heure actuelle est de réduire la production de dé­bris en incitant les opérateurs de satellites à ne plus abandonner de pièces dans l’espace et en renforçant les satellites afin qu’ils résistent mieux aux impacts de petits débris», affirme Ram Jakhu de l’IDAS.

Les directives du CUPEEA recommandent aux opérateurs de satellites de prévoir une petite réserve d’ergol (carburant) en fin de vie du satel­lite afin de pouvoir lui donner une impulsion qui lui permettra de se rapprocher de la Terre d’une centaine de kilomètres, indique Gérard Brachet. «Cela permettrait par simple effet naturel de frei­nage atmosphérique un retour dans l’atmosphère. L’objectif est d’assurer une désintégration du satelli­te dans l’atmosphère en moins de 25 ans», ex­plique-t-il, avant de préciser que les étages supé­rieurs des fusées qui sont également mis en orbi­te au moment du lancement des satellites peu­vent aussi être repoussés, grâce à un peu d’ergol, à une altitude plus basse où le freinage atmo­sphérique les conduira en quelques années dans l’atmosphère, où ils y brûleront.

Des recherches se poursuivent par ailleurs pour tenter de mettre au point des stratégies qui per­mettraient de nettoyer l’espace de tous les débris qui l’encombrent. «Nous n 'avons toutefois pas de so­lutions techniques et économiques pour l’instant, af­firme M. Brachet Quelques idées circulent, comme celle visant à utiliser des lasers de grande puissance pour désintégrer les débris les plus dangereux.»

«Un nettoyage naturel de l’espace a tout de même lieu, poursuit M. Brachet En 2008, 750 débris sont rentrés dans l’atmosphère naturellement, simplement par le freinage atmosphérique. Et ce nettoyage de­vrait s’accélérer puisque débute cette année un cycle solaire plus intense où l’activité solaire devrait s’ac­croître, ce qui augmentera la densité atmosphérique. Un tel phénomène aura un impact important sur la rapidité de rentrée des débris spatiaux dans l’atmo­sphère, où ils se désintégreront. Il pourrait ainsi accé­lérer de 10 ou 15 % la disparition des débris. »

Les directives adoptées par le CUPEEA ne sont pas des règles juridiques, mais de simples règles de bonne conduite, fait remarquer M. Brachet. Mais comme elles ont été élaborées avec l’accord de toutes les parties, il y a donc un consensus de la part de tous les acteurs sur la nécessité de suivre ces directives. «Car quand vous créez des débris dans l'espace, vous créez des problèmes pour vous- mêmes autant que pour les autres. C’est pour cette raison que ni les Américains ni les Russes n’ont pas fait de tests de destruction de satellite dans l'espace depuis plus de 20 ans, contrairement aux Chinois, qui ont procédé à la destruction d’un de leurs satel­lites en janvier 2007 et ont ainsi produit 2500 débris supplémentaires à longue durée de vie», déplore-t-il.

Le Devoir

OTTAWASUITE UE LA PAGE 1

l’avion d’Abousfian Abdelrazik survolait d’autres pays, comme le craint Ottawa. C’est tout l’argu­mentaire des avocats d’Ottawa, qu’ils utiliseront ce matin, qui s’envole...

«Oui, bien sûr, dans certaines circonstances, une personne inscrite sur cette liste peut revenir dans son pays», a dit Richard Barrett en entrevue télé­phonique hier alors qu’il se trouvait au siège de l’ONU, à New York.

M. Abdelrazik n’a pas un sou parce que ses ac­tifs ont été gelés comme le prévoit la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. En théorie, per­sonne ne peut lui donner d’argent non plus. Otta­wa se réfugie derrière cet argument pour ne pas rapatrier à ses frais son ressortissant.

Erreur, rétorque Richard Barrett. «L’idée der­rière le gel des actijs d’une personne, c’est d’empê­cher qu’elle obtienne quelque chose qui pourrait servir à des fins terroristes», explique-t-il. «Vous de­vez utiliser votre intelligence et votre jugement pour déterminer si cela est un risque dans les cir­constances.» Il n’est pas question d’interpréter ce gel comme l’interdiction d’acheter un billet d’avion, de bateau ou de train, estime-t-il.

M. Barrett ajoute que dans le doute, le Canada peut s’adresser au comité du Conseil de sécurité pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème. H refu­se de dire si cela a été fait, ce genre de discus­sions étant confidentielles.

«Les gouvernements disposent d’une certaine la­titude pour décider, précise-t-il. Evidemment, le Conseil de sécurité s’en remet au gros bon sens des Etats, des gouvernements pour mettre en œuvre le régime de sanctions prévu. On n’enverrait person­ne à Ottawa pour s’assurer que c’est fait correcte­ment. On estime que le gouvernement du Canada est parfaitement capable de comprendre et de mettre en œuvre la résolution.»

Survol inoffensifM. Barrett a accordé une entrevue à la radio de

Radio-Canada la semaine dernière. Cette fois, il va un peu plus loin en démolissant l’argument géo­graphique d’Ottawa. Dans son factum dont Le DeiwV a obtenu copie le mois dernier, le gouverne­ment fédéral faisait valoir que l’exemption prévue par l’ONU permettant de rapatrier une personne dans son pays d’origine (mais son pays unique­ment) ne serait d’aucune utilité dans le cas Abdel­razik. Aux fins de sa cause, Ottawa considère en ef­fet que survoler un pays équivaut à y entrer. Com­me l’avion de M. Abdelrazik allant du Soudan au Canada survolerait assurément d’autres pays, Otta­wa conclut qu’un tel voyage violerait la résolution de l’ONU. Il refuse donc de le cautionner.

Encore une fois, Richard Barrett estime qu’Otta- wa a tout faux. «Le survol d’un pays ne constitue pas un transit, assure-t-il. Sur la scène internationale, ce n ’est pas ce qui est entendu par ‘transit”. Un transit est interprété comme un endroit où vous atterrissez ou un pays où vous entrez et dont vous devez repartir pour continuer votre voyage. Lorsque vous prenez un vol direct du Canada vers le Mexique, on ne considè­re pas que vous faites un transit par les Etats-Unis même si vous survolez les Etats-Unis.»

D’ailleurs, la même semaine où Ottawa dépo­sait son argumentaire rendant la géographie res­ponsable du sort de M. Abdelrazik, l’ONU accor­dait une exemption à un Somalien se trouvant en Grande-Bretagne afin qu’il rentre chez lui. L’exemption s’appliquait uniquement au Kenya, pays où son avion a fait escale, mais pas à tous les pays européens qu’il a survolés.

Abousfian Abdelrazik s’est rendu au Soudan en 2003 pour visiter sa mère malade. Il a été arrê­té et incarcéré à la demande du Canada, soutient Khartoum. M. Abdelrazik prétend avoir été tor­turé, mais Ottawa ne le croit pas. En 2006, les Etats-Unis ont fait ajouter son nom à la liste terro­riste internationale. Il n’est donc plus capable de rentrer au pays. Ses avocats s’adressent à la Cour fédérale pour forcer Ottawa à lui délivrer des do­cuments de voyage. Ottawa exige qu’il fasse d’abord retirer son nom de la liste internationale.

Richard Barrett a précisé que la résolution de l’ONU permettait à un pays de rapatrier ses res­sortissants considérés comme terroristes, mais elle ne l’y oblige pas. Le Service canadien du ren­seignement de sécurité (SCRS) et la Gendarme­rie royale du Canada (GRC) ont tous deux écrit qu’ils n’avaient rien à reprocher à M. Abdelrazik.

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