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Réussir son Couple

Réussir son Couple - RAV RAPHAËL PINTO

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Réussir son Couple

CouvertureRachel MELLOUL

mise en pagesYona LINKE

Tous droits de traduction, de reproduction etd’adaptation réservés pour tous les pays.

© 2008, Éditions BIBLIEUROPEISBN : 978-2-84828-122-3

Rav Raphaël PINTO

Réussir son Couple

BIBLIEUROPE

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Introduction

Une des étapes nécessaires dans la vie du couple,une étape qu’il faut apprendre à gérer, est le pro-cessus de la réconciliation.Comme les deux partenaires sont différents, lepoids du travail et le stress de la vie quotidiennefont que sans mauvaise intention aucune, l’uncause du mal à l’autre. C’est pourquoi il fautapprendre à se réconcilier, à ne pas tomber uneseconde fois dans le même écueil et permettre àchacun de reprendre une vie normale.Les conjoints doivent construire pour eux des for-teresses de patience, de pardon et de réconcilia-tion.Le processus de crise puis de réparation dans la

vie de la famille provient de la différence fonda-mentale qui existe entre les gens en général etentre les conjoints en particulier. Il est impossiblequ’il n’y ait pas de malentendus dans le cadre dela famille : chacun est différent et cela peut faireque ce qui est important pour l’un ne l’est paspour l’autre.Par exemple, les habitudes que l’un a apportéesde la maison de ses parents peuvent sembler pri-mitives à l’autre. A cause de cela, il est normalque les difficultés s’amoncellent. Des discus-sions vives éclatent, chacun étale ses argumentset des expressions injurieuses fusent de part etd’autre.

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Il ne faut pas se leurrer et s’imaginer que cela peutne jamais arriver ; le bon sens c’est plutôt desavoir comment ne pas retomber à chaque foisdans les mêmes scènes pénibles. Parfois quand onconstate enfin qu’il faut faire quelque chose pourrétablir la situation, on s’aperçoit qu’il est vrai-ment devenu trop difficile de changer ce mode defonctionnement pour recommencer sur des basesplus saines. On n’a plus confiance dans la capa-cité éventuelle de l’autre de s’adapter à son parte-naire dans la vie, de le comprendre et de s’ouvrir àses besoins.Chacun des conjoints devrait pouvoir demanderpardon à l’autre, s’excuser de l’avoir vexé même sice n’est que de manière indirecte. Quand on demande pardon, cela doit vouloir signi-fier : le problème ne provient pas d’une mauvaiseintention mais plutôt d’un manque d’informationet de compréhension des besoins de l’autre.Maintenant j’ai compris quelque chose et j’espèreque dorénavant je ne me laisserai plus emporter. Si les conjoints ne cherchent pas à s’excuser deleur comportement inadapté, alors ils recherche-ront à tout prix à justifier leurs actions au lieu decomprendre qu’elles ont été négatives et tout celane servira à rien.

Ils ne reconnaissent pas leurs torts

Parfois on ne demande pas pardon parce que l’una manifesté son désaccord au moment où l’autre

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se tient déjà prêt à partir de la maison sans mêmeregarder le conjoint ainsi agressé. Parfois encore, on est persuadé qu’on s’est excuséparce qu’on a juré de ne plus recommencer. Maisla personne blessée a besoin d’entendre explicite-ment les mots : « Pardon, j’ai mal agi. » Certains, au lieu de demander pardon, apportentun cadeau pour exprimer leur regret d’avoir malagi. Mais ce n’est pas suffisant car l’autre voudraitentendre également les mots d’excuse, la demandede pardon. Celui qui tente de s’excuser unique-ment par le biais d’une gentillesse supplémentaireest considéré par l’autre comme orgueilleux carcela prouve qu’il ne veut pas s’abaisser à deman-der pardon. Il ne reconnaît pas sincèrement safaute.

La difficulté à pardonner

Il arrive parfois que le conjoint blessé ou lésé n’ac-corde pas son pardon même si l’autre le lui ademandé. Il ne faut pas oublier que chacun passepar un processus plus ou moins long pour par-donner. Certains le font très vite même si on leleur a demandé sans insistance, très discrète-ment. D’autres par contre ne se calment pas dutout et il faudra alors prendre du temps pour obte-nir le pardon en négociant.Un jour David a demandé pardon à Avigaïl ; elle arépondu qu’elle pardonnait mais le lendemainDavid a remarqué qu’elle paraissait encore triste.

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Il ne comprenait pas ce qu’il devait encore faire.Quand nous en avons parlé ensemble, Avigaïl m’adit qu’elle voulait bien pardonner et qu’elle avaiteffectivement pardonné mais il lui semblait quetant que son mari ne s’assiérait pas à côté d’elle etne lui parlerait pas, elle ne serait pas apaisée. Leproblème c’est qu’Avigaïl n’en avait pas parlé à sonmari et il ne pouvait donc pas comprendre cela delui-même. Il est donc primordial de rappeler qu’ilest nécessaire qu’il y ait une conversation appro-fondie avec l’autre au sujet de ce qui l’a heurté.

On peut aussi se retrouver avec un autre cas defigure. Finalement le conjoint blessé à force d’êtreimploré, consent à pardonner du moins en parole,mais cela ne se traduit pas dans son attitude : ilcontinue d’afficher un visage renfrogné. Il n’arrivepas à sourire et ne parvient pas à tenir uneconversation détendue. C’est difficile à com-prendre puisque apparemment il a pardonné.Mais c’est parce que les sentiments fonctionnent àune allure différente de celle de l’intellect.Raisonnablement, le conjoint blessé comprendqu’il doit pardonner et il répond positivement à lademande de l’autre. Mais en vérité, il ne parvientpas à maîtriser ses ressentiments : ceux-ci doi-vent encore mûrir et s’apaiser jusqu’à ce qu’il nesubsiste aucune trace de la blessure et quel’amour et l’affection soient de nouveau présentscomme avant.De nombreux maris affirment que quand leursfemmes leur demandent de pardonner, ils accep-tent volontiers et sont prêts à oublier rapidement.

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Par contre, la réciproque ne leur semble pas vraiemême si leurs femmes affirment le contraire. Ilsdistinguent sur leurs visages tous les signes d’unmanque d’apaisement, un manque de volonté deretrouver une atmosphère calme et sereine. Lesfemmes, de leur côté, déclarent : « Il a demandépardon et il s’imagine que tout va redevenir commes’il n’y avait rien eu. » La Guemara demande : Pourquoi l’hommeaccepte-t-il facilement de pardonner mais pas lafemme ? Et la Guemara répond : « L’’homme aété créé à partir de la terre, de la poussière tandisque la femme a été créée à partir de la chair et desos qui sont des matières dures (Guemara nida). Defait, la Guemara avertit chaque mari que si sonépouse a du mal à lui pardonner, c’est normal. Lalenteur relative avec laquelle elle finit par accordervraiment son pardon provient de ce que D.ieu luia donné une structure plus sensible, davantagedans l’émotionnel afin de mieux s’occuper de sesenfants et de mieux se dévouer à son mari. Cettesensibilité lui permet d’offrir ses sentiments, maisa contrario accroît sa fragilité affective et émotion-nelle. C’est pourquoi le mari doit absolument entenir compte dans sa manière de se conduire ausein du couple.

Encourager l’autre à s’excuser

On éprouve une certaine difficulté à demanderpardon car lorsque l’on s’excuse, on a l’impression

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de se rabaisser ; c’est pourquoi nombreux sontencore ceux qui préfèrent retarder le moment dedemander pardon même si cela cause une tensiondans la famille.Quand on désire vraiment restaurer la paix et lasérénité chez soi, il faut s’efforcer d’encouragertrès rapidement la demande de pardon, en félici-tant par exemple le conjoint lorsqu’il s’est enfindécidé à le faire : « J’admire l’effort que tu asfourni pour t’excuser, cela prouve que tu es vrai-ment quelqu’un d’exceptionnel. » Ainsi la pro-chaine fois, le conjoint demandera plus facilementpardon et reconnaîtra plus vite ses faiblesses etses erreurs.

Dialogue

S’il existe de nombreuses convergences entrel’homme et la femme, chacun néanmoins a sesparticularités. Certaines peuvent ne pas êtreimportantes mais constantes. D’autres peuventêtre plus importantes mais ponctuelles.Le point de rencontre le plus fondamental et leplus fréquent entre les gens en général et entre lesconjoints en particulier, c’est le dialogue. A telpoint que l’homme est appelé « Medaber » « l’êtrequi parle ».Ce lien est différent de tous les liens qui peuventunir des personnes. Par exemple le pain que vendle boulanger établit un lien entre le commerçant etle client. De même la voiture relie le voyageur avec

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le conducteur. Mais, ce ne sont là que des liensaccidentels car le pain et la voiture n’ont pas étécréés à la base pour établir un lien entre des gens.Par contre la parole est un lien véritable car elleexiste afin que les gens soient connectés entre eux.La parole est essentielle pour établir un contact etcela d’autant plus entre des conjoints. Ce lien semanifeste de plusieurs façons :– grâce à la parole, on peut obtenir de l’aide de sonconjoint – grâce à la parole on peut exprimer des senti-

ments – dans une conversation franche, on peut mettre

en évidence des problèmes et des soucis– par certaines paroles on peut blesser son

conjoint– par le dialogue on peut relier les cœurs.

Quand la conversation fait défaut, on ressent unedistance entre les conjoints. Petit à petit, leursconversations ne portent plus que sur des sujetsmatériels : ils habitent pourtant dans le mêmeappartement, partagent les mêmes problèmesfinanciers, les soucis de l’éducation des enfantsmais il n’existe plus de lien profond entre eux.

Apprendre à se parler

Pour apprendre comment bien se parler entreconjoints, observons ceux pour qui la parole estun métier, ceux qui sont obligés de faire attentionà leur manière de parler. Parmi ces professionnels

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de la parole, nous trouvons des Rabbanim, desprofesseurs, des conférenciers, des présentateursde radio… Celui qui parle se concentre sur le sens de ce qu’ildit, sur ce qu’on appelle le fond, tandis que le pro-fessionnel se concentre sur la façon dont il seracompris, c’est-à-dire sur la forme. Il n’expose passes paroles en fonction de ses besoins mais enfonction de la perception de l’auditeur.C’est pourquoi le conférencier professionnel quiveut obtenir le maximum d’audience réfléchiralonguement, non seulement sur ce qu’il veuttransmettre mais sur la façon de le transmettre. Iltentera de parler d’une manière agréable àentendre. Il sait que s’il parle trop fort cela créeraune certaine angoisse. Il ne parlera pas non plustrop bas car cela fatiguerait ses auditeurs qui euxdoivent s’efforcer de le suivre et de le comprendredurant tout son exposé ; or un auditeur fatiguéfinira par ne plus écouter. Il est très dommage quebeaucoup de gens se plaignent que leur conjointn’a plus de plaisir à échanger avec eux. Pourtantils ne se soucient pas de soigner leur mode decommunication provoquant ainsi un ressentidésagréable lorsqu’on tente de leur parler.

Comment un homme parle, comment une femme parle

La façon dont un homme conçoit le dialogue est unpeu différente de celle de la femme. L’homme désire

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retirer un certain plaisir et profit en communiquantavec ses amis, c’est pourquoi il se sert de la conver-sation. Par contre la femme converse non seule-ment pour créer un lien mais pour une raison tou-jours très précise. La femme a donc tendance àrechercher une amie dans le but de parler. L’homme utilise la conversation pour créer un lienavec l’autre, la conversation en elle-même n’étantqu’un moyen de créer ce lien alors que la femmeutilise son amie pour avoir la possibilité de parler :son objectif étant de discuter et non pas de se lier.Du fait que l’homme utilise la conversation commeun moyen, il a l’impression qu’il parle avec safemme comme il convient ; c’est que pour lui laconversation est parvenue à son but : il a obtenuce dont il avait besoin ou encore il s’est occupé dece dont il devait s’occuper. Sa femme, par contre,soutiendra qu’il ne lui parle pas. Le temps qu’unhomme passe avec sa femme, exprime son amouret le degré l’affection qu’il lui porte. Un homme quine répond pas aux besoins de conversation de safemme, la blesse profondément.Pour elle, cela signifie : « tu m’intéresses, il y a dequoi apprendre de toi ; comme c’est agréable etenrichissant d’être en ta compagnie ! etc. » Quandun homme affirme : « je suis comme ça et jen’aime pas parler pour ne rien dire, c’est pour moiune perte de temps. Elle se sentira rejetée car c’estune partie essentielle de la vie conjugale pourelle : une conversation avec son mari est un évé-nement qui va de soi. Une femme qui a l’impression que son mari ne luiparle pas beaucoup aurait intérêt à se poser des

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questions sur sa propre conduite. Est-ce que safaçon à elle de lui parler lui donne envie de luirépondre ? Lui fait-elle vraiment part de ses sen-timents profonds ou au contraire place-t-elle sanss’en rendre compte, de nombreux blocages quil’empêchent de lui parler librement ?Les blocages, ce sont, par exemple, des remarquesou des questions qui l’interrompent, qui le déran-gent tandis qu’il est en train de parler : « Oh !pourquoi as-tu fait cela ! » ou « c’est idiot » ouencore « Moi j’aurais agi autrement »… Dérangerun homme pendant qu’il parle peut le déstabiliseret lui couper l’envie de parler. Une chose qui peut également déranger unhomme, c’est de le reprendre sur sa façon de par-ler. Quand il parle ou qu’il se trompe en disant unmot à la place d’un l’autre ou en employant lemasculin au lieu du féminin, si on le reprend celaprovoque en lui un certain blocage.

Certains se plaignent aussi que leur conjoint parleà voix haute, tout au long de la conversation, cequi crée un sentiment de malaise. Parfois aussi laconversation se déroule sur un ton inquisitorialcomme pour un interrogatoire de police. Et celuiqui parle ainsi ne s’en rend même pas compte !D’autres encore expliquent qu’ils préfèrent ne pasengager une conversation car quand le conjoint semet à parler, il devient impossible de l’arrêter :autant alors ne pas commencer car cela risqueraitde s’éterniser au-delà du possible.Il est probable que ceux qui adoptent des compor-tements problématiques comme précédemment

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décrits ne s’en rendent pas compte et ne se recon-naissent pas dans les descriptions évoquées carcela demeure au niveau de l’ inconscient.

Des conjoints qui désirent garder une vie decouple normale doivent prévoir et se fixer desmoments pour se parler chaque jour afin que cha-cun puisse évoquer ce qu’il a sur le cœur : sesambitions, sa façon de considérer les choses outout ce qui apparaît comme fondamental pour faci-liter la compréhension mutuelle.Il semblerait donc judicieux que chaque coupleconvienne d’un moment chaque jour, de vingtminutes ou une demi-heure, de préférence quandles enfants ont fini leurs devoirs et dorment. Celavaudrait sans doute la peine de décrocher le télé-phone et de ne s’occuper de rien d’autre. Pourquoine pas prendre une petite collation ensemble quifaciliterait la conversation. Il se peut qu’au début,ces échanges semblent fastidieux voire artificielscar on s’y sent contraint, mais au bout dequelques jours cela deviendra un momentagréable et l’atmosphère générale de la maisonapparaîtra plus détendue.De même, il serait souhaitable, au début, de défi-nir quel est celui qui dirigera le débat afin de nepas en arriver à une situation où l’un attend toutde l’autre sans qu’il y ait un véritable échange.Chacun devrait aussi veiller à son apparence exté-rieure car cela donne envie ou non de rester. Toutest facilité dans un environnement agréable,convivial et ordonné. Une apparence extérieurenégligée n’incite pas à rester dans la proximité del’autre. Outre l’apparence, il convient également de

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se montrer avenant, souriant, gai et agréableenvers le conjoint.

Parler du travail

Un des sujets de conversation qui peut intéresserle conjoint, c’est de lui parler de ce qui se passe autravail. Parfois, s’il se produit des événementsnouveaux au travail, il convient alors d’en parlerd’une manière qui puisse intéresser l’autre.Toutefois, même si le travail de l’autre ne nousintéresse pas, il est absolument utile de s’enquérirde ce qui s’y passe et pas seulement par politesse :il faudrait s’y intéresser vraiment.Certains n’aiment plus évoquer leur travail parceque leur conjoint ne peut s’empêcher de leur pro-diguer des conseils. Cela n’est pas souhaitable,même si on effectue le même travail. Le droit dedonner son avis dans le but d’améliorer la situa-tion peut être reporté à un autre moment. On peutdéclarer à son conjoint, quelques heures plustard : « Ton histoire m’a marqué et j’ai pensé qu’enagissant de telle ou telle façon il serait peut-êtrepossible de remédier au problème qui te préoc-cupe. »Un des souhaits qu’on peut formuler dans le cadredu mariage c’est que notre conjoint pense commenous, approuve nos paroles, apprécie ce que nousfaisons, réfléchit et agit comme nous. C’est-à-dire que nous souhaitons que l’autres’adapte exactement à notre opinion. Mais dans la

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plupart des cas, cela reste du domaine de l’utopie,un espoir impossible car irréaliste.Peu de gens prennent leur destin conjugal en mainen tentant d’en savoir plus sur le mariage afind’améliorer leur vie de couple. La plupart ne s’enpréoccupent pas car ils sont persuadés que « detoute manière, on ne peut pas changer grand-chose, ni en soi ni chez l’autre ! »

La distance qui rapproche

Un homme ou une femme qui se retrouve dansl’obligation de quitter pendant un certain tempsson foyer, ressentira souvent la nostalgie de safamille et de son conjoint. Quand on en est privé àcause de la distance, on ressent davantage lespoints positifs de l’autre bien plus que lorsqu’onest chez soi. La raison en est que, lorsqu’il estabsent, le conjoint semble moins négatif. En effet,pendant cette période, on ne risque pas d’être déçupar lui comme on l’est parfois quand on partage lemême toit. Le changement d’attitude envers le conjoint com-mence par une mûre réflexion. De même qu’onpeut habituer ses membres à effectuer certainsgestes, on peut entraîner son cerveau à penser dif-féremment.

Par exemple, lorsqu’on sent qu’on développe unsentiment négatif vis-à-vis de son partenaire, ilfaut essayer de rejeter cette idée et s’efforcer de ne

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prendre en compte que les aspects positifs de sapersonnalité. Ainsi le conjoint nous apparaîtra-t-ilsous un éclairage beaucoup plus favorable. Un pauvre n’est pas forcément une personne quitend la main pour recevoir une obole. La femmeest « pauvre » par rapport à la possibilité quel’homme a de lui offrir ce qu’elle attend de lui. Lemari est « pauvre » par apport à la possibilité quesa femme a de combler toutes ses attentes. Et lesenfants sont « pauvres » puisqu’ils dépendent dela capacité de donner de leurs parents. Or le« pauvre » qui dépend de son conjoint n’est pas unétranger. Il est la seconde partie de l’âme de celuiqui peut donner. Le blesser ou le vexer, c’estcomme se frapper soi-même, comme si la maindroite frappait la main gauche !

Espoirs et attentes

Il arrive qu’on entretienne certaines attentes àcause d’histoires racontées par des amies ou desvoisins. Une telle entendra son amie raconter queson mari lave la vaisselle et immédiatement elle sedira :– « Mon mari aussi devrait laver la vaisselle ! »

Le même jour, une autre amie lui racontera :– « Mon mari étend le linge sur la corde à

sécher »et une petite voix intérieure lui murmurera :– « Mon mari aussi devrait étendre le linge ! »

Une troisième déclare :

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– « Mon mari descend les poubelles » et elledécide dans son for intérieur que son mari aussidevrait descendre les poubelles. De fait elle aentendu les mérites de trois personnes différenteset elle attend déjà d’une seule personne qu’elleadopte ces trois comportements. En rentrant à lamaison, persuadée qu’elle peut attendre de sonconjoint qu’il se conduise ainsi le plus vite pos-sible, elle se mettra en colère en s’apercevant quece n’est pas le cas. Il n’y a aucun doute qu’elleaurait pu elle aussi raconter quelque chose depositif sur son mari. Mais ce qu’elle a déjà obtenude lui, elle n’en tient pas compte quand elle énu-mère ses qualités. Au lieu de penser : « Voici toutce que j’ai gagné », elle pense : « Voici ce qui memanque encore ! ». Le problème dans cette atti-tude, c’est que souvent on espère trouver dans sonconjoint ce qui a manqué dans l’enfance du pointde vue affectif et ce qu’on a rêvé d’obtenir par lemariage. Beaucoup de gens se trompent encroyant que le mariage résoudra tous les pro-blèmes et ils ne se rendent pas compte que lemariage est justement un problème supplémen-taire à résoudre…

Evacuer de faux espoirs

Un juif m’a supplié de l’aider à divorcer de safemme qui le faisait beaucoup souffrir tandisqu’elle s’y refusait absolument. Je n’ai pas acceptéde répondre favorablement à sa demande pendant

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de longs mois jusqu’à ce que je comprenne qu’ilétait absolument nécessaire de le faire. Il m’a fallud’énormes efforts pour persuader son épouse d’ac-cepter. Quand elle reçut le Guet, l’acte de divorce,son mari invita ses amis pour un repas de fête carenfin il avait réussi à se débarrasser d’elle. Unesemaine plus tard il revint me voir et me dit :« Monsieur le Rabbin, vous pouvez me dire MazalTov, je vais me remarier. Je lui ai demandé maisavec qui. Il m’a répondu : « Avec mon ex-femme ! » Stupéfait, je n’ai pu cacher ma colère.Pourquoi se remariait-il avec elle après avoir réa-lisé autant d’efforts pour obtenir ce divorce ? J’aifini par comprendre, me répondit-il qu’en secondefemme, elle ne serait pas si méchante… »

Egoïsme

Chacun est d’accord pour reconnaître que lesnombreuses heures que le commerçant passedans son magasin ne relèvent pas de la philan-thropie envers ses clients, mais sont destinées àleur soutirer de l’argent. De même, quand le cliententre dans le magasin avec son porte-monnaie, cen’est pas par bonté d’âme pour donner gentimentson argent au commerçant, mais c’est pour obte-nir des objets dont il a besoin. C’est-à-dire que l’uncomme l’autre n’agissent qu’en fonction de leursbesoins personnels. Le commerçant préfère l’ar-gent à la marchandise et le contraire pour le client.Tout ceci se passe bien car l’intérêt de l’un corres-

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pond à l’intérêt de l’autre. Afin d’atteindre son but,le commerçant est prêt à donner au client nonseulement sa marchandise, mais aussi sa sympa-thie. Il sourira jusqu’aux oreilles dès qu’un cliententrera dans le magasin. Il lui demandera desnouvelles de sa santé et ne réagira pas si le clientse permet de critiquer. Il sait que grâce à sonvisage accueillant, il donnera au client l’envie devenir acheter chez lui plutôt que d’aller le faireailleurs dans un magasin similaire.Il faut savoir qu’il en est de même dans les rela-tions familiales. Chacun doit se rendre compte queson conjoint est une personne normale, qu’on nepeut faire évoluer que si cela correspond à sonpropre intérêt. C’est ainsi que les a créés le Maîtredu monde. De fait nul ne cherche à se marier avec un raté, unconjoint pauvre ou maladif afin de pouvoir accom-plir les Mitsvot de bienfaisance, de visites auxmalades etc.Les critères dans le choix d’un conjoint sont prag-matiques : la personne supposée est-elle capablede subvenir à mes besoins physiques, affectifsetc. ? C’est pourquoi avant de se marier, on ne sedemande pas : qu’est-ce que l’autre obtiendragrâce à moi, mais plutôt qu’est-ce que j’obtiendraigrâce à lui (elle) ?On pourrait prouver cela par un exemple : l’hommequi a trouvé la femme qu’il lui faut, penserait-ilqu’elle serait plus heureuse avec un autre que lui,quelqu’un qui aurait plus de qualités que lui ? Luirévélerait-il ce secret ? C’est sûr que non !

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Il en découle que l’attachement qu’il ressentenvers elle ne provient pas de son souci pour ellemais de son intérêt propre.

Donner et recevoir

Le philosophe grec, Aristote, a réfléchi à un phéno-mène intéressant : pourquoi, lorsqu’un hommeoffre un cadeau à un autre, le donneur ressent-ilplus d’affection pour celui qui a reçu que le rece-veur n’en ressent pour son bienfaiteur ?Logiquement, c’est celui qui a reçu qui devraitaimer davantage son bienfaiteur puisque lui, il aun bien en plus tandis que l’autre a un bien enmoins !Pourquoi le donneur éprouve-t-il plus de plaisir àdonner que le récipiendaire à recevoir ?

Donnons brièvement plusieurs réponses : – l’homme a été créé à l’image de D.ieu et comme

D.ieu déverse ses bontés sur ses créatures et nereçoit rien en retour, ainsi en est-il de l’homme.– Le regretté Rav Dessler dans son livre « MikhtavMééliahou » explique : Ce n’est pas tant le donqui provient de l’amour que l’amour qui est créépar le don. C’est-à-dire que lorsqu’on aime quelqu’un on s’ef-force de lui donner tout ce dont il a besoin.

On peut trouver des gens qui ne répondent pasaux demandes d’aide formulées par leur conjoint

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mais qui se précipitent par contre pour aider unproche parent ou un voisin.C’est parce qu’aider un conjoint est perçu commeune obligation ou pire encore comme une corvéequ’on ne se presse pas de faire. Cependant aiderun voisin relève du bénévolat ! C’est plus valori-sant. On préfère donc aider l’autre plutôt que leconjoint. On peut donc déduire de cela qu’on est d’accordpour répondre aux demandes de l’autre à condi-tion que ce soit de notre plein gré et non lié à unecontrainte.On raconte que Reb Arié Lévine a une fois accom-pagné son épouse chez le docteur et a expliqué :– « Docteur, le pied de ma femme nous fait mal ! »

Le médecin a été très surpris de cette formulation,mais Reb Arié voyait dans son épouse la chair desa chair et ne comprenait pas ce qui pouvait lechoquer. Reb Arié était parvenu à une unité com-plète avec sa femme, dans le don. La plupart desgens n’atteignent cette unité que pour recevoir,par rapport à ce qu’ils estiment être leur dû.

Comment demander

Idéalement, on devrait demander d’une voixdouce, calme avec un sourire et voire même uncompliment. Par exemple une femme se rend chezsa voisine avec une tasse dans la main pourdemander du lait. Elle s’extasie sur le beau vête-ment que porte celle-ci. Ainsi accompagnée, sa

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demande a plus de chances d’être acceptée puis-qu’elle contient un compliment, un encourage-ment. D’ailleurs la voisine répondra :– « Pourquoi juste une tasse ? Prends toute la

bouteille ! » La suite du dialogue entre ces deuxfemmes est assez intéressante et démontre com-bien il est important de présenter une demandecomme il convient. Celle qui tient la tasse répon-dra : – « Non, merci, je n’ai besoin que d’une tasse ».

La voisine insistera :– « Fais-moi plaisir prends toute la bouteille ! »

Arrivée à ce point, c’est finalement la voisine quibien que fournissant le lait, se retrouve en train deformuler une demande tandis que celle quidemandait à l’origine devient celle qui aide et serend utile…Il est écrit dans la Torah :– « Respecte ton père et ta mère ».

Pourquoi le père est-il mentionné avant la mère ?C’est parce que le fils respecte davantage sa mèreque son père car la mère sait l’amadouer par sesparoles. C’est pourquoi la Torah nous enseigneque le fils a tendance à respecter davantage samère que son père car sa mère utilise de doucesparoles tandis que le père souvent ordonne etcommande. Ceci nous montre à quel point lors-qu’on désire que l’autre agisse en notre faveur, ilest nécessaire de savoir comment demander.Si on se demande : Quand mon conjoint veutquelque chose, le veut-il ou en a-t-il besoin ? Il est fort probable que la réponse soit : « Il en a

besoin » La vérité c’est que le conjoint veut ce qu’il

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croit avoir besoin et en réalité, rien ne peut êtredéfini comme « je veux » ou « j’ai besoin de ». Celui qui veut le démontre dans sa façon dedemander alors qu’il pense qu’il a besoin. Quandun conjoint demande à l’autre quelque chose, il lefait sur un ton de « Je le mérite », comme s’il vou-lait vraiment alors qu’en fait, il en a besoin, c’estune nécessité pour lui. Mais ses mauvaises tendances et son orgueil ne luipermettent pas de se présenter comme quelqu’unqui a besoin d’aide. C’est pourquoi il « veut », ilexige et c’est pour cela que son conjoint éprouveautant de difficultés à accéder d’accepter sarequête. Quand on demande quelque chose à son conjoint,celui-ci pense : – « Pourquoi serais-je obligé de lui obéir ? »C’est-à-dire la demande ou plus spécifiquementl’exigence éveille un réflexe défensif qui bloquel’envie d’acquiescer. Cependant si chacun ressen-tait que son conjoint n’est pas en train d’exigermais plutôt a sérieusement besoin de quelquechose, il serait plus volontiers prêt à lui rendreservice. Ceci serait immédiatement perceptible si au lieude dire : « Je veux », on disait : « J’ai besoin ».Le fait de demander doucement afin d’obtenir uneréponse positive n’est pas seulement une bonnetactique, mais cela rentre dans le domaine de laMitsva :– « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Il convient d’y faire très attention tout comme lors-qu’on s’efforce d’accomplir n’importe quelle

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Mitsva. Rav Dessler écrivait que lorsqu’ondemande quelque chose, on devrait arriver à ceque l’autre non seulement accepte mais soit heu-reux de rendre service. Le Chlah Hakadoch écri-vait : « Il ne convient pas qu’un homme force lesmembres de sa famille à lui obéir, même s’il est lemaître de maison. Il devrait plutôt les persuadergentiment jusqu’à ce qu’ils désirent d’eux-mêmesagir comme lui le souhaite. Ceci est préférable aufait de les y forcer.

Si on utilise des sous-entendus, cela n’entraînepas l’accord de la personne. Les sous-entenduscréent certains blocages. Par exemple, il arrivequ’un homme parle devant sa femme comme s’il separlait à lui-même.– Dommage que je ne possède pas ce vêtement ! – J’ai très soif !– J’ai besoin de quelque chose pour me laver les

mains !Bien sûr, il existe parfois des situations ou il vautmieux parler avec des sous-entendus et laisser àl’appréciation du conjoint, l’envie ou non d’agircomme soi-même on le voudrait.Cependant, dans la plupart des cas, ne pas s’ex-primer clairement provient d’un orgueil qu’on neparvient pas à maîtriser. On veut obtenir sanspour autant se sentir redevable ; on a peur que sile conjoint accomplit ce qu’on lui demande, onsera obligé de lui rendre le bienfait ; or comme ilest difficile de rendre un bienfait, on se débrouillepour que l’autre rende service de sa propre initia-tive, sans qu’on lui ait rien demandé.

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Qui donne le plus ?

Parfois le mari reconnaît que de fait, il donnemoins que sa femme, mais il est sûr qu’il n’en faitpas moins que les autres hommes autour de lui.De même, la femme peut admettre qu’elle fournitmoins que son mari, mais qu’elle en fait davantageque ses voisines. Il arrive qu’on se dispute pourdéfinir lequel donne le plus à l’autre.Il faut savoir que nul ne peut évaluer à sa juste

mesure la sensibilité de l’autre, de quelle manièreil s’efforce de satisfaire les demandes de sonconjoint. C’est pourquoi il convient de ne pas com-parer les efforts de l’autre par rapport à unenorme, par rapport à ce qu’il serait évident defaire. Il faut au contraire apprécier tout ce que fait leconjoint et en fonction de cela, savoir ce qu’onpeut lui demander. Par la suite on le remerciera. Ilest évident qu’en adoptant une telle attitude, cha-cun pourra obtenir plus facilement ce qu’il espèrede l’autre. Dans le cadre familial, on sait que Dieu a créél’homme et la femme comme une seule âme mêmes’ils ont des besoins différents. Ainsi l’un peutrendre service à l’autre, compléter ses manques.En donnant à son conjoint, on se grandit et l’onaméliore sa propre personnalité. Quand une famille n’est pas bâtie sur les valeursde la Torah, les relations s’articulent autour duconcept : « je donne, je prends ». L’acte de don-ner est souvent égoïste : c’est parce qu’on espère

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recevoir par la suite et ce n’est donc pas un dongratuit. Nombreux sont ceux qui estiment qu’ils donnentplus qu’ils ne reçoivent puisque selon eux,d’autres n’en font pas autant. De fait, ils se com-parent dans un domaine où ils sont plus forts aulieu de considérer qu’ils sont associés à leurconjoint dans tous les domaines.

Le manque qui crée un lien

La Torah montre le chemin, dirige l’homme et luienseigne ce qu’il doit faire et ce qu’il se doit deretenir : le bien et le mal. Dès le début, la Torahévoque une situation négative : « Il n’est pas bonque l’homme soit seul, je ferai pour lui une aidequi fera face aux difficultés avec lui. » Dieu ne préserve pas parce qu’il s’est aperçu qu’il

s’est trompé et qu’il doit réparer. Dieu a créél’homme et la femme en un seul corps, comme l’ex-plique Rachi, afin qu’ils s’habituent l’un à l’autre,afin que par la suite l’homme ressente qu’il n’estpas bon d’être seul et pour que la sensation demanque l’amène à créer des liens. Nous compre-nons de ce passage de la Torah que le manque estun moyen qui amène l’homme à entrer en relationavec son environnement.

Vous pouvez le vérifier par vous-même avec uneréflexion de quelques secondes. Qu’est-ce qui vousrelie à votre environnement ou à d’autres gens en

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général : ce que vous avez ou ce que vous n’avezpas ? La réponse est ce qui vous manque !C’est le manque qui crée une relation. Cela signi-

fie que le manque n’est pas une marque de fai-blesse ou un défaut, mais c’est au contraire unequalité. La peine engendrée par la solitude et l’en-vie de trouver un conjoint est encore plus forte quela faim ou le besoin d’argent. Si le Maître dumonde a implanté dans l’espèce humaine uneenvie si forte, c’est que s’il l’avait implantée moinspuissante, les gens auraient préféré rester seuls.Un conjoint nous oblige à nous enfermer dans uncertain carcan pendant une période parfois trèslongue.

Une femme ressent un besoin de se lier qui seconcrétise dans le lien du mariage. Elle a besoind’un appui sentimental, affectif et elle désire plaireà son mari (Hazon Ich).Si elle n’éprouvait pas ce besoin, elle ne se lierait

pas à son mari car le mariage l’oblige à travaillerdur dans la maison et même au dehors. Tout ce dont une femme a besoin, l’homme en abesoin également et vice versa. La différence estdans la quantité. Dieu a donné à la femme lebesoin de prouver ses capacités dans la prépara-tion des repas. Sans cela, il lui serait difficile desupporter chaque jour les mêmes gestes répétitifs.C’est pourquoi elle attend des réactions positives àce qu’elle sert à table, à la finesse de sa cuisine. Sile mari ne fait pas de commentaire, elle lui fera desremarques du genre : « Comment trouves-tu leplat que j’ai cuisiné… ? » etc.

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De même la plupart des femmes font attention àl’ordre et à la propreté qui règnent dans leur mai-son. Ce n’est pas un défaut mais une qualité, carune demeure propre et rangée dégage une atmo-sphère sereine qui rend le séjour dans la maisonagréable. Pour cette tâche accomplie, elle attendde son mari un compliment pour être récompenséede ses efforts. Un mari qui mange ce que sa femmelui a préparé, qui habite dans la maison qu’elle arangée et qui ne lui fait pas de compliments estconsidéré comme un voleur. En effet, son épouseespérait être dédommagée de sa peine en atten-dant de sa part une réaction positive.On peut distinguer encore un point importantdans les comportements féminins. Une femmeéprouve aussi le besoin d’évoquer ses problèmes,de discuter de ce qui la préoccupe, pas vraimentpour recevoir des conseils, mais juste pour êtresoutenue et comprise. Elle doit trouver dans sonmari la personne qu’il faut, l’oreille qui saural’écouter et comprendre ses états d’âme et son res-senti. De la même manière, Dieu a créé dansl’homme des besoins spécifiques qui nourrissentsa relation avec son épouse. Il a besoin de ressen-tir qu’il est responsable des revenus financiers dela famille. En général cette sensation est beaucoupplus forte chez le mari que chez la femme.L’homme a besoin de ressentir également que safemme est satisfaite et qu’elle apprécie ce qu’il faitpour elle. Si elle ne le montre pas, il lui demanderad’exprimer sa satisfaction. Certains maris, lorsqu’ils réparent quelque chosedans la maison ou qu’ils achètent un objet quel-

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conque pour la famille, font remarquer à leurfemme :– « J’ai fait telle et telle chose pour toi ou j’ai

acheté ceci pour toi ». Cela a le don d’exaspérerleur femme ; « Pourquoi dis-tu pour toi ? « C’estpour nous tous ! » Une femme intelligente réagiraautrement et comprendra qu’il a besoin qu’elle leremercie. Une telle réponse augmentera leschances pour que le mari ainsi stimulé, désire enfaire davantage, bien plus encore que ce qu’il al’habitude de faire. La différence entre l’homme etla femme, c’est que la femme ne se considère pascomme une bénévole ; pour elle, il est évidentd’accomplir certaines tâches. Le mari, lui, aime bien avoir l’impression qu’il enfait plus que ce qui est obligatoire. Il a énormé-ment besoin que sa femme le remercie, avec deséloges et si possible plusieurs fois. Sinon, ne préférerait-il pas vivre seul, sans toutesces obligations qui lui incombent dans le cadre dela vie familiale.

Lui donner ce qu’il désire recevoir

Un jour, une femme s’est plainte devant moi etdevant son mari qu’il ne s’occupait pas d’elle. Ilprotesta : « Mais je t’ai acheté une cuisinemoderne qui a coûté très cher ». « C’est vrai,répondit-elle, mais j’aurais préféré que nous ayonsun quart d’heure par jour de conversation en têteà tête ».

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On pourrait aussi demander à une femme :Comment s’exprime l’intérêt que tu portes à tonmari et ton amour pour lui ?Elle pourrait répondre : je lui prépare un bon

repas. On lui demandera alors : « Est-ce vraimentcela qu’il désire ? »Elle répondra : « Non, il prétend qu’il préfère êtreaccueilli chaleureusement ! » – « Alors pourquoi préfères-tu lui préparer à man-ger ? » - « On dit qu’il est très important que lerepas soit prêt quand le mari rentre à la maison :c’est ce que m’a dit ma mère. » – « C’est vrai que pour certains hommes, le repas

est très important ; apparemment c’était le cas deton père. Mais ton mari ne préfère-t-il pas êtreaccueilli chaleureusement ? Un jour, un mari s’est plaint qu’il n’arrivait pas àsatisfaire sa femme bien qu’il fasse beaucoup pourelle et lui offre de nombreux cadeaux.– « Tout ce que je lui offre ne lui convient pas, rienne lui suffit » .Je lui ai dit : – « Apparemment tu lui offres ce que toi tu as

envie de lui donner mais pas ce qu’elle attend detoi.De fait, des conjoints peuvent très bien se sentirbien ensemble même s’ils s’offrent beaucoupmoins de cadeaux, à condition qu’ils donnent l’unà l’autre ce dont ils ont besoin ». Ce n’est pas seu-lement valable à propos des cadeaux.Chacun doit également veiller à dire à l’autre cequ’il désire entendre et pas seulement ce qu’on aenvie de lui faire entendre.

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Explication psychologique des dérobades

Parfois, on entend l’argument suivant : – « Il exige ceci parce que son père l’exigeait. » ouencore « parce qu’il est d’origine polonaise, améri-caine ou tunisienne… »

En parlant ainsi, on tente de faire croire que cetteexigence ne provient pas vraiment de la personne,n’exprime pas un besoin véritable, mais est lerésultat d’une contingence extérieure. Et donc, àcause de cela on pense qu’elle n’est pas vraimentrecevable et qu’on n’est pas obligé de s’y plier :c’est une erreur.Car de fait, il n’y a pas de différence en fonction del’origine. Puisque l’autre ressent ce besoin, il fauty répondre et toutes les explications psycholo-giques ou sociologiques n’effacent aucunement laréalité de ce besoin.

De même, il n’est pas correct de dire à sonconjoint : tu demandes telle chose parce que tul’as vue chez ton ami. C’est peut-être effectivementla source de l’exigence, mais ce n’est pas une rai-son suffisante pour ne pas y accéder. Et si on l’ac-cuse de vouloir simplement imiter l’autre, c’estune remarque irrecevable car c’est comme si on luidisait : – « Tu n’as pas de pensée propre, tu te laisses

entraîner par les autres, tu es influencé par lesautres. » Accorder à l’autre ce qu’il demande, cen’est pas simplement logique, c’est une Mitsva.

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Chacun souffre de déceptions qui remontent àl’enfance ; on est conscient de certaines d’entreelles, mais on en ignore la plupart. Quand on se marie, on espère qu’on récupérera cequi a manqué jusqu’à maintenant. Mais si, dans lecadre du mariage, on n’obtient pas ce qu’on espé-rait, la déception est dès lors encore plus grandecar le mariage représentait la dernière occasion del’obtenir.

Dans ce cas, on développe intérieurement un fortressentiment contre le conjoint qui n’a pas réussià offrir ce que l’on attendait de lui. C’est pourquoivous devez être conscient que vous êtes la seulepersonne au monde qui pouvez pallier lesmanques de votre conjoint. Celui qui n’essaie pasd’offrir à celui-ci, ce qu’il lui paraît important derecevoir, affecte très gravement sa relation. Sonpartenaire l’interprétera ainsi :– « Mon conjoint ne me considère pas, n’est pas

sensible à mes demandes ». Il développera inté-rieurement un sentiment d’amertume et celacréera une tension supplémentaire entre eux.Celui qui n’obtient pas ce qu’il considère commevital pour lui, ne pourra être satisfait qu’une foisqu’il l’aura obtenu. Inconsciemment, il continueraà rechercher la personne qui comblera sesmanques, par exemple la nourriture qu’il aime,l’oreille qui l’écoutera avec attention, le conseillerqui saura donner un mot d’encouragement. C’est ainsi qu’on trouve parfois des hommes quipréfèrent manger chez leur mère ou rester en com-pagnie de leurs amis sans autre justification.

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Au début de la relation, on est prêt à gommer cer-tains aspects de sa personnalité et à faire pourl’autre ce que soi-même, on n’apprécie pas parti-culièrement. On est prêt également à agirensemble sans trop attacher d’importance à ce quidiffère. Mais petit à petit, on ressent le besoind’être plus indépendant et plus spontané. C’est alors que les différences entre les conjointsapparaissent avec plus de relief. Parfois la raisonqui a créé la relation avec celui-ci ne dépendait pasde sa personnalité. Prenons l’exemple de David, remarié, qui a de nou-veau des problèmes dans son couple. Un jour ilm’a avoué : Après le mariage, je me suis renducompte de mon erreur. J’ai compris pourquoij’avais épousé justement cette jeune fille. Je vou-lais me prouver à moi-même, à ma famille et à mesamis que je pouvais encore plaire à une jeune fillequi n’avait jamais été mariée alors que je sortaisd’un premier mariage et que j’avais un enfant.Cette motivation a biaisé ma perception des autresaspects de sa personnalité, je les avais gommés etje n’y avais pas attaché d’importance.Dans certains milieux défavorisés, il n’est pas rarede voir des jeunes filles qui s’attachent à deshommes qui d’évidence les feront souffrir aprèsleur mariage. Et pourtant, elles se marient aveceux. Si on leur demande pourquoi elles ont faitcela, elles répondent qu’elles se sentaient bien enleur présence. Mais si on approfondit le sujet, on comprendraqu’elles cherchaient en fait à quitter la maison deleurs parents avec lesquels elles ne s’entendaient

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pas. La seule solution pour quitter ces maisons,consistait à se marier. Ces hommes le leur permet-taient justement.

Dans ce genre de processus, le plus grand danger,c’est de choisir un conjoint en fonction du besoind’un lien très fort. Dans ce cas, on ne fait pasattention aux autres aspects de la personnalité quipour le moment semblent moins importants quece besoin fondamental. Mais après le mariage, ons’aperçoit souvent que ce besoin qui semblait siessentiel, n’était pas la qualité fondamentale del’autre. Les partenaires se retrouvent déçus desdeux côtés.Attention, quand on apprécie la personne avec quion veut se marier, il ne faut pas s’enthousiasmeroutre mesure sur l’un ou l’autre des aspects de sesqualités, même si c’est très important dans lecadre du mariage et en particulier lorsqu’il s’agitde sentiments.

Association

Comme le Créateur du monde a donné au mariune tendance naturelle à s’occuper des ressourcesde la maison, certains pensent que leur épouse n’arien à voir là-dedans car, selon eux, les femmes« gaspillent ». De plus, quand l’épouse explique àson mari combien elle a du mal à s’en sortir finan-cièrement, il ressent cela comme un ratage per-sonnel.

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C’est pourquoi il convient de ne pas trop parler desproblèmes d’argent si d’évidence l’homme fait toutce qu’il peut pour nourrir sa famille honorable-ment. La tendance de la femme à s’associer sur cepoint avec son mari est plus grande que l’envie del’homme de s’associer à sa femme pour les tâchesménagères…C’est pourquoi il arrive souvent qu’elle luidemande conseil sur des sujets à propos desquelselle a déjà son idée. Il pense qu’elle lui demandeson avis parce qu’elle ne sait pas décider de cequ’elle doit faire, qu’elle a besoin de son aide. Oraprès qu’il a donné son avis, elle réplique : – « Je pense qu’il faut agir autrement » !

Dans ce cas-là, il sera vexé et répondra :– « Si c’est ainsi, pourquoi m’as-tu demandé mon

avis ? » A l’origine, Dieu a créé l’homme et lafemme différents l’un de l’autre afin que le manqueet la différence les incitent à rechercher ce qui lescomplète mutuellement. S’ils en sont conscients etintègrent cette réalité dans leur personnalité, leursrelations s’en trouveront grandement améliorées :ils se disputeront beaucoup moins et ils serontdavantage ouverts aux problèmes, aux demandesde l’autre.Une famille dans laquelle les conjoints se font descompliments plusieurs fois par jour, c’est unefamille ou chacun se sent à l’aise avec l’autre, ouil n’y a pas de dispute. Il suffit de s’adresser l’un à l’autre avec respect,par exemple quand l’un demande quelque chose,ce sera toujours avec courtoisie et pas sur le tondu commandement.

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Ainsi quand l’autre remerciera dès que son sou-hait aura été accompli, le respect s’installera entreeux. De même il est très important d’écouterl’autre, à des moments fixés dans la journée pourdes conversations. De la sorte, la relation sera ren-forcée, l’atmosphère sera plus sereine et agréableet l’on prêtera moins attention aux requêtes quin’ont pas encore été satisfaites.

S’entraider à l’intérieur de la famille

Un couple juif accomplit chaque jour des cen-taines d’actes de générosité et de don de soi, l’unenvers l’autre et tous les deux avec leurs enfants.Ainsi ils concrétisent la Mitsva :– « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Ces actions sont considérées comme des Mitsvotmême si elles se passent à l’intérieur du cadrefamilial et même si elles vont de soi.

On se doit de prodiguer des bienfaits, d’abord à sapropre famille et ensuite aux autres. Il est écritdans la Guemara :– « Les pauvres de ta ville ont préséance sur les

pauvres d’une autre ville ». L’homme n’a pas depersonne plus proche de lui que son conjoint carl’épouse d’un homme est comme son propre corps.Elle est « sa moitié ». En conséquence, le bienqu’on peut dispenser à son conjoint est objective-ment le plus grand et le plus important que l’onpuisse accomplir.

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En cela, nombreux sont ceux qui se trompent : ilssont capables de se lever au milieu de la nuit pourse précipiter au secours d’un ami ou même d’unparfait inconnu qui aurait un problème alors qu’ilsrechignent à aider leur propre conjoint. Ils ne prê-tent également aucune attention aux sentimentsqui agitent leurs jeunes enfants. Et pourtant ilssont très attentifs aux états d’âme d’autresenfants. D’autres au contraire, n’aident jamais des« étrangers », mais s’empressent d’aider leursparents. Dans ces cas, l’épouse se sent abandon-née car le mari trouve du temps à consacrer à sesparents mais néglige les demandes, les besoins deson associée pour la vie. Il y a de nombreuses causes à ce phénomène,

mais celle essentielle est que chacun attend de sonassocié pour la vie qu’il le comprenne et qu’il sedébrouille tout seul. Il n’a pas la même attente vis-à-vis des autres. Parfois, il arrive que celui qui aideles autres, le fait dans le but d’une certaine recon-naissance sociale. Celle-ci lui est bien sûr octroyéepar tous ceux qui reçoivent l’aide, mais pas par leconjoint qui lui ne témoigne pas d’une reconnais-sance débordante. En effet, quand on aide leconjoint, les remerciements reçus en échange,semblent évidents, normaux et l’on ne leuraccorde pas la même valeur, la même attention.De plus, il est « admis » que celui qui aide lesautres est considéré comme un bienfaiteur del’humanité alors qu’on n’est pas reconnu commetel quand on aide seulement son conjoint. Parfois, on participe plus facilement à l’extérieurparce que ce n’est pas agréable de refuser, alors

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qu’il est plus facile de le faire avec son conjoint quis’est déjà résigné à une telle attitude. Pourtant,aider son conjoint est bien plus important et estconsidéré comme la Mitsva parfaite. De plus, on ditau nom de Rabbi Haïm Vital, de mémoire bénie quecelui qui agit avec bienveillance avec tout le mondesauf son conjoint, n’est pas du tout considéré parle Maître du monde comme un bienfaiteur.

Le travail de la femme

Autrefois, les différentes tâches étaient attribuéessoit à l’homme soit à la femme en fonction des dif-ficultés qu’elles entraînaient. Cependant nousvivons à une époque où la technologie a beaucoupévolué et a donné à l’homme une puissance extra-ordinaire. Des actions qui dans le passé exigeaientune grande force physique peuvent s’accomplirmaintenant juste en pressant un bouton. Cettesituation nouvelle ouvre aux femmes des portesd’accès à pratiquement toutes les professions.Ainsi nous en voyons accéder à toutes sortes decarrières desquelles elles étaient naturellementexclues auparavant.Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles lesfemmes sortent de leur maison et travaillent dur àl’extérieur :

– une opinion largement répandue dans la sociétéest que l’on ne s’épanouit que si on travaille endehors de la maison. Parfois on en arrive à des

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situations absurdes où une femme fuit sa maisonpour se rendre dans une autre maison danslaquelle elle effectuera justement les tâches qu’ellea choisi de délaisser chez elle.– Certaines femmes estiment que leur situation

matérielle à la maison s’améliore parce qu’ellesramènent de l’argent en plus du salaire du mari.– De nombreuses femmes pensent que le fait de

travailler à l’extérieur donne des couleurs à leurvie.– Dans les milieux religieux, il s’est créé une

situation pratiquement inconnue par le passé :les femmes sortent travailler afin que les marispuissent étudier la Torah.

Finalement, le fait que la femme sorte pour allertravailler n’a pas créé une égalité entre l’homme etla femme et n’a certainement pas rendu la vie plusfacile pour les femmes. Au contraire, il semble qu’iln’a jamais existé une période dans l’histoire del’humanité où leur condition n’a été aussi dure parrapport à celle de leurs maris. Alors que le marin’exerce qu’une seule profession, en dehors de lamaison, la femme pendant ce même temps, s’ac-tive à l’extérieur, mais aussi à la maison bénévole-ment. Les femmes doivent assumer non seulementleur part de travail, mais aussi une grande part decelle normalement accomplie par le mari et que lasociété a paré de couleurs chatoyantes. Souventles hommes méprisent l’importance des travaux dela maison et le statut de la femme au foyer. Enconséquence, les femmes se sont mises à sortir età exercer des professions masculines tandis que

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les hommes n’ont pas aspiré à l’égalité des travauxà la maison. Bien que la femme « bûche » à l’exté-rieur et à l’intérieur, le mari estime qu’elle doitentretenir sa maison comme si c’était sa seuleoccupation. Il attend d’elle qu’elle s’adresse à luicomme si elle n’était pas épuisée et surtout qu’ellesoit calme, féminine, disponible malgré toute lapression qui pèse sur ses épaules. Ces attentesimplicites ne viennent pas seulement du mari : lafemme elle-même se fixe pour but d’être à la hau-teur de tout ce qu’elle doit réaliser à la maison etdans sa famille comme si elle ne travaillait pas àl’extérieur.

La relation de la femme à sa maison

Parmi les nombreuses qualités que Dieu aoctroyées à la femme, il y en a deux qui sont par-ticulièrement précieuses dans un mariage :– La relation de la femme à sa maison– Le partenariat avec le mari

Pour un homme, la maison n’est au fond qu’unendroit où l’on peut manger et dormir, un abri desvicissitudes de la vie. Par contre pour une femme,la maison fait partie de sa personne. Il ne fautdonc pas s’étonner quand le « Tana » (auteur dela Michna) Rabbi Yossi a voulu honorer sa femmeet exprimer son affection, il a dit : – « Je n’ai jamais appelé ma femme, « ma femme

» mais « ma maison » (Guemara Chabbat 118).

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L’intérêt pour sa maison fait accepter à la femmeen règle générale, le travail qu’implique l’entretiende celle-ci alors que pour l’homme cela représenteplutôt une corvée. Elle est prête à investir tout sonêtre dans la tenue de sa maison.

On a vu des jeunes filles qui avant leur mariagenégligeaient le ménage de leurs propres chambreset qui après leurs mariages, se sont révélées d’ex-cellentes femmes d’intérieur. Elles s’y intéressentau point d’en faire leur principal sujet de conver-sation avec leurs amies. C’est pourquoi onremarque que lorsqu’une femme quitte sa maisonpour rendre visite à ses proches, par exemple pours’aérer comme on dit, elle ne se sentira pas soula-gée si elle sait qu’elle a laissé sa maison endésordre (dans ce cas la femme attend de son mariqu’il l’aide un peu à ranger celle-ci avant qu’ils nesortent). Un bon mari comprendra comment il doitl’aider au lieu de l’angoisser en disant :– « Alors on y va ? »…

Quand une femme prépare les repas ou range lamaison, elle attend une réaction positive en retourcomme toute personne qui donne d’elle-même àl’autre ; dans le cadre du mariage il s’y ajoute unedimension supplémentaire : elle attend de sonmari une forme de reconnaissance. Elle n’attendpas un cadeau, mais se contentera d’un compli-ment sur le travail effectué, d’une gratificationpour ses efforts et sa fatigue.

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Apprécier le travail effectué par une femme à la maison

Les commentateurs de la Torah expliquent quelorsqu’un homme effectue un travail pour unautre, il espère en retour une bénédiction, unereconnaissance de ses efforts ; si l’autre ne réagitpas, il est carrément en train de voler la reconnais-sance ou la bénédiction de celui qui l’a secouru. Le mari paie-t-il sa femme pour les repas qu’elle apréparés pour lui et ses enfants ? Le mari se rend-il compte qu’après le repas principal, sa femmeréfléchit déjà aux repas suivants ? Et dès le milieude la semaine, qu’elle planifie ceux de Chabbat ?Le mari paie-t-il sa femme pour le ménage de tousles jours ?

Or dans le cadre de la vie commune, on ne paiepas avec de l’argent mais avec des mots. C’estpourquoi celui qui n’est pas récompensé par desparoles encourageantes se retrouve spolié, privépsychologiquement de son mérite. Cette situationest plus dramatique que le vol de ses possessionsou le non-paiement d’une marchandise livrée. Quand je demande à quelqu’un : « Pourquoi nefais-tu pas de compliments à ton conjoint pourtout ce qu’il (elle) fait pour ta famille ?

Parfois, on me répond que chacun fait ce qui luiincombe, le conjoint étant de fait l’associé indéfec-tible, et qu’aucun d’eux ne doit attendre de recon-naissance pour ce qu’il réalise au sein de la cellule

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familiale. Cette façon de voir me semble fonda-mentalement viciée. En effet, il est absolumentnécessaire de reconnaître le bien que nous a faitnotre prochain, dans le cadre d’une obligation pro-fessionnelle et ce même si nous avons l’impressionque personne ne remarque le travail que nous-même avons effectué ! Ceci ne doit en aucune façon nous empêcher d’ap-précier les efforts de l’autre, du conjoint en parti-culier, qui espère voir son travail évalué etreconnu. On peut remarquer combien la femmes’investit dans la préparation des repas et leménage par ses réactions.

Une femme prépare avec soin un repas, mais sonmari l’avale rapidement parce qu’il est en retard etest pressé de se rendre à son travail. Pour elle,c’est grave car elle commence à douter : toutel’énergie, tout le temps et tous les efforts qu’elle aprodigués pour le concocter n’en valaient pas lapeine puisque son mari n’a même pas remarqué lavariété des goûts qu’elle a introduits dans le repas.Lui, il l’a avalé en une minute. Il n’en a retiré qu’unbref plaisir alors qu’elle y a consacré du temps. Saréalisation a nécessité tout un savoir-faire et uneorganisation pratique pour qu’il soit bon. D’autresfemmes planifient les repas du vendredi soir dès lemercredi, mais le mari et comme les enfants ava-lent les plats les uns après les autres puis, fati-gués, quittent la table. Ces femmes se sententalors particulièrement humiliées.

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Mépriser le travail de la femme

Chlomo et Hanna ont cinq enfants. Hanna estsubmergée par les tâches ménagères ; Chlomooutre son travail, donne des cours de Thora le soirpour compléter le budget de la famille. Quand ilssont venus me voir, Hanna se plaignait queChlomo se comportait à la maison comme un tou-riste ; il ne remarquait pas du tout le travail quilui incombait à elle ; cela se traduisait par desréflexions qu’il lui faisait parfois sur ce qu’elleavait fait ou pas dans la maison. Chlomo expliquatoutes les tâches que lui devait effectuer : son tra-vail à l’extérieur, ses cours, qu’il rentrait tard à lamaison. Selon lui le partage entre eux était équi-table. Lui, il contribuait au fonctionnement de la maisonen travaillant à l’extérieur et ne s’attendait pas àêtre aidé en cela. Alors il estimait qu’il n’avait pasà épauler Hanna dans ses tâches ménagères puis-qu’il rentrait tard. Il ajouta : « Ma femme a desréactions bizarres. Très souvent, au milieu de lanuit, elle me dit :– Viens Chlomo, nous allons nettoyer la maison

ensemble ! ».Je regarde la montre, puis je la regarde incréduleet elle continue : « Bon, tu ne veux pas m’aider, jevais le faire seule ».Et elle se met à nettoyer et à ranger la maisondurant de longues heures pendant la nuit. Jepense que tu es d’accord avec moi que je n’aiaucune obligation de l’aider. Il faut s’occuper de la

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maison à des heures normales, dans la journée,avant que je rentre à la maison ! » Je me tournevers Hanna pour comprendre son attitude bizarre.Elle a du mal à s’expliquer, mais on sent qu’elledissimule quelque chose. Finalement, devant mon insistance, elle répond :« Comme mon mari n’est que rarement à la mai-son, il n’a aucune notion de ce qui s’y passe. Il n’ya que moi qui puisse m’en rendre compte. C’estpourquoi cela m’arrange de nettoyer quand il estlà, afin qu’il ne croit pas que tout se fait tout seul,qu’il comprenne qu’il y a beaucoup à faire, que cen’est pas facile et pour qu’il remarque que c’estmoi qui fais tout cela pour lui ! »C’est vrai que l’attitude de ‘Hanna semblait bizarremais de fait c’était un appel. Et elle a choisi cettesolution afin de susciter une réaction de la part deson mari. Elle n’avait trouvé rien d’autre pour lefaire réagir. D’autres femmes, pour la même raison, laissentles chaises sur la table jusqu’au retour du mariafin qu’il remarque qu’elle a nettoyé la maison.Certaines femmes recherchent explicitement l’ap-préciation de leur travail. Mais même celles qui nedisent rien ont besoin de reconnaissance.

L’aide qu’apporte le mari dans la maison

Toute femme est d’accord pour être considéréecomme responsable de sa maison et de ses enfantset ne cherche pas à en être dispensée. Cependant,

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quand la famille s’agrandit, les tâches se font plusnombreuses et elle ne se sent pas toujours aumieux de sa forme. Elle éprouve parfois des diffi-cultés à effectuer en si peu de temps tout ce quiest à sa charge. Elle a besoin de l’aide de son maripour ne pas crouler sous les tâches, particulière-ment aux moments d’activité intense : le matin,quand il faut réveiller les enfants pour qu’ils arri-vent à l’heure à l’école ; le soir quand ils revien-nent et qu’il faut les faire manger, leur faireprendre le bain et les coucher.Il existe une forte pression quand il faut s’occuperen même temps d’un certain nombre d’enfants,que chacun d’entre eux réclame qu’on s’occupe delui en particulier. Les difficultés auxquelles sontconfrontées les femmes qui doivent s’occuper d’untas de choses en même temps ont été étudiéesdans le cadre des « conditions des femmes qui tra-vaillent sous tension ».

Un mari qui estime, pour des raisons qui lui sem-blent justes, qu’elle n’a pas besoin d’aide dans cesmoments de pression, ferait bien de ne pas se ris-quer à évoluer dans la maison à ne rien faire oupire en s’adonnant à des occupations futiles. Cegenre d’attitude rend encore plus criante l’inégalitéqui existe entre eux et le peu de respect qu’il mani-feste. Souvent il s’avère que même si le mari tra-vaille à la maison, la femme n’apprécie pas du toutqu’il poursuive ce qu’il fait tandis qu’elle est obli-gée de s’occuper des enfants qui pleurent et crient.Elle, elle peut difficilement faire face à l’enfant quipleure et s’occuper de cet autre qui réclame son

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attention. Le mari devrait s’approcher de temps entemps des enfants et rétablir un peu d’ordre.Pourquoi ne participerait-il pas également au cou-cher de ceux-ci quand l’heure est arrivée ?

Une intervention dans ces cas-là, même si ellesemble infime, montre qu’il reconnaît les difficul-tés de son épouse et combien sa tâche est ardue.Le mari qui n’envisage pas d’interrompre son tra-vail quoiqu’il se passe autour de lui, ferait mieuxalors d’envisager de travailler à l’extérieur, avecl’accord de sa femme, bien entendu.De même, il m’apparaît souhaitable que le marirappelle souvent à sa femme que s’il réussit dansson travail c’est aussi grâce à son mérite à elle. Eneffet, n’est-ce pas elle qui lui permet de travailleravec constance, dans un environnement paisible(bien sûr, ce n’est pas au moment où elle a besoind’aide qu’il faut lui dire cela) ? La femme qui voitque son mari est conscient qu’il lui doit une partiede sa réussite, s’efforcera certainement de ne pasle déranger trop souvent, sauf si elle n’arrive plusdu tout à contrôler la situation.

Stimuler l’autre à aider

Si la femme sent qu’elle a besoin d’aide non ponc-tuellement (une fois par semaine par exemple)mais chaque jour constamment, elle devrait pou-voir solliciter l’aide de son mari de manière à cequ’il accepte. Pour cela, elle doit comprendrequand et comment réclamer de l’aide. Le mari de

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son côté devrait être sensible aux sollicitations desa femme et comprendre ses propres motivationspour l’épauler.

Nous allons détailler quelques-uns des argumentsqu’oppose un mari :– Il estime qu’elle n’a pas besoin d’être aidée,

même si elle le demande, puisqu’en fait, elle saittrès bien se débrouiller toute seule.– Dans la maison de ses parents, son père n’aidaiten rien : soit qu’il ne le voulait pas, soit que samère ne le lui demandait pas.– Elle est méchante (stupide, mal organisée…) et

les difficultés qu’elle rencontre à cause de cela nel’encouragent donc pas lui, à l’aider.– Il a une tendance à la paresse.– Faire le ménage et s’occuper des enfants ne lui

semblent pas être des activités importantes aux-quelles il devrait se consacrer.– Par expérience, il a l’impression que sa femme

n’estime pas à sa juste valeur le travail qu’il four-nit. Elle s’autorise même à le critiquer quand il sedécide à l’aider.– Il ne sait pas toujours de quoi elle a vraiment

besoin.– S’il l’aide, elle va s’habituer et l’obligera à parti-

ciper encore à d’autres tâches qu’il n’a pas l’inten-tion d’accomplir– Parfois, il est prêt à aider mais il craint que s’il

le fait une fois, il soit obligé de le faire tout letemps.Comme nous l’avons dit, toutes ces raisons peuventempêcher un mari d’aider à la maison. C’est pour-

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quoi la femme doit en être consciente et doit réflé-chir quant au meilleur moyen de le persuader de laseconder, en neutralisant ce qui l’en empêche.Même une femme qui estime que son mari doitprendre part aux tâches ménagères et que de cefait il n’est pas nécessaire de réfléchir à lameilleure manière de le lui demander, devrait sesouvenir d’un grand principe : « Ne te contentepas d’avoir raison, montre-le avec intelligence. »Sans cette approche, elle risque de passer desannées à vouloir prouver la justesse de ses posi-tions, mais ne recevra qu’une aide minimale et peuintéressante.Dans mes conférences, je présente le cas (imagi-naire) où je propose à une femme de lui changerles ampoules. Elle répond :- « Monsieur le rabbin, vous n’y pensez pas ! Monmari le fera ! »J’insiste et je fais remarquer que cela fait déjàlongtemps que l’ampoule est grillée et que je veuxla changer.– « Peut-être votre mari est-il vraiment très fati-

gué »– « Il est fatigué ? Pensez-vous ! Chez sa mère, ilchange les ampoules dès que c’est nécessaire etsans qu’elle ait besoin de le lui demander ! »Je réponds : « Peut-être savez-vous alors ce quesa mère lui dit une fois que l’ampoule a été chan-gée ? »Elle lui donne l’impression qu’il est un ingénieurhors pair de l’industrie aérienne et c’est pourquoiil attend avec impatience que quelque chose secasse chez elle pour qu’il puisse le réparer.

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Par contre, quand il change une ampoule à la mai-son, toi tu remarques :– « Ah enfin ! Dieu soit loué ! C’était donc si

facile, pourquoi as-tu attendu si longtemps ? » ettu ajoutes : « Au fait, il y a encore une autreampoule à changer… ! » J’ai dit à cette femme : la façon dont vous luidemandez n’est pas habile et c’est pourquoi vousrestez dans l’ombre et que vos désirs à vous nesemblent pas être pris en compte par lui. Parcontre sa mère agit judicieusement et c’est la rai-son pour laquelle il y a de la lumière chez elle ! «

Résultats obtenus par l’expression de la détresse

De même qu’il faut savoir présenter ses besoins àson mari de manière perspicace, de même il fautéviter d’avoir recours à des pressions déplaisantespour obtenir de l’aide. Par exemple de nombreusesfemmes, au lieu de demander de l’aide de façondirecte et claire tentent d’y parvenir par desmoyens détournés : elles racontent à leur marileurs difficultés, leurs souffrances, leur fatigue etespèrent que celui-ci comprendra de lui-mêmequ’il doit retrousser ses manches. Effectivement lemari (en général) comprend l’allusion mais cettefaçon d’agir le bloque, il n’a pas envie d’aider. Laraison en est que le Créateur du monde a donnéau mari le désir de voir sa femme heureuse. Il estmême prêt à tout pour cela. Et ce même désir fait

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qu’il voudrait l’entendre affirmer qu’elle est heu-reuse, qu’elle apprécie ce qu’il fait pour elle etsomme toute, qu’elle est comblée d’être sa femme.Donc quand elle lui avoue qu’elle est malheureuse,cela le gêne et il le ressent comme un échec per-sonnel. Au début du mariage, il essaie de l’aider. Il luiexplique souvent qu’il y a des solutions à ses pro-blèmes et qu’en fait, elle partage les mêmes soucisque toutes les autres femmes. Par la suite quandil s’aperçoit qu’il ne l’a pas convaincue de la diffi-culté toute relative de sa vie et qu’elle continue àse plaindre, il finit par se protéger en s’armantd’une carapace. Il devient insensible à ses dires etrécriminations. Il se persuade qu’elle est tropgâtée, même plus que les autres femmes. A causede cela, de nombreux hommes n’aident pas assezleurs femmes même quand ils constatent leurs dif-ficultés et le nombre de tâches qu’elles doiventassumer.Quand la femme affronte une situation difficile,elle peut exprimer son problème pour deux rai-sons.Elle estime que son mari est son appui : elle al’impression qu’en lui en parlant, elle l’évacuera.Mais sa vraie motivation légitime n’est qu’unedemande indirecte d’aide. Voici ce qu’elle tente decommuniquer à son mari : je te sollicite parce quevraiment je n’ai pas le choix et la situationm’oblige à te demander de me seconder. Pour cetteraison, certaines femmes exposent en long et enlarge qu’elles ont du mal à s’en sortir seules aulieu de dire tout simplement qu’elles ont besoin

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d’être aidées. Dans son livre « Mikhtav Mééliahou(volume 4 p 244) Rav Dessler écrit :

– « Quand on demande à quelqu’un de fairequelque chose, il faut arriver non seulement à cequ’il le fasse, mais à ce qu’il désire le faire, qu’ilsoit heureux de le faire ! » Une femme qui désire être aidée par son mari etqui veut lui faire comprendre qu’elle ne se sent pasbien, ferait mieux de lui en parler ouvertement etd’ajouter que vu le contexte, elle saura reconnaîtreavec encore plus de gratitude que d’habitude sesefforts. Evidemment, elle ne devrait pas dire :– « Tu devrais m’aider puisque moi, je t’aide. » Carcela les entraînerait bien évidemment tous lesdeux dans une spirale de disputes, de calculs mes-quins où chacun comptabiliserait ce qu’il fait pourl’autre et ce que l’autre fait pour lui. S’il n’est pas nécessaire que son intervention soitimmédiate peut-être vaudrait-il mieux lui dire :« je te serai très reconnaissante dès que tu aurasun moment de libre, de venir me donner un coupde main, s’il te plaît ou encore : pourrais-tu venirm’aider s’il te plaît d’ici …à telle heure… Cettefaçon d’agir est particulièrement intéressante vis-à-vis des maris qui craignent que leurs femmesressentent un manque. En effet, si elles leur lais-sent la possibilité de choisir quand ils devront lesseconder, ils l’accepteront plus facilement. Le faitqu’elles ne le contraignent pas à s’exécuter immé-diatement permet à un mari attentif aux requêtesde sa femme d’agir de sa propre initiative et nonsous la pression d’un ordre auquel il ne peutéchapper.

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Ne pas oublier de remercier

Parfois le mari a l’impression d’être forcé d’aider etcela lui en enlève toute envie. Souvent, il n’a plusaucune envie de participer car il est déçu parceque jusqu’à présent ses efforts n’ont pas été recon-nus ni appréciés à leur juste valeur. Il se sent plei-nement responsable du bien-être de sa famillepuisqu’il travaille. Il admet que le même travail dela femme est différent et que la teneur des tâchesménagères n’est pas évidente pour lui. Néanmoins,il est prêt à y contribuer car il a pitié de sa femmeet c’est une tendance naturelle pour un mari dedésirer le bien de son épouse. Il attend donc de safemme qu’elle confirme haut et fort que cela vamieux pour elle grâce à lui, quelle apprécie sonaide et que cela la soutient aussi moralement.Mais souvent elle, elle pense que cette aide estnormale puisque la maison et les enfants leurappartiennent à tous les deux et considère qu’ildoit donc s’en occuper de lui-même sans attendred’être sollicité. De ce fait, elle ne le remercie pasautant qu’il le voudrait et bien entendu elle nevalorise pas non plus sa participation. Si elle ne lui transmet pas un message qui luidonne envie d’aider, il aura de moins en moinstendance à le faire. Quand une femme souhaite que son mari appréciede l’aider, elle devrait veiller à exprimer sa satis-faction pour chaque chose qu’il fait, lui montrer,en insistant, combien sa participation a allégé lacharge qui pesait sur elle.

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Parfois le mari aimerait éventuellement participerdans un domaine particulier mais il craint que s’ilaide une fois, il soit obligé de le faire ensuiteconstamment. Ou bien il craint que sa femme nes’habitue à être aidée et petit à petit ne l’oblige àen faire encore davantage. Le fait de reconnaître etd’apprécier à chaque fois ce qui est fait, transmetle message suivant :– « Je sais que tu as fait ce que moi j’aurais dû

faire et c’est pourquoi je t’en remercie vraimentencore une fois ».

Partenaires dans l’entretien de la maison

Quand je demande à une femme ce qu’elle attendde son mari, très souvent elle répond : « Qu’ilm’aide ! »Et je demande : « En quoi ? »Elle espère qu’il l’aidera chaque fois qu’elle sesentira débordée et qu’elle aura besoin de sonaide. Alors je lui fais remarquer que cela n’envaut pas la peine parce que tous deux, ont unrythme différent. Lui prétendra que ce qui prendun temps fou pour sa femme peut être accomplibeaucoup plus vite. Par ailleurs, il n’est pas sûrque tous les deux soient d’accord sur le momentprécis où une tâche doit être effectuée. Elle parexemple, pense qu’il faut d’abord ranger la mai-son et seulement ensuite préparer le repas. Maislui préférerait le contraire, et selon lui, il y auraitmoins de temps de perdu. Parfois cette demande

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d’aide est formulée après que la femme a passéun bon moment à discuter avec une voisine ou àtéléphoner à une amie : le mari estime que c’estpour cela qu’elle s’est mise en retard avec lesenfants.Il semble donc préférable que le mari ait destâches bien spécifiques dont il serait seul respon-sable et qu’il accomplirait de sa propre initiativequand il en aurait envie. Beaucoup de femmes ontperdu le soutien de leurs maris parce qu’elles leuront fait des remarques ou leur ont donné desconseils. Ce sont des femmes qui ne sont pasouvertes au changement et elles exigent que leschoses soient faites exactement comme elles ledésirent. On peut constater souvent qu’elles n’ar-rivent à se faire aider de personne dans la famillepas seulement du mari même si elles n’arrêtentpas de se plaindre que, dans les autres maisonschacun apporte sa contribution. Et elles protes-tent car elles, elles n’ont pas la chance d’avoir desenfants qui participent.

Il serait intéressant que les conjoints évaluent sivraiment il est productif que tous les deux tra-vaillent en même temps dans la maison. Certainscouples ont conclu un partage des tâches pour pré-parer Chabbat ou pour nettoyer la maison : le faitde travailler ensemble leur fait du bien. Pourd’autres couples, cela crée une tension et des dis-putes. C’est surtout le cas lorsque l’un desconjoints estime qu’il faut effectuer telle tâcheexactement de telle façon et qu’il n’envisage abso-lument pas qu’on puisse procéder autrement

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même si l’entêtement et l’insistance causent ledésintérêt de l’autre.Même si la participation du mari n’est absolumentpas nécessaire dans la maison, comme c’est le casdans les familles où les enfants sont déjà adultes,il serait néanmoins très utile qu’il se charge d’unetâche particulière, même insignifiante. En effet, s’ilest responsable d’un domaine spécifique, il se sen-tira un partenaire à part entière et non pas un tou-riste dans sa propre maison.Dans le cadre du mariage, il est important quechacun soit entièrement responsable de ce à quoiil s’est engagé, l’autre ne doit pas s’en mêler. Il nedoit pas essayer de modifier la manière d’agir del’autre, d’interférer sur le moment choisi poureffectuer la tâche, de contrôler s’il s’en acquitte ouencore de le presser d’aller plus vite.

Par ailleurs de nombreux maris estiment que leurfemme devrait changer leur organisation poureffectuer les tâches dans un ordre différent afin dese faciliter le travail. Un mari peut faire remarquerà sa femme que lui aurait terminé bien plus vitealors qu’elle a pris un après-midi entier. Il peutaffirmer que parfois quand elle sort le soir et qu’ilreste seul avec les enfants, cela ne l’empêche pasde ranger la maison, de faire la vaisselle, de don-ner le repas aux enfants et peut-être même d’avoirpréparé le repas au préalable. Quand le mari pré-sente de tels arguments, elle répond : – « Je préfère effectuer mon travail selon mes

habitudes ». Elle lui fera observer qu’il n’a fait quecouvrir les lits et ne les a pas vraiment arrangés ou

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aérés comme il convient, qu’il s’est contenté depasser un coup de balai, mais n’est pas allé dansles coins, qu’il a fait la vaisselle mais qu’elle estencore sale et qu’il ne l’a pas essuyée !...Le mari doit comprendre qu’il y a une différenceentre le travail qu’on effectue une fois avecempressement et celui qui doit être accomplichaque jour. Celui-ci ne présente aucun défi, maisest si fastidieux à la longue qu’on n’éprouve plusvraiment de plaisir à l’exécuter. Le mari considèrele travail de la maison avec la même démarched’esprit que celle qu’il a à l’égard de son travailpour lequel il reçoit un salaire Travail qu’il effectuedonc sans interruption jusqu’à ce qu’il soit achevé.A contrario, la femme considère les tâches ména-gères comme une part intégrante de sa vie. Cen’est pas quelque chose dont elle cherche à sedébarrasser au plus vite en fournissant le mini-mum d’efforts : elle entend l’effectuer au mieux etde fait elle aime cela. Si le mari tente de voir avec sa femme commentaméliorer son efficacité à la maison, il sera obligéd’admettre qu’il ne pourra pas changer ses habi-tudes à elle. Il ferait mieux de ne pas s’en mêlerplutôt que de faire des remarques dont elle ne tien-dra pas compte.

L’ordre dans la maison

La Guemara Brakhot (57-2) affirme : « Il y a troischoses qui élargissent l’esprit de l’homme : une

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maison agréable, une femme agréable et de beauxobjets. »Une maison n’est agréable et donc n’élargit l’espritde l’homme que si elle est rangée ; c’est ce qui luidonnera envie d’y rester, c’est ce qui contribuera àla sérénité de ceux qui y habitent. Si elle est désor-donnée, cela générera une certaine tension.Parfois sans s’en rendre compte, le mari évalue lecôté féminin de son épouse en fonction de l’ordrequi règne dans la maison. Une maison qui n’estpas rangée régulièrement lui suggère :– « il manque quelque chose de typiquement fémi-nin à mon épouse. Une maison qui n’est pas rangée blesse la sensibi-lité du mari, davantage que celle de la femme.Peut-être parce que la maison symbolise pour luiun havre de paix. Aussi quand elle n’est pas enordre, elle ne remplit pas sa fonction.Pourtant, même si le rangement est important, ilfaut se rappeler qu’une maison est supposée ser-vir ses habitants et non le contraire. On voit par-fois des femmes se vouer aux tâches ménagèresbien plus que ce qui est nécessaire. Cela révèleparfois un problème psychologique qui fait que cesfemmes ont choisi de se réfugier dans le ménagepour s’évader. Dans un tel cas, comme le problèmeest d’ordre mental, on ne peut s’en débarrasserpar une discussion logique. On n’arrivera pas à lesconvaincre de se conduire autrement. Ce manqued’équilibre, cette exagération dans le travail de lamaison ne semble pas a priori préjudiciable.Cependant même si le ménage est effectué defaçon normale, il ne faudrait pas que le mari ait

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l’impression qu’il passe seulement après celui-ci.Certaines femmes affirment : – « Mon mari pense que le ménage se fait tout

seul, il ne comprend rien à cela ! »Elles ont raison, mais il est impossible de vivreune vie de famille épanouie dans ces conditions.D’une certaine façon il faudrait prévoir le calen-drier du ménage et surtout l’effectuer quand lemari n’est pas à la maison. De même si le couplepense sortir le soir, il vaudrait mieux égalements’efforcer d’être en forme et favoriser le dialogueafin que cette sortie soit une réussite. Il estconseillé à la femme ce jour-là de ne pas effectuertrop de travaux ménagers : elle pourrait parexemple en profiter pour se reposer l’après-midi.En effet, si le mari doit souffrir de sa fatigue,attendre qu’elle se réveille, il n’appréciera pas à sajuste valeur son travail de la journée. Elle penseraqu’il méprise ses efforts au sein du cercle familial.

Le travail professionnel du mari

Dans le cadre du mariage, le travail du mari tientune place sensible. On observe qu’il part gagner savie, plus pour sa famille que pour lui-même. Eneffet, si ce n’était que pour subvenir à ses propresbesoins, il lui suffirait de travailler deux à troisheures par jour. S’il travaille davantage en défini-tive, c’est pour nourrir les siens. Il voudrait doncque sa femme reconnaisse et apprécie tout le malqu’il se donne pour les faire vivre au mieux, de la

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même façon qu’elle voudrait que ses efforts à lamaison soient de la même façon reconnus. Si ellene s’en acquitte pas concrètement, même s’ilconsacre à son travail de nombreuses heureschaque jour pour assurer le bien-être des siens, ilaura l’impression qu’elle est insatisfaite : ce senti-ment l’accompagnera toute la journée mêmequand il rencontrera des difficultés dans son tra-vail, quand il contestera les ordres de son patronou qu’il sera confronté à des tensions avec ses col-lègues. A la fin de sa journée de travail, il aimeraitse réfugier chez lui en espérant que là au moins, ilsera accueilli avec un vrai sourire, par quelqu’unqui sait apprécier tout ce qu’il fait. Mais il sent que même si sa femme semble l’ac-cueillir selon toutes les règles de la courtoisie, ellerefoule dans son inconscient l’idée qu’elle n’est pasencore satisfaite de lui. Quand il est assis chez luiet fait l’inventaire des meubles et de l’électroména-ger achetés grâce à l’argent qu’il a gagné avecl’aide de Dieu, il est peiné et se demande :– « Pourquoi ma femme est-elle si peu reconnais-

sante ? Pourquoi ne réalise-t-elle pas que tout ceque nous avons pu acheter est le fruit de mon tra-vail ? Parfois il perçoit chez elle comme un para-doxe : d’une part elle prétend qu’elle est prête àsacrifier son confort pourvu qu’il change de tra-vail. D’autre part, quand il y a un problème d’ar-gent, elle lui demande de s’investir davantage oud’exiger une augmentation compte tenu du tempsqu’il passe à son travail. Par ailleurs, il faudrait que le mari sache quemême si elle se plaint : « Tu ne t’occupes pas de

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moi » cela ne signifie pas qu’elle méprise son tra-vail ou les efforts qu’il fournit pour la famille ; nonelle veut simplement lui faire remarquer : « ondirait que pour toi, ton travail est plus importantque moi. Je t’en prie, montre-moi que tu penses àmoi, que j’existe à tes yeux »Même si la femme est mécontente du travail deson conjoint, même si elle n’arrête pas d’évoquerce problème lors de leurs discussions, elle devraitnéanmoins lui souhaiter une excellente journéequand il part travailler. Il saura alors que si ellen’apprécie pas son travail, elle est néanmoinscapable de se dominer et est capable de com-prendre la différence entre une vue à long terme etdes souhaits à court terme.Celle qui refuse d’agir ainsi et qui prétend : « Moi,je suis une femme sincère, je dis ce que je pense »ne fait pas preuve d’intelligence ni d’intégritémorale mais plutôt d’un manque de compassion etde compréhension dans sa vie conjugale.

Consacrer du temps à sa famille

Il est très important que les maris comprennentque pour une femme, son couple est une seuleentité. Elle souhaite qu’il lui appartienne entière-ment. Donc lorsqu’elle voit son mari se consacrercorps et âme à son travail, trop apprécier un objetparticulier ou être suspendu constamment à unmédia quelconque, elle risque d’en concevoir unecertaine jalousie. Elle déploiera alors des trésors

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d’imagination pour l’obliger à rompre avec ce quil’éloigne d’elle et qui l’accapare en lui ravissant dutemps et de l’énergie.Par contre, il ne faut pas perdre à l’esprit que s’ils’investit dans son travail, comme nous l’avonsdéjà précisé plus haut, ce n’est que pour permettreaux siens de mieux profiter de tout le bien-êtrematériel que son travail procurera. Il en attenddonc une certaine reconnaissance et gratitude.Certaines professions auxquelles les hommes seconsacrent avec l’aide de Dieu, les accaparenténormément, non seulement sur leur lieu de tra-vail, mais même dès qu’ils rentrent chez eux.Certaines fois le travail « s’invite » à la maison parl’intermédiaire du téléphone qui n’arrête pas desonner. Parfois l’homme continue d’y réfléchirmême quand il est en famille. On peut alorsremarquer que son esprit est absorbé par des pré-occupations extérieures à la famille. Son épouseva donc s’imaginer qu’il « s’échappe » de la mai-son puisqu’il s’y investit totalement. Le mari s’en formalise car il est persuadé qu’il sedémène pour le bien des siens. S’il travaillaitmoins, il aurait une vie plus sereine. Ceux quicumulent beaucoup d’heures supplémentairessont des travailleurs indépendants, des agents desécurité, des responsables communautaires oudes professeurs qui préparent leurs cours pour lelendemain. L’idéal serait de se réserver des plages horaires pourle travail autant pour préserver son équilibre men-tal que son équilibre physique. Les autres momentsdevraient être consacrés exclusivement à la famille.

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Si possible, il faudrait fixer une heure dans lajournée, au-delà de laquelle on ne s’occuperaitplus du tout de son travail, on ne répondrait plusau téléphone et bien sûr on n’appellerait personne.Ceci devrait aussi s’appliquer aux moments où lecouple a décidé de sortir. En effet, c’est une occa-sion privilégiée pour les conjoints de se retrouversans être interrompus par les enfants et sans avoirà vaquer aux tâches ménagères.Le mari qui continue de répondre aux appels surson téléphone portable communique à son épousele message suivant : – « Il m’abandonne, je ne suis pas importante à

ses yeux ». Même s’il s’excuse et affirme qu’ilregrette d’avoir dû interrompre sa conversationavec elle, ce n’est pas suffisant. Cela ne l’apaiserapas car elle estimera qu’il n’aurait pas dû se lais-ser déranger. Afin d’augmenter le sentiment de solidarité à l’in-térieur de la famille, il faut se montrer pluscurieux de ce qui se passe dans la maison, en s’eninquiétant auprès de son épouse. De même il fautdiscuter chaque jour avec les enfants : au sujet deleurs études, de leurs cours, de leurs soucis dumoment etc. Et pas de façon superficielle mais enayant une écoute particulièrement attentive. Cela permettra à la femme de réaliser que malgréses nombreuses occupations, son conjoint s’inté-resse à ce qui se passe chez lui et qu’il se sent tota-lement concerné par chacun de ses enfants. Certains maris travaillent si dur durant lasemaine, qu’inévitablement, ils passent une bonnepartie du Chabbat à dormir. Bien entendu, cela

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laisse la désagréable impression qu’en fait, ilsn’apprécient pas leur maison. Il faut alors se souvenir que pour éprouver un sen-timent de solitude, il n’est pas nécessaire d’êtreseul. On peut se trouver en compagnie de son conjointet malgré tout se sentir seul, par absence de com-munication et de dialogue. On s’efforcera donc aumoins pour Chabbat et les jours de fête, quand onse trouve effectivement à la maison, de se montrertotalement présent en s’intéressant à ce qui s’ypasse. Ainsi les enfants comprendront qu’on n’a pas vrai-ment le temps de s’occuper de la famille toute lasemaine, ce n’est pas par désintérêt, mais parcequ’on est très occupé à subvenir aux besoins decelle-ci. La Guemara Sota (page 21-b) affirme :– « Une femme préfère recevoir moins d’argent

mais plus d’attention de la part de son mari plutôtqu’une abondance d’argent et de biens mais unmari qui l’abandonne. »

Les collègues de travail

Parfois une femme estime que les collègues de tra-vail de son mari ne sont pas à sa hauteur. Elle l’aentendu parler d’eux ou même elle les a rencon-trés.A son avis, son mari est plus intelligent et plusintéressant et elle n’apprécie pas qu’il se trouve enleur compagnie. Il se peut aussi qu’elle-même ne

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les estime pas pour une autre raison. Elle juge queson mari exprime des opinions qui ne lui plaisentpas. Elle se demande si ce n’est pas à son travailqu’on ne l’encourage pas à se comporter plusdurement avec elle, à lui en demander davantage,à l’aider beaucoup moins. C’est pourquoi elle vou-drait le voir quitter ce travail en espérantqu’ailleurs, il trouvera des collègues qui ne s’occu-peront pas de ce qui ne les regarde pas. Parfois elle désire l’éloigner d’un de ses amis quin’est pas à son goût parce qu’il a trop d’influencesur lui et elle estime que cette influence se révèlenégative que cet ami est dangereux car il tente desemer la zizanie dans leur couple. Mais au lieu delui exprimer cela, elle lui explique simplement quecet homme est un imbécile pour tenter de le dis-suader de le fréquenter. Cet argument risque de tomber dans les oreillesd’un sourd. Cet ami étant unanimement reconnupour son intelligence brillante au sein de l’entre-prise, il ne peut en aucun cas être taxé d’imbécil-lité. Il est évident que le message signifie en clairqu’elle choisit ce moyen de contrer ses opinions etde censurer sa façon de voir les choses. Le malentendu risque de se renforcer si le marin’arrête pas de relever et de reprendre les opinionsde ce collègue. Au lieu de dénigrer cet homme, cette femme feraitmieux d’expliquer à son mari qu’elle ne voit aucunintérêt à contrer les arguments de cet homme sanss’adresser à lui directement. Par ailleurs, si le mari désire exprimer une opinionqu’il a entendue de la bouche de cet homme, peut-

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être ferait-il mieux de l’exprimer en son nompropre. Ainsi les conjoints pourraient supprimerun motif éventuel de désaccord.Parfois la femme critique le travail de son mariparce qu’à cet endroit se trouve un homme ou unefemme parmi ses collègues qui risque de lui porterombrage ou de la dévaloriser. Elle n’apprécie doncpas de savoir qu’ils travaillent ensemble. Il est par-fois difficile pour elle d’expliquer à son mari (etparfois à elle-même !) ce qui la dérange. Pourtantil faut savoir que les femmes affirment commenécessaire pour elles de s’interposer entre une ouplusieurs personnes qui travaillent avec leur mari.Il arrive que celui-ci estime qu’elle exagère et il luidit peut-être pour la taquiner : – « Tu aurais dûvoir comme Prima, ma secrétaire a effectué rapide-ment et efficacement tout ce qu’elle devait faire ! »Ou encore il dira : « Je suis jaloux du marid’Elichéva quand je la vois lui téléphoner depuis letravail, lui demander de ses nouvelles et s’inquié-ter de ce qui pourrait lui manquer.Il est évident que de telles phrases rendent insup-portables les collègues de travail aux yeux del’épouse. Elle se sent rejetée et les disputes ne tar-deront pas à apparaître. Elle accumulera certaine-ment encore plus de griefs à l’encontre des col-lègues de son conjoint.Il ferait mieux de lui dire combien elle-même estextraordinaire, réussit tout ce qu’elle entreprend.Il pourrait lui préciser combien à ses yeux, elle luisemble si différente de toutes les femmes qui tra-vaillent avec lui. Il lui avouera qu’il admire safaçon d’agir et que de fait, il ne trouve aucun inté-

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rêt dans ce que font les autres femmes qu’ilconnaît.

Le téléphone à la maison

A moins d’une interdiction formelle de l’employeur,il serait bon que le mari téléphone au moins unefois par jour à sa femme, pour savoir ce qui sepasse à la maison. Ainsi elle saura qu’il pense tou-jours à elle, même quand il n’est pas là, qu’il prendpart à ce qui s’y passe et qu’il ne la considère pascomme une employée de maison. Il serait judi-cieux que ce soit lui qui téléphone plutôt qu’elle.De fait, quand elle lui téléphone, ses collèguescomprennent qu’il parle à son épouse et par curio-sité ils écoutent ; le mari s’en rend compte, il n’estpas à l’aise et au lieu d’avoir une conversationdétendue, il se contente de répondre avec retenue,presque à voix basse. Elle qui se trouve à la mai-son, ne peut pas savoir qu’il y a des gens quiessaient d’intercepter la conversation, qui écou-tent ce qui se dit. Il lui semble alors distant commeabsent et elle se sent négligée. De nombreusesfemmes profitent de ces coups de téléphone pourse plaindre de leurs difficultés, mais les conjointssont impuissants à les aider.Là se révèlent les différences entre les perceptionsde l’homme et celles de la femme. Le mari croit quesa femme a besoin de son aide immédiatementmais comme cela lui est impossible, il s’en veut etse dit :

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– « Comment s’imagine-t-elle que je peux l’aideralors que je suis loin ? Puisque je ne peux pas l’ai-der pourquoi me casse-t-elle le moral sans néces-sité ?Mais elle, elle a besoin de lui raconter ses pro-

blèmes et tout ce qu’elle lui demande c’est qu’onl’écoute. En le faisant, il l’aide à décharger soncœur et cela lui suffit. C’est pourquoi il faut quechacun comprenne le besoin de l’autre. Le maridoit traduire qu’elle n’exige pas de lui qu’il l’aide àla minute mais simplement qu’il l’écoute et qu’ilcomprenne ses difficultés. De son côté, la femmedoit réaliser devant quel dilemme elle place sonmari, s’efforcer de diminuer le nombre d’appels àl’aide alors qu’il ne peut pas intervenir.Ce genre de coups de téléphone bloque aussi sonenvie de rentrer au plus tôt à la maison. En fait, ilsait déjà ce qui l’attend à son retour !… De plus,une femme qui raconte au téléphone tout cequ’elle a sur le cœur devrait également penser àpartager toutes les bonnes nouvelles, surtout audébut et à la fin de la conversation.

Rendre service pendant les heures de travail

Un point de friction sérieux et fréquent provientdes demandes de services de la femme à son maripendant son temps de travail : par exemple, ellevoudrait qu’il amène un enfant chez le médecin,qu’il arrange quelque chose chez ses parents, qu’il

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fasse les courses dans un magasin proche de sontravail. Souvent, elle ne comprend pas pourquoicela lui serait difficile même quand il tente de luiexpliquer qu’il ne peut pas s’absenter, que c’estimpossible, en tout cas difficile et que de toutes lesfaçons cela pose problème. Même si son employeurle lui permet, il sent que c’est délicat car ses col-lègues de travail risquent de se plaindre de ce queson absence leur donne un surcroît de travail.L’épouse risque, elle, de se mettre en colère carpour elle sa requête lui semble plus fondamentaleque tous ces sentiments de gène auxquels il faitallusion. Pour elle, il est plus important qu’ilaccède à ses demandes plutôt que de s’imaginerqu’on va lui en vouloir à son travail ou que sonpatron va le déconsidérer.Si elle réagit ainsi au lieu d’essayer de trouver aveclui un aménagement possible, il aura l’impressionqu’elle ne fait pas du tout attention à lui et qu’ellene s’occupe que de ce dont elle a besoin. Elledevrait donc bien réfléchir avant d’insister pourobtenir l’aide de son mari : n’y aurait-il pas uneautre solution ?Pourtant, elle sait que parfois il n’hésite pas à s’ab-senter de son travail quelques heures ou mêmequelques jours pour des motivations personnelles.Et elle constate que ça ne devient plus possiblequand c’est elle qui en fait la demande. Quand safemme lui demande de l’aider, il devrait donc bienréfléchir : se serait-il absenté s’il s’était agi de sesparents à lui ?Néanmoins il convient de distinguer entre une aideponctuelle dans laquelle il lui prouverait qu’il est

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prêt à faire quelque chose pour elle et une aiderécurrente qu’intérieurement il décide de refuser,même une seule fois de peur qu’elle ne la luiréitère systématiquement.Beaucoup de maris éprouvent des difficultés d’unpoint de vue psychologique à répondre à desdemandes d’aide immédiate ou à effectuer le jourmême. Par contre, si elles sont signalées à l’avanceet programmées à une date précise, il leur seraitplus facile de s’organiser. Ne serait-il pas plussimple alors de prévenir suffisamment à l’avancele mari afin que celui-ci puisse prendre ses dispo-sitions et ne soit pas dans l’obligation de refuserson aide.

Parler du travail

De nombreuses femmes s’intéressent au travail deleur mari et de nombreux maris ont envie d’en par-ler avec leur femme, en particulier quand ils com-mencent une nouvelle carrière ou qu’ils changentd’employeur ; Les conjoints devraient se posermutuellement des questions. Eprouvent-ils l’envied’en parler ? Les conjointes sont-elles disponiblespour les écouter et entendre ce qu’ils veulent leurconfier ?Ils ne devraient le faire que lorsque se manifeste

un certain intérêt.La plupart du temps, la femme exprime une

grande curiosité et veut savoir ce qui se passe.Alors elle questionne pour qu’il raconte.

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Peut-être que s’il en avait parlé spontanément, ellel’aurait écouté distraitement parce que, psycholo-giquement, elle n’aurait pas été prête à l’entendre.Quand le mari travaille à son compte, elle com-prendra mieux que ses revenus baissent s’il réus-sit à lui faire partager les soucis de gestion qui lepréoccupent. Elle exigera alors moins d’argent.Elle acceptera facilement de réduire le train de viede la maison s’il lui a fait part de ses ennuis de tré-sorerie. Par contre le mari qui ne confie ses difficultésfinancières qu’une fois que sa femme lui ademandé de l’argent, aura du mal à les faireaccepter même s’il explique qu’il traverse unephase délicate.

Quand une femme écoute son mari lui expliquerses problèmes, elle ne devrait pas s’autoriser à luidonner des conseils dans un domaine qu’elle neconnaît pas. En effet, il lui manque toutes les don-nées sociales, techniques, économiques dans les-quelles son mari évolue.Quand l’un des conjoints expose ses problèmes,

l’autre ne devrait pas s’empresser d’évoquer lessiens. En effet, celui qui se met à raconter, abesoin que l’autre l’écoute, ressente ses soucis etmontre qu’il y réfléchit, qu’il compatit.Si l’auditeur se met à raconter ses propres pro-

blèmes, il fait comprendre à celui qui a commencéà se confier qu’il ne prend pas la mesure de ses dif-ficultés voire qu’il ne s’y intéresse pas.

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Travailler à la maison

Il vaut mieux, pour le mari comme pour la famille,qu’il travaille en dehors de la maison parce que, detemps en temps, il sera immanquablementdérangé par sa femme qui viendra solliciter sonaide. Le fait qu’il puisse être souvent interrompu et qu’ilne pourra donc pas effectuer correctement sontravail lui fera pointer un doigt accusateur endirection de sa femme.Il m’apparaît donc préférable qu’il travaille endehors de la maison, même s’il faut pour celapayer un loyer, à condition que cela soit possiblefinancièrement.

Il arrive aussi qu’il soit difficile pour la femme desupporter la présence constante de son mari à lamaison.Le mari attend d’elle qu’elle collabore, qu’elle lui

apporte de temps en temps une collation et cen’est pas toujours évident pour elle qui vaque àd’autres occupations. Si le travail du mari implique de recevoir des gensà la maison, cela obligera sa femme à nettoyerdavantage, même si elle avait prévu de faire autrechose puisque la maison se doit d’être rangéequand des gens arrivent.Dans le cas plus fréquent où le mari travaille à

l’extérieur, il serait judicieux qu’il limite le nombrede coups de téléphone professionnels quand il setrouve à la maison. Le couple a besoin de se

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retrouver tranquillement une fois la journée detravail terminée. Chaque personne qui téléphone est considérée parl’épouse comme un intrus qui accapare ce qu’ellea de plus cher : son mari. S’il est impossible de supprimer les coups de télé-phone à la maison, il faudrait d’un communaccord, les limiter en décrochant le téléphone deuxheures par jour : par exemple avant les repas oupour la durée de ceux-ci.

Ramener la paix au foyer

Les discussions et les différences d’opinions à l’in-térieur d’un couple ne sont pas rares. On lesretrouve pratiquement dans toutes les familles.Même entre deux frères qui ont les mêmesparents, qui ont été élevés de la même façon, quiont habité le même quartier, qui ont partagé lesmêmes repas, qui ont eu le même style de vie etmême qui ont fréquenté la même école, il peutexister des dissensions et surtout de grandes dif-férences dans les personnalités. Les hommes sont différents parce que le Créateurdu monde a voulu créer chacun comme une créa-ture indépendante, tout à fait particulière, uniquequi ne ressemble à aucune autre.Les différences entre les personnes sont particuliè-rement vives dans le cadre de la famille car c’est làqu’elles apparaissent davantage. Cela peut repré-senter des personnalités diamétralement opposées

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dont les attentes, les désirs sont totalement diffé-rents. Ils ne partagent pas les mêmes ambitions,les mêmes conceptions de vie. A cause de cela,leurs manières de se comporter, leurs visions dumonde sont différentes.Ceci influence bien évidemment leur comporte-ment l’un envers l’autre.De plus, comme chacun des deux a des besoinsdifférents de l’autre, chacun a du mal à pressentirles besoins de l’autre, ce qui est source de nom-breux malentendus. En conséquence, de nombreuses disputes éclatentdans les couples quand l’un conteste le bien-fondédes besoins de l’autre. Il est évident que ces dis-putes ne sont pas utiles car de fait chacun desdeux a raison de son point de vue. En effet, si l’unestime que l’autre formule des demandes sans inté-rêt, c’est parce qu’il estime que lui-même n’en a pasbesoin mais cela revient à refuser de considérer etde prendre en compte les besoins de l’autre.

L’appréhension face à un conseiller conjugal

Malgré les différences naturelles entre les per-sonnes et ce qui en résulte et bien que de nom-breux couples estiment que leur mariage ne leur apas apporté tout ce qu’ils en espéraient, peud’entre eux sont prêts à faire appel à un profes-sionnel pour prendre conseil sur la manièred’améliorer leur relation.

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Parfois un conjoint déclare : « Si seulement quel-qu’un d’objectif nous écoutait tous les deux, ilcomprendrait que j’ai raison. »Cependant s’il est devenu tout à fait naturel d’al-ler voir un médecin et d’acheter un médicamentpour rétablir sa santé, on hésite à prendre conseilpour son bien-être psychologique alors que lesdysfonctionnements de cet ordre sont dans unecertaine mesure plus invalidants que les pro-blèmes d’ordre physiques. Pourquoi ?Sans doute parce qu’un problème physique n’ap-paraît pas comme un échec personnel et apparem-ment ne laisse pas une empreinte sur la personna-lité du malade et certainement pas sur sa famille.Alors qu’un problème psychologique conjugal peuts’apparenter à un échec personnel ou familial quijette une ombre sur la personne ou la famille. C’estpour cette raison que les gens n’osent souvent pasavoir le courage nécessaire pour se faire soigner etils préfèrent souffrir, accumuler rancœur, colère etressentiment contre leur conjoint.Le mal qu’ils se causent à eux-mêmes en refusantune consultation avec un psychologue n’empoi-sonne pas seulement leur vie de façon continuemais affecte aussi psychologiquement celle de leurconjoint et de leurs enfants. Il faut prendre conscience que des enfants issusde famille où l’on se dispute constamment, auronttendance, une fois mariés, à reproduire eux aussile même schéma. Contrairement à la plupart desfamilles qui n’osent pas consulter un psychologue,celles qui font cette démarche le font pour amélio-rer positivement le climat familial et essayer de

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résoudre les problèmes qui entravent le bon fonc-tionnement de celui-ci. Pour ces familles, le plusimportant est l’équilibre de la cellule familiale, lebien-être de chacun pris dans son individualité.Leur objectif est de construire une vie de famillenormale afin que la Che’hina, la Présence Divine,réside dans leur foyer. Eux feront appel à un professionnel dès les pre-mières étapes de leur vie de couple. Par contre certains couples attendent que les diffi-cultés se soient accumulées au point qu’il leurdevient trop difficile de continuer de vivreensemble. Ils essaient de résoudre eux-mêmes lesproblèmes dans un premier temps en se jurantmaintes fois de procéder à des compromis sansjamais les honorer. Ce n’est que quand ils pren-nent vraiment conscience de leur échec, qu’ils ontrecours à un professionnel. Quand la situation devient si tendue qu’elle affectevisiblement les enfants, ils réagissent enfin etadmettent que la survie de leur couple est plusimportante que les soucis du « qu’en dira-t-on ».La tâche du conseiller psychologique s’avère alorsplus ardue car les implications sont plus pro-fondes et les dégâts presque irréversibles. Plus onattend plus il sera difficile de remédier aux difficul-tés rencontrées. Il faut plus de temps pour restau-rer et modifier les comportements (combien y a-t-il eu de promesses faites non tenues, de proposblessants qui ont profondément meurtri lesinconscients).Parfois, dans un couple, l’un des conjoints recon-naît que son ménage bat de l’aile surtout parce

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que lui-même ne se conduit pas comme il convientet il craint que la consultation chez un profession-nel non seulement le mette en accusation, mais deplus lui fera porter toute la responsabilité de lafaillite du mariage et du couple. Cette crainte n’est pas fondée. Le professionnel, depar son expérience, connaît ce genre d’appréhen-sion et apporte son aide en veillant à ne blesserpersonne. Certains se demandent si l’interventiond’un conseiller n’aggravera pas la situation au lieude l’améliorer. Cela semble peu probable. Car, enprésence du conseiller chacun défendra sa posi-tion, mais l’expérience de celui-ci leur permettrad’exprimer sans crainte et à tour de rôle leur res-senti. Il apportera probablement un éclairage nou-veau puisque extérieur et conduira le couple versde nouvelles pistes de réflexion. Il prodiguera desconseils qui leur permettront de repartir sur denouvelles bases. Il ne faut pas non plus craindre que des événe-ments passés il y a longtemps et presque oubliés,ressurgissent pour aggraver le désaccord. Car, lebon conseiller conjugal saura par son influencepositive permettre au couple de retrouver sa séré-nité et la confiance mutuelle.

L’utilité de l’intervention extérieure

La plupart des difficultés ne proviennent pas dufait que l’un des conjoints est cruel, entêté ouinsensible aux sentiments de l’autre. Les profes-

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sionnels qui interviennent dans le conseil conjugalsavent que la plupart des difficultés proviennentd’une certaine ignorance. L’homme ne connaît passes propres ressources psychologiques et à plusforte raison celles de son conjoint. Il ne nie pas sasouffrance, mais ne ressent pas ou ne comprendpas l’étendue de celle-ci ou encore il estime quec’est le conjoint lui-même qui est la cause de sonpropre malaise. Il ne se rend même pas comptequ’avec un effort en direction de l’autre, il pourraitaméliorer la situation.De même il n’a jamais appris quelle était lameilleure façon de présenter ses propres besoinspour que le conjoint puisse éventuellement lessatisfaire. De nombreuses personnes se trompentquand elles pensent que l’observation des rela-tions entre leurs parents leur permet de savoircomment se conduire en couple : « Puisque toutse passait très bien entre mon père et ma mère, jen’ai qu’à les imiter. » Il est vrai que si les parents s’entendaient etétaient parvenus à faire régner entre eux laChe’hina (Présence Divine), c’est la meilleure écolepossible pour les enfants, mais ce n’est pas uneassurance à 100 %. Dans la plupart des cas, lesparents n’ont pas transmis à leurs enfants com-ment ils ont su construire leur couple de façon siharmonieuse. Pour que l’harmonie règne entreeux, ils ont dû obligatoirement réfréner certainesenvies de se mettre en colère par exemple.Leurs enfants s’imaginent donc que les relationsdans un couple se passent bien naturellementsans se rendre compte que chacun doit investir

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intelligence et compréhension mutuelle pourmaintenir un bon climat d’entente. Parfois, on ne veut pas faire appel à un profession-nel car les relations se sont tellement dégradées,les ressentiments sont si profonds que lesconjoints sont persuadés que l’intervention exté-rieure ne peut plus rien faire et qu’ils ne pourrontplus jamais reconstruire un foyer dans lequel ilfait bon vivre. Tout conseiller peut raconter comment sespatients dans leur grande majorité sont arrivés enétant sûrs que rien ne pourrait changer la situa-tion apparemment catastrophique et pourtant ilsont dû admettre qu’il était relativement aisé derenouer des liens et d’améliorer la vie du couple. On pense parfois à tort qu’il est impossible deréparer les préjudices causés par les ressenti-ments accumulés, par les paroles malencontreu-sement prononcées, que tout cela est irrémédiable.Pourtant, la plupart du temps, le problème estmineur même si les conséquences psychologiqueselles prennent de grandes proportions et que lasituation sur le terrain devient de plus en plus dif-ficile à gérer.

Le conseiller crée une écoute

Il ne fait aucun doute que si le couple parvient às’entendre mutuellement, le résultat sera bienplus positif que s’ils doivent faire appel à unconseiller car l’introduction d’un tiers dans la vie

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du couple fait perdre dans une certaine mesure lacomplicité naturelle et mutuelle qui est acquisequand l’un apprend de l’autre et l’écoute.Mais concrètement si les efforts de part et d’autrepour sauver la situation s’avèrent vains, il vautmieux recourir aux services d’un conseiller : carne pas le faire sera bien plus négatif malgré l’aspectforcément un peu artificiel de son intervention.On peut distinguer deux groupes de personnes quiviennent consulter. Les premiers ce sont des gens qui n’arrêtent pasde se disputer depuis le matin, sur ce qui s’estpassé, sur ce qui aurait dû se passer, sur lamanière dont les autres auraient géré la situationetc., etc.Les seconds, ce sont des couples qui ne communi-quent plus, entre lesquels le fossé est si profondqu’ils n’ont plus de langue commune. Ils crient l’un sur l’autre, se critiquent pour desfutilités ou au contraire ne se parlent plus et c’estalors un silence pesant qui s’instaure dans leurmaison.Bien que les couples de la première catégorie separlent beaucoup et que chacun permet à l’autrede s’exprimer, ils ne s’écoutent pas vraiment et nepeuvent de ce fait comprendre ce que l’autre veutréellement exprimer.Même les conjoints qui échangent beaucoup dansun effort sincère de compréhension, peuvent setromper car ils ne comprennent pas la structurepsychologique de l’autre en profondeur et le sensvéritable de ses sentiments. Les gens qui ontconsulté un conseiller ont constaté qu’un cadre

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professionnel permet de percevoir autrement lesparoles échangées à la maison même si au coursdes séances, on répète ce qui a été seriné des cen-taines de fois à la maison.Il est intéressant de constater que de nombreuxconjoints réagissent de manière identique quandle conseiller se tourne vers eux et demande quechacun explique à l’autre ce qu’il attend de lui.La réponse la plus habituelle est : «– « Ce n’est pas nécessaire, il le sait très bien ! Jelui ai déjà dit des dizaines de fois ce que j’attendaisde lui et ce que je ne supporte plus dans samanière de se comporter » Cependant, quand le conseiller grâce à son habi-leté, leur permet de s’exprimer autrement, sanstrace d’agressivité, en évoquant tout simplementleur désarroi, l’autre « s’ouvre «, écoute et mani-feste même une certaine bonne volonté pourrépondre à l’attente de son conjoint, contrairementà ce qui se passe chez eux.Dans leur intimité, il leur manque la technicité quipermet de communiquer plus efficacement pourque le message soit compris et pris en compte.Souvent, à cause de l’absence de dialogue, chacunen arrive à la conclusion qu’il n’y a plus rien à direà l’autre. En effet, lors des échanges à la maison,à cause du manque d’écoute et de la tension, onne peut s’empêcher d’ajouter des phrases quiexpriment l’impatience, le désaccord comme, parexemple : « je n’en ai plus la force », « je ne sup-porte plus cela », « Cela m’énerve ».Ces phrases et peut-être surtout le ton sur lequel

elles sont prononcées, rendent l’écoute encore

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plus difficile et diminuent les chances de renouerle dialogue. Un conjoint qui écoute, qui ne souffre pas desmêmes difficultés que celui qui parle, se dira inté-rieurement : « Même si je parviens à expliquermon point de vue, il ne le comprendra pas. Il faitune histoire pour chaque petite chose. Un rienl’énerve. Il ne comprend pas ce que doit être la viede couple. De même, dans les conversations habituelles à lamaison, on présente ses souhaits comme desrequêtes et on crée donc un blocage qui empêchede voir ce qui se cache derrière la demande. Parcontre, dans une conversation en présence duconseiller, on est amené à présenter sa position, àl’expliquer, à faire comprendre ce qu’on attendsans l’exiger, sans sous-entendre que l’autreréagira négativement et refusera de s’exécuter.Au lieu d’une conversation sous forme de disputeou chacun renvoie à l’autre ses exigences, leconseiller qui se doit d’être neutre, s’efforce decréer les conditions pour une ambiance assainieafin que les paroles puissent être entendues etcomprises comme il convient. Ainsi non seulementcelui qui écoute comprend ce qui est dit, maiscelui qui parle saura mieux s’exprimer, avec plusde clarté et peut-être même dévoilera des senti-ments et des besoins que, jusqu’à présent, il n’ar-rivait pas à exprimer et qui créaient en lui, sansqu’il s’en rende compte une certaine frustrationdont il ignorait la cause. Même les demandes qui,à la maison, étaient repoussées et ignorées, sontmieux écoutées chez le conseiller. Certaines fois

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cela permet qu’elles soient enfin prises en compteet finalement acceptées. Une des causes de ten-sion à la maison est que les conjoints n’ont plusaucune illusion quant à la probabilité de changeret d’améliorer leur vie de couple. En conséquence,les réactions sont exacerbées et anormalementstressantes car blessantes. Par contre, quand ilsse retrouvent en séance de psychothérapie et quedes changements subtils mais réels apparaissent,la tension baisse de façon notable, la patience aug-mente. Les conjoints se retrouvent en quelquesorte comme « des associés de longue date »,cherchent moins à s’humilier mutuellement. C’esttellement évident que très souvent, avant même lapremière séance, dans les jours qui précèdent lerendez-vous, l’ambiance s’améliore notablementdans la famille car les conjoints prennentconscience qu’il existe une solution à leurs pro-blèmes. Ils sont prêts à se rendre à la rencontre del’autre et à accéder à ses demandes.

Quel est vraiment celui qui souffre ?

En général, les deux conjoints souffrent ensemblede la crise dans leur couple. Cependant il s’avèreque l’un des deux ressent cette souffrance avecdavantage d’acuité et c’est lui qui pousse à allerconsulter un spécialiste. Parfois c’est celui qui vaconsulter qui souffre le plus alors que c’est lui quia généré le conflit familial en portant atteinte àl’autre conjoint de manière inconsciente. Il accepte

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de reconnaître que sa conduite est inadaptée maisil prétend que ça ne l’est pas au point de perturberà ce point l’équilibre familial. Lors d’une consulta-tion auprès d’un conseiller, il réalise combien c’estson comportement qui induit la crise familiale.Cette prise de conscience subite provoque encoreplus le rejet du conjoint. En effet, il maintiendranéanmoins que c’est l’autre qui lui rend la vieimpossible. Ce n’est qu’à partir du moment où ilreconnaîtra qu’il a aussi sa part de responsabilitédans la situation déplorable de son couple, qu’iléprouvera le désir de corriger les aspects négatifsde sa personnalité.

Statistiquement, on peut affirmer que les femmessont plus promptes à se rendre chez un conseiller.Sans doute parce qu’elles souffrent davantaged’un point de vue psychologique. Par ailleurs, lafemme a en général le sentiment d’être respon-sable de l’atmosphère qui règne dans la maison,bien plus que le mari. Pour cette raison, c’est plussouvent elle qui propose et qui encourage lerecours à un conseiller. Les hommes eux prétendent souvent que tout peuts’arranger tout seul. Apparemment, ils ont peurque leurs faiblesses soient mises à jour. Ils crai-gnent qu’on découvre leurs écarts de conduite etsurtout que ne soit mis en évidence le fait qu’ilsn’ont pas été à la hauteur de la situation puisqu’ilsn’ont pas trouvé de solutions pour la régler.Or l’expérience prouve qu’un homme a plus de malqu’une femme à reconnaître et admettre ses fai-blesses et ses échecs.

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L’autre possibilité : le divorce

Nombreux sont ceux qui estiment que puisqueleur mariage a échoué, il vaudrait mieux divorcerplutôt que de continuer de souffrir ensembleencore des dizaines d’années, avec une famille quirisque de s’agrandir. Peu d’entre eux savent que cette possibilité, ledivorce ou même un second mariage, n’est pasmeilleure. En effet chacun des partenaires mêmes’il n’est pas totalement responsable de la situa-tion, l’est au moins à 40 %. Cela n’est pas négli-geable, car il est probable que lors d’un secondmariage, il reproduira les 40 % d’erreurs qui luiincombent. Nous avons déjà expliqué à plusieursreprises que la plupart des difficultés ne provien-nent pas de la seule incurie de l’un des conjointsmais de la différence fondamentale qui existe entreles individus sachant que celle-ci est encore accen-tuée lorsqu’il s’agit de personnes de sexe opposé. De plus, rien n’assure qu’un second conjointn’aura pas les mêmes défauts que le premier, lesmêmes comportements. L’expérience des conseillers conjugaux prouvequ’un second mariage réussit rarement mieux quele premier, car aux difficultés mentionnées précé-demment s’ajoutent celles liées à l’âge et à la résis-tance pour changer des habitudes déjà bienancrées : chacun a déjà acquis des habitudes qu’ilest difficile de modifier. Car en plus, la première union a laissé des cica-trices qui sensibilisent davantage à certaines

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choses. Dans certains cas, on finit par se deman-der s’il n’a pas été inutile de divorcer puisque lesmêmes difficultés se reproduisent dans le secondmariage.Le problème initial se retrouve identique avec lenouveau partenaire. C’est souvent à ce moment-làque l’on prend conscience que le problème nousincombe. De plus, en général les gens qui se remarient ontsouvent des enfants d’un premier mariage. Mêmesi le premier conjoint en a la garde et s’en occupe,il demeure nécessaire de garder un lien avec eux.Cela génère souvent des conflits avec le nouveauconjoint.Il s’ensuit des situations pénibles où chacun a dumal à trouver ses repères.Que les enfants du premier mariage viennent pourune visite de courte ou longue durée, le nouveauconjoint ne les accueille pas toujours avec le sou-rire, même s’il a prétendu avant le mariage adorerles enfants et s’engager à les accueillir comme s’ilsétaient les siens. Par ailleurs, dans le cas d’unmari, il sera obligé de reverser une partie de sonsalaire au titre de la pension alimentaire pour sespremiers enfants, ce qui sera considéré par la nou-velle épouse comme une dépense dont pâtit lanouvelle famille. Ceux qui pensent divorcer sont la plupart dutemps conscients de ces difficultés et disent qu’ilsn’envisagent pas un second mariage mais juste undivorce.C’est ce qu’on prétend quand la situation est deve-nue insupportable puisqu’on est en situation de

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crise. Il s’agit en réalité de fuir la difficulté pré-sente sans savoir si une nouvelle condition seraitmeilleure ou non. L’expérience prouve que, endehors d’une courte période qui suit la séparation,on finit toujours par envisager de se remarier. Il est à signaler que certains divorcés (divorcées)semblent pleinement satisfaits de la décision qu’ilsont prise, du moins c’est ce qui ressort de leursdéclarations. Mais il ne serait ni sérieux ni fiabled’en déduire que ce qui est bon pour l’un, l’estpour tous les autres.Celui qui affirme que sa situation actuelle le ravit etqui présente des arguments logiques, peutconvaincre celui qui a des difficultés et qui nerecherche qu’un alibi supplémentaire pour divorcer. La plupart de ceux qui préfèrent rester seuls plu-tôt que de se marier sont de fait, des gens qui déjàchez leurs parents étaient considérés comme « dif-ficiles à marier ». C’est dire combien leurs craintessont très profondes. Dans certains cas, ondécouvre que des divorcés sont retors au point detenter de persuader leurs amis de divorcer, euxaussi. Il est possible que cela les arrange person-nellement car ainsi, ils retrouveront l’amitié per-due ; ou peut-être se considèrent-ils comme desgens ayant acquis une certaine expérience et doncpouvant influencer le cours de la vie des autres. Lefait qu’on les écoute attentivement leur donne unsentiment d’importance. Les médias également jouent un rôle non négli-geable pour dédramatiser le divorce et le banaliser.Surtout qu’ils préfèrent relater les réussites desgens divorcés plutôt que d’évoquer leurs moments

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de tristesse, de détresse, de solitude car ceux-ci neprésentent aucun intérêt. Comme la difficulté n’estpas médiatique quand elle se résume à un échec,les journalistes préfèrent sélectionner les histoiresde ceux qui ont réussi leurs séparations. Le lec-teur ou l’auditeur qui n’est pas un professionnelaverti et qui n’a pas un contact quotidien avec cesgens, risque de penser que tous ceux qui ont oséfranchir le pas sont parfaitement heureux alorsque la réalité est bien différente. Il faut souligner que si une vie de couple peu satis-faisante est préjudiciable à l’évolution des enfants,le divorce se révèle pire pour eux en règle générale.Rares sont ceux qui n’ont pas été meurtris dans

leur for intérieur même si leurs deux parents ontreconstruit leur vie chacun de leur côté. On peut constater les conséquences négativesd’un divorce à toutes les étapes de la vie, aussibien dans la vie de tous les jours que beaucoupplus tard au cours de la vie d’adultes. Parfois on ressent l’envie de divorcer et on est per-suadé qu’on le fait de sa propre volonté ; cepen-dant quand la procédure de divorce se concrétise,on se rend compte que ce n’est pas vraiment ceque l’on souhaitait. Il arrive souvent qu’une personne vienne me voiret me confie que son conjoint souhaite divorcer.Après avoir glané quelques détails pour analyser lasituation, j’en arrive à lui conseiller :– « Si vous avez le courage nécessaire, la pro-

chaine fois que votre conjoint parle de divorce, pre-nez le risque de lui dire : « D’accord ! maisdonne-moi une réponse définitive d’ici telle date ».

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Pratiquement dans tous les cas, il s’est avéré quele conjoint n’a plus reparlé sérieusement dedivorce. Certaines personnes estiment que même si ellesn’ont pas connu la réussite dans leur mariage,elles parviendront à divorcer d’un commun accordet sans difficulté. Or il s’agit là d’un leurre car sion est capables de divorcer à l’amiable, on devraitaussi pouvoir vivre ensemble à l’amiable.Et s’il s’avère que la cohabitation est impossible

sereinement, comment parviendra-t-on à divorcersans heurt ?Croit-on pouvoir trouver un terrain d’entente uni-quement sur ce point ? Voici donc ce que ressent l’auteur de ces lignesquand il propose à des conjoints une psychothéra-pie tout en sachant que dans certains cas, il n’y apas d’autre choix en dehors de l’intervention d’unpsychologue professionnel. Cette information per-mettra peut-être à un petit nombre de lecteurs detrouver par ce biais une solution à leurs problèmesen ayant recours à ces techniques. C’est ce que jesouhaite de tout cœur.

Préparation à une rencontre

Voici comment procéder en vue d’une thérapie :

– D’abord il faut s’assurer que les deux partiessont mutuellement d’accord pour trouver unesolution à leur problème.

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– Au préalable, il faut que chacun accepte l’idéeque les torts sont partagés par rapport au pro-blème évoqué.– Il est nécessaire de retenir une date de rendez-

vous sachant que celui-ci durera au moins uneheure. Ces rencontres doivent se dérouler tout à fait endehors des pressions de la vie de famille, descoups de téléphone et de tout ce qui peut déran-ger, de préférence dans un lieu neutre.– Il est souhaitable de fixer dès le départ qui et

quand a été ressenti le besoin de ce rendez-voussinon chacun attendra que l’autre prenne l’initia-tive de celui-ci et de fait, personne ne le fera.– Il faut préparer une feuille de papier sur laquelleseront consignées les requêtes de chacun vis-à-visde l’autre. Note : Dans une situation de tension, il est inutilede prendre rendez-vous car chacun aura du mal àréagir et à créer une atmosphère positive etouverte.

Le rendez-vous

– Les conjoints seront assis l’un en face de l’autreafin de pouvoir observer le visage et les réactionsde l’autre. Il est souhaitable qu’ils se regardentafin de prouver qu’ils s’écoutent attentivementmême s’ils ne sont pas d’accord avec ce qui est dit.On ne doit pas contredire à chaud mais attendreson tour pour le faire.

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– Durant ce rendez-vous, chacun exprimera cequ’il attend de l’autre et sera retranscrit sur lafeuille de papier posée devant les deux parte-naires. Celle-ci sera partagée en deux : d’un côté onnotera les demandes du mari et de l’autre celles dela femme. C’est le conjoint qui écoute qui noterales demandes au fur et à mesure. Une fois quecelui-ci aura terminé d’exprimer ce qu’il désire, oninversera les rôles et le deuxième formuleraensuite à son tour ses requêtes. Comme précé-demment celui qui écoute prend les notes.Lorsqu’ils se seront tous les deux exprimés, on rede-mandera au premier s’il a des choses à rajouter.Durant cette séance, on n’évoquera pas les évène-ments passés, mais seulement ce que l’on attendde l’autre. Si les conjoints par habitude abordent leurs his-toires durant ces séances, celles-ci se transforme-ront obligatoirement en une nouvelle source deconflits. Durant le premier rendez-vous, il est absolumentnécessaire de s’efforcer de ne parler que desattentes positives et d’éviter de faire allusion auxconstatations négatives. C’est pourquoi, durant cette séance, chacun diraseulement ce qu’il désire que son conjoint fasseafin que la situation s’améliore dans la famille etnon ce qu’il ne fera pas. Parmi ces attentes posi-tives, il y aura des demandes personnelles,d’autres concernant la famille. Mais, au début del’entretien, seules les demandes personnellesseront évoquées.

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Celui qui parle s’efforcera de formuler ses attenteset d’exprimer son ressenti même si cela semble desdétails.– On donnera à la personne qui parle l’impressionqu’on l’écoute attentivement. On ne l’interromprapas sauf pour une précision ou une explication.On ne lui rétorquera pas : « Tes exigences sont

anormales » ou « personne n’agit ainsi », car enaucun cas, il ne faut nier les besoins de l’autre.– Après que chacun aura exposé ses attentes, on

relira ce qui a été noté sur la feuille et chacun dirace qu’il est prêt à concéder à l’autre, ce qu’il peuts’efforcer d’améliorer dans son comportementpour l’autre pendant une semaine (durant unesemaine seulement car il est toujours plus facilede s’engager et de respecter ses engagements surune durée limitée plutôt qu’à un long terme).– Il faut ajouter la nécessité d’une implication

personnelle : chacun accomplira ce à quoi il s’estengagé même si l’autre ne tient pas sa parole et neremplit pas ses obligations.

Il est très important que lors de ces deux pre-mières séances, l’engagement se fasse dans ledomaine affectif. Par exemple le couple décideracomment l’un accueillera l’autre à son retour à lamaison, comment ils prendront congé l’un del’autre si l’un sort, ce qu’ils se diront au momentde la séparation ou au retour.Parmi les accords qu’ils passeront entre eux, ilserait judicieux qu’ils fixent chaque jour unmoment qui leur conviendra à tous les deux où ilspourront discuter ensemble, simplement autour

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d’une tasse de thé et de petits gâteaux. Il estimportant de veiller à préserver ce moment d’inti-mité et de se mettre d’accord sur la manière de lerappeler à l’autre. Si possible, une petite prome-nade à pied dans le quartier me semble égalementsouhaitable chaque semaine.

Le second entretien

Lors du second entretien, les conjoints poserontsur la table le papier sur lequel ils auront écrit cequ’ils auront accompli par rapport à ce à quoi ilss’étaient engagés. Voici comment cela se passera. Le mari dira à sa femme ce qu’il a constaté de posi-tif durant la semaine écoulée et surtout ce qu’il aremarqué en plus de l’engagement initial.On notera même les petits détails. Pendant que lemari souligne cela, la femme notera par écrit cequi est dit.Puis à son tour, elle exposera les changementspositifs qu’elle a observés et son mari les noteraégalement. Puis chacun notera ce que lui-même afait que le conjoint n’a pas constaté et qui méritenéanmoins d’être souligné.Après l’examen des données de la semaine passée,chaque conjoint dira ce qu’il attend maintenant del’autre et cela aussi sera retranscrit. Souvent on pense n’avoir qu’un seul souhaitimportant. On est persuadé que rien qu’avec lechangement espéré la vie du couple sera métamor-phosée.

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Pourtant, lors de la séance suivante, alors quel’ambiance à la maison est meilleure, bien d’autressouhaits se font jour. A la fin de la seconde séance,chacun examinera à nouveau ce à quoi il est prêtà s’engager, autant au sujet des souhaits précé-dents que des nouveaux. (Il est recommandé denoter les compliments que chacun a adressés àl’autre.) L’amélioration des relations dans le couple seraobtenue grâce à l’évolution du dialogue et de l’at-mosphère à la maison ; en effet, quand l’ambianceà la maison est bonne, chacun fera un effort pourne pas la pourrir encore une fois. Une bonne ambiance crée les conditions d’un dia-logue fructueux qui permet de reconnaître lesfacettes positives de la personnalité de l’autre.Quand l’atmosphère à la maison est meilleure, onpourra évoquer non seulement les points positifsqu’on attend mais aussi ceux pour lesquels l’autrese montre encore réticent. Bien entendu cette étape est délicate. Desconjoints qui ne sont pas des professionnels peu-vent commettre des erreurs, provoquer un pour-rissement de l’ambiance générale et perdre ainsitout le bénéfice du lent processus précédent.

Association Complicité

La première notion négative mentionnée dans laTorah est : « Il n’est pas bon que l’homme soitseul ».

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Pour remédier à cette solitude négative du premierhomme, le Créateur l’a partagé en deux : l’hommeet la femme.On pourrait croire, d’après ce verset, que Dieu lesavait créés ensemble pour qu’ils restent toujoursainsi. Puis Dieu aurait regretté et a séparé Hava delui afin qu’elle devienne sa partenaire et son asso-ciée. Mais il n’en est pas ainsi. Dès l’origine, Dieu savait qu’Il créerait l’homme etla femme séparés. Bien qu’ils ne soient qu’uneseule âme, il désira dans sa grande bonté leur faci-liter la tâche et les créer associés durant delongues années : c’est pourquoi, il les créa audépart en un seul corps. Grâce à cela, il a implanté en eux un lien affectifprofond et une dépendance mutuelle car chacunedes deux parties aspire à retrouver la situationantérieure où ils ne formaient qu’une seule âme.Il n’en est pas ainsi chez les animaux : mâles etfemelles ont été créés séparément car le Créateurn’avait pas l’intention de provoquer entre eux unedépendance et un lien mutuels. C’est intentionnel-lement que Dieu a créé l’homme incomplet afinqu’il soit forcé de rechercher son alter ego grâceauquel il trouvera ce qui lui manque et arrivera àla plénitude.Sans ce sentiment de manque, l’homme n’auraitpas été prêt à s’associer pour la durée de sa vieavec quelqu’un et la partager en étant à cause decela obligé de renoncer à certains de ses désirs.L’associé qui complète et épanouit l’être humainparfaitement, c’est le conjoint avec lequel il créel’association du mariage pour la vie.

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Toute alliance a ses avantages et ses inconvé-nients. Celle du mariage n’échappe pas à cetterègle. Chacun reçoit de l’autre une aide importante dansde nombreux domaines aussi bien matériels qu’af-fectifs. Mais chacun perd également une part de son indé-pendance, de sa liberté. Car dans le cadre du mariage, on doit se consacrerà son conjoint même quand on n’en a pas envie etl’aider même quand on ne reçoit rien en retour ;on est obligé de renoncer à nombre de ses aspira-tions en faveur de celles de son conjoint. Au départ, quand on décide de se marier, il fautêtre prêt à renoncer à une partie de sa personna-lité et à agir pour l’autre même dans des domainesqui ne nous intéressent pas personnellement.Mais parce qu’on s’efforce d’aller vers l’autre et delui faire plaisir, ces différences ne se ressententpas péniblement. Pourtant, au fur et à mesure, des besoins d’indé-pendance et d’affirmation de sa propre personna-lité se font sentir. C’est la raison pour laquelle lesdifférences entre les deux caractères apparaissentplus marquées et pèsent de plus en plus sur la vieconjugale.L’envie de vivre en association se heurte au désird’indépendance mais cette incohérence fait partiede la nature humaine. Car même si on rechercheun lien avec l’autre, le besoin d’indépendance et desolitude demeure en même temps nécessaire. Nombreux sont les gens mariés dans nos sociétésoccidentales qui continuent de vivre dans le cadre

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du mariage parce qu’ils redoutent avant toutechose la séparation puis la solitude qui endécoule.

Le partage des tâches

Le fait d’être associés dans le mariage ne signifiepas obligatoirement un partage à égalité destâches entre le mari et la femme. Celui-ci est fonction des nations, des sociétés, descommunautés et des époques. Dans certaines sociétés, les tâches sont à peu prèségales, dans d’autres elles pèsent davantage surl’un des conjoints. Cependant presque toujours, chacun ressent qu’ilen fait pour la famille pas moins que l’autre, etsans doute bien davantage. Même quand le mari reconnaît que sa femme enfait davantage que lui, il n’en est pas moins per-suadé qu’il en fait plus que la majorité des autresmaris. Et pratiquement chaque conjoint a l’impressionque l’autre ignore ses efforts voire les nie. L’association familiale est bien plus compliquéeque toute autre association commerciale ou cultu-relle car une association normale est régie par desrègles strictes. Chacun de ses membres a un rôleparticulier, sait dans quel domaine il peut prendreseul une décision et dans quel autre domaine celalui est absolument interdit sans en discuter avecles autres.

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Si un différent se produisait dans une association,il faudrait trouver un compromis rapide afin d’évi-ter par exemple toute perte financière.

Par contre, le partage des tâches à l’intérieur de lafamille n’obéit pas à des règles précises préalable-ment définies officiellement et légalement. La plu-part du temps, il s’effectue tout naturellement,sous l’influence des us et coutumes de la sociétédans laquelle nous évoluons et par rapport à nosrepères éducatifs.C’est pourquoi, si partage il y a, il n’est pas tou-jours à la satisfaction de chacun des deuxconjoints.

Entêtement

Dans de nombreux ménages, quand l’un desconjoints demande à l’autre son accord pour faireou acheter quelque chose, celui-ci refuse et per-siste dans son refus, même si le premier tente dele faire changer d’avis en lui présentant des argu-ments qu’il n’avait pas mentionnés auparavant. A cause de cet entêtement regrettable, celui desdeux qui veut agir dans la famille connaît une cer-taine tension chaque fois qu’il veut obtenir l’accordde l’autre.

Il doit réfléchir longuement avant d’en parler àl’autre afin de ne pas déclencher un refus sansappel.

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Il est évident qu’un tel processus dans la commu-nication ne peut qu’engendrer des difficultés rela-tionnelles. Donc quand un problème de cet ordre surgit, celuià qui on pose la question et qui instinctivement al’intention de refuser, ferait sans doute mieux deprendre un temps de réflexion avant de donnerspontanément sa réponse surtout si le sujet évo-qué est important.Dans ce cas, il vaudrait mieux dire : « Donne-moiune ou deux heures pour réfléchir. »

Une mauvaise décision

Dans une famille normale, chaque jour amène sonlot de questions, d’hésitations, de nouvelles pro-blématiques. Il est naturel que les conjoints puissent avoir desopinions différentes et même contraires. Quand ils’agit des petits problèmes d’intendance, il estfacile de les régler facilement et rapidement. Parhabitude et connaissance de l’autre, on sait déjàce que l’autre attend, ce à quoi il vaut mieuxrenoncer, ce sur quoi on peut insister, même si, apriori on préférerait faire un autre choix.

Cependant, pour des problèmes plus importantscomme, par exemple, une grosse dépense, ils’avère nécessaire d’engager un long processus, deconnaître toutes les données, de discuter enessayant de convaincre, d’exercer des pressions…

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C’est alors seulement que la décision peut seprendre.Parfois cette décision n’est pas vraiment prise

conjointement car l’un des conjoints n’est pasvraiment convaincu de sa nécessité mais il n’a pasd’autre choix ou a peur de s’y opposer afin d’éviterune tension dans le couple. Dans de telles circonstances, il est inutile d’insis-ter sur le fait que l’on avait raison en cas d’erreurd’appréciation à partir du moment où l’on a donnéson accord (même si on l’a fait avec réticences)Il est préférable d’éviter d’asséner des phrases

telles que : « Je t’avais bien dit que ce n’était pasla peine ! » ou « Si tu m’avais écouté, on n’enserait pas là ! » ou « C’est vrai que j’ai fini paraccepter mais ce n’était que parce que tu m’y asforcé. » Si la décision prise est un fiasco, ne vaut-il pasmieux rechercher ensemble les meilleures solu-tions pour résoudre les difficultés afin d’essayerd’en atténuer les conséquences ?

Cette attitude positive est fondamentale car tropsouvent, lorsqu’on a l’impression que le conjointest coupable des difficultés dans lesquelles seretrouve toute la famille, on le laisse se débrouillertout seul sans chercher à résoudre le problèmeavec lui. On se laisse même aller à faire des réflexions déso-bligeantes et c’est ainsi qu’un grand fossé se creuseà l’intérieur de la cellule familiale, généré par lemanque de confiance dans l’autre qui, ne l’oublionspas, est pourtant notre partenaire pour la vie.

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Mais si au contraire, celui qui a été contraint d’ac-cepter la mauvaise décision de l’autre, l’aide néan-moins à résoudre les problèmes rencontrés, leconjoint qui a commis l’erreur saura gré à l’autrede son aide indéfectible dans ces circonstancesdifficiles. Il appréciera d’autant plus son soutienqu’il aurait pu s’attendre à une réaction totale-ment négative de sa part.

Accord

Il arrive que des conjoints continuent de se dispu-ter devant les autres, des invités ou des proches.Chacun des deux tente de s’attirer un soutien afinde forcer l’autre à changer d’avis ou de prouverque celui-ci le rend malheureux. Bien entendu, cette attitude est dommageable auxrelations à l’intérieur de la famille, non seulementau moment même de la dispute mais aussi à longterme.Il peut aussi arriver que le couple se conduiseautrement. Quand l’un des conjoints prend unedécision, l’autre ne se permet pas de soulever uneobjection ou d’opposer son désaccord en publicmais au contraire acquiesce. Celui qui a proposésait néanmoins que l’autre n’est pas vraimentd’accord. Ils ne sont associés que vis-à-vis de l’ex-térieur et se protègent l’un et l’autre.

Parfois il arrive que l’un des conjoints se disputeavec un voisin, un ami, un frère, un parent et que

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l’autre conjoint estime que ce sont les autres quiont raison et l’exprime ouvertement. Ceci crée un problème dans leur association carl’autre manifeste publiquement son désaveu ensoutenant l’autre partie au lieu de soutenir sonalter ego.S’il est possible de convaincre son conjoint qu’il atort et ainsi d’éliminer ou au moins de diminuerles causes de la dispute, il faut le faire avec tact etdélicatesse, exposer ses arguments clairement eten aparté.Mais s’il est impossible de le faire changer d’avis,il vaut mieux néanmoins demeurer solidaire aveclui : ainsi il y aura plus de chances pour que parla suite, il devienne plus à l’écoute et se laisseconvaincre de l’inutilité de tels conflits.Un grand sage a déclaré : « J’ai souvent regrettéd’avoir dit ce que j’avais dit, mais je n’ai jamaisregretté ce que je n’avais pas dit. »

Association

Dieu n’a pas créé la femme à partir des pieds quisont la partie la plus basse pour que l’homme nela considère pas comme une servante. Il ne l’a pascréé à partir de la tête afin qu’il ne la considère pascomme l’être fort de la maison. Mais Il l’a créée à partir de la côte qui se trouve aumilieu du corps afin qu’elle soit son égale dans lamaison. Quand on observe la conduite desfemmes, on peut découvrir un grand dévouement

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et parfois même un certain goût pour les tâchesménagères.Les hommes trouvent cela normal ainsi que par-fois les femmes elles-mêmes.Mais il faut se souvenir qu’avec la meilleurevolonté de sa part, chaque femme ressent le besoind’être épaulée par son mari dans ses tâches tant àla maison qu’à l’extérieur.Cela signifie qu’elle est prête à donner le meilleur,mais elle a besoin pour cela de se sentir soutenue.Elle a besoin que le mari remarque et apprécie toutce qu’elle fait dans la maison pour lui et lesenfants.Pour cela, le mari ne devrait-il pas dans ses acteslui prouver combien il apprécie son implication etson investissement ? Par exemple, quand il termine son repas ne serait-il pas appréciable qu’il débarrasse au moins latable ? Quand il se change, ne pourrait-il pas mettre sonlinge sale dans le panier réservé à cet effet ?Lorsqu’il utilise la salle de bains ne pourrait-il pass’efforcer de la nettoyer, ne pas laisser de traces deson passage afin de ne pas importuner l’autre parce laisser-aller peu respectueux ? J’ai été confronté un jour au cas de Natanaël : avo-cat. Il estimait être le mari idéal, sûrement lemeilleur parmi tous les hommes qu’il connaissait.Il ne posait aucune limite aux dépenses que faisaitsa femme pour la maison et lui laissait toute libertéd’agir dans les domaines qui lui plaisaient : l’achatde vêtements, le style de meubles. Jamais il ne luidemandait pourquoi elle avait acquis tel ou tel objet.

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Il ne s’inquiétait jamais du prix de ce qu’elle ache-tait. Cependant, il se plaignait que sa femme ne lelaissait jamais tranquille : « Elle m’accable, seplaint continuellement, cherche la dispute, criesans cesse, me demande pourquoi j’ai agi ainsi etpas autrement, pourquoi je suis allé dans telmagasin plutôt que dans tel autre, etc.Je ne comprends pas pourquoi elle exerce sur moiune telle pression », concluait-il. Il est évident que Natanaël ne reconnaît pas lebesoin naturel d’une femme de ressentir qu’il estson associé jusqu’aux moindres détails dans cequ’elle fait pour sa maison. Comme il ne manifes-tait aucun intérêt pour tout ce que faisait safemme, elle tentait chaque jour d’attirer son atten-tion en se plaignant. Il arrive qu’un homme se plaigne d’avoir entendude la bouche d’autres personnes (de prochesparents ou d’amis) des confidences que sa proprefemme leur aurait faites sans lui en avoir parlé aupréalable. Effectivement, elle n’avait rien dit aurisque de mettre en péril « leur association ». Il me semble donc indispensable de réserver la pri-meur de ce qui nous touche profondément auconjoint.Cependant, avant de se plaindre d’être informéaprès tout le monde, ne faudrait-il pas se deman-der si ce n’est pas notre propre comportement quiinduit celui de l’autre et l’amène à se confier à detierces personnes plutôt qu’à nous-même ? Il est aussi néfaste de critiquer tout ce que dit oufait son conjoint. Cela crée une sorte de barrièreinconsciente qui empêche la personne de raconter

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ses projets, son ressenti. Celui qui s’interdit deraconter se trouve de fait sous tension etrecherche avec angoisse quel serait le momentpropice pour se confier à son conjoint.

Il est important de préférer se confier à sonconjoint.

Afin de renforcer ce sentiment de « nous deuxensembles », on s’efforcera même lorsque d’autrespersonnes se trouvent à la maison et même s’ils’agit de parents, d’accueillir chaleureusement sonconjoint quand il rentre après une absence.On peut s’excuser auprès des parents, aller vers

son conjoint et s’intéresser à ce qui lui est arrivédans la journée. Tout ceci le confortera dans saconviction qu’il est plus important que toute autrepersonne.Selon la Halakha, on doit d’abord combler les

besoins de son conjoint avant ceux des parents oudes enfants. Même quand les parents de l’épousesont invités dans sa maison, la Halakha stipuleque la femme doit servir son mari avant de servirses parentsCependant, il convient que le mari refuse qu’elle leserve avant ses parents et qu’il lui suggère de lesservir en premier.On devra aussi consacrer une attention toute par-ticulière au retour de l’un ou de l’autre à la mai-son. S’il arrive alors qu’elle est en pleine conversa-tion téléphonique, elle ne devra pas se contenterd’un vague « bonjour » ! Elle devra interrompresa conversation afin de le saluer convenablement,

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de prendre de ses nouvelles et de s’enquérir de lamanière dont sa journée s’est passée. Ce comportement le confortera dans l’impressionqu’elle est contente de le revoir. Quand il arrive, ce serait bien qu’elle s’approche dela porte pour l’accueillir avec un sourire et unvisage rayonnant. De même, lui s’efforcera de fairerégner la bonne humeur autour de lui et s’intéres-sera à ce qui s’est passé à la maison durant sonabsence.

Ensemble

Parfois les conjoints traduisent cette sensation decomplicité par un besoin de se retrouver ensemble.Cela atteint le summum quand on apprécie tou-jours d’être en compagnie de l’autre et d’avoir lesmêmes pensées sur chaque chose.

Ceci ne peut se produire qu’au bout de plusieursannées de mariage. Pour cela voici quelques préa-lables :– Chacun des conjoints priera pour l’autre, pour

sa réussite dans les affaires, pour la concrétisationde ses aspirations, surtout quand il est malade oua un problème (que Dieu préserve).– Quand l’un des deux sort de la maison et qu’il

craint que l’autre ne s’inquiète de ne pas l’y trou-ver, il doit laisser un mot pour expliquer où il a dûse rendre ; il profitera de ce bref message pourrajouter un ou deux mots affectueux.

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– Quand la maîtresse de maison sert le repas, ilne mangera pas tant qu’elle ne se sera pas assise,elle aussi pour manger (la femme de son côté,devra se dépêcher dans la cuisine et laisser tout cequi pourra être rangé après le repas car on l’at-tend)« Si l’un des deux se prépare une tasse de café oude thé, il en préparera une aussi pour l’autre ouau moins lui en proposera.– Il est utile d’adapter son allure à celle de l’autre

quand on marche dans la rue.– Certaines personnes n’apprécient pas que leur

conjoint n’aille pas se coucher à la même heurequ’elles.– D’autres estiment que le conjoint devrait les

accompagner quand elles vont faire un achatimportant.

– D’autres encore aimeraient bien que leurconjoint les accompagne pour une séance un peudélicate ou douloureuse chez le dentiste. La Femme apprécie d’être accompagnée quand ellese rend pour une visite de contrôle pour sa gros-sesse. Elle estime également qu’il est normal queson mari reste avec elle avant et après la nais-sance de leur enfant.

Ensemble cela signifie non seulement se trouverensemble mais aussi : « Nous deux tout seuls »c’est-à-dire que nous nous retirons de la sociétéqui nous entoure.

Considérons quelques erreurs à ne pas com-mettre :

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– Il faut éviter de raconter aux autres ce qui sepasse à la maison, si le conjoint s’y oppose.– Parfois certains points appellent la discussion etchacun a une opinion différente de celle de l’autre.Il n’est pas judicieux que l’un des deux déclare : «Mon ami (ou mon amie) a la même opinion quemoi ou encore « Mes parents sont d’accord avecmoi ! »

Ce genre d’arguments donne l’impression quel’opinion des autres a plus de poids que celle duconjoint.– Il serait approprié de décrocher le téléphone

quand on prend le repas ensemble : le fait qu’ons’occupe davantage de la personne à l’autre boutdu fil peut peiner l’épouse qui s’est fatiguée pourpréparer le repas et elle s’imagine alors que sesefforts ne sont pas appréciés à leur juste valeur.– Le mari doit donner à sa femme l’assurance

qu’elle est pour lui plus importante que sespropres parents. Il en est de même pour l’épouse.

Téléphone

Parfois l’un des conjoints passe des heures au télé-phone que ce soit pour le travail ou pour garder lecontact avec des amis. Cela crée parfois une rup-ture véritable entre les membres de la famille carce temps passé au téléphone provoque des difficul-tés. Les enfants vont se coucher trop tard (demême pour les parents). Cela empêche de seconcentrer sur le sens des cours de Torah. Les

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enfants se disputent et crient mais le parent conti-nue de téléphoner. Cette situation augmente latension dans la famille et à l’intérieur du couple. Ilfaut réaliser que ces longues conversations autéléphone sont à proscrire quand on doit s’occuperde la maison et des enfants. On bavardera à desmoments plus libres dans la journée.

Les beaux-parents

Le lien conjugal souffre également quand un desconjoints ne se conduit pas correctement. Les rela-tions dans le couple peuvent souffrir de l’attituded’un des conjoints envers les parents de l’autre etsurtout si cette attitude reflète une philosophiebasée sur « ce sont tes parents, à toi de t’en occu-per ! » Par contre, la relation entre les époux estfacilitée si chacun des deux respecte et apprécieles parents de l’autre (quand ils en parlent etquand ils leur rendent visite).

La Halakha oblige le mari à respecter les parentsde sa femme et la femme à respecter les parents deson mari (Chouhan Aroukh –Yoré Déa 240.24)Cependant si les parents se mêlent de ce qui sepasse chez le couple d’une manière intrusive, ententant d’influencer l’un des époux à ne pas agirconformément à la volonté de l’autre, il convient dene pas les écouter et de faire cause commune avecle partenaire. Evidemment cela risque de créer ungros problème avec les parents.

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Par contre, il faut absolument éviter de critiquerles beaux-parents en règle générale, en dehors despoints de friction qui ont provoqué la crise. Au contraire plus on approuvera leur attitudegénérale, moins on s’opposera à eux (en dehorsdes points litigieux). Et plus le conjoint sera atten-tif à respecter ces règles, plus il sera un partenairede confiance.On entend assez souvent des plaintes concernantl’indifférence de l’un des conjoints à l’égard desparents de l’autre, de son manque d’intérêt lorsdes visites en restant ostensiblement à l’écart, neparticipant pas à la conversation, et semblantattendre la fin de la visite dans une extrême ten-sion. On doit être conscient que l’absence de rela-tion avec les beaux parents entraîne des effetsnégatifs dans la relation conjugale elle-même car ilest difficile d’être lié à quelqu’un qui n’appréciepas sa propre famille. Par contre, on constate quelorsque chacun des époux s’intéresse aux parentsde l’autre, leur rend visite et s’efforce d’établir desliens profonds avec eux, cela contribue positive-ment à l’harmonie du couple.Ces bonnes relations demandent des efforts et nesont pas d’emblée évidentes. Il est donc nécessaired’en savoir gré à son conjoint et de le lui dire.Si on ne prête pas attention à ces relations, alorsquand l’un des beaux-parents connaîtra un pro-blème (maladie, veuvage que Dieu préserve), il yaura une cassure à l’intérieur du couple.L’enfant du parent éprouvé n’arrivera pas à com-prendre que son conjoint puisse demeurer insen-sible au drame qui le touche et manquer à ce point

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d’amour de son prochain et d’amour de Dieucomme sa mauvaise relation avec ses beaux-parents le met en évidence.

Partenariat financier

Le manque d’argent est un problème récurrent àchaque famille, même les familles aux revenus éle-vés. Cependant, pour une famille modeste, auxdifficultés quotidiennes s’ajoutent celles du débutde l’été et de l’hiver quand il faut renouveler lesvêtements et les chaussures. Souvent le mari ne comprend pas pourquoi on neréutilise pas les mêmes que l’année précédente…La plupart du temps, la femme estime qu’elle esttrès économe. En effet, elle ne s’autorise pas ceque beaucoup de ses amies s’offrent. Elle peutd’ailleurs donner plein d’exemples de son sens del’économie. Même la femme la plus dépensière sait se res-treindre dans certaines dépenses et estime doncque même si elle reconnaît qu’elle n’est pas parti-culièrement économe, elle ne voit pas pourquoielle devrait se priver de ce qui lui apparaît commeindispensable. Elle estime que les reproches deson mari proviennent de sa mesquinerie natu-relle…Parfois la discussion dérape sur la place de l’ar-gent dans la vie. Par exemple, l’un des conjointspense qu’il faut accepter la situation telle qu’elleest. L’autre au contraire juge qu’il faut s’efforcer de

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travailler davantage pour gagner davantage et nepas souffrir du manque d’argent. Un jour, uncouple est venu me consulter : ils n’avaient pas lamême conception de l’argent. Yossef étaitconvaincu qu’il était préférable de se restreindreafin de ne pas travailler plus. Par contre, ‘Havapensait qu’il devrait effectuer des heures supplé-mentaires pour qu’ils n’aient pas à se priver.‘Hava avait donc expliqué à Yossef qu’elle s’apprê-tait à travailler elle-même. Et Yossef a réagi enaffirmant : « Très bien ! Ainsi je pourrai travaillermoins ! »Alors qu’elle espérait qu’il dirait : « Très bien !Maintenant nous ne serons plus obligés de nouspriver comme nous l’avons fait jusqu’à présent… »

Qui doit procurer l’argent du ménage : lui ou elle ?

Même quand les deux conjoints travaillent etcontribuent à la bonne marche financière de lafamille, il s’avère dans les faits que lorsqu’il y a unproblème d’argent, c’est le mari qui assume mora-lement et qui agit. La femme lui en laisse la res-ponsabilité même si elle participe conjointementavec lui à de nombreux aspects de la vie defamille. Il est naturel que l’homme se sente davan-tage responsable des finances de la famille que lafemme.Elle devra donc comprendre combien cela le tra-casse. Puisque le Créateur a implanté en l’homme

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cette aptitude naturelle à s’inquiéter des financesde la famille, l’homme se sentira atteint « dans savirilité » s’il ne parvient pas à pourvoir honorable-ment aux besoins de la famille, comme il s’y atten-dait ou comme les membres de sa famille s’y atten-daient.

Le mari qui se sent responsable des difficultésfinancières surtout quand sa femme les met enévidence en se plaignant, est blessé de la mêmemanière qu’elle-même se sentirait humiliée s’il luifaisait observer qu’elle manquait de féminité.Lorsqu’une femme harcèle son mari à ce sujet, ellelui fait très mal même si elle ne fait selon elle quelui exprimer sa propre inquiétude sans avoir l’in-tention de le blesser. Or, dans ces moments difficiles, il a particulière-ment besoin d’un véritable partenaire qui com-prenne son problème et ce qu’il ressent. Aumoment où les problèmes financiers deviennentcruciaux, il faudrait discuter et définir ensembledes priorités dans les achats.

La femme qui ressent malgré tout le besoin deconfier à son mari combien elle souffre de cemanque d’argent devrait peut-être commencer parle rassurer en lui disant qu’elle est consciente qu’ilse donne beaucoup de mal pour essayer de lesfaire vivre correctement. Elle doit lui expliquer quepar son écoute, il va l’aider à atténuer sesangoisses et à maîtriser ses inquiétudes.De nombreux maris se plaignent que leurs femmescontinuent d’ignorer la réalité en exigeant d’eux

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qu’ils gagnent davantage même quand d’évidence,ce n’est pas possible. De plus ils déplorent : « Quand nous contrôlonsles dépenses de la famille, dans des domaines quine nous semblent pas vraiment vitaux, nous avonsl’impression que personne ne réalise ce que celareprésente de gagner de l’argent. Personne n’essaie de réduire les dépenses en seprivant dans un domaine. Par exemple, on me demande de l’argent comme àl’époque où j’en gagnais beaucoup.On achète des vêtements alors qu’il serait possibled’attendre un peu.On achète bien des objets dont on pourrait se pas-ser. On achète des fruits avant qu’ils ne soient desaison alors qu’ils sont de fait plus chers. Ne parlons pas des factures de téléphone : onbavarde durant des heures et cela coûte cher alorsqu’on pourrait réduire la facture en appelant uni-quement pendant les heures creuses » Pourtant la femme estime qu’elle dépense norma-lement si l’on peut dire, comme à l’époque où lafamille disposait de plus d’argent. Parfois même,lorsque l’homme fait observer la nécessité de semontrer plus scrupuleux dans les dépenses, lafemme lui demande de ne pas faire une montagned’un sujet qui n’en vaut pas la peine. Elle préfère ne pas l’épauler et ne pas abonderdans son sens malgré la présence des enfants vou-lant ignorer devant ceux-ci les difficultés finan-cières.Parfois il se produit une crise dans le partenariatfinancier : celui qui insiste sur le besoin de faire

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attention se permet justement d’acquérir desobjets qui lui sont chers et dont il refuse de se pri-ver arguant du fait qu’ils sont importants et qu’ilsne sont donc pas inclus dans le cadre des restric-tions nécessaires.Or le conjoint auquel il a été demandé des sacri-fices estime lui que ces objets ne sont pas si néces-saires et que l’autre conjoint aurait dû repousserleur acquisition à plus tard. Ce conjoint n’est donc pas un partenaire correctsur le plan financier puisqu’il exige des autres dessacrifices alors que lui-même s’autorise des achatsfantaisistes et inutiles en cas de problèmes. C’est alors qu’on peut méditer les paroles de laGuemara : « Un homme devrait toujours mangeret boire moins par rapport à ce qu’il possède, sevêtir selon ce qu’il possède et honorer son épouseet ses enfants bien davantage que ce que ses pos-sibilités financières le lui permettent. »A côté des plaintes des maris, nous entendonsparfois les plaintes des épouses qui sont obligéesde supplier pour obtenir l’argent nécessaire auxdépenses quotidiennes.Parfois elles se plaignent de ne pas avoir le droit designer à la banque et même de ne pas savoir exac-tement combien gagne le conjoint. Ce manque deconfiance dans les questions d’argent crée unfossé dans les relations du couple. En effet, au fildu temps, le mari développe sans s’en rendrecompte une méfiance car il sent une pressionfinancière tandis que la femme est obligée d’imagi-ner toutes sortes de stratagèmes pour obtenir del’argent de la part de son mari.

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Il convient cependant d’observer que les problèmeset les disputes à ce sujet ne sont pas dus unique-ment à la question d’argent mais elles reflètent lesrelations dans le couple en général dans tous lesautres domaines.La femme ne réagit pas toujours comme il convientquand elle déclare : « Cela, je l’achète avec monargent, celui que j’ai gagné ! »Cet argument est toujours négatif même quand iln’y a pas de problème financier dans la famille.Car ces propos détruisent tout sentiment deconfiance entre les conjoints, surtout quand ilssont prononcés d’un ton vindicatif dans lesmoments de tension.

Malgré cela, les maris doivent reconnaître quelorsqu’il y a des problèmes d’argent dans le couple,les femmes manifestent le désir d’aller travailler àl’extérieur car elles se sentent prisonnières dupoint de vue financier.Quand le mari permet à son épouse de se procu-rer les objets qu’elle estime nécessaires, il allège encela la difficulté de sa tâche. Si le couple se heurte à une difficulté par rapportaux dépenses de la femme, ne conviendrait-il pasmieux de fixer à l’avance une certaine somme quela femme utiliserait à sa convenance ? Ne jamais affirmer : « C’est mon argent » s’ap-plique également aux hommes qui ne devraient,eux aussi, jamais dire pareille chose lors d’unedispute.

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Cadeaux

Il existe une différence entre les cadeaux offertspar les hommes et ceux offerts par les femmes. Lemari est persuadé que s’il a acheté un cadeau degrande valeur, s’il a fourni de gros efforts pouracquérir un aliment qu’elle apprécie particulière-ment ou un objet qu’elle convoite, il a fourni ungros effort. Ce gros cadeau vaudra bien tous lespetits cadeaux qu’elle lui a faits. Mais il n’en estpas ainsi.Dans la plupart des cas, elle sera effectivementtouchée par le fait même qu’il lui ait offert quelquechose : mais la valeur du cadeau ne passe qu’enseconde position.Pour elle, ce qui est plus important c’est le nombrede fois où il lui offre quelque chose même si ce nesont que des babioles.On peut n’offrir qu’une fleur à son épouse et elleen sera très touchée car ce qui compte pour elle,c’est que par ce geste, son mari lui témoigne sonattachement, son amour. Le mari ne devrait doncpas se considérer comme quitte de son devoirenvers elle s’il lui achète un cadeau unique etconséquent sur plusieurs années : il devrait s’ha-bituer à lui offrir des petits cadeaux mais plussouvent.C’est vrai, beaucoup de femmes sont sincèrementravies quand leur conjoint leur rapporte de tempsen temps une broutille comme un gâteau, unefriandise. Ces attentions ne sont pas très coû-teuses mais très appréciées des femmes.

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Quand on achète un cadeau pour un des parents,il est très important qu’auparavant on achètequelque chose pour son conjoint afin qu’il nepense pas qu’on l’a oublié. Il est de tradition d’offrir des cadeaux pour lesanniversaires, les anniversaires de mariage maischaque société possède ses propres critères dansce domaine. Peut-être serait-il nécessaire de serenseigner sur les coutumes à ce sujet dans lemilieu dont est issu le conjoint et s’y conformer.Il est important que le cadeau soit joliment pré-

senté et pourquoi pas assorti d’un petit mot carcette délicatesse supplémentaire émeut parfoisdavantage que le cadeau lui-même.La Guemara rapporte que lorsque Rabbi Hiyaoffrait un cadeau à son épouse, il enlevait sonmanteau, posait le cadeau dans le manteau etoffrait ainsi le présent d’une manière agréable ethonorable.

Le besoin de solitude du conjoint

Il est important de savoir que l’homme et la femmeont des façons différentes de vivre leur relationl’un à l’autre tout en gardant une certaine indé-pendance.Une femme se sent bien quand elle se sent liée àson mari ; cela lui prouve que son mariage estréussi. Si, de plus, le mari lui donne l’impressionque lui aussi est très heureux de l’avoir commefemme, elle sera vraiment enchantée.

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C’est une des qualités que la femme possède dansla sphère familiale. Les hommes se sentent très bien pendant un cer-tain temps en étant présents auprès de leursépouses, mais parfois ils ressentent le besoin de seretrouver seuls, non pas pour s’éloigner d’ellesmais pour goûter de nouveau à leur indépen-dance.Le retour du mari après cette escapade est plusrapide que celui de l’épouse. Quand la femmeprend de la distance par rapport à son mari c’estsouvent parce qu’elle est en colère contre lui.L’homme lui réagit différemment. S’il s’éloignec’est pour satisfaire un besoin passager d’indépen-dance.Donc quand son envie est satisfaite, il revient vitevers elle. En constatant cela, la femme ne comprendpas sa conduite. Elle ne le laisse pas revenir trèsvite vers elle car sa sensibilité a été blessée et l’aéloignée de lui. Son instinct féminin lui souffle éga-lement que le retour doit se faire progressivement. A son retour, il risque donc d’être accueilli avecdes reproches alors que de son point de vue à lui,puisqu’il revient, sa femme devrait être aussi raviede le retrouver qu’il l’est lui de la retrouver.

Reconnaissance : « Je t’ai donné »

Chacun ressent le besoin qu’on reconnaisse lebien qu’il a prodigué aux autres et cela est vraiégalement pour les conjoints.

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Cependant dans les périodes de stress que tra-verse le couple, il arrive que l’homme et la femmene ressentent pas le même besoin d’être remerciéspour ce qu’ils ont fait. L’un des besoins essentiels de l’homme, par rap-port à sa femme, est qu’elle lui manifeste sa recon-naissance pour ce qu’il fait. Le Créateur du mondea implanté en lui ce besoin pour l’encourager et lepousser à agir en faveur de sa femme : ainsi, onlouera ses actions.S’il n’éprouvait pas ce besoin d’être complimentéet remercié par sa femme et sa famille, il seraitmoins enclin à décupler ses efforts pour assurerleur bien-être. De nombreux maris estiment etmême se plaignent que leurs épouses ne recon-naissent pas suffisamment tout ce qu’ils fontpour elle et leur famille : « Elles ont l’air deconsidérer tout cela comme « évident » décla-rent-ils. Or, c’est mal vécu par les maris qui attendent unereconnaissance implicite de leur femme. Commece besoin est très ancré en eux, ils ont l’impressionqu’elles ne le reconnaissent pas vraiment ou pasavec suffisamment de conviction et d’enthou-siasme !Arié et Avigaïl sont mariés depuis cinq ans, maisne parviennent pas à trouver le chemin de leurscœurs.Arié se plaint essentiellement qu’Avigaïl ne leremercie jamais pour ce qu’il fait pour elle et pour-tant d’après ce qu’il dit, il la gâte et lui achète denombreux cadeaux. Ainsi un jour, il est revenud’un voyage à l’étranger avec une valise remplie de

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vêtements pour elle et ses enfants, mais Avigaïln’avait eu aucune réaction. Elle s’était contentéede jeter un regard sur les vêtements et les avaitposés dans une armoire comme si elle rangeaitceux qu’elle aurait sortis de la machine et qu’elleaurait repassés. Avigaïl répondit qu’effectivement, Arié lui avaitrapporté plein d’objets mais seulement il les luiavait remis d’une manière méprisante, comme s’ilétait en colère. Chaque fois qu’il achète quelque chose, il pro-clame : « Je t’ai apporté…, je t’ai acheté…, j’aitrouvé quelque chose pour toi … et cela mêmepour les courses ordinaires de la maison (parexemple pour la nourriture courante de toute lafamille). Il est énervant ajoute-t-elle que quand nousnous disputons, il s’indigne : « Tu ne méritespas ! » ; « Je ne t’apporterai plus rien ! » ;« Cela ne vaut pas la peine de faire des effortspour toi ». J’ai demandé à Arié pourquoi il utilisait si souventl’expression : « Je t’ai apporté etc. » .Il m’a répondu que c’est à la suite de ce qui lui estarrivé durant son enfance. Il se souvenait de cettepériode, quand il n’y avait pas grand-chose dans lamaison, quand sa mère n’arrêtait pas de seplaindre : « Si seulement j’avais de l’argent pouracheter un fruit… » « J’aurais bien voulu achetertel objet » … « Dommage que je ne puisse pasm’offrir cette machine ».Il avait donc décidé que lorsqu’il serait grand et semarierait – avec l’aide de Dieu – il rentrerait

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chaque jour à la maison avec les mains pleinesd’objets qui combleraient sa femme. Effectivement, dès qu’il s’est marié, il est entrédans les affaires et y a réussi : il a alors réalisé lerêve de son enfance et a rapporté chaque jourquelque chose à son épouse. Pour lui, cela représente la réalisation d’un désirtrès profondément enfoui en lui. Il éprouve lebesoin viscéral que sa femme apprécie sesefforts pour la satisfaire et tant qu’elle ne luimanifeste pas sa reconnaissance, il n’est pasdébarrassé de l’angoisse qui le taraude depuisson enfance. Avigaïl après avoir écouté très attentivement toutce qu’il disait, en fut très impressionnée et répon-dit immédiatement : « Maintenant je te com-prends et je vais essayer de réagir autrement enfonction de ton attente ».L’histoire d’Arié et d’Avigaïl illustre presque de

manière caricaturale l’attente de la reconnais-sance de l’épouse pour tout ce que le mari faitpour elle. Cependant, ce genre d’attentes presque angois-sées, révèlent ce qui se passe dans le cœur dechaque homme, même si ce n’est pas poussé à cetextrême en général. D’un côté le fait que l’hommementionne si souvent qu’il agit pour son bien, luidonne à elle l’impression qu’elle lui est redevableet cette sensation peut devenir pénible à sup-porter. Les hommes devraient s’efforcer de surmonter leurtendance naturelle à attendre des remerciementséperdus de leur femme.

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Par ailleurs, les femmes pourraient essayer dedépasser cette impression désagréable d’être tou-jours redevable et communiquer à leur mari lemessage qu’ils attendent en les remerciant deleurs efforts quotidiens.

L’influence sur les enfants

Si nous éprouvons tant de mal à ressentir que lesautres font des efforts pour nous, c’est parcequ’enfant nous avions l’habitude de recevoir.Pour aider un enfant à perdre cette attitude néga-tive, les parents doivent montrer l’exemple. Il estnécessaire de montrer aux enfants qu’il n’est pasdu tout évident que l’autre doive nous rendre ser-vice et nous nous devons remercier pour tout ceque nous recevons. Quand les enfants verront les parents se compor-ter ainsi, ils sauront reconnaître le bien qu’onaccomplit pour eux et leur vie sera plus agréable. En effet, quand quelqu’un estime que tout lui estdû il n’est jamais satisfait car il y a peu de pro-babilités qu’il obtienne la totalité de ce qu’ildésire. Par contre un enfant éduqué avec la convictionque tout ce qu’il reçoit est un vrai cadeau et quecela a nécessité un effort de la part de celui quidonne, saura mieux apprécier la valeur du don eten sera reconnaissant. On peut éduquer l’enfant à cela, petit à petit toutsimplement grâce à l’exemple donné par les

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parents lorsqu’ils s’ils se remercient mutuellementpour des choses qui semblent insignifiantes.

Pour encourager l’enfant dans cette attitude, lesparents devront également le remercier et le com-plimenter pour ce qu’il aura fait pour eux. Onpourra lui apprendre à remercier celui qui lui offrequelque chose. Il semble indispensable de lui enseigner commentformuler une demande toujours en lui montrantl’exemple.« Si ce n’est pas trop difficile pour toi » ou « Je t’enprie rends-moi service, s’il te plait » ou « Cela meferait très plaisir si tu pouvais… » Cette manière courtoise de s’adresser à l’autreavant même de formuler précisément sa demande,enseigne à l’enfant qu’on n’exige pas de l’autre unservice mais qu’on le sollicite. Cette attitude mar-quera l’enfant dans ses relations avec ses parentset surtout avec son conjoint par la suite.

Les enfants

Il arrive à chaque parent un moment où il se dit :« Je ne me soucie plus de moi, mais uniquementde mes enfants ».Puisque le but du mariage c’est de mettre au

monde et d’élever des enfants, nous sommes obli-gés de réfléchir quant à l’influence de notre atti-tude sur nos enfants et en particulier sur notreconduite commune.

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Dans la plupart des cas, l’enfant aura une attitudepositive ou négative en fonction de ce qu’il a vuchez ses parents. Dans une maison où les parentsn’arrêtent pas de se plaindre ou de dire du mal desautres, l’enfant risque d’entendre ses parents secritiquer mutuellement sans arrêt. Alors l’am-biance à la maison n’est pas propice à son équi-libre. L’enfant risque à cause de cela de rencontrerdes difficultés qui auront des répercussions surson comportement à l’égard des autres (voisins parexemple…) et cela aura également une incidencesur ses résultats scolaires. Il risque d’avoir unescolarité perturbée.En « bon fils de ses parents », il entretiendra unevision négative de tout ce qui l’entoure. Même si plus tard, il convient qu’il y a desaspects positifs dans sa vie, ceux–ci seront niéscar il ne retiendra que le négatif. En consé-quence, il vivra dans cette atmosphère peu pro-pice à l’épanouissement que ses parents et lui-même auront forgée.Il aura l’impression d’évoluer dans un mondeingrat déprimant et peu motivant même s’il habiteloin de la ville dans une belle maison avec ungrand jardin et que ses conditions de vie paraî-traient enviables à beaucoup d’autres..Il ne sera capable que de remarquer ce qui ne va

pas et c’est ainsi qu’il considérera son conjointuniquement à travers ses défauts. Ceux-ci luisembleront bien sûr nombreux et démesurés enregard de ses faibles et rares qualités …

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Encouragement

Dans la plupart des cas, celui qui encourage sonconjoint sait aussi encourager ses enfants. Quandun enfant est encouragé, cela a une influence déci-sive sur le développement de sa personnalité et surson évolution scolaire. On dit que les gens n’utili-sent que 18 % de leurs facultés intellectuelles. Encourager un enfant est d’une importance capi-tale car ça l’aidera à utiliser ses capacités aumaximum.D’ailleurs on constate chez les enfants de niveauscolaire faible ou moyen qu’ils n’ont pas moins dedons pour les études et la réflexion que leurs com-pagnons premiers de la classe mais que ceux-ciont eu le privilège d’avoir des parents qui lesencouragent et les stimulent.

Reconnaître ses erreurs

Si on veut améliorer son comportement, il estabsolument indispensable de reconnaître et d’ap-prendre à corriger ses erreurs. Cela peut s’expri-mer par des excuses dès qu’on s’aperçoit qu’on ablessé ou vexé quelqu’un.Pourtant nombreux sont ceux qui ne reconnais-sent jamais leurs erreurs et ne demandent pardonque très rarement. Pourquoi est-il si difficile de solliciter le pardon ?Très souvent, les parents sont à l’origine de cette

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difficulté car eux-mêmes n’ont pas donné l’exemple.Souvent ils se réconciliaient en aparté et ne réser-vaient aux enfants que les phases de la dispute.Il arrive que des enfants remarquent que leursparents ne reconnaissent jamais eux-mêmes leurimplication dans des situations où leurs erreursont pu générer des difficultés mais en accusenttoujours les autres.Un enfant m’a confié un jour qu’il ne comprenaitpas sa mère : « Un jour j’ai posé un verre sur lebord de la table et ma mère qui passait à côté, l’afait tomber par inadvertance et bien sûr il s’estcassé en mille morceaux. Elle m’a beaucoup repro-ché mon manque d’attention car j’avais posé leverre sur le bord de la table là où il risquait detomber. Quand pour me défendre, j’ai répliqué que cen’était pas moi qui avais fait tomber le verre, elles’est mise en colère : « Si, car si tu ne l’avais pasplacé à cet endroit, je ne l’aurai pas cassé. C’estdonc de ta faute !« Pourtant, une autre fois, c’est elle qui avait poséun verre et moi qui en passant l’avais fait tomber.Elle m’a alors de nouveau reproché mon manqued’attention. Quand j’ai tenté de lui expliquer que jen’étais pas forcément le coupable puisque jen’avais fait que passer à côté du verre et que cen’était pas moi qui l’avais posé sur le bord de latable, elle s’est mise en colère.« C’est toi et seulement toi le coupable car tun’avais qu’à faire plus attention ! » Il est évident que des enfants qui sont élevés pardes adultes qui ne savent pas prendre et admettre

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leur responsabilité, auront tendance à reproduirece modèle parental lorsqu’ils seront eux-mêmesadultes et parents. Les parents doivent se souvenir que c’est Dieu quileur a confié les enfants pour une période limitéeen temps, uniquement jusqu’à ce qu’ils deviennentautonomes.Cette période est celle qui déterminera leur per-sonnalité et leur manière de se conduire dans lasociété qui les entoure : seront-ils capables des’adapter sereinement ou avec difficulté ?Et les enfants influenceront leurs propres enfantset ceci pour des générations, Dieu Bénisse. Si les parents font attention et s’ils comprennentqu’ils sont des modèles, ils s’efforceront d’amélio-rer leur comportement personnel. Cela procureraà leurs enfants une évolution harmonieuse et leurconférera l’attitude positive qui facilitera leurconduite en général envers le Créateur du mondeet envers les êtres humains.

L’amour

Si on demande aux couples ce qui les lie l’un àl’autre, il est probable qu’ils ne pourront donner deréponse précise. Tout simplement, ils affirmerontqu’ils se sentent bien en compagnie de l’autre àpartager le même toit.Ils se poseront peut-être plus avant la questionquand ils tenteront de comprendre pourquoi legrand amour qui régnait entre eux a disparu.

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Ils s’apercevront alors que tant qu’ils avaientbesoin l’un de l’autre, ils avaient l’impressiond’être très liés (es) à celui-ci. Mais à partir dumoment où ils ne ressentent plus ce même besoinde l’autre ou que celui-ci ne leur semble plus com-blé de la même manière, alors disparaît le fil quiles reliait l’un à l’autre.

Il est de coutume d’affirmer qu’il est impossible dedéfinir ce qu’est « l’amour ». La difficulté de cettedéfinition est aussi bien objective que subjective.L’amour est un processus affectif qu’il est ardu dedéfinir. Exprimer ce qu’on ressent avec des motsest toujours un exercice difficile de même que l’estle fait d’exprimer ce qu’est le goût d’un bonbondans la bouche. Même si on dit : « Je trouve qu’il est à 20 % acideet à 30 % sucré etc. » Cela ne suffira pas pourexpliquer aux autres la saveur de ce bonbon.

En général, on peut plus aisément expliquer auxautres le goût des aliments parce que tout lemonde s’accorde sur la définition du sucré, dusalé, de l’acide et de l’amer. Mais il est beaucoupplus difficile de définir ce qu’est l’amour parce quec’est un domaine sensible.

Par ailleurs, si tout le monde s’entend pour affir-mer qu’il est impossible de définir l’amour, ce n’estpas parce qu’il manque de définitions dans le dic-tionnaire qui permettraient d’en appréhender lesens. Mais l’amour est un sentiment si puissantqu’il génère à lui seul des réactions aussi surpre-

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nantes qu’imprévisibles, perturbant momentané-ment le cours naturel des choses

Le lien entre l’amour et le profit

Tandis que le but de l’amour est de créer un lienavec l’autre en s’aidant du bienfait qu’on en retire,la plupart des gens considèrent par erreur le bien-fait comme un but en soi. En réalité, ils ne sont pas amoureux de leurconjoint, mais ils sont amoureux de leur amour.Ils ne sont attirés que par le plaisir qu’ils trouventdans leur relation avec l’autre.

Nous remarquons donc chez la majorité des gensune recherche continuelle de l’amour. Ils s’imagi-nent ainsi pouvoir faire l’économie de devoir créerun lien étroit et profond avec leur conjoint (ce quiest sans aucun doute le plus important) exacte-ment comme l’enfant qui préfère lécher la crèmeau chocolat, tartinée sur la tranche de pain plu-tôt que de manger la tartine entière se privantainsi du pain nourricier nécessaire à sa crois-sance.L’image est similaire en de qui concerne le lien quiunit les conjoints. Il est effectivement possible desauter les étapes, de se passer de ce lien profondet d’apprécier le plaisir de l’amour sans relationvéritable, mais cela revient à être amoureux del’amour et non de son conjoint. Cela conduit à unplaisir temporaire mais qui ne se prolongera pas,

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un plaisir limité et non approfondi, un plaisir per-sonnel et non partagé.Au fil du temps, il risque de se produire un effetcontraire car on s’est servi uniquement de l’aspectagréable de l’amour qui ne doit pas être le butultime. Alors on perd même ce sentiment de plaisir.

Qui aimes-tu ?

Quand on dit : « J’aime quelqu’un », celaimplique quelqu’un d’extérieur à soi-même. Maisquand l’amour se heurte à l’épreuve de la réalité,on constate que l’homme s’aime lui-même. Même quand il se marie, il pense : « Que vais-jey gagner ? » Et non : « Que va gagner monconjoint de cette union ? »Même s’il réfléchit : « qu’allons-nous y gagnertous les deux ? » Il ne s’inquiète pas pour l’autrecar il répugne à épouser quelqu’un qui n’a pasbesoin de lui et à qui il ne pourra rien apporter. Quand il se demande comment va mon conjoint,c’est exactement de la même manière qu’il sedemande comment se porte la banque qui s’oc-cupe de son argent. Il ne s’intéresse ni auxemployés de cette banque, ni à ses actionnairesmais uniquement à la protection garantie et fruc-tueuse de son argent et à l’assurance qu’il pourrale récupérer quand il en aura besoin.On raconte que le Rabbi de Kotzk – que samémoire soit bénie – avait rencontré un hommequi mangeait avec appétit du poisson.

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Le Rabbi lui a demandé et sa question était aussiun peu un reproche : « Pourquoi manges-tu cepoisson ? »– « Pourquoi je mange ce poisson ? Mais parce

que j’aime le poisson ! »– « Le Rabbi remarqua : « Tu es un menteur ! Cen’est pas le poisson que tu aimes mais c’est toi-même !Si vraiment tu aimais le poisson, tu l’embrasseraiset même tu lui donnerais à manger, tu changeraisl’eau de son aquarium. C’est toi-même que tuaimes car pour concrétiser cet amour, tu tues lepoisson, tu le coupes en morceaux, tu le fais cuireet tu le manges.Nombreux sont ceux qui estiment à tort quel’amour est un domaine en soi, avec sa propre sen-sibilité et n’est pas forcément fonction du lienétroit qui unit les conjoints. Nombreux encore sontceux également qui croient que l’amour est unfait : soit il existe, soit il n’existe pas. Il serait seloneux impossible de le créer s’il n’existe pas, il seraitimpossible d’augmenter son ardeur quand saflamme se ternit. Cette opinion découle du principe erroné selonlequel l’amour serait d’ordre sentimental, affectif,spontané et de ce fait très intime et personnel.Il ne serait pas possible de le construire de l’exté-rieur s’il n’est pas présent de lui-même dans lecœur. De même on ne pourrait pas l’augmenter s’ildiminuait. Mais il n’en est pas ainsi. Il n’y a aucune raisonque l’amour et les sentiments envers les autressoient différents de tout le reste. Sa réussite

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dépend de la réflexion qu’on a investie dans sapréparation et des efforts qu’on a fournis pour legagner. Celui ou celle qui pense que puisque nous sommesmariés, il est normal qu’il (elle) m’aime et que toutce que je fais lui plaise, est semblable à celle quidemande : « Pourquoi ferais-je des efforts pourmieux cuisiner ? Je n’ai qu’à apporter à mon marides aliments fades et mal accommodés ! Puisqu’ilm’adore, il aimera certainement ce que je lui aipréparé ! » Cela d’emblée ne semble pas réaliste car le goûtest perçu par des organes prévus à cet effet :d’abord la langue qui perçoit le sucré et le salé ;puis par les côtés de la bouche où l’on distingue lepiquant. Un aliment qui n’a pas de goût seraimmanquablement perçu comme tel par lesorganes sensoriels. Il en est de même pour le lien qui unit au conjoint.Les conjoints se perçoivent mutuellement grâce àdes dispositifs sensibles que le Créateur a implan-tés dans la personnalité de chacun et qui ont pourfonction de les réunir affectivement. Si ces dispo-sitifs sont altérés ou manquants, le lien n’existerapas entre les conjoints. Penser qu’on sera aimésans avoir à investir d’efforts dans la constructionde cet amour, est une vaine espérance. Toutes lestentatives pour créer un lien sont vouées à l’échecs’il manque les dispositifs prévus pour persuaderl’autre de désirer ce lien. Bien sûr, certains racontent qu’ils ont ressenti lecoup de foudre avant même de s’être mis d’accordsur de nombreux sujets importants. Mais, de fait,

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ils n’ont ressenti que l’émotion de la nouveauté,celle de la révélation qui a jailli de leur relation.Cette relation a permis pendant un certain tempsde combler une carence affective très profondechez l’un des deux ou chez les deux. Dans la plupart des cas, quand le lien amoureuxn’a pas été bâti sur la base d’efforts conjoints, derecherches approfondies des affinités et de la com-plicité, des échanges mutuels, les liens se disten-dront obligatoirement au fil du temps. A l’occasionde petits malentendus, de dépendance moins vivede l’un à l’égard de l’autre, le sentiment amoureuxdisparaîtra et souvent pourra se transformer enhaine et en dégoût.

Parvenir à l’amour

Celui qui ne réfléchit pas profondément risque decroire que le sentiment amoureux est une situa-tion qui ne peut être affectée par des événementsextérieurs. Il existe ou n’existe pas. Mais ce n’est pas vrai. Le sentiment amoureuxavec lequel on doit aimer l’autre ne naît pas d’uneattente passive, comme un sentiment qui apparaî-trait et se développerait de lui-même mais plutôtd’une initiative destinée à le créer grâce à des pen-sées, une attention vis-à-vis de l’autre. C’est le roi Salomon qui nous l’a enseigné dans lelivre des Proverbes (27.19) « le visage est commel’eau pour le visage, ainsi le cœur de l’homme estpour l’homme. »

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Ce qui signifie : l’eau reflète la silhouette del’homme qui se penche sur elle. S’il sourit à l’eau,l’apparence qu’elle renverra sourira. S’il montre unvisage attristé à l’eau, elle lui renverra l’image dela tristesse.

Le roi Salomon nous enseigne que lorsqu’on aimel’autre, il est obligatoire que l’autre nous aime. Ce processus est très important dans la vie defamille : On peut manifester son amour pourl’autre de la manière suivante : – en étant attentif aux qualités de l’autre : il

n’existe personne qui n’ait pas de qualité. Ainsi on s’apercevra presque toujours que leconjoint a davantage de qualités que de défauts.– en accentuant les points sur lesquels son aide

est précieuse, même s’ils sont peu nombreux etmême si nous sommes persuadés que nous l’ai-dons bien plus et que notre contribution n’est paséquitable.– En ne mettant pas en évidence ses défauts. Nul

n’est parfait !De plus la plupart des défauts qu’on reproche àl’autre ne sont pas exclusivement les siens maissouvent ceux communs à la plupart des hommesou des femmes.– En se rendant compte que si le conjoint se

conduit de façon négative, c’est en grande partieparce que moi-même, je ne me conduis pas bienenvers lui.– En jugeant avec indulgence ses comportements

négatifs : il n’en est sans doute pas responsable.Peut-être n’a-t-il pas reçu l’éducation adéquate,

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peut-être a-t-il traversé des épreuves qui ont mar-qué sa personnalité etc.– En étant persuadé à 100 % que le conjoint est

notre véritable alter ego : cette moitié qui com-plète notre âme. Rien dans notre vie de couple nepeut prouver qu’il n’est pas la moitié qui nousconvient.– En se disant et en se répétant sans cesse : « Jel’aime, je l’aime ! »– en développant soi-même la pensée positive et

en se persuadant que l’autre nous aime égalementaussi fort et est heureux de notre union. Parfois, après avoir tenté d’améliorer leurs rela-tions au sein du couple en essayant de modifierleur comportement, certaines personnes ont cesséde le faire au bout d’un court laps de temps carelles ne remarquaient pas l’amélioration espérée. Il est impensable d’imaginer qu’un changementnotoire se produise immédiatement.C’est impossible. On peut constater une légèreamélioration assez rapidement mais un change-ment profond nécessite du temps (au moins plu-sieurs semaines) ainsi qu’un investissement per-sonnel sans faille pour corriger durablement desdifficultés présentes ancrées dans le temps. Rappelons-nous qu’il est bien plus facile de modi-fier ses propres pensées que d’effectuer un chan-gement dans la conduite de l’autre. Et c’est cechangement personnel qui induira le changementde l’autre en modifiant de fait les bases de la rela-tion. Pourtant malgré cette évidence, on a tendance àvouloir changer l’autre plutôt que d’estimer hon-

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nêtement la situation et d’essayer de construireune relation plus harmonieuse en changeant ennous les comportements qui peuvent lui nuire.Le processus qui consiste à mettre en valeur lesqualités de l’autre et à diminuer l’importance deses défauts se produit dans chaque couple avantle mariage. En effet il arrive souvent qu’on s’aperçoit que celuiou celle qu’on envisage d’épouser a peut-être desdéfauts insupportables et qu’il vaudrait mieuxinterrompre la relation. Malgré cela, on craint de lefaire car on ignore les points qui pourraient devenirlitigieux et on ne les prend pas en considération. Or en vérité, avant le mariage, une telle démarcheest négative alors qu’elle est positive après lemariage. Il est très difficile de changer un conjoint.Porter toute son attention sur ses défauts ne faitqu’accentuer les dissensions, la fracture senti-mentale qui s’est instaurée et cela ne fera qu’ap-profondir la vision négative du couple : le cercleinfernal s’est mis en place…

L’amour imposé

Certains s’interrogent : « Quelle valeur y a-t-ildans l’amour imposé ? »Cette question est posée essentiellement par ceuxqui n’ont pas été élevés dans l’esprit de la Torah. C’est parmi cette catégorie d’individus qu’on peuttrouver une femme qui déclare par exemple : « jeveux que mon mari m’aime comme je suis. »

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En fait cela signifie : « Quelque chose doit chan-ger dans notre famille, mais ce n’est pas moi :donc c’est toi ! »On entend aussi : « Que veux-tu de moi ? Je

suis comme cela et c’est tout ! » Ce qui signifie aussi : « Quelqu’un doit changer,mais ce n’est pas moi, c’est toi ! »Ces expressions traduisent le point de vue sui-vant : mon ego se manifeste dans ma conduitenormale et spontanée. Tous les changementsqu’on introduit soi-même sous la pression exté-rieure représentent une atteinte intolérable à monindépendance et à l’épanouissement de ma vraiepersonnalité.C’est ainsi qu’on estime que toute tentative exté-rieure de tenter de modifier sa personnalité en s’ef-forçant de s’adapter dans certains domaines,devient une agression envers le moi profond. La per-sonne éprouve alors le sentiment d’être altéré, d’êtredevenu une autre personne qui ne se conduit pas demanière naturelle et spontanée même si cela sembleplus compatible avec sa vie de couple, que cela ren-force les liens entre les conjoints et influence positi-vement l’équilibre des enfants.

L’aspect extérieur

Par la Torah nous apprenons l’importance qu’achaque action qui peut amener au rapprochementdes cœurs, même s’il s’agit d’actions qui peuventsembler insignifiantes ?

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Dans la Genèse (Beréchit 2-22), il est écrit :« L’Eternel-D.ieu construisit la côte qu’il avait prisede l’homme, en une femme et Il l’amena versl’homme. » De ce verset, la Guemara (Nida-45 b) déduit :« Cela nous enseigne que le Saint-Béni soit-iltressa les cheveux de Hava (Eve) et l’emmena chezAdam. » C’est-à-dire que le Saint-Béni soit-il la rendit aussibelle que possible afin qu’elle soit aimée par sonmari, le premier homme. Le Maharcha ajoute quebien que Hava aurait pu elle-même tresser sescheveux, le Créateur préféra faire cela lui-mêmeafin qu’elle soit plus belle aux yeux de son mari.De là, nous apprenons que même une petite action,une action extérieure comme le fait de tresser lescheveux est nécessaire et contribue à approfondir lelien d’amour entre un homme et son épouse.Il est écrit dans la Guemara Chabbat (140b) : « Ilconvient de manger de façon digne afin de ne pasapparaître comme un glouton devant son conjoint etceci peut le rendre méprisable aux yeux de l’autre. »On évitera de manger des aliments qui répandentune odeur trop forte afin de ne pas incommoder leconjoint, ce qui pourrait l’éloigner en lui inspirantdu dégoût. Telles sont quelques-uns des conseilsque donna Rav Hisda à ses filles afin qu’elles nesoient pas méprisées par leur mari.Soulignons toutefois que leurs maris étaient parmiles grands Sages de la génération mais même pourdes hommes d’une telle envergure morale, ilconvenait d’attacher une grande importance à laconduite générale du conjoint.

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La Guemara (Nida 17a) déclare que si un hommesait que son épouse a un certain défaut que lesgens ne remarquent pas habituellement, il doit fer-mer les yeux et ne pas regarder ce défaut quand ilse révèle.De même si certaines paroles ou actions duconjoint le dérangent ou le repoussent, il doits’empêcher de le regarder à ce moment-là.Par exemple, si le conjoint n’est pas agréable à voirquand il baille, il n’est pas correct de le regarderquand il le fait. Lui faire observer l’un de ses travers contribue àdiminuer la force de leur lien et donc de l’amourqui devrait les unir selon la volonté du créateur.De même, chacun s’efforcera de couvrir et decacher à son conjoint ses défauts corporels éven-tuels même si celui–ci en connaît leur présence. Souvent les gens commettent l’erreur de ne pasrespecter les règles de courtoisie l’un enversl’autre dans l’intimité, même pour un court ins-tant (par exemple en mettant les doigts dans lenez, en baillant ou en éternuant sans mettre lamain devant la bouche etc.) Ils s’autorisent cet irrespect des règles élémen-taires de politesse car ils estiment qu’avec leurconjoint, on n’est pas obligé de les respectercomme on se doit impérativement de le faire face àdes étrangers. Cette attitude est erronée. Car même s’il estlogique d’être plus détendu en famille, ces écartsde courtoisie peuvent néanmoins heurter la sensi-bilité du conjoint ou des autres membres de lafamille.

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A long terme, cela peut avoir des répercussions.Etre rebuté par son conjoint ne serait-ce que pourun court instant, est une sensation qui ne dispa-raît pas entièrement. Elle laisse son empreintedans l’inconscient et peut donc réapparaître à toutmoment. Il est écrit que Dieu fit s’endormir l’homme etensuite seulement prit une de ses côtes. Pourquoi ce sommeil ? Rachi explique : « Afin qu’il ne voie pas le mor-ceau de chair à partir duquel Eve fut créée et pouréviter qu’elle ne soit méprisable à ses yeux. De ce verset on comprend que même si le proces-sus de création d’Eve ne prit qu’une fraction deseconde, même s’il s’agit d’une personnalité aussinoble et parfaite que le premier homme, Adam, s’ilavait aperçu Hava durant le processus de sa créa-tion, cela aurait pu avoir une mauvaise influencesur leur relation.Le Créateur dans Sa grande bonté, a voulu que lelien soit très fort entre l’homme et la femme et adonc évité qu’Adam soit dégoûté de ce « spec-tacle. »

L’âge

Ce n’est pas seulement un jeune couple qui doits’efforcer de créer une ambiance harmonieusedans la maison. C’est tout aussi important chezun couple plus âgé car il affronte un autre danger :le train-train quotidien.

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Il est vrai qu’on entend moins de plaintes des deuxcôtés. Au fil des années, les conjoints ont admisqu’il existe des domaines dans lesquels il ne sert àrien de se disputer. De par leur compréhension affi-née de l’autre, ils évitent les disputes inutiles car ilsconnaissent ses goûts et savent ce qu’ils apprécientou pas. Spontanément, ils prennent les dispositionsnécessaires pour créer un climat d’affection sanseffort apparent pour être compris de l’autre. Mais laTorah nous enseigne que même à un âge avancé, ilfaut continuer de manifester des attentions à l’autreconjoint pour renforcer le couple.Il est à souligner que nombreux sont ceux qui esti-ment que puisqu’ils aiment leur conjoint, il estimpossible que celui-ci ne s’en rende pas compte.Ils sont donc persuadés qu’il est inutile de ledéclarer explicitement. Pourtant même un conjoint ne peut pas toujourslire dans les pensées de l’autre. C’est pourquoi ilfaut lui dire et lui répéter très souvent combien onl’aime et on l’estime…

Sentiments

Le mariage, c’est un engagement entre un hommeet une femme qui prévoit de :– rester ensemble toute une vie– de collaborer– de veiller à satisfaire les besoins de l’autre et ce

réciproquement– de contribuer au développement du monde

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Ce lien se manifeste à travers des milliers d’actes.Nous en étudierons quelques-uns comme l’éduca-tion des enfants, la subsistance de la famille, l’en-tretien de la maison, la préparation des repas.Ceux-ci se subdivisent en de nombreuses autrestâches qui se poursuivent tout au long de la vie ducouple.Il est impensable qu’un homme puisse téléphonerde son travail à sa femme pour lui dire : « Je nerentrerai pas ce soir mais dans une semaine » .Sa femme s’inquiéterait : « Que se passe-t-il ? »Et il répondrait : « Parce que j’en ai envie… ».De même, il serait impensable qu’une femme diseà son mari : « je ne m’occuperai plus du ménagede la maison et des enfants » Il lui demanderait :« Que se passe-t-il, tu es malade ? »Et elle répondrait : « Non je vais bien grâce àDieu, mais je n’ai pas envie ».Si de telles choses se produisaient, cela signifieraitque cette maison, ce foyer n’a plus de valeurs etqu’il y a un gros problème.

Un homme s’engage dans le mariage avec un butunique : assouvir le besoin que Dieu a introduiten lui de rester en compagnie d’une femme et delui offrir la tendresse dont elle a besoin. Par ailleurs, il se doit de recevoir d’elle des encou-ragements et une considération chaleureuse. Pour obtenir tout cela, l’homme est prêt à se lan-cer dans la vie de famille, les soucis financiers,l’éducation des enfants etc. uniquement pourobtenir en retour l’affection qui lui est nécessaire. Et pourtant, quand on observe certaines familles,

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cet essentiel manque. Souvent l’un des deux par-tenaires attend de l’autre sa reconnaissance, sim-plement un contact plus chaleureux, plus affec-tueux, mais il se dit :« Non pas cela, pas moi » ou « ce n’est pas vrai,c’est hypocrite », « je ne peux pas ou encore je vou-drai bien le dire, mais les mots ne sortent pas dema bouche. »

Par expérience lors de mes rencontres avec denombreux couples, j’ai découvert que la plupartdes problèmes proviennent du fait qu’il y a peud’échanges sur le mode positif, pas assez de com-pliments. Au contraire dans les foyers où chacun s’appré-cie, où la communication est aisée et chaleu-reuse, les liens se resserrent encore davantage.Les enfants baignent alors dans un climat pluspropice tant du point de vue spirituel qu’affectifet physiologique.

Nécessité des encouragements

Chacun préfère la considération à tout autrechose. Souvent les femmes se plaignent qu’ellesne manquent de rien mais que tous les objets nereprésentent rien à leurs yeux, car l’essentielleur manque : les encouragements de leurconjoint. Elles disent encore : « A quoi me sertla position élevée de mon mari s’il ne s’occupepas de moi. »

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Et les maris affirment : » Je suis prêt à renon-cer à tout le confort de ma maison pour avoir unpeu plus de considération et de chaleurhumaine. »

Les compliments comme une Tsedaka

Il est écrit dans la Guemara : Quiconque donneune pièce à un pauvre, est béni par 6 bénédic-tions. Quiconque le réconforte par des paroles estbéni par 11 bénédictions. Cela semble incompré-hensible dans un premier temps car après tout, cepauvre demande de l’argent pour s’acheter à man-ger et on ne lui donne que des mots ! Est-ce qu’avec ces mots, il pourra se rendre dansun magasin et s’acheter à manger, les utilisercomme monnaie d’échange ? En fait, ce dont le pauvre a besoin, c’est un peu deconsidération humaine qu’il ne peut obtenir quepar des encouragements et une certaine déférence.Cela est encore plus criant dans les relationsfamiliales. Le mari travaille dur, mais il le fait,sachant que c’est pour le bien-être de tous lessiens. De la même manière, la femme investit tousses efforts dans le bon fonctionnement de la mai-son. Donc chacun se consacre corps et âme à sa familleque ce soit en termes de temps ou d’énergie. Pourtant, ils sont avares d’encouragementsmutuels alors qu’un compliment sincère ne repré-sente pas un effort physique considérable.

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Le compliment comme un lien

L’encouragement a un but : créer un lien positifentre les époux.Quand on demande à un homme pourquoi il estmarié ? il répond : « Nous avons des enfants encommun ou une maison commune ou encore nousnous avons l’habitude de vivre ainsi ensemble.Il n’a pas répondu à la question initiale mais à cetteautre question : Pourquoi ne divorces-tu pas ?Dans sa réponse, il évoque des chaînes qui l’enfer-ment dans le mariage sous la forme d’enfants …Cet homme n’est pas lié à son épouse par un lienpositif mais par un lien négatif. Le but du compli-ment est de gommer l’aspect négatif de manière àdévelopper une relation positive.

Le compliment incite à l’action

Le but du compliment n’a pas que pour objetd’instaurer un bon climat à la maison mais aussid’encourager son partenaire dans différentsdomaines :– dans la bonne marche de la maison– dans sa disposition à changer pour s’adapter à

l’autre.Quand un petit enfant accomplit des progrès, parexemple quand il commence à marcher à quatrepattes, nous lui disons : « Comme tu vas vite ! »Quand il apporte un petit objet léger, on le compli-mente comme si cet objet rapporté était très lourd

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afin de l’encourager à persévérer dans ses effortset à progresser dans ses apprentissages …Il semble facile d’adresser ces compliments à unenfant pour le stimuler. Alors pourquoi un époux aurait-il du mal à encou-rager chaque effort que fait son épouse et viceversa, puisqu’à travers l’exemple de ses enfants, ilpeut prendre conscience de l’impact d’un compli-ment et de la stimulation qu’il procure pour sur-monter les difficultés de la vie quotidienne ?

Un compliment pour convaincre

Si les époux montraient davantage leurs senti-ments et l’admiration qu’ils éprouvent mutuelle-ment l’un à l’égard de l’autre, ils pourraient toutobtenir.Le Chlach Hakadoch explique ainsi le proverbe duRoi Salomon : « Ne réprimande pas le sot, depeur qu’il ne te haïsse, mais le sage t’aimera :« Dis –lui qu’il est un Sage et il t’aimera car lesgens aiment qu’on leur fasse des compliments. Ilfaut dire aux gens ce qu’ils aiment entendre ».

Pourquoi est-il si difficile de faire un compliment ?

Tout le monde reconnaît que si on se congratulaitdavantage au sein de la famille, les relations

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seraient plus harmonieuses. Et pourtant, en règlegénérale, les époux ne font pas d’effort dans cesens.Un jour deux personnes sont venues me voir. Luim’affirma qu’il travaillait bien plus durementqu’elle et elle, qu’elle n’arrêtait pas à la maison. J’ai dit au mari : « Si tu veux qu’elle le recon-naisse, dis-lui que tu comprends qu’elle aussi abeaucoup de travail.Elle pourrait répondre : « Ah, tu remarquesenfin ! Alors prends un balai et aide-moi ! » Maisje pense plutôt qu’elle lui répondra :« Non, toi tutravailles bien plus que moi ! »

Ce qu’on perd en ne faisant pas de compliments

Le manque de nourriture crée une sensation defaim. Le manque de compliments lui provoque unecertaine impatience vis-à-vis des petits détails etsuscite davantage d’exigence pour des futilités.Un jour, quelqu’un m’a dit que sa femme exigeaitpour elle, des voyages à l’étranger, des vêtementsetc. Je lui ai expliqué qu’en fait, son épouse ne recher-chait que des compliments et que s’il avait pris lapeine de les lui prodiguer, cela ne lui aurait pascoûté aussi cher !...Si cette femme exigeait tant de choses qui coû-taient si chères, c’était uniquement pour attirerson attention.

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Il est évident que quand de telles exigences appa-raissent, cela cache tout simplement l’envie d’êtrereconnu en recevant des compliments.

Intérioriser le compliment

Il faut savoir qu’une critique ne s’oublie pas maisqu’un compliment s’oublie vite.La preuve : On ne se souvient pas que l’autrenous ait fait des compliments dernièrement alorsqu’il nous affirme tout le contraire.Pour que le compliment soit apprécié, il faut :– affirmer beaucoup de paroles de louanges– les prononcer avec conviction pour que cela

confirme aux yeux de l’autre que l’on pense vrai-ment ce qu’on dit– les répéter après un certain temps– faire les compliments que l’autre aime entendre,qui le toucheront et lui feront vraiment plaisir.

Parfois la femme sous-entend qu’elle attend deséloges, elle demande : « la soupe est- elle assezsalée ? etc. Le mari s’étonne : « Tu vois bien que je l’apprécie !Pourquoi devrais-je te le dire expressément ? » .C’est vrai qu’elle le voit mais pour elle, l’essentielc’est de l’entendre. Un bon mari non seulement remercie son épouse,mais il l’encourage.Et bien après le repas, il remarquera : « C’estvrai que ta soupe était excellente ! »

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Pourquoi ? Parce qu’au moment du repas, elles’attendait à ce compliment et c’était normal. Maisaprès le repas, elle ne s’y attend plus et cela luiprouvera que son mari la considère en appréciantréellement tout ce qu’elle fait.

Des compliments intéressés ?

Il arrive qu’on entende un mari affirmer être sûrque d’ici deux minutes, sa femme va lui demanderquelque chose car celle-ci vient juste de lui direcombien elle le trouvait beau, élégant, gentil… » Ilen conclut qu’elle va exiger quelque chose. Si on ne fait des compliments que dans le butd’obtenir quelque chose, c’est très préjudiciablecar on le fait dans un but peu avouable. Pourquoi ne pas faire ces compliments plutôtquand on n’a besoin de rien de particulier enéchange ?

Des compliments humiliants

Il existe aussi des compliments qui peuvent appa-raître humiliants : « Ces derniers temps, tu as faitdes progrès…. » Un jour j’ai demandé à une femme si elle faisaitdes compliments à son mari. Elle a affirmé que ouipuisqu’elle lui disait : « Tu es un bon père. »Par contre, lui, affirmait tout le contraire.

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Comme je lui faisais remarquer qu’elle disait de luiqu’il était un bon père, il me répondit que cela nesignifiait pas qu’il était un bon mari. Et c’était celaqui le dérangeait !

Le danger de repousser des compliments

Un jour, une femme vint se plaindre que son marine lui faisait pas de compliments. Il reconnut lesfaits, mais affirma que c’était de sa faute à elle.Un jour, pendant le repas, je lui ai dit que c’étaitvraiment très bon, et je le pensais sincèrement.Elle m’a répondu : « Non ! C’est parce que tuavais très faim ! »« Un autre jour, je suis allé lui acheter le vêtementdont elle avait envie ; en rentrant à la maison, lesoir, je le lui ai offert et sa réaction a été : « Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as reçu une augmentation ? » « Une autre fois, je lui ai apporté des fleurs et toutce qu’elle a trouvé à dire, c’est : « Que s’est-ilpassé ? C’étaient les soldes ? » Voici ce que je lui ai répondu : « Tu dois com-prendre que si elle pense que tu étais affamé, tudois répéter : « Non, non, c’était vraiment trèsbon ! » Quant au vêtement, elle voulait que turépliques : « Non ! Je l’ai acheté parce que jesavais que cela te ferait plaisir et parce que jet’aime », tu aurais dû faire la même chose pour lesfleurs. Je leur ai expliqué à tous les deux que parfois l’unexprime une chose, l’autre comprend le contraire

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et c’est ce qui entraîne des malentendus et desproblèmes. Le véritable message était : « Dis-le-moi encoreune fois ». Quand on offre un cadeau à unhomme, il demande combien ça a coûté et à quoiça sert… Certes, il est content car il est sensible àl’attention mais il pose néanmoins ces questions. La femme a une approche plus sensible. Ellecherche à comprendre ce que le cadeau signifie, ceque son mari a voulu exprimer en le lui offrant,quelle est la preuve de ce qu’il est prêt à faire pourelle.C’est pourquoi, elle appréciera tout particulière-ment les fleurs qu’il lui offre. En effet, une femmeattache davantage de poids au geste qu’à la valeurde l’objet. Nous savons que c’est justement lafemme qui est adorée par son mari qui lui deman-dera sans cesse : « Pourquoi tu ne m’aimes pas ? » Le mari, peu au fait du psychisme féminin a dumal à le comprendre et à l’accepter. Tout ce qu’elledésire au fond, c’est être rassurée sur son amouret qu’il le lui répète encore et encore.

Besoin d’air

Pour que l’atmosphère de la maison soit détendue,il est souhaitable que la femme sorte au moins unefois par semaine à un cours de Torah ou assiste àun stage. Cela implique que le mari : – rentre plus tôt à la maison pour qu’elle puisse

s’organiser

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– prenne en charge les enfants pour le repas, ladouche, les devoirs et le coucher– fasse en sorte qu’elle n’ait plus rien à faire

quand elle rentrera à la maison.Ce serait bien que la femme note en détail cequ’elle attend de lui. Car même s’il fait tout cequ’il estime devoir faire, elle pensera que cen’est pas exactement ce qu’elle souhaitait, le luidira et il le prendra mal... Il serait bien égale-ment qu’à son retour elle lui exprime sa satis-faction.

Critiquer l’action et non la personne

Il n’est pas souhaitable de critiquer ainsi :Pourquoi as-tu fait cela. ? Tu es fou ?Te rends-tu compte de ce que tu as fait ?Au lieu de critiquer l’acte en lui-même, on critiquela personne. Il vaudrait mieux dire :« Je n’ai vraiment pas apprécié ce qui a été fait ». Ainsi formulée, la remarque n’est pas blessante etil (elle) la prendra en considération.Mais une critique formulée de manière négative etfermée n’apportera aucune réponse. Il est essentiel de se rappeler qu’une remarque, sion veut trouver une solution à un problème donné,ne doit pas ressasser le passé mais doit être axéevers l’avenir : Comment agir à présent ?

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Critiquer en expliquant

Souvent la critique n’est pas argumentée, alors lapersonne s’estime attaquée sans raison. Par exemple, un mari arrive en retard à la maison.Sa femme lui dit : « Je n’ai plus la force de t’at-tendre ! » ou encore : « A force d’être réchauffé,le repas a brûlé à cause de toi » .Bien sûr, tout ceci est dit devant la porte d’entréeet sur un ton peu engageant…Quand on veut exprimer des critiques, il faudraitd’abord : se calmer, ne pas crier à la porte de l’ap-partement mais une fois installés tranquillement,expliquer : « Je sais que les gens aiment te parler,que tu as sans doute été retenu un peu malgré toimais que s’est-il passé exactement car tu es vrai-ment très en retard ? » On peut critiquer mais enexplicitant la raison de cette critique.

Compétition dans la critique

Il vaudrait mieux éviter de renchérir dans la dis-pute. Par exemple, rajouter : « Tu n’aurais pas dûagir ainsi mais plutôt de telle manière. Moi, à taplace j’aurai fait comme cela et c’est sûr, ça auraitmarché ! » La meilleure réaction de la personne qui critiqueserait plutôt de rétorquer : « Nous n’aurions pasdû agir ainsi » ou encore : « la prochaine fois nousagirons autrement ! »

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Des situations où l’on ne doit pas critiquer

Rav Dessler explique dans son livre MihtavMééliahou qu’il est interdit de critiquer si ce n’estpas pour réparer mais pour faire du mal. C’estpourquoi :– Il est interdit de critiquer l’autre dès qu’il arrive

à la maison. Il est sorti toute la journée, il a tra-vaillé avec tous les problèmes que cela implique ettout ce qu’il souhaite à son retour c’est d’êtreagréablement accueilli à la maison. Ou au contraire, la femme a subi des pressions eta dû régler des problèmes toute la journée et si sonmari commence à la critiquer dès qu’il arrive, ellepensera : « Pourvu qu’il revienne plus tard la pro-chaine fois ! » Bien entendu, l’homme n’aime pas entendre pareilleremarque mais dans ce cas, c’est lui-même qui l’agénérée et il ne doit s’en prendre qu’à lui-même.– Il ne faut pas critiquer l’autre au moment où il

sort de la maison car il restera toute la journéeavec cette impression désagréable. Il remarqueraqu’ailleurs, cela se passe mieux et en tirera desconclusions hasardeuses pour la paix du foyer.– Il ne faut pas critiquer quand l’autre tente de

faire des efforts. Il se dira : « Moi je fais des effortstandis qu’elle sabote tout. Autant arrêter dem’évertuer pour rien. »– Il est interdit de critiquer son conjoint devant lesautres car en plus de l’humilier en public, celasignifie : « Je ne te soutiens pas » et cela enlèvele sentiment de complicité et d’unité à l’intérieur

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du couple. Au contraire, il est important de mettreen évidence la solidarité du couple : « Noussommes ensemble, nous nous protégeons l’unl’autre contre tous. »– Il ne faut pas critiquer immédiatement après

avoir constaté un acte qui nous semble répréhen-sible. Il vaut mieux attendre car il est préférableque l’autre en prenne conscience spontanémentou qu’il soit ouvert à la critique

Attention ! Critique !

Bien que la critique soit bénéfique pour tout lemonde, il existe cependant des domaines qu’il nefaut pas toucher, qu’on ne puisse changer :– l’apparence physique– l’origine ethnique– les faiblesses dont l’autre est conscient, dont il

souffre et qu’il ne faudrait pas utiliser contre lui.

La colère comme moyen d’expression

La colère est un moyen d’expression pour obtenir cequ’on ne peut obtenir par les moyens habituels.Léa prétend que son mari, lorsqu’il désire quelquechose, crie tout le temps. Je lui ai dit que peut-être c’est parce qu’il n’obtient rien, s’il le demandegentiment. Il se croit donc obligé d’utiliser le stra-tagème qui marche.

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Léa me demanda : « Que faire ? » Je lui ai répondu qu’à partir de maintenant, elle nedevait répondre favorablement à ses demandes quelorsque celles-ci étaient formulées avec gentillesseet devait tout ignorer dans le cas contraire jusqu’àce qu’il comprenne et modifie son comportement.

Manque de discernement dans la colère

Parfois on crie pour rien : pour un verre cassépour de l’eau renversée. On se met en colèrecomme si quelque chose de très grave s’étaitpassé.Le conjoint sur qui on crie se demande pourquoiun tel déchaînement de fureur contre lui.

Il peut arriver que l’autre conjoint espérait uncadeau pour son anniversaire : il attendait etattendait mais n’a rien reçu. Il n’a rien dit, mais agardé cela en son cœur. Et alors, c’est un petitdétail qui déclenche sa colère : « il ne s’occupepas de moi ! Non seulement il ne m’a rien offertmais en plus il a cassé… ! »

Encore des conseils pour éviter de se mettre en colère

Il peut arriver que le mari rentre à la maisonaprès une dure journée de travail et déjà à la

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porte, sa femme lui annonce : Chmouel a faitceci, David cela et Rivka ne m’a pas aidée…Immédiatement il se défoulera sur les enfants,non par souci éducatif, mais parce qu’à caused’eux, il n’a pas reçu l’accueil qu’il était en droitd’attendre. C’est aussi un message envers sa femme : « Tun’arrives pas à t’en sortir, tu as besoin de m’at-tendre ! »Alors la femme se plaint. Elle a soi-disant pitié desenfants. Et c’est alors que la dispute éclate.Alors elle demande : « Pourquoi les frappes-tu ?» Et il répond : « parce que tu m’y as invité en teplaignant ! Et c’est toi qui en fais toute une his-toire ! » Finalement chacun recevra une claque etse réfugiera dans son coin…

Chacun a besoin d’être apprécié

Il y a des gens qui aiment bien retourner chezleurs parents à la déception de leur conjoint.Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils se sententmieux considérés, mieux aimés et se sentent chezeux chez leurs parents. Il en est de même pourcertains hommes qui ne se pressent pas de ren-trer et préfèrent rester au travail car là ils ontl’impression d’y être reconnus, appréciés tandisqu’à la maison, ils font l’objet de critiques perma-nentes.

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Réconciliation

Chacun doit apprendre comment se réconcilier, enprenant conscience :– qu’il existe des différences de caractères et donc

de réactions.– que les difficultés dues au travail provoquent

des tensions auxquelles s’ajoutent celles généréespar la vie au quotidien.Tout cela provoque inévitablement des tensions ausein du couple. Il est pratiquement impossible deles éviter. Il faut donc apprendre à les gérer afin de ne pasretomber dans la spirale infernale de la discorde.Pour cela, les conjoints doivent apprendre à s’ex-cuser et à se pardonner mutuellement. Parfois, au lieu de demander pardon, on achèteun cadeau. Cela ne suffit pas : en plus du cadeau,on veut entendre les mots d’excuses même s’il estdifficile de les prononcer quand on n’a pas reçud’éducation en ce sens. Mais n’oublions pas quenous sommes des exemples pour nos propresenfants et y penser nous convaincra peut-être dela nécessité de faire cet effort pour eux aussi.

Dialogue

Il existe deux façons de parler :– La parole pesée : c’est une parole préparée,

réfléchie.

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– La parole courante, usuelle qui n’est pas mûrie.Elle reflète spontanément les sentiments et le cer-veau ne sert qu’à les formuler.Nos sages affirment : « Que l’homme soit tou-jours la queue des lions et non la tête desrenards… »Cela signifie qu’il vaut mieux que la bouche soitasservie à l’intellect, qu’elle n’exprime que ce quiest logique et surtout que le cerveau n’y soit passoumis. Il vaut mieux être la queue du lion.Dans un dialogue, il y a plusieurs points qui sontimportants :– préparer son propos – s’exprimer posément sans crier – écouter l’autre. Certaines personnes me confientque tout dialogue avec le conjoint est impossiblecar il n’arrête pas de parler et ne lui laisse pasplacer un mot…

Le bon dialogue

Non seulement un bon dialogue est productif,mais il est aussi profitable pour tout l’entourage.Pour faciliter ce dialogue, il vaut mieux s’asseoir àcôté de son conjoint car cela favorise l’intimité.Il faut réfléchir à ce qu’on va dire.Pour montrer que l’on est à l’écoute, il faut releverce que l’autre dit d’intéressant le plus souvent pos-sible.Un jour, une femme, Yael s’est plainte que sonmari ne l’écoutait pas. Je lui ai demandé ce que

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cela signifiait pour elle. Elle m’a répondu quequand elle lui parlait, il faisait en même tempsautre chose. Quand j’ai questionné, le mari, il m’adit qu’il l’écoutait. Cet homme était chauffeur de car. Il avait doncl’habitude qu’on lui parle sans détourner sonregard de la route et sans regarder de fait soninterlocuteur. Quand je lui en ai fait la remarque,il a compris qu’il y avait une différence entre unpassager de son bus et sa propre femme.Un jour Hanna m’a dit que son mari ne la trouvaitpas intelligente. Je lui ai demandé ce qui lui faisaitpenser cela et elle m’a répondu : « Chaque foisqu’il m’explique quelque chose il me demande sij’ai bien compris. »En ayant discuté avec eux, il s’est avéré qu’àchaque fois qu’il lui parlait, elle ne réagissait pas àses propos. Il en avait donc conclu qu’elle ne com-prenait pas.

Fixer des moments pour se parler

Un couple qui veut garder des relations étroites etchaleureuses doit se préserver des moments pourparler en tête à tête au moins un quart d’heure parjour.Autant choisir des moments calmes, quand lesenfants dorment. Il est conseillé de décrocher le téléphone, de separler dans un endroit net et agréable, quand l’unet l’autre sont détendus, propres : en effet, une

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apparence correcte donne à l’autre l’envie de venirs’asseoir à nos côtés.On se montrera avenant. On commencera à parlerde choses peu importantes, bien calés dans unfauteuil dans une atmosphère de détente favoriséepar un éclairage tamisé peu agressif…

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tmnh hn khj ,at

En premier lieu, ma gratitude et ma reconnais-sance vont à mon épouse rcj ,at pour toutel’aide et la possibilité qu’elle m’a donnée pourpouvoir étudier et enseigner la Torah.

ELISHEVA BAT TAITA t��yhk,at��yhk,a t,ht, ,c gcahkt

Lorsque le peuple d’Israël apprit que l’Eternelavait donné à Aaron Hacohen l’ordre de faire‘‘monter’’ la flamme du chandelier dans leTabernacle, il demanda au Saint, béni soit-il :“Toi, l’Eternel, qui éclaire le Monde entier et tuvoudrais que nous t’allumions une lumière etfassions monter sa flamme ?’’Et D-ieu leur répondit : « cette prescription estdestiné à votre profit et non au mien. En faisantmonter la flamme de mon ‘‘Chandelier’’, vousapprendrez également à faire monter la flammede votre âme qui constitue la lumière divine devotre être. »Ce Midrach s’applique parfaitement à monépouse h,at qui elle, ne se contentait pas d’ali-menter en elle la flamme intérieure, mais àl’instar d’Aharon Hacohen au Tabernacle, elle asu par sa grande générosité, avec une grandemodestie et beaucoup de discrétion, allumer laflamme du CHALOM chez autrui.

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Remerciements aussi à mes enfants �hjha

ELINOR SIM’HA vjna rubhktYOSSEPH ‘HAIM ohhj ;xuhAVIGAEL RAYMONDE sbunr ktdhctNATANAHEL MOCHE van ktb,b‘HAVA LEA ‘HAYA vhj vtk vujARIE ISRAEL ktrah v¶hrt

ohnhgbcu cuyc u��hvint gpau gah curc ovhkg id, vru,v ,ufz

* * * * *

Et aussi à ma chère belle-mèreMme la Rabbanite

TAITA BAT ATOU t��yhk,at��yhk,a uyg ,c t,ht, ,hbcrv

int ohbau ohnh lrut

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vfrcu vsu, cuyv ,rfv

sucfk h,frcu h,su, vzc ghcn hbbv 'vru,k ohkgp cr rehv hshsh ohcrv vfzn sxju vesm ;sur

A Gregory AVI BEN GHOZI

Et son cher frère

Jonathan ELI MAKLOUF

BEN GHOZI

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* * * *

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aseun vz rpx

htv ,nab hukgku ohnkug iurfzk trhehu tcr trcd

Ce livre est dédié à la mémoire de

kwwz vbj ic ktrahIsraël (Jean) Ben ‘Hanna

CHARITONSKY kwwz

Décédé le Mardi 19 SIVAN 574716/06/1987

v/c/m/b/,* * * *

trheh trcd htv ,nab hukgku iurfzk

A la mémoire de

kwwz hembuyhra ktrahu ykup ic vnke Kalme Ben Paulette

et Israël CHARITONSKY kwwzDécédé le Lundi 21 NISSAN 5753

12/04/1993

uhnh hnsc ;yebav/c/m/b/,

* * * *

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Ouvrage publié avec l’aide généreuse de mon cher ami

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'vhsnuku vru, cvut trhs, urmut thv wv ,trhu

Eric ben Yaacov (Jacob) SARFATIA sa très chère épouse

Mme Anne-Marie SARFATI

Et à leurs chers enfantsYaacov (Jacob) SARFATI A l’occasion de sa Bar Mitsva

Et sa sœur ‘Hannah SARFATI

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* * * *

trhehu tcr trcd htv ,nab hukgku iurfzk

Ce livre est dédié à la mémoire de

Abraham (Albert) Ben Esther ABÉCASSIS kwwz

Décédé le 13 KISLEV

7/12/1984

v/c/m/b/,

* * * *

khj ,at ,nab hukgku iurfzk ,rn vgubmvu vrafv vrehv vahtv

Yacot (gota) Bat Mira ABÉCASSIS vwwg Décédée le 5 ADAR

08/03/1982

v/c/m/b/,

* * * *

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Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance à mon cher ami et frère

sucfk h,frcu h,su, vzc ghcn hbbv ;sur 'vru,k ohkgp cr rehv hshsh vru, cvut ohcrv vfzn sxju vesm

urmut thv wv ,trhu 'vhsnuku

Jacques (Yacov) ABÉCASSIS ¶jwha

Et pour la réussite et la protection de

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Fabrina ABÉCASSIS

Kim ABÉCASSIS

Eden ABÉCASSIS

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* * * *

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Dédié à la mémoire de

Avraham ben Elise CORONEL kwwz

Décédé le Mardi 12 ELLOUL 5760

v/c/m/b/,

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Haya Tsipora Bat Guitia wh,a

(jeune fille Rubin)

* * * *

‘Hanania ben ‘Haya Tsipora wjhaCORONEL

Myriam bat Nicole wh,a CORONEL (jeune fille Benmaor)

David ben Myriam wh,a CORONEL Ilan ben Myriam wh,a CORONEL

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* * * *

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Ouvrage publié avec l’aide généreuse des familles

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***

• Famille KRIEF Chalom et sa femme Yael et

leurs enfants Etan Anael et Elza

A la mémoire de leur cher fils et frère

BINYAMIN BEN YAEL ET CHALOMkwwz kgh ic ihnhbc uhnh hnsc ;yeba

v/c/m/b/,

***

• Patrick Avraham FAROUZE ben Zarahet son épouse Myriam bat Dona et leursenfants

• Régis BEN-SOUSSAN sa femme Yael et

leurs enfants Matatya et ‘Hava

• Uriel HERZBERG et son épouse Isabelle et

les enfants David Myriam Eytan Alex et

Yoan.

• Yoham BAROUK et sa chère mère Esthercurec raf duuhz

• Nissim SHABBATH sa chère femme RuthNadine et leurs enfants.

• Amihai SHOSHAN sa femme Magali et leurs

chers enfants et petite-fille.

• Jean-Claude ZEITOUN sa très chère femme

Yeoudit et leurs enfants et petits enfants.

• Moshe BELLITY sa femme Dina et leurs

enfants…

• Yosseph SAADOUN sa femme Miryam et

leurs enfants et petits enfants

• Iren KRAUT et sa très chère sœur CaroleTOPYOL curec raf duuhz

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Je tiens à témoigner toute ma reconnaissanceà la famille

David Ben Chalom MADAR

Liza Bat Dona

Et aux enfants

Sara Bat Liza

Tsipora Bat Liza

Et ‘Hava Bat Liza

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Je témoigne toute ma reconnaissanceà la famille

Eliyaou ben ‘Hamsa BENILLOUCHESa femme Naomi bat Mikhal

et leurs enfants.

‘Haï Ben Eliyahiou BENILLOUCHE Sa femme ‘Hamsa Bat Ra’hel

Et leur chère fille Sarah Bat ‘Hamsa

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Je témoigne toute ma reconnaissanceà la famille

Claude SARFATISes enfants et petits enfants

Et à la mémoire de leur très chère femme,mère et grand-mère

Danielle ‘Hanna Ninette SARFATIDécédée le 17 TAMOUZ 5766

v/c/m/b/,

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Je témoigne toute ma reconnaissanceà la famille

Eric DOUIEB

et sa chère épouse Bettina

et leurs enfants

Pour tout le travail investi dans ce livredepuis des mois

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