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Bruno ANCEL ISSN 0223-7490 · 28 1er semestre 1984

Les Mines de Plomb, Altenberg, Ste Marie-aux-Mines

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Bruno ANCEL

ISSN 0223-7490

· 28 1er semestre 1984

RAPPORT DE FOUILLES

SUR LES

MillES DE PLOMB Saint-Pierre-sur-l'Hâte

Altenberg District de Sainte-Marie-aux-Mines

par

P. FLUCK et B. ANCEL

fouille arc héologique programmée (programme H 27) 1982

,. 3

TABLE DES MA TIERES

INTRODUCTION : le choix du "quartier" Mines de Plomb et le thème de la 5 campagne de fouilles. Cadre géographique.

AVANT -PROPOS : déroulement chronologique du camp et présentation du plan de ce rapport. 6

CHAPITRE 1 : LES DONNEES DE L'HISTOIRE~ 8

CHAPITRE II : LES DONNEES DE LA PROSPECTION : ETUDE DE LA SURFACE 15

1. La carte des haldes, entrées, pingen ... Nomenclature. 15

2. Essai de classification morphologique des haldes. 18

3. Quelques structures remarquables : haldes emboîtées, haldes échancrées ... 20

4. Les enseignements de la carte des haldes. 22 4.1. Une première ébauche de la carte des filon s. 22 4.2. Renseignements sur l'affleurement des corps minéralisés. 23 4.3. Vers une première approc he du droit minier médiéval ? 24 4.4. Renseignements altimé triques. 24

5. Les voies de communications. 25

CHAPITRE III : SOUS TERRE : DESCR IPTION DES RESEAUX. 25

Précision liminai re de nome nclature : "mine" et "réseau". 25

1. Ce qui était "connu" avant le camp. 25

2. Résultats des c hanti e rs e n surface. 26

3. L'apport des tec hniques de la spéléologie minière. 27

4. L'arc hitec ture e t la minéralogie des corps minéralisés. 28

5. De l'importance de l'observation du sens de c reuse ment des galeries 33

6. Desc ription détaillée des réseaux, du point de vue spéléologique /arc héologique. 33 6.1. Réseau de la Mine de Plomb inférieure. 33 6.2. Nothhilf ou la Mine de Plomb supérieure. 48 6.3. Mine Imamahettabombornstand . 52 6.4. Lè Vieux Rimpy . 52 6 .5. Fée Carabosse. 55

CHAPITRE IV : ENSEIGNEMENTS ET PROBLEMES ISSUS DE L'ETUDE SOUTERRAIN E.

1. Quelques problè mes partic uli e rs. 1.1. De quand date la galerie principale de la Mine de Plomb inférieure? 1.2. Le problè me des empilements com pact és. 1.3. Quelles sont les mines impliquées dans l' exp loitation du noeud filonien des Mines de Plomb ? 1.4. La corresponda nce e ntre ce que l'on observe e t les anc ie ns rapports. 1.5. Les c hiffres peints da ns les trava ux. 1.6. Psychologie des de rnie rs ex ploitants .

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55 55 56

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2. Les enseignements présentation thématique des observations souterraines. 61 2.1. Différentes époques : autant de différents sty les ? 61 2.2. Les c hantiers. 62 2.3. L'adaptation aux caprices des corps minéralisés. 62 2.4. L'aménagement des galeries : les voies de roulage. 62 2.5. Les outils et autres vestiges. 65 2.6. Les bois. 68 2.7. Après 1 'exploitation : le concrétionnement. 80 2.8. La conservation des conduits souter rains. 82 2.9. Climatologie. 83

CHAPITRE V : LE SYSTEME DES MINES DE PLOMB "DU POINT DE VUE DE L'INGENIEUR" : EVOLUTION DYNAMIQUE DE L'EXPLOIT A TION. 85

1. Moyen-Age. 85

2. XVIème siècle. 85

3. XVIIIème siècle. 85

4. XIXème siècle. 86

5. 1899 - 1901. 86

Conclusion : les problèmes posés à l'exploitant par les exploitations passées. 86

CHAPITRE VI : APRES QUE MINERAIS ET STERILES AIENT ETE JOUR.

CONCLUSIONS GENERALES.

1. Quel style d'arc héologie minière ?

ACHEMINES AU 93

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2. Le système des Mines de Plomb : un des plus beaux modèles d'évolution de pres mille ans (?) d' ex ploitation miniè re.

3. Compléme ntarité de l'arc héologie et de la géologie.

LISTE DES PARTICIPANTS.

ANNEXES.

1. Extrait de De Dietric h ( 1785).

2. Condensé du rapport Remmel (1808), extrait de Martin (1846).

3. Rapport Combes ( 1826).

4. Extrait du Geschafts Beri c ht 1899.

5. Atlas topographique de surface des Mines de Plomb.

6. Atlas topographique détaillé des Mines de Plomb.

7. Carte spéléométrique de la Mine de Plomb inférieure.

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INTRODUCTION LE CHOIX DU QUARTIER DES MINES DE PLOMB ET LE THEME DE LA CAMPAGNE DE FOUILLES.

Le district minier de Sainte Marie-aux­Mines comprend quatre secteurs, l' Altenberg, le Neuenberg, le Bluttenberg et le "Versant lorr~in":, Le secteu_r de l' Altenberg apparaît part1cuherement interessant sur le plan archéo­lo_gique car exploité dès le Moyen-Age, à des periodes qu'il conviendra depréciser, puis succes­sivement aux XYlème et XVIIIème siècles. Ce secteur est axé essentiellement sur un gigantesque faisceau filonien à peu près nord­sud, le faisceau de Traugott (du nom de la plus grosse mine de l' Altenberg).

Il se trouve que l'intérêt archéologique d'une exploitation minière peut revêtir deux aspects :

, , - un aspec~ "statique" i<:rsque la mine a ete explOitee a une seule epoque donnée. Plusieurs des recherches récentes en la mat1ere concern~ie~t de tels exemples de mines pure­ment med1evales (cas rare) ou purement XYlème siècle ;

- un aspect "dynamique" lorsque l'exploi­tation a ete reprise à différentes époques. Outre l'intérêt que représente la "reconstitu­tion" des différentes parties du réseau souter­rain attribuables aux différentes epoques, s'ajoute celui de l'évolution dans le temps des techniques d'exploitation appliquées à un même corps minéralisé, et des problèmes particuliers que posait aux exploitants d'une époque donnée la présence des travaux anté­rieurs. Voilà les trois thèmes dominants que nous nous proposions dans cette étude. Cette approche "dynamique" est susceptible d'aboutir à un modèle historique de l'évolution d'une exploitation axée sur un corps minéralisé donné.

Or il apparaît que c 'est la partie sud du faisceau Traugott, dans le quartier ·des Mines de Plomb de Saint Pierre-sur-l'Hâte, ~ui, présente incontestablement le plus grand mteret de ce point de vue dynamique. C'est en effet le seul quartier, dans l'ensemble du district de Sainte Marie-aux-Mines, où se "supe r-­posent" ou se "télescopent" des exploitations des périodes médiévale, XYlème siècle, XVIIIème siècle, XIXème si-ècle et début XXème siècle. De là le choix de ce quartier.

Les deux dernières périodes nous sont relativement bien connues par des rapports précis, ainsi dans une moindre mesure que les travaux du X VIIIème siècle (rapport et plan MALLET et DUHAMEL) : il devrait donc être aisé de reconstituer l'extension des travaux plus anciens, XYlème siècle ou moyenâgeux.

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LE CADRE GEOGRAPHIQUE

Les Mines de Plomb sont au nombre de deux, l'inférieure et la supérieure. Les documents anciens et les explorations nouvelles nous révèlent que les corps minéralisés qui firent l'objet de l'exploitation de ces deux mirres ne commencent à apparaître que fort loin (500 mètres) de leurs entrées. C'est dire que les exploitants creusèrent des galeries d'approche fort longues. Or il se trouve que cer­tains au moins de ces corps minéralisés ont une expression en surface, soit qu'ils affleurent ponctuellement, soit qu'on peut les percevoîr à travers les traces d'autres exploitations minières plus directement axées sur eux. Par ailleurs, on verra que ces mêmes co~ps minéra­lisés ont des prolongements tres étendus sous forme de fractures stériles, qui ont fait çà et là l'objet de travaux de recherches parfois considérables. C'est pourquoi on ne pourra aborder les thèmes centraux de notre étude qu'en ouvrant le cadre géographique au maxi­mum. Pour les travaux souterrains, ce cadre est limité naturellement par l'avancement de l'exploration. Pour la surface, le cadre sera au moins superposé au cadre souterrain, et devra même déborder largement de ce dernier car - on le verra - d'autres mines plus ou moins éloignées avaient pour objet l'exploitation des mêmes corps minéralisés. En gros pour les prospections de surface, nous nous sommes fixés les limites suivantes : ruis­seau de Surlatte à l'Ouest et au SW, cabane dite Herrmannshütte au NNE, chemin des Trois Fontaines (Herrmannshütte - Adelspach) à l'Est, c rête séparant le vallon de la Mine de Plomb supérieure de celui du Wischtelgrab, au Sud. Ce cadre nous délimite une zone d'envi­ron 1,3 x 0,4 km allongée suivant la direction générale des filons (NNE-SSW).

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Fig. 1. E x trait de la feuille Gérardmer 3-4 de

I ' I GN à 1: 25 000; l e li e u-dit Mines de Plomb est

indiq ué par er r eu r "Chau ffour" e t des noms de

li e u x ont é t é déplacé s. E n dehors du peu de soin

ap port é à l a topo n y mie, l e fond topographique

est a b so lum e nt inutilisable pour une cartogra­

phie un tant soit peu p r éc ise des mines.

'

A V ANT -PROPOS DEROULEMENT CHRONOLOGIQUE DE LA

CAMPAGNE DE FOUILLES

En archéologie minière, le mot "fouilles" peut paraître souvent impropre, beaucoup d'investigations pouvant se faire de v1su en surface ou sous terre sans qu'il soit nécessaire­ment utile de remuer le sol. Nous pourrons néanmoins garder pour la commodité l' expres­sion "camp de fouilles" ou "ca mpagne de fou il ­les", ne serait-ce que pour justifier que la plupart des études en mine n'auraient pu se faire sans tra vaux préalables de terrasseme nt.

Cette campagne de fouille s donc peut être décomposée en troi s parties, chronologique­ment comme su r le plan de la méthodologie (nous n'évoque rons pas ic i les études sur doc u­ments) : une phase de préparation du milie u à étudier, le camp proprement dit (26 juin - 4- juillet) et le rebondissement spectaculai re qui se produisit le 14- août et se prolonge encore à l'heure ou nous écrivons ce rapport.

l. La phase préparatoire consistait à ouvrir les portes du champ d'ac tivit é par l'ouverture ou la réouverture à la pelle mécani­que d'entrées de mines éboulées. De tels chan­tiers peuve nt ê tre aléatoires, et l'h istoi re de la spéléologie minière accumule plus d'expé­riences infructueuses que d'ouvertures couron­nées de succès. La Mine de Plomb in fé ri eure par exemple , après avoir. fait l'objet de tenta­ti ves restées vai nes à la main puis à la pelle mécanique e n 1965, fut ouverte à la pelle le 18 mars 1972 e t s 'éboula peu après la visite. Une tentati ve ult é rieure à la pelle re sta égale­ment infruc tueuse.

Voici donc les résultats . de cette phase préparatoire (chantiers à la pelle) : - le 10 juin a li e u la réouverture de la Mine de Plomb inférieure;

le 15 juin sont réouverts le Vieux Rim py et une petite mine annexe, déjà ouve rts a la main le 19 mars 197 5 pour le pre mi er, à la pelle le 27 janvier 1973 pour la seconde; - Je ! 6 juin est ouverte une mine située en rive gauche du ruisseau, 70 mètres e n aval de la maison du Zillhardhof; elle aussi avait fait l'objet aut refois d' une tentative infruc­tueuse.

Par contre, la tentative d'ou ver ture d'une mine 70 mètres à l'aval de la précéde nte, mais sur la ri ve opposée , se solda par un échec complet. Pourtant, un renfoncement e n forme de tranc hée et une venue d' eau abondante, ainsi que la présence d'une ha lde a llongée en bordure du rui sseau, nous avait fait présumer la présence d'une entrée, d'autant plus fort e ­ment que celle-c i figure à son exact e mplace­ment sur le plan du rapport MARTIN de 1346 (voir Pierres et Terre N• 1 5/16 , 197 8) ... sous

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le nom de "m ine de Surl a ttes inférieure" (ce pla n es t ic i complètement faux!). Au bout de deux jours de chanti e r donc , à la place d'une entrée, on vit ... la roche revenir vers le fo nd de la tranc hée de tous côtés et ... une

• a bo ndante source. Disons que ce résultat négatif es t en même te mps pos itif, puisqu'il démontre l'absence de mine à ce t emplacement, et nous permit de me ttre en évidence une ... (voir plus loin, c hap. VI).

Voilà donc le c hamp "ouvert", mais e n partie au moins de façon précaire.

L'ent rée de la Mine de Plomb inférieure en effe t menaça it de s'éboule r, l'ouvertu re a yant nécessité le déblaiement d'une tranchée haute de 8 mètres à l'aplomb de l'entrée, entre des parois en roche très fa ill ée. Il était urgent de la conso lider. Nous optâmes pour un boisage de st yle "c lassi que" pour ce tte entrée de facture 1900, plutôt que pour la pose d 'une conduite e n béton de grand diamètre qui aurait déparé le s ite (sans même évoquer le coût et la difficulté de la pose ). Les bo is furent acheminés le 18 juin. Au moment de les mettre en place le 19, un éboulement inte mpestif du parement droit de la tranchée (plus de 20 mètres-c ubes) fut constat é. Il fut décidé de parer au plus urgent en insta llant rapidement dans l'entrée un train de s ix fûts méta lliques sans fonds de 65 cm de diamètre, incliné d'environ 22 degrés (car posé su r !'é boulement, préalablement ni ve lé) e t entouré d'une couronne continue de bois (chacun de di a mètre 15 à 20 cm). On remblaya le vide subsi s tant dans l'entrée, e t on recouvri t le tout de ca illoux dans la t ra nchée à l'aide de la pelle, de façon à parer à un éventuel vandali sme et à amortir toute tentative d'éboulement de la roc he.

Ce st yle de "boisage" présente l'inconvé­nie nt d'un accès exigu, et ingrat pour le visiteur ca r ne lui facilitant pas la sortie, mais large­ment compensé par une solidité et une durabili­t é nett~ment supérieures au boisage classique.

Au cours de la phase préparatoire enfin - déjà le 12 juin - e urent lieu la visite de la même mine pa r des biologistes, et l'escalade de son premier montage par Ingrid REUBER (q ui ne pouvait êt re présente par la suite) et Mathias HALSTEN BAC H, qui découvri rent ai ns i le beau Réseau Ingrid (développement 17 5 rn).

2. Le camp fut mené du 26 juin au lJ. juillet par une équipe informelle composée e n partie de membres de l' ASE PAM. Les investi­ga ti o ns fur e nt aussi nombreuses que vanees : topos de surface (haldes e t c hemins), tentative d'ouver t ure à la main de la mine dite Mare aux Sanglie rs, ex plo ra ti ons, chantiers de décom­brages i n té r ~e ur s , topos inté rieures, doc umenta­tion photographique, étude de détail des tra­vaux, fouilles archéologiques dans deux haldes.

Mais le thème principal ne pouvait être qu'effleuré, car on ne parvint pas a passer la "Cloche Blanche", c'est à dire l'éboulement final de la Mine de Plomb inférieure, qui sur­vient à 560 mètres de l'entrée, loin encore avant que n'apparaisse la partie fertile du filon la quasi-totalité des ,chantiers et la plus grande partie de la mine - se trou vent au-delà.

L'organisation des activités était très souple : les participants constituèrent de très petits groupes renouvelés tous les jours selon l'humeur du moment, chaque groupe inscrivant sur un panneaucalendier ce qu'il faisait à chaque moment. La coordination était assurée par des réunions quotidiennes. Le temps se montra peu clément, et notamment les c inq premiers jours des pluies abondantes gênèrent les investi­gations en surface et humidifièrent le camp. Le dernier jour, le temps s'étant fixé au beau, une tentative de prises de vues à l'aide de deux ballons gonflés à l'hélium avorta, une guèpe s'étant enquis d'enfoncer son dard dans l'un desdits ballons.

3. Le coup de théatre. Le l~ août, la Cloche Blanche (topographiée la veille) est passée en une journée de décombrage, à l'initiative de Bruno ANCEL, René COLAS et Didier DECKER. Ce qu'il y a au-delà ne peut être qualifié que de fabuleux. La Mine de ·Plomb inférieure est devenue l'un des réseau les plus vastes et les plus beaux de Sainte Marie (le cinquième au classement "spéléométri­que") et des Vosges, spéléologiquement parlant, et des plus intéressants sur le plan de l'archéolo­gie. On peut à présent saisir à bras-le-corps les problèmes que l'on se proposait d'étudier (cf. Introduction). Inutile de décrire la fièvre qui s'empara des spéléo-achéologues miniers · dans les semaine.s qui suivirent. Ce n'est qu'alors que, les découvertes ayant repoussé fort

loin les limites du cadre géographique souter­rain, les topos de surface reprirent pour couvrir une aire plus vaste.

Les impératifs de temps nous imposent la rédaction de ce rapport alors que les investi­gations se poursuivent. On ne peut que se réjouir de cette continuité.

Novembre 1932

PLAN DE CE RAPPORT

En archéologie minière, la démarche logique commence par une étude des documents d'archives, pour s'orienter ensuite vers les vestiges extérieurs, puis enfin vers les réseaux souterrains. Ce troisième vo let compre nd lui­même trois étapes topographie préc1se et

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documentation photographique (qui, jointes, cons ti tuent une "image" fidèle du réseau), observation "mésoscopique" et enfin, dans de rares cas choisis, fouille archéologique fine.

Cette démarche es t à peu près le plan que nous adopterons. Un premier chapitre, élaboré uniquement à l'aide de documents · anciens, concernera les données de l'histoire. Le second chapitre analysera ce que l'on peut tirer de l'observation pure des vestiges exté­rieurs, sans passer à la fouille archéologique:

comme il s'agit d'un domaine minier, on peut ic i parler de prospection. Dans un troi­sième chapitre, nous aborderons l'étude détaillée des réseaux souterrains jusqu 'au stade de l'obser­vation mésoscopique, c'est à dire de ce que l'on peut observer en examinant attentivement le dé tail des travaux mais toujours sans passer à la fouille. Enfin, dans un quatrième chapitre, nous tirerons parti à la fois des observations plus fines (étude d'objets, mesures et fouilles) pour tenter d'approcher quelques problèmes particuliers et de présenter par thèmes d'intérêt général diverses questions d'archéologie minière.

Le but de cette démarche étant finale­ment de re cons ti tuer l'histoire technique de l'exploitation, nous aborderons au chapitre V le système des Mines de Plomb "du point de vue de l'ingénieur", dans la dynamique de son évolution à travers les différentes époques. .VIais ce tte reconstitution n'a de sens que si ce tte approche archéologique est couplée

avec l' étude de ce qui fut l'objet de l'exploita­tion , c 'est à dire l'étude géologique de l'archi­tecture du gisement. Celle-c i sera donc présen­tée au préalable, dans le chapitre III car la description des réseaux s'appuie nécessairement sur elle. Nous n'en évoquerons que l'aspect &éométnque pur, sans perdre de vue qu'une etude sur la dynamique de la formation des filons (qui est actuellement à l'ébauche) pourra permettre une toute nouvelle approche, en quelque sorte l'influence de la géologie sur l'Histoire.

Mais une approche archéologique de l'histoire des mines ne saurait se limiter à la seule extraction du minerai. De la pierre au métal, il y a une foule d'opérations qui employaient une multitude d'ouvriers. Dans un sixième et dernier chapitre, nous présente­rons quelques toutes premières fouilles sur les installations de surface. Il s'agit là en matière d'archéo logie minière, pour les Vosges, d'un domaine relative ment neuf que nous n'av­ons fait qu'effleurer.

CHAPITRE 1 LES DONNEES DE L'HISTOIRE

1. Moyen-Age

Aucune donnée, si ce n'est la Chronique de HAUBlNSACK (qui concerne la prem1ère moitié du XYlème siècle) qui nous li vre le pas­sage suivant :

"Au-dessus du Berg Armo, il y avait I.Ule vieille mine abandonnée que l 'on apelait le Vieux Saint Guillaume. Elle fut reprise par quelques mineurs.,." (trad. P. FLUC K).

La confrontation des anciens rapport s et de la géographie, dont nous ne pouvons ici développer l'argumenta tion par manque de place, nous a permis de tenter de re position­ner de nombreuses anc iennes mines (voir p. ex. Atlas des Haldes dans P. et T. N°17, p.l8) de cette reg10n. C'est le cas notamment du Berg Armo et du Vieux Saint Gui llaume. On ver ra plus loin que ces deux mines jouxtent le noeud fiJonien des Mines de Plomb.

Toujours est-il que la Chronique de HAU-BlNSACK est claire i 1 existe des travaux médiévaux au Vieux Saint Gui llaume .

2. XYlème siècle

Si les rapports du extraordinairement prolixes

XYlème siècle pour déc rire

sont l'en-

semble des mines de Sainte Marie, du côt é de la haute vallée de Surlatte (Krelistal, vallon de Kreilin ou Goutte Greslée) c'est ... un vé r i­table désert. Peut-être l' é tude des arc hives d'lnnsbrück nous en apprendra-t-e.lle davantage . Otto STOLZ ( 1939) v a re levé les noms suivants, en dehors de la cl~ssique Saint Paul (d'ai lle ur s réunie à une Saint Daniel et à un Roi David en 1581, selon le rapport de 1597) qui se trouve dans le bas du vallon : Habendorn , Saint Jean et Neujahr. Nous avons donc le choix, e t même l'embarras du choix puisque plus d'une dizaine de 9randes mines sont à baptise r dans la haute vallee, réparties en deu x groupes : le quartier de notre actuel "Nippertstollen" sur le prolon­gement du filon Saint Paul, qui relève du Neuen­berg, et le quartier des "Mines de Plomb", qui est la "racine" méridionale de 1 ' /\ltenberg.

Même le plan d'ensemble des mines de la fi n du XY lème siècle (a rch. de Strasbourg, reprod. dans P. et T. N° 17) reste muet sur la jonction des deux grands secteurs, le Neuen­berg et 1' Al tenberg.

Dans cette jonction, c 'est encore la C hro­nique de HAUBlNSACK qui nous y int roduit (sans cependant jamais évoquer les mines de Surlatte) :

"La FI.Uldgrube la plus ancienne et la plus élevée à Bréhagoutte (vallon de Saint Phil ippe) s'appe la it Zum Berg Armo (le mont Armont). Elle fut

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commencée au début par Mess ire Reinhard Widen, tu1 riche mineur des \'osges, qui en contrô­la presque seul l' exploitation. Après sa mort,on y fit des travaux plus étendus que dans les autres mines, et elle co mpte aujourd'hui pour la mine la plus considérable à l'Altenberg. Elle a tu1e énorme profondeur et possède I.Ule galerie d'allongement d'un bel avenir ; nulle autre mine à l' A ltenberg n'en possède de pareil­le, à l'exception de la Fundgrube Saint Guillaume.

"Au moyen de cette galerie profonde on espère atteindre les (ailles et filons qui tra­ve rsent les montagnes depuis le Neuen Berg, comme font bien présager leur direction et leur inclinaison, ainsi que les indications de la bousso­le. "(trad. P. FLUCK , P. e t T. N°8).

Il se passe donc au Berg Armo quelque chose d'exce ptionnel, dont les rapports ulté­rieu rs de la fin du siècle feront ample mention : c 'est le creusement de cette fameuse galerie en direc tion du Neuenberg. Un rapport non daté (mais écrit aux e nvirons de 1578, P. et T. N° 27) nous dit e ncore "vers la haute monta­gne en direct ion de filons ét rangers".

C'est bien sûr le fi lon de Saint Paul qUI serait le premier croisé, mais on sait com­bien il est di sc ret (c'est à di re stérile !) à cette altitude (l'entrée de Berg Armo est à 685 mè­tres), car on a pu le visi ter dans Nipperts·tollen. Un autre rapport, de 157 5, nous parle d'une ga leri e sur un filon croi seur à cuiv re gris, donc de type Neuenberg, et cela 40 toises plus haut (so it 70 mètres !) que le niveau du Berg Armo.

Hans HIPP (1 586, voi r P. e t T. Wl8) appelle ce tte galerie d 'allongement "faille de Sur les Pompes". Un rapport inédit de 1614 (Arch. du Haut-Rhin) par le à propos du Berg Armo (acheté par le Sapin Vert, PRECHTER, 1 602) de deux branches fi loniennes fort promet­te uses, qui sont peut-être encore distinctes de la précédente : la faille de la Galerie (Stollen

Kluft) e t la faille de la Haute Couronne (HlPP mentionne déjà la Haute Couronne comme réunie au Sapin Vert) .

On verra plus loin l'importance de tout cela. Qu'e n conclure pour le moment ?

-qu'il ne se mble pas y avoi r eu dans la haute vallée de Surlatte des mines d'une importance comparable aux "géantes" du vallon vois in de Saint Phi lippe (sauf, peut-être, à une époque qui ne nous au rait pas laissé de rapports, mais ceci semble peu probable, ceux-ci étant distribués dans le temps à maille assez régulière) ;

que par contre les mines du vallon de Saint Phi.lippe, et notament le Berg Armo, ont eu un développeme nt considérable en direc­tion de la vallée de Surla tte et qu'il est pe rmis de penser qu'elles l'aient atteintes, c'est à dire qu'elles aient franchi la crête entre les

deux vallées. De là à songer que les minerais de Surlatte ont été extraits par le Saint Philippe, il n'y a qu'un pas. En effet, si les mines du haut du val de Krellin avaient été productives, on le lirait dans les rapports !

Enfin, .si l'on se pique à continuer de lire la Chronique de HAUBINSACK à propos du Vieux Saint Guillaume, la mine médiévale qui coiffe le Berg Armo, on y apprend alors qu'il s'est produit là ce que l'on se complaît à désigner comme une "guerre souterraine" entre les exploitants des deux mines. Il n'y a certes pas lieu de voir là une bataille rangée entre mineurs dans les galeries, cette bataille est d'un tout autre ordre. Mais nous prions le lecteür de patienter jusqu'au chapitre V

3. XVIIIème siècle Notre documentation sur les mines de Sainte Marie est d'autant plus fournie qu'on se rapproche dans le temps. Ainsi pour le XVIIIème siècle, on peut affirmer avec certitude que les mines de la vallée de Surlatte n'ont pas été exploitées avant le troisième quart de ce siècle : les rapports de 17 12, 17 36, 1740, 1745, 1755, 1765 et 1766, qui décrivent tous les ouvrages exploités, ne les mentionnent pas. Il faut attendre 1777 pour lire dans la revue strasbourgoise "Der Bürgerfreund" qu'une mine du nom Nothhilf (Aide dans le Besoin) vient d'être réouverte en 1774. MUHLENBECK (1898) présente le Nothhilf comme une mine dist incte de la Bleigrub dans la liste des mines du XVIIIème siècle. Or si nous continuons à lire le Bürgerfreund, nous y apprenons que le filon de Nothhilf est dirigé vers l'Est (alors que, selon le même écrit, Saint Paul l'est vers le Sud), et que la galène de Nothhilf titre 2 loths 1/2 au quintal, soit 0,75% : c'est exacte­ment la teneur des galènes de la Mine de Plomb (et de l' Altenberg en général) telle qu'elle est indiquée ·dans les analyses des derniers exploitants, bien inférieure aux galènes riches en argent du filon de Saint Paul. Enfin, on y lit que 480 quintaux de galène (soit 24 tonnes) ont été extraits. du Nothhilf en 177 5. Le doute n'est pas permis : NothhiJf = Mines de Plomb.

Qui plus est, Saint Paul avait été réouver­te en 1777 (et non en 177 5 comme l'indique MUHLENBECK) dans le but de servir de galerie d'écoulement pour Nothhilf. Projet vite abandon­né, à cause ... de l'abondance des eaux dans Saint Paul !

Nothhilf , avec ses 70 ouvriers vers 177 5, était une mine qui tourna it bien.

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DE DIETRICH (1 789) parle de "la Mine de Plomb et Argent de Surlatte" co mme la seule en ac tivité dans ce va llon, et qui n'est pourtant autre que la Nothhilf, "reprise il ~ a environ dix-huit ans" (cela nous replace a trois ans près à la date donnée par le Bi.iger­freund, mais on notera J'impréc ision). DE DIE-

TRICH ajoute : "Cette fameuse mine avait d'abord été exploitée, puis abandonnée par les anciens ... Quelques mineurs, qui avaient bonne opinion de ces anciens travaux, en recher­chèrent le filon à leurs risques ; mais dès qu'il eurent fait cette heureuse découverte, la compa­gnie, qui exploitait les mines de Sainte Marie, s'en empara sans les indemniser de leurs frais, et les congédia pour tout salaire". On ne peut expliquer cela qu'en admettant que ces mineurs aient peut être aux yeux des exploitants agi

dans l'illégalité.* DE DIETRICH enchaîne ensuite en vantant le gisement par des propos fort élogieux, qui se terminent par "si la galerie profonde des Princes (le Fürstenstollen) était continuée jusqu'aux travaux de Surlatte, le terme de l'exploitation possible de cette mine se trouverait étendu à un temps illimité, et que des siècles ne verroient point finir". Notons ?ien ceci, cela va peser lourd dans l'exploitation a venir.

Le texte intégral de DE DIETRICH, qui renferme surtout le rapport détaillé et Je plan de MM. MALLET et DUHAMEL, est présenté en annexe. Retenons-en ici l'essentiel :

La seule mine de l'époque, c'est à dire la Nothhilf, est notre "Mine de Plomb" supérieure actuelle.

Elle débute par une galerie tracée sur une fracture stérile sur la distance assez stupéfiante de 535 mètres ; MALLET et DUHA­MEL notent à propos des Anciens "qu'on ne peut s'empêcher d 'admirer leur courage" et qu' "il faut avoir eu bien de la patience pour l'avoir suivi (le filon stérile) avec si peu d'appa­rence sur une longueur d'environ 290 toises". On ne peut certes que partager cette opinion, en la nuançant du fait que les Anciens avaient connaissance de ce qu'il y avait au-delà, c'est à dire de la valeur du gîte, notamment par la mine du Berg Armo.

A 360 mètres du jour, une galerie venue du val de Saint Philippe communique à travers-bancs dans les travaux de Nothhilf. Le chiffre de 1500 toises donnée pour sa lon­gueur est évidement exagéré, et on discutera plus loin de ce point de première importance.

Au-delà de la zone stérile, Je filon productif comprend deux branc hes qui se réunis­sent plus loin au bout de 220 mètres. C'est ici le gros gisement de plomb de Surlatte.

- Au-de là de la réunion des deux branches se rencontre à nouveau une por tion stérile, qui précède une issue au jour dans la vallée

* On li t dan s l e s r é pon ses de C hr. J. SC HR ElB E R

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en 17 7 2" .

de Fertrupt, c'est à dire que la montagne est ainsi traversée de part en part.

- Au point Y à 370 mètres du jour , l'exis­tence des, travaux montants représentés de façon fort curieuse sur le profil aurait pu paraî­tre anodine, si MM. DUHAMEL et Mi\LLET ne s'étaient exprimés ainsi : "On ne connoit pas la hauteur de ces travaux. Il semble que ce soit un puits, qui aurait été fait pour tâter le filon dans la hauteur, ou pour procurer de l'air". Il y aurait donc un courant d'air à cet endroit montant.

La Nothhilf semblait bien prospère, si l'on se réfère à cette phrase de DE DIETRICH : "Cette mine défraie aujourd'hui tous les tra­

vaux, que M. le prince des Deux-Ponts fait faire à Sainte Marie, et donne en outre .3 à 4000 livres de bénéfice par an". Il y a encore cette phrase qui a de l'importance : "Dans les fonds, le filon tient du minerai bien avant sa division en deux branches". N'oublions pas que DE DIETRICH était à Sainte-Marie à la fin de 1785, et que l'histoire des mines pour le XVIIIème siècle ne s'est pas arrêtée là ; cependant, les documents ultérieurs nous font presque totalement défaut. Seul, MUHLENBECK (1898) en fait état incidement, à propos du citoyen VALLET : "Ne lui fallait-il pas réparer les divers bâtiments à l'usage des mines et rétablir !es étais de la mine de plomb, alors en fort mauvais état ?" On lit encore plus loin que V AL LET "suspendit les rares travaux qu'il avait entrepris dans la mine de plomb de Surlhâte, en 1796 et 1797".

Pour en finir avec l'histoire de notre gisement au XVIJJème siècle, on en retiendra une grande leçon. On voit en effet que, contrai­rement à ce qui s'est passé au XYlème siècle, c'est par la vallée de Surlatte qu'ont été soutir~s les minerais. Que font donc alors les riches mines du val de Saint Philippe ? L'étude des documents du XVIIIème siècle nous a montré indirectement qu'une grosse mine s'est constituée par la réunion de trois galeries superposées. Son nom : Traugott. Les trois galeries sont l'inférieure (Saint Philippe du XYlème siècle), la moyenne et la supérieure (l'ancien Sapin Vert). En 1765, époque du déclin de Traugott, on lit textuellement (trad. P. FLUCK) : "Les galeries inférieure et supérieure sont éboulées ; mais on travaille encore dans celle du milieu ... au-dessus s'en trouvent encore plusieurs autres, et tout en haut la Vieille mine Saint Guillaume ; celles-ci ne sont plus guère exploitables en raison de leur éloignement des bocards et du prix élevé de transport du minerai de plomb

- à bocarder ..• ", et surtout "encore jamais on n'a pu arriver aux anciens fronts de taille ... "· Ainsi, la géante Traugott, une des plus grandes mine des Vosges, n'est jamais parvenue aux limites de ses parentes le Sapin Vert et le Berg Armo. Le _ minerai du noeud filonien des

10

Mines de Plomb reposait donc tranquille dans ses caisses filoniennes. Pourtant, DE DIE TRI CH parle, à propos d'une branche supérieure du Traugott : "Les anciens en avaient percé une autre (galerie), qui s'étendait dans la mine de Surlatte". Mais l'exploitation ne se dévelop­pait plus dans cette partie élevée.

4. XIXème siècle

Les rapports se font de plus en plus précis (voir en annexe le condensé de MARTIN). La première époque dont on ait relation est celle de l'ingénieur REMMEL sous la compagnie VALLET, de 1806 à 1809. Pourtant, quels faibles travaux ! La lecture du rapport de Remmel (condensé par MAR TIN, voir en annexe) fait penser à des pauvres mineurs grapillant les parcelles de minerai "que jette encore en rica­nant, le petit Homme des mines". Deux "détails" intéressants : les longueurs sont pour la dernière fois exprimées en toises, et pour chaque travail est indiquée la quanti té de poudre consommée. Le plus intéressant est que l'on se trouve ici pour la première fois face à face avec la Mine de Plomb inférieure (en plus de la supérieure), qui ne nous est pas présentée comme \!ln nouveau travail (on y fait les mêmes recherches ponctuel­les), mais co mme une mine préexistante déjà opérationnelle ! On a en effet "relevé" la galerie sur 260 toises, c'est à dire réaménagé une galerie plus ancienne. Enfin, la mention de la cheminée poussée déjà à près de 20 toises dans le but d'airer les deux mines est incompré­hensible, car les deu x mines ne sont pas sur le même filon ...

MUHLENBECK (1898) resume un autre rapport de REMMEL, à la date de 1809 (le précédent était de 1808 ), lorsqu'il commence par citer la phrase suivante : "Dans ce moment, l'on ne pousse à la mine inférieure que la tra­verse qui doit communiquer à celle supérieure, à la profondeur d'environ 80 pieds". Voilà qui éc laire notre problème précédent : la cheminée d'airage dont parle :v1ARTIN n'est qu'une mau­vaise interprétation de la galerie de traverse destinée à relier les deu x mines !

C'est également en 1809 que l'on parle pour la pr emuère fois de poursuivre le percement de la Galerie de Suscité (déjà longue d'environ 200 mètres au XYlème siècle) située dans la haute vallée de Fertrupt au re vers de la monta­gne des Mines de Plomb, sur le prolongement du filon, dans le but d'en faire une galerie d 'écoulement.

En 1819, WOL TZ nous si_gnale que la Gale rie de Suscité a été prolongee jusqu'à 468 mètres. Il manquait encore 248 mètres pour réaliser la jonction avec les Mines de Plomb, lor sque survint la fermeture en 1814 (selon M. ROUVET, ci té par MARTIN, 1846) ...

En 1822, M. MARIN fils exploite de beaux minerâis au fond d'un puits de la branche

du Mur dans la mine supérieure (les deux bran­ches du filon, étant inclinées, portent les noms de branche du Mur, au Nord, et de branc he du Toit, au Sud).

C'est en 1823 qu'arrive à Sainte Marie un ingénieur de renom : COMBES. Le mémoire qu'il nous laisse sur les MiRes de Plomb se dévore à la manière d'un roman policier (à lire en annexe). On s' y re nd compte pour la première fois de l'importance des travaux des Anciens "s'élevant à une hauteur très considé­rable dans la montagne" sur les deux branc hes du filon des Mines de Plomb (que, soit dit en passant, Combes considère comme deux filons indépendants) ; Combes tenta de surmonter ces vieux travaux dans leur partie reculée au moyen d'un dépilage-cheminée montant, pour ... percer à 53 mètres de hauteur dans les anciens ouvrages ! La description de Combes s'accompa­gnait d'un plan ou d'une coupe détaillée qui, ayant été récupérée par les Allemands durant la période récente, semble à tout jamais disparu. Ce'la ne fait qu'ajouter au piquant du rapport de Combes qut fait constamment référence aux numéros de son plan, de sorte que la reconsti­tution de la mine est pour nous un vé ritable jeu de patience. Quant à sa description de la grande cheminée de 53 mètres, elle est précieuse à juste titre à nos yeux d'archéologues.

Nous allons énumérer à présent les autres enseignements du rapport de CO MBES.

1- Les deux "branches" productives se réunissent dans la hauteur : la br anc he du Toit est donc moins pentée que celle du Mur.

2- On apprend pour la première fois que la mine inférieure est tracée sur deux filons distincts , le premier (partie antérieure) de fer spathique et de pyrite de fer, le second, stérile dans sa plus grande partie, étant parallèle au filon de la mine . supérieure (dit filon de Surlatte) ; des travaux sont décrits sur les quelques parties productives.

3- La traverse creusée dans la mine inférieure en direc tion du filon de Surlatte, commencée on l'a vu en 1808, a été achevée en 1823 ; elle a débouc hé ... dans une ancienne galerie , qui se terminait à un puits noté No 10 ; le fait que cette galerie ait é té prolongée "en l'attaquant par les deu x côtés à la fois" jusqu'au­dessous du puits N°40 est notoire : il signifie que la partie reculée de la galerie a ét é creusée à rebours, en partant depuis le fond du puits N°40 de la mine supérieure.

4- Une voie de roulage en fer a été établie dans la mine inférieure, notamment

- ''à cause de la longeur des galeries".

5- On est stupéfait de la richesse de la lentille exploitée par les Anciens dans les trois puits superposés N°40, 41 et 42 : "des blocs de 3 à 4 quintaux s'étaient détachés

du faite de l'ouvrage montant et contenant au moins les 5/ 6 de minerai de plomb", et, à propos du puits N°43 : "ce puits a 12 pieds de long et jusqu'à 10 pieds de large, ce qui n 'est pas encore toute la largeur du filon •. • "

6- Malgré deux machines d'aérage, on manquait d'air dans ce puits N°43, ce qui déter­mina M. Lariguaudelle, banquier à Paris, action­naire avec MM. Wimpfen frères et Cor, à suspen­dre ces travaux, malgré la richesse du filon.

7- Le rapport relate alors des faits é­tranges qui vont captiver toute notre attention : "Au point N°53 existaient{ dans le sol de la galerie inférieure, d'anciens travaux dans lesquels se perdaient toutes les eaux de la mine de Surlatte ; il était naturel de présumer qu'en rouvrant ces travaux, on arriverait à une an­cienne galerie qui donnerait issue à ces eaux •.• "

Suit une description qui nous tient en haleine d'une exploration spéléologique dans le réseau XYlème siècle de la mine ... Traugott !!*, c reusee depuis le val de Saint Philippe "sur

un filon dont la direction · fait avec celle du filon de Surlatte un angle presque droit", à un niveau de 52 mètres inférieur à celui de la Mine de Plomb inférieure.

Le paragraphe suivant permet un position­nement relatif du puits N°53 et de la colonne des trois puits 41, 42 et 43 ; ces derniers se trouvent 290 mètres à l'Est du premier. Une jonc tion est projetée qui permettrait de leur · apporter de l'air. Bornons nous pour l'instant à noter ces faits.

8- Enfin, on, lit que COMBES projetait d'installer un manege à chevaux (!) dans la vaste excavation au som met du puits N°53.

9- . La dernière partie du rapport concerne la préparation mécanique du minerai. Elle n'est pas sans intéret car ces problèmes régissent plus qu'on a coutume de le penser la prospérité de la mine.

L'essor de la période COMBES fut de courte durée. Les embarras financiers de la maison Cor et Larigaudelle, engagée dans d'au­tres spécula ti ons malheureuses, firent arrêter le travail dans les mines de Sainte Marie en 1826.

Par la suite, et jusque vers les années 1850, les deux Mines de Plomb ne firent l'objet que de visites à intervalles réguliers. Des docu­ments conservés au Service des Mines de Stras­bourg nous indiquent les longueurs alors encore access ibles dans les deux galeries principales.

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Fig. 28. Profil général des Mines de Plomb:

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profil au 1:1000 des Allemands ( 1900 ) ,

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la Cloche Blanche

G esenk Il ( "Sa Ile à M and re" )

emplacement de la Salle des Chevaux

MINE DE PLOMB i NF

6 . Gesenk Ill ou puit s 53 de C ombe s

7. éboulement terminal actuel de la Mine de

Plomb inférieure ( bran che du M u r, Ga lerie

du Frugal Repas )

8. G esenk IV

9 . puits 41 et 42 de Co mbes

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5. Période récente : 1899-1901

Dès 1897, la nouvelle "Markirc her Berg und Hüttenverein" attaque l'Engel sbourg, le Tiefstollen et le Fürste nstollen, ce dernier dans le but de servir de ga lerie d'écoulement, longue de 1500 mètres, pour les Mines de Plomb.

Mais ce n'est qu'en 1899 qu'est entre pri se l'exploitation de la Mine de Plomb, et de la seule Mine de Plomb inférieure, la su perieure n'étant qu'entretenue jusqu'à 450 mètres de son entrée pour l'aérage.

Nous n'avon s malheureuse me nt gardé de rapport détaillé que pour 1899-1900 (voir en annexe la traduction de ce Geschafts Bericht). Notons-en les points qui nous paraissent les plus intéressants.

1- Les travaux ont les exploitants aient eu l'architecture du gisement.

commence la moindre

sa ns idée

que de

2- Un beau jour, ils découvrirent le plan de COMBES, et tout se mbla s'éc lairc ir. Les choses sont très simple s : en dehors des filons de la partie antérieure de la mine (dont on ne parle même pas), les filons sont au nombre de deux : le filon des Mines de Plomb (filon de Surlatte de CO MBES), NE à ENE, et le filon de la Galerie, NNE, qui c roi se le précédent, et porte le nom au-delà de ce c roi sement de

filon de Traugott, dont on pe rcev rait au jour la trace sous forme d ' un e suite de Pingen (entonnoirs d'effondrement de puits). C'est à ce crois e ment que se produit en même temps la t:livision en deux branches du filon des Mines de Plomb.

3- A ce propos justement, on note que contrairement à ce qu'on observe dans la mine supérieure, le filon des Mines de Plom b est productif déjà avant sa bifurcation en deu x branches (déjà noté, on l'a vu, par DE DIETRICH). Mê me le filon de la Galerie est minéralisé

au voisinage du c roise ment.

4- La galerie princ ipale a é t é relevée jusqu'à un point SI tué 140 mètres à l'Est du croisement dans la branc he du Toit, "constam­ment à travers de vieux dépilages" ; on prépare en ce point le fonçage, un peu à l' écart du filon, d'un puits vertical, le "Gesenck IV".

5- Au croise ment se trouve le "Gesenck III" ; c e n'est pas autre chose que le puits W53 de COMBES. Le vo ic i don c positionné ! On projette alors de relier les fonds des pu it s lil et IV par une strecke, qui s'étend en out re à l'Ouest du puits Ill, afi n de préparer un nou­veau champ d'exploitation.

6- Plus à l' Ouest dans le toit, un filon considéré comme un embranchement du fi lon de Traugott a été suivi par un traçage relevé sur 80 mètres. On a fo ncé sur cette branche le "Gesenck Il", profond de 14,5 mètres .

14

7- Si ces différents travaux peuvent être pos itionnés su r le petit plan au l:500C du Geschafts Beri c ht, il n'en n'e s t pas de mêmE d'un puit s de 16 mètres foncé dans le filor de la Galerie.

Tout comme les Allemands e n 1899, nous avons eu la main heureuse en exhumant des a rc hi ves de la Soc iété Industrielle de Sainte Marie deux plans au l: 1000 des Mines de Plomb, le plus ancien ayant é t é levé en mai 1899 par le géomètre SC HAA L, le second étant une copie du premier co mplétée à l'enc re et au c rayon par des tr avaux faits jusqu'en avril 190 l. Mais surtout, le second comporte une cou pe qui se mble avoi r ete recopiée sur le vieux plan de CO MBES, car elle montre des ouvrages qui ne sont pas décrits dans le Ge­schafts Bericht, et n'étaient manifestement pas exploités à cette époque. Malheureusement, le s points numérotés sporadiquement jusqu'à 4 1 ne co rrespondent pas à la numérotation de COMBES (sauf pour la galerie 8.8.8. !).

On y vo it notamment se dresser au-dessus de la galerie supé rieure, dans la partie reculée du filon, un dépilage d'un seu l tenant long de 200 mètr e s et haut de 80 mètres, dans la bran­c he du Mur. Ce serait de t rès loin la plus grande cavité des Vosges ! Dans cette même partie reculée, mai s dans la branche du Toit, au­dessous de la ga lerie inférieure, on y vo it un sy stème de puit s qui sem ble correspondre aux puits QQ et R du plan MALLET et DUHAMEL, et peut-êt r e aux puits ric hes 41 et 42 de COM­BES.

Les a d di tifs comportent la mention de la date d'avancement des différents fronts de taille. /\insi par exemple, le Gesenck lil a été fonc é en 1 90 l jusqu'à 54, 15 mètres (avec au fond vers le NE un traçage de 70 mètres), soit à peu près le niveau de Traugott ; le Ge­senck IV atteignait 56 mètres le 13 avril 1901. Sur le filon de la Ga lerie, deux traçages vont à la rencontre l'un de l' autre, le premier issu du c ro isement des filo ns, le second du carrefour à 379 mètres dans la partie antérieure de la mine (point de dé pa rt de la traverse de 1808 - 1823 ver s le filon des Mines de Pomb) ; les fronts de taille a u 15 oct obre 1900 sont encore distant s de 80 mètres . Le Gesenck Il sur une branche de fil on Traugott est prolongé au crayon jusqu'à une profondeur de 52 mè tres, mais on ne peut dire s' il s 'a gissa it d'un proJet ou d'une réalisation.

1\ près 190 1, c ' est le trou. Nous n'avons pour toutes données qu'un résumé conservé a u Se rvice des iv\ ine s de Strasbourg. C i tons-en in-e xt enso le s passages concernant les Mines de P lomb :

Ann~e 1901 ~es des rest i c tians importantes se ments rencontr~s dans la

travaux ont subit parce que les gi­Bleigrube et dans

la mine Gabe-Gottes se sont montres trop in­signifiants (sich als W1bedeutend erwiesen). La galerie Fürstenstollen menée pour trouver le filon à plus grande profondeur a atteint la longueur importante de 1380 mètres et est près du filon. Les prochains mois décideront de l'avenir de l'affaire. Si, , à la profondeur de cette galerie, le filon a aussi peu de valeur, l'arrêt complet des travaux est inévitable. Cette galerie était à la fin de l'année le seul chantier actif de la Bleigrube ... ".

Année 1902 : "La galerie (Fürstenstollen) n'a pas trouve non plus avec la composition souhaitée le filon pour lequel on l'effectuait. Cependant, on n'a pas arrêté les travaux ; on recherche par des galeries latérales (Seite­nortem) et des travers-bancs à se faire W1e idée claire des conditions de gisement. Il parait de jour en jour plus douteux que l'on réussisse à découvrir des passées exploitables.

Année 1903 "On n'a pas découvert de gisement qui mérite d'être signalé. Cepen­dant, la Gewerkschaft n'a pas perdu l'espoir d'W1e amélioration et fournit les ressources nécéssaires pour continuer la prospection".

Après 1903, il n'y a plus rien pour la Mine de Plomb. L'arrêt complet des travaux se produisit au début de 1905.

Ainsi, dès la fin de 1901, seul le Fürsten­stollen restait en chantier. Rien n'indique parmi les documents que nous avons qu'il soit entré en contact avec les profondeurs de la Mine de Plomb. On le voit, la fin de l'his toire des Mines de Plomb est empreinte d'une certaine tristesse.

6. Chiffres de production

Nous n'avons que des donnée s fragmen­taires sur la production des Mines de Plomb. Les voici, converties en tonnes de galène par an (éventuellement extrapolées à partir de données concernant quelques mois)

1775 1784 1785 1806/1809 partir de la produc tion MUHLENBECK) 1824 1900

24 t 127,5 109,5 t 2 3' 5 t en plomb

140 t 36 t

(calcul~ à donnée par

Teneur des galènes en plomb : 7 5% (selon Ge- . schafts Bericht) · Teneur des galènes en argent :0,65%o

15

CHAPITRE Il LES DONNEES DE LA PROSPECTION ETUDE DE LA SURF ACE

1. La carte des haldes, entrées, pingen ••• Nomen­clature.

On l'a vu , le noeud filonien des Mines de Plomb a fait l'objet de travaux d'approche issus de diver s horizons. De nombreuses mines se sont "partagées" ce gisement. Il importait donc dans la première phase de notre travail de lever une ca rte préc ise de tout ce que l'on peut observer en surface, afin d'avoir une idée claire des diverses mines susceptibles d'avoir approché le gîte. Il s'agissait essentiellement de cartographier les haldes, les entrées et les pingen (puits éboulés) ; mais il était intéres­sant de lever par la même occasion les anciens chemins des mineurs.

1.1 . Les cartes préalables

Etablissons préalablement un inventaire rapide des cartes préexistantes.

a- La carte du rapport au Régent ( 1715, arch. de l'Acadé mie des Sciences) ne montre rien du cô té des Mines de Plomb, si ce n'est -ce qui n'est pas sans intérêt- les limites fores­tières de l' é poque et les chemins. On y voit deux maisons à l' emplacement de la halde de la Mine de Plomb inférieure, et une clairière à l'Est de notre mine "Vie ux Rimpy".

b- La ca rte accompagnant le rapport MARTIN (1846) (voir P. et T. N°l5/l6) comporte dans l'ensemble beaucoup d'erreurs pour ce qui concerne l'emplacement des mines (p. ex. "Mine de Surlatte" placée 150 mètres en J'aval de son emplacement réel). Par contre, du côté du vaJJon de Saint Philippe, on y voit, au Sud de la carrière à chaux, un pingenzug (train de pingen) ; Traugqtt inférieure est désigné comme "Mine Sai nt Philippe", alors que Traugott moyen, Traugott sup. et Je Berg Armo sont désignés comme "Traugott". Au Sud du Berg Armo, quelques pingen (notées 30) s'alignent sur Je prolongement Sud du pingenzug précé­demment mentionné, en direct ion des Mines de Plomb.

c - La carte Lesslin (vers 1860 ?) n'est pas basée sur un fond topo précis. Elle n'indique que les mines principales et offre pour princi­pal intérêt de monter l'emplacement de certaines installations de surface (nous y reviendrons au chapitre VI). Du côté du Saint Philippe figure une vaste halde dans le vallon le plus a l'Ouest (Pfaffe nloc h) a ppe lée "Sapin Vert" par Lesslin. Au-dessus de la galerie de Suscité, on y voit e ncore troi s haldes ap pelées curieusement "les trois puits de Grünenwald".

d- La carte Hausser ("Das Bergbaugebiet vo n Markirch", 189 3) o ffre également le désavan-

tage d'un fond topographique trop impréc is. Si elle est dans l'ensemble plus complète que les précédentes, on notera sur l'extrait c i- joint que, entre les haldes du Berg Armo (au Sud de celles indiquées "Traugott") et ce lles du groupe Bleigruben, c 'est un véritable dése rt. La très vaste halde de Nothilf a été scindée en trois hal des ; les trois autres petites hal des qui la surmontent sont en réalité sur un a li­gnement N 60 ; Hausser les présente ainsi

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Fig . 3 . Ex tr a it de l a ca rt e HAU SSrR à 1:1 250 0.

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e- La carte Fluck ("les mines de Sainte Marie-aux-Mines", 1 968) est une adaptation à un fond topo plus correct d'une carte Hausser améliorée ; si elle est fortement modifiée pour le Neuenberg, le quartier des Mines de Plomb a été fort peu retouché.

(trad.) : "Au-dessus des haldes principales se trouvent trois haldes superposées, qui corres­pondent app01·emment uniquement à des travaux par galeries ; on devrait penser sinon à des puits d'aération. Dietrich ne les mentionne pas. S'agirait-il de travaux parallèles sur le filon principal ? ". Hausser n'a pas dû consulter les cartes de Lesslin : il ne figure ni son "Sapin Vert", ni ses "trois puits de Grünenwald".

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f- La carte Fluck ("plan d'ensemble des mines de Sainte Marie-aux-Mines", 1973, envi ron 50 tirages) est issue de plusieurs années de prospections. Elle montre pour la première fois une représentation à peu près complète des ha ldes du quartier des Mines de Plomb,

et, surtout, l'existence d'un pingenzug sur la crête d'un filon, entre le Berg Armo et notre "Vieux Rimpy" (pingenzug du Vieux Saint Guil­laume). Elle a subi plusieurs améliorations, la dernière en date étant représentée sous forme d'Atlas dans P. et T. N°l7 ; cette dernière

Fig. 4. C art e F LU C K , é dition 1 979 .

17

édition figure pour la première fois le gro~~ de 16 haldes qui surmonte la Galerte de Susctte, dans le vallon de Fertrupt, sur le prolongement oriental du faisceau filonien des Mines de Plomb. Le fond topo est l'édition au 1:10000 de la carte lGN.

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1. 2. La nouvelle carte La nouvelle cartographie du Neuenberg

(1981) a montré que la carte lGN devenait totalement inutilisable pour une étude un tant soit peu précise des mines. C 'est pourquoi nous nous sommes enquis ici de lever la totalité du terrain couvert (voir cadre géographique, p. 5 ) par la méthode boussole-décamètre, qui offre sur celle du théodolite l'a van tage de la rapidité pour un résultat peu inférieur. Les

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levés ont é t é effec tués systématiquement au 1:500, le report au 1: 1 000, et on en a tiré un soécimen au 1:2000. Nous représentons la carte à. l'éc helle du 1: 5000, plus maniable (annexe 5), échelle qui sera celle de la future carte des haldes de l' Alte nberg (qui viendra donc compléter celle du Neuenberg). Les chemins servent de support topographique.

Par rapport à la carte précédente, notons

les apports sui vants :

- Les haldes de la Mine de Plomb infé ­rieure sont au nombre de quatre, separees par des chemins et pa r le rui sseau ; la plu s vaste n'a vait pas ét é figurée précéde ment.

- Une halde suppié ment ,aire, assez conse­quente, apparaît en ri ve ga uche du ruisseau et en contrehaut du che min fo restier du Cha uf­four ; l'entrée co rrespondante a di spa ru sous les éboulis du versant.

"Mare ha ide

- Au pied de la halde de la mine di te au x Sangliers", vient s'ajoute r une autr e supplément a ire , insignifiante celle -c i.

La distance séparant "Mine Erale" du "Vieux Rimp y" diminue de 80 mè tres. Voic i un exemple parmi d'autres montrant la néc essité de levés préc is.

- Le pingenzug du Vieu x Saint Guillaume comprenait sur l'ancienne carte 15 pinge n, pour le seul tronçon au Sud du che min re li a nt le "Vieux Rim py" à la He rmannshütte ; ses haldes apparaissaie nt to tale ment di s jointes ; on compte à présent plus de 30 pin gen dont les hal des sont pour la plupart jointi ves , beau­coup étant mê me e mboît ées. Voic i l'un de s plus beaux pinge nzug vosgie ns ~ De mê me, son prolongement aval jusqu'au Berg Armo est une suite de ha ldes emboîtées, à tel point qu'il est souvent diff ic il e de trou ve r l'e mpla­cement de l' orifice de la mine .

1.3. Nomenclature A l' exc eption des deu x Mines de Plomb,

du Berg Armo et du Vie ux Saint Guilla um e (voir rema rque cha p. l, § 1 ), ces mines n' ont pas de noms qui soient arri vés jusqu 'à nous. li est apparu indispensable de les ba ptise r, afin de savoir de quoi on parle dans les descrip­tions à ve nir .

C' est ai nsi que nous appe lons "Vi eux Rimpy" la mine, probablement médié va le, la plus rapproc hée de la c rê t e du Rimp y, "m inE Ingrid" celle découverte grâce à une escalade de Ingrid Re uber et Mathias Halstenbac h da ns la Mine de Plomb inféri eure et "Mare aux San­gliers" la grosse halde située à l' a plomb de la Mine de Plomb supé ri e ure et dont le plateau est occupé pa r une ma re dans laquelle vie nne nt s'abreuver ces ani maux. "Fée Carabosse'' fu t nommée du nom de la mau vaise fée du fa it qu 'i l s'agit d'une mine vra iment pas capti vante ne totali sant que 18 mètres, e t . dont l'ouve rtu re venait après la be lle histoire de la mine Féer ie . Mais tout le reste restait sans nom. Nous avons alors réuni durant le ca mp une Co mmission de Nomenclature qui établit une liste arbitrai re de noms de mines, e t les ha ldes du quarti e r des Mines de Plomb fur ent numé ro tées ; il fut proc édé ensuite à un tirage au so rt dans le but d'attr ibuer un nom de la liste à - c haque numéro. La carte a été ainsi meublée.

18

2. Essai de classification morphologique des hal des.

Ce qui frappe à l'e xamen d'une carte des ha ldes, c ' est la re lati ve homogénéité de leur forme, issue de lo is pure me nt mécaniques. Une représenta tion de s haldes à grande échelle doit ê tre suscept ible d'ê tre utilisée pour calculer e n pr e mière approche le développement des réseau x soute rrains. Ceci est possible lorsqu'on connaît la période d' ex ploitation de la mine, e n prenant le gabari t moye n des galeries de cett e époque , le s résultats devant être bien sûr pondérés si l' on suppose l'existence d'un volume important de dépilages. Le calcul, peut ê tre fa c ilité si l' on assimile la halde a une forme géométrique simple. C 'est là l'un des inté rê ts, en dehors de J' é tude purement morpho­logique de paysages, que peut présenter une cla ss ification des ha l des en fonction de leur géo métrie. En voic i les principau x types, les e xemples étant direct e ment rep1qués sur la carte des halde s au l :2000 du quartier des Mines de Plomb (ou sur ce lle du Neuenberg) ; cette classification peut être étendue à toutes les haldes anciennes. Dans preque tous les ca s, la halde comprend un plateau et une partie inc linée à 33° max imum .

1. Formes simples de haldes sur versants. Selon la pe nte, on di stingue trois variétés :

a . simple "glacis" peu épais (cas d'u~e pe nte fort e ) ; le pla t eau devant_ la, tranchee d' e nt rée se réduit à un trait parallele a la cour ­be de niveau) ou à un po int. Exe mples :

T r o u So t group e Sa int J e a n ( Ne u e nb e r q )

D'a utres bons exemples sont les deux Saint­Pi er re e t le La nge r Schac ht (Neuenberg).

b. épaulette simple (pente moyenne) Exe mples :

M C~ r e a u x Sang li e r s

Tro u P ea u

Ce type peut-être déformé si les maté­riaux ne sont pas déversés symétriquement par rapport à la ligne de plus grande pente. Exemples :

Grand es H a lde s ( Ne u e nb e r g)

Vieux Saint Guillaum e

c. si le plateau se réduit à un trait (per­pendiculaire à la courbe de niveau), matérialisé par la voie de roulage sortant de la mine. Exemples :

d. enfin, si la mine est très petite , le plateau peut tendre vers un point. Exemple s :

F é e C ar a b oss e Min e sa n s No m

2. Formes de piémont trouve au pied du versant, la halde étendu. Ici deux cas se présentent :

l'entrée se est à plateau

a. la halde oeut s'étaler sans obstacle sur le fond de la vall~e. Exemple

E ng e ls b o u rg ( Neu e nb e rg )

b. la halde est limitée a étroite entre le pied du ve rsant et (ou un chemin). Exemples :

une bande le ruisseau

19

Min e In g rid

G a b e-G o t t es ( Ne u e nb e rg )

3) Cas partic ulier d'une très grande mine haldes éclatées. Les matériaux sont alors déversés dans tous les espaces disponibles dans l'environnement. Les haldes peuvent être multiples. Exemple : Mine de Plomb infé­rieure

4) Cas morpho logique in verse multiples. Exemples :

réunion de haldes

G r o up e Sa int ca rl e ( pag e h a ld e s ' é t e n d

J ea n ( N e u e nb e rg ). La s ui v . ) m o ntr e qu e la ve r s l e b as e n langue

d a n s un lége r c r e u x du t e rr a in ; e ll e es t s i p e u épa isse s ur ses b o rd s q u'un e p in g e la tr ave r se sa n s ve rgo­Llne . D ' a u t r es pe tit es h a ld es , d o nt ce ll e de la pi nge , sem bl e nt r e p ose r

s ur la pr e mi è r e à l a m a ni è r e d es c ô n es :oJdv e n l if s s ur les fl a n cs d'un

vo lca n .

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1 : 3000

Pfaffenlo c h: r é uni on de d e u x h a ld es

5. Haldes correspondant à des pingen ; e lles ont la forme de cônes vo lcan iques coupés par la pente de la montagne. Leur express ion carto­graphique est en demi-lune. Exemple pri s sur le pingenzug du Vieux Saint-Guillaume :

20

Calcul du volume d'une halde simple (formules de P. HENR Y).

Il s 'ag it du cas !.b. , où la halde peut être assimilée à un cône tronqué, lui même coupé par un plan figurant le versant de la montagne (fig). Soit R le rayo n du plateau, &H l'angle de pente du cône de la hal de et &M l'angle de pente de la mon­tagne. Le vo lume V es t donné par la formule mathématique :

v R3

[ 8 rr ol. 16 d... 2 J

= 1.(~-.x) 3 + 2 (3-cl... +zs (~-o~.J2 avec

La formule pratique s'écrit :

ol.. = cotg BH j3 = cotg BM

V = R3

%PM [0,667 P~ + 0,363 P~ - 0,940 PH PM] (PH -PM)3

avec PH = t g &H = pente de la halde et PM :: tg eM = pente de la montagne

3. Quelques structures remarquables.

Dans la lignée de notre classification morphologique des haldes apparaissent quelques cas partic ulie rs remarquables, en ce sens qu'ils nous permettent des déduc tions archéologiques sur la chrono logie des exploitations.

Le premier de ces cas est ce lui d'une halde échancrée par la tranchée de la mine sous- jacente . Il se présente avec la hal de de Réseau Lu tion, échancrée par la tranchée d 'entrée de la Mare aux Sangliers. Cet exemple mérite d' ê tre figuré à grande échelle (plan e t coupe fig . 5). La coupe montre en hachures la partie de la tranc hée enle~ée par les travaux de terrassement pendant le cam p. L'exemple mon t re que la galerie Mare aux Sangliers a ete probablement creusée après la phase princi pale de l'exploitation de la mine Ré­seau Lution puisqu'elle échanc re sa halde de fa­çon fran c he. En effet, dans le cas contraire, la mine sus-jacente, afin d'éviter de gêner l'exploi­tant du dessous, verse ses matériaux latérale­ment. C' est le cas par exemple des mines X et y observé à Sainte Marie-aux-Mines, représente c i-c ontre. Cependant, une autre explication pourrai .t ê tre env isagée : la Mare aux Sangliers aurait pu protéger son entrée des déve rsements de Réseau Lution par un bo isage en hauteur ; l'anéantissement de celui-c i par l ' â~e aurait provoqué l' é boulement qui échancre a présent la halde de Résea u Lution. Mais une telle hypothèse ex ige pour ê tre vé rifiée, des preuves de l'existence d'un te l boisage .

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Ha c hur es

hal de Réseau Lut ion

P l a n e l c oup e d e

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p a rti e e n l evée

7 pr e mi e r s jour s du ca mp.

l a tran c hée

Sa ng li er s .

p e ndant l e s

La deuxième structure remarquable est celle des haldes emboitées dans le cas d'une ex­ploitation à forte densité d'orifices. Ce c as se présente dans le pingenzug du Vieux Saint­Guillaume, comme le montre l'extrait c i­dessous de la carte au 1:1000 .

tentative d 'ouverture de l'éboulement (1973 -1981)

4-. Les enseignements de la carte des haldes.

Les considérations de nos pa ragraphes et 2 é t aient purem e nt desc riptives. Avec

le point 3, nous avons déjà effleuré des ques­tions qui relèvent d'une interprétation de la chronologie de certaines exploitations. Abordons à présent les· vé ritables e nseignements que nous apporte la carte des haldes (outre bien sûr une premiere est imation possible de la lon­gueur des réseaux, mats nous ne Jugeons pas utile a ce stade de l' é tude d'ava ncer de tel s chiffres) .

4-.1. Une première ébauche de la carte de filons

4-. J. J. Trains de haldes et pingenzugs.

Il suffit d'un coup d'oeil furtif pour s'apercevoir que beaucoup de haldes sont distribuées selon des alignements. Faut- il préci­ser ici qu'un aligneme nt de troi s haldes n'est pas la preuve de l' existence d'un filon, les tro is galeries pouvant être des travers-bancs (beau­coup d'auteu rs s'y sont trompés ~) ? L' étude des alignements peut-être conduite avec fruit s i l'on travaille en c onnaissance de cause, c'es t à dire si elle s'accompagne d'un minimum de don-

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nees sur l' a llure du filon (observations ponctuel­les ou souterraines ... ).

Com pte tenu de ces remarques, nous sommes en présence , dans le quartier des 1vlines de Plomb, et à première vue, de deux ali­gnements.

Le premter est cons titué par Mine de Plomb supé r ieu re, Mine ljupe, Mare aux San­gliers, Réseau Lution et Mine Erale. Il corres­pond à première vue au filon pinc ipal de la Mine de Plomb superteure. A première vue seulement, car lorsque nous examinons la topo de cette mine, nous voyons que nous avons affai re à un fai sceau de plusieurs fracturesà peu près parallèles ; qui plus est, si les trois ori­fi ces su pé rieurs de c et alignement se superpo­sent à merveille au tracé de la galerie de .Ja Mine de Plomb, il se ra it hâtif d'en conclure que ces premiers sont sur la même fracture, car ce serait ignorer que celle-c i à un pendage moyen de 60° ve rs le NW ~ Nous préciserons ce pro­blème plus loin (chap. lll, 6.2.).

Le second est plus beau. C'est celui des Pingenzugs du Vieu x Saint-Guillaume et du Berg Armo ; nous situons pa r convention la jointure des deux au ni veau du c hemin Herrmannshütte­Yieux Rimpy ; là, la direc tion de l'alignement passe de N 20 (pingenzug du Vieux Saint-Guillau­me) à N-S (pinge nzug du Berg Armo, au Nord).

Un examen plus attentif montre qu 'i l n'y a pas là une veine unique que l'on peut suivre du doigt sur 700 mè tres. Cette partie du fais­ceau filonien de Traugott (pour l'appeler par son nom) se compose en effet de plusieurs tron­çons , soit, du Nord vers le Sud :

- Le tronçon N-S du Berg Armo ; il con­siste en un faisceau de filons, comme le montre l' écla tement ·des pingen sur la carte en plusieurs alignements ;

- Un tronçon N 20 rigoureusement rectili­gne qui co rrespond à un filon unique sutvt vers le SSW jusqu'à en viron 60 mètres au S de l' entrée. du Vieux Saint-Guillaume ;

- Un tronçon N 40 qui cor re spond à un fi­lon qui c roi se le précéden t à l'e mplacemen t de la pinge d' effrondre ment à 5 mètres de l'entrée du Vieux Saint-Guillaume ; on peut le suivre ve rs le NE (comme l'atteste une halde à l'écart de l'alignem en t pr écédent) et ve r s le SW jusqu'à la pinge la plus é levée du pingenzug (ait. 834-)

la pinge la plus é levée du pingenzug (ait. 834-) ; on sa it qu'ensu ite ce filon se gauchit légèrement car on le retr ouve dans le Vieu x Rimpy.

- Un dern ier t ronç on à peu près N 20 se gre fferait su r le précédent non loin au Sud de la pin ge la plus haute (8 34) ; il est moins net car marqué par 3 pingen seulement, et semble cor-

respondre en profondeur au deuxième filon du Vieux Rimpy.

4.1.2. Les affleurements.

Mais une recherche des filons en surface ne saurait se contenter d'un simple examen des alignements de haldes ou de pingen. Comme il s'agit d'un travail de prospection, elle usera des méthodes de la géologie du terrain.

Une première méthode consiste à tenter d'observer des affleurements de filons comme I l ' ont fait des prospecteurs du Moyen-Age et du XYlème siècle au début de leur exploitation. Ces affleurements sont marqués par des produits rouille, noirâtres ou gris-verdâtre du chapeau de fer. Nous en avons trouvé sept :

1 - Le filon des Mines de Plomb propre­ment dit affleure au départ d'un nouveau chemin, à 150 mètres au SSE de l'entrée du Vieux Rim­py, et à peu près à l'aplomb de la Mine Erale (mais légèrement sur la droite conformément au pendage vers le NW de ce filon).

2 - 45 mètres plus bas en bordure amont du chemin presque hori zontal reliant le Vieux Rimpy au Chauffour, nous avions tenté le 27.1. l 973 d'ouvrir l'orifice de la Mine Erale à la pelle mécanique, mais sans trop savoir s'il s'agissait d'un puits, d'une galerie ou d'une fouille ponctuelle. La pelle a creusé une excava­tion de 3 mètres de profondeur dans la masse tendre du chapeau de fer du filon, sans rencon­ter de travaux. Il subsiste à l 'em placement de ce trou recomblé une légère dépression maréca­geuse (des sources marquent fréquement les pas­sages des filons).

3 - Dans la tranchée de bordure du nou­veau chemin précédemment mentionné (tracé en 1978), mais sur le revers du Tertre de la Fille Morte donnant sur la vallée de Fertrupt, affleÙ­rent dans un intervalle de 30 mètres 4 filons d'importance variable, tous inclinés vers le NW ; il s'agit très exactement du prolonge­ment du filon des Mines de Plomb qui apparaît donc ici comme un faisceau de fractures ; la direction du filon peut être ainsi mesurée, en tenant cor:npte du pendage, les troi s points d'ob­servation !~e t rouvant à des cotes diverses : cette direction est N 60. Au-dessus de ce groupe de 4 affleurements, sur la crête du Ter­tre de la Fille Morte, se voit une minuscule hal­de isolée qui semble correspondre à un grattage ; elle renferme des matériaux filoniens. Ce point s'aligne avec les précédents.

4 - Dans le vieux chemin c reux qui longe le pingenzug du Vieux Saint-Guilaume apparais­sent également des affleurements de chapeau de fer, mais cette observa tion reste à préc iser.

Une seconde méthode consiste à tirer le maximum du parti de la géomorphologie. L'explo-

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ration a montré que le filon de la Mine de Plomb inférieu re a été approché depuis le jour au travers de la mine Ingrid. Il se trouve que, à l'aplomb de cette entrée, le filon se mar­que dans le relief par une bande déprimée, limi­tée vers le NW par une saillie rocheuse conti­nue . On peut donc suivre en surface ce filon. Connaissant son allure exacte en profondeur et son pendage, il est aisé de cartographier, par une construction géométrique en tenant compte des courbes de niveau du relief, sa trace avec la surface topo . Cela nous a permis de le suivre en surface sur environ 200 mètres. Il s'est a vé ré que cette trace ainsi cartogrdphiée coïncide au poil près avec le fond de la tranchée d'entrée de la Mine Aigre, et approximativement avec celle de Trou Lala .

Trou Peau et Trou Sot par contre s'ou­vrent le premier par galerie, le second par puits, sur deux filons distincts du précédent. Trou Peau notamment a fait l'objet de nom L• reuses séances de tentative d'ouverture dans les années 72 à 74; on y a creusé en vain un puits dans la

masse molle du chapeau de fer.

Enfin, une troisième méthode consiste à dresser la carte géologique. Ceci avait été réa­li sé par P. FLUCK mais reste à faire dans cet­te <>ptique à plus grande échelle sur ce nouveau support. Il se trouve que le filon des Mines de Plomb, dans la partie sud-ouest, puis la veine du pingenzug du Vieux Saint-Guillaume matéria­li sent la lirnite par chevauchement entre les gneiss du groupe à lithologie variée (amphi­bolites, gneiss à grenat .. . ) et les gneiss à bioti­te et sillimanite. Les filons correspondent donc en partie au plan de chevauchement des pre­rn iers sur les seconds. Dans le détail, les choses sont plus comple xes e t relèvent d•! l'étude structurale que nous ne ferons ici qu'effleurer.

4.2. Renseignements sur l'affleurement des corps minéralisés.

Les alignements de haldes, confortés par les observations complémentaires dont il a ete question, peuvent certes nous permettre de dresser une carte des filons. Mais il faut bi-en noter ièi que ceci n'a rien à voir avec une carte d'affleurement des corps minéralisés. Expliquons nous. Un filon est un plan vertical ou incliné, qui co rrespond à une fracture de l'écor­ce ;·e,·restre (qui peut être> une fracture avec déplacement, appelée alors faille, cu une fractu ­re sans déplacement, appelée grande diaclase ou fente d'ouverture). Dans ce plan, la minéralisa­tion utile n'est pas répartie uniformément : elle est absente dans les zones d'étranglement, où les deux lèvres de la fracture restent jointives, e t remplit pM contre les parties qui offrent une ouverture. Les corps minéralisés ainsi présents dans le filon sont appelés passées, lentilles ou r; o~onne s selon leur forme. Dans les filons du quartier des Mines de Plomb par exemple, les

corps minéralisés en plomb ne remplissent qu'un faible pourcentage de la surface des filons. La gangue de car bona te de fer est par contre presque omniprésente.

Un alignement de halde·; ne permet pas de cartographier l'affleurement d'un corps miné­ralisé. Par contre, si des pingen d'une certaine importance se rencontr~nt, on est à peu près

sûr d être en présence d'une partie de filon qui a ete productive immédiateme nt sous la surface. C'est le cas des pingenzugs du Vieux Saint-Guillaume et du Berg Armo leur extension correspond à l'affleurement d'une vaste colonne minéralisée, à vrai dire probab:.e : ne nt la seule qui puisse êtr:! authenti­fiée dans ce quartier. Ceci signifie que les autres lentilles ou colonnes minéralisées n'affleu­rent pas en surface. Il apparaît en eHet très vra.' s;~mt>lable que les Anciens, qui étaient d'excellents prospecteurs, ont exploité en ~: urf.:tce tout ce qui affleurait au jour. On ne sait pas exactement quel était le produit de cette exploitation "superficielle" ; les haldes des pingenzugs apparaissent particulièrement pauvres en galène, soit que les matériaux aient été très bien triés, soit que les mineurs aient exploité là des carbonates de plomb de la zone d'oxydation. On ne peut rien dire non plus pour l'instant de la présence éventuelle d'une zone de cémenta­tion (à faible profondeur ?) enrichie en argent, qui pourrait expliquer peut-être une telle densité d'exploita ti ons.

~.3. Vers une première approche du droit minier médiéval à Sainte Marie ?

Observons de plus fJrès !e pingenzug du Vieux Saint-Guillaume. Nous avons vu dans l'his­torique que cette mine avait une origine médié­vale. Ne nous leurrons pas, les exploitants du XVIèrne siècle n'avait pas coutume de dévelop­per une exploitation aussi dense par pingen : leur approche se faisait en profondeur par des galeries, comme tendent à l'affirmer tous les anciens rapports. Nou~ voici donc en présence d'exploitations sur la crête du filon qui remon­tent à la toute première période d'activité. Certes, rien ne permet pour l'instant de !a date,-.

Une chose frappe à l'examen de la carte des pingen : les pingen de quelque impor­tance sont espacées très régulièremment par des intervalles de 22 à 25 mètres. Parfois :;'ajoutent auprès - de la pinge principale de petites pigen adventives. Cette con;, t Ha ti on est d'importance capitale pour une approche "archéologique" du droit minier médiéval. Elle nous montre que les mineurs d'alors avaient leur géomètre (Markscheider) qui attribuait à chaque exploitant un champ étendu sur 22 à 25 mètres en projection horizontale ! Une telle densité ne peut correspondre qu'à des exploitations très artisanales, et l'on est très volontiers enclin à imaginer une sorte de "ruée"

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où chaque mineur creuse s;m propre puits dans l'espace qui lui · ~ st imparti. Néanmoins, les haldes de ces pingen ~:ont assez grosses et on imagine volontiers, si la profondeur de ces puits est de l'ordre d'une vingtaine de mètres, un réseau de galeries d'une cinquan­taine de mètres s'y ~reffant. Chaque pinge deva:t donc employer plusieurs ouvriers, et les rencontres souterraines entre exploitations voi­sines ne devaient pas être rares.

~-~- Renseignements altimétriques.

La carte de surface est évidement Je support indispensable qui servira à dresser les coupes dans les plans des différents filons. Dans ·~ e:te optique, nous avons systématiquement cal­culé les cotes altimétriques des plateaux de hal­des, bords de pingen ou autres points remarqua­bles. Le calag;: se f.lit sur l'altitude de l'entrée de la Mine de Plomb inférieure, indiquée sur le vieu>: p:.an allemand (656,36 rn), et sur le point coté 737 situé à 50 rn au N\V de la cabane He.-rrnannshütte.

Ajoutons pour la curiosité que le point le plus haut exploité, sur le faisceau Traugott, est la pingen cote 83~. L'importance de sa halde n'exclut pas ;me continuité des cavités avec le Vieux Saint-Guillaume. C'est ce qui nous fait dire ':lUX touristes que le "filon de Traugott a été exploité d'un seul tenant sur 800 mhres de hauteur entre le sommet des puits du Vieux Saint-Guillaume et le fond des puits de Rumpa­pump à Fertrupt (environ cote 35)".

5. Les voies de communication.

Chaque mine importante devait avoir en principe son chemin d'accès. Nous avons carto­graphié plusieurs chemins très anciens selon toute vraisemblance- Le plus spectaculaire est le chemin creux ·qui longe du côté amont le pingen­z~Jg du Vieux Saint-Guillaume, en provenance de la crête ;:ers le sommet de l'Altenberg, et q•li se dirige vers le Tertre de la Fille Morte,; la parti·.'! haute de ce chemin doit être plus re­cente car elle recoupe, 500 mètres au-delà de la plus · haute halde du pingenzug, la halde de la petite mine supérieure de la Fille Morte (XYlème siècle), dite Trou Badour. Un chemin en pente douce monte jusqu'à la halde du Vieux Rimpy (par la c rête du Rimpy) et se poursuit vers le Sud à peu près horizontalement, vers de très vieux murs qui semblent correspon­dre à d'ancienne·; habitations. Un autre chemin passait devant l'entrée de la Mine de Plomb infé­rieure et se dirigeait vers 1a mine -;upérieure, quelques mètres en contrebas du chemin actuel (probablement XIX è me siècle) ; il se poursuit en chemin c reux en rive gauche du thalweg diri­gé vers l'E SE, p.1ssant entre les haldes Trou Peau et Mine Aigre. Un autre encore passe devant l'entrée de la mine Ingrid puis au pied de Fée Carabosse. Enfin, le vieux chemin

d~ Saint-Pierre-surl'Hâte · aux Mines de Plomt;> était très vraisemblablement exis<:ant dU XYlème siècle.

CHAPITRE Ill : SOUS TERRE : DESCRIPTION DES RESEAUX

Précisions liminaires de nomenclature.

a. "mine" et "réseau".

Nous faisons ample usage en spéléologie minière des termes "mine" et "réseau". Il faut éviter toute confusion

"mine" désigne Je domaine souterrain qui fonctionnait, du temps de l'exploitation, à par­tir d'une entrée donnée. Parfois, cependant, une mine avait plusieurs entrées (pour l'aérage par exemple, ou pour favoriser l'acheminement). Cependant, lorsque autrefois l'exploitation s'étendit, des groupes de mines "élémentaires" fusionnèrent fréquemment pour donner nais­sance à des mines plus importantes. Par exem­ple, la mine du Sapin Vert du début du XVIIème siècle était issue de la réunion entre autre de l'ancien Sapin Vert (qui avait deux galeries) et du Berg Armo. Au sens spéléologique, nous conserverons au terme "mine" la significa­tion restreinte à la toute première exploitation.

"réseau" peut av01r deux significations, toutes deux purement spé!éolog1ques 1 - C'est un ensemble de portions de deux ouou plusieurs mines accessible par des chemine­ments d'un seul tenant ; un tel réseau peut avoir une ou plusieurs entrées. Par exemple, on verra que la Mine de Plomb inférieure est en réalité un réseau d'au moins cinq mines, à un seul accès actuel ; 2 - C'est une portion d'espace souterrain, en principe complexe, découverte lors d'une exploration donnée ou d'une campagne d'e xplora­tions. Par exemple le "Réseau du Triomphe des Gros" dans la Mine de Plomb inféri~ure,qui a été découvert et exploré d'un bloc, ou le "Réseau des Opposants" qui lui fait suite, visité également par la sui te en une fois.

b. Nomenclature "spéléologique".

La voie de l'archéologie mini ·~re souter­raine étant ouverte par la spéléologie, la description du milieu souterrain va se plier à la nomenclatulre proposée par les spéléolo­gues. Ainsi, les différents réseaux, galeries, puits et points remarquables sont affublés de noms aussi curieux que drôles, com me il est de coutume en spéléologie. De tels noms remplacent avantageusement des numé­ros qui rendraient fade la lc~cture des rapport s. Ils apparaissent en outre indispensables dans

25

la description d'un réseau quelque peu complexe si l' on ve ut savoir de quoi on parle, car ils évite nt les longues phrases destinées à situer l'endroit.

t. Ce qui était "connu" avant le camp.

Plusieurs mines ont été. ouvertes avant le camp, en dehors de la Mine de Plomb supérieure dont l'entrée n'a jamais été éboulée. Décrivons sommairement ce qu'on t~n a tiré durant l'histoi­re de la spéléologie minière, ainsi que les tentatives d'ouverture, dans un ordre géographi­que du NE vers le SW en suivant le faisceau filonien (presque toutes ces inw!stigations sont l'oeuvre des Amis des Anciennes Mines).

1.1. Le Vieux Saint Guillaume a été ou­vert le 17 .2.1 972 par H.BARI et P .FLUCK. La galerie est éboutée à 5 mètres de l'entrée sous une petite pinge sur le filon. Celle-ci fut atta­quée le 6.1.1973 ; il s'agissait de s'enfoncer de 5 mètres pour atteindre le niveau du toit de la galerie. Après cinq séances, le puits fut abandonné le 17.2 alors qu'il. atteignait 4 mè­tre:;. Après éboulement dû au dégel, une timide tentative fut faite le 2.6.197 3, puis un nouveau cycle de seances a été entrepris en 1981, après un sondage du C.G. V .M. A nouveau le c hantier a été abandonné alors qu'on touchait au but. La succession de pingen qui font suite tem­père certes beaucoup l'ardeur, ca r celles-ci sont autant d'éboulements potentiels.

1.2. Le Vieux Rimpy. Une première en­trée a é té ouve rte le 27.1.1973 à la pelle méca­nique : c 'est ce lle d'une recherche de 20 mètres. La halde faisa nt présumer une mine plus étendue, F.BOUVIER a c reusé 10 mètres à gauche et ouvert en av ril 197 5 l'entrée du Vieux Rimpy. L'ensemble du réseau, tel qu'on le connaît enco­re actuellement, a été visité et topographié inté­gralement en quatre séances. Il se compose d'une mine principale qui aboutit à deux filons "parallè les" et d'une très petite mine supérieure (vo ir plus loin sa description). Nous n'avions par cont~e aucune docume_ntation ~hoto~raphique ~ur ce reseau,. dont l'entree s'est eboulee peu apres.

§ 1.3.

4. 1.2. Mine Erale.

la tentative Voir au chapitre Il,

d'ouverture de cet te mine.

1.4. Réseau Lution. Nom':·re:Jses séances à la main dans les années 197 4 (dès Je 28.4.) et 1978, sans résult.1t : l'entonnoir de l'entrée est coiffé vers l'amont par une très longue zone dé­primée qui peut être un ébou lement prolongé ou un verhau com blé (dépilage au jour d'une lentille minérali sée) . Une des séances de terras-

sement sur légende de de ce lle de

ce chantier est entrée dans la la spéléologie minière : il s'agit P.ROBINO, qui vint de Stasbourg

par une nuit sans lune, avec une pioche sans manche, pour c reuser de minuit à 4 heures du matin, sous une lampe à acétylène et une pluie battante ! Toujours est-il qu'on s'est rendu com pte que l'entrée est directement sur le filon.

1.5. Mare aux Sangliers. Nombreuses se­ances, comme à 1.4. La tranc hée d'entr~e est coiffée par un puits d'a1rage, dont l'entonnotr échancre fortement la halde de Réseau Lution.

1.6. Mine Ijupe. Tentative d'ouverture en 1980 par F .BOUVIER.

1.7. Mine de Plomb supeneure. Visitée par les Amis des Anciennes Mines di:s 1962. Nombreuses tentatives de décombrer l' éboule­ment final en cloche qui surgit à 316 mètres. Topographiée le 27.7.1974 au 1:500 (FLUCK­B!\ RI), topo co:11p:étée et révisée le 12 .7 .197 5 (avec J.Ph. EISSEN). Ce n'est qu'alors que fut reconnu le Réseau des Chatières. Mais aucune observation fine n'a été faite dans cette mine.

1.8. Mine de Plomb inférieure. Faisons l'historique des tentatives d'ouverture. t\ l'origine, une décharge occupe la tranc hée d'entrée.

a. Essai à la main en 1964 (par des mem­br es de l' U.C.J .G. 7 ) ; des bois sont dégagés.

b. Tentati<e :1 l'ai<;le d'une pelle mécani­quP 1 ·~ 16.10.1965. Toujours des bois : la galerie semble avoir été boisée en 1900 sur une certaine distance.

c. Tentatives à la main en 1970. CitJn:; le cahier de rapport des Amis des Anciennes Mines: - 26 septembre : "ouverture de l'entrée mais l'accès à la galerie n'.est pas encore possible" . (en fait il s'agissait d'une poche vide sous le boi­sage) ;

3 octobre : "roche très pourrie, mais bon espoir" ; - 10 octobre, en nocturne, avec éclairage fourni par un groupe électrogène : "découverte de deux boisements" (en fait, deux cadres) ; - 21 novembre : "Eboulement" (un outil enseve­li) ; - 12 décembre : "Gros éboulement".

d. En février 1972 une ouverture ~ la pelle mécanique est décidée. Celle-ci, toute neuve, ne dépassera pas la rivière qui coule à 20 mètres de l'entrée : le pont, trop vie ux. cède sous son poi.js ,

e. L~ 18 mars 1972, le pont est réparé à l'aide de la pelle mécanique réc happée de l'a: ~6-dent. Comme elle a encore du temps à perdre, elle creuse au fond de la tranchée d'entrée de la mine et l'ouvre. F..lle fera l'obje t de

26

quatre visites a u pas de course dans !es jows qui suiv ire nt, Ju squ' à l'ébou lemen t catastrophique de l'entrée, qui su rvi nt fin mars. Cloche finale à 555 mètres.

f. On tente à l'aide d'une grosse pelle mécanique d'éliminer les 150 mètres-c ubes de l'éboulement, mais sans succès.

1.9. Mine lmamahettabombomstand. Indi­quée comme "Mine sans Nom" sur le plan Lesslin. Pas de halde vis ible : elle aurait été recouverte par l'une des haldes de la Mine de Plomb infé­rieure. Tentative infructueuse à la pelle mécani­que (en 1965 7 ).

Passons aux travaux au Sud de cet alignement, toujours du NE vers le SW.

1.10. Trou Peau. Vaines tentatives dans les années 1974. On a ttaqua un renfoncement à l'amont de la tranchée d'entrée, dont le bord est à 6,8 mètres au-dessus du plateau de la halde. On s 'est enfoncé en boisant sur quatre mètres.

l.ll. Mine Aigre. Ouverte par H.BARI et F .BOUVIER en 197 5. L•ngueur deux mètres. Peut-être ne se trouvait-on pas encore au niveau de la galerie ? On a vu au chapitre II que cette mine s 'ouvre sur le filon de laMine de Plomb inférieure.

1.12. Fée Carabosse. Ouverte ~e 3 janvier 197 5. Déve lo~)p•~ rn-:nt : 18 mètres.

1.1 3. Alignement du Breidesgrab. Une mine y e:;t ouverte le 1.11.1980 par F .BOUVIER; cet alignement se trouve en rive gauche de la va llée, s:Jr le prolongement SSW du faisceau filonien. Dans la néc essité de limite:- 1 ·~ cadre géographique des fouilles! nous n'avons pas étu­dier ce quartier. Voir s;l description dans P. et T. No 21, p.l3 . . A signaler qu'une courte galerie a été ouvert~ brs d·~ J'élargissement en 1964 du chem in horizontal allant du Chauffour au Rimpy.

1.14. Trou Badour. Ouvert durant l'été 1'}76 p<:tr F.BOUVIER. S'ouvre par un travers~

bancs sur faille N 60, qui recoupe le filon a 6 mètres. Ce lui-c i est suivi vers le SE, puis vers l'Est , jusqu'au front de taille qui survient à 34,5 m·~tres de :•entrée, peu après un petit puits inondé. Développement 48 mètres (plu s pa:.·tie :nondée ). C'est la plus haute mine en altitude (907 rn) •)uverte à l' Altenberg.

1.1 5. Mine Yature. Ouver te en octobre 1976 par F.B :)UV IER, sous le Trou Badour, alti­tude 886. 12 mètres.

2. Résultats des chantiers en surface menes pendant le camp.

2.1. Le Vieux Rimpy et la petite galerie 2. nnexe ont été réouverts à la pelle mécanique.

Leurs entrée ·; S:)n~ rd3.tivement spacieuses.

2.2. La Mare aux Sanglier a fait l'ob;et dun chantier pratiquemen t cunti.1u pendant toute la durée du •:amp (voir le profil de la tranchée fig. 5.). La tranchée d'en:rée est longue de 18 mètres, 1.1 S:)le p;·ésumée de la galerie étant, à l'aplomb de l'e•1trée, à 8 ~ ·~ètre,; sous le ni veau de 1 'an<~ ienne surface ; à la suite des éboulements survenus ancienne­ment, et des modifications dues aux anciennes tentatives d'ouverture, le sol de la tranchée, avant nos travaux, était, toujours à l'aplomb de l'entrée, à 5 mètres au-dessus de la sole de la galerie. Il tallait donc s'approfondir de trois mètres au moins pour trouver le toit. Or il se trouve que la galerie est en charge, car l'eau sort sous pression même vers le sommet de la tranchée. Nous décidâmes donc de vider la tranchée, en utilisant au maximum la force motrice de l'eau pour évacuer les maté­riaux. Il suffisait pour cela de créer périodique­ment un petit barrage de retenue et de crever celui-ci ; au bout de quelques jours, l'eau avait étalé une langue de pierres et de boue qui s'éten­dait sur plus de 100 mètres le long du versant : Cette méthode s'est avérée payante tant que le fond de la tranchée gardait une inclinai­son assez forte. Lorsqu'il fut décidé de l'appro­fondir encore, on dut se résoudre à évacuer les matériaux à la brouette .

Le site a été utili sé durant la première Guerre Mondiale, comme le montre un treillis presque continu de fil de fer barbelé à environ 20 ou 30 cm de profondeur, ainsi que 1' aff ut d'un fusil mitrailleur au sommet de la tranchée. Nous n'a v ons par contre pas encore retrouvé de boisages, mais il faut préc iser que la la .·g·~ur de la tra1chée n'est que celle de la brouette.

En fin de camp, on parvenait au niveau · pr~surné du .faîte de la gale:'i ~- Ce <: hdntier va être poursuivi, m =c is il conviendra de le boise.­e~ d'en baisser encore le niveau, car il sera nécessaire de vider enco.-e, par le haut, ou en :;outirant par le bas, la petite cheminée d'airage dont l'axe ne se trouve qu'à 2,5 mètres de l'en-· trée. Ce puits n'est supposé haut que de 4,5 mètres jusqu'au niveau du faîte de la galerie.

Les travaux ont mo11tré q11e l'entrée est sur le filon.

L'intérêt de cette ouverture est le s•Jiv 'l.nt : on a vu que DUHAMEL e t LviALLET en 1785 signale11t des travaux montants dans la N"thh: If au point Y à 370 mètres du jour, faits pour "procurer de l'air". Le volume de la halde de la Mare aux Sangliers fait présager une mine de pi•Jsieurs . centaine~ de mètres. Or, 1~ potnt Y n'est qu'a 288 metres par rapport a l'entrée de la Mare aux Sangliers : il y a là de toute évidence une jonction a vec No thhilf , qui doit· se faire ; par ün :;y :; t ~ me de puits de

27

52 mètres de profondeur (en tenant compte de la pente des galerie:;). Or, p•)Urrait donc par là ar ri 1er dans les parties reculée:; de Nothhilf et en même temps en explorer le faîte. Qui ;)loJs ~sc, on trouvera encore un puits montant de 17 mètres com111uniquant dans le Réseau Lution dont la hal de est égale men: encore assez considérabl ·~. J:n .'in, on pourra vérifier l'existen­c e éventuelle d'une passée minéralisée dans c P.tte partie haute.

2. ). La Mine de Plomb inférieure a été ouverte à la pelle mécc.nique le 10 juin ; son entrée a fait l'objet de l'aménagement décrit page 4.

2.4. La Mine lmamahettabombomstand ':l

ét~ ouverte à la pelle mécanique le 16 juin ; son entrée est ha:Jte e :;t sp.1cieuse.

3. L'apport des techniques de la spéléologie minière.

Sans v')uloir tomL,er dans la redite, nous v')uloqs préciser la part de · la spéléologie mi­nière dans cette campagne. Celle-ci a un théa tre souterrain : les mines. Or, il se trouve que toutes les parties de ces réseaux souterrains ne sont pas d'un accès aisi à l'observation, soit ::jU'eaes se situent à l'arrière d'éboulements inf : a :1chissa.bles, soit que leur visite 11écessite des escalades ou des po·ogressions périlleuses . C'e:;t do•K a •J spéléologue qu'incombe le rôle d'ouvrir la voie.

Par "spéléologie minière", nous entendons ic i sa signification restreinte aux techniques de progression. Il est évident que cette expression possède aussi un sens élargi à toutes les investi­gations souterraines ; à ce titre, à la limite, l'arc héologie minière peut être considérée comme une branc he de la spéléologie minière :

Dans le cadre de notre camoagne, l'apport de la spéléologie, ne concernant prati­quement que la Mine de Plomb inférieure, a été le suivant : - escalade du premier montage et découverte du "Réseau Ingrid" (haute ur 18 mètres sur le pendage du filon) ; - escalade du petit dépilage (IO m) superposé au deuxième puits (puit s noyé), à 297 m de l'entrée ; - escalade du deuxiè me montage, à · 340 m de l'entrée ;

escalade pa rtielle du troisième montage, à 380 m de l' e ntrée ; - décombrage de l' é boulement dit "La Cloche Bla nc he" (voir plus lo in) ; - escalade du premier montage faisant suite à ce tte cloc he ; - escalade du montage au faîte de la Salle Tim­banque et de celui, au Nord du premier, qui sur­monte le carrefour du Si tzort ;

escalade et progression ayant abouti à la

découverte des réseaux difficiles dits "R éseau du Triomphe des Gros" et "Réseau des Opposan ts" ; jonction de ces derniers avec la partie anté­rieure de la mine par décombrage de deux ébou-lements ;

ouverture de deux passage~ en cha ti ère vers le réseau dit 'Complexe d'Oedipe". - ou ver ture du passage vers le "Réseau Puzzle" (le 30 octobre) ; - escalade du "montage" du Grand Méchant Loup (le 30 octobre) ;

Méthodes. Les escalades ont été faites en libre lorsque le montage est relativement é troit, en artificielle aux spits dans le cas d'ouvrages plus larges et tant que la r0c he ceste sa ine, enfin au mât d'escalade lorsque la roche ne permet pas. de planter de spits.

Le passage de la Cloche Blanche mérite d'êtrè spécialement relaté. Quatre séances de décom­brage y ont été consacrées durant le camp. La coupe fig. 6 et les sections sériées donnent une idée de ce chantier. Au début, une portion­décollée du faîte marquait l'obstac le final au point : elle a été débitée de façon à permet­tre de s' infilter en chatière sous la cloche. Mais celle-ci continuait de s'élever dans un système particulièrement chaotique. La section montre par exemple un bloc d'environ 6 mètrescubes qui s'était affaissé d'un mètre du plafond de la cloche. Le point le plus haut est à 8 mètres par rapport à la sole de la gale rie. On a pu pro­gresser ensuite horizontalemE'nt en décombrant un espace surbaissé encombré de blocs, qui ont été débités et empilés sur le côté droit la pose d'un train de planches dans cette partie a per­mis de progresser dans de bonnes conditions, et de s'avancer jusqu'à près de 20 mètres du début de l'éboulement. Mais l'enthousiasme s'est émoussé à la fin du camp et le chantier a été abandonné.

Cette cloche est sur une grande fracture N 35 inclinant de .50 à 60 degrés au NW ; c ette fracture se compose de miroirs de failles sub­parallèles ou qui se rejoignent pour former un découpage en lentilles de la roc he. Ce lle-c i est un gneiss broyé très clair (car très "argilisé"), dont la couleur contraste avec la pouss ière gris­noir qui recouvre les galeries creusées à la pou­dre, d'où le nom de Cloc he Blanche. Certains miroirs tapi ssés de graphite apparai ssent en coupe comme des traînées noires qui _tranc hent sur le fond blanc hâtre de la roche broyee.

Ce n'est que le 1 J août que, à l'occasion d'un relevé topo préc is de la Cloche Blanche, nous entrevoyons l'opportunité de poursuivre le décombrage. Le 14, une équipe creuse toute la journée. Au moment d'abandonner, l'un des équipiers entrevoit un vide vers le bas, vite élargi : c'est la chatière du chat fou, qui précède le cône d'éboulis descendant de la fin de la cloc he : la C loche Bla nche

28

es t franchie Par la suite, la chatière en dé but de la cloc he se ra agrand ie et transformée en "boulevard". Avec ses 26 mètres de longeur, c 'est la plus grande cloche d'éboulement à Sainte Marie-aux-Mines. Un seu l éboulement, dans le Tiefs tollen, atteint presque cette dimension.

Il import e de préciser que ces travaux ne sont pas dangereux pour qui connaît ce milieu : la précaution à prendre est de travailler avec des outils à long manche avant de s'engager dans un endroit encombré. A la suite d'un tel é boulement, la roche atteint un profil d'équili­bre mécanique qu'elle avait perdu avec le creuse­ment des galeries "car rées" XlXème siècle qui devaient être boisées : les Anciens savaient ce qu'ils faisaient en creusant des galeries étroites et de section ogivale tronquée !

Il est à noter encore que la Cloche Blan­che est juste à 1' aplomb de la cloche finale actuelle de la Mine de Plomb supérieure : il y a là une zo ne particulièrement instable de la frac­ture, qui correspond on l'a vu, à une portion N 3.5 , légèrement ob lique par rapport à la direc­tion générale du filon. Probablement y-a-t',il eu là une plus grande fri c tion qui a cause un broyage plus inte nse de la roche.

4. L'architecture et la minéralogie des corps minéralisés.

Il nous faut présenter l'architec ture des co rps minéralisés avant la description des ré­seaux qui constituera le co rps principal de ce chapitre. En effet, nous devrons savoir de quoi nous parlerons lorsque nous dirons par exe mple "telle galerie est sur le filon X, telle autre sur le filon Y". C'est peut-être mettre la charrue avant les boeufs, mais le système est trop complexe pour que nous ne commencions pas par en présenter la carte struc turale. Celle-ci est donc le fruit de toutes les investigations souterraines, enrichies de la première ébauche de la carte des filons en surfac e présentée au chapitre II.

Rappelons le schéma simpliste des Allemands un filon N 2.5 appelé filon de la Galerie croise le filon des tvlines de Plomb N .50 ; au N de ce c roi sement, le filon de la Gâ leri_e prend le nom de filon Traugott.

En réa lité, nous som mes en presence d'une frac turation complexe, qui débite la roche en un paquet de lentilles aux extrémités effi lées. ~n plan, les direc tions des fractures pourront donc osc iller autour de la direction générale d'allongement des le ntilles. Dans la dimension verti cale, selon l'emplacement relatif d'un point donné situé à la surface d'une lentille, le pendage mesuré pourra varier lui auss i ; les plans axiaux des lentilles sont le plus souvent inclinés vers le NW, de sorte

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que, dans la pratique, les pendages mesures varient de 4 5° à la vertica le.

Cette organisation s'exprime pleinement dans les branches du Toit et du tYlur du filon de Surlatte telle qu'elle peut se déduire de 1' interpréta ti on du vieux plan de Mallet et Duhamel, dont un extrait est présenté page suivante.

On voit qu'il est difficile de caractériser un filon par une direction unique. Pour la pratique, nous allons tout de même tenter de décomposer ce système en filons élémen­taires, étant entendu que le débit lenticulaire se retrouve à toutes les échelles : le moindre filon élémentaire est déjà en soi un faisceau de fractures, et lui-même n'est qu'une portion d'un faisceau d'échelle supérieure. Toutes ces fractures sont des failles, la direc tion du mouvement pouvant être décelée par des stries ou cannelures sur le miroir de faille. Dans la plupart des cas, nous avons observé des cannelures très pentées, souvent proches de la ligne de plus grande pente, ce qui témoi­gne d'une prédominance de mouvements relatifs verticaux. Presque toutes ces failles sont, au moins localement, minéralisées, et mérite nt donc 1' appe lia ti on de filons.

F ig. 7.

_____ '

~

Un extrait du pl a n d e MM. D UH AME L

et MALLET.

Pour suivre la description, il est néces­saire d'avoir sous les yeux la topo du réseau.

Nous avons déjà évoqué au chapitre II 1' allure du filon Traugott au Nord du fil on des Mines de Plomb. Nous avons vu par exem­ple qu'au niveau du Vieux Saint-Guillaume vers le Sud, le filon se di visait en deux br an­ches, l'une N 20 et l'autre N 40, et que sur cette dernière se greffait plus loin une nouvelle

30

veine N 20. En admettan t un pendage général vers l'Ouest, on aurai t donc dans ce quartier une branche du ri'lur (N 20), une branche du toit (N40) et une branche médiane (N 20).

Il se trouve que le "filon Traugott" tel qu'il est décrit dans le Geschafts Bericht 1900 au niveau de la \.1ine de Plomb inférieure (partie inaccessible actuellement) et notre "branche du mur" précédente, se superposent parfaitement. Pour admettre que ce soit le même filon, il faudrait donc que le pendage soit vertical ; or, les textes nous le décrivent comme penté vers l'Ouest au niveau des Mines Je Plomb. Il y a donc un problème, il faudrait imaginer un pendage inverse dans la partie haute (la dénivellation est de l'ordre de 170 m) ! En attendant, nous conviendrons d'appeler ce filon, au niveau des Mines de Plomb, "filon Traugott du Mur".

Au même niveau apparaît plus à l'Ouest, dans le quartier de la Salle à Mandre, un filon N 40 penté de 70 degrés vers le NW : le filon de la Salamandre ou le "filon Traugott du Milieu". A moins d'imaginer ici aussi un inver­sement du pendage dans la hauteur, ce filon est situé trop à l'Est pour coïncider avec notre "branche médiane" reconnue en surface

C roqui s int e rpr é tatif: fr actu r ation

"l e nl:i c ulair e "

dans le quartier du Pmgenzug, et dans le Vieux Rimpy (deuxième filon de cette mine).

Plus à l'Ouest encore doit se trouver un "filon Traugott du Toit" : c'est lui qui au rait été su ivi par la mine Berg Armo, avant que celle-ci ne débouche dans la Mine de Plomb supérteure par: un travers-bancs, a la distance de 360 metres de l'entée de cette dernière (cf. DUHAMEL et MALLET).

Nm

31

Fig. 8 Car te des Filons

Le tracé figuré est choisi au niveau de la Mine de Plomb supérieure. Il est obtenu, â partir des autres niveaux, par extrapolation en tenant compte du pendage ( sauf pour l a partie nord du faisceau Tra ugott, ~ pendage inconnu, où le tracé figuré est celui des alignements de pingen en surface) .

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Fracture de la Cloche Blanche

2 Fractures de la Gep,enortstrecke

3 Veine principale du faisceau Nothhilf ( ~ l'Ouest de sa divi­sion en deux branches)

4 T. a fracture N 70

5 et 6 Filons du Complexe d'Oedipt

7 Faille pr~sumée de la vall ée de Surla t te

tracé s upposé

extrapolation au-des sus de la surface topographique

C'est ce filon peut-être aussi qui coïnc ide avec le premier filon du Vieux Rimpy.

Ces trois branc hes se gre ff e nt sur le filon principal du quartier, le filon des Mines de Plomb, ou filon de Surlatte, que nous proposons d'appeler "filon Nothhilf". En effet, seule la Mine de Plomb supérieure ou Nothhilf s'y développe entièrement. Sa direction générale est N 50, son pendage de 50 à 80 de­grés vers le NW. Sa structure est assez simple dans la partie SW, bien que l'on distingue

un véritable faisceau de fractures dans le reseau des Chatières par exemple. Au NE, comme l'ont souligné tous les auteurs, il se divise en deux branches ; on a vu plus haut que celles-ci répondent au schéma de la fracturation lenticulaire.

Détaillons les frac tures satellites du fi­lon Nothhilf au niveau de la Mine de Plomb inférieure. Il faut tout d'abord remarquer que le filon est, déjà avant sa division princ ipa­le en deux branches productives, un faisceau : par exemple on peut y distinguer une fracture de la Cloche Blanche N 35 puis N 45 qui se complique plus à l'Est pour donner le fai s­ceau lenticulaire des fractures de la Gegen­ortstrecke, en moyenne N 65, sur lequel se greffe une veine minéralisée N 35 ; ce n'est qu'au Nord de ce système qu'apparaît la veine productive principale du faisceau Nothhilf, N 55.

Le filon de la Galerie (c onservons la terminologie des Allemands) se greffe sur le faisceau de Nothhilf et se développe vers le Sud. Sa direction moyenne est N 25, mais le caractère lenticulaire est ici partic utlèrement marqué. Il revêt alors l'aspect caractéristique de ce qu'on appelle une "faille tressée".

Dans le prolongement du filon de la Galerie vers le S W se trouve une autre fais c eau a fracturation lentic ulaire le filon de la Mine de Plomb inférieure suivi par cette mine sur une distance de 260 mètres il est fait de portions dont la direction varie de N 30 à N 50 selon leur position au sein des len­tilles. Seule une petite portion N 30 a été réellement productive.

Une fracture N 70 relie en 35 mètres le filon de la Mine de Plomb inférieure à ce lui de la Galerie ; c'est la seule frac ture à avoir un pendage sud ! Mais on ne peut rien dir e de son extension dans l'e spac e.

De nombreuses fractures secondaires se placent entre le filon Nothhilf et le filon de la Mine de Plomb inférieure : le travers-bancs sud­nord reliant les deux filons les montre. Il y a notamment le filon du Trou Peau qui affleure 7 5 mètres plus haut.

Au Sud-Est du filon de la Mine de Plomb inférieure, notons encore le filon du Trou

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Sot, lentic ulaire de direction dominante N 30, à pe ndage très redressé. Enfin sur le filon de la Mine de Plomb inférieure se greffe le filon d'en­trée (suivi notamment pa r la galerie d'entrée de cette mine), le seul à posséder une direction N 100, et qui se dis tingue aussi, on va le voir, par son remplissage. Ce filon passe en rive 9auche du ruisseau, sans qu'on puisse mettre en e vidence une perturba ti on notoire qui pourrait être due à la faille axiale présumée du vallon de Sur latte.

Voilà donc "campé" le décor de ce complexe filonien qui illustre par excellence le type Altenberg. Deux intrus viennent cepen­dant s'y glisser, se 9re ffant contre le filon de la Galerie à son extremité nord, tout auprès des fractures de la Gegenortstrecke : ce sont les filons du Complexe d'Oedipe, de direction N 7 5 et à pendage ... sud (proche de la vertica­le). Leur minéralisation différente, leur pendage sud et leurs épontes très peu broyées en font des représentants du système du Neuenberg. Il n'est pas exc lu que l'un d'eux coïncide en hauteur avec la veine quartzeuse HH' décrite par DUHAMEL et MALLET dans la mine supé­rieure !

Minéralisation (nous ne décrirons que les choses vi sibles macroscopiquement). La plupart des frac ture s montrent dans leurs parties ouver­tes (géodiques) la miné ralisation typique de l' Altenberg : gangue de sidérose (FeC03) en sau­poudrage de fins cr is taux, accompagnée de c ristaux de galène PbS qui est le minerai unique. Probablement la chloantite (arséniure de Ni-Co) doit s'ajouter à la li ste des minéraux primaires, car des quanti tés importantes d'annabergite (arséniate de Ni) de néoformation apparaissent dans le filon de Nothhilf et dans le filon de la Galerie ; l'aragonite en fins bouquets d'aiguilles est fréquente comme produit secondaire sur la sidérose. De graciles aiguilles de gypse poussent sur la roche dans les zones de failles.

Le filon d'Entrée est un quelque peu différent : il montre une minéralisation de sidérose .spathique massive ; le chantier d'ouver­ture à la pelle a pe rmis de décaper ce filon a u front de la tranc hée d' entrée ; des masses de sidérose de la taill e du poing étaient abon­dantes ; ce dé pôt qui s'ac hève par des cristaux asse z gros en re mplissage géodique est ensuite suivi par la cristalli sation de noyaux isolés de pyrite (FeSù, le tout étant finalement e nrobé par un dépôt mass if de dolomie. Cette minérali sation (déjà bien vue par COMBES, vo1r son rapport) se retrou ve sur la halde de rive gauc he du ruisseau ; elle semble enfin correspondre aux pe tits fi lons de type Gross thal - Tertre de la Fille Morte , de même direction, à sidérite également massive. Ce carac tère massif du remplissage s'explique : les autres filons de type Mines de Plomb ont des direc-

tions et un pendage assez voisins des plans de foliation des gneiss ; ces conditions, si elles sont assez favorables au développement de frac­tures importantes, ne le sont pas pour une ouver­ture franche (sauf si ces fractures rejouent en­suite) ; par contre, un filon qui recoupe net­tement les bancs de gneiss a plus de chances de s'ouvrir spontanément pour être rempli par les dépôts hydrothermaux.

Les filons du Complexe d'Oedipe sont en réalité de type mixte Altenberg - Neuenberg. On y observe, juxtaposés à la sidérose de l' Alten­berg, du quartz, de la dolomie, de la barytine, de la calcite en tête de clous, de la chalco­pyrite (minerai de cuivre) et un minerai de nickel (chloantite ?) ; les minéraux secondaires sont révélateurs de cette minéralisation cupro­-nickélifère azurite, malachite, chrysocolle, annabergite. Certes, cette minéralisation qui emplit de rares lentilles peu épaisses, est si pauvre qu'elle n'a pu faire l'objet d'au­cune exploitation. Cependant, elle a pour intérêt tout à fait primordial de nous permettre de déterminer le positionnement relatif des minéralisations de l' Altenberg et du Neuenberg dans la succession dans le temps des dépôts. Les échantillons du Complexe d'Oedipe ont permis de remettre en cause 1' appartenance des minéralisations de l' Altenberg a la troi­SJeme des cinq "formations" principales du Neuenberg. Il s'avère que les premières sont en réalité une variation de la " formation carbonatée noble" ou "formation 5" du Neuenberg (la barytine est représentative de la "formation 4"). Les galènes de l'Aitenberg n'ont donc rien en commun avec celles de la "formation 3" à Pb-Zn-Cu, du Neuenberg. Cette constata­tion va révolutionner nos idées sur la métal­logénie des districts de Sainte Marie et de La Croix-aux-Mines.

Pour en finir avec le Complexe d'Oedipe, · signalons que des sulfates de néoformation (gypse, jarosite .•• ) ont cristallisé aux épontes.

Si les gros cristaux de galène sont fréquents dans le filon Nothhilf, celle-ci Pst en règle générale en petits cristaux plutôt dissémi­nés, du moins dans les travaux que nous avons pu visiter (nous ne sommes pas encore parvenus jusque dans les parties riches), d'où la nécessité du bocardage pour concentrer les schlicks de plomb. Voilà un exemple d'impact de la Minéra­logie sur l'Archéologie, qui nous amènera au chap. VI à aborder les problèmes de la prépa­ration mécanique du minerai.

5. De l'importance de l'observation du sens de creusement des galeries.

L'observation du sens de creusement des ouvrages est d'une importance telle qu'il est impossible si on ne l'effectue de débrouiller l'his­toire technique d'une exploitation où plusieurs

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mines se rencontrent, principal objet de cette étude. Elle est en effet une clé qui permet une première approche au problème de savoir d~ns quelle mine on se trouve à chaque point du reseau.

Nous voulions souligner cette importance en lui consacrant un paragraphe spécial. Il sera court car la méthode est simple. Selon le cas on pourra se baser sur :

- le sens de courbure des traces de poin­terolles qui strient les parois des galeries ancien­nes ; cette observation n'est possible que si la roche n'est pas trop fracturée ;

- le sens de percement des trous effec­tués au fleuret dans le cas des galeries plus récentes ; ces conduits, étant plus larges, ont pu etre retouchés "à contresens" et il con-' vient de beaucoup se méfier de cette méthode, et de ne l'utiliser que par des comptages statis­tiques ;

- la pente de la galerie est toujours creusée dans un sens remontant ; la présence fréquente de nappes d'eau retenues · par de petits barrages permet une bonne précision de cette observation. Rares sont les galeries rigoureuse­ment horizontales.

Enfin, dans les cas de jonctions, il est rare que les deux galeries qui se rejoignent sont au même niveau ; dans ce cas le plancher de la plus haute est ultérieurement surcreusé et la meilleure observation se fait usuellement au ni­veau du plafond, qui subit un décalage.

b. Description détaillée des réseaux du point de vue spéléologique 1 archéologique.

6.1. Réseau de la Mine de Plomb infé-ri eure.

On verra que l'entrée de la Mine de Plomb inférieure donne accès à un complexe

de plusieurs mines. Comme la jonctiOn n'a pas encore été établie avec la Mine de Plomb supérieure, nous appellerons ce complexe "réseau de la Mine de Plomb inférieure".

Introduction : impression générale qui se dégage de la visite.

Lorsque l'on visite une exploitation de la période moderne reprenant des travaux plus anciens, on a coutume de s'attendre à observer des reliques de ces travaux anciens dans la par­tie antérieure de la mine moderne (exemple : Fürstenstollen), une condition pour le succès d'une exploitation nouvelle étant en effet de dépasser les travaux des Anciens pour ouvrir un champ frais. Dans la Mine de Plomb inférieure, c'est un peu l'inverse qui se produit : si les traces des travaux anciens (XYlème siècle)

cessent très vi t e dans la partie an t é ri eu re de ta mine, les galer ies modernes dans leu rs par t ies les plus rec ulées ... percent de toutes parts dans les vieux travaux qui occupent au vrai sens du terme le "coeur de la montagne" : On met ainsi le doigt sur le thème central de cette é tude , c 'est à dire les problèmes causés aux ex ploi tants par la présence des exploitations antérieures. Ce thème est ici d'autant plus intéressant que ce "coeur de la montagne" es t à égale distance des di verses issues au jour d'où sont ven us les tra­vaux des Anciens, de sorte qu' on ne peut dir e de prime abord à quelles mines se rattachent les galer ies anc iennes multiples rencontrées.

La complexité de ce "coeur" a pparaît sur la carte souterraine. Ceci montre tout si mple ­ment que l'on ne s'en sortirait pas dans l'étude de ce réseau si l'on n'avait au préalable res­titué l'architecture des structures minérali­sees.

6.1.1. :Centrée.

Un dossier des Archi ve s de la Mairie de Sainte Marie-aux-Mines concernant le téléphéri­que des tvlines de Plomb qui desser vait l'usine du Fürstenstollen nous montre un plan au l: l 000 des abords de la ,\1\ine de Plomb, du géomètre Schaal, daté du 29 avril 1900. On y voit que ce lle-c i s'ouvrait non par une, mais par deux entrées qui se rejoignaient au bout de JO et 13 mètres respectivement. Ces deux e ntrées jume lles se t rou vaient immé­

diatement au-dessous du chemin menant à la mine supérieure. L' en trée ac tuelle en roc he est de l'autre côté du che min au fond de la tranc hée, ce qui nous indique que les 25 premiers mètres de la galerie étaient boisés. Les chantiers de réouverture nous ont pe rmis de mettre à jour plusieurs de c es bois.

6.1.2. La galerie d'entrée.

Convenons de désigner ai nsi la portion, en ligne à peu près droite sauf vers la fin, qui se termine par un vi rage marqué sur la gauche au mètre 86. C 'est une galerie de fac ture mode rne, dans laquelle on observe cependant des ves ti ges de taille à la pointerolle entre les mètres 74 et 8 7 là, la pa roi droi te conservée dans sa taille XYlè me siècle est particulièrement belle. Ce tte observation, ainsi que ce lle de deux amorces de galeries ét roites su r la ga uche, mon­tre que la Mine de Plçmb inférieure existait déjà au XYlème siècle.

La large ur de cette galerie d'ent rée est variable : de 2,30 m à l'entrée, e lle rétrécit progressivement à 2 m, puis brusquement, au mètre 42, à l ,30 m : c'est comme si ce tte lar­geur éta it Je gaba ri t du premier é la rg issement XIXème (?) siècle, et que les ex ploitants modernes avaient e nt re pris de l'élargir encore, mais s'étaient lassés au bout de ces 42 mètres. Cette hypothèse n'est pas dénuée de fondement :

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dans la mine Gabe-Got tes au Rauenthal , par exem pl e, le t rave rs-bancs Combes c reusé ve rs 1824 a une largeur très constante de 1,20 rn, a lors que le travers-bancs de 1899 qui s ' y greffe a un gaba r it de 1,50 rn à 2 m sur toute sa l o n ~ueur.

Cene ga le rie d'entrée N l OO est sur le "fi lon d'Entrée de la Mine de Plomb infé­rieure" (incliné ve rs le N) qui a donc déjà fait l' objet d'une recherche au XYlème siècle. Sa minérali sa t ion, détaillée plus haut (§ 4), est assez diffé re nte de celle des autres filons. La roc he y est sai ne, pas broyée comme en tant d'autres endro it s, et aucu n éboulement ne s' y est produit.

6.1. 3. La galerie principale sur le "filon de la Mine de Plomb inférieure".

Au mètre 87, la galerie d' entrée touche brusqueme nt ledit f ilon , de direct ion N 50 dans les cent premiers mètres, e t qu'elle va suivre ve.rs la gauc he, c 'est à dire vers le NE. Sept metres plus loin, el le attein t ce que nous allons démontrer comme étant la première colon­ne minéral.isée. Mais revenons en arrière, e t nous allons voi r pourquoi. Au mètre 65, la galerie d' e ntrée avai t au préalable perdu le filon d'Entrée su r lequel elle était tracée, ca r e ll e avait ob liqué ve rs la droite dans son mur,

e n travers-bancs. Pourquoi cette manoeuvre des mineurs du XYl è me siècle ? Tout simplement pour a tteindre plus ra pidement cette première colonne minérali sée. La conséquence est d'impor­t ance sur le plan archéologique : cela nous mon­tre que la colonne était déjà connue antérieure­ment. Or , nous ve rrons plus loin qu'une belle mine s 'est dé ve loppée 17 mètres plus haut sur cette colonne : la mine Ingrid. La déduction est s imple : la mine Ingrid est plus anc ienne que la "Mine de Plomb in fé ri eure" du XYlème siècle. Voilà un premier exemple qui nous montre la com plé menta rit é de l'archéologie et de la gîto log ie, e n domaine minier.

Nous vo ici donc dans le nou veau filon. Au mèt re 95 se t rouve un puits montant relati ve­ment vaste, faisant 3,5 m de largeur, sur ladite première -co lonne, et incliné su r Je pendage du filon qui est ici de 60° vers le NW ; une petite c heminée montante comblée légèrement le pré­cède de quelques mètres. Nous détai llerons plus lo in (§ 6.1. 5.) ces ouv rages mon tants.

Au mètre 100, 5, une peti te &ale rie XY lème siècle s'embranc he à droite. Au metre tl 0 appa­raît un brusque é largissement ; la paroi droite montre une tail le (à la pointerolle) caractéristi­que d'un hornstatt XY lè me siècle, c 'est à dire d'une chambre coiffant un puits ; on voit encore au raz de la so le une encoche de poutre : vo ici donc un puits XYlème siècle qui a é té ultérieurement comblé ; appelons-le puits t. Au mètres 11 8, nouve l embranchement ancien vers la droite. Peu avant, une frac ture à main

gauche vient se greffer sur le filon : serait-ce le prolongement de notre filon d'Entrée 7

Au mètre 169 se trouve sur la droite une dernière petite galerie latérale XYlème siècle. C'est la dernière trace sûre d'exploitation an­cienne que nous rencontrerons dans toute la partie antérieure de la mine (convenons d'ap­peler ainsi la partie connue avant le 14 août). On ne peut rien dire quant à l'extension réelle de la "Mine de Plomb inférieure" des Anciens, si ce n'est qu'elle avait atteint au moins cette distance. Il est fort à c roire qu'elle ne la dépassait que de peu, car des reliques de taille ancienne devraient forcément se rencon­trer çà et . là dans le cas contraire.

Au mètre 211 dans des travaux donc réso­lument "modernes" (XIXème 7 s iècle) se rencon­tre un triple embranchement. La branche centralE est sur le filon principal. Celle de gauc he s'arrête au bout de 24 rn, n'ayant pas trouvé de filon intéressant. Celle de droite est plus intéres­sante : la galerie, bien que creusé aux explosifs, est franchement plus étroite (l mètre). Elle aboutit au bout de 12,5 rn à une porte (détruite) dont on observe encore les ferrures et les mon­tants bétonnés, et se termine en salle encore 26 m plus loin : la chambre des poudres (protégée par une porte comme celles de la Gabe-Gottes et de I'Engelsbourg). Cependant, cette galerie fut initialement tracée dans le but de suivre un embranchement du filo n ; on y a même pratiqué, à peu près en son milieu sur une insignifiante colonne minéralisée, un puits montant haut de 8 mètres. La paroi SW de ce puits pourrait sem­bler taillée à la pointerolle, mais on ne peut l'affirmer avec certitude.

Un coup d'oeil sur le plan montre que les galeries, dans cette partie de la mine, décri­vent le dessin de trois côtés d'un losange très apl ô ti : c e n'est que l' expression de la frac turation en lentilles (v. plus haut, § 4.), le "filon" n'étant pas une fente unique. Au croisement de ces fractures qui forment donc entre elles un angle aigu, le concrétionnement d'aragonite est plus développé.

Au delà de l'extrémité de la grosse lentille du "losange", soit au mètre 298 dans la galerie princ ipale, apparaît sur la gauche le puits 2 (Gesenck 1 du plan Allemand), inondé. Ses dimensions sont de 3,5 m sur 1,7 m, sa profon­deur est inconnue. Nous décrirons son boisage au c hap. IV 2.6. Il est difficile de dater ce puits, si ce n'est qu'il est antérieur à la période 1900 ; la perfection de taille des encoches de poutres n'est certes pas un argument pour un travail antérieur au XIXème sièc le.

Avec ce puits commence la deuxième co­·lonne minéralisée. Alors que la première n'était étendue que sur quelques mèt res dans le sens de l'allongement du filon, ce lle-ci a tait l'objet de travaux sur une longueur de 50 mètres. Outre Je

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puits, on recentre tois dépilages montants (voir profil sur le plan au 1 :500), hauts respectivement de JO m, 8 m et 6 m. Le dépilage médian est plus vaste : sa surface est de 9 5 mètres-carrés (en comptant la galerie) ; e n comptant une épais­seur moyenne de galène de l cm, qui est une estimation très faible, c e dé pilage aurait fourni 5,3 tonnes de plomb et 4,6 kg d'argent. Cette zone était fort ement boisée, la roche étant ébouleuse ; le dépilage médian est précédé par une "demie" c loc he d'éboulement, et les parois elles-mêmes du dépilage sont partiellement éboulées, ce qui a produit un petit enchevêtre­ment de blocs ; le contraste est saisissant entre la couleur blanchâtre de la roche broyée, là où les blocs ont é t é décollés, et le noir du faîte du dépilage, encore intact, couleur due aux dépôts de poussière consécutifs à l'usage des explosifs dans la mine. Le troisième dépilage s 'ac hève, au mètre 340, par un puits montant qui a été partiellement escaladé ; c'est le deuxième montage de la ga lerie principale. Cette deuxième colonne minéralisée (dans laquelle, soit dit en passant, nous n'avons trouvé que de rares traces de minerai) est dans une portion N 32 du filon, à pendage de 65 à 70° vers le NW.

6. 1.4. La portion N 70.

La portion qui suit est sur une faille N 70, c urieusement inclinée de 7 5° vers le Sud, stérile. Elle va c roise r peu apres au mètre 379 le filon de la galerie. Néamoins, on notera que le filon de la mine de plomb inférieure croise apparement sans être décroché la fracture N 70 (qui e lle aussi se poursuit dans son toit), mais que la galerie ne l'a pas su ivi . Le trave rs-bancs Sud-Nord dont on pa rlera au§ 6.1.7. recoupe au boutde 20 à 25 rn une fracture qui pourrait être son prolongement.

6. 1.5. Le Réseau Ingrid sur le "filon de la Mine de Plomb inférieure".

Avant d'aller plus avant au carrefour à 379 m, revenons en arrière pour explorer la par­tie haute des travaux su r le filon de la Mine de Plomb inférieure.

Nous avons vu qu'au mètre 94, la galerie principale aboutissait à un puits montant sur une c olonne minéralisée. Celui-ci fut escaladé le 12 juin par Ingrid Reuber, avec Mathias Halsten­bach. Il s 'élève à 17 mètres (hauteur verticale) dans le plan du filon, incliné à 68 degrés, de sorte que sa longueur réelle est de 18,5 metres. Aux deux tier s de sa hauteur s'ouvrent trois chantiers : deux superposés, du côté NE, c reusés à l'explosif , et un en direc:ion du SW, c reusé à la pointerolle mais repris à l'explosif dans sa partie médiane. La première col0nne minéralisée a donc été légèrement dépilée. Enfin, un empilement de blocs a é t é installé à l' en trée du chantier SW.

Dans ce puits ont été observés des trous de fleuret comme des traces de pointerolle. Son s~ns de creusement n'a pu être déterminé. Une echelle de 6 mètres était en place dans la part1e haute, ainsi que les poutres, certains soutenant une plateforme en bois au niveau du chantier NE inférieur, occupant la moitié NE du puits. Une poutre a été prélevée en vue d'une datation par dendrochronologie.

Le puits donne accès à une mine indépen­dante de la Mine de Plomb, la mine Ingrid, qui a été explorée "à rebours" jusqu'à J'éboule­ment de sortie, ainsi que dans ses parties reculées.

La branche vers la sortie, inclinée sur le pendage du ,filon, aboutit vers le SW à un éboulement a 46 m. Celui-c i correspond "pile" au pied NE du puits d'aération de cette mine tel qu'il a été topographié par un chemi­nement extérieur, en tenant compte du léger décalage vers le NW dû au pe ndage du filon. Toujours d'après la topo de surface, ce puits d'aération est haut de 5,80 m, et la galerie d'entrée, qui attaque obliquement le filon sur 6 à 8 m avant d'aboutir à ce puits, est à la cote + 17 par rapport à l'en trée de la Mine de Plomb. Ceci vérifie la qualité de notre topographie !

Dans cette branc he de la mine une voie de roulage en bois mal conservée a e te retrouvée très fr agmentairement au fond de flaques d'eau dans les c reux les plus profonds;

Depuis la ma rgelle du puits reliant les deux mines, un diverticule se dirige vers le SE, donc dans le mur du filon, et vire à angle droit vers le NE. C'est dans ce diverticule qu'à été retrouvé l'unique trou de fleuret observé dans les galeries de la Mine Ingrid ; son diamètre est de 30 mm, identique à celui relevé dans les chantiers attenants au puits.

Il faut noter qu'on n'observe pas au sommet du puits, de Hornstatt, c .à.d. de cham­bre taillée destinée notamment à procurer de la place aux manoeuvres du treuil.

La branche reculée se dirige vers le NE. Un coup d'oeil à la topo procure un ren­seignement intéressant le tracé de cette branche, lé&èrement sinueuse, est rigoureuse­ment parallele à ce lui de la mine inférieure ; cela signifie, compte-tenu du pendage du filon, que ce dernier offre une certaine régular i­té, et que les variations de direc tion qui l'affectent se répercutent sur une certaine tranche de hauteur. Vers le fond, la frac ture se bifurque. La branc he gauc he, suivie par un diverticule de 9 m a été partiellement remblayée, sans doute pendant les trava ux de la branche de droite. Celle-ci est une portion ébouleuse du filon (rappelons que

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celui-ci se résoud à une fracture stérile en dehors de la colonne du puits). Au niveau d'une première cloche d' é boulement, un div ,~ rti­c ule de 9 m pénètre à droite dans le mur du filon, donc dans la roche dure qui a obligé les mineurs à c reuser là une be Ile galerie ogivale tronquée, contrastant avec les galeries plus quelconques inclinées sur la fracture le front de taille est remarquable.

La branche princ ipale se poursuit encore sur 13 mètres ; elle est accidentée par deux autres cloches d'éboulement, la deuxième se présentant au ni veau du font de taille. Dans cette portion, la voie de roulage, dont on a obsevé quelques vestiges tout au long de la mine, est bien conservée, enfouie sous 20 c rn de déblais.

Hydrologie. Trois venues d'eau dans la galerie vers le NE et une autre dans la diverticule ter rn ina! dans le mur du filon ont amené l'édification de concrétions fortement ferrugineuses (voir au § "concrétionnernent"). Les eaux s'écoulent actuellement dans le puits, mais la pente de la galerie permettait leur écoulement vers l'extérieur.

En conclusion, le réseau Ingrid constitue une mine en so i, autonome aux points de vue roulage, exhaure (galerie en pente douce), airage (par puits) ... Le problème est au niveau du puits, de savoir où s'est effectuée la jonc­tion, au XVlèrne siècle, avec la mine du bas. Enfin, on notera les fouilles faites à "l'époque de la poudre" sur ce tte première colonne de minerai.

6. 1.6. Les travaux antérieurs sur le filon de la Galerie.

Peu après le mètre 379 donc, la galerie de la Mine de Plomb inférieure touche le filon de la Galerie. Au point 379 se trouve un carrefour ; à droite, une rec oupe de 2 rn permet d'accéder à ce filon, suivi de là vers le SW ; tout droit, la galerie va suivre vers le NE le filon d'abord stérile ; à gauch~ démarre le travers-bancs sud-nord commence à l'époque de Rernmel.

a. La recoupe à droite donne dans une partie minéralisée du filon de la Galerie. Là fut c re usé un dépilage montant haut d'au moins 12 mètres (nous ne l'avons pas escaladé au-delà, à ce niveau se trouve un bloc coincé) pour une longeur moyenne de 4 rn. · Le pied de la petite paroi SW est enc ombré d'empile­ments, mais il e st certain que ceux-ci masquent une galerie sur le filon , qui aboutissait au bout de 7,5 rn à un puits inondé au contour irrégulier, de 2 rn x 5,5 rn, et de profondeur indé terminée. On peut aboutir à ce puits par une traverse c reusée depuis le puits et qui perce au bout de 9 mètres dans la galerie princ ipale, JO rn avant le carrefour 379, et dont

le sol est à 90 cm au-dessus de celui de la galerie principale. Cette traverse a une hauteur de 1,65 m pour une largeur de 1 m. La galerie sur le filon qui devait relier le dépilage au puits descendant a été comblée à la suite de ce nouvel accès ; en effet, un empilement très soigné l'encombre jusqu'à son faîte immédiate­ment au bord NE du puits. Un àutre empilement très régulier occupe la paroi NE du dépilage entre 6 m et 8,5 m de hauteur (ce dernier niveau est la sole d'une amorce de galerie vers le NE). Ces empilements sont fort noircis par les poussières que dégage le travail à la poudre. Nous n'avons observé aucune relique de travail à la pointerolle dans ces ouvrages.

b. Tout droit à partir du carrefour 379, on touche immédiatement le filon de la Galerie suivi alors vers le NE en direction N 30. De 21 à 28 m s'étalent de petits ouv rages montants (voir profil planc he 3 de l'atlas) qui semblent remonter eux aussi à la période la plus ancienne d'exploitation de cette partie de la mine (mais on n'y voit aucun ouvrage taillé à la pointerolle). Chose curieuse , les courtes galeries qui se superposent ici à la galerie principale n'en sont séparées que par une travée horizontale d'un mètre d'épaisseur. Au delà (au mètre 409), la galerie se bifurque en deux branches qui ont dû être creusées entre mai 1899 et octobre L 900 (car elles ont été rajoutées à l'encre sur le plan de mai 1899, avec mention des da tes au x fronts de tai Ile). La branche de droite N 50 s'arrète (30 mars 1900) à 71 m de la bifurcation. A gauche, la galerie aux Rails N 5 en moyenne est plus sinueuse et plus complexe elle épouse les e nveloppes de lentilles empilées qui caractérisent ici la fracturation. Elle est coiffée à 10 - 13 m par un ouvrage montant (cloche d'éboulement). Elle se bifurque à nouveau à 38 m (mais la branc~e droite n'est qu'une amorce. A 53 m est d'apre·s le pian allemand l'ancien front de taille du 31 mai 1900. A 66 m commence une cloche d'éboulement que nous avons désobstruée : nous entrons là dans les nouveaux réseaux de la partie reculée (voir plus loin, § 6.1.17 .).

6.1.7. Le travers-bancs sud-nord.

Cette galerie c reusée à la poudre dans le but de recouper le filon Nothhilf n'offre pas d'intérêt particulier, si ce n'est que no~s pouvons la dater a vec précision : comm~ncee vers 1808 sous la direc tion de l' ingemeur Remmel, elle fut achevée sous Combes en 1823 (voir c ha p. 1). Elle mesure 1,5 rn de largeur moyenne mais comporte au tiers de son parcours un élargissement (peut-être tait ultérieurement) sur une des nombreuses fra c tures NE-SW que Je travers-bancs recoupe (nous en avons recensé 10 princ ipales). Le plan allemand porte à l'endroit de cette fracture la mention "minerai de plomb" : il s'agit donc d'un filon, peut-être Je filon de la · Mine de Plomb inférieure "gauchi "

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légèrement en direction N 35, ou alors le filon Trou Peau. Au bout de 135 mètres, Je travers-bancs oblique ve rs la gauche, peut­être pour toucher plus rapidement le filon, ce qu'il fait à 170 mètres. Tout le long du travers­bancs s'observent les empreintes de la voie ferrée (voir chap . IV, § 2.4.).

6.1 .8. De la Cloche Blanche au carrefour de la Gegenortstrecke.

Le travers-bancs oblique encore vers la droite juste avant de touc her Je filon Nothhilf, ce qui se produit à 5 50 mètres de l'entrée de la mine. A ce t endroit s'observe une chose remarquable : le plafond du travers-bancs, qui s'était très progressivement élevé, s'abaisse brusquement d'un bon mètre. L'exploration du tronçon qui suit, de la Cloche Blanche qui surgit immédiatement et jusqu'au carrefour de la Gegenortstrecke, montre que : - les rares trous de fleuret sont orientés vers la sortie, et que - contrairement à la galerie de la Mine de Plomb jusqu'au travers-bancs, qui monte sensible­ment (voir c hap. IV, § 1.2.), ce tronçon est rigoureusement horizontal, voire même monte insensiblement vers la sortie (le niveau de l'eau dans ce tronçon est un excellent repère).

Nous sommes don c en présence· (voir § 5.) d'une jonction entre deux galeries c reusées en sens inverse. La so le du travers-bancs a été, à la suite de cette jonction, réajustée, c'est à dire surcreusée pour s 'adapter au niveau de la galerie rencontrée.

C'est alors qu'on se remémore la phrase de Combes relatant l'aboutissement en 1823 du travers-bancs, nommé "traverse" "elle a débouché dans une ancienne galerie qui était encombrée sur une très 9rande étendue et que l'on a déblayée et boisee sur les points où cela était nécessai re".

Nous allons à présent étudier cette "ancienne galerie" venue d'au-delà. La Cloche Blanche (voir § 3) su r vient immédiatement, ce qui empêche toute observation sur une lon~eur de 26 mètres (si ce n'est que la galerie etait probablement boisée dans ce tte zone ébouleuse). On prend pied au-delà dans les nouveaux réseaux découverts le 14 août, appelés aussi "partie reculée de la mine" par rapport à la partie "antérieure" déc rite jusqu'ici. On y prend pied dâns ... 60 cm d' eau . L "'ancienne galerie" de Com bes n'a pas une facture très viei lle et ne montre pas de vestiges d'une taille à la pointerolle. Sa largeur moyenne est de 1,5 à 2 m et ses parois, irrégulières, sont fréquemment matérialisées par des miroirs de faille. On pour­rait donc penser que 1 "'ancienne galerie" a été tai te à la fin du XVIIIème siècle, mais le gabarit, quelque peu important pour l'époque, ferait plutôt songer à un élargissement ultérieur.

-------- --- -

Fig. 9. Filon Traugoll du Milieu ou d e l a

Sa lamandr e . P l an. Eche ll e 1:200.

10 m

Salle ' a Mandre

A B

A.'

38

Coupe A-B

chatr_e de l'Ex-Hymen

Fig. 10 . Filon T r augott du Milieu ou de la Salamandre.

C oupe v erticale des travaux, et sections sériées.

5W

Salle à Mandre

516 517 518

s 16 s 17

profil 1 : 200

......... -----!--- -

s 18 s 19

Sections

520

s 20

1 : 100

5 21 5 22

s 21 s 22

(vues vers le

523

s 23

SW)

NE

blocs

Sv 0

Niveau - de l'eau

VJ '-0

Quinze mètres au-delà de l'e xtré mité de la Cloche Blanche, so ir au mètre 58 7, se trouve un puits montant (dont nous n'avons pas déterminé le sens de creusement), inc liné à 60 degrés sur le pendage du filon, touj our s stérile. Son sommet à + JO est un "plafond" fait de blocs coincés (peut-être des blocs empilés sur une plateforme en bois qui 'se serait désint é ­grée). La paroi au toit du filon. qui est un miroir de faille , est agrémentée de nombreuses encoches de poutres qui nous pe rmette nt de nous faire une idée de 1' ancien boisage de c e puits. Les dimensions du puits sont 1 m x 3,25 m. 1\u niveau + ~ par exemple s'observent ~ enco­ches distantes d'environ 70 c m l'une de l'autre. La deuxième en partant de la petite paroi NE est surmontée "verticalement" d' e ncoches en séries à intervaJJes réguliers (e nviron 1 m) qui peut-être ont pu servir à délimiter le comparti­ment aux échelles. A c haque encoche dans le toit correspond en princ ipe une encoche dans le mur, légèrement décalée ve rs le bas pour la fiabilité du boisage en raison de l'inclinai son du puits.

Sous le puits, un petit ébouleme nt re ­hausse le niveau du so l. Au delà, la galerie de facture "moderne" reprend , inondée de 70 c m d'eau (photo 3, Pl. l et sections S l ~ et S l 5). Le carrefour de la Gegenortstrecke est atteint au mètre 616 (photo '2 Pl. III).

6. J . 9. Du carrefour de la Gegenortstrecke au filon de la Salamandre.

Au mètre 61 6 se greffe à main droite la galerie dite Gegenortstrecke que nous déc rirons plus loin ( § 6.1.11.). La galer ie principale au carrefour oblique sur la gauc he, à l'endroit où le filon, à peu près rec tiligne jusqu'ic i, est relayé par un véritable noeud de faiJJes ; l'une de ces faiJJes décrit une courbure vers la gauche (vers le N), suivie par la galerie. Ce ll e-c i s'élar~it progressivement jusqu'à 2 mètres et atteint le spacieux carrefour du Tuba, sorte de saJJe de 6 m x ~ m, dont le so l est t ouj ours sous 70 cm d'eau.

A main gauche vers le SW s 'ouvre une ~alerie XVIème siècle (!) dont le plafond est a quelques centimètres de la surface de l'eau, la galerie du Tuba (sa vis ite nécessi t e cet ustensile de plage). A main droite s 'ouvrent les travaux sur la première partie productive du filon Nothhilf , décr its c i-dessous, § 6.1.1 O.

Ce carrefour avec le filon principal es t une zone de c irculation d'ea ux carbonatées qui ont déposé d' admirables concrétions d'aragonite coraJJoïde (voir c ha p. IV , § 2. 7 .), depuis entière­ment piJJées .

Au-delà du carrefour, la galerie issue du carrefour précédent se poursuit vers le Nord ; il n'est pas poss ible de déterminer son sens

40

de c reusemenr. t-\u bou t de l 0 mèt res , eJJe débouche dans la salle du Gesenck II des AJJem­ands, que nous avons ba ptisée Salle à Mandre. C'es t la plus grosse cavité actueJJe du réseau (8 x 6 x 7 m). La to po de déta il au 1:200 en donne 1 'allure .

Dans la Salle à Mandre, on touc he le filon Traugott du Milieu, ou filon de la Salaman­dre. Ce lui-c i fut exploité par dépilage déjà à l'aplomb de l' actue lle saJJe où l'on voit dans le faîte une portion libre ; le parement oriental de ce dé pilage , dans la salle, s' est effondré, é difiant ains i un cône d'éboulis d'envi­ron 25 m 3

• lei, l'e xploi tation moderne perce don c dans des travaux anc iens. Elle consiste, se lon les rapports (chap. l, § 5.), en un décombra­ge des vieux ouvrages ve rs le NE, accompagné du fonçage du Gesenck II. Ce lui-ci, dont on aperçoit sous ~0 centimètres d'eau le boisage encore intac t (le puits é tait initialement entière­ment couve rt de planches , voir cha p. IV , § 2.6.), est à grand gabarit : ~ m x 2 m pour une profonde ur de J ~,5 mètres selon le plan J 900 (photo l, Pl II). Mais rappelons-nous a lors que ce puits a é té prolongé au crayon sur ce pla n jusqu'à la profondeur de 52 mètres (chap. l, § 2.). Il se trouve qu'une pierre jetée dans le puits met un temps réellement très long à émettre le bruit sourd indiquant qu'eJJe a touc hé le fond. Jusqu'à confirmation par J'imme rsion d' une sonde, nous admettrons donc cette profondeur de 52 mètres.

Vers la gauche depuis le puits, c 'est à dire ve rs le SW, le filon n'a été tâté que sur ... J mètre pa r la galerie du XYlème siècle. Vers la droite en direc tion N ~0, dans la partie décombrée en J 900, on c ircule constamment, sur la longueur de ~0 mètres jusqu'à un éboule­ment final, sous un dépilage remblayé par des matériaux stériles ; ce comblage étant extrêmement - compact, seuls quelques petits éboulements se sont produits sur ce parcours, qui séparent des poc hes d'eau. A la hauteur d' e nviron 2,7 m se trou vent dans les parois des encoches de poutres carrées régulièrement espacées d'environ 1 mètre, de section env. 15 en ; une seule de ces poutres est restée e n place. A la hauteu r de 1,8 m environ, on obse rve quelques encoches plus grandes, écartées de 1, 5 m, de 25 c m de section. Mais Je plus int é ressant est que cette galerie sous dépilage, décombrée en 1900, a é té creusée à la pointe­ro lle en direction de la Salle à Mandre.

Le comblage com pac t é (voir chap. IV, § 1.3.) offre des aspects très surprenants ; not a mme nt, on observe que l'épaisseur du dépilage varie de 0,8 rn à, par places, ... 0, J 5 rn ! (sections S 16, S 17 et S 21 ). Il est intéres­sant de c he rc he r à savo ir quelle é paisseur mini­ma le de minéralisation motivait les mineurs du X Vlèrne s iècle à c:-euse r de tels dépilages. Or nous avons des éléme nts de réponse. En effet,

une ga le rie fu t poussée sous le dépilage en 1900, au niveau -1 4,.5 de puis le Gesenck II. Le Geschafts Beric ht nous indique le tonnage de mine rai par mè tre -c arré de surface pr ise dans le plan du filon. Le calcul nous don ne une épaisseur moyenne de ... 3 cm de ga lène .

A t r ave r s les gros blocs de l'effondre­ment final du dé pilage de la Salamandre , on pouvait déceler l'existence d'un vide au­-dessus de ce même é boulement. Nous avons entrepris le 30 octobre de perce r le pla fond d'empilements com pactés, a u ras de l 'éboule­ment , à l'aide des pièces du mat d' escalade. L'opération é t a it a ssez dange reuse, mais po ur une fois l' é vac ua t ion des déb lais ne posa a ucu n problème.

Après la c hute de gros blocs, le passa ge sembla stabili sé et grâce à cette c hat iè re mon­tant e nous avons fait irr uptio n dans une sal le d'effondrement (+5 ). La pa roi sud-es t du dé pila­ge s'est effondrée à la faveu r d'u n miro ir de faille graphiteux. A la base de cette paroi on observe l' a morce e ncom brée d ' une ga le ri e XYlème siècle. Le p lafond de la sa ll e est en grande partie rocheux.

Vers l'Es t, en esca ladant de gros blocs, on accède da ns une deux ième sa lle d'effondre­ment (+11) d' aspect beaucou p pl us c haot ique . Son plafond es t en t iè rement constitué d'empile­ments compac t és .

En se fa uf ila nt entre les blocs qui consti­tuent le planc her de ce t te sa lle, on accède à un étroit et cou rt conduit à plafond rocheux.

Au-dessus, da ns le cô t é nord-est de la salle, s'ou vre un conduit monta nt , sous empile­ments compac t és , que pou rsuit à la co t e + 16 un conduit descendant à plafond rocheux, qui se termine e n c hatiè re.

Ce r ésea u, ba pt isé Réseau Puzz le, est sans doute issu de 1 'effondrement de la ga le­rie sous- jacente.

6.1.10. Première partie produc tive du filon Nothhilf.

Re ve nons au carrefour du Tuba, et empruntons la ga le ri e pr incipa le qui s'en éloigne vers le NE ; il s 'a git d'une ga ler ie "moderne" de repri se d'une géi le rie XY lè me sièc le do nt la sole é t ait peu t -ê t re in férieure de l ,50 m a u niveau du sol actue l. Ell e bute cont re éboulement sous puits à 50 mèt res, mais à 38 mè tres se greffe à main gauc he (photo 3, P l. Il) un cond uit ancien à peu près pa ra llèle à la galer ie pr inci­pale, c re usée du SW ve rs le NE selon les traces de pointe rolle, et qui évo lue après un parcours encombré de petits ébou lements en une zone de dépilages montants part ie lle ment rembla yés par des ma té ria ux compact és. A environ 15 mè tres , la gale r ie "mode rn e" que nous a vions laissé e vie nt se ra batt re su r le dépi-

41

lage peu au-delà de son éboulement sous puit s monta nt (voir c i-dessus ). Le conduit bute au bou t d'une so ixan ta ine de mèt res cont re un éboule ment qui s 'ouvre. selon le s a nciens plans , su r la grande sa lle du Gesenck lii ou puits 53 de Combes, que nous a ppe lons salle des Chevaux ca r ce t ingénieur se proposa it d'y faire instal ler un manège. 20 m avant J' é boul e ment depuis le dépilage, un c onduit remontant depuis un pa lie r · atteint pa r escalade a u mât , a tteint la cote +23 à proximi t é du faî t e de la salle des C hevaux ; il bu t e là auss i su r un é boule me nt mais il fa ut rema rq ue r qu ' un ancien plan situe à l'aplomb de ces deux éboule me nts un puits de jonction des Mines de P lo mb supér ieu re e t inférieure, qui pou rrait être com plè tement é bou­lé.

La orox imité de la Salle des C hevaux nous incita à désobstruer ce condui t ve rs l' Est , mais ap rès u_ne pénib le progression de 2 m, nous avons renonce.

Au-dessus du palier cot e + 13, une trouée da ns les empi lements sus-jacents la isse entrevoi r le fa îte du dépilage. Escaladée au mâ t , le 30 octobre, sous une pluie d'ébo ulis , cett e t rouée donne sur deux conduits rapide me nt obs trués .

L' escalade du c ôt é ouest du montage a été plus dé licate. En effet il fallut installer le mat en ha uteur sur une étroite mar9elle insta­ble, et le bloquer à l'a ide d 'un etayage de fo r tu ne (manche de binet t e !). A la cot e + 14 débute une pente fort ébouleuse qu i pe rme t d 'a t tei ndre ve rs l'Ouest le fa îte du dé pilage à la cote +22 . Elle se prolonge pa r un court con­du it horizontal qui bute sur le s e mpil e ments.

A c e niveau, dans la pa roi sud du dépila­ge, s 'ouvre une pe rcée sur puits montant éboulé . Ce pui t s est sans doute e n re lation avec le puit s monta nt éboulé que l' on observe au nivea u O. Le ·dégage me nt de c e t ouvrage resta sans succès : blocs et é boul is for ment une voûte et se refusent à tombe r . Deux massives mani vel­les de t reui l e t deux bagues de maintie n du tambour ont été découve r tes . Le ur J f2.cture nous pe r met de les attribuer aux XV lll è me ou XIXème s iècle.

Ce montage baptisé Montage du Grand ,\!léchant Loup (vo ir coupe Pl. 7 de l 'atlas) sem­ble résu lt e r de l'effondrement des e mpile ments com pactés probablemen t lors de s opé rations de déb laiement de la ga le r ie pendant la pé riode 1900.

6.1 .1 1. La Gege norstrecke.

Revenons encore plus e n a rr iè re, au mètre 6 16. Là se greffe vers la droite une galerie qui surprend par ses dimensions (photo 2, Pl. lll, e t sections S 24 et S 25) : ha uteur 3,3 m, la rge ur 1,5 m à 1,7 m. Le pla fond de cette galer ie s'abaisse brusquemen t à un mètre du

4 2

F i g . 11 . Mine de P l omb infér i eure, p r emière sé ri e d e sec t i on s : ga l e r i es "modernes"

(51 à 5 33) e t ga l er i e du Piège à Rats (5 3 4 = l u ca rn e , 5 35 à 5 37)

0 0 5 1 5 2 5 3 5 11 5 12

513 5 14 5 15 5 24 5 25 5 26

43

Fig. 12. Mine de Plomb inférieure, deuxième sé ri e de sect ion s : Co mplexe d'Oedipe

(S 38 à S 41), T riomphe des Gros (S 42 à S 56), jonction Triomphe de s Gros-Opposants

(S 57, S 58).

538

5 42

s 41..

549 5 50

5 39

5 43

s 1..5

s 51

540

s L.6

s 52 ( f dt )

1 . 50

1m

5 41 départ 5itzort

5 57 5 58

5 47 5 48

0 s 53 s 51. 555 s 56

carrefour pour se raccorder à la hauteur du faî t e de la galerie principale, cependant que son sol s 'é lève vers le fond avec une pente supé rieure à la mo yenne : l'eau haute de 70 cm au carre­four disparaît au bout de seulement 15 mètres, ce qui nous indique une pen te de 4,7%. Le pla­fond restant horizontal, la galE:; rie re vêt plus loin des dimensions normales pour des travaux 1900 (section S 26). On verra plus loin qu'elle se racorde avec le système de la salle des Chevaux. De toute év idence, cette galerie a ete c reusée de l'arrière vers l'aval ; à la suite de sa jonction avec la galerie princ ipale, son plancher a dû être surcreusé pour com penser la différence de niveau d'environ l mètre. C'est là que s'éclaire cette phrase du rapport du Gesc hafts Bericht 1900 : "Pour faciliter l 'extrac­tion nous avons commencé à partie du puits !II une Gegenortstrecke en direction du point A, ce qui nous permit de trouver les beau x minerais au sol des vieux travaux qui se trouvent là ... " Cette Gegenortstrecke a été rajoutée au

· crayon sur le plan de mai 1899, mais dans une fausse direction fai sant un angle de 45° avec sa direction réelle, ce qui fait croire qu' e lle se trouve dans le pla n du filon de la galerie (voir le plan). Elle a été ensuite tracée à l'encre sur l'édition du 15 octobre l 900 ; la position du front de taille à ce moment montre qu'il restait 40 mètres à perce r pour étab lir la jonction.

Explorons donc "à rebours" la Gegenorts­trecke. Au bout de 23 m, elle oblique légère­ment à gauche pour se greffer sur le filon N 40 (avec traces de nickel). D'une cloche d'éboulement fort spacieuse, elle repart sur une frac ture à placages de sidérose dans la direction N 70, qu'elle c onserve ra sur 90 m jusqu'au carrefour de la salle Timba nque, soit à 706 m de l'entrée de la mine. Cependant, le plafond de la galerie apparaît surélevé d'un bon mètre sur les 26 mètres qui précèdent cette salle. Un examen plus attentif permet d'y voir des traces de pointerolle, et surtout un faîte étroit et plat très travaillé (sections S 27 à S 29) : nous avons affaire à une galerie XVIème siècle creusée depuis la sa lle Timbanque, dont le plancher était surélevé de 1,5 m par rapport à celui de la galerie moderne, et dont on voit encore en partie l' a ncien front de taille !

6. 1.12. De la salle Timbanque à la salle des Chevaux : la galerie Sinueuse.

La salle Timbanque est au carrefour de quatre galeries, et e n même temps au pied d'un puits montant. C'est aussi le point de jonction entre le filon de la Galerie N 30 (que nous avons déjà rencontré dans la partie antérieure de la mine) et le veine N 70 suivie par la Gegenorts­trec ke. Des éboulis encombrent le so l de cette salle ; d'immenses blocs (plusieurs m 3

)

se sont décollés de sa paroi SE.

44

Le som met du montage (escaladé aux spits et au mât le 20 août) est à + 7 m par rapport au sommet de l' é bouli s, soit à +10 par rapport a u so l des galeries. Un conduit XYlème siecle haut de 1,5 m s'en é loigne vers l'WSW sur la ve ine N 70, mais d offre la particularité d' êt re e n assez forte pente remontante (13 à 25°) ; le front de taille est à environ 24

mètres.

De la sall e Timbanque vers !e Nord, une galerie moderne très si nueuse mene vers la salle des Chevaux (voir plan). Cette galerie est manifestement c reusée dans le sens salle des C hevaux sa lle Timbanque car elle se poursu it dans . la Gegenortstrecke. Elle est a uss i sur le tracé d'une galerie XYlème siècle, com me le mon trent de nombreuses traces de pointerolle e t la présence d'une portion d'ancien front de taille, et de 3 galeries la téra­les conservées intactes, notamment une galerie basse, le Sitzort, longue de 24 mètres. Ces v~stige s montrent que la galerie XYlème s1ecle, dont la so le est ici au même niveau que ce lle de la reprise 1900, a été creusée elle a ussi dans le sens salle des C hevaux - salle Timbanque. La derniè re fra c ture traversée, avant d'atteindre la sa ll e des C hevaux, est une faille N 7 5 qui met fin au filon de la galerie. Il reste e nfin une portion en travers­bancs de ll m qui donne sur l' é boulement de la sal le de C hevaux, à quelques mètres à l'Est de l'éboulement rencontré au bout du con­duit dans le filon Nothhilf (voir § 6.1.10.) ; cette portion est l'un des sites .les plus admira­ble de l'art minier ; e ll e montre la paroi et le plafond de la galerie XY lème s iècle intacts, l'élargissement à un gabarit de 1,40 m ayant fait disparaître l' autre paro i (photo 3, Pl. III, et section S 30). Le travers-bancs XYlème sièclè traverse en droite ligne la fracture N 75 et se termine en niche un mètre au delà du parement Sud de la galerie dirigée ver s J' Ouest Sud-Ouest qui fait suit e au t ra ve rs-bancs. Cette niche montre une des tec hniques utilisées pour Je c reusement des gale ries (l'entaille latérale).

6. 1.13. Accès vers les parties riches du filon Nothhilf .

En se dirigeant de la sa lle Timbanque vers la salle des C hevaux, on rencontre à 7 m un carrefour. La branche de droite est une galerie 1900 qui reprend, dans ses premiers mètres seulement, une galerie XYlème s iècle dont les vestiges sont peu nets. Ce tte galerie appelée galerie de liaison ne figure pas encore sur le plan de 1899 . Elle a é té creusée (sur faille) dans le but de rejoindre l' ext rémité de la ga le ri e de la Luca rne qui vient, elle a ussi, de la salle des C he vaux. Elle se poursuit au­-delà e n direction N 60, sous Je nom de galerie de Frugal Repas (en effet nous y avons trouvé dans une cloche d' é boulement des coquilles d'oeufs gobés postérieurement à l'exploitation

mais déjà concrétionnées). Le plan d'oc tobre 1900 indique le front de tailie, au 15 octobre, à 50 m du carrefour de la galerie de la Lucar­ne. Manifestement, cette galerie a é té poussée, à une quinzaine de mètres au Sud du faisceau Nothhilf (qui se divise en deux branc he après la salle des Chevaux), afin de donner accès à la salle du Gesenck IV en évitant le chemine­ment sous les empilements du filon, afin de faciliter l'extraction. vers le fond, la galerie de Frugal Repas oblique en effet à gauche ve rs le filon. Elle bute à 88 m du dernier carrefour, soit à 853 m de l'entrée de la mine, contre un éboulement sous puits montant, probablement sur la branche du mur du filon.

La 9alerie tournante, dite de la Lucarne, fut creusee depuis la salle des Ci:levaux dans le but donc de contourner les zones de dépilages. On la visite à rebours, en revenant vers la salle des Chevaux, sur une distance de 35 m avant de tomber sur l'éboulement de rigueur à l'entrée de cette salle, là où on touche une len­tille minéralisée. Les 10 mètres qui précèdent l'éboulement montrent des reliques de taille à la pointerolle, qui attestent d'une courte galerie XYlème siècle c reusée depuis la salle des Chevaux. Onze mètres avant l' é boulement, nous avisâmes le 19 août, dans le parement nord, un fragment de bois qui émergeait de la roche, entouré de matériaux compactés qui semblaient remplir une sortie de petite lucarne ; celle-ci, une fois décom brée, ne laissant guère passer que la main, nous entreprîmes de l'agran­dir et d'évacuer le quart de m 3 de matériaux qui en encombraient le prolongement. Ceci laissait entrevoir d'assez spacieux trava ux sur un alignement parallèle qui semble correspondre au filon principal. Le passage fut bientôt prati­cable. Il s'effectue au pied d'un puits montant boisé et encombré de blocs, entre lesquels néanmoins le · regard peut porter jusqu' à 5 m de hauteur (section S 34). Ce puits éboulé (qui correspond au "Überhauen Il" du Geschafts Bericht 1900) constitue un obstacle infranchis­sable vers 1' Est, mais il est possible de progres­ser vers 1 'Ouest, dans une galerie XYlème siècle sous dépilages remblayés (sections S 35 et S 37). Comme dans le filon de la Salamandre, on observe là des encoches de poutres très fine­ment travaillées, particulièrement belles dans la paroi nord qui est le miroir marquant l'éponte du toit du filon, et espacées régulièrement d'un mètre au moins · (photo 3 , Pl. III). La courbure des traces de pointerolle indique une progress ion d'Est en Ouest ; on bute au bout de 12 m contre ... un quatriè me éboulement sur la salle des Chevaux, à quelques décimètres au Nord de celui marquant la fin de la galerie de la Lucarne. Un courant d'air filtre à travers ce t éboulement.

Ainsi quatre éboulement permettent de circonscrire au moins en partie la sa lle des Chevaux, et de se faire une idée de l'importance

45

de cette G\vité impénétrable. Les éboulements extrêmes No 1 et N°3 et 4 sem blent correspondre à des puits montants é boulés qui limitent la sa lle à 1 'Ouest et à 1' Est ; le plus oriental est le "Uberhauen l" du plan du Geschafts Berichts 1900. Quoi qu'il en soit, il paraît difficile à l'heure actuelle d'avoir un accès direct aux parties riches du filon Notffilf, sans passer par la mine supérieure. D'après les documents, ce serait aux environs de la Lucarne que le filon se divise en deux branches. C'est à dire que toute la partie intéressante du filon est encore au-delà des éboulements.

6.1.14. Le Complexe d'Oedipe, système sud.

Retournons à la salle Timbanque et diri­geons nous à présent vers le Sud, dans les travaux sur le filon de la Galerie. Au delà de l'éboulis de la salle, un conduit en chatière mène à la base d'un dépilage XYlème siècle. Tout à son début , soit à 10 m de la salle, un goulot descendant donne · dans une galerie à peu près Est-Ouest joliment taillée, au trois-quarts comblée ; une déstabilisation, peut-être provoquée par des travaux sous-jacents , a affecté toute cette zone, créant des déchaus­sements de parois entières. De cette galerie est-ouest, s'enfonce dans le flan sud une chatière très exigue, décombrée le 15 août (la chatière de la Fleur de Lotus), virant à angle droit vers l'Est-Nord-Est. Un ancien front de taille vers 1' Est montre que les mineurs ont tâtonné pour trouver leur "filon". Cette chatière est suivie d'une galerie aux trois quarts comblée dans ses premiers mètres, et enfin on prend pied su r la sole de la galerie méridionale du Complexe d'Oedipe. Le Complexe d'Oedipe, joyau XYlème siècle conservé intact, est la plus belle ·partie du reseau de la Mine de Plomb inférieure. Pour commencer, une surprise de taille : le sol de la galerie méridionale (on verra plus loin qu'il en existe une parallèle plus au Nord) est si tué 2 rn plus bas que le sol des galeries du quartier de la salle Timbanque, c 'est â dire du niveau zéro de la Mine de Plomb inférieure ~ Ces travaux n'étant pas noyés, il apparaît donc certain qu'un système plus profond les draine, déversant les eaux très probablement dans le Gesenck III ou puits N°53 de Com bes (situé dans la sallè des Chevaux) qui, selon Com bes, recueille "toutes les eaux de la mine de Surlatte". Deuxième surprise : on 1 'a vu dans la Mineralogie, ce tte galerie est sur un filon à cuiv re-nickel de type Neuenberg ~

A 7 m de la chatière coudée de la Fleur de Lotus, une lucarne carrée de 0,3 m de cô té donne à gauche dans les travaux remblayés qui correspondent au prolongement de la premièn galerie Est-Ouest, située elle au niveau zéro. A 17,5 m apparaît une pre mière foncée inondée,

(avec échelle encore conservée), longue de 2,4 m mais qui ne tient que la largeur de la ga lerie. Dans tout ce tron­çon, le sol de la galerie montre , conservées intactes dans la boue, les empreintes des rails en bois totalement sublimés (cha p. lV, § 2.4. et photo l, Pl. IV), très V~ite détériorées par les visites ultérieures. A 29,5 m dé bouche à gauche une galerie venue du Nord (voir plus loin). 4 rn au-de là se voit un ancien front de taHJe conservé sur une largeur de lü cm, d'un très beau travail, la galerie obliquant alors légèrement à droite. Encore 2,5 rn au-delà se trouve le plus beau puits boisé XYlème siècle jamais vu dans les mines vosgien­nes, évidement inondé (condition nécessaire à la conservation des bois). Son gabarit est étonnament petit : 1,8 x 0,9 m (photo · 3 Pl. V, et description au c hapitre IV, § 2.6.1.). Le boisage fut malheureusement saccagé entre le 12 et le 18 septembre. Notamment, les vandales ont brisé l'échelle en tentant de l'extraire. Au-delà du puits, la galerie est partiellement comblée (à la suite des fouilles effectuées en hauteur dans le filon ?) sur 9 m, puis se poursuit très haute (2,10 m, photo 2, Pl. IV). A 21,5 m du puits, une galerie latérale s 'embranc he à droite en travers-bancs (sectionS 41); son front de taille- est remarquable (photo 2, Pl. V) ; elle comporte à gauche un diverticule qui se termine sur le front de taille Noir, sur un filon exsudant une boue ferrugineuse. La galerie princi pale se divise à nouveau. La branche la plus longue se terminait sur 6 m en sitzort, c'est à dire que le sol se relève brusque­ment en une marche haute de 0,70 m ; la hauteur du sitzort est de 1,55 m ; il s 'achève su r un des plus beaux fronts de taille du district, mon­trant l'avancement par gradins (photo 1, Pl. V). Au début du sitzort, les mineurs ont par a près pratiqué une fouille légèrement sur la droite, sur une ·.!:! inule à bar ytine ; ils ont réentaillé èn la surcreusant la marche du sitzort qui subsiste comme margelle à main gauche. Il en résulte la curieuse structure illustrée par la section noté "départ Sitzort" sur la fig. 12.

6.1.15. Le Complexe d'Oedipe, système Nord.

Revenons au débouché de la galerie venue du Nord, 6 m avant le puits inondé. Il s'agit d'une jonction avec un système indépendant, dont le niveau de . base est supér ieur à celui de la galerie sud : pour réajuster les niveaux, la traverse nord-sud de jonction descend, . sur les derniers mètres avant le raccord, avec une pente de 1 5 degrés. Le plafond aussi de cette traverse haute seulement de 1,2 m à 1,3 m subit des décrochements vers le bas (sec tions S 39 et S 40). La traverse est longue de Il m jusqu'à la galerie se ptentrionale. Ce lle-ci fut d'abord explorée à rebours jusqu 'à un éboule­ment que la topo a montré coïncidant avec

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Jn refoncement dans le parement est de la ;alle Timbanque . La jonction a été effectuée e Il sep tembre en c reusant des deux cotés, totamment en abaissant de un mètre le niveau le l'éboulis du côté salle Timbanque. Actuel­lement, c'est par cet accès (chatière Braunstein) que les touristes s 'engagent dans le Complexe d'Oedipe. La galerie septentrionale de ce complexe est au même niveau que l'ensemble des galeries du niveau zéro de la Mine de Plomb inférieure, soit 2 rn plus haut que la méridionale. Elle prolonge les travaux XVIème siècle déjà décrits qui cheminent de la salle des Chevaux à la salle Timbanque. Il est remarquable de noter que ce comple xe sem ble avoir complète­ment échappé aux exp loi tants modernes, qui ne le mentionnent ni ne le figurent sur leurs plans.

6.1.16. Le réseau du Triomphe des Gros.

Après avoir parcouru une boucle dans le Complexe d'Oedipe, revenons a u pied du dépila­ge dans le filon de la Galerie près de la chatière de la Fleur de Lotus : nous voilà à la porte du réseau du Triomphe des Gros, intégralement XVIème siècle . Le dépilage est haut de 6 m en projection ve rticale, mais le filon est ici, comme dans tout ce réseau, remarquablement incliné (5 5° ve rs l'Ouest). Son ext rérni té Sud apparente est un empilement de blocs qui cache une partie remblayée. Une galerie sous corn blage prolonge ce dépilage au niveau zéro, mais elle est éboulée à 3 m. Du sommet de ce dépilage part vers le Sud un système assez sinueux de boyaux, dans lesquels on ci rcule presque constamment en rampant et en émettant force jurons, entre la voû t e en roche et le sommet des matériaux de remblayage du dépilage. Cette observation est très instructive pour ce qui est de la technique des chantiers XYlème siècle. Au bout d'un c ertain parcours, et précédant une zcne assez complexe de boyaux (voir topo), une cheminée descend entre empilements sur le pendage du filon (ici 50° ) : c'est la descender ie du Carnet Orange, haute de 13 m en projection verticale, de 16 m su r le pendage. Dans la moitié inférieure, seule la paroi nord est faite d'empilements : cette descenderie matérialise à peu près l'ex­trérnrte sud de la lentille minéralisée, et en même temps du dépilage remblayé. A son point d'aboutissement dans la galerie inférieure, une niche absolument splendide a été taillée dans la paroi du toit ; son profil est en quart de ce rcle.

La galerie inférieure peut être suivie de part-e t-d'autre de la base de la descenderie. Ve rs le Nord el le s'enfonce sous le comblage du dépilage pour atteindre un éboulement à 5 m. Tout de suite deux constatation émanaient du repo,r t de la topographie : cette ~alerie es~ srtuee 2 rn plus bas que le niveau zero (c'est a dire la galerie abordant le dépilage dans l'autre sens), donc au même niveau que la galerie sud

du Complexe d'Oedipe ; elle n'est pas dans le même plan que la galerie qui aborde le dépilage par le Nord. A moins donc d'une erreur de topo (peu probable !), le filon subit un gauchissement qui a pour effet d'en décaler vers l'Est la partie sud ; ceci pourrait correspondre à la petite portion horizontale nord-sud du boyau du sommet du dépilage (voir topo).

Du niveau de la galerie inférieure, la descenderie se poursuit encore sur quelques mètres, partiellement comblée par des éboulis. Elle donne vers le Sud sur une galerie irrégulière­ment comblée longue de 8 m. Le point le plus bas est à la cote -7 (soit à -5 par rapport à la galerie "inférieure"). Notez bien qu'il n'y a toujours pas d'eau, ce qui confirme l'existence d'une galerie de drainage des réseaux du Triom­phe des Gros et du Complexe d'Oedipe. Il ne nous reste plus qu'à trouver un accès (peut­-être par puits ?) à cette galerie.

Remontons à la galerie inférieure cote -2. Elle se poursuit vers le Sud-Sud-Ouest dans une zone stérile du filon ; son inclinaison est tout à fait exceptionnelle pour les filons de Sainte-Marie (sections S 44 à S 48) : jusqu'à 35° par rapport à 1 'horizontale (S 4 5) ! Ceci nous rappelle les "filons plats" de Château-Lambert, d'où le nom de "Rue de Château Lambert" que nous avons donné à cette galerie. La Rue de Château-Lambert, initialement équipée de rails en bois (c hap. IV, § 2.4. J.), oblique progres­sivement vers Je Sud, puis vers Je Sud-Sud-Est, pour décrire une courbe qui dessine l'enveloppe d'une grosse lentille conformément à l'achitec­ture générale des filons. La Rue est creusée dans Je sens de notre description. A 40 m de la base de la descenderie, elle continue d'obliquer, à présent vers Je Sud-Est : quittant la fracture, elle se transforme alors en un travers-bancs admirablement taillé (sections S 50 et S 51), qui recoupe successivement . deux filons.

1 Le premier est suivi vers la droite par une courte galerie qui nous amènera à la base du montage du Professeur : c'est la fin du réseau du Triomphe des Gros et le début du réseau des Opposants (voir plus loin).

Le second est suivi vers le Sud-Sud-Ouest (peu) et surtout vers le Nord-Nord- Est, sur 9,5 m ; il s'agit d'une fracture pentée de 60 à 75° vers l'Ouest (section S 53). Le travers-bancs se termine en une courte niche au-delà de cette fracture, montrant un front de taille re marqua­ble (section S 52).

6.1.17. Le réseau des Opposants.

Reprenons dans le travers-bancs au carre­four de la galerie vers le montage du Professeur. Elle J'atteint en 5 m, mais elle offre sur ce tronçon une .section fort curieuse (S 57), comme si deux galeries taillées en sens inverse, à deux niveaux légèrement différents, s'étaient

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recentrées. Mais la mauvaise tenue de la roche, trop fracturée, ne permet pas de définir avec certitude le sens de creusement. Sur le plan altimétrique, en considérant que la Rue de Château-Lambert est en légère remontée, nous serions là, au niveau de la sole, à la cote -1. A la base du montage, une chatière descendante mène dans une poche dite l'Oubliette, dont le point le plus bas (sur éboulis) est à la cote -3.

Le montage du Professeur est haut de 2,6 m. Son sommet est suivi vers Je Sud-Ouest par un conduit irrégulier en légère descente, dont les traces de pointerolle, peu nettes, mon­trent qu'il a été creusé du Sud-Ouest vers le Nord-Ouest ! A 10 m se présente un diverticule vers Je bas, qui descend jusqu'à la cote -4. Ceci est d'importance. Cela nous montre que la mystérieuse galerie inférieure qui draine Je Complexe d'Oedipe et Je Triomphe des Gros est poussée jusque sous J'Oubliette et sous la présente poche descendante. Dans celle-ci, à la cote -3,3, une portion de plafond en roche revient vers le Nord, qui correspond peut-être au faîte d'une galerie presque entièrement comblée, mais il n'a pas été possible d'en déterminer le sens de creusement. Ce bovau étant éboulé à 1,5 m, on a tenté de "shunter" 1 'éboulement en vidant un renfoncement un peu en contre haut, dans le début de la poche descen­dante, ce qui eut pour effet de combler celle-ci en grande partie (f;g. 13).

a

F ig. 1 3 . Poc h e d esce ndante dans les

0 ppo sa nt s .

a. avant l e 1 3 septemb r e 1 982

b. ap r ès l e 1 3 se pt e mbre

1 : 2 0 0

b

Au-delà de cette poche decendante, le conduit se poursuit vers Je Sud-Sud-Ouest et passe sous un dépilage montant. A 21 m du montage du Professeur, coup de théâtre : une galerie 1900 vient télescoper les travaux XYlème siècle , venue du Sud-Sud-Ouest ! Ces derniers sont d'ailleurs creusés dans le même sens. La galerie 1900, dont le sol est à la cote

-2,5, a été boisée ca r elle traverse au préalable une zone ébouleuse surmontée par deux puits XYlème siècle séparés d'une vingta ine de mètres : les puits des Ana rchistes et du Grand­Père. Les miroirs de faille qui matérialise nt le filon sont ic i très spectaculaires et délimitent une zone broyée très large. Des décollements ont provoqué l'éboulement de lentilles de roche de plusieurs mètres, notamment au lieu dit Chaos des Anarchistes, sous le puits du même nom. Le plafond est fait en partie de cailloutis de remblayage de dépilages XYlème siècle, mais moins compactés que ceux rencon trés dans les filons Nothhilf et de la Salaman­dre.

Le puits des Anarchistes n'offre plus son aspect d'origine ca r les éboulements ont dû l'élargir ; son sommet ne montre pas de horns­tatt. Le puits du Grand-Père est l'accès le plus aisé au niveau supérieur (escalade en libre, peu difficile), é troit vers le bas mais s'élargissant ensuite. La paroi nord est un empilement de comblage d'un dépilage, qui semble à peu près con t inu jusqu'au puits des Anarc histes. La dimen­sion dépilée est d'environ 20 rn (en longueur) pour JO rn (en hauteur). C'est une très faible surface, qui nous montre que le fil on de la Galerie dans le réseau des Opposants (c omme plus au Nord, dans le Triomphe des Gros, et plus au Sud) é tait fort peu produc tif et n'a pas dû couvrir les frai s d' e xploi tation.

Seule une margelle ét roite borde à son sommet le puits du Grand-Père. Une sui te de planches placées perpendiculairement à son mur, selon la ligne de plus grande pente inclinée à 60° environ, le c loisonne e n deu x compar ti­ments. Au-delà de la base du puits du Grand­Père, la galerie 1900 quitte la zone des dépila­ges pour conduire, trente mètres plus l? in, _à un eboulement sous puits montant (degage, voir plus loin).

Les t ravaux supérieurs sont donc acces­sibles par le puits du Grand-Père. Vers le Nord, c 'est à dire ve rs le puits des Anarchistes, la galerie XYlème siècle (+ 14 par rapport à la galerie l900), coiffant ici le dépilage décrit précédemment, est surmontée de condui t s légère­ment dépilés monta"nt obliquement et par paliers. Le sommet du plus septentrional de ces conduits est actuellement le point le plus haut du réseau de la Mine de Plomb inférieure (+27 par rapport à la galerie 1900). Vers le Sud, la galerie taillée dans le sens de notre progres­sion, mène d'abnrd 3 10 rn à un carrefour encombré, sur monté du très tortueu x montage du Roi David. A son pied s'em branche vers le Nord-Est une galerie latérale courbe de 20 rn (haute de 1,50 m) sur miroir de faille , avec au fond diverticule de 7 m. Au-delà du carrefour sous le Roi David, la galerie XYlème s iècle se poursuit vers le Sud (haute de l,80 m) avec une pente montante assez étonnante : 10 degrés

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e ll e se précipi te au bout de 20 m dans le sommet du vaste puits de l'Elève (1900, creusé de bas en haut !) et ne se poursuit au-de là plus que sur quelques mètres.

Avant de poursuivre, retournons à l'extré­mité de la galerie 1900, c'est à dire à son point d'avancement extrême dans les vieux travaux. 14 m au-delà ve rs le Sud, au début du Chaos des i\narchistes, s'em branche sur la gauche un conduit XYlème siècle à la cote +6 par rapport à la galerie l900, c reusee sur une des fractures du faisceau lenticu­laire dit filon de la Galerie. Ce conduit mène au sommet d'un puits de 6 rn sans hornstatt, à la base duquel aboutit un travers-bancs de 3,5 m issu de la fracture principale, où il est éboulé dans le Chaos des Anarchistes. Au-delà depuis le sommet de ce puits, un court prolonge­me nt du conduit est coiffé par le montage de l'Ermite qui atteint la cote +13 (par rapport à la galerie 1900). De son faîte se dégage une grande impression d'isolement.

Replaçons nous au sommet du puits de l' Elève , de large section. Sa base actuelle (à 10,5 m sur le pendage de la fracture) est le sommet d'un éboulis sous cloche asymétr ique qUJ se prolonge vers le Sud-Sud-Ouest sur 14 m, mais s'arrête net au Nord-Nord-Est contre la paroi du puits. Le long de celle-ci, une séance de décombrage (conduite depuis les deux côtés) a pe rm is d'établir la jonction av~c le tronçon de galerie 1900 qui mène sous le puits du Grand-Père, galerie dont la sole est à 6 m sous le sommet de l'éboulis ; le chemine­ment peut donc à présent se faire directement du réseau des Opposants à cette demi-cloche, mais le passage é troit entre l'éboulis verticalisé, contenant un immense bloc, e t la petite paroi du puits, sur 4 m de hauteur, n'est pas sans dange r .

L'extrémité descendante obstruée du côté Sud-Sud-Ouest de la demi-cloche a ete rapidement décombrée. Elle correspond à l'éboulement "final" de la galerie aux Rails de la par tie anté rieure de la mine (voir § 6.1.6.).

Il est ainsi possible de visiter la majeure partie du réseau de la Mi ne de Plomb in!érieure en décrivant un grand huit, compose d'une petite boucle dans le Complexe d'Oedipe et d'une grande boucle qui s'achève par le Tri­omphe des Gros, les Opposan ts et la galerie a ux Rails.

6.2. Nothhilf ou la Mine de Plomb superieure.

Nous n'avons fait qu'une étude sommaire de la Mine de Plomb supérieure. * En voici les principaux résultats.

a. Longueur accessible .

L'éboule ment final actuel apparaît à

316 m de l'entrée il s'agit d'une cloche dont le décombrage a été tenté à plusieurs reprises durant les six dernières années, ce qui a permis de s'avancer d'encore 4 m. :VIais cette cloche se développe très en hauteur et de grands travaux seraient nécessaire pour aller au-delà.

b. Architecture de la galerie.

Sur tout ce parcours, la galerie est de type XYlème siècle reprise au XVIIIème siècle, donc à partir des années 1770 (voir Chap. 1). Cette histoire en deux temps a pour conséquence de nous livrer des sections de galeries intéressantes (fig. 14 et photo 2 Pl. V 1). Au-delà de leur diversité due aux influences locales de la nature de la roche, de ' sa frac tura­tian et de la hauteur variable de la galerie XYlème siècle, ces sections ont en commun le fait de conserver fréquemment des vestiges de la taille XYlème siècle au niveau du pla­fond, de la sole et (ou) de l'une ou de l'autre des parois (rarement les deux) épargnés par l'élargissement XVIIIème siècle. Celui-ci fait passer la largeur moyenne de la galerie de 0,55. m à environ 0,80 m ; il n'intéresse souvent que la portion médiane de la section, la base (sur une hauteur atteignant 0,50 m) et le sommet étant alors conservés intacts ; ceci nous montre que s'il y a e1.1 transport par voie de roulage au XVIIIème siècle, celle-ci (ainsi que les chariots en usage) devait avoir le même gabarit que la voie XYlème siècle. L'élargissement s'est fait à la poudre ; les trous percés au fleuret sont fréquents, orientés indifféremment vers l'intérieur ou vers la sortie ; leur diamètre est d'environ 25 mm, mais des "torsions" les rendent fréquemment plus larges ou irréguliers.

c. Pente de la galerie.

La partie inondée retenue par l'éboule­r .. erlt de l'entrée nous permet de mesurer la pente de la galerie, au moins dans cette partie de la mine. Le sol de la galerie n'émerge qu'à 4 5 m de l'entrée, la hauteur maximale de l'eau étant de 0,92 rn, à enviropn 10 m de l'entrée (du fait de la faible pente du cône d'éboulis). Ceci nous donne une pente de 2,6 % très inférieure à la pente de 4,5 % figurée sur le profil de 1901.

d. Un premier problème.

A partir de 94,5 m de l'entrée, le filon stérile que suit la galerie d'entrée n'est plus suivi que par 7 rn de galerie ; la galerie princi­pale vire en ce point 94,5 franchement à gauche (vers le Nord) sans qu'il y ait apparence d'une fracture coupant le filon. On se demande donc pourquoi les Anciens ont quitté le filon pour diriger une traverse vers le Nord. Deux explications sont possible :

- voyant que leur filon restait stérile,

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ils ont poussé un travers-bancs au hasard vers la gauche dans l'espoir de rencontrer d'autres fractures ;

- nantis de l'expérience de l'exploitation des mines supérieures ("Mare aux San~liers" et "Réseau Lution"), ils ont constate que ces dernières suivaient une fracture de même direction mais située au Nord de la leur (à une distance de l'ordre de trente mètres si l'on tient compte du pendage de ces fractures) ; ils ont donc tenté de la rejoindre. Ceci explique évidemment que les mines sus-jacentes sont plus anciennes.

Ce faisant ils croisèrent 18 rn plus loin une nouvelle fracture stérile que l'on suit jusqu'à l'éboulement final, de direction N 55 à N 70 et pentée en moyenne de 60° vers le Nord-Ouest.

e. Le mystère du Réseau des Chatières.

Aux distances respectives de 116 m, 130 m et 169,5 m (depuis l'entrée) apparaissent trois galeries à main gauche, qui donnent accès à un complexe que nous avons appelé "Réseau des Chatières". La liaison cependant n'est actuellement pas praticable entre le complexe des deux premières et de la troisième.

Ce réseau mérite qu'on s'y attarde. Nous voyons d'abord dans la galerie principale, à partir d'environ 100 rn (de distance de l'en­trée), le plafond XVIème siècle s'élever progres­sivement, pour atteindre au mètre 123 la hauteur respectable de 4 rn ! Dans la paroi sud de cette galerie, on peut voir parallèlement le plancher de la galerie la plus ancienne s 'élever de même, ce qui se marque par une légère corniche ; cet ancien plancher "montant" est affec té à 119 m d'un brusque ressaut vertical qui l'élève encore d'environ 1 rn ; 4 m plus loin, le plafond redescend brusquement de 1,5 m, marquant le front de taille de cette galerie primitive qui se terminait donc en "sitzort" (galerie basse) depuis la saute du plancher. C'est au mètre 116 donc, et à environ 50 cm au-dessus du plancher primitif (soit à plus de 2 m de la sole actuelle), que se ~reffe la première galerie latérale du réseau des Chatières, creusée en travers-bancs vers le Nord. Son plafond est à niveau avec celui de la galerie principale.

On voit très nettement que par la suite et encore au XYlème siècle, le plancher de la galerie principale, donc fortement remontante (avec une pente de 8 à 9%) et se terminant en si tzort, a été surcreusé afin de redonner à la galerie une pente normale. Les st ries laissées par la pointerolle dans les parois sont à .peu près verticales, mais une légère courbure

" En particulier, nous avo ns conservé bien que comp lét é notre ancienne topo du 27.7.1974 a u 1: 500 , révisée le 12 .7 . 1975.

50

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Fig. 14. Sect ion s de ga l e ri es de l a Mine de P l omb sup é rieure.

S à 80 m è tr es de l' e ntr ée , v u e v e r s l 'ava l .

S 2 au mètre 100, d a ns la r eco up e ve r s l e N ord , vu e ve r s l e Nord.

1m

S 3 2 mètre s avant la deu x i è m e ga l er i e du r ésea u d es C hatièr es, vue vers l'amont

(ENE ) ; not e r l e pendage NW d e l a fr act ur e ; e n b as , puits co mbl é avec au som­

m e t une encoche de poutre.

S 4 mètr e avant l a troi s i è m e ga l er i e du r ésea u de s C' h at i è r es (à droite sur e

la sect i on), vue ver s l' ava l; à ga u c h e , ga l e ri e X VIII s i èc l e de li a i so n.

S ') : 2 5 mètr es ava n t l' ébo ul e m e nt fin a l, v u e ve r s l' a mont.

E n bas, profil au ni vea u d e l a pr e mi è r e g a l e ri e du r éseau de s C h a ti è r es , m o ntrant le

plancher de l' an c ien s it z.o rt ; a ft = anc i e n fr ont d e tail l e.

peu nette, par endroits, ferait porter à croire que cette retouche aurait été pratiquée fort curieusement de l'arrière vers la sortie. Au-delà de l'ancien front de taille, la galerie est haute d'environ 2,25 m. Le plafond XYlème siècle est fort beau, et on est autant surpris qu'émerveillé de le voir amorcer un virage , vers la gauche, au mètre 130, pour s'engouffrer dans la deuxième galerie du Réseau des Chatières, creusée elle aussi vers le Nord, mais donc à une époque postérieure à la première. Ce plafond tournant est l'un des plus beaux sites m1mers visible à Sainte-Marie et mérite à lui seul la visite de la mine (photo 1 , Pl. VI).

Le tronçon de la galerie principale compris entre les mètres 130 et 169 ne montre aucune trace d'Wle taiHe à la pointP.rolle : Sa hauteur n'est que de 1,7 m (photo 3, Pl. VI), et sa sole monte assez rapidement, entre les mètres 130 et 134, d'une trentaine de centimètres. L'absence de reliques de taille XYlème siècle n'est certes pas une preuve formelle de l' inexistance de ce tronçon à cette époque ; mais il faudrait alors imaginer une galerie nettement plus basse qui aurait été entièrement agrandie dans les deux dimensions horizontale et verticale. Cette explication est peu plausible.

D'ailleurs, à 169 m, la galerie principale, donc ici purement XVIIIème siècle, reçoit sur sa gauche la troisième galerie du Réseau des Chatières, qui l'aborde en faisant avec elle un angle très ai~u, et qui surtout est creusée dans le sens Reseau des Chatières - galerie principale : Au-delà de ce point les sections sont à nouveau celles d'une galerie XYlème siècle reprise XVIIIème siècle. ·

Nanti de ces observations, on peut recons­tituer partiellement l'histoire de cette partie de la mine · : au XYlème siècle, les Anciens quittèrent la fracture principale au mètre 130 pour amorcer une traverse vers le Nord (la deuxième galerie du Réseau des Chatières (photo 1 , Pl. VI) ; au-delà d'une zone que nous allons décrire plus loin, ils se dirigèrent vers l'Est pour retrouver plus loin la fracture principale. Au XVIllème siècle, on poursuivit d'ans l'alignement de la fracture principale l'entaille de la galerie principale afin d'éviter ce détour ; cette jonction a pu se faire en pratiquant le nouveau percement dans les deux sens, ma.is l'orientation des trous de fleuret ne permet pas d'observation déterminan­te en ce sens.

Qu'est-ce donc qui a motivé les Anciens à se diriger brusquement vers la gauche au niveau du Réseau des Chatières ? A priori on pourrait avancer les mêmes raisons que précé­demment (§ d.), mais la seconde explication seule semble pouvoir être ici retenue ; en effet, la première de ces recoupes a été pratiquée au

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bout de quelques mètres seulement de parcours dans le nouveau filon stérile ; les Anciens se sont bel et bien rendu compte qu'ils n'évoluaient toujours pas sur la même fracture que celle exploitée plus haut, et qu'ils la laissaient encore à leur gauche. Cette constatation est pour nous d'importance, car elle atteste de la relative bonne précision du travail de leur Markscheider! Les anciens ont donc pratiqué une première traverse sur leur gauche (celle à 116 m). Ils ont alors recoupé, au bout de quelques mètres, un faisceau de fractures. Ils se sont étendus sur l'une d'elles, en l'occurence la dernière recontrée parallèle à la galerie principale. Cette première galerie s'arrêtait à environ 20 m de son point de départ, après une dizaine de mètres en traçage sur la nouvelle fracture.

Après avoir donc rétabli pour le roulage le niveau de la galerie principale et poursuivi celle-ci d'environ 8 m, ils virèrent sur la gauche pour la seconde fois à travers-bancs, peut-être dans le dessein d'atteindre le faisceau de fractures déjà recontré, mais sans avoir à surcreuser de 2 m le plancher de leur première traverse. Mais voyons d'abord à quoi mène plus loin cette seconde traverse. Elle rencontre d'abord à 8 m une première faille appartenant au faisceau déjà mentionné. Celle-ci fut suivie vers la gauche sur 6,5 m jusqu'à une jonction par lucarne (Durchschlag) qui fut alors établie avec la première galerie latérale (qui a dû être prolongée de quelques mètres pour la circons­tance, marquant un virage à angle droit vers le Sud, suivi d'un autre vers l'Est). Vers la droite sur cette première faille, un passage assez large mène à un éboulement montant. La roche trop faillée ne permet pas de détermi­ner le sens de creusement de ce passage. Tout au plus y observe-t-on, au niveau de la sole, des encoches de poutres qui attestent de la présence· d'un puits descendant comblé, juste avant J'éboulement montant.

Au-delà de cette première faille, la traverse vers le Nord se poursuit, comblée jusqu'au faite ; nous l'avons dégagée le Il sep­tembre 1982. Elle donne au bout de 3 m sur une faille qui n'est autre que le prolongement oriental de la fracture suivie par la première galerie du Réseau des Chatières ; cette faille a été tâtée sur 3 m au total par deux amorces vers l'Est et vers l'Ouest, la traverse se pour­suivant encore de 1,2 m ; l'ensemble dessine la forme d'une croix.

Reste le probième de J'éboulement montant. Prenons-le par l'autre bout ; on a vu que la troisième galerie du Réseau des Chatières, qui s'embranche au mètre 169, était creusée d'Ouest en Est ; on la visite à rebours ; ce tronçon ouest-est démarre sur une fente peu nette, à 17 m du débouché au mètre 169 ; il est précédé par un tronçon sur une faille N 60 ; au virage reliant ces deux tronçons se

trouve un ancien front de taille. Le tronçon N 60 ~xploré à rebours s'achève pour nous sur u_n eboulement montant qui est le pendant de l'eboulement rencontré précédemment.

Le c~eminement topo nous a montré que les deux eboulements montants, distants de 4 à 5 m, ne s'alignent pas du tout dans la direction N 60 des failles suivies de part-et­d' autre, mais selon une direction à peu près N 120 (pensant alors à une erreur, nous avons refait le cheminement). Effectivement les tentatives de décombrage des deux côtés nous ont montré que l'éboulement correspond à un puits (ou dépilage) montant orienté N 120.

De cette constatation germe l'idée suivante : la deuxième gale~ie_ de traverse du Réseau des Chatières a ete creusée dans le but de rejoindre la base d'un puits issu d'une mine supérieure, peut-être pour des questions d'aérage ou d'exhaure. Au-delà, la galerie se poursuit pour aller rejoindre la fracture princi­pale. Cette hypothèse pour être vérifiée deman­de le décombrage de l'un des éboulements montants à l'aide d'un outil à long manche (de gros blocs sont coincés à plusieurs mètres de hauteur). On discutera plus loin de savoir de quelle mine peut provenir ce puits.

, Il est encore à noter que juste avant le metre 131, des encoches de poutres au pied de la paroi gauche (qui est un miroir de faille penté à 50°) semblent correspondre à un puits descendant comblé. Enfin, les trois galeries du Réseau des Chatières ont été en grande partie comblées, surtout à leur début, vraisem­blablement au XVIIIème siècle (ce qui évitait aux exploitants d'alors d'avoir à sortir au jour tous les matériaux) ; il en résulte des étroi­tures qui sont à l'origine de notre appellation de cette pür ti e de la mine, pleinement . justifiée surtout par l'obstacle que constitue pour le spélé­ologue le passage de la lucarne de jonction entre les première et deuxième galeries.

f. Au delà du mètre 169.

Vingt à trente mètres au-delà du point où la galerie anc ienne a rejoint la fracture principa ie (mè tre 169), on observe à nouveau dans la paroi la trace d'un ancien plancher à forte pente, ultér ieurement surcreusé. La galerie est alors haute de 2,2 m. A 200 m, la fracture oblique légèrement sur la gauc he ; à 218 m, elle se di vise en deu x branches, celle de gauc he n'étant suivie que sur 7 m ; au-delà de la bifurcation, la hauteur de la galerie n'est que de 1,6 m sur une assez longue distan­ce ; elle s'a~aisse même à 1,35 m (:) lorsque la fracture ob!1que un~ nouvelle fois sur la gau­che, au-dela du metre 285 ; la pente est ici assez forte.

52

6.3. La Mine Imamahettabombomstand.

Signalée par un renfoncement dans le flanc de · la montagne, et par une petite source, l'entrée de cette mine fut rapidement réouverte à la pelle mécanique le 16 juin.

L'entrée est spacieuse et comporte un élargissement à droite. Elle se prolonge par une galerie légèrement sinueuse qui bute au bout de 68 m sur un éboulement probable­ment sous puits montant. Sa hauteur varie de 1, 90 à 2,80 m et sa largeur de 0,80 à 1 m. Entièrement taillée à la pointerolle, elle est du style ogival tronqué. Il n'y a aucune trace de voie de roulage.

Ainsi le filon des Mines de Plomb (filon Nothhilf) se prolonge vers le Sud-Ouest par delà le ruisseau de Surlatte. Une prospection en surface, dans l'espoir de retrouver une entrée supérieure suceptible de communiquer avec le puits éboulé, n'a pas porté de fruits tant qu'elle est restée cantonné au filon Nothhilf. Par contre, la solution est apparue dès que fut découverte une halde toujours en rive gauche du ruisseau de Surlatte, au-dessus du chemin forestier de Chaufour, mais 50 m en amont de la mine lmamahettabombomstand (doné au SE), et environ 15 m plus haut. L'entrée n'est pas visible, masquée par les éboulis de pente. Cependant, la minéralisation identique à celle du filon d'Entrée de la Mine de Plomb inférieure suggère une poursuite de ce filon en rive gau­che, sur sa direction N lOO, suivi donc ic i vers 1 'Ouest. Un tracé théorique de la galerie pré­sumée qui conserverait cet azimut la ferait rencontrer le filon Nothhilf de rive gauche ... exactement à l'aplomb de l'éboulement terminal de la mine lmamahettabombomstand. Une jonc­tion entre ces deux mines au niveau du puits éboulé est donc fortement probable.

6.4. Le Vieux Rimpy : un exemple modèle d'exploitation polyphasée ancienne.

Voir au § 1.2. pour l'historique de son ouverture. Rappelons que nous avons là deux entrées, l'une d'elles ne menant qu'à une courte recherche. La vaste halde est en photo dans Pierres&: Terre N° 17, p. 15.

6.4.1. Le réseau principal.

La topo présentée ic i (Pl. 5 de l'atlas) nous dispense de commentaires superflus sur les direc tions des galeries. Nous allons par contre détailler quelque peu les styles de creusement.

La galer ie d'entrée est en roche for~e­ment ~racturée et ne montre pas de section caracteristique. La galerie laterale au point a, large de 0,80 m, offre une voûte arrondie ("romane") et se termine sur 2,5 m en sitzort haut de 0,85 m. Dans cette galerie, des portions de voûtes noircies attestent qu'on y a travaillé au feu. Le travers-bancs N 150, parcouru par

53

Fig. 15. Plan de la Mine

1 ma m ahettabo m bo m stand.

1:200

10 m

une voie de roulage conservée sous eau, est sur une fente peu nette, à peine perceptible dans sa partie reculée où sa taille est particulière­ment belle. Elle montre un profil "en tonneau" ; sa largeur varie de 70 à 86 cm, c'est à dire bien supérieure à celle des galeries XYlème siècle ; le plafond est lui-même constamment large de plus de 50 cm. Au point d apparaissent à 20 cm du sol de petites banquettes latérales dont l'utilité reste à expliquer (plancher suspen­du au-dessus d'un chenal d'écoulement ?) ; on notera la relative grande hauteur de cette ga­lerie (photo 2 , Pl. VII). Ce style de galeries antérieures à l'époque de la poudre, fort dif­férent du style ogival tronqué, ne peut que lui être encore antérieur. Appelons-le pour 1' instant "médiéval". Nous argumenterons ce point au chapitre IV, § 2.1.

Le travers-bancs touche un premier filon au mètre 61 et s'arrête en niche 50 cm au-delà. Le front de taille de cette niche, lisse et sans gradins, est remarquable mais n'est haut que de 1,42 m ; il est donc précédé d'une marche masquée par les éboulis.

La galerie dans le filon s'étend vers le Nord-Est sur 67 rn, surmontée de petites fouilles et d'un dépilage dans sa partie centrale. Dans ce filon qui offre des miroirs de failles très spectaculaires, il est illusoire de chercher à caractériser un style de creusement.

Au mètre 7 5 apparaît un élargissement en homstatt, coiffant un ancien puits comblé et inondé. Un renfoncement dans le sol, consti­tué presque partout ailleurs d'éboulis sur une certaine tranche d'épaisseur, laisse apparaî­tre dans l'eau la voie de roula~e en bois qui traversait donc le puits comble (photo 3, Pl. VII) : la voie de roulage XYlème siècle a donc été posée lors d'une deuxième époque d'exploita-' tian, postérieure au . creusement du puits, qui a été condamné par comblage. Une fouille reste à. ef1ectuer sur ce site.

Au mètres 85 se trouve un deuxième hornstatt, de taille admirable (photo 1 , Pl. VII), coiffant un puits-dépilage inondé qui s'évase vers le bas ; des poutrelles transparaissent en profondeur . On ne voit plus de voie de roulage. Le plafond remarquablement plan du horns­tatt est entaillé net par un dépilage partielle­ment remblayé par des éboulis compactés.

Ce dépilage . atteint 10,5 m de hauteur au-delà du puits ; à environ 2,5 m de la sole, des encoches de poutres carrées de relativement grande dimension (30 cm au moins) apparaissent dans les deux parois, espacées d'un mètre

·en moyenne ; ces poutres (dont deux subsistent, légèrement inclinées), très imparfaitement ali­gnées, supportaient les empilements dont une partie s'est effondrée, occasionnant l'édifi­cation d'un cône haut à l'origine de 3,5 m et s'appuyant contre la paroi nord-est du dépilage

54

qui descend verticalement. Soupçonnant un prolongement à la galerie, nous creusâmes en 197 5 contre cette paroi, pour trouver effective­ment la suite attendue. Un éboulement final en cloche, entre gros blocs, apparaît au mètre 128. Un léger courant d'air y filtre.

~ . Croquis partiel de la paroi S-E du dépilage au-delà du puits inondé, Vieux Rimpy

empilements 'co:actis

,1/ /

plafond du r-----------' hornsto tt 1

1 /

/

Fig. 16 A . Sections de galeries du Vieux Rimpy (voir emplacements dans l'atlas topo)

0 0 0 0 a b c

0 0 0 e g (lucarne)

Revenons au grand puits inondé. Dans la paroi sud-est du hornstatt s'ouvre un travers­bancs ... dans le plus pur style XYlème siècle (hauteur 1,75 m, largeur aux épaules 58 cm). Celui-ci recoupe une première fracture à 6 m, et se jette à 11 ,5 m dans un dépilage complètement remblayé, donc dans le plan d'un deuxième filon. Des séances de terrassement ont permis de progresser sous comblage de 3 m vers la gauche et de 0,5 m vers la droite ; l'autre paroi du dépilage remblayé n'a pas été atteinte. La direction de ce filon n'a pas été mesurée. Elle serait de N 20 (donc légère-

ment oblique par rapport à celle du premier filon, N 35 à N 40) si l'on se réfère à l'aligne­ment du pingenzug en surface, dont le bout méridional est rigoureusement superpose au dépilage comblé.

Du sommet du cône d'éboulis sous dépila­ge qui fait immédiatement suite au grand puits dans le premier filon, op· aperçoit à la cote +6,3 le départ d'une autre galerie XYlème siècle en sitzort, dirigée vers le Nord-Ouest ; ses dimensions sont modestes (hauteur 85 cm) : à 4,5 m on atteint un goulot de jonction (Durch­schlag) de forme sub-ovale, de 57 x 32 cm. Au delà, une galerie haute de 80 à 90 cm arrive en sens inverse en descendant grâce à deux petits ressauts au niveau de la sole , le faite étant également en gradins. A 6 m du goulot, on atteint la base d'un puits de section éton­namment faible (1 m x 0,60 m), qui n'est marqué par aucun élargissement. Le puits, taille évidemment de haut en bas, est haut de 10,7 m et vertical, sur une fracture N 50 peu importante (puisque son prolongement n'apparaît pas dans le travers- bancs). Du petit hornstatt du sommet (cote +18), une galerie de hauteur normale mène vers une sortie éboulée (précédée, à 3,5 m du puits, d'une lucarne d'aération) : il s'agit donc d'une petite mine supérieure, creusée peut-être dans le but de venir en aide au Vieux Rimpy pour l'aérage, comme l'attesterait la volonté qu'avaient les exploitants d'entrer en contact en poussant à la rencontre l'un de l'autre deux sitzorts.

En conclusion, on notera qu'on a affaire à une mine pour l'essentiel très probablement médiévale (mais nous argumenterons ce point au chapitre IV, § 2.1.), poursuivie au XYlème siècle et alors équipée d'une voie de roulage.

6.4.2. La recherche annexe. (topo : Pl. 5 de 1 'atlas)

9,6 m au Sud du Vieux Rimpy se trouve l'entrée d'une galerie longue de 21,5 m dont le style n'est pas caractér-istique en raison du degrés de fracturation de la roche. La hauteur varie de 2,05 m (vers l'entrée) à 1,75 m (vers le fond), la largeur est de 55 à 65 cm. La portio"n de l'entrée est sur un filon de terre grasse N 160 ; on recoupe à 8 m une faille verticale N. 15, et au fond une faille N 40 pentée de ,70° vers l'Ouest, peu importante.

Cette recherche offre tout de même quel­que chose d'exceptionnel, qui nous a été révélé par le terrassement de la pelle mécanique : son

. entrée fait suite à une tranchée creusée en roche dont le faîte était boisé, si 1 'on se réfère à une encoche de poutre qui apparaît au parement est, de 30 cm x 25 cm pour 20 cm de profondeur.

55

Fig. 17. Deux sections de la

Recherche anne x e au Vieux Rirnpy.

1 : 5 0

à 2 rn de l'entrée

t---1 0,5 rn

à 6 m du fond

6.5. Fée Carabosse.

Nous ne l'avons pas réétudiée. Son entrée est occupée par un joyau de l'art géomé­trique élaboré par des locataires du lieu, dont les fils d'argent scintillent au soleil de 15 heures éclairant cet étroit boyau.

CHAPITRE IV : ENSEIGNEMENTS ET PROBLEMES ISSUS DE L'ETUDE SOUTERRAINE.

1 . Quelques problèmes particuliers.

1.1. De quand date la galerie principale de la Mine de Plomb inférieure ?

Nous voulons parler ici de la partie anté­rieure de la mine jusqu'au carrefour au mètre 379, et peut-être jusqu'au deuxième ouvrage montant qui suit encore ce carrefour dans le filon de la Galerie, soit jusqu'au mètre 405 (chap. III, § 6.1.6.b). Nous avons vu qu'on a là affaire à une galerie de facture "moderne" • DE DIETRICH n'en parle pas, la seule mine supérieure étant exploitée à cette époque. REMMEL, en décrivant ses travaux effectués de 1806 à 1809, les. présente comme de petits ouvrages tout à faits mineurs, montants ou descendants, qui se greffent sur cette galerie principale. La conclusion coule de source :

la .galerie a été creusée entr~ la visite de DE LJit.TRICH (1785) et l'arrivee de REMMEL (1806), c'est à dire au début de la période VALLET, immédiatement avant ou pendant la Révolution. Nous n'avons aucun document sur cette période, si ce n'est que MÜHLEN­BECK la décrit comme celle d'une exploitation en pleine léthargie (voir chap. 1, § 3). On a quand même de quoi être étonné en considé­rant les 430 mètres de galerie alors nouvel­lement poussés (si l'on tient compte des 25 m boisés de 1 'entrée) !

Pour la commodité, nous grouperons dans notre chapitre V ces travaux avec ceux du XIXème siècle, afin de les distinguer avant tou~ des travaux du Nothhilf qui leurs sont anteneurs. En effet, ils inaugurent véritable­ment la période moderne qui voit l'importance grandissante de l'exploitation par la mine infé­rieure.

1.2. Le problème des empilements compactés.

On a vu que, dans le filon de la Salamandre et dans le filon Nothhilf notamment, les gale~ies sont coiffées par des dépilages rem­blayes, et que ces remblais sont étonnamment compacts, apparaissant comme cimentés ; les bois qui les soutenaient ont pour la plupart entièrement disparu (photo Pl. II).

Çà et là, on observe dans ces empilements des parties montrant une véritable sédimenta­tion, faites de matériaux plutôt fins, certaines couches étant colorées par ce qui semble être un concrétionnement ferrugineux. Ces couches semblent faire avec l'horizontale un angle qui peut être estimé à première vue à 20 à 25° (une mesure plus précise nécessiterait un décapage permettant d'observer deux sections verticales perpendiculaires). Or il se trouve que, si l'angle de 33° est . indicatif de la pente maximale de stabilité d'éboulis de pente dans l'air, celui de 22° correspond à la sédimentation d'un talus en milieu aquatique. Nous proposons donc l'hypothèse que ces anciens dépilages comblés eic:-:! pu être noyés ; l'eau aurait eu pour effet de consolider les empilements en y déposant des substances fines, alors que de petits talus d'éboulis se seraient mis en place dans des poches restées vides entre les matériaux de comblage.

1,.3. que~es sont les mines impliquées dans 1 explOitation du noeud fiJonien ?

Ce problème se pose uniquement pour l'exploitation au XYlème siècle. Nous avons vu d;;ms 1 'hi.~torique (cha p. 1) que, à partir du XVIIIeme s1ecle, l'extraction se faisait en abordant le noeud filonien par le Sud, et emis l'hypothèse que , au XYlème siècle au contraire, si des recherches étaient poussées depuis le Sud, l'essentiel des minerais était

56

extrait par des mines venues du Nord, c'est à dire du vallon de Saint Philippe.

Tentons de vérifier cette hypothèse, et dressons pour cela tout d'abord la carte des travaux XYlème siècle intéressant le noeud filonien, en prenant soin d'indiquer pour chaque galerie le sens de creusement, et en tenant compte des cotes altimétriques.

, Nous constatons que nous sommes en presence de trois systèmes (fig. 18).

. Un système 1 est représenté, pour le mveau de base, par la galerie méridionale du Complexe d'Oedipe et par la rue de Château Lambert dans le Triomphe des Gros. S'y gref­fent bien sûr le Triomphe des Gros (au moins pour partie) et le réseau des Opposants. Ce dernier est obligatoirement creusé du Sud vers le Nord à partir d'un montage issu d'une galerie inférieure, actuellement inaccessible, qui draine aussi les eaux du Triomphe de Gros et du Complexe d'Oedipe pour les ramener probablement dans les profondeurs de la salle des Chevaux, où se trouve Je puits 53 de COMBES dans lequel s'écoulent "tou tes les eaux de Surlatte". Rue de Château Lambert et galerie sud du Complexe d'Oedipe sont creusées partir d'un puits montant, élevé depuis la même galerie inférieure, et qui doit se trouver à la charnière de ces réseaux, en un endroit actuellement inaccessible. En conclusion, le système 1 représente le niveau supérieur d'une mine.

Un système 2 comprend pour son niveau de base (de 2 m supérieur à celui du système l) la galerie sinueuse depuis la salle des Chevaux qui, au travers de la Salle Timbanque, se dirige jusqu'au début du Triomphe des Gros, où elle pousse une avancée sur le filon sud du Complexe d'Oedipe (où elle communique par lucarne avec le système l) ; de ta Salle Timban­que, il s'étend également vers l'Est sur le filon nord du Complexe d'Oedipe et communique par un travers-bancs descendant avec Je système J. De la Salle Timbanque également, s'étendent vers l'Ouest des travaux montants, aux cotes + l ,5 et + l O. Ce système aurait pu être creusé à partir d'un puits montant à l'emplacement de la salle des Chevaux, mais il est plus vraisemblable qu'il l'ait été à partir du fond d'un puits descendant ; en effet, au même ni­veau se trouve la galerie Piè~e à Rats, creusée sous empilements compactes vers la salle des Chevaux. Ledit puits descendant se situerait encore à l'Est de cette galerie, qui aurait pu être au moins momentanément noyée.

Un système 3 compren~ d'abord le traçage sous empilements compactes dans le filon de la Salamandre, du Nord- Est vers Je Sud-Ouest puis probablemen! celui, également sous empile~ ments compactes, dans Je filon Nothhilf creusé du Sud-Ouest vers le Nord-Est depui~ le carrefour du Tuba, qui a donc dû être atteint dès Je XYlème siècle à partie de la salle

--___ .... __ _ .,.,. ____ ~

.... --'.

SYSTÈME 3

.... -- _, --.. ----

Fig. 18. Carte des trois systèmes qui se parta­

geaient au X Vlème siècle l'e xploitation du

noeud filonien des Mine s de Plomb.

------------------- ----------------------- . . .... ~ .-...._ __ ·----...L --.

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SYSTÈME 1

10 rn

1 1

V' .._j

à Mandre. L'hypothèse sur les empilements compactés nous fait opter pour le mveau inférieure d'une mine dont le puits d'accès se situerait au nord-est de l'éboulement final actuel sur le filon de la Salamandre. Le système 3 a évidement pu entrer en jonction avec le système 2. Il est aussi possible que Je système 2 ne soit qu'un prolongement du système 3.

Première conclusion : nous voilà donc en présence de 3 systèmes. qui pourraient correspon­dre à deux ou trois mines indépendantes. Pour aller. plus loin dans la tentative de détermina­tion de ces mines, il faut faire l'inventaire des haldes révélées par la prospection de surface, susceptibles d'être concernees, et à partir de leur cote altimétrique (fournie par la topo) et d'une valeur conventionnelle pour la pente moyenne des galeries, calculer les cotes altimé­triques approximatives qu'atteindraient ces galeries à l'aplomb des puits d'accès à nos trois systèmes, ceci étant évidemment fictif.

Dans l'inventaire des haldes XYlème siècle intéressées, nous retiendrons - dans la vallée de Surlatte :

la Mine de Plomb supérieure la Mare aux Sangliers le Trou Peau le Vieux Rimpy ;

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- dans le vallon de Saint Philippe le Vieux Saint Guillaume le Berg Armo le Sapin Vert superteur (Trau3ott sup. du XVIIIème siècle) les · deux galeries du Pfaffenloch, double halde dans le vallon à l'ouest du groupe Traugott, appelée "Sapin Vert" par Lesslin.

Pour ce qui concerne les pentes des galeries, nous a v ons deux mesures à notre disposition, fournies par des poches d'eau dans les galeries. La Mine de Plomb supérieure monte de 0,92 m en 35 m, soit de 2,6 %. La Mine de Plomb inferieure s'éleve de 0,40 m sur 80 m, soit de 0,5 %. Nous proposons de tabler sur une moyenne de 2 %.

Calculons enfin les altitudes de nos trois systèmes à partir de celle de l'entrée de la Mine de Plomb inférieure (656 m). Nous obtenons pour la salle à Mandre 659 m, pour la salle des Chevaux 660,5 m et pour le sys­tème l : 658,5 m (ceci en tenant compte de l'horizontalité de la portion · Cloche Blanche -Salle à Mandre).

Le tableau suivant nous permet de calculer les altitudes approximatives des huit mines de la liste précédente à 1' aplomb de la salle des Chevaux, en partant de la supposition fic­tive qu'elles atteignent ces parages.· La pente supposée est donc de 2 %.

Mine Ait. de l'entrée

distance Cote p. rap. à l'entrée

Ait. aplomb cote p. rap. s. Chevaux s Chevaux

Mine de plomb supérieure 683

Mare aux Sangliers 738,5

Trou Peau 733

Vieux Rimpy 787,5

Vieux Saint Guillaume 789

Berg Armo 684,5

Sapin Vert supérieur 621

Pfaffenloch { 646,5 ±5 655 ±5

A noter que les altitudes des deux Pfaffen­loch sont approximatives, sauf pour leurcalage relatif, ces mines tombant hors du perimètre topographié.

Commentaire.

Procedant par élimination, nous pouvons

500

360

400

200

200

650

850

500

+ 13(2,6%) 696 + 36

+ 7 745,5 + 85,5

+ 8 741 + 81

+ 4 791,5 + 131,5

+ 4 793 + 133

+ 13 697,5 + 37,5

+ 17 638 - 22,5

+ 10 { 656 ±5 {: 4 ±5 665 ±5 5 ±5

déjà écarter les mines trop hautes en altitude qui n'intéressent très probablement que le faîte du noeud filonien, Vieux Rimpy et Vieux Saint Guillaume, bien que l'~listoire nous dise que ce dernier s'est enfoncé très bas dans le champ du Berg Armo. De même, la Mare aux Sangliers n'a dû explorer que les hauteurs au-dessus de la mine de Pomb supérieure.

Quand au Trou Peau, sa halde laisse présager une mine de plusieurs centaines de mètres, mais elle offre le désavantage d'être excentrée par rapport au filon principal, et encore d'être très haute en altitude ; il faut aussi être attentif au contenu de la halde qui n'offre guère de minerai : le Trou Pe?u a dû explorer les parties hautes probablement stériles du faisceau du filon de la Galerie.

Le Pfaffenloch est un grand mystère. Sa double halde est énorme, c'est la seule à égaler en surface celle du Nothhilf, et une fonderie s'y trouvait. Mais on ne peut dire si elle exploi­tait un filon totalement indépendant parallèle au système des Mines de Plomb, ou si elle suivait une fracture qui l'aurait conduit soit sur le filon Traugott, soit sur le noeud filonien des Mines de Plomb. La cote altimétrique coïnciderait de façon assez stupéfiante avec nos systèmes 2 et 3, mais on a vu que ceux-ci représenteraient plutôt le niveau inférieur d'une mine.

Il nous reste le Berg Armo, la Mine de Plomb supérieure et la galerie supérieure du Sapin Vert. Les deux premières aboutissent aproximativement à la même cote altimétrique. Il est probable que la Mine de Plomb supérieure du XYlème siècle atteignait le noeud filonien car les exploitants du XVIIIème n'ont fait que réutiliser cet accès.

Mais il n'est pas du tout exclus que le Berg Armo ne l'ait attemd également et que la Mine de Plomb - dont aucun rapport ancien ne parle, ce qui signifie qu'elle était peu produc­tive - ait été réduite à faire irruption dans les travaux du Berg Armo.

C'est ce que corrobore notre observation que le système 3 (et peut-être aussi le système 2) serait issu d'un puits foncé en un point situé plus au Nord sur le filon Traugott du Milieu, donc depuis le Berg Armo. Cette même mine a d'ailleurs dû se diviser en plusieurs branches, l'une d'elles, plus occidentale, ayant suivi le filon Traugott du Toit (v.oir chap. III, § 4) avant de se jeter, au moyen d'un travers-bancs, dans la Mine de Plomb supérieure (MALLET et DUHAMEL). On peut pousser le raisonnement plus loin : si le Berg Armo continuait de suivre sa fracture (Traugott du Toit) et si celle-ci conserve son alignement, il viendrait toucher le faisceau Nothhilf a l'emplacement de l'éboulement montant dans le réseau des Cha­tières de la Nothhilf ~ Mais ceci est de la pure supposition.

Quand à notre système 1, on a vu qu'il correspond à un niveau supérieur d'une mine plus profonde, qui ne peut donc être que le Sapin Vert supérieur qui arriverait sous la salle des Chevaux à la cote fictive -22,5. Le rapport de Combes (voir chap. 1) nous donne plus de précisions : en relevant le puits de la salle des

59

Chevaux, on a trouvé en 1825 une ancienne galerie venue du Nord à la cote -36 (le Sapi~ Vert ~) et qui surmonte encore une autre a -52, dans laquelle s'écoulent les eaux. COMBES ajoute que la galerie cote -36 se poursuit dans le mur du filon Nothhilf.

Conclusion.

Le système 1 fait partie du Sapin Vert sup. Les systèmes 2 et 3 font probablement

partie du Berg Armo. Ainsi si les exploitants de Traugott au XYlllème siècle n'en ont jamais atteint les limites, nous avons eu le privilège d'en avoir parcouru les tréfonds, qui nous ont amenés notamment (dans le Complexe d'Oedipe) à trois fronts de taille parmi les plus beaux de la région.

1.4. La correspondance entre ce que l'on observe et les anciens rapports.

Les considérations précédentes étaient du pur ressort de 1' archéologie minière globale, tenant compte à la fois de l'intérieur et de 1 'extérieur, les données des anciens rapports faisant défaut pour toute la période "XYlème siècle".

Il n'en est pas de même pour les périodes récentes qui sont d'autant mieux documentées qu'elles sont proches. Les descriptions des réseaux nous ont déjà mis, pour certains points particuliers, en face du problème de la correspon­dance entre ce que l'on lit et ce que l'on voit sous terre. Procédons par ordre chronologique, en notant simplement quelques enseignements que 1' on peut en tirer.

XVIIIème siècle. Le plan de MALLET et DUHAMEL de la mine Nothhilf nous permet de juger de la qualité des levés topographiques de l'époque, d'une part, de "caler" la toise alors en usage, d'autre part, ce qui est d'une importan­ce capitale pour la lecture de tout le mémoire de DE DIETRICH : cette toise est de 1,85 m. Quand au tracé de la mine, il est dans l'ensemble assez fidèle pour ce qui concerne la galerie principale, dans la portion que nous connaissons. Par contre il est fantaisiste pour le réseau des Chatières : les travaux latéraux ont donc été schématisés de mémoire. Enfin, il nous est possible de déterminer la déclinaison magnétique de l'époque : elle était de 19° vers l'Ouest.

Lorsque l'on suit du doigt la galerie de Nothhilf sur le plan MALLET et DUHAMEL, on arrive au point X' qui précède une s.ortie au jour de cette mine dans la vallée de Fertrupt. Le point X' est à 850 m de l'entrée. Nous avions cherché depuis longtemps à localiser en surface cette sortie. Elle doit correspondre à l'une des haldes d'un groupe de dix haldes qui s'étagent au-dessus de la Galerie de Suscité en direction sud-ouest. Nous avons d'abord supposé qu'il

s'agissait de la seconde en partant du bas. Celle­ci se compose en effet de deux plateaux jumeaux dont l'un supporte ce qui semble être les ruines d'une Zechenhaus. La mine a été ouverte en septembre 1978. Elle mesure 20 m et se termine sur front de taille (P. et T. No 15/16, p. 53)!

Tentons alors de caler en altitude la sortie Nothhilf. En admettant une pente moyen­ne de 2,6 %, on obtient la cote +22, soit une altitude de 705 m. Celle-ci correspond à l'une des haldes comprises entre la mine ouverte en 1978 et le chemin des Trois Fontaines.

Les hal des plus élevées, d'importance moyenne, pourraient constituer des regards sur l'immense dépilage Nothhilf, tel qu'il est représenté sur le profil du plan allemand. Leur ouverture serait d'un intérêt tout à fait majeur.

XIXème siècle. Le condensé du rapport REMMEL fourni par MARTIN (annexe) nous permet également de fixer la toise. Le carre­four à 379 m de l'entrée, soit 404 m si l'on comprend la partie boisée de l'entrée, est à 225 toises, ce qui nous donne une toise de 1,80 m. A ce point sont décrites la petite recoupe (chap. III, § 6.1.6.a) vers le filon de la Galerie, la courte recherche du côté nord (indiquée comme "côté droit"!) et •Jne galerie de 23,5 m du côté sud, ce qui démontre bien la continuité de ces travaux aujourd'hui partiellement comblés. C'est à cette époque apprenons-nous, que le puits inondé, actuellement accessible par une traverse de 9 m, a été creusé ; il est profond de 23,5 m. L'ouvrage montant au-dessus de la petite recoupe n'était haut alors que de 3 m au-dessus du toit de la galerie. Le puits montant signalé "à environ 15 toises en arrière de la traverse" est en réalité à 38 m avant le carrefour à 379 m ; il n'a pas été entièrement éscaladé · ; on notera qu'il est anteneur à l'époque REMMEL, comme le sont donc probablement les 3 petits dépilages voisins, qui ont été creusés dans la deuxième colonne minéralisée du filon de la Mine de Plomb inférieure. On notera que le puits inondé ("Gesenck l" des allemands) qui précède cette colonne n'est pas du tout signalé.

Passons au rapport COMBES. Toujours pour la Mine de Plomb inférieure, le carrefour à 379 m est noté N° 31. Le puits montant au bout de la petite recoupe est alors poussé plus haut. Par contre nous ne pouvons dire si le puits descendant, profond de 25 à 30 m, au point 32 est le "Gesenck l" (qui reste donc pour l'instant non daté) ou le puits creusé par REMMEL. La plupart des autres points du rapport de COMBES concernent les parties inaccessibles. Nous avons déjà longuement commenté les ouvrages d'accès aux fonds de "Traugott", ainsi que la percée du travers­bancs sud-nord dans une "ancienne galerie".

60

Période 1900. Les trois plans que nous connaissons simplifient beaucoup cette étude. La comparaison a été largement commentée tout au long de ce rapport. Il reste un point à noter : on a foncé un puits de 16 m sur le filon de la Galerie, qui a fourni de beaux minerais, à l'occasion du début du percement de la Gegenortstrecke. Ce puits n'est pas sur les plans allemands, mais seul un emplacement est possible : la salle Timbanque, où son sommet serait masqué par le cône d'éboulis.

1.5. Les chiffres peints dans les travaux.

Tout au long des galeries "modernes" des deux Mines de Plomb apparaissent sur les parois des numéros peints, dont nous avions cherché à saisir la signification. Il n'y a aucune analogie avec les numéros correspondant au plan et à la description de COMBES. Ceux-ci ne correspon­dent pas non plus à la distance depuis l'entrée, exprimée en décamètres : le N°9 dans Nothhilf est à 94 m, le N°10 à 97 m, le N°ll à 112 m, le N°26 à 293 m ... Dans la Mine inférieure, le N°l7 vient 4 m après le N°16, le N°l8 13 m après le N° 17, le N° 19 20 m après le No 18, etc. La plupart sont peints en blanc, mais certains dans les réseaux plus reculés furent peints en rouge, une couleur pouvant masquer l'autre. Ainsi il ne nous reste que l'hypothèse que ces numéros (chacun accompagné d'un point) marquent des repères topographiques pour les géomètres de l'époque.

1.6. Psychologie des derniers exploitants.

Lorsque l'on lit les rapports des exploitants de la période 1900, on est frappé par le change­ment qui s'est opéré à la fin de 1900.

Avant, un optimisme inconditionnel était de rigueur, certes savamment calculé pour attirer les investissements des actionnaires, mais qui se fonde sur des arguments qui peuvent nous paraître assez dérisoires : on cite les rapports plus anciens démontrant l'énorme capacité du gisement, alors qu'il suffit de lire COMBES ou REMMEL pour se rendre compte que les · exploitants d'alors ont déjà commencé à pratiquer le glânage ; on attaque une exploita­tion minière sans aucuneconnaissance de l'archi­tecture du gisement, ni même apparemment sans avoir tenté de visiter les anciens travaux. Pour montrer à quel point les Allemands rechi­gnaient à s'infiltrer dans les ouvrages XYlème siècle, il suffit de citer cette phrase du rapport de 1898 concernant le Tiefstollen :

"La vieille galerie, que l'on a trouvée ouver­te sur Wle longueur d'environ quatre vingt dix mètres, avait des dimensions à tel point petites, que l'on avait peine à s'y faufiler ; en consé­quence on entreprit immédiatement de L'élar­gir." Il est d'ailleurs très hautement probable que des travaux XYlème siècle fondamentaux pour

la compréhension des filons, comme le Com­plexe d'Oedipe, n'ont même pas été visités (à preuve les outils XYlème siècle et les empreintes des rails que nous avons retrouvés intacts et en place).

On effectue des travaux coûteux (Fürsten­stollen et Tiefstollen) sans assurer ses arrières, c'est à dire sans tenter de circonscrire au préalable le gisement et d'en retirer de quoi couvrir les frais : en effet, ces grandes galeries profondes sont commencées avant même que l'on ait pénétré dans les mines dont elles sont censées explorer l'aval. Enfin, on table sur des chiffres de production établis suivant l'hypothèse qui se dit la plus pessimiste quant à la teneur du gisement, chiffres qui p_ourtant ne sont pas établis sur des bases sérieuses : ceci ne peut se faire que si le gisement a été entièrement exploré par des puits et des traçages de recherches. Ainsi notamment les exploitants ne se doutaient pas que leur gisement allait s'appauvrir avec la pr-ofondeur.

Ce qui devait arriver advint : la grande désillusion de 190 l. Les principaux gisements s'avérant sans avenir, on tente de se rabattre sur des passées collatérales en dilapidant beau­coup de capitaux, mais il devenait impossible de cacher la triste vérité. L'entreprise s 'effon­dre comme un château de cartes.

2. Les enseignements : pr-ésentation thématique des observations souterraines.

2 .1. Différentes époques : autant de différents styles ?

Nos observations nous ont conduits à carac­tériser architecturalement différentes époques d'exploitation. Afin de tester la valeur sur le plan local, voire régioQal, de ces caractéristi­ques architecturales, nous devons nous livrer .J présent à une première étude comparative.

2.1.1. Le Moyen Age.

Le Moyen Age était d'abord J'époque des pingen. Mais rien n'indique que les exploi­tants n'aient par après cherché à recouper par galeries des parties plus profondes. ·

C'est le cas très probablement du Vieux Rimpy. Nous avons été frappé par le style "en tonneau" des galeries. Ce style ne nous est pas inconnu. Nous l'avons observé notam­ment : à La Croix-aux-Mines (galerie derrière la filature, mine considérée par BORDIER comme médiévale) ; à Rimbach-près-Masevaux (P. et

. T. N°6, p. 26) ; à Obermoschel (Palatinat) dans les vieilles galeries de la mine Gottesgab (P. et T. N°5, p. 3), à peu près datée du XVème siècle par l'Histoire ; à Sainte-Marie-aux-Mines enfin, dans le Cep de Vigne (peu caractéristique) et dans une galerie ouverte le 29.12.1979 sous le Vieux Saint Guillaume (P. et T. N° 18, p. 14 ),

61

c'est à dire réputées avoir médiévale.

dans des portions du district fait l'objet d'une exploitation

Il se trouve que, à La Croix comme au Cep de Vigne et au Vieux Rimpy, si des galeries typiquement XYlème siècle apparaissent! c'est toujours dans la partie reculee, c'est a dire qu'on n'a jamais observé de galerie en "tonneau" faire suite à une galerie ogivale tronquée : ceci signifie bien que les premières sont antérieures aux secondes. Voici un argu­ment archéologique qui vient en complément des arguments de l'Histoire.

Localement, le Vieux Rimpy comme la partie antérieure du Cep de Vigne présentent une voûte romane, caractéristique aussi des plus vieilles parties de la mine Toussaint et de la mine Patris à St Philippe. Cep de Vigne et Toussaint auxquelles on peut ajouter Saint Martin (voir rapport CGVM 1981), ont en commun le muraillement très soigné de leur galerie d'entrée. Celui-ci, qui se retrouve dans quatre mines médiévales à La Croix, con­traste avec la technique XYlème siècle qui consistait à boiser les parties en terrain meuble. Voilà autant de recoupements qui précisent la technique médiévale.

Il nous reste à expliquer le. plus grand gabarit des galeries médiévales "en tonneau", par rapport aux galeries XYlème siècle ogivales tronquées. Dans P. et T. N°5 (1976) à propos des mines d'Obermoschel, P. FLUCK avait proposé l'explication suivante, que nous repre­nons 1n extenso :

"Au courant du XYlème siècle, le minerai et les stériles étaient transportés sur des chariots, mais il est très probable que les soli­ves ou "rails" en bois n'Eiaient alors pas connus ; un certain écartement des parois était nécessai­re pour permettre au "chareur" de diriger son chariot. Plus tard apparurent les rails en bois ; les chariots étaient alors guidés par le Leitnagel et pouvaient atteindre des vitesses importantes sans heuter les parois. Ainsi, les galeries . étroites du XVIème siècle seraient 11 conséquence de l'acquisition d'un plus haut degré de technicité ?".

2. 1.2. Le XYlème siècle.

C ' est l'époque du style "ogival tronqué" avec toutes ses variations (voir par exemple ·les différentes sections de galeries présentées dans ce rapport, notamment, pour la Mine de Plomb inférieure : S 38 à S 41 et S 50 et 51).

2.1.3. Le XVIIIème siècle.

Nous connaissons des kilomètres de ~aleries XVIIIème siècle à Sainte-Marie, creusees à la poudre, donc aux parois irrégulières et couvertes de poussière. Ces galeries sont larges en général de 0,80 m à · 1 m. C'est le cas de

la Mine de Plomb supérieure, qui offre cepen­dant la particularité de montrer, au moins sur une grande partie de sa longueur, la sole et faîte intacts de la galerie XYlème siècle qui a été élargie dans sa partie médiane (chap. III, § 6.2.b, photos Pl. VI). La photo 3 , Pl. VI montre une galerie XVIIIème siècle "nouvelle".

2.1.4. La période "Révolution" et le XIXème siècle.

Les galeries de cette époque visibles dans la Mine de Plomb inférieure sont larges de 1,20 m à 1,50 m, exceptionnellement seulement 1 m (galerie vers la Salle des Poudres). Les puits sont de gabarit moyen (Gesenck 1 : 3,50 x 1,70 m). Un chemin de fer pouvait exister, probablement à traverses en bois.

2.1.5. La période 1899- 1901.

Il serait hâtif d'assimiler à cette période des galeries obligatoirement à grand &abarit : Engelsbourg par exemple ne dépasse guere 1,20 m (il y avait juste la place pour le chemin de fer) ; la partie aval du Tiefstollen varie de 1,50 m à 2,20 m. Dans la Mine de Plomb inférieure, nous observons cette même variabilité, de 1,40 m à 2,30 m, pour les galeries nouvelles ou les élargissements de cette époque.

Lorsque des galeries XIXème siècle sont réutilisées, on évite en général de les retoucher. Cependant, au-delà de la Cloche Blanche, il semblerait qu'on pénètre dans une galerie XVIIIème siècle qui aurait été élargie. Mais le plus bel exemple de reprise est le travers­bancs XYlème siecle qui "termine" la galerie Sinueuse en direction de la salle des Chevaux (photo 1 Pl. lU ). Les puits sont de grande section (Gesenck 11, 4 x 2 m).

2.1.6. Appendice : les trous de fleuret.

Les trous de fleuret sont indicatifs des galeries creusées à la poudre. Ils sont fréquents dans les travaux XVIIIème et XIXème siècle, mais il semblerait à première vue qu'on n'en observe guère dans les galeries 1900, sans doute en raison d'une nature différente de l'explosif (dynamite). On a pensé que les fleurets utilisés aux XVIIIème et XIXème siècles n'avaient pas le même diamètre : nous avons effectivement mesuré des diamètres de trous de 23/25 mm et d'autres de 33 mm. Mais il conviendrait de multiplier ces mesures avant d'affirmer que nous sommes là en présence d'un critère de datation.

2.2. Les chantiers.

Notre exploration nous a montré qu'au XYlème siècle dans les dépilages, les stériles étaient empilés sur place, retenus à la base par des poutrages. Ainsi dans le dépilage cfu

62

Triomphe des Gros (le seul dont on ait pu atteindre le faîte), seul un étroit conduit permet de progresser en rampant entre le sommet des matériaux de remblayage et la voûte du dépilage. Dans ce même chantier, une che­minée entre empilements a été préservée pour la circulation contre son extrémité Sud (la descenderie du Carnet Orange).

Il ne faut pas généraliser cette observation à l'ensemble des mines de Sainte-Marie (on connaît beaucoup de dépilages XYlème siècle vides).

Rares sont les dépilages authentiquement XIXème siècle visitables. Les petits ouvrages de cette na ture après le "Gesenck l" de la Mine de Plomb inférieure montrent que dans le cas d'un chantier de faible hauteur les stériles étaient totalement évacués.

Pour le reste, on ne parvient à pénétrer à J'heure actuelle dans aucun dépilage XVIIIème ou XXème siècle.

2.3. L'adaptation aux caprices des corps minéra­lisés.

Si la plupart des filons sainte-mariens sont subverticaux ou inclinés avec un fort pendage, certaines portions de filons dans la Mine de Plomb inférieure nous ont étonnées par leur caractère rappelant les "filons plats" de Château Lambert. La plus extraordinaire est la g~lerie dite "Rue de Château-Lambert" dans Je reseau du Triomphe des Gros (sections S 44 à S 48). La section S 45 par exemple est édifiante : elle montre que les chariots qui étaient pousses sur des rails ne pouvaient excéder 60 cm de hauteur, roues comprises, afin de ne pas heurter la voûte inclinée ici à 33° (par rapport à l'horizontale) ; quand au "coureur de chien", il devait évoluer complètement penché sur Je côté (v. fig. p. 92. ) .

2.4. L'aménagement des galeries : les voies de roulage.

L'exploitation des Mines de Plomb s'étend sur plusieurs périodes d'activité minière, mais seul l'aménagement des galeries XYlème siècle et des galeries de la dernière époque ( 1900) sont actuellement bien présentés.

2.4.1. Galeries XYlème siècle.

"Sur le sol des galeries et streckes on installe des "rails" (Gesti:inge) en hêtre - longs chacun de deux toises et larges d'un demi-pied -que l'on place en deux rangées sur d'épaisses planches ou ais (Bli:itter), de sorte qu'il subsiste au centre un espace constant de deux pouces, et on les fixe avec des chevilles en bois. Ceci est une voie de .roulage (Bolz ou P{Iaster). On circule là-dessus vers l'extérieur ou l'intérieur; avant tout cependant on y achemine vers

/

63 Fig. 19 . Plan d'aménagement ( 1: 5 00) et coupes

stratigraphiques ( 1:10 ) du C omple x e d'Oedipe

e t du Triomphe d e s Gro s .

grise

1. empreinte de pièce de jonction

2. empreintes de rails

u ~~,.._ 'b l' l o ( J '-J'"""'- . e ou 1.s . p aque

<;? o 0 0~~ métallique

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3. empreintes de rails

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4. empreintes de rails

S. empreintes de rails

2o c-m

l'extérieur les minerais et stériles avec les chariots ou "chiens" (Truhenj ; dans la rigole latérale l'eau s'écoule à travers toute la monta­gne sans obstacle. Les "rails" sont placés à une certaine distance l'un de l'autre, de façon à ce que les quatre roues du chariot puissent y reposer. Celui-ci est muni au milieu entre les roues avant, d'une cheville qui reste dans l'espa­ce médian de cette voie de roulage et empêche que le chariot n'en descende."

C'est ainsi que Guillaume Prechter décrit l'aménagement des galeries dans son rapport resté célèbre de 1602. De telles voies de roulage ont été maintes fois retrouvées dans un état de conservation variable (La Treille, Glück­auf, Engelsbourg, Saint-Martin ... ).

Le Vieux Rimpy s'ajoute à cette liste. Le travers-bancs d'accès et la partie sud de la g~lede sur filon, seules portions décombrées du reseau, conservent encore, sous une épaisse couche de boue liquide, leur voie de roulage (rails et pièces de jonction). Celle-ci n'est visible qu'au puits comblé qu'elle traverse (photo 3, Pl. VII). Ainsi ce puits est antérieur à la voie de roulage. Dégagement et étude sont en projet.

Le réseau Ingrid (Mi\le de Plomb infé­rieure) montre des traces de bois dans ses portions inondées. Cette mine possédait sa propre voie de roulage.

Le Complexe d'Oedipe offrait les pre­mières semaines après sa découverte un specta­cle remarquable. En effet la galerie méridionale, au sol boueux, possédait une voie de roulage (fig. 19 : plan et coupes 1 et 2). Le bois a pourri, s'est sublimé et la boue fut assez cohérente pour en conserver l'empreinte (photo 1 Pl. IV). Cette voie est en moyenne large de 27 cm. Elle se compose de rails larges de 12 .-: :.1, épais de 4 à 5 cm, et de pièces de jonction (37 x 25 x 5 cm) sur lesquels les rails étaient chevillés. L'espace inter-rail est large de 3 à 4 cm. La longueur de chaque rail n'a pu être déterminée, la continuité des empreintes n'étant par toujours assurée, mais leur longueur estimée est compatible avec les données de Prechter (2 toises font environ 4 mètres). Les pièces de bois reposaient sur la sole plate de la galerie par l'intermédiaire d'une fine couche argileuse claire. La voie de · roulage traversait la foncée inondée : les rails reposaient sans doute sur quelques poutres transversales, calées sur les gradins rocheux encore visibles au sommet

. de l'ouvrage. La voie de roulage se poursuivait jus9u'au niveau du sitzort, mais les galeries laterales en étaient dépourvues.

La galerie nord du Complexe d'Oedipe présente le même type d'empreinte mais de façon très discontinue (fréquents éboule-

64

ments).

L'accès au réseau du Triomphe des Gros est encombré. On retrouve le sol de la galerie dans la rue de Château-Lambert (fig. 19 : plan et coupes 3 et 4). Il est occupé par un ballast dans lequel est conservée l'em­preinte de la voie de roulage. Sa largueur varie de 26 à 28 cm. L'espace inter-rails est rarement conservé et aurait été de 5 à 6 cm (visible qu'en un seul endroit : coupe 3). Les rails semblent avoir été de longues poutrelles de section carrée d'environ 10 cm. Les nombreux éboulements ne permettent pas l'observation des pièces de jonction.

Une plaque métallique trouvé fichée dans l'espace inter-rails (coupe 3) pourrait bien avoir été la pièce guide du "chien". La voie de roulage se prolonge dans le travers-bancs (fig.t9 : coupe 5).

Le niveau de la base du réseau des Oppo­sants est soit encombré, soit repris par l'exploita­tion 1900. La galerie du . dépilage parallèle et les galeries supérieures ne montrent aucun signe d'aménagement. L'acheminement du mine­rai et des stériles se faisait sans doute à l'aide d'auges.

En conclusion, retenons que les voies de roulage en bois peuvent se présenter sous différents types et qu'elles ne sont pas systéma­tiquement utilisées pour l'acheminement. Aucune rigole (évacuation de l'eau) n'a été observée.

2.4.2. Galeries XVIIIème et XIXème siècles.

Elles concernent la mine de Nothhilf et une partie du travers-bancs de Remmel-Combes. Les archives nous disent qu 'on y a placé un chemin de fer. Il n'en reste aucune trace. Le sol est occupé par une dizaine de cm de caillou­tis et de terre. Les traverses auraient été en bois .

2.4.3. Galeries 1900.

La compagnie allemande a utilisé la Mine de Plomb inférieure comme voie de roulage et l'a équipée d'un chemin de fer. A sa fermeture la quasi totalité de l'équipement a été récupérée.

Néanmoins la "Galerie aux Rails" a conservé son aspect initial . Cette galerie, en moyenne large de 1,50 m et haute de 2 m, montre un aménagement de son sol en trois parties (fig. 20 A et photo 1, Pl. !). De gauche à droite en regardant vers le sens de creuse­ment : un canal d'écoulement (30 cm), une voie de roulage (70 cm) et une voie pédestre (50 cm). Le sol est nivelé par une couche de 10 à 15 cm de ciment gris clair, amincie au niveau du canal et parfois épaissie sous la voie de roulage. Le ciment est fort désagrégé en surface et mêlé à de la rouille sous les pièces métalliques. La voie ferrée est un modèle

standard que l'on rencontre souvent dans les exploitations de cette époque (mines, car­rières, aménagements militaires). Les rails larges de 2,5 cm ont un écartement constant d_e 4~ cm. Ils so~t assemblés par des plaques nvetees et soudes entre eux. Les traverses métallique,s (63 x 10,5 cm) sont équidistantes de 0,90 a 1,60 m (moins près des jonctions de rails dans les fortes courbes). Le rail est fixé sur la traverse par un système mâchoire/ boulon/écrou (fig. 20 B). De longues planches sont disposées entre les rails pour faciliter la progression du pousseur de chariot. Fréquem­ment, de peites poutres sont disposées en travers du canal d'écoulement. Au plafond sont régulièrement rivées des plaques de bois, supports d'une ligne électrique destinée à alimenter éclairage et machinerie.

Dans les autres galeries qui ne sont pas en~ombrées ou inondées, on observe en géneral ce type d'organisation Oes empreintes des rails et des traverses sont visibles). Voici la liste des portions de galeries bien conservées et leurs différences avec le type décrit ci-dessus (type GR) :

- Virage à gauche de la galerie d'entrée : m 85 à 94. La canal d'écoulement est à droite.

- Galerie principale : m 205 à 296. Type GR. Au triple embranchement la forte accumulation de boue empêche l'observation des traces de l'aiguillage. Toutefois par tâtonnements on reconnaît la jonction des trois canaux d'écoule­ment. La galerie de gauc he (type GR) est cimentée jusqu'au front de taille. Il n'y a pas de traces de rails dans l'étroite galerie de la Salle des Poudres.

- Portion N 70 m 365 · a 379. Type GR. (fig. 21)

- Galf'rie N 50 m 405 à 470. Type GR. (fig. 21)

- Galerie aux Rails : m 418 à 468. (fig. 21 ). L'existence de rails en place est peut être en relation avec la petite cloche d'éboulement qui les précède. Contemporaine de la fermeture de la mine, elle aurait empêché les exploitants de déséquiper cette portion.

- Travers-bancs nord-sud de Remmel-Combes m 379 à 400. Type GR. Au-delà du point 400, le ciment disparaît, le canal d'écoulement est central et passe dessous la voie de roulage. Il s'agit d'une galerie XIXème siècle qui n'a pas été réaménagée en 1900. Elle est équipée de traverses en bois mais parfois la boue renferme des traverses métalliques. Au point 445 la galerie s'élargit sur la droite et Je sol y est cimenté. A ce niveau des traces de rails impri­mées dans la boue confirment l'utilisation des traverses en bois.

, - Galerie de la Cloche Blanche : A quelques metres de la Cloche Blanche (point 550) on :etrouye le type GR. 0-u-delà les galeries mondees . semblent posseder également ce type d'amenagement.

65

- Gegenortstrecke : m 631 à 657. Cette galerie qui ne figure sur aucun plan allemand a été creusée tardivement. Son aménagement est bâclé. Le sol est graveleux et compacté (pas de ciment). Il n'y a pas de canal d'écoule­ment mais il y a néanmoins des traces de rails et de traverses.

-Galerie Sinueuse : m 718 à 785. (fig. 21) Il n'y a pas de canal d'écoulement, cette zone étant sèche (galerie inférieure soupçonnée). La voie de roulage occupe Je milieu de la ga­lerie.

- Galerie de Liaison : m 718 à 765. (fig. 21). Sur les plans allemands cette galerie est en cours de creusement. Elle est également bâclée. Le ciment est grossier. Le canal d'écoulement est à droite (creusement à partir de la Salle Timbanque). Il n'y a pas de traces de voie de roulage.

- Galerie de la Lucarne et du Frugal Repas : (fig. 21 ). La voie de roulage est en position centrale et montrait une magnifique courbure au niveau du carrefour (depuis les traces ont été effacées par les allées et venues de visiteurs.

La Markircher Berg-und Hüttenverein a apporté beaucoup de soin dans l'aménagement de ses galeries. Mais à la veille de sa faillite, ses derniers ouvrages dénotent une certaine négligence.

Deux portions de galeries montrent un canal d'écoulement à droite. Il doit y avoir une raison. Le rapport 1899 mentionne le fonçage d'un puits de 16 m sur le filon de la galerie, sur une colonne minéralisée qui a été reconnue lors du début du creusement de la Gegenorstrecke. La salle Timbanque est le seul endroit possible pour l'emplacement de ce puits.

Il est auss1 etonnant que le travers-bancs de Remmel-Combes n'est pas été réaménagé correctement.

2.5. Les outils et autres vestiges.

Ferrure et charnière de porte : porte de la salle des Poudres (1900). Il ne reste de cette porte qu'une barre métallique (32 x 4 x 0,6 cm, fixation par boulon-écrou) et qu'une charnière à barre brisée (40 + 12,5 x 4 x 0,8 cm, broche de la charnière : 4 x 1,5 cm).

Poignée de trappe : puits 2 de la galerie princi­pale (Gesenck 1) (XVIIIème - XIXème ?). Il ne reste de cette trappe que deux morceaux de planches superposées et perpendiculaires qui délimitent les bords gauche et avant. Elles tiennent ensemble grâce à une tige métallique (10 cm) en forme de point d'interrogation, qans lequel est fixé un anneau (8 cm). La laq~eur de la trappe peut être estimée à 56 cm (ep. : 5 c m).

2 crochets d'échelle : puits 2 de la galerie principale. Ils maintenaient le sommet de

66 e

Fig . 20. Aménagement et voie de roulage des galerie s XX siècle

canal d'écoulement

50 cm

planche

·.: • • • '.· •• • .... 0

1 - 1

Echelle 1/10

voie de roulage

/ • traverse ' /

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voie pédestre

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1

A · - C oupes stratigraphiques (c i-des sus) points 422 m et 462 m

B - R ai l s, traverses et fixation plan et coupe s (éc hell e 1)

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Ferrure puits 2 de la galerie principale. Plaque de fer effilée (long. 26 cm, larg. 3,4 à 1,5 cm). L'extrémité la moins large est brisée l'autre possède un rivet. Faisait-elle partie d~ boisage ?

2 burins longs empilement sommital du monta­ge du Fauve, après la Cloche Blanche. Burins Oong. 43,5 et 36 cm, larg. 2 et 2,2 cm, poids 772 et 755 g) à manche à section octogonale (octogone irrégulier). La tête des burins est totalement rongée par la rouille, leur biseau est large ( 3 et 3,2 cm) et forme un éventail. (voir planche B).

Pointe : éboulement de la galerie de la Lucarne (XVIIIème - XIXème). Burin (long. 30 cm, larg. 2 cm, poids 642 g) à manche à section octogona­le (octogone régulier). La pointe (2,5 cm) est pyramidale (à 4 faces). A environ ·dix centimè­tres de la tête (très usée) s'observe une marque : 3 petits traits dont un est oblique par rapport aux deux autres. (voir planche C).

Burin plat galerie supérieure (+ 1 0) de la salle Timbanque (XYlème). Burin court et aplati (long. 12,5 cm) à section variable : tête à section octogonale (sec . 1,9 cm), manche à section rectangulaire (2,3 x 1,6 cm, puis 2 x 1,1 cm et 1,5 x 0,5 près de l'extrémité la plus fine). Le biseau est cassé. L'outil semble neuf. (voir Pl. A)

Pièces de chien : galerie Sud du Complexe d'Oed}p~ (XYlèr;ne). Sur le sol de cette galerie ont ete trouvees une rondelle en cuir et 2 fragments de ferrures de chariot.

Fragment de houe : galerie Sud du Complexe d'Oedipe (XYlème). Il n'en reste que la fixation cylindrique, renfermant encore une partie du manche en bois.

Manivelles et axes de treuil : puits boisé noyé du Complexe d'Oedipe (XYlème). Du treuil, ne sont conservées que les pièces métalliques à savoir, les axes s.s., la manivelle s.s. (manche et levier), les deux lances et les deux bagues. (voir au § 2.6.1. et fig. 22 et 23).

Chaine du treuil : puits boisé et noyé du Com­plexe d'Oedipe. 70 à 80 maillons torsadés (5 à ~·~ cn;t de, l<;ng sur .environ 3 c m de large) ont ete recuperes aux abords du puits. Certains bien conservés, forment encore des bouts d~ chaîne (le plus long mesure 37 cm). Rappelons qu'une chaîne torsadée s'emmêle rarement et qu'elle offre peu de résistance au glissement. Ont été également retrouvés 4 "maillons rapi­des" (dont 3 inclus dans une portion de chaîne), plus larges (5,5 à 6,2 x 3,7 a 4,3) et formés à partir d ' une tige effilée (de 20 cm environ) : ils permettaient une réparation rapide et

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in situ de la chaîne.

Masse : galerie au niveau du puits boisé et noyé du Complexe d'Oedipe (XYlème). Ce gros mar­teau de 3,350 kg (le plus gros jamais trouvé à Sainte-Marie) est selon la nomenclature d' Agri­cola un "Zweihandige Treibefi:iustel" et servait à enfoncer un certain type de coins (Fimmel). (voir Pl . D).

2 pointerolles : galerie Sud du Complexe d'Oedipe (XYlème). Toutes deux sont très courtes (10 et Il cm), la première présente une section aplatie (1 ,9 x 2,7 cm) perpendiculairement au trou de manche, alors que la seconde (cassée au niveau du trou) possède une section sub-carrée (2,6 x 2,4 cm).

2 pointerolles : galerie Nord du Complexe d'Oedi­pe (XYlème). Celles-ci sont de taille différentes (17 et l3 cm). Toutes deux (voir Pl. E) portent une marque en avant du trou.

2 pointerolles : galerie encombrée à la base du montage du Triomphe des Gros (XYlème). Celles-ci sont longues (17 et 17,5 cm) et montrent une tête très usée. La première est renflée au niveau du trou (3,2 x 2,4 cm). La seconde (2,9 x 2,3 cm) porte la même marque que précédemment à l'avant du trou. (voir Pl. F et G). Fragment de ? : base de la descenderie du Carnet Orange (XYlème). Il s'agit d'une tige effilée (long. 7,6 cm) légèrement courbée, à section rectangulaire (1, 7 x 0,7 à 1,2 x 0,5 cm), prise dans une masse informe de bois.

Plaque métallique : Empreintes de rails de la Rue de Château-Lambert (XYlème). C'est une plaque mince (l 0 x 8 x 0,4 cm) légèrement tordue et fortement rouillée (voir § 2.1.4.).

2.6. Les bois.

Comme tous les filons de l' Altenberg, les fractures des Mines de Plomb offrent par excellence des zones de prédilection pour les éboulements, qui nécessitaient d'être boisées. Le rapport de Remmel par exemple est évoca­teur :

"On y a relevé la Galerie supérieure ..• sur une longueur de 400 toises dont 90 ont été reboisées à neuf" et "La galerie principale de la mine inférieure a été relevée sur 260 toises desquelles 21 ont été reboisées".

Les Mines de Plomb étaient très grandes consommatrices de bois. En fait ces boisages emplissent pour les galeries diverses fonctions : ~oisage préventif dans les zones propices aux eboulements ; boisage de traversee d'une cloche d'éboulement dans le cas d'une reprise de galerie plus ancienne ; boisage de traversée d'anciens dépilages comblés. Ce dernier cas est de loin le plus fréquent dans les parties produc­tives du noeud filonien, encore pour la plupart inaccessibles.

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Planche A - Crochet d'échelle (ci-dessus) et burin plat (ci-dessous) (échelle 1)

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La plupart des bois qUJ nous restent remontent à la période 1900 ct sont en fort mauvais état. La quasi-totalité des poutres ne sont pas en place. Nous n 'avons pas étudié c es cadres qui n'offrent qu'un intérêt archéologique limité. Par contre nous nous sommes attachés à étudier les boisages à peu près intac ts conser­vés sous eau, c'est à dire ceux des puits inondés. Cette étude est d'autant plus fructueuse qu'elle permet une comparaison de trois puits d'époques différentes XYlème siècle, début XIXème siècle et époque 1900.

2.6.1. Boisage d'Wl puits XYlème siècle.

Les boisages du puits noyé de la galerie mér idionale du Complexe d'Oedipe sont remar­quablement bien conservés. Ce puits se situe au pied d'un montage, sur la gauche de la galerie. A l'origine le montage était comblé. Les étais de l'empilement ont cédé et c'est au pied d'un cône d'éboulis que le puits fut découvert . Seule une fente rectangulaire de i ,45 m sur 20 cm révélait sa présenc e au milieu des gravats. Lors des fouilles on déc ou­vrit l'axe-manivelle, le deuxième axe et la chaîne du treuil et également une masse de plus de 3 kg. Une grande planc he et plusieurs plan­chettes protégeaient le puits.

Le puits est creusé dans une roc he saine, sur une faille pentée vers l'Ouest. Ses dimen­sions sont modestes : 1,80 m x 90 c m. Le sol de la galerie comporte un surcreuseme nt allongé au pied de la paroi sud (écoulement eau partie reculée).

Le boisage s'appuie sur quatre encoches creusées au toit et au mur du puits. Les deux poutres transversales et les trois poutres longitu­dinales délimitent un orifice de 1,35 m sur 50 cm. Les montants du treuil sont fichés à l'aide de cales dans les poutres transversales. Seule leur base a été . préservée par l'eau. A l'aide des gravures illustrant l'oeuvre d'Agri cola et d'observations spéléologiques (boisage effon­dré du deuxième puits du niveau zéro de Himm­lischen Hoher, Warmenberg), il est possible de reconstituer le treuil d' un tel puits. Le t ambour, pièc e principale en bois, repose sur les montants grâce à deux axes métalliques solidement fichés par leur extrémité en fer de lance , renforcé d'une bague (elle aussi fic hée dans le tambour). Un des axes est prolongé par une manivelle en fer. La c haîne assure simultané­ment la remontée et la ·descente de deux cuveaux. Sur la poutre transversale côté galerie est fixée une pièce de bois, emboîtée d'un côté et clouée de l'aut re. Interc hangeable, elle devait protéger la poutre des c hoc s et frottements provoqués par la manipula tion des cuveaux au sommet du puits. Contre la poutre du mur sont adossées une éc helle en bois et deux larges planc hes qui facilitaient le mouvement des cuveaux. La disposition

78

ds reliques metalliques du treuil _permet de penser que le tambour a ete ote du puits et posé debout contre la paroi de la galerie avant l'abandon de la mme.

La constructton d'un tel boisage est simple. Les pièc es en bois s'emboîtent sans nécessiter de taille préc ise. Les anciens savaient être efficac es.

Ce boisage est tdentique à ceux des puits inondés de la mine Porcellangrube (Rauenthal) mais les surpasse par son état de conservation e t son esthét ique :

2.6.2. Boisage d'un puits XIXème siècle.

Il s'agit du puits noyé de la galerie principale à 298 m de l'entrée. Cette zone instable était boisée. Bien entendu les poutres du plafond sont tombées et actuellement une couche de 20 à 30 c m d'éboulis fins comble la galerie.

Les boisages de ce puits, à l'origine couvert, sont dans un état de putréfaction avancée (malgré l'eau) et dégagent une odeur nauséabonde qui caractérise cette zone. Les éboulements ont beaucoup abimé le sommet du puits : la couverture de planches a été broyée et les abords du boisage sont déformés ou déplacés. De pénibles fou illes ont permis· de déc ouvrir un fragment de la trappe et de constater que le sol de la galerie avait été exploité puis comblé (travaux XVlllème ? ).

Le puits est vertical et de taille moyenne (3,50 m x 1 ,70). Ses parois sont renforcées par des planches car la roche est très pourrie. La charpente se compose de 4 poutres verticales à c haque coin et d'un cadre compartimenté et discontinu à l'avant. Le compartiment de droite (1,75 m x 95 cm) est renforcé d'une poutre et d'une paroi de planches à l'avant, et d'une paroi de lattes de séparation à gauche. Il était réservé à l'acheminement. Le comparti­ment de gauc he ( 1,25 m x 85 cm) est dépourvu de poutre à l'avant. Une échelle en bois l'a remplacée. Il était équipé au sommet d'une trappe IT)unie d'un anneau, et servait à l'aérage et au passage des mine urs . Il n'y a nulle trace de treuil.

L'eau trouble et J'état du boisage ont e mpêché c ertaines investigations. Ainsi on ignore l'ex istence de cadres plus profonds et le système de fixation reste inconnu. Les poutres verticales supportent-elles tout l'éd ifice ?

Y-a- t' - il des anc rages dans la paroi rocheuse ?

L'architecture de ce boisage est compli­quée et a nécessi té l'emploi de nombreuses cales pour adapter le cadre à la forme exacte du puits.

Ce puits désigné "Gesenck l" sur Je plan allemand est toutefois antér ieur à cette période. L'aménagement de ce puits est certaine-

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Fig. 24. Boisage du puits X I Xe sièc l e de l a Ga l e rt e P rin c i pa l e

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ment de la fin XVIllème ou de la période de l'ingénieur Combes.

2.6.3. Boisage d'un puits 1900 : Gesenck II.

Le puits de la Salle à Mandre, foncé sur le filon Traugott du milieu, est de très grande dimension : 4 x 2 m (pendage de 7 5° vers le Nord-Ouest). Il fut trouvé couvert de planches (et de boue) sous environ 40 c m d'eau.

La mauvaise tenue de la roche a nécessité un coffrage de planches. Elles sont maintenues par un boisage de cadres massifs, compartimen­tés, se succédant tous les mètres environ. Chaque cadre se compose de 4 poutr~s transver­sales (2 x 0,30 x 0,30 m) et 6 poutres longitudi­nales (0,90 x 0,30 x 0,30 m) qui définissent 3 compartiments égaux (2 x 0,90 m). Le compar­timent de gauche est équipé d'une échelle massive à barreaux métalliques, solidement fixée aux cadres. Il était réservé à la c irculation du personnel. Une poutre supiémentaire sert de support aux charnières de la trappe. Les deux autres compartiments servaient à la montée et à la descente des cuveaux. Il n.'y a nulle trace de treuil. La fixation des cadres n'a pu être observée (ancrage dans la roche ?).

L'architecture de ce boisage n'est pas trop compliquée et le montage paraît assez simple. Mais la consommation de bois qu'il nécessite est énorme : 60 m 3 de bois pour ce puits de 52 m.

2.7. Après l'exploitation : le concrétionnement.

2. 7 .l. Mine de Plomb inférieure.

Comme beaucoup de mines à l' Altenberg, la Mine de Plomb inférieure est très concrétion­née, et cela aussi bien dans les réseaux XVIèm.e siècle que dans les travaux modernes, les premiers l'étant évide'mment davantage. C'est ainsi par exemple que la galerie princ ipale (époque "Révolution") offre en de nombreux endroitsdes concrétions d'aragonite, en placages, sous forme coralloïde ou sous forme de stalac ti­tes, ces dernières avec leur pendant fait de stalagmites ou de nids de perles des cavernes. C'est dans les zones de croisement de fractures que le concrétionnement est le plus développé. Les conditions sont en effet réunies pour la formation d'aragonite en partie sous forme coralloïde circulations d'eaux à travers un filon à carbonates, et présence de fer qui permet la stabilité de la forme aragonite du carbonate de calcium ("flos ferri", fleur de fer = aragonite coralloïde). Lorsque le fer se libère sous forme d'hydroxydes, il colore en brun ou en rouge ces concrétions. Ces phénomènes atteignent bien sûr leur plein développement dans le vieux réseau Ingrid. Mais le plus beau site était incontestablement les parages du carrefour du Tuba. On observait là, outre un alignement continu de coralloïdes su r une

80

longueur de plusieurs mètres (pour 20 à 40 cm de largeur), jalonnant la fracture, des formations inédites en "champignons" renversés, le chapeau du "champignon" montrant un garnissage de "lamelles" colorées en brun­orangé par le fer, ou en bleu par le cuivre. On y voyait aussi une stalactite bleue suppor­tant des coralloïdes.

Les aragonites des Mines de Plomb apparaissent fréquement colorées en bleu par le cuivre ou en jaune par le nickel (ce qui confirme la relative abondance de ce métal).

Les aragonites du Triomphe des Gros présentent un phénomène "archéologique" intéressant : elles ont enre~istré le pulsation engendrée par le travail a la poudre lors des dernières périodes d'activité, qui eut pour effet d'en noircir de poussière les côtés offrant une certaine exposition.

Dès le camp fin juin, nous avons constaté avec tristesse que les visiteurs peu scrupuleux avaient poussé l'audace jusqu'à taper l'aragonite coralloïde du réseau Ingrid. A la suite de la découverte des nouveaux réseaux le 13 août, et dans un but de protection, nous avons échantillonné quelques unes des concrétions les plus intéressantes du carrefour du Tuba, c'est à dire notamment six formations en "champignon" et la stalactite mixte bleue. Ces échantillons sont déposés à la Collection de l'Institut de Minéralogie de Strasbourg. Bien nous en prit : comme il fallait s'y attendre et dès le 17 sept­embre un ensemble d'environ 30 x 70 cm d'ara­gonites coralloïdes a été vandalisé. Depuis, d'autres actes similaires ont ete perpétrés, notamment dans l'aragonite bleue du filon de type Neuenberg du Complexe d'Oedipe. Au moment où nous écrivons enfin, le site du carre­four du Tuba est totalement dénudé.

Le concrétionnement ne concerne pas que les dépôts carbonatés. Nous avons déjà signalé (chap. Ill, § 4) les efflorescences néoformées de gypse (parfois en aiguilles graciles de plusieurs c m) et de jarosite notamment sur les miroirs de failles, et celle d'annabergite dans les filons à plomb.

2.7.2. Mine lmamahettabombomstand.

Il s 'est formé dans cette galerie un concré­tionnement extraordinaire, c'est à dire une pellicule de calcite "flottante" à la surface de l'eau, épaisse au plus de quelques millimètres. Cette pellic ule, qui montre la grande stabilité de la nappe d'eau, a été malencontreusement détruite par la visite hâtive des premiers curieux.

2.7 .3. Vieux Rimpy.

Le Vieux Rimpy est tapissé d'un concre­twnnement d'ara&onite envahissant, plus souvent sous forme d'epais placages (moulant les parois ou les éboulis compactés) que sous forme

81

e Fig. 25. Bloc-diagramme du boisage du puits XX s ièc le de l a Sa lle à Mandre

1 mètre

coralloïde.

2.8. La conservation des conduits souterrains.

Dans ce paragraphe, nous nous proposons de traiter de ce qu'il advient des réseaux souterrains après l'exploitation', et comment ils arrivent à revêtir leur aspect actuel.

En creusant des galeries, l'homme détruit l'équilibre mécanique de la roche. Plus la galerie est large (par rapport à sa hauteur), plus l'équilibre est détruit. Cette remarque est fondamentale. Sa conséquence est que les galeries XVIème siècle ogivales tronquées se conservent beaucoup mieux que ies · galeries beaucoup plus informes creusées aux explosifs ; ces derniers de surcroît peuvent introduire une fissuration dans la roche, ou l'accentuer si elle est déjà existante. Les Anciens savaient ce qu'il faisaient en taillant leurs galeries dans un style ogival !

Il est évident que l'état de conservation dépend du milieu rocheux traversé : il est excel­lent dans un travers-bancs (même moderne), encore très bon sur un filon de type Neuenberg (qui n'offre en général que très peu d'épontes broyées), médiocre sur une faille ou sur un filon de type Altenberg (qui est presque toujours un remplissage de faille), franchement mauvais dans les zones très boyées de croisement de failles.

Dans les derniers de ces cas, des éboule­ments peuvent se produire. Ce sont le plus souvent les classiques éboulements en cloche. La cloche répond a une tentative des terrains à réintégrer leur état d'équilibre. Elle n'est infranchissable que lorsqu'elle atteint une hauteur suffisante pour que la voûte en début et en fin de cloche se verticalise.

Le cas des puits est différent. Ceux-ci peuvent enregistrer, selon la nature du milieu, des éboulements de leurs parois, qui restent en &énéral mineurs. Plus importants sont les eboulements des boisages qui peuvent occuper un culot représentant le tiers (!) du volume du puits. Dans le cas des puits XYlème siècle, les bois sont à tel point "sublimés" que cet obstacle est devenu inexistant.

Il en est bien évidemment tout autrement des puits noyés qui sont très souvent dans un excellent état de ·conservation.

Le cas des dépilages est très variable. On a vu que les matériaux de remblaiement de vieux dépilages qui ont pu être inondés sont littéralement soudés, et qu'il est ainsi possible de circuler sous ces matériaux, alors que les bois qui les soutenaient ont été entièrement détruits. Les empilements "aériens" sont par contre beaucoup moins fiables. On connaît, ailleurs dans le district, de parlants exemples qui

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montrent que les empilements des dépilages XVIème siècle se sont souvent affaissés et se résolvent alors à de gigantesques cônes d' éboulis, franchissables par le dessus, alors que les boisages XVIIIème siècle sont fréquement encore bien conservés, et soutiennent des empilements faits de matériaux plus grossiers, sous lesquels on peut encore circuler. Il faut néanmoins noter que beaucoup de dépilages XYlème siècle ont été entièrement vidés, et que leur visite n'offre alors que peu d'obsta­cles.

Quoi qu'il en soit, il reste bien évidemment qu'il esr en règle générale beaucoup plus difficile d'aller loin dans un filon dépilé que dans un fi lon stérile ou un travers-bancs, ou même dans une faille, surtout si ce fiion est de type Alten­berg.

Tout ceci nous amène à une tentative de classification des types d'éboulements rencontrés sous terre.

- Eboulement en cloche franchissable.

- Eboulement sous puits à passer sans de très de bois et de pierres récent.

en général facilement

très souvent impossible gros moyens ; mélange dans le cas d'un puits

- Eboulement sous dépilage remblayé : le plan­cher du re mblai a localement cédé. Exemple : dépilage de Triomphe des Gros.

- Variante : éboulement total empêchant Je pas­sage contre la paroi "verticale" du dépilage.

- Eboulement sous puits d'aérage : ne se franchit . que par boisage ou par vidange complète du puits. Exemple : réseau Ingrid.

En conclusion, on notera que la franchis­sement de la Cloche Blanche a livré un réseau d'une étendue qui a dépassé toutes nos espéran­ces (1444 m de développement). Lorsqu'on connaît la né!; ture des filons de l' Altenberg, on est frappe par la relative bonne conservation de ce grand réseau. On aurait pu s'attendre à beaucoup plus d'obstacles. Il est vrai que les parties dépilées du noeud filonien n'ont été qu'à peine effleurées, et qu'il est fort à parier qu'une pro­gression dans les zones véritablement productives se heurtera à des difficultés bien plus considéra­bles. Ce!Ies-ci sont préfigurées par J ,~ s éboule­ments colossaux qui marquent les bordures de la salle des Chevaux (qui sont d'un type mixte dans notre classification).

2.9. ClimatoloJtie.

Nous avons tiré parti du reseau des Mines de Plomb pour approcher un domaine relative­ment nouveau, la climatologie des anciennes mines. Nous voulions par là, entre autre, tester la potentialité d'une application à la géothermie.

Un réseau soUterrain à plusieurs orifices est en théorie parcouru par un courant d'air. Celui-ci, s'inversant au gré des saisons, a pour effet de rompre l'équilibre thermique entre l'air et la roche, e·~ un point · donné, pour faire t~dre la temperature de l'air vers celle de la moy~~ne annuelle du lieu. Les pa_rties proches des onf1~es sont encore en desequilibre par rapport a ces moyennes, d'autant plus que le courant -d'air est fort : elles se réchauffent

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l'été, s'il s'agit d'un refroidissent l'hiver, inférieur.

orifice supérieur, s'il s'agit d'un

ou se orifice

Dans un réseau souterrain à une seule ouver­ture, par contre, on tendra vers un équilibre entre la température de l'air et celle de la roche en raison de l'absence de mouvement d'air. C'est là que l'influence de la chaleur de la terre, ou du gradient géothermique, se fera le plus sentir.

Dans le cas d'un réseau mixte qui comprend un tracé parcouru par un courant d'air sur lequel se greffent latéralement des conduits sans mouvement d'air, nous pourrons observer 1' influence du gradient géothermique dans ces derniers, les premiers étant le siège d'une compétition entre la chaleur de la Terre et la température moyenne annuelle du lieu.

C'est le cas des Mines de Plomb. Des mesu­res ont été effectuées à l'aide de thermistances couplées avec un ohmmètre Metrix Mx 737 A prêté par l'Institut de Physique du Globe de Strasbourg (M. MEUNIER), permettant de mesurer les températures avec une précision du centième de degré.

Les résultats d'une prem1ere série de mesures sont portés sur le plan au 1/5000 ci­contre. La température extérieure était d'environ 20° C. Voici les toutes premières conclusions.

La température de 8°52 mesurée dans l'eau de la galerie d'entrée est la plus basse ; elle est la plus proche de la moyenne annuelle aux abords de l'entrée, qui calculée à partir de la droite de référence pour l'Alsace en fonction de l'altitude, est de 7°52. Ensuite, la température croît selon une courbe à première vue hyperbolique jusqu'au milieu du travers-bancs sud-nord reliant les deux filons : il y a là selon toute vraisemblance l'influence du gradient géo­thermique. La croissance est plus rapide dans les galeries latérales qui ne sont pas parcourues par le très léger courant d'air (preque impercep­tible) de la galerie principale.

Le point le plus chaud mesuré (10°30) est à 150 m- sous la surface topo, ce qui indiquerait en .partant de r52 comme moyenne annuelle à l'entrée et en tenant compte du gradient atmos­phérique (0,6° pour 100 m), un ~radient terrestre de 2,3° pour 100 m. Le deuxieme puits inondé du Complexe d'Oedipe, à 200 m sous la surface donne une valeur de 1,9° pour 100 m. Il serait certes osé d'assimiler ces valeurs au gradient géothermique réei car il convient de prencire en considération les irrégularités du relief d'une part, et d'autre part le fait que les températures de l'eau et de la roche ne sont pas forcément en équilibre, et enfin le fait que même dans les galeries sans courant d'air, un rééquilibrage très lent avec les portions antérieures plus froi­des doit se produire au cours du temps, d'autant plus fort que les galeries sont larges.

De la Cloche Blanc he au bout des travaux dans le filon de la Salamandre, on observe une baisse rapide de la température, alors que paradoxalement la profondeur sous la surface ne fait que croître. Probablement y-a-t'-il là l'expression d'une circulation d'air en relation avec la présence, au-dessus, do Pingenzug.

Le Complexe d'Oedipe montre à nouveau un réchauffement progressif.

84

Il y a lieu d'étendre les mesures à l'ensem­ble du réseau , dont la Mine de Plomb supérieure et le Vieux Rimpy. Alors sera-t-il peut être poss ible de tracer en plan ou en volume des courbes ou des surfaces isothermes. Cette toute prem ière apporche montre l'intérêt qu'offre la poursuite de cette étude.

Fig. 26. Ca rt e c lim ato logiqu e d e l a Min e de

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Point ill ~ s : courbes isothermes pour 9°50 et 10° .

Altit ud e de l ' entr~e : 656 m .

CHAPITRE V: LE SYSTEME DES MINES DE PLOMB "DU POINT DE VUE DE L'INGENIEUR" : EVOLUTION DYNAMIQUE DE L'EXPLOITATION.

Voici venu le moment de tenter de reconstituer l'évolution de l'exploitation de notre noeud filonien à travers les différentes époques, ceci à la manière d'une bande dessinée, ou d'un dessin animé. Pour cela il nous faudra tirer parti des enseignements des châpitres précédents, et notamment du chapitre lll, en ayant constamment sous les yeux le support fixe de notre décor mouvant, c 'est à dire la carte des filons (fig. 8, p. 3l ).

Nous présenterons notre histoire en cinq épisodes, illustrés chacun par une carte souter­raine (pa&_es suivantes) représentant les galaties en usage a chacune des cinq époques de l'exploi ­tation. Afin de laisser le minimum de part à l'interprétation, et pour des ra isons de clarté, nous offrons cette représentation sous la forme la plus dénuée possible ; notamment, et afin de garder à cette étude son caractère rigoureusement "archéologique", nous ne figure­rons que les galeries que nous avons pu vis iter . Celles-ci ne représentant certes qu'une portion réduite de l'ensemble des cavités c reusées, nous accompagnerons nos cartes d'un commentaire décrivant sommairement les trava ux "invisibles" qui souvent constituaient les accès vers les parties visitées ; ce commentai re pourra se fonder le cas échéant sur les données de l'Hi s­toire.

l. Moyen-Age.

Au début, les exploitants s'enfoncent par . puits sur la crête du filon Traugott : c'est la méthodes des Pingen (voir le carte de surfa­ce). Plus tard, ils poussent horizontalemen t deux galeries. La prem1ère, inaccessible, touche immédiatement le filon au milieu du pingenzug (c'est le futur Vieux Saint Guillaume). La seconde commence par un travers-bancs assez long : c'est le Vieux Rimpy. Un filon y est exploité par puits et dépilages. Nous n'avons pour l'instant pas daté ces travaux.

2. XYlème siècle.

Deux grandes _mines se partagent l'exploi­tation de notre noeud filonien, qu'elles n'attei­gnent vraisemblablement que ve rs la fin du siècle. Toutes deux sont issues du vallon de Saint Philippe : ce sont le Sapin Vert et le Berg Armo. les travaux du filon de la Salaman­dre (ou "Traugott du Milieu") et ceux du filon Nothhilf (dans sa partie minéralisée), ainsi que la galerie septentrionale du Com plexe d'Oedipe représentent probablement un niveau inférieur du Berg Armo. La galerie méridionale du

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Complexe d'Oedipe et les réseàux du Triomphe des Gros et des Opposants sont les niveaux supérieurs du Sapin Vert (fig. 18, p. 5 l).Enfin, la "belle galerie d'allongement" du Berg Armo à la rencontr e des filons du Neuenberg (p. 8) a probablement ete creusée sur notre •:filon Traugott du Toit" (p. 30). Elle est entree en com munica tion avec une longue galerie de recherche creusée à partir de la vallée de Surlatte ( la future Nothhilf). Cette dernière est la plus basse d'un système de trois mines principales creusées sur le filon Nothhilf, mais qui vraisemblablement n'ont pas atteint les parties intéressantes. Le filon . a été de même exploré en rive gauc he du vallon (Mine lmama­hettabombomstand).

Au Sud du filon Nothhilf, d'autres mines ont été poussées sans succès à la recherche de passées exploitables : la future Mine de Plomb inférieure (longue alors d'environ 200 rn) et la Mine Ingrid (qui lui est superposée) dans les parties basses, la Mine Aigre et le Trou Peau dans les parties hautes ; les trois premières sont sur le filon de la Mine de Plomb inférieure. Le Trou Sot enfin s'ouvre par un puits foncé au point le plus haut d'affleurement d'un filon adjacent.

Tout à tait dans la hauteur, le Vieux Rimpy est repris. Notamment une recoupe depuis Je filon exploité au Moyen-Age vient toucher un second f ilon plus important (à l' a plomb sous le Pingenzug ; c'est le "filon Traugott du Milieu"), exploité vraisemblablement depuis le Vieux Saint Guillaume qui lui aussi a été repris. Ces travaux ne sont pas acces­sibles, mais l'Histoire nous apprend que le Vieux Saint Guillau me s'est enfoncé très bas en profondeur, jusque dans le champ réser­vé au Berg Armo, là où le minerai était le plus puissant ·et alors que les exploitants du Berg Armo n'y prêtaient pas attention. Par la suite, ces derniers furent contraints à se diriger vers ces travaux pirates afin d'y pratiquer des ouvertures qui leur permet­taient selon le Règlement Minier de mettre fin aux manoeuvres du Vieux Saint Guillaume. Mais il étaiAt trop tard : une grande partie du minerai avait déjà été détournée. Cette "guerre souterraine" que nous conte la Chroni­que de Haubinsack a dû se produire sur le "fi lon Traugott du Milieu" ou "filon de la Salamandre". Par la suite, le Ber9 Armo et le Vieux Saint Guillaume ont ét é reunis (Arch. Haut-Rhin) .

3. XVIIIème siècle.

Traugott, la géante du vallon Saint Philippe, n'atteindra jamais les limites de ses parentes St Philippe et le Sapin Vert, c'est à dire qu'elle n'exploitera pas le noeud filonien des Mines de Plomb.

Celui-ci n'est abordé qu'en 1774, incidem-

ment semble-t-il, grâce à une exploration de la galerie XYlème siècle de la future Nothhilf, donc en venant cette foi s ci depuis le Sud. Ce tte exploration livre la colonne minéralisée ri c he du filon Nothhilf, qui comprend deux branc hes. On s'étonne que les Anciens y aient laissé tant de minerai sans doute l'e'xploitation n'y a t-elle ete suspendue qu'à la seule suite de la conjoncture générale défavorable au début du XVIIème siècle (le Sapin Vert, qui avait acheté le Berg Armo, était e ncore actif en 1629).

De cette période XVlllème siècc le, il nous reste J'élargissement de la galerie appelée alors Nothhilf et, au niveau de la mine infé­rieure, la galerie creusée depuis les parties riches vers l'actuelle Cloche Blanche (mais qui a peut être été élargie par la suite).

J.A. Période "Révolution".

A ce moment est élargie la galerie XYlème siècle de la mine inférieure. Une tenta­tive d'exploitation est pratiquée sur la petite colonne minéralisée du montage vers la mine Ingrid . Au-delà de l'ancien front de taille, la galerie principale est poursuivie sur au moins 200 m. On y exploite une minéralisation pauvre par de très petits dépilages. Ces travaux ne sont pas distingués de ceux "X!Xème siècle" sur la carte figure 30.

4. XIXème siècle.

A l'époque de Remmel (1806-1809), on pratique des exploitations ponctuelles dans différentes parties riches (actuellement inacces­sibles) du filon Nothhilf, au moyen de la mine supérieure dont la galerie n'est cependant pas élargie (c'est pourquoi nous ne la figurons pas sur la fig. 30). On tente de même d'exploiter je petites passées dans la mine inférieure. Mais le gros travail est à ce niveau le travers- bancs qui va relier le filon Nothhilf, com mencé sous Remmel et achevé sous Combes.

A l'époque de Combes (1823-1 826 ), et à part les petites passées dans la partie anté­rieure, on centralise les efforts sur les massifs laissés intacts par les exploitants du XVlllème siècle dans les parties riches du filon Nothhilf (actuellement inaccessibles). Mais là on es t gêné par l'ampleur des vieux dépilages c omblés (dans les parties hautes), ou par la manque d'air (dans les parties basses). Les projets de travaux destinés à résoudre ces problè mes ne sont pas réalisés, l'exploitation étant brusquement arrêtée.

5. 1899- 1901.

On n'exploite que la mine inférieure, dans laquelle on est contraint de relever les passages en parties éboulés pour c heminer à la base des vieux dépilages remblayés. C'est ainsi qu'on

86

accède (pour la premtere fois depuis le XYlème siècle) dans le filon Traugott du Milieu (ou de la Salamandre). Dans le filon Nothhilf, on pratique une petite galerie de contournement d'une portion de vieux dépilage . Ce chemine­ment sous dépilages remblayés étant précaire, on c reuse à rebours une galerie parallèle pour fa c iliter l'ac heminement, à partie de notre "Salie des Chevaux" (dans laquelle on fonce le puits III) : c'est la Gegenortstrecke. De même on pousse à partir de la galerie de la Lucarne, la galerie du Frugal Repas pour con·tourner les vieux dépilages au-delà . de la Salle des Chevaux, et pour donner un accès direct au grand puits IV (ac tuellement inacces­sible) en recoupant les deu x branc hes du filon. Si on ne va guère au-delà dans ces deux bran­c hes, on relève depuis la Salle des C hevaux les vieux travaux sur le filon Traugott du Mur (actuellement inaccessibles). On constate que ce filon à un prolongement au Sud du filon Nothhilf (le filon de la Galerie), que l'on attaque du Sud vers le Nord depuis la partie antérieure de la mine. Cependant, il est assez probable que l'on n'ait même pas visité les vieux travaux qu i permettent d'établir c ette jonc tion (réseaux du Triomphe des Gros et des Opposants). On aurait constaté en effet que ces parties ne sont plus exploitables, et on aurait épargné la dépense de cette galerie poussée du Sud vers le Nord.

Conclusion : les problèmes posés à l'exploi­tant par les exploitations passées.

Le XVIèrne siècle était vraiment l'âge d'or de l'exploitation : la présence des trains de pingen médiévaux facilitait considérablement la prospec tion, alors que les travaux anciens, cantonnés aux "chapeaux" superficiels, laissaient vierges la quasi-totalité des colonnes minéralisées Les travaux de recherche sont systématiquement entrepris, parallèlement à l'exploitation des colonnes ric hes qui en partie entretiennent les premiers. C 'est ainsi qu'on trouvera difficile­ment une fracture susceptible d'être minéralisée n'ayant pas fait l'objet de recherches par galeries, jusque dans un rayon t rès vaste autour des parties ri ches.

Au XVIIIeme siècle, l'exploitation se focalise sur les parties riches ainsi reconnues par les vieux travaux : la prospec tion n'est pius à faire et les galeries de rec herche quasi­inexistentes. Par contre on se heurte à la diffic ulté de traverser de vieux dépilages comblés On bénéfic ie cependant de la "générosité" des Anciens qui ont laissé d' importants massifs.

Au XIXèrne siècle, on tend à "moderniser" l'exploitation qui a du rna! à se calquer sur les c onduits · anciens inadaptés aux moyens modernes d' acheminement. C'est ainsi par exemple qu'une grande galerie de roulage (la

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En 1900 enfin, ces difficultés sont évidem­ment exacerbées. Devant la précarité des che-

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minements relevés à travers les dépilages comblés de trois périodes d'exploitation, on se résoud à les contourner (au vrai sens du terme) en forant des galeries parallèles. On fait aussi ce que les exploitants des deux périodes précé­dentes avaient omis de faire : la prospection des filons "adjacents" (Traugott du Mur et du Milieu, filon de la Galerie). Mais on se rend compte que ceux-ci avaient été exploités, et malgré les tentatives de s'enfoncer alors en profondeur, on suspend l'exploitation ruinée par le percement trop aléatoire d'une grande gale­rie d'écoulement (Fürstenstollen).

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CHAPITRE VI : APRES QUE MINERAIS ET STERILES AIENT ETE ACHEMINES AU JOUR.

Un tel chapitre pourrait' et devrait faire l'objetd'un très long développement. Afin d'évi­ter a ce rapport une longueur démesurée, nous nous voyons contraints à le présenter sous une forme extrêmement résumée. Il vient pourtant en complément immédiat de tout ce qui précè­de, car l'histoire d'une exploitation et notamment sa prospérité, dépend en grande partie des pos­sibilités qu'offre la nature pour le traitement sur place des minerais. Une archéologie minière qui n'en tiendrait pas compte serait incomplète.

C'est pourquoi nous nous sommes intéressés à ces problèmes. Les documents d'archives nous livrent déjà beaucoup de renseignements, malheu­reusement sur les périodes récentes seulement. Il semblerait qu'au XVIIIème siècle déjà, on hésite à se lancer dans une exploitation minière trop isolée par rapport à 1' indispensable source d'énergie que constituent les cours d'eau (alors qu'au XYlème siècle, on creusait n'impor­te où !). Ce problème devient aigu à l'époque de Combes, qui se plaint dans son rapport de l'irrégularité du debit du ruisseau de Sur­latte. En 1900, il est exclu de traiter sur place le minerai : on construit un téléphérique pour l'acheminer auprès de l'usine de traite­:-;: .::;.t d.J i=ürstenstollen, à l'entrée du Rauen­thal. Nous avons retrouvé aux archives de la Ville de Sainte Marie-aux- Mines un volumi­neux dossier sur la construction de cet ouvrage, renfermant notamment des dessins industriels qui en montrent (en couleurs !) les diverses installations. Quelques vestiges (piliers, station supérieure ... ) en sont encore conservés. ·

Nous nous sommes encore intéressés aux bâtiments de ces mines, existants ou disparus. La "Huthaus" de la Mine de Plomb inférieure est le seul bâtiment existant (là se trouvait aussi le bocard). D'autres, entièrement rasés, sont figurés sur la carte Lesslin. Celle-ci nous montre notamment, sur le vaste plateau de la halde de la min~ supérieure, les ruines de trois constructions : une ancienne poudrière, 1' ancienne maison du maître mineur, et une ancienne forge. On ne peut pas dire s'il s'agit de bâtiments du XIXème siècle ou plus anciens. Toujours est-il qu'il nous est apparu du plus haut intérêt de fouiller ce plateau afin d'y retrouver les trois structures figurées, et aussi d'éventuelles traces d'une occupation plus ancienne. On est en effet frappé par la grande taille de ce plateau, favorable à une telle occupation : lOO m de longueur pour une largeur moyenne de 15 m. C'est pourquoi nous y avons procédé à trois sondages préliminaires (positionnement : voir fig . 32).

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L'un d'eux a été guidé par l'existence de vestiges encore en place, comprenant des portions d'un mur et une pièce voûtée (fig. 33) construite en blocs de gneiss liés par du mortier ocre. Le sol en a été décapé sur la moitié de la surface (fig. 34), ce qui a permis de mettre en évidence quatre couches : une couche supé­rieure noire humique, mêlée de fragments de verre, une couche caillouteuse renfermant des tuiles, · une couche terreuse à fragments de tuiles et de céramique, enfin une couche de terre battue ocre-jaune qui semble correspondre au sol ancien (il est en effet au niveau de la base des murs). Entre l'humus et la couche caillouteuse se trouvent des clous et des objets métalliques, à la surface de la terre battue des fragments de charbon de bois. Ce sondage correspond à l'emplacement possible de la forge indiquée sur le plan Lesslin. Le décapage a été poursuivi à l'extérieur de la pièce voûtée, notamment le long du mur Est. Celui-ci presente un beau chaînage d'angle mais son parement est un assemblage d'éléments extrêmement irréguliers, à litages très inégaux, avec de petits blocs de calage (fig. 33) ancien­nement liés par un mortier ocre.

Les sondages l et 2 ont livré un matériel assez homogène du XIXème siècle. Il se com­pose :

- d'éléments métalliques : cerclage en fer, fragments de chaîne, chaînette en bronze, clous forgés ...

- de scories, notamment une grosse con­centration préférentielle dans une annexe du sondage 2 (sondage 2' , plus proche de l'entrée de la mine) ;

- de fragments de ceramiques : éléments vernissés, à décor polychrome ou bichrome, appartenant à des jattes ou des plats ; quel­ques tessons de faïence, dont un fragment à décor bleu sur fond blanc, peut-être un peu plus ancien ( XVIIIème siècle ?) ; quelques tessons de vases en grès gris ;

- de morceau de verre de couleur verte ; à noter dans le sondage N° 1, un cul de bou­teille ;

d'éléments d'architecture, sous la forme dè briques et surtout de tuiles du type "Bieberschwantz" en pâte ocre rouge ; une tuile entière présente les dimensions suivantes : L 37 cm, 1 15 cm, ép. 1,5 cm.

Le sondage 3, pratiqué au pied d'un mur formant terrasse en bordure du plateau, a livré outre des fragments de céramique et des scories, un petit goulot de fiole en vieux verre vert.

Le lecteur intéressé pourra se procurer la liste et la descr iption détaillée de ces objets. On notera provisoirement en conclusion les concentrations locales en scories (proximité d'une fonderie en 2') et en charbon de bois (dans la pièce voûtée, ce qui conforte l'hypo­thèse d'une ancienne forge), ainsi que la rareté

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Pour finir, nous avons pratiqué un sondage (noté S 4) sur le plateau de la halde située en bordure du ruisseau, tout à fait à l'aval du Quartier des Mines de Plomb, et dont nous avions vainement tenté d'ouvrir l'entrée (voir p. 6). En effet aucune entrée ne fut découverte : le filet d'eau, notre guide, fut suivi à la pelle mécanique jusqu'à la roche, d'oÙ il jaillissait. L'absence d'entrée nous a forcément invité à reconsidérer la nature du plateau. Un décapage d'un mètre-carré devait révéler l'existence d'une sene de strates superposées composées de matières fines présentant diverses nuances de bruns. Certaines strates, grises, contiennent des miettes de galènes. Il s'agit là sans nul doute d'un plateau de traitement par lavage du minerai. Les études granulométriques et chimiques seront entreprises ultérieurement. On notera dès maintenant que cette aire de lavage est antérieure à la période J 900, durant laquelle le minerai était acheminé vers Je Fürstenstollen.

CONCLUSIONS GENERALES.

1. Quel style d'archéologie minière ?

L'archéologie minière est une branche de l'archéologie industrielle. Comme elle s'adresse à un milieu foncièrement différent de celui de J'archéologie "classique", elle n'en usera pas les mêmes méthodes. Ainsi, dans le domaine des mines peut-être plus qu'ailleurs, il ne faut pas comprendre par "archéologie" une méthodologie d'investigations • .

Les recherches en archéologie minière, couvrant un champ très large, commencent logiquement par l'inventaire qui aboutit à une carte de la surface (haldes et entrées). Ceci ne constitue pas la moindre part de J'archéologie minière ! En milieu souterrain, il se trouve que ce sont les observations mégascopiques et "mésoscopiques" qui apporte~t Je plus d'informa­tion ; les fouilles fines sont certes intéressantes (et nous serons les derniers à ne pas y souscrire), mais l~ rapport est faible entre la somme de connaissances . qu'elles procurent et le temps mis pour les realiser, si on voulait les systéma­tiser en conséquence, nous estimons que

97

ces études doivent être focalisées sur des points ou problèmes précis bien choisis. En surface, les techniques de la fouillé ·archéologique peuvent être appliquées avec bonheur en vue de tendre vers une reconstitution des installa­tions de traitement du minerai, voire de l'habi­tat des mineurs. Par exemple, les fouilles de l'équipe B. BOHL Y à Steinbach et celles de l'équipe D. METZGER à Urbeis menées cette année ont en ce sens apporté beaucoup de fruit. L'équipe D. MAR TIN avait obtenu ces dernières années de très beaux résultats au BJuttenberg et fait figure de précurseur.

Il se trouve que nous avons la chance à Sainte Marie d'avoir sous la main des exploita­tions fort étendues dans J'espace et dans le temps. Nous avons voulu tenter J'expérience d'une approche archéologique de J'une d'elles, en pratiquant une archéologie minière "globale" faisant intervenir dans l'ordre les diverses techniques et échelles d'investigations résumées ci-dessus.

Ce type d'étude globale d'un complexe minier et de son évolution dans le temps est complété harmonieusement par les autres fouilles réalisées cet été en Alsace, focalisées plutôt sur la fouille en surface aux abords des entrées (fouilles citées plus haut), ou sur l'étude détaillée d'un boisage de tranchée d'en­trée (fouille équipe GRANDEMANGE à Saint Pierremont), ou encore sur celle d'un faux plafond pour l'aérage (fouille équipe BOHL Y a Steinbach). A Saint Pierremont é$alement, R. MAURER et son équipe ont étudie globale­ment un quartier minier, à la différence que celui-ci n'a été exploité qu'à une époque donnée.

Pour la première fois, . la juxtaposition de ces cinq rapports permet un panorama relati­vement complet de J'archéologie minière.

2. Le système des Mines de Plomb : tm des plus beaux modèles d'évolution de près de mille (?) ans d'exploitation minière.

On J'a vu l'exploration des Mines de Plomb est une machine à remonter le temps. Si l'on n'en est convaincu, qu'on en juge à la simple visite de la mine inférieure : galerie d'entrée large type 1900, galerie XIXème siècle ensuite sur plusieurs centaines de mètres, galerie XVIIIème siècle à partir de Je Cloche Blanche ... qui perce ensuite dans les travaux XYlème siècle ••• au-dessus desquels sont suspen­dus les ouvrages médiévaux ! Si l'on suppose un âge médiéval ancien pour les fouilles des trains de pingen (puisqu'on nous dit que les saints ermites Guillaume et Achéric, au IXème siècle, auraient découvert les filons!), on pourrait intituler ce rapport "le système des Mines de Plomb : mille ans d'exploitation minière" ! Nulle part ailleurs à Sainte Marie, on ne trouve­ra d'évolution aussi complète dans le temps.

Notre approche a pu paraître fastidieuse au iecteur. Après avoir campé le décor des vestiges extérieurs et l'architecture des filons, nous l'avons entraîné dans une description à première vue ultra-détaillée des réseaux souter­rains : c'est l'indispensable stade de l'analyse, duquel aucune vision de synthèse ne peut se dégager si l'on ne le fait suivre par une étude sériée des problèmes que pose cette analyse, une discussion des solutions à ces problèmes, et une évocation des enseignements qu'elles nous apportent pour la compréhension de la dynamique de l'évolution de l'exploitation à travers les âges. Ce n'est qu'au chapitre V que celle-ci s'est dégagée : elle se résume à la présentation commentée de cinq cartes souterraines en couleurs !

3. Complémentarité de l'archéologie et de la géologie.

Mais n'oublions pas que nos cartes souterraines en couleurs se moulent dans un bati architectural immuable qui est une réalité géologique : les failles et les filons, les seconds

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n'étant qu'une variété minéralisée des premières. Une histoire technique d'une exploitation n'a de sens que si l'on prend en considération ce qui était son objet, le corps minéralisé. Deux facteurs géologiques influent directement la prospérité de l'exploitation : la géométrie des corps minéralisés, et la nature de leur remplis­sage. La géologie structurale s'occupe du premier, alors que la minéralogie traite du second. Si ces deux facteurs influent l'histoire technique de l'exploitation, la métallogénie qui allie les deux dans une forme génétique ou dynamique offre un impact tout particulier sur l'Histoire tout court : c'est elle qui détermi­ne, au niveau de la région comme à l'échelle de la lentille minéralisée, ce qui fera ou non la fortune des mineurs. Nous n'avons qu'à peine effleuré ces aspects qui relèvent des sciences de la Terre, dont l'étude est à présent entre­prise et qui pourront permettre 1:1ne toute nou­velle approche. Nous ne voulions ici que montrer la complémentarité de l'archéologie et de la géologie en matière de mines, ce milieu ne pouvant être étudié avec fruit que dans la cadre d'une approche pluridisciplinaire.

Les participants au camp (juin/juillet 1982) :

Pascal BAGY* Hubert BARI* Bernard BOHL Y Didier DECKER * Pierre FLUCK* Léa FLUCK-STEINBACH Josiane FOUQUET Mathias HALSTENBACH Philippe HENRY* Jean Claude HERRMANN* Jean Paul HUGUEL * Sabine HUGUEL Christian JOUSSET* Eric JUNCKLER . Florence KREISS* Alain LEJA Y* Claude ORIOL* Jacky RINGELE Charles SCHNEIDER* Malou SCHNEIDER Bernadette SCHNITZLER Christine SCHOETTEL Alexandre STEINBACH Jean Jacques WAGNER Sylvie, Richard, Adeline et Gilles WAGNER

Sont intervenus après le camp :

Bruno ANCEL * (exploration, fouilles intérieures, photos, topos)

David BAUDEMONT (exploration) René COLAS* (exploration) Philippe DURINGER (exploration) Jean FLUCK (topo de surface) Pierre HAUSS (topo) Caroline HENRY* (topo extérieure) Gérard LAGARDE (photos) Aline STEINBACH (topo) Pascal LEJA Y* (topo)

et à nouveau,

Pascal BAGY* (exploration, photos) Hubert BARI* (exploration) Bernard BOHL Y (topo) Didier DECKER * (exploration, topos intérieures et extérieures) Pierre FLUCK* (exploration, topos inté­rieures et extérieures, climatologie) Léa FLUCK-STEINBACH (climatologie) Mathias HALSTENBACH (topo, exploration) Philippe HENRY* (mathématiques) Jean Claude HERRMANN* (exploration) Jean Paul HUGUEL * (photos, exploration) Jean François PIERREZ (topo provisoire) Charles SCHNEIDER* (photos) Christiane SCHUL THESS (topo) Richard WAGNER (photos, topo)

* membres A.S.E.P.A.M. (Association Spéléologi­

que pour l'Etude et la Protection des Anciennes Mines).

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Le présent rapport a été écrit par P.FLUCK et B.ANCEL (ce dernier notamment pour le chapitre IV § 2 concernant les fouilles intérieures). M.HALSTENBACH, M.SCHNEIDER, B.SCHNITZLER et H.BARI y ont également contribué (notamment pour les fouilles en surface).

Les dessins d'outils et instruments sont de C. SCHOETTEL, G. LAGARDE, M. HALS­TENBACH (treuil) et P. FLUCK. Les représen­tations des fouilles fines et les reconstitutions de boisages de puits sont de B. ANCEL. Le dessin de la page 92 est de C. SCHUL THESS.

Les photos noir et blanc des planches sont de G. LAGARDE, celles en couleurs de B. ANCEL, P. BAGY, J.P. HUGUEL et C. SCHNEI­DER (Mine de Plomb supérieure et Vieux Rimpy) (N.B. les photos en couleurs ne f i gu­

rent que dans les 4 exemplaires originaux).

REMERCIEMENTS

Nous remercions :

- Monsieur PETR Y, directeur ré~ional des Antiquités Historiques, qui n'est pas etran­ger au renouveau de l'archéologie minière.

- I'U.C.J.G. de Colmar, en la personne de son président, M. Jacques MEYER, qui nous a hébergé pour une participation symbolique.

·- la ville de Sainte Marie-aux-Mines pour son autorisation.

- l'entreprise BARI. - Béatrice WEISS, historienne, qui vint

régulièrement de sa ferme nous servir un café bien chaud.

- Monsieur Jean FLUCK pour ses visites régulières et ses bonnes provisions.

- Jean MEUNIER de l'Institut Physique . du Globe de Strasbourg pour le prêt de ses appareils.

- Frédéric OPPERMAN pour sa participa­tion au dessin de grand plan et pour le dessin des fig. 9 et 1 O.

- et bien sûr les organismes qui ont financé la campagne de fouilles : l' A.F.A.N. et la Région Alsace.

Le 16 novembre, nous avons eu l'honneur de la visite de Paul BENOIT, Philippe BRAUN­STEIN et Yvette GRANDEMANGE. Nous avons reçu et guidé par ailleurs beaucoup d'autres groupes.

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