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THE JOURNAL OF ARCHÆOLOGICAL NUMISMATICS
VOLUME 2-2012
TABLE OF CONTENTS
Page
the chairman’s address e “charon’s obol”: some methodological reflexions i
articles Fanny Martin, Michel Fourny & Michel Van Assche, avec la collaboration de Peter Cosyns & Jean-Marc Doyen
Ittre « Mont-à-Henry » (Brabant wallon, Belgique) : le mobilier de l’occupation de transition entre La Tène et l’époque gallo-romaine en question 1
Charlotte Sillon & Sylvia Nieto-Pelletier Analyse élémentaire d’un « bronze du type de Mardorf » mis au jour à Ittre 29
Jean-Marc Doyen Une approche contextuelle des potins nerviens « au rameau » du type A : l’apport du site du « Mont-à-Henry » à Ittre (Brabant wallon, Belgique) 31
Jean-Patrick Duchemin, avec la collaboration de Guillaume Florent, Samuel Lelarge, Guillaume Marie & Arnaud Poirier
Numismatique et archéologie du rituel : réflexion sur le rite dit de l’« obole à Charon » à partir de l’exemple de la nécropole tardo-antique de Nempont-Saint-Firmin (Pas-de-Calais, France) 127
Jean-Marc Doyen, Pierre Mathelart & Claire Pilliot, avec la collaboration d’Alessio Bandelli, Didier Bayard, Michaël Brunet, Hubert Cabart, Sévérine Lemaître & Stéphane Sindonino
Un ensemble théodosien tardif de Reims (Marne, France) : la fosse fs 22 (vers 420-430 apr. J.-C.) 199
Richard Reece Coins from the British excavations at Carthage: a summary and discussion 265
Gitte Tarnow Ingvardson Nørremølle – the largest Viking age silver hoard of Bornholm (Denmark) 281
Jan Moens Some caveats concerning the use of frequency indices 347
news Monica Baldassarri
e ist international workshop on numismatics – Il i workshop internazionale di numismatica: report 355
Volume 50 – N°2 – MAI-AOÛT 2013
BRUXELLES
BULLETIN DU CERCLE D’ÉTUDES
NUMISMATIQUES
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n’est le monnayeur même ou celui à qui le seigneur l’aura permis par une autorisa-tion spéciale.
[3] Surtout, les deniers d’un monnayage particulier doivent se distinguer des de-niers d’un autre monnayage par des signes et des images avec des différences si évi-dentes que d’emblée, au premier regard et sans la moindre difficulté, il puisse exister distinction et différenciation réciproques.
[4] Ajoutons à cela que, si quelqu’un est pris en possession de faux deniers, il subira le châtiment du faussaire, et il ne lui sera d’aucun secours, le cas échéant, d’affirmer qu’il les aurait reçus dans un marché public et commun, à moins que la somme ne soit à ce point modique qu’elle n’excède pas neuf deniers. Si, de surcroît, cet hom-me est découvert une troisième fois en pos-session de la somme ci-dessus mentionnée ou plus ou moins de même valeur, dès lors il pourra être jugé comme un faussaire, sans aucune des exceptions ni excuses men-tionnées précédemment.
Ainsi donc, attendu que ces dispositions ont été ordonnées justement et raisonnable-ment, nous enjoignons, en raison de notre pouvoir discrétionnaire, qu’elles soient in-violablement observées dans tous les lieux dans lesquels le monnayage du prince existe habituellement.
Enfin, pour assurer l’éternelle validité de notre injonction ou, si l’on veut, de notre condamnation et déclaration solennelle, nous avons fait renforcer (l’autorité de) cette page par l’apposition de notre sceau...
Abréviations
asrab : Annales de la Société royale d’ar-chéologie de Bruxelles – bcen : Bulletin du Cercle d’Études numismatiques – bcrh : Bulletin de la Commission royale d’histoire – rbn : Revue belge de numismatique – rbph : Revue belge de philologie et d’his-toire.
RECENSIONS
K.-P. JOHNE (éd.), avec la collaboration de U. HARTMANN & . GERHARDT, Die Zeit der Soldatenkaiser. Krise und Transfor-mation des Römischen Reiches im 3. Jahr-hundert n. Chr. (235-284), Berlin, Akade-mie Verlag, 2 vol. in-8°, 1.400 p., 1 carte, 7 pl., cartonnés dans boîtier. isbn 978-3-
05-004529-0. Prix : 178.
l pouvait sembler superflu d’éditer
une telle somme – 1.400 pages ! – trois ans à peine après la sortie du monumental volume collectif intitulé e Crisis of the Empire, ad 193-337 de la Cambridge An-cient History71*. Toutefois, cette période dite de l’anarchie militaire et son histoire extrêmement troublée, est en pleine effer-vescence depuis de nombreuses années. De plus, les mêmes faits historiques ob-servés par des historiens latins, germani-ques ou anglo-saxons reçoivent des éclai-rages souvent fort différents. Et finale-ment, les deux forts volumes édités par P.-K. Johne et ses collaborateurs (U. Hart-mann et . Gerhardt) couvrent des as-pects fort différents de l’Ancien Monde au iiième s. de notre ère, puisque des cha-pitres importants sont consacrés aux peu-ples et états extérieurs à l’Empire romain. Ce sont eux, qui finalement, ont en quel-que sorte modelé la politique impériale au cours de la crise du iiième siècle même si les causes profondes doivent en être recher-chées à l’intérieur même des frontières.
I. Sources et historiographie
L’ouvrage fait tout d’abord le point sur nos sources. Elles sont soit littéraires : orien-tales (Sassanides) ou occidentales, avec en tête Hérodien et l’Histoire Auguste et sa problématique si spécifique, mais égale-ment bien d’autres sources primaires (épi-graphie, papyrologie, numismatique). On notera une remarquable et très détaillée biographie de quarante-trois auteurs occi-dentaux, écrivant en grec ou en latin,
__________ * Cambridge University Press, 2005, réimpr. 2009.
I
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ayant vécu entre le iiième et le xiième s., mais encore ceux (p. 89-107) qui nous sont conservés dans d’autres langues comme le syriaque (9 attestations), le « moyen per-se » (3), le « nouveau perse » (3), l’arabe (13), l’hébreu (5) et finalement l’arménien ou le géorgien (7).
Le chapitre historiographique (p. 125-
157) nous détaille les apports des siècles précédents, d’où émergent, comme on s’en doute, les noms des grands historiens clas-siques, de Le Nain de Tillemont (1637-
1698) à X. Loriot et D. Nony, en passant par E. Gibbons, M. Rostovtzeff, A. Alföldi et F. Altheim.
II. Les événements et l’histoire de l’Em-pire
Le 2ème chapitre de l’ouvrage (p. 161-423) constitue une monographie à elle seule. Elle compte sept articles différents, traitant successivement des règnes de Maximin le race à Émilien (V. Huttner), Valérien et Gallien puis Claude II et Aurélien (U. Hartmann), l’Empire gaulois (A. Luther), l’Empire palmyrénien (U. Hartmann), Tacite (K.-P. Johne) et finalement Probus et Carus (G. Kreucher). Le chapitre le plus développé est celui consacré aux règnes de Valérien et Gallien (253-268). L’a., d’une grande érudition, y fait preuve de sa parfaite connaissance des sources littéraires, épigraphiques mais également numismatiques. On est toutefois surpris de voir le peu de place laissée à la recher-che française, italienne ou espagnole.
III. Les peuples du nord-ouest de l’Empire
Le 3ème chapitre (p. 424-580) s’intéresse aux peuples et états situés au-delà des fron-tières de l’Empire. À côté de populations bien connues comme celles occupant les régions rhénanes ou du moyen et du bas Danube jusqu’à la Mer Noire (A. Goltz), nous trouvons des chapitres très détaillés concernant les Maures (A. Gutsfeld) et les royaumes du Caucase – Arménie, Ibérie (Géorgie orientale), Colchide, Albanie et petites principautés méconnues – la plu-part documentées essentiellement par les inscriptions sassanides. Viennent ensuite
la Mésopotamie septentrionale (A. Luther), avec le grand centre que մեt Hatra, la Cha-racène et les Juifs de Babylone (M. Schuol), ces derniers constituant le groupe issu de la Diaspora le plus important au-dehors des frontières de l’Empire. Les Arabes sont étudiés par U. Hartmann, et les Sas-sanides, principaux concurrents de Rome à l’Est, par J. Wiesehöfer. Quelques pages sont consacrées aux zones infiniment moins documentées que sont le royaume méroïtique, sur le Nil, et les nomades con-nus sous le nom de Blemmyes.
IV. L’État romain
L’importante partie relative à l’État ro-main couvre les p. 583 à 712. K.-P. Johne s’intéresse à l’origine sociale des empe-reurs qui ont accédé au pouvoir entre 235 et 285. Il relève que jusqu’à l’époque sévé-rienne, les princes sont issus de l’ordo senatorius. L’a. examine les modifications qui apparaissent par la suite. Il décrit le rôle des impératrices, la représentation que l’empereur veut offrir de lui-même au travers des titulatures impériales et des titres militaires dont il se pare à plus ou moins bon escient. Vient se greffer sur ce canevas l’importance croissante du culte solaire, qu’on finit par retrouver dans les titulatures impériales à partir du règne d’Aurélien qui se proclame dominus et deus. L’origine géographique des lieux de proclamation des différents empereurs est elle même lourde de sens. Ainsi, de 235 à 285, seize acclamations ont lieu sur le Rhin, dix sur le Danube, quatre dans l’hinterland frontalier (Italie du Nord), neuf sur la frontière euphratique, trois en Afrique, trois en Égypte et finalement six à Rome. Encore faut-il noter que les éphé-mères Balbin et Pupien, suivis de Gordien III, comptent pour la moitié de ces prises de pouvoir dans l’Urbs.
K.-P. Johne décrit ensuite la famille impé-riale, par exemple les postes occupés par les frères des empereurs. La situation est complexe par exemple dans le cas du cadet de Gallien, dont le rôle est plutôt effacé. Elle est plus claire en ce qui concerne C. Iulius Priscus, le frère de Philippe I, qui occupe d’importantes fonctions en Orient.
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Mais certains puinés succèdent à leurs aînés à la tête de l’Empire ; c’est le cas pour Quintille, frère de Claude II, ou de Flo-rien, frère (ou plutôt demi frère ?) de Ta-cite. Le rôle des femmes semble considé-rable : Salonine, Zénobie, Sévérine sont à mentionner, mais également Sulpicia Dryantilla, épouse de l’éphémère Régalien qui se proclama à Carnuntum en 260, ou encore Magna Urbica (épouse de Carus), à la fin de la période couverte par l’ouvrage.
Un intéressant paragraphe est consacré aux titres portés par les différents empe-reurs, par exemple ceux de caesar, de pius, de pontifex maximus, de pater patriae, de mentions de consulat ou de cognomina ex virtute, tels Persicus, Carpicus, Germani-cus Maximus ou Gothicus Maximus.
M. Schuol examine pour sa part le droit romain au iiième s. Il relève, dans le Codex Iustianianus, pas moins de 500 « constitu-tions » émises au cours des règnes des « Soldatenkaiser », contre 800 sous les Sévères, et plus de 1.200 sous Dioclétien. La répartition est parfois très anormale : on connaît 100 rescrits datés de 223, sous Sévère Alexandre, contre un seul, en 235, à l’extrême fin du même règne. Gordien III est responsable de 271 documents légaux, Philippe de 78 ; Valérien/Gallien de 89, dont 22 en 260, avant un trou de plusieurs années. L’a. insiste sur le fait qu’il est clair que tous les rescrits n’ont pas été conservés. Il est par exemple peu vraisemblable que Probus n’en ait pro-mulgué que quatre au cours de ses sept années de règne.
La gestion des provinces est un domaine complexe. Nous trouvons ainsi (p. 642 puis p. 669) une liste des provinces avec les titres et grades des gouverneurs, legati Augusti pro praetore de rang consulaire ou prétorien, proconsules des mêmes caté-gories, praefecti, procuratores, praeses ou autres correctores.
L’armée fait l’objet d’une courte notice du grand spécialiste qu’est Michael P. Speidel (p. 673-690). Vu l’importance du sujet, nous nous serions attendu à un travail
beaucoup plus développé et nous restons en quelque sorte sur notre faim.
La gestion des villes et l’évergétisme sont traités par . Gerhardt. C’est à ce niveau qu’intervient pour le première fois la numismatique et plus précisément le pro-blème des contremarques faisant passer la grande pièce de bronze (à légende grec-que) de quatre assaria (4 as = 1 sesterce) à 5 assaria sous Philippe puis, à partir de la fin des années 250, à 6, 7, 8, 9, 11 et finale-ment 12 assaria. Mais il faut relever que la situation diffère d’une ville à une autre.
V. La société romaine
Le 2ème volume débute par une étude de la société romaine au iiième s. Le rôle décli-nant du Sénat est particulièrement remar-quable. Il fait l’objet d’une synthèse de M. Heil, qui s’appuie sur les travaux d’A. Chastagnol et ceux, plus anciens, de nos compatriotes P. Lambrechts (1937) et S.J. De Laet (1941), ou plus récents com-me le livre de M. Christol (1986). L’empe-reur retire aux sénateurs la plupart de leurs prérogatives antérieures. Dès le milieu du iiième s., nous ne trouvons plus aucun légat de légion, ni d’ailleurs de tri-bun militaire, appartenant à l’ordre séna-torial, mais certains personnages de haut rang émergent encore, tel L. Petronius Taurus Volusianus, qui après une brillante carrière dans la cavalerie, est accueilli dans le Sénat sous Gallien, avant d’atteindre le consulat ordinaire en 261 puis occuper la préfecture urbaine. Au contraire, le iiième s. est la grande époque de l’equester ordo comme le souligne M. Heil. Les chevaliers occupent de très nombreux postes, mais il convient de se souvenir de la différence quantitative entre les 600 sénateurs face aux quelques 20.000 membres de l’ordre équestre.
. Gerhard aborde ensuite la probléma-tique des couches sociales inférieures et des conflits sociaux. L’a. montre l’impor-tance des ivvenes, une mention que l’on retrouve dans la numismatique de Gal-lien, de Claude II ou de Tacite par exem-ple. Il insiste particulièrement sur l’im-portance quantitative des esclaves, qui re-
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présentent près de 6 millions d’individus, soit 10% de la population totale de l’Em-pire. Les mouvements sociaux les plus connus sont les Bagaudes, qui se dévelop-pent dans les années 285/286, mais d’au-tres rébellions sont attestées ailleurs et à d’autres moments par les sources littérai-res. Ainsi deux chapitres (F. Herklotz) concernent deux régions spécifiques, l’Isaurie et l’Égypte, qui ont connu au mi-lieu du siècle d’importants troubles.
VI. L’économie et la monnaie
La recherche moderne, depuis les travaux de Rostovtzeff, eux-mêmes influencés par l’œuvre de Gibbons, a largement discuté du caractère de la crise économique du iiième s., opposant cette période à un « Âge d’Or » qu’aurait constitué l’époque anto-nine. K. Ruffing (p. 817-820) montre l’im-portance du contexte social dans lequel les historiens modernes vont développer leur point de vue sur cette « crise ». Cet aspect historiographique de la recherche est fort intéressant : il montre que chacun en a recherché les causes en fonction de son acquis personnel. L’a., pour sa part, réduit la problématique à trois facteurs : l’inflation, la démographie, les impôts et le budget de l’État. Rappelons que sous Caracalla, le budget annuel de l’Empire avoisine 1,5 milliard de sesterces !
K. Ruffing ne croit pas trop à la crise et il nous fournit de nombreux exemples de prospérité économique au cours des an-nées 235-284. Ceux-ci sont variés ; citons parmi bien d’autres : l’exportation de l’huile d’olive d’Espagne, le développement topo-graphique des agglomérations secondai-res de Gaule septentrionale, la fondation de villes nouvelles en race et en Mésie Inférieure, l’aisance des cités du nord de l’Asie Mineure grâce au commerce à tra-vers la Mer Noire. À cette époque d’ailleurs, nous notons le développement maximum des émissions monétaires de villes de Bithynie, sous les Sévères, sous Gordien III et finalement sous Valérien/ Gallien.
La supposée crise ne touche pas non plus le commerce international. Ainsi, l’absen-ce de monnaie de cette époque en Inde
est interprétée par le fait que l’argent monnayé a toujours constitué, pour ces régions, une marchandise comme une autre. L’a. relativise finalement deux ar-guments clefs en faveur d’une crise éco-nomique généralisée au iiième s., à savoir que l’avilissement de la monnaie implique automatiquement de l’inflation, et d’autre part, que nous assistons à une régression démographique généralisée.
La monnaie fait l’objet d’un court mais fort dense chapitre de K. Ehling (p. 843-
860). L’a. distingue d’abord les émissions impériales des frappes des cités grecques, qui arrivent à leur terme sous Gallien, même si quelques émissions municipales se prolongent sous Claude II (Cyzique), Aurélien (Sidé) et même Tacite (Pergé). K. Ehling reprend brièvement les données traditionnelles relatives au fonctionnement de l’atelier monétaire de Rome quant à l’organisation des officines. Il se fonde, comme toujours, sur les mêmes inscrip-tions connues depuis bien longtemps (cil vi, 44 et 239). Mais les sources complé-mentaires sont finalement rares : sur les 18 procuratores monetae attestés entre les règnes de Trajan et de Valentinien I, seu-lement 4 sont attribuables au iiième s.
À côté de la production officielle de la ca-pitale, on relève de très nombreux ateliers répartis dans les provinces. On notera à ce sujet que l’a. situe à Cologne l’atelier ger-manique de Gallien, et non à Trèves com-me c’est actuellement la mode.
Les conditions de la création par Cara-calla, en 215, de l’antoninianus, sont dé-sormais bien connues. On retrouve dans l’ouvrage le classique diagramme mon-trant la chute du pourcentage d’argent au sein de cette monnaie surévaluée dès le départ. Mais là aussi, l’a. s’insurge contre la vision – une metallistischer Irrtum esti-me-t-il –, que la diminution du pourcen-tage d’argent fin dans la monnaie est auto-matiquement un élément forcément né-gatif, que le procédé entraîne ipso facto une hausse des prix et qu’il entretient fina-lement l’inflation. La valeur de la mon-naie, selon le droit romain (Dig., 18, 1, 1)
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n’est pas fondée sur la substantia (« Stoff-wert »), sa valeur métallique, mais bien sur la quantitas (« Nennwert ») qui dérive de la forma publica, c’est-à-dire la valeur nominale garantie par l’État.
L’a. évoque ensuite le problème du mon-nayage au type du DIVO CLAVDIO / CONSECRATIO, série à laquelle les sour-ces de l’époque utilisent les termes élo-quents de vitiare et de corrodere. Au sujet de leur fabrication par des employés indé-licats de l’atelier romain, K. Ehling re-prend les termes de R. Göbl, à savoir que c’est l’œuvre d’une « véritable Maffia »...
La réforme d’Aurélien est décrite avec mi-nutie. Alors qu’une certaine unanimité émerge actuellement en faveur de l’inter-prétation de la marque XXI comme une indication de la composition métallique de la monnaie (1/20ème d’argent fin), l’a. considère qu’il s’agit en réalité du taux de reprise des anciens antoniniens : 20 mau-vaises pièces antérieures à la réforme (Gallien, Claude II, empire gaulois) con-tre un seul « antoninien réformé », ce dernier surévalué de 150%. On notera que n’apparaît nulle part le néologisme d’aurelianus pour désigner ces monnaies réformées, essentiellement utilisé par les numismates français ; Ehling préfère le terme d’aurelianische Reformantoninian. L’émission de cette nouvelle monnaie au-rait cette fois des conséquences politiques négatives car elle semble favoriser l’infla-tion. La preuve en serait le retour rapide à un taux de change diminué de moitié : la marque XI, utilisée sous Tacite et Carus dans certaines zones limitées de l’Empire, est ici interprétée comme l’indication d’un nouveau taux de change de 10 anciennes monnaies contre une nouvelle, issue de la réforme. Ces hypothèses, résumées ici en quelques lignes, sont soigneusement ar-gumentées à partir de sources anciennes. Elles méritent en tout état de cause une lecture extrêmement attentive.
VII. L’enseignement et les sciences
L’enseignement (au sens large) est étudié par K. Pietzner. Les sources antiques ne manquent pas. On apprend par exemple
la création d’une nouvelle bibliothèque située près du Panthéon, à Rome, sous Sévère Alexandre. Elle est l’œuvre de Sex-tus Iulius Africanus, un chrétien. Elle s’a-joute aux deux autres bibliothèques déjà présentes dans les thermes de Caracalla.
Les œuvres littéraires à caractère histori-ques sont un domaine particulièrement travaillé par la recherche moderne, sans doute à cause de l’indigence des sources contemporaines des faits. Les chapitres postérieurs à Sévère Alexandre de l’ou-vrage d’Hérodien, mort au milieu du siècle, sont perdus. Il se composait à l’ori-gine de huit livres, publiés sous Philippe ou Trajan Dèce. L’autre grand historien de l’époque, l’Athénien P. Herennius De-xippus, dont la chronique allait jusqu’à la mort de Claude II en 270, n’est connu que par des fragments. Cette partie consacrée aux sources historiques complète en quel-que sorte le chapitre I de l’ouvrage.
Quelques pages sont ensuite consacrées aux philosophes de l’époque, Longin et surtout Plotin, dont Gallien մեt un ardent défenseur.
VIII. Les religions
Nous n’entrerons pas dans le détail des aspects religieux, qui traitent successive-ment du paganisme, du judaïsme, du christianisme, du manichéisme et surtout du culte impérial (F. Herklotz). Cette der-nière contribution est peut-être un peu brève à notre goût : 12 p. seulement pour traiter des rites spécifiquement liés à la personne de l’empereur, aux cérémonies et anniversaires (decennalia par ex.), au culte des divi et surtout à l’assimilation progressive du Prince à Sol invictus.
IX. Crise en transformation de l’Empire au iii s.
Cette remarquable encyclopédie de l’Em-pire entre 235 et 284 s’achève par un texte synthétique (p. 1025-1053) coécrit par K.-P. Johne et U. Hartmann, résumant les informations évoquées ci-dessus, en les replaçant dans leur contexte.
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L’ouvrage se clôture par des fasti du plus haut intérêt car extrêmement détaillés (empereurs, consuls, préfets urbains, pré-fets du prétoire, gouverneurs, évêques, monarques orientaux et finalement prin-ces barbares), couvrant pas moins de 142 pages, et par une bibliographie de 160 p., totalisant environ 5.300 titres !
La longueur inusitée de cette recension montre l’importance que nous attribuons à cette œuvre magistrale. Les nombreux numismates et historiens travaillant sur les prémices de l’Antiquité tardive pour-ront difficilement se passer de recourir à ce monument de l’érudition allemande.
Jean-Marc Doyen
L. TRAVAINI, Philip Grierson, Irish Bulls and Numismatics, Roma, Edizioni Quasar di Severino Tognon, 2011, 12, 120 p., 18
’est avec plaisir que nous ferons mention ici du petit ouvrage édité
par notre ancienne lauréate du Prix Quin-quennal de Numismatique, Mme Lucia Travaini. Il s’agit d’un hommage à Philip Grierson (1910-2006), spécialiste mon-dialement reconnu de la numismatique médiévale. Mais Mme Travaini, au lieu d’un traditionnel volume biographique, édite quelques textes « mineurs » du prof. Grierson dont une étonnante étude (Irish Bulls, 1938) tendant à prouver que « Every-one knows that an Irish bull possesses some rare ethereal quality denied to bulls of other nations », et s’achevant par le monumental apophtegme de Sir Boyle (+ 1807) « that it was hereditary in his family to have no children ».
Plus sérieusement, l’ouvrage est complété par une bibliographie de Philip Grierson, totalisant 277 entrées.
Jean-Marc Doyen
Larissa BARATOVA, Nikolaus SCHINDEL & Edvard RTVELADZE : Sylloge Nummo-rum Sasanidarum Usbekistan, Wien, Verlag der Österreich. Akad. der Wissenschaen (Veröff. der numismatischen Kommission, Bd. 51), 2012, a4, 199 p., 47 pl., 647 n.
our un numismate intéressé par la période sassanide, la parution d’un
nouveau volume dans la série des Sylloge Nummorum Sasanidarum est toujours un événement.
En effet, cette série avait pour but initial de combler un vide abyssal dans ce do-maine oublié de la numismatique : publier quelques grandes collections publiques (Paris, Berlin, Vienne) sous forme de Syl-loge et, par la même occasion, proposer une nouvelle définition, bien plus com-plète que celle proposée par Göbl, des dif-férents types utilisés et une identification des ateliers en activité aux différentes époques.
Les trois premiers volumes se sont donc penchés sur la publication de ces collec-tions jusqu’au règne de Kawad I (488-531
ad). Il reste encore à publier les monnaies des derniers règnes, certes bien plus nom-breuses que celles des règnes précédents mais avec moins de types monétaires et une frappe bien plus structurée et centra-lisée.
Entretemps, le projet s’est élargi, incluant d’autres collections nationales (SNS Israël et le présent volume) et une importante collection privée sera également publiée très prochainement.
Le volume Sylloge Nummorun Sasanida-rum – Usbekistan est en fait très différent des précédents. En effet, il regroupe les monnaies de type sassanide (sassanides, imitations de type sassanide et arabo-sas-sanides) se trouvant dans différentes insti-tutions d’Uzbekistan. De plus, la plupart du matériel publié provient de trouvailles locales bien répertoriées. Il ne s’agit donc pas d’une collection unique essayant de donner une image relativement complète du monnayage sassanide mais plutôt d’un groupe de monnaies illustrant assez clai-
C
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