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Bu lle ti n du CCJl(fC Genevois d'Alltbropologie, 4, 1993-94,3-21. HISTOIRES DE BURINS PA R FRANÇOIS DJINDJIAN RÉSUMÉ Le trava il présenté ici a pour objet de proposer un cadre mé th odo logique à la description, à la quantifica- tion et à la s tructuration de séquences de tai ll e ( <<c haînes opératoires») d'objets lithiques façonnés . Cette thodologi e es t basée sur une succession d tapes : - propo s iLi on d'un mod èle logique de la séquence de taille, à l'aid e d'un e approche entités-relations, - définitions syntaxiques des termes de la description, - quantirication , - codifi cation, - réduction en tableau du modèle logique, - co nstruction du tableau, - traitement du tableau par analyse des données agréga- tive. Celte méthodologie est appliquée à deux exemples d tude de burins, l'analyse typométrique de s burins de Noailles à l 'a bri du Facteur (Dordogne), et l tude de l' évo lution de s burins sur la séquence aurignacienne et périgordi enne de l' abri de La Ferras sie (Dor dogne ). De s exp l ications technologiques, fonctionne ll es, chro- nologiques et paléoclimatiques sont tirées des structura- tions obte nu es. Des généra li sations sur la signific aLion fonctionne ll e de s burins et sur un nouveau cadre d tude possible de l'outillage li th iqu e co ncluent le présent travai l. SUMMARY A methodologi cal framework is propose d for the de scription, the quantification and the stru ct uration of stone chipping sequences «<operative sequences»). The methodology is based on the following steps : - el aboration of a logical mod el of th e c hipp in g sequence, based on an entity-relati onship model, - elaboration of a syntaxic dictionnary for each item of the de scription, - quant ification, - codification, - reduction of the logical model into a matrix format, - matrix processing by aggregalÏve data analysis. Thi s Ol ethodology has been appl icd to two case studies : - a typometrical analysis of th e Noaill es burins of th e graveLtian l ayer in the rock sheller « Le Fact e ur » (Dordogne), - a study of the evolution of the aurignacian and gra vet- tian bur ins in th e ro cks he lt er « La Fe rr ass i (Do rd ogne). T ec hn olog ical, functionn al, c hr onolog ica l and paleoclimatological explanations are obtained from the structurations of data analysis. Generalisation about the functionnal meaning of the burins and a new framework for studying stone tao ls are the conclusions of the present work. 1. Introductiou Le prés ent travail s ur le burin es t le rés ultat de recherches effectuées en 1977 dan s le cadre d' une thèse intitul ée « Con s truction s de sys tèmes d 'a ide à la co nnaissance en archéologie préhistorique» et soute nu e en 1 980 à l' Univers it é de Paris 1. A cett e époque, nos recherches nous avaient ame à lfavailler au ssi bien avec l'équipe de H. Delporte au musée des Antiquités Nationales à Saint-Germain-en-Laye qu 'avec l quipe de J. Tixier, alors à l'In stitut de Pal éo ntologie Humaine

Histoire de burins

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Bulletin du CCJl(fC Genevois d'Alltbropologie, 4, 1993-94,3-21.

HISTOIRES DE BURINS

PAR

FRANÇOIS DJINDJIAN

RÉSUMÉ

Le travail présenté ici a pour objet de proposer un cadre méthodologique à la description, à la quantifica­tion et à la s tructuration de séquences de tai ll e (<<c haînes opérato ires») d ' objets lithiques façonnés.

Cette méthodologie es t basée sur une succession d'étapes : - proposiLi on d ' un modèle logique de la séquence de taille, à l'aide d'une approche entités-relations, - définitions syntaxiques des termes de la description, - quantirication , - codification, - réduction en tableau du modèle logique, - construction du tableau, - traitement du tableau par analyse des données agréga-tive.

Celte méthodologie es t appliquée à deux exemples d 'étude de burins, l' analyse typométrique des burins de Noailles à l'abri du Facteur (Dordogne), et l'é tude de l' évolution des burins sur la séquence aurignacienne et périgordienne de l' abri de La Ferrassie (Dordogne). Des explications technologiques, fonctionn elles, chro­nologiques et paléoclimatiques sont tirées des structura­tions obtenues.

Des généralisations sur la significaLion fonctionne lle des burins e t sur un nouveau cadre d 'étude possible de l'outillage li th ique concluent le présent travai l.

SUMMARY

A methodologica l fra mework is proposed for the description, the quantification and the structuration of stone chipping sequences «<operative sequences»).

The methodology is based on the following steps : - e laboration of a logical mod e l of th e c hipp in g sequence, based on an entity-relationship model, - e laboration of a syntaxic dictionnary for each item of the description, - quantification, - codification, - reduction of the logical model into a matrix format, - matrix processing by aggregalÏve data analysis. Thi s Olethodology has been appl icd to two case studies : - a typometrical analys is of the Noailles burins of the g raveLt ian layer in the rocks he lle r « Le Facte ur» (Dordogne), - a study of the evolution of the aurignacian and gravet­tian bur ins in th e ro cks he lte r « La Fe rrass ie» (Dordogne).

T ec hno log ical, functionn a l, c hro no log ica l and paleoclimatological explanations are obtained from the structurations of data analysis.

Generalisation about the functionnal meaning of the burins and a new framework for studying stone taols are the conclusions of the present work.

1. Introductiou

Le présent travail sur le burin es t le rés ultat de recherches effectuées en 1977 dans le cadre d ' une thèse intitul ée «Constructions de sys tè mes d 'a id e à la connaissance en archéologie préhistorique» et soutenue en 1980 à l' Université de Paris 1. A cette époque, nos reche rches nous avaient amené à lfavai ller aussi bien avec l'équipe de H. Delporte au musée des Antiquités Nat ionales à Saint-Germain-en-Laye qu 'avec l'équipe de J. T ixie r, alors à l'Institut de Paléontologie Humaine

4 F. DJINDJ1AN

à Paris . Le but de ces recherches était d 'essayer de développer une méthodologie d'études des ensembles lithiques susceptible de sortir la préhistoire française de l'impasse dans laquelle l'usage trop restrictif des liste­types l'avait enfermée.

Ces recherches, en ce qui nous concerne, ont abouti aux résultats que l'on sait (Djindjian 1980, 1991 ), même si l'emploi d'une méthodologie trop sophistiquée pour le niveau technique des archéologues d 'a lors et le manque de médiatisation des résultats n'ont pas permis d 'atteindre la généralisation de l'usage de ces méthodes dans le milieu des archéologues . Par ailleurs, J . Tixier (Tixier 1963) et ses collaborateurs ont continué leurs recherches dans le domaine plus restreint de la techno­logie, à partir de comparaisons ex périmentales de la taille du silex , donnant naissance au terme (sinon au concept déjà largement répandu) de «chaînes opéra­toires» dans les années 80, sans lui apporter toutefois le formal isme quantitatif qui lui aurait donné les qualités de répétitivité de J'enregistrement et de possibilité de comparaison des ensembles clos de ves tiges matériels entre eux.

Le propos de ce travail es t justement d'expliciter la formal isation de la description d'une chaîne opératoire (ce que nous appellions à l' époque une «séquence de taille»), sa quantification, et son utili sati on dans le cadre d' une problématique de structuration des indus­tries du Paléolithique supérieur ancien.

2. Définition d 'nn burin

Le burin, du point de vue de sa variabilité technolo­gique, est un des objets les plu s caractéristiques du Paléolithique supérieur, et de ses différentes «cultures».

Le burin est un objet caractérisé comme étant le résul­tat d' un ou plusieurs enlèvements lamellaires particulière­ment longs et étroits, appelés chutes de burin, obtenus à partir d'un plan de frappe naturel ou façonné sur un sup­p0l1lithique de débitage varié, le plus souvent laminaire.

La technologie du burin est une technologie de taille de nucléus. Aussi la question a-t-elle été souvent posée de savoir si le burin était un outil pour le travail de l'os, du bois de cervidé ou de l'ivoire (le biseau ou le tran­chant latéral étant la partie active), ou un nucléus des­tiné à la produ ction de lam e lle s , ou bien plu s vraisemblablement s' il s' agit d ' une même technologie utilisée pour des usages variés : - nucléus à lamelles (caréné, Raysse, Noailles), - grattoir à museau (burin busqué), - perçoir (burin-pointe, burin de Lacan), - burin (burin dièdre, bec de perroquet), etc. voue même pour un e produ ction double , outil et nucléus.

Quelle soit la réponse à cette question, qui est de nature fonctionnelle, le point de vue technologique a le mérite ici de ne pas avoir besoin d' y répondre, à condi­tion évidemment de ne pas vouloir tirer de conclusions fonctionnelles des structures obtenues par le résultat de ces études technologiques.

3, Une métbode de description d'un burin

3.1. La séquence de façonnage

La description est basée sur une connaissance expé­rimentale de la technologie de fabrication d'un burin, en suivant pas à pas la séquence de façonnage: 1. Choix d'un support débité. 2. Façonnage d'un plan de frappe (cassure, troncature), 2bis ou utilisation d' un plan de frappe naturel (surface

de débitage du support, cassure), 2ter ou utilisation d'un négatif d ' un enlèvement de

coup de burin préalablement façonné. 3. Préparation du support (préparation du point de per­

cussion sur le plan de frappe par retouches, encoche d'arrêt ou retouche de régularisation du bord pour guider l' enlèvement).

4. Enlèvement d'une ou plusieurs chutes de burins à partir du même plan de frappe.

5. Réavivage pour obtenir un nouveau plan de frappe, soit partiel (retouche tertiaire d ' une troncature ou d'une cassure, petits enlèvements dièd~es), soit total (retroncature, cassure).

6. Façonnage du biseau (burin busqué, burin pointe, burin de Lacan, par exemple).

Le façonnage d'un burin est donc une séquence plus ou moins complexe de ces étapes élémentaires, étapes qui ne sont pas reconstituables dans beaucoup de cas, les dernières étapes ayant pu oblitérer les traces des pré­cédentes.

Dans ce cas, seuls les remontages de burins permet­tent de reconstituer la séquence complète du façonnage de l·objet.

3.2. Quelques exemples de techniques de façonnage de burins

Les classifi cations des burins du Paléo lithique supérieu r so nt très nombreu ses (B rézillon 1971). Quelques types de burins, parmi ceux décrits dans ces classifications, sont basés sur une séquence technique de taille.

Le burin busqué, le burin de Noailles, le burin du Raysse, le burin de Lacan seront pri s ic i co mme modèles de techniques de façonnage caractéri stiques.

1 HSTOlRES DE BUR INS 5

1,n

ISUPPORTI 1,1 1,n

1,n

IPLAN DE FRAPPEI 1,n

IBISEAUI

1,n

1,n n,n IENLEVEMENTI

n,n

SUPPORT BISEAU

1 PLAN DE FRAPPE 1

ENLÈVEMENT

IREAVIVAGEI REAVIVAGE

Fig. 1. A gauche: modèle enlités-relations d'une séquence de façonnage de burins. A droite: modèle réduit à un format en tableau.

Burin busqué (Aurignacien) - Obtention d'un plan de frappe latéral, soit un néga­

tif d 'enlèvement de coupe de burin latéral obtenu à par­tir d'u ne tron cature latéro-transve rsa le, soit u ne retouche latérale,

- préparation par une retouche latéro-transversale et une grosse encoche d'arrêt ,

- enlèvements d'une série de chutes de burins trans­versales, tournant de la face dorsale à la face d 'éclate­ment du support fo rmant un biseau arrondi comme un museau étroit.

Burin de Noailles (Graveuiell) - Obtention d' un plan de frappe transversa l recti ­

ligne ou oblique par une troncature ou une cassure d'un support ou d'une paJ1ie de support peu épaisse,

- préparation d' un bord par une fine encoche d'arrêt située en moyenne à une distance de 1.S cm du biseau,

- enlèvement d ' une chute de burin d'épai sseur com­prise entre 0.8 mm et 2.3 mm,

- exploitation du support de façon à obtenir le plus de chutes de burins possibles: 1. obtention de supports courts par cassure volonlaire, 2. enlèvements aux quatre angles du support, par des plans de frappe sur tronca­ture concave ou réavivés «(burins jumeaux»), ou façon­nés aux deux extrémités (<<buri ns opposés, alternes, tri ple ou quadruple»).

Burin du Raysse (Gravettien) - Obtention d'un plan de frappe transversal normal

ou légèrement oblique, rectiligne ou concave, - préparati on d u premier en lèveme nt par un e

retouche latérale, - réaménagement du plan de frappe par une retouche

tertiaire (c'est-à-dire partant de l'arête, intersection du

plan de frappe et du négatif du précédent enlèvement, et retouchant le plan de frappe),

- deuxième enlèvement à panir du trièdre formé par le plan de frappe, le négatif de l' enlèvement précédent et la sUiface d'éclatement du support,

- réitération du procédé d'enl èvements sur la face d'éclatement du support jusqu'à ce que l'angle du tri­èdre soit trop obtus pour ne plus permettre le coup de burin ,

- réi térat ion du procédé en retour vers le bord du support où Je premier enlèvement de la série a é té donné,

- si l' épa isseur du support le permet, réitération , (procédé appellé full circ/e).

Burin de Lacan (A1agdalénien supérieur) - Obtention d' un plan de frappe par une troncature

rectiligne très oblique, - enlèvement d ' une chute de buri n unique, - réavivage du plan de frappe et du biseau par une

reto uche concave du plan de frappe aménagea nt un bi seau poi ntu en forme de perçoir.

3.3. Le modèle logique de la description

Comment donc form ali ser cette description d ' une séquence complexe et partielle de gestes de façonnage?

La méthode qui a été retenue est une fo rmalisation classique utilisée en informatique appelée un modèle logique de données de type entités-relations. La figure 1

(gauche) montre le résultat d'un modèle de ce type pour le faço nnage d ' un burin. Chaque enti té, Support, Plan de frappe, Préparation de l' en lèvement, En lèvement, Bi seau, Réavivage, peut être décrite maintenant plus précisément el quantifiée.

6 F. DJlNOJ JAN

3.4. La sy ntaxe de la descripti o n (G lossaire de s termes)

L ' é laborat io n d ' une sy nt axe de la descript ion conduit à définir un vocabulaire, et à donner une défini ­tion aux termes choisis, définition s qui doi vent possé­der des caractéristiques non ambiguës.

Pour ne pas lasser le lecteur qui connaît déjà le vocabul aire de description des burins, le glossaire des termes descriptifs ne sera pas donné ic i avec ses défini ­tions. Seul s les termes du glossaire seront donnés, pour insister sur Je travail syntaxique considérable induit par les études technologiques, travail qui n' a jamais été for­mali sé jusqu'à présent à notre connaissance, sauf quelques essais (Leroi-Gourhan e t al. 1966, Movius et a l. 1968).

Biseau, cassure après façonnage, cassure avant façonnage, cassure, dièdre du biseau (angle), direct ion de l'enlèvement, encoche d'arrêt, enlèvement de coup de burin, enlèvement de type A, BI , B2, CI, C2, E inclinaison de la face supérieure sur la face d'éclate­ment au ni veau du biseau , inclinaison de l'enlèvement, inclinaison du plan de frappe, longueur du négatif de l'enlèvement , latéralité du burin, morphologie du plan de frappe, mu ltipl icité du biseau, négatif d'enlèvement de coup de burin, nombre d'enlèvements visibles, orientation du plan de frappe, plan de frappe, plan de frappe convexe, concave, rectiligne, sinueux, plan de frappe normal, oblique, très oblique, para llè le, plan de frappe transversal , latéro-transversal, latéral, position du bi seau par rapport à l'axe de débitage, position du biseau sur le support , préparation de l'enlèvement, profondeur de la troncature, réavivage de plan de frappe, reprise partielle par enlèvements dièdres, retouche de préparation, re touche quatemaire, retouche tertiaire, retroncature, support, slIIface de débitage, surface retouchée,

torsion de l'en lèvement, troncature.

3.5 . La quantification

L'information décrivant chaque entité est quantifiée par des mesures, des modalités d'états et des comptages dont la précision de l'enregistrement est validée par des campagnes de mesure répétiti ves sur un échantillon test.

- les mensurations : longueurs, largeurs, épaisseurs du support hors tout

et sui vant la direction de l'axe de débitage, longueur du négatif d 'enlèvement,

- les mesures d 'angle: orientation, incl inai son du plan de frappe, incl inai­

son, torsion, direction du négatif d'enlèvement, - les états : nature, intégri té du support, nature, morphologie du

plan de frappe, type d'enlèvement , type de réavivage de plan de frappe, etc.

- les comptages : nombre de négati fs d 'enlèvements vis ibles, nombre

de biseaux visibles,

3.6. La codification

La codification de l' infollllation a pour objet une trans­formation de l'information quantitïée en une fOime adé­quate pour les traitements statistiques. Les variables quantitatives et les comptages peuvent être transfOlmés en modalités qualitati ves (codage disjonctif complet). Les modalités des variables qualitatives peuvent être regroupées.

Dans les deux exemples qui som détaillés infra, des codifications différentes sont utilisées pour certaines variables (codage disjonctif des angles par exemple). Certaines variables ont également été éliminées. Pour plus d' informations sur ces différents codages, on renverra le lecteur aux articles publiés (Djindjian 1977, 1980).

3.7. La réduction en tableau

Le modèle logique de descriptio n d ' un burin pré­sente une complexité adaptée à la description des burins techniquement les plus é laborés. Ce modèle doit être modifié et réduit à un modèle de données en tableau, seule forme possible pour un trai te ment quantitatif. Cette réduction s'effectue par é limination des relations quantit a ti vement pauvres e ntre les e ntités, e t par regroupement des modali tés de variables rares. Elle est donc différente d ' un corpus de burins à l'autre, et doit être réeffectuée à chaque nouvelle étude.

Le dé tail de cette réd ucti o n est don née dans (Djindjian 1980, 46-56) pOlir l'é tude des burins du site

HISTOIRES DE BURINS 7

du Paléolithique supérieur ancien de La Ferrassie et il serail fastidieux d 'y revenir ici en totalité. Nous n'en donnerons donc ici que les grandes lignes :

- l'entité Réavivage prend en compte le réavivage du plan de frappe globalement et non successivement après chaque enlèvement (autrement dit il n' y a qu ' une seule entité plan de frappe correspondant à un biseau, ou la relation plan de frappe-bi seau a une cardinalité de 1 ),

- une nou velle variable «vestige d ' ancien burin» enregistre les informations trop partielles des vestiges de façonnage d'anciens burins oblitérés par le façon­nage des dernières séquences,

- l'entité Enlèvement est modifiée pour la descrip­tion des burins à enlèvements multiples par la création d'une nouvelle variable appellée «type d'enlèvement» (autrement dit la relation plan de frappe-enlèvements pour un biseau donné a une cardinalité de 1).

Ce mécani sme de réduction conduit à la structure des données en tableau suivante (fig.l droite) : Tdentification, Support, Plan de frappe, Enlèvements, Réavivage, Biseau, Typologie.

3.8. Le tableau de description quantifiée

La description réduite, quantifiée et codée devient alors la suivante:

L 'enliLé Ide11lificaiiol1 - code gisement, - code année de fouilles , - code niveau archéologique, - numéro du carré de fouill es, - numéro d'emegistrement sur le carnet de fouilles, - numéro séquentiel de l'objet, - numéro du burin sur le support (burins multiples).

L 'entité Support - nature du support: lame, éclat, lame à crête,

tablette de réavivage, bloc nucléiforme, autres, - dimensions «hors tout» : Longueur, Largeur,

Epaisseur, - dim ens ions suivant l'axe de débitage: mêmes

variables, - intégrité du support: enlèvement outrepassé, extrémité intacte, support cassé après façonnage, support cassé avant façonnage, support cassé indéterminé, association avec un autre outil,

- association avec un autre outil: grattoir, perçoir, troncature, burin, autres,

- retouche latérale aUU'e que de préparation.

L'entité Plan defrappe - nature du plan de frappe cassure, surface de débi-

tage, surface retouchée (troncature ou retouche laté­raIe), négatif d'enlèvement de chute de burin, autres,

- orientation du plan de frappe par rapport à l'axe de débitage: transversal normal (sup. ~I 80°), transversal oblique (60° à 80°), u'ansversal très oblique (inf. à 60°), latéro- transversal, latéral,

- morphologie du plan de frappe: convexe, concave, rectiligne, sinueux, autres,

- inclinaison du plan de frappe sur la face d'éclate­ment: normale (entre 80c et 100°), aigüc (inf. à 80°), obtuse (sup. à 100°).

L 'entité EnLèvements - nombre d'enlèvements visibles: un, deux, trois,

supérieur à trois, - type d'enlèvements type A : un bord du négatif d'enlèvement est sur la

face d'éclatement, l'autre bord sur la face supérieure, type BJ : un bord du négatif d'enlèvement est sur la

face d'éclatement, l'autre bord sur le négatif d' un enlè­vement antérieur,

type B2 : même cas, mais sur la face supérieure, type Cl les deux bords du négatif d'enlèvement

sont sur la face d'éclatement, type C2 : les deux bords du négatif d'enlèvement

sont sur la face supérieure, type E : les deux bords du négatif d'enlèvement sont

sur deux négatifs d'enlèvements antérieurs, type N : enlèvement de type Noailles. - préparation de l'enlèvement: retouche de prépara­

tion, encoche d'arrêt, absence de préparation apparente, - inclinaison de l' enlèvement sur la face d'éclate­

ment (uniquement pour les enlèvements de type A) : normale, aigüe (inf. à 80°), obtus (sup. à 100°),

- torsion de l'enlèvement (uniquement pour les enlè­vements de type A) : non torse, torse,

- direction des enlèvements suivant l'axe de débi ­tage: parallèle ou rentrante (inférieure à 30°), oblique, perpendiculaire (supérieure à 60°).

L'entité Réavivage - réavivage du plan de frappe: retroncature, reprise

partielle par des enlèvements dièdres, retouche tertiaire, retouche quaternaire,

- vestige d'ancien burin: ancien burin dièdre, ancien burin sur troncature et sur cassure, vestige de négatif d'enlèvement correspondant à un burin indéterminé,

- burin cassé.

L'entité Biseau - position du biseau sur le support: distale, proxi­

male, indéterminé, - position du biseau par rapport à l'axe de débitage: à droite, à gauche, dans l'axe,

8 F. DJiNDJIAN

- multiplicité: simple, double, triple, quadruple - latéralité: droite, gauche.

L'entité Typologie -liste-type (O . de S.B. et J.P. ), - liste-type par agrégation de caractères.

4. La construction du tableau

Deux approches sont possibles pour la construction du tableau:

1. construction d'une typologie de burins, décompte des burins suivant cette typologie et analyse de l'évolu­tion des assemblages typologiques des niveaux,

2. construction directe d'un tableau (niveaux archéologiques x modalités de caractères technolo­giques des burins).

Les avantages comparés des deux types de construc­tions ont été discutés dans Djindjian (1989).

La première conslTlIction est utilisée ici dans le pre­mier exemple pour l ' identification du type «burin de Noailles» au sein d ' une population de burins sur tronca­ture et sur cassure d' un ensemble clos, la couche 10-11 gravettienne de l'abri du Facteur (Dordogne).

La seconde construction a été utilisée ici sur l'étude de l'évolution des burins des 20 ni veaux aurignaciens et gravettiens de l'abri de La Ferrassie (Dordogne). Dans ce cas préci s, cette construction permet de prendre en compte directement les variances interclasses et intra­classes des types de burins alors qu ' une construction typologique, une foi s achevée, ne prend plus en compte que la variance interclasse des types.

5. L'analyse des données agrégative

Sur une population de burin s qui présente une grande variabilité technologique, une analyse basée sur une description par caractères permet une analyse des données agrégative, par agrégation des caractères les plus cOlTélés entre eux en caractères agrégés, successi­vement, jusqu ' à des séquences complètes de taille. Sur un plan technique, l'analyse des données par étapes opère sur des tableaux emboités de la façon suivante:

- niveaux e n éléments principaux, faciès en élé­ments supplémentaires,

- caractères en éléments principaux, caractères agré­gés, puis séquences de taille et enfin types technolo­giques en éléments supplémentaires .

Le travail itératif sur l'analyse des données s'effec­tue en vérifiant la stabilité des structures dans le bascu­lement des éléments suppl émentaires aux éléments principaux du tableau. C'est ain si que l'analyse des

données, après avoir mis en évidence la structure sur les ni veaux (faciès), et après l'avoir enrichie par une valeur extrinsèque chronologique et paléoclimatique, enrichit égaleme nt la valeur intrinsèque technologique des caractères, pas à pas, par regroupement des caractères technologiques en séquences de tai lle (chaînes opéra­toires). Cette construction, cognitive, aboutit à la créa­tion d' un deuxième tableau (niveaux archéologiques x chaînes opératoires).

6. Un exemple de typologie de burins: les burins gravettiens de l'abri du Facteur à Tursac

Les burins de la couche gravettienne 10-11 ont été étudiés suivant les principes décrits ci -dessus en adaptant le descripteur technologique aux caractéristiques des burins étudiés, en particulier pour permettre une analyse fine des techniques de taille des burins de Noai lles.

La première étape de l'étude avait pour objectif la définition précise de la technique «burin de Noailles» et d'en foumir une clé de détermination quantifiée et pré­cise.

Les résultats de cette étude sont bien connus et lar­gementpubliés (Djindjian 1977, 1980, 1991).

En conclusion, une définition a été proposée: « Le burin de Noailles est un burin d'ang le, sur

troncature retouchée ou sur cassure, caractérisé par l'application d'une technique d 'enlèvement de chute de burin originale, à un support de dimensions particu­lières : l'enlèvement, très fin, est généralement arrêté par une f ine encoche d'arrêt; le débitage est le plus souvent de petites dimensions.

La clé de détermination statistique est la suivante : - si le burin possède une fine encoche d'arrêt, le

burin est lUI burin de Noailles, - si le burin ne possède pas ou plus d'encoche

d'arrêt, il est un burin de Noailles, si la largeur du négatif de l'enlèvement (constant Sllr toute .'la longueur) ne dépasse pas 2.3 mm.»

La seconde partie de l 'ét ud e était consacrée à l'étude des techniques de taille des burins de Noai lles seuls. Cette étude est restée jusqu ' à présent inédite. Un bref résumé a cependant é té fourni dans une récente publication (Djindjian 1991), résumé qu'il est intéres­sant de détailler dans ces pages.

Un tabl ea u de 222 burin s de Noai l1 es s imples décrits par 96 modalités de caractères a été traité par l'analyse des données . Les quatre premiers axes facto­riels de l'analyse des correspondances mettent en évi­dence une partition de la population des burins de Noail1cs en cinq classes.

HISTOIRES DE BU RINS 9

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ID Fig. 2. Les burins de Noailles de la couche 10 Il de l'abri du Facteur (Dordogne): Ellipses d'inertie des cinq classes cie burins de Noailles, correspondant à des séquences de façonnage caractéristiques, représentées dans les plans facto ri els 1-2 et 1-3 de l'analyse des correspondances d ' un tableau de 222 burins décrit s par 96 modalités de caractères techniques.

Ces cinq classes sont bien visualisées, par l'intermé­diaire de leurs ellipses d' inertie, sur les plans factoriels 1/2 et 1/3 de la figure 2.

Ces classes mettent en évidence simultanément la variabilité des s upports sur lesqu e ls la technique Noailles s' est appliquée et trois techniques particulières de taille du burin de Noailles.

Technique nO l : Le support est un déb itage lamell a ire de tail le

moyenne. L'enlèvement est rentrant, légèrement plan e l torse,

associé à un plan de frappe transversal, rectili gne ou concave. Le dièdre de l'angle du biseau est droit. C'est la définition-type dan s la littérature du buri n de Noailles (<<diabolo»).

Technique n02 :

Le support est un débitage lamellaire de taill e moyenne.

L'enlèvement est sortant, nettement plan e t torse, associé à un plan de frappe oblique concave. Cette tech­nique est as sociée moin s systématiqu ement à un e encoche d'arrêt.

Technique n 03 :

L 'enlèvement est trans versal. Il n'a pas besoin

d'encoche d'arrêt, l'enlèvement étant arrêté par le bord opposé du support.

Les deux autres classes correspondent à des burins tai llés sur des supports particuliers :

Technique n04 : Les supports sont très petits, cassés intentionnelle­

ment, le plus souvent après obtention d ' un enlèvement. L' enlèvement es t para llè le, associé à un plan de

frappe oblique rectiligne.

Techniql/e n 05 : Les supports sont de grande taille sur débitage lami ­

nai re. L' enlèvement rentrant , droit, non torse, est associé à

un plan de frappe transversal, rectiligne ou concave. Une troisième partie de l'étude a été consacrée par

des moyens quantitatifs plus classiques à l'approfondis­sement d ' hypothèses foncti onnelles sur le burin de Noailles :

L 'étude de la morphologie du biseau a été entreprise au moyen d' un descripteur géométrique modélisant le biseau d'un burin par un tétraèdre complètement carac­térisé par cinq angles (dièdre du biseau, inclinaison du plan de frappe, inclinaison du négatif de coup de burin, orientation de l'enlèvement par rapport à l'axe de débi­tage, angle entre la face dorsale et la face d'éclatement

10 F. DJlNOJlAN

TO

~ ~

~ ~

1 2 ~ 3~1

9 6~

5 )4 ~ ~

13 3 5

1 19 1] ........ 13

1 3 26 ...... '21 4 ~

4 3 19 ...... 34 7 22, 21 14 3 1 ,-2 6 5

10 0 2

_10

1 ,1 , 4 3 2 3

, , 2

-50 1

1 100 110 150 A2

Fig. 3. Les burins de Noailles de la couche lü-Il de J'abri du Facteur (Dordogne) : Diagramme de corrélation entre l' angle d'inclinaison de J'enlèvement de coup de burin de Noailles sur la face d' éclatement, et l' angle de torsion de cet enlèvement.

du support au biseau), e t une distance (largeur du biseau). Les résultats de l'analyse des données sur 394 biseaux décrits par 22 modalités de six variables four­ni sse nt un nuage de points sph érique, démontrant l'homogénéité de cette morphologie.

L' étude de l'enlèvement de coup de burin, à partir des vestiges laissés par son négatif, est beaucoup plus instrucLÏ ve.

La corrélation forte entre l'angle mesurant J' incli­naison de l' enlèvement sur la face d ' éclatement et l'angle de torsion de cet enlèvement traduit les caracté­ristiques du coup de main du tailleur, et pourrait faire supposer une taille par pression plutôt que par percus­sion (fig. 3).

L'étude de l'histogramme de la longueur du négatif de l' enlèvement entre le biseau et l 'encoche d'arrêt montre un exemple remarquable de loi normale, avec une moyenne de la longueur du négatif de la chute de burin de 1.5 cm (fig. 4).

L'étude de la multiplici té des burins montre que, dans la plupart des cas étudiés, le plan de frappe a été

retouché pour pouvoir donner le coup de burin jumeau sur le support.

Dans certains cas, la retroncature du plan de frappe est tellement profonde qu'il ne subsite plus qu'un ves­tige d'enlèvement de coup de burin sur le côté opposé du support , vestige qui généralement n'est pas vu ou décompté dans les études classiques comme burin mul­tiple. Cette constatation nous a amené à différencier le burin jumeau, où le plan de frappe et les négati fs des bulbes des enlèvements jumeaux sont intacts, du burin réavivé où la retroncature du plan de frappe a oblitéré légèrement ou fortement le négat if de l'enlèvement jumeau.

Par ailleurs, l'étude des cassures montre l'impor­tance des cassures s ur les supports des burin s de Noailles, cassures d'autant plus faciles à obtenir que les supports sont de petite taille , le plus souvent lamel­laires.

Quelques caractères des burins de Noailles de la couche 10/ 11 de l'abri du Facteur sont détaillés ci-des­sous :

HISTOIRES DE BURINS I l

+ + + + + + ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++

++++ ++++ ++++ ++++ ++++ ++++ ++++ ++++ ++++ ++++ +++++

++++++ ++++++ ++++++ ++++++ +++++++ +++++++ +++++++ +++++++ +++++++ +++++++ +++++++ +++++++++ +++++++++ +++++++++

++++++++++++ ++++++++++++++ .-..................... " ...

Fig. 4. Les burins de Noa illes de la couche 10-11 de l'abri du Facteur (Dordogne) : Hi stogramme de la longueur du négatif d'en lèvement d' une chute de buri n de Noai ll es, mesurée e ntre le bi seau e t J'encoche d'arrêt.

Intégrité des biseaux Biseaux intacts: 78% Biseaux réavivés : 13.6% Retroncatures et cassures: 8.4% (3.6% seulement des burins sur troncature non Noai lles sont des burins réavivés ou retronqués)

Multiplicité des burins de Noailles Burins simples: 65 % Burins multiples ou réavivés : 35% (1 6% seulement des burins sur troncature non Noailles sont des burins multip les ou réavivés)

Cassure des supports des burins de Noailles simples Supports avec une extrémité intacte: 46% Supports cassés: 48% Supports tronqués: 6% (62 % des buri ns sur troncature non Noailles o nt une extrémité de SUppOrl intacte)

Cassure des supports des burins de Noailles Postérieure à un négatif d 'enlèvement: 28.3 % lndeterminée : 71.7 %

De tous les burins connus au Paléolithique supé­rieur. le burin de Noai lles est donc le plus fracturé. le plus réavivé et le plus multiple. En d ' autres termes, tout se passe comme si le support avait été soigneusement fracturé en plusieurs morceaux (deux ou trois selon la longueur du support), avant ou après la taille du pœ­mier burin, et que les quatre angles du support avaien t été utili sés pour tailler un burin de Noailles. Au plus quatre chutes pouvaient être obtenues de cette façon, au plus 12 chutes sur une lame complète, et vra isemblable­ment beaucoup moins, quatre peut-être.

Par aiUeurs, les sites gravettiens qui fourni ssent des burins de Noai lles. ont été souvent cités dans les publi ­cat ions conune ayant fourni des accum ulations impor­tantes et localisées de ces burin s, parfo is plusieurs centaines sur quelques mètres carrés.

Ces arguments nous amènent assez logiq uement à proposer une hypothèse qui suggère que le burin de Noailles est un nucléus à lamelles: les chutes de burins de Noailles, dont les caracté ri stiques de production sont les sui vantes: lamelles de section triangulaire, de largeur moyenne et constan te 1.1 mm, de même épaisseur et de longueur moyenne 1.5 cm. Ces lamelles, dont la production est d ' une standardisation remarquable, sont les plus petits produits de débitage du Paléolithique supérieur ,

7. Un exemple d'étude d 'évolution techno­logique de burins: les burins aurignaciens et gravettiens de La Ferrassie

7. 1. L' analyse de données du tab leau des ni veaux par les modalités de caractères des burins

L'analyse des correspondances du tableau de Burt de 23 ni vea ux aurignacien s e t grav e tti e ns de La Ferrassie suivant les 142 modalités de caractères des burins met en évidence, sur le plan factorie l des axes 1-2, un e structuration des ni veaux, visua li sée par une classification automatique, en faciès chronologiques et climatiques .

La fi gure 5 montre le plan factoriel des axes 1-2, et la figur e 6, la class ifi cati o n a ULOm atiqu e s ur les ni veaux.

Les variat io ns techno logiq ues des séquences de tai.l le des burins sont les suivantes.

Dans les niveaux les plus anciens, K7, K6, de la phase 1, les burins sont grossiers. à enlèvement unique irrégulier, sur plan de frappe peu ou pas préparé (cas­sure, surface de débitage, reLOuche latérale).

A partir du niveau KS, et dans la phase lia (K4. K3, K2), une amélioration technique se trad uit par un e meilleure facture des burins, en parliculier des plans de

12 F. DJ1NDJ1AN

Pf concave

E torse ' i

l!1 • PF surlace retouchée

" PFc~ve!e tres. oblique

AV:E diedre • PF PFobtu

lal .. ,o hMI,."",,.,,1 • • PF abrupt • S

casse apres E

E obl ique

"

J,

• neg'llif. d 'en\evem .. ,"

AV .ettoncal""" laterali! .. ~u"he

- - - -

"

1 :

tate'ahte droite

B

G,: S i ,,;~c t Es

, : • E, '. PF rect'I igne

B " d roit e

B distal

E type B1

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E ~ype E

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F

. , PF caSSu.e

E aigu

"~ retouche lertiaire

PF pa" oalure l

S !ablelle

E type

Noa,""

E Iype C l

S • bloc oucleifo

Fig. 5. Evolution de la technique de lai lle des burins à l'abri de La Ferrassie (Dordogne): plan factoriel des axes 1-2 de l'analyse des correspondances du tableau 23 niveaux par 142 modalités de caractères.

frappe (troncature transversale, normale ou oblique, rectiligne ou concave), un enlèvement unique et paral­lèle à l'axe de débitage, droit ou légèrement plan, et dans ce cas torse.

Se développe alors dans les niveaux K3, K2, avec son maximum dans les niveauxde la phase Hr (1, 12), la technique du burin dièdre, parallèlement à celle du burin sur troncature latéro-transversale qui représente certainement ici une étape de façonnage du burin dièdre. Les enlèvements de ces burins sont uniques ou muttples superposés, parallèles à l'axe de débitage.

La technique d' enlèvement plan transverse, unique ou multiple superposé, en burin dièdre ou sur troncature latéro-transversale apparaît au même moment.

Le burin busqué apparaît soudainement, et caracté­rise la phase Ur (J, 12), sans doute à la convergence de

l'évolution technique précédente et du grattoir à museau dont il est l'analogue morphologique et peut­être fonctionnel (et qu'il remplace).

La phase III voit à la fois une diminution du nombre de burins et un retour des techniques développées au cours des phases lIa et IIr, vers celles de la phase 1, démontrant la corrélation étroite entre les variations cli­matiques et la variabilité de l'outillage lithique.

Dans la phase IV, la diversification de la technique du burin busqué se traduit par le développement de burins carénés et de burins à enlèvements multiples transverses.

Un changement technologique s' opère alors , par un retour au plan de frappe transversal, avec des enlève­ments multiples tournants sur des supports laminaires et nucléiformes.

HISTOIRES DE BURI NS 13

Au Gravettien (E, 02, B, C), la retouche tertiaire apparaît sur des bu rin s qui ne sont pas encore des burins du Raysse, pui s les burins de Noailles (02), avec un accroissement des burins sur cassure (volontaire?) de bonne factu re.

7.2. L'agrégation des caractères en séquences de taille

L'agrégation des caractères s'effectue à pal1ir de la lecture des proximités des caractères sur les plans facto­riels niveaux x caractères technologiques et à partir de classifica tions sur les caractères effectuées à partir de ces résul tats factoriels.

Celte étape n'est pas totalement formali sée. Elle procède par tâtonnements successifs, le but étant d 'arri ­ver à obtenir, par agrégation des caractères technolo­giques (un mê me caractère technologique pouvant apparten ir à plusieurs séquences de Laille différentes), des séquences de taille (ou types technologiques) per­mettant d'obtenir la construction d' un nouveau tableau plus agrégé dont le traüement par analyse des corres­pondances ne change pas la structure déjà obtenue sur les ni veaux.

Le résultat de ce travail est fourni par le plan facto­riel de la figure 7, qui montre la même structure sur les ni veaux mais cette foi s-ci expliquée par des séquences de tai lle de burins, dont la liste est donnée ici :

Burins à enlèveme11l unique (visible) : - à inclinaison normale de l'enlèvement :

- sur surface de débitage (BSD), - sur cassure (BeA), - sur troncature,

transversale normale (BIT) et oblique (BTO), latéro-transversale (BTL T), sur retouche latéra le (BRL),

- à inclinaison plane de )' enlèvement, - sur troncature transversale (BPTR), - sur plan de frappe latéral (BPT).

Burins dièdres, cl enlèvement unique ou enlèvements multiples superposés (BD)

Burins à enlèvements multiples adjacents: - busqués (BB), - carénés (BC), - à enlèvements adjacents dorsaux transverses (BADT), - à enlèvements adjacents plans parallèles (BA PP), - à enlèvements adjacents plans parallèles avec retouche tertiaire (BA PPT), - nucléiforme (BN).

Burin de Noa illes (BNO) TI est important de rappeller que ces agrégations en

A-IV

f8J.p :-:-J. tl -

A-III

h -

à_"

1--

h -N~ -""")""")

Fig. 6. Evolution de la technique de taille des burins à l'abri de La Ferrassie (Dordogne) : fa ciès chronolog iques de l'Aurignac ien et du Gravettien de La Ferrassie. Class ification automatique sur les cinq premiers axes de l'analyse factorielle de la figure 5.

séquence de taille n' ont pas de valeu r universelle, et qu' il ne s'agit ici en aucun cas de vouloir établi r une nouvelle typologie technologique de burins.

14 F. DHNDJIAN

BB

AXE 1

LA FERRASSIE / BURINS AXE 2

BTO

Fig. 7. Evolution dc la technique de taille des burins il l' abri de La Ferrassie (Dordogne): plan factoriel des axes 1-2 de l'analyse des correspondances des niveaux aurignaciens décrits par des séquences de taille de burins, obtenus par agrégation de caractères, à partir des résullats de l'analyse de la figure 5.

7.3. Une explication chronologique de la variabilité

Les corrélat ions des structures avec la variable extrinsèque «strat igraphie» met en évidence la valeur chronologique des faciès obtenus qui traduit une évolu­tion technologique des chaînes opératoires des burins.

7.4. Une explication technologique de la variabi lité

La corrélat ion des structures obtenues avec des variables intrinsèques aulres que technologiques per­mettent d'éclairer d'une lueur nouvelle l'image que nous avons des butins.

La technologie des burins présente en effet une cor­rélation forte avec les potentialités d' obtention en grand nombre des chutes de buri ns :

1. par refaçonnage complet d ' un nouveau plan de frappe pour les burins sur cassure et sur troncature transversale, technique poussée à son apogée pour les burins de Noai lles, au gravettien ; à un plan de frappe, correspond une chute de burin. Sur un support lami­naire, il est difficile d' extraire plus de quatre chutes, sauf par la fragmentation systématique du support pour

le burin de Noailles. 2. par changement dynamique de plan de frappe par

coup de burin alternatif sur le négatif d'enlèvement pré­céden t (techniqu e de burin dièdre). Le nombre de chutes de burins est limité par la longueur et la largeur du support, qui diminuent à chaque enlèvement alterna­tif.

3. par enlèvements adjacents successifs sur le même plan de frappe latéral pour les burins busqués, les burins carénés, et les burins à enlèvements multiples dorsaux transverses. Le nombre de chutes est limité par la distance diminuant à chaque enlèvement, entre la position de l'encoche d'arrêt du burin busqué et la posi­tion du biseau. TI est alors nécessaire de refaçonner une autre encoche d'arrêt. Les deux autres techniques, qui évitent l'inconvénient de la présence de l'encoche d'arrêt, sont supérieures.

4. par enlèvements tournants sur le même plan de frappe transversal sur de supports nucléiformes et sur des supports laminaires. Cette technique, qui voit son apogée dans le burin du Rayssefull circle, n'est limitée que par l'épaisseur du support. Elle peut permettre en outre deux plans de frappe opposés sur le même support

HISTOIRES DE BURINS 15

(les burins du Raysse sont fréquemment multiples). Chaque étape technologique se caractérise ainsi par

une amélioration du nombre de chutes de burins qu'il est possible d'extraire d' un burin avant son épuisement total: le burin apparaît ici dans un rôle de nucléus pour la production de lamelles (les chutes de burins).

Les techniques utilisées produi sent en outre des chutes de burins de morphologies différentes : chutes «premières» de section triangulaire, chutes «secondes» de secüon rectangulaire, lamelles plus ou moins torses, plus ou moins concaves, plus ou moins épaisses, plus ou moins longues.

7.5. Une explication fonctionnelle de la variabilité

Le burin existe aussi dans un rôle de burin-outil: - dans sa morphologie grattoir à museau (burin bus­

qué), - dans sa morphologie burin (biseau et tranchant

latéral), bien qu ' il soit plus difficile ici d'en avoir des certitudes sans une étude de tracéologie approfondie.

Le mélange des deux utilisations, si elle était confir­mée par d' autres approches, est sans doute à l' origine de la difficulté des explications extrinsèques.

7.6. Une explication paléoclimatique de la variabilité

Il est cependant sûr que le développement de la tech­nologie burin-nucléus est généralement associée avec les oscillations tempérées du début du Paléolithique supérieur:

- Hengelo-Les Cottés : apparition de la technologie de taille des nucléus à lames et des burins,

- Arcy: apparition des burins à enlèvements mul­tiples sur plan de frappe latéral (busqués),

- Maisières : développement des burins à enlève­ments adjacents sur plan de frappe latéral (carénés) et apparition des burins à enlèvements multiples sur plan de frappe tTansversal,

- Tursac: apparition des burins de Noailles, puis remplacement par les burins du Raysse.

Les phases froides correspondent, à l'inverse, à des phases de régress ion du nombre et de la variété des burins: burins sur cassure, sur troncature et dièdres à enlèvement unique, dans un rôle de burin-outi 1.

Tout se passe donc comme si, pendant les phases tempérées, le besoin de lamelles obtenues par des burins-nucléus coïncidait avec des évolutions technolo­giques fournissant des solutions mieux adaptées aux besoins, tandis que pendant les phases froides, le simple besoin de burins-outils ramenait la production en quan­tité comme en qualité aux seules fonnes classiques de burins.

8. Conclnsions finales

8.1. La signification fonctionnelle des burins

Les conclusions de ces deux études amènent à poser de nouvelles hypothèses sur la signification fonction­nelle des burins.

La technique du coup de burin est une technique d'obtention d'enlèvements lamell aires longs et étroits appliquée sur un débitage laminaire ou d'éclats.

Cette technologie peut être utilisée pour le façon­nage d'outils, caractéri sés par des séquences morpho­techniques particulières :

- le burin-pointe pour le rainurage (transformation de l'angle dièdre du biseau en angle trièdre),

- le burin à enlèvement d'angle pour le raclage (uti­li sation du tranchant latéral plus so lide du négatif d'enlèvement),

- le burin de Lacan pour le perçage ou le poinçon­nage,

- le burin caréné ou busqué pour le grattage ou le rabotage.

Cette même technologie peut être utilisée pour la production de lamelles de formats variés, destinées à être emmanchées après fa ço nnage d'un dos par retouche oblique ou abrupte.

La chute prem ière, dans cette hypothèse, peut être assimilée à un déchet de débitage, comme la lame à

crête d' un nucléus.

8.2. Un essai de généralisation des études technolo­giques de l'outillage lithique

Le recul apporté par cette nouvelle approche d 'étude des burins peut être utile pour l'élaboration d ' un nouveau cadre formel pour l 'e ns e mble de l'outillage lithique.

Le façonnage d' un élément de débitage peut être en effet ramené plus simplement à l'utilisation de deux techniques:

1. les enlèvements écailleux (de longueur équiva­lente à la largeur),

2. les enlèvements lamellaires (de longueur très supérieure à la largeur).

L'enlèvement écameux peut se définir plus précisé­ment, à partir de la caractérisation des séquences de retouche:

- retouche marginale, - retouche de régularisation:

latérale, frontale,

- troncature, - retouche abrupte,

16 F. DJlNDJIAN

- encoches, étranglements, - denticulations, - esquillements, - pédonculation, - crans, - appointements.

L'enlèvement lamellaire peut être subdivisé en deux catégories principales:

- l' enlèvement est issu de la face d' éclatement du support (catégorie des grattoirs carénés),

- l'enlèvement est issu d ' un plan de frappe naturel ou façonné sur le support (catégorie des burins) .

Au-delà du simple comptage de la présence de ces techniques de façonnage sur les pièces lithiques, dont il

Fig. 8. Quelques types classiques de burins.

a été montré que J'étude des tableaux de contingence fournissait de meilleurs résul tats que les tableaux issus de s décompte s à partir de s li s tes -t ypes usuelles (Dj indjian 1989), cette approche permet également de reconnaître, le cas échéant, des types définis comme des associations répétitives de séquences morphotech­niques caractéri stiques.

Cette approche, en concl usion, ti ent compte à la fois d'une approche systématique basée sur la lechnologie et la morphologie des séquences de façonnage, et d'une approche typologique, au point de rencontre des quaLi­tés respecti ves des méthodes de D. de Son nev ille­Bordes et J. Perrot ( 1954-55), de G. Laplace ( 1966) et de J. Tixier (1963).

1. Burin sur surface de débitage (Pincevent , Leroi-Gourhan el Brézillon 1972, fig. 24, nO 3). 2. Burin di èdre d ' axe (Idem , fig. 22, nO 1). 3. Burin dièdre d ' angle (Idem, fi g. 22, n° 3). 4. Burin sur cassure (Idem, fig. 25, nO 6). 5. Burin sur troncature retouchée transversale (Idem, tig. 26, nO 4). 6. Burin sur troncature retouchée latéro-transversale (Idem, fi g. 25, nO 7). 7. Burin sur troncature (Le Facteur, CIO-Il , Delporte 1968, fi g. 50, nO 120). 8. Burin de Lacan (Brézillon 1968, fig. 53). 9. Burin bec de penoquet (Idem, fig. 49). 10. Burin busqué (La Ferrassie, C 12, Dclportc 1984, fi g. 14, nO 14- 15). I I. Burin caréné (Le Facteur, C 15, Delporle 1968, fig. 29, nO 52). 12. Burin plan LIansverse (Le Facteur, CIO- II, Del portc 1968, fig. 50, nO 125). 13. Burin pointe (Le Facteur, CIO-Il, Dj indjan 1976, nO 644). 14. Burin du Raysse (Idem, nO 662, 663). 15. Burin à Chanfrei n (Brézillon 1968, fi g. 231 ). 16. Burin transversa l sur encoche (Trotignon el alii 1984, fig. 3 1, n07). 17. Burin transversa l sur retouche latérale (Idem, fig. 29, n04).

HISTOIRES DE BU RINS 17

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18 F. DJ[ NDJI AN

115 25 0 330 38 4 46 11 0

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0ffi ~ JJ 195 289 1 299 3 18

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178 3 19

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263 38 1

HISTOIRES DE BUR INS 19

GLOSSAIRE

1. TechnoLogie de la pierre taillée (D' après Brézillon 1968, rééd. 1971)

Nuclélls Bloc ou fragment de roche dure (silex, obsidienne,

etc.) à partir duquel ont été, ou sont débités des éclats, lames ou lamelles destinés à être utili sés ou raçonnés. Le nucléus porte au moins un plan de frappe, surface sur laquelle sont portées la percuss ion ou la pression qu i détermine le détachement des produits de débitage, el des négatifs des elllèvements des produits de débi­tage.

Débitage Le débi tage désigne la production d'éclats, lames ou

lamelles à partir d ' un nucléus.

Façonnage Le façonnage désigne l'opération de tai lle qui trans­

forme les produits de débitage en outi ls par des tech­niques variées (retouches diverses , enl èveme nts de coup de burin, etc.).

Troncature Transformation , par retouche abrupte transversale,

normale ou oblique, recti ligne, concave, convexe ou sinueuse, de J'extrémité d' un produÎl de débitage (éclat, lame oll lamelle).

Netouche Transformation par petits enlèvements, obtenus par

percussion ou par pression, d ' un produit de débitage (éclat, lame ou lamelle), pour façonner un out.il , dans des buts variés; régu lari ser un bord (racloi r) ou une ext rémité (grattoir, troncature), aménager une forme (appointemen t, sy métri sation, désépai ss isseme nt , encoche, denticul ation, etc.), préparer un emmanche­ment ou une préhension (aminci ssement, soie, cran, pédoncule), etc.

2. Termes statistiques (D'après Djindjan 199 1)

Analyse des données Discipline regrou pant loutes les méthodes stati s­

tiques visant à réduire, strucwrer, expliquer, déterminer de s phénomè nes variés décrit s par de nombreuses variables.

Analyse typologique L'analyse typologique réali se une structuration en

partition du système d 'objets matériels analysé. Chaque classe est caractérisée par une association préférentielle de valeurs des caractères descriptifs, qui possède une signification. intrinsèque d' un niveau supérieur à celle des caractères descriptifs: techn iques de fabrication , mo rpho logie générale, outi ls, alliages, procédés ou minerais d' une composition physico-chimique, style de décors. Les classes peuvent en outre posséder une signi­fication extrinsèque: chronologique, régionale, etc.

Analyse (factorielle) des correspondances L'analyse des correspondances est une analyse fac­

torielle, utiLi sant la méthode du Chi2. Cette métrique est particul ièrement bien adaptée au traitement de tableaux de contingence, tableaux de Bun, et tableaux disjonctifs complets. auxquels peut se ramener n ' importe quel tableau de données brutes. La méthode donne la possi­bilité de représenter simultanément sur le même plan ractor iel les individus et les var iables .

Classijication automatique Le te rme désigne " ensemble des techniques qui

fourni ssem directemem une ou plusieurs partitions d ' un ensemble d'éléments. Les techn iques de classifications hiérarchiques représentent les partitions au moyen de classes emboitées dans une structure arborescente.

Fi g. 9. Burins de Noailles (Le Facteur, CIO- II , d'après Djindjan 1976) 1. Taille des supports des burins de Noailles (nO 250, 330,1 [5,384). 2. Types de plan de frappe de burins de Noai lles (nO 46, 110, 178,3 19). 3. Types de direelion d'enlèvements de burÎns de Noailles (n° 23 1, 275, 335. 336). 4. Morphologie des plans de frappe de burÎns de Noai lles (nOI95, 289, 299, 3 18, 404). 5. Burins de Noailles muhiples (nO 265, 282, 294, 403, 408). 6. Réavivage des burins de Noailles (nO 346, 360, 366, 448). 7. Burin de Noailles sur gros support (n° 386). 8. Préparation de burins de Noailles (n° 216, 263 , 38 1).

20 F. DJiNDJIAN

Tableau de Burt Tableau systématique croisant le même ensemble de

modalités de variables, issues d'un codage disjonctif complet.

Tableau de contingence Tableau systématique croisant deux ensembles diffé­

rents de variables quantitatives.

Codage disjonc!ff complet Codage résultant de la transformation d ' une variable

quantitative en un ensemble de variables qualitatives dichotomiques (suite de 0 et de J).

Eliipse d'inertie Représentation graphique sur les plans factoriels

issus ct' une analyse factorielle, de J'ellipse ct' inertie dont les paramètres sont calculés à partir du centre de gravité et des axes d 'allongement suivant les axes fac­toriels considérés, d'une classe issue d' une classifica­tion automatique, effectuée avec la même métrique que

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l'analyse factorielle, sur le même tableau de données.

Agrégation de caractères. Regroupe ment de variables, ou de modalités d'une

variable, ayant un même comportement stati stique par

rapport aux données tTaitées.

Liste - type Classification d 'objets en une liste de types dont la

définition fait le plus sou vent appel à un mélange de

critères technologiques, morphologiques e t fonction­

nels. La li ste des types, classée dans un ordre linéaire

constant, permet d 'établir des diagrammes cumulatifs.

Comparables à ceux des courbes granulométriques de la

sédimentologie, ces diagrammes cumulatifs, qui ont été

utili sés pour comparer des col lections d'objets

d'ensembles clos ou de couches archéologiques (essen­

tiellement l ' outillage lithique), ont connu un grand suc­

cès, notamm e nt en France , comme tec hnique

d'identification et de détermination des cultures paléoli­

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