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3,00samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 LE FIGARO - N° 23 866 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement AND : 3,20 € - BEL : 3 € - CH : 4,20 FS - CAN : 5,70 $C - D : 3,60 € - A : 3,60 € - ESP : 3,20 € - Canaries : 3,20 € - GB : 2,90 £ - GR : 3,40 € - DOM : 3,20 € - ITA : 3,30 € LUX : 3 € - NL : 3,40 € - PORT.CONT : 3,30 € - MAR : 23 DH - TUN : 4,40 DT - ZONE CFA : 2.400 CFA ISSN 0182.5852 ILLUSTRATION : FABIEN CLAIREFOND - AHMAD GHARABLI/AFP - US ARMY/ REUTERS D es millions d’Algériens mani- festent, depuis deux ans, dans leur pays à leurs risques et périls pour réclamer la démocratie, mais on n’a pas vu l’ultragauche française lever le petit doigt en leur faveur. Du Mozambique au Mali, des centaines de civils africains sont tués tous les ans par la terreur islamiste, mais Jean-Luc Mélenchon et ses amis n’ont jamais volé à leur secours. En revanche, lorsque la tension monte entre Israéliens et Palestiniens, tous sont là au rendez-vous de la rue française ; pour dé- noncer l’« oppression » des seconds, évi- demment. C’est dire si leur colère est à géométrie va- riable, plus politique qu’humanitaire, moins sincère que théâtrale. Elle dégage les relents mauvais d’un amalgame qui consiste à se servir de la cause palestinienne pour tenter de soulever les musulmans de France, la nouvelle chair à militantisme des Insoumis et compagnie. La manipulation est aussi ca- ricaturale que détestable. Le gouvernement a eu raison d’interdire la manifestation de samedi. Celle-ci n’aurait été que le prétexte à un déchaînement de La manipulation haine contre la France, Israël, l’Occident ju- déo-chrétien et forcément impérialiste. Car telle est cette gauche niqab, islamo-populis- te, qui porte la défense de la diversité et de la liberté d’expression en sautoir, mais qui dé- file en soutien du Hamas, mouvement ter- roriste soutenu par les Frères musulmans. Le délit d’opinion n’existe certes pas sur les ri- ves de la Seine, et c’est heureux, mais doit- on, pour autant, accepter l’apologie de la violence, d’une idéologie obs- curantiste et d’un antisémi- tisme ripoliné aux couleurs de l’antisionisme ? Le précédent du 19 juillet 2014 à Paris, quand l’est de la capitale avait été mis à sac par quelques milliers d’individus, ne doit pas se reproduire. Cette manifestation pro-Hamas avait pourtant, elle aussi, été interdite. Au gouvernement, cette fois, de faire respecter l’ordre républicain. Au nom de tous les Français qui, quelle que soit leur confession, ne veulent pas vivre sous la tyrannie d’une minorité d’activistes. La colère à géométrie variable de l’ultragauche Première édition Réponses à la question de jeudi : Souhaitez-vous que Joe Biden fasse de la résolution du conflit israélo-palestinien une de ses priorités ? TOTAL DE VOTANTS : 10 1 256 Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Approuvez-vous la décision du gouvernement d’interdire la manifestation en soutien aux Palestiniens à Paris ? OUI 50 % NON 50 % @ FIGARO OUI FIGARO NON ÉDITORIAL par Yves Thréard [email protected] n La tribune d’Adrien Louis n La chronique de Mathieu Bock-Côté n La tribune de Stéphane Ratti PAGES 18 ET 19 CHAMPS LIBRES 3’:HIKKLA=]UXUUW:?k@f@b@f@k"; M 00108 - 515 - F: 3,00 E AFGHANISTAN LA TENTATION DE L’EXODE AVANT LE RETOUR DES TALIBANS PAGES 8 ET 9 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais lefigaro.fr JEAN CASTEX « MODERNISER LA HAUTE FONCTION PUBLIQUE, PAS LA POLITISER » PAGE 18 Alors que les frappes aériennes sur Gaza répondent aux tirs de missiles du Hamas et que les vil- les israéliennes se barricadent après des affrontements entre Juifs et Arabes, un troisième front s’ouvre en Cisjordanie, où sept Palestiniens ont été tués vendredi. Benyamin Netanya- hou prévient que les violences se « paieront chèrement ». PAGES 2, 4 ET L’ÉDITORIAL En Israël, Netanyahou veut durcir la réponse aux violences Réouverture des terrasses : le compte à rebours de la restauration Mercredi 19 mai, après des mois de fermeture forcée, les restaurants pourront enfin à nouveau recevoir des clients. Pour réussir la reprise, toute une filière s’est mobilisée de- puis plusieurs semaines : agriculteurs, industriels de l’agroalimentaire, grossis- tes… Le plus délicat, pour les restaurateurs ? Trouver assez de personnel motivé. PAGE 22 RÉGIONALES Renaud Muselier ne parvient pas à calmer la tempête à droite PAGE 6 VIOLENCE Un policier agressé, entre la vie et la mort PAGE 11 FAIT DIVERS L’introuvable tueur sème l’angoisse dans les Cévennes PAGE 11 COVID-19 Pour les scientifiques, la piste de la fuite de laboratoire n’est plus taboue PAGE 14 FOOTBALL Ligue 1 : un sprint final à couper le souffle PAGE 15 CONJONCTURE Nette remontée des taux d’intérêt à dix ans PAGE 23 Dépendance des enfants aux écrans : le signal d’alarme Difficultés de concentration, apprentissage à l’arrêt, dépressions, pensées suicidaires, services de psychiatrie débordés... Après un an de confinement et d’enseignement à distance, le bilan est inquiétant. PAGES 12 ET 13 DEYAN GEORGIEV - STOCK.ADOBE.COM

Dépendance des enfants aux écrans : le signal d'alarme

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illustration : fabien clairefond - aHMad GHarabli/afP - us arMY/reuters

Des millions d’Algériens mani-festent, depuis deux ans, dans leur pays à leurs risques et périls pour réclamer la démocratie, mais on n’a pas vu l’ultragauche

française lever le petit doigt en leur faveur. Du Mozambique au Mali, des centaines de civils africains sont tués tous les ans par la terreur islamiste, mais Jean-Luc Mélenchon et ses amis n’ont jamais volé à leur secours. En revanche, lorsque la tension monte entre Israéliens et Palestiniens, tous sont là au rendez-vous de la rue française ; pour dé-noncer l’« oppression » des seconds, évi-demment.C’est dire si leur colère est à géométrie va-riable, plus politique qu’humanitaire, moins sincère que théâtrale. Elle dégage les relents mauvais d’un amalgame qui consiste à se servir de la cause palestinienne pour tenter de soulever les musulmans de France, la nouvelle chair à militantisme des Insoumis et compagnie. La manipulation est aussi ca-ricaturale que détestable.Le gouvernement a eu raison d’interdire la manifestation de samedi. Celle-ci n’aurait été que le prétexte à un déchaînement de

La manipulationhaine contre la France, Israël, l’Occident ju-déo-chrétien et forcément impérialiste. Car telle est cette gauche niqab, islamo-populis-te, qui porte la défense de la diversité et de la liberté d’expression en sautoir, mais qui dé-file en soutien du Hamas, mouvement ter-roriste soutenu par les Frères musulmans. Le délit d’opinion n’existe certes pas sur les ri-ves de la Seine, et c’est heureux, mais doit-on, pour autant, accepter l’apologie de la

violence, d’une idéologie obs-curantiste et d’un antisémi-tisme ripoliné aux couleurs de l’antisionisme ?

Le précédent du 19 juillet 2014 à Paris, quand l’est de la capitale avait été mis à sac par quelques milliers d’individus, ne doit pas se reproduire. Cette manifestation pro-Hamas avait pourtant, elle aussi, été interdite. Au gouvernement, cette fois, de faire respecter l’ordre républicain. Au nom de tous les Français qui, quelle que soit leur confession, ne veulent pas vivre sous la tyrannie d’une minorité d’activistes. ■

La colère à géométrie variable de l’ultragauche

Première édition

Réponses à la question de jeudi :Souhaitez-vous que Joe Biden fasse de la résolution du conflit israélo-palestinien une de ses priorités ?

TOTAL DE VOTANTS : 10 1 256

Votez aujourd’huisur lefigaro.frApprouvez-vous la décision du gouvernement d’interdire la manifestation en soutien aux Palestiniens à Paris ?

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édItOrIaL par Yves Thréard [email protected]

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« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

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JeaN CaStex« MOderNISer La haUte FONCtION pUBLIqUe, paS La pOLItISer » PAGE 18

Alors que les frappes aériennes sur Gaza répondent aux tirs de missiles du Hamas et que les vil-les israéliennes se barricadent après des affrontements entre Juifs et Arabes, un troisième

front s’ouvre en Cisjordanie, où sept Palestiniens ont été tués vendredi. Benyamin Netanya-hou prévient que les violences se « paieront chèrement ».PAGES 2, 4 Et l’éditoriAl

En Israël, Netanyahou veut durcir la réponse aux violences

Réouverture des terrasses : le compte à rebours de la restauration Mercredi 19 mai, après des mois de fermeture forcée, les restaurants pourront enfin à nouveau recevoir des clients. Pour réussir la reprise, toute une filière s’est mobilisée de-

puis plusieurs semaines : agriculteurs, industriels de l’agroalimentaire, grossis-tes… Le plus délicat, pour les restaurateurs ? Trouver assez de personnel motivé. PAGE 22

régiONALES renaud Muselier ne parvient pas à calmer la tempête à droite PAGE 6

ViOLENcE Un policier agressé, entre la vie et la mort PAGE 11

fAiT DiVErS L’introuvable tueur sème l’angoisse dans les CévennesPAGE 11

cOViD-19pour les scientifiques, la piste de la fuite de laboratoire n’est plus taboue PAGE 14

fOOTBALL Ligue 1 : un sprint final à couper le souffle PAGE 15

cONJONcTurE Nette remontée des taux d’intérêt à dix ansPAGE 23

Dépendance des enfants aux écrans : le signal d’alarmeDifficultés de concentration, apprentissage à l’arrêt, dépressions, pensées suicidaires, services de psychiatrie débordés... Après un an de confinement et d’enseignement à distance, le bilan est inquiétant. PAGES 12 ET 13

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samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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2 l'événement10 tués en cisjordanieLes manifestations de colère du vendredi à travers la Cisjordanie ont donné lieu à l’un des affrontements les plus violents avec l’armée israélienne depuis les années 2000. Dix Palestiniensont été tués et plus de 150 manifestants blessés. À la frontière avecle Liban, quelques manifestants ont réussi à brièvement s’introduire du côté israélien de la barrière, puis à allumer un feu avant de repartir sous les tirs de l’armée. L’un des manifestants a été mortellement blessé.Sur le front diplomatique, le Conseil de sécuritéde l’ONU se réunira dimanche pour aborderle conflit, le secrétaire général AntonioGuterres ayant appelé à une « cessation des hostilités ». Le président français, Emmanuel Macron, a pour sa part insisté sur « l’urgence d’un retour à la paix » au Proche-Orient, soulignant lors d’un entretien avec Benyamin Netanyahoule « droit à se défendre » d’Israël tout en disant « sa préoccupation au sujet des populations civiles à Gaza ». Plusieurs compagnies aériennes parmi lesquelles KLM, British Airways, Virgin, Lufthansa et Iberiaont annulé leurs vols vers Israël. (AFP)

marc henrytel-aviv

LA VAGUE d’exactions antijuives et antiarabes en Israël, ces derniers jours, à la suite des affrontements à Jérusalem et dans la bande de Ga-zan a remis en selle Benyamin Ne-tanyahou. Le premier ministre in-térimaire semblait être sur la voie de sortie. Après les résultats déce-vants des législatives du 23 mars, il n’est pas parvenu à constituer une majorité. Son rival, le centriste Yaïr Lapid, a été chargé par le président de former un « gouvernement du changement ». Il semblait, il y a en-core quelques jours, bien parti pour

lui succéder. Mais les pièces du puzzle qu’il tentait de constituer avec les formations membres d’une coalition hétéroclite, dont le seul point commun était d’être des « anti-Bibi », le surnom de Benya-min Netanyahou, se sont disper-sées. Naftali Bennett, chef d’un parti représentant la droite natio-naliste et religieuse, formait un tandem avec Yaïr Lapid pour la di-rection du prochain gouverne-ment. Mais il a annoncé jeudi qu’il jetait l’éponge et préférait revenir à une alliance avec le Likoud, le parti du premier ministre sortant.

Il a justifié cette volte-face en in-voquant « les tensions entre Juifs et Arabes ». «Étant donné la situation

d’urgence dans les villes mixtes (où Juifs et Arabes vivent côte à côte, NDLR), un gouvernement du chan-gement dans la composition qui était prévue ne serait pas en mesure de faire face. Il faut agir avec force et envoyer l’armée - autant de mesures que l’on ne peut pas prendre lors-qu’on dépend de Mansour Abbas », a argumenté Naftali Bennett. Il faisait allusion au chef du parti islamiste Raam, issu de la confrérie des Frè-res musulmans, qui, avec ses 4 dé-putés sur 120, est en position de fai-seur de rois.

Le retour au bercail de la droite de Naftali Bennett ne suffira pas au Likoud, associé aux partis ultraor-thodoxes juifs et à une formation de

l’ultradroite anti-arabe, le Parti sioniste religieux, pour former une majorité.

Deux options pour se tirer d’affaireSelon les commentateurs, le pre-mier ministre au pouvoir depuis douze ans, qui est actuellement jugé pour corruption, envisage deux options pour se tirer d’affaire.

La première consisterait à faire voter une loi instaurant l’élection directe du premier ministre, ce qui pourrait, en cas de victoire, lui don-ner une légitimité doublée d’une immunité judiciaire.

Dans ce cas de figure, Mansour Abbas n’a pas exclu de faire pencher

Les affrontements font voler en éclat la coalition anti-Netanyahoula balance en soutenant une telle réforme du système électoral, qui est jusqu’à présent basé sur une proportionnelle quasi inté-grale favorisant les petits partis. Le leader du parti islamique a toutefois indiqué que son rallie-ment dépendra de l’augmenta-tion des budgets consacrés à l’amélioration des conditions de vie de la communauté des Ara-bes israéliens, qui représentent 21% de la population israélienne.

L’autre scénario pourrait être la tenue d’une cinquième élec-tion législative en moins de trois ans. Sans aucune garantie d’éviter un nouveau match nul ingérable… ■

thierry oberlé £@ThierryOBERLEenvoyé spécialà lod

BENYAMIN Netanyahou est engagé dans une double offensive. Ven-dredi, les frappes aériennes ont re-doublé d’intensité dans la bande de Gaza tandis que d’importants ren-forts de garde-frontières venus de Cisjordanie occupée étaient dé-ployés pour tenter de reprendre le contrôle des villes mixtes israélien-nes en proie à des affrontements intercommunautaires et à des émeutes. « Nous avons affaire à deux fronts », a déclaré le chef du gouvernement par intérim. « Le premier front est à Gaza. Nous exi-geons un prix très lourd au Hamas et aux autres organisations terroristes. Cette opération se poursuivra aussi longtemps que nécessaire. Le deu-xième front, ce sont les villes d’Is-raël. Nous ne tolérerons pas l’anar-chie. Nous soutenons la police dans l’utilisation de tous les moyens avec les pleins pouvoirs, y compris avec les Forces de défense israélienne (IDF) et les services de renseigne-ment ».

À Lod, une ville proche de Tel- Aviv, secouée nuit après nuit par des violences depuis lundi soir, en-viron 800 policiers en uniforme et en civil ont été déployés et des bar-rages routiers mis en place la nuit. Mais les propos du premier minis-tre suscitent du scepticisme. « Je ne doute pas que nous allons gagner la guerre mais pour le “second front” j’ai des doutes. Les renforts sont in-suffisants et une intervention de l’ar-mée serait une mauvaise idée, car ce

n’est pas son rôle et puis quand ce sera fini les Juifs et les Arabes de-vront bien continuer à vivre ensem-ble », estime Uriel, un étudiant juif, membre du comité du quartier de Ramat Eskhol, l’épicentre des af-frontements, où vit une population composée de 70 % d’Arabes et de 30 % de Juifs. Il est venu donner un coup de main à ses amis d’un centre de préparation à l’armée en partie détruit par un incendie mardi soir. Un civil, un M16 en bandoulière, garde l’entrée du bâtiment. Sur le trottoir d’en face, quatre gardes-frontières fraîchement débarqués ainsi qu’un véhicule blindé de la police sont en faction.

Une synagogue brûléeJeudi en fin d’après-midi, sur le parking voisin, un tireur isolé a ouvert le feu à l’arme semi-auto-matique depuis un immeuble sur un groupe de passants juifs, bles-sant l’un d’eux. Un peu plus loin une maison a été brûlée dans la nuit ainsi qu’une synagogue. « Nous sommes abandonnés et en grand danger », dit Uriel. « Les Arabes saccagent des habitations abandonnées par leurs occupants. Beaucoup de familles ont quitté Lod. Des anciens ont été évacués vers un gymnase d’une autre com-mune. Les gens enlèvent la mezu-zah (un petit objet de culte en for-me de boîtier que l’on appose au seuil d’une maison) de leur entrée pour ne pas être repérés. Je suis resté enfermé chez moi pendant deux jours, puis des amis armés nous ont prêté main-forte », ra-conte-t-il. « Je suis convaincu que

les troubles vont se poursuivre avec la même intensité. »

Le quartier présente la particula-rité d’abriter, sur la même place, une vieille église grecque orthodoxe à la façade blanche, une synagogue et une mosquée, symbole d’une co-existence pacifique aujourd’hui bri-sée. À la sortie de la prière du ven-dredi, des fidèles s’attardent pour discuter des événements. « Les ren-forts en forces de l’ordre ne servent à rien si elles n’interviennent pas contre les milices de colons », commente Khaled Zabarka, un avocat, porte-parole du secteur arabe. « Elles ont tué un homme lundi soir et rien n’est fait. Ce sont des terroristes. Ils tam-bourinent aux portes pour effrayer les habitants jusqu’au petit matin, tirent en l’air ou sur les mosquées, et vien-nent de vandaliser le cimetière mu-sulman. Les autorités nous ont pro-mis de les évincer mais la situation ne change pas. »

Dans ce climat étouffant, chaque camp rejette la responsabilité des violences sur l’ennemi. Pour l’eth-nologue Yoann Morvan, qui tra-vaille sur Lod depuis dix ans, la cause du conflit est à chercher dans le duel qui oppose deux théologies politico-religieuses antagonistes. « À Lod, nous assistons à une isla-misation relative d’une petite partie de la jeunesse arabo-musulmane. Ceux que ces Arabes israéliens ap-pellent les “colons” sont des sionistes religieux du groupe Garinim Tora-nim (Les graines de la Torah). Ils se sont installés dans la localité depuis une dizaine d’années, avec une pré-sence renforcée voici cinq ans, aidés par la municipalité dirigée par le Li-

koud et au sein de laquelle ils exer-cent une influence grandissante. Pour eux, la Ligne verte (qui sépare Israël des Territoires occupés en juin 1967) n’existe pas, mais une seule et même terre : le Grand Israël. Leurs trajectoires résidentielles cir-culent ainsi de part et d’autre de cet-te ligne, partout où il s’agit selon eux de renforcer la présence juive », ex-plique le chercheur du CNRS. Il poursuit : « Les villes mixtes consti-tuent ainsi un de leurs objectifs poli-tico-religieux. Cette conjonction de deux théologies politiques est dan-gereuse. Elle a mis le feu aux pou-dres ».

Sur le premier front, celui de l’opération « Gardiens des murs », les bombardements sont toujours aussi soutenus. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 160 jets israéliens sont entrés en action pour détruire des tunnels du Hamas. L’opération a coïncidé avec l’annonce, par l’uni-té du porte-parole de l’armée isra-élienne en charge des médias inter-nationaux, du début d’une offensive terrestre. L’information a fait les gros titres dans le monde entier, avant d’être démentie quel-ques heures plus tard. L’armée a présenté ses excuses et évoqué une « erreur » mais des interrogations demeurent. Était-elle involontaire ou délibérée ?

Des dizaines d’agents du Hamas éliminésAlors que l’aviation israélienne était prête à décoller, les forces ter-restres ont entamé une manœuvre militaire comme si elles se prépa-raient à investir l’enclave palesti-nienne. Les forces du Hamas ont alors rapidement gagné les tunnels creusés le long de la barrière de sé-paration entre Israël et Gaza. Puis les avions de chasse ont frappé leurs cibles pendant plus de 40 mi-nutes. Des troupes au sol se te-naient prêtes à tirer sur tout acti-viste sortant de ce que Tsahal surnomme le « métro de Gaza ». Les ouvrages ont été construits par le mouvement islamo-nationaliste au cours des dernières années. Se-lon l’armée, des dizaines d’agents du Hamas auraient été éliminés. Mais comme de nombreux corps seraient encore enfouis dans les dé-combres, le bilan exact devrait être long à établir.

L’opération est l’une des plus importantes menées à Gaza ces dernières années. « Nous visions un système élaboré de tunnels qui s’étendent sous Gaza, principale-ment dans le nord, mais pas seule-ment. C’est un réseau que les agents du Hamas utilisent pour se déplacer, pour se cacher, pour se couvrir », a déclaré le porte-parole de Tsahal pour la presse étrangère, le lieute-nant-colonel Jonathan Conricus. Plus de 119 Palestiniens et 9 Israé-liens sont morts depuis le début, lundi, du conflit déclenché par des tirs de missiles depuis Gaza. ■

Des militaires israéliens arrêtentdes arabes israéliens, jeudi à Lod, une ville prochede Tel-Aviv, secouée depuis lundi soirpar des violences intercommunautaires. AHMAD GHARABLI/AFP

Israël mise sur la force pour mettre fin aux violencesFace aux groupes armés de la bande de Gaza comme aux fauteurs de troubles dans les villes « mixtes », le premier ministre veut employer « tous les moyens ».

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dans la nuit de jeudià vendredi, pour

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Un autre aspect de la menace séparatiste

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LA FUNESTE chorégraphie est bien connue des autorités. Il faut dire qu’elle se reproduit presque à cha-que fois que la situation au Proche-Orient s’embrase. Depuis le début du XXIe siècle, les séismes de l’anta-gonisme israélo-palestinien provo-quent régulièrement d’étonnantes répliques sur le territoire français. Le point culminant de ce qu’il con-vient désormais d’appeler « l’im-portation du conflit » a été constaté en 2014 lorsque, en marge de l’opé-ration « bordure protectrice » me-née par Tsahal au sein de Gaza, des manifestants s’en sont pris à des membres de la communauté juive aux quatre coins de la capitale. De la synagogue prise à partie rue de la Roquette (Paris) aux affrontements constatés à Sarcelles (Val-d’Oise), les cortèges se sont à l’époque tris-tement illustrés par les « Mort aux juifs ! » qui y ont été scandés. Le tout sous le regard impuissant des auto-rités de l’époque, emmenées alors par un Manuel Valls qui a fait de ce sujet l’un des marqueurs forts de son passage à Matignon.

Pour ne pas revivre ce genre de scène ce week-end, l’exécutif a dé-

cidé de prendre les choses en main. Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Gé-rald Darmanin, a ainsi demandé à la préfecture de police de Paris d’in-terdire les manifestations prévues samedi pour soutenir l’Autorité pa-lestinienne. « Il ne peut pas y avoir de manifestation de haine. Il ne peut pas y avoir de manifestation antisémite en France », a justifié le locataire de Beauvau, en déplacement à Lille vendredi. Ce à quoi Didier Lalle-ment avait déjà répondu favorable-ment la veille, « considérant qu’il existe un risque sérieux (…) que cette manifestation soit l’occasion de trou-bles graves à l’ordre public ».

Un sujet inflammable Une partie de la gauche, notam-ment La France insoumise, y a vu une « provocation ». « En faisant ça, monsieur Darmanin suscite des ris-ques de violences et de heurts », as-sure Éric Coquerel, député LFI. Cet-te démarche a toutefois été soute -nue par plusieurs élus. Notamment à droite, où Éric Ciotti et Christian Estrosi ont eux aussi demandé au préfet des Alpes-Maritimes d’inter-dire les cortèges prévus à Nice. De son côté, la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a estimé que l’interdiction de la manifestation propalestinienne

était une « décision sage ». Reste que trois avocats ont choisi

de déposer, dans la nuit de jeudi à vendredi, une requête en référé-li-berté - une procédure d’urgence - devant le tribunal administratif de Paris, au nom de l’association des Palestiniens d’Île-de-France. Exer-cice auquel ils sont rodés, puisque l’un des trois conseils avait déjà ob-tenu gain de cause à Nice, en 2014, dans une situation similaire. La dé-cision du tribunal administratif sera rendue samedi matin.

Quoi qu’il en soit, au-delà de l’as-pect juridique, l’exécutif sait com-bien ce sujet est politiquement et so-ciétalement inflammable au sein de l’Hexagone. C’est d’ailleurs peut-être l’une des raisons qui explique la précaution et la patience observées par Emmanuel Macron avant de ré-agir officiellement aux centaines de

tirs de roquettes « du Hamas et d’au-tres organisations terroristes ».

Attitude que le chef de l’État a « fermement » condamnée dans un communiqué publié jeudi, regret-tant une « grave (mise) en danger de la population de Tel-Aviv et d’autres villes israéliennes », « nuisant à la sé-curité de l’État d’Israël ». Dans la foulée, le président a considéré, dans un tweet, que « la spirale de la violence (devait) cesser ». « J’appelle avec force au cessez-le-feu et au dia-logue. J’appelle au calme et à la paix », a-t-il enjoint, dans un mes-sage publié en français, en anglais, en hébreu et en arabe. Manière de montrer que les répercussions du conflit dépassent largement les frontières israélo-palestiniennes. Et que l’instabilité, si elle se poursuit, pourrait selon lui entraîner un terri-ble engrenage dans le pays. ■

Manifestation propalestinienne, le 2 août 2014, dans les rues de Marseille, pour protester contre l’opération « bordure protectrice » menée par l’armée israélienne à Gaza.FRANCK PENNANT/AFP

La crainte de l’importation du conflitLe tribunal administratif doit statuer samedi matin sur l’interdiction de la manifestation prévue ce jour à Paris.

Où est la « provocation », pour reprendre le mot de l’Insoumis Éric Coquerel ? Dans

l’interdiction des manifestations propalestiniennes demandée, et obtenue par Gérald Darmanin, ou dans leur organisation ? Que la socialiste Anne Hidalgo et le lepéniste Sébastien Chenu approuvent le ministre de l’Intérieur, et que Manuel Valls défende cette position dans les mêmes termes qu’Éric Ciotti, donne une indication.

Contrairement à ce que prétendent les amis de Jean-Luc Mélenchon ou ceux d’Olivier Besancenot, ce n’est pas la liberté de manifester qui est ici en jeu, ni celle du jugement que chacun peut porter sur la situation au Proche-Orient ou sur la politique menée par le gouvernement israélien. Ce qui est en cause, c’est d’une part l’affirmation sur la place publique de l’antisémitisme. Des manifestations précédentes l’ont suffisamment démontré : pour ceux qui descendent dans la rue en France, être propalestinien, c’est très souvent être antisioniste ; et l’antisionisme est également de plus en plus synonyme d’antisémitisme. Les cris de « à mort les Juifs ! », entendus ces dernières années n’ont pas été inventés. L’autre préoccupation de l’exécutif français, ce sont les risques de débordement et de violences, contre les personnes, le mobilier urbain ou les synagogues. Le précédent de juillet 2014 n’a pas été oublié.

Ces deux motifs cumulés justifient l’interdiction demandée par Gérald Darmanin. Mais l’importation en France du conflit israélo-palestinien recèle d’autres dangers, lesquels ne sont pas étrangers à la pression séparatiste et à la menace islamiste. Là encore, on l’a entendu dans

de précédentes manifestations,la haine d’Israël conduit à la haine de la France accusée de « complicité » avec Tel-Aviv ; alors même que tous les gouvernements successifs et la quasi-totalité des responsables politiques plaident pour une coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens et défendent une solution à deux États. Et si Emmanuel Macron a exprimé sa solidarité envers Israël, c’est parce que ces jours-ci ce pays, État démocratique, est la cible du Hamas, organisation terroriste.

Mais cette haine de la France par procuration en quelque sorte justifie parmi les tenants d’un communautarisme revendiqué et d’un islamisme affiché leur refus de la République, regardée comme un nouveau Satan. Au moment où les tensions n’ont jamais été aussi vives dans ce qu’on appelle pudiquement les « quartiers » et où le gouvernement commence à s’attaquer aux racines du séparatisme, ce prétexte international ajoute à la dangerosité de la situation et légitime la volonté de prévenir tout embrasement, prélude à une « guerre civile » redoutée.

Quant aux soutiens aux organisateurs de ces manifestations interdites, ils confirment que l’« islamo-gauchisme » n’est pas qu’une étiquette inventée pour discréditer un adversaire politique mais une réalité qui nourrit en France le terreau du séparatisme. ■

CONTRE-POINTPAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

christophe cornevin £@ccornevin

À PARIS, le feu couve sous une brai-se incandescente et l’exécutif veut tout faire pour éviter que la crise qui embrase Israël ne s’exporte sur le territoire français.

Dès jeudi matin, Gérald Darma -nin a envoyé un télégramme à tous les préfets, que Le Figaro s’est pro-curé, les alertant sur « les risques à l’ordre public au cours de manifesta-tions propalestiennes pendant le week-end de l’Ascension ». Des troubles sont d’autant plus à crain-dre pour le ministre de l’Intérieur que « ces événements se situent dans un contexte commémoratif et histo-rique », au premier rang desquels figurent le 73e anniversaire, ven-dredi, de la déclaration de l’indé-pendance de l’État d’Israël mais aussi, samedi cette fois, la date an-niversaire du début de la première guerre israélo-palestinienne de 1948-1949, qui a donné lieu à l’exo-de palestinien, la « Naqba ».

Selon nos informations, 500 à 700 ma nifestants seraient attendus à Lyon, 400 à Marseille ou encore 300 à Nice. Sarcelles (Val-d’Oise), où est implantée une forte communauté juive, devrait en toute logique faire l’objet d’une attention particulière.

Le souvenir du 19 juillet 2014À Paris, la cote d’alerte est atteinte : les manifestations liées au conflit ont été prohibées par le préfet de police, Didier Lallement, qui a pris un arrêté d’interdiction visant un défilé inflammable, samedi après-midi, entre Barbès et Bastille. L’or-ganisateur, représentant l’associa-tion de Palestiniens en Île-de-France, qui entend « commémorer la Naqba et dénoncer les dernières agressions israéliennes », a introduit un référé, rejeté par le tribunal ad-ministratif. Les forces de l’ordre conservent un cuisant souvenir du rassemblement propalestinien de 2014, qui avait dégénéré en scènes d’émeutes à Barbès.

Conscientes que des manifestants envisagent de braver l’interdiction, les forces de l’ordre, qui n’excluent pas que toute une nébuleuse d’ex-trême gauche se greffe à l’événe-ment, ont prévu de se déployer en force dans les rues de la capitale. In-vités « à la plus grande vigilance », les préfets ont reçu dans les régions l’ordre de « mobiliser les services de renseignement », en particulier le renseignement territorial (RT) mais aussi les antennes de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) « pour assurer le suivi de ces mouvements et anticiper les risques de débordement ».

À travers le pays, cortèges et ras-semblements pourraient se former. Il est recommandé aux préfets de « ne pas hésiter à les interdire », si les « déclarations de manifestations sont hors délai », s’ils jugent que des violences peuvent éclater ou que les « organisateurs ne respectent pas les règles de l’état d’urgence sanitai-re ». Vendredi, l’atmosphère était à la veillée d’arme. ■

La police se prépare à un samedi à risques

500 à 700

ma nifestantsseraient attendus

à Lyon, 400 à Marseille

et 300 à Nice

« Une partie de la gauche

ou de l’extrême gauche prend prétexte de ce conflit pour justifier l’antisémitisme»Manuel VallsANCiEN PREmiER miNisTRE

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samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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6 Politique

MATHILDEMUNOS5H / 7H

Le�/�TOUS LES LUNDIS À 6H44,HISTOIRES POLITIQUESAVEC ARTHUR BERDAH,JOURNALISTE POLITIQUEAU

Renaud Muselier présente sa liste pour les élections régionales, vendredi, à Marseille.CHRISTOPHE SIMON/AFP

Muselier ne parvient pas à calmer la tempête à droite

compromettent aujourd’hui en ap-pelant à ne pas voter pour moi sont des irresponsables, et ils soutien-nent, de fait, le seul traître de cette élection, Thierry Mariani », a ripos-té le chiraquien, avant de formuler une question : « Vont-ils demander l’exclusion de Laurent Wauquiez, qui a des élus de la majorité prési-dentielle dans sa propre majorité, dont des parlementaires ? Vont-ils arrêter de soutenir Valérie Pécresse, qui a annoncé hier qu’elle associait des élus qui ont soutenu La Républi-que en marche lors de précédentes élections municipales ? »

En écho, Christian Estrosi, tête de liste dans les Alpes-Maritimes et ex-président de la région, a défen-du la « formidable complémentari-té » de la liste. « J’appelle à la raison, j’appelle à la sagesse… Nous ne tra-hissons aucune de nos valeurs », a insisté l’élu niçois.

Candidat en Paca, le président sortant a confirmé, vendredi, la présence de 15 élus macronistes sur sa liste.

Deuxième sur la liste RN des Hauts-de-Seine derrière Jordan Bardella, la sœur aînée de Marine Le Pen prépare son retour au conseil régional d’Île-de-France.

Charles saPIN £@csapin

RN « Retour à la case départ ! » s’amuse Marie-Caroline Le Pen. À 61 ans, c’est tout sourire que la sœur de la présidente du Rassemblement national (RN) s’ap-prête à redescendre dans l’arène électo-rale. Non sans de solides espoirs de rega-gner son siège de conseillère régionale d’Île-de-France, 20 ans après l’avoir quitté. Lorsque la tête de liste, Jordan Bardella, lui a demandé il y a deux mois de venir lui prêter main-forte dans son combat contre la présidente sortante de la région, Valérie Pécresse, l’aînée des sœurs Le Pen avoue ne pas avoir hésité longtemps. « C’est le choix de l’expérien-ce, elle connaît parfaitement les dossiers de la région », se félicite le jeune vice-prési-dent du mouvement.

Dans les années 2000, celle qui avait préféré rompre avec le FN pour suivre le « félon » Bruno Mégret s’était promis de ne plus se présenter à quelque élec-tion que ce soit. Mais il est des virus pour lesquels il n’existe ni vaccin, ni immunité véritable. Celui des Le Pen pour la politique est de ceux-là. « On a ça dans le sang, reconnaît Marie-Caro-line Le Pen. Et puis, c’est impossible de dire non. Il s’agit de l’avenir de notre pays, celui de nos enfants. »

Lors des dernières municipales déjà, l’épouse de l’eurodéputé Philippe Olivier avait suivi son mari dans ses rêves de conquête de la ville, ô combien symboli-que, de Calais, dans les Hauts-de-France. Après s’être installée sur la Côte d’Opale toute une année, Marie-Caroline Le Pen avait fini par accepter, « pour donner un coup de main », de figurer en queue de liste derrière le RN Marc de Fleurian, candidat dépêché contre la très implan-tée maire Les Républicains de la ville, Na-tacha Bouchart. Avec 18 % des voix, la liste RN n’aura pas même réussi à impo-ser un second tour à l’édile. Qu’importe. Au gré des tractages, des réunions publi-

ques et des longues journées de porte-à-porte, la colistière renoue avec une sen-sation jamais tout à fait oubliée : l’adré-naline du terrain. « Dès que je me suis retrouvée dans une ambiance électorale, c’était reparti », rigole-t-elle.

Dénoncer « l’hypocrisie »Candidate en deuxième de liste dans les Hauts-de-Seine pour les régionales des 20 et 27 juin prochains, Marie-Caroline Le Pen va retrouver le territoire de ses premiers combats politiques. C’est dans ce département que la fille du « Menhir » s’est frottée pour la première fois aux ur-nes. Lors d’une cantonale à Neuilly-sur-Seine en 1985, d’abord. Aux régionales où elle sera élue en 1992, puis réélue six ans plus tard, ensuite. « C’était une élue dis-crète et courtoise malgré les tensions qui régnaient dans l’hémicycle », se souvient l’ancien président de région socialiste, Jean-Paul Huchon.

Elle se sera également présentée à deux reprises aux législatives dans la 6e cir-conscription des Hauts-de-Seine. Celle à cheval entre Neuilly et Courbevoie, alors fief d’un certain Nicolas Sarkozy… Qu’elle réussira à mettre en ballottage lors d’une partielle en 1995. Une époque appartenant à « un autre monde », de l’aveu même de la candidate.

« J’ai le sentiment qu’il y a une bascule aujourd’hui, assure la sœur de Marine Le Pen. Les insultes contre nous ne portent plus. Beaucoup de gens résignés jusqu’à présent se lèvent et prennent conscience qu’on s’est moqué d’eux toutes ces années.

C’est pour ça que tout le monde doit s’y met-tre ! » Que ce soit sur la montée de l’immi-gration ou de l’insécurité, la colistière de Jordan Bardella entend rappeler que, de-puis les années 1980, le Front national a été précurseur, particulièrement en Île-de-France : « Lors de mon premier mandat, nous avions proposé la création d’une police des transports. Tous les élus avaient hurlé et bien évidemment voté contre… Pour finale-ment en créer une dix ans plus tard. »

Pour son futur mandat, cette mère de cinq enfants se verrait bien dénoncer « l’hypocrisie » de certaines féministes qui ne trouvent rien à redire au fait que les femmes « n’ont plus le droit de s’ha-biller comme elles veulent dans la rue », ou préfèrent garder le silence après des drames comme celui de Mérignac, la se-maine dernière.

Au-delà des seules régionales, c’est à plein temps que Marie-Caroline Le Pen entend s’investir pour aider sa cadette à conquérir le pouvoir en 2022 : « Je vais m’y mettre à fond. Au-delà de l’amour que j’ai pour elle, j’admire beaucoup Marine. Elle ne me demande pas mon avis, mais si j’ai quelque chose à lui dire, elle m’écoute. C’est quand même ma petite sœur. Même si je l’oublie parfois parce que c’est le chef. »

Du débat raté lors de la dernière prési-dentielle, elle veut croire que ressortira un bénéfice : « La preuve que, même après un échec, on peut compter sur Marine. Pas com-me Valérie Pécresse qui assure que, battue, elle quitterait la politique. » Personne ne lui apprendra qu’il faut toujours se méfier des promesses de retraite en politique. ■

emmaNuel GalIero [email protected]

RÉgioNales Vendredi, à Marseille, Renaud Muselier, président de la région Paca et candidat à sa propre réélection, a dévoilé les noms de ses colistiers. Sa liste était d’autant plus attendue que sa stratégie ne cesse de provoquer une tempête à droite depuis le 1er mai, jour de la valida-tion d’une alliance par le premier ministre Jean Castex.

« Je rassemble », a répété plu-sieurs fois Muselier. En présence de ses têtes de listes départementales, comme Christian Estrosi, pour les Alpes-Maritimes, il a confirmé la présence de Marcheurs sur sa liste et dit une nouvelle fois que cette composition n’était le fruit d’aucun « accord d’appareils » avec le parti présidentiel. Muselier a revendiqué

« neuf tendances politiques » en comptant désormais la « France au-dacieuse », comme le Parti des ter-ritoires mené par Estrosi. Puis il a reconnu l’intégration de « 15 per-sonnes de la majorité présidentielle, dont 4 MoDem » sur une liste de 135 noms en expliquant avoir bâti son équipe selon une règle des trois tiers (sortants, nouveaux et person-nalités issues de la société civile). « Je vous le dis, à la logique de l’in-sulte, j’imposerai celle du respect », a encore affirmé le candidat en dé-nonçant « l’hystérie du moment » et les « réflexes sectaires ».

Renaud Muselier, qui avait pré-paré un message « spécifique » pour sa famille politique, a égale-ment haussé le ton à l’égard de ceux qui réclament publiquement le retrait du soutien LR, comme le font Bruno Retailleau, Éric Ciotti ou Guillaume Peltier. « Ceux qui se

Mais malgré l’absence de minis-tres ou de parlementaires LREM dans le convoi Muselier, ces justifi-cations ne pouvaient pas convain-cre ceux qui persistent à dénoncer des « arrangements d’officines ». Retailleau comme Ciotti, président de la commission d’investiture LR, refusent de faire partie des « té-moins passifs d’une stratégie prési-dentielle » destinée à « éliminer » Les Républicains.

Marie-Caroline Le Pen se lance dans la bataille des régionales Le candidat du Parti communiste participera à la manifestation des policiers le 19 mai.

soPhIe de ravINel £@S2RVNL

PCF C’était un pilier de sa campa-gne pour prendre le parti en 2018. Fabien Roussel avait promis aux communistes qu’ils parleraient en nom propre à la présidentielle. Le député du Nord s’est donc porté candidat à la présidentielle auprès des siens et, le 9 mai, plus de 82 % des 30 191 votants, adhérents à jour de cotisation, ont voté pour lui. Ils étaient 43 804 à pouvoir participer au vote. Roussel s’est fé-licité d’une telle mobilisation. Les chiffres, pourtant, disent le déclin de sa formation. Certes, aucun parti en France n’est épargné par la fuite des militants, mais la situa-tion est pénible au PCF. En 2016, lors d’un même vote sur la prési-dentielle de 2017, il y avait encore 56 595 cotisants et 41 048 avaient pris part au vote.

Fabien Roussel, donc, pour se faire entendre dans le concert d’une gauche atone et profondé-ment divisée devait taper sur la ta-ble. Il y est parvenu, sur le thème peu usuel à gauche de la sécurité. Place du Colonel-Fabien à Paris, au siège du PCF, le secrétaire national a empoigné cette semaine le sujet à bras-le-corps. « La sécurité, à

l’entendre, n’est pas un droit parmi d’autres » mais « un droit fonda-mental, qui exige des moyens ».

Il l’a promis face à des partenai-res un peu médusés et incrédules : « Ma gauche ne sera pas laxiste. » C’est pour lui « une question popu-laire ». Roussel reconnaît « une montée de la violence » et promet aux forces de l’ordre « plus de moyens », comme il promet aussi plus « pour l’éducation des en-fants » car il faut « tenir les deux bouts ». Allant plus loin, le candi-dat à la présidentielle a souhaité que l’auteur de l’assassinat de « tout détenteur d’une autorité » soit puni d’une peine de « 30 ans de prison ».

« Voué à l’échec »Si Fabien Roussel s’est aussi engagé sur des promesses sociales très for-tes, ce terrain de la sécurité est éloigné des priorités du candidat des Insoumis, Jean-Luc Mélen-chon, à côté de qui le PCF a fait campagne en 2012 puis en 2017. En 2007, la candidate du PCF, Marie-George Buffet avait rassemblé 1,93 % des voix. Alors Roussel ten-te le tout pour le tout. « Il y a besoin de réponses nouvelles, d’une gauche qui décoiffe, fraîche ! » Le député du Nord a aussi prévenu qu’il sera

Vendredi matin, Guillaume Pel-tier s’est emporté sur RMC. « La co-médie des petites combines, ça suffit, ça a assez duré ! », a déclaré le nu-méro deux de LR alors que le prési-dent Christian Jacob attend le comi-té stratégique de mardi avant de se prononcer, sachant que les listes se-ront closes lundi 17 mai, à midi. Mais, vendredi, Peltier a clairement dénoncé le « piège » macroniste dans lequel Muselier est tombé, se-

Roussel s’empare du thème de la sécurité

GuIllaume mollaret £@Newsdusud Montpellier (Hérault)

NE DEMANDEZ pas à Carole Delga (PS), la présidente de la région Occitanie de réagir au ralliement de Frédéric Bort au Rassemblement national (RN), annoncé tête de liste du parti de Marine Le Pen de l’Hérault en vue des élections ré-gionales de juin. « C’est monsieur personne », réagit simplement un proche de la présidente, grande favorite des sondages.

Un temps pourtant, Frédéric Bort a compté à gauche. Il fut di-recteur de cabinet (2004-2010) de Georges Frêche, emblématique président socialiste de la région Languedoc-Roussillon entre 2004 et 2010, année de son décès, et pré-sident de l’agglomération de Montpellier de 1977 jusqu’à sa mort. Cette prise symbolique, le

RN ne manque pas de la brandir dans l’espoir de siphonner des voix à gauche. Lors de sa première sor-tie médiatique, Frédéric Bort a im-médiatement lancé en guise de jus-tification : « Le RN est populiste, comme Frêche »

La phrase choc, bien sentie, a im-manquablement fait bondir jusqu’à Claudine Frêche, dernière épouse de « l’Imperator » montpelliérain, viré du PS pour avoir estimé, en 2006, qu’il y avait trop de Noirs dans l’équipe de France de football. « Je m’élève avec vigueur sur l’utili-sation du nom et de l’action de Geor-ges Frêche par ce candidat du RN. L’engagement politique, même le plus opportuniste, ne peut se faire en insultant la mémoire ou en faisant parler les morts », écrit-elle dans un communiqué.

« L’appât du gain et du pouvoir fait chavirer les esprits », s’emporte quant à lui Jean-Paul Boré, vice-président de la région sous Frêche.

« On a la politique dans le sang, reconnaît Marie-Caroline Le Pen. Et puis, c’est impossible de dire non. Il s’agit de l’avenir de notre pays, celui de nos enfants. » F. bOuCHON/lE FIgARO

En Occitanie, le RN engrange les ralliements

le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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7Politique

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La droite parisienne rassemblée derrière Valérie PécresseRachida Dati et cinq maires LR saluent son bilan et vantent la « reconquête ».

Île-de-France « Nous souhaitons la victoire de Valérie Pécresse… L’appui de la région nous est précieux et indispensable dans la dynamique de reconquête que nous avons lancée l’an dernier derrière Rachida Dati. » Les six maires parisiens d’arron-dissement qui soutiennent la candidature de la présidente sortante en Île-de-Fran-ce s’inscrivent dans le prolongement des 500 élus franciliens qui avaient déjà an-noncé leur préférence le 23 avril dernier.

Francis Szpiner (16e), Jeanne d’Hau-tesserre (8e), Jean-Pierre Lecoq (6e), Geoffroy Boulard (17e), Philippe Goujon (15e) et Rachida Dati (7e) se placent ainsi derrière la liste parisienne d’Île-de-France rassemblée conduite par Frédé-ric Péchenard et comptant 42 noms. Nelly Garnier (LR) y figure en deuxième position, suivie par Yann Wehrling (MoDem), Delphine Bürkli (ex-LR), Pa-trick Karam (Libres!), Marie-Claire Car-rère-Gée (LR) ou encore Pierre Liscia, porte-parole de Libres ! le mouvement de Valérie Pécresse.

Pour lui, ces encouragements munici-paux trouvent leur source dans la rela-tion que Valérie Pécresse a voulu instau-rer avec les élus locaux depuis le début de son mandat. Pendant la crise sanitai-re, cette proximité s’est traduite par la création d’une boucle WhatsApp ayant favorisé un lien direct de la présidente avec le terrain local.

Pour sa part, Agnès Evren, présidente de la fédération LR de Paris, prévoit de distribuer un abécédaire thématique des actions déployées par la région, soit « 26 bonnes raisons d’accorder une nouvelle fois la confiance » à la majorité sortante qui parvint à suppléer, selon elle, « les caren-ces de l’État et de la mairie de Paris ». « abîmés par le dogmatisme d’Anne Hidalgo et sa majorité socialo-écolo-com-muniste, oubliés des gouvernements Macron et secoués par une crise sanitaire sans précédent, la capitale et ses habitants ont reçu un appui précieux de la part de la

région Île-de-France », insiste Agnès Evren, dans un document préparé avec les coordonnateurs du pôle prospective de la féderation, David Alphand et Jack-Yves Bohbot, lequel apparaît en position éligible sur la liste départementale.

Au-delà des étiquettesPour le maire du 6e Jean-Pierre Lecoq, quinzième sur la liste, la réélection de Pécresse est une nécessité. « Il n’y a pas de débat. À droite ou au centre, personne ne l’a challengée parce qu’elle a été une très bonne présidente », juge-t-il. Pierre Liscia ajoute : « Quand vous êtes sortant avec un bilan solide, il n’y a aucune raison d’avoir peur des suffrages ou de conclure des accords d’appareils. Si Macron avait voulu tuer la candidature LR en Paca, il n’aurait pas mieux fait. »

Valérie Pécresse revendique de multi-ples soutiens au-delà des étiquettes par-tisanes, mais selon certains élus la partie n’est pas gagnée pour autant. Jean-Pier-re Lecoq craint un scrutin difficile où l’hypothèse d’une faible mobilisation électorale reste menace sérieuse. « Je ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Un sondage n’a jamais totale-ment assuré une élection. Il faudra aller chercher les électeurs avec les dents ! », prévient le maire du 6e arrondissement de Paris, plus vigilant que jamais à moins de quarante jours du scrutin. ■ e. G.

Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France. l. MARiN/AFP

Le candidat du Parti communiste participera à la manifestation des policiers le 19 mai.

lon lui. S’il devait voter en Paca, le vice-président LR voterait « blanc », en refusant que la France se résume au duel Macron-Le Pen.

Ceux qui condamnent cette al-liance en Paca considèrent que la quinzaine d’élus issus des Marcheurs représente une proportion d’éligi-bles trop élevée et continuent de voir cette liste comme la preuve d’un « pacte » avec Macron. Un « baiser de la mort », disent certains.

Voyant la tension monter chez LR, Éric Woerth a tenté de calmer les esprits en appelant le parti à mainte-nir « évidemment » son soutien à Muselier. « Si on abandonne Renaud Muselier, on n’a plus de candidat LR, on n’a plus de liste LR en Paca, ce qui serait quand même un truc de din-gue… », a réagi le député de l’Oise.

Colère et indignationPourtant, à Cannes, le maire David Lisnard voit surtout un problème de clarté pour la droite. Avant la con-férence de presse de Muselier, la veille, il s’est fendu d’un communi-qué empreint de colère et d’indi-gnation. « Contrairement à ce qui nous avait été dit et répété, un accord a été noué jusqu’à ces dernières heu-res dans le secret de l’Élysée entre Renaud Muselier et LREM », a-t-il accusé en reliant la liste Muselier au retrait de la candidate LREM Sophie Cluzel. « Les soutiens qui ont fait confiance à la parole donnée se re-trouvent aujourd’hui associés à une manœuvre politicienne dont la dé-route morale conduira aux probables défaites électorales », a blâmé le maire, avant de dénoncer les « peti-tes tactiques occultes du président de la République », qu’il accuse de vou-loir « réduire la vie politique à un af-frontement mortifère entre le pouvoir en place et le RN, dont il croit faire son assurance électorale ».

Avant de promettre de ne plus s’exprimer sur cette « tartuferie », David Lisnard met tous les acteurs de cette « pantalonnade » dans le même sac et les accuse de nourrir « la crise de confiance civique qui mine notre démocratie ». ■

Roussel s’empare du thème de la sécurité

« Ces recompositions sont nauséa-bondes au moment où le danger est réel de voir l’histoire de la désunion des Républicains laisser place au pire », juge cet ancien membre du PCF, viré de son parti pour, à l’épo-que, être resté fidèle à Frêche.

Prises de guerreLe changement de bord d’un ancien collaborateur de l’emblématique président changera-t-il la donne électorale ? Candidat aux élections législatives de 2017 dans la 1re cir-conscription de l’Hérault sous l’éti-quette DVG, Frédéric Bort avait rassemblé 2,91 % des voix et n’in-quiète donc pas outre mesure dans le camp Delga.

Pour cet ancien collègue de Fré-déric Bort aux côtés de Georges Frêche, « Frédéric est d’abord quel-qu’un d’aigri. Son but est de devenir député parce qu’un jour Frêche lui a dit qu’il le serait. Il cherche une façon de retrouver la lumière parce qu’il a

été aux côtés du grand homme. Après s’être fracassé sur celle d’En marche ! qui ne lui a pas accordé d’investiture législative, il attrape celle du RN.

Afin de rallier un maximum d’électeurs aux régionales, le RN multiplie les prises de guerre. Au-delà de Frédéric Bort, la liste Occita-nie est tractée par Jean-Paul Gar-raud, qui fut député UMP de 2002 à 2012. En mettant en avant des per-sonnalités nouvelles dans ses rangs, le RN compte également profiter des bisbilles qui se font jour à gauche. Comme il y a 6 ans, EELV, pourtant dans la majorité actuelle, ne sera pas allié à Carole Delga au premier tour. Son chef de file, Antoine Maurice, a affirmé qu’il ne participerait pas à une majorité ou siégerait des élus LREM. La piste est mince mais en avançant un éventail de profils di-vers, le RN, qui ne peut compter sur aucune alliance, abat au plus tôt un maximum de cartes. ■

dans la rue le 19 mai, auprès des policiers et des gendarmes en colè-re, en espérant que le mot d’ordre de la manifestation sera « le plus large possible ». Les socialistes d’ailleurs, participeront eux aussi à cette manifestation. Le patron du PS, Olivier Faure, devrait audi-tionner sous peu, avec celui du PCF, les principaux syndicats de police et des commissaires.

Si Jean-Luc Mélenchon a con-centré ses dernières critiques sur les écologistes et les socialistes, ce choix de la sécurité a sus-cité la protestation à gau-che de la gauche, le PCF étant accusé de coller aux thèmes de la droite et du RN. En interne aussi, la criti-que existe. « Ce choix de la sécurité est voué à l’échec », prévient Ro-bert Injey, figure du parti dans les Alpes-Maritimes et favora-ble à la légalisation du cannabis pour « assé-cher les trafics et la vio-lence ». Ce membre du conseil national a voté contre l’entrée en campa-gne du PCF. « Roussel dit qu’il ira au bout, mais si des régions basculent RN en

juin, la gauche devra se réveiller ! » Comme beaucoup au PCF cepen-dant, il ne juge pas Jean-Luc Mé-lenchon susceptible de drainer les foules. « Le drame en France, c’est que le vote sanction contre Emma-nuel Macron, c’est Marine Le Pen. Il est capable de rebondir, mais au jour d’aujourd’hui, Jean-Luc Mé-lenchon ne peut rien contre ça. »

Adjoint à la culture de la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, et patron de sa fédération du PCF, Aymeric Seassau est pour sa part

« convaincu de la pertinence du thème de la sécurité ». C’est pour ce soutien de Roussel, « une évidence populaire dans les quartiers ». Plus fortement encore que Robert Injey, il

questionne Jean-Luc Mé-lenchon : « Qu’a-t-il fait de ses 19 % à la prési-dentielle en 2017 ? A-t-il fait progresser le mouvement social ? Y

a-t-il autre chose qu’une aventure personnelle ? » ■

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.J.-C. MARMARA/le FigARo

En Occitanie, le RN engrange les ralliements

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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8 InternatIonal

adrien jaulmes £@AdrienJaulmescorrespondant à washington

asie centrale Le départ a eu lieu sans prise d’arme ni cérémonie des couleurs. Dans le courant de la se-maine, les derniers militaires amé-ricains ont quitté en catimini la base aérienne de Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan, laissant à l’armée afghane ce qui fut l’une des plus grandes installations de leur corps expéditionnaire dans ce pays.

« Le transfert a été coordonné à la fois avec les hauts responsables du gouvernement afghan et avec nos partenaires afghans du 205e corps », a assuré jeudi le porte-parole de la coalition dirigée par les États-Unis et l’Otan en Afghanistan, sans préci-ser quel jour il avait eu lieu. Mais un

porte-parole de ce même 205e corps a déclaré que leur départ de la base s’était fait par surprise et sans aucu-ne coordination. « Ils sont partis dans la nuit », a déclaré le général Faqir Qowahi, commandant de la partie militaire de l’aéroport de la ville de Kandahar. Sans savoir si leur départ avait eu lieu mardi soir ou mercredi matin, il a confirmé qu’il « n’y a plus de forces américaines à Kandahar ». Le ministère afghan de la Défense avait prévu que la remise de la base n’aurait lieu qu’après la fête de l’Aïd al-Fitr, qui se termine samedi.

Le départ final des dernières for-ces américaines d’Afghanistan avait été décidé par Donald Trump, et fixé au 1er mai dernier dans un accord signé avec les talibans. Son succes-seur, Joe Biden, a confirmé la déci-

sion, et annoncé le retrait unilatéral et sans conditions des troupes amé-ricaines au plus tard au 11 septembre 2021, vingtième anniversaire des at-tentats de New York et de Washing-ton. Le Central command américain a déclaré lundi qu’entre 6 et 10 % des 2 500 à 3 500 militaires améri-cains en Afghanistan avaient déjà quitté le pays.

Un bastion des talibansLe 2 mai dernier, Camp Antonik, dans la province voisine de l’Hel-mand, autre base symbolique de la guerre américaine en Afghanistan avait été remise aux forces afghanes.

La base de Kandahar avait été l’un des centres névralgiques de l’inter-vention de l’Otan en Afghanistan. La grande ville à majorité Pachtoune dans le sud du pays avait été la capi-

tale des talibans, et la résidence de leur émir, Mollah Omar.

Dans les années qui ont suivi la chute de leur régime, la reprise de l’insurrection dans la province a conduit les Américains à s’installer sur l’ancienne base soviétique.

Rebaptisée Kandahar Air Field, ou KAF, la base était devenue le principal aérodrome militaire amé-ricain. Au plus fort de leur inter-vention, notamment au moment du « Surge », l’envoi massif de ren-forts par Obama en 2010-2011, les bombardiers et les drones de l’Otan décollaient jour et nuit pour fournir du soutien aérien aux troupes de l’Otan engagées dans des combats contre les talibans, souvent à quelques dizaines de kilomètres à peine de Kandahar. La plupart des troupes terrestres déployées dans le

sud de l’Afghanistan transitaient par cette base, et jusqu’à 30 000 soldats y ont été stationnés. Une agglomération s’était dévelop-pée tout autour dans la touffeur du désert afghan, mélange de camp militaire et de ville du Far-West, où l’on croisait les tenues camouflées de dizaines d’armées étrangères. Autour d’une promenade en plan-ches, des petits restaurants ser-vaient jour et nuit les soldats, entre les alertes aux tirs de roquettes des talibans. Depuis le départ du gros des forces américaines, KAF conti-nuait à apporter un appui aérien aux forces afghanes, aux prises avec une insurrection de plus en plus puissante.

Car la province de Kandahar est depuis des années redevenue l’un des bastions des talibans, et leur ter-

En Afghanistan, le retrait américain entre dans sa phase finaleLes soldats de l’US Army ont quitté cette semaine le site emblématique de Kandahar. La seule base aérienne alliée est désormais celle de Bagram, près de Kaboul.

100 km

Hérat

Mazar-eCharif

Kandahar

Kunduz

Lachkargah

BagramDjalalabadKaboul

PAKISTAN

INDE

IRAN

TADJIKISTAN CHINEOUZB.TURKMÉNISTAN

Source : LongWar Journal

Talibans

CONTRÔLE DESDISTRICTS(situation au 19 avril 2021)

Zone d’action des talibansou zone contestéeGouvernement

margaux benn £@B_Margauxenvoyée spéciale à kaboul

AU TÉLÉPHONE, elle a une voix douce et plutôt enfantine, ponctue ses phrases de rires gênés et s’ex-cuse sans cesse de ne pas bien par-ler anglais. Quand elle bute sur un mot, elle revient à sa langue ma-ternelle, le dari : les rires sont alors plus francs, les mots plus précis, ils s’égrènent plus vite, empreints d’émotion à mesure qu’elle racon-te son histoire.

Nazifa Mahboubi n’est pas ici, à Kaboul, mais à l’étranger, dans un lieu tenu secret. La journaliste, employée par une radio mise en place par une organisation étran-gère d’aide aux médias dans les pays en guerre, a dû fuir l’Afghanistan il y a trois mois.

« Un jour, j’ai reçu un message des services de renseignement afghans. Ça ne m’était jamais arrivé ! », raconte-t-elle. Une femme membre de l’organisation État islamique venait d’avouer, lors d’un interrogatoire, avoir eu pour mission d’assassiner une cer-taine Nazifa Mahboubi. Ses ins-tructions : appeler cette dernière en demandant de l’aide, sous pré-texte d’être une victime de violen-ces conjugales. Puis, lors de leur rencontre, lui tirer dessus avec un silencieux. « Je suis tombée des nues. Effectivement, j’avais reçu plusieurs appels de ce genre d’une inconnue quelques jours aupara-vant », souffle la jeune femme.

Selon un responsable des servi-ces de sécurité afghans, ce mode opératoire est courant. Et plu-sieurs femmes, activistes ou membres de la société civile, ra-content avoir eu vent d’histoires similaires. Depuis quelques mois, dans la capitale de ce pays où les féminicides sont légion, les fémi-nistes, activistes et autres mem-bres de la classe moyenne ont ap-pris à ne pas venir en aide aux inconnues qui les supplient, ni aux mendiantes en burqa postées de-vant chez elles.

« Je me suis enfermée dans ma chambre et n’en suis pas sortie pen-

Rester ou partir, le dilemme des classes moyennes afghanes

chez nous », regrette le père de fa-mille.

Alors que toutes les troupes étrangères se désengagent du pays, laissant une armée afghane exsangue et impuissante face aux talibans, au groupe État islamique et aux autres factions armées, de nombreux Afghans redoutent une spirale de violence, voire un re-tour à la guerre civile. En parallèle, des négociations sont en cours en-tre les talibans et le gouvernement afghan qui, si elles aboutissent, pourraient signifier l’intégration des fondamentalistes au gouver-nement. Les ambassades et autres représentations diplomatiques s’apprêtent à réduire drastique-ment leurs effectifs, voire à fermer leurs portes. La situation ne peut ainsi qu’empirer pour les Afghans qui travaillent avec des étrangers, ou vivent en désaccord avec la vi-sion ultraconservatrice de la so-ciété des « étudiants en religion ». Alors certains, ceux qui ont les moyens financiers de le faire, choisissent de quitter le pays.

D’autres n’ont pas la liberté de tout quitter du jour au lendemain. Rohina Haroun, employée d’une organisation non-gouvernemen-tale, rêve de rejoindre les États-

Unis. « Mais cela voudrait dire lais-ser derrière mes parents et mon pe-tit frère, et c’est hors de question, explique la trentenaire, qui sub-vient seule aux besoins de sa fa-mille. Alors, soit nous partons tous, soit nous restons… Et advienne que pourra. »

Cette trentenaire pétillante, l’une des seules du pays à oser parfois se promener sans voile dans les rues de Kaboul, espère une réponse fa-vorable à sa demande de Special Immigrant Visa, un laissez-passer octroyé par les États-Unis aux Af-ghans qui ont travaillé pour une or-ganisation américaine. Pour dou-bler leurs chances, son époux a aussi envoyé une candidature. « Ce serait la seule façon de faire valoir ensuite un rapprochement familial. Si cela ne marche pas, il faudra ima-giner une autre solution, plus écono-mique, plus réaliste, comme partir dans un pays plus proche de l’Afgha-nistan. »

Mais l’Inde, destination jadis pri-sée par les Afghans, est aux prises avec une forme particulièrement meurtrière du Covid-19 et ne déli-vre que des visas de six mois. Le Pakistan, au Sud, n’est pas plus at-trayant. L’Ouzbékistan, au nord, n’est pas non plus une solution pé-

renne : plusieurs Afghans qui ont tenté de s’y expatrier racontent la difficulté d’y trouver un emploi. Beaucoup sont revenus au bout de quelques mois.

À Hérat, dans l’ouest de l’Af-ghanistan, Saifuddin Sepehr hésite encore à partir. « Je regarde mes valises, et me dis que c’est ten-tant », avoue cet homme d’affaires de 29 ans, qui a démarré plusieurs start-up dans sa ville natale ainsi qu’une autre au Canada. « Pour l’instant je reste, car j’ai trop investi dans ce pays, financièrement et émotionnellement, pour partir aussi rapidement », dit l’ingénieur en informatique, lauréat d’un prix international de start-up en 2020. « Mais si la situation sécuritaire se délite, alors, je sauterai dans l’avion… Avec beaucoup de re-grets. » Comme celui de devoir abandonner son projet le plus am-bitieux : une plateforme en ligne d’apprentissage à distance, pour permettre notamment aux fillettes qui habitent des villages reculés sans école pour filles de suivre leur scolarité. « Si les talibans revien-nent au pouvoir, ou si le pays som-bre encore plus dans la guerre, non seulement je ne serai plus là pour gérer mon entreprise, mais en plus,

Si les talibans reviennent au pouvoir, ou si le pays sombre encore plus dans la guerre, non seulement je ne serai plus là pour gérer mon entreprise, mais en plus, elle sera probablement interdite »saifuddin sepehr, homme d’affaires

dant deux jours. J’étais boulever-sée : j’habitais avec ma mère, et ré-alisais qu’à cause de mon métier, je nous avais toutes les deux mises en danger », dit Nafiza Mahboubi. C’est ce qui a motivé son évacua-tion à l’étranger, organisée par son média.

« Aujourd’hui c’est l’Aïd. Ça de-vrait être un jour de fête, à passer en famille. Ma mère m’a appelée et elle m’a dit : “La maison est vide depuis que tu es partie.” J’ai éclaté en sanglots. » La jeune exilée de 27 ans pousse un long soupir : « Je me sens si seule et si perdue dans cette ville bizarre. Je devrais être heureuse aujourd’hui, et au lieu de ça je pleure. Pourtant je n’ai rien fait de mal ! »

Dans un autre pays, Saba Sahar et Emal Zaki souffrent de la même solitude… À ceci près que le couple de cinéastes vit à l’étranger depuis cinq mois sans aucun soutien de la part d’un employeur, après que Saba Sahar a échappé de peu à une tentative d’assassinat : des hom-mes ont tiré à bout portant sur la

voiture qui l’amenait au travail. Après une série d’opérations chi-rurgicales, la réalisatrice et son époux, également producteur, ont quitté le pays avec leurs cinq en-fants. « Partir, c’était aller au plus urgent, c’est-à-dire sauver notre vie. Mais le voyage n’est pas termi-né car ici nous ne pouvons pas vivre décemment », dit-il dans l’un de ses nombreux messages What-sApp, qui deviennent au fil des se-maines de plus en plus désespérés. La famille vit dans un minuscule appartement, les cinq enfants ne vont pas à l’école : « Ils ne parlent pas la langue locale, et le seul éta-blissement qui accueille des Af-ghans se situe à 30 kilomètres de

“Rapidement,la question « devons-nous partir ? » s’est muée en « où allons-nous partir ?»”un journaliste expatrié en afghanistan

12 personnes tuées

vendredi matin, lors d’une explosion dans une mosquée sunnite bondée de la banlieue de Kaboul. La semaine

dernière, un triple attentat à la bombea fait 85 morts, dont

de nombreux enfants dans une école de filles de la capitale afghane .

le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

A

9InternatIonal

Questions et réactions #LeGrandJury

Vincent DEROSIERGuillaume ROQUETTEAmélie CARROUËR

En directDIMANCHE 12H-13H

©RTL.fr

CHRISTOPHE CASTANERPrésident du groupe La République En Marche à l’AssembléeNationale, Député des Alpes-de-Haute-Provence.

LES VALLÉES afghanes recèlent des minéraux d’une valeur d’au moins mille milliards de dollars, cartographiés pour la première fois par des géologues soviétiques dans les années 1970. Depuis, sei-gneurs de guerre et puissances étrangères n’ont cessé de piller ces gisements. Les talibans et autres groupes armés s’affrontent pour contrôler les mines, qu’ils utilisent pour financer leurs activités.

Même l’ancien président améri-cain Donald Trump convoitait l’or, le lithium, l’uranium et autres ri-chesses minérales de l’Afghanis-tan… Au point qu’en 2017, afin de le persuader de maintenir des troupes américaines dans le pays, le président Ashraf Ghani avait promis d’octroyer des contrats miniers à des entreprises améri-caines.

Ces troupes sont alors restées en Afghanistan (bien que depuis, en vertu d’un accord conclu avec les talibans, elles se retirent entière-ment du pays)… Et Ashraf Ghani a tenu ses promesses. Fin 2019, SOS International (SOSi), une société ayant des liens ténus avec l’armée et les services de renseignement américains, a obtenu un accès ex-clusif à plusieurs mines afghanes. La famille Ghani, pour sa part, en a aussi tiré des bénéfices.

Selon une enquête d’abord pu-bliée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), résumée ici par ses au-teurs, la filiale afghane de SOSi qui a obtenu le droit d’acheter du mi-nerai extrait illégalement appar-tient en grande partie à Hashmat Ghani, le frère du président. Une concession qui présente à la fois un conflit d’intérêts pour le dirigeant afghan et pour le gouvernement américain.

Une géologue américaine « futuriste »À l’origine, un projet conçu dix ans plus tôt par une équipe de géologues, membres d’une task force mandatée par le Pentagone pour développer les industries af-ghanes. Des soldats des forces spé-ciales américaines avaient alors demandé à cette équipe, menée par Emily Scott, une jeune femme tout juste diplômée en géologie, d’assister des miliciens progou-vernementaux de la province du Kunar, à l’est du pays, qui ven-daient illégalement de la chromite, un précieux additif anticorrosion. La chromite afghane est prisée pour sa pureté exceptionnelle. Avec un concasseur fourni par le Pentagone et l’équivalent de 3,8 millions de dollars en équipe-ment, les miliciens ont commencé à traiter leur minerai au sein même d’une base de l’Otan.

L’ensemble du projet contreve-nait à la loi afghane… Sans compter que la chromite provenait de mi-nes non autorisées et était extraite par des villageois sans aucune pré-caution sécuritaire ou environne-mentale. Souvent, ce sont des en-fants qui sont employés dans les mines afghanes… Et « il n’est pas concevable que l’extraction ou l’ex-portation soit faite sans l’aval de groupes armés » tels que les tali-bans, analyse Jim Wasserstrom, un expert de la lutte contre la cor-ruption qui a travaillé pour plu-sieurs organisations américaines en Afghanistan.

Après quelques années, le stra-tagème a été révélé par une ONG anticorruption… Et l’opération a été stoppée. La task force du Pen-tagone, éclaboussée par plusieurs scandales, a été démantelée en 2013.

Puis, en 2019, certaines des mê-mes personnes qui avaient pensé et mené à bien le projet dans le Kunar

ont fait renaître ce dernier… Cette fois, sous une nouvelle gestion pri-vée : à travers Southern Develop-ment (Sodevco), la filiale afghane de la société américaine SOSi. Filia-le dans laquelle le frère du prési-dent afghan a largement investi.

Après avoir quitté la task force et la fonction publique américaine, Emily Scott, « futuriste minière » autoproclamée, a cofondé la socié-té Global Venture Consulting avec son époux Mark King, réserviste des forces spéciales de l’armée. Le couple s’était rencontré en Afgha-nistan, où King travaillait comme agent de sécurité pour les géolo-gues de la task force. Leur société Global Venture offre des services d’aide à l’exploitation minière tout en mettant en avant l’expérience de son cofondateur dans les opéra-tions spéciales. C’est donc naturel-lement que Global Venture a com-mencé à travailler avec Sodevco en Afghanistan. Emily Scott-King a même recruté un ancien com-mandant des forces spéciales im-pliqué dans le projet originel pour renouveler l’expérience.

« Ces projets de chromite (de la task force) se sont transformés en un investissement de 4 millions de dollars par une entreprise privée américaine », s’est vantée Emily Scott-King lors de la conférence des forces spéciales américaines de 2019.

Cette « entreprise privée améri-caine », c’est donc SOSi. Sise en Virginie, à proximité de ses clients de la Drug Enforcement Adminis-tration (DEA), de la Central Intelli-gence Agency (CIA) et du Penta-gone, elle propose de nombreux services aux agences gouverne-mentales dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Ses activités en Irak font déjà l’objet d’une en-quête du ministère américain de la Justice.

Un annuaire commercial de Ka-boul de 2005 et d’autres docu-ments obtenus par les auteurs ré-vèlent que Hashmat Ghani, le frère du président afghan, était le pro-priétaire initial de Sodevco. Un

Les bonnes affaires minières du président Ghani et de sa familleEn Afghanistan, le retrait américain entre dans sa phase finale

Les soldats de l’US Army ont quitté cette semaine le site emblématique de Kandahar. La seule base aérienne alliée est désormais celle de Bagram, près de Kaboul.

ritoire commence à présent aux portes de la ville. Les forces de sécu-rité afghanes sont assiégées dans les agglomérations.

Retrait sans gloireLes attentats des insurgés font aussi régner la terreur dans les villes. Cet-te année, même le cessez-le-feu traditionnel de l’Aïd n’a pas tenu et les mosquées et les écoles ne sont pas épargnées. Vendredi matin, une ex-plosion dans une mosquée sunnite bondée de la banlieue de Kaboul a tué 12 personnes, selon un bilan pro-visoire. La semaine dernière, un tri-ple attentat à la bombe avait été per-pétré dans une école de filles de la capitale afghane, faisant 85 morts, dont de nombreux enfants.

Le départ des dernières troupes étrangères risque de voir les atta-

ques de l’insurrection se multiplier. Après Kandahar, la dernière base à fournir l’appui aérien vital pour les forces afghanes reste celle de Ba-gram, près de Kaboul.

Ce retrait sans gloire est le symbo-le de l’échec de vingt ans d’inter-vention américaine dans ce pays. Dans les paysages désertiques du sud de l’Afghanistan, les ruines des ins-tallations militaires américaines, souvent construites sur les lieux mê-mes occupées par l’Empire britanni-que au XIXe siècle et l’Union soviéti-que au XXe, ont déjà commencé à se mêler aux traces laissées par les deux précédentes puissances à avoir tenté d’imposer leur gouvernement à l’Afghanistan. ■

elle sera probablement interdite », soupire-t-il.

Dans plusieurs ambassades oc-cidentales, les demandes de visa se multiplient, ainsi que les dossiers faisant état de menaces et d’un besoin imminent de quitter le pays. La France est le seul pays occidental à avoir pris, le 10 mai, une mesure concrète pour évacuer les Afghans travaillant ou ayant travaillé pour elle. Au total, plus de 600 personnes seraient concer-nées. « Je suis à l’aéroport. J’arri-ve ! », écrivait il y a trois jours Nargesjan Moheb, enseignante au lycée français de Kaboul, laissant éclater sa joie. Cette jeune femme, qui essuyait depuis plusieurs mois des menaces de la part d’élèves, est l’une des personnes qui ont

bénéficié de cette opération. Elle rejoint son frère Sayed, ancien personnel civil de recrutement local pour l’armée française, qui avait pu obtenir l’asile il y a un an, dans une petite ville de province.

Des organes de presse interna-tionaux repensent actuellement leur présence en Afghanistan. Plu-sieurs membres d’organisations étrangères racontent qu’en cou-lisses on réfléchit à la possibilité de déplacer les bureaux à l’étranger, par exemple en Turquie. « Et, ra-pidement, la question “devons-nous partir ?” s’est muée en “où al-lons-nous partir ?” », confie l’un de ces expatriés. Le sort des em-ployés locaux dépendra probable-ment de chaque organisation. ■

document de la société, archivé dans la zone franche offshore de Ras al-Khaimah, la juridiction se-crète des Émirats arabes unis où sont conservés tous ses documents de propriété, confirme que le 17 juin 2014 - trois jours après l’élection d’Ashraf Ghani à la pré-sidence - SOSi possédait 80 % de la société, Hashmat Ghani étant pro-priétaire du reste. Selon un ancien employé de SOSi, le nom d’Hash-mat Ghani a été retiré des docu-ments de l’entreprise afghane pour éviter d’embarrasser Ashraf Ghani pendant sa campagne prési-dentielle.

« Coopérer » pour assurer « le transfert »Un document, que l’OCCRP a pu consulter, révèle que le 26 décem-bre 2019, le haut conseil économi-que afghan, dans le cadre d’un processus supervisé par le prési-dent, a donné à Sodevco la per-mission d’acheter 20 730 tonnes de chromite dans six provinces afghanes.

Cette chromite, selon le docu-ment, « a été extraite par des villa-geois locaux pendant de nombreu-ses années à l’aide d’outils rudimentaires » et doit être traitée dans le quartier du district 12 de Kaboul, où se trouve l’usine Sodevco. Le ministère des Mines a été chargé de superviser l’ensem-ble du processus, et les forces de sécurité afghanes et la police rou-tière ont reçu l’ordre de « coopérer » pour assurer « le transfert » de cette chromite, extraite hors du cadre légal.

L’implication du président af-ghan dans l’octroi d’un contrat minier illégal à une entreprise lar-gement possédée par son frère, a été confirmée par plusieurs sour-ces. Selon l’une d’elles, ayant une connaissance directe du proces-sus, les propositions et les licences d’exploitation minière sont ap-prouvées directement par le prési-dent, son cabinet ou le haut conseil économique… qu’il dirige égale-ment. ■ M. B. et Zack kopplin

L’implication du président afghan Ashraf Ghani (ici à Kaboul, en 2020) dans l’octroi d’un contrat minier illégal à une entreprise largement possédée par son frère, a été confirmée par plusieurs sources. MoHaMMaD ISMaIl/reUterS

» Lire aussi page 20+« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge �atteur » Beaumarchais

Survol de Kaboul,en avril 2021,par des forces spéciales américaines. Joe Biden a confirmé le retrait unilatéral et sans conditions des troupes américaines au plus tard au 11 septembre 2021.loS angeleS tIMeS/PolarIS/Starface

samedi 15 mai 2021 le figaro

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Le document actuel, adopté en 1980 durant la dictature du général Pinochet, avait fini par cristalliser les mécontentements.L’annonce des résultats,

dimanche soir, pourrait engen-drer de nombreuses frustrations. L’opposition de gauche, incapable de se mettre au diapason de la population lors de la révolte sociale de 2019, arrive divisée à la constituante. La droite, elle, n’aura besoin que du tiers des voix pour s’assurer une minorité de blocage. « Les attentes sont énor-mes en matière de santé, d’accès à l’éducation, de participation démo-cratique ou encore de rééquilibrage entre les pouvoirs exécutif et légis-latif, explique Claudia Heiss. Ces demandes, partagées par une

majorité de Chiliens, vont se heurter à la polarisation des élites politiques et économiques. »

Président à la dérive, Sebastián Piñera (droite) incarne le profond discrédit frappant partis et institu-tions depuis de nombreuses an-nées. Avec seulement 9 % de sou-tien, le chef de l’État a récemment mis le pays en surchauffe en s’op-posant au projet de loi autorisant les Chiliens à puiser pour la troisième fois dans leur épargne retraite. Lâché par la coalition pré-sidentielle et désavoué par le Tri-bunal constitutionnel, Sebastián Piñera a finalement été contraint de promulguer l’initiative du Congrès. Un terrible désaveu.

Un nouveau pacte social« Cet épisode est susceptible de nourrir un vote sanction et de fra-giliser la position de la droite dans la future Assemblée, estime Pame-la Figueroa, politologue et mem-bre du centre d’études Observa-torio Nueva Constitución. Le gouvernement n’a pas su apporter à temps l’aide sociale nécessaire pour traverser la pandémie. » Un sérieux camouflet pour les défen-seurs du système de capitalisation privée, mis en place dans la foulée de l’actuelle loi fondamentale, et vertement rejeté par une majorité de Chiliens.

Les 155 constituants dispose-ront d’un an maximum – neuf mois, avec un délai supplémentai-re de trois mois en option – pour rédiger le nouveau texte. Ce der-nier sera alors soumis à l’approba-tion des citoyens par l’intermé-diaire d’un référendum. Dans le pays andin, beaucoup s’inquiètent des interférences à venir avec la campagne présidentielle, dont le premier tour est fixé au 21 novem-bre. L’actuelle «Carta magna» in-terdisant au président en fonction de se représenter, un nouveau chef d’État siégera au palais de La

Moneda au moment d’assurer la transition constitutionnelle.

« Les candidats à la présidentiel-le sont déjà nombreux sur la ligne de départ et ne peuvent s’empêcher de s’immiscer dans le débat sur la Constitution », observe Pamela Fi-gueroa, également chercheuse en science politique à l’université de Santiago du Chili. Selon elle, l’au-tonomie des membres chargés de rédiger le nouveau document sera déterminante pour établir, en toute transparence, les bases d’un nouveau pacte social. « Il n’y a pas le droit à l’erreur ; le contexte ac-tuel reste hautement inflammable. La population ne tolère plus les inégalités, exacerbées par la crise sanitaire. Aux futurs élus de se montrer à la hauteur. » ■

Le premier ministre arménien par intérim, Nikol Pachinian, a dénoncé, jeudi, cette incursion commeune « provocation » préludant à la mainmise par l’Azerbaïdjan sur d’autres portions de l’Arménie.Stepan poghoSyan/photolure/vIa reuterS

Regain de tension entre l’Arménie et l’AzerbaïdjanErevan dénonce une infiltration des forces de Bakou sur son territoire et en appelle à la solidarité régionale.

Les Chiliens éliront, ce week-end, les 155 citoyens chargés de rédiger la future Constitution. (Ici, une employée teste le matériel électoral, à Santiago.)ClauDIo reyeS/aFp

L’Ukraine poursuit un proche de Poutine, qui promet de « réagir »Vladimir Poutine a assuré vendredi que la Russie devrait « réagir » après les poursuites entamées en Ukraine contre un influent député et magnat considéré comme un de ses proches, Viktor Medvedtchouk, placé en résidence surveillée.

Trois personnes tuées au nord du Burkina FasoAu moins trois personnes ont été tuées dans la nuit de jeudi à vendredi et des concessions ont été brûlées lors d’une nouvelle attaque dans le village de Wassakoré, au nord du Burkina Faso, déjà visé il y a cinq jours, selon un élu local et une source sécuritaire.

en bref

Le Chili vote pour se doter d’une nouvelle Constitution

ALAin BArLuet £@abarluetCorrespondant à MosCou

CaUCase Alors que le monde a les yeux tournés vers les affronte-ments israélo-palestiniens, un au-tre vieux conflit menace de re-prendre. Jeudi, Nikol Pachinian, le premier ministre arménien par intérim - il a démissionné dans l’attente de nouvelles élections, le 20 juin prochain-, a accusé l’Azebaïdjan d’avoir infiltré des troupes en Arménie pour prendre le contrôle de territoires frontaliers au bord du lac Sev, que se parta-gent les deux pays.

L’affaire constitue le plus sérieux pic de tensions entre les deux voi-sins du Caucase du Sud depuis leur affrontement militaire de six se-maines, entre septembre et no-vembre dernier, autour du Nagor-ny-Karabakh, enclave peuplée d’Arméniens mais située en terri-toire azéri. Ces combats avaient fait 6 000 victimes de part et d’au-tre, s’ajoutant aux 33 000 morts dans cette guerre qui dure depuis le début des années 1990. Le der-nier épisode du conflit s’est soldé

par une victoire de Bakou, solide-ment épaulé par la Turquie, et par la rétrocession aux Azerbaïdjanais d’une partie importante du Nagorny-Karabakh, dont la ville historique de Chouchi. Pour tous les observateurs, alors, il était évi-dent que la confrontation n’en res-terait pas là - malgré un accord de cessez-le-feu signé à la mi-novembre sous l’égide de la Russie. Des dizaines de prisonniers armé-niens se trouvent toujours aux mains des forces de Bakou.

Cette fois, selon Erevan, des sol-dats azerbaïdjanais ont pénétré sur trois kilomètres et demi en territoi-re arménien, dans la région de Syunik, au sud du pays. Aucun coup de feu n’a été tiré, ni du côté arménien ni du côté azerbaïdjanais. Mais selon Nikol Pachinian, cité par l’agence Interfax, il resterait ven-dredi environ deux cent cinquante militaires azéris dans les régions arméniennes de Syunik et Geghar-kunik. La télévision arménienne montrait des habitants sous le choc, terrorisés d’avoir à envoyer leurs enfants à l’école alors que les forces de l’Azerbaïdjan se trou-vaient à proximité de leur village.

Lac Sev

30 km

Erevan

ARMÉNIE

AZERBAÏDJAN

Nakhitchevan(AZERB.)

TURQUIE

IRAN

Stepanakert

Goris

Kapan

Chouchi

GandzasarDadivank

Territoire souscontrôle russe

Territoirereconquis parl’Azerbaïdjan

L’Arménie affirme que les troupes azerbaïdjanaises ont pénétré à l’intérieurdes frontières arméniennes pour « faire le siège » du lac Sev, partagé entre les deux pays.

De leur côté, les autorités azerbaïd-janaises affirment avoir pénétré sur un territoire leur appartenant, afin de « clarifier les frontières »… Au moyen de cartes falsifiées, objecte Nikol Pachinian. Selon lui, cette incursion est une « provocation » préludant à la mainmise par l’Azerbaïdjan sur d’autres portions du territoire. Le dirigeant armé-nien a annoncé sa décision de saisir l’Organisation du traité de la sécu-rité collective (OTSC).

« retrait immédiat »Cet accord prévoit à son article 2, dans de tels cas, une possible inter-vention pour « écarter les mena-ces » pesant sur l’intégrité territo-riale d’un État membre. L’OTSC regroupe la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kir-ghizstan et le Tadjikistan. Pour Alexander Iskandaryan, directeur de l’Institut du Caucase à Erevan, interrogé par le journal Kommer-sant, cet appel à l’OTSC n’est autre qu’un appel à la Russie elle-même. « Sérieusement, personne ne s’at-tend à ce que les Kazakhs et les Kir-ghizes envoient des troupes ici. La Russie devrait prendre des mesu-res », a déclaré l’expert. Mais de son côté, Vladimir Poutine s’est borné à faire valoir la nécessité de respecter l’accord de cessez-le-feu, lors d’un coup de fil avec Nikol Pachinian. La Russie, en maîtresse du jeu, perçoit d’abord ses intérêts dans le maintien des équilibres.

Ce regain de tension a suscité l’inquiétude de Washington et de Paris. Emmanuel Macron s’est en-tretenu au téléphone avec Nikol Pachinian. Sur Facebook, le prési-dent français s’est exprimé en Ar-ménien pour réclamer le « retrait immédiat » des forces azéries. « Je dis au peuple arménien que la France est unie (avec vous) et le res-tera », a-t-il ajouté. Mais un autre événement, potentiellement im-minent, risque de jeter de l’huile sur le feu : la visite que le président turc Recep Tayyip Erdogan a pro-mis de faire à Chouchi, la capitale culturelle du Karabakh reprise aux Arméniens après la fête de l’Aïd. ■

ALAn Loquet £@aloquetenvoyé spéCial à puente alto

amériqUe dU sUd Paola Romero s’engouffre dans un dédale d’ha-bitations en briques avec la foi du nouveau converti. Tracts à la main, l’énergique quinquagénaire ratisse Nocedal au pas de course. À l’entendre, ce quartier défavorisé de Puente Alto, dans la périphérie sud de Santiago du Chili, est un concentré des maux dont souffre le pays. « Les exclus du prétendu miracle chilien sont là. Les jeunes tombent sous la coupe des narco-trafiquants, sous le regard compli-ce des carabiniers corrompus. Les gens vivent dans la misère et se nourrissent grâce à la soupe popu-laire. Les services sont inexistants, énumère-t-elle. Il faut changer les règles du jeu en pro-fondeur. »

Cette avocate de formation fait partie des 1 373 candidats en lice pour l’élection de l’Assemblée consti-tuante, prévue samedi et dimanche dans le pays andin. Le scrutin est historique. Pour la première fois dans l’histoire du Chili, 155 citoyens se-ront désignés démocratiquement pour rédiger la nouvelle loi fonda -mentale. L’organe paritaire – une première au monde – comprendra dix-sept sièges réservés aux peuples autochtones.

En octobre dernier, près de 80 % des électeurs avaient plébis-cité un changement de Constitu-tion. Le document actuel, adopté en 1980 durant la dictature du gé-néral Pinochet (1973-1990), avait fini par cristalliser les revendica-tions du vaste mouvement social contre les inégalités entamé en octobre 2019. Selon ses détrac-teurs, cette « Carta magna » fige

le pays dans un corset néolibéral, empêchant toute intervention structurelle de l’État, notamment dans le domaine social.

« L’engouement autour du réfé-rendum de fin 2020 m’a décidée à devenir, pour la première fois, can-didate à une élection », reprend Paola Romero. Responsable d’une association de quartier dans la première couronne de la capitale, cette mère de trois enfants avait écumé les cabildos, ces assemblées de citoyens qui avaient fleuri sur les places et dans les parcs chiliens avant le début de la pandémie. « Il y avait une vraie volonté de trouver ensemble la meilleure façon de cré-er un modèle produisant moins d’inégalités. Je me suis rendu compte que le vrai changement ne pouvait venir que d’en bas », assu-re Paola Romero, inscrite sur une

liste indépendante comme 61 % des can-didats à l’Assemblée constituante.

La crise sanitaire a néanmoins brisé cet élan. Après une violen-te deuxième vague, le pays connaît actuelle-ment une lente décrue du nombre de cas de Covid-19, tout en dé-

nombrant 27 500 décès pour 19 mil-lions d’habitants. Malgré environ 40 % de la population à avoir reçu deux doses de vaccin, la participa-tion demeure la grande inconnue de ce scrutin organisé sur deux jours pour limiter la propagation du coro-navirus. « Il s’agit de l’élection la plus incertaine depuis le rétablisse-ment de la démocratie, selon Claudia Heiss, responsable du département de science politique à l’université du Chili. Les priorités de la popula-tion ont changé. La campagne, es-sentiellement réalisée en ligne, a peu mobilisé et se retrouve noyée au mi-lieu des municipales et régionales prévues aux mêmes dates. »

80 %des électeurs chiliens

avaient plébiscité, en octobre dernier,

un changement de Constitution

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André Merle, procureur adjoint de la répu-blique de Saint-Étienne qui précise que le « pronostic vital est engagé ».

Marié, père de deux enfants, le briga-dier-chef, affecté au commissariat de Gier, venait de fêter ses 51 ans. Selon nos informations, il a reçu la médaille de cou-rage et de dévouement après l’arrestation en mai 2011 d’un forcené armé. Les poli-ciers de la brigade de sûreté urbaine (BSU), qui ont récupéré des projectiles en cours d’analyse et recherchent des vidéos exploitables, ont été saisis de l’enquête pour « blessures volontaires avec armes par destination et en réunion sur un agent de la force publique ». Le procureur André Merle a lancé un « appel à la citoyenneté » de témoins, dont les « informations seront exploitées dans le cadre de tous les moyens légaux », y compris ceux relatifs à la pro-tection de l’anonymat. Les agresseurs en-courent dix ans de réclusion criminelle.

Un rassemblement citoyen « La nouvelle provoque un vif émoi dans les rangs et la colère risque de s’amplifier si l’affaire vire au tragique », prévient-on au cœur de l’institution. Parmi les syndi-cats, l’agression du brigadier-chef a pro-voqué la bronca. « L’insupportable, c’est notre quotidien », a rugi Unité-SGP po-lice. « Des policiers qui interviennent pour

des individus qui pourrissent le quotidien des gens ! Tapage nocturne, tirs de mor-tiers. Et, au final, un policier dans le coma pour une action de police du quotidien », s’indigne le syndicat indépendant des commissaires de police. « Une agression et une intervention comme il en existe des centaines par jour », déplore de son côté David-Olivier Reverdy, secrétaire natio-nal adjoint d’Alliance. Dans un courrier appelant à un « rassemblement citoyen » le 19 mai prochain aux abords du Palais Bourbon, une intersyndicale réaffirme sa « revendication première » : « la mise en œuvre de peines minimales pour les agres-seurs des forces de l’ordre ».

Comme l’a révélé Le Figaro, la police a dénombré 727 agents touchés en opéra-tions pour le seul premier trimestre 2021. Selon l’Observatoire national de la délin-quance, pas moins de 8 719 policiers et gendarmes ont été blessés en mission l’année dernière. Soit près d’une agres-sion contre les forces de l’ordre chaque heure en France. Dans le même temps, onze policiers et gendarmes ont péri alors qu’ils étaient au service de leurs conci-toyens. Tandis que le brigadier-chef lutte contre la mort, la pression n’a jamais été aussi forte sur un exécutif accusé de mol-lesse et à qui toute une profession risque de demander des comptes. ■

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Un policier agressé, entre la vie et la mortAppelé pour tapage nocturne, ce brigadier-chef de 51 ans a été attaqué, avec son équipage, par une quinzaine d’individus.

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Le quartier du Grand pont à Rive-de-Gier (Loire) où s’est déroulée l’agression contre les policiers, vendredi.

Alors que 350 gendarmes, appuyés par un matériel sophistiqué, fouillent un vaste périmètre, la population tente de garder son sang-froid.

luc lenoir £@luc_lenoirenvoyé spécial à anduze

faits divers C’est un décor splendide, où feuillus et conifères se succèdent au bord des routes, qui porterait l’apaise-ment, n’était-ce le contre-la-montre en cours. Dans la quiétude des Cévennes, un homme se terre depuis mardi, traqué par 350 gendarmes et un matériel lourd et so-phistiqué. Mardi matin, il tuait de sang-froid son patron de la scierie des Plantiers (Gard) et un collègue qui avait voulu s’in-terposer. Puis repassait chez lui dans le même village, s’équipait probablement de son fusil de précision, et partait, dans une direction et un but que les enquêteurs ont encore du mal à discerner.

Considéré comme peu sociable, Valen-tin Marcone, 29 ans, aurait conçu un déli-re de persécution autour de ses em-ployeurs successifs. Non reconduit dans un emploi d’insertion à la mairie en rai-sons notamment de ses absences, il avait déposé des plaintes, plus tard rejetées par la justice. Il faisait en outre l’objet d’une procédure judiciaire, dans un dossier d’enregistrement illégal d’un dépositaire de l’autorité publique. Mais pour l’ins-tant, les raisons de son passage à l’acte semblent encore peu claires.

Pour l’intercepter, la gendarmerie a construit un triple dispositif. Une premiè-re zone de bouclage, d’une quinzaine de km2, concentre le travail de ratissage complet. Pour décrire le degré de minutie et les efforts nécessaires, le général Jean-

Valéry Letterman, commandant du grou-pement de gendarmerie de l’Hérault, se tourne vers les montagnes derrière lui : « Vous imaginez bien qu’on n’explore pas ça comme un champ… Ça n’a rien à voir avec les battues en rang comme dans les films. » Dans les reliefs, les enquêteurs partent des chemins, scrutent à l’aide des caméras thermiques et infrarouges. « Nous échangeons avec les chasseurs lo-caux, mais aussi l’ONF, qui nous indiquent où sont les mazets, un terme local qui dési-gne les abris et maisonnettes, les grottes, les cavités… » décrit l’officier. Englobant cette première zone, un périmètre de huit

kilomètres par quatre est également scru-té avec d’autres moyens, en fonction des témoignages, des centres d’intérêt établis par renseignement. Les trois chiens saint-hubert, capables de travailler sur « em-preinte froide » contrairement aux autres races, y sont déployés. Enfin, un carré d’environ quinze kilomètres de côté constitue le reste du théâtre d’opérations, avec une moindre intensité, les hélicop-tères ou l’ensemble des équipes y sondant des points précis.

La thèse de « l’autolyse »Une partie des effectifs est aussi affectée à la protection de la population, et aux barrages filtrants. Si les habitants des Plantiers, cloîtrés, ne peuvent sortir que pour des achats nécessaires, la préfectu-re du Gard souligne que des équipes psy-chologiques y sont disponibles, et que des pompiers assurent des missions de soutien et de ravitaillement. Dans les villages environnants, si le premier sen-timent est celui de la tristesse, la peur ou à tout le moins le doute s’inscrivent éga-lement sur les visages. « On se connaît tous, au moins de vue », soupire un rési-dent de Saumane, voisin du collègue de travail abattu mardi par Valentin Mar-cone. Il refuse de parler du fugitif. « Il est aux abois », affirme une voisine, « mais il y a quand même ce doute, cette cavale, qui nous rend un peu anxieux. Et si on tombe sur lui en ouvrant notre cave ou no-tre garage ? » redoute-t-elle.

Reste la possibilité d’une fuite au-delà des limites envisagées. Les analystes qui traitent l’appel à témoins lancé mercredi reçoivent des coups de fil parfois loin-tains, l’un d’eux ayant affirmé avoir aperçu le fugitif en Savoie. « On est obli-gés de faire des choix », assume le géné-ral Lettermann. « sa personnalité, l’équi-pement pris chez lui tend à nous indiquer qu’il est ici, mais tout est possible ». La dernière probabilité est celle du suicide, de « l’autolyse » comme le qualifiait jeudi le général Ott, commandant en se-cond de la gendarmerie de Paca. Une habitante d’un village voisin lance, fata-liste : « S’il est déjà mort, eh bien… on le retrouvera en allant aux champignons l’année prochaine. Mais en plus de la tris-tesse, on aura passé des mois dans la peur. » ■

terre, inconscient. Après avoir repris con-naissance un bref instant, le gradé est transporté à l’hôpital de Saint-Étienne où il tombe dans le coma, présentant un trau-matisme crânien et un hématome sous-dural. « L’opération s’est bien passée mais de vives inquiétudes postopératoires sont apparues », a confié vendredi après-midi

mental de la sécurité publique. Manifeste-ment désireux d’en découdre, les voyous s’en prennent aux policiers et leur lancent des projectiles. Au moment de se dégager et de rejoindre leur voiture pour appeler du renfort, les gardiens de la paix s’aper-çoivent que leur brigadier-chef est touché au crâne par une bouteille en verre. Il gît à

christophe cornevin £@ccornevin

violences Meurtris et au bord de la rup-ture, les policiers viennent d’encaisser un troisième choc en moins d’un mois. Tou-chée au cœur par l’attaque djihadiste du commissariat de Rambouillet (Yvelines), où Stéphanie Montfermé a été assassinée le 23 avril, puis par le meurtre du brigadier Éric Masson lors d’une intervention à Avi-gnon le 5 mai, la profession retient son souffle après l’agression qui vient de plon-ger dans le coma Jean-Paul R., un briga-dier-chef agressé dans la Loire. Cette fois, après le terrorisme et la lutte contre la dro-gue, c’est sur le front de violences du quo-tidien que l’institution paie un lourd tribut.

Vendredi à 0 h 15, dans une cité de Rive-de-Gier (Loire), un équipage de police se-cours est appelé pour mettre fin au tapage d’une quinzaine de « perturbateurs » voci-férant dans la nuit. « Dans le cadre d’une patrouille comme il y en a des dizaines par jour, ces policiers aguerris et engagés pour garantir la tranquillité publique ont tenté le dialogue, mais les protagonistes ont fait monter la pression de manière démesurée », raconte Cédric Esson, directeur départe-

L’introuvable tueur sème l’angoisse dans les Cévennes

après les militaires, d’anciens policiers signent une tribune

Dans la droite ligne des récentes tribunes de militaires publiés par Valeurs actuelles et dénonçant notamment le « délitement » de la France, une centaine d’ex-policiers, à la retraite depuis dix ou vingt ans pour certains, appellent vendredi dans une tribune à des « mesures » pour « rétablir l’autorité de l’État ». Estimant que « la peur doit changer de camp », ils réclament notamment, dans le droit fil des syndicats, une « réponse pénale adaptée » pour que « les condamnations soient réellement exécutées et à la hauteur des forfaits commis ».Dans un courrier de réponse, le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux considère de son côté que l’initiative des anciens policiers « fragilise l’institution » et rappelle que leur statut ne les « exonère pas de l’obligation de réserve ». Postée sur plusieurs sites de pétitions en ligne, la tribune a récolté vendredi soir quelque 29 000 signatures. c. c.

Valentin Marcone, 29 ans, probablement armé et bon connaisseur de la région, reste introuvable. HANDOUT/AFP

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sont pas tous contents de voir leurs enfants équipés par l’école. Certains estiment que leurs enfants se ser-vent plus de ces tablettes pour jouer que pour travailler et s’inquiètent d’avoir perdu le contrôle », avertit Marie-Alix Leroy, à l’origine du groupe Facebook « Parents unis contre les smartphones avant 15 ans ». Au premier confinement, elle s’est étonnée de ne voir quasi-ment aucun nouveau parent adhé-

rer à son groupe. « Aujourd’hui, nous avons cinq à dix nouvelles de-mandes par jour. Après une période de sidération et d’adaptation, les parents se sont rendu compte que les écrans prenaient trop de place et qu’ils s’étaient additionnés », juge Marie-Alix Leroy.

Ariane, cadre parisienne en télé-travail depuis un an, regrette ainsi que son fils de 13 ans ait pu enchaî-ner jusqu’à six « visio » par jour

Enfants, adolescents : quand les écr ans les intoxiquentÉtudes, jeux, séries, réseaux : contraints depuis plus d’un an à un tête à tête avec leurs machines, les jeu nes développent des comportements alarmants.

À UNE AUTRE époque, pas si loin-taine pourtant, à peine deux ans, il était convenu chez les profession-nels de l’éducation que l’appren-tissage par le biais unique des écrans n’était pas profitable à des étudiants avant… le stade du mas-ter. Pour des jeunes gens déjà ma-tures, donc, et avancés dans leur projet professionnel.

Les étudiants de première ou deuxième année étaient encore trop jeunes et avaient tendance à décrocher, entendait-on de la part d’universitaires qui avaient créé des licences à distance. L’éducation passe nécessairement par une alternance entre distan-ciel et présentiel, assuraient-ils.

Puis sont arrivés le confinement de mars 2020 et la fermeture des écoles. Dès la maternelle, des mil-lions de très jeunes enfants, de collégiens et de lycéens se sont re-trouvés à travailler sur écran, par-fois plusieurs heures par jour. Avec quelles conséquences ?

En France, les résultats sont contrastés. Selon les évaluations nationales, ce sont les jeunes élèves qui ont le plus souffert du manque d’école. Les résultats des élèves de CE1, à l’automne, l’ont démontré. Les élèves de sixième, plus autono-mes, s’en sont mieux sortis.

En revanche, à tout âge, les in-égalités sociales, déjà fortes en France avant la pandémie, se sont accrues. Les élèves les plus fragiles, inscrits en éducation prioritaire ou dans l’enseigne-ment professionnel, sont 10 % à avoir décroché à l’école, et près de 20 % ont décroché dans les collèges et les lycées, selon le

rapport annuel de la Cour des comptes.

Cette dernière a noté que l’accès au service public avait « été diffici-le » pour nombre d’enfants et de familles qui ont souffert de l’ab-sence ou de l’insuffisance d’équi-pement ou de connexion. Ils ont aussi été confrontés à la concur-rence des besoins scolaires au sein des fratries.

Inconvénientsde l’isolementLe travail dans le cadre de l’école à distance a par ailleurs « visé davan-tage la consolidation des acquis que la progression dans les program-mes », a noté la Cour des comptes. Rares sont les enseignants ayant eu pour ambition de réaliser le pro-gramme. Toutes ces raisons ont conduit le gouvernement français à maintenir au maximum les écoles ouvertes ces derniers mois.

Même dans des pays mieux équipés, avec des enseignants bien formés, le constat n’est pas plus glorieux qu’en France. Des cher-cheurs du Leverhulme Centre for Demographic Science, à Oxford, estiment que les écoliers néerlan-dais qui sont passés en distanciel n’ont rien appris ou presque pen-dant la fermeture des écoles. L’étu-de montre que les écoliers n’ont pas acquis 20 % des progrès qu’ils font habituellement chaque année en mathématiques, orthographe et lecture, ce qui correspond aux huit semaines de fermeture pendant le premier confinement néerlandais, l’an dernier.

La perte de connaissances serait deux fois plus importante pour les

enfants dont les parents ont un faible niveau d’éducation. Cette étude est d’autant plus intéres-sante que les Pays-Bas sont parmi les pays les plus avancés en matiè-re d’enseignement à distance.

Les conséquences négatives de la fermeture des écoles sont donc probablement plus importantes dans la plupart des autres pays du monde, qui ne bénéficient pas des mêmes investissements en matiè-re numérique. On l’aura compris, le numérique n’est pas à jeter avec l’eau du bain. Sans les écrans, et en dépit de tous leurs inconvé-nients, addictions et isolement, les déficits éducatifs auraient peut-être été plus importants…

L’université de Cambridge s’est employée à calculer les consé-quences de la fermeture des écoles dans les pays du Sud. Ses cher-cheurs sont arrivés à la conclusion que 66 % des apprentissages en mathématiques ont été perdus pendant trois mois de fermeture au Ghana par exemple, un pays peu doté en numérique. ■ M.-E. P.

Les médiocres résultats de l’enseignement à distance

Agnès LEcLAir £@AgnesLeclair

Famille Yvan* a 15 ans et il ne sort plus de chez lui. Depuis le dé-but de la pandémie, ce collégien passe 15 heures par jour devant son ordinateur. Branché en réseau sur World of Warcraft, il s’endort vers 6 heures du matin pour se réveiller l’après-midi.

Au début, il racontait à ses pa-rents « gérer ses cours en ligne », mais il a décroché de sa scolarité. Au premier confinement, ces der-niers « ont perdu le contrôle des usages de leur fils, pris dans un état de sidération anxieuse », raconte la pédopsychiatre Catherine Lacour Gonay, responsable médicale du centre d’évaluation et de soins pour adolescents (Cesa), en Seine-et-Marne. De permanence un soir de printemps, elle a vu cette famille en crise débarquer au grand hôpital de l’est francilien (GHEF). « Yvan était devenu extrêmement agressif dès que ses parents essayaient de li-miter l’usage de l’ordinateur. Il avait bousculé violemment sa mère. La tension à la maison, en période de télétravail, était devenue intena-ble », rapporte-t-elle. Le collégien est resté une semaine hospitalisé en pédiatrie pour une observation, avec un sevrage des écrans.

Jeux vidéo, réseaux sociaux, vi-déos YouTube, séries à gogo… La surconsommation d’écrans chez les plus jeunes n’est pas un phé-nomène nouveau. Mais, depuis un an, « on assiste à une flambée de l’addiction aux écrans » chez des enfants hospitalisés « pour des troubles anxieux, du comporte-ment, des troubles du sommeil ou alimentaires », explique la pédo-psychiatre, également membre du conseil d’administration de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SFPEADA). Aujourd’hui, elle constate une difficulté à gérer leur usage chez « 90 % des ado-lescents » reçus au centre d’éva-luation et de soins pour adoles-cents en Seine-et-Marne.

Cette surconsommation d’écrans est-elle venue cicatriser des trou-bles anxieux ou les a-t-elle provo-qués ? « Les écrans ne sont pas la cause de la détresse psychique mais ils y participent », souligne le Pr Philippe Duverger, chef du service de psy-chiatrie de l’enfant et de l’adoles-cent du CHU d’Angers, qui a fait face à une augmentation de 122 % des hospitalisations d’adolescents ces derniers mois. « Les constats de terrain ne sont pas bons. Les professionnels de l’enfance indi-quent que les jeunes sont plus fati-gués, plus nerveux et que leur con-sommation d’écrans a explosé, pointe Thomas Rohmer, fonda-teur de l’Observatoire de la pa-rentalité et de l’éducation numé-rique (Open). Mais le lien de causalité n’est pas établi. C’est dif-ficile de la faire part des choses en-tre une surexposition aux écrans et une qualité de vie familiale dégra-dée en raison de la crise sanitaire. »

Des parents débordésComme une loupe grossissante, les services de psychiatrie pédiatrique sont confrontés aux situations les plus graves. Des enfants amenés à l’hôpital par des parents à bout, débordés, en perte de repères édu-catifs. Ainsi ce garçon de 9 ans, sur sa tablette jour et nuit, qui a poussé sa mère dans les escaliers. Ou en-core cet adolescent qui urinait dans des bouteilles car il ne voulait pas quitter l’écran de sa chambre pour aller aux toilettes. Mais au-delà même de ces cas extrêmes, le nu-mérique a pris une place accrue dans la vie de l’écrasante majorité des enfants et adolescents durant la pandémie. Avant la crise sanitaire, les recommandations de bonnes pratiques pas plus de deux heures par jour - étaient déjà transgres-sées par 93 % d’entre eux. En moyenne, ils passaient le double de temps sur des outils numéri-ques, soit quatre heures par jour. Le confinement a amplifié ce phé-nomène. 62 % des enfants et 68,9 % des adolescents admettent avoir augmenté leur temps d’écran

durant le confinement, relève la dernière enquête de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), dévoilé fin janvier. Une activité chrono-phage et statique qui suscite des inquiétudes sur le manque d’acti-vité physique chez les plus jeunes. L’enquête indique également qu’une majorité des parents (51 %) font un lien entre leur obligation de télétravailler et le temps accru de leurs enfants sur ordinateur, ta-blette ou smartphone.

« Nous avons créé des moyens de travail et de communication pour lesquels nous ne sommes pas physio-logiquement faits. Avec le télétravail et l’école à la maison, le temps d’écrans pour le travail a augmenté de manière compréhensible. Il aurait fallu diminuer en parallèle le temps d’écran lié aux loisirs. Or, ils se sont plutôt additionnés », commente le chercheur David Thivel, membre du conseil scientifique de l’Onaps. Sa crainte est de voir cette con-sommation perdurer et ces com-portements s’installer dans le temps. « Le plus dur, cela va être de faire demi-tour, de rompre avec ces mauvaises habitudes », souligne-t-il. La directrice générale de l’Uni-cef, Henrietta Fore, tire elle aussi la sonnette d’alarme. « La forte haus-se du temps passé par les enfants et les jeunes devant les écrans suscite de plus en plus d’inquiétudes », a-t-elle déclaré à l’occasion de la Jour-née pour un internet plus sûr.

L’école à la maison pose la ques-tion de « la connexion imposée » aux plus jeunes et de « sa régula-tion », pointe Catherine Lacour-Gonay. « Les parents peinent à avoir un véritable contrôle de ce temps d’écran dédié aux cours. Sous prétexte d’usage scolaire, il y a eu des dérives. D’autant qu’eux-mê-mes étaient très actifs sur les écrans. Il y a une perte des rythmes fami-liaux du côté des adultes comme du côté des enfants. »

Distribution de tablettes à des collégiens, cours en visio, devoirs à envoyer par mail… « Les parents n’ont pas toujours été consultés et ne

C’EST une première à l’hôpital pu-blic. Une consultation de pédiatrie pour surexposition aux écrans a lieu tous les lundis matin à l’hôpital Jean-Verdier à Bondy, un établissement de l’Assistance publique-Hôpi taux de Paris (AP-HP). Ouverte il y a un an, elle s’adresse aux en fants de moins de 11 ans, mais la plupart des patients ont entre 3 et 6 ans.

Voix ferme mais sourire rassu-rant, derrière son bureau encombré de questionnaires, la Dr Sylvie Dieu-Osika reçoit Mariama* pour la deu-xième fois. Enceinte de cinq mois, la jeune femme vient voir la pédiatre pour son aîné, Adam. À 3 ans, le pe-tit garçon ne prononce que quelques mots : « papa », « pipi », « au re-voir », « délicieux ». Adam a été gar-dé par sa mère pendant ses neuf premiers mois de vie. Quand elle a repris le travail, son père a pris le relais. À partir de cette période, l’enfant a grandi à côté d’une télévi-sion allumée toute la journée et avec un smartphone dans les mains pour l’occuper ou le calmer. « On imagi-ne difficilement que des tout-petits puissent être devant des écrans jus-qu’à 8 heures par jour mais ce n’est pas si rare que cela », souligne la Dr Sylvie Dieu-Osika.

« Au début, je n’étais pas cons-ciente pour les écrans, explique Ma-riama. Personne ne m’avait dit que ce n’était pas bon. C’est au moment où Adam est rentré à l’école que j’ai vu qu’il avait du retard et qu’on a commencé à me dire que cela n’allait pas. » Il y a un mois, après la pre-mière consultation, la jeune femme a révolutionné les habitudes de la famille. Adam ne touche plus à un téléphone et sa mère n’allume la té-lévision que pour voir les infos et son feuilleton.

Pendant la consultation, le petit

garçon joue sagement avec une pe-tite balle. Il voit qu’on l’appelle par son prénom, s’amuse à « faire sem-blant » avec les jouets que l’infir-mière lui a mis entre les mains.

- C’est bien, Adam, tu me regar-des, tu comprends, félicite le docteur.

- Depuis qu’on a arrêté la télé, il nous réclame tout le temps. Avant, on était tranquilles, mais il n’appre-nait rien. Il était comme un robot, re-connaît Mariama.

- L’effort dont il a besoin mainte-nant, c’est que vous soyez disponible pour lui. Il faut jouer, parler, nommer les choses qu’il vous montre, recom-mande le docteur.

Indisponibilité des adultesL’attention des parents sur leurs en-fants, les jeux partagés, c’est aussi ce qui manque dans les foyers où les écrans sont omniprésents, pointe Sylvie Dieu-Osika, qui tente de sen-sibiliser le grand public au phéno-mène « technoférence », cette indis-ponibilité des adultes plongés dans leur smartphone. Certes, depuis 2018, une politique de prévention a émergé. Le nouveau carnet de santé recommande d’éviter les écrans avant 3 ans. Un message jugé très in-suffisant par le Dr Sylvie Dieu-Osika.

« Personne ne lit le carnet de san-té. Et depuis le passage à la 4G, les parents se servent de leur smartpho-ne même à l’accouchement. Un bébé a besoin du regard de sa mère et de son père pour évoluer. On ne leur donne pas cette information assez tôt. Il faudrait faire passer un messa-ge de prévention dès la maternité. À 18 mois, beaucoup de bébés ont le té-léphone entre les mains », insiste-t-elle. À certains parents, notamment les plus jeunes, qui ont grandi avec des écrans, elle donne des conseils aussi élémentaires que d’acheter

À l’AP-HP, dans une consulta tion de surexposition pour les enfants

Depuis le premier confinement en mars 2020,les jeunes enfantsse sont retrouvésobligés de travailler à domicile devantleur écran pour des résultats négatifsdans l’ensemble .Gorodenkoff/ Stock.adobe

L’addiction des enfants aux écrans peut générer des troubles de l’anxiété, du sommeil, voire de l’alimentation.patrick/Stock.adobe

le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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durant son année de 5e. « À cet âge, cela fatigue et entraîne des problè-mes de concentration, note-t-elle. De plus, il avait tendance à naviguer sur l’ordinateur pour faire autre cho-se quand il s’ennuyait pendant le cours. Et c’était trop compliqué de le surveiller alors que j’étais moi-même connectée toute la journée !»

Inscription à des groupes What-sApp ou téléchargement de TikTok pour rester en contact avec ses

amis, devoirs sur ordinateurs, jeux vidéo et films tous les soirs en pé-riode de couvre-feu… « Quand les enfants y ont goûté, il est difficile de revenir en arrière. Aujourd’hui, c’est devenu un acquis pour certains en-fants. Les parents sont obligés de fai-re la police pour qu’ils reprennent des bonnes habitudes, mais c’est compli-qué », déplore Marie-Alix Leroy.

S’il juge essentiel de poser des li-mites et d’être clair sur les interdits,

Enfants, adolescents : quand les écr ans les intoxiquentÉtudes, jeux, séries, réseaux : contraints depuis plus d’un an à un tête à tête avec leurs machines, les jeu nes développent des comportements alarmants.

« Les confinements ont radicalisé les addictions aux écrans »

le Pr Philippe Duverger rappelle également que parler aux enfants uniquement de ce qu’ils ne peuvent pas faire entraîne des crises. « Il est tout aussi important de leur dire ce que l’on autorise et de leur proposer des activités, conseille-t-il. Il faut miser sur la reprise des activités par-tagées pour permettre à tout le mon-de de débrancher des écrans, les pa-rents comme les enfants. » ■

* Le prénom a été modifié

une dînette et des petites voitures.Dans sa consultation, les enfants

qu’elle reçoit lui ont généralement été adressés par des professionnels de la petite enfance des protections maternelle et infantile (PMI), des médecins de crèche ou par des gé-néralistes. Les troubles de ces tout-petits vont du retard de langage à ceux de l’attention et du comporte-ment. Ils peuvent aussi avoir des problèmes de sommeil et d’alimen-tation. « Les enfants de 3 ans que je vois n’arrivent pas à faire des phra-ses ou à associer deux mots », alerte Sylvie Dieu-Osika. Dans sa prati-

que, elle a repéré des situations à risque d’exposition inadaptée aux écrans : les familles de milieux so-cio-économiques défavorisés, la monoparentalité, la dépression post-partum, le logement exigu, les parents technophiles ou débordés.

À l’arrivée, la secrétaire du servi-ce aide les parents à remplir plu-sieurs questionnaires précis sur les habitudes et le développement de leurs enfants. Combien de temps par jour regarde-t-il des vidéos ? La télévision est-elle en permanence allumée à la maison ? Est-ce que l’enfant dit des mots ? Arrive-t-il à

gérer ses émotions ? Le docteur vé-rifie ou réclame les bilans de psy-chomotricité ou d’audition. « Nous sommes dans une démarche médica-le », souligne-t-elle. À la fin du ren-dez-vous, elle délivre des ordon-nances d’un genre nouveau, où il est inscrit noir sur blanc : « N’allu-mez pas la télévision. Rangez les té-lécommandes. Mettez votre télépho-ne en mode silencieux et retirez les notifications. Rangez les tablettes ; fermez l’ordinateur. Vous pourrez rallumer les écrans quand votre en-fant sera couché. ■ A. L.* Les prénoms ont été modifiés.

À l’AP-HP, dans une consulta tion de surexposition pour les enfants

PROPOS RECUEILLIS PARMArie-esteLLe Pech£@MariEstellPech

LE Pr RICHARD DELORME est chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert Debré, à Paris. Depuis le début de la pandémie, le recours au service des urgences de cet hôpital a doublé chez les en-fants et les adolescents. Et les troubles liés aux écrans apparais-sent dès le plus jeune âge.

LE FIGARO. - Avez-vous perçu une surconsommation d’écrans chez les enfants et adolescents depuis le début de la pandémieet les confinements successifs ?Richard DELORME. - Cette sur-consommation existait avant la pandémie. Nous avons d’ailleurs créé un service spécial d’addic-tion aux écrans à Robert Debré pour y accueillir les familles, il y a six ans. Mais les confinements ont radicalisé ces ad-dictions. C’est assez inquiétant, même si on comprend aisé-ment pourquoi. Lors des fermetures de classes ou d’écoles, afin de pouvoir tra-vailler, les parents ont pu avoir tendance à mettre les enfants de-vant des écrans. Ces derniers ont regardé la télévision mais sur-tout YouTube, des jeux vidéo, etc. Beau-coup de parents n’avaient pas d’autre solution. Ils ont dû lâ-cher la bride. L’école a participé aussi à ce phénomène avec les exercices envoyés par mails, les vidéos et les visios des ensei-gnants. Le harcèlement entre adolescents via les réseaux so-ciaux a évidemment augmenté en parallèle de façon importante. Ce phénomène n’a rien de spécifique à la France. Il est mondial. Le se-crétaire général de l’ONU a d’ailleurs mis en garde sur ce su-jet de façon spécifique.

Comment se traduisentces addictions ?Vous avez des adolescents mais aussi des enfants, parfois dès 7 ou 8 ans, qui passent du temps devant les écrans. À un tel point qu’ils peuvent développer des velléités suicidaires quand on leur deman-de d’arrêter ou lorsqu’on leur re-tire le smartphone ou la tablette. Plus le temps passé devant l’écran est important, plus c’est problé-matique. Cela dit, la tolérance des familles à ce sujet est très variable. Certains parents ne tolèrent pas plus de trente minutes par jour quand d’autres considèrent que deux heures quotidiennes sont ac-ceptables.

N’avez-vous pas une vision un peu biaisée, dramatisée, en tant que professionnel, par le fait que vous voyez beaucoup d’enfants avec des pathologies ou des handicaps ?Un enfant handicapé, autiste ou hyperactif, on peut avoir tendance à le coller devant un écran pour qu’il se tienne tranquille. Et il peut devenir facilement dépendant. Mais la problématique est en réali-té générale, 95 % des parents sont débordés par cette question des écrans, tous milieux confondus. D’autant plus que les parents ont eux-mêmes souvent tendance à consulter des écrans en raison du télétravail, certes. Mais aussi parce qu’ils appartiennent à une généra-tion qui a elle-même été habituée aux jeux vidéo. Tout n’est pas à je-ter. Internet offre une ouverture sur le monde exceptionnelle. Cer-tains sites et vidéos peuvent vous apprendre de nombreuses activi-tés. Mais nous avons besoin d’une réflexion collective sur ce que l’on

en fait. L’usage intensif des écrans, on le sait, est un phénomène cor-rélé à la dépression. Il est aussi associé à une mauvaise image de soi.

Quels conseils peut-on donner aux parents ?Il y a des solutions. Il faut poser des règles. Des systèmes permet-tent de limiter l’usage, de bloquer l’accès aux réseaux sociaux, etc. Mais il faut surtout ap-prendre aux enfants à passer plus de temps sur des activités ludi-ques et des jeux d’ima-gination, hors des écrans. D’autant plus

que les jeux vidéo, par exemple, limitent la capacité d’imagina-tion. Plus on a l’habitude de pra-tiquer d’activités, tennis, foot-ball, cuisine, lecture ou autre, plus l’enfant va réclamer d’autres activités que les écrans.

Quelles conséquences la pandémie a-t-elle, plus globalement,sur l’état psychique des jeunesque vous recevez ?Les enfants sont projetés dans des problématiques anxiogènes qui les perturbent. La fin du monde liée au réchauffement climatique, la pandémie, l’isolement. Nous avons doublé notre activité aux urgences en pédopsychiatrie. Nous avons remarqué une aug-mentation importante des tenta-tives de suicide, des troubles ali-mentaires et des troubles an -xieux, parfois dès l’âge de six ans. J’ai vu récemment un jeune de 17 ans, extrêmement déprimé par ces derniers mois, un an passé derrière les écrans pour étudier. Une situation assez courante. C’est rude pour un jeune de cet âge… ■

« Beaucoup de parents n’avaient pas d’autre solution»PR RIChARd dELORmE

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samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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Covid : pour les scientifiques, la piste de la fuite de laboratoire n’est plus taboueDans une lettre à la revue « Science », de prestigieux chercheurs appellent la Chine à plus de transparence.

Malgré l’arche gigantesque qui isole le réacteur endommagé depuis 2016, des capteurs enregistrent de plus en plus de neutrons.

anne-Laure frémont £@alaurefremont

nucléaire Quelle menace hante les entrailles de Tchernobyl ? Alors que l’on vient de commé-morer le 35e anniversaire de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, une activité anormale dans les débris de la centrale sus-cite l’inquiétude de scientifiques ukrainiens. Comme le rapporte la revue américaine Science, les ré-actions de fission semblent s’ac-célérer sous les décombres du ré-acteur numéro 4, celui qui a explosé le 26 avril 1986 au cours d’un test de sûreté. « C’est comme les braises d’un barbecue », décrit même Neil Hyatt, un chimiste bri-tannique interrogé par la revue scientifique. Celle-ci indique que le sujet a été abordé récemment par un membre de l’Institut char-gé de la sécurité nucléaire de Kiev (l’ISPNPP) lors de discussions sur le démantèlement du réacteur. Les capteurs répartis un peu par-tout sur le site relèvent en effet un nombre croissant de neutrons, en particulier dans la salle 305/2, si-tuée sous le réacteur, et où sont enfouies des tonnes de matériaux contenant du combustible fondu.

Le spectre d’une nouvelle réac-tion nucléaire incontrôlée hante Tchernobyl depuis l’accident. Mais le phénomène décrit par ces chercheurs revient en réalité ré-gulièrement. « Il en est fait men-tion tous les 5 ou 10 ans », explique Igor Le Bars, directeur de l’exper-tise de sûreté à l’Institut de radio-protection et de sûreté nucléaire

(IRSN). « Il y a dans ces zones de la matière radioactive, du combusti-ble du réacteur fondu, qui émet des neutrons par décroissance. Ces neutrons peuvent soit s’échapper de la matière et partir dans l’installa-tion, soit être absorbés par les ma-tériaux de structure (béton, acier…) mélangés avec le combus-tible, soit entrer en collision avec un atome d’uranium ou de plutonium et ainsi générer une nouvelle fis-sion. Or chaque fission émet en moyenne deux neutrons, donc ce milieu a la capacité de multiplier les neutrons de façon potentiellement exponentielle. Quand les réactions s’emballent, c’est ce qu’on appelle un accident de criticité. »

Le phénomène était sans doute amplifié depuis des années par les infiltrations d’eau dans la carcasse de la centrale. Car l’eau ralentit les neutrons et augmente ainsi leur capacité à interagir avec les noyaux des atomes. Elle facilite donc les fissions. « C’est pour cela que pendant un certain temps, les Ukrainiens ont injecté du nitrate de gadolinium, un poison qui absorbe les neutrons pour diminuer leur nombre et contrôler les réactions », indique le spécialiste de l’IRSN.

Accidents de criticitéLes responsables de la centrale ont cru que l’arche d’acier installée fin 2016 au-dessus du réacteur acci-

denté résoudrait le problème. Cet-te structure à 2,1 milliards d’euros, censée protéger le site pour les cent ans à venir, empêche en effet la pluie de s’infiltrer. Pourtant, les capteurs enregistrent à nouveau une hausse du nombre de neu-trons, qui a même « doublé en presque quatre ans » dans la fa-meuse salle 305/2, selon Science. Par quel mécanisme ? Difficile à dire, s’accordent les chercheurs. « On peut par exemple envisager que le séchage du combustible permette aux neutrons de diffuser plus facile-ment et à plus haute énergie, et donc d’atteindre les compteurs qui avant ne les percevaient pas », avance Igor Le Bars.

Quoi qu’il en soit, si la menace ne peut être ignorée, « il ne faut pas se préparer à un accident nucléaire im-minent, tient à rassurer le cher-cheur. Il ne s’agit pas de phénomènes explosifs, car des contre-réactions vont les atténuer naturellement : par exemple, s’il y a beaucoup de fis-sions, l’eau chauffe et devient moins dense, ses atomes s’éloignent les uns des autres. Les neutrons ont donc moins d’interactions avec eux et leur réactivité va diminuer. Il faut une multiplication très rapide des neu-trons pour que ces contre-réactions n’arrivent pas à reprendre le dessus. À Tchernobyl, cet emballement est très peu probable car l’augmentation des neutrons est progressive ».

Il n’en reste pas moins que ces accidents de criticité existent : une vingtaine a été recensée depuis les années 1950. Le dernier recensé s’est produit en septembre 1999 dans une usine de traitement de l’uranium à Tokaï-mura, au Ja-pon, quand « des réactions nuclé-aires en chaîne se sont déclenchées de façon incontrôlée en dégageant d’intenses rayonnements et un peu de gaz radioactifs », selon l’IRSN. L’accident, maîtrisé en moins de 24 heures, a provoqué la mort d’un employé. Ce risque, inhérent à chaque étape du cycle du com-bustible nucléaire, doit donc être pris au sérieux, à Tchernobyl comme à Fukushima ou ailleurs, rappelle Igor Le Bars : « Si ce pro-blème subsiste, s’approcher sera très compliqué, pour des humains comme pour des robots. C’est un risque majeur qu’il faudra bien prendre en compte lors des opéra-tions de démantèlement. » ■

vincent Bordenave £@bordenavevet deLphine chayet £@delchayet

santé Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réclame de nouvelles investigations, une grande partie de la communauté scientifique juge de plus en plus manifeste que la Chine ne fournit par toutes les informations à sa dis-position pour élucider l’énigme des origines du Covid. Dans une corres-pondance publiée dans la presti-gieuse revue Science, une vingtaine de scientifiques de très haut niveau appellent ainsi à examiner l’hypo-thèse d’une fuite de laboratoire au même titre que celle du « déborde-ment zoonotique » naturel. Ils ré-clament « une enquête transparente, objective, fondée sur des données (…), et soumise à une surveillance in-dépendante ». Ils rejoignent ainsi l’avis du « groupe de Paris », un groupe international et pluridisci-plinaire de scientifiques à l’origine d’une série de lettres ouvertes adressées à l’OMS depuis le début de l’année appelant à faire toute la lumière sur l’origine de la pandé-mie, sans écarter la piste acciden-telle. Ce que les chercheurs récla-ment, c’est « un accès aux données scientifiques que la Chine refuse de divulguer », résume Gilles Dema-neuf, membre de ce groupe et du collectif de recherche indépendant Drastic qui enquête depuis plus d’un an sur les origines de la pandé-mie.

Tous ces experts déplorent les la-cunes du rapport publié en mars dernier par l’Organisation mondia-le de la santé sur l’origine de la pan-démie. La mission dépêchée en Chine en janvier et février n’a pu avoir accès à certains lieux stratégi-ques, à toutes les données brutes et

n’a passé que quelques heures dans l’Institut virologique de Wuhan, où a été séquencé le virus de chauve-souris RaTG13, le plus proche pa-rent du Sars-CoV-2. Elle a conclu qu’un accident de laboratoire était une hypothèse « extrêmement im-probable ». Le directeur de l’OMS a tout de même jugé bon de préciser qu’aucune piste ne pouvait être écartée. « Par son contenu, la lettre n’est pas très différente des propos de Tedros Adhanom Ghebreyesus, mais ses signataires, des scientifiques de renommée internationale, lui don-nent une portée considérable », ana-lyse Jean-François Julien, écologue au Muséum national d’histoire na-turelle. Le premier auteur, Jesse Bloom, est un célèbre virologue de l’Université de Washington. Elle rassemble aussi les microbiologistes David Relman de l’université Standford, David Fisman de Toron-to ou encore l’épidémiologiste Marc Lipsitch.

Fuite sur TwitterHasard du calendrier, ce courrier est publié alors que des travaux uni-versitaires menés ces dernières an-nées à l’Institut virologique de Wu-han ont été divulgués sur Twitter par un compte scientifique anony-me. « Cette fuite d’une thèse et de deux mémoires montre que l’Institut virologique chinois est en possession d’informations qu’il refuse de trans-mettre, alors que certaines lui ont été explicitement demandées par la communauté scientifique », indique Gilles Demaneuf.

Entre 2012 et 2015, les scientifi-ques de l’Institut virologique de Wuhan ont prélevé de nombreux virus dans la mine de Mojiang, à 1 500 kilomètres au sud-ouest de Wuhan. Parmi eux, le fameux RaTG13 qui fera l’objet d’une publi-

cation en février 2020 par Shi Zhen-gli, spécialiste mondiale des coro-navirus et chercheuse à l’Institut. Des observateurs avertis remar-quaient néanmoins à l’époque qu’une partie de ce génome avait déjà été séquencé en 2016 sous un autre nom, Ra4991, ce que Shi Zhengli a fini par reconnaître en novembre dans un addendum à sa publication.

Ce que les nouveaux documents révélés sur Twitter montrent, c’est que l’ensemble du génome du virus avait en fait été séquencé en 2016 par les scientifiques de l’Institut. Pourquoi a-t-il fallu attendre févri-er 2020 pour que ces données soient rendues publiques? De plus, les spécialistes pointent des différences notables entre les deux séquences (une dizaine de mutations au niveau du spicule), alors qu’elles devraient pourtant être identiques. « Il serait important de comprendre comment le virus a ainsi évolué, note Gilles

Demaneuf. Malheureusement, les chercheurs disent avoir épuisé l’échantillon biologique correspon-dant au RaTG 13. »

Une deuxième étude présente quant à elle plus en détail les expé-riences de « gain de fonction » et la réalisation de virus chimériques (mélange de deux virus différents) menées au sein de l’institut. Afin d’anticiper de futures épidémies, les scientifiques font en sorte de rendre le virus plus contagieux ou plus virulent in vitro. Or certaines de ces manipulations n’ont pas été présentées dans leur intégralité quand elles ont fait l’objet de publi-cation scientifique. « Il est intéres-sant de voir que Ralph Baric compte parmi les signataires du courrier dans Science, ajoute Gilles Dema-neuf. Il a non seulement travaillé avec Shi Zhengli, mais aussi sur les virus chimériques et a même déjà ex-pliqué qu’il était possible de les ren-dre indétectables. »

Spécialiste des chauve-souris au Museum national d’histoire natu-relle, Jean-François Julien ne pense pas nécessairement que cela veuille dire que le virus ait été manipulé. « Le fait que des thèses contiennent des informations non publiées dans une revue scientifique n’a rien d’in-habituel, cela arrive même tout le temps, remarque-t-il. De même, les petites erreurs dans la retranscrip-tion des séquences sont le lot de nom-breux travaux scientifiques, surtout pour des virus qui ont des génomes de 30 000 bases ». Pour autant, il ne conteste pas qu’il puisse y avoir eu un accident de laboratoire à l’origi-ne de l’épidémie.

Citée par le MIT Technology, Shi Zhengli se dit, elle, « attristée » par la controverse. « Ce type d’affirma-tion nuira certainement à la réputa-tion et à l’enthousiasme des scientifi-ques (…) et affaiblit finalement la capacité des humains à prévenir la prochaine pandémie ». ■

Tchernobyl : sous le sarcophage, la radioactivité repart

Arche deconfinement

Déplacementet assemblagedes arches

Zone deconstruction

Cheminéede ventilation

Ancien sarcophageautour du réacteur n°4

Sources : Graphic news, Reuters

1 En octobre 1986, quelquesmois après l'accident,une coque d'acier et de béton est posée autour duréacteur encore actif et du sarcophage endommagépour tenter de confiner lamatière radioactive.

2 Entre 2016 et 2019, une nouvelle protection estmise en place. Il s'agitd'une structuremétallique en forme d'arche de 108m de haut et 162mde large pour une portée de 257m.Montés sur deux rails, les élémentsont été assemblés en dehors de la centrale, puis déplacés sur 300mgrâce à des vérins hydrauliques, pour venir coiffer le sarcophage existant.

Arches

Rails

Taille humaine

Infographie

Deux structures protègent le réacteur de Tchernobyl

Kiev

MOLDDDAVIE

POLO

GNE

UKRAINE

Tchernobyl

150 km

Le 21 février dernier,les experts internationaux mandatés par l’OMS pour enquêter sur l’origine de la pandémie, n’avaient été autorisés à passer que quelques heures à l’Institut de virologie de Wuhan. KoKi KataoKa / the Yomiuri Shimbà Wuh

le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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Sport 15

christophe remise £@CRemise77

football « Notre saison est ma-gnifique, maintenant il faut la rendre exceptionnelle. » Signé Christophe Galtier, après le retentissant succès lillois chez le voisin lensois (0-3) le week-end dernier. Une victoire qui place les Dogues en position idéale pour rafler le quatrième titre de champion de France de leur histoire, après 1946, 1954 et 2011. Ils pour-raient même être sacrés dès diman-che (21 heures, Canal+), s’ils obtien-nent, contre Saint-Étienne, un meilleur résultat que le Paris Saint-Germain face à Reims. Lille compte trois points d’avance sur le PSG (79 contre 76), mais avec une moins bonne différence de buts (+ 40 contre + 52). Dans tous les cas, le serial bu-teur turc Burak Yilmaz et ses parte-naires sont assurés de décrocher la timbale s’ils récoltent quatre points en deux matchs, eux qui iront défier Angers lors de la 38e et dernière le-vée, pendant que Paris se rendra à Brest. Les Nordistes ont les cartes en main. « On doit essayer de mettre la pression sur Lille afin qu’ils fassent un faux pas », résumait le capitaine pa-risien, Marquinhos, après le nul à Rennes (1-1) dimanche dernier. « On va gagner nos matchs et atten-dre », souffle Kylian Mbappé, souli-gnant ainsi l’impuissance du club de la capitale.

« On n’a pas encore perdu le ti-

tre », rappelle toutefois le cham-pion du monde, croyant en sa bon-ne étoile après la qualification pour la finale de la Coupe de France, mercredi à Montpellier. Du haut de ses 22 ans, le prodige déjà quatre fois champion de France n’est pas tombé de la dernière pluie et con-naît la probabilité d’un sacre lillois. Avec une idée bien précise sur les causes du potentiel échec parisien : « On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Si on perd ce championnat, c’est nous qui l’avons perdu, pas eux qui l’ont gagné. » Sentant que ses propos pourraient froisser, voire carrément agacer dans le Nord, Mbappé ajoutait rapidement sur Instagram : « Lille ferait un beau champion s’ils sont couronnés, mais

avec huit défaites, si nous perdons le titre, on est les seuls responsables. »

Forteresse trop prenableDes propos incontestables sur le fond qui s’adressent plus à ses coéquipiers qu’aux Lillois. Sur la forme, les Do-gues peuvent trouver à redire - « Kylian gagnera en maturité », a d’ailleurs répondu Galtier -, eux qui n’ont rien volé à personne et qui ont le mérite de ne pas avoir lâché au cours de la saison quand Lyon s’est effondré et que Monaco a brillé trop tard. Ils n’ont d’ailleurs pas perdu face au PSG cette saison en Ligue 1, avec un nul au stade Pierre-Mauroy (0-0) fin décembre, et un succès au Parc des Princes (0-1) le 3 avril, alors que le club de la capitale avait repris

les commandes au classement avant ce choc en forme de tournant. L’un des cinq revers des Parisiens sur leur pré en championnat. Une forteresse devenue beaucoup trop prenable. Les chances d’ajouter un dixième sa-cre à leur palmarès sont minces : au-cun club affichant plus de deux points d’avance sur son dauphin à l’avant-dernière journée n’a vu le ti-tre lui échapper en Ligue 1.

Ajoutez à cela que le Losc n’a plus perdu face à Saint-Étienne à domici-le en championnat depuis 1993, soit 19 matchs sans revers (13 victoires, 6 nuls), et vous comprendrez que les Lillois ont déjà le goût du champagne dans la bouche. « Plus vous vous ap-prochez du but, plus ça peut se tendre, se méfie Christophe Galtier. Il y a en-

core deux obstacles. On va jouer deux adversaires qui seront relâchés, sans aucune pression. On doit se préparer avec beaucoup de concentration. » Surtout quand il s’agit de se frotter à des Verts revigorés et qui restent sur cinq victoires lors de leurs sept der-niers matchs en déplacement. D’au-tant que les Nordistes n’ont rempor-té que deux de leurs six dernières parties à Pierre-Mauroy (3 nuls, 1 défaite). Éviter de trembler pour Lil-le, gagner et espérer un miracle pour Paris : voilà le programme d’une soi-rée dominicale qui promet, avec dix matchs en simultané et des enjeux à tous les étages du classement (lire ci-dessous). Avant une ultime journée peut-être aussi brûlante une semai-ne plus tard. ■

Burak Yilmaz (numéro 17) félicitépar ses coéquipiersaprès son deuxième butcontre Lens,le 7 mai au stade Bollaert. FRANÇOIS LO PRESTI/AFP

Ligue 1 : un sprint final à couper le souffleQui de Lille ou Paris sera sacré champion ? Le suspense reste entier dans la course au titre et à tous les étages.

léo tourbe £@LeoTourbe

QUI ACCOMPAGNERA Dijon, 20e et déjà condamné, en Ligue 2 la saison prochaine ? À deux journées de la fin, sept formations tremblent en-core pour leur avenir dans l’élite. Nîmes, 19e avec 35 points, compte sept longueurs de retard sur Reims, 13e. Si les Champenois ne sont plus inquiétés par la descente directe, ils sont encore à portée du FC Nantes, 18e et barragiste avec 37 unités. En-tre Canaris et Rémois, quatre équi-pes en seulement deux points : Lo-rient et Strasbourg (38 pts), Bordeaux (39 pts) et enfin Brest, 14e avec 40 points.

Un dénouement qui a de quoi te-nir en haleine, même si certaines formations semblent avoir trouvé un second souffle au moment où la menace se rapproche. Et c’est dans l’Ouest que l’on respire le mieux. Nantes reste ainsi sur trois succès consécutifs, tous contre des con-currents directs : Strasbourg (2-1), Brest (4-1), et Bordeaux samedi dernier (3-0). Non loin de là, Lo-rient, qui ne comptait que douze

points à la trêve, réalise une phase retour phénoménale. Les Merlus, lourdement battus 4-1 samedi der-nier à Lyon, sont cinquièmes en nombre de points sur la seconde partie de saison (26). Depuis janvier, les Bretons n’affichent plus vrai-ment le profil d’un club de bas de tableau. Christophe Pélissier, le coach lorientais, a même été ré-compensé de ce regain de forme par une nomination pour le prix d’en-traîneur de la saison. « C’est une fierté, parce que c’est un travail ac-compli par tout un staff, se réjouit le technicien de Lorient au Figaro. Chaque week-end, tout est remis en cause. Il n’y a aucun match facile en Ligue 1. Les autres équipes se révol-tent et ne veulent pas tomber. Ce sera extrêmement difficile à la fois pour nous, mais aussi pour les autres ».

Bordeaux sans actionnaireAvec Nantes, Bordeaux est l’autre monument du football français en péril. Plombés par le récent départ de leur actionnaire, les Girondins ont peut-être la planche la plus sa-vonnée pour glisser en Ligue 2, trente ans après leur dernière des-

cente (relégation administrative). Avec des prestations aussi brouillonnes sur le terrain que leur avenir administratif est flou, Lau-rent Koscielny & Co peuvent re-douter la place de barragiste, qui n’est qu’à deux points derrière eux. Ils seraient déjà 18es sans leur victoi-re heureuse face à Rennes il y a quinze jours (1-0). À la mi-cham-pionnat, les Bordelais n’étaient pourtant qu’à une longueur de Lens (6e), qu’ils rencontrent dimanche. La dégringolade.

Malgré le départ annoncé de Thierry Laurey à la fin de la saison, l’ambiance à Strasbourg n’est pas aussi délétère qu’en Aquitaine. Mais les Alsaciens jouent à se faire peur. Leur matelas de trois points sur Nîmes n’est pas un luxe comp-te tenu de leurs récentes presta-tions. Les Strasbourgeois se voyaient bien jouer plus haut cette année mais devront se contenter de lutter pour enchaîner une cin-quième saison consécutive en Li-gue 1. Un destin presque similaire à celui de Brest, qui espérait vali-der son maintien plus tôt et plus sereinement.

D’un point de vue calendaire, aucune confrontation directe entre ces différents protagonistes n’aura lieu ce dimanche. Il faudra atten-dre la 38e et dernière journée pour voir deux « finales » : Bordeaux se déplacera à Reims, alors que Lo-rient ira à Strasbourg. En affron-tant Lens, qui lutte pour l’Europe, puis les Rémois, les Girondins ont sûrement le programme le plus corsé parmi les candidats au main-tien, avec Nîmes. Les Crocos reçoi-vent en effet Lyon puis se déplace-ront à Rennes. Un calendrier costaud qui assombrit les perspec-tives de maintien des Gardois, déjà relégables. ■

Monuments en péril et lutte à sept pour éviter la descente

La qualification de Monaco pour la finale de la Coupe de France (mercredi prochain face au PSG) offre un billet supplémentaire pour la Ligue Europa via le championnat.Il reviendra à l’équipe qui terminera cinquième. Trois formations sont encoreà la lutte. L’Olympique de Marseille (5e, 56 pts) possède un mince avantage, grâce à sa différence de buts (+6), sur Lens (6e, 56 pts, +4) alors que le Stade Rennais (7e, 55 pts) est en embuscade. Pour sauver sa saison, l’OM serait bien inspiré de battre Angers dimanche. Les Nordistes, eux, iront chez des Bordelais en quête de survie. La tâche sera ardue pour Rennes, en visiteà Monaco qui veut restersur le podium. À noter quela 6e place sera synonyme de barrage pour la Ligue Europa Conference, la nouvelleet petite Coupe d’Europe. t. D.

l’oM pour sauversa saison

« Chaqueweek-end,tout est remis en cause. Il n’y a aucun match facile en Ligue 1. Les autres équipesse révoltent et ne veulent pas tomber. Ce sera extrêmement difficile à la fois pour nous,mais aussi pourles autres»Christophe pélissier,

entraîneur de lorient

f1 : le Grand Prix de france change de datePrévu le 27 juin au Castellet,le Grand Prix de Francede Formule 1 a été avancéd’une semaine (20 juin). Un changement dû à l’annulation pour raisons sanitairesde l’épreuve turque.En remplacement, l’Autriche accueillera deux courses consécutives (27 juin et 4 juillet).

Cyclisme : pas de Jopour alaphilippeJulian Alaphilippe renonceaux Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août). Bientôt papa, le champion du monde évoque « une décision personnelle ».

en BreF24e journée top 14

pau (12) hier RaCing (3)

Bdx-BègLes (7) 14h45 c+ CasTRes (6)

TouLouse (1) 17h00 c+ BaYonne (13)

LYon (9) - BRive (11)sF paRis (8) - MonTpeLLieR (10)

La RoCheLLe (2) - agen (14)

CLeRMonT (4) 21h05 c+ TouLon (5)

Un podium, quatre prétendants

À deux journées de la fin, rien n’est figé dans la course aux trois premières places, qualificatives pour la prestigieuse Ligue des champions. Deux prétendants, Lille (1er, 79 pts) et Paris (2e, 76 pts) devraient, sauf accident, se qualifier directement pourla plus belle des coupes d’Europe. Il reste donc un ticket pourle tour préliminaire que l’AS Monaco (3e, 74 pts) et l’Olympique lyonnais (4e, 73 pts) vont se disputer. Le clubdu Rocher, meilleure formation du championnat sur l’année 2021, a son destin entre ses pieds.Les hommes de Niko Kovac, fraîchement qualifiés pourla finale de la Coupe de France, devront bien négocier leur rencontre de dimanche faceà un Stade rennais revigoré (7e) depuis l’arrivée en marsde Bruno Génésio et qui peut encore prétendre à une qualification en Ligue Europa, tout comme Lens (6e), dernier adversaire de l’ASM dans huit jours. L’Olympique lyonnais està l’affût pour renouer avec la C1 après une saison limitée aux joutes nationales. Revenu dansla course depuis son succès à Monaco (2-3) il y a quinze jours, l’OL n’attend qu’un faux pas de son concurrent azuréen. Il faudra cependant que les joueurs de Rudi Garcia s’imposent aussià Nîmes dimanche, face à des Crocos aux dents longues puisqu’ils joueront leur survie parmi l’élite. Lors de la dernière journée, les Lyonnais recevront des Niçois qui n’ont plus rien à jouer, tout en suivant le scénario qui s’écrira du côté de Bollaert pour les Monégasques. t. D.

37e journée Ligue 1BoRdeaux (15) dim. 21 h C+ Lens (6)

dijon (20) - nanTes (18)LiLLe (1) - sT-eTienne (11)

LoRienT (17) - MeTz (10)MaRseiLLe (5) - angeRs (12)

MonaCo (3) - Rennes (7)MonTpeLLieR (8) - BResT (14)

niCe (9) - sTRasBouRg (16)nîMes (19) - LYon (4)

paRis sg (2) - ReiMs (13)

La joie des nantais(en bas) lors de leur victoire contre Bordeaux, le 8 mai,au stadede La Beaujoire. en fin de classement, les deux clubs sont menacésde relégation. SEBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP

AFP

LE CARNET DU JOUR16

samedi 15-dimanche16mai2021

CONFÉRENCE EN LIGNEHYACINTHE RIGAUDOU LE PORTRAIT SOLEILAnimée par Elodie VaysseJeudi 20 mai 2021 à 18 h 30

Réservez vos places sur :www.lefigarostore.fr ou au 01 70 37 18 18

Tarif : 16 €(12 € abonnés)

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delaRé

volutionfra

nçaise

–Do

maine

deVizille

fiançailles

Le comte Patrice de Lorgerilet la comtesse, néeElisabeth Beaupérin,

sont heureux de faire partdes fiançailles de leur fille,

Béatrix de LORGERILavec

Jean-Baptistede BOUTTEMONT

fils deM. Philippe de Bouttemont (†)et de Mme (†), néeMarie-Philomène des Garets.

mariages

M. Didier BRICHEet Mme, née Annick Le Pape,

M. Emilio JOVERet Mme, née Catherine Bacot,

sont heureux de faire partdu mariage de leurs enfants

Clémence et Martin

ce samedi 15 mai 2021,à Gouvieux (Oise).

naissances

M. Laurent FICHTERet Mme, née Elisabeth de Seze,

partagent avec Alexandre,Camille, Thomas, Hortense,Gabrielle et Antoine, la joied'annoncer la naissance de

Claire

le 30 avril 2021, à Paris.

Caroline HENRIetWally BORDAS

ont la très grande joied'annoncer la naissancede leur premier enfant

Jules

le 7 mai 2021,à Neuilly-sur-Seine.

Baptêmes

Mme Françoise DECORDEM. Jean-Pierre HENRYses grands-parents,

ont la joied'annoncer le baptême,ce samedi 15 mai 2021,en la chapelle Sainte-Thérèse,à Hyères (Var), de

Noé CHELBA

né le 9 septembre 2020.

deuils

Christine et Philipped'Argouges,Nicole et Patrick Grimaud,Elisabeth et Philippe Le Grand,Fabienne et André Lenain,Marie-Andrée et Stéphaned'Avoutet toute la famille

ont la tristessede faire part du décès de

Mme Philippe ALLARDnée Marthe Capelle,

survenu le 5 mai 2021,à l'âge de 94 ans.

La cérémonie religieusea été célébrée en l'égliseSaint-Cyr-et-Sainte-Julitte,à Étreillers (Aisne),le mardi 11 mai.

Maria Aronio de Romblay,son épouse,

Matthieu et ClémenceAronio de Romblay,Claire et Romain Houdusse,Myriam Aronio de Romblay,ses enfants,

Théophile Houdusse,son petit-fils,

ont la tristessede vous faire partdu rappel à Dieu de

PhilippeARONIO de ROMBLAY

le 13 mai 2021, à l'âge de 66 ans.

La cérémonie religieuse auralieu dans l'intimité familiale.

Ni fleurs ni couronnes,des dons à La Ferme de Troslyde l'Arche : lafermedetrosly.fr

Bernard Esambertet les administrateurs del'Institut Georges Pompidou

ont la tristessede vous faire part du décès de

Jean-René BERNARDancien

secrétaire général adjointde la présidencede la République,

ancien ambassadeur,administrateur

de l'Institut Georges Pompidou,

survenu le 11 mai 2021.

[email protected]

Saumur (Maine-et-Loire).

M. et MmeBertrand de La Bastide,M. et Mme Jean Brac,M. et Mme Joseph Thebault,M. et Mme Bernard Brac,Christine Brac (†),M. et Mme (†) Denis Brac,

ses petits-enfantset arrière-petits-enfants

font part du rappel à Dieu de

Mme BRACnée Geneviève Quantin,

le 7 mai 2021,dans sa 102e année.

La cérémonie religieusea été célébréedans l'intimité familiale,en l'église de Bagneux(Maine-et-Loire),suivie de l'inhumationau cimetière d'Angers.

M. Bernard Cazes,ses enfants et petits-enfants

ont la tristessede faire part du décès de

Sonia CAZES

28, rue Wauthier,78100 Saint-Germain-en-Laye.

Paris. New York.Saint-Palais-sur-Mer.Ortiporio (Corse).

Matthew Jones Gilbert,son époux,Michaël et VéroniqueChagnon Burke,ses parents,Jeremy, son frère,et Laura, sa compagne,Caspar (†) et Sheila O Burke,Jean-Claude et HélèneChagnon,ses grands-parents,

Kevin et Timothy Burke,Sophie et Xavier Gentet,Laure Chagnon,Frédéric Meyer,ses oncles et tantes,Emily, Anna, Eliot, Marjolaine,ses cousins,les familles Gilbert et Jones,parents, alliés et amis

ont la douleurde vous faire part du décès de

Abigaël CHAGNON BURKE

survenu à l'âge de 34 ans,le 9 mai 2021, à 17 h 30,à l'hôpital de Mount Sinaï,à New York City (États-Unis).

Les obsèques auront lieudans la stricte intimité.

La famille remercie toutes lespersonnes qui se sont associéesà sa peine, qu'elles trouventdans ce message, l'expressionde sa reconnaissance.

Pour vos dons, Abigaël auraitsouhaité qu'ils soient versésà l'attention de la banquealimentaire Hour Chidren,https://hour children.org

Paris (6e).

Jean-François et Eloïse,Vincent et Jennifer,Frédéric et Aránzazu,Jean-Baptiste et Vanessa,ses enfants et ses belles-filles,

Théo, Yoann, Tadeo, Vera,Gaël,ses petits-enfants,

ont la douleurde faire part du décès de

M. Jean CHEVANCEpréfet de région honoraire,

commandeurde la Légion d'honneur,

commandeurde l'ordre national du Mérite,chevalier du Mérite maritime,

officierdes Palmes académiques,

chevalierdu Mérite mauritanien,

survenu le 13 mai 2021.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'églisede Lohéac (Ille-et-Vilaine),le jeudi 20 mai 2021, à 14 h 30.

Famille Chevance,52, rue Mazarine,75006 Paris.

Le commissaire colonelRoland Matheyet sa famille

ont la grande tristessede vous faire partdu rappel à Dieude leur chère épouse et parente,

Mme Anne CLAVEY-MATHEY

le samedi 8 mai 2021,à Antony.

La cérémonie religieusea été célébrée dans l'intimité,le mercredi 12 mai 2021,en l'église Saint-Saturnind'Antony,suivie de l'inhumationdans le caveau familial,auprès de ses parentset de son fils Pascal,au cimetièrede Fontaine-Foussemagne(Territoire-de-Belfort).

13 A4, rue Julien-Périn,92160 Antony.

Mme Judith Coester,sa femme,Karine, sa fille,Valentine, Léa et Gabin,ses petits-enfants,

ainsi que toute sa famille

ont la grande tristessede vous faire part du décès de

M. Jean COESTER

survenu le mardi 11 mai 2021,à l'âge de 81 ans.

La cérémonie religieuseaura lieu le mardi 18 mai 2021,à 10 heures, dans l'intimitéfamiliale, au temple protestantde Neuilly-sur-Seine,18, boulevard d'Inkermann,suivie de l'inhumation à 11 h 30,au cimetière du Montparnasse,3, boulevard Edgar-Quinet,Paris (14e),auprès de ses parents.

Mme Philippe Destriau,née Marie-Hélène Cipière,son épouse,

Georges et Sylvie Destriau,Emmanuelle et GuillaumeTardy,Xavier et Marianne Destriau,ses enfants,

Héloïse, Raphaël,Guilhem Destriau,Etienne, Ombeline,Geoffroy Tardy,ses petits-enfants,

ont la tristessede faire part du décès de

M. Philippe DESTRIAU

survenu le 9 mai 2021, à Paris,dans sa 78e année.

La cérémonie religieusea été célébréele vendredi 14 mai, en l'égliseSaint-François-de-Sales,Paris (17e).

L'inhumation aura lieuce samedi 15 mai, à 11 heures,au cimetière Saint-Gildas,à Auray (Morbihan).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Fanny Horaist,sa fille,

Benoît et CarolinaPinglé-Castañeda,Thomas et Audrey Pinglé,Mathilde et Anthony Poignant,ses petits-enfants,

Alexandre, Juliette, Pierre,Ambre, Jean-Thomas,ses arrière-petits-enfants,

ont la tristessede faire part du décès de

Monique DUBRUJEAUD

le 11 mai 2021, à l'âge de 92 ans,des suites de la Covid-19.

Gérard ESCHBACHen religion

frère Gérard, o.p.,de la Maison

Notre-Dame des Prêcheurs,à Paris,

est entrédans la Paix du Seigneur,le 13 mai 2021,dans sa 91e année,la 56e annéede sa profession religieuseet la 64e annéede son ordination presbytérale.

La cérémonie religieusesera célébrée le mardi 18 mai,à 14 h 30, à la résidenceCatherine Labouré,77, rue de Reuilly, Paris (12e).

L'inhumation aura lieudans le caveau dominicaindu cimetière d'Étiolles.

De la partdu frère Nicolas Tixier,prieur provincial,du frère Manfredi Quartana,supérieur de la MaisonNotre-Dame des Prêcheurs,et des frèresde la Province dominicainede France.

La baronne François d'Arthuys,ses enfants,ses petits-enfants,

M. et MmeHubert François-Marsalleurs enfants,leur petite-fille

ont la tristessede vous faire partdu retour à Dieu de

Patrick FRANÇOIS-MARSAL

le 13 mai 2021,à l'âge de 78 ans.

La cérémonie religieusesera célébrée le mardi 18 mai,à 9 h 30, en l'églisede Thorigny (Vendée).

Mme Philippe Gautier,née Monique Rayer,son épouse,

Valérie et Christian Dubois,Vincent Gautieret Edith Lanquest,Anne et François Horent,ses enfants,

Damien et Maud,Laurent et Estelle, Romain,Geoffroy et Anne Charlotte,Ernestine, Astrid,Juliette, Loïc,Marie, Guillaume,ses petits-enfants,

Constance, Jeanne, Madeleineet Claire,Louis et Brune,ses arrière-petits-enfants,

ont la tristessede vous faire part du décès de

M. Philippe GAUTIER

le 7 mai 2021,dans sa 96e année.

La cérémonie religieusesera célébréele mardi 18 mai, à 14 h 30,en l'église Saint-Martinde Montjavoult (Oise).

Nicole Guyon de la Berge,son épouse,

Céline et Yvon Sirimonkhoune,Eric et SandrineGuyon de la Berge,Guillaume Guyon de la Berge,ses enfants,

Paul, Marc, Océane, Alizéeet Eléonore,ses petits enfants,

sa sœur, ses frères,belles-sœurs et beaux-frères,les familles Triniacet Guyon de la Berge

ont la profonde tristessede vous faire part du décès de

Jean MichelGUYON de la BERGE

survenu le lundi 10 mai 2021,à l'âge de 79 ans.

La messe de funéraillesaura lieu le mardi 18 mai,à 14 heures, en l'églisedu Cap Saint-Jacques,67, route de Troux,à Guyancourt (Yvelines),suivie de l'inhumationau cimetière paysagerde Guyancourt.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Prétot-Sainte-Suzanne(Manche).

En union avecle colonel (h.) Wallerandde Hauteclocque (†),son mari,

le comte Bertrandde Hauteclocque,M. et Mme HervéBrindejonc de Tréglodé,le comte et la comtesseRobert de Hauteclocque,M. et Mme RenéLeschallier de Lisle,le comte et la comtesseFrançois de Hauteclocque,ses enfants et leurs conjoints,

ainsi que ses petits-enfantset arrière-petits-enfants

font part du rappel à Dieu de la

comtesseWallerandde HAUTECLOCQUE

née Thérèsede Le Gorgue de Rosny,

le 12 mai 2021, à l'âge de 96 ans,à Prétot-Sainte-Suzanne.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'égliseSaint-Pierre, à Prétot,le mardi 18 mai 2021, à 14 h 30.

Mme HenriJullien de Pommerol,née Marie-ThérèseHême de Lacotte,son épouse,

Giles et Edith O'Connolly,Hervé et BlandineJullien de Pommerol,Yves et LawrenceJullien de Pommerol,David et Aude Meeuwessen,Gonzague et Aleth Veillas,Hilaire et Brigitte Doumenc,ses enfants,

et ses 32 petits-enfants

vous font partdu rappel à Dieu de

M. HenriJULLIEN de POMMEROL

le 11 mai 2021.

La messe de funéraillessera célébréece samedi 15 mai, à 10 heures,en la collégiale Notre-Damede Montbrison (Loire).

Mme Jean-François Juy,née Laurence Bonnel,son épouse,

Grégoire et Sabine Juy,Frédéric et Delphine Juy,ses enfants,Pauline, Romain, Victor,Adrien, Octave,Isaure, Guillaume, Astrid,ses petits-enfants,

font part du rappel à Dieu de

M. Jean-François JUY

le 12 mai 2021, à l'âge de 87 ans.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'égliseSaint-Ferdinand-des-Ternes,à Paris (17e),le mardi 18 mai, à 10 heures,suivie de l'inhumationà Graye-sur-Mer (Calvados),à 16 h 30.

Mme Bernard Lacheteau,née Annick Delalande,son épouse,

Mlle Véronique Lacheteau,M. et Mme Bruno Lacheteau,M. et Mme Xavier Lacheteau,sœur Marie des Neiges,M. et MmeBaudouin Lacheteau,M. et Mme Jérôme Poret,M. et MmeThibault Lacheteau,M. et Mme Yann Lacheteau,M. et Mme Erwan Lacheteau,ses enfants,

ses 23 petits-enfants,ses 7 arrière-petits-enfants,

Mme Jacques Delalande,M. et Mme Laurent Bouis,M. Dietrich Schaëfer,Mme Christian Lacheteau,ses beaux-frèreset belles-sœurs,

ses neveux et nièces

ont la douleur de faire partdu rappel à Dieu de

M. Bernard LACHETEAU

le 6 mai 2021,dans sa 92e année, munides sacrements de l'Église.

La messe de sépulturesera célébrée le lundi 17 mai,à 14 heures, en l'égliseNotre-Dame-du-Rosaire,à Saint-Maur-des-Fossés(Val-de-Marne)et sera suivie de l'inhumationau cimetière Condé.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Bernard Lafont,Marie-Claire Piganeau,Ghislaine Aubrun,Xavier Lafont,Benoit Lafont,ses frères et sœurs,ses belles-sœurs,ses neveux et petits-neveux

ont la douleurde faire part du décès de

Ghislain LAFONT, osb,

à l'abbaye de la Pierre-qui-Vire,le 11 mai 2021,dans sa 94e année.

L'enterrement aura lieudans l'intimité monastique.

Anzy-le-Duc (Saône-et-Loire).

Mme Joseph Lamy,née Solange Tandonnet,son épouse,

Joëlle Lamy,Jérôme et Violaine Lamy,Emmanuelle et EmmanuelBernard,ses enfants,

Arthur, Marion, Ludivine,Clémence, Blandine, Sibylle,Claire, Aude,ses petits-enfants,

font part du rappel à Dieu de

Joseph LAMY

le 12 mai 201,dans sa 80e année.

La cérémonie religieusesera célébréele lundi 17 mai, à 14 heures,en l'église d'Anzy-le-Duc, dansle respect des règles sanitaires.

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onas

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Un souvenir inoubliable !Publiez l’annonce de son baptême dans

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LE CARNET DU JOUR 17

samedi 15-dimanche16mai2021

Son épouse Joëlle,ses enfants,Arnaud et Aliénor,

son frère Francis,et son épouse Dominique,ses sœurs,Marie-Chantal Le Gallet Edith Guiffart,

vous font partdu rappel à Dieu de

Xavier LE DESCHAULTdeMONREDONcommandeur

dans l'ordre équestredu Saint-Sépulcrede Jérusalem,

le 12 mai 2021, à l'âge de 80 ans,à Paris, muni des sacrementsde l'Église.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'égliseSaint-François-Xavier,à Paris (7e),le vendredi 21 mai, à 10 heures.

Si vous souhaitez faire ungeste, de préférence,merci de faire un donà l'ordre équestredu Saint-Sépulcrede Jérusalem.

Sarzeau (Morbihan).Rennes (Ille-et-Vilaine).Bry-sur-Marne(Val-de-Marne).

Pierre-Yves et Isabelle Legris,Olivier et Catherine Legris,Véronique et DidierKerveillant,Antoine et Myriam Legris,Blandine et François-XavierLesot,Marie-Noëlle Kermaïdic,ses six enfantset leurs conjoints,

ses trente-deux petits-enfants,ses vingt-deuxarrière-petits-enfants

ont la tristessede vous faire part du décès de

Francette LEGRIS« Maman et Bonne Maman »,

épouse dePierre Legris(†2016),

survenu le 13 mai 2021,à l'âge de 89 ans, à Sarzeau.

La cérémorie religieusesera célébrée ce samedi 15 mai,à 14 h 30, en l'égliseSaint-Saturnin, à Sarzeau,suivie de l'inhumationdans le caveau familial.

Un registre à signaturestiendra lieu de condoléances.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Le Clos Sainte-Anne,34, rue du Clos-Sainte-Anne,56370 Sarzeau.

M. et Mme Jérôme Level,M. et MmeGrégoire-Aymard Level,ses enfants,

Benjamin et Delphine,Guillaume et Bérengère,William et Tiphaine,Enguerrand et Marie,Célian et Alexandra,Erik et Stéphanie,Nicolas et Servane,ses petits-enfants,

Margaux, Victor, Mahaut,Paul, Léopold, Brune, Apolline,William, Margaux, Benjamin,Léonie, Mathilda,ses arrière-petits-enfants,

ont la douleurde vous faire partdu rappel à Dieu de

Mme François LEVELnée Etiennette

Vallet de Villeneuve,

le 12 mai 2021,dans sa 97e année.

La cérémonie religieusesera célébrée le lundi 17 mai,à 15 heures, en l'égliseNotre-Dame-de-l'Assomptionde Bidart.

L'inhumation se feradans la plus stricte intimitédans le caveau de famille,à Bayonne.

Ils rappellent égalementle souvenir de son époux,

Françoisrappelé à Dieule 20 juillet 1995,de ses fils,

Arnaudrappelé à Dieule 29 septembre 1993,

Fabricerappelé à Dieule 28 février 2018.

Cet avis tient lieu de faire-part.

13, boulevard de la République,78000 Versailles.

« Gaineko-Etxea »,16, chemin de Haïeta,64210 Arbonne.

« La mort d'une mèreest le premier chagrinque l'on pleure sans elle. »John Petit-Senn.

Prions pour

Lucienne LEMAIREnée Chatin,(1926-2021),

qui s'est endormiedans la Paix de Dieu, muniedes sacrements de l'Église.

La cérémonie religieuseaura lieu le mardi 18 mai,à 10 h 30, en l'égliseSaint-Thomas-d'Aquin,à Paris (7e).

Les Forges (Morbihan).

Mme Levesque,son épouse,

M. et Mme Frédéric Levesque,M. et Mme François Levesque,Claire Levesqueen religionsœur Philippe-Marie,bénédictine du Sacré-Cœurde Montmartre,M. et MmePierre-Louis Chanteau,M. et MmeGuillaume Prevoteau du Clary,ses enfants,

ses 27 petits-enfantset ses 3 arrière-petites-filles

ont la tristessede vous faire part du décès de

Louis LEVESQUE

rappelé à Dieu le 12 mai 2021,en la vigile de l'Ascension,à l'âge de 85 ans.

La messe d'obsèquessera célébrée en l'églisede Bréhan (Morbihan),ce samedi 15 mai, à 14 h 30.

Saint-Gilles (Gard).

M. ThierryMeynier de Salinelles,son fils, et sa compagne,Mme Maria Navarro,Mme Laurence Bardin,sa fille, et son époux,M. Hervé Bardin,

Alexia et Laurent, Matthieu,Hugues et Maryline,Sébastien et Laëtitia,Julien et Lingling,Marine,ses petits-enfantset leurs conjoints,

Maxence, Maxime, Paul,Eugène, Samuel, Ethel,Thomas, Lucy, Anna, Iris,Constance, Léonie, William,ses arrière-petits-enfants,

ont la tristessede vous faire part du décès de

Mme EdouardMEYNIER de SALINELLESnée Odette Longepierre,

chevalierde la Légion d'honneur,médaille de la villede Saint-Gilles,

survenu le 10 mai 2021,dans sa 97e année.

Les obsèques auront lieudans la plus stricte intimité,le mercredi 19 mai, à 14 heures,au crématorium de Nîmes.

M. et Mme Jean Luc Murat,ses enfants,

Edouard et Solange,Louis et Ophélie,Pierre et Julie,ses petits-enfants,

Léonard, Marcel, Victoria,Stanislas,ses arrière-petits-enfants,

ont la tristessede faire part du décès du

général de divisionJean MURATgrand-croix

de la Légion d'honneur,grand-croix

de l'ordre national du Mérite,

survenu le 11 mai 2021,à l'âge de 99 ans, à Montpellier.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'églisedu complexe funérairedu Grammont, à Montpellier(Hérault),le mercredi 19 mai, à 15 heures.

Ni fleurs ni couronnes.

22, rue Gribeauval,80000 Amiens.

[email protected]

Salinelles (Gard).

Maryline Pagès,son épouse,

Emmanuelle et Nicolas Bouic,Bertrand et Malvina Pagès,ses enfants,

Antoine, Victoire, Gaspard,Charles et Pia,ses petits-enfants,

Geneviève Pagès,sa mère,

Anne-Marie et Isabelle,ses sœurs, et leurs familles,René Planel,son beau-frère, et sa famille

ont la douleurde faire part du décès de

M. Philippe PAGÈS

survenu le 12 mai 2021,à l'âge de 66 ans.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'égliseNotre-Dame-de-la-Major,à Arles, le mercredi 19 mai,à 10 heures.

Elle sera suivie de l'inhumationdans l'intimité familiale.

Un registre à signaturestiendra lieu de condoléances.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Le marquis de Persan,son époux,

Savine et Jérôme Calvet,sa fille et son gendre,

Pierre-Louis et Charles-AdrienCalvet de Persan,ses petits-fils,

ont la douleurde vous faire partdu rappel à Dieu de la

marquise de PERSANnée

Marie-Louise Bottot-Régley,

le mardi 11 mai 2021,à Saint-Romain-de-Colbosc.

La cérémonie religieusesera célébréele vendredi 21 mai, à 10 heures,en l'église de Gommerville(Seine-Maritime).

Château de Filières,76430 Gommerville.

Alain Vaquette,son époux,

Geoffroy et GéraldineVaquette-Demarsy,Antoine et Isaure,Hortense et Arnaud Diers,Henri et Pierre,Stanislas Vaquette,ses enfants et petits-enfants,

Mme RobertVaquette-Delomez,sa belle-mère,

ont la grande tristessede vous faire partde la mort subite de

MmeAlain VAQUETTEnée Marie-Cécile de Wazières,

survenue à Lambus,le 12 mai 2021, à l'âge de 69 ans.

La messe de funeraillesaura lieule mardi 18 mai, à 10 h 30,en l'église Saint-Paulde Saint-Pol-sur-Ternoise(Pas-de-Calais), suiviede l'inhumation au cimetièrede Neufchâtel-Hardelot,à 15 heures, dans le caveaude famille.

Martine Wauters,née Richard, son épouse,

Nathalie, Isabelle, Arnaudet Delphine,ses enfants, leurs conjoints,

ses petits-enfantset arrière-petits-enfants,

Jeannie Devienne,sa sœur,en union avecson époux André (†),

ont la profonde tristessede vous faire partdu rappel à Dieu, le 2 mai 2021,dans sa quatre-vingt-onzièmeannée, de

Jean-Paul WAUTERSX 51.

La cérémonie de crémationaura lieu au crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise,Paris (20e),le mercredi 19 mai, à 13 h 45.

Ni fleurs ni couronnes.

[email protected]

Julie de Vaulx,son épouse,Charlotte et Béatrice,ses filles,

Mme Jean-Louis de Vaulx,sa mère,Véronique et Christian,sa sœur et son frère,Betty, Clarence et Florian,sa nièce et ses neveux,

ont l'immense douleurde vous faire part du décès de

Charles-Louis de VAULX

survenu le 26 avril 2021,à Manhattan (New York).

Des cérémonies du souvenirauront lieu à New Yorket en France ultérieurement.

condoléances

L'administrateur,l'assemblée des professeurset toute la communauté du

Collège de France

apprennent avec une profondetristesse le décès de

Jacques BOUVERESSEprofesseur émérite

du Collège de France,titulaire de la chaire

Philosophie du langage et dela connaissance de 1995 à 2010.

Ils rendent hommageà un professeurqui a profondément marquéle Collège de Francepar sa grande exigenceintellectuelle et philosophique,et par sa simplicité naturelle,qui contrastait avecl'importance et la diversité deses travaux qui s'inscrivaientdans la tradition rationalistefrançaise de la philosophie,de la littérature et de la culture.

remerciements

Pierrette Bézard,son épouse,Valérie, Brigitte, Vincent,Cécile,ses enfants,Alain de Rougé,son beau-fils,Livia et Ottavia,ses petites-filles,Philippe, Marianne, Henri,Catherine Peyre,ses neveux, leurs enfantset toute la famille,

très touchés des marques

de sympathie qui leur ont ététémoignées lors du décès de

Pierre BÉZARD

vous prient de trouver ici,leurs sincères remerciements.

Son épouse Brigitte,née Le Lann,

Pierre et Cécilia,Gabrielle et Alexandre,Mathilde et Alexandre,ses enfants,Raphaël et Margot,ses petits-enfants,

et toute sa famille,

très touchés des marquesde sympathie qui leur ont ététémoignées lors du décès de

Jean COZICnotaire honoraire,

capitaine de frégate (c.r.),chevalier du Mérite agricole,

médaille d'argentdes services militaires

volontaires,

ancien présidentde la chambre des notaires

du Finistère,ancien vice-présidentdu conseil régional

des notairesprès la cour d'appel de Rennes,Past Président du Rotary Club

de Landerneau,

vous prient de trouver ici,leurs sincères remerciements.

Sophie et Robby Grant,Alain et Bénédicte Delemazure,Corinne Delemazure,Frank et FrançoiseDelemazure,Patricia et Edouard Filho,ses enfants,ses petits-enfants,

très touchés des marquesde sympathie qui leur ontété témoignées lors du décès de

Mme Jean DELEMAZUREnée Yvonne Despretz,

vous prient de trouver ici,leurs sincères remerciements.

Mme Laurent Versini,Hélène et François Versini,ses enfants,Claire et Paul Versini,ses petits-enfants,et toute sa famille,

très touchés des marquesde sympathie qui leur ont ététémoignées lors du décès du

professeur Laurent VERSINI

vous prient de trouver icileurs sincères remerciements.

messes

Une messe à la mémoire de

Marie-Pierre FOURNIERnée Hannezo,

disparue le 22 novembre 2020,

sera célébréeen l'église Saint-Pierrede Neuilly-sur-Seine,chapelle haute,le jeudi 3 juin, à 10 h 30.

Merci de vous y associerpar votre présence, vos penséesou vos prières.

28, rue Édouard-Nortier,92200 Neuilly-sur-Seine.

messeset anniversaires

Il y a un an,en début de pandémie,nous quittaient

Alain et Chantalde COMPIÈGNE

Une messe sera célébréeà leur intention,le vendredi 28 mai 2021,à 18 h 30, en l'égliseNotre-Dame-de-Compassion,place du Général-Kœnig,à Paris (17e) (Porte Maillot).

M. Xavier Darcos,chancelierde l'Institut de France,président,de la FondationSimone et Cino Del Duca

a l'honneur de vous informerqu'une messe annuellesera célébrée à la mémoire de

Cino et Simone DEL DUCA

le mercredi 19 mai 2021,à 16 h 30, en la chapelleSaint-Symphorien de l'égliseSaint-Germain-des-Prés,3, placeSaint-Germain-des-Prés,Paris (6e).

A l'occasiondu premier anniversairedu rappel à Dieu de

M. Bernard FERRAND

le 8 mai 2020,

une messe de requiema été célébréele samedi 8 mai 2021,dans l'intimitéde la chapelle familialedu château de Vassy (Yonne).

Il y a un an, le 10 avril 2020,

Pierre FRANCK

nous quittait.

Une messe sera célébrée à sonintention, le mardi 18 mai 2021,à 15 heures, en l'égliseSaint-Pierre-de-Chaillot,31, avenue Marceau,Paris (16e).

souvenirs

A l'occasion de l'anniversairedu rappel à Dieuet de la naissancele 19 mai 1941, de

Mme Eric VIELLARDnée Colette Boutry,

une prière est demandéeà tous ceux qui l'ont aiméeet entourée.

Sa présence était notre joie,sa mémoire sera notre force.Saint Augustin.

disparition

Jean-René Bernard, ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée

Il était l’un des « derniers pompidoliens », il avait négocié l’entrée du Royaume-Uni dans ce que l’on appelait alors le Mar-ché commun, autant dire qu’il appartenait déjà à un monde englouti…

Jean-René Bernard est mort le 11 mai, à l’âge de 88 ans, muni des derniers sacrements. Il eut été cer-tainement inconcevable, pour cet homme, de dis-paraître un jour plus tôt tant il estimait unique-ment François Mitterrand pour sa culture littéraire…

En effet, ce brillant ins-pecteur des finances se souvenait encore, trente ans plus tard, du jour où il avait reçu un appel parti-culièrement gêné de son vieil ami Michel Rocard, alors premier ministre, lui demandant de bien vou-loir céder la présidence de la banque CIC, rare éta-blissement de crédit en -core nationalisé, à un « filleul » du président de la République qui se cher-chait un avenir profes-sionnel dans la finance. En grand serviteur de l’État, respectueux de son autori-té quel qu’en soit le dépo-sitaire, Jean-René Bernard s’était alors exécuté, non sans qualifier le procédé de « mœurs mérovin giennes », avec cette culture et ce sens de l’ironie qu’appré-ciait Jean Monnet…

En réalité, c’est à Geor-ges Pompidou que Jean-

René Bernard vouait un véritable culte personnel et politique.

Entré à son cabinet à Matignon dès 1962, il accompagna le premier ministre du général de Gaulle jusqu’à la pré -sidence de la République, où il occupera succes -sivement les fonctions de conseiller économique puis de secrétaire général adjoint, aux côtés d’Édouard Balladur.

Habile négociateurÀ la mort du président Pompidou, Jean-René Bernard poursuit sa car-rière dans la diplomatie et les grandes négociations internationales dans les-quelles il excellait au point que Pompidou lui avait, en effet, laissé carte blanche pour négocier l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun. Cette entente cordiale person-nelle de Jean-René Ber-nard avec la Grande-Bre-tagne lui vaudra d’être ainsi l’un des concepteurs du tunnel sous la Manche.

Ambassadeur au Mexi-que, puis aux Pays-Bas au moment où le traité de Maastricht s’écrivait, Jean-René Bernard aura été l’un de ces grands commis de l’État que la guerre avait rendu euro-péens de conviction, mais qui ne perdirent jamais de vue les intérêts supérieurs de la France. ■

Jean-René Bernard aura suivi la carrière de Georges Pompidou depuis Matignon, en 1962, jusqu’à la présidence de la République. JACQUES DEMARTHON/AFP

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18 champs libresDébats

Nous voulons moderniser la haute fonction publique, pas la politiser

Écriture inclusive : le sacrifice d’une parole libre au profit d’une pensée surveillée

non seulement légitime, mais même nécessaire.

Ce que je tiens toutefois à souligner ici, c’est que le seul projet de soumettre notre langue à une injonction moralisatrice devrait nous sembler exorbitant. Pourquoi le paraît-il alors si peu ?

Assurément parce que la morale invoquée, à savoir la lutte contre les discriminations et le triomphe de l’égalité, nous apparaît comme la plus légitime de toutes. Au nom d’une cause si sacrée, aucun sacrifice ne nous paraît trop grand. Mais encore faut-il bien mesurer ce sacrifice. Il n’est pas essentiellement celui de la beauté ou de la lisibilité de la langue française. Il est celui, il est vrai plus difficile à saisir, de cette espèce de liberté qui permet à la pensée de respirer et de s’épanouir avec confiance. C’est le sacrifice d’une parole libre au profit d’une pensée constamment surveillée, maladivement soucieuse de ne pas offenser.

Ne convenons donc pas trop promptement de la pureté morale d’une telle entreprise, comme le fait à mon sens la circulaire du ministre Blanquer. Embrigader délibérément notre langue, ce n’est pas seulement saccager un trésor, c’est humilier la raison humaine.* Docteur en philosophie, Adrien Louis est professeur de philosophie en lycée et chargé de cours d’histoire politique à l’université du Littoral-Côte d’Opale. Il est l’auteur de Léo Strauss, philosophe politique, préfacé par Pierre Manent (CNRS Éditions, 2019) et publie Ils n’auront pas le pouvoir. Une enquête à partir d’Aristote, Pascal et Tocqueville (PUF, 2021, 256 p., 19€).

bien ce que nous faisons, en réservant l’essentiel des créations de postes dans les services départementaux de l’État, en amplifiant la déconcentration des décisions et des crédits, en renforçant le caractère interministériel de leurs attributions pour donner toute sa portée à l’article 72 de la Constitution, aux termes duquel le préfet est le « représentant de chacun des membres du gouvernement ».

Notre intention n’est donc ni de fragiliser, ni de banaliser et encore moins de politiser la fonction préfectorale, comme certains se plaisent à le faire croire. Seront nommés demain préfets des hommes et des femmes qui, comme aujourd’hui, seront choisis pour leurs compétences et leur expérience, forgées par une expérience de terrain au contact des réalités du pays. Il y aura cependant un changement : ils ne seront plus nommés préfets à vie, mais pour la durée d’exercice de leurs fonctions. S’il n’y aura plus de corps préfectoral, il restera plus que jamais une fonction, un métier, un parcours qu’il s’agit de valoriser pleinement en élargissant ses prérogatives et en améliorant la gestion individualisée des carrières.

Cette réforme s’inscrit dans une stratégie d’ensemble, au service d’un objectif clair : rendre les politiques publiques menées au service de nos concitoyens à la fois plus visibles et plus concrètes, assurer la fluidité du commandement de l’État et le complet respect de son autorité dans tous les territoires de la République.

Tel est le devoir du gouvernement : gérer au mieux cet épisode de crise et en tirer rapidement toutes les conséquences pour bâtir une France et un État plus justes, plus forts, plus proches et donc plus efficaces. Pour cela, je sais pouvoir compter sur les Français, qui traversent cette épreuve avec courage et détermination, ainsi que sur l’ensemble des serviteurs de l’État, qui seront une nouvelle fois à la hauteur de leur tâche.

d’une haute fonction publique neutre et compétente, promouvoir l’interministérialité pour améliorer l’efficacité globale de l’État. Mais force est de reconnaître que leur mise en œuvre s’est progressivement érodée.

De fait, aucune gestion des ressources humaines n’a véritablement réussi à émerger. Les logiques ministérielles ont largement repris le dessus, caractérisées par des mobilités insuffisantes et des règles statutaires et indemnitaires cloisonnées.

Quelques chasses gardées permettent des carrières accélérées. Les affectations, trop exclusivement parisiennes, sont en décalage croissant avec une République qui s’est à la fois décentralisée et déconcentrée. Aujourd’hui, hors Éducation nationale, 87 % des effectifs de la fonction publique d’État exercent leurs missions dans les territoires, mais 92 % des cadres supérieurs sont en administration centrale. Notre haute fonction publique pâtit aussi d’un déficit de diversité, le recrutement n’ayant pas suivi les évolutions de la société.

Nous devons revoir en profondeur la manière de construire les parcours de nos hauts fonctionnaires. De nouvelles voies de recrutement vont permettre de diversifier les profils. La réforme vise également à renforcer la formation initiale et continue, notamment en intégrant mieux les apports des sciences sociales et comportementales, dont la crise en cours a souligné l’importance. La gestion des carrières va être personnalisée et professionnalisée pour passer d’une logique statutaire à une approche par métiers, qui conduira à valoriser pleinement

ceux qui mettent en œuvre nos politiques prioritaires dans les territoires, qui s’attellent aux tâches les plus difficiles et qui prennent des risques.

La création de l’Institut national du service public (INSP), qui va succéder à l’ENA, s’inscrit pleinement dans cette logique. Désormais, tous les hauts fonctionnaires sortant de l’INSP intégreront le même corps des administrateurs de l’État et seront envoyés sur le terrain ; plus aucun ne rejoindra directement les « grands

corps » de l’État. L’accès à ces derniers ne sera possible que pour celles et ceux qui se seront frottés au terrain, car cette expérience ne pourra que les enrichir.

Il s’agit d’une petite révolution. Et, comme toute réforme, elle suscite des craintes et des incompréhensions. Tel a pu être le cas des aspects relatifs à l’administration préfectorale, alors même que l’intention du gouvernement est de la conforter. Qui pourrait en effet douter un seul instant de ma volonté résolue de conforter la légitimité et les capacités d’intervention de ces femmes et de ces hommes qui se dévouent, souvent sept jours sur sept, et qui représentent l’État en tous lieux et en toutes circonstances ; moi qui n’ai jamais cessé de promouvoir les territoires depuis mon entrée en fonction ; moi qui fus l’un des premiers, à la faveur de ma mission sur le déconfinement au printemps 2020, à promouvoir le couple « maire-préfet », moi qui ai eu la chance d’exercer ce passionnant métier au cours de ma carrière ?

Renforcer le prestige et l’attractivité des fonctions préfectorales, qui ne sauraient se limiter à des questions de corps et de grade, c’est faire en sorte que leurs moyens soient accrus, leurs marges de manœuvre élargies et leur autorité confortée. Et c’est

« Notre intention n’est ni de fragiliser, ni de banaliser et encore moins

de politiser la fonction préfectorale, comme certains se plaisent à le faire croire»

L e gouvernement que j’ai l’honneur de diriger a engagé, à la demande du président de la République, une réforme très ambitieuse de la gestion de ses cadres

supérieurs, ces hauts fonctionnaires qui servent l’État avec abnégation et dévouement, et qui sont pourtant régulièrement livrés en pâture à l’opinion publique. Procès tellement facile et surtout tellement injuste ! Depuis plus d’un an, face à la crise que nous traversons, tous les fonctionnaires – des plus modestes aux plus gradés -, ont répondu présents, exerçant leur métier avec compétence, sans compter ni leur temps ni leur peine. À tous, je veux dire une nouvelle fois ma profonde reconnaissance.

Mais, soyons lucides, la crise a aussi révélé des carences, des insuffisances et des difficultés structurelles. De cela, les fonctionnaires ne sont évidemment pas responsables. Cela relève autant des autorités politiques en charge de les diriger qu’une organisation collective dans laquelle trop souvent « la qualité se consume dans l’impuissance », pour reprendre le mot du Général de Gaulle.

Le moment est donc venu de reprendre la marche en avant de l’État, pour adapter son fonctionnement aux défis d’aujourd’hui et préparer ceux de demain. Et dans ce mouvement, la rénovation de la gestion de ses ressources humaines s’impose à l’évidence. La dernière réforme d’ampleur de la haute fonction publique remonte à l’après-guerre, lorsque le général de Gaulle et Michel Debré

décidèrent de créer l’ENA par l’ordonnance du 9 octobre 1945.

Les objectifs alors poursuivis demeurent plus que jamais les nôtres : mettre fin aux chasses gardées, forger un creuset de hauts fonctionnaires bien formés, disposer

JeaN CastexLe premier ministre défend la réforme de la haute fonction publique et des règles de nomination à de nombreux emplois de premier plan, qui a suscité des critiques virulentes, notamment dans trois tribunes d’anciens grands serviteurs de l’État publiées dans nos colonnes (nos éditions des 8 et 12 mai).

les plus faibles, preuve est faite que cette écriture, pure dans ses intentions, serait profondément immorale dans ses effets. La force de cet argumentaire serait donc d’en appeler à la responsabilité morale des enseignants tentés par l’écriture inclusive, sans pour autant contester la pureté morale de leurs intentions.

En même temps, on peut se demander jusqu’à quel point un argumentaire fondé sur les difficultés des élèves ne pourrait pas servir des causes à peine plus honorables que l’écriture inclusive – par exemple, la simplification de l’orthographe ou celle, justement, des règles grammaticales.

Ensuite, on peut se demander si en laissant de côté l’essentiel, cet argumentaire n’ouvre pas la voie

à des aménagements qui rendraient l’écriture inclusive tolérable dans certains contextes - par exemple au lycée où les élèves sont supposés savoir lire, ou moyennant une fixation des règles de l’écriture inclusive, qui la rendrait moins instable.

Mais quel est donc l’essentiel ? Il est en fait suggéré par une phrase de la circulaire : « Notre langue est un trésor précieux que nous avons vocation à faire partager à tous nos élèves, dans sa beauté et sa fluidité, sans querelle et sans instrumentalisation. » Ainsi est-il suggéré que l’écriture inclusive s’apparente à un saccage de notre langue, ainsi qu’à son instrumentalisation partisane. À vrai

dire, c’est surtout ce dernier point qui, me semble-t-il, devrait être tenu pour le plus fondamental.

Car si le caractère disgracieux de l’écriture inclusive est en effet frappant, il ne fait que traduire l’ambition originelle de cette écriture. Plus précisément, cette disgrâce esthétique reflète très fidèlement l’obsession morale que cette écriture entend introduire dans notre usage de la langue, et plus fondamentalement, dans notre pensée. La disgrâce exorbitante de l’écriture inclusive traduit en fait une intention exorbitante : celle de mettre délibérément la langue au service d’une certaine morale, ou celle d’introduire la pureté morale dans la texture la plus intime de notre pensée.

Cette intention est du reste parfaitement explicite. Ainsi peut-on lire sur la page d’accueil du site « officiel » de l’écriture

inclusive : « Changer les mentalités est nécessaire pour faire progresser l’égalité, et pour y arriver, il faut agir sur ce par quoi elles se construisent : le langage. » (www.motscles.net/ecriture-inclusive).

Une telle déclaration nous fait également saisir l’espèce de syllogisme qui motive toute cette entreprise. Ce syllogisme serait le suivant : puisque la langue est toujours un embrigadement, l’enjeu premier de notre civilisation n’est pas de libérer les esprits, mais simplement de les arrimer à la bonne idéologie. C’est ainsi que le désir d’embrigader la langue française devient

« Le seul projet de soumettre notre langue à une injonction moralisatrice

devrait nous paraître exorbitant»

I l y a tout lieu de se réjouir de la récente circulaire de Jean-Michel Blanquer publiée au Bulletin officiel du 6 mai, proscrivant l’usage de l’écriture inclusive dans

les enseignements scolaires, et rappelant que la même interdiction est de mise pour la rédaction des actes administratifs. Mais le raisonnement retenu pour justifier cette interdiction peut laisser perplexe.

Au cœur de la circulaire, trois arguments sont en effet avancés. Le premier, c’est que l’utilisation de cette écriture est malavisée puisqu’elle bouleverse et complexifie à outrance les règles d’accord des verbes et des adjectifs. Le second, c’est que cette écriture constitue un obstacle évident à la lecture, et serait donc particulièrement nuisible pour les plus jeunes. Enfin, pour une raison identique, cette écriture aurait pour effet d’exclure les plus fragiles, souffrant d’un handicap ou de troubles de l’apprentissage.

De ces trois arguments, il ressort que l’écriture inclusive pose essentiellement problème en raison de sa complexité et de son instabilité, qui la rendraient incompatible avec le souci de rendre la langue française accessible à tous. On pourra penser

qu’à défaut de toucher à l’essentiel, cette argumentation a du moins l’avantage d’être imparable ou d’éviter la polémique. Si l’écriture inclusive affaiblit en effet

adrieN LouisLe philosophe* se réjouit de l’interdiction de l’écriture inclusive par Jean-Michel Blanquer, mais s’inquiète de voir le ministre avancer des arguments très défensifs. C’est dire la puissance d’intimidation du projet idéologique revendiqué par les partisans de l’écriture inclusive, juge l’auteur.

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champs libres 19OpiniOns

R aymond Aron, assurément le philosophe politique le plus important de la deuxième moitié du XXe siècle, a su, en son temps, se faire un critique incisif du marxisme,

qui subjuguait l’intelligentsia, et qu’il voyait comme une religion séculière. Il prit au sérieux ses penseurs et fit le pari de les lire pour les décrypter. Non pas qu’il se laissait éblouir par leurs constructions intellectuelles alambiquées, mais puisque les marxistes étaient des idéologues résolus à reconstruire le monde en le soumettant à leurs théories, mieux valait savoir quel avenir ils nous préparaient. Les idées mènent le monde. Plus exactement, les idéologues mènent le monde, surtout le monde moderne, dans la mesure où ils

disposent, grâce à l’appareil administratif de l’État thérapeutique, d’un instrument politique permettant une ingénierie sociale permanente, au nom de la déconstruction des « préjugés » de la population.

Aron s’est donné le devoir de confronter intellectuellement le communisme en déconstruisant ses thèses tout en analysant les affects qui conduisaient trop de professionnels de la pensée à l’embrasser. Comment comprendre l’emportement idéologique des intellectuels, qui se laissent si facilement enfermer dans un monde parallèle, et qui au nom d’une conviction religieuse confondue avec une certitude scientifique se donnent le droit de persécuter leur société ? Aron l’avait compris, les grandes révolutions sont

d’abord le fait des intellectuels qui n’hésitent jamais à persécuter ceux qui ont le culot de ne pas voir le monde avec leur prisme. Quant aux catégories sociales résiduelles, assimilées au bois mort de l’humanité, elles doivent être balayées de l’histoire. C’était le sort réservé aux Vendéens, puis aux Koulaks, c’est maintenant celui destiné aux peuples historiques occidentaux, modérément enthousiastes devant leur rééducation diversitaire et leur submersion démographique.

Il n’est pas interdit de penser que la démarche aronienne puisse redevenir pertinente. Car une nouvelle religion politique a pris forme dans les sociétés occidentales, alors qu’elles croyaient au mythe de la fin des idéologies. La tentation totalitaire de la modernité toujours renaît, même si elle n’a plus la cohérence et la sophistication du marxisme d’antan. On y fait référence de mille manières, en parlant de la gauche « woke », de l’indigénisme, du néoféminisme, de la névrose antispéciste ou de la théorie du genre. Ces différentes mouvances convergent dans leur aversion pour la civilisation occidentale, qu’elles rêvent simplement d’abattre. Elles sont aujourd’hui médiatiquement hégémoniques, c’est-à-dire culturellement dominantes et politiquement appelées à triompher, comme en témoigne leur capacité à présenter partout les propos qui les contredisent comme des discours haineux. Seuls les étourdis ne s’en inquiéteront pas.

Mais trop souvent, le réflexe de ce que la gauche appelle la droite est moqueur ou bourgeois. À la manière d’un Philippe Muray, mais sans son génie, elle tourne en ridicule ceux qu’elle veut voir comme des zigotos. À la manière de la bourgeoisie, elle veut croire que

les jeunes excités de la gauche « woke » imitant les délires des campus américains changeront d’avis quand ils prendront de la bedaine. Dans les deux cas, elle se trompe.

La droite devrait prendre au sérieux le camp d’en face qui, lui, entend aller jusqu’au bout de l’application de sa doctrine et entend transformer les sociétés occidentales sur le modèle du camp de rééducation, et créer un monde indifférencié, où les sexes dans la fluidité identitaire, où les peuples deviendront des populations interchangeables, où l’humanité se fondera dans le magma du vivant, où l’Occident s’offrira paisiblement aux indigénistes qui prétendent le civiliser comme autrement on prétendait civiliser en colonisant.

C’est à la lumière de ce péril idéologique que la droite peut se refonder, si elle veut exister autrement qu’à la manière d’une force résiduelle, basculant entre l’esprit gestionnaire et la nostalgie. Au-delà des divisions stériles entre son aile classique et son aile médiatiquement proscrite, elle est appelée à tenir tête à la révolution qui vient, et à l’affronter autrement qu’à travers les tièdes arguments d’un pragmatisme cul-de-jatte, pour peu qu’elle veuille exister contre les déconstructeurs fanatisés et publiquement subventionnés. C’est l’existence même de la civilisation occidentale et de ses nations, à travers leur identité, leur souveraineté et leur liberté, qui est compromise. Ces mots peuvent sembler grandiloquents et animés par un catastrophisme crépusculaire : ils désignent pourtant la réalité des choses. Il ne s’agit plus seulement d’opposer un programme à un autre, mais une idée de l’homme à une autre. Tel devrait être aujourd’hui le pari aronien de la droite française.

Quelle philosophie politique pour la droite ?

ENTRE GUILLEMETS15 mai 1891 : publication de l’encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII sur la doctrine sociale de l’Église.

Rerum novarum À qui veut régénérer une société quelconque en décadence, on prescrit avec raison de la ramener à ses origines»

@ 100 000 citations et proverbes sur evene.fr

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chroniqueMathieu Bock-Côté

historique du moins psychologique, le même homme a-t-il pu, deux ans plus tard, danser de joie à la nouvelle de l’assassinat du même César ?

Les relations entre les deux hommes, qui avaient presque le même âge et se connaissaient depuis presque toujours, ont été marquées par une différence de statut social (Cicéron était de souche modeste et fut le premier de sa famille à entrer au Sénat ; César était descendant de roi et de Vénus elle-même du côté de sa tante, assurait-il !), de richesse personnelle, de carrière. Cicéron n’a exercé de réel pouvoir qu’une seule année dans sa vie, celle de son consulat glorieux en 63. César était un chef de guerre craint et respecté depuis la conquête des Gaules, la victoire sur Pompée, et honoré de cinq triomphes au cours de la seule année 46. Mais la haine n’a jamais été le sentiment qui qualifiait leur relation. Cicéron admirait en César le conquérant et le chef militaire ; César admirait en Cicéron l’homme de lettres.

D’ailleurs César, ainsi que le rapporte Suétone, s’était essayé à la poésie, à la tragédie (il écrivit un Œdipe) et à l’éloquence, mais ses succès en ce domaine n’étaient pas à la hauteur de la gloire de Cicéron. Ce dernier s’était piqué de politique, mais son succès de 63 contre Catilina fut un feu de paille et toute sa vie il courut après cette fugitive gloire politique. Un général qui cherche auprès d’un intellectuel ce qu’il rêve d’être lui-même, un homme de plume reconnu, est une configuration que notre XXe siècle a connue avec de Gaulle et Malraux.

Il faut lire cette extraordinaire lettre de décembre 1945 dans laquelle Cicéron fait à Atticus le récit d’une visite inopinée de César, reçu dans sa villa de Pouzolles, pour comprendre la complexe alchimie des sentiments que nourrissait l’orateur pour le dictateur. En une page à la fois factuelle et pleine d’un humour assez

noir, Cicéron dresse un portrait de César en vrai despote oriental : le dictateur arrive avec une armée de 2 000 hommes ; l’hôte doit prévoir trois salles à manger pour la suite personnelle de César, ses affranchis et ses esclaves. Toute la puissance de César et la terreur qu’il inspire à Cicéron sont suggérées avant son arrivée : tel un Alexandre romain, il a le pouvoir de vie et de mort sur chacun. Mais César, ce soir-là, est d’humeur mondaine et c’est, raconte Cicéron, la littérature qui devient le sujet de toute la conversation, au détriment de la politique.

Si César a le dessus sur Cicéron, l’épistolier prend sa revanche grâce à sa plume. La lettre est un condensé à la fois d’autosatisfaction (Cicéron se raconte comme un amphitryon généreux, habile mondain et grand causeur) et de méchancetés subtilement vénéneuses lancées contre César. Ce dernier, laisse entendre Cicéron, a des problèmes de digestion, il prend un émétique. Il se comporte dans la villa comme dans un cantonnement de soldat. Toutes plaisanteries lancées dans la lettre en grec, comme si ces saillies daubaient la prétention de César à être un hellénophone aussi cultivé que Cicéron lui-même. Cette lettre est un résumé des sentiments complexes que Cicéron nourrissait envers César : crainte et envie, admiration et jalousie.

Est-ce suffisant pour avoir voulu la mort du dictateur soupçonné de chercher à être le fossoyeur de la libre République ? Quel fut le rôle de Cicéron dans l’assassinat de César ? Cicéron a encouragé la conspiration et il a cru que la mort du dictateur coïnciderait avec une renaissance des libertés civiques, « une nouvelle aurore pour la République ». On ne doit pas non plus douter de la joie ressentie par Cicéron, les jours qui suivirent les Ides, qui ne

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Cicéron et César : une énigme historique

L a parution récente aux Éditions Les Belles Lettres de l’intégralité de la correspondance de Cicéron, soit près de mille lettres, réunies en un fort beau

volume de plus de mille pages, richement documenté et commenté par Jean-Noël Robert, est l’occasion de revenir sur un sujet qui n’a jamais été totalement éclairé : que pensait réellement Cicéron de César ? Il ne fait aucun doute que Cicéron s’est toujours vécu comme le champion de la vieille liberté républicaine. À ce titre, il a éprouvé une constante méfiance envers le dictateur (une fonction légale, censée demeurer provisoire mais que César, à partir du 14 février 44, s’est arrogée à vie). Et il a encouragé Brutus et ses amis du Sénat, soufflant habilement sur les braises de la haine et de la rancœur que nourrissaient les Quirites pour celui qu’ils soupçonnaient de vouloir renverser la République au profit de la royauté, dans la voie du tyrannicide, qui finit par s’accomplir ce jour funeste des Ides de mars 1944.

En 46, pourtant, alors que Cicéron venait d’être pardonné par le vainqueur de Pharsale d’avoir choisi le camp de Pompée, il prononce sans doute l’un de ses plus beaux discours au Sénat, un panégyrique de César camouflé sous les apparences de remerciements pour le pardon accordé par César à l’ancien consul Marcellus. L’éloge

de César, de sa clémence et de son génie militaire est enthousiaste et confine à la flagornerie. Comment donc, et c’est une véritable énigme, sinon

stéphane rattiÀ la lumière de la correspondance intégrale de cicéron que viennent de publier Les Belles Lettres, l’historien examine les sentiments qu’éprouvaient l’un pour l’autre l’intellectuel et l’homme d’état les plus célèbres de l’antiquité romaine.

regrettait qu’une chose, à savoir qu’Antoine n’ait pas été assassiné le même jour.

Mais Cicéron était-il présent ce matin du 15 mars alors que César fut transpercé par les dagues des conjurés ? Pour certains Cicéron aurait assisté au meurtre. Je crois, au contraire, comme Jérôme Carcopino, que Cicéron avait été tenu à l’écart par les conjurés qui, ainsi que l’écrit Plutarque, craignaient ses hésitations. Brutus, alors que César s’était écroulé dans la curie au pied de la statue de Pompée, invoqua bien le nom de Cicéron en le remerciant de son action en faveur du rétablissement de la République : c’est Cicéron lui-même qui le rapporte dans la deuxième Philippique. Mais cet hommage destiné à rassurer les sénateurs présents n’implique nullement que Cicéron ait été dans les lieux.

Plus peut-être qu’à toute autre, les hommes de cette époque ont été, pour parler comme Brutus, « esclaves de la Fortune ». Raison de plus pour lire ces lettres dans lesquelles Cicéron se dévoile tel qu’en lui-même et tel que sa fortune le laisse libre de dire ce qu’il pense.

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C hef de section dans les Marines pendant la guerre du Vietnam, ana-lyste à la Rand Corporation, et secrétaire adjoint à la Défense pour les affaires de sécurité internationa-les sous Ronald Reagan, Francis

« Bing » West a fait de multiples séjours avec les troupes américaines en Irak et en Afghanistan. Il est l’auteur d’une dizaine de livres consacrés à ces conflits, dont The Village, sur le Vietnam, devenu une référence pour les études sur la contre-insurrection, et The Wrong War, ouvrage consacré à la guerre d’Afghanistan. Il avait été le coauteur d’Indicatif Chaos, les mémoires du général Jim Mattis, ancien secrétaire à la Défense de Donald Trump.

LE FIGARO. - Que pensez-vous de la décision de Joe Biden de retirer les troupes américaines d’Afghanistan ?Bing WEST. - C’est une décision purement politi-que, très risquée et absolument inutile. L’ironie est qu’elle intervient alors que la situation ac-tuelle était parfaitement possible à maintenir en l’état. Le général Scott Miller faisait un excellent travail en assurant la défense des villes afghanes et des provinces importantes, avec seulement 2 500 soldats. Nous n’avons subi aucune perte depuis plus d’un an, au point qu’il est presque plus dangereux d’être policier dans une grande ville américaine que militaire en Afghanistan en ce moment. Et je ne suis pas persuadé que le pu-blic américain soit aussi las de cette guerre que ne le sont nos dirigeants. Ce retrait est une décision purement politique, prise par deux présidents successifs, l’un républicain, Donald Trump, l’au-tre démocrate, Joe Biden, contre l’avis de leurs généraux et de leurs diplomates.

Comment en est-on arrivé à la situation actuelle ?La guerre d’Afghanistan s’est déroulée en trois phases. La première a commencé en 2001 avec l’invasion lancée par le président George W. Bush pour détruire al-Qaida et renverser les talibans qui lui avaient donné refuge. À l’époque, une er-reur militaire a été commise en laissant Ben Laden s’enfuir vers le Pakistan. Ensuite, le prési-dent a fait pivoter la mission vers une entreprise de reconstruction politique de l’Afghanistan. Ce n’était plus un impératif de sécurité nationale. Les militaires ont pensé qu’ils en étaient capa-bles, et nous avons entrepris le projet gigantes-que de construction d’une société démocratique dans un pays tribal, sans d’ailleurs se donner les moyens de le faire. La deuxième phase commen-ce en 2009 avec son successeur, Barack Obama, qui s’est laissé convaincre par les militaires, et notamment par les généraux Petraeus et McChrystal, qu’il était possible de remporter la guerre contre-insurrectionnelle en déployant plus de troupes. C’est pendant cette période, en-tre 2008 et 2012, que nous avons subi 75 % de nos pertes en Afghanistan. En 2013, et c’est la troisiè-me phase, nous avons changé de stratégie en ré-duisant au maximum les troupes déployées à des forces spéciales et des programmes d’entraîne-ment de l’armée afghane, et cette dernière mé-thode a plutôt bien fonctionné. Pour résumer, nous avons commencé par ne pas en faire assez puis trop, avant de trouver l’équilibre. Et c’est à ce moment-là que nous nous retirons sans conditions.

Vous avez servi pendant la guerre du Vietnam dans les Marines, des analogies existent-elles entre les deux conflits, notamment par le retrait unilatéral des Américains ?Le parallèle avec le Vietnam est évident. Après 1973, la guerre n’était pas perdue, les forces ter-restres américaines avaient été retirées et l’ar-

« Si des réseaux terroristes parmi

les plus virulents, comme Haqqani, reprennent leurs activités, ce qui est tout à fait envisageable, Joe Biden sera alors obligé d’intervenir à nouveau en Afghanistan»bing west

Adrien [email protected]

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» Lire aussi pages 8 et 9+« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge �atteur » Beaumarchais

Le spécialiste des questions militaires fustige le caractère purement politique de ce choix pris par les deux présidents successifs Donald Trump et Joe Biden.mée sud-vietnamienne se battait. Mais le Congrès a suspendu l’aide militaire qu’il lui accordait et a interdit tout recours aux bombar-dements aériens pour la soutenir, comme nous l’avions fait pendant l’offensive de Pâques 1972. Nous avons ainsi ouvert, en 1975, les portes au Nord Vietnam, à la Chine et l’Union soviétique. De là date aussi cette idée reçue, et parfaitement erronée, selon laquelle une loi historique empê-chait de vaincre une guérilla. Historiquement, les conditions de notre défaite au Vietnam et en Irak sont assez proches. Nous avons, à chaque fois, laissé à l’ennemi un sanctuaire : le Nord Vietnam pour le Vietcong, la Syrie et l’Iran aux insurgés en Irak, et le Pakistan aux talibans tout au long de la guerre d’Afghanistan. Alors que nous soutenions financièrement l’armée pakistanaise, il aurait été possible de lui faire comprendre que nous suspendrions l’aide si elle restait derrière les talibans.

Vingt ans après la fin de la guerre froide, les États-Unis se retirent d’Afghanistan comme l’avaient fait les Soviétiques ?Il y a évidemment un parallèle direct avec la guerre soviétique en Afghanistan. Nous avions à l’époque soutenu les moudjahidines contre la Russie, mais nos services de renseignement n’ont pas assez bien communiqué avec nos décideurs politiques et nos diplomates sur la nature de ces insurgés, et sur leur niveau de religiosité. L’autre leçon qui n’a pas été tirée est dans le choix des dirigeants afghans que nous avons appuyés. Les chefs ont une importance capitale dans le dérou-lement des événements historiques. Hamid

Karzaï et Ashraf Ghani étaient de parfaits candidats pour des postes de hauts fonctionnaires internationaux, mais ils n’avaient pas l’étoffe de chefs de guerre.

Quel est le scénario probable après le retrait des troupes américaines ?Il est difficile d’évaluer les capacités de résistance du gouvernement afghan. Certes, l’exemple historique des Soviétiques, qui avaient soutenu pendant trois ans avec succès un gouvernement à Kaboul contre les insurgés, montre qu’il n’est pas impossible de résister. Mais les combats de ces dernières années entre l’armée afghane et les ta-libans ne sont pas très encourageants. Si les tali-bans s’emparent de Kaboul, beaucoup d’Afghans qui nous ont fait confiance seront assassinés. L’ennui est que Biden n’a absolument rien prévu, même pas en matière de soutien aérien. Si des réseaux terroristes parmi les plus virulents, comme Haqqani, reprennent leurs activités, ce qui est tout à fait envisageable, il sera alors obligé d’intervenir à nouveau en Afghanistan.

L’argument invoqué de ramener les troupes à la maison ne vous paraît pas valable ?Parler de nos soldats comme de victimes est un concept inventé par les médias. Contrairement au cas du Vietnam, nos forces sont constituées de volontaires. Quand on s’engage dans l’infanterie pour servir en première ligne, personne n’est déçu d’être envoyé au combat. C’est même plutôt l’inverse. Nos soldats sont bien équipés, bien payés, et très bien considérés tant de la part de la population que du Congrès. ■

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e « Contrairement au cas du Vietnam, nos forces sont constituées de volontaires. Quand on s’engage dans l’infanterie pour servir en première ligne, personne n’est déçu d’être envoyé au combat. C’est même plutôt l’inverse. »

Bing West : « Le retrait d’Afghanistan est une décision très risquée et inutile »

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samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro - N° 23 866 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

Orange veut supprimer 485 emplois en EspagneOrange veut faire des coupes fran-ches en Espagne, son deuxième marché après la France. Le géant des télécoms a annoncé vendredi aux syndicats son intention de sup-primer jusqu’à 485 emplois en Es-pagne, soit 15 % des 3 100 salariés du groupe dans le pays.Orange justifie ces suppressions de postes par les difficultés qu’il ren-contre dans le pays, où la concur-rence entre opérateurs télécoms est vive. « Le secteur des télécoms voit depuis des années ses revenus chuter

en raison de l’hypercompétitivité du marché et de la multiplicité des ac-teurs low-cost », a justifié l’opéra-teur dans un communiqué. Au pre-mier trimestre 2021, le chiffre d’affaires d’Orange Espagne a re-culé de 7,4 % par rapport à l’année précédente, tirant vers le bas les résultats du groupe télécoms en Europe. L’opérateur estime ne pas avoir d’autre choix que « d’adapter les opérations afin de garantir la compétitivité de l’entreprise » - et donc se séparer de nombreux sala-

riés. Son objectif est de retrouver de la croissance en Espagne en 2022.Le syndicat Commissions ouvrières a dénoncé « une décision honteuse, unilatérale et traumatisante », à la-quelle il se dit « totalement oppo-sé ». « Nous sommes une entreprise qui fait de juteux bénéfices », rappel-le Commissions ouvrières. En 2020, l’ensemble du groupe Orange a réalisé un bénéfice net de 5 mil-liards d’euros (+ 60%), dopé par un produit exceptionnel d’impôt de 2,25 milliards d’euros. Mais le ré-

sultat d’exploitation a reculé de 1 % à 13 milliards d’euros, en partie dû aux mauvaises performances de l’Espagne.« Le secteur des télécoms est en plei-ne expansion. Pourquoi ne donne-t-on pas une chance aux salariés, le temps que la situation s’améliore ? », poursuit le syndicat. Une première réunion avec les représentants des salariés aura lieu dans les prochains jours. Les négociations s’étendront jusqu’en juin. C. W. (avec aFP)

L’étau se resserre autour du magnat de l’acier anglo-in-dien, Sanjeev Gupta. Les auto-rités britanniques soupçonnent de fraude son groupe Gupta Family Group Alliance (GFG), à la peine depuis la faillite reten-tissante du financier Greensill, son principal prêteur. Le Se-rious Fraud Office (SFO), le parquet financier outre-Man-che, a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête « sur des soupçons de fraude, de commer-ce frauduleux et de blanchiment d’argent dans la conduite de l’activité des entreprises de GFG Alliance, y compris ses liens fi-nanciers avec Greensill ». GFG (20 milliards d’euros de chiffre d’affaires) a indiqué avoir pris note de cette annonce et être prêt à « coopérer pleinement avec l’enquête ».Le Financial Times a évoqué ré-cemment la remise de factures suspectes par le groupe Gupta à Greensill en échange de fonds. De fait, Greensill était spécialisé dans l’affacturage

inversé, qui consiste pour une entreprise à solliciter un prêt auprès d’un financier pour qu’il paie ses fournisseurs à sa place. Or, selon le Financial Ti-mes, plusieurs entreprises mentionnées dans les factures auraient démenti être clientes de GFG. Le groupe a toutefois nié toute malversation. De son côté, Greensill, dont le modèle a été comparé à une « fraude pyramidale » par d’anciens responsables du Trésor britan-nique, aujourd’hui membres de la Chambre des lords, n’était pas tenu de vérifier les factures.C’est un nouveau coup pour Sanjeev Gupta, qui cherche désespérément de nouveaux fonds, notamment pour éviter des fermetures d’usines chez son bras sidérurgique Liberty Steel. Celui-ci a déjà annoncé être à la recherche de repre-neurs pour ses usines françai-ses rachetées en septembre 2020, l’aciérie Ascoval et l’usi-ne de rails de Hayange. D. G.

Greensill : le magnat de l’acier Sanjeev Gupta soupçonné de fraude

l'histoire

LA SÉANCE DU VENDREDI 14 MAI 2021

CAC 406385,14 +1,54%

DOW JONES34284,68 +0,77%

EUROSTOXX 504016,14 +1,61%

FOOTSIE7043,61 +1,15%

NASDAQ13339,38 +1,76%

NIKKEI28084,47 +2,32%

ONCE D’OR1833,50 (1814,30)

PÉTROLE (lond)

68,410 (67,000)

Je suis le roi du monde ! », hurlait Leonardo DiCaprio, juché sur la proue du Titanic, dans le film de James Cameron. Seuls les rois du monde d’aujourd’hui, les Chinois,

semblent capables de cette folie : faire renaître le mythique paquebot Titanic, près de 110 ans après son naufrage dans l’Atlantique. Long de 260 mètres comme l’original de la White Star Line, lourd de 23 000 tonnes d’acier, équipé d’une machine à vapeur, le navire, en construction depuis six ans, s’apprête à accueillir ses passagers à la fin de l’année. Sauf que les croisiéristes qui dépenseront 2 000 yuans (256 euros) pour une nuit dans une cabine reconstituée avec tous les détails d’époque effectueront un voyage immobile. Le Titanic

chinois (notre photo) repose en effet dans une cale, le long d’une rivière, à Suining dans le Sichuan, à 1 000 kilomètres de la côtela plus proche. Su Shaojun, le promoteur de ce futur « Titanicland », n’en est pas moins persuadé qu’il attirera 2 à 5 millions de touristes par an, raconte-t-il à l’AFP. Ce projet, titanesque - forcément - a coûté 10 milliards de yuans (1,2 milliard d’euros). Le succès planétaire du film (1997) et de la chanson de Céline Dion n’avait pas épargné l’empire du Milieu, et Su Shaojun rêve d’en inviter les vedettes pour inaugurer son parc, sous les projecteurs. En attendant,les touristes français, et pourquoi pas chinois

lorsqu’ils reviendront, peuvent toujours revivre, avec plus de modestie mais non sans émotion, l’ambiance du Titanic à la Cité de la mer de Cherbourg. ■ Fabrice Nodé-LaNgLois

Dette publiqueNette remontée des taux d’intérêt à dix ans en Francepage 23

le PLUS du FIGARO écO

Le Titanic va renaître en Chine, échoué à 1 000 km de la mer

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MISSISSIPPIaPrèS SuEz, uNE auTrE vOIE vITaLE bLOquéE page 24

économie

lefigaro.fr/economie

« Notre but est de faire de l’argent, pas de créer des problèmes pour la socié-té », avait feint le groupe cybercrimi-nel Darkside après la paralysie des olé-oducs américains de Colonial Pipeline en début de semaine. Des problèmes, les services publics de santé irlandais ne rencontraient que ça vendredi, après une nouvelle attaque au rançon-giciel de Darkside sur le système infor-matique du HSE Ireland. En raison d’un problème qualifié de « sérieux », l’en-semble des systèmes ont été arrêtés pour éviter toute propagation. Des hô-pitaux ont dû annuler des consulta-tions ambulatoires, des rendez-vous non urgents et revenir au papier et au crayon. Les vaccinations contre le Co-vid-19 n’ont pas été affectées.Autre victime connue de Darkside : la fi-liale française du groupe technologique Toshiba a indiqué avoir été la cible de son rançongiciel début mai. L’attaque n’a compromis aucune donnée client, assure-t-il « et la quantité de travail perdu a été très minime ». Le groupe n’a pas évoqué le sujet de la rançon.En revanche, Colonial Pipeline aurait versé la somme de 5 millions de dol-lars pour pouvoir faire redémarrer plus vite ses opérations, selon deux sources proches de la transaction ci-tées par l’agence Bloomberg. D’une manière générale, le FBI et le dépar-tement de la Sécurité découragent le paiement des rançons car cela nourrit le modèle économique des criminels et leur donne des moyens pour géné-rer d’autres attaques plus sophisti-quées et ambitieuses. Mais le coût journalier causé par l’arrêt en appro-visionnement des stations-service de grandes villes américaines était aussi à prendre en compte.Darkside a commencé à faire parler de lui en août 2020. Spécialisé dans les attaques au rançongiciel, il a conçu une plateforme logicielle qu’il propose aussi à des hackers informatiques « affiliés ». Vendredi, un membre de Darkside aurait reconnu que certains serveurs du groupe ont été mis hors ligne, selon la société de cybersécuri-té Recorded Future, dont le serveur utilisé pour se faire payer les rançons. Cette annonce pourrait être aussi un subterfuge pour éviter d’avoir à payer des associés. inGriD verGara

> FOCUS

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restauration : derniers préparatifs avant réouverture

Après des mois de fermeture, les établissements pourront accueillir les clients en terrasse à partir de mercredi. toute la filière est mobilisée pour la reprise. page 22

Ministre délégué chargé du Commerce extérieur.

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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22 l'événement

Marie Bartnik £@mariebartnik olivia detroyat @oliviader guillauMe Mollaret @newsdusud et Mathilde visseyrias @MVisseyrias

restauration Le bout du tunnel, enfin. Pour les restaurateurs, le 19 mai sonne comme une renais-sance. Après des mois de fermeture, ils vont à nouveau pouvoir ac-cueillir leurs clients. La reprise sera certes progressive, le programme gouvernemental de réouverture à 100 % des terrasses et des salles s’étalant jusqu’au 30 juin, date de fin du couvre-feu. Mais aux côtés des professionnels pressés d’en finir avec parfois plus d’un an d’arrêt forcé, toute une noria de fournis-seurs et de prestataires (du petit producteur de fromages aux blan-chisseurs chargés des nappes et ser-viettes en passant par les fabricants de fourneaux, les brasseurs et les producteurs de frites) est mobilisée depuis des semaines pour se remet-tre en marche.

« On est très heureux de retrouver nos clients, lance Laurent Fréchet, président de la branche restaura-tion du Groupement national des indépendants (GNI). Mais nous avons la peur au ventre. Si la météo n’est pas bonne, ça peut être catas-trophique. » Tout en installant les terrasses provisoires, les restaura-teurs remettent à plat cartes, horai-res, besoins en personnel…

Chacun fait ses calculs pour ré-duire au maximum le niveau de charges. « J’attaque le 19 mai en es-pérant que le soleil sera de la partie, raconte Franck Dehede, gérant du restaurant Zango, à Lille. J’aurai une capacité de 24 couverts par jour, au lieu de 160. Les trois premières se-maines, je ne mettrai en place que la moitié de mes cartes. » Il réception-ne les denrées alimentaires et les boissons. Les dix salariés sont reve-nus faire un grand ménage de prin-temps. Mais à la réouverture, il n’y aura pas de travail pour tous. « Je remettrai sept salariés en chômage partiel, en faisant tourner les plan-nings », prévient Franck Dehede.

Dans le Finistère, Hubert Jan se prépare à rouvrir son bistrot Chez Hubert, fermé depuis le 30 octobre. Depuis plus de six mois, ses dix em-ployés sont en chômage partiel. Il leur a demandé de revenir à partir du 2 juin pour tout remettre en marche et réfléchir aux nouveaux plats. « Le 19 mai, je ne rouvrirai que le bar de ma terrasse. Ce n’est pas viable de rouvrir les cuisines avec un

de production. Leur objectif : éviter tout risque de pénurie à la réouver-ture des restaurants. En mars, les deux usines de frites et produits à grignoter de McCain, à Béthune et Matougues, ont retrouvé leur ryth-me d’activité habituel.

Début mai, les commerciaux de Coca-Cola en Europe ont visité 35 % de leurs clients restaurateurs pour relancer la machine. Depuis mars, l’embouteilleur a récupéré chez ses clients trois millions de bouteilles en verre de Coca-Cola normal, Zéro et Light périmés, pour les remplir et abreuver les dizaines de milliers de terrasses. En juin, il passera la ligne de verre en 3×8 de son usine de Cla-mart et les équipes seront doublées. C’est déjà le cas sur la ligne de bou-teilles en plastique. « Le but est d’éviter le tsunami que nous avons connu lors de la première réouverture de juin 2020 », reconnaît Bertrand Desclaux, le directeur de l’usine.

Risque de pénurie de fromages affinésKronenbourg est plus prudent. La ligne de fûts de sa brasserie d’Ober-nai a été poussée, pour fonctionner avec 750 000 litres par jour. Mais Rémy Sharps, patron du brasseur en France, anticipe une reprise pro-gressive sur les deux prochains mois : « Les gens ont pris des habitu-des qui ne changeront pas du jour au lendemain », craint le dirigeant.

Y a-t-il un risque pour les restau-rateurs de manquer de denrées ? Au marché de Rungis, tout le monde est dans les starting-blocks depuis la semaine dernière. Malgré « les gamelles prises à Pâques, nous aug-mentons les stocks », prévient Jean-Michel Peuch, président d’Unigros, qui fédère les grossistes du marché.

Chez Bonduelle, le pari de « pro-duire comme une année normale », selon Pierre Bidault, directeur commercial des activités hors foyer, s’avère payant : « Ça part très fort », confirme le responsable, qui a fait grimper ses stocks de produits finis et semi-finis depuis la fixation du calendrier officiel.

Les producteurs de viande s’at-tendent à un coup de feu de derniè-re minute, mais ils ont pris les de-vants. Congelées en partie, les pièces les plus nobles (rumstecks, faux-filets, bavettes) sont disponi-bles en stocks. « Les abattoirs sont habitués à gérer des pics de demande de 20 à 30 % lors des week-ends de beau temps ou d’opération promo-tion », souligne Paul Rouche, direc-teur délégué de Culture Viande.

En revanche, les clients risquent d’être déçus au moment du froma-ge. « Sur l’AOP savoyarde Abondan-ce, les stocks sont bas », prévient Sébastien Breton, directeur de l’As-sociation des fromages de Savoie. Pour les fromages à affinage long (beaufort, comté), « mieux vaut commander très vite, car il risque de manquer de matière », prévient Mi-chel Lacoste, le président du syndi-cat des fromages AOP.

Comme leurs clients, les ensei-gnes de distribution privilégiées des restaurateurs ont poussé un ouf de soulagement à l’annonce de la réouverture. Elles sont soumises à une gymnastique délicate. « Nous avons 4 000 fournisseurs. Pour les fruits et légumes, il faut que l’on pré-vienne les producteurs avec lesquels nous travaillons au moment où ils plantent, explique Pascal Peltier, di-recteur de Metro. Nous avions tablé sur une réouverture mi-avril. Nous avons donc un peu d’avance… » Les denrées arrivées trop tôt dans les rayons de Metro seront données à des associations.

« Les achats ont frémi dès le 30 avril. Les restaurateurs se sont d’abord rééquipés en produits sani-taires et d’hygiène, puis il y a dix jours en produits alimentaires secs et surgelés. Cette semaine, la demande repart fortement sur les produits frais », constate Florence Batchou-rine, directrice exécutive de Pro-mocash. Chez Metro, qui équipe ses clients du four aux produits frais, les ventes de produits non alimentaires sont supérieures de 40 % à leur ni-veau de l’an passé. Après sept mois de fermeture, les restaurateurs se rééquipent en vaisselle, fourneaux et matériel de lavage…

Pour autant, le retour aux ni-veaux de ventes d’avant la pandé-mie attendra. Seuls 40 % des res-taurateurs sont équipés de terrasses. Avec la jauge fixée à 50 %, les grossistes s’attendent à engran-ger 20 % seulement de leurs ventes pré-Covid à compter du 19 mai, qui s’ajouteront à leur activité actuelle. En revanche, ils ne pensaient pas vendre autant de terrasses. Metro avait passé commande auprès de ses fournisseurs il y a an. Il redoute une rupture de stock. « Nous ne pensions pas que la demande serait nettement supérieure à celle de l’an-née dernière », reconnaît Pascal Pelletier. Si les déclarations des res-taurateurs sont prudentes, ce ni-veau de commande est une preuve tangible de leur optimisme et de leur envie d’entreprendre… ■

Restauration : toute la filière sur le pont pour rouvrir les terrasses

15 maRs 2020Fermeture administrative de tous les restaurants.

2 juin 2020Réouverture progressive.

30 octobRe 2020Fermeture administrative de tous les restaurants.

19 mai 2021Réouverture des terrasses avec jauge de 50 %, 6 personnes maximumpar table. Couvre-feu à 21 heures.

9 juin 2021Réouverture des salles avec jauge de 50 % (100 % en terrasse), 6 personnes maximum par table. Couvre-feu à 23 heures.

30 juin 2021Suppression des jauges et du couvre-feu. Protocole sanitaire à définir.

quinze mois et demi de galèRes

Après des mois d’inactivité forcée, les patrons d’établissement, ainsi que tous leurs fournisseurs (agriculteurs, industriels, distributeurs…), se mobilisent pour la reprise.

couvre-feu à 21 h, raconte le restau-rateur. Les cartes se-ront restreintes, car nous ne savons pas si nous trouverons des saisonniers. »

Les organisations professionnelles re-doutent que 100 000 employés, soit 10 % de la main-d’œuvre, manquent à l’appel. « La France risque d’être coupée en deux », craint Lau-rent Fréchet. Sur le littoral, il va man-quer des bras ; dans d’autres régions, comme à Paris, le chômage partiel va se poursuivre.

« Les cartes d’été sont prêtes, an-nonce Christophe Joulie, président du groupe Joulie (14 brasseries à Paris), qui n’ouvrira que le 9 juin. Comme une partie des équipes va rester en chômage partiel, elles ont été restreintes d’au moins 30 %. Nous avons supprimé les plats néces-sitant le plus de main-d’œuvre. »

manque de personnelQu’ils s’attendent ou non à être en surrégi-me, les restaurateurs doivent composer avec des employés qui ont découvert de-puis un an une nou-velle vie où ils peu-vent profiter de leurs soirées et week-ends. Beaucoup n’ont plus envie de se replonger dans le rythme de la restauration. À La Table d’Uzès dans le Gard, le chef étoilé Christophe Ducros a pris le café avec sa brigade tous les 15 jours depuis octobre, pour en maintenir la cohésion. Certains ont « ressenti un coup de mou » et trouvé une acti-vité pour y palier. « Je me suis engagé comme réserviste dans la Légion, au 1er REG », dit l’un d’eux. À deux mois de l’ouverture, le restaurant a dû faire face au départ de sa pâtis-sière. « Elle nous a annoncé au détour de la conversation qu’elle ne revien-drait pas, car elle comptait se réorien-ter dans une autre activité », se sou-vient le chef. Devant la difficulté de recruter, il a formé son équipe à la pâtisserie.

Dans l’urgence, les restaurateurs apprennent à travailler différem-ment. « En juin 2020, il nous a man-qué un peu de personnel, se rappelle

Tigrane Seydoux, co-fondateur de Big Mamma. Pour éviter que cela se reproduise,

nous avons gardé un contact perma-nent avec nos salariés. Nous antici-pons très peu de départs. » Big Mam-ma ouvrira cinq terrasses le 19 mai. Pour la plupart, les horaires de ser-vice seront élargis en journée et elles ouvriront le soir à partir de 18 h 30. S’il sera possible de venir manger une pizza au dernier moment, l’en-seigne fonctionnera désormais « avec un modèle mixte à 50 % sur

réservations et 50 % en accès libre ». Un changement de stra-tégie. « L’annonce d’une jauge de 50 % sur les terrasses à quelques jours de l’ou-verture a été une dou-che froide, lance Ti-grane Seydoux. Mais nous voulons réen-clencher la machine. Il y a chez nos clients une envie de profiter et de rattraper le temps perdu. »

À Londres, où Big Mamma a rouvert un restaurant il y a trois semaines, le ticket moyen a augmenté de 20 % grâce aux apéros et à la consommation d’alcool. En France, la plupart des restaurants disposant de grandes terrasses sont complets pour la semaine de réou-verture. « 90 % des réservations sont prises à 19 heures, alors qu’habituelle-ment c’est plutôt 20-20 h 30, constate Xavier Zeitoun, cofondateur de Zen

chef, qui fournit une solution de réserva-tion en ligne à 5 000 restaurants. Il y a même des réservations à partir de 18 h, pour des apéros after work. » Depuis le 1er janvier, 700 res-taurants ont souscrit à l’offre de Zenchef : tous cherchent à an-ticiper l’occupation de leurs tables, pour mieux gérer le per-sonnel et les achats.

Les clients pressés de profiter de la libération des ter-rasses doivent s’attendre à des car-tes plus courtes. La peur de gâcher des matières premières pousse les restaurateurs à aller à l’essentiel. Leurs fournisseurs de boissons et denrées alimentaires, eux, ont déjà accéléré la cadence de leurs lignes

Qu’il s’agisse des restaurateurs ou de leurs fournisseurs, tous partagent la même obsession pour la réouverture : ajuster au plus près le niveau des stocks.

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le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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économie 23

née. Au premier trimestre, le ren-dement des obligations du Trésor à 10 ans était en effet passé de 0,9 % à 1,74 %. L’envolée des taux s’est accompagnée outre-Atlanti-

que d’une accélération de l’infla-tion, qui a atteint 4,2 % en avril, sur un an, en grande partie en raison de l’effondrement des cours du pétrole au printemps 2020.

En Europe, les prix restent en-core contenus : en mars, l’inflation était limitée à 1,3 %. Pour l’ins-tant, les économistes, comme les investisseurs, ne s’affolent pas.

« Les anticipations inflationnistes exprimées par le marché ne poin-tent pas l’enclenchement d’une spi-rale inflationniste ; mais plutôt un phénomène de bosse de court terme, suivi d’un reflux vers une sorte de normalisation », juge ainsi Hervé Goulletquer, de La Banque postale Asset management.

Janet Yellen, l’actuelle secrétaire au Trésor et ancienne patronne de la Réserve fédérale, a toutefois esti-mé la semaine dernière que les taux américains pourraient devoir être légèrement relevés afin d’éviter une surchauffe de l’économie. Côté européen, une telle perspective n’est pas à l’ordre du jour car elle représenterait un coup d’assom-moir pour l’économie qui se projet-te tout juste dans la reprise. Les en-treprises françaises, parmi les plus endettées des pays développés, en pâtiraient particulièrement. ■

Nette remontée des taux d’intérêt à dix ansPour l’instant, les économistes ne s’alarment pas mais le phénomène, mondial, pourrait handicaper la reprise.

Anne-Hélène Pommier £@ahpommier1

Social Cela partait d’une bonne intention mais pourrait déboucher sur une immense déception. Placés sous le feu des projecteurs lors des confinements, caissières, éboueurs, manutentionnaires, agents de sécu-rités et d’entretien attendent tou-jours leur grand soir, depuis qu’Em-manuel Macron les a publiquement remerciés à la télévision en avril 2020. « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies recon-naissent et rémunèrent si mal… », avait insisté le chef de l’État alors que la majorité des salariés était confinée chez elle. À l’automne 2020, le chantier visant à la meilleu-re reconnaissance de ces salariés était inscrit à l’agenda social. Fin fé-vrier 2021, la mission Follenfant-Erhel publiait une liste de 17 métiers de la « 2e ligne » basée sur deux cri-tères : l’exposition au risque Covid-19 et la présence sur site pendant le premier confinement.

Mais, depuis, c’est le statu quo. Car s’il y a consensus chez les parte-naires sociaux sur une nécessaire revalorisation de ces métiers expo-sés, c’est loin d’être le cas sur les moyens d’y parvenir. Formation,

adaptation des parcours profes-sionnels, qualité de vie au travail… sont cités par les syndicats mais le prérequis porte sur la rémunéra-tion. Ils l’ont d’ailleurs fait savoir aux organisations patronales qui n’ont pas apprécié la tournure prise par la discussion.

Cette attente des salariés n’a pas échappé au gouvernement. Mi-mars lors de la troisième conférence du dialogue social à Matignon, la prime défiscalisée (Macron ou pa-tron, c’est selon) a fait son retour. Raté ! La solution n’a satisfait per-sonne. Du côté syndical, on privilé-giait une mesure pérenne comme une hausse du smic, refusée par le gouvernement. Quant aux em-ployeurs, ils ont regretté que la pri-me, perçue comme un acquis par beaucoup de salariés, soit source de frustrations, peu d’entreprises ayant encore les moyens de la ver-ser après un an de crise.

Trois branches prêtesLes syndicats sont d’autant plus du-bitatifs sur une issue heureuse que le chantier, ouvert à la demande du président, n’est pas une véritable négociation nationale encadrée par les pouvoirs publics… « Nous som-mes inquiets depuis le début car ce dossier repose sur des négociations de branches. Or pour négocier, il faut être deux. Et quand on voit les réac-

tions patronales, on sait qu’il y a peu de marges de manœuvre », déplore Karen Gournay, chez FO.

Pour le moment, sur les 15 bran-ches concernées, seules trois sont prêtes à ouvrir la discussion : la pro-preté, les métiers de bouche et la sécurité. Pour forcer un peu la main aux douze autres, le syndicat a tenté d’obtenir du gouvernement l’ins-tauration d’une obligation de négo-cier sur certains points. En vain. Un texte légal serait nécessaire et cela prendrait des mois.

Ce refus a soulagé le patronat. « La réponse est du côté des bran-ches, soutient Hubert Mongon, le “M. Social” du Medef et délégué gé-néral de l’Uimm, la puissante fédé-

ration de la métallurgie. Mais si l’État veut faire un grand séminaire en réunissant les branches pour échanger sur les bonnes pratiques, nous serons évidemment présents. » Au ministère du Travail comme à la CFDT, on veut rester confiants, es-pérant que les avancées obtenues dans les branches volontaristes pousseront les autres à agir.

Mais pour Frédéric Guzy, direc-teur général de l’association Entre-prise&Personnel, l’enlisement du dossier tient à son timing. « L’im-pulsion a été l’émotion liée crise sani-taire, mais le sujet ne date pas d’hier. Depuis des années, les entreprises, notamment dans la grande distribu-tion, travaillent à l’évolution des mé-

tiers les moins valorisés. Tout n’est pas parfait mais des choses ont été faites. Le problème est peut-être qu’il n’y a pas de solution rapide, qu’on s’est un peu emballés », pointe l’an-cien DRH. « Le gros problème, c’est que le président de la République veut pouvoir inscrire à son bilan qu’il a fait quelque chose pour ces travailleurs, mais que le ministère n’a aucun levier d’action, à part la prime. Ils ont allu-mé un incendie et cela va être compli-qué de l’éteindre », dénonce un re-présentant patronal. « Le pire des scénarios serait que nous sortions de la crise avant d’avoir obtenu gain de cause et que tout le monde passe à autre chose », abonde Catherine Pinchaut, à la CFDT.

Le syndicat réformiste a d’ailleurs déjà appelé à la grève ces dernières semaines chez Carrefour et anticipe une coagulation des lut-tes avec le débranchement des ai-des publiques et la vague de plans sociaux annoncés. Mais c’est sur-tout l’ombre des « gilets jaunes » qui plane sur le dossier. Dans ce cli-mat social tendu, la colère de nom-bre de ces travailleurs précaires échappe aux organisations syndi-cales pour aller s’exprimer sur les ronds-points et dans les rues de France. Un risque dont a conscien-ce l’Élysée qui veut à tout prix éviter un « automne social » à six mois de la présidentielle… ■

Les caissières, mises en lumière pendant le confinement, font partie de ces métiers dits de « deuxième ligne ». STEPHANE MAHE/REUTERS

Une possible révolte des travailleurs de la « 2e ligne » à la rentréeSix mois après le lancement du chantier les concernant, les frustrations enflent et alimentent la grogne sociale.

« Tout le monde

a conscience que l’étincelle pourrait venir des travailleurs de la « deuxième ligne ». Le sujet monte et peut exploser à l’automne»Jean-Claude Mailly, ex-seCrétaire général de FO

Anne de guigné £@adeguigne

conjoncture Le mouvement de remontée des taux d’intérêt de l’État français s’est accéléré depuis quinze jours. Cette semaine, le ren-dement des obligations à dix ans a franchi le seuil des 0,2 % quand il évoluait encore entre - 0,3 % et - 0,2 % au début de l’année. Ce retour dans le vert de l’obligation, après quelque deux ans en territoire négatif, avait été anticipé dans le budget. La loi de finances, votée en décembre dernier, table ainsi sur un taux à dix ans à 0,7 % à la fin de l’année et une moyenne à 0,5 % pour 2021. Si la pression actuelle se maintient sur les taux, la réalité pourrait, pour une fois, rejoindre cette année les anticipations, tou-jours très prudentes et critiquées, de Bercy.

Le budget supportera le choc. Avec un taux moyen à 0,5 % sur l’année, la charge budgétaire de la dette est en effet attendue à 37,1 milliards d’euros en 2021, contre plus de 40 milliards en 2018. Le mouvement de remontée actuelle des taux inquiète davan-tage pour l’avenir, d’autant que si les défenseurs d’une rallonge du plan de relance obtiennent gain de cause à la rentrée, Paris pourrait à nouveau s’engager en 2022 sur des levées de dettes records sur les marchés. Et le coût de leur rem-boursement pourrait s’envoler. Selon les calculs du sénateur LR Jérôme Bascher, « un choc de taux de 1 % se traduirait par une aug-mentation de la charge de la dette de 28,9 milliards d’euros d’ici à 2030. »

L’inflation grimpe aussiReste que cette remontée spectaculaire concerne l’en -semble des obligations souverai-nes européennes. Le rendement de l’obligation allemande à dix ans atteignait cette semaine - 0,13 % contre - 0,57 % le 1er janvier, le rendement italien, 0,97 %, versus 0,5 % il y a cinq mois. Cette hausse des taux s’explique essentiellement par la perspective d’une réouverture de l’économie sur fond de sortie de la crise sanitaire.

Les États-Unis, dont l’activité a redémarré plus vite, ont connu une phase identique au début de l’an-

mAnon mAlHère £@ManonMalhere

À l’heure où le gouvernement met tout en œuvre pour réussir la sor-tie de crise en opérant notamment une fin très progressive des aides d’urgence, les coups de pouces fis-caux constituent aussi des leviers non négligeables pour redonner de l’air aux entreprises. C’est le cas du « carry back », ou « report de déficit en arrière », qui peut amé-liorer la trésorerie des sociétés en-dettées et dont le renforcement est, selon nos informations, à l’étude.

En temps normal, cette mesure fiscale permet à une société en mauvaise santé d’imputer son dé-ficit aux bénéfices réalisés l’année précédente dans une limite de 1 million d’euros. L’intérêt ? Bé-néficier du remboursement d’une

partie de l’impôt sur les sociétés déjà versé l’année précédente. Et, si l’entreprise n’utilise pas cette créance pour payer l’impôt au cours des cinq années suivantes, elle peut alors la récupérer.

L’exécutif a déjà musclé tempo-rairement le dispositif dans le troi-sième budget de crise voté en juillet dernier. Les entreprises qui ont opté pour ce fameux « carry-back » ces dernières années peu-vent obtenir un remboursement immédiat de leur créance d’impôt et ont jusqu’au 19 mai pour en faire la demande au fisc. « Cela donne un bol d’air relativement important, en particulier pour les PME et ETI, car vous avez du cash immédiatement, explique Alexis Martin, avocat chez Grant Thornton Société d’Avocats. Nous ne pouvons que souhaiter une prolongation du dis-positif. » Voire plus.

« Il faudrait que ce rembourse-ment immédiat soit reconduit en 2021 mais avec des critères assouplis, si-non ce serait un coup d’épée dans l’eau », abonde Philippe Donneaud, avocat chez CMS Francis Lefebvre Avocats. En effet, bon nombre d’entreprises déficitaires cette an-née étaient certainement dans le rouge déjà l’an dernier et le « car-ry-back » ne leur sera d’aucune utilité. « Comme c’était le cas avant la réforme du dispositif de 2011, l’en-treprise devrait pouvoir reporter son déficit sur les trois dernières années, et le plafond de 1 million d’euros de-vrait être relevé », poursuit l’avocat.

Opération neutreSeulement voilà, l’État devrait dé-caisser bien plus d’argent sur une année seulement pour assurer ces remboursements. « Ce qui peut poser problème en termes de comp-

tabilité budgétaire », consent Phi-lippe Donneaud. Lors de la crise de 2008, l’exécutif avait aussi mis en place ce système de rembourse-ment immédiat mais dans des conditions plus souples. Résultat : « le coût en trésorerie pour l’État était d’environ 1,8 milliard d’euros en 2009 » alors que, pour l’heure, la mesure prise dans le budget rec-tificatif de juillet ne représenterait que 400 millions, constate Florian Baron, lui aussi avocat chez CMS Francis Lefebvre Avocats.

Ce n’est toutefois pas un coût définitif. Au final, l’opération de « carry-back » est censée être globalement neutre pour les fi-nances publiques. Sauf si l’entre-prise qui en bénéficie reste défici-taire et ne paie donc pas d’impôt au cours des années suivantes. Dans ce cas, c’est une perte sèche pour l’État. ■

Le « carry back », une solution pour les entreprises en difficulté

Source : Bloomberg

-0,137

0,026

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1er janv. 2021 14mai 202125mars 202125 fév. 2021

Infographie

RENDEMENTDESOBLIGATIONSD'ÉTAT À 10 ANS EN%

Les taux français redeviennent positifs

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Si la pression actuelle se maintient sur les taux, la réalité pourrait rejoindre, cette année, les anticipations, toujours très prudentes et critiquées de Bercy.FRANçoiS BoUCHoN/LE FigARo

1,8milliard d’euros

Coût en trésorerie pour l’État, en 2009, du remboursement

immédiat

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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24 EntrEprisEs

Le conseil d’administration de Suez a validé, vendredi, l’OPA à venir sur son rival Veolia. CHARLES PLATIAU/REUTERS

Les fonds Meridiam et GIP au défi de développer un nouveau SuezLes conseils de Veolia et Suez ont approuvé le tour de table du groupe créé au terme de l’OPA à venir.

La gouvernance du futur groupe risque de virer au casse-tête

logiquement tourner autour de 9 milliards d’euros. Tous les détails ne sont cependant pas réglés, les «due diligence» devant encore être menées à bien.

La principale interrogation ré-sultante des accords « du Bristol » portait sur le tour de table du nou-veau Suez. Il n’a pas été facile à trouver, comme souvent dans cette opération. Depuis de nombreux mois, la direction de Suez tra-vaillait avec le fonds d’investisse-ment Ardian, lui-même associé à l’américain GIP. Le 12 avril, Ardian publiait un communiqué expli-quant ne pas avoir « participé aux négociations préalables à cet ac-cord » et qu’il fallait « désormais en étudier les conséquences ». Et le

20 avril, Mathias Burghardt, le pa-tron de la branche infrastructure d’Ardian, annonçait, dans un en-tretien aux Échos, le refus du fonds.

Divergences syndicalesSon partenaire américain avait senti ce mouvement, même s’il n’en a pas été prévenu par Ardian. Lui était décidé à poursuivre. « GIP a contacté Meridiam dans la semai-ne qui a suivi les accords du Bristol pour les sonder sur une possible coo-pération sur ce dossier », explique une source proche du fonds fran-çais. Pour clarifier la situation, GIP officialise son intérêt le 27 avril. Fin avril, l’allemand Remondis, un in-dustriel présent dans le traitement de l’eau et des déchets, tente de re-

battre les cartes. Le groupe alle-mand envoie une lettre d’intention au conseil d’administration de Suez, où il fait part de son intérêt pour entrer au capital du futur groupe. Le 29 avril, en publiant d’excellents résultats trimestriels, Bertrand Camus, le directeur géné-ral de Suez, balaie cette hypothèse allemande.

La veille, en effet, a eu lieu la première réunion à cinq – Veolia, Suez, Meridiam, GIP et la CDC – pour affiner le projet. Et elle s’est bien déroulée. Tout n’est pas réglé, mais les choses avancent vite. Et chacun comprend que l’échéance du 14 mai sera tenue.

Du côté syndical, les lignes bou-gent également. Les représentants

du personnel de Suez ont été à la pointe du combat contre l’OPA de Veolia. Mais certains commencent à discuter officieusement avec Thierry Déau, le patron de Meri-diam. Le 3 mai, FO et le CFE-CGC décident de rencontrer officielle-ment le dirigeant. Et n’hésitent pas à parler d’une offre solide. Le len-demain, un nouveau communiqué des syndicats, toujours très offen-sif, est publié. Il est signé de l’Union syndicale de Suez, qui ne rassemble plus que la CGT, la CFDT et la CFTC. Les intérêts entre les 45 000 sala-riés qui vont intégrer Veolia et les 35 000 du nouveau Suez ne sont plus alignés. Il est logique que les positions de leurs représentants ne soient plus identiques. ■

« Le fonds français

Meridiam et son homologue américain GIP vont se retrouver chacun avec 40 % du capital»

Armelle Bohineust £@armelella

TransporTs Après le canal de Suez, le Mississippi. Le « Grand Fleuve » américain, qui traverse ou longe dix États, de Minneapo-lis au golfe du Mexique en passant par Memphis et Saint-Louis, est bloqué. Jeudi, un contrôle de routine a mis à jour une énorme fissure dans une poutre métalli-que qui soutient un pont cons-truit il y a 48 ans près de Mem-phis, joignant le Tennessee et l’Arkansas.

Aussitôt, le passage sur et sous le pont a été interdit. Cela a en-traîné le blocage de plus de 770 embarcations, soit une cinquan-taine de navires et leurs barges chargées, constatait vendredi matin un porte-parole de la gar-de côtière. « Presque toutes les barges chargées de soja, de maïs ou d’autres produits agricoles le long des rivières du haut Missis-sippi, de l’Ohio, de l’Illinois ou du Missouri sont destinées aux instal-lations d’exportation du golfe du Mexique près de La Nouvelle-Or-léans. Elles doivent donc passer sous ce pont », s’est aussitôt in-quiété Mike Steenhoek, directeur

de l’association professionnelle des transporteurs de soja. « C’est un stress énorme pour la chaîne d’acheminement nationale et mondiale qui est déjà largement sous tension avec le renouveau des dépenses de consommation », a-t-il insisté.

Long de près de 4 000 km, le Mississippi a longtemps symbo-lisé la frontière entre la côte Est et les confins encore inexplorés de l’Amérique. Connu pour ses

bateaux à roues et célébré no-tamment par Mark Twain, le plus long fleuve d’Amérique du Nord est un axe essentiel dans l’économie du pays. Le Missis-sippi et ses affluents, notamment le Missouri et l’Ohio, sont les principales artères commercia-les des États-Unis et leur bassin est considéré comme le centre agricole du pays.

Plan d’infrastructuresÀ l’extrémité du fleuve, le port de Louisiane du Sud, entre La Nou-velle-Orléans et Bâton Rouge, est le premier ensemble portuaire national. Plus de 15 % des expor-tations du pays et de 50 % des céréales exportées y transitent, indique le port sur son site. C’est le cas en particulier du soja, du maïs, du blé ou du riz, des pro-duits souvent envoyés en Chine.

Le blocage du Mississippi, s’il se prolonge, pourrait donc désta-biliser le marché de plusieurs produits agricoles. Le maïs, en particulier. Toutefois, les cours des céréales ont davantage réagi dans l’immédiat à d’autres données.

Mercredi, le gouvernement a publié son rapport Wasde, une

pourraient approcher de mon-tants records.

« Cet optimisme a fait un peu baisser les cours mais ceux-ci res-tent très élevés », observe Philippe Chalmin, professeur à Dauphine et coordinateur du rapport Cyclope sur les matières premières. Les prix du soja, du blé et du maïs sont hauts, proches de leurs niveaux d’il y a huit ou neuf ans.

Cela pourrait inciter les fer-miers américains à semer davan-tage, jugent des observateurs. Pour certains produits, en parti-culier le maïs qui subit la séche-resse au Brésil et vaut plus cher aujourd’hui que le blé, la situa-tion reste tendue, souligne toute-fois Philippe Chalmin.

Le mauvais état du pont illus-tre les failles des infrastructures américaines. Dans de nombreux secteurs, celles-ci souffrent de-puis des années d’un manque chronique d’investissement et sont dégradées. Le président Joe Biden a décidé de s’attaquer au problème avec un plan de quel-que 2 000 milliards de dollars de dépenses en huit ans, qui attend son passage devant le Parlement. ■

La découverte d’une fissure sur une des poutres métalliquesd’un pont enjambant le Mississippi, en amont de Memphis, a conduit les autorités à interrompre le trafic sur le grand fleuve américain.

À cause d’un pont menaçant, des centaines de barges acheminant blé, maïs ou soja vers le sud sont stoppées.

emmAnuel egloff £@eegloff

EnvironnEmEnT Cette fois, la messe est dite. Vendredi, au lende-main de l’Ascension, le conseil d’administration de Suez a ap-prouvé l’OPA à venir de son rival Veolia. Les grandes lignes étaient connues depuis le 11 avril, lorsque les dirigeants des deux groupes, après des mois de conflit, étaient parvenus à un accord de principe, dit «du Bristol» car signé dans le célèbre hôtel parisien. Antoine Frérot, le PDG de Veolia, et Philip-pe Varin, le président de Suez, s’était donné jusqu’au 14 mai, pour signer les accords définitifs. Ils ont tenu les délais.

L’opération va prendre la forme d’une OPA, à 20,50 euros par ac-tion, lancée par Veolia sur son con-current historique. Le groupe diri-gé par Antoine Frérot va renforcer sa place de numéro un mondial du secteur avec un chiffre d’affaires de 37 milliards d’euros une activité forte auprès des collectivités loca-les et des industriels et une présen-ce mondiale. Surtout, il disposera d’une puissance de frappe en ma-tière de recherche qui va lui per-mettre d’adresser de nombreux domaines encore peu exploités comme la purification de l’air ou le recyclage des plastiques.

Dans un second temps, les actifs français, dans l’eau comme dans les déchets, ainsi que certaines ac-tivités à l’international, de Suez se-ront sortis du périmètre, donnant naissance à un nouveau Suez. Cette entité affichera 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre 17 mil-liards précédemment. Le prix que devront acquitter les futurs action-naires n’a pas été dévoilé, mais il sera conforme avec celui réglé par Veolia. En valeur d’entreprise (c’est-à-dire avec la dette logée dans la nouvelle entité), il devrait

Les politiques le savent bien : gou-verner sans majorité n’est pas chose aisée. C’est pourtant ce que vont devoir faire les actionnaires du nouveau Suez. Dès le 11 avril, il était clair que le tour de table du reliquat de l’OPA de Veolia sur Suez serait un défi en matière de gouvernance. Le compromis trouvé entre les conseils des deux géants français avait pour but de respecter les équilibres entre les parties prenantes, pas d’en facili-ter la direction.

Les deux principaux actionnai-res du nouveau Suez, le fonds français Meridiam et son homolo-gue américain GIP, vont se re-trouver chacun avec 40 % du ca-pital. Preuve de l’intérêt de l’État français pour le projet, la CDC va prendre 20 %. Il est prévu que les salariés montent à 11 % dans les 5 à 7 prochaines années, en prenant sur la participation de la CDC.

Il a été facile aux futurs action-naires de s’entendre sur la straté-gie générale, largement dictée par les actifs logés dans le nouveau Suez. « Un groupe avec un socle français très fort, notamment en termes de capacité de recherche et de chiffre d’affaires, mais tourné vers un développement à l’interna-tional », précise une source pro-che des nouveaux actionnaires.

Le biais français est obligatoire, puisque 70 % de l’activité y sera réalisée. Il n’y aura aucune pré-sence en Amérique, et plus parti-culièrement aux États-Unis. En revanche, l’Afrique, la Chine ou l’Inde sont ciblées pour se déve-lopper. Meridiam a confirmé son intention d’investir 860 millions d’euros dans l’entreprise.

Le tour de table, le périmètre et le projet sont donc définis. Reste la gouvernance du groupe, à com-mencer par le choix du président

du conseil d’administration et de ses principaux dirigeants opéra-tionnels. Cela risque d’être plus délicat. « Ils sont d’accord sur la gouvernance », assure une source proche des deux fonds. Problème : les deux partenaires, s’ils appar-tiennent à la sphère des fonds d’in-vestissement, sont dissemblables sur la performance et la relation au temps. GIP ressemble à un fonds de LBO classique, avec des fonds d’une durée de huit ans, un appel important à la dette et une cible de rendement de 15 % par an.

Choix du futur patronEn revanche, Meridiam à une vi-sion à plus long terme, ses fonds étant créés pour 25 ans, un plus faible appel à la dette et une renta-bilité visée d’au moins 5 % l’an. Les promesses aux investisseurs ne sont pas identiques. « En en-trant sur un projet de long terme,

GIP accepte une rentabilité en ligne avec celle d’actifs régulés, estime savoir un proche du dossier. C’est un premier pas important. »

Le dernier point concerne le conseil et les dirigeants du futur ensemble. Aucun nom n’a été avancé ce vendredi. Il n’y a aucu-ne raison d’associer le rival Veolia à ces choix. Il n’empêche : les per-sonnes seront importantes pour comprendre qui à la main dans le Suez nouveau. D’abord en termes d’équilibre dans le conseil d’ad-ministration. Ensuite au niveau opérationnel. Bertrand Camus, le directeur général actuel de Suez, ne s’est jamais prononcé. Son op-position féroce au projet rend sa présence peu probable dans le fu-tur Suez. Mais il pousse la nomi-nation de Diane Galbe, directrice générale adjointe et très impliquée dans la finalisation de l’accord avec Veolia. ■ e. e.

Mississippi : la navigation bloquée perturbe les exportations

Infographie

250 km

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Mississippi

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étude mensuelle sur les perspec-tives d’offre et de demande mon-diale de produits agricoles. Ce rapport a surpris les marchés en indiquant que les stocks seraient supérieurs aux prévisions à la fin de la campagne de commerciali-sation 2021-2022. Les stocks de maïs, par exemple, devraient dé-passer les attentes de 20 % et s’élever à 1,5 milliard de bois-seaux (un boisseau de maïs pe-sant 25,4 kg). Par ailleurs, au vu des dernières prévisions météo-rologiques aux États-Unis, les récoltes de blé, de maïs ou de soja s’annoncent abondantes et

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le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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25EntrEprisEs

Trustly), la musique (Spotify, Epi-demic Sound), ou l’industrie (Northvolt, Oatly), la Suède est le pays des licornes, ces start-up dont la capitalisation dépasse le milliard de dollars. Selon la société d’investissement Atomico, c’est la région du monde qui abrite le plus de licornes par habitant, juste der-rière la Silicon Valley, et les inves-tissements de ces cinq dernières années (toujours par habitant) sont les plus élevés d’Europe, de-vant l’Irlande et le Royaume-Uni. Pour Per Andersson, spécialiste de l’innovation digitale à la Stock-holm School of economics, « la Suède a créé des marques technolo-giques connues dans le monde en-tier, mais elle a aussi un écosystème très riche de petites start-up à la pointe de la technologie… Par exemple plus de trois cents, créées ces dernières années, qui s’appuient sur l’intelligence artificielle ».

Encore faut-il que cela se sache. En Suède, il est de coutume de dire que c’est l’industrie forestière, la mine et la sidérurgie qui ont sorti le pays du Moyen Âge. Asa Zetterberg ne dit pas le contraire : « Nous de-vons remercier ces industries tradi-tionnelles pour tout ce qu’elles ont fait, mais maintenant il s’agit de prendre en compte une nouvelle réa-lité, et de favoriser notre développe-ment. » Notamment en trouvant une solution au plus grand problè-me qu’affronte aujourd’hui la tech en Suède, le manque de main d’oeuvre. Le secteur doit recruter 70 000 personnes d’ici à 2024 et devra faire appel aux talents étran-gers, un sujet politiquement sensi-ble dans le pays. ■

Le siège social de Spotify, à Stockholm.LArs pEHrsOn/sVD/tt nEws AgEncy ViA AFp

En Suède, la tech a supplanté l’industrieDans le pays au nombre record de « licornes » par habitant, l’acier et le bois sont devancés par l’« e-économie ».

ingrid vergara £@Vergara_i

cryptomonnaies Après une in-troduction en Bourse aussi médiati-que que celle réussie à Wall Street le 14 avril dernier, Coinbase, la plate-forme américaine d’échange de cryptomonnaies, se savait attendue sur la toute première publication de ses résultats. Lesquels, dévoilés jeu-di soir, ont été à la mesure d’un tri-mestre flamboyant pour le secteur des cryptomonnaies. L’intermé-diaire prélève une commission sur toutes les transactions effectuées sur sa plateforme, qui ont atteint un volume record de 335 milliards de dollars entre janvier et mars. Résul-tat : la plateforme a triplé son chiffre d’affaires par rapport au trimestre précédent, atteignant 1,8 milliard de dollars. Son bénéfice net, lui, a plus que quadruplé pour s’élever à 771 millions de dollars, quand la plateforme n’en dégageait que 171 millions au trimestre précédent et 32 millions il y a un an.

Particuliers et institutionnels ont montré un appétit féroce pour les cryptomonnaies, bien au-delà du seul bitcoin. « Il n’y a jamais eu autant de participants entrant dans la cryp-toéconomie qu’au premier trimestre de cette année », se félicite Brian Armstrong, le PDG de Coinbase, dans sa première lettre aux action-naires. La plateforme comptait, fin mars, 1 956 millions d’utilisateurs (+ 13 millions en 3 mois), dont 8 000 institutionnels qui représen-tent les deux tiers du volume d’échange. Surtout, davantage d’uti-lisateurs intensifient la fréquence de leurs transactions, ce qui signifie plus de revenus pour la plateforme.

Le dogecoin bientôt acceptéOutre le bitcoin - dont le prix a dou-blé au premier trimestre -, le sec-teur a profité aussi de l’envolée de l’ether, la deuxième crypto mon-diale en termes de capitalisation, dont le cours a lui triplé depuis le début de l’année. Les autres crypto ont représenté 40 % du volume

d’échange sur la plateforme de Coinbase, « reflétant l’adoption par les consommateurs et les institutions d’un plus grand nombre de cryptoac-tifs », souligne la compagnie.

En revanche, la jeune société est passée à côté du phénomène doge-coin. Cette cryptomonnaie, née à

Les transactions effectuées sur la plateforme de Coinbase ont atteint un volume record de 335 milliards de dollars entre janvier et mars.s.stApLEtOn/rEUtErs

Portée par l’envolée des cryptomonnaies, la plateforme d’échange a quadruplé son bénéfice.

Frédéric Faux Stockholm

scandinavie Pour tous ceux qui se souviennent de leurs cours de géographie, la carte de la Suède, cœur industriel et économique de la Scandinavie, semblait solide-ment dessinée. Il y avait les mines du grand Nord, avec le plus grand gisement de fer d’Europe à Kiruna, et l’industrie, dont les deux fleu-rons sont les entreprises publiques LKAB et SSAB. Sans oublier l’ex-ploitation du bois et les usines de pâte à papier qui ont innervé l’économie rurale pendant de lon-gues décennies, et les grandes étendues agricoles du Sud… Une Suède éternelle qui correspond de moins en moins à la réalité de 2021.

Deux annonces récentes sont venues le confirmer. La première a concerné la fermeture de l’usine de pâte à papier de Kvarnsveden, au centre du pays, qui emploie 670 employés. Ce paquebot industriel, inauguré en 1900, disposait pour-tant de la machine à papier journal la plus grande et la plus rapide au monde. Cela n’a pas empêché son propriétaire, le Finlandais Stora Enso, de la mettre au rebut pour « surcapacité du marché europé-en ». Au même moment, l’éditeur de jeux vidéo Embracer Group, basé à Karlstad, devenait leader du secteur en Europe, détrônant le français Ubisoft et consolidant en-core plus son effectif de 7 000 sala-riés à travers le monde.

Pour certains, ce sont les signes de la mutation économique et in-dustrielle qui touche le royaume

nordique, comme de nombreux autres pays. Mais pour d’autres, c’est aussi une page qui se tourne. Selon une étude de IT & Telekom-företagen, organisation fédérant 1 400 entreprises technologiques, la contribution de la tech au PIB suédois est désormais presque aussi importante que celle de l’agriculture, de la mine, du bois et du papier, de la sidérurgie, des plastiques et autres minéraux, soit toutes les industries traditionnel-les combinées. « L’année dernière, nous avons généré 28 milliards d’euros de richesses, sans oublier que six des nouveaux emplois sur

dix créés en Suède le sont dans ce secteur, explique au Figaro Asa Zetterberg, sa directrice. Cela peut surprendre beaucoup de gens parmi les politiques et les leaders économi-ques, mais les faits sont là. »

Le jeu vidéo, champion de l’exportationSous le terme générique d’entre-prises technologiques, cette étude regroupe les acteurs de l’informa-tique et des télécommunications, les start-up de la santé (healthtech), de la finance (fin-tech), de la formation (edtech). Et le jeu vidéo. En Suède, il est deve-

nu le premier produit culturel d’exportation grâce à une série de succès mondiaux comme Candy Crush, Minecraft ou, ces dernières semaines, Valheim. Si les sociétés américaines et japonaises domi-nent la scène mondiale, le pays nordique de 10 millions d’habi-tants peut se prévaloir d’un bilan impressionnant avec un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros (2019), et un nombre d’entreprises qui a doublé en cinq ans, attei-gnant 435 en 2019.

Des sociétés nombreuses, donc, mais aussi à la croissance rapide. Que ce soit dans la finance (Klarna,

Coinbase accélère sa croissance et élargit son offre

Nouveau rebondissement dans l’histoire mouvementée du projet de cryptomonnaie Libra, annoncé par Facebook en juin 2019. Renom-mée Diem depuis l’an dernier, l’as-sociation qui gère le projet de cryp-toactif pour l’ensemble des partenaires du réseau social se re-plie aux États-Unis. Terminée l’im-plantation du siège à Genève, qui va déménager à Washington DC., où se trouve déjà sa branche américai-ne. Et retirée la demande de licence en tant que système de paiement déposée en avril 2020 auprès de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers suisse (Finma).

Le Diem a réduit les limites géo-graphiques de son ambition initiale au marché américain. Il sera seule-ment une cryptomonnaie arrimée au dollar (ce qu’on appelle un sta-blecoin) : un Diem vaudra un dol-lar. Parallèlement, l’association a officialisé un partenariat avec Sil-vergate Bank, une banque spéciali-sée dans les cryptoactifs, qui de-

viendra l’émetteur exclusif du sta-blecoin Diem USD et gérera sa ré-serve de garantie de la valeur. Sil-vergate est une banque agréée par l’État de Californie et membre de la Réserve fédérale.

Lancement prévu cette année« Cette transition est cohérente avec la stratégie initiale de Diem, concen-trée sur les États-Unis, et reflète les considérations de l’association pour l’évolution des régulations des mon-naies numériques» aux États-Unis, a indiqué Stuart Levey, le directeur général de l’association Diem. Cette dernière compte s’enregistrer en tant qu’entreprise de services fi-nanciers auprès du Financial Cri-mes Enforcement Network (Fin-CEN), un bureau du département du Trésor.

Sous la pression de plusieurs ré-gulateurs mondiaux, l’association Diem avait déjà indiqué en décem-bre 2020 qu’elle commencerait par lancer un premier actif digital, uni-

quement arrimé au dollar. Mais il était prévu ensuite d’étendre à d’autres stablecoins (des Diem-eu-ros, des Diem-sterling, etc.) selon les discussions avec les autorités fi-nancières locales. Il semble que l’association privilégie une autre approche, pragmatique et par éta-pes pour mettre en place le système de paiement dont elle rêve. Face-book et ses partenaires initiaux avaient aussi choisi d’ancrer l’asso-ciation à Genève car le cadre régle-mentaire pour les cryptoactifs y était alors plus favorable.

Depuis 2019, ce cadre a beaucoup évolué aux États-Unis, et l’environ-nement pour les stablecoins déjà ba-lisé. Selon certains observateurs, ce déménagement permet également à l’association de se rapprocher des équipes techniques de Facebook, qui construisent l’infrastructure blockchain sur laquelle s’appuiera le Diem. Aucune nouvelle précision sur la date de lancement n’a été in-diquée pour le Diem, prévu pour le second semestre. ■ i. v.

Nouveau virage pour la cryptomonnaie de Facebook

l’origine comme une blague, connaît une envolée vertigineuse (+ 1 500%) depuis le début de l’année, médiati-sée notamment par Elon Musk, le patron de Tesla qui fait actuellement un peu la pluie et le beau temps sur le marché des crypto. Sa capitalisation dépasse les 55 milliards de dollars, se hissant au 4e rang des cryptomon-naies mondiales. Or Coinbase ne permettait pas à des utilisateurs d’en échanger, par prudence réglemen-taire et sécuritaire, ce qui a laissé la voie libre à des plateformes concur-rentes moins précautionneuse.

Dans un univers concurrentiel qui s’aiguise nettement, c’est sur la largeur de l’offre que va se jouer une grande partie de la bataille à venir. « L’ajout de la prise en charge de nouveaux actifs est un facteur im-portant de la croissance du volume de

transactions et des actifs sur la pla-teforme », reconnaît la direction de Coinbase, qui proposera la crypto dogecoin d’ici 6 à 8 semaines.

Partie avec un temps d’avance, la société sait qu’elle doit innover de façon très soutenue. Son grand concurrent, la plateforme Binance, a annoncé pour le mois de juin le lancement d’une place de marché entièrement consacrée aux « non fungible tokens » (« jetons non fon-gibles ») (NFT), dont la popularité explose depuis quelques mois.

Coinbase ne s’engage pas sur des prévisions pour le prochain trimes-tre en raison de la volatilité extrême des marchés. Depuis la flambée du premier jour, son action est repas-sée sous son cours d’introduction. La jeune société vaut de même 52 milliards de dollars ! ■

« Le Diem a réduit

les limites géographiques de son ambition initiale au marché américain. Il sera seulement une crypto-monnaie arrimée au dollar»

En bref

ÉTATS-UNIS : L’INfLATIoN pèSe SUr LA coNfIANce£ La confiance des consommateurs aux États-Unis s’est dégradée en mai, en raison de la forte inflation attendue dans les mois à venir, qui fait craindre pour le pouvoir d’achat, selon l’enquête de l’Université du Michigan publiée vendredi. À 82,8 points l’indice chute par rapport à avril, alors au plus haut niveau depuis le début de la crise (88,3 points).

LIBAN : UN qUArT DU coUrANT coUpÉ£ Le Liban a perdu vendredi près du quart de son approvisionnement en électricité après la décision d’une entreprise turque de cesser de produire du courant. Deux navires-centrales stationnés au large du pays ont arrêté leur production en raison d’un retard de paiement et d’un différend juridique avec les autorités, a indiqué la société Karpowership.

AmAzoN crÉe 10 000 empLoIS AU royAUme-UNI £ Le géant américain du commerce en ligne Amazon a annoncé vendredi la création de 10 000 emplois au Royaume-Uni en 2021. Le groupe va ouvrir dans le pays un centre de réception de colis et quatre nouveaux centres de distribution pour répondre au boom de la demande avec la pandémie de Covid-19. Amazon va ainsi porter ses effectifs totaux au Royaume-Uni à 55 000 personnes d’ici à la fin de l’année.

+ » Crédit immobilier : ces mauvaises surprises

que cachent les taux bas» Tesla : pourquoi Elon Musk tourne le dos au bitcoin comme moyen de paiementwww.lefigaro.fr/economie

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samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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26 EntrEprisEs

â Laurence Bertrand dorLéac Sciences Po

La docteur en histoire de l’art et en histoire, enseignante à Sciences Po depuis 1990, est élue présidente de la Fondation nationale des sciences politiques, en charge des grandes orientations stratégiques et de la gestion administrative et financière.

â Benoît Menard Puma

Arrivé en 2018 dans la filiale française, le Fran-çais jusque-là directeur marketing et commu-nication monte au siège de Herzogenaurach comme directeur marketing régional Europe.

â Bris rocherBercy

À 42 ans, le PDG du groupe Rocher se voit con-fier par le ministre de l’Économie, Bruno Le Mai-re, et la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, Olivia Grégoire, une mission sur la gouvernance responsable des entreprises. But, notamment, du rapport qui sera remis fin octobre : évaluer l’impact des outils en faveur d’un capitalisme plus responsa-ble et identifier des voies d’approfondissement, dans la continuité des avancées de la loi Pacte.

â PhiLiPPe coLin, cLéMentine tassin

LVMH-Tiffany Le numéro un mondial du luxe a trouvé dans ses rangs le directeur financier qui va accompagner le dé-

ploiement du joaillier Tiffany, intégré à LVMH en janvier. Philippe Colin, ESCP Europe, était depuis 2013 directeur financier adjoint du grou-pe auprès de Jean-Jacques Guiony. Dans son sillage, Clémentine Tassin, la directrice du fi-nancement et de la trésorerie de LVMH, devient directrice du controlling et du reporting. Cette ESC Rouen, formée aussi à l’Essec, a œuvré chez Total, Dexia et Suez, menant des opérations de fusions-acquisitions stratégiques, avant de ral-lier LVMH en 2019.

â thoMas LevetCercle MBC

Le cercle parisien (ex-Maxim’s Business Club) réunissant 600 membres influents en France et en Suisse, créé en 1968 par Jean Poniatowski, André-Pierre Tarbès, Paul Dupuy et Patrick Guerrand-Hermès au restaurant Maxim’s, réé-lit à sa présidence pour cinq ans le directeur des affaires institutionnelles du pole présidence de la Caisse d’épargne d’Île-de-France. Dirigé par Thomas Hermann, le MBC entend renforcer en-core son role de cercle d’influence, de débats et de culture .

LES DÉCIDEURS PAR Carole Bellemare www.lefigaro.fr/decideurs

Aboutissement d’un proces-sus de renouvellement com-plet de la gouvernance coopé-rative du réseau des Caisses d’épargne, la Fédération nationale des Caisses (FNCE) change de « têtes ». Le conseil d’administration, composé des présidents de conseil d’orientation et de surveillan-ce (Cos) et des présidents de Directoire des 15 Caisses, a élu à sa tête une pré-sidente, Dominique Goursolle-Nouhaud, 69 ans, présidant depuis 2017 le Cos de la Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes. Sudis-te et nordiste car, à ses cotés, le président du Directoire de la Caisse d’épargne Hauts-de-France, Laurent Roubin, devient vice-prési-dent. D’une même voix, les nouveaux duettis-tes ont souligné leur attachement aux valeurs portées par l’Écureuil et la volonté de « concilier durablement performance économique, équité sociale et précaution environnementale ».Née du passage au statut coopératif des Caisses d’épargne en 1999, la Fédération est l’organe de représentation et d’expression des 15 Cais-ses régionales, de leurs 4,6 millions de socié-taires et des 3 122 administrateurs de sociétés locales d’épargne au sein du Groupe BPCE. Sociétaire depuis plus de vingt ans, Dominique

Goursolle, qui a fait l’essentiel de sa carrière à la tête des transports urbains de Péri-gueux (Péribus) et de l’entre-prise familiale de transport Gonthier-Nouhaud, s’est particulièrement impliquée dans la vie coopérative du réseau. Comme elle l’a fait aussi à la tête du Ceser Nou-velle-Aquitaine et de l’Urssaf

Aquitaine, du Medef local et, depuis 2017, au sommet du conseil de la Caisse Aquitaine Poi-tou-Charentes appartenant à ses 312 665 cli-ents sociétaires. Une entrepreneuse engagée à 200 % donc. À ses cotés, au service de la Fédé-ration, un vice-président au profil complé-mentaire. « Animal de grands groupes », Lau-rent Roubin, 50 ans, Centrale, Dauphine, Stanford, a voué toute sa carrière à la finance. Débuts à la Compagnie bancaire, il œuvre au Cetelem Espagne, rejoint en 2002 le Directoire de la Caisse d’épargne du Pas-de-Calais. Apprécié par la maison mère BPCE, il restera fidèle à cet univers et, devenu président de la Caisse de Picardie, la rapproche avec la Caisse Nord Europe pour donner naissance à la Caisse d’Épargne Hauts-de-France. Depuis 2016, il dirige le pole banque de proximité et assuran-ce du groupe BPCE. C. B.

dominique Goursolle et Laurent roubin, nouvelles « têtes » au service de l’écureuil

Dominique Goursolle et Laurent Roubin, présidente et vice-président de la FNCE.

PROPOS RECUEILLIS PARAnne CheyviAlle £@AnneCheyvialle et FABriCe nodé-lAnglois £@Fnodelanglois

Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, participe le 20 mai à un Conseil eu-ropéen qui évoquera, entre autres, la Chine et le Mercosur.

LE FIGARO. - L’Union européenne vient de suspendre la ratification de l’accord d’investissement avec la Chine. N’est-ce pas naïf de vouloir le signer alors que Pékin bafoue les droits sociaux et les droits de l’homme ? Franck RIESTER. - Aujourd’hui, le contexte de tensions avec la Chine, qui sanctionne des personnalités européennes, à commencer par des députés, ne permet pas d’entériner l’accord. Néanmoins il apporterait davantage de réciprocité pour que nos entreprises puissent investir dans de nouveaux secteurs sans être contraintes de s’associer à un par-tenaire local ou de transférer leur technologie. Qui plus est, face à nos préoccupations en matière de droits de l’homme, il intégrerait pour la première fois des engagements de la Chine, notamment en matière de lutte contre le travail forcé.

Face à la Chine, de quels moyens d’action dispose l’Europe ?L’Europe muscle son arsenal pour affirmer sa souveraineté. Nous avons bien sûr des outils antidum-ping solides. Nous avons aussi ren-forcé, en France et dans l’UE, le dis-positif de filtrage des investis -sements étrangers pour protéger nos fleurons stratégiques. Et nous travaillons à un outil anti-coerci-tion pour répondre rapidement aux agressions économiques que nous subissons. Par exemple, quand les États-Unis veulent appliquer des droits de douane unilatéraux et illé-gaux contre la taxe numérique française, nous n’avons pas aujour-d’hui l’instrument juridique pour riposter et cela doit changer. À cela s’ajoutent deux autres instruments : l’un pour rétablir des conditions de concurrence équitable en Europe face aux entreprises étrangères subventionnées, par exemple en les empêchant de racheter des sociétés européennes; et l’autre pour exiger la réciprocité dans l’accès aux mar-chés publics. C’est ainsi que nous bâtissons la politique commer-

que nous ne renoncerons pas à ac-compagner Airbus qui est vital pour notre économie. Nous avons fait des propositions pour trouver des solu-tions et mettre fin à cette guerre commerciale inutile avec les États-Unis.

L’accord avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) est très controversé. Faut-il y renoncer ?Nous l’avons dit et redit : nous ne voulons pas du projet d’accord UE-Mercosur en l’état. Car les condi-tions ne sont pas réunies sur trois points : déforestation, respect de l’accord de Paris, de nos normes sa-nitaires et phytosanitaires. Nous ne nous contenterons pas d’un enga-gement verbal, nous voulons des preuves. Or nous voyons que les en-gagements environnementaux du Brésil sont moins ambitieux qu’en 2015 et qu’ils ont désarmé dans la lutte contre la déforestation illégale qui a encore progressé de 10 % l’an-née dernière. Certains pays de l’UE veulent aller plus vite, mais nous ne sommes pas seuls : les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche, le Luxem-bourg sont sur la même ligne.

Le projet européen de « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières », surnommé « taxe carbone aux frontières »ne risque-t-il pas d’être rejeté par les partenaires de l’Europe ? Ce dispositif fait partie de l’arsenal qui met la politique commerciale au service d’objectifs planétaires. Nous allons accélérer la décarbonation de la production en Europe, et sans ce mécanisme, il y aurait plus de « fui-tes de carbone » : les entreprises seraient incitées à délocaliser leur production dans des pays moins exigeants en émettant davantage de CO2 pour ensuite exporter leurs produits vers l’UE. C’est pourquoi nous avons besoin de cet instru-ment, qui n’est pas protectionniste ; il en va avant tout de la cohérence de notre politique climatique. Plus largement, dans les futurs accords commerciaux européens, le respect de l’accord de Paris sur le climat devra être une clause essentielle, ce qui permettra de suspendre les avantages consentis à nos partenai-res s’ils ne respectent pas leurs en-gagements climatiques. La France porte cette mesure, très puissante, actuellement en discussion avec nos partenaires européens. ■

LE GRAND TÉMOIN

FRANckrIeSTermInIStRE déLégUé ChARgé dU COmmERCE ExtéRIEUR

« nous bâtissons une politique moins naïve, plus juste, plus durable »

Face à la Chine et aux États-Unis, l’Europe se muscle, explique le ministre chargé du Commerce extérieur.

BioexPress1974naissance à Paris.2007Ce diplômé de l’ISg et de l’Essec est élu député UmP de Seine-et-marne puis maire de Coulommiers (2008) après avoir repris le garage familial.2017Il crée le parti Agir, qui soutient macron.2018ministre de la Culture.2020ministre chargé du Commerce dans le gouvernement Castex.

« Nous ne voulons pas

du projet d’accord UE-Mercosur en l’état. Car les conditionsne sont pas réunies sur trois points : déforestation, respect de l’accord de Paris, de nos normes sanitaires et phyto-sanitaires»

ciale européenne du XXIe siècle, qui sera moins naïve, plus juste et plus durable.

Vous avez récemment rencontré la nouvelle directrice générale de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) Ngozi Okonjo-Iweala. Quelles avancées en attendez-vous ?Nous sommes ravis de la nomina-tion de Ngozi Okonjo-Iweala qui va insuffler une nouvelle dynamique. Une de ses priorités est de refaire fonctionner l’instance d’appel de l’organe de règlement des diffé-rends, bloquée depuis des mois par les États-Unis. L’OMC a un role à

jouer sur beaucoup de sujets : l’en-cadrement des subventions indus-trielles, l’accès aux vaccins, mais aussi le développement durable et par exemple la lutte contre la pollu-tion plastique. Pour cela, il ne faut plus que des pays comme la Chine puissent se déclarer pays en déve-loppement pour obtenir des exemptions.

La tension est retombéeavec les États-Unis et Joe Biden. Espérez-vous un accord d’ici à juillet sur le financement de Boeing et Airbus ? Ce moratoire de quatre mois, an-noncé début mars, sur les surtaxes,

notamment sur l’aéronautique et les vins et spiritueux a constitué un si-gnal très positif. Il n’est pas le fruit du hasard : il résulte de l’affirmation de la souveraineté européenne. En décidant en novembre d’appliquer des droits de douane sur Boeing et des produits agroalimen-taires américains l’Europe a dé-montré qu’elle sait se faire respecter dans le cadre du droit international. La nouvelle Administration améri-caine dit vouloir refonder sa rela-tion avec l’Europe. À présent, il faut sortir, définitivement et par le haut, du contentieux Airbus-Boeing en trouvant un accord sur les finance-ments aéronautiques. Et il est clair

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de l’interview surwww.lefigaro.fr/economie

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le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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Marchés 27

Épargne Les entreprises ont jusqu’au 31 mai prochain pour verser leurs primes de participation et/ou d’intéressement à leurs salariés. Ces derniers doivent se manifester rapidement. Autre-ment, des choix par défaut leur sont imposés.

1 Les primes vont-elles baisser en raison de la crise sanitaire ?

Les primes de participation versées en 2021 devraient chuter pour de nombreux salariés. « Leur calcul dépend des bénéfices réalisés par l’entreprise l’année précédente, soit en 2020. Les montants alloués risquent donc de fléchir, notamment dans les secteurs les plus touchés par la crise », avertit Pierre-Emmanuel Sassonia, directeur associé chez Erès. Les professionnels de l’épargne salariale évoquent, pour l’heure, une baisse de l’ordre de 20 % par rapport à l’an passé. Bonne nouvelle : les salariés en activité partielle ne seront pas pénalisés du fait de leur situation. La loi prévoit notamment que la totalité des heures chômées sont prises en compte pour la répartition des primes.De plus, des primes d’intéres -sement peuvent être attribuées, même dans une situation économi-que difficile. L’entreprise n’a pas besoin de réaliser un certain niveau de bénéfice pour décider de son versement. « Ce dispositif permet de retenir des objectifs et des critères extra-financiers, ce qui en fait un bon outil pour mobiliser les forces dans cette période délicate », précise Pierre-Emmanuel Sassonia.

2 Faut-il récupérer ces sommes immédiatement ou les placer ?

Une fois les primes attribuées, il existe deux possibilités pour le bénéficiaire. Soit il récupère ces sommes immédiatement pour les utiliser, elles sont alors taxées à l’impôt sur le revenu et aux contri-butions sociales de 9,7 %. Soit il les épargne en les plaçant sur son plan d’épargne entreprise (PEE), plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco) ou plan d’épargne retraite (PER) d’entreprise collectif. Dans ce cas, les primes sont exonérées d’impôt, et simplement soumises aux contributions sociales de 9,7 %, ce qui est bien plus avantageux.Si le salarié a besoin de ce pécule, il doit réagir vite. Une fois que la prime a été notifiée par l’em-ployeur, il a quinze jours pour se manifester. Sans réponse de sa part, la participation sera bloquée par défaut. Elle sera versée sur le PEE si l’entreprise ne propose pas de PER

d’entreprise (ou d’ancien Perco). Et pour moitié sur le PEE, pour moitié sur le PER d’entreprise (ou ancien Perco), si l’employeur propose les deux. L’intéressement sera, quant à lui, entièrement dirigé vers le PEE.

3 Quelle enveloppe faut-il privilégier ?Tout dépend de ses objectifs

et de son horizon de placement. Les sommes versées sur le PEE sont indisponibles pendant au moins cinq ans mais cette enveloppe auto-rise une dizaine de cas de déblocage anticipés. « Ce placement très souple doit être privilégié si vous avez un projet à court terme, comme, par exemple, l’achat d’un bien immobi-lier », précise Hubert Clerbois, fondateur d’EPS Partenaires. À la sortie, seules les plus-values sont taxées aux prélèvements sociaux de 17,2 %.Les sommes versées sur un Perco (ou un PER d’entreprise collectif) sont, en revanche, bloquées jusqu’au départ à la retraite. « Cette épargne est destinée à com-pléter la pension. Il faut donc autant que possible ne pas y toucher », avertit Hubert Clerbois. À la sortie, il est possible de récupérer vos fonds sous la forme d’un capital exonéré d’impôt sur le revenu ou d’une rente viagère, partiellement imposée en fonction de votre âge.Pour faire les bons choix, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner. Certes, le conseil reste un point faible de l’épargne salariale. « Il se limite encore parfois à une plaquette informant le salarié du niveau de risque associé à son placement », constate Benjamin Pedrini, fonda-teur de la plateforme Epsor. Mais les choses commencent à évoluer. Certaines entreprises travaillent avec des structures (Filib’ par exemple) qui proposent de coacher les salariés sur leurs choix d’inves-tissement lors de téléconsultations personnalisées.Des teneurs de comptes déve -loppent aussi des robots-conseillers en ligne qui optimisent les alloca-tions d’actifs en fonction du profil de risque du salarié et de ses objectifs. Pour aider les épargnants néophytes, les professionnels misent aussi sur la gestion à horizon dans le cadre d’un Perco ou d’un PER d’entreprise collectif, qui consiste à réduire automa -tiquement le risque du portefeuille à mesure que l’âge de la retraite approche. « Ce mode de gestion est efficace mais pas forcément adapté à tous les profils », avertit Hubert Clerbois. Raison de plus pour se faire conseiller. ■

Pauline Janicot

Comment optimiser votre épargne salariale ?

Les dividendes et rachats d’actions sont de retourEn dépit de la chute de leurs résultats entraînée par la crise, les entreprises comptent soigner leurs actionnaires.

AnAlyse Hervé rousseau [email protected]

MarchÉs Après une année de disette pour les actionnaires, les dividendes et rachats d’actions sont de retour. « Les champions du CAC 40 devraient verser 41 milliards d’euros de dividendes cette année » avance Florian Allain, gérant chez Mandarine Gestion. L’an dernier avec la crise sanitaire, les action-naires avaient dû se contenter de 28,6 milliards d’euros. Cet effort ne permet pas de rattraper les montant versés avant la crise. En 2019, les sociétés du CAC 40 avaient débour-sé plus de 49 milliards d’euros. Il s’agit toutefois d’une excellente nouvelle. Les coupons versés cette année le sont au titre de 2020, exercice au cours duquel les profits des entreprises du CAC 40 avaient fondu de moitié.

Pour Frédéric Rollin conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, « la re-prise des dividendes est le signe d’une meilleure confiance en l’avenir de la part des entreprises ». Elle confirme le scénario sur lequel sur-fent les marchés depuis des mois, « celui d’une vive reprise de la crois-sance économique mondiale en 2021 » ajoute ce spécialiste. La crise provoquée par le Covid 19 a été d’une extrêmement brutalité, notamment en Europe. Les sociétés qui rechignent généralement à réduire la rémunération revenant aux actionnaires n’ont pas eu le choix.

Les banques, grandes pour-voyeuses de dividendes, ont été contraintes l’an dernier par la Ban-que centrale européenne de renon-cer à toute distribution. La chute des dividendes a été particulièrement vertigineuse en Europe et singuliè-rement en France. Les dividendes versés par les sociétés du CAC 40 ont plongé de plus de 30 %, contre un peu plus de 12 % dans le monde se-lon Janus Henderson Investor.

Rendement très élevé pour TotalLes grandes entreprises françaises qui ont souvent réduit à con-trecœur leurs versements se mon-trent particulièrement généreuses cette année. Les banques BNP Pari-bas, Société générale et Crédit agri-cole comptent verser plus de 4 mil-liards d’euros de dividendes. Axa, qui avait divisé par deux le sien l’an dernier sous la pression du gendar-me des assurances prévoit de verser 3,5 milliards à ses actionnaires cette année. CNP Assurance et Scor comptent également renouer avec les versements.

En grande forme, les spécialistes du luxe récompensent géné -reusement leurs actionnaires. Les Khol, (Kering, Hermès, L’Oréal et LVMH) ont renoué avec les montants versés avant la crise ou les ont dépassés. Certains comme LVMH ou L’Oréal ont également annoncé de nouveaux programmes de rachat d’actions. Une stratégie suivie également par une entreprise comme Carrefour qui fait un retour en force en Bourse depuis le début de l’année. Le champion français du

dividende reste toutefois le groupe Total avec 7 milliards d’euros.

Le rendement reste un solide ar-gument pour les marchés d’actions. L’écart de rémunération entre les actions et les obligations est à un sommet en Europe. « Le rendement sur dividende offert par les entrepri-ses de l’indice large européen Stoxx 600 est en moyenne de 3 % », constate Frédéric Rollin. En face, « le Bund allemand à 10 ans, la réfé-rence sur le marché de la dette publi-que en zone euro, affiche un taux né-gatif de l’ordre - 0,10 % », ajoute le stratégiste de Pictet AM. Au cours actuel, le titre Total offre un rende-ment proche de 7 %.

Place donc dans les portefeuilles aux entreprises qui offrent de géné-reux coupons. Dans cet univers, les sociétés européennes sont particu-lièrement bien placées. Les mar-chés européens sont riches en va-leurs défensives qui affichent actuellement des dividendes at-tractifs. L’an dernier avec la crise les investisseurs se sont rués sur les valeurs de croissance, comme les géants américains des technologi-ques, dont beaucoup ne délivrent que de très faibles rendements.

Le dividende ne doit toutefois pas être le seul critère à prendre en compte. Les investisseurs doivent veiller à ce que la dégringolade du cours de l’action ne soit pas à l’ori-gine de l’augmentation du rende-ment. Cela permet d’éviter les « va-lue trap », l’investissement dans des sociétés à coupons élevés, dans des secteurs en perte de vitesse. Les spécialistes du tourisme, de l’im-mobilier ou les transports ont beau-coup souffert en Bourse et certaines de ces valeurs affiche des rende-ments attractifs. Mais ces secteurs sont encore loin d’avoir tourné la page de la crise et font face à des dé-fis structurels. La régularité des ver-sements est également essentielle.

Certaines entreprises peuvent se montrer très généreuses lorsque le vent leur est favorable mais être en-suite incapables de soutenir la ca-dence. « Pour éviter cet écueil, il faut privilégier les sociétés dont le bilan est sain et qui disposent de suffisamment de cash pour maintenir leurs verse-ments dans le temps », explique Florian Allain, chez Mandarine Gestion. Il faut également veiller à ce que les sommes versées aux ac-tionnaires ne se fassent pas au détri-ment des investissements qui sont le carburant des futurs dividendes. ■

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Honda afficHe un bénéfice net en forte Hausse grâce à des réductions de coûts [email protected]

La séance du vendredi 14 mai

LE CAC JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

AIR LIQUIDE ........................... 142,1 +0,5 142,7 141,18 0,123 +5,85AIRBUS .............................................. 99,57 +3,72 99,57 96,11 0,194 +10,9ALSTOM ..............................................44,35 +2,76 44,35 43,15 0,254 -4,85ARCELORMITTAL SA ...........................26,63 -0,28 27,015 26,26 0,462 +41,05ATOS .............................................. 54,68 +1,9 54,78 53,76 0,515 -26,88AXA .............................................. 22,875 +1,4 22,94 22,665 0,184 +17,24BNP PARIBAS ACT.A ...........................57,04 +1,75 57,26 56,23 0,265 +32,33BOUYGUES ..............................................34,57 +0,85 34,77 34,26 0,263 +2,73CAPGEMINI ..............................................154,05 +1,48 154,45 151,4 0,192 +21,49CARREFOUR ..............................................17,05 +0,65 17,12 16,935 0,353 +21,53CREDIT AGRICOLE ...........................13,326 +0,76 13,396 13,208 0,161 +29,13DANONE ..............................................57,55 -0,26 57,7 56,48 0,269 +7,05DASSAULT SYSTEMES ...........................185,15 +0,57 185,5 182,35 0,079 +11,44ENGIE .............................................. 12,684 +2,24 12,684 12,476 0,266 +1,31ESSILORLUXOTTICA ...........................139,88 +1,26 139,88 138,6 0,07 +9,67HERMES INTL ........................... 1068 +1,18 1069 1059 0,043 +21,42KERING ..............................................706,9 +1,57 708,6 701,8 0,126 +18,93L'OREAL ..............................................352,35 +0,63 353,35 350,75 0,05 +13,37LEGRAND ..............................................86,66 +1,71 86,78 85,72 0,183 +18,71LVMH .............................................. 628,1 +1,96 628,1 621,3 0,067 +22,94

MICHELIN ..............................................124,15 +1,35 124,8 122,2 0,224 +18,29ORANGE ..............................................10,558 +0,76 10,59 10,508 0,146 +8,47PERNOD RICARD ...........................175,35 +0,98 175,55 174,15 0,126 +11,83PUBLICIS GROUPE SA .....................55,46 +1,39 55,68 54,52 0,218 +36,06RENAULT ..............................................33,405 +3,26 33,485 31,97 0,344 -6,59SAFRAN ..............................................124,54 +3,82 124,68 120,5 0,144 +7,41SAINT GOBAIN ........................... 55,61 +1,59 55,71 54,44 0,228 +48,29SANOFI ..............................................86,72 +0,14 86,96 86,36 0,113 +10,19SCHNEIDER ELECTRIC .....................131,44 +2,78 131,44 127,88 0,147 +11,11SOCIETE GENERALE ...........................26,1 +1,56 26,315 25,77 0,455 +53,33STELLANTIS NV ........................... 14,858 +1,53 14,858 14,498 0,194 +15,69STMICROELECTRONICS .....................29,175 +0,99 29,35 28,63 0,318 -3,65TELEPERFORMANCE ...........................313,5 +0,74 314 310,6 0,16 +15,55THALES ..............................................86,32 +2,03 86,36 84,16 0,093 +15,25TOTAL .............................................. 39,75 +2,42 39,78 38,75 0,199 +12,61UNIBAIL-RODAMCO-WE .....................69,95 +3,74 69,95 67,81 0,474 +8,32VEOLIA ENVIRON. ...........................26,1 +1,87 26,11 25,59 0,31 +30,43VINCI .............................................. 95,41 +2,11 95,53 93,15 0,137 +17,27VIVENDI ..............................................29,05 +0,73 29,05 28,84 0,175 +10,12WORLDLINE ..............................................75,78 +1,09 75,78 74,35 0,16 -4,2

MONNAIE 1 EURO=

LIQUID. VALORISAT.VALEUR DATE DE

LES DEVISES

VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS

s-Elysées

T

37 av. des Champ75008 Paris

el. : 01 56 43 62 50

Cybèle Asset Management

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN 1,5634 AUDCANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN 1,47 CADGDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING 0,8608 GBPHONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG 9,4151 HKDJAPON ................................................................................ YEN 132,49 JPYSUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE 1,0952 CHFETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR 1,2123 USDTUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN 3,298 TNDMAROC ................................................................................ DIHRAM 11,103 MADTURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE 10,2174 TRYEGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE 19,07 EGPCHINE ................................................................................ YUAN 7,8024 CNYINDE ................................................................................ ROUPIE 88,807 INRALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN 162,02 DZD

BETELGEUSE ................................................48,91 11/05/21BELLATRIX C ................................................341,58 11/05/21SIRIUS ................................................58,32 11/05/21

L’OR JOUR VEILLE 31/12

COTATION QUOTIDIENNE ASSURÉE PAR LOOMIS-CPORwww.cpordevises.comLINGOT DE 1KG ENV .....................................................49070 49490 -1,86NAPOLEON ..................................................... 290 290 -4,89PIECE 10 DOL USA .....................................................846 845,75 -5,47PIECE 10 FLORINS .....................................................303,8 303,8 -6,38PIECE 20 DOLLARS .....................................................1680 1640 -4PIECE 20F TUNISIE .....................................................295 295 -6,94PIECE 5 DOL US (H) .....................................................440 440 -3,3PIECE 50 PESOS MEX .....................................................1835,75 1835,75 -5,86PIECE FR 10 FR (H) .....................................................162,9 162,8 -2,4PIECE SUISSE 20F .....................................................283 283 -5,64PIECE LATINE 20F .....................................................292 290 -4,26SOUVERAIN ..................................................... 360 355 -5,01KRUGERRAND .....................................................1603,5 1604,75 -4,25

ReTRouvezsite d’informations exCLusives www.wansQuaRe.com

Honda, le deuxième constructeur auto-mobile japonais derrière Toyota, a annon-cé vendredi un bénéfice net en forte hausse sur son exercice 2020-2021 grâ-ce à des réductions de coûts et des effets comptables positifs, mais il a formulé des prévisions nuancées pour 2021-2022. Honda prévoit en effet un repli de 10,3 % de son bénéfice net, à 590 milliards de

yens (4,4 milliards d’euros), et une stag-nation de son bénéfice opérationnel à 660 milliards de yens (5 milliards d’euros), invoquant l’impact persistant de la pan-démie, la pénurie de semi-conducteurs et le renchérissement des matières premiè-res. Il s’attend à une augmentation de ses ventes de 15,4 %, à 15 200 milliards de yens (114,8 milliards d’euros), grâce à une

nette reprise aux États-Unis et en Chine, tandis que ses perspectives au Japon res-tent « incertaines » à cause de la recru-descence locale du Covid-19.

Sur son exercice 2020-2021 clos au 31 mars, Honda a enregistré un bond de 44,3 % de son bénéfice net, à 657,4 mil-liards de yens (5 milliards d’euros), une performance largement supérieure à son

dernier objectif. Son bénéfice opération-nel n’a lui augmenté que de 4,2 %, à 660,2 milliards de yens (5 milliards d’eu-ros). Le chiffre d’affaires a baissé de 11,8 %, à 13 170,5 milliards de yens (99,5 milliards d’euros), principalement dans les deux-roues (-21,8 % en volume), et plus modestement dans l’automobile (-5,1 %), essentiellement à cause de la

pandémie. À la suite de cette publication, le titre a gagné 1 % à la Bourse de Tokyo.

Mercredi, Toyota avait dit s’attendre à une croissance solide sur son nouvel exercice, tandis que Nissan, resté profon-dément dans le rouge en 2020-2021, voit son redressement freiné par la crise des semi-conducteurs et la hausse des matières premières. ■

InfographieSource : Mandarine Gestion

41

2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Face à la crise, les dividendes résistentÉVOLUTIONDESDIVIDENDESDISTRIBUÉSPAR LES SOCIÉTS DUCAC 40,enmilliards d'euros

28,6

49,2

42,739,240,7

34,8

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

A

28 médias et publicité

en bref

ENGOUEMENT POUR EPsilOON sUR UlUlE£ Epsiloon, le magazine scientifique qui sera lancé fin juin par les anciens journalistes de Science et Vie, a signé un démarrage en fanfare sur la plateforme de financement participatif Ulule. Depuis le lancement de la campagne lundi 10 mai, 13 000 personnes ont contribué au projet en précommandant plus de 25 000 abonnements, faisant entrer Epsiloon « dans le top 5 des projets les plus financés sur Ulule », précise son éditeur Unique Heritage Media.

la RUssiE s’EN PRENd aU Média vTiMEs£ Vendredi, le ministère de la Justice a classé Vtimes, un média en ligne indépendant reconnu, comme « agent de l’étranger » sous prétexte qu’il est enregistré aux Pays-Bas. Un statut qui va gêner son fonctionnement, sa rentabilité et l’exposer à de lourdes amendes. Cette décision intervient moins d’un mois après qu’un autre média en ligne, Meduza, a subi le même sort.

économie» Sur

« L’ACTUALITÉ DeS MÉDIAS »

dans le 17 h-20 h par Catherine Pottier et enguérand renault chaque dimanche à 17h25 et sur franceinfo.fr

chloé woitier £@W_Chloe

jeux vidéo Des chiffres d’affai-res au plus haut, des bénéfices his-toriques, une croissance à deux chiffres : le secteur du jeu vidéo n’est pas près d’oublier la crise du Covid-19. Les grandes entreprises américaines, japonaises et europé-ennes du secteur viennent de pu-blier le bilan de leur année fiscale close au 31 mars. Les courbes folle-ment ascendantes de leurs indica-teurs financiers n’ont rien à envier à celles des géants de la tech, una-nimement reconnus comme étant les grands « gagnants » d’un mon-de confiné. Nintendo a ainsi vu son chiffre d’affaires bondir de 34 %, à 13 milliards d’euros. Mais l’inven-teur de la console Switch explose avant tout son bénéfice net (+ 86 %), fixé à 3,7 milliards d’eu-ros. Jamais dans sa longue histoire le groupe japonais n’avait atteint une telle somme.

Les performances des autres ac-teurs du marché ont aussi de quoi donner le tournis. Les progres-sions des chiffres d’affaires, qui at-teignent des niveaux historiques : + 46 % pour le français Ubisoft (2,2 milliards d’euros) ; + 40 % pour le japonais Square Enix (2 milliards d’euros) ; + 30 % pour Sony PlayStation (22 milliards d’euros) ; + 15 % pour l’américain EA (5,1 milliards d’euros). La croissance des bénéfices, nets ou opérationnels, est tout aussi verti-gineuse : + 56 % pour Capcom (200 millions d’euros) ; + 40 % pour Sony PlayStation (2,6 mil-liards d’euros) ou + 40 % pour Square-Enix à 380 millions d’eu-ros. L’américain Activision-Bliz-zard, qui a bouclé son année fiscale le 31 décembre, a vu son bénéfice opérationnel décoller de 70 %, à 2,7 milliards d’euros.

Le contexte joue évidemment pour beaucoup. Privés de sorties avec les confinements puis les

couvre-feux, tenus à distance de leurs proches, de nombreux foyers se sont tournés vers les jeux vidéo pour se divertir et s’amuser en li-gne avec leurs amis. Nintendo a ainsi vendu 29 millions de consoles Switch en un an, mais aussi 20 millions d’unités du jeu Animal Crossing, 10 millions de Mario Kart 8, et 9 millions d’exemplaires de Super Mario 3D All Star.

Trou d’air dans les sortiesEA a gagné 42 millions de nou-veaux joueurs en un an sur l’en-semble des jeux de son catalogue (Fifa 21, Apex Legends…). Ubisoft revendique, lui, 28 millions de nouveaux venus. Le succès de la PlayStation 5, la nouvelle console de Sony sortie en novembre, est une autre illustration : cette ma-chine hautement désirée par le public s’est vendue à près de

8 millions d’exemplaires en cinq mois, un record… qui entraîne de durables ruptures de stocks.

Si tout semble sourire au jeu vi-déo, le secteur vit en ce moment même les conséquences de la crise sanitaire. Les productions des nouveaux jeux ont été perturbées par le télétravail. Depuis janvier, le calendrier de sorties est atone à quelques rares exceptions près. Nombre de sorties de blockbusters très attendus ont été décalées à l’an prochain. La cuvée 2021 des nouveautés du jeu vidéo s’annon-ce donc tout sauf exceptionnelle.

Faut-il s’attendre à une forte dégringolade des résultats finan-ciers des grands éditeurs ? Pas si sûr. Voilà plusieurs années que le secteur a pris avec succès le virage du digital et des revenus récur-rents. Grâce aux magasins en ligne incorporés aux consoles de jeu, les

éditeurs peuvent mettre en avant tout au long de l’année leur fond de catalogue à prix cassés - une aubaine pour les consommateurs aux budgets serrés. Des jeux sortis il y a deux ou trois ans continuent à rapporter de l’argent alors qu’au-paravant, le destin commercial d’un jeu vidéo se nouait sur ses deux premières semaines de com-mercialisation. La moitié du chif-fre d’affaires 2020 d’Ubisoft pro-vient ainsi de ses anciennes sorties.

D’autres jeux vidéo jouent la carte du « live service », avec une publication constante de nou-veaux contenus, gratuits ou payants, et la possibilité d’acheter du bonus optionnel. Le live service fait la fortune d’EA : sur ses 6,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, 4 milliards pro-viennent de ces achats récurrents,

dont 750 millions du seul jeu en ligne gratuit Apex Legends, qui se veut concurrent de Fortnite.

Les éditeurs regardent désor-mais avec grand appétit le tour de force d’Activision avec sa licence Call of Duty, dont un nouvel épiso-de sort chaque année pour 60 eu-ros pièce. Tout en conservant ce produit premium annuel, Activi-sion a ouvert Call of Duty à un tout nouveau public en publiant des jeux en ligne gratuits - mais regor-geant de microtransactions - sur console, PC, et smartphone (Call of Duty Warzone et Call of Duty Mobi-le). Depuis, les dollars pleuvent. En 2020, la licence Call of Duty a généré 3 milliards de dollars de recettes et a touché 100 millions de nouveaux joueurs. « Nous allons appliquer ce modèle à nos autres marques iconiques », a annoncé son PDG Bobby Kotick.

Le message a été entendu par la concurrence. Ubisoft va mettre l’accent sur d’ambitieux jeux free-to-play adaptés de ses plus célè-bres franchises, tout en conti-nuant à sortir des jeux premium. Même volonté chez EA, dont les li-cences Battlefield et Apex Legends sortiront bientôt sur smartphone. Les célèbres jeux de sport du grou-pe, dont l’iconique Fifa, vont con-naître le même destin. Pour l’aider dans cette tâche, EA vient d’ac-quérir l’éditeur Glu, spécialiste des jeux mobile très grand public. Ob-jectif, atteindre rapidement les 2 milliards de dollars de revenus annuels sur smartphone. ■

Nintendo, qui a vendu 29 millions de consoles Switch en un an, explose son bénéfice net (+ 86 %), à 3,7 milliards d’euros. Jamais dans sa longue histoire le groupe japonais n’avait atteint une telle somme.Khunatorn/stocK.adobe.com

La folle année des champions du jeu vidéoLes acteurs du secteur signent des performances historiques et comptent bien poursuivre sur cette voie.

tom KerKour£@Tkerkour

Streaming Le début de l’année 2021 n’est pas féerique pour Dis-ney. Toutes les branches de l’en-treprise ont vu leurs revenus baisser au premier trimestre. Seule exception, les plateformes de vidéo à la demande, Disney+, Hulu et ESPN+, qui ont rapporté 4 milliards de dollars sur un an. Malgré sa bonne santé apparente, le service de streaming Disney+ connaît une croissance plus faible qu’espéré. Les analystes esti-maient que la plateforme attein-drait les 109 millions d’abonnés, elle n’en recense finalement que 103,6 millions. Une annonce qui a déçu les investisseurs, suivie ra-pidement par une sanction en bourse : Disney a perdu 4 % jeudi lors des échanges électroniques après la clôture.

La direction de Disney préfère rester optimiste malgré cette lé-gère déception : « Gardez à l’es-prit que nous avons conquis 30 millions de ménages pendant les six premiers mois de l’année fiscale », rassure Bob Chapek, PDG de Walt Disney Company. Le président a assuré que la so-ciété maintenait son cap, et espé-rait atteindre entre 230 et 260 millions d’utilisateurs sur ses services vidéos, d’ici à 2024.

Si l’augmentation du nombre d’abonnements n’est pas aussi forte que lors du début de la pan-démie, le service peut tout de même revendiquer 8 millions de nouveaux abonnés en l’espace de deux mois. Une hausse facilitée par la diversification de son con-tenu. Le service a, par exemple, lancé son catalogue « Star » inté-

grant de nouvelles licences po-pulaires comme Lost, Desperate Housewives ou Prison Break.

Des abonnés moins rentablesLa marque de Mickey n’est pas la seule à avoir connu un nombre d’abonnements plus faible que prévu. Le leader du marché Net-flix espérait conquérir 8 millions de nouveaux clients au premier trimestre, il n’en a finalement gagné que 3,98 millions. Une moindre croissance attribuée à l’amélioration de la situation épi-démique.

La situation par abonné des deux géants américains du strea-ming est toutefois très différente. Les 208 millions d’abonnés de Netflix restent bien plus rentables que ses concurrents. Un abonné Netflix rapporte en moyenne 14,25 dollars aux USA, et 11,56 dollars en Europe. Les 103 millions d’utilisateurs de Dis-ney+ sont bien moins rentables. Un abonné ne rapporte en moyenne que 3,99 dollars à l’en-treprise, malgré une récente hausse du prix de l’abonnement.

L’ancien revenu moyen était de 5,63 dollars, mais il s’est ef-

fondré lorsque Disney+ a lancé son offre Disney+ Hotstar sur les marchés où les revenus sont les plus faibles. En Inde, l’accès au catalogue de Disney+ est facturé deux euros par mois. Une offre qui permet d’engranger rapide-ment beaucoup de nouveaux clients, mais avec un revenu moindre.

L’empire du divertissement Disney entrevoit cependant une éclaircie. Après avoir souffert des restrictions, qui lui auraient coû-té 1 milliard de dollars, la sortie de la crise pourrait relancer la machine. ■

Le revenu moyen par utilisateur tombe à 3,99 dollars, plombé par le service Disney+ Hotstar.

Petite panne de croissance pour Disney+

Un nouveau record pour des droits de retransmission télévisés a été battu en Amérique du Nord. Il concerne cette fois le cham-pionnat de football espagnol. La chaîne sportive américaine ESPN, propriété du groupe Disney, a dé-boursé 175 millions de dollars pour chacune des huit prochaines saisons de la Liga. Le contrat, noué à partir de la saison pro-chaine et jusqu’en 2028, repré-sente au total un record de 1,4 milliard de dollars (1,16 mil-liard d’euros). La totalité des 380 matchs seront retransmis en streaming sur ESPN+, tandis qu’une sélection sera diffusée sur le réseau télévisé ESPN classique.

Il s’agit de l’accord de diffusion de matchs d’une ligue étrangère le plus coûteux de l’histoire, dé-passant le milliard de dollars payé par la chaîne NBC, lorsqu’elle

s’est offert la Premier League an-glaise. « Cet accord crée un vérita-ble foyer pour la Liga aux États-Unis pour les années à venir », a déclaré Russell Wolff, vice-prési-dent exécutif et directeur général d’ESPN+.

Premier diffuseur de foot européen aux États-UnisAvec ce contrat de premier ordre, la chaîne américaine poursuit son investissement dans les contenus sportifs européens. La stratégie af-fichée est de se concentrer sur les plus grosses et prestigieuses com-pétitions. « La Liga est l’une des meilleures ligues de football, elle fait partie des plus populaires au mon-de », s’est félicité Bob Chapek, PDG de Disney. Il évoque un accord qui « renforce la position d’ESPN+ en tant que destination de choix pour le football aux États-Unis. »

Le groupe s’était déjà offert en 2009 les droits de diffusion de certains matchs de La Liga pour le réseau ESPN International. L’autre argument commercial majeur du service est son droit de diffusion de la Bundesliga, la prestigieuse ligue allemande. Ces deux rendez-vous placent le service au rang de premier diffu-seur de football européen aux États-Unis. Le catalogue de la marque comprend aussi la Coupe du Roi et la Supercoupe, la MLS nord-américaine ou la FA Cup d’Angleterre.

Ces contrats juteux ont permis à l’entreprise de prospérer sur ce segment où le piratage demeure fréquent. En 2021 la plateforme de streaming ESPN+ compte 13,8 millions d’abonnés sur le seul territoire américain. ■

t. K.

ESPN paye 1,4 milliard pour les droits TV de la Liga

« Cet accord crée

un véritable foyer pour la liga aux états-Unis pour les années à venir»Russell Wolff, vice-pRésident exécutif et diRecteuR généRal d’espn +

3milliards

de dollars de recettes générés en 2020 par la licence Call of duty

(activision)

103millions

d’abonnésatteints au premier

trimestre 2021

A

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro - N° 23 866 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

claire bommelaer [email protected]

La promotion de son livre, Le Partage d’Orient, a été stoppée net, début avril. Depuis, on a compris que Sophie Makariou, directrice

du Musée national des arts asiati-ques-Guimet, était dans la course pour la présidence du Louvre. Qu’importe le silence médiatique qu’elle s’est imposé pour ne pas brouiller les messages : cet ouvrage intimiste et très bien écrit se lit d’une traite, avec ou sans explications de texte. Il raconte une histoire person-nelle et très universelle, celle de l’appartenance à une double culture.

Fille d’une Bretonne et d’un Chypriote, devenu français en 1956, Sophie Makariou estime être « née à Chypre en 1973 », à l’âge de 7 ans. Au cours d’un premier séjour dans la fa-mille paternelle, elle rencontre les couleurs, les saveurs, la lumière et « l’ivresse d’un autre monde », qu’elle aimera à la folie. Mais un an plus tard, la guerre et la « douleur affolée » entrent dans sa vie, et surtout dans celle de son père qui ne s’en remettra jamais. Jusque-là peuplée de deux communautés, les Grecs et les Turcs, qui vécurent côte à côte pendant quatre siècles, Chypre est brutale-ment envahie par la Turquie, puis partagée en deux territoires.

Le berceau familial paternel connaît la partition, l’éclatement, l’exil. Par la suite historienne d’art, puis spécialiste d’art islamique, So-phie Makariou va tourner autour de « son île » en élisant des pays de cœur

limitrophes - le Liban, la Turquie, la Syrie. Tous les ans, elle passe tout de même des vacances à Chypre, pre-nant un café « avec l’espoir fou que le monstrueux accroc peut se réparer ». Mariée, elle ne s’est d’ailleurs jamais départie de son nom, « devenu une réclamation » - même si les Français, qui n’ont qu’une lointaine accoin-tance avec ce coin de terre, n’identi-fient pas tout de suite son patronyme comme étant chypriote.

Ébranlée dans ses certitudesAprès l’île, c’est elle-même qui va se trouver « pourfendue », au moment des attentats du 11 Septembre. Sophie Makariou, qui aime tant l’Islam et sa culture, se voit ébranlée dans ses certitudes - elle songe à tout abandonner. La création d’un dépar-tement des arts de l’Islam, au sein du Louvre, et inauguré en 2012, lui per-met de calmer sa tempête intérieure.

Pourtant, aujourd’hui, elle sait que l’avenir est sombre, et n’est pas à la réparation : « Au cours des années, j’ai profondément intériorisé les conflits de l’islam, et je n’en ai pas fini, je le crains », admet-elle. Ce que l’on fait aux images, on le fait aux hom-mes, et la destruction par Daech du patrimoine à Mossoul, à Tombouc-tou, à Ninive ou Palmyre, sans compter les attentats de 2015, sont là pour lui rappeler. Alors, presque de guerre lasse, elle glisse : « Le pire du cataclysme est encore à venir. Je sais de la même façon qu’il y a quarante-six ans que la table de l’histoire est en train de se renverser. » ■

Le Partage d’Orient, Stock, 300 p., 19,50 €.

langue françaiseun nouveau livre nous alerte sur l’usage grandissant des anglicismes Page 34

Le vin mousseux mis au goût du joursurfant sur la mode du spritz, la puissante marque Chandon s’installe en franCe et ailleurs aveC une Cuvée parfumée à l’orange dont le goût est similaire à Celui du CoCktail populaire. Pages 30 et 31

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mémoires de Chypresophie makariou, présidente du musée guimet, publie « le partage d’orient », un réCit intime et inquiet sur l’orient islamique.

théâtresrouvrir le 19 mai ou pas ? certains établissements publics et privés sont réticents Page 32

Lambert Wilson et Andréa Bescond dans Emportés par la Commune.

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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30 l'événement

Garden Spritz l’idée de l’été ?

La marque de mousseux Chandon, Créée en argentine dans Les années 1950, revient en FranCe aveC un ConCept simpLe et disruptiF : mettre Le CoCktaiL d’apéritiF Le pLus à La mode dans une seuLe bouteiLLe.

D’une certaine façon, l’histoire du Chandon Garden Spritz, qui s’apprête à faire le show sur les terrasses cet été, a commencé au siècle dernier. L’épopée Chandon en Argentine débute dans les années 1950 avec le comte Robert-Jean de Vogüé. Le président de Moët & Chandon, aussi une figure de la Secon-de Guerre mondiale, alors largement impliqué dans les institutions interpro-fessionnelles champenoises, est con-vaincu que le savoir-faire de sa maison peut servir d’autres causes que le seul champagne. Conscient que, du côté de Reims ou d’Épernay, aucune extension de l’aire d’appellation n’est envisagea-ble, dès 1955, il envoie en mission Re-naud Perrier, son chef de cave, pour trouver des vignobles où il serait possi-ble de produire du mousseux. À l’épo-que, l’idée même est considérée par la majorité des Champenois comme une haute trahison. Depuis, d’autres ont suivi le chemin.

Pourquoi l’Argentine ? Au milieu du XXe siècle, les États-Unis sortent à pei-ne de la prohibition. Dans l’hémisphère Sud, il y a encore très peu de vignes dans des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. Et le Chili ne consomme pas de vin. L’Argentine, avec sa longue tradition viticole, est une forme d’évidence. Robert-Jean de Vogüé va se rapprocher de son neveu par alliance le baron Bertrand de La-doucette, qui vit en Amérique latine. Invité à Buenos Aires par ce dernier, il constate que, dans les bars populaires,

les Argentins boivent du vin blanc dans lequel ils ajoutent de gros glaçons et un peu d’eau gazeuse… Une sorte de mousseux avant l’heure. De quoi le convaincre pour de bon. Il se rend sur place, avec sa 2 CV équipée en 4 roues motrices pour une exploration tout-terrain. Les trois premiers hectares sont plantés à côté de Mendoza.

Intuition et pragmatismeReste alors à habituer les Argentins à ce nouveau produit. Dans les soirées mon-daines de Buenos Aires, le champagne est bien installé. Sous l’impulsion des pa-

trons de la marque, le mousseux va faci-lement trouver sa place. Mais il ne va pas se contenter d’être un vin de célébration de mariages et de baptêmes, il va s’im-miscer dans le quotidien des habitants des grandes villes, prenant notamment la place du whisky. Dans les esprits, la confusion champagne-mousseux joue en faveur du nouveau venu. Et, au-delà de l’emballage, du prestige et des beaux discours, son goût semble plaire aux lo-caux. Chandon s’adapte à des palais gé-nétiquement italo-hispaniques. Si la douceur fait bien partie du caractère ar-gentin, il ne s’agit en rien d’une douceur

sucrée, plutôt d’une sensation caressan-te, que ce vin va faire sienne dans ses différentes déclinaisons : « Nature », « Reserve », « Demi Sec », « Baron B » ou « Delice ». Pour un breuvage idyosyn-crasique, aimable, enveloppé.

La marque Chandon sait prospérer, en faisant preuve d’intuition d’abord, et ensuite d’un pragmatisme éclairé, malgré les terribles caprices de la con-joncture locale. Comme en 2001, lors d’une des plus terribles crises que con-naît le pays. Les restaurants, les cafés, les aéroports sont vides. Mais Chandon ne licencie pas et se concentre sur

L’épopée argentine de Chandon

Le comte Robert-Jean de Vogüé établit en 1959 le premier domaine Chandon en Argentine. Ci-dessus, les chais et les vignes de Chandon à Mendoza.

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Stéphane Reynaud [email protected]

Ceux qui ne l’ont pas goûté vivent sur une autre planète. Depuis une dizaine d’an-nées, le cocktail couleur orange électrique, un mé-

lange de prosecco, d’Aperol – ou de Campari, selon qu’on le souhaite sucré ou amer -, rafraîchi par des glaçons puis servi dans de grands verres à pied, est à l’apéritif ce que Rihanna est à la variété mondiale. Chaque année, cent millions de bouteilles de mous-seux italien sont dédiées à ce breuvage ultra-populaire. La tendance est à la hausse.

Difficile pour Moët Hennessy (LVMH) et son président Philippe Schaus de passer à côté du phénomè-ne. D’une part parce que le groupe surfe plus que jamais sur les tendances du secteur, créant ou rachetant les produits idoines. En moins d’un an, la mise sur le marché du rhum Eminente et l’acquisition de 50 % des parts d’Armand de Brignac, le champagne de Jay Z, confirment la stratégie offen-sive. Et puis l’entreprise produit en quantité depuis les années cinquante le Chandon, un « sparkling wine » qui n’a rien à envier à la plupart des vins à bulles transalpins.

Le groupe aurait pu mettre en con-currence de façon directe son Chan-don avec les proseccos et compléter l’offre par la mise au point d’une li-queur dans l’esprit de l’Aperol, à la base de la recette. Mais l’idée de pro-poser un nouveau vin dont le goût est similaire à celui du Spritz l’a emporté. « Nous avons réalisé des dizaines d’es-sais », insiste Sibylle Scherer, à la tête de Chandon depuis deux ans et demi. Le résultat est un assemblage de vin mousseux argentin et d’une liqueur d’orange amère concoctée dans ce même pays. « Nous utilisons les peaux de fruits élevés sans pesticides, macé-rées puis cuisinées avant d’être mélan-gées avec une combinaison d’herbes et d’épices. Nous n’utilisons aucune sa-veur ni colorant artificiels », continue Sibylle Scherer. De fait, la couleur est plus douce, moins électrique que celle de l’original « aperolisé » dont une dizaine de verres suffiraient à éclairer la galerie des Glaces du château de Versailles.

En bouche, l’amertume et les arô-mes d’orange dominent, l’acidité des agrumes est bien balancée par la dou-ceur du vin. Tout cela est équilibré.

Comme le Spritz classique, le Chandon Garden Spritz se consomme en piscine c’est à dire avec quelques blocs de glace.

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le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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l'événement 31

F R É D É R I C N I E D E R M A Y E R P R É S E N T E

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L ’ É T R E I N T E

"Emmanuelle Béart, la puissance et la grâce"Madame Figaro

U N F I L M D E L U D O V I C B E R G E R YV I N C E N T D E D I E N N E T I B O V A N D E N B O R R E

sylvain reisser [email protected]

Partir. Changer d’air. Tout le monde en meurt d’envie. Où aller ? À la mer ? Pourquoi pas à la campagne ? Au cœur du vignoble médocain. Près

de Saint-Estèphe, l’entrepreneur Michel Reybier se rêve en Louis-Gas-pard d’Estournel. De cet aventurier du XIXe siècle, il a recréé le domaine. Après avoir racheté le vignoble Cos d’Estournel, second cru classé de 1855, il a ajouté le château Pomys, la rési-dence personnelle du même Estournel. Transformée en hôtel, la demeure fait face au château Saint-Estèphe, au sein du hameau de Leyssac.

Pour rejoindre cette adresse située sur l’estuaire de la Gironde, deux op-tions s’offrent à vous. Soit par le sud via Bordeaux. Soit en prenant le bac à Royan. De loin la solution la plus ré-jouissante. Embarquer à bord du bateau, c’est déjà une promesse d’ailleurs. La traversée dure 25 minu-tes. Juste le temps de s’imaginer en route pour les Amériques, et vous voici débarqué au Verdon-sur-Mer, à la pointe de l’estuaire. Au paysage de marais qui s’étend sur les vingt pre-miers kilomètres succèdent bientôt les pieds de vigne et des noms de domaine qui font rêver. Au bout d’une allée, l’ancienne demeure d’Estournel tient plus de la maison de famille que du pa-lais. Lorsque l’on pénètre à l’intérieur, on s’attend à ce qu’une vieille tante vous accueille.

Pas encore trentenaire mais possé-dant déjà une longue expérience, Clo-tilde Lebrun veille sur les lieux. Elle sait mettre à l’aise ses hôtes, satisfaire (presque) toutes les demandes tout en sachant s’effacer quand il le faut. Les lieux aimantent. Simplicité et authen-ticité ont guidé la décoration intérieu-re signée par le designer anglais Alex Michaelis. Il a mixé habilement le néo-Art déco et le contemporain autour d’un mobilier chaleureux en velours. Chinés par un antiquaire bordelais, les

objets donnent de la vie au lieu. Côté jardin, les espaces sont décloisonnés. En toute décontraction, on passe de la salle à manger au salon-bibliothèque ou à la cuisine sans avoir de porte à franchir. On peut y prendre l’apéritif ou y manger pendant qu’Émilien Des-champs, l’ex-second de Gordon Ram-say, mitonne les plats avec sa brigade.

Dépaysement assuré Le restaurant propose dès 29 euros (menu) une cuisine bourgeoise revisi-tée. Le chef est à l’écoute de ses clients et la carte varie en fonction des arriva-ges et du potager situé au fond du parc de 2 hectares. Avec les beaux jours, on mangera sur la terrasse. Dans les éta-ges, les 14 espaces de vie privée ont été imaginés comme des chambres d’amis.

Après avoir posé vos valises, plu-sieurs activités s’offrent à vous : bain

relaxant aux feuilles d’eucalyptus (at-tention, toutes les chambres ne dispo-sent pas d’une baignoire) ; lecture sous la gloriette installée dans le parc boisé ; parcours de golf ; promenade à vélo jusqu’au vignoble du Cos d’Estournel, distant de 2 kilomètres, pour visiter le terroir et déguster ses nectars. Dépay-sement assuré entre les extravagances orientales des bâtiments (toits en pa-godes et tour crénelée) et des jardins (palmiers et buissons en forme d’élé-phants). On garde le meilleur pour la fin : la visite du chai et la dégustation de plusieurs cuvées de Cos, y compris la découverte de l’inédit Cos d’Estour-nel blanc issu de vignes de merlot sur-greffées en sémillon, et le second vin, Pagodes de Cos. ■Route de Poumeys « Leyssac », Saint-Estèphe.Réservations : 05 56 59 30 25 et [email protected]

un week-end à cos d’estournel

l’amélioration de l’outil industriel pour produire un vin encore meilleur, et ex-porter. Fin 2004, la marque parvient même à convaincre le gouvernement de remplacer un impôt sur les sociétés par une obligation d’investir. En 2008, la réussite était totale.

500 hectares exploitésLa région de Mendoza dispose de bon-nes terres, et les conditions permettant d’obtenir un raisin de qualité, comme en Champagne, sont reproduites sur des sols situés entre 1 000 et 1 500 mè-tres. La latitude de Mendoza n’est pas celle de Reims, mais les vignerons jouent avec l’altitude. Produire 100 mètres plus haut équivaut grosso modo à une différence de latitude de 150 kilomètres. À 1 300 mètres, c’est la Bourgogne, et à 1 500 mètres, on arrive à Reims. La carte du vignoble local se dessine au fil des nouvelles plantations de pinot noir, chardonnay, pinot meu-nier. Cependant, les problèmes d’eau que connaît la région et l’interdiction de creuser de nouveaux puits restent un puissant frein.

Aujourd’hui, Chandon Argentine ex-ploite plus de 500 hectares et fait en ou-tre appel à environ 150 fournisseurs. Les installations techniques, aux di-mensions du continent, sont à la hau-teur des ambitions de la maison et au-torisent un traitement simultané et rapide de dizaines de tonnes de raisin au moment de sa maturité : une autre garantie de qualité.

En Argentine, la maison française est aux premières loges. Le mousseux plaît à ces actifs soucieux de consommer un vin statutaire à un prix bien inférieur à celui du champagne. S’il se boit nature, il est aussi servi en cocktail, sur glace, agrémenté de sirop de gingembre, de morceaux d’ananas ou de lamelles de poivron. Le mousseux est le petit-fils décomplexé du champagne : il est ras-surant, on l’aborde sans aucune con-naissance œnologique, on y ajoute au-tant de jus de citron que l’on souhaite.

Sur le modèle argentin, d’autres do-maines ont vu le jour. Au Brésil et en Californie dès 1973, l’Australie a suivi en 1986, puis l’Inde et la Chine en 2013. Au début, il s’est agi de toucher les marchés nationaux en contrant les droits d’importation. Avec chaque fois des spécificités viticoles. « En Chine, la région productrice située dans le Ning-xia, sur les contreforts de la Helan Mountain, connaît des hivers si froids que les vignes doivent alors être recouvertes de terre », fait remarquer Sibylle Sche-rer. Avec ses six sites, Chandon compte plus de 2 000 hectares.

Aujourd’hui, la production mondiale annuelle de mousseux se compte en milliards de bouteilles. Les groupes français, italiens, espagnols, australiens ou américains, chacun dans leur caté-gorie, ont bien compris qu’il s’agit d’une boisson prisée par la jeune géné-ration, sur tous les continents. Et l’adaptent aux modes du moment. ■

s. r.

l’épopée argentine de chandon

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La Maison d’Estournel est située face au château Saint-Estèphe,au sein du hameau de Leyssac. G. Gardette

50 %des mousseux

produits dans le monde sont consommés aux États-Unis

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« Durant le confinement,

les goûts et les attentes des consommateurs ont évoluévers des vins et des alcools plushaut de gamme. C’est un phénomène mondial »PhiliPPe SchaUS, PrÉSident-directeUr gÉnÉral de Moët henneSSy

Avec quelques blocs de glace, le nou-veau venu se révèle fort léger. Certains y verront une mise à jour du vin d’orange, une recette connue depuis le XIXe siècle, différent du Spritz original qui était « allongé » ou « arrosé » («spritzen » en allemand) d’eau ga-zeuse par les soldats autrichiens occu-pant la Vénétie au début du XIXe siè-cle. Ces derniers jugeaient le vin local trop fort à leur goût. Deux siècles plus tard, le Garden Spritz titre 11,5°, ce qui est peu, comparé au reste de la pro-duction vinicole contemporaine.

« Durant le confinement, les goûts et les attentes des consommateurs ont évolué vers des vins et des alcools plus haut de gamme. C’est un phénomène mondial. Le Garden Spritz va dans ce sens », défend Philippe Schaus. Quand la plupart des établissements qui pré-parent le spritz pour leurs clients né-gligent la qualité du vin utilisé, cette nouvelle version garantit le recours à un cru de bonne facture. En outre, à quantité égale, le Chandon est moins sucré que le cocktail classique dont le goût est parfois proche du granité à

l’orange. Le tarif de ce nouveau pro-duit : 19,50 € la bouteille en rayon en France, soit un flacon vendu autour de 35 € au bar.

La nouvelle recette va être lancée en France, en Allemagne, en Australie, dans les pays scandinaves et aux États-Unis, pays qui représente à lui seul 50 % de la consommation de « spar-kling wine » dans le monde. Moët Hennessy vise les bars, les terrasses, les plages comme le Nikki Beach, et un public de 18 à 98 ans, quasiment uni-versel. Un million de bouteilles vont être produites cette première année, dont des demi-bouteilles, un format qui a le vent en poupe.

À terme, nul doute que la marque pourrait être déclinée avec d’autres arômes. La combinaison du mousseux avec le citron ou le yuzu pourrait être étudiée par les équipes de winema-kers. Chacun sait que consommateur contemporain est un curieux qui n’a de cesse de découvrir de nouvelles typicités.

Chandon arrive ainsi en France avec un produit qui, malgré son nom, se ré-vèle très éloigné du champagne, tant du point de vue des rituels de dégusta-tion que du goût ou des tarifs prati-qués. En revanche, le Garden Spritz pourrait se révéler comme une alter-native au rosé, autre boisson star de l’été pour lequel Moët Hennessy réali-se aussi des investissements considé-rables. Un match à venir dont l’entre-prise sortira forcément gagnante. ■

“Nous n’utilisons aucune saveurni colorant artificiels”Sibylle Scherer, PrÉSidente

de la MaiSon chandon

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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32 Culture

Jackson, Bertrand Skol et Philippe Go-din.Du 20 mai au 20 juin, le jeudi à 19 h 15, samedi à 18 heures et dimanche à 16 h 30. www.folietheatre.com ou 01 43 55 14 80.

uL’Artistic ThéâtreFrançoise Sagan Chroniques 1954-

2003. Un « cabaret littéraire » inédit mis en scène par Anne-Marie Lazarini sur une musique d’Andy Emler, inter-prétée au piano par Guilherme de Al-meida. En 1954 sortait Bonjour tristesse. En 2003 disparaissait une romancière de génie. Avec Cédric Colas, Coco Fel-geirolles et Frédérique Lazarini.À partir du 21 mai. www.artisticthea-tre.com ou 01 43 56 38 32.

uPetit MontparnasseSaint-Ex à New York, de Jean-Clau-

de Idée. L’écrivain aviateur, interprété par Gaël Giraudeau, s’est rendu à New York en 1941 avec l’ambition de jouer un rôle au sein de la Résistance fran-çaise. En 1942, il est installé dans une maison de bord de mer près de New York. Il y écrit Le Petit Prince, qui de-viendra un best-seller mondial.À partir du 26 mai, du mardi au samedi à 19 heures, jusqu’au 8 juin inclus, puis à partir du 9 juin, à 21 heures, dimanche à 15 heures, relâche le 15 juin.www.theatremontparnasse.com ou 01 43 22 77 74. ■

N. S.

face à lui-même, sa famille et son en-tourage professionnel. Dès le 19 mai.www.theatredebellevil-le.com ou 01 48 06 72 34.

uLe Funambule Montmartre Main basse sur le magot, une pièce

d’Arnaud Cassand inspirée du Fric-frac d’Édouard Bourdet. Une plongée dans le Paris des années 1930, dans le « monde des petites fripouilles ». Et, pour le jeune public, Charlie Poppins fait son cirque.À partir du 19 mai.www.funambule-montmartre.com ou 01 42 23 88 83.

uThéâtre idéal à TourcoingTeatro naturale ? Moi, le couscous et

Albert Camus, de Stefano Pasquini qui relate son histoire, celle d’un Italien de 17 ans, accueilli en France par des ré-fugiés espagnols. Paola Berselli, Mau-rizio Ferraresi et l’auteur préparent un couscous végétarien. Hors Covid, ils partagent avec les spectateurs à la fin. Reste le parfum de la Méditerranée. Du 19 au 23 mai. [email protected] ou 03 20 17 93 30.

uLa Folie ThéâtreLa Putain respectueuse, de Jean-

Paul Sartre. Une pièce inspirée du pro-cès des Scottsboro Boys. En 1931, neuf jeunes garçons noirs sont accusés d’avoir violé deux femmes blanches. Huit sont condamnés à la peine capita-le. Lætitia Lebacq dirige Baudouin

Des compagnies et des troupes auda-cieuses n’hésitent pas à enfin recevoir de nouveau le public. Notre sélection .

uThéâtre national de BretagneDeux spectacles, Derrière tes pau-

pières, de Pierre-Yves Chapalain, l’histoire d’Éléonore, une quadragé-naire fatiguée (Marie Cariès) qui a de plus en plus de mal à s’exprimer.Du 19 au 28 mai à 18 h 30 (relâche du 22 au 24 mai). Le spectacle sera repris à La Colline, à Paris, en septembre.Et Buster Keaton, par Marcial di Fonzo Bo et Élise Vigier. Du 19 au 22 mai, le 19 à 18 h 15, les 20 et 21 mai à 10 heures. Il sera repris du 8 au 10 juin à la Comédie de Caen (Norman-die).www.t-n-b.fr et 02 99 31 12 31.

uThéâtre de la TempêteLe Nid de cendres de Simon Falguiè-

res avec 16 comédiens, dont le metteur en scène lui-même, s’annonce comme une « fête théâtrale » sur fond d’his-toires authentiques et inventées. Du 19 au 23 mai à 17 h 30, samedi et di-manche à 14 heures. www.la-tempete.fr et 01 43 28 36 36.

uThéâtre de BellevillePoint cardinal, un seul-en-scène

adapté du roman de Léonor de Récon-do avec Sébastien Desjours. Laurent, marié et père, est en quête d’une iden-tité féminine. Ou comment un homme menant une vie normale se retrouve

hurler pendant sept mois et ne pas rou-vrir le jour où vous en avez le droit, lan-ce-t-il. Personne n’est rentable à 35 %. Ce n’est pas l’idéal, mais c’est mieux que zéro. Les aides se poursuivent. Jusqu’à fin août, on peut se dire : je perds d’un côté, mais je suis aidé de l’autre. »

Certains théâtres montrent toutefois l’exemple et accueilleront de nouveau du public dès le 19 mai dans le respect des règles sanitaires. « Il nous a semblé qu’il fallait marquer le coup, lance Da-niel Benoin, directeur d’Antipolis thé-âtre d’Antibes. À partir du moment où on peut jouer face à des spectateurs, il faut le faire. »

Pour la première fois de sa carrière, le directeur offrira des spectacles gra-tuits à ses abonnés (dans la grande sal-le, la jauge Covid est de 380 personnes au lieu de 1 200 personnes).

« Cela fait quatorze mois que je ne les ai pas vus. Je veux renouer le contact avec eux et leur donner l’habitude de re-venir », observe Daniel Benoin. Dans cet objectif, il fera, avec Michel Bouje-nah, une lecture d’Inconnus à cette adresse d’après Kressmann Taylor, puis proposera La Religieuse, d’après Diderot, revisité par Gaële Boghossian.

en mai, les ThéâTres font ce qu’il leur plaîtalors qu’ils protestaient contre leur fermeture depuis plusieurs mois, de nombreux établissements publics et privés hésitent à rouvrir le 19 mai.

De leur côté, Christophe Alévêque et Frédéric Beigbeider ont répondu pré-sents pour la mi-juin.

Pour Emmanuel Demarcy-Mota, à la tête du Théâtre de la Ville à Paris, l’idée est d’organiser « une fête de retrou-vailles ». « Le navire théâtre doit se re-mettre à flot », affirme-t-il. Dans la grande salle, le public pourra découvrir les Six personnages en quête d’auteur, de Pirandello, qui a célébré ses vingt ans de création en avril dernier. Et les scènes extérieures devant l’Espace Car-din sont prêtes à accueillir des specta-cles musicaux, de chants et de danse. En parallèle, le 19 mai, le Théâtre 14 rouvrira avec Un garçon d’Italie, d’après un texte de Philippe Besson, mis en scène, adapté et joué par Ma-thieu Touzé. Le même jour, le Théâtre de la Tempête a programmé Daddy Pa-pillon, la folie de l’exil de Naéma Bou-doumi.

Le 19 encore, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Isabelle Huppert interprétera La Ménagerie de verre, selon Ivo Van Hove, puis Stanislas Nordey étrennera Berlin mon garçon, de Marie NDiaye, tandis qu’aux Ateliers Berthier se don-nera Faith, Hope and Charity, d’Alexan-

der Zeldin, et Que ta volonté soit Kin, d’Aristide Tarnagda. Enfin, le Théâtre du Rond-Point rouvre le 2 juin avec, notamment, Je te pardonne (Harvey Weinstein) conçu par Pierre Notte. Et, au Théâtre national de Nice, à partir du 20 mai, Muriel Mayette-Holtz propose-ra sa création, le Feuilleton Goldoni, tiré de la trilogie des Aventures de Zelinda et Lindoro.

Loïc Bonnet distingue le mode de fonctionnement des théâtres dans la capitale et en région : « Tout dépend du contact avec le public et du caractère du dirigeant. Je connais mes clients, ce sont presque des amis. Il y a 400 théâtres à Paris. Le relationnel y est différent, les salles font 1 000 ou 1 200 places, c’est compliqué et il faut avoir des comédiens qui acceptent de jouer », souligne le diri-geant qui rouvre son Théâtre à l’Ouest, à Rouen, ainsi que deux nouvelles salles à Caen (200 places), et à Auray, dans le Morbihan (250 places). « Si on reste fer-mé après des mois de matraquage mé-diatique, cela signifie que ces lieux sont plus dangereux que les supermarchés. Le risque est payant, les gens commencent à réserver et on est soutenu par les réseaux sociaux. » ■

Théâtre privilégié s’il en est, qu’est-ce qui pouvait empêcher, le 19 mai, la Co-médie-Française de reprendre La Puce à l’oreille, mis en scène par Lilo Baur en septembre 2019, ou le cabaret de Serge Bagdassarian (L’Interlope) ? Les 56 membres de la troupe sont disponi-bles, puisqu’ils n’ont cessé de répéter depuis un an, assure Éric Ruf.

L’administrateur général du Français justifie sa décision de rester fermé. « L’annonce d’une réouverture le 19 mai est réjouissante, mais elle a avant tout un caractère symbolique, les conditions de sa mise en œuvre étant loin d’être propi-ces, distanciation, couvre-feu, etc., et claires », estime-t-il. Rappelant que les conditions de distanciation, deux fau-teuils vacants entre chaque réservation individuelle ou de groupe (de 6 person-nes maximum) avec une jauge de 35 %, ont été précisées seulement mercredi.

Couvre-feu à 21 heuresAutre argument du responsable : le couvre-feu à 21 heures, qui contraint d’achever les représentations vers 20 h-20 h 15 pour que le public ait le temps de rentrer chez lui. « Il ne suffit pas de remonter l’heure de la représenta-tion dans la journée pour qu’elle soit pos-sible, et nous ignorons encore si l’horo-datage des billets fera foi ou non », observe Éric Ruf, qui a par ailleurs fait

le choix de mises en vente progressives afin d’éviter aux spectateurs de revivre la période du 15 décembre « au cours de laquelle nous avions vendu, pour la troi-sième fois, des billets que nous avons dû rembourser pour la troisième fois ».

Celui qui est aussi metteur en scène et comédien est également chargé de « planifier » les représentations des cinq spectacles qui seront donnés début juin les trois salles (Richelieu, Vieux-Co-lombier, Studio-Théâtre du Carrousel). En gérant les changements de décors. Et en prenant en compte les contraintes sanitaires et celles, « déjà complexes en temps normal », d’une programmation en alternance. « Il ne suffit pas de faire un copier-coller de planification… Le ca-lendrier de déconfinement étant soumis au contexte viral, nous serions bien té-méraires de penser que les échéances fixées seront à coup sûr respectées. »

La date du 9 juin l’inquiète : « Nous ne pourrons pas passer de 35 % à 65 % de remplissage en remettant en vente les places laissées vides. Vendre une des deux places de distanciation laissées li-bres, cela veut dire installer côte à côte des spectateurs n’ayant pas réservé en-semble. Or, à 65 %, nous passerons très probablement de deux fauteuils vacants entre les réservations à un seul. » Affaire à suivre. ■

N. S.

à quoi joue la comédie-française ?

un choix restreint pour le 19 mai

Nathalie SimoN [email protected]

Quel est l’intérêt de rouvrir avant les vacances d’été et la rentrée de septembre se demandent de nombreux théâtres. Soit le 19 mai et avec une jauge pour l’heu-re fixée à 35 % jusqu’au

9 juin et la volonté qu’elle passe ensuite à 65 %. D’autant que certains, comme l’Odéon-Théâtre de l’Europe ou La Cri-ée, à Marseille, sont, contre leur gré, encore occupés par des intermittents du spectacle. En revanche, contre toute attente, ni La Colline, à Paris, ni le Thé-âtre national de Strasbourg ne rou-vrent.

En outre, à quatre jours de la reprise, ils attendent des consignes plus préci-ses de l’État concernant le protocole sa-nitaire. « Nous serons en mesure d’an-noncer notre programmation à partir du moment où nous saurons précisément dans quelles conditions nous pouvons ac-cueillir du public, ce qui n’est pas encore le cas », explique-t-on à la Comédie-Française, qui ne rouvrira pas avant juin (lire ci-dessous). Même son de clo-che du côté de la majorité des théâtres privés qui préfèrent rester fermés jus-qu’à fin août, voire début septembre. Ils perdraient de l’argent, arguent-ils, et espèrent d’ailleurs de nouvelles mesu-res d’accompagnements de la part de l’État (fonds de compensation, billette-rie…). La prolongation des droits au chômage, l’année blanche, ne modifie pas leur état d’esprit. Il y a quelques ex-ceptions, comme le Théâtre Antoine, à Paris, où Lambert Wilson et Andréa Bescond interpréteront Emportés par la Commune, mais uniquement le 19 mai.

« Je comprends les contraintes des chefs d’entreprise, mais les théâtres subventionnés devraient être les pre-miers à rouvrir, à montrer l’exemple. Avec 35 % de jauge, ils peuvent se le per-mettre. C’est presque un service public, une mission », estime Loïc Bonnet, pré-sident de l’association Théâtres privés en régions. Pour sa part, celui qui est également directeur de plusieurs salles dédiées à l’humour ne veut pas « rater le coche » : « On ne peut pas réclamer et

“On ne peut pas réclamer et hurler pendant sept mois et ne pas rouvrir le jour où vous en avez le droit”Loïc Bonnet, président de L’association théâtres privés en régions

Le 19 mai à l’Antipolis théâtre à Antibes,Michel Boujenah et Daniel Benoin feront une lecture d’Inconnus à cette adresse d’après Kressmann Taylor.Antoine ViAlAtte

Plus d’informations : www.ponant.com. www.ponant.com/naviguez-en-toute-serenite *Tarif par personne sur base occupation double, excursions et taxes portuaires incluses. Présence des invités sous réserve de désistement en cas de force majeure. Document non contractuel.Droits réservés. ©GettyImages - Mathieu Rivrin / Laurent Rouvrais / Jean Christophe Marmara / Thomas Goisque.

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universelle, mais aussi la pourrit de l’intérieur et, à ce rythme, en programme la disparition en deux générations. C’est une sottise de confondre la mondialisa-tion avec l’hégémonie d’une langue : l’anglais est une belle langue, Anglais et Américains sont nos « amis » ; il n’empêche que nous disposons d’une langue d’une grande beauté, d’une gran-de précision. Parler la langue du maître américain à la place de sa propre langue française, c’est collaborer à notre dispa-rition politique et culturelle. Mme Hidalgo parle blanc avec « made for sharing », ce slogan de pizza, la RATP avec son « crowdsourcing », la SNCF avec ses « Ouigo » ridicules…

Dans votre épigraphe, vous citez Jean d’Ormesson : « Nous avons renoncé au bonheur d’être Français. » Être Français, c’est aimer sa langue ?Bien sûr. Jean d’Ormesson faisait enten-dre le plaisir du texte, l’enchantement de cette petite musique de chambre qu’est la parole francophone, en cela qu’elle est liée aux autres arts, à un art de vivre à la française et à un projet collectif qu’il im-porte de transmettre. On parle des quatre piliers de la citoyenneté, et la langue fran-çaise serait l’un d’entre eux : c’est inexact. La langue française n’est pas un pilier, c’est un temple. Les autres piliers -l’égalité, la laïcité, la mémoire - se disent en langue ; ils sont pensés en lan-gue et par la langue. Elle ne coïncide pas avec les frontières politiques, elle est d’ordre civilisationnel ; c’est pourquoi elle constitue, comme dit François Cheng, poète chinois, « un trésor de l’humanité ».

La Francophonie montre bien que la langue ne connaît pas de frontières,

alain borer : « le français subit un grand dérèglement sémantique »Dans « speak White ! », l’essayiste s’insurge contre les anglicismes auxquels nous nous soumettons et qui menacent le génie De notre langue. il nous appelle à résister contre l’envahisseur franglais.

« Cancel culture », « batch cooking », « dropshipping »… S’il y avait une guerre des langues, l’anglais, ou du moins le franglais, l’aurait gagnée. De l’école à la politique, les anglicismes contaminent le paysage linguistique. Que penser de l’université de la Sor-bonne renommée en « Sorbonne Uni-versité » ? Du sommet économique « Choose France » ? Et plus récemment du « pass sanitaire » ?

Les anglicismes prolifèrent et le phénomène n’est pas récent. Déjà, au XIXe siècle, la petite société anglomane s’agace des « fashionable » qui vont au « raout ». Avec l’apogée de l’empire américain après 1945, le franglais s’accroît. Bien sûr, tout n’est pas à jeter. « Baby-foot », « blues », « rock’n’roll »… Ces mots-là sont entrés dans notre voca-bulaire. Mais qu’en est-il des autres ? René Étiemble s’offusque de ce sabir dans un essai qui fera date, Parlez-vous fran-glais ? Nous sommes en 1964 et, depuis, le franglais a muté en globish, cette lan-gue hybride utilisée par des non-anglo-phones voulant communiquer en anglais.

On explique ce phénomène par la prééminence des Américains dans les domaines économique, culturel et technologique. On se rend au « Carre-four City » ou au « Monop’Daily ». Dans les entreprises, on fait des « conf call », on est « overbooké ». Sur les ré-seaux sociaux, on « swipe », on « ghoste », on est « woke ». Est-ce par pédantisme, par facilité ou ignorance ? Si l’on ne connaît pas nécessairement les équivalents français, les anglicis-mes ont du moins une fonction socia-le. Ils montrent à ceux qui les com-prennent qu’ils sont in et font partie du sérail.

C’est un fait, tout groupe a son lan -gage. Mais le problème vient lorsque le jargon se fait passer pour ce qu’il n’est pas : compréhensible de tous. Certes, il y a un usage des anglicismes. Ils sont fréquents dans la sphère médiatique et le monde de la communication. Que penser de ces affiches publicitaires où on lit « lions of our time », « up to off », « swedish by nature » ? On les emploie à l’envi au sommet de l’État. Ainsi, on a pu entendre parler de « helpers », de « task force économie » dans la « start-up nation ». Mais l’homme de la rue s’exprime-t-il vraiment comme ça ?

Des expressions bricoléesLa langue a toujours emprunté à l’étranger. Aujourd’hui, néanmoins, l’importation est hégémonique et la do-mination, à sens unique. Le programme « Next generation EU » choisi par les ins-tances européennes pour « préparer l’avenir », alors que la langue anglaise est devenue minoritaire depuis le Brexit, entérine cette idée : le français serait un patois à l’échelle du globe. Le comble est atteint avec ces faux anglicismes : « sou-ping », « bronzing »… et ces expressions bricolées, « faire sens », « être en capaci-té de », traduites directement d’outre-Manche. Mais a-t-on jamais mieux parlé anglais en employant des anglicismes ?

Une question se pose aujourd’hui : peut-on donc échapper à ce rouleau compresseur ? La langue française a les outils nécessaires pour décrire la réalité du monde moderne. La pandémie l’a très bien montré. Les Français ont opté pour un « confinement » là où les Italiens ont choisi « lockdown ». Alors, soyons snobs, et parlons français ! ■

A. D.

« overbooké », « sWipe » : l’hégémonie Du globish

avec plus de 300 millions de locuteurs du français de par le monde…Oui, et l’influence de la langue française va bien au-delà des chiffres et de sa géo -graphie, avec une réputation qui l’associe dans le monde entier aux produits de luxe, ce qui devrait constituer un argument commercial pour les Français qui expor-tent des « Twingo » ou des « aircross hy-brid ». La francophonie, à la différence de l’Hexagone, crée et invente en langue française, voyez le Lexilogos en ligne, et le nouveau dictionnaire des francophones qui colligent ses trésors, par exemple l’« apatamer » togolais, le « dédevenir » du Jura suisse… Mais il faudrait encore que ces mots circulent et soient adoptés. Or les gouvernements français successifs n’ont aucune stratégie pour la francophonie : fermeture des centres culturels, privatisa-tion des lycées français à l’étranger, aide aux pays anglophones… Le danger est grand de voir se développer des langues françaises différentes.

Vous dites : « Nous vivons la plus grave crise d’amour de la langue », notamment depuis la fin du mandat de Mitterrand. Est-ce à dire qu’il n’y a plus de figure politique qui défendrait et aimerait sa langue ?Il y a belle lurette que l’on n’entend plus une belle langue française au sommet de l’État ; les Français l’auraient remarqué, car ils y sont très sensibles ! Cette panne remonte à Giscard et son calamiteux discours de mai 1974 par lequel il annonçait, en anglais, son élection urbi et orbi, diffusant deux messages implicites : c’est l’anglais qui est la langue inter -nationale, et nous sommes incapables de le bien parler – car son anglais était lamentable. François Mitterrand, excellent écrivain, s’est reproché trop tard de n’avoir rien fait en faveur de la langue et, hormis la loi Toubon, détournée chaque jour, nous allons, depuis, de capitulation en capitulation. L’affaissement de l’enseignement du français, réduit de 630 heures rien qu’en primaire par rapport à 1960, la suppression par Jospin du latin pour tous les écoliers de la République, c’est-à-dire la fermeture de la fontaine latine qui permettait à notre langue de se renouveler par ses racines, la loi Fioraso, qui abandonne l’université à la langue du maître, etc. Tout montre que les présidents successifs, en France comme en francophonie, se sont surpassés pour favoriser la langue… anglaise !

Le Brexit pourrait-il être une chance pour la langue française ?Une chance ultime se présente en ce moment pour rétablir l’usage de notre langue dans l’Union européenne. Le président Emmanuel Macron la saisira-t-il ? Il envoie un déplorable signe avec la carte nationale d’identité, ce « lieu de mémoire » par excellence (dirait Pierre Nora) et seul document commun à tous les citoyens, désormais « bilingue » en anglais : infériorisation et soumission, le message est toujours le même.

Comment faire donc pour régénérer la langue ?Nous devons entrer en résistance, tout autant que dans le combat contre la mal-bouffe, vilain mot pour une vilaine chose, et contre le dérèglement climatique. Mais la langue française subit un grand dérè-glement sémantique : la colonisation nous tient par l’oreille. Or la solution est très simple. Il suffirait que chaque francophone respecte la langue française. Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?Speak White !, d’Alain Borer, Gallimard, 48 p., 4,90 €.

« Il y a belle lurette que l’on n’entend plus une belle

langue française au sommet de l’État ; les Français l’auraient

remarqué, car ils y sont très sensibles ! »,

raconte Alain Borer.PhiliPPe MAtSAS/OPAle/leeMAge

PROPOS RECUEILLIS PARAlice Develey [email protected]

L écrivain-voyageur et poète publie Speak White !. Un tract d’à peine cinquante pages dans lequel il critique notre usage des anglicismes et nous interroge :

« Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ? »

LE FIGARO. - Qu’entendez-vous par « Speak White », le titre de votre livre ?Alain BORER. – Nous ne sommes plus au temps du franglais que dénonçait René Étiemble dans les années 1960. Les Fran-çais ne sont plus contre le franglais, ils le développent et le propagent à qui mieux mieux ! Ils se soumettent ainsi à l’injonc-tion « Speak white ! » des patrons anglo-phones à leurs ouvriers québécois jadis et qui perdure : « Parlez blanc ! » Tout le monde aujourd’hui parle blanc, c’est-à-dire en langue du maître. Ce qui implique une infériorisation de soi, écarte notre langue française de sa fonction interna-tionale, la disqualifie dans sa vocation

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TRA- VAILLÉE À

LA BINETTE

BEL ET BIEN AU-

THENTIQUESOUS DO

PROPULSÉ

INDICE À LA CRIÉE

PLANTES D’EAU

MANCHE AU TENNIS

CANOT RAPIDE

INSTALLE SUR UNE CHAISE

HÉROÏNE D’ÉMILE

ZOLACHANTS

FUNÈBRESFIN DE

PHRASE PUÉRILE

DICTATEUR

SPECTACLE À TOKYO

CONFUSES

REMAR- QUABLES

DANS LEURS

FONCTIONS

CHEMIN EN BOISEAU DE

LIBOURNE

QUAND ON PARLE DU

PASSÉRETENIR

PRÈS DE SOIPILIERS

DE COINS

AU PELAGE UNI, MAIS

SANS BLANC

GRAINE À HUILE

BOMBÉ

IL EST IMPÉRATIF AU ROUGE

D’UN ORGANE

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TEXTILE

DÉCHIRER BRUTA- LEMENT

SEUIL DE LA PORTE

PALET BRETON

DRAME POPULAIREDÉTENTION COMPLICE

HÉROS DE BERTOLT BRECHTMÉDIA

VIPÈRE

PRÉCIEUX COFFRES

SÉPARÉ DE SA MÈRE

SIMILITUDE

AVOIR DU RÉ-

PONDANTCOMPLIQUÉ

PATRON DE BOÎTE

PERSONNEL

DIT SANS SINCÉRITÉ

L’OCCIDENT

BÊTE À EN- GRAISSER

RENDRE SENSIBLE

TAILLÉ AU CISEAUCASSE- CROÛTE

ACTION PARTISANE

ÉLARGIR LE TUBE

INTIMIDE

ENTRE LE POUCE ET

LE MAJEUR

RANGÉES D’ÉMAIL

REMIS AU LENDEMAIN

QUI PIQUE UNE CRISE

BLÉ RUSTIQUE

ÉVALUÉ

FILMS POLICIERS

DEVENUE ADROITE

ET HABILEABSENCE

CON- TOURNE UN OBSTACLEINTERDITE

PARTIE TOMBANTE

D’UN VÊTEMENT

ELLE EST BELLE AU LARGE DE QUIBERON

FRAIS POUR ATTAQUER

CHEVEU FAMILIER

CHARGÉ D’ÂMESIL TIENT

LA GRAPPE

PÉRIODE CIVILE

VAL DES PYRÉNÉES

(D’)

AMATEUR OU PRO

DÉCOLLAGE IMMÉDIAT

IL SERPENTE

À LA CAMPAGNE

POUR L’ÉVITER, IL

FAUT BROSSER

IL EST COURT SUR

PATTES

PRÉNOM DE FILLE

C’EST INVESTIR

MILITAIRE ATTIRÉ PAR

LE SUD

FRAGILESRÉGION

ANCIENNE D’ASIE

APPAREIL SERVANT À VANNERDÉMONTÉ

NE PROMET PAS UNE

CONDUITE SOUPLE

IL PROTÈGE LE MOTEUR

EXQUISUNE

GOUTTE D’EAU

ANCIENNE BAIGNOIRE

MAKI DE MADA-

GASCAR

BOUCHÉ EN BRETAGNE

ET EN NORMANDIE

EXÉCUTÉ AVEC

BONHEUR

ÉPUISER

NIDS

LE PIED- DE-VEAU

EN EST UN

POISSONS DE MÉDI-

TERRANÉE

DOIGT DU SOLFINE EN GRATIN

QUELQUE

SCORE AU GOLF

POURSUIVIT

BONNES POIRES

ARRIVÉ AUX OREILLES

COMMERCE

FORTIFIÉ PAR L’ÉTÉ

LIVRE SACRÉ

LA BASE DU CHERRY

CE N’EST PAS

UN PRO- GRESSISTE

IL FAIT APPEL

ORIFICES CUTANÉS

ENJÔLER

INOFFENSIF

IL UNIT LE TRONC À LA TÊTE

SON EX- PÉRIENCE PROPRE

DEUX LETTRES POUR UN FACTEUR

BRUSQUES ET

BOUGONSIDÉE FIXE

DISPENSER DE CORVÉE

DÉSERTS

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ROULETTE

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le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

A

cinq Molières et du prix Beaumarchais du meilleur auteur en 2017, elle est jouée à guichets fermés depuis au Théâtre du Pa-lais-Royal, à Paris. Et reprendra en sep-tembre 2021. À l’écran, une fantaisie de bon aloi sous-tend le récit qui revient sur la genèse de la pièce, à sa première repré-sentation en passant par le choix de la distribution (parfois inégale).

Folie du vers justeLe metteur en scène du Porteur d’histoires offre toutefois de beaux rôles à des comé-diens issus d’horizons divers : Rosemon-de, la discrète femme de Cyrano de Ber-gerac revient à Alice de Lencquesaing ; Jeanne d’Alcie, dont l’auteur, père de deux enfants, tombe sous le charme, est

Lucie Boujenah ; l’actrice capricieuse Maria Legault est composée par Mathilde Seigner et Sarah Bernhard prend les traits de Clémentine Célarié. Citons encore Simon Abkarian et Marc Andreoni, les producteurs corses qui sont aussi direc-teurs d’un bordel.

Le dramaturge réussit à restituer la fièvre créative et la folie du vers juste qui anime Edmond Rostand auquel peu de gens croient - Michlalik campe lui-même son ami Feydeau - et le rythme endiablé des répétitions. Si la volonté de romanes-que est appuyée, l’humour ne manque pas. Alexis Michalik qui aime les « histoi-res un peu fantasmées » et tenir le public en haleine prépare actuellement son second film. ■

nathalie simon [email protected]

Sorti en salle en janvier 2019, Ed-mond est le premier long-métrage d’Alexis Michalik adapté de sa propre pièce. Le brillant trente-naire ne cache pas s’inspirer de

Shakespeare in Love, de John Madden cou-ronné de sept Oscars en 1999 pour raconter comment Edmond Rostand a écrit Cyrano de Bergerac. En évitant l’écueil du théâtre filmé et sans prétendre à la vérité histori-que. La première séquen-ce de ce film, inédit en clair à la télévision, plon-ge le téléspectateur dans un Paris Belle Époque

sous la neige. Le jeune poète de 29 ans ron-gé par le doute (sautillant Thomas Solivé-rès) cumule les échecs — il n’a rien produit depuis deux ans-, mais va accoucher de son œuvre phare en trois semaines.

C’est alors la consécration, il triomphe le 28 décembre 1897 au Théâtre de la Por-te Saint-Martin, avec un Cyrano plein de panache incarné par Constant Coquelin, Olivier Gourmet délectable. « Nous allons modestement créer ensemble un chef-d’œuvre », prévient le comédien cabot alors au sommet de sa gloire. Faute de

moyens pour un long-métrage, Alexis Michalik avait écrit cette pièce (sa troisième) comme un scénario. Auréolée de ○○○¡

dimanche

21.05

Éric BiÉtry-rivierre [email protected]

Esthète hautain, tempérament cynique et épicurien, secrète-ment blessé d’être un peintre raté et macérant sa revanche, Han van Meegeren (1889-

1947) est aujourd’hui une légende. Ce biopic intitulé Le Dernier Veermer, basé sur le best-seller de Jonathan Lopez, premier film en tant que réalisateur du producteur Dan Friedkin (Ridley Scott, Eastwood, Scorsese), rappelle com-ment ce Hollandais, faussaire de génie, a pu en son temps duper les meilleurs experts ainsi que les collectionneurs les plus puissants.

À commencer par Hermann Göring. Le Reichsmarschall n’apparaît ici qu’en filigrane. C’est pourtant lui le principal dindon de cette monumentale et som-bre supercherie. Lui-même grand amateur d’art, prédateur compulsif et notamment passionné par Vermeer, il a accepté durant la guerre de troquer Le Christ et la parabole de la femme adultè-re, un tableau bidon, contre deux cents toiles anciennes - parfaitement au-thentiques celles-là - qui avaient été saisies dans les musées de Hollande.

Han van Meegeren, le roman d’un tricheur Faussaire de génie, il réussit à abuser göring, échangeant un Faux Vermeer contre deux cents toiles saisies dans les musées de hollande. un biopic lui est consacré.

Les mêmes pigments, une toile an-cienne grattée à la pierre ponce, un four pour produire des craquelures et un mélange d’encre et de poussière dans les interstices : le tour était joué. Si l’on s’étonne aujourd’hui de la qualité plutôt grossière de telles contrefaçons (visibles aujourd’hui au Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, un musée pas rancunier car, dans les années 1930, il avait acquis un faux Pèlerins d’Emmaüs pour l’équivalent de 4,5 millions d’eu-ros) c’est qu’à l’époque on connaissait surtout les œuvres du Delftois par des photos, petites et en noir et blanc. Mais peut-être la production de van Meegeren a-t-elle aussi servi à blanchir de l’argent sale…

Accointance avec l’occupantAprès-guerre, les forces alliées ont ar-rêté le peintre, incarné tout en ambi-guïté ici par Guy Pearce (Démineurs, L.A. Confidential, Memento). Accusé d’avoir collaboré, il a sauvé sa peau en réalisant un ultime faux Vermeer de-vant témoins. Son Jésus et les docteurs prouve qu’il a bien dupé son époque. Fascinant retournement de situation. Le film ne nous dit pas toutefois si van Meegeren fut tenté par le fascisme. Il se contente de suggérer plus d’une ac-

Incarné tout en ambiguïté par Guy Pearce, van Meegeren reste une énigme à ranger dans la zone grise des années noires.JACK ENGLISH/OCS

« edmond », le panache d’alexis michalikle metteur en scène a adapté sa propre pièce sur la création par edmond rostand de « cyrano de bergerac ».

Le jeune poète de 29 ans, interprété par Thomas Solivérès, va accoucher de son œuvre phare en trois semaines.

cointance avec l’occu-pant. Il aurait participé à des fêtes libertines avec des officiers nazis, partageant champagne et saumon fumé. Alcool, morphine et femmes semblent avoir été ses autres passions. Surtout, ceux qui ont enquêté sur lui ont eu trace d’une dédicace. Cel-le écrite sur l’exemplaire d’un de ses essais d’esthétique qu’il adressa en 1943 à Hitler : « À mon bien aimé Führer, en reconnaissance de son amitié. » Cela relativise l’image de héros national, sorte d’escroc Robin des bois, que Han van Meegeren conserve encore large-ment auprès des Néerlandais.

En 1947, le faussaire n’écopa que d’un an de prison. Cette peine ne fut jamais accomplie puisqu’une crise cardiaque le

terrassa juste avant. À l’instar du M. Klein de Joseph Losey ou d’un Cornelius Gurlitt, ce collectionneur d’art

germano-autrichien chez qui, avant sa mort en 2014, plus de 1 500 œuvres provenant majoritairement de spolia-tions ont été retrouvées, van Meegeren est à ranger dans la vaste zone grise des années noires.

Il demeure à jamais une énigme, plus étrange encore que celle d’autres fameux prestidigitateurs de la peinture, les Elmyr de Hory ou Wolfgang Beltracchi ultérieurs. En 1995, un faux Vermeer de van Meegeren a été vendu aux enchères à Paris. Sous son nom cette fois. La notoriété qu’il avait tant recherchée était désormais atteinte. ■

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dimanche

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Maroni revient. Autre saison, autres lieux. Ceux qui ont aimé l’atmos-phère conradienne de la jungle guyanaise devraient adorer l’am-biance esquimaude dans le blizzard. Question : Olivier Abbou veut-il transformer son héroïne, l’enquê-trice pas bien dans ses baskets incarnée par Stéphane Caillard, en Tintin-résout-des-énigmes-aux-quatre-coins-du-monde ?

Non, il continue sa « plongée dans les territoires inconnus de la Républi-que ». « Nous avons montré la Guya-ne avec sa richesse culturelle, ses rites, ses croyances, son histoire, celle des bushinengue, confie le réa-

lisateur. À Saint-Pierre-et-Mique-lon et à Saint-Jean de Terre-Neuve, nous avons dé-couvert un terri-toire encore plus étrange, une Cor-se froide avec son omerta, ses ven-dettas, sa défian-ce vis-à-vis de la France. L’idée fut de redonner au spectateur ce qu’il avait aimé dans la première saison, mais sans bégayer. »

« Bain d’eau glacée »On sent que le quadragénaire prend un plaisir fou à plonger dans ces uni-vers successifs. Il le fait avec talent. Tant pis si certains idéologues mal inspirés lui font remarquer qu’un Parisien juste débarqué de métropo-le n’est pas le plus légitime pour traiter de tels sujets : les nouveaux gardes rouges de l’appropriation culturelle répondent toujours pré-sents quand la création est féconde.

De leur côté, les lecteurs des po-lars de Caryl Férey trouveront plus d’un point commun entre les intri-gues sud-africaines ou argentines de l’auteur de best-sellers et les

séries d’Olivier Abbou. Celui-ci dit ne jamais avoir lu celui-là. « Et puis Maroni s’éloigne vite du polar pour tendre vers le mystico-fantas-tique », ajoute-t-il. Pas faux. Com-me dans la première saison, les hé-ros mis en scène à l’écran dans Maroni 2, dont les impressionnants Paul Hamy et Axel Granberger,

évoluent dans une réa lité fanto-matique pleine d’esprits plus ou moins bienveillants, un monde bien déjanté qui constitue le vrai fil rouge de la série.

Si la saison 1 commençait par une grosse suée tropicale, le premier épisode de cette deuxième saison doit agir « comme un bain d’eau gla-

cée », explique Abbou. Opération réussie. L’héroïne, tendue comme un arceau de tente igloo, rentre dans son île natale et se retrouve confrontée à une réalité familiale plus lourde que la banquise. Sous les tropiques ou dans le Grand Nord, le talent du réalisateur réside bien dans cette capacité à transformer ce plomb en un matériau aérien, et faire d’un fait divers sordide un conte métaphysique.

D’une saison à l’autre, le réalisa-teur démontre qu’il fait de la série en aimant le cinéma. Une des scè-nes clés prend pour cadre une sta-tion d’autocars. La caméra convo-que Sergueï Eisenstein et Brian De Palma pour une succession de plans qu’on aurait adoré visionner sur grand écran.

Si le spectateur change si facile-ment d’univers, c’est peut-être aussi grâce à la constance de l’am-biance sonore qui sert de pont entre les saisons. Un léger souffle d’air ectoplasmique, parfaitement or-chestré par l’ingénieur du son Jérô-me Pougnant, accompagne les six nouveaux épisodes. Et donne froid dans le dos. ■* Déjà disponible sur Arte.tv.

« maroni », la série Fantastico-policière, change de décor sans perdre son âmepour sa deuxième saison diFFusée à partir du 20 mai sur arte*, la Fiction réalisée par oliVier abbou quittela moiteur de guyane pour la rudesse de saint-pierre-et-miquelon. mais gardeson ambiance Fantomatique.

FictionsDécryptage

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Par stÉPhane [email protected]

Stéphane Caillard et Axel Grandberger dans la deuxième saison de Maroni.

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Télévision 37

samedi 15 - dimanche 16 mai 2021 le figaro

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38 télévision météo parTous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

L’essentiel du dimanche21.05

The Voice, la plus belle voixDivertissement

21.05Rugby : Top 14

Sport

Prés. : Nikos Aliagas et Karine Ferri. 2h35. Finale. Place à la grande Finale en direct. Au programme de cette soirée : de grands moments de musique et d’émotion, les meilleures performances vocales, des duos impressionnants et des prestations époustouflantes.

23.40 The Voice, la suite.

Clermont-Auvergne – Toulon. 24e journée. En direct. La plus belle affiche met aux prises l’ASM Cler-mont Auvergne de Camille Lopez et le RC Toulon de Julien Ory, une rencontre décisive pour la qualification pour la phase finale

22.55 Canal Rugby Club le débrief.

19.47 Direct Auto Express. Magazine.

21.09 Samedi SébastienDivertissement. Prés. : Patrick Sébastien. 2h17. Inédit. En compagnie de ses invités, Patrick Sébastien pro-pose de revenir sur un ancien numéro du «Plus Grand Cabaret du monde» ou des «Années bonheur».

23.26 Samedi Sébastien. Divertisse-ment. Les Années bonheur.

20.25 Une maison, un artiste.

20.55 Echappées bellesMagazine. Prés. : Jérôme Pitorin. 1h30. «Echappées belles» offre 90 minutes d’évasion autour du globe pour donner à voir, à connaître et à comprendre la culture d’un pays à travers ses habitants, son histoire et ses paysages.

22.20 Echappées belles. Magazine.

21.05N’oubliez pas les paroles

Jeu

20.50De la Perse à l’Iran :

3 000 ans de civilisations

Prés. : Nagui. 2h27. Après trois semaines de compétition, place au dernier match et à la grande finale de la troisième édition du Tournoi des Maestros de «N’oubliez pas les Paroles». Pour ce quatrième prime, c’est l’association «Petits Princes» qui est mise à l’honneur.

23.32 On est en direct. Talk-show.

DocumentaireGB. 2020. Réal. : Richard Downes. 0h51. 2 épisodes. Inédit. Une explora-tion de l’histoire de la Perse au travers de sa culture et de ses œuvres artistiques et architecturales.

22.35 De la Perse à l’Iran : 3 000 ans de civilisations. Documentaire. Inédit.

19.30 La petite histoire de France.

21.05 La petite histoire de FranceSérie. Humoristique. Fra. Avec Alban Ivanov. Tout le monde connait Jeanne d’Arc, Louis XIV et Napoléon. Leurs cousins en revanche ne sont pas rentrés dans l’histoire.

23.00 La petite histoire de France. Série. Humoristique.

15.30 Mécanos express. 6 épisodes.

21.05 Retour à l’instinct primaireDocumentaire. 2 épisodes. Jermaine et Teal doivent utiliser leurs tech-niques de survie pour affronter les monts Great Smoky et leurs forêts. Survivront-ils au froid extrême de la brume ?

22.55 Retour à l’instinct primaire. Doc.

21.05Cassandre

Série. Policière

21.05Hawaii 5-0

Série. Policière

Fra. 2021. Saison 5. Avec Gwendoline Hamon. Les compagnons. Inédit. La directrice d’un centre d’hébergement a été sauvagement assassinée. Res-pectée et détestée à la fois, elle s’était fait beaucoup d’ennemis.

22.35 Cassandre. Série. Policière. A contre-courant. Avec Gwendoline Hamon.

EU. 2020. Saison 10. Avec Scott Caan. 2 épisodes. Son chien Eddie souffrant de stress post-traumatique, McGarrett chercher à savoir ce qui a déclenché ses symptômes. Danny est victime d’un accident de voiture.

22.45 Hawaii 5-0. Série. Policière. 3 épisodes. Avec Alex O’Loughlin.

19.50 Les mystères de l’amour. Série. Sentimentale. Inédit.

21.05 ColumboSérie. Policière. EU. 1973. Saison 3. Avec Peter Falk. Subconscient. Un scientifique dévoré d’ambition se fait maître chanteur. Quand sa combine est découverte, il se transforme en assassin. Mais Columbo veille.

22.30 90’ Enquêtes. Magazine.

20.00 Historiquement Show.

20.50 L’ombre d’un douteMagazine. Prés. : Franck Ferrand. Na-poléon était-il franc-maçon ? Grâce à des sources iconographiques variées, des gravures et des tableaux, une enquête rigoureuse a été conduite sur les liens qu’entretenait Napoléon avec les francs-maçons.

21.45 L’ombre d’un doute. Magazine.

21.05 Fast & Furious 8Film. Action. Chn/EU/Jap. 2017. Réal. : F Gary Gray. 2h16. Avec Vin Diesel. Inédit. Sous la coupe d’une cyber terroriste, le chef d’un clan et as du volant trahit les siens. Avec ses amis, sa compagne veut le ramener sur le droit chemin.

21.05 EdmondFilm. Comédie dramatique. Fra/Blg. 2018. Réal. : Alexis Michalik. 1h50. Avec Thomas Solivérès. Inédit. En 1897, un auteur peine à avancer sur sa nouvelle pièce, pris entre ses producteurs, ses acteurs et sa femme. Pourtant, il finit par écrire son chef-d’œuvre.

21.05 La reine du crime présente : la malédiction d’IshtarTéléfilm. Policier. GB. 2019. Réal. : Sam Yates. 1h35. Avec Jonah Hauer-King. Inédit. Décidée à oublier son divorce et son succès soudain, Agatha Christie voyage en Irak, sur un site de fouilles archéologiques. Mais le meurtre l’y suit.

21.00 FootballSport. Ligue 1 Uber Eats. 37e jour-née : Multifoot. En direct. A une journée de la fin du championnat, qui de Lille, du PSG, de Monaco ou de Lyon se positionnera en favori pour le titre ce soir ?

20.55 La leçon de pianoFilm. Drame. Aus/NZ/Fra/EU. 1993. Réal. : Jane Campion. 1h53. Avec Holly Hunter. Au XIXe siècle, une jeune pianiste muette, qui a accepté un mariage avec un par-fait inconnu, quitte l’Ecosse pour la Nouvelle-Zélande, emportant son instrument.

21.05 CapitalMagazine. Prés. : Julien Courbet. 2h05. Labels alimentaires, sites marchands, avis clients : à qui se fier pour bien acheter ? Inédit. Labels alimentaires : peut-on leur faire confiance ? Entre les labels officiels et les mentions purement marketing, c’est la jungle pour le consommateur. – Amazon, Conforama, Cdiscount, Fnac : à qui achetez-vous vraiment ? – Une note pour tout : peut-on se fier aux avis clients ?

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M O T S C R O I S É S Par Vincent Labbé

Samedi 15 mai

PROBLÈME N° 5666HORIZONTALEMENT1. Le poids du vivant. - 2. Portent des sabots. - 3.Les sans-grade de la troupe. - 4. Tiret signifi ant que la note doit être exécutée avec une attaque posée. - 5.Pratiquais l’usure. - 6. N’est pas traversée par la Tille mais par l’Ignon ! Matière première de corde. - 7. Se retrouve souvent sur la paille. Monte en puissance chez les verts. - 8. Deviendra garde des sceaux, avec de la chance. Braise légère. - 9. Fine lame terminée en pointe. - 10.Vieux caractères inflexibles. - 11. A donc des points sensibles. - 12. Utilisé pour prononcer des harangues sur la Baltique.VERTICALEMENT1. Elle donne naissance à des fi llettes. - 2. Elles se pré-sentent toujours hors compétition. - 3. Un homme de règles et de méthode. Garda à l’ombre. - 4. Fêtes pour le Prophète. Spécialité avec régime sans selle. - 5.Condamnais au supplice du pieu. On y traque l’infi niment petit. - 6. Elles peuvent faire trempette dans l’étang de � au. Inassouvi à son terme. - 7. Père des sévriennes. Très appréciée au palais. - 8. Rentre dans le lard. Se rend à Bucarest. Blé au pays du riz.

SOLUTION DU PROBLÈME N° 5665HORIZONTALEMENT 1. Pénalisé. - 2. Ironisas. - 3. Ennemies. - 4. Tif. Isna. - 5. ITT. Si. - 6. Orgies. - 7.Nouée. - 8. Dur. Siam. - 9. raaM. Dru. - 10. Intimées. - 11. Animisme. - 12. Néfastes.

VERTICALEMENT 1. Piet Mondrian. - 2. Erni. Rouanne. - 3. Non-fi guratif. - 4. Âne. Tie. Mima. - 5. Limitées. Mis. - 6. Isis. Id est. - 7. Saëns. Barème. - 8. Essaim. Muses.

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SU DO KUChaque jour un peu plus difficileEn partant des chiffres déjà placés, remplissez les grilles de manière à ce que chaque ligne,

chaque colonne et chaque carré de 3 x 3 contienne une seule et unique fois tous les chiffres de 1 à 9.

LETTRES EN PLUS LETTRES EN MOINSComposez un mot de six lettres avec la lettre en plus. Dans chacun des mots horizontaux, rayez une lettre afin de

créer un mot nouveau et reportez cette lettre dans la colonne vide. Vous découvrez alors verticalement le mot mystère.

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R E C U E I L A N I M E R

M A C H I N E E M E U T E

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B E C H E U R G A R D E R

C R I S S E R P E R I M E

Endormir de paroles

R E B E C RGarde la main au chaud

F O U L E MDu noir sur les plages

M A T O U ZÉmouvoir l’auditoire

M U R E R E

GRILLE 3632 DIFFICILE GRILLE 3633 DIABOLIQUEGRILLE 3631 FACILE

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T (en °c)

LIVE 24/24 Sur L’APPLI GRATUITELa Chaîne Météo

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le figaro samedi 15 - dimanche 16 mai 2021

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Quand William Ley-mergie déambule dans les couloirs de sa maison, Canal+, il fanfaronne, fier de se revendiquer vacciné. L’homme de 74 ans à l’indémodable look british n’est pas un

Gaulois réfractaire. Il a fait partie des pre-miers volontaires à recevoir une injection il y a deux mois. Comme des millions de Français, l’animateur de « William à midi », sur C8, est impatient de retrouver une vie normale. L’activité qui lui man-que le plus ? Le cinéma.

William Leymergie est un fin amateur du septième art qui, depuis quarante ans, avale un à deux films par jour. Une passion transmise par ses parents qui l’emmènent très tôt dans les salles obscures. Et lors-qu’un baiser entre un homme et une fem-me est trop appuyé, le petit garçon alors âgé de 8 ans lance à sa mère : « Mais il va la mordre ! », se remémore-t-il, amusé. Celui qui a grandi entre James Dean et Eddie

Constantine dévore aujourd’hui des séries (Borgen, Homeland, Outlander, La Casa de papel, 24 Heures…) et fait découvrir à ses 3 enfants et 4 petits-enfants (bientôt 5) les longs-métrages des années 1950 à 1970. Le Troisième Homme est parmi ses favoris. À chaque Noël, dans la maison familiale en Normandie, la comédie musicale Noël Blanc passe et repasse. « Le jeu, c’est de re-connaître le réalisateur, le chef opérateur ou la comédienne de second plan, raconte son fils aîné, Géry Leymergie. Et il nous ratatine à chaque fois, comme au Trivial Pursuit spé-cial cinéma. Il est effrayant », poursuit ce producteur de télévision qui a hérité de son père le goût pour l’audiovisuel et les dents du bonheur.

« Dans la marmite des médias »La passion de William Leymergie irradie son premier roman, Mirebalais ou l’amour interdit, paru en avril aux Éditions Albin Michel. L’intrigue se déroule au XVIIe siè-cle dans la France de Louis XV et suit Mau-ro, un jeune éphèbe ambitieux, dont le charme, à faire pâlir Madame de Pompa-dour, l’aide à gravir les échelons de la so-ciété. Un ouvrage inspiré par Que la fête commence de Bertrand Tavernier, et cette scène « libertine, pour ne pas dire orgiaque, du milieu du film », confie l’intéressé. À la lecture, impossible de ne pas penser à un script tant les descriptions de costumes et

de décors sont écrites au cordeau. Les re-bondissements ne manquent pas non plus, le lecteur se retrouvant face à de terribles suspenses à chaque fin de chapitre. Ce sty-le n’est pas emprunté au hasard. Son au-teur espère voir ce roman adapté en série.

Si ce projet voyait le jour, William Ley-mergie réaliserait son rêve d’enfant, celui de devenir scénariste. À 21 ans, lorsqu’il débarque à Paris pour ses études, après une enfance passée entre le Sénégal, le Mali et l’Algérie, pays où son général de père est envoyé, c’est vers le cinéma qu’il se dirige en intégrant une école spécialisée en pa-rallèle d’une fac de lettres. Mais nous som-mes en mai 1968 et l’établissement ferme rapidement. Pas convaincu par le mouve-ment étudiant, il passe un mois sur les pla-ges en Bretagne avec des copains.

Ce « révolutionnaire des sables », comme il se décrit lui-même, finit par obtenir un diplôme, mais ses premières expériences dans le milieu ne sont pas concluantes et il

tombe finalement dans la marmite des médias. La radio d’abord, l’ancêtre de RFI lui apprend son métier de journaliste, puis la télévision, où il découvre la production et l’animation, de « Récré A2 » jusqu’à « Télématin ». « William est un artiste qui ne s’est jamais autorisé à l’être , complète l’animatrice Sophie Davant, dont il a pro-duit l’émission « C’est au programme » pendant vingt ans. Son père était général et il fallait exercer un métier sérieux donc il s’est essayé au journalisme », ajoute sa complice qu’il considère comme sa petite sœur. Pour l’anecdote, elle a même failli accoucher sur le canapé de sa maison de campagne après un fou rire avec lui.

Revenons à William Leymergie, qui n’a pas à rougir de sa carrière. Avec Michel Drucker, il fait partie de ces rares figures de la télé à revêtir cette double casquette, mi-journaliste, mi-animateur. « Un hy-bride », résume-t-il. Pendant toutes ces années d’ascension sur le petit écran, il continue de rédiger des scénarios. La plu-part terminent néanmoins à la poubelle. Sauf celui de son règne à « Télématin ». C’est lui qui en écrit la fin en prenant la dé-cision de quitter le navire, avant que sa di-rection n’y pense.

C’était en 2017, après trente-deux an-nées passées à sa tête. Sa matinale lui a survécu, ce qui le ravit. Désormais, ce grand curieux observe d’un coin de l’œil les remous depuis son départ, de l’évic-tion de certains chroniqueurs historiques en 2018 jusqu’au remplacement de son successeur Laurent Bignolas, annoncé le

1er mai dernier. À la rentrée, celui-ci sera remplacé par deux duos de présentateurs, dont Thomas Sotto et Julia Vignali la se-maine. « C’est inévitable qu’un bateau tangue après le changement du pilote, ac-cepte seulement de commenter William Leymergie en contemplant le cimetière que son bureau surplombe à Boulogne-Billancourt. Laurent Bignolas a été coura-geux de reprendre le flambeau. »

« Télématin » ne l’intéresse plus que le samedi, pour la chronique des correspon-dants de l’étranger qu’il avait installée. Le matin, ce spectateur féru de débats politi-ques est branché sur Franceinfo ou Euro-pe 1, puis, en journée, sur CNews, chaîne de son groupe. C’est d’ailleurs de son em-ployeur dont il préfère parler. « C’est agré-able de travailler à un endroit où le dialogue est facile. Je suis passé d’un paquebot à un petit navire qui va vite . »

Et si son employeur, déjà producteur de séries en costumes comme Versailles, adaptait son premier roman, dont il est déjà en train d’écrire le deuxième tome ? Il croise les doigts. Sophie Davant a une autre idée. « Ce serait formidable que ce soit Claude Lelouch, qu’il adore. Lelouch n’a jamais fait de film de capes et d’épées », souligne-t-elle. Le réalisateur a déjà offert à cet amoureux du cinéma plusieurs petits rôles, dans Les Miséra-bles et Un homme et une femme, et comp-te le faire tourner une nouvelle fois, l’été prochain, dans son 50e long-métrage au côté de Bernard Tapie. La boucle est presque bouclée. ■

rebond L’animateur-journaListe de 74 ans pubLie un roman historique. une manière d’approcher Le monde du cinéma auqueL iL aurait tant aimé appartenir.

Sarah Lecoeuvre [email protected]

William leymergie, tout-terrain

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