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Kyoni kya Mulundu Moïse Kapend Tshombe Tome I La renaissance du Katanga Victoire posthume

Moïse Kapend Tshombe - Le Hall du Livre NANCY

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Moïse Kapend Tshombe Tome I La renaissance du Katanga Victoire posthume

Kyoni kya Mulundu

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Kyoni kya Mulundu

Moïse Kapend TshombeTome I

La renaissance du Katanga Victoire posthume

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La grandeur d’âme est interprétée comme un signe de faiblesse par les sanguinaires. Dans la vie, la bonté est assimilée à de la faiblesse, car seulement la force compte pour l’immense majorité des humains.

(Anonyme dans Allain Jules)

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Trente quatre ans (1996) après l’intervention des mercenaires onusiens

au service de Kennedy au Katanga, vingt huit ans après son décès mystérieux dans les geôles algériennes, il est temps que nous racontions la vie de M.Tshombe aux jeunes Katangais qui ne le connaissent qu’à travers les dénigréments de la Gauche européenne et internationale appuyée en cela par les historiens, les journalistes américains, européns et surtout belges. Les jeunes gens du Katanga ainsi que ceux d’autres provinces et d’ailleurs apprendront qu’il a eu le mérite d’avoir contesté l’ordre colonial, lequel a étouffé les vraies aspirations des colonisés dans sa province et a dénié l’héritage ancestral. A quoi M.Tshombe et ses amis politiques ont répliqué en exigeant que le gouvernement de la Colonie reconnaisse d’abord la spécificité de chaque province. Ensuite, eux-mêmes ont ouvert la voie en remettant en exergue l’héritage lunda, luba, hemba, tabwa, tshokwe, bemba et yeke dans leur province.

Né dans une famille noble, fortunée et aisée, il a eu pour son prochain, ce je ne sais quoi d’affable, d’humain, de responsable et d’homme d’Etat : lot de son origine aristocrate. Il va à l’école méthodiste dirigée par les Américains, qui seront plus tard ses ennemis implacables. Il suit des cours de comptabilité par correspondance (Québec) pour mieux pénétrer les rouages des affaires. Il entre dans les affaires paternelles et à la mort de son père, il le remplace même dans les fonctions officielles. Ce qui est une marque d’estime et de respect que la colonie portait à la famille des Tshombe.

Je l’ai vu plus de quatre fois. D’abord, en septembre 1960, il revenait de Kamina en route vers Sandoa ; il s’est arrêté avec toute sa délégation à Luabo, devant le bâtiment paroissial, au même endroit où les véhicules de la MAS déposaient et embarquaient les passagers et du courrier. Il a parlé à

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la population et en Kiluba, s’il vous plaît ! Dans l’assistance, il a reconnu un de mes grands-pères, Ngoma Makobo Kimbakene, et qui portait les noms lunda de Mwanta Yamvwa Muteba, pour avoir travaillé longtemps dans les Etablissements Tshombe Kapend & Fils. Ensuite, il est venu à Kolwezi, la première fois seul, la deuxième, en compagnie du sénateur américain Thomas J. Dodd. Après, il est allé en visite à l’école où j’étudiais en septième préparatoire à Kanzenze. Enfin, devenu Premier Ministre du Congo, je l’ai revu à Kolwezi en 1964.

Il a quitté le Congo après le coup d’Etat de Mobutu et lorsque je suis arrivé en Belgique, j’ai rencontré son fils, Jean Tshombe, qui m’a remis les deux livres écrits par son père et dont j’avais déjà appris l’existence par M. Mwamba Maleba Bertin, mon mécène1. Après la lecture de ces deux livres, je me suis décidé à écrire sa biographie dont ce premier tome est le fruit. J’ai écrit trois autres livres dont deux sont encore en manuscrits sur les combats de M. Tshombe pour sauver le Katanga. Celui dans lequel je relate les agressions de l’ONU contre le Katanga est sorti le 8 août 2014 aux Editions Edilivres.

En face de lui, il y avait : 1) Dag Hammarskjoeld et Thant ; 2) L’administration Kennedy ; 3) Le Royaume de Belgique (Gaston Eyskens, Pierre Wigny, Spaak et le

comte Harold d’Asprémont-Lynden.) Le sous-titre aux trois livres est « Seul contre quatre ».

Il y a eu en 1972, les changements des noms de certaines villes du pays. En voici les principaux :

1. Elisabethville, Eville : Lubumbashi 2. Jadotville, J/ville, Jadot : Likasi 3. Albertville : Kalemie 4. Baudouinville : Moba 5. Delcommune : Nzilo I 6. Le Marinel : Nzilo III 7. Léopoldville, Léo : Kinshasa 8. Coquilhatville, Coq : Mbandaka 9. Stanleyville : Kisangani 10. Salisbury : Harare

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Chapitre 1 Le Katanga est l’héritage des trois empires

Pour comprendre le Katanga actuel, il convient d’étudier les trois entités politiques qui le composent. Sans connaître le pays luba, lunda et yeke, on ne saisira jamais l’histoire du Katanga. Décrire ces trois empires par les personalités qui y appartiennent est le but que je me suis fixé. M. Moïse Kapenda Tshombe est le premier dont j’ai essayé humblement de présenter la biographie.

Il est devenu président du Rassemblement Katangais au bon moment dans ce qui est encore le Congo belge. A la création du Parti, il n’est pas en lice. C’étaient Godefroid Munongo et Matthieu Kalenda qui sont choisis. Mais, en vertu de la loi coloniale, un fonctionnaire ne doit pas exercer des fonctions politiques. Alors, le choix tombe sur un homme qui n’est pas fonctionnaire car il s’est établi à son propore compte. Il s’agit de Moïse Kapend Tshombe.

Les affaires politiques vont accaparer tout son temps. En décembre 1957, les Katangais furent battus aux consultations qui avaient eu lieu à Léopoldville, à Eville et à Jadotville. Il ne fallait plus subir de nouveau un échec aux élections communales, urbaines, territoriales et rurales de décembre 1959. Il en allait du sort du Katanga. Ces élections sont remportées haut la main par les Katangais authentiques.

Pour M. Tshombe et ses collaborateurs politiques dont le plus actif et le plus important fut Jean-Baptiste Kibwe, il y avait un péril formidable : le gouvernement belge avait un plan dans sa gibecière qui devait régler l’avenir de la Colonie. Ce plan que le gouvernement métropolitain avait concocté avait deux pans préjudiciables aux Katangais et à leurs intérêts :

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céder le pouvoir aux étrangers à la province et conserver les strucutures rigides unitaristes. Dans le premier pan, il s’agissait donc de faire administrer le Katanga par les ethnies venues dans la province travailler pour le compte de la Belgique. Les consultations de 1957 avaient semblé aller dans leur sens. Mais, voilà que les Katangais chambardent le tout en créant un parti d’assises provinciales lequel réclamait de nouvelles institutions pour l’avenir de la Colonie. En clair, il fallait faire du Congo belge un Etat fédéral ou même carrément faire de chaque province un pays indépendant à l’instar de l’Afrique Equatoriale française ou de la Fédérale de l’Afrique Orientale ou de la Fédération des Rhodésies et du Nyassaland.

Les difficultés viendront de la métropole et de son administration d’Afrique. Elles acceptent les révendications fédéralistes de l’Abako, mais Bruxelles et Léopoldville s’opposent avec acharnement au Katanga. Est-ce parce que le Katanga avait dès le début manifesté une volonté de collaboration avec la Belgique au-delà de la date de l’indépendance ? Les révendications du Katanga sont minimales tandis que le Bas-Congo par la voix de ses leaders, se déclare, le 3 juin 1959, en faveur d’un régime fédéral. L’Abako va même plus loin, le 24 juin 1959, il sort un projet qui porte sur la création d’une République du Congo-Central. Un des leaders de l’Abako, S. Nzenza-Landu, annonce le 16 décembre 1959 qu’un Etat indépendant du Bas-Congo pourrait être proclamé le 1er janvier 1960, si la Belgique ne prévoit pas des élections générales pour une assemblée législative.

La raison de la persécution des Katangais est celui d’en faire le trésorier général.

Pendant ce temps, du 31 octobre 1959 au 5 novembre 1959, les Kasaïens établis au Katanga tiennent leur congrès sous la présidence du futur empereur, Albert Kalonji. Les conclusions du congrès recommandent un fédéralisme congolais sur la base provinciale2 Personne n’a jamais su à quoi cela rimait !

Le fédéralisme du Katanga lui vient de ses entités politiques précoloniales qui étaient dirigées sur une base qui conférait une autonomie aux régions qui dépendaient de chaque entité.

C’est l’échec électoral qui avait fait tomber Sendwe et Muhunga dans l’escarcelle unitariste.

Le Katanga reste incompris même lorsqu’arrive le chaos lumumbiste.

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Sitôt l’indépendance du Katanga proclamée, il y a un tollé universel. La personnalité de premier plan que M. Tshombe reçoit d’abord est Dag Hammarskjoeld. Mais, dès qu’il a quitté le Katanga, il déclare, le 21 août 1960, à New York :

« Il est inutile de répéter que je n’ai pas négocié avec M. Tshombe ni conclu d’accord avec lui. J’ajouterais d’ailleurs que jamais M. Tshombe n’a présenté aux Nations Unies les prétendues conditions dont il a été fait état. »

Quel parjure !

Malheureusement, M. Tshombe sera confronté aux hommes de l’espèce du Suédois qui ont été tous des Blancs que M. Tshombe connaissait très bien pendant ses activités commerciales.

Le reste est à lire dans cette biographie.

1) Le pays lunda3

Le berceau lunda se trouve entre les fleuves Kasai et Lubilanji, la capitale elle-même, Musumba, est située sur le fleuve Lulua. Le noyau lunda est formé de groupes de petits villages dont la croissance de la population a fait éclater l’air d’occupation territoriale. La royauté a maintenu les liens entre les différents groupes de villages, ce qui a donné un grand avantage au monde lunda sur le Buluba, à savoir, une entité politique unifiée mais décentralisée. LeHaut lieu historique de l’Empire, Dyal dya Mandam, a été réellement habité. Les vestiges de civilisation retirés de fouilles comprennent des poteries décorées de dessins géométriques, des allume-feu, des pointes de flèches en fer. Les empereurs lunda, les Mwant Yav, n’ont jamais regné par coercition, mais toujours en laissant une large manœuvre politique à leurs représentants dans les différentes parties de l’empire. Ils ont toujours été les arbitres dans les différands entre les notables et les sujets.

A l’époque de leur plus grande expansion, les Lunda soumettent d’abord les régions méridionales, situées dans le bassin du Zambèse. Ils poussent ensuite, leur expansion vers le Lwapula, à l’Est du Katanga actuel. Ils atteignent enfin les régions septentrionales, vers le fleuve Kwango. Ces parties de l’empire sont dirigées par les parents de Mwant Yav.

Les historiens appellent ces émigrés : Lunda méridionaux,

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septentrionaux et orientaux. L’organisation politique et militaire lunda connaît une innovation pendant le règne de Mwant Luseng Nawej, successeur de Tshibind Irung. Il crée un conseil de l’empire, il institue une classe de dignitaires, il fait fixer le tribut à payer. Avec sa nouvelle conception militaire, il se lance dans les campagne de conquête. Il franchit la frontière et se jette sur les Kanyoka. Il leur inflige une défaite cuisante et lui-même tombe à la tête de son armée victorieuse. Le jour de l’intronisation de son successeur, Yav, les Kanyoka viennent lui présenter leur soumission.

Mwant Luseng Nawej laisse à sa mort un empire stable et efficace. Son fils portant désormais le titre de Mwant Yav, s’avère être un grand conquérant. Il soumet les grands territoires au-delà du Zambèze, il se dirige vers les régions en-deçà du lac Moero et du Lwapula et les ajoute à l’empire. L’ouverture de la route entre le cœur de l’empire et Kasanje vers Luanda, aux environs de 1650, permet aux Lunda d’acquérir des biens techniques provenant de l’Europe : le fusil à feu, les tissus. Certains Africanistes ont soutenu que, par la route de l’Atlantique, sont arrivés en Afrique centrale le manioc et le maïs ; ce qui ne correspond absolument pas à la réalité historique. Le manioc étant une plante tropicale qui pousse dans les régions tropicales. Pourquoi pousserait-elle alors seulement en Amérique du sud et sur le sous-continent indien et l’Indonesie situés sous la même latitude que l’empire lunda ?

Peu à peu, Musumba devient un centre commercial important et beaucoup de marchands portugais y résident à demeure. Les Allemands aussi sont hôtes de Mwant Yav : Pogge arrive en 1875 et Buchner y séjourne en 1880.

Vers la fin du XIXe siècle, les Chokwe arrivent et vont modifier l’équilibre et l’harmonie ayant existé pendant longtemps dans l’empire. Ils bouleversent l’ordre intérieur en introduisant une nouvelle dimension qualitative : ils sont guerriers, habiles forgerons, chasseurs et bons agriculteurs. Ils s’établissent alors aussi comme intermédiaires entre la cour de Musumba et les Portugais. Ils se sont spécialisés dans la récolte de la cire et la fourniture de l’ivoire. Quand on sait que, vers 1844, ces deux produits représentent 54% des exportations de l’Angola vers l’Europe et en plus le trafic des esclaves est toujours florissant. Treize ans plus tard, en 1857, la

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cire et l’ivoire atteignent 86% de l’ensemble des exportations de l’Angola. C’est seulement vers 1860 que commence le declin de la vente de ces deux produits.

Comme intermédiaires entre Musumba et la côte angolaise, les Chokwe acquièrent les armes à feu qui leur permettent de conquérir une partie de territoire septentrional de l’empire. Lorsqu’éclate la lutte de dévolution à Musumba entre Mbumb et Mukaz, ils n’hésitent pas un moment à venir au secours du premier qui triomphe de son frère Mukaz. Le Chokwe Mwa Chisenge et ses hommes, grâce aux armes à feu, s’emparent de Musumba et font installer Mbumb sur le trône. Mais Mwa Chiseng, ayant prêté mains forte à la victoire, prétextant n’avoir pas été payé en conséquence, se retire de Musumba. Il revient quelques mois plus tard, cette fois-ci, par étapes. Il conquiert d’abord les territoires au-delà du fleuve Kasai et à partir de 1887, il intervient de plus en plus dans la politique de la cour de Musumba. Lorsqu’éclatent de nouveau les luttes de succession à Musumba, Mwa Chiseng arrive et s’en empare. A partir de là, il se dirige vers Kalundwe et s’infiltre vers les régions des Buluba bene Samba, il bouscule les Baluba dans des combats très sanglants, il occupe la région de Lovoi jusqu’aux environs de la ville actuelle de Kamina.

Pendant que les Chokwe poursuivent leur expansion tous azimuths, les Lunda sous la conduites de Mushid et Kawel fomentent une rébellion générale contre eux en 1898. Dans des batailles féroces, les Lunda peu à peu reprennent les villages et localités naguère conquis par les Chokwe. Mais, autour de Sandoa, les combats font rage entre les deux armées et se terminent par la victoire de Mushid et Kawel qui ne peuvent les poursuivre. La raison en est que les Chokwe se sont scindés en deux groupes. Une partie se dirigeant vers la région de l’actuel ville de Kisenge, une autre retraverse le Kasaï. Les Lunda ont arrêté leur offensive parce que les troupes de l’Etat Indépendant du Congo s’approchent dangereusement de Musumba à la poursuite des mutins batetela. Mushid et Kawel ont compris que les troupes de l’Etat Indépendant du Congo constituent une menace plus grave et mortel que les Chokwe.

L’arrivée inopinée des troupes de l’Etat Indépendant du Congo poursuivant les mutins batetela, naguère leurs alliés, fait cesser les hostilités entre les Lunda et les Chokwe.

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En dépit d’une guerrilla contre les forces coloniales de Léopold II, Mushid et Kawel sont capturés. Les Belges fusillent Kawel et noyent eux-mêmes Mushid, une pierre au cou, dans le fleuve Lulua, en 1920. Leur successeur est Mwant Yav Muteb. Il monte sur le trône en 1896, il n’est Mwant Yav que de nom, l’Etat léopoldien s’est accaparé du prestige de l’empire et s’est installé à Musumba. A la mort de Mwant Yav Muteb en 1927, les Belges intronisent Kaumb, né en 1880, et lui attribue une médaille de Grand Chef.

Au milieu du XIXe siècle, Musumba, Samba ya Majiba, Mpande et Bunkeya deviennent les centres importants dans ce qui sera pendant la colonisation le Katanga. De Musumba partent toutes les caravanes en direction de l’Atlantique, de l’Océan indien ; avec de multiples points de relâches. Sur ces routes circulent toutes sortes de produits dont le sel provenant de salines de Kakanda, les cauris de l’Afrique orientale, le cuivre et le fer extraits dans le pays de Mitumba, c’est-à-dire Luilu, Kambove et Kakanda. Les myambo, les croisettes, servent de monnaie dans tout l’empire. L’établissement de l’EIC léopoldien a sonné le glas de toutes les structures politiques et économiques de l’empire lunda. Enfin, ce qui est remarquable pour cette région aux trois empires est la permanence de l’histoire qui les tient soudées.

Il y a d’abord l’union entre les Lunda et les Baluba, ensuite entre les Lunda et les Chokwe, puis plus tard entre les Baluba et les Bayeke. Seuls les Lunda et les Chokwe en sont venus aux mains. Les hostilités entre les Bayeke et les Basanga sont de date récente et de conspiration coloniale. Les principes d’organisation et les centres de cette région ont varié au cours des âges, mais ils restent marqués par leur spécificité propre.

2) La famille Kapend

Par son père Kapend, Moïse Kapend Tshombe est un roturier, mais par sa mère, il est un rejeton de la plus illustre famille de l’empire. Sa mère est Kamin, une fille de Mwant Yav Mushid. Il est né d’un mariage mogarnatique. M.Moïse Tshombe l’a bien décrit :

« Mon père, Joseph Kapend Tshombe, possédait en effet une ascendance moins illustre. Mais, chez-lui, la noblesse se développait avec la vie.4

Le père de Moïse s’est appelé Tshombe à cause de la profession qu’il

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exerçait. C’est tout simplement un surnom. Il lui est resté et a fait depuis lors partie intégrante de leur patronyme. Le père Kapend, un homme sage et sociable, appartient en réalité à une ancienne famille de négociants lunda. Comme il était courant à cette époque-là, qu’un enfant, à sa maturité exerçât le métier déjà connu dans le clan. L’ouverture des routes commerciales vers l’Atlantique d’une part et vers l’Océan indien de l’autre, avec l’intérieur de l’empire lunda tomba à point pour les ancêtres des Tshombe. Un des leurs aïeux, Kapend faisait, déjà dès le dix-huitième siècle, les voyages entre Musumba et Lobito à son propre compte établissant ainsi les premiers contacts avec les négociants lusitaniens. Ils se sont montrés très avisés dans le commerce avec le monde extérieur.

Les frères de ce premier Kapend continueront ces voyages, ils n’iront plus seulement à Luanda, mais aussi vers la côte de l’Océan indien, là ils entrent alors en contact avec les Arabes. Avec leurs partenaires, ils échangent des peaux de léopard, des ivoires et du sel contre des étoffes et tant d’autres produits d’Europe et du monde arabe. Ces voyages ont été interrompus pendant les confrontations entre les Chokwe et les Lunda vers la fin du XIXesiècle, parce que les routes devenaient incertaines. Les affaires et les négoces sont une partie intégrante de la famille Kapend. Celle-ci demeure dans toutes les générations essentiellement pragmatique et innovatrice. Ce mérite revient à Kapend Joseph dont le fils dira :

« Aujourd’hui, plusieurs années après sa mort, en conclusion d’une expérience où j’ai connu quelques-unes des plus intéressantes de notre temps, je crois n’avoir jamais approché un homme doué d’une intelligence supérieure à la sienne. Dans les moments difficiles, j’ai remercié Dieu d’avoir grandi à son école, et j’ai essayé d’appliquer ses leçons. »5

Le père de Moïse Kapend est originaire de Sandoa, lieu-dit situé au sud de Musumba, à quelques deux cents kilomètres de la capitale lunda. Il est né vers 1880 et lorsqu’il atteint l’âge adulte, il part pour Musumba s’y installer, non pas dans l’oisiveté mais bien dans le négoce. Musumba est le centre important où arrivent toutes les caravanes, les délégations politiques et les négociants de l’Est comme de l’Ouest. Il reprend le commerce de sel et de manioc, en association avec un oncle maternel, il va les vendre au Kasai. C’est le commerce de manioc, appelé tshomba en tshiluba, qui lui laisse le surnom de Tshombe. Joseph Kapend a ses entrées à la cour de

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Musumba, et il y est présent en 1906, à l’arrivée des Belges. Cette apparition est passée inaperçue au commun des mortels. Quant à la cour, les soupçons qu’elle a que ces Belges viennent conquérir le pays, l’oblige à se tenir prête à toute éventualité.

Les Belges s’étant installés à demeure à Kapanga, exigent de Mwant Yav qu’il leur livre des jeunes-gens qui seront leurs auxiliaires. A cette époque, au commencement de l’implantation coloniale, Kapanga et Musumba dépendaient administrativement de Kanda-Kanda, au Kasaï, et les missionnaires protestants avaient une école primaire à Thielen-Saint-Jacques et cette localité est aussi le centre administratif. Kapend s’y inscrit pour apprendre le français afin d’approcher les méthodes européennes et de se faire baptiser. En terminant le cycle d’études, quoique primaire, mais dont le bénéfice est énorme. Il reste un laps de temps à Kanda-Kanda. Au service de l’Etat Indépendant du Congo, il doit abandonner son commerce de manioc et de maïs. Il va découvrir des choses nouvelles qui changent de fond en comble toute sa vie : l’organisation moderne de la société, les techniques et surtout, comme l’écrit son fils :

« Mais, au long de son périple, mon père ne voyait pas seulement les diversités de provinces en train de devenir le Congo. Il découvrait bien plus encore l’organisation de l’Etat moderne, la puissance redoutable d’une technique efficace, conçue pour dominer le monde. Il sentit que la force des Blancs ne venait ni d’un Dieu ni d’un Diable, mais d’un système. Il résolut alors d’en saisir le fonctionnement »6

Fort d’un nouveau bagage intellectuel, il quitte, de son gré, l’administration de l’EIC (Etat Indépendant du Congo) et retourne à Musumba en 1911. Selon M.Tshombe, le retour de Kapend, dont le prénom chrétien est dorénavant Joseph, fait grande impression, habitué à fréquenter les Portugais, les Belges ne sont à ses yeux que menus fretins.

Mwant Yav le Conquérant est subjugué par le jeune Kapend Joseph à qui il confie la charge de conduire ses enfants à Kanda-Kanda pour y entrer à l’école. Il ne le fait que deux fois et finalement, il quitte aussi les services de Mwant Yav pour revenir à son ancienne profession. Il est le premier parmi les Katangais à fonder un commerce et à établir des relations commerciales avec l’Angola portugais en créant un poste de négoces dans les parages de la localité minière de Dundu :

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« Il établit un actif négoce avec le poste minier de Dundu, en Angola. Ce trafic lui rapporta beaucoup d’argent, les prospecteurs portugais isolés en brousse étaient heureux de pouvoir s’approvisionner régulièrement. »7

Kapend Joseph est très avisé dans les affaires, plein de courage, très endurant et très pragmatique. Il est innovateur dans la famille. Ces innovations lui valent des ennuis avec la colonisation et avec des concurrents blancs. Son fils a écrit :

« Dès cette époque, pourtant, les Belges commencent à s’inquiéter de son influence. Sa brillante réussite, sans doute, flatte leur orgueil d’éducateurs. Ce jeune propriétaire en train de monter des magasins, de construire un hôtel, d’organiser des plantations doit son succès à leur formation. Il reçoit des journaux de la métropole, s’intéresse aux nouvelles techniques, étudie la comptabilité. Mais, il concurrence aussi la compagnie du Kasai et menace le monopole des négociants européens. N’exploitera-t-il passon prestige pour prendre un rôle public ? Ne s’en servira-t-il pas pour exciter des revendications en milieu indigène »8

Loin de là, Kapend Joseph n’a cure de se servir de son prestige personnel pour inquiéter ni Mwant Yav dont il est un sujet loyal ni la colonie dont il saisit les mécanismes pour accroître sa fortune. Les deux lui ont ouvert des voies et des possibilités immenses. En dépit de son calme et de sa situation confortable, il a des appréhensions qu’il ne soit mêlé à tort dans une quelconque sédition contre les deux, Mwant Yav et la Colonie. Néanmoins, il a le sentiment que cette dernière lui cherche noise et cette suspicion vient du fait que la Belgique n’a pas encore consolidé sa position au Katanga face à Cecil Rhodes et aux Portugais.

Ses relations avec l’Etat Indépendant du Congo, quoiqu’équivoques, faisaient que le colonisateur appréciât ses vues modernes, mais au fond de lui-même, le colonisateur eût voulu le voir assez proche de lui pour qu’il l’utilisât le mieux et tout en limitant ses ambitions. Ces relations apparemment équivoques ont édifié le père de Moïse Tshombe sur le bien-fondé ou non de la colonisation.

En 1918, Kapend Joseph se marie à la fille de Mwant Yav Kaumb et un an après ce mariage naît le 10 novembre à Musumba son premier enfant Moïse Kapend. Joseph Kapend et son épouse quittent précipitamment Musumba en 1920, car la collusion entre certaines notabilités et les agents coloniaux ternissait sa réputation auprès de Mwant Yav. Il décide alors de

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retourner à Sandoa, la localité dont il est originaire et où les autres membres de sa famille habitaient encore. Sandoa est à mi-chemin entre Dilolo et Kapanga, situé sur le cours supérieur de la Lulua : Sandoa est un carrefour important entre la frontière de l’Angola et Kapanga d’une part, entre Dilolo et Kamina, en passant par Kafankumba d’autre part. Kapend Joseph s’installe alors à demeure à Sandoa et il recommence tout. Il monte ses affaires une à une, il fait cultiver d’immenses plantations de vivres, de coton, il organise le transport en achetant une flotte de camions, il ouvre des magasins dans le territoire de Sandoa, de Dilolo et de Kapanga, il construit un hôtel à Sandoa même. En peu de temps seulement, il arrive à créer son immense empire économique.

En 1927, son fils aîné a huit ans, il est envoyé à l’école primaire de Mwanjinga, mission tenue par les méthodistes américains. Chose rare à cette époque du début de la colonisation, car les enfants arrivaient en première année âgés de plus de dix ans. Il y connaît une discipline de fer, mais qui lui fait du bien. Dans ces années de prosélytisme, l’accent est mis dans toutes les écoles chrétiennes sur la religion. L’ancien et le nouveau testament sont la source de toute éducation missionnaire. Kapend Moïse appréciera Martin Luther le réformateur et Jean Calvin. Tous les deux le fascinent. Il aime chez Luther l’ardeur et la solitude de ses entreprises ; en Calvin, il aime son ouverture aux biens terrestre. En effet, Calvin légitime la possession des biens matériels et de l’argent que l’on doit dépenser avec parcimonie ; sinon, il faut épargner et investir son pécule. En 1930, il quitte Mwajinga pour aller poursuivre son école primaire à Kanene, dans le groupement de Kinda où il apprendra le kiluba. Puis, il entre à l’école normale dans la même mission. Il a treize ans, lorsqu’il arrive à Kanene. Le directeur qui est en même temps évêque de son église au Katanga, Booth, le met dans la classe supérieure, sans tenir compte de son âge. A l’issue de son école normale, l’évêque Booth veut l’envoyer aux Etats-Unis. Mais, la colonie s’y oppose sans aucune autre forme de justification :

« Un instant, il (Booth) pensa même m’envoyer aux Etats-Unis entreprendre des études plus complètes. Il avait déjà obtenu une bourse pour en payer les frais quand l’administration coloniale s’interposa. L’importance de mon père l’indisposait déjà suffisamment. Elle ne voulait pas qu’un voyage à l’étranger ajoutât le moindre lustre au prestige des Tshombe. »9

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Après l’Ecole Normale, Booth l’inscrit en Théologie. En 1934, le père Joseph Kapend décide d’arrêter les études de son fils et le fait revenir à Sandoa à cause de démêlés avec l’autorité coloniale et craignant la désintégration de ses affaires au cas de sa brusque disparition ou de son emprisonnement. Les Belges ont toujours vu de mauvais œil sa réussite.

Sur le chemin de retour, il voit des choses que ses yeux d’enfant ne lui permettaient guère d’apprécier. Mais, maintenant adolescent, il voit avec une grande lucidité les ravages de la colonisation laquelle entame l’autorité politique coutumière. De Kanene à Sandoa, c’est un voyage de découverte qu’il a entrepris :

« Le voyage entre Kanene et notre maison me révéla un autre univers. J’étais maintenant assez grand pour constater que nos vielles traditions s’effritaient dans la plupart des villages traversés. Partout, l’autorité coloniale s’attaquait au pouvoir des Chefs. La pacification complète de l’Afrique centrale rendait brusquement nos maîtres audacieux. Ils n’hésitaient plus à transformer leur pénétration en conquête, ni à nous imposer des lois cruelles. En plusieurs endroits je rencontrai des groupes de malheureux destinés aux châtiments corporels. Ils marcahient d’un pas d’automates, le teint gris, une morne épouvante au fond des prunelles. Quel crime avaient-ils commis pour mériter le fouet, la terrible chicotte ? Certains fonctionnaires s’embarrassaient d’aucune justification. Il suffisait d’un caprice, ou qu’un visage déplaise, pour que la terrible trique frappe n’importe qui. L’isolement de la brousse autorisait les pires abus »10

Le système colonial est responsable de ces mauvais traitements et le personnel colonial n’est jamais à même de dominer ses instincts ataviques maléfiques. Il acquière grâce à ses fonctions une puissance trop supérieure à son caractère :

« Ivres de leur soudaine omnipotence, ils subissaient un déséquilibre fréquent chez les nouveaux riches : l’excès de moyens égare facilement les hommes, et il faut une grande habitude, ou une sévère éducation, pour maîtriser toute espèce de pouvor. Or, ces administrateurs subalternes ne possédaient souvent ni l’une ni l’autre. Venus de métropole avec un tempérament étriqué, ils passaient sans transition à la tête de vastes territoires. Après avoir toujours obéi, voici qu’ils allaient régner sans contrôle. Peu d’entre eux résistaient au vertige et leur affolement coûtait cher aux pauvres Africains. »11

Il tremble parce que ces administrateurs s’en prennent aux gens du fait de la couleur de leur peau. Ils n’ont, dit-il, pas de manières, ils interpellent en aboyant les villageois. C’est l’insécurité totale. Le jeune Kapend se trouve

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là jeté en pâture au courroux d’un administrateur : « La faiblesse de l’enfance ne me sauvait plus de rien. Des regards hautains, des paroles méchantes me signifièrent en quelques minutes que ma formation européenne, de bonnes études à la Mission et la renommée paternelle ne pèseraient pas lourd si l’un de ces petits blancs éprouvait brusquement l’envie de me faire battre. Répondre, présentait trop de risques et offrait à l’adversaire une victoire à bon compte. Mais, le silence constituait une insupportable humiliation. »12

Le père Joseph Kapend a rappelé son fils de Kanene, d’abord, parce que sa situation personnelle devenait de plus en plus intenable dans ses relations avec l’administration, ensuite, l’arrivée massive des négociants blancs, Grecs, Israélites et Portugais, diminuait sa chance d’expansion et enfin la mise en place du colonnat à Kanyama, qui allait se charger d’embaucher des villageois et approvisionner les centres miniers.

Lorsque Joseph Kapend avait envoyé son fils à Kanene, le monde colonial était encore en ordre. La colonie n’avait pas encore de préoccupations économiques dans le nord du Katanga. Néanmoins, l’implantation économique se traduisait peu à peu par la mise en commun des ressources privées et celles de l’Etat pour accélerer l’exploitation minière du Katanga. Les colons de Kundelungu, de Kanyama et de Biano se voient délaissés au profit de mines de cuivre et de l’étain. C’est après la première guerre mondiale que l’agriculture perd définitivement sa place prépondérante au Katanga, la demande de minerais est si élevée et les profits pour les capitaux investits dans ce secteur sont si faramineux que l’administration décide de ne pas faire du Katanga une colonie agricole et elle abandonne à leur sort tous les Belges qui s’y étaient lancés. L’implantation de colonats agricoles, très peu d’ailleurs, se déplace vers le nord de la province, au Kasai et au Kivu ; c’est alors que naît « le Katanga a un sol pauvre, peu idoine à l’agriculture ».

En 1926, le Franc belge est dévalué et avec lui le Franc congolais, l’industrie minière katangaise en profite énormément mais pour l’agriculture ; c’est la ruine. Dans le Katanga austral, une vague de spéculation s’installe, les entrepreneurs et les négociants blancs en sont les seuls bénéficiaires, mais, pas pour longtemps. Pour Kapend Joseph, ces années sont difficiles, les produits agricoles sur lesquels Kapend Joseph avait bâti sa fortune, ont baissé. Les Blancs, eux, bénéficient de la garantie des banques et

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de l’administration dans le cas où ils viendraient à perdre leur fortune. Quant aux Noirs exerçant la même profession, ils sont laissés à leur compte.

L’économie katangaise a un petit répit tout à fait insignifiant au vu de la tempête économique et financière qui s’approche à pas de géant. En 1929, la catastrophe et le désarroi de l’administration sont immenses. Celle-ci est incapable de porter secours aux négociants blancs, concurrents des Kapend Joseph. Entre Kapend Joseph et les autres négociants blancs, l’animosité et l’hostilité s’installent. Ayant toujours compté sur ses propres forces, les affaires de Kapend Joseph traversent avec quelques égratignures la tempête.

C’est dans cette atmosphère de suspicions, de concurrence impitoyable et de crise incommensurable que Moïse arrive à Sandoa. Son père le met succintement au courant de la situation et de l’état des affaires. L’estimant adulte et responsable, il lui remet une partie des affaires. Pour le fils, Moïse, c’est le couronnement et avec un calme stoïque, il écoute son père qui lui dit :

« Notre parenté avec le Mwant Yav nous impose en particulier beaucoup de conscience, car toute faute pourrait ultérieurement compromettre nos droits dans la succession. Pour vaincre, un jour viendra où il faudra autant d’argent que de noblesse. Nous devrions être riches pour affronter l’avenir et qu’il m’appartient de l’aider à conquérir une position. »13

Grâce à son père, il apprend que ce sont les finances, l’économie et la responsabilité devant les hommes qui comptent le plus dans la vie. Ces choses feront cruellement défaut à ses adversaires politiques en 1960. Envers le Katanga, Moïse Tshombe restera toujours responsable.

Après trois jours de repos, le père le fait venir à son bureau et lui confie la responsabilité de ravitailler les comptoirs et les magasins essaimés à travers tous les territoires de Kapanga, Sandoa, le sud du Kasai et les localités frontalières en Angola. Pour effectuer de tels voyages, la famille Kapend Joseph14 a un parc automobile qui n’a rien à envier aux concurrents blancs. Ce sera sur un des camions qu’il va faire ses premières armes. A deux, Tshombe fils et le chauffeur, parcourent plus de cinq cents kilomètres pour approvisionner les factoreries. C’est une course contre la montre, car il doit arriver à destination avant la concurrence. Et il faut dire qu’elle est âpre entre les Grecs, les Israélites, les Portugais et la famille

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Tshombe. La tâche n’est pas aisée, parce que les routes se tranforment en boue pendant la saison des pluies. A plusieurs reprises, ils arrivaient les premiers et parvenaient à écouler leurs produits. Tshombe fils fait une expérience qui le marquera toute sa vie :

« Battus à plusieurs reprises, nos rivaux contre-attaquèrent très habilement avec le système de crédit. L’invention faillit nous ruiner. Nous n’étions pas encore habitués à cette forme de négoce. Mon père hésitait à prendre des risques. »15

La raison profonde est la discrimination dans l’octroi de crédits. Les banques n’accordent de crédits qu’aux blancs et l’administration y veillait pour éviter la ruine des négopcaiants blancs et elle pratiquait une politique de deux poids, deux mesures :

« Instruit par quelques mésaventures, il savait que les villageois paieraient toujours les Grecs avant lui. L’administrateur d’ailleurs y veillaient ! Par solidarité raciale, elle préférait voir le commerce entre les mains des Blancs. Au moindre litige avec un client endetté, elle prenait systématiquement parti contre nous, ou conseillait la patience avec une mansuétude insolite. Mais, toute sa rigueur éclatait lorsqu’il s’agissait de protéger d’autres intérêts. Mon père se demanda si elle n’avait pas inventé ce moyen dans l’espoir d’en finir avec les Tshombe. »16

Pour comprendre les techniques du commerce, les rouages financiers ainsi que le droit commercial, son père le fait inscrire, après moult conseils de l’évêque Booth, dans un institut de Belgique organisant des cours en droit commercial, civil et en économie politique par correspondance. Il avoue n’avoir pas éprouvé du plaisir à veiller pour apprendre, seule la volonté coriace de son père le contraignait à passer des soirées à emmagasiner des notions de droit commercial et autres matières. Souvent aussi, son père le rejoignait pour parachever ses connaissances théoriques. Comme tout protestant, le père savait que :

« Chaque homme possède la direction de sa vie pour peu qu’il sache en rassembler les moyens »17

Pourquoi s’être inscrit en métropole ? Parce qu’au Congo belge les missionnaires, aussi bien catholiques que protestants, qui avaient le monopole de l’enseignement, ne dispensaient rien d’autre que des matières servant leur prosélytisme. Entretemps, la crise est passée et les Tshombe connaissent à partir de 1938 un redressement de leurs affaires. Ils doivent leur relative expansion pendant la crise au fait qu’ils vendent des vivres et