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Rêves d’enfants jeux et jouets de l’Anti-Atlas et du Sahara brochure pour l’exposition ‘rêves d’enfants’ à Turin Jean-Pierre Rossie Gand 2013

Rêves d’enfants : jeux et jouets de l’Anti-Atlas et du Sahara. Brochure pour l’exposition ‘Rêves d’Enfants’ à Turin

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Rêves d’enfants jeux et jouets de l’Anti-Atlas et du Sahara

brochure pour l’exposition ‘rêves d’enfants’ à Turin

Jean-Pierre Rossie

Gand

2013

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Photo page titre :

Vue partielle de l’exposition ‘Rêves d’Enfants’ : crescere giocando dal

Marocco a qui, Turin, Italie, 2010, photo de l’auteur

Avec 56 photos couleurs et une carte

© 2013 Jean-Pierre Rossie

Les droits d’auteur des figures 1 et 57 n’appartiennent pas à l’auteur

mais à l’ Instituzione Torinese per une Educazione Responsabile

(ITER) de la ville de Turin

A l’exception d’une utilisation pédagogique et non-commerciale, toute

reproduction ou utilisation, intégrale ou partielle, par quelque procédé

que ce soit, faite sans le consentement écrit de l'auteur est illicite

Jean-Pierre Rossie, Gand, Belgique

E-mail : [email protected]

Internet : http://www.sanatoyplay.org

Cette brochure est disponible sur Scribd http://www.scribd.com

(voir Jean-Pierre Rossie) et sur le site personnel de l’auteur

http://www.sanatoyplay.org

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Sommaire

Introduction Jeux d’adresse

Jeux de faire semblant

Jeux de faire semblant : le monde du transport

Jeux de faire semblant : les maisonnettes et la dînette Jeux de faire semblant : scènes du quotidien

Jeux de faire semblant : la fête de mariage

Jeux de faire semblant : musique et festivités

Achoura : une fête des enfants au Maroc

Imachar : une mascarade des jeunes hommes La poupée belghenja et la demande de pluie

L’espace public et le groupe de jeu

Les relations entre enfants

Jeux de filles et jeux de garçons Les relations entre enfants et adultes

L’évolution de la culture ludique

Utiliser la culture ludique des enfants marocains

Conclusion Références

Introduction

En novembre 1988 je suis venu pour la première fois à Turin suite à l’invitation de Walter Ferrarotti à participer à la 1ª Biennale del Giocco

e del Giocattolo. La Creativita et y parler des jeux et jouets des

enfants nord-africains et sahariens. Je suis encore reconnaissant pour

cette invitation car elle m’a fortement stimulée à ne plus regarder la culture ludique uniquement comme une manifestation collective mais

aussi comme l’expression de la créativité des jeunes joueurs et

créateurs de jouets. Qui aurait pu s’imaginer alors qu’environ vingt

années plus tard le Centro per la Cultura Ludica et l’Instituzione Torinese per une Educazione Responsabile (ITER) de la ville de Turin

organiseraient une importante exposition et des événements

pédagogiques et ludiques consacrés aux jeux et jouets des enfants

marocains et sahariens.

A la base de ce projet, initié par Giorgio Bartolucci et Maria Carla Rizzolo, se trouve mon don de 268 jouets presque tous réalisés par

des enfants sans intervention d’adultes ainsi qu’une série de photos

s’y référant. L’exposition ‘Rêves d’Enfants’ crescere giocando dal

Marocco a qui a été inaugurée à Turin le 20 novembre 2010 et a pris fin en décembre 2012 (fig. 1).

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Pendant l’année 2013 une

version itinérante de cette exposition se prépare et sa

mise en route est prévue

pour la fin de cette année. La

brochure qui m’avait été

commandée n’a pas été publiée suite aux problèmes

financiers de la ville de Turin.

J’ai pris la décision de la

publier quand même sous forme digitale pour qu’elle

puisse encore servir dans le

cadre de l’exposition itiné-

rante. En même temps la brochure offre un aperçu de

la créativité des enfants de

l’Anti-Atlas et du Sahara et

en met en avant quelques

aspects socioculturels.

Origine des jouets du don au Centra per la Cultura Ludica

Sauf quelques exceptions, les jouets du don au Centro per la Cultura Ludica de Turin ont servi en premier lieu dans les jeux des enfants de

l’Anti-Atlas ou du Sahara entre 2002 et 2008. Ils sont donc le témoin

de la culture ludique actuelle de ces enfants dans laquelle la tradition

et la modernité se côtoient quotidiennement.

Les montagnes de l’Anti-Atlas au

sud du Maroc forment l’aire

géographique dont proviennent la grande majorité des jouets exposés

(fig. 2). Cette région ressemble plus

ou moins à un triangle délimité par

une ligne imaginaire allant de Tiznit

à Guelmim en passant par Sidi Ifni, puis de Guelmim à Tafraoute et de

Tafraoute à Tiznit. Il s’agit de jouets

créés par des enfants vivant dans

des villages ou des villes rurales. Ces villages sont Douar Ouaraben dans la périphérie de Tiznit,

Ikenwen à 29 km de Tiznit sur la route à Tafraoute, Timgrad à

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environ 10 km d’Ikenwen, Ifrane a/s (Atlas Saghir) à mi-chemin

entre Tiznit et Guelmim, Idoubahman-Imjad à 24 km d'Ifrane a/s en direction de Tafraoute, Terloulou à 26 km de Tafraoute en direction

de la haute montagne, Igisel près des sources chaudes d’Abaynou à

côté de Guelmim et Lahfart près de Sidi Ifni. Tous ces villages de

l'Anti-Atlas (fig. 3) sont petits sauf Ifrane a/s qui est un centre rural

avec une école secondaire et une assez grande palmeraie.

Dans les villages la population vit surtout de l'agriculture, souvent

encore suivant des méthodes séculaires, de la production des oliviers,

arganiers, pommiers et autres arbres fruitiers, de l'élevage du grand ou petit bétail. Un bétail parfois gardé par des filles ou des garçons.

La population de ces villages parle le tachelhit, une des trois langues

amazighes (berbères) du Maroc sauf à Igisel ou on parle aussi bien le

tachelhit que l’arabe marocain. Une fois que les enfants parlant

tachelhit vont à l’école primaire ils apprennent l’arabe car l’enseignement se fait dans cette langue.

Certains jouets proviennent de deux villes situées au pied de l’Anti-

Atlas. Sidi Ifni est une petite ville côtière à 170 km d'Agadir. Le tourisme y est d’une certaine importance avec des touristes

européens venant surtout en hiver et des touristes locaux ou des

familles marocaines vivant en Europe venant en été. Tiznit est une

ville en pleine expansion sur la route reliant Agadir à Tan-Tan (fig. 4).

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Depuis quelques années Tiznit est mis en avant comme un endroit

touristique d’intérêt sur la route d’aventure vers le Sahara. Dans ces

villes les gens parlent aussi bien le tachelhit que l'arabe marocain. L'artisanat, le commerce, le transport et le fonctionnariat y créent des

ressources supplémentaires renforçant ainsi une désertion des

campagnes. Si en 1960 la population rurale marocaine formait encore

71 % de la population totale du Maroc, cette population rurale n’en fait actuellement que la moitié ou moins.

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Une trentaine de jouets ont été recueillis dans le Sahara, dans la ville

de Tan-Tan, le village Douar près de cette ville et la nouvelle ville Bir Gandouz non loin de la frontière mauritanienne et le long de la route

de Dahla à Nouâdhibou (fig. 5). A Douar, Tan-Tan et Bir Gandouz on

entend parler aussi bien l’arabe hassaniya, la langue des Sahraouis,

que l’arabe marocain et l’amazigh (berbère).

Quelques aspects de la recherche

La collection de jouets présentée n’est pas le résultat d’un travail de

collectionneur mais d’une recherche ethnologique sur la culture ludique des enfants nord-africains et sahariens qui a débuté dans le

Sahara tunisien en 1975 et 1977. Depuis 1992 et jusqu’à aujourd’hui

cette recherche sur le terrain a continué au Maroc dans le monde

rural et les quartiers populaires des villes. A partir de 2002 elle s’est concentrée sur la région de l’Anti-Atlas. À côté de la recherche sur le

terrain, des informations ont été obtenues par l’analyse de

l’importante collection de jouets du Département d'Afrique Blanche et

du Proche Orient du Musée de l'Homme à Paris transférée en 2006 au

Musée du Quai Branly (www.quaibranly.fr) et le dépouillement de la bibliographie ethnographique, linguistique et autre traitant de l'aire

géographique en question. Plusieurs documents et beaucoup de

photos sur les jeux et jouets des enfants nord-africains et sahariens

sont disponibles sur mon site web (www.sanatoyplay.org) ainsi que sur le site web de la bibliothèque numérique mondiale : Scribd

(www.scribd.com, rechercher : Jean-Pierre Rossie).

Les enfants eux-mêmes se trouvent à la base des données obtenues par le contact personnel, l’observation de leurs jeux et activités de

construction de jouets et les informations qu’ils ont données. De cette

manière la perspective enfantine se trouve privilégiée. Cependant les

souvenirs des adolescents, adultes et personnes âgées sont aussi utilisés surtout pour éclairer le changement.

Cette étude du patrimoine ludique des enfants de milieux populaires

n’est certainement pas à voir comme exhaustive et toute prétention à

une représentativité générale ou statistiquement vérifiée est indubitablement refusée. Il s’agit d’exemples de jouets et de jeux

observés localement dans leur contexte écologique et humain mais il

ne fait aucun doute qu’ils n’offrent qu’une vue partielle de la réalité

ludique totale. Ainsi le monde du tout petit enfant jusqu’à l’âge d’environ trois ans manque dans cette étude surtout du fait que le

chercheur est un homme qui a très rarement accès à l’intimité de la

mère et de son bébé. Les quelques exceptions sont dues à la

collaboration de Khalija Jariaa (à gauche de la fig. 6). La limite d’âge

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des enfants dont les jeux et jouets sont présentés dans l’exposition

se situe à environ 14 ans.

Le but de ma recherche est aussi bien scientifique que pragmatique. D’un côté il s’agit d’étudier l’enfance et son contexte culturel et social

à travers les jeux et jouets, d’analyser les changements sans

nostalgie pour la tradition et de créer une banque de données

bibliographiques, visuelles et muséographiques sur cette culture

ludique saharienne, nord-africaine et amazighe. D’un autre côté il est question de contribuer à la sauvegarde d’un patrimoine qui est en

voie de disparition et de stimuler son utilisation socioculturelle et

pédagogique aussi bien au Maroc que dans un contexte occidental.

Concernant les contacts avec les enfants l’autorisation paternelle ou

maternelle à été acquise lors de la collecte de données et la prise de

photos. Il aurait d’ailleurs été difficile de faire autrement car le travail

de terrain se fait dans le domaine familial ou dans l’espace public.

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Comme il s’agit d’activités ludiques décidées librement par les

enfants, il est en plus impossible d’obtenir des jouets et des informations sur les jeux s’y rapportant sans leur accord et sans leur

participation active.

A la fin de cette introduction je tiens à remercier de tout cœur les

enfants qui nous offrent volontairement et joyeusement une vision positive de leur monde et de leurs conditions de vie. Mes

remerciements vont aussi à Khalija Jariaa (fig. 6), originaire du

village Ikenwen mais vivant maintenant à Douar Ouaraben, qui

depuis peu est devenu un nouveau quartier de Tiznit, et à Boubaker Daoumani de Sidi Ifni, qui depuis des années est un instituteur dans

le village de montagne Lahfart (fig. 7). Tous les deux sont depuis

2003 devenus des collaborateurs importants pour ma recherche et en

même temps des grands amis.

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Jeux d’adresse

Dans cette brochure les jeux des enfants de l’Anti-Atlas et du Sahara

sont divisés entre les jeux d’adresse et les jeux de faire semblant.

Les jeux d’adresse physique et intellectuelle sont sous-représentés

dans l’exposition entre autres parce que les enfants n’ont pas besoin

de fabriquer des jouets pour plusieurs de ces jeux. Il s’agit de jeux comme les jeux à cinq pierres ou plus (fig. 8), la marelle, sauter dans

la corde ou l’élastique, le jeu de billes, la lutte amicale, les jeux de

poursuite, les sauts et bien d’autres encore.

Les trois premiers jeux mentionnés ci-dessus sont des activités ludiques de filles, les autres des activités ludiques de garçons. Il ne

faut cependant pas prendre cette distinction à la lettre. Ainsi j’ai vu

plus qu’une fois des garçons jouer à la marelle et des filles jouer aux

billes. Néanmoins, je crois pouvoir avancer que les filles de ces

régions préfèrent plutôt les jeux de faire semblant et les garçons plutôt les jeux d’adresse. En tout cas c’est ce que cette collection de

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jouets pour jeux d’adresse créés par des enfants de l’Anti-Atlas et du

Sahara laisse voir car presque tous furent faits par des garçons.

Lancer des toupies est par périodes le jeu favori des garçons (fig. 9).

La toupie est aussi une des très rares jouets encore confectionnée par

des artisans locaux. Créer des toupies avec du matériel naturel ou de

récupération démontre clairement la créativité des enfants. Ainsi il existe des toupies faites avec un petit fruit ou modelées en argile.

D’autres toupies plus nombreuses sont fabriquées avec une boite de

fer blanc, un bouchon, un capuchon de stylo et un morceau de fil de

fer ou de bois.

Les autres jouets pour jeux d’adresse fabriqués par des garçons et

montrés dans l’exposition sont la fronde, la catapulte, l’arc, l’épée et

le moulinet. Le diable (bouton ou disque tournant sur une ficelle) s’utilise par les filles et les garçons. Mais partout où on se promène

on voit les garçons et les adolescents jouer un jeu d’adresse très

populaire, le football (fig. 10), ou du moins essayer de le faire et cela

si nécessaire même sur l’aire à battre le blé (fig. 11).

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A côté des jeux verbaux comme les devinettes, il y a aussi des jeux

d’adresse intellectuelle basée sur la stratégie. Ces jeux de stratégie, utilisant le plus souvent l’un ou l’autre type de damier, vont du jeu

simple des enfants comme ‘trois sur une ligne’ au jeu compliqué des

adultes comme le sig des femmes sahraouies auquel s’initient déjà

les grandes filles (fig. 12).

Jeux de faire semblant

Jeux de faire semblant : le monde du transport

Le monde du transport passionne tellement les garçons de l’Anti-Atlas

qu’ils créent régulièrement des jouets représentant des véhicules. Les

filles par contre ne le font que très rarement. Cela est du au fait que

les occupations liés au transport de personnes et de marchandises appartiennent aux hommes et dès lors sont mis en scène par les

garçons dès l’âge d’environ cinq ans.

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Ainsi un garçon de cinq ans d’un village de l’Anti-Atlas s’est construit une bicyclette en miniature avec un seul fil de fer plastifié.

Remarquable à cette situation est que le père a d’abord fait pour son

fils une petite bicyclette avec un seul fil de fer, les adultes fabriquant

rarement des jouets pour leurs enfants. Puis le petit garçon a analysé

attentivement comment son père a procédé et après quelques essais il a réussit l’exploit.

Des garçons à peine plus âgés essaient déjà de construire un des

deux types communs de voitures, la voiture faite avec une boîte de sardines vide. Juste au-dessus du fond de la boîte, à l’avant et à

l’arrière, deux trous opposés sont fait par le garçon éventuellement

avec un clou. Dans ces deux trous il introduit un fil de fer ou un

bâtonnet servant d’essieu. Comme roues des bouchons en plastique sont le plus souvent utilisés. Cette voiture se tire avec un long fil. Des

garçons plus âgés créent des voitures complexes. Parfois une

deuxième boîte de sardines à roues sert comme remorque ou

caravane ou bien plusieurs boîtes de sardines sont mises l’une sur

l’autre pour construire un autobus (fig. 13).

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Le deuxième type de voitures se pousse devant soi. Souvent deux

roues sont fixées sur un essieu attaché à un long bâton (fig. 14). Ce genre de voitures va du modèle simple avec une roue fixée en bas

d’un roseau au modèle élaboré à six roues. Les roues sont faites avec

du matériel très divers : couvercles et petits pots en métal et en

plastique, des rondelles découpées dans des morceaux de caoutchouc

ou des vieilles semelles. Une fois j’ai rencontré dans la région de Tiznit un jeune berger poussant devant lui un long bâton auquel il

avait fixé un essieu avec comme roues des flotteurs de filet de pêche.

Des bidons en fer blanc ou en plastique, des bouteilles, du de bois et

du polystyrène entrent dans la création des modèles élaborés.

Dans les jeux de faire semblant liés au transport ces voitures représentent aussi bien des automobiles pour le transport de

personnes que pour le transport de marchandises. Ces jeux

contiennent parfois la construction de routes sinueuses délimités par

des pierres, une station d’essence, etc. Les garçons plus âgés créent toute une variété de véhicules comme la voiture tout terrain, le

camion, le tracteur, le bulldozer. Un garçon de douze ans d’un village

près de Guelmim dans le Pré-Sahara a créé un beau camion citerne

copié sur le modèle qui amène de l’eau dans son village (fig. 15).

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Bien que le train au Maroc ne continu pas au-delà de Marrakech il

apparaît dans le jeu de faire semblant des garçons. Le train-jouet

peut se limiter au phare, une boîte de peinture trouée tenue en main

par une poignée et dont la bougie s’allume le soir. Les passagers se

rangent l’un derrière l’autre dans le fil attaché à la poignée (fig. 16).

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Le long train de phosphates vu à la télévision frappe aussi

l’imagination. Dans le jeu de trois garçons de Sidi Ifni il est représenté par une série de quinze boîtes de sardines vides

traversées par un long fil servant aussi à tirer le train. Une fois le

train arrive en gare les wagons sont chargés de phosphate, c’est-à-

dire du sable bien propre.

Il y a aussi les bateaux et avions en papier comme ceux que les

enfants européens plient. Un jouet typique, appelé l’hélicoptère, est

fait en roseau. Des garçons du village Ikenwen dans la région de

Tiznit fabriquent différents modèles à une ou deux hélices. L’astuce est de faire tourner l’hélice continuellement en tirant et en relâchant

le fil bobiné sur la tige qui porte l’hélice (fig. 17). Dans ce village les

filles ne fabriquent pas pareils jouets mais il arrive qu’elles jouent

avec l’hélicoptère reçu d’un frère ou d’un voisin.

Jeux de faire semblant : les maisonnettes et la dînette

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Tout comme les garçons aiment les jeux de faire semblant lié au

transport, les filles préfèrent mettre en scène la vie familiale. Pour ce genre de jeux elles créent surtout des habitations en miniature, des

poupées, des ustensiles-jouets et des jouets représentant les objets

des occupations féminines.

Les petites filles d’environ trois ans commencent déjà à faire des maisonnettes. Des pierres délimitent l’espace où quelques objets de

récupérations deviennent les ustensiles. Mais ces fillettes jouent l’une

à côté de l’autre ou bien elles sont encadrées par une fille plus âgée.

Les maisonnettes des filles à partir de l’âge d’environ sept ans deviennent de plus en plus complexes. Avec des pierres bien alignées

plusieurs pièces sont créées dans lequel les tapis, coussins, meubles,

ustensiles, appareils et même la télévision sont évoqués avec du

matériel naturel ou de récupération. S’il y a plusieurs maisonnettes les filles leur donnent éventuellement des fonctions différentes

comme la maison de famille riche, populaire et pauvre. Ces

maisonnettes servent à des dînettes, des jeux de poupées, des jeux

de ménage, etc. Plutôt exceptionnel reste le regroupement de tout un

ensemble de maisonnettes qui forme le village des enfants d’Ikenwen avec dans le fond le village lui-même (fig. 18).

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Au Sahara la vie nomade ou semi-nomade est aujourd’hui encore

évoquée par les filles sahraouies. Cependant dans la nouvelle ville Bir Gandouz près de la frontière mauritanienne elles semblent avoir

oublié comment faire une tente-jouet et dans la ville de Tan-Tan

comment fabriquer une selle de dromadaire en miniature. A Bir

Gandouz c’est une mère sahraouie qui a créé une petite tente avec

un couple de poupées pour sa fille de treize ans (fig. 19).

A Tan-Tan une grand-mère sahraouie a refait il y a quelques années

la selle de dromadaire à poupée jeune mariée avec laquelle elle a joué dans son enfance. Comme les maisonnettes, les tentes-jouets

sont entre autres meublés avec des jouets représentant les tapis et

coussins, le réchaud portable, les ustensiles des femmes nomades et

souvent le puits. Parfois les filles des villages de l’Anti-Atlas jouent aussi à la vie nomade, par exemple en utilisant des tentes-jouets

créés avec un morceau de tissu, de plastique ou de papier couvrant

un trépied de bâtons. Elles le font surtout quand des familles semi-

nomades viennent faire paître leurs troupeaux non loin des villages.

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Un des jeux favoris des filles est sans aucun doute le jeu de dînette.

L’exposition montre une grande diversité d’ustensiles-jouets modelés par des filles entre six et douze ans de quelques villages de l’Anti-

Atlas ou du Pré-Sahara. Ces jouets sont en terre argileuse séchée

hors du soleil (fig. 20). Ceux modelés avec de l’argile par une fille de

quatorze ans sont cuit dans le four à pain puis vernissé avec du jus

de cactus. Ces ustensiles représentent des plats, bols, tasses, cruches, plateaux, tajines, casseroles, théières et cafetières. Il y a

aussi le récipient pour faire le petit lait et le four à pain.

D’autres jeux de faire semblant sont liés aux tâches ménagères, par

exemple faire de l’huile d’argan et moudre le blé avec un moulin à

bras, cuire du pain avec un four en miniature (fig. 21) ou tisser sur un métier-jouet.

Les garçons font parfois des maisonnettes délimités par des pierres

ou construites avec du matériel de récupération. Cependant les jeux de faire semblant qu’ils y jouent sont naturellement en relation avec

les occupations masculines : jouer le rôle de boulanger et de

pâtissier, d’épicier ou de commerçant, de chef de restaurant, de

constructeur de bâtiments, etc.

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Jeux de faire semblant : scènes du quotidien

Régulièrement les filles s’amusent à jouer des scènes de la vie quotidienne. Pour ces jeux elles créent des poupées avec une

structure en forme de croix ou utilisent des poupées en plastique

qu’elles habillent selon le goût local. Les activités ludiques que les

filles mettent en scène réfèrent souvent au monde de la femme. Quelques thèmes sont la vie conjugale, la relation mère et bébé ou

petit enfant, la famille étendue, la famille riche versus la famille

pauvre, ou encore les occupations ménagères décrites dans le

chapitre précédent.

Dans un petit village reculé des montagnes de l’Anti-Atlas et lors des

vacances scolaires de l’été 2006, deux filles de neuf et de huit ans

jouent la vie d’un jeune couple dont la femme est enceinte pour la

première fois. La fille de neuf ans a fabriqué deux poupées représentant la femme enceinte et son mari ainsi que le lit conjugal.

Comme dans la vie réelle une première naissance pose souvent

problème, la fille de huit ans crée une vieille femme spécialiste des

herbes médicinales qui vient conseiller le jeune couple. Une petite

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nièce des deux filles veut joindre le groupe de jeu mais est refusée

car elle n’a pas de poupée. Alors elle va se plaindre chez sa tante paternelle d’environ trente ans qui lui fait une poupée femme de

ménage. Maintenant la fillette de quatre ans peut s’intégrer dans le

jeu qui évolue jusqu’à l’accouchement. Un jeu de faire semblant dans

lequel les filles proposent leur interprétation des situations plus ou

moins problématiques et des réactions de la famille et des voisins. En confectionnant une autre poupée la fille de huit ans introduit dans ce

jeu le thème de la femme stérile qui vient consulter la vielle femme

en espérant trouver remède à sa situation pénible (fig. 22).

D’autres jeux de faire semblant des filles mettent en scène les tâches féminines. Dans le chapitre précédent sur les maisonnettes et la

dînette on aura remarqué les jeux liés à l’entretien de la maison, la

préparation du pain, du thé, de l’huile et du dîner. Ici on peut y

ajouter la confection de vêtements et le tissage. L’exemple de l’atelier de tissage montre la patronne, une poupée d’occasion dont la tête

provient d’une autre poupée en plastique, et deux poupées

tisserandes qui sont accompagnées respectivement par une poupée

fille et une poupée garçon. Ces quatre poupées ont une structure de roseau en forme de croix (fig. 23).

Jouer à l’école est encore un jeu de la vie quotidienne des enfants

mais dans lequel ils jouent leur propre rôle d’élèves à côté de celui du

maître ou de la maîtresse. L’exposition montre une série de cinq poupées, les élèves de l’école d’un village de l’Anti-Atlas. Ces

poupées faites par une fille de dix ans sont vêtues avec du papier

d’emballage, ce qui en 2006 est une nouvelle manière de vêtir des

poupées traditionnelles (fig. 24). La fille qui a fait ces poupées joue le rôle de maîtresse et sa classe est délimitée par des pierres comme

cela se fait pour les maisonnettes.

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Les deux derniers exemples de jeu de faire semblant des filles

montrés dans l’exposition n’offrent certainement pas une interprétation enfantine du vécu quotidien. Mais les soins à hôpital et

la venue annuelle des touristes frappent si fortement l’esprit que les

filles les intègrent dans leurs jeux.

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Dans un village urbanisé tout près de Tiznit trois filles entre sept et

douze ans jouent la visite médicale à l’hôpital. Deux poupées construites et vêtues de manière traditionnelle représentent la mère

de la fille malade et la femme docteur. La fille malade par contre

démontre l’évolution récente de la création des poupées et de leurs

accessoires. Cette fille malade est faite par la fille de douze ans avec

la structure d’un robot en plastique surmontée d’une tête provenant d’une poupée en plastique et vêtue de chiffons. Son lit est un

morceau de polystyrène, un matériel de plus en plus utilisés dans la

création de jouets depuis quelques années. A Tan-Tan une sœur

aînée explique à sa petite sœur son expérience à l’hôpital à travers un jeu dans lequel le nounours est devenu l’enfant malade (fig. 25).

L’apparition du nounours compagnon d’enfant est plutôt récente dans

la région où il entre comme cadeau de la part d’un membre de la

famille vivant en Europe ou comme jouet d’occasion.

Même des filles qui rarement ont l’occasion d’aller à la plage sont

influencées par la visite des touristes aux plages de Sidi Ifni et Tiznit.

En été il s’agit surtout de jeunes d’origine marocaine revenus au pays. Cette influence apparaît à travers le jeu et les jouets d’une fille

de dix ans d’un village situé à 60 km de la plage de Tiznit (fig. 26).

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Les garçons jouent aussi à mettre en scène des aspects de la vie quotidienne bien que moins souvent que les filles. Ils jouent tout

naturellement des jeux de faire semblant liés aux occupations

masculines. Pour le jeu du fermier un garçon de sept ans crée une

poule avec des sacs en plastique, des plumes et des morceaux de roseau pour les pattes (fig. 27).

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Jeux de faire semblant : la fête de mariage

Un jeu de poupées favori des filles de l’Anti-Atlas et des filles

sahraouies est depuis toujours la mise en scène de la fête de mariage

et des cérémonies de mariage. D'ailleurs la poupée se nomme en

tashelhit tislit et en arabe arousa, c'est-à-dire jeune mariée. Ces filles

jouent souvent le jour de l'arrivée des vêtements et des autres cadeaux à la maison de la jeune mariée, le jour où la jeune mariée

quitte sa maison pour être conduite à la maison de son époux et la

cérémonie de l’application du henné sur les mains et les pieds.

Pendant ces jeux les filles chantent et dansent

comme lors d'un vrai

mariage et organisent

une dînette. Pour ces jeux de poupées les filles

créent aussi beaucoup d’

ustensiles, des soi-disant

cadeaux, des fleurs et

d’autres accessoires avec du matériel naturel et de

récupération.

L’exposition montre une belle poupée représen-

tant une jeune mariée

sahraouie traditionnelle

assise dans une selle de dromadaire en miniature.

Ce jouet fut réalisé par

une femme sahraouie de

soixante-cinq ans vivant dans la ville de Tan-Tan

(fig. 28). A Tan-Tan aussi

bien qu’à Bir Gandouz

Jdid près de la frontière mauritanienne les filles d’aujourd’hui ne

semblent plus faire ce genre de jouets.

La photo suivante montre la reconstruction de la fête de mariage

comme en 2007 se l’était imaginé un groupe de jeu de quelques filles

entre six et onze ans d’un village tout près de Tiznit (fig. 29). Pour leur jeu elles avaient confectionné plusieurs poupées. Au milieu se

trouvent la jeune mariée et le jeune marié. A gauche de la jeune

mariée il y a d’abord sa mère, puis la femme spécialiste de

l’application du henné et une femme riche apportant des cadeaux

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27

traditionnels. Les six poupées au côté gauche et au centre de la photo

sont des poupées faites de manière traditionnelle avec une armature de roseaux ou de branchettes liés en forme de croix. A droite du

jeune marié on trouve la femme organisant les cérémonies, la

cuisinière en polystyrène et la touriste, une poupée en plastique

habillée par une fille, avec à ses pieds un panier cadeaux modernes.

En 2002 Boubaker Daoumani et moi-même nous avons eu la

possibilité de filmer le jeu de la fête de mariage et le jeu de construction d’une fille de six ans et de son frère de neuf ans devant

leur maison près de la route côtière menant à Sidi Ifni. Suivant une

vieille tradition les maisonnettes sont construites avec de la boue et

quelques pierres et les poupées sont des coquillages d’escargots avec l’ouverture du coquillage, la tête, mise en haut (fig. 30). Quand le

coquillage est enveloppé dans un morceau de gaze blanche il

représente la jeune mariée ou le jeune marié. Les autres coquillages

représentent les membres des deux familles et les invités. En bas de

la chambre avec le lit nuptial se trouve la voiture de cérémonie, une boite de sardines. Un détail montre que ces deux enfants de l’Anti-

Atlas intègrent dans leur jeu probablement millénaire un nouveau

produit de la haute technologie, c’est-à-dire le téléphone portable

remplacé par une vieille télécommande.

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Jeux de faire semblant : musique et festivités

Lors de leurs jeux de la fête de mariage ou pendant les festivités d’Achoura, décrites dans le chapitre suivant, les filles chantent

volontiers et frappent le tambourin et le tambour. Mais ce sont

surtout les garçons qui organisent des orchestres de percussion et

créent des instruments de musique. Dans leur petit orchestre des

garçons entre sept et neuf ans d’un quartier populaire de Sidi Ifni utilisent comme tambours des bidons et bouteilles en plastique et des

pots en fer blanc qu’ils frappent avec des branchettes ou des barres

métalliques (fig. 31). Mais les chansons traditionnelles sont

aujourd’hui souvent remplacées par celles des chanteurs en vogue entendues à la radio ou la télévision.

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Beaucoup d'instruments de musique utilisés par les enfants sont

fabriqués par eux-mêmes mais parfois ils en reçoivent de leurs

parents ou d'autres adultes surtout pour la fête d’Achoura. Actuellement on trouve dans les marchés et petits magasins

beaucoup d’instruments de musique en plastique provenant de Chine.

A côté des instruments de percussion il y a aussi les instruments à vent, comme les sifflets et les flutes, ainsi que les instruments à

cordes. La tradition des troubadours amazighs, jouant sur un violon

ou une guitare fait soi-même, existe encore dans l’Anti-Atlas et des

garçons réussissent plus ou moins bien d’en fabriquer. La photo suivante montre deux élèves d’une école de montagne à environ 15

km de Sidi Ifni avec leur violon et guitare (fig. 32). Le garçon de sept

ans aidé par un frère de dix ans a créé son violon avec une casserole

et des planchettes. Les cordes sont des fils en nylon reçus d’un pêcheur à ligne. L’archet est une branche courbée avec un fil de

cuivre tendu entre les extrémités. L’autre garçon de neuf ans joue sur

une guitare fabriquée par son grand frère.

La danse et la fête font parti des jeux de faire semblant en particulier celles des filles. Une poupée remarquable a été faite en 2007 par une

fille sahraouie de neuf ans d’un village près de Tan-Tan. Cette fille a

réussit à représenter le mouvement typique des bras dans la danse

sahraouie en utilisant une branchette ondulée (fig. 33). Dans des villages de l’Anti-Atlas les filles font des poupées parées pour la fête

avec des survêtements brillants et portants des copies des bijoux.

Dans ces mêmes villages il arrive que des garçons mettent en scène

la fantasia des hommes en créant des chevaux et des fusils.

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Achoura : une fête des enfants au Maroc

Pour l’Islam sunnite la fête d’Achoura n’est qu’une journée pendant laquelle il est recommandé de jeûner mais depuis toujours les

festivités d’Achoura sont un événement populaire important au

Maroc. Le jour d’Achoura tombe le dixième jour du premier mois du

calendrier lunaire musulman. La période des festivités d’Achoura débute dix jours plus tôt, le premier jour de l’année musulmane.

Les activités ludiques des enfants et des jeunes lors de la fête

d’Achoura mises en avant dans cette exposition ont été observées

dans l’Anti-Atlas entre fin 2005 et fin 2009. Il s’agit de chanter et de jouer des instruments de musique, de faire la quête, d’asperger

d’eau, de jouer avec le feu, de créer la mascarade des garçons et

celle des jeunes hommes. Achoura est la fête la plus importante pour

les enfants marocains et il est coutume de leur donner des sucreries, quelques jouets et des vêtements.

Une poupée aussi ancienne que particulière est appelée Baba Achour

(Papa Achour) mais les lieux semblent très rares où des filles la confectionnent encore avec un os de la patte du mouton de l’Aïd el

Kebir, la fête du sacrifice. En tout cas je ne connais pas d’exemple

provenant de l’Anti-Atlas. Mais Baba Achour et sa femme existent

encore dans la région de Chemaïa entre Marrakech et la ville côtière Safi (fig. 34). A la fin de la période d’Achoura les filles enterrent Baba

Achour au cimetière à l’insu des garçons qui cherchent par après à les

déterrer, une pratique déjà mentionnée en 1915 par F. Castells.

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Pendant Achoura une coutume enfantine bien vivante est de chanter

en s’accompagnant d’instruments de musique traditionnellement offerts aux enfants comme le tambourin, le tambour en poterie et la

flûte, fabriqués par des artisans (fig. 35). Les chansons spécifiques

pour cette fête sont cependant de plus en plus remplacées par celles

d’artistes marocains en vogue.

En chantant et accompagné de ces instruments de musique les

enfants, filles ou garçons, vont de porte en porte faire la quête. Les

petits reçoivent des bonbons, un œuf ou quelques dattes mais les

enfants plus grands préfèrent des pièces de monnaie (fig. 36). Pareille quête existe dans certains pays européens par exemple pour

l’Épiphanie ou Halloween.

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Une autre coutume auquel les enfants s’adonnent volontiers est

d’asperger d’eau, comme à Sidi Ifni où j’ai vu en 2003 comment les enfants s’attaquaient à la tombée de la nuit avec des bombes : des

sacs en plastiques remplis d’eau. Aujourd’hui les fusils à eau de grand

débit sont plus en vogue (fig. 37).

Le feu joue aussi un rôle dans les coutumes d’Achoura. Parfois les

enfants allument des feux au-dessus desquels ils sautent mais plus

souvent ils aiment allumer une longue mèche de laine d’acier utilisée pour nettoyer les casseroles. Une fois que le bout de la mèche est

chauffé au rouge on la tourne à grande vitesse pour que des

étincelles volent en rond (fig. 38).

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Imachar : une mascarade des jeunes hommes

Selon plusieurs auteurs il est indiscutable qu’un lien existe entre ces manifestations populaires et les anciens rites agraires. Un professeur

marocain originaire de Tiznit mentionne que dans les années 1960

beaucoup de gens de cette ville disaient que la mascarade d’Achoura

contribuait à la fécondité de la nature tout entière et garantissait une

bonne année agricole (Lakhsassi, p. 15). Aujourd’hui les enfants et les jeunes ne sont plus ou peu au courant de ces significations

anciennes et dès lors ce qui était un rite est devenu un

divertissement.

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Imachar, la grande mascarade de Tiznit et de sa région, commence

après Achoura et dure une semaine. Plusieurs aspects comme le cortège masqué, la musique, la moquerie et l’insolence sont similaires

au carnaval. Tout le monde assiste au spectacle nocturne : les

femmes et les hommes, les grands et les petits. Mais les acteurs sont

des jeunes hommes entre environ 14 et 25 ans. A Tiznit la mascarade

se tient dans différents quartiers et à Ikenwen elle parcoure plusieurs villages.

La nuit l’atmosphère devient fiévreuse car la musique typique

d’imachar résonne de plus en plus fort. Des musiciens masqués ou déguisés frappent des gros tambours, des tambourins et des disques

en métal. Bien vite la mélodie aiguë de la flûte s’y mêle. Les danseurs

entonnent parfois une chanson dans laquelle vers anciens et

improvisations actuelles se mélangent. Des personnages masqués tiennent chacun un gros bâton qu’ils soulèvent pour créer un rythme

en tapant le sol, un geste qui vers 1970 était encore lié à la mise en

scène des étapes du cycle agraire (fig. 39).

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Des mois à l’avance les jeunes créent des masques et des animaux

d’une grande expressivité dans une maison de leur quartier. Il faut tout un savoir-faire et beaucoup de créativité pour les construire avec

du matériel naturel et de récupération. Comme animal, porté par un

ou plusieurs jeunes, on trouve le chameau, la girafe, la vache, le

poisson, l’hyène, etc. Ces masques et animaux, réalistes ou

fantaisistes, sont souvent spectaculaires (fig. 40).

L’esprit moqueur d’imachar, un aspect typique du carnaval dans

d’autres pays, est éminent dans l’utilisation du thème de la fête de

mariage et de la relation homme-femme. Dans les couples le rôle de

la jeune mariée ou de la femme se joué par un jeune homme normalement habillé avec des vêtements et des bijoux authentiques.

Cette coutume ancestrale devient un divertissement et un spectacle

folklorique. Des émigrés marocains de retour au pays et des touristes assistent de plus en plus au spectacle et depuis quelques années des

groupes imachar sont invités dans d’autres villes marocaines comme

Casablanca et Oujda.

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Inspiré par leurs aînés mais trop jeune pour participer à la

mascarade, des garçons se créent des masques. Les masques de l’exposition proviennent de la ville de Tiznit et du village Ikenwen. Ils

ont été faits par des garçons entre cinq et dix ans qui utilisent

souvent le carton au lieu de la peau de mouton ou de chèvre comme

cela se faisait auparavant. Par contre la laine de mouton est toujours

utilisée (fig. 41). Sur cette photo et la photo suivante on remarque aussi que les masques fait soi-même et ceux achetés au magasin se

mélangent.

Au crépuscule les garçons s’amusent à imiter la mascarade pendant

que les filles chantent et font de la musique. Au début de la nuit un

groupe de quatre garçons se présente en spectacle avec pas mal

d’authenticité mais la structure de leur animal laisse encore à désirer (fig. 42). Par contre le chameau créé par des garçons du village

Douar Ouaraben fin 2009 démontre que bientôt ils pourront participer

à l’imachar des jeunes hommes (fig. 43).

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La poupée belghenja et la demande de pluie

En période de sécheresse les femmes du village Ikenwen et celles d’autres villages de l’Anti-Atlas portent en procession une grande

poupée appelée belghenja. Cette poupée est faite avec une grande

louche en bois et habillée en jeune mariée (fig. 44). Pendant que les

hommes prient à la mosquée, les femmes l’utilisent pour une coutume très ancienne de demande de pluie.

Les filles d’Ikenwen créent leur propre poupée belghenja pour la mise

en scène ludique de cette coutume. Normalement elles utilisent une petite louche mais parfois leur créativité s’exprime par des moyens

insoupçonnés comme une vieille lampe à économie d’énergie et du

papier d’argent (fig. 45).

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Dans l’exposition les aspects matériels ont été mis en avant. Mais les

activités ludiques comportent aussi des aspects sociaux et

relationnels brièvement mentionnés dans les pages suivantes.

L’espace public et le groupe de jeu La petite fille et le petit garçon sont intégrés dans un nouveau milieu

qui s’ouvre à eux après l’intimité du milieu familial. Ce milieu est la

tasoukt ou l’azniq, le premier terme indiquant en tashelhit la route

dans un village et le second terme signifiant la rue dans une ville ou

un village urbanisé. En arabe marocain on utilise le mot zenqa dans les deux cas. Pendant la journée et le soir les enfants passent assez

bien de temps libre en dehors de leur maison et se groupent dans des

petites sociétés enfantines basées sur les liens familiaux et de

voisinage, plus ou moins hiérarchisées suivant l’âge (fig. 46).

L’espace public et le groupe de jeu jouent un rôle important dans le

développement du petit et du grand enfant. Pour ne parler que de la

fonction ludique, c’est dans la rue que l’enfant apprend la plupart des jeux, qu’il s’aventure à fabriquer des jouets, qu’il intègre les règles

gérant les relations dans le groupe de jeu et celles qui sous-tendent

la relation garçons-filles. A partir de l’âge d’environ six ans le groupe

de jeu mixte en ce qui concerne le sexe et l’âge se différencie en

groupe de jeu de filles ou de garçons et suivant un groupement basé sur un âge plus ou moins similaire. C’est alors que les camarades

d’âge deviennent un groupe de référence important (fig. 47).

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Les relations entre enfants

Les espaces de jeu au sud du Maroc sont de véritables laboratoires d’interaction où l’enfant trouve bon nombre de compagnons et peut

s’intégrer dans des groupes de jeu multiples. C’est là que les petits

enfants, une fois sortie de l’emprise directe de leur mère, côtoient

des enfants du même âge, des enfants plus âgés et les grands. Une des tâches habituelles des filles à partir d’environ sept ans et parfois

des garçons est de s’occuper des petits. Afin de s’acquitter de leur

tâche les filles s’adonnent à amuser le petit et à jouer avec l’enfant.

A partir de l’âge de plus ou moins six ans les enfants se libèrent progressivement de cette tutelle des plus grandes. Ils acquièrent la

possibilité d’organiser eux-mêmes des groupes de jeu la plupart du

temps avec des pairs, souvent mais certainement pas exclusivement

du même sexe. Depuis lors le rôle des pairs s’accentue et l’entraide entre les joueurs devient un facteur important dans l’apprentissage

des jeux et la fabrication des jouets. Bien que dans ce monde ludique

le bonheur et l’amitié prévalent, il arrive aussi que le conflit et la

bagarre s’y introduisent (fig. 48).

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43

Jeux de filles et jeux de garçons

Au Maroc, comme en Europe, les jeux de filles et les jeux de garçons sont souvent spécifiques du moins à partir de l’âge d’environ six ans.

Par exemple dans les jeux de faire semblant les filles et les garçons

mettent en scène respectivement les occupations féminines comme

dans le jeu de ménage et de dînette ou masculines comme dans le jeu de chauffeur ou de commerçant. Que la différenciation sexuelle se

manifeste déjà tôt dans une situation ludique est clairement

démontrée par la réaction d’un petit garçon de juste quatre ans qui

joue au jeu de poupée avec sa nièce de six ans à Sidi Ifni en 2002.

Lorsque la nièce insiste pour qu’il l’aide à faire des poupées il refuse catégoriquement de le faire en répondant à haute voix "moi, moi je

suis un homme".

Dans leurs groupes de jeu les grands garçons jouissent certainement de plus de liberté que les grandes filles dans leurs groupes de jeu.

Les garçons peuvent aussi s’éloigner plus loin de leur maison que les

filles et échappent ainsi au contrôle direct des parents et autres

adultes (fig. 49).

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En dehors du temps passé à l’école les filles doivent souvent rester

aux alentours de la maison. Entre autres pour aider dans le ménage ou s’occuper des petits mais aussi pour subir une surveillance plus

stricte. Néanmoins, on doit rester prudent avec des propositions

générales comme celle sur la séparation stricte entre filles et garçons

plus âgés ou entre les jeux de filles et les jeux de garçons parce qu’il

y a des indications que cette séparation est surmontable (fig. 50).

Les relations entre enfants et adultes

L’utilité des activités ludiques, surtout les jeux de faire semblant,

pour la socialisation de l’enfant et son intégration dans la famille et la

communauté est indéniable dans la région en question. Dans ce cas on peut parler d’entraînement à la vie adulte et de préparation pour

la vie en société. Ce ne sont certainement pas les informations sur les

jeux et jouets présentés dans cette exposition qui soutiendront le

contraire. En tout cas il me serait bien difficile d’offrir des exemples

de jeux ou de jouets qui ne sont pas liés à la vie réelle ou au monde

50 10

45

des adultes. Le monde fantastique et virtuel des jeux électroniques et

des vidéos pénètre encore rarement dans le sud-marocain.

Dans les milieux ruraux et populaires les adultes ne s’intéressent

guère aux jeux des enfants. Un désintéressement qui semble lié au

point de vue que le jeu et la fabrication de jouets est l’affaire des

enfants eux-mêmes. Les adultes n’interviennent normalement qu’en cas de danger réel, de risque de dégâts et de dérangement ou lors de

transgression des normes morales. Néanmoins, j’ai rencontré

quelques cas, presque toujours lié à une période de fête, où une

mère ou un père a fabriqué un jouet pour l’offrir à son enfant, par exemple un tambourin ou un moulinet. Il faut souligner que le don de

jouets, si important dans les sociétés de consommation, n’existe que

d’une façon très limitée chez la plupart des parents du sud-marocain

bien que cette habitude se développe par exemple pour la fête d’Achoura ou lors du moussem, la fête annuelle.

L’évolution récente de la culture ludique Voir les jeux et les jouets des enfants de l’Anti-Atlas et du Sahara

comme étant dominé par la tradition ne reflète nullement la réalité

car ces enfants suivent de près l’évolution de leurs communautés et

lient aisément la continuité et le changement. La modernisation ne passe pas à côté des villes rurales et des villages marocains (fig. 51).

Après la télévision et les paraboles, le téléphone portable a su

conquérir le monde rural. Dans les quartiers populaires des villes et

parfois même dans les grands villages des magasins offrent la

possibilité d'utiliser des ordinateurs et de communiquer par Internet.

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L'influence de la société de consommation ne se limite pas à

l'importation de jouets surtout de la Chine, mais indirectement les jouets fabriqués par les enfants changent aussi suite à l'utilisation

grandissante d'objets de récupération, comme les cannettes, le fil de

fer plastifié, les objets en plastique, le papier d’emballage, le

polystyrène et les jouets d’occasion. Les programmes de télévision et

l’utilisation grandissante de la caméra vidéo marquent l’esprit des enfants. Ainsi des garçons deviennent une équipe de la télévision

marocaine en participant à un jeu de la fête de mariage. Deux filles

jouent au photographe avec un appareil photo numérique de fortune,

les maisonnettes s’équipent d’un simulacre de télévision et même la tente-jouet s’équipe d’une parabole. Récemment le téléphone

portable fait soi-même ou simulé par une télécommande usée

apparaît comme jouet dans le jeu des garçons et des filles.

Un changement important s’opère dans la culture enfantine

lorsqu’une famille quitte le village pour s’installer en ville ou quand

une ville agrandit son périmètre en urbanisant des villages

limitrophes puisque les espaces de jeu, le matériel disponible et les

références socioculturelles ne sont plus les mêmes. Des transhumances temporaires comme celle de la visite plus ou moins

annuelle des membres de la famille vivant en Europe ou le passage

de touristes européens se reflètent dans le jeu de faire semblant.

Utiliser la culture ludique des enfants marocains

Cette recherche sur les jeux et jouets des enfants nord-africains et

sahariens ne doit pas rester seulement une préoccupation scientifique. Au contraire ce patrimoine peut être tout à fait utile pour

des activités socioculturelles ou pédagogiques et cela aussi bien dans

un contexte occidental que nord-africain.

Des projets récents basés sur la fabrication par des enfants

marocains de masques ou de poupées avec du matériel naturel et de

récupération ont été menés au Musée de l’Enfance Stathmos à

Nauplie en Grèce du 5 au 9 juillet 2008 (fig. 52). A Florence en 2009 cela s’est fait d’abord à la Biblioteca delle Oblate (11-12 juin). Après

le résultat positif de cette expérience j’ai été invité par l’Associazione

culturale Libri Liberi de participer au Festival della Creatività: le Città

del Futuro, il Futuro della Città (17 octobre). Là aussi bien des

garçons que des filles et parfois même un parent se sont laisser stimuler par l’exemple d’enfants marocains (fig. 53) et se sont réjouis

du résultat de leurs efforts (fig. 54).

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Les ateliers de création de jouets par des enfants grecs ou italiens ont été précédés par une série de photos avec commentaire et les

enfants furent stimulés à réagir. De cette manière ils s’informent sur

des aspects positifs de la situation de vie d’enfants vivant en Afrique,

une situation de vie qui sauf rares exceptions ne se reflète dans les médias que par des aspects négatifs.

A en croire le résultat d’une première semaine culturelle sur les jeux

et jouets des enfants marocains organisée par le centre de Safi de la Fondation Orient-Occident l’intérêt pour ce patrimoine ludique local

semble se développer au Maroc. Une exposition basée sur le don

d’environ cent jouets des enfants de l’Anti-Atlas a été réalisée en

décembre 2009 (fig. 55). Plusieurs séminaires ont été conduits par

des collaborateurs du centre et moi-même auquel ont participé des adultes et des enfants (fig. 56). A la fin de cette semaine culturelle

j’ai proposé de créer un groupe de travail sur l’utilisation de la culture

ludique des enfants marocains à des fins socioculturels, pédagogiques

et de rééducation d’enfants avec un handicap moteur. Des collaborateurs de plusieurs organismes publics et privés situés à Safi

ont montré un intérêt certain pour cette initiative qui cependant est

resté au niveau des bonnes intentions jusqu’à maintenant.

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Un des responsables de la section du préscolaire de la Délégation du

Ministère de l’Éducation à Safi m’a expliqué que suite à cette exposition et ces séminaires il étudierait la possibilité de faire entrer

un module sur le jeu de l’enfant, basé entre autres sur la culture

ludique locale, dans la formation du futur personnel enseignant du

secteur préscolaire public, un secteur préscolaire qui est en train de

s’installer dans les écoles primaires de la région. Si ces initiatives pourraient se concrétiser, le patrimoine des jeux et jouets marocains

ne sera pas uniquement sauvegardé mais aussi mis à profit pour le

développement des enfants et de leurs communautés.

Conclusion

Cette exposition à Turin sur les jeux et jouets des enfants de l’Anti-

Atlas et du Sahara souligne aussi bien l’universalité des jeux et jouets que leur diversité influencée par des environnements physiques et

humains particuliers. Elle témoigne aussi de la créativité des ces

enfants, une créativité qui s’exprime surtout à travers les jouets qu’ils

fabriquent avec du matériel naturel et de récupération.

Sans aucun doute les filles et les garçons de ces régions s’inspirent

dans leurs jeux de faire semblant de la vie des adultes et cela les

aides à s’intégrer dans la communauté. Cependant il ne faut pas surestimer le rôle socialisateur de ces activités ludiques car ces

enfants ne jouent ni pour se socialiser ni pour se former. Ils jouent

pour le bien-être que cela leur procure. Créer des jouets se fait le

plus souvent avec un grand sérieux, parfois avec beaucoup d’effort et

de difficulté, mais cette création est réalisée avec l’intention de s’amuser.

Comme cela s’est passé en Occident, la culture ludique des enfants

des régions en question évolue plus ou moins lentement vers une culture pour enfants, des enfants qui risquent de perdre ainsi le goût

de faire eux-mêmes des jouets entre autres à cause de la

globalisation du marché des jouets.

Les jeux et jouets des enfants de l’Afrique du Nord et du Sahara font

partie du patrimoine culturel des pays de cette aire géographique. Les

enfants ne sont pas submergés par leur environnement. Au contraire

ils sont des participants actifs dans la création de la société et de la

culture dans lesquelles ils grandissent. Par conséquent, cette culture enfantine doit être reconnue à juste titre comme une partie

intégrante de l’héritage matériel et immatériel de l’humanité.

51

L’initiative du département pédagogique de la ville de Turin à

élaborer une exposition remarquable sur les jeux et jouets des enfants de l’Anti-Atlas et du Sahara et la réalisation prochaine d’une

exposition pédagogique itinérante contribueront certainement à cette

reconnaissance. Aussi bien Khalija Jariaa, Boubaker Daoumani que

moi-même nous nous en réjouissons.

La dernière photo de cette brochure est le résumé photographique du

thème et de la vie de recherche de l’auteur, un ethnologue mis en

place sur une énorme toupie et prêt pour le travail de terrain, réalisé par le photographe de l’ITER. Cet ensemble se trouvait à l’entrée de

l’exposition ‘Rêves d’Enfants’ (fig. 57).

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Liste des figures

1. Carte d’invitation pour l’ouverture de l’exposition Rêves

d’Enfants, Turin, 2010, photo de Instituzione Torinese per une Educazione Responsabile (ITER).

2. Vue de l’Anti-Atlas dans la région de Sidi Ifni, 2010, photo de

l’auteur.

3. Carte de la région de l’Anti-Atlas au Maroc, dessin de l’auteur. 4. Vue d’un nouveau quartier de Tiznit à partir de Douar Ouaraben,

2009, photo de l’auteur.

5. Vue de la nouvelle ville Bir Gandouz, 2008, photo de l’auteur.

6. Khalija Jariaa (à gauche) enquêtant à Idoubahman-Imjad (Tiznit), 2006, photo d’une copine de Khalija Jariaa.

7. Boubaker Daoumani et ses élèves au village Lahfart (Sidi Ifni),

2005, photo de l’auteur. 8. Jeux de pierres des filles sahraouies, festival de Tan-Tan, 2005,

photo de l’auteur. 9. Jeter une toupie faites de matières de récupération, Sidi Ifni,

2007, photo Khalija Jariaa.

10. Football sur terrain vague dans un quartier populaire, Sidi Ifni,

janvier 2006, photo de l’auteur.

11. Football sur une aire à battre le blé, Aït Ighemour, Haut-Atlas, 1992,

photo de l’auteur. 12. Jeu de sig sahraoui avec les bâtonnets et les pierres servant de

pions, Festival de Tan-Tan, 2005, photo de l’auteur.

13. Garçon avec ses voitures et son autobus, Lahfart, 2005, photo

de l’auteur.

14. Voiture du modèle courant à deux roues, Ikenwen, 2009, photo Khalija Jariaa.

15. Camion citerne pour transport d’eau, Igisel, 2007, photo de

l’auteur.

16. Train à passagers de Marrakech, Ikenwen, 2007, photo Khalija Jariaa.

17. Hélicoptère à hélice tournant continuellement, Ikenwen, 2006,

photo de l’auteur.

18. Maisonnettes dans le village des enfants, Ikenwen, 2008, photo Khalija Jariaa.

19. Tente sahraouie avec un couple de poupées, Bir Gandouz Jdid,

2008, photo de l’auteur.

20. Ustensiles pour jeux de dînette et de ménage, Igisel, 2005,

photo de l’auteur. 21. Moulins et four pour jeux de maisonnette, Lagzira, 2002, photo

de l’auteur.

53

22. Série de poupées pour jeu lié à la procréation, Timgrad, 2006,

photos de l’auteur. 23. Mise en scène d’un atelier de tissage, Ikenwen, 2007, photo de

l’auteur.

24. Poupées élèves pour un jeu de l’école, Ikenwen, 2006, photo de

l’auteur.

25. Soigner le nounours malade dans un jeu de l’hôpital, Tan-Tan, 2006, photo Khalija Jariaa.

26. Jeu des touristes à la plage, Ikenwen, 2006, photo de l’auteur.

27. Créer une poule pour un jeu de la ferme, Ikenwen, 2007, photo

Khalija Jariaa. 28. Jeune mariée sahraouie dans la selle de dromadaire du cortège

nuptial, Tan-Tan, 2006, photo de l’auteur.

29. Scène d’un jeu de la fête de mariage, Douar Ouaraben, 2007,

photo de l’auteur. 30. Jeu de la fête de mariage d’une fille et de son frère, Lagzira,

2002, photo de l’auteur.

31. L’orchestre de percussions, Sidi Ifni, mai 2005, photo de l’auteur.

32. Jeunes joueurs de violon et de guitare, Lahfart, 2005, photo de

l’auteur. 33. Poupée danseuse de la danse sahraouie, Douar, 2007, photo de

l’auteur.

34. Baba Achour et sa femme, Omar bel Ayachi (Chemaïa), 2008,

photo Khalija Jariaa. 35. Instruments de musique offerts aux enfants pour l’Achoura, Anti-

Atlas, 2007-2008, photo de l’auteur.

36. Quête des grands garçons dans les maisons le long de la

muraille, Tiznit, 2007, photo Khalija Jariaa. 37. Les fusils à eau remplacent les seringues de roseau, Lokleïa,

2008, photo Khalija Jariaa.

38. Faire des étincelles en tournant un morceau de laine d’acier mise

à feu, Tiznit, 2006, photo de l’auteur. 39. Joueur de flûte et de tambourin et personnage à bâton, Tiznit,

2007, photo de l’auteur.

40. Animal plutôt fantaisiste et son gardien, Tiznit, 2007, photo de

l’auteur.

41. Masques créés par des garçons, Ikenwen, 2008, photo Khalija Jariaa.

42. Groupe de garçons s’entraînant à devenir de vrais imachars,

Tiznit, 2007, photo de Khalija Jariaa.

43. Chameau d’imachar des garçons, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.

44. Belghenja des femmes et celles des filles portées par un garçon,

Ikenwen, 2007, photo d’une copine de Khalija Jariaa.

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45. Belghenja inhabituelle faite d’une lampe et de papier d’argent,

Ikenwen, 2007, photo de l’auteur. 46. Petits groupes de jeu après la classe, Lahfart, 2005, photo de

l’auteur.

47. Groupe de copines jouant à la marelle, Douar Ouaraben, 2009,

photo Khalija Jariaa.

48. Dispute suite au refus des filles de jouer avec les garçons, Sidi Ifni, 2005, photo de l’auteur.

49. La police à la recherche des trafiquants de haschich, Ikenwen,

2009, photo Khalija Jariaa.

50. Fille infiltrant un jeu de garçons en proposant de nettoyer leur restaurant, Sidi Ifni, 2006, photo Khalija Jariaa.

51. Électrification des villages dans l’Anti-Atlas, 2010, photo de

l’auteur.

52. Des enfants devenus les esprits maîtres des lieux, Nauplie, 2008, photo de l’auteur.

53. Création de masques par des enfants et des adultes, Florence,

2009, photo de l’auteur.

54. Bien satisfait du résultat de leurs efforts, Florence, 2009, photo

de l’auteur. 55. Visite à l’exposition ‘Jeux et Jouets des Enfants Marocains’, Safi,

2009, photo Khalija Jariaa.

56. Parents et enfants membres d’une association pour handicapés,

Safi, 2009, photo Khalija Jariaa. 57. L’auteur assis sur une toupie géante, Turin, 2010, photo de

Instituzione Torinese per une Educazione Responsabile (ITER).

Références

Les publications de l’auteur sont disponible sur le site web de la

bibliothèque digitale Scribd http://www.scribd.com (voir Jean-Pierre

Rossie) et sur son site personnel http://www.sanatoyplay.org

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*L’animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.

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