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Mots-clés : Solutréen, territoire, zoocénoses, art paléolithique, mobilité. Keywords: Solutrean, territory, zoocenoses, palaeolithic art, mobility. Résumé : Depuis plus d’une dizaine d’années, de nouvelles données sont venues remettre en question les synthèses connues sur l’art pariétal, notamment la valeur du style pour établir une chronologie (en particulier le style III). C’est l’occasion ici, de revoir l’art pariétal, rupestre et mobilier attribué au maximum glaciaire, dont le Solutréen, notamment Lascaux, Le Gabillou, Roc de Sers, certaines grottes d’Ardèche et l’art de la péninsule ibérique. Ce travail est basé sur une rectification de la chronologie de l’art paléolithique, qui remet en phase les “ cultures ” et les “ styles ” (DJINDJIAN 2004a), et sur une analyse de la variabilité des bestiaires figurés en relation avec les zoocénoses régionales (DJINDJIAN 2004b) aboutissant à une proposition d’explication fonctionnelle de l’art paléolithique, que nous développons ici pour le maximum glaciaire. Pour cette période, le bestiaire figuré correspond à une zoocénose méditerranéenne composée principalement de cheval, aurochs, cerf et biche, bouquetin. Il est identique dans l’art pariétal, rupestre et mobilier. Dans la péninsule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique, il correspond aux restes de faune trouvés dans les sites archéologiques associés, malgré quelques cas d’animaux “ exotiques ” et d’attributions chrono-culturelles divergentes de sites qui sont analysés. En Aquitaine et en Charente, il existe des habitats solutréens saisonniers de longue durée, et nous connaissons également une présence estivale au Solutréen supérieur (ateliers de taille, sites de boucherie, camps de chasse spécialisée) dans les régions septentrionales : bassin de la Loire (Fritsch, Fressignes, Les Maîtreaux), Bassin parisien (Saint Sulpice de Favières, Le Trilobite à Arcy-sur-Cure), bassin de la Saône (Solutré). Dans ces régions, les bestiaires représentés (même s’ils intègrent des espèces régionales comme le bison ou le renne, sont différents des zoocénoses connues (présence dominante du renne, cheval et bison, absence de l’aurochs, rareté du cerf). Cette différence est expliquée par des déplacements de groupes humains au Solutréen supérieur d’une part entre l’Aquitaine et la péninsule ibérique à travers les Pyrénées, d’autre part la côte méditerranéenne française (incluant l’Ardèche) et la côte méditerranéenne espagnole (incluant la bassin de l’Ebre), pour des séjours d’hiver. Les études sur l’art paléolithique permettent ainsi de contribuer également à reconstituer les stratégies de gestion des ressources dans le territoire au maximum glaciaire puis les recolonisations de l’Europe à partir du refuge méridional. Abstract: Since more than ten years, new data appeared which have modified the knowledge on cave art, and more generally the reliability of style to establish the chronology (and particularly the style III). It is then the occasion to revisit the cave, rock and mobile art during the maximum ice age, particularly for Lascaux, le Gabillou, Roc de Sers, several caves of Ardeche and the art sites of Iberian Peninsula. Our work is based on the recently published new chronology of palaeolithic art, synchronizing “ cultures ” and “ styles ” (DJINDJIAN 2004a) and the explanation of the variability of the figured bestiaries in relation with the regional zoocenoses (DJINDJIAN 2004b) involving L’APPORT DES DONNÉES DE L’ART SOLUTRÉEN DANS LES PROBLÉMATIQUES DE CIRCULATIONS DES CHASSEURS CUEILLEURS AU MAXIMUM GLACIAIRE EN EUROPE OCCIDENTALE THE CONTRIBUTIONS OF THE SOLUTREAN ART DATA IN THE QUESTIONS OF THE HUMAN GROUP CIRCULATIONS DURING THE MAXIMUM ICE AGE IN WESTERN EUROPE François Djindjian

L’apport des données de l’art solutréen dans les problématiques de circulations des chasseurs cueilleurs au Maximum Glaciaire en Europe occidentale

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Mots-clés : Solutréen, territoire, zoocénoses, art paléolithique, mobilité.

Keywords: Solutrean, territory, zoocenoses, palaeolithic art, mobility.

Résumé : Depuis plus d’une dizaine d’années, de nouvelles données sont venues remettre en question les synthèses connues sur l’art pariétal, notamment la valeur du style pour établir une chronologie (en particulier le style III). C’est l’occasion ici, de revoir l’art pariétal, rupestre et mobilier attribué au maximum glaciaire, dont le Solutréen, notamment Lascaux, Le Gabillou, Roc de Sers, certaines grottes d’Ardèche et l’art de la péninsule ibérique. Ce travail est basé sur une rectification de la chronologie de l’art paléolithique, qui remet en phase les “ cultures ” et les “ styles ” (DjinDjian 2004a), et sur une analyse de la variabilité des bestiaires figurés en relation avec les zoocénoses régionales (DjinDjian 2004b) aboutissant à une proposition d’explication fonctionnelle de l’art paléolithique, que nous développons ici pour le maximum glaciaire. Pour cette période, le bestiaire figuré correspond à une zoocénose méditerranéenne composée principalement de cheval, aurochs, cerf et biche, bouquetin. Il est identique dans l’art pariétal, rupestre et mobilier. Dans la péninsule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique, il correspond aux restes de faune trouvés dans les sites archéologiques associés, malgré quelques cas d’animaux “ exotiques ” et d’attributions chrono-culturelles divergentes de sites qui sont analysés. En Aquitaine et en Charente, il existe des habitats solutréens saisonniers de longue durée, et nous connaissons également une présence estivale au Solutréen supérieur (ateliers de taille, sites de boucherie, camps de chasse spécialisée) dans les régions septentrionales : bassin de la Loire (Fritsch, Fressignes, Les Maîtreaux), Bassin parisien (Saint Sulpice de Favières, Le Trilobite à Arcy-sur-Cure), bassin de la Saône (Solutré). Dans ces régions, les bestiaires représentés (même s’ils intègrent des espèces régionales comme le bison ou le renne, sont différents des zoocénoses connues (présence dominante du renne, cheval et bison, absence de l’aurochs, rareté du cerf). Cette différence est expliquée par des déplacements de groupes humains au Solutréen supérieur d’une part entre l’Aquitaine et la péninsule ibérique à travers les Pyrénées, d’autre part la côte méditerranéenne française (incluant l’Ardèche) et la côte méditerranéenne espagnole (incluant la bassin de l’Ebre), pour des séjours d’hiver. Les études sur l’art paléolithique permettent ainsi de contribuer également à reconstituer les stratégies de gestion des ressources dans le territoire au maximum glaciaire puis les recolonisations de l’Europe à partir du refuge méridional.

Abstract: Since more than ten years, new data appeared which have modified the knowledge on cave art, and more generally the reliability of style to establish the chronology (and particularly the style III). It is then the occasion to revisit the cave, rock and mobile art during the maximum ice age, particularly for Lascaux, le Gabillou, Roc de Sers, several caves of Ardeche and the art sites of Iberian Peninsula. Our work is based on the recently published new chronology of palaeolithic art, synchronizing “ cultures ” and “ styles ” (DjinDjian 2004a) and the explanation of the variability of the figured bestiaries in relation with the regional zoocenoses (DjinDjian 2004b) involving

l’apport des données de l’art solutréendans les problématiques de circulations

des chasseurs cueilleursau maximum Glaciaire en europe occidentale

The conTribuTions of The soluTrean arT daTa in The quesTions of The human group circulaTions during The maximum ice age in WesTern europe

François Djindjian

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introduction

Le Solutréen est une des “ cultures ” les plus célèbres du Paléolithique supérieur mais l’une des moins connues. Depuis la synthèse magistrale de Smith (1966), il y a 40 ans, (à laquelle on ajoutera pour mé-moire celle de J. Bouchud également publiée en 1966), plusieurs fouilles de sites solutréens ont été effectuées sur le territoire français : Azkonzilo, Fritsch, Brassem-pouy, Combe-Saunière, Fressignes, Laugerie-haute, Le Cuzoul à Vers, Les Jean-Blancs, Les Maîtreaux, Les Peyrugues, Le Placard, Saint-Sulpice de Favières, Solutré, Le Piage, Le Malpas. Mais très peu de mono-graphies ont été publiées sauf quelques articles ou des études partielles (cf. bibliographie dans cet article). Il nous reste des colloques internationaux, comme Feuilles de Pierre (KozlowSKi 1990) ou des volumes spécialisés comme FervèDeS no 1 (1994). nous sommes plus riches avec les publications sur l’art pa-riétal (Cosquer, Lascaux, Le Gabillou, Roc de Sers, La Griega, La Pileta, nerja) et surtout l’art rupestre (Foz Côa, Domingo Garcia, Siega Verde) ou l’art mobilier (Parpallo) mais un certain nombre de grottes clés n’ont pas été réétudiées ou publiées (la Mouthe, Font-de-Gaume, grottes ornées d’Ardèche). Vouloir faire du neuf avec des données anciennes ou partielles est donc une gageure, surtout quand la problématique posée doit intégrer des données multidisciplinaires comme l’art préhistorique, l’archéozoologie, la culture maté-

rielle et une chrono-stratigraphie précise. néanmoins, nous proposons ici un essai de lecture du système solutréen et plus globalement du maximum glaciaire en Europe occidentale, dans lequel sont associées les données de l’art paléolithique et les données de l’ar-chéologie des habitats.

1. l’art solutréen en France

1.1. Historique des études sur l’art solutréen

L’art pariétal et mobilier attribué au Maximum gla-ciaire, et plus précisément au Solutréen, est rare en France, relativement au développement important de l’art pariétal et mobilier du Magdalénien, mais aussi, de plus en plus, grâce aux résultats récents des data-tions directes, de l’art pariétal et mobilier du Gravet-tien. L’art pariétal et mobilier au maximum glaciaire est plus important pour le Solutréen en péninsule ibérique, avec les découvertes récentes riches en art pariétal et surtout en art rupestre. Ce phénomène est lié au reflux méridional des groupes humains gravet-tiens, dans le cadre de la péjoration climatique crois-sante à l’approche du maximum glaciaire, qui change drastiquement les stratégies de gestion des ressources (alimentaires, matières premières) des groupes humains suite à l’abandon de leurs territoires localisés dans l’Eu-rope moyenne (DjinDjian, KozlowSKi, otte 1999).

a proposal of a functional model of the palaeolithic art. For this period, during the Solutrean, the figured bestiary is corresponding to a Mediterranean zoocenose including mainly the horse, aurochs, redder and doe, ibex. The bestiary is similar in the cave art, rock art and mobile art. It corresponds to the faunal remains found in the associated archaeological sites of the sub-Cantabrian and sub-Pyrenean Iberian Peninsula, despite some exotic animals or divergent chrono-cultural attributions of art sites which are analysed. In Aquitaine and Charente, Solutrean dwellings with long seasonal occupations are known, and also short summer occupations (butchering sites, raw procurement sites, specialised hunting sites) in northern areas : Loire basin (Fritsch, Fressignes, Les Maîtreaux), Parisian basin (Saint Sulpice de Favières, Le Trilobite in Arcy-sur-Cure), Saône basin (Solutré). In all those regions, the figured bestiaries (even if they integrate local animals like reindeer or bison) are different from the known zoocenoses (reindeer, horse and bison, absence of the aurochs, rarity of redder). Such a difference is explained by the circulation of human groups during the late Solutrean between firstly Aquitaine and Iberian Peninsula through the Pyrenees, and secondly between the French Mediterranean coast (including Ardeche) and the Iberian Mediterranean coast (including Ebro basin) for winter occupations. The palaeolithic art studies are then contributing to the reconstitution of the resource management strategy inside the territory during the maximum ice age and also the reconquest of the middle Europe from the southern refuges.

277L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

Ce n’est donc pas sans raisons que Breuil (1952) a défini deux cycles indépendants dans sa chronolo-gie de l’art pariétal paléolithiques, le cycle aurignaco-périgordien et le cycle solutréo-magdalénien (où il n’attribue d’ailleurs avec certitude au Solutréen que les plaquettes du Parpallo dans le Levant espagnol).

La même difficulté se retrouve chez leroi-Gourhan (1965). Déjà, les styles I et II avaient été réduits à leur plus simple expression pour satisfaire à la fois la vision d’un modèle évolutif lent de l’art paléolithique et le besoin de substituer l’approche stra-tigraphique de H. Breuil au profit de l’approche spa-tiale de A. Leroi-Gourhan (suivant en cela M. Raphaël et A. Laming-Emperaire). Cette vision entraîne une réduction de l’hétérogénéité chronologique des figu-rations pariétales par une homogénéité (alors qu’il pouvait y avoir une approche médiane, le remplace-ment d’une chronologie longue par une chronologie courte des figurations pariétales en superposition stra-tigraphique). Le développement récent des datations directes et indirectes des représentations pariétales a permis de contester en partie le modèle des styles de A. Leroi-Gourhan (comme celui d’ailleurs des cycles de h. Breuil) et de réattribuer une partie des œuvres pariétales au Gravettien voire à l’Aurignacien.

Ce qui nous concerne plus particulièrement ici, est la définition du style III (fin du Solutréen et débuts du Magdalénien) en relation avec le style I (Aurignacien et Gravettien évolué) et le style II (fin du Gravettien et Proto-solutréen, si bizarrement nommé “ Inter Gra-vetto-Solutréen ”), dont le chevauchement inattendu avec les faciès industriels ou “ culturels ” auraient dû alerter dès le début sur la pertinence d’un tel décou-page. Nous avons récemment rediscuté ces définitions et proposé un schéma plus cohérent des relations entre l’Art pariétal et mobilier et les industries paléoli-thiques (DjinDjian 2004a).

Le style III de A. Leroi-Gourhan correspondrait dans la terminologie actuelle au Solutréen et au Bade-goulien (ex-Magdalénien 0 et I), s’il ne s’y introduisait aussi un Magdalénien II (en référence avec le niveau à triangles scalènes de la stratigraphie de l’abri de Laugerie-haute selon D. Peyrony) qui a été dénommé depuis Magdalénien inférieur pour le distinguer de l’ex-Magdalénien ancien = Badegoulien (DjinDjian, KozlowSKi, otte 1999). Cette opportune et sans doute non préméditée intégration du Magdalénien II dans le style III dans la publication de 1965, a été habilement utilisée par leroi-Gourhan, allain (1982) pour attri-buer la grotte de Lascaux au Magdalénien (II) sur la base de datations radiocarbones trop récentes effec-tuées aux tout débuts de la méthode (Libby) et d’une analyse palynologique contestable (cf. infra pour une discussion approfondie). leroi-Gourhan (1965) attri-bue au style III les frises sculptées de Bourdeilles (Le Fourneau de Diable) et du Roc de Sers, l’art parié-

tal des grottes de Lascaux, Le Gabillou, Villars, La Mouthe (partiellement), Saint-Cirq, Pech-Merle, Cou-gnac, Le Portel, Izturitz (leroi-Gourhan 1965 : 252-278). Dans l’inconscient collectif des préhistoriens, durant les années 70 et 80, certaines de ces œuvres sont attribuées au Solutréen (Bourdeilles, Roc de Sers) et les autres au Magdalénien (profitant de l’ambiguïté créée par les oppositions entre partisans de la termi-nologie du Badegoulien et ceux du Magdalénien an-cien). Nous savons aujourd’hui que les figurations de Pech-Merle, Cougnac et Le Portel doivent être réattri-buées au Gravettien (lorBlanchet 1995) et que des discussions ont surgi sur l’attribution de Lascaux et du Gabillou (aujoulat et al. 1998, DjinDjian 2000, aujoulat 2004) à une période plus ancienne que le Magdalénien (cf. infra).

Par ailleurs, et en opposition avec les attributions de h. Breuil et A. Leroi-Gourhan, J. Combier (comBier, Drouot, hucharD 1958) attribue l’essentiel de l’art pariétal des grottes de l’Ardèche au Solutréen, sur l’argument de l’abondance des sites solutréens en Ardèche, et notamment en entrée de plusieurs de ces grottes ornées, par rapport à l’Aurignacien, le Gravet-tien et le Magdalénien (cf. infra pour une discussion approfondie). Les découvertes et les datations 14C de la grotte de la Tête du Lion et de la grotte Cosquer sem-blaient confirmer un temps ces propositions jusqu’à la découverte et aux datations 14C de la grotte Chauvet.

Plus récemment enfin, le tamisage des déblais des anciennes fouilles de la grotte du Placard par L. Duport en 1987 a permis de découvrir contre les parois des lambeaux de couches en place qui recou-vraient des gravures et peintures qui ont été attribuées à un terminus ante quem du Solutréen par J. Clottes (clotteS, Duport, FeruGlio 1990, 1991)1.

1.2. L’art pariétal solutréen en Aquitaine

En Aquitaine, l’art pariétal solutréen est représenté en habitat dans des abris-sous-roche avec des blocs sculp-tés trouvés déplacés comme au Fourneau du Diable (Bourdeilles) ou au Roc de Sers (attribution contestée pour ce dernier site, voire infra pour une discussion approfondie) et en grotte, par des gravures, dans la grotte du Placard.

L’art pariétal solutréen serait également présent, par des peintures, dans des grottes du Périgord, près 1 Il est cependant nécessaire de pointer une contradiction à propos des signes en accolade (ou signes du Placard selon la terminologie de J. Clottes) qui sont attribués au Solutréen au Placard mais qui sont identiques à ceux de Cougnac et de Pech-Merle qui eux sont situés en contexte gravettien. Soit ces signes ont une durée de vie recouvrant le Gravettien et le Solutréen (ce qui semble en contradiction avec ce que l’on sait d’autres signes complexes), soit les grottes de Pech-Merle et de Cougnac sont hétérogènes (Gravettien et Solutréen), soit les signes du Placard sont datés du Gravettien ce qui signifierait que la grotte a été visitée et/ou occupée également à l’époque gravettienne, bien qu’il n’ait pas été trouvées jusqu’à présent d’industries du Paléolithique supérieur entre Moustérien et Gravettien dans la grotte du Placard.

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des Eyzies, qui présenteraient des figurations hétéro-gènes, gravettiennes, solutréennes et magdaléniennes, comme à La Mouthe ou à Font-de-Gaume.

À La Mouthe, A. Leroi-Gourhan voit un ensemble de style II (gravures “ vigoureusement incisées ” de quatre aurochs et un cheval), un ensemble de style III composé de chevaux, bisons, bouquetins, cerf (et la “ hutte ”) “ proche du groupe Lascaux-Gabillou ” et un ensemble de style IV (cheval, bison, mammouths, rhinocéros, bouquetin, renne) appartenant au groupe Font-de-Gaume/Combarelles/Rouffignac/Bernifal.

À Font-de-Gaume, on peut également mettre en évidence ces trois ensembles. h. Breuil y a distin-gué six époques de l’Aurignacien au Magdalénien final et A. Leroi-Gourhan deux périodes de style III et IVa (plus des ovales du style IVr). Pour les œuvres de style III, A. Leroi-Gourhan cite le signe quadran-gulaire et les trois aurochs noirs de la salle des petits bisons de la zone F qui se poursuit dans la zone h (bisons, bovinés et “ fantôme ”).

Enfin les grottes de Lascaux et du Gabillou, consi-dérées par la plupart des auteurs comme homogènes, ne peuvent plus être considérées comme d’attribution magdalénienne (cf. infra pour une discussion appro-fondie) mais plus anciennes, badegoulienne sans doute pour Le Gabillou, plutôt solutréenne pour Lascaux.

1.3. L’art solutréen en Ardèche

L’art solutréen en Ardèche est représenté indiscutable-ment par la grotte de la tête du Lion et par la grotte d’Ebbou (quoique des figurations y aient été laissées postérieurement au Magdalénien supérieur). Dans les Bouches-du-Rhône, la grotte Cosquer, pour les figures datées entre 18.500 et 19.000 BP, appartient au maxi-mum glaciaire, même si la frontière de territoire entre Solutréen et épigravettien ancien, entre Ardèche et Provence, ne permet pas d'attribuer ces peintures à l'un ou à l'autre groupe.

1.4. L’Art mobilier solutréen

À Solutré, l’origine stratigraphique imprécise des œuvres d’art mobilier, pour la plupart issues de fouilles du xixe s., ne permet guère d’avoir des certitudes sur l’attribution de ces objets à l’Aurignacien, au Gravet-tien, au Solutréen ou au Magdalénien (comBier, mon-tet-white 2002, chapitre 19). Les deux pièces géné-ralement attribuées au niveau solutréen, mais sans certitude absolue, sont deux rennes sculptés sur galet.

Provenant de la petite grotte de Bize, un galet gravé sur les deux faces avec un cheval et bouquetin sur une face et un mammouth moins probant sur l’autre face a été publié par D. Sacchi (Sacchi 1976 : 246-251).

Ce galet provient du niveau 6 des fouilles Genson. L’industrie de ce niveau 6, d’après D. Sacchi, est un mélange de Gravettien (gravettes, microgravettes, flé-chettes) et de Solutréen (feuilles de Laurier, pointes à cran). Le galet peut donc aussi bien être attribué au Gravettien qu’au Solutréen, alors que D. Sacchi l’a at-tribué sans hésitation, suivant sans doute les certitudes de l’époque sur le style, au Solutréen supérieur.

Ph. Smith, dans un court chapitre sur l’art solutréen (Smith 1966 : 376-384), cite, sans s’y appesantir, un certain nombre d’objets d’art mobilier attribués à des niveaux solutréens d’Aquitaine :

Laugerie-haute :- Sculpture de “ félin ” sur bois de renne (couche 12b) - Fourneau du diable : Pierres gravées (rennes,

cerfs, bisons, capridés) - Jean-blancs : Plaque de calcaire avec bouquetin

gravé

Isturitz : - Galet avec un cheval gravé (fouilles Passemard,

FII) - Bas-reliefs et sculptures de cheval, bison, poisson

(fouilles Saint-Périer)

Badegoule (cheynier 1949, Fig. 34, 44) : - Plaquette gravée d’un bison (“ Protosolutréen I ” :

couche 3), dont l’appartenance au niveau n’est pas totalement sûre selon Cheynier,

- Fragment de calcaire “ avec cornes de bouque-tin et museau de cheval ” dans le Solutréen moyen II (couche 4)

- “ 67 plaques de pierre avec gravures d’oiseaux et d’animaux ” dans le Solutréen supérieur III (couche 5). Ces plaquettes gravées révèlent des traits difficiles à interpréter à la lecture malaisée, selon Cheynier lui-même : beaucoup de ces figures ne sont identifiées qu’à partir de parties anatomiques : pattes, cornes, cou, oeil, etc. 80 autres plaques gravées sont illisibles. La Fig. 41 montre des plaques présentant des identifi-cations d’éléphant (!) et de mammouth : trompe, œil, cou, tête, cou, partie antérieure de la tête ! Sur le des-sin, ces identifications ne sont pas probantes. Il serait utile de reprendre l’étude de ces plaques et d’effectuer de nouveaux relevés. D’autres figures sont néanmoins nettement visibles sur les dessins (bison, cheval, félin, cerf, aurochs). Dans l’inventaire des espèces figurées, le cheval (9), l’aurochs (5), le cerf (4), le bouque-tin (4) sont les espèces les plus indiscutables et les plus fréquentes.

279L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

1.5. L’art mobilier badegoulien

L’art mobilier du Badegoulien est encore moins connu, au point qu’il a longtemps été considéré, à tort, que l’art badegoulien ne serait que le reflet de la tech-nologie lithique du Badegoulien (clotteS, GirauD, Servelle 1986 pour une discussion approfondie sur l’art badegoulien) :

- Le Cuzoul à Vers : Galet gravé d’un bison dans la couche 3b (clotteS, GirauD, Servelle 1986) ;

- Pech de la Boissière : Galet gravé d’un bouquetin (leroi-Gourhan 1965 : 70, peyrony 1931, Fig. 3, no 4) ;

- Solvieux : Dalle gravée d’un cheval et d’un cer-vidé (GauSSen, SacKett 1984) ;

- Laugerie-haute : Plaquette gravé portant deux bouquetins (leroi-Gourhan 1965 : 70).

Enfin, à Laugerie-Haute Est, une pièce exception-nelle a malheureusement une attribution stratigra-phique incertaine, hésitante entre le Solutréen et le Badegoulien, c’est un bloc calcaire sculpté d’une tête de bœuf musqué exposé au Musée des Antiquités na-tionales à Saint-Germain-en-Laye.

2. l’art solutréen sur la corniche cantabrique et asturienne

La région constituée du pays basque français et espa-gnol, de la côte cantabrique et asturienne appartient à ce que nous appelons d’une façon plus concise sinon plus précise la zone aquitaino-cantabrique, qui consti-tue pendant tout le Paléolithique supérieur, un même territoire où se déplacent les groupes humains. Les zoocénoses, le long de cette côte étroite de quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres entre montagne et mer atlantique, y sont forcément diffé-rentes de celles de la grande plaine aquitaine (cheval, bison) et des vallées descendant du Massif central (renne, cerf, cheval).

Il est ainsi possible de discuter de l’existence réelle d’espèces ayant besoin de vastes espaces comme le bison ou l’aurochs, largement représentés sur les pa-rois des grottes, et si ces espèces n’ont pas été rap-portées ici (cf. les notions de mémoires emportées et rapportées dans DjinDjian 2004b) sur les parois par les groupes humains venant de territoires où ces espèces sont naturellement représentées dans la faune des sites archéologiques (bison de la grande plaine aquitaine, aurochs des espaces ouverts de la péninsule ibérique).

Les grottes, dans cette marche sud-occidentale du territoire aquitain, sont nombreuses et un art pariétal particulièrement riche y est connu, depuis la décou-verte de la grotte d’Altamira par le marquis de Sau-tuola en 1879. Mis à part quelques rares exceptions (Castillo (partiel), La Vina, La Lluera, La Fuente del Salin, Micolon, etc.), l’essentiel de cet art pariétal a

été attribué par A. Leroi-Gourhan au style III (modèle cheval/aurochs + cerf/biche + bouquetin) et au style IV ancien (modèle cheval-bison + cerf/biche + bouque-tin). Confirmation de cette corrélation modèle/style, les associations cheval-aurochs-bison sont considérés par A. Leroi-Gourhan comme problématiques (hornos de la Pena, Pena de Candamo). Certaines grottes sont homogènes de pure style III (Las Chimeneas (mal-gré des datations 14C contradictoires), Covalanas) ou de pur style IVa (Ekain, Altxerri, Las Monedas, La Cullalvera, Pindal) alors que d’autres sont hétérogènes (Castillo, La Pasiéga, Altamira, sans doute la Pena del Candamo, etc.)

L’archéologie de cette bande côtière est connue (DjinDjian, KozlowSKi, otte 1999) : un Aurignacien ancien et évolué jusqu’en Asturies entre 34.000 et 29.000 BP, un Gravettien moyen à burin de noailles vers 25.000-24.000 BP, un Gravettien final en transi-tion vers le Solutréen, vers 23-22.000 BP en reflux à l’approche du maximum glaciaire, un Solutréen an-cien absent, un Solutréen récent abondant vers 20.000-19.000 BP, un Badegoulien cantabro-asturien ou So-lutréen “ désolutréanisé ” ou Magdalénien inférieur archaïque suivant les dénominations des différents auteurs vers 18.000-17.000 BP, puis un Magdalénien inférieur et moyen cantabrique à partir de 16.500 BP. Il n’est donc pas surprenant de retrouver un art pariétal et mobilier datant de ces occupations.

Les montagnes des Pyrénées et des Cantabres ont marqué pendant tout le Paléolithique supérieur une frontière infranchissable du fait du climat et de l’alti-tude des cols de passage, presque partout supérieure à 1000 m sauf à ses deux extrémités (côte méditerra-néenne, Galice). La frontière est restée infranchissable sauf en pays basque (entre la bande côtière, l’Aqui-taine et la haute vallée de l’Ebre), à deux périodes par-ticulières, à partir du Magdalénien supérieur quand le climat progressivement s’adoucit, mais surtout, et ceci a une grande importance ici, au Solutréen supérieur, présent dans des grottes de navarre : Abauntz, Cosco-bilo, Etxauri (utrilla 1997).

Il est parfois difficile de tirer parti de l’inventaire réalisé avec beaucoup de soins et de systématique sur l’ensemble de l’art en grottes et en plein air par nos collègues espagnols (notamment R. de Balbin Behr-mann, J.J. Alcolea, M.S. Corchón, S. Ripoll) tant que ceux-ci ne se seront pas totalement libérés du schéma style III/style IV de A. Leroi-Gourhan, qui a été rectifié en France notamment par les résultats des recherches de M. Lorblanchet dans le quercy (lorBlanchet 1995), qui lui a permis de démontrer l’attribution de plusieurs grottes du style III (Pech-Mercle, Cougnac notamment) au Gravettien. En atten-dant des analyses plus poussées de datations directes et indirectes, nous considérerons comme base de dé-part, et provisoirement, que l’art pariétal de style III

280 LE SoLuTRéEn… 40 AnS APRèS SMITh' 66

pourrait être attribué au Solutréo-Badegoulien ou au Gravettien, tandis que l’art pariétal de style IV pour-rait être attribué au Magdalénien.

on en déduira globalement deux règles pour cette région :- le bestiaire magdalénien de cette bande côtière est

de modèle bison/cheval + bouquetin + cerf/biche, voi-sin du modèle nord pyrénéen (DjinDjian 2004b) ;

- le bestiaire de style III (Gravettien, Solutréo-Ba-degoulien) est de modèle aurochs/cheval + bouquetin + cerf/biche.

L’importance du développement du cerf et de la biche est sans conteste liée à l’abondance de cette es-pèce dans les montagnes cantabriques et asturiennes, et de son rôle dans le régime alimentaire qu’il est ai-sément possible de vérifier par l’abondance des osse-ments animaux dans les niveaux d’occupation de ces sites. Il ne semble pas possible d’aller plus loin dans notre raisonnement, sauf à rappeler que dans cette bande côtière, mis à part le cerf/biche, le bouquetin, le chamois, et probablement le cheval, les autres es-pèces des bestiaires sont emportées (aurochs, bison, renne, mammouth, rhinocéros, etc.) soit de l’Aqui-taine soit de la péninsule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique.

Ainsi, pour la problématique qui nous concerne, les sites suivants peuvent être considérés comme apparte-nant provisoirement à la période solutréenne au sens large, c’est-à-dire dans notre terminologie à la période solutréo-badegoulienne, les erreurs d’attribution allant dans le sens d’une rectification de l’attribution au Gra-vettien mais pas au Magdalénien : Las Chimenas, Cas-tillo (partiel), Altamira (Suite noire), La Pasiéga (A, C2, D), Covalanas, La Haza, Arenaza, Chufin.

3. l’art solutréen de la péninsule ibérique sub-pyrénéenne

L’Art paléolithique dans la péninsule ibérique sub-py-rénéenne et sub-cantabrique est connu par les grottes de la vallée de l’Ebre (Fuente del Trucho), de la Mese-ta nord (La Palomera et Penches), de la Meseta centre (La Griega, Los Casares, La hoz, El Reno, El Turismo, El Cojo), du bassin du Tage et de la Guadiana (Mal-travieso), de l’Estramadoure (Escoural) et de l’Anda-lousie (Ardalès, nerja, La Pileta, Ambrosio, Moro, etc.) ainsi que par l’art rupestre de plein air du bassin du Douro/Duero (Siega Verde, Domingo Garcia, Foz Côa, Mazouco, etc.), et du Tage (Zezere, ocreza) sans oublier l’art sur plaquettes du Parpallo (Levant).

Les sites archéologiques nous informent d’une pré-sence de l’Aurignacien le long de la côte méditerra-néenne (d’un Aurignacien 0 à en Catalogne à un Au-rignacien évolué à Gorham’s cave à Gibraltar), d’un Gravettien tardif arrivant par la côte méditerranéenne (Parpallo) et par la côte atlantique (Portugal) et péné-

trant l’intérieur de la péninsule (Maltravieso), d’un Solutréen ancien issu d’une transition du Gravettien final s’adaptant à ce nouveau territoire, installé le long des côtes mais faisant régulièrement des incursions vers l’intérieur de la péninsule en remontant les principaux fleuves (Douro, Tage, Guadiana, Gua-dalquivir côté atlantique, Ebre, Segura, Jucar, Turia côté Méditerranée).

Les débuts du Magdalénien dans cette région nous sont malheureusement encore très mal connus et en-core moins bien datés, les débuts du Magdalénien (in-férieur et moyen) semblant limités à la corniche canta-brique et asturienne. Ce n’est qu’à partir de 14.000 BP (dans l’état actuel des données), que les sites du Mag-dalénien sont trouvés en nombre significatif, le long de la côte méditerranéenne, dans le bassin de l’Ebre et au Portugal. Il semble donc exister, dans l’état actuel de nos données, un hiatus d’occupation de plusieurs mil-liers d’années entre la fin du Solutréen (et son épigone Badegoulien ou Solutréen “ désolutréanisé ”) et le pre-mier Magdalénien stricto sensu, hiatus qui correspond en général aux manifestations du style IV ancien chez A. Leroi-Gourhan.

En absence de contexte archéologique ou de data-tions directes ou indirectes, l’art pariétal a été daté par les auteurs espagnols, par le style, essentiellement en appliquant les définitions des styles III et IV de A. Le-roi-Gourhan. Progressivement, les datations directes ou indirectes rectifient ces attributions : Gravettien en s’accordant sur l’âge gravettien des mains négatives (Maltravieso, Ardelès), Solutréen (La Pileta et nerja), Magdalénien supérieur (La Palomera).

Le bestiaire de l’art pariétal et de l’art rupestre pa-léolithiques de cette région correspond à une zoocé-nose stable pendant toute le Paléolithique supérieur : cheval, aurochs, bouquetin, cerf, âne hydruntin, che-vreuil, sanglier, ce qui naturellement ne facilite pas les diagnostics chronologiques. Inlassablement, les bestiaires figurés sont constitués de chevaux, aurochs, cerfs-biches et bouquetins pour plus de 90 % des animaux figurés, et constitue un modèle de bestiaire fixe et stable pendant tout le Paléolithique supérieur, quelques soient les groupes humains qui les représen-tent : Aurignaciens, Gravettiens, Solutréens, Magda-léniens, à en conclure que la symbolique sous-jacente serait restée également stable pendant 30 000 ans pour ceux qui accordent une valeur aux associations sym-boliques d’espèces figurées !

Dans la problématique que nous traitons ici, du Solutréen, cette stabilité nous avantage, puisque quelques soient les attributions chronologiques et culturelles, exactes ou erronées, données à l’art parié-tal et rupestre, le bestiaire est invariant.

Il est cependant utile de résumer les diverses posi-tions sur ces attributions chronologiques.

281L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

Plusieurs points de vue semblent s’opposer entre spécialistes :

- le premier point de vue représenté par corchón (1997), à propos de la grotte de La Griega, qui propose une chronologie complexe, du Solutréen jusqu’à la fin du Paléolithique supérieur, contestée par les autres auteurs (BalBin, alcolea 2002) ;

- le deuxième point de vue, représenté par Balbin Behrmann et Alcolea Gonzalès (2002), alcolea, BalBin Behrmann (2007a, 2007b), distingue, dans les principaux sites, trois phases correspondant à des figures de style III attribués à un Solutréen et à un Magdalénien ancien (Los Casares C, à La Griega, El Reno, El Turismo, La hoz I, Siega Verde centre-sud, Domingo Garcia, Côa), et de style IV attribués à un Magdalénien moyen (Los Cazares A-C, Laz hoz II, Siega Verde nord, Côa),

Le troisième point de vue, représenté par rippoll et al. (1999, 2002) notamment à Domingo Garcia, BaptiSta, Garcia Diéz (2002) à Foz Côa, point de vue auquel je me suis rangé (cf. mon compte-rendu du col-loque de Foz Coâ de 1998 (DjinDjian 1999 c). Ce point de vue considère l’attribution de l’art Paléolithique de cette région à deux grandes périodes : le Gravettien final et le Solutréo-Badegoulien d’une part, le Magda-lénien supérieur d’autre part, (auxquels il faut ajouter les sites gravettiens à mains négatives).

De ce dernier point de vue, l’attribution chronologique de l’art paléolithique dans cette région semble se simpli-fier de la façon suivante, qui reste malgré tout provisoire :

Gravettien : Maltravieso (phases 1 à 5), Ardelès, Fuente del Trucho,

Gravettien final et Solutréen : art pariétal en Meseta centre (Los Casarès, La Griega, La hoz, El Reno, etc.), art pariétal en Andalousie (La Pileta, nerja, Ambrosio, Maltravieso (phase 6), etc.), art pariétal au Portugal (Escoural), art rupestre du bassin du Douro/Duero (Siega Verde, Domingo Garcia, Foz Côa, Mazouco),

Magdalénien supérieur : art pariétal en Meseta nord (La Palomera), art rupestre.

un second sujet de discussion est la présence ou l’absence d’espèces particulières connues dans des régions septentrionales et dans d’autres zoocénoses, et qui serait représentées ici, comme ailleurs. Balbin Behrmann dans son article sur l’art rupestre intra pé-ninsulaire (BalBin et al. 2002), cite la présence de ces espèces, qu’il appelle fort justement “ exotiques ” : le bison à Los Casarès, La hoz II, Siega Verde nord, le mégacéros à Siega Verde centre sud, El Reno II, le renne à La hoz II, Siega Verde nord, El Reno II, le rhinocéros à Casarès et Siega Verde nord, le félin à Casarès et Siega Verde nord, le canidé à Siega Verde sud et Foz Coâ, le mammouth à Los Casarès. Je dois avouer (suis-je le seul ?) que beaucoup de ces relevés me semblent difficilement lisibles et faire une large part à une imagination encyclopédique cherchant à

retrouver dans chaque site pariétal et rupestre paléo-lithique tout l’ensemble du bestiaire connu. corchón (1997), dans sa nouvelle étude de la Griega, a identifié, outre les chevaux, les aurochs et les cerfs, un sanglier et des félins, qui n’avaient pas été vus précédemment (Sauve, Sauvet 1983).

Il semble donc, en conclusion, plus raisonnable et plus prudent de considérer que seules les figurations suivantes sont indiscutables :

- le rhinocéros strié de Los Casarès ;- le renne (particulièrement mal figuré) à El Reno II.La présence de ces espèces “ exotiques ”, pour

rappeler le terme de Balbin Behrmann, entre dans la catégorie des bestiaires rapportés (DjinDjian 2004b) par les groupes humains revenant de déplacements dans des régions où ils ont rencontrés des zoocénoses différentes, c’est-à-dire du nord des Pyrénées. Dans le cadre de cette étude, ils n’apportent pas une contre argumentation mais au contraire une argumentation en faveur de la thèse développée, confirmant les déplace-ments lointains Sud - nord des groupes humains.

4. les zoocénoses au maximum Glaciaire en eu-rope occidentale

4.1. Les zoocénoses des grands mammifères au Paléolithique supérieur

Les données à notre disposition nous proviennent prin-cipalement des restes osseux des niveaux d’occupation des sites archéologiques, où l’enregistrement peut être biaisé par les spécialisations cynégétiques et les activi-tés de dépeçage sur les lieux de chasse ou les sites sai-sonniers. À l’opposé, nous avons peu de données nous provenant de pièges naturels, où l’échantillonnage, d’origine non anthropique, serait plus représentatif des zoocénoses locales. La reconstitution des zoocénoses dans l’espace géographique et dans le temps (incluant les variations climatiques) serait d’une très grande uti-lité pour les études d’économie de ressources alimen-taires des groupes humains paléolithiques. À partir des inventaires bien datés des restes osseux animaux dans les niveaux d’occupation archéologiques,et en liaison avec les reconstitutions paléoenvironnementales (DjinDjian, KozlowSKi, otte 1999, chapitre 3), il est possible d’initialiser une recherche visant à identifier plusieurs zoocénoses, au Paléolithique supérieur : une zoocénose atlantique (Charente, Aquitaine et corniche cantabrique et asturienne), une zoocénose continen-tale (bassin de la Saône, du Rhin, du Danube, plaine de Pannonie, grande plaine orientale), une zoocénose méditerranéenne (péninsule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique, côte de Méditerranée occidentale, golfe adriatique, golfe égéen), une zoocénose septen-trionale arctique à proximité de la calotte glaciaire.

282 LE SoLuTRéEn… 40 AnS APRèS SMITh' 66

4.2. La zoocénose atlantique et les variations cli-matiques

La zoocénose atlantique semble être issue des zoocé-noses connues au Moustérien pendant la période froide et sèche de l’oIS4, quoique nous connaissions parti-culièrement mal les conséquences des réchauffements interpléniglaciaires entre 40.000 et 34.000 BP sur la composition de ces zoocénoses. Les mammifères in-ventoriés traduisent une faune diversifiée comprenant le cheval, le bison, l’aurochs, le mammouth, le rhino-céros, le renne, le cerf, le cerf mégacéros, l’élan (?), le bouquetin, le chamois, le chevreuil, l’âne hydruntin, le sanglier, l’ours des cavernes et l’ours brun, les carni-vores (félin, lynx, glouton, hyène, loup, renard, mus-télidés), les rongeurs (lièvre, castor, marmotte, etc.).

4.2.1. La migration vers le sud des espèces tempérées

En Aquitaine, plusieurs espèces disparaissent progres-sivement d’Aquitaine avec le refroidissement progres-sif du climat à partir de 27.000 BP. C’est le cas de l’aurochs, de l’âne hydruntin, du cerf mégacéros, du chevreuil et du sanglier, qui se replient sur la pénin-sule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique. on observe également une diminution du cerf dans son rapport avec le renne (BouchuD 1966, Delpech 1983).

quelques fragments osseux, attribués à ces espèces tempérées ont cependant été cités comme apparte-nant à des niveaux solutréens (caStel, chaDelle, GeneSte 2005) : sanglier à Combe-Saunière (1 reste) et à la grotte XVI (4 restes), chevreuil à la grotte XVI (1 reste) et aux Peyrugues (1 reste). Il serait plus pru-dent de considérer a priori ces restes osseux comme intrusifs des niveaux sous ou sus-jacents, et les dater par le 14C pour vérifier cette hypothèse. Il y a cepen-dant une répétition qui semble significative, celle des vestiges de défense (canines inférieures) de sanglier que l’on retrouve dans les niveaux solutréens du Malpas, Roc de Sers, Le Gabillou, Combe-Saunière, Grotte XVI, etc. Il semble en être de même (caStel, chaDelle, GeneSte 2005 : 287) pour les incisives de bouquetin retrouvés à Combe-Saunière, à Badegoule, au Placard et sans doute au Fourneau du diable. Ces vestiges osseux argumentent une arrivée avec les groupes humains, d’origine plus ou moins lointaine, mais certai-nement sub-pyrénéenne pour les dents de sanglier.

4.2.2. Le mammouth et la question de sa présence dans la zoocénose atlantique

Le mammouth est associé à un environnement très froid et très sec, et à une végétation steppique, dite steppe à mammouths (liSter, Bahn 1995) qui se déve-

loppe en Europe pendant les périodes du pléniglaciaire inférieur (Moustérien récent) ou du pléniglaciaire su-périeur ancien et récent, c’est-à-dire entre 27.000 et 21.000 BP et entre 16.500 et 13.500 BP, et qui fournit le régime alimentaire de 50 kg d’herbes par jour et par individu. Le mammouth n’est pas adapté à la vie dans des environnements de toundra, qui se sont développés pendant le maximum glaciaire avec l’expansion maxi-male de la calotte glaciaire en Europe centrale et qui sépare en deux parties l’Europe des deux côtés des Alpes et des Carpates, ni dans les environnements humides, qui provoquent d’épaisses précipitations neigeuses sous lesquelles il ne peut trouver sa ressource alimentaire.

En Aquitaine, le mammouth est déjà peu pré-sent dans les niveaux moustériens, durant l’oIS4 (BouchuD 1966). Dans les sites du Paléolithique supé-rieur ancien et moyen, les restes osseux de mammouths dans les niveaux archéologiques sont particulièrement rares (BouchuD 1966, Delpech 1983). Ce sont pour la quasi-totalité des vestiges, des fragments d’ivoire de défense et de lamelles de molaires de mammouths. Il est difficile pour les archéozoologues de décider, sur la base de ces seuls vestiges, entre un ramassage de restes osseux d’individus morts naturellement, ou la collecte de restes sub-fossiles d’une espèce ayant déjà disparu de la région. Il nous semble que la seconde hypothèse est plus plausible car en Europe continentale, pour les mêmes groupes humains, la présence de restes osseux du squelette révèle l’évidence de la chasse aux mam-mouths. C’est le cas dans le Centre-Est de la France et plus globalement en Europe centrale, où des restes d’ossements du squelette post-crânien de mammouths ont été découverts associés à des niveaux aurignaciens et gravettiens : Grotte du renne et grotte du Trilobite à Arcy-sur-Cure, Grotte Boccard en Auxois, abri de Saint-Aubin dans le bassin de la Saône, sites gravet-tiens de plein air du Vivarais dans la moyenne vallée du Rhône (stations de Tayac et des Lèches), etc. En Europe continentale, incluant l’Est de la France (bas-sin de la Saône, bassin du Rhône), la Belgique, la Rhénanie, et l’Europe centrale (Jura Souabe, Moravie, Pannonie), la zoocénose continentale des grands mam-mifères est dominée par l’association cheval/ renne, associés avec le mammouth, le rhinocéros, le bison et le bouquetin. Dans la plaine de Pannonie, le cerf et l’élan sont présents et disparaissent avec l’arrivée du maximum glaciaire où ils sont remplacés par le renne. Entre 28.000 et 22.000 BP, avec le pléniglaciaire su-périeur ancien, on assiste, en Moravie, en Slovaquie et en petite Pologne, à une économie du Gravettien basée sur le mammouth et les animaux à fourrure (car-nivores, lièvre), à côté des mammifères précédemment cités, et qui a son équivalence, en Europe orientale, avec les sites de plein air du Gravettien oriental, plus tardif, exactement comme si les derniers Gravettiens avaient suivi un exode des mammouths vers l’Est.

283L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

Au Solutréen et au Badegoulien, en Aquitaine (BouchuD 1966, Delpech 1983, caStel, chaDelle, GeneSte 2005), le mammouth n’est pas plus présent en Aquitaine que dans les périodes précédentes. Il existe cependant plusieurs contradictions qu’il est nécessaire d’étudier plus en détail.

À Badegoule, Bouchud (reprenant cheynier 1949) cite la présence de restes de mammouths dans les ni-veaux solutréens. Il ne s’agit en fait que d’un membre antérieur (radius et humérus) de jeune mammouth trouvé à proximité d’un foyer dans le niveau du Proto-solutréen I (couche 3). Dans cette couche 3, Cheynier a distingué deux ensembles industriels : un ensemble en silex bleu noir sans patine de type archaïque “ mousté-riforme ” (en fait un Moustérien) et un ensemble patiné clair avec pointes à face plane dont il a fait un Protoso-lutréen I (en fait un Solutréen inférieur à pointes à face plane). Cette couche 3 résulte d’un remaniement entre un niveau moustérien, par ailleurs présent dans le site, et du premier niveau solutréen (même si Smith, parti-san d’une origine moustérienne du Solutréen, consi-dère le niveau comme homogène p.174). Il est donc illusoire avant d’avoir effectué une datation 14C de ces ossements de mammouths, de prétendre pouvoir les attribuer au Solutréen plus qu’au Moustérien. Les vestiges de mammouths des autres niveaux solutréens sont un fragment d’ivoire de défense et un fragment de molaire de mammouth, et rentrent dans la caté-gorie normale de ce type de découvertes dans des niveaux solutréens.

Dans la grotte du Trilobite, à Arcy-sur-Cure, la couche 4, de 1,5 à 2 m d’épaisseur (!) des fouilles Pa-rat et Ficatier, est intercalée entre deux niveaux, Gra-vettien et Magdalénien selon h. Breuil. L’industrie, qualifiée par Breuil de Protosolutréen, est en fait un mélange de Gravettien, de Solutréen et sans doute de Magdalénien (SchmiDer 1990). La faune dominée par le renne et le cheval contient également quelques os de mammouths. La présence du mammouth est ici sans au-cun doute intrusive en provenance du niveau Gravettien.

À Solutré, site solutréen le plus septentrional ayant conservé des restes osseux, les niveaux solutréens contiennent, non pas du cheval comme dans tous les niveaux plus anciens ou plus récents, mais du renne, avec un cheval “ rare voire absent ” (comBier, mon-tet-white 2002). Le mammouth semble avoir égale-ment disparu de ces régions, qu’il occupait cependant au Gravettien.

4.2.3. La zoocénose atlantique au maximum glaciaire

Les restes osseux de faune des sites solutréens et ba-degouliens en Aquitaine et en Charente appartiennent essentiellement au renne (80 à 95 %) et au cheval (1 à 18 %). D’autres mammifères sont présents, en petite

proportion, inférieure à 2 % maximum : bison, cerf élaphe, bouquetin, chamois, saïga (caStel, chaDelle, GeneSte 2005). Les sites solutréens sont localisés le long des vallées qui descendent du Massif central, à des altitudes autour de 200 m à la lisière de la limite des 500 m, situés pour les mieux étudiés en Périgord (Laugerie-haute, Badegoule, Le Fourneau de Diable, Combe-Saunière, les Jean-Blancs, Pech de la Bois-sière, Grotte XVI), dans le Lot (Cuzoul à Vers, Les Peyrugues, Sainte-Eulalie), en Charente (Le Placard). La présence écrasante du renne avec des pourcentages voisins ou supérieurs à 90 %, traduit, pour l’occupa-tion de ces sites, une économie alimentaire presque exclusivement basée sur le renne (caStel, chaDelle, GeneSte 2005). Cependant, l’alluvionnement impor-tant des affluents de la Garonne dans la plaine aqui-taine nous prive sans doute de sites de plein air qui pourraient nous révéler une exploitation plus ubiquiste de la zoocénose locale (cheval, bison, saïga).

4.3. La zoocénose méditerranéenne

La zoocénose des grands mammifères en Europe méditerranéenne comprend les espèces suivantes : cerf élaphe, cheval, aurochs, cerf mégacéros, che-vreuil, cheval hydruntin, bouquetin, chamois. Elle y est stable pendant tout le Paléolithique supérieur. De l’Aurignacien au Magdalénien supérieur, l’art parié-tal des grottes, l’art rupestre et l’art mobilier figurent, sauf exceptions qui seront analysées ci-dessous, un bestiaire constitué uniquement de ces espèces. C’est sans aucun doute, l’homogénéité dans le temps de ce bestiaire figuré qui a entraîné chez les ceux qui ont étudié cet art, des difficultés de datations, sauf l’excep-tion stratigraphique des plaquettes du Parpallo (villa-verDe 1994). Au Solutréen, les faunes trouvées dans les sites archéologiques contiennent principalement le cheval, l’aurochs, le cerf élaphe et le bouquetin, ce qui correspond au bestiaire figuré dans l’art pariétal, rupestre et mobilier de la péninsule ibérique sub-pyré-néenne et sub-cantabrique.

5. le bestiaire solutréen

Le bestiaire solutréen est un bestiaire unique à dominante cheval, aurochs, cerf-biche, bouquetin correspondant à une zoocénose méditerranéenne (DjinDjian 2004b).

Il se distingue nettement des trois bestiaires auri-gnaco-gravettiens plus anciens :

- le bestiaire aurignaco-gravettien no 1 correspond à une zoocénose continentale dans laquelle 60 % du bestiaire figuré est représenté par l’association mam-mouth/rhinocéros/félin/ours ;

- le bestiaire aurignaco-gravettien no 2 correspond

284 LE SoLuTRéEn… 40 AnS APRèS SMITh' 66

à une zoocénose atlantique dans laquelle plus de 50 % du bestiaire figuré est représenté par l’association che-val/bison-aurochs/mammouth ;

- le bestiaire aurignaco-gravettien no 3, largement hypothétique du fait de la faiblesse des données dispo-nibles, correspond à une zoocénose méditerranéenne dans laquelle le bestiaire est représenté essentielle-ment par l’association cheval/aurochs.

Il se distingue également des bestiaires magdalé-niens plus récents qui présentent trois modèles princi-paux avec leurs variantes :

- le bestiaire magdalénien A correspond à une asso-ciation cheval/bison dominante, avec plus ou moins de bouquetin, et une abondance du cerf/biche dans la région cantabrique et asturienne. quatre grottes ornées du Périgord ainsi que le fond d’Altamira représentent une variante particulière d’association cheval/bison avec mammouth et rhinocéros ;

- le bestiaire magdalénien B correspond à une asso-ciation cheval/renne dominante, dans les vallées du Périgord/quercy. Dans la moitié nord de l’Europe oc-cidentale, cette association cheval/renne est associée au mammouth/rhinocéros ;

- le bestiaire magdalénien C correspond à une asso-ciation cheval/bison et aurochs/cerf et biche de la fin du Magdalénien, à partir de l’épisode de Bölling, avec la remontée en Aquitaine des faunes tempérées de la péninsule ibérique.

Alors que les bestiaires aurignaco-gravettiens et magdaléniens sont multiples, le bestiaire solutréen est unique du fait de la contraction du peuplement au maximum glaciaire dans des régions où la zoo-cénose est unique. Dans les périodes antérieures et postérieures, correspondant à des expansions géogra-phiques de l’Europe, les zoocénoses multiples sont à l’origine de bestiaires hétérogènes.

Le tableau (Tabl.1), fournit une estimation quanti-tative du bestiaire solutréen à partir de quelques en-sembles statistiquement représentatifs.

6. l’art de lascaux est-il solutréen ?

La grotte de Lascaux est magdalénienne ! C’est ce que l’on peut lire dans la plupart des livres consacrés à la Préhistoire ou à l’art préhistorique et sur Inter-

Tabl. 1 : Estimation quantitative du bestiaire de l'art attribué au Solutréen.

285L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

net. Peyrony, Breuil et Glory la dataient du Périgor-dien ! A. Leroi-Gourhan en 1965, la situait dans le style III, plus ancienne que Le Gabillou, donc dans un Magdalénien très ancien, soit un Badegoulien ou un Solutréen supérieur. C’est la publication sur la grotte de Lascaux de leroi-Gourhan, allain (1982) qui a conclu à la réalisation de l’art pariétal de la grotte par les Magdaléniens, dont l’industrie était attribuée à un Magdalénien II, datée par la date la plus ancienne de 17.000 BP parmi trois dates, et placée dans l’inters-tade éponyme de Lascaux, par les résultats d’une analyse palynologique.

une analyse critique de l’ensemble de ces matériaux conduit cependant à remettre en cause le schéma chrono-logique et culturel de Lascaux (DjinDjian 2000) :

Le diagramme palynologique prélevé dans le rem-plissage de l’entrée de la grotte a mis en évidence une couche particulièrement riche en pollens de noisetier. En fait le diagramme en question est une construc-tion artificielle mêlant abusivement le prélèvement de l’entrée et deux échantillons pris sur le sol du passage particulièrement riche en pollens de noisetier, replacés à ce niveau du diagramme pour accentuer le pic des arbres et donc l’importance de l’épisode, intitulé In-terstade de Lascaux. Cependant si Arl. Leroi-Gourhan n’a pas inventé l’épisode de Lascaux, elle connaissait cet épisode climatique en Europe centrale et orientale comme un sol fossile dans les séquences de lœss. Il est malheureusement sûr que l’épisode de Lascaux n’a jamais existé à Lascaux : les percolations dans le rem-plissage clastique de l’entrée, les pollutions holocènes sur le sol de la grotte, le spectre étrangement abondant en pollens de noisetier, la manipulation non autori-sée du diagramme, plaident en faveur d’un artefact de mesure, même si un épisode climatique, main-tenant bien identifié, plus humide que tempéré (BoSSelin, DjinDjian 2002), a été identifié en Europe vers 18.000-17.000 BP.

Les datations 14C de Lascaux font apparaître deux ensembles de dates : le plus récent est lié à une visite mésolithique et le plus ancien à une présence des chas-seurs du paléolithique supérieur récent. Les datations elles-mêmes, du fait de la célébrité de la grotte, ont été faites au tout début de la méthode sur des charbons de bois sans doute très lessivés trouvés à l’occasion de l’aménagement du sol de la grotte et des fouilles de l’abbé Glory :

Charbon de bois Puits 15.516 ± 900 BP C 406 Breuil 1949

Charbon de bois Puits 16.100 ± 500 BP SA 102 Glory 1959

Charbon de bois Passage 17.190 ± 140 BP Grn 1632 Glory 1957

L’habitude a été prise de ne retenir pour Lascaux que la plus ancienne. Les récentes multiplications de data-tions utilisant le 14C AMS montrent des vieillis-sements systématiques entre 1000 et 6000 ans de la fin aux débuts du Paléolithique supérieur (DjinDjian 1999 b) entre 14C classique et 14C AMS. Si la datation de 17.000 BP était donc la plus crédible, la vraie date attendue serait donc encore plus ancienne de 1000 à 2000 ans. Cette date placerait alors Lascaux dans le Badegoulien et non dans le Magdalénien II.

L’industrie osseuse de Lascaux, découverte à diffé-rents emplacements, est caractérisée par la présence de nombreuses sagaies à section subcirculaire à bi-seau simple. L’absence de sagaies à section subrec-tangulaire à rainure et de sagaies de Lussac-Angles, typiques du Magdalénien II-III, renforce l’impression d’une industrie solutréo-badegoulienne. L’industrie lithique, essentiellement caractérisée par des lamelles à dos, ne possède pas de pièces diagnostiques. nous connaissons maintenant des industries solutréennes et des industries badegouliennes avec des lamelles à dos.

En outre, le bestiaire figuré à Lascaux est constitué, à plus de 90 %, des quatre espèces suivantes : cheval, aurochs, cerf-biche, bouquetin. Les vingt bisons, le rhinocéros du puits, les félins font partie des espèces inattendues dans le bestiaire solutréen (cf. infra pour une discussion approfondie).

La publication de aujoulat et al. (1998) a apporté des arguments décisifs en réalisant plusieurs datations sur l’industrie osseuse de Lascaux (une fragment de baguette en bois de renne du puits) et du Gabillou (une longue sagaie à rainure). Les dates obtenues sont les suivantes :

Sagaie à rainure dorsale des Jeans Blancs17.650 ± 200 BP Gif A 97147

Longue sagaie à rainure du Gabillou17.180 ± 170 BP Gif A 95583

Fragment baguette bois de renne de Lascaux18.600 ± 190 BP Gif A 95582

7. roc de sers est-il solutréen ?

Dans l’imaginaire collectif de l’art paléolithique, la frise sculptée du Roc de Sers est associée indiscuta-blement au Solutréen, puisque henri-Martin déclare avoir trouvé les blocs tombés, sur leurs faces sculp-tées, sur les foyers solutréens, entre deux niveaux solutréens. L’exemple est souvent cité comme un des arguments académiques de la datation indirecte de l’art paléolithique par la stratigraphie (pour une opi-nion plus nuancée, lorBlanchet 1995 : 267). Dans la littérature des préhistoriens qui ont traité le sujet de

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Roc de Sers, Breuil (1952), leroi-Gourhan (1965) et plus récemment tymula (2002) suivent la démonstra-tion stratigraphique de henri-Martin (faite a posteriori comme beaucoup de préhistoriens de cette époque) et ne questionnent pas ou peu la validité des arguments. Ce n’est pas le cas de h. Delporte, qui argumente l’at-tribution au Solutréen (Delporte 1984 : 578) : “ Les industries récoltées en grande partie dans le large talus qui s’étend en avant des grottes du Roc et de la Vierge, comptent des éléments lithiques qui appartiennent aux différentes phases du Paléolithique supérieur. Il semble toutefois que le Solutréen soit dominant […] ce qui a contribué à assurer l’attribution de la frise au Solutréen ”. Les trois sépultures découvertes en avant de la grotte du Roc, initialement attribuées par henri-Martin à la race de Chancelade, sont intrusives et modernes (âge du bronze). L’argument policé de henri Delporte est le suivant : les niveaux archéologiques sont remaniés, les blocs ne sont pas en place, ils ont glissé par solifluxion le long du talus, les industries sont mélangées et l’attribution au Solutréen a été “ tirée ” par la présence de pointes à face plane, de feuilles de laurier et de pointes à cran dans une industrie mélangée.

Douze blocs sculptés, qui remontent peu ensemble, ont livré le bestiaire suivant selon l’inventaire de ty-mula (2002) : Cheval (9), bouquetin (8), bison (6), renne (2), boviné (1), humain (2), animal indéterminé (14), oiseau (1), anneau (3) :

Fragment ABC Cheval (n°s 1 à 4), bison (n°s 1, 2), boviné inédit (n° 1), indéterminé (n°s 1 à 5)

Fragment C’ Cheval (n° 5)Fragment D Cheval (n° 6), indéterminé (n°s 6, 7)Fragment F ovibos (n° 3), cheval (n°s 7 à 9), indéter-

miné (n°s 8 à 10), humains (n°s 1, 2) Fragment G oiseau (n° 1), indéterminé (n° 11)Fragment h Bouquetin (n° 1)Fragment I Fragment non retrouvé (pseudo rhinocé-

ros de henri-Martin)Fragment JK Renne (n° 1), Anneau (n° 1), indéterminé

(n° 12)Fragment LMnn’ Renne (n° 2)Fragment o Bouquetin (n°s 2, 3, 4), anneau (n° 2),

indéterminé (n° 13)Fragment P Bison (n° 4), indéterminé (n° 14)Fragment R Bouquetin (n°s 5, 6), bison (n° 5), anneau

(n° 3)Fragment S Bouquetin (n°s 7, 8), bison (n° 6)

À part quelques animaux indiscutables comme le cheval no 1, le bison no 4, les bouquetins nos 2, 3, 5, la ramure de renne no 1, les sculptures sont difficiles à déchiffrer et ont subi des retailles qui les ont transfor-mées plus ou moins profondément et laissent l’impres-sion d’une ambiguïté dans les déterminations qui sont peut-être dues aux conséquences de la retaille.

Certains animaux sont difficiles à déterminer : les chevaux nos 5, 7, 8, 9, les bouquetins nos 1, 4, 6, 7, 8 ; le renne no 2, les bisons nos 5, 6.

Certaines déterminations sont imprécises : le membre antérieur du bison no 2 pourrait aussi bien être celui d’un aurochs ! Par contre, le boviné no 1 est un aurochs ! L’ovibos-bison est un bison en train de char-ger, la tête baissée !

Dans d’autres cas, l’impression d’un animal trans-formé en un autre animal semble évidente : le bison-sanglier, un bovidé mal transformé en bison ? Les che-vaux nos 3 et 6, des bovinés transformés en chevaux ?

L’art mobilier a livré plusieurs plaquettes gravées, révélant un bestiaire de cheval et de bison : “ plaquette au mammouth ” sur schiste brun dont le réexamen (tymula 2002) a montré que les deux figures sont un cheval et un bison, “ plaquette au petit cheval ”, “ plaquette du bison et de l’ours (?) ” ; “ plaquette au bison ” ; “ plaquette au capriné (?) ”.

Plusieurs arguments sont venus confirmer récem-ment le remaniement de ce site :

La présence d’une occupation du Magdalénien moyen (Smith 1966 : 248) a été confirmée par la data-tion 14C d’un os d’antilope saïga (DujarDin et al. 2001, 14.680 ± 80 BP oxA-10337 [Ly-1380]).

L’étude des coquillages a conduit également à suggérer des attributions multiples (chauvière, Du-pont, tymula 2002).

La datation effectuée par tymula (2002), sur des esquilles d’os brûlé trouvées insérées dans le bloc sculpté F de la frise, ne démontre pas, contrairement à ses conclusions, l’appartenance au Solutréen (es-quilles brûlées du fragment F : 17.090 ± 160 BP Gif A 97329). un os brûlé provenant du “ foyer solutréen recouvrant les blocs en place ” a donné une date de (19.230 ± 300 BP Gif 3609), qui confirme bien l’exis-tence, mais en était-il besoin ? d’un Solutréen supé-rieur dans ce site.

La faune a livré essentiellement le renne et le cheval avec la présence de la saïga, du bison, du bouquetin, du cerf, et une dent de sanglier (cf. supra).

Si Roc de Sers n’est pas Solutréen, quelle attribu-tion lui donner ? Si l’habitat du Roc de Sers contient au moins des niveaux d’occupation attribués indis-cutablement au Solutréen et au Magdalénien moyen, plusieurs hypothèses peuvent être considérées : la frise appartient à un Gravettien non encore reconnu dans l’inventaire du matériel archéologique récolté (Favraud signale du Gravettien et du Solutréen dans ses fouilles de la grotte du Roc (Smith 1966 : 244)), ou bien elle appartient au Solutréen, ou bien elle appartient au Magdalénien moyen. nous avons vu que le bestiaire de la frise ne correspondait ni à un bestiaire gravettien ni à un bestiaire solutréen, mais à un bestiaire magdalénien. Il serait donc logique de conclure que la frise est magdalénienne. Mais, à la

287L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

fois h. Breuil et A. Leroi-Gourhan, même sans être d’accord, ont noté des traits stylistiques qui ne sont pas magdaléniens.

Il existe une autre hypothèse : la frise est initiale-ment solutréenne (comme au Fourneau du Diable) mais elle aurait été retaillée au cours de l’occupation magdalénienne du site. Ces mécanismes de retaille des frises sculptées sont bien connus pour les frises magda-léniennes et ils ont été étudiés, notamment à l’abri du Roc aux Sorciers à Angles sur l’Anglin (laKovleva, pinçon 1997). Cette retaille pourrait expliquer notam-ment l’apparente contradiction d’une sculpture origi-nelle de style III chère à A. Leroi-Gourhan (ventres bombés) et la présence d’un bestiaire magdalénien. naturellement, une telle hypothèse est impossible à prouver, sauf dans le cas d’une reprise des fouilles du site pour obtenir une explication claire du remplissage et du remaniement soupçonné des niveaux d’occupa-tion, de la position des blocs sculptés dans le site, de la récupération d’autres éléments de sculptures et d’un programme de datation systématique des objets et des niveaux stratigraphiques.

8. l’art parietal des Grottes de l’ardèche

L’attribution chronologique, culturelle et stylistique de l’art pariétal des grottes d’Ardèche est un sujet diffi-cile où l’unanimité n’est pas de mise, pas plus que la volte face. henri Breuil et André Leroi-Gourhan, pour une fois d’accord, attribuent plusieurs grottes pour le premier au cycle aurignaco-périgordien ou pour le second au Style II : la grotte du Figuier, la grotte Cha-bot, la grotte de la Baume Latrone. La grotte d’oulen est attribuée par h. Breuil au Solutréen, tandis que A. Leroi-Gourhan l’attribue à une période antérieure au Solutréen. À la grotte d’Ebbou, Breuil (1952) donne une attribution au cycle aurignaco-périgordien avec une hésitation sur le Solutréen (p. 406), tandis que A. Leroi-Gourhan y voit une période ancienne (II-III) à association cheval-aurochs et une période récente (IV) caractérisé par l’introduction de bisons. Les grottes du Colombier sont attribuées par h. Breuil à un mélange Périgordien/Solutréen/Magdalénien, et par A. Leroi-Gourhan au Magdalénien récent.

Jean Combier (comBier, Drouot, hucharD 1958, et plus récemment Combier dans collectiF 1984) attri-bue la plus grande partie de l’art pariétal des grottes de l’Ardèche au Solutréen, sur l’argument de la présence de niveaux d’occupation du Solutréen dans plusieurs de ces grottes : la grotte du Figuier, la grotte huchard, la grotte Sombre, la grotte Chabot, la grotte d’oulen. Cette argumentation, fondée sur une association (d’ail-leurs non exclusive) et non sur un recouvrement strati-graphique, ne s’appuie que sur la considération d’une présence d’une riche occupation solutréenne en Ardèche

au maximum glaciaire comparée à une faible densité de sites attribués à l’Aurignacien et au Gravettien.

Cette hypothèse rencontra quelques succès, au moment de la découverte de la grotte de la Tête-du-Lion (Bidon), datée par du charbon de bois de torches à 21.650 ± 800 BP, avec des peintures rouges dont le style est comparable à celui de La Pileta en Andalou-sie, puis de la grotte Cosquer (Bouches-du-Rhône), qui révéla deux occupations datées, la plus ancienne avec les mains négatives au Gravettien et la plus ré-cente entre 18.500 et 19.000 BP pendant le maximum glaciaire, période contemporaine de la fin du Solutréen et de l’épisolutréen dans la région. La grotte Chau-vet, à ses débuts, fut également attribuée au Solutréen (cf. Jean Clottes reprenant l’argumentation de Jean Combier dans “ chauvet, Brunel DeSchampS, hil-laire 1995, postface de Jean Clottes p. 110-114 ”) avant que les datations 14C révèlent à la fois l’ancien-neté des peintures (qui sont actuellement attribuées à l’Aurignacien) et la fragilité des argumentations ba-sées sur les comparaisons stylistiques ex nihilo.

L’argumentation de J. Combier pour attribuer au Solutréen la plus grande partie de l’art pariétal des grottes de l’Ardèche sur la base de la présence de ni-veaux d’occupation solutréens en entrée de grotte est en fait particulièrement fragile :

1. la grotte du Figuier possède une stratigraphie du Moustérien au néolithique, avec de l’Aurignacien, du Gravettien à burins de noailles, du Solutréen et du Magdalénien supérieur,

2. la grotte d’Ebbou, que d’aucuns attribuent majo-ritairement au Solutréen, possède un seul niveau d’oc-cupation attribué au Magdalénien supérieur, auteurs sans doute des seul bisons et mammouth,

3. la grotte d’oulen possède une stratigraphie super-posant le Gravettien récent (3 niveaux), le Solutréen (5 niveaux), l’épigravettien, le Magdalénien supérieur, l’Azilien,

4. la grotte du Colombier, est la seule grotte où les niveaux aziliens ont été trouvés recouvrant un pan-neau de gravures de bouquetins de style IV, avec un niveau du Magdalénien supérieur sous-jacent.

D’autres indices interviennent dans l’argumenta-tion chronologique :

1. mains positives, tracés digitaux à Baume Latrone,2. entrées de grottes et gravures profondes à Figuier,

huchard, Sombre, Chabot, oulen,3. grotte couloir à Ebbou, Tête du Lion.Dans l’art pariétal des grottes de cette région datées

du maximum glaciaire et attribuables au Solutréen, plusieurs remarques peuvent être faites :

- dominance de l’association cheval/aurochs ;- présence du cerf et de la biche, du bouquetin ;- absence du renne ;- absence du mammouth, du rhinocéros, des félins,

de l’ours.

288 LE SoLuTRéEn… 40 AnS APRèS SMITh' 66

Le mammouth appartient aux bestiaires des sites aurignaciens et gravettiens. une seule exception, le mammouth unique de la grotte d’Ebbou, associé aux bi-sons de style IV du Magdalénien par A. Leroi-Gourhan.

À la lueur de ces dernières découvertes et données, un essai de chronologie de l’art pariétal de la région, principalement de l’Ardèche, peut être provisoirement proposé :

- Aurignacien : Grotte Chauvet, Grotte de la Baume Latrone ;

- Gravettien : Grotte du Figuier, Grotte Chabot, Grotte d’oulen, Grotte Sombre, Grotte huchard, Grotte Bayol (?), Grotte d’Aldène, Grotte Cosquer ;

- Solutréen : Grotte d’Ebbou, Grotte de la Tête du Lion, Grotte Cosquer ;

- Magdalénien supérieur : Grottes du Colombier, Grotte d’Ebbou (bisons, mammouth).

9. l’art du maximum Glaciaire au nord des pyrénées

Le bestiaire figuré au maximum glaciaire, pouvant être attribué au Solutréen, à l’épisolutréen ou au Badegoulien, au-dessus des Pyrénées révèle une double composante :

- une composante principale liée à la zoocénose méditerranéenne (cheval, aurochs, cerf, bouquetin) ;

- la présence d’espèces de la plaine aquitaine (che-val, bison), des vallées descendant du Massif central (renne, cerf (?)) ou des régions septentrionales (renne, cheval, bœuf musqué (?)).

Les deux principaux sites d’art pariétal rentrant dans cette catégorie sont la grotte de Lascaux et la grotte du Gabillou. Il est inutile de revenir ici sur l’attribution chronologique de la grotte de Lascaux que nous avons déjà évoquée précédemment. Le bestiaire de la grotte de Lascaux, mis à part le bestiaire type constitué de l’aurochs, le cheval, le cerf-biche et le bouquetin, possède également le bison (20), le félin (5), l’ours, le rhinocéros.

L’attribution chronologique et “ culturelle ” de la grotte du Gabillou est facilitée par l’industrie livrée lors des fouilles de J. Gaussen (GauSSen 1964), attri-buable typologiquement plus à un Badegoulien à la-melles à dos qu’à un Magdalénien III et à une data-tion 14C réalisée sur une sagaie qui a fourni la date de

17.180 BP (cf. supra). Le bestiaire figuré de la grotte du Gabillou (collectiF 1984) : 230-31) est le suivant : cheval (59), aurochs (18), bison (12), cerf-biche (1), renne (28), bouquetin (8), félins (4), ours (4), lièvre (2). La faune, étudiée par F. Prat (GauSSen 1964), comprend le cheval, le renne et la saïga dominants et la présence du bison, ainsi qu’une dent de sanglier ! La grotte a été également occupée par le loup et renard.

L’abri du Fourneau du Diable à Bourdeilles ne possède pas seulement la frise sculptée des aurochs mais a également livré d’autres blocs sculptés et gra-vés (peyrony 1932). Le grand bloc a fourni, en plus des quatre aurochs, une tête sculptée de cheval et une gravure de cheval. un petit bloc a fourni deux têtes sculptées indéterminées. un troisième bloc est seule-ment peint. Trois pierres gravées ont été trouvées dans le niveau solutréen : une pendeloque en graphite avec une gravure de cervidé, une pierre calcaire avec une gravure de deux bouquetins au recto et un cervidé au verso, une pierre calcaire polie ocrée avec une gravure de bison.

Les figurations de style III des deux grottes de La Mouthe et de Font-de-Gaume présentent un bestiaire similaire, malgré une représentativité plus fragile, liée à la sélection des figures de style III.

En Ardèche, le bestiaire solutréen, à Ebbou, n’est pas influencé par une zoocénose locale constituée principalement du renne, du cheval et du bouquetin, et où le bison et le mammouth présents à l’époque gra-vettienne ont disparu (Tabl. 2).

Comment expliquer que le bestiaire figuré en Aquitaine au maximum glaciaire représente majo-ritairement et dans certains cas exclusivement une zoocénose méditerranéenne non locale, alors que la zoocénose aquitaine est constituée du cheval, bison, renne, bouquetin et un peu de cerf ? L’explication pro-posée est qu’il s’agit ici d’une mémoire emportée de groupes humains qui se sont déplacés en provenance des régions où cette zoocénose existe c’est-à-dire de la péninsule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique (cf. DjinDjian 2004b pour le concept de mémoire em-portée et rapportée).

nous ne prendrons pas en compte ici les contacts entre l’Aquitaine et la côte cantabrique et asturienne, qui font partie d’un même territoire atlantique, Solu-

Tabl. 2 : Comparaison du bestiaire solutréen et gravettien.* Ebbou hors le panneau bison mammouth de style IV magdalénien** groupe gravettien ardéchois : Chabot, Figuier, Bayol, Oulen, Huchard.

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tréen et/ou Badegoulien, dans lequel les communica-tions, faciles, suivent la côte atlantique.

Plusieurs types de circulations peuvent être envisagés :La première circulation, entre l’Ardèche et la côte

méditerranéenne espagnole, suit la côte du Langue-doc et de Catalogne. Ces contacts sont confirmés par l’existence d’une province solutréenne médi-terranéenne avec la pointe à cran à retouche abrupte (utrilla, mazo 1994), présente jusque dans le bassin de l’Ebre (Chaves, Fuente del Trucho, etc.)

La deuxième circulation met en contact l’Aqui-taine et la péninsule ibérique à travers les Pyrénées dans la région du pays basque : des groupes solutréens au Solutréen supérieur ont été reconnus (utrilla, mazo 1994) notamment dans la haute vallée de l’Ebre en navarre (Abauntz, Coscobilo, Etxauri). Les dépla-cements à travers la Meseta, en provenance du bassin de l’Ebre ont été étudiés (utrilla 1997), qui a mon-tré l’importance de la voie naturelle de la vallée du Jalon, comme axe de circulation entre Ebre et Meseta. Plusieurs trajets sont possibles par les cols, Puerto de Echegarate (658 m) ou Roncevaux (1056 m) et la des-cente de la vallée de l’Arga jusqu’à l’Ebre. De l’Ebre au Duero, un trajet remonte la vallée de l’Alhama jusqu’au Puerto del Madero (1140 m) pour accéder au bassin du Duero. De l’Ebre au Tage, un trajet remonte la vallée du Jalon, pour passer vers 1300 m vers la val-lée du henares du bassin du Tage ou pour passer vers 1500 m vers la vallée du Taguna du bassin du Gua-dalquivir. De nombreuses grottes et sites de plein air de la Meseta ponctuent ces trajets. La Meseta pourrait apparaître ainsi comme une région de transit entre les peuplements des basses vallées du Douro, du Tage, de la Guadiana et du Guadalquivir et l’Aquitaine, autant que comme une région de chasse estivale.

une troisième circulation met en contact l’Aqui-taine et la côte du Portugal en suivant la côte astu-rienne et cantabrique jusqu’en Galice, confirmé par l’existence d’un Solutréen atlantique au Portugal.

10. l’art de l’abri Gandil

Les niveaux profonds (20 à 25) de l’abri Gandil près de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) ont fourni une indus-trie très microlithique avec la présence de pointes à cran et de microgravettes avec des dates 14C plus an-ciennes que 17.000 BP (c20 : 16.980 ± 170 BP GifA 96416; c23 : 17.480 ± 180 BP GifA 96417; c25 : 17.290 ± 180 BP GifA 96307). Cette industrie est ana-logue à celle du site de Fontgrasse (Gard) qui a très récemment fourni (Bazile, Boccaccio 2007) des dates proches (17.100 ± 144 BP Erl 8927; 16.838 ± 143 BP Erl 8925; 16.518 ± 133 BP Erl 8926, 16.338 + 153 BP Erl 8928). Cette industrie comble une lacune entre 18.000 et 16.000 BP que nous avions signalée en son

temps (DjinDjian 2003). nous avions alors proposé deux hypothèses de peuplement pour les industries de type Gandil et Fontgrasse. Pour résumer, la première hypothèse suggérait pour ces industries, une position chronologique haute en Languedoc entre un Salpétrien et un Badegoulien tardif, tandis que la seconde hypo-thèse positionnait ces industries après un Badegoulien récent dont les dates 14C étaient considérées comme anormalement rajeunies. La date récemment publié du Badegoulien des Piles-Loins (17.530 ± 79 BP Erl 6199) vieillit effectivement les dates des sites bade-gouliens de Camparnaud et de Lassac.

Existe-t-il une certaine contemporanéité entre le Badegoulien récent et les dates de ces industries de type Gandil et Fontgrasse, occupant à l’origine deux territoires différents, le Badegoulien en Aquitaine/Charente, et les industries de type Gandil et Fontgrasse en Languedoc ? où est-ce seulement une illusion liée à l’imprécision des datations 14C ?

À la fin des années 90, nous avions proposé le terme de Magdalénien inférieur aquitain (DjinDjian 2000, DjinDjian, KozlowSKi, otte 1999 : 261-262) pour dé-signer des industries peu nombreuses, insuffisamment caractérisées et mal datées, mais plus anciennes que le Magdalénien moyen et analogues aux industries de la corniche cantabrique désignées sous le nom de Mag-dalénien inférieur cantabrique par nos collègues espa-gnols. Ce terme a été repris désormais officiellement par nos collègues français comme on peut le voir dans les Actes d’une table ronde du 9 décembre 2006 à Tou-louse (Bull. Soc. Préhist. française 104 (4) : 655-824) ce qui semble “ officialiser ” près de vingt ans après notre proposition initiale.

La question se pose en effet d’intégrer dans ce Magdalénien inférieur, ces industries de type Gandil et Fontgrasse ainsi que d’autres industries à micro-lamelles à dos récemment découvertes bien que ne possédant pas de pointes à cran (comme la grotte du Taillis des Coteaux à Antigny, non encore daté par le 14C, mais situé entre un Badegoulien et un Magdalé-nien moyen, quelque part, mais c’est trop large entre 17.500 et 14.500 BP !).

Dans ce cas, la question se pose aussi de l’origine du Magdalénien, considéré jusqu’à présent comme issu d’un Badegoulien se transformant en Magdalénien par un enrichissement en lamelles à dos connu dans certains niveaux du Badegoulien final (notamment le niveau 8A2 de Pégourié daté de (16.890 ± 300 BP Ly 5257), et d’une éventuelle contemporanéité du Bade-goulien récent et du Magdalénien inférieur.

une seconde hypothèse peut en effet se porter can-didate, celle d’une industrie postérieure au Salpétrien ancien, en Languedoc, dont elle pourrait être direc-tement issue, et qui aurait pu être rapprochée d’un Salpétrien supérieur si ces industries n’étaient pas si pauvres et si mal datées. Si on admet que le Sal-

290 LE SoLuTRéEn… 40 AnS APRèS SMITh' 66

pétrien est un épisolutréen, le terme d’épisolutréen récent languedocien serait alors plus approprié. Cette hypothèse verrait alors le Magdalénien inférieur, issu de cet épisolutréen récent, donc de la branche médi-terranéenne du Solutréen, acculturer le Badegoulien, branche atlantique du Solutréen.

une troisième hypothèse fait venir le Salpétrien ancien d’un épigravettien ancien tyrrhénien occupant toute la côte méditerranéenne jusqu’en Levant espa-gnol et caractérisé par les pointes à dos et à cran sans retouche solutréenne. Dans ce cas, le Magdalénien inférieur pourrait être issu de cette évolution locale méditerranéenne d’un épigravettien ancien, ce qui ne manquerait pas d’être une révolution dans notre inconscient collectif sur les origines du Magdalénien !

Dans ce contexte nouveau, les plaquettes gravées de Gandil (laDier 2004) apportent un éclairage im-portant. Des 15 plaquettes gravées, appartenant aux niveaux profonds 20 et 23, trois seulement présentent des figurations animales avec un bestiaire : cheval (2), aurochs (1), cerf/biche (2) avec un renne, une oie et un anthropomorphe. nous retrouvons ici ce bestiaire du maximum glaciaire d’inspiration méditerranéenne, qui indique une origine méditerranéenne pour les por-teurs de cette industrie et de cet art mobilier, et contri-bue à argumenter les hypothèses 2 et 3.

11. déplacements et saisonnalité au maximum Glaciaire

11.1. La reconstitution climatique au maximum gla-ciaire (OIS 2)

Les modèles de reconstitution climatique au maximum glaciaire sont contradictoires. un premier modèle, défendu par les palynologues qui rejettent, non sans raison, les enregistrements polliniques des remplis-sages d’abris-sous-roche (notamment Sanchez Goni (1996), propose un climat uniformément froid et sec avec un maximum de froid vers 22.000 - 17.000 BP. un second modèle, se basant sur la prise en compte de tous les enregistrements climatiques disponibles (séquences de lœss et sols fossiles, palynologie des lacs glaciaires et maars, carottes océaniques, médi-terranéennes et des calottes glaciaires, anthracologie) propose une vision plus nuancée avec des évènements climatiques plus humides correspondant peu ou prou aux anciens interstades mal définis et mal nommés de Laugerie et de Lascaux (BoSSelin, DjinDjian 2002).

La péjoration du climat très froid et sec s’accen-tue jusqu’après 21.000 BP. un premier épisode hu-mide de courte durée survient autour de 20.000 BP. Il est suivi par une période de climat très froid et sec vers 19.000 BP. Puis un second épisode de climat moins froid et humide survient vers 18.000 jusqu’à

17.000 BP. Le climat redevient froid et sec, mais avec une remontée progressive en température jusqu’à l’épisode de Bölling toujours froid mais humide. Au maximum glaciaire, l’Europe occidentale est coupée du reste de l’Europe centrale, largement inhabi-tée, du fait de l’avancée maximale de la calotte glaciaire dans cette région et des sols où le per-mafrost est présent.

11.2. Solutréen et Badegoulien au maximum gla-ciaire

nous avons récemment proposé (DjinDjian 1996, DjinDjian, KozlowSKi, otte 1999) une corrélation entre faciès industriels et variations climatiques pour le maximum glaciaire, qui peut se résumer de la façon suivante :

Phase 1 Transition Gravettien-SolutréenTrès froid - sec 22.000 BP

Phase 2 Solutréen ancienTrès froid - sec 21.000-20.000 BP

Phase 3 Solutréen récent Très Froid - humide 20.000-19.000 BP

Phase 4 Badegoulien ancienTrès froid - sec 19.000-18.000 BP

Phase 5 Badegoulien récentFroid - humide 18.000-17.000 BP

Phase 6 Magdalénien inférieurFroid - sec après 17.000 BP

11.3. La transition Gravettien-Solutréen (phase 1)

Le reflux vers le sud des groupes humains durant la transition Gravettien-Solutréen est aujourd’hui mieux connu à travers le réexamen des industries de l’ex-Au-rignacien V, qui ont été redéfinies comme une industrie de transition Gravettien-Solutréen (XXIVe Congrès SPF de septembre 1994 : DjinDjian 1999 a, zilhão, auBry, almeiDa 1999) reconnus dans les sites suivants : Péri-gord (Laugerie-haute Est c33, Casserole c10/9), Can-tabres et Asturies (Pendo c3/4, La Riera c1), Portugal (Vale Comprido, Terra do Manuel, etc.), Languedoc et Ardèche (La Salpétrière c30a/30b), Catalogne (Re-clau-Viver) et Aragon (La Fuente del Trucho (?)).

291L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

11.4. Le Solutréen ancien (phase 2)

L’installation dans des zones refuges et l’adaptation à leur nouvel environnement de ces groupes humains est à l’origine d’une transformation des industries et au développement dans une zone limitée à la péninsule ibérique, et au grand sud-ouest de la France (Charente, Aquitaine, Languedoc, Ardèche) du Solutréen. Les rigueurs du climat au Solutréen ancien sont à l’origine d’une lacune d’occupation sur la côte cantabrique et asturienne. Les principaux foyers d’occupation sont la Catalogne, l’Aragon (vallée de l’Ebre), le Levant espagnol (Barranc-Blanc, Mallaetes, Parpallo), l’An-dalousie, le Portugal, mais le Solutréen ancien est présent en France en Périgord (Laugerie-haute, Ba-degoule, Pataud), Ardèche (oullins 6,7 ; Salpétrière ; Chabot) et à confirmer dans le pays basque (par des séries statistiquement représentative à Azkonzilo). Les caractéristiques du système économique sont un cloisonnement géographique maximum, une mobilité réduite, des approvisionnements locaux, une stratégie opportuniste locale pour les ressources alimentaires. La présence du Solutréen ancien dans les régions nord est argumentée par le niveau 4 du Trilobite à Arcy-sur-Cure, mélange probable de Gravettien (niveau 3) et de Solutréen ancien et par l’atelier de pointes à face plane à la Celle Saint-Cyr (Yonne). Ces données nous semblent insuffisantes (un niveau mélangé, un faciès d’atelier, pas de datations 14C) pour confirmer l’exis-tence dans le Bassin parisien de ce Solutréen ancien localisé si loin de l’Aquitaine ou de l’Ardèche.

11.5. Le Solutréen récent (phase 3)

Le Solutréen récent correspond à un regroupement du Solutréen moyen et du Solutréen supérieur du fait des incertitudes stratigraphiques de la séquence de réfé-rence de Laugerie-haute (BoSSelin, DjinDjian 1997) et à un environnement très froid et humide qui favorise le redéploiement des groupes humains. Les sites du Solu-tréen récent sont beaucoup plus nombreux que ceux du Solutréen ancien. Plusieurs territoires semblent s’in-dividualiser, résultat du cloisonnement de la période précédente : un territoire atlantique aquitaino-canta-brique (Aquitaine, Charente, Pyrénées, Pays basque, Cantabres, Asturies, navarre, Portugal), un territoire méditerranéen (Ardèche, Languedoc, Catalogne, Ara-gon, Levant espagnol, Murcie, Andalousie, Portugal). L’intérieur de la péninsule ibérique est parcourue par des groupes humains qui remontent les bassins des fleuves et passent d’un bassin à l’autres (Duero, Tage, Ebre, Guadalquivir). Les caractéristiques du système économique sont un décloisonnement, une mobilité retrouvée, des approvisionnements lointains, une stra-tégie de mobilité saisonnière. Le franchissement des

cols des Pyrénées, du Pays basque vers la haute vallée de l’èbre (Abauntz, Coscobilo), est observé.

La question des stratégies de subsistance alimen-taire au Solutréen et au Badegoulien en Aquitaine a été étudiée par Ch. Castel, qui en a récemment publié une synthèse pour le Solutréen (caStel, chaDelle, GeneSte 2005). De ces études, il est possible de dé-duire un peuplement solutréen permanent centré sur le Périgord et la Charente impliquant :

- une occupation de longue durée fin de l’hiver/prin-temps de quelques sites de Périgord/Charente : Lau-gerie-haute, Fourneau du diable, Le Placard, Combe-Saunière ;

- des chasses saisonnières estivales vers les hauts de vallées (sites de Cuzoul à Vers, Les Peyrugues, Sainte-Eulalie dans la vallée du Lot, sites de Corrèze, sites d’Aveyron) ;

- des chasses estivales vers le nord (Solutré, Fres-signes, Le Trilobite, etc.).

Des déplacements estivaux lointains dans le bas-sin de la Loire pour l’approvisionnement en silex de bonne qualité (Les Maîtreaux), et dans le Bassin pari-sien (La Celle Saint Cyr).

une question importante est celle de l’occupation permanente toute l’année des groupes solutréens en Périgord/Charente incluant les déplacements saison-niers vers le nord et l’Est. BouchuD (1966) a suggéré que Badegoule a été occupé toute l’année et Fontana (2001) suggère une occupation longue mais émet un doute sur une occupation toute l’année, notamment en hiver. Il est possible dans ce cas de se poser la question, non pas comme le fait caStel, chaDelle, GeneSte (2005 : 282) d’une occupation au nord pen-dant l’hiver, mais bien d’une occupation très au Sud pendant l’hiver, c’est-à-dire dans la péninsule ibé-rique. Des déplacements d’une telle longueur, sur près de 800 km, entre Périgord et Meseta ou entre Ardèche et Aragon, peuvent surprendre mais doivent être pris en compte, même provisoirement à titre d’hypothèse.

Castel dans (caStel, chaDelle, GeneSte 2005) fournit une carte de répartition de plusieurs objets de parure provenant de Combe-Saunière, le Fourneau-du-diable et le Placard : les bracelets en ivoire, les boutons bilobés en ivoire, les perles en ivoire à décor cruciforme, les pendeloques découpées en os hyoïde de cheval, les incisives de bouquetin, dont il attribue l’origine exclusive au Solutréen. Après avoir vérifié l’appartenance exclusive de ces objets au Solutréen surtout pour ceux qui proviennent de sites ancien-nement fouillés ou en partie remaniés, il serait inté-ressant de rechercher les mêmes objets sur un péri-mètre élargi.

nous avons des informations d’approvisionnement à plus longue distance pour les coquillages d’origine atlantique mais surtout méditerranéenne (taBorin 1993 :

292 LE SoLuTRéEn… 40 AnS APRèS SMITh' 66

131, Tabl. 4). Les coquillages d’origine strictement méditerranéenne ont été découverts dans les seul ni-veaux du Solutréen supérieur en Charente, Périgord et quercy, indiquant des déplacements vers le rivage médi-terranéen des groupes humains aquitains.

Il est dommage que nous ne puissions disposer des mêmes études pour les sites solutréens de l’Ardèche pour lesquels nous ne disposons d’aucune information sur la saison d’occupation de ces sites, nous interdi-sant même de conclure à un peuplement permanent des groupes solutréens en Ardèche et sur toute la côte méditerranéenne française.

11.6. Le Badegoulien ancien (phase 4)

Le Badegoulien ancien présente une rupture brutale avec la fin du Solutréen en Aquitaine, au point que nous avions même évoqué la possibilité d’une lacune de peuplement liée au changement climatique, en Aquitaine et sur la corniche cantabrique et asturienne (DjinDjian 2003). Au même moment, dans les régions méditerranéennes (Ardèche, Levant espagnol), des industries épisolutréennes sont connues entre 19.000 et 18.000 BP.

11.7. Le Badegoulien récent (phase 5)

L’amélioration climatique permet le redéploiement des groupes badegouliens, à l’image de ce qui s’est passé pour le Solutréen récent, dans la corniche cantabrique et asturienne (BoSSelin, DjinDjian 1999) et sur la côte méditerranéenne (Languedoc, Levant espagnol). Les sites occupés sont souvent les mêmes que les sites so-lutréens (Laugerie-haute, Badegoule, Fritsch, le Pla-card, le Cuzoul, etc.) témoignant d’une stratégie d’oc-cupation du territoire identique. Des pièces à retouche solutréenne sont parfois trouvées dans les niveaux badegouliens (comme indiscutablement à Pégourié, la pointe à cran à retouche solutréenne de la couche 8b, dans un site sans niveau solutréen : continuité cultu-relle ou ramassage opportuniste ?)

11.7 Le Magdalénien inférieur (phase 6)

Le climat change et redevient froid et sec pour une ultime période pléniglaciaire avec dépôt de loess de 16.500 à 13.500 BP environ. Les groupes humains se réadaptent à un environnement steppique, et adoptent, comme au Gravettien, une stratégie planifiée étendue, qui les entraîne à la reconquête de l’Europe moyenne, où ils retrouvent le mammouth et le rhinocéros, reve-nus d’Europe orientale.

11.8. Stratégies de gestion du territoire

Il est tentant d’essayer de modéliser les changements de stratégie de gestion du territoire, en utilisant les modèles décrits pour le Paléolithique supérieur euro-péen (DjinDjian sous presse).

- Phase 1 (transition Gravettien-Solutréen) : Reflux des populations gravettiennes vers les régions méri-dionales de l’Europe. Abandon des stratégies plani-fiées étendues ;

- Phase 2 (Solutréen ancien) : Adaptation aux nou-veaux territoires et aux nouvelles ressources alimen-taires et matières premières. Cloisonnement des ter-ritoires et mobilité restreinte. Retour à une stratégie opportuniste locale ;

- Phase 3 (Solutréen récent) : Amélioration climatique. évolution vers une stratégie de mobilité saisonnière ;

- Phase 4 (épisolutréen/Badegoulien ancien) : Re-tour à une stratégie opportuniste locale ;

- Phase 5 (Badegoulien récent) : évolution vers une stratégie de mobilité saisonnière ;

- Phase 6 (Magdalénien inférieur) : Passage pro-gressif d’une stratégie de mobilité saisonnière à une stratégie de mobilité planifiée étendue. Reconquête des territoires de l’Europe moyenne.

conclusions

Il est possible de considérer que l’argumentation réu-nie ici pour définir un bestiaire type de l’art solutréen au maximum glaciaire puis d’en déduire des considé-rations sur les longs déplacements des groupes humain solutréens entre la péninsule ibérique et l’Aquitaine sont fondés sur des arguments si fragiles et des indices si ténus que la conclusion en est finalement peu plau-sible. L’auteur en est pleinement conscient. La confir-mation ou l’infirmation des propositions faites dans cet article seront soumis, comme d’ailleurs tous les résultats des recherches en Préhistoire, aux nouvelles découvertes et à de futures études. nous espérons seulement ici que celles-ci seront guidées de façon à vérifier la véracité de ces propositions. Les arguments basés sur l’absence du mammouth, de l’aurochs, du sanglier, du chevreuil en Aquitaine peuvent être aisé-ment vérifiées par un programme de datations 14C sur les rares ossements. Les arguments sur la datation de Lascaux peuvent être vérifiés par de nouvelles dates sur les matériaux de la grotte (charbons de bois, in-dustrie osseuse). Les arguments sur la datation de Roc de Sers peuvent être vérifiés par de nouvelles fouilles permettant d’étudier les processus post-déposition-nels du site, et de nouvelles datations sur l’industrie osseuse. La multiplication des datations directes ou indirectes des sites d’art pariétal permettra de dater les sites avant d’en étudier les styles, nous permettant

293L’APPoRT DES DonnéES DE L’ART SoLuTRéEn DAnS LES PRoBLéMATIquES DE CIRCuLATIonS …

progressivement de valider ce qui dans les variations stylistiques a valeur chronologique. Enfin, un nouveau domaine de recherches dans les études paléolithiques

doit naître, celui des prospections de sites le long des voies supposées de circulation des groupes humains que nous commençons à considérer.

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