10
CSCE 2014 General Conference - Congrès général 2014 de la SCGC Halifax, NS May 28 to 31, 2014 / 28 au 31 mai 2014 GEN-142-1 Les technologies mobiles, une révolution dans la communication et la coordination de projets de construction Sébastien Frenette, Daniel Forgues, Souha Tahrani Résumé: La majorité de l’information concernant la réalisation d'un projet de construction se transige durant la phase de construction et paradoxalement, cette étape est la moins informatisée. Le papier demeure le médium par excellence utilisé pour la collaboration et la communication lors de cette phase. Considérant le rythme avec lequel évoluent les tablettes et les téléphones intelligents, les technologies mobiles offrent des alternatives attrayantes pour remplacer la communication papier sur le chantier. Cet article présente les résultats d'une recherche financée par le gouvernement du Québec visant à mesurer le niveau d'adoption des technologies mobiles et de documenter les pratiques émergentes au Québec. 700 personnes œuvrant dans le secteur de l'industrie de la construction ont répondu au sondage et 10 entreprises pionnières dans l'adoption des technologies mobiles au Québec ont fait l’objet d’une étude plus détaillée. Les résultats mettent en évidence les bénéfices associés aux technologies mobiles en construction et présentent le niveau de maturité de l'utilisation des technologies mobiles au Québec par rapport à l'industrie de la construction américaine. Mots clés : Technologies mobiles (TM), communication en chantier, réingénierie des processus, Building Information Modeling (BIM) 1 Introduction L’ingénierie de la construction porte principalement sur la gestion et le traitement de l'information durant l’ensemble du cycle de vie du projet. L'évolution des technologies, au cours des dernières décennies, a permis d'introduire des changements importants par l'usage d’ordinateurs et de logiciels pour la conception. Bien que l'utilisation de ces outils améliore la qualité et la production d'information, leur impact s'avère très limité en matière de gestion et de partage de l’information, principalement lors de la phase de construction. L’administration et le cheminement de l'information sont déterminants à l’atteinte des objectifs fixés par les intervenants du projet, soit la performance, le délai de construction et le coût (Liao et al., 2011; Winch, 2010). L'atteinte de ces objectifs présente toutefois deux défis imposants, soit 1) la qualité de l'information produite et utilisée sur le projet de construction; et 2) les moyens par lesquels cette information est partagée au sein des équipes de projets (Crotty, 2012). Or, quoique les technologies aient permis d'améliorer la qualité de l'information produite, qu'en est-il des moyens de diffusion et d'accès à celle-ci? Selon des études récentes, l’accès à l'information et les moyens par lesquels celle-ci est communiquée ne sont pas efficients, principalement sur le chantier (Löfgren, 2007). Ceci peut expliquer pourquoi le secteur de la construction, en dépit des améliorations en matière de machineries, de techniques de fabrication et de matériaux, connaît une baisse de rendement depuis quelques décennies, alors que la productivité des autres industries s’est fortement accrue (Eastman et al., 2011). Ce secteur est caractérisé par le fait qu’une multitude d'entreprises spécialisées sont réunies temporairement pour concevoir et construire des bâtiments uniques. Une grande partie du travail consiste donc à produire et à partager de l’information décrivant le produit à réaliser et les instructions nécessaires

Les technologies mobiles, une révolution dans la communication et la coordination de projets de construction

  • Upload
    etsmtl

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

CSCE 2014 General Conference - Congrès général 2014 de la SCGC

Halifax, NS

May 28 to 31, 2014 / 28 au 31 mai 2014

GEN-142-1

Les technologies mobiles, une révolution dans la communication et la coordination de projets de construction Sébastien Frenette, Daniel Forgues, Souha Tahrani Résumé: La majorité de l’information concernant la réalisation d'un projet de construction se transige durant la phase de construction et paradoxalement, cette étape est la moins informatisée. Le papier demeure le médium par excellence utilisé pour la collaboration et la communication lors de cette phase. Considérant le rythme avec lequel évoluent les tablettes et les téléphones intelligents, les technologies mobiles offrent des alternatives attrayantes pour remplacer la communication papier sur le chantier. Cet article présente les résultats d'une recherche financée par le gouvernement du Québec visant à mesurer le niveau d'adoption des technologies mobiles et de documenter les pratiques émergentes au Québec. 700 personnes œuvrant dans le secteur de l'industrie de la construction ont répondu au sondage et 10 entreprises pionnières dans l'adoption des technologies mobiles au Québec ont fait l’objet d’une étude plus détaillée. Les résultats mettent en évidence les bénéfices associés aux technologies mobiles en construction et présentent le niveau de maturité de l'utilisation des technologies mobiles au Québec par rapport à l'industrie de la construction américaine. Mots clés : Technologies mobiles (TM), communication en chantier, réingénierie des processus, Building Information Modeling (BIM) 1 Introduction

L’ingénierie de la construction porte principalement sur la gestion et le traitement de l'information durant l’ensemble du cycle de vie du projet. L'évolution des technologies, au cours des dernières décennies, a permis d'introduire des changements importants par l'usage d’ordinateurs et de logiciels pour la conception. Bien que l'utilisation de ces outils améliore la qualité et la production d'information, leur impact s'avère très limité en matière de gestion et de partage de l’information, principalement lors de la phase de construction. L’administration et le cheminement de l'information sont déterminants à l’atteinte des objectifs fixés par les intervenants du projet, soit la performance, le délai de construction et le coût (Liao et al., 2011; Winch, 2010). L'atteinte de ces objectifs présente toutefois deux défis imposants, soit 1) la qualité de l'information produite et utilisée sur le projet de construction; et 2) les moyens par lesquels cette information est partagée au sein des équipes de projets (Crotty, 2012). Or, quoique les technologies aient permis d'améliorer la qualité de l'information produite, qu'en est-il des moyens de diffusion et d'accès à celle-ci? Selon des études récentes, l’accès à l'information et les moyens par lesquels celle-ci est communiquée ne sont pas efficients, principalement sur le chantier (Löfgren, 2007). Ceci peut expliquer pourquoi le secteur de la construction, en dépit des améliorations en matière de machineries, de techniques de fabrication et de matériaux, connaît une baisse de rendement depuis quelques décennies, alors que la productivité des autres industries s’est fortement accrue (Eastman et al., 2011). Ce secteur est caractérisé par le fait qu’une multitude d'entreprises spécialisées sont réunies temporairement pour concevoir et construire des bâtiments uniques. Une grande partie du travail consiste donc à produire et à partager de l’information décrivant le produit à réaliser et les instructions nécessaires

2

pour le faire. Le processus d’échange d’information à mettre en place est donc complexe et représente un facteur important pour la réussite du projet (Gorse et Emmitt, 2009). Or, les projets de construction reposent sur un processus de communication papier et des moyens obsolètes, tels que le téléphone, le télécopieur ou le courriel, afin de partager et d’accéder à l'information (Dale, Mun et Kevin, 2005). Il a été démontré que le coût de la construction peut être réduit de 25% par le transfert d'informations efficace (Davidson et Moshini, 1990). Les travaux exécutés par Newton (1998) ont fait état que 65% des reprises de travaux effectués par les entrepreneurs soient attribuables à une information incomplète, inadéquate ou contradictoire, affectant de ce fait les taux de productivité des chantiers. La coordination de l'information dans les projets de construction est donc un enjeu de gestion majeur dans l'atteinte des objectifs de projets (Emmit, 2010). Les technologies mobiles (TM) présentent des solutions attrayantes pour résoudre ces enjeux. Elles offrent entre autres de nouveaux moyens de communication, afin de supporter l'accès et le partage de l'information à distance (Venkatraman et Yoong, 2009), particulièrement lors de la phase de construction. Des études ont démontré que l'intégration de ces outils sur les chantiers de construction offre un potentiel considérable pour augmenter l'efficacité des processus de communication au sein des équipes de projets (Bowden et al., 2005b; Chen et Kamara, 2008; Ruwanpura, Hewage et Jergeas, 2008). Cet article présente une recherche portant sur l'utilisation et le potentiel des technologies mobiles, dans le contexte de l'industrie de la construction du Québec, tant du point de vue des processus que sur le plan des interactions entre les différents intervenants. Cette étude vise à mesurer le degré d’adoption des TM par l’industrie et d’identifier les pratiques émergentes des entreprises québécoises pionnières dans le secteur de la construction. L'objectif est de dresser un premier portrait de l'utilisation des technologies mobiles et d'identifier les bénéfices liés à leur usage dans l'industrie de la construction du Québec.

2 Les TM comme révolution des NTIC en construction

Depuis la dernière décennie, l'industrie de la construction a tenté par divers moyens d’intégrer des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) afin de pallier à la fragmentation de ce secteur. Le Building Information Modeling (BIM) s'est avéré l'une des solutions proposées. Le principe du BIM s’appuie sur l'usage de plateformes informatiques communes afin de produire, gérer et diffuser de l'information paramétrique au sein des équipes de projets. Ce processus de conception est de plus en plus adopté dans le secteur de la construction et il est perçu comme un moyen prometteur favorisant la collaboration et l'intégration des différentes disciplines dans le processus projets (Dao et Forgues, 2013). Toutefois, selon Forgues et Staub-French (2014), l’un des principaux freins à l’adoption du BIM chez les PME est le risque financier lié aux besoins d’investissements importants en ressources spécialisées et en infrastructure technologique imposante exigée par l'usage de ces outils. De plus, la longue courbe d'apprentissage des logiciels associés au BIM représente un enjeu important. Ces logiciels sont également mal adaptés aux conditions d'un chantier, dû au fait qu'ils s'intègrent difficilement au besoin de mobilité des intervenants de la phase de construction en fonction de leur infrastructure informatique requise pour les opérer. En fonction de leur rôle dans le projet, les intervenants de chantier nécessitent des moyens rapides afin d'accéder à l'information et ils ont besoin d’outils permettant une transmission efficace et expéditive de l'information aux autres disciplines du projet. Les TM apportent des aspects et fonctionnalités intéressants respectant les contraintes des intervenants de chantier. Les TM pourraient permettre d’automatiser le processus de recensement, de traitement, d'accès et de partage de l'information à travers un environnement virtuel intégré (EVI) à l'ensemble des intervenants impliqués lors de la phase de construction. Cet EVI se traduit par la création d’une base de données centralisée à l'ensemble des intervenants du projet, accessible par diverses plateformes, telles que les appareils mobiles et les postes informatiques standards.

2.1 NTIC versus papier, un long combat Le secteur de la construction est l'une des industries qui dépend le plus de l'information lors de la réalisation de projets (Tam, 1999). Pourtant, malgré les avancées considérables en matière technologique, l’industrie de la construction demeure orientée sur des processus traditionnels d’acquisition des données et des moyens de communication, tels que l’utilisation du téléphone, du

3

courriel et du télécopieur (Dave, Boddy et Koskela, 2010). Bowden (2005) soutient que ce type de format de données occasionne d'importantes contraintes, en termes de communication et d'échange d'information, étant donné que les intervenants de chantier doivent gérer et partager une quantité considérable de données. L'usage des TM en construction pourrait donc apporter des solutions intéressantes afin de faciliter l'instauration d’un EVI au sein des équipes de projets. Cet environnement permettrait aux intervenants d'accéder rapidement et simplement aux informations dont ils ont besoin puisque celles-ci seraient emmagasinées de manière numérique. Malgré tout, l'industrie de la construction demeure une industrie réfractaire aux changements, elle est réticente à adopter de nouveaux processus axés vers l'usage des technologies en général. Bowden et al. (2005a) ont démontré que les TM ne font pas exception à cette hésitation. Les principales raisons invoquées justifiant cette réticence sont reliées à la perception d'un manque de retour sur les investissements et à la rareté d'exemples concrets de réussite d'implantation de ce type de technologie. En outre, la recherche et le développement ne sont pas dans la culture des entreprises de construction au Canada et la recherche universitaire au pays ne dispose pas des ressources pour combler ce besoin, afin d'aider les futurs travailleurs et entreprises à moderniser leurs pratiques de collaboration (Forgues et Farah, 2013 ) et ce, même si de nombreuses études démontrent les bénéfices associés à l'usage des TM en construction (Bowden, 2005; Chen et Kamara, 2005; Venkatraman et Yoong, 2009). Les récentes avancées en matière technologiques apportent de nouvelles perspectives d'utilisation, telles que l'acquisition de données en temps réel. Par exemple, l'apparition des technologies nuagiques permet d'emmagasiner et de consulter l'information d'un projet sous une base de données commune sous un format numérique aux différents intervenants. Cette base de données serait par la suite accessible via différentes plateformes informatiques telles que des ordinateurs ou des plateformes mobiles. Toutefois, l'usage des TM dans l'industrie de la construction demeure incertain principalement en raison de la nature évolutive des technologies et des nombreuses tentatives infructueuses par l'industrie de la construction à utiliser ces technologies (Ruwanpura, Hewage et Jergeas, 2008). Ce qui vient appuyer l'importance de la recherche et le développement dans l'industrie de la construction.

2.2 Les TM, le Graal des NTIC en construction? En raison de la mobilité des intervenants de chantier, tant du côté des équipes de construction que de celles de surveillance et de gestion, l'utilisation des TM dans un environnement virtuel intégré (EVI) permettrait de faciliter l'accès, l'échange et la gestion de l'information parmi les différentes équipes impliquées dans la réalisation de projets. L'acquisition et le transfert de l'information provenant du chantier représentent un élément déterminant dans le succès de l'administration des projets de construction dans la mesure où l'information représente le point central du processus de réalisation de projets (Tsai, 2009). La disponibilité et la précision de l'information facilitent le processus de décision bonifiant ainsi la productivité. À ce propos, l’étude de Saram et Ahmed (2001) montre que l'accessibilité et la transmission de l'information sont des enjeux critiques au succès des projets, considérant le fait que l'information soit de qualité et en quantité suffisante, mais également disponible en tout temps. L’étude de Ruwanpura, Hewage et Jergeas (2008) a identifié que 45% des travailleurs de chantier affirment que les problèmes de communication entre les intervenants de gestion et les travailleurs affectent la productivité des chantiers. Il a été suggéré d’intégrer des TM afin d’améliorer la logistique et la communication du chantier, lors du processus de suivi du projet, du contrôle de la qualité, de l'organisation des tâches, du suivi des matériaux et du partage de l'information au sein de l'équipe de projet (Changyoon et al., 2013). Les recherches concernant les NTIC font état que ce type de technologies offre de nouvelles possibilités afin de faciliter cet échange d’information et diminuer la redondance de l’information dans les systèmes de gestion des entreprises. Les TM permettent la création de passerelle de communication et de collaboration entre les équipes de terrain et les équipes de gestion de projets.

2.3 Existe-t-il un écart avec l'industrie de la construction américaine? Un rapport de Forgues et Staub-French (2011) indique que l'industrie canadienne de la construction accuse un important retard comparativement aux États-Unis en ce qui concerne l'usage des NTIC dans le processus de mise en œuvre de projets. Cependant, cette étude n'englobait pas les technologies mobiles, elle était plutôt orientée vers l'usage du BIM dans l'industrie de la construction pancanadienne. Une étude comparative sur l’état des TM dans le secteur de la construction étatsunienne et québécoise permettrait de situer l'utilisation de ces outils dans l'industrie. À ce propos, l’étude réalisée

4

par Bernstein et Russo (2012) soutient que l'utilisation des TM augmente l'efficacité sur les chantiers de construction aux États-Unis, notamment en matière de communication et de résolution de problèmes sur les chantiers. Selon les résultats obtenus auprès d’entrepreneurs généraux et spécialisés dans le cadre de cette étude, le partage de l'information entre le chantier de construction et le bureau de gestion sont améliorés par l'usage des TM. Leur étude démontre que : 1) 93% de leur échantillon utilise les technologies mobiles sur les chantiers ; tandis que 2) 97% des répondants ont affirmé qu'ils les utiliseraient d'ici les 3 prochaines années. Les raisons principales invoquées par les entrepreneurs généraux pour investir dans les technologies mobiles sont : 1) augmenter les capacités de partage de documents (54%) ; et 2) améliorer les communications avec les équipes de projets des autres disciplines (29%). En revanche, les facteurs invoqués par les entreprises spécialisées afin d'investir dans les TM sont : 1) les prix abordables des appareils (53%) ; et 2) les capacités de partage de documents (52%). Enfin, l’étude montre que l'utilisation des TM n'est pas seulement répandue, mais que leur utilisation est intensive dans l'industrie de la construction américaine : 65% des entreprises sondées ont affirmé utiliser des TM dans le cadre de leur travail. Dans un autre ordre d'idées, une étude publié dans « Engineering News-Record » (ENR) par Joyce (2013) recense les applications les plus utilisées dans le secteur de la construction américaine. Selon la compilation des réponses des 726 participants de l’étude, les applications de collaboration et de gestion de chantiers sont parmi les plus utilisées chez les usagers dans le secteur de la construction américaine. Ce papier présente un portait des bénéfices perçus par l'usage des TM au Québec par rapport aux États-Unis et compare les similitudes et différences en termes d'usage des TM.

3 Méthodologie de recherche

Ce projet se divise en deux phases. La phase 1 de la recherche a été effectuée entre les mois de juin et de novembre 2013. Elle consistait à mesurer le taux de pénétration des TM dans l'industrie de la construction du Québec. La phase 2, qui sera réalisée en 2014, présentera des études de cas pratiques d'usage des TM sur les chantiers de construction du Québec. La phase 1 de cette recherche s'est déroulée en deux étapes : 1) identification des entreprises innovantes au Québec dans l'adoption des TM, suivi de l'envoi d'un questionnaire électronique et la réalisation d’entrevues semi-dirigées ; et 2) envoi d'un questionnaire électronique à l'échelle provinciale. L'objectif de l’étape 1 était d'identifier les usages des TM et des bénéfices qui sont associés à leur intégration dans les entreprises considérées comme étant innovantes. 10 entreprises ont été retenues en raison qu'elles se démarquaient dans l’usage des TM dans le cadre de leurs activités. 12 employés de ces entreprises ont répondu au questionnaire. 14 intervenants ont été rencontrés en entrevue en fonction du rôle occupé dans l'entreprise, afin d'assurer une répartition uniforme de l'échantillon dans l'industrie. Les entrevues, d’une durée moyenne de 30 minutes, ont été enregistrées et les données ont ensuite été analysées. L'étape 2 de cette recherche a consisté à l'envoi d'un questionnaire électronique à l'échelle provinciale auprès de 30 000 personnes. 700 personnes ont répondu au sondage. L’objectif était de définir le taux de pénétration des technologies mobiles, ainsi que les outils qui sont utilisés par les usagés. Deux types de questionnaires ont été produits, le premier pour l'enquête provinciale et le deuxième pour les entreprises considérées comme étant innovantes. Ces questionnaires ont été inspirés des travaux réalisés par Rivard (2000), Bowden et al. (2005a) et Ruwanpura, Hewage et Jergeas (2008) ainsi que des études effectuées par Fiactech (2012) et Sage (2013).

3.1 Échantillon Le tableau 1 présente la répartition de l'échantillon dans les différents secteurs de l'industrie de la construction au Québec. À l'échelle provinciale, les architectes présentent le plus haut taux de participation avec 41% (Figure 1). Du côté des entreprises innovantes, l'échantillon a été réparti de manière à ce qu’il y ait un représentant pour chacune des principales disciplines présentes dans le secteur de la construction (Figure 1). La répartition de l'échantillon est importante puisqu'elle permet d'obtenir une vision complète de l'usage des TM dans le secteur.

5

Figure 1 - Échantillon

Note : En gris foncé, l'enquête à l’échelle provinciale réalisée auprès de 700 répondants. En gris pâle, la distribution des entreprises innovantes ayant participé à l'étude (14).

4 Comparaison entre l’ensemble de l'industrie de la construction québécoise et les entreprises innovantes dans l’utilisation des TM

4.1 Appareils en usage Les entreprises innovantes utilisent davantage les tablettes (34,1%) comparativement au reste de l’industrie québécoise (11,6%) (Figure 2). Fait intéressant, cette proportion est à l’inverse pour l'usage des ordinateurs.

Figure 2 - Appareils utilisés pour la consultation d'information

Question : Quel type d'appareil utilisez-vous afin d'accéder aux informations liées à votre travail?

4.2 Usage des technologies mobiles Les usages des TM varient entre les entreprises innovantes et le reste de l’industrie au Québec (Figure 3). D'abord, les deux usages principaux identifiés par les intervenants à l'échelle provinciale sont : 1) la consultation de courriels (37,8%) ; et 2) l'accès aux calendriers personnels (28,7%). Tandis que les usages des TM par les entreprises innovantes sont : 1) la gestion de l'information sur le chantier (41,7%); et 2) la gestion de projets (16,7%). L'écart entre ces données est notable et démontre que l'usage des

41%

18%

12%

23%

4%

2%

22%

22%

14%

14%

14%

7%

7%

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Architecte

Entrepreneur général

Entrepreneur spécialisé

Donneur d'ouvrage

Service d'ingénierie / autres type de professionnels

Fournisseur

Transport

Revendeur

Recherche et développement Entreprises innovantes*

Échelle provinciale

32,5%

23,8%

32,1%

11,6%15,9%

25,0% 25,0%

34,1%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

Ordinateur Ordinateur portable Téléphone intelligent

Tablette

Échelle provinciale Entreprises innovantes

6

TM, dans cette portion de l'industrie répond principalement à des besoins individuels alors que les entreprises innovantes ont une approche corporative d’utilisation des TM. Les intervenants utilisant les TM pour partager de l’information de projet. Toutefois, même si les entreprises innovantes désirent exploiter les technologies mobiles de façon intégrée, l'accès aux courriels (16,7%) demeure un élément prépondérant dans l’utilisation de ces technologies.

Figure 3 - Usages des technologies mobiles (À gauche : échelle provinciale, à droite : entreprises innovantes)

5 Les entreprises innovantes

5.1 Motivation L’enquête a mis en lumière que l'efficacité du travail (83,3%) est l'une des principales raisons pour laquelle les entreprises innovantes désirent introduire de nouvelles méthodes de travail axées sur les TM (Figure 4). De plus, 50% des répondants soulignent que ces changements proviennent du désir d'introduire des pratiques avant-gardistes susceptibles d'améliorer le rendement de leur entreprise et d'offrir un meilleur produit à leur client. Les intervenants rencontrés ont affirmé que les TM offrent de nouvelles pistes de solution afin d'aider la collaboration dans l'objectif d’atteindre les différentes cibles fixées lors de la période de planification de projets de construction.

Figure 4 - Motivations des entreprises innovantes à intégrer les technologies mobiles

Question : Quelles sont les sources de motivations principales de votre organisation à intégrer les technologies mobiles dans vos activités?

5.2 Bénéfices associés à l'usage des technologies mobiles L'un des objectifs de cette étude était de déterminer quels étaient les bénéfices associés à l'usage des TM dans le contexte du secteur de la construction pour les entreprises innovantes. Les entrevues auprès des intervenants ont permis d'identifier que l'information est considérée comme l'oxygène des projets de construction et que d'avoir un accès constant à celle-ci facilite la prise de décisions, ainsi que la validation des travaux sur le chantier. Les résultats (Figure 5) confirment les

8,2%

9,2%

14,6%

28,7%

37,8%

0% 25% 50%

Accès aux prévisions météorologiques

Prise de notes, photos, etc.

Maintien des listes de tâches

Accès aux calendriers personnel

Accès aux courriels

8,3%

8,3%

16,7%

16,7%

41,7%

0% 25% 50%

Exécuter le suivi des réunions de projets

Administration de matériaux

Accès aux courriels

Exécuter la gestion de projets

Gestion de l'information sur le chantier

16,7%

16,7%

33,3%

33,3%

50,0%

83,3%

0% 25% 50% 75% 100%

Désir de la haute direction

Demande des employés

Efficacité du travail administratif

Demande du client

Nouvelles méthodes avant-gardistes

Efficacité du travail

Question : À quelle fréquence utilisez-vous ces applications sur votre appareil mobile?

Question : Quel est le secteur d'application principal des appareils mobiles dans votre organisation?

7

éléments ci-haut et font état que les principaux bénéfices associés à l'usage des TM sont : 1) l’accès à l'information (91.7%) ; et 2) une meilleure communication (91,7%). L'accessibilité à l'information représente l'élément déterminant dans la décision d'intégrer les technologies mobiles au processus de travail des entreprises innovantes. De plus, les entretiens avec les intervenants des entreprises innovantes font état que les TM permettent à leur organisation de coordonner plus efficacement et plus rapidement l'information relative au projet parmi les différents intervenants (50%).

Figure 5 - Aspects bénéfiques de l'utilisation des technologies mobiles

Question : Quels sont les aspects les plus bénéfiques en lien avec l'utilisation des technologies mobiles dans le cadre de vos fonctions? (Note : QRT : Question / réponse / technique ou RFI : Request for Information)

5.3 Facteurs limitant la pleine utilisation Selon les données recueillies dans l'enquête, « le manque de temps afin d'évaluer les applications logicielles » est le facteur qui influence le plus l’adoption des TM (75%), (Figure 6). Les intervenants interrogés sont unanimes, la clé de la réussite pour favoriser l’intégration des TM repose sur deux éléments : 1) cibler les besoins de l'entreprise et des usagers et 2) définir les paramètres recherchés de l'application (données recueillies suites aux entrevues). L'identification de ces éléments limite les échecs et les investissements infructueux. En outre, laisser les travailleurs et les intervenants de projets explorer, de manière individuelle, les différentes alternatives qui sont liées à l'usage des TM, avant de les intégrer dans un cadre corporatif, représente une excellente stratégie de départ à leur adoption. Considérant le fait que la résistance aux changements (58,3%) et le manque d'expérience des usagers (50%) représentent deux facteurs majeurs limitant l'introduction des technologies mobiles, les intégrer graduellement semble une solution viable et adaptée à la réalité du secteur (Figure 6).

Figure 6 - Facteurs limitant l'implantation des technologies mobiles dans l'entreprise

Question : Quels sont les facteurs qui limitent votre pleine utilisation des nouvelles technologies mobiles?

6 En route vers une maturité dans l’utilisation des TM au Québec

Les rencontres avec les entreprises innovantes ont permis de définir quatre catégories d'application en fonction du contexte d'utilisation des technologies mobiles dans ces entreprises (Figure 7). Ces catégories permettent de connaître la maturité des entreprises en fonction du type d'applications utilisé : la consultation de documents correspondant au plus bas niveau de maturité et l’administration et

16,7%16,7%

33,3%33,3%

41,7%50,0%

58,3%91,7%91,7%

0% 25% 50% 75% 100%

Meilleur contrôle de l'échéancierMeilleur contrôle des QRT (RFI)

Meilleure exécution du travailMeilleur suivi financier

Meilleure qualité de travailMeilleure coordination

Productivité du personnelMeilleure communication

Accès à l'information

16,7%16,7%

25,0%

25,0%33,3%

50,0%58,3%

75,0%

0% 25% 50% 75% 100%

Manque de coordination

Mise à jour des licences trop dispendieuses

Manque de support de la haute direction

Logiciels trop dispendieux

Fonctionnalité qui ne s'applique pas

Manque d'expérience des utilisateurs

Résistance aux changements

Manque de temps pour évaluer les logiciels

8

la gestion de projets au niveau le plus élevé. Plus précisément, les catégories 1 à 3 demandent des changements mineurs au sein des entreprises et représentent des usages passifs de la TM. Inversement, la catégorie 4 représente des changements majeurs dans les pratiques d’une organisation et requiert un usage actif des utilisateurs. La principale raison de cette coupure est que les catégories 1 à 3 n’imposent pas de changements majeurs dans les méthodes de travail et ne demandent pas de révision des processus de travail, tel que suggère la catégorie 4.

Figure 7 - Diagramme de maturité des entreprises

Afin de connaître la maturité de l'usage des TM dans l'industrie de la construction québécoise, un recensement des dix applications les plus utilisées a été réalisé auprès des répondants à l'échelle provinciale, afin de le comparer avec celui présenté dans l'étude publié dans ENR par Joyce (2013). La comparaison des deux classements révèle que les trois applications en tête de liste du classement québécois sont des applications de catégories 1 à 3. En contrepartie, les trois applications en têtes de liste du classement de Joyce (2012) sont des applications de catégorie 4. Ces résultats montrent une plus grande maturité de l’industrie américaine dans l'usage des TM. Le recensement des applications utilisées par les entreprises innovantes est également étonnant, puisque trois des cinq applications appartiennent à la catégorie 4, mais sont utilisées de manière individuelle. Plus précisément, quoique ces applications se retrouvent dans la catégorie 4, leurs usages ne sont pas intégrés au processus des entreprises et les bénéfices associés à leur usage sont peu perceptibles.

7 Discussion et conclusion

« [...] Le problème avec les technologies, c'est que les gens veulent les intégrer, mais ils ne veulent pas toujours changer les pratiques en place, même si les statistiques démontrent qu'il faut changer les pratiques actuelles pour être plus efficace et productif. » (Entrevue réalisée en octobre 2013, Architecte)

L’analyse des résultats du questionnaire et des entretiens avec les représentants des entreprises innovantes mettent en évidence que l'emploi des TM n’est pas aligné avec les stratégies d’affaires de la plupart des entreprises innovantes rencontrées et qu'un manque de standardisation dans leur usage en réduit les bénéfices. À ce propos, Venkatraman (1994) a identifié 5 paliers d’évolution, caractérisant des changements d'ordre mineur à majeur au sein des entreprises. Les résultats de notre étude corroborent avec le cadre de maturité proposé par Venkatraman (Figure 8). Plus précisément, les changements de palier 1, identifiés par Venkatraman, se définissent par une exploitation de base axée vers un usage individuel des technologies en général, s'alignant de ce fait avec la situation globale au Québec. Tandis que le palier 5 représente une redéfinition globale de l'industrie. Or, l'usage des technologies mobiles au Québec est axé vers un usage local, et oscille entre les paliers 1 et 2, au niveau de leur intégration pour les entreprises innovantes. Les travaux de Venkatraman ont démontré que les technologies permettent un gain de rendement des entreprises par l'amélioration de la capacité à communiquer l'information si leur intégration est alignée avec les stratégies, les méthodes de l'organisation et le modèle d’affaires. En revanche, les principaux obstacles à l'atteinte de leur potentiel sont liés d'une part, à l'obsolescence rapide des technologies et d'autre part, à l'absence de standard d'utilisation. Ce constat a été identifié par cette étude. Premièrement, il y a un manque de connaissance de la plupart des entreprises de construction à l'égard des TM, puisque ces entreprises ne sont pas au fait des avancées rapides des technologies et aux solutions proposées par l'utilisation des appareils mobiles. Deuxièmement, il y a un sentiment d'un manque de bénéfices dans l’adoption des TM, dû au fait que leurs usages dépassent à peine l’exploitation locale, alors que pour avoir des retombées intéressantes, les entreprises doivent repenser leurs pratiques, aussi bien au niveau de leur modèle d’affaires qu'à celui du réseau de projet.

1) Consultation de documents

2) Partage de documents

3) Communication et web conférence

4) Administration et gestion de

projets

9

Figure 8 - Étapes de transformation des processus des entreprises (Adapté de Venkatraman (1994))

Cette étude a permis de définir que les bénéfices principaux associés aux technologies mobiles par les entreprises innovantes sont : 1) l'accès à l'information, 2) une meilleure communication dans les projets. Les principales motivations d'intégration des TM au sein des entreprises innovantes sont l'efficacité au travail et l'innovation des processus. Cette étude démontre une effervescence des TM dans l'industrie de la construction québécoise, puisque les tablettes et téléphones intelligents sont de plus en plus présents chez les entreprises. Néanmoins, leur usage est principalement centré sur une base individuelle, sans optimisation des processus de travail et ne favorise pas un retour sur l’investissement favorable. Les principaux facteurs limitant l'intégration des technologies mobiles, selon les entreprises innovantes, sont reliés au manque de temps pour évaluer les logiciels et la résistance aux changements. En examinant de plus près la situation actuelle au Québec, le constat est que les entreprises innovantes possèdent une volonté de transformer leurs pratiques en vigueur. Cependant, ces entreprises ne semblent pas avoir de stratégie pour intégrer les TM dues au fait qu’elles n’ont ni défini les enjeux, ni les moyens de mise en place pour leur intégration. Les limites de cette recherche concernent principalement les observations en situation réelle, auprès des entreprises; les résultats quantitatifs et qualitatifs ne permettent pas de connaître l'usage réel des technologies mobiles au sein d’entreprises. Afin de compléter le travail de recherche, une étude est actuellement en cours avec des entreprises ayant intégré des TM, dans un environnement d'administration et de gestion de projets, afin de connaître leur utilisation réelle et de définir le potentiel des plateformes utilisées.

8 Remerciement

Nous remercions le MITACS, CEFRIO et le CERACQ pour le financement de ce projet, ainsi que les firmes qui ont accepté de participer à cette étude.

9 Références

Bernstein, Harvey, et Michele Russo. 2012. « New Survey Shows That Mobile Tools Boost Jobsite Productivity ». Engineering News-Record, p. 23-28.

Bowden, Sarah. 2005. « Application of mobile IT in construction ». Bowden, Sarah, Alex Dorr, Tony Thorpe et Chimay Anumba. 2005a. « Mobile ICT Support for Construction Process

Improvement ». Automation in construction, vol. 15, no 5, p. 664-676. Bowden, Sarah, Alex Dorr, Tony Thorpe, Chimay Anumba et Paul Gooding. 2005b. « Making the Case For Mobile IT

in Construction ». In International Conference on Computing in Civil Engineering. L. Soibelman & F. Pena-Mora, eds., ASCE. < http://ascelibrary.org/doi/pdf/10.1061/40794(179)46 >.

Mineur Mineur

Majeur

Majeur

1. Exploitation localisée

5. Refonte globale de l'industrie

3. Refonte des processus d'entreprise

Deg

ré d

e tr

ansf

orm

atio

n

Portée des bénéfices

Évolution des processus

Révolution des processus

2. Intégration interne

4. Intégration externe

10

Changyoon, Kima, Parka Taeil, Limb Hyunsu et Kimc Hyoungkwan. 2013. « On-site Construction Management Using Mobile Computing technology ». Automation in construction, vol. In Press, Corrected Proof — Note to users. 9 p.

Chen, Yuan, et John M Kamara. 2008. « Using Mobile Computing for Construction Site Information Management ». Engineering, construction and architectural management, vol. 15, no 1, p. 7-20.

Chen, Yuan, et John M. Kamara. 2005. « The Use of Mobile Computing in Construction Information Management ». Proceedings of the 21st Annual Conference of the Association of Researchers in Construction Management (ARCOM) SOAS, London.

Crotty, Ray. 2012. « The Impact of Building Information Modeling Transforming Construction ». Abingdon (Oxon) : Spon Press, 212 p.

Dale, Jorgenson W., Ho S. Mun et Stiroh J. Kevin. 2005. « Growth of US industries and investments in information technology and higher education ». Economic Systems Research, vol. 15, no 3, p. 279-325.

Dao, Lieu, et Daniel Forgues. 2013. « Transformer la gestion des équipements avec la BIM : Une étude de cas ». In CSCE 2013. (Montréal, 29 mai 2013), p. 9.

Dave, Bhargav, Stefan Boddy et Lauri Koskela. 2010. « Improving Information Flow Within the Production Management System With Web Services ». Proceedings of the 18th Annual Conference of the International Group for Lean Construction, p. 445-455.

Davidson, C.H., et R. Moshini. 1990. « Effects of organizational variables upon organizations’ performance in the building industry. ». Ireland. J. & Uher. T. (Eds) CIB-90. Building Economics and Construction Management, vol. 4.

Eastman, Chuck, Paul Teicholz, Rafael Sack et Kathleen Liston. 2011. « BIM Handbook : A Guide to Building Information Modeling for Owners, Managers, Designers, Engineers, and Contractors ». 2nd ed. Hoboken (N.J.) : Wiley, 626 p.

Emmit, Stephan. 2010. « Managing Interdisciplinary Projects : A Primer for Architecture, Engineering, and Construction ». 1st ed., London ; New York : Spon Press, 189 p. .

Fiactech. 2012. « User accpetance of mobile IT Phase 2 report ». Forgues, Daniel, et Leila M. Farah. 2013 «Back to the future : Is the canadian AEC education adapting to the new

needs of its industry ». In CSCE 2013. (Montréal, 29 mai 2013), p. 9. Forgues, Daniel, et Sheryl Staub-French. 2011. Improving efficiency and productivity in the construction sector

through the use of information technologies. Forgues, Daniel, et Sheryl Staub-French. 2014. L'inévitable passage à la modélisation des données du bâtiment

(BIM) dans l'industrie de la construction au Canada - Synthèse de trois expérimentations. 2014, 26 p. Gorse, Christopher A, et Stephen Emmitt. 2009. « Informal interaction in construction progress meetings ».

Construction Management and Economics, vol. 27, no 10, p. 983-993. Joyce, Erin. 2013. « Collaboration Apps Top ENR Survey Results ». Engineering News-Record. Liao, T Warren, PJ Egbelu, BR Sarker et SS Leu. 2011. « Metaheuristics for project and construction management–a

state-of-the-art review ». Automation in Construction, vol. 20, no 5, p. 491-505. Löfgren, Alexander. 2007. « Mobility in-site: Implementing mobile computing in a construction enterprise ».

Communications of the Association for Information Systems, vol. 20, no 1, p. 12. Newton, Paul. 1998. « Diffusion of IT in the Building and Construction Industry ». In ”. CSIRO, Building for Growth

Innovation Forum. (Sydney, 4-5 May 1998). Rivard, Hugues. 2000. « A survey on The Impact Of Information Technology On The Canadian Architecture,

Engineering and Construction Industry ». Electronic journal of information technology in construction, vol. 5, p. 37-56.

Ruwanpura, Janaka Y., Kasun N. Hewage et George F. Jergeas. 2008. « IT Usage in Alberta's Building Construction Projects: Current Status and Challenges ». Automation in Construction, vol. 17, no 8, p. 940-947.

Sage. 2013. « Survey on Mobile Devices - Construction Industry ». The Sage Group, p. 15. Saram, D. Darshi De, et Syed M. Ahmed. 2001. « Construction coordination activities: What is important and what

consumes time ». Journal of Management in Engineering, vol. 17, no 4, p. 202-213. Tam, CM. 1999. « Use of the internet to enhance construction communication: total information transfer system ».

International Journal of Project Management, vol. 17, no 2, p. 107-111. Tsai, Ming-Kuan. 2009. « Improving Communication Barriers for On-site Information Flow: An Exploratory Study ».

Advanced Engineering Informatics, vol. 23, no 3, p. 323-331. Venkatraman, N. 1994. « IT-enabled business transformation: from automation to business scope redefinition ».

Sloan management review, vol. 35, p. 73-73. Venkatraman, Sitalakshmi, et Pak Yoong. 2009. « Role of mobile technology in the construction industry–a case

study ». International Journal of Business Information Systems, vol. 4, no 2, p. 195-209. Winch, Graham. 2010. « Managing Construction Projects : An Information Processing Approach ». 2nd ed. Ames,

Iowa : Blackwell Pub. 522 p.