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LES AMBIANCES DANS LES SALLES DE CLASSES : CAS DE DEUX LYCEES
(LA VILLE DE BECHAR)
Abdelwahab Ziani1, Azzedine Belakehal2 1 Post graduant, université de Béchar ([email protected]).
2 Docteur, université de Biskra ([email protected]).
1. Introduction
L’espace est une notion partagée par le sens commun, dans le domaine
d’architecture, il est un espace particulier. Ce dernier est complexe voire multisensoriel. Il
n’est pas uniquement un objet pour le regard en trois dimensions. Nous y entendons des sons,
nous y ressentons le vent, la chaleur du soleil, nous le marchons, le frôlons. Il doit être
appréhendé selon les sensibilités des individus qui le perçoivent ou le pratiquent, et non
comme une abstraction mathématique. L’espace ne doit pas être simplement bien organisé,
mais poétique et symbolique. D’ailleurs, de nombreuses recherches aujourd'hui, revendiquent
une attitude qui prend en compte le sensible et le composent avec le contexte social autant
qu'avec l'environnement physique : parmi elles, les recherches sur les ambiances
architecturales et urbaines.
La notion d’ambiance fait l’objet de développements éclatés voire contradictoires. Son enjeu
est d’articuler avec une prise en compte simultanée des données techniques, sociales et
esthétiques, et d’échappe ainsi, par exemple, aux dichotomies de la forme et la fonction du
penser et de l’agir, du programme et du projet. Cette notion ne doit être réduite à ses aspects
techniques, mais doit être repositionnée dans une problématique transversale plus large qui
intègre les apports des disciplines les plus différentes. Dans ce sens la notion devrait
permettre de dépasser l’ensemble des composantes techniques car elle y mêle les processus de
perception et d’interprétation des ces composantes, eux-mêmes lies à la culture des acteurs et
aux rôles des usages. L’ambiance se refuse à n’être que la somme de ses parties.
Ce travail de recherche se focalise sur l’étude des ambiances dans les salles de classes de deux
lycées de la ville de Béchar. Cette étude vise les conduites perceptives et comportementales
des lycéens vis-à-vis les différents environnements physiques (lumineux, thermique, sonore,
aéraulique, olfactif et visuel) au sein de la salle de classe.
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2. Cas d’étude
La ville de Béchar est située au Sud Ouest de l’Algérie à une distance de 950 Km de la
capitale Alger, à une altitude de 806M, à une latitude de 31°38’ Nord et à une longitude de
2°15’Est. Son climat est considéré comme désertique chaud et sec qui se caractériser par une
période chaude et une période froide, les écarts de température entre le jour et la nuit sont
importants, les précipitations sont rares.
Le choix des lycées à étudier pour l’EPO pour les études des ambiances dans les lycées repose
sur des impératifs méthodologiques, les objectifs de la recherche et la faisabilité de l’enquête.
Cette recherche se vocalise sur les ambiances dans les salles de classe et l’influence de
l’environnement sur la productivité et la motivation des élèves. Pour décrire bien les
environnements et leur impact sur les conduites perceptives et comportementales, les élèves
sont choisis comme sujets d’études parce qu’ils sont les principaux usagers de l’école. Les
élèves de la troisième année ont été choisis de préférence aux élèves d’autres années à cause
de la maturité et l’ancienneté dans l’école pour leur ouverture à décrire leurs expériences.
D’après Boyce (1975) et Gump (1987), un groupe de ce type a la capacité de fournir de
bonnes pistes sur les relations personne-milieu.
Le premier ca d’étude, le lycée « El Aghid Ottmane » qui se situe dans un tissu urbain dense
dans la ville de Béchar. Ce lycée ouvre ses portes en 1965, il est un point de repère pour le
quartier surtout par son emplacement. Il accueille des élèves de la première année à la
troisième année. Le lycée compose de dix blocs : trois blocs pour les salles de classe, deux
blocs pour l’administration, un bloc pour la bibliothèque et un logement de fonction. Les
blocs qui contient les salles de classes sont orientés Nord-Sud, ils possèdent une forme
rectangulaire allongée le long de l’axe Est-Ouest.
Le deuxième cas d’étude, le lycée « Siaidani Ahmed » qui se situe hors ville de Béchar. Ce
lycée ouvre ses portes en 2009. Il accueille des élèves de la première année à la troisième
année. Le lycée occupe un grand bâtiment qui contient quatre blocs : un bloc pour les salles
de classe, un bloc pour l’administration, un bloc pour les laboratoires et un logement de
fonction. Le bloc qui contient les salles de classes sont orientés Nord-ouest Sud-est, ils
possèdent une forme rectangulaire allongée le long de l’axe Nord-est Sud-ouest.
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3. Méthodologie
La notion d’ambiance est transversale et transdisciplinaire, elle exige une méthodologie
appropriée et respectueuse des objectifs de cette recherche. Une double triangulation à été
adoptée pour cette recherche : la première est triangulation méthodologique et la seconde
spatiale. Une évaluation post occupation(EPO) qui regroupe plusieurs techniques de
recherche a été adoptée pour cette recherche qui se focalise sur l’étude des ambiances dans
les salles de classes.
3.1L’évaluation post-occupation (POE)
La POE est le processus d’évaluation des bâtiments d’une manière systématique après qu’ils
ont été construits et occupés pendant un certain temps (Preiser, Rabinowitz et White 1988).
Les études POE vise à évaluer les performances des bâtiments qui sont souvent divisés en
trois éléments : le fonctionnel, le technique et les éléments comportementaux de la
performance des bâtiments. Parmi les points forts de l'utilisation de POE est la variété des
méthodes et techniques de recherche de collecte de données qui peuvent être utilisés selon le
but et l'état des bâtiments à étudier. En outre, POE peut être effectué à différents niveaux
méthodologiques en fonction du temps disponible et des objectifs attendus de l'étude.
POE est une branche d’étude de l’environnement et le comportement, elle est pour but de
résoudre les problèmes qui se produisent dans les bâtiments après avoir été occupés pour
corriger des problèmes imprévus dans l’utilisation du bâtiment. Les autres buts de POE sont
d’évaluer certains aspects de performance des bâtiments, afin de documenter les réussites et
les échecs dans la performance des bâtiments pour justifier les nouvelles constructions ou de
modifier les bâtiments existants.
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Figure1: le premier cas d'étude Figure 2 : le deuxième cas d’étude
3.1.1Le relevé architectural
Le relevé architectural est une technique qui porte une signification plus factuelle, plus
rigoureuse, et représente l’architecture à un moment donné, de la façon la plus exacte et
intransigeante, en donnant à la représentation du réel un caractère scientifique
3.1.2La cartographie comportementale
Selon le dictionnaire, cartographier est « dresser une carte »mais c’est également « repérer
l’emplacement ». Dans la deuxième définition, on trouve l’établissement d’un schéma de
fonctionnement, à la description graphique d’une réalité non graphique. On utilise
l’expression « cartographie comportementale » est lorsqu’on cherche à établir une description
graphique de la répartition spatiale des comportements pour dégager un schéma de
fonctionnement des relations qui lient ces comportements aux caractéristiques des espaces
(Moser et Weiss 2003).
3.1.3Les mesures photométriques et le protocole de prise de mesures
Les mesures ont été prises dans deux moments, le premier moment dans des conditions qui
ignorent le vécu quotidien des lycéens dans la salle de classe. Le chercheur a mesuré
l’éclairement, l’humidité, la température et le son à l’aide d’un luxmètre et multimètre. En
plus, des mesures photométriques ont été prises pour identifier les caractéristiques des
environnements physiques de la salle de classe tels que : la tache solaire, l’utilisation ou non
de la protection solaire….etc. Le deuxième moment est dans la présence des lycéens, c’est
pendant le déroulement du questionnaire. A coté de chaque élève, le chercheur mesure
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Figure3 : L'EPO proposée pour cette recherche
l’éclairement horizontal reçu sur table, l’éclairement vertical au niveau de la vision de l’élève,
l’humidité et la température au niveau de l’élève et au niveau du sol et le son à coté de la tète
de l’élève.
Des mesures photométriques ont été prises dans la salle de classe sans la présence des élèves,
à quatre différents moments de la journée : 9 :30 H, 11 :00H, 14 :00H, 16 :00H pour
connaitre la caractérisation des environnements physiques de la salle de classe et la
pénétration du soleil (la tache solaire).
3.1.4Le questionnaire
Le questionnaire a pour but de donner à l’enquête une extension plus grande et de vérifier
statistiquement jusqu’à quel point sont généralisables les informations et hypothèses
préalablement constituées (Combessie 1998).
Le questionnaire utilisé pour cette recherche est basé sur plusieurs recherches de Belakehal
(2007), Kleo Axarli et Aikaterini Meresi (2008), Judy Theodorson (2009), Ji Young Song et
Eirini Tsianaka (2008), Versa Straka et Mila Aleksic (2009). Ce dernier contient des questions
pour collecter les informations sur les élèves tels que ; l’appartenance social, le lieu de
résidence, la durée de vie dans la ville, le niveau de vie, et les conduites perceptives des
élèves vis-à-vis les environnements physiques et la conformation architecturale.
3.1.4.1Le différentiel sémantique
Le différentiel sémantique permet au répondant d’exprimer un choix entre une série
d’adjectifs bipolaires sur une échelle en 5point ou 7 points. Il permet de mesure les émotions
soulevées par les usagers vis-à-vis leur environnement. Plusieurs adjectifs (antonymes)
réparties suivant une échelle de façon à ce que L’usager définisse quels adjectifs correspond
le mieux en fonction de l’image qu’il s’est fait de celui-ci pendant son occupation.
3.1.4.2Le questionnaire auprès des enseignants
Le chercheur a posé cinq questions aux enseignants pour collecter des informations qui
complètent les réponses des élèves. Les questions posées abordent les places préférées pour
les élèves, les moments de l’utilisation de l’éclairage artificiel, les chauffages et les
climatiseurs et est ce que les élèves mettent les protections solaires. Les réponses des
enseignants mènent à savoir les comportements des élèves vis-à-vis leur environnement et
leur préférence.
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4. Résultats
4.1La répartition des environnements physiques dans les salles de classes
En ce qui concerne le premier cas d’étude « El Aghid Ottmane », les mesures des
éclairements verticaux ont été prises dans plusieurs points dans la salle de classe y compris
l’éclairement vertical en milieu de la fenêtre. L’objectif de ces mesures est de caractériser la
répartition de l’environnement lumineux dans la salle de classe.
En ce qui concerne l’environnement thermique, plusieurs mesures ont été prises dans
différentes points dans l’intérieur et l’extérieur de la salle de classe pour caractériser la
répartition de l’environnement thermique et pour voir ce que la salle de classe offre comme
des environnements physiques intérieurs .
D’après les mesures des températures, la répartition l’environnement thermique dans
l’intérieur de la salle de classe est presque uniforme (pas de grande différence entre les
températures). Les mesures du son ont été prises dans plusieurs points dans l’intérieur et de
l’extérieur de la salle de classe pour voir la distribution de l’environnement sonore.
L’environnement sonore est reparti symétriquement par rapport à l’axe de la salle de classe.
Les points situent à coté des portes sont plus bouillants que les autres points.
D’après les mesures des différents environnements physiques à l’intérieur et à l’extérieur de la
salle de classe, on peut constater qu’il n’y a pas une grande différence entre les mesures dans
l’intérieur et dans l’extérieur de la salle de la classe de lycée d’El Aghid Ottmane.
En ce qui concerne le deuxième cas d’étude « Siaidani Ahmed », d’après mesures qui ont été
prises dans plusieurs points, démontrent que la répartition de l’environnement thermique
(températures et humidités) dans l’intérieur de la salle de classe est uniforme. En ce qui
concerne l’environnement sonore, il est reparti symétriquement par rapport à l’axe de la salle
de classe. Les points les plus bouillants sont ceux qui trouvent à cotés de la porte et les
fenêtres.
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Figure 4: les appareils de mesure
4.2Les conduites perceptives et comportementales des élèves
Les conduites perceptives et comportementales a été examinées pour les salles de classes de
deux lycées ; El Aghid Ottmane et Siadani Ahmed. Une analyse statistique à l’aide d’un
logiciel Stastica a été faite pour examiner les conduites perceptives des lycéens au sein de
leur salle de classe. Les conduites perceptives étudiées ; l’adaptation, la satisfaction, le
jugement, la préférence et l’évaluation. D’abord, il a été constaté que ni le contexte ni le
niveau de vie influencent les conduites perceptives des élèves. Une relation a été constatée
entre les adjectifs ; gaucher /droitier et la vue vers l’extérieur. Quand au sexe, aucune relation
n’a été constatée avec les ambiances préférées et les couleurs choisies. Parmi les conduites
perceptives étudiées la satisfaction et la préférence. La plus part des élèves de deux cas
d’étude sont satisfaits de la surface et de la forme de la salle de classe. Concernant l’éclairage,
la majorité des élèves de deux lycées sont satisfaits de l’éclairage naturel, tandis que la
majorité des élèves ne sont pas satisfaits de l’éclairage artificiel. La plus part des élèves de
deux lycées ne sont pas satisfaits de la fraicheur et de la chaleur dans leurs salles de classes.
Vu la situation du premier lycée El Aghid Ottmane, les élèves ne sont pas satisfaits du calme
qui est leur premier choix pour les ambiances préférées. Quand à l’odeur, la plus part des
élèves sont neutres pour les deux lycées. On peut constater que la majorité des élèves ne sont
pas satisfaits des environnements physiques dans leurs salles de classes. L’observation des
élèves dans le moment de la recréation et pendant le moment de l’enquête montre que les
élèves d’El Aghid Ottmane préfèrent les places à coté des fenêtres et que les élèves de
Siaidani Ahmed ne sont pas satisfaits de la disposition des tables.
4.3Conduites et mesures
4.3.1Les conduites perceptives vis-à-vis l’environnement sonore
Les élèves qui sont satisfaits dans le lycée Siadani Ahmed sont nombreux que les élèves d’El
Aghid Ottmane à cause de la situation de lycée. La plupart des élèves de lycée Siaidani
Ahmed considèrent leur salle comme étant calme La prise des mesures de son ce lycée qui
variée entre 32Db et 37Db montre que la valeur est dans les normes (40 dB suivant les
normes de BAIP). Une lecture bivariée montre que parmi le grand nombre d’élèves qui sont
satisfaits du calme, un grand nombre juge positivement la salle entre calme et confortable.
D’après les réponses des élèves de lycée El Aghid Ottmane qui se trouve dans un tissu urbain
dense, leur salle de classe est bruyante et les origines du bruit sont ; les personnes, les travaux
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publics et le trafic. La prise de mesure du son dans la classe de classe à l’aide d’un
décibelmétre donne une valeur moyenne 68 dBA, tandis que suivant les normes du BIAP le
son dans une salle de classe ne dépasse pas 40 dBA. Grace aux normes, on peut considérer
cette salle de classe comme bruyante. Une analyse multivariée entre les mesures objectives du
son (68dB), la satisfaction des élèves en ce qui concerne le calme, le jugement des élèves
envers la salle de classe (calme, confortable et bruyante) montre que parmi le grand nombre
d’élèves qui ne sont pas satisfaits du calme, la majorité juge la salle comme étant bruyante.
4.3.2. Les conduites perceptives vis-à-vis l’environnement thermique
Quant aux normes d’Ashrae, la température d’une salle de classe dans des conditions
environnementales acceptables varie entre 22,2° et 26,8°. Une prise de mesure de la
température moyenne dans le premier cas d’étude d’El Aghid Ottmane donne la valeur13, 5°
(hors les normes d’Ashrae) dont un grand nombre d’élèves ne sont pas satisfaits de la
chaleur et de la fraicheur (65,63%). Pour le deuxième cas d’étude Siaidani Ahmed la valeur
de la température moyenne obtenue est 14°. Les élèves qui sont satisfaits de la chaleur et de
la fraicheur représentent un pourcentage de 56,25%.
4.3.3. Les conduites perceptives vis-à-vis l’environnement lumineux
Les élèves de lycée El Aghid Ottmane déclarent qu’ils ont le problème de l’éblouissement et
qu’ils ne peuvent pas lire ce qui est écrit sur le tableau un pourcentage (78,13%).Ce problème
est à cause de la grande quantité de la lumière du jour et aux fenêtres qui ne sont pas équipées
d’une protection solaire. La mesure des éclairements dans la salle variée entre 354 lux et 687
lux. Selon Liébard, A. et De Hherde, A., 2005, l’éclairement moyen dans une salle de classe
est 425 lux, ce qui montre que la salle est trop éclairée.
Bibliographie 1. BELAKEHAL, A. FARHI(2008). Les ambiances environnementales de la médina : Le patrimoine
oublié,
2. Céline Drozd, Les ambiances dans la conception architecturales : Céline Drozd, colloque international « faire une ambiance 2008 », CRESSON.
3. Gabriel Moser, Karine Weiss. (2003). Espaces de vie. Ed. Armand Colin. Paris.
4. Georges Mesmin. (1973). L’enfant, l’architecture, et l’espace. Ed. Casterman. France.
5. John Paul Eberhard (2009). Brain Landscape. OXFORD University press.
6. Lisa Heschong (1979). Architecture et volupté thermique. édition parenthèse.
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7. Luc Adolphe (1998). Ambiances architecturales et urbaines. Ed. Parenthèse.
8. Nicolas Tixer. (2004). Ambiances en débat, la dynamique des cheminements. Ed. A la croisée.
9. Nicolas Tixier : Morphodynamiques des ambiances construites, Thèse de DOCTORAT, Année 2001..
10. Valsiner (1987). Théorie du développement de l’enfant. Page 230.
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