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Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 1 SEMINAIRE INTERNATIONAL SUR LA MEMOIRE HISTORIQUE PARTAGEE ENTRE LE MAROC ET LE VIETNAM ------------------------------- SEMINAR QUỐC TẾ CHIA SẺ KÝ ỨC LỊCH SỬ GIỮA VIỆT NAM VÀ MA-RỐC ------------------------------- INTERNATIONAL SEMINAR “SHARED HISTORICAL MEMORY BETWEEN MOROCCO AND VIETNAM” Venue: University of Social Sciences & Humanities USSH, 336 Nguyen Trai Str., Thanh Xuan Dist., Hanoi 27 th March 2017 University of Social Sciences Embassy of the Kingdom & Humanities of Hanoi of Morocco in Vietnam

SEMINAR - Moroccan Embassy

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Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 1

SEMINAIRE INTERNATIONAL SUR LA MEMOIRE HISTORIQUE PARTAGEE ENTRE LE MAROC ET LE VIETNAM

------------------------------- SEMINAR QUỐC TẾ

CHIA SẺ KÝ ỨC LỊCH SỬ GIỮA VIỆT NAM VÀ MA-RỐC -------------------------------

INTERNATIONAL SEMINAR “SHARED HISTORICAL MEMORY BETWEEN MOROCCO AND VIETNAM”

Venue: University of Social Sciences & Humanities USSH, 336 Nguyen Trai Str., Thanh Xuan Dist., Hanoi

27th March 2017

University of Social Sciences Embassy of the Kingdom

& Humanities of Hanoi of Morocco in Vietnam

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Concept paper

INTERNATIONAL SEMINAR

“SHARED HISTORICAL MEMORY BETWEEN MOROCCO AND VIETNAM”

Context of the Seminar:

The Embassy of the Kingdom of Morocco in Vietnam, in cooperation with the University of Social Sciences and Humanities of Hanoi, held a seminar about the historical relations between Morocco and Vietnam, in Hanoi, on 27th March, 2017, under the thematic “Shared Historical Memory between Morocco and Vietnam”.

The seminar was held in the framework of historical relations between Morocco and Vietnam, and within the Memorandum of Understanding (MoU) between the National University of Hanoi and the University Mohammed V of Rabat, was signed, on 28th March, 2017.

This seminar also aimed to contribute to strenghtening cultural cooperation between the two countries, and more specifically intends to complement the actions to be taken by the two institutions for promoting research programs in this field.

The seminar took the form of a discussion about the historical relations between Morocco and Vietnam.

Purpose:

To assess historical relations between Morocco and Vietnam and their perspectives on shared historical heritage;

To strengthen cooperation in research programs about historical shared memory;

To bring together points of view of experts, professors from Morocco and Vietnam;

To develop joint actions and collaboration in publishing books and articles about shared history.

Participants:

The seminar saw the attendance of senior officials, professors, Ambassadors and students. The event has also known the participation of many experts and professors to discuss lessons learnt from the historical shared memory between Morocco and Vietnam.

Organization:

The Seminar was held on 27th March 2017 in the University of Social Sciences and Humanities, R506, Building E, 336 Nguyen Trai Str., Thanh Xuan Dist., Hanoi.

Working meetings were held in three working languages: Vietnamese, French and English.

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& Humanities of Hanoi of Morocco in Vietnam

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Annotated Agenda

INTERNATIONAL CONFERENCE “SHARED HISTORICAL MEMORY BETWEEN MOROCCO AND VIETNAM”

Venue: R506, building E at University of Social Sciences & Humanities USSH, 336 Nguyen Trai Str., Thanh Xuan Dist., Hanoi

27th March 2017

University of Social Sciences Embassy of the Kingdom

& Humanities of Hanoi of Morocco in Vietnam

08:30 – 09:00 Registration of Participants

09:30 – 10:00 SESSION I: Historical relations between Morocco and Vietnam: overview and perspectives

What is the value of the historic shared memory as an immaterial capital? How can it be preserved and developed? what is the role of historic shared memory in safeguarding and preserving nations’ heritage?

10:30 – 11:00

SESSION II: Historical ties between Vietnam Veterans Association (VVA) and High Commission for Former Resistance and former Members of Liberation Army

What is the historical significance of resistance shared memory? What is the background of the historical ties between Vietnam Veterans Association and High Commission for Former Resistance and former Members of Liberation Army? How can the richness of historical shared memory be reflected through the activities of “World Veterans Federation” and in other international and regional fora?

11:15 – 12:00 SESSION III:

Promotion of historical shared memory in universities academic programs

How academia could contribute to preserving Morocco-Vietnam shared memory? What is the role of universities in fostering research programs in the field of shared memory? How research program can enrich and promote historical relations between Morocco and Vietnam?

12:15- 12:45 Concluding Remarks

Prof. Pham Quang Minh & Prof. Abdellah SAAF

12:45- 14:00 Lunch

14:00- 17:00 Visit to “Morocco Gate”

Built in 1963 by Moroccan soldiers in Ba Vi district

19:00 Dinner offered by H.E.Mr. Azzeddine FARHANE, Ambassador of His Majesty the King of Morocco to Vietnam

Venue : Residence of H.E Ambassador, Villa 32, No 10, Dang thai mai, Tay ho, Hanoi

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Photo des Soldats marocains durant la Guerre d’Indochine 1946-1954

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Table des matières

Discours d’ouverture

S.E.M. Vu Hong Nam, Vice-Ministre des Affaires Etrangères de la République Socialiste du Vietnam

S.E.M. Azzeddine Farhane, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi au Vietnam

Pr. Pham Quang Minh, Recteur de l’Université des Sciences Sociales et Humaines

SESSION I: Les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam : Bilan et Perspective

1. Le Vietnam et le Maroc : relations historiques et perspectives de coopération

Pr. Nguyen Van Kim, Université des Sciences Sociales et Humaines

2. Les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam : vecteur de renforcement des relations bilatérales

Pr. Saaid Amzazi, Président de l’Université Mohammed V-Rabat

SESSION II: Les liens historiques entre l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut-Commissariat aux anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération

1. La contribution des soldats marocains à côté du Viet Minh, durant la guerre de résistance du Vietnam

Mr. El Mostapha EL KTIRI, Haut-Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération.

2. Les relations historiques entre l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut-Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération

Mr. Tran Ngoc Dan: Directeur du Département des Affaires Etrangères au sein de l’Association des Vétérans du Vietnam

SESSION III : La promotion de la mémoire historique partagée dans les programmes universitaires académiques

1. La Promotion de la mémoire historique partagée à travers les programmes de recherche universitaires académiques

Pr. Abdellah SAAF, Directeur du Centre d’Etudes et de Recherches en Sciences Sociales

2. La signification historique et culturelle de “ la Porte du Maroc”

Pr. Amina Achour, Ecrivaine et Critique littéraire

3. Le Maroc et le Vietnam : Similitudes historiques

Pr. Dang Xuan Khang, Université des Sciences Sociales et Humaines

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Discours d’ouverture

S.E.M. VU HONG NAM

Vice-Ministre des Affaires Etrangères de la République Socialiste du Vietnam

Excellence Azzeddine Farhane, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc à Hanoi,

Excellence Pham Van Minh, Recteur de l’Université des Sciences sociales et humaines,

Mesdames et Messieurs,

J’aimerais vous dire la joie qui est la mienne d’assister, aujourd’hui, au Séminaire « Mémoire historique partagée entre le Vietnam et le Maroc ». Je voudrais, tout d’abord, au nom du Ministère des Affaires Etrangères de la République Socialiste du Vietnam, adresser la plus cordiale des bienvenues au Professeur Saaid AMZAZI, Président de l’Université de Mohammed V-Rabat, à S.E.M. El Mostapha EL KTIRI, Haut-Commissaire aux Anciens Combattants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc, ainsi qu’aux chercheurs marocains qui n’ont ménagé aucun effort en dépit du long chemin pour venir partager avec nous au Vietnam leurs précieuses connaissances sur le Maroc, un pays d’une beauté exceptionnelle, ainsi que sur les relations historiques entre nos deux pays.

Le Ministère des Affaires Etrangères prend en haute considération l’initiative lancée par S.E. M. Azzeddine FARHANE, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc et remercie l’Université des Sciences sociales et humaines pour son implication dans la co-organisation du Séminaire. Ce forum revêt une importance particulière dans le cadre de nos actions de célébration du 56e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Vietnam et le Maroc (27/03/1961-27/03/2017). Il offre d’ailleurs une occasion exceptionnelle pour jeter un regard rétrospectif sur le passé, faire revivre les traditions de lutte héroïque pour l’indépendance de nos deux peuples qui partagent en effet de nombreuses similitudes.

Malgré la distance géographique qui sépare le Maroc du Vietnam, les différentes générations de dirigeants de nos deux pays n’ont cessé de cultiver nous relations bilatérales et de les faire fructifier au cours de ces dernières années. En effet, les échanges de visite de haut niveau ont été effectués tant au niveau de Premier Ministre et de Président de l’Assemblée nationale qu’au niveau ministériel. Nos relations diplomatiques bilatérales sont à leur plus haut niveau, l’un ayant ouvert une Ambassade permanente chez l’autre. Les deux parties ont d’ailleurs instauré le mécanisme de la Commission mixte interministérielle ainsi que celui des concertations politiques entre deux Ministères des Affaires Etrangères. Le Maroc est le 7ème partenaire commercial africain du Vietnam avec un montant des échanges commerciaux qui frôle le seuil de 200 millions de dollars.

Le Maroc figure en outre par les pays africains qui apportent un soutien actif au Vietnam dans les enceintes internationales. A ce titre, le Maroc a appuyé la candidature du Vietnam aux institutions des Nations Unies : membre non permanent du Conseil de Sécurité (mandat 2020-2021), membre du Conseil des Droits de l’Homme, du Conseil économique et social, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), à la Cour internationale de justice, à l’Union internationale des télécommunications. Certes, les investissements bilatéraux restent encore modestes, mais je suis convaincu que de nombreuses potentialités restent à explorer dans un certain nombre de secteurs comme tourisme, commerce, éducation et qu’il appartient aussi à nos jeunes étudiants ici présents de faire preuve d’innovation et de créativité pour mettre à profit ces potentialités.

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Mesdames et Messieurs,

L’histoire de nos deux peuples avait des similitudes. Si le Vietnam est connu pour son histoire glorieuse d’édification et de défense nationales, le Maroc, quant à lui, se distingue de par sa lutte intransigeante pour son indépendance face aux colonialistes. C’est dans cette lutte commune que nos deux pays ont su partager leurs valeurs communes pour jeter progressivement des fondements solides au profit de nos relations bilatérales. Des soldats marocains enrôlés dans le Corps expéditionnaire français pour mener une guerre d’agression contre le Vietnam ont déserté ses rangs pour rejoindre Viet Minh et lutter ainsi contre les impérialistes pendant la Résistance (1946-1954).

La lutte pour la cause juste et pour l’indépendance de deux pays constitue une valeur sure que nos deux peuples sont appelés à préserver ensemble. Ce sont aussi des soldats marocains qui ont construit avec tant de talent la Porte du Maroc à Ba Vi, Hanoi, en guise de mémoire à l’égard de la solidarité entre les deux pays. Elle est devenue, à l’heure actuelle, un vecteur de l’humanisme reconnu par l’Organisation des Nations Unies comme porteur de la solidarité et de l’amitié entre les peuples.

Comme vous le savez, le journal télévisé « Aljazeera World » a fait un long reportage d’une durée de 40 minutes en date du 5 février 2014 sur la vie des familles vietnamo-marocaines. Au travers de ce reportage, j’ai appris avec joie que des échanges de visite sont régulièrement effectués par nos anciens combattants et qu’ils sont toujours une passerelle pour le renforcement de l’amitié de nos deux peuples. Je voudrais saisir l’occasion qui m’est donnée pour adresser mes plus vives félicitations à l’Association d’amitié Maroc-Vietnam qui a vu le jour le 17 mars 2017 grâce aux efforts consentis par les deux Ambassadeurs de Sa Majesté le Roi à Hanoï. L’Association contribuera à sauvegarder les mémoires partagées de nos deux pays, à approfondir nos connaissances mutuelles ainsi qu’à resserrer les relations de coopération dans le temps à venir.

Je vois bien qu’il y a beaucoup de jeunes étudiants parmi nous. J’espère que ce Séminaire leur offrira l’occasion de connaître mieux l’histoire partagée entre le Vietnam et le Maroc ainsi que leurs valeurs du patriotisme et de l’amitié. Nos jeunes seront aussi celles et ceux qui vont ouvrir de nouvelles perspectives de coopération économique et commerciale entre les deux pays et promouvoir donc ces relations bilatérales à l’avenir.

Animé de cet esprit, je déclare ouvert le Séminaire « La mémoire partagée entre le Vietnam et le Maroc ». Je vous souhaite bonne santé et un séminaire fructueux.

Je vous remercie.

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PHÁT BIỂU KHAI MẠC

HỘI THẢO

“CHIA SẺ KÝ ỨC LỊCH SỬ GIỮA VIỆT NAM VÀ MA-RỐC”

CỦA THỨ TRƯỞNG NGOẠI GIAO VŨ HỒNG NAM

(Hà Nội, ngày 27 tháng 3 năm 2017)

Thưa ngài Azzeddine Farhane, Đại sứ Vương quốc Ma-rốc tại Hà Nội,

Thưa ngài Phạm Văn Minh, Hiệu trưởng trường Đại học Khoa học Xã hội và Nhân văn,

Thưa các Quý vị đại biểu,

Tôi rất vui mừng tham gia phát biểu khai mạc buổi Hội thảo “Chia sẻ ký ức lịch sử giữa Việt Nam - Ma-rốc” ngày hôm nay. Trước hết thay mặt Bộ Ngoại giao Việt Nam, tôi xin nhiệt liệt chào mừng Giáo sư Aziz Amzazi, Chủ tịch Đại học Mohammed V-Rabat, Ngài El Mostapha El Ktiri, Cao ủy cựu kháng chiến và cựu chiến binh Ma-rốc và các nhà nghiên cứu Ma-rốc đã không quản ngại đường xa đến chia sẻ với chúng tôi những hiểu biết quý báu của mình về đất nước Ma-rốc tươi đẹp cũng như về lịch sử quan hệ hai nước chúng ta.

Bộ Ngoại giao hoan nghênh sáng kiến của ngài Đại sứ và cảm ơn Đại học Khoa học Xã hội và Nhân văn đã ủng hộ ý tưởng, đồng tổ chức Hội thảo này, sự kiện không chỉ có ý nghĩa thiết thực kỷ niệm 56 năm ngày thiết lập quan hệ ngoại giao Việt Nam – Ma-rốc (27/3/1961 – 27/3/2017) mà còn là cơ hội quý báu để chúng ta cùng nhìn lại quá khứ, làm sống lại truyền thống đấu tranh hào hùng của hai dân tộc với nhiều nét tương đồng.

Dù ở hai châu lục cách xa nhau, nhưng các thế hệ lãnh đạo Việt Nam và Ma-rốc không ngừng nỗ lực vun đắp và phát triển quan hệ giữa hai nước trong những năm qua. Thủ tướng và Chủ tịch Quốc hội hai nước thăm nhau và hai nước thường xuyên có trao đổi đoàn cấp Bộ trưởng. Quan hệ ngoại giao song phương đã ở mức cao nhất - cấp Đại sứ quán thường trú. Hai bên đã thiết lập cơ chế Ủy ban Hỗn hợp liên bộ ngành và cơ chế tham vấn chính trị giữa hai Bộ Ngoại giao. Hiện Ma-rốc là đối tác thương mại lớn thứ 7 của Việt Nam tại châu Phi với kim ngạch thương mại đạt xấp xỉ 200 triệu USD. Ma-rốc là một trong những nước châu Phi tích cực ủng hộ Việt Nam trên các diễn đàn quốc tế, Ma-rốc ủng hộ Việt Nam ứng cử vào các cơ quan của Liên Hợp quốc như Ủy viên không thường trực HĐBA/LHQ khoá 2020-2021, Hội đồng Nhân quyền, Hội đồng Kinh tế Xã hội, Ban Chấp hành UNESCO, Hội đồng Ủy ban Luật pháp quốc tế, Hội đồng Điều hành Liên minh Bưu chính thế giới. Mặc dù quan hệ đầu tư hai nước còn hạn chế nhưng tôi tin tưởng rằng hai nước còn nhiều tiềm năng trên các lĩnh vực du lịch, thương mại, giáo dục… chưa được khai thác và các bạn trẻ sinh viên đến dự Hội thảo ngày hôm nay sẽ phát huy tính sáng tạo của mình để tận dụng khai thác các lợi thế của hai nước trong thời gian tới.

Thưa quý vị đại biểu,

Hai dân tộc chúng ta đã có một quá khứ lịch sử tương đồng. Việt Nam có một lịch sử dựng nước và giữ nước hào hùng. Ma-rốc có quá khứ quật cường đấu tranh dành độc lập dân tộc từ tay thực dân đế quốc. Chính trong lịch sử đấu tranh đó, hai nước chúng ta đã chia sẻ giá trị chung, từng bước đặt nền móng vững chắc cho quan hệ song phương tốt đẹp ngày nay. Những người lính Ma-rốc trong quân đội viễn chinh Pháp sang xâm lược Việt Nam đã từ bỏ hàng ngũ đế quốc để sát cánh cùng nhân dân Việt Nam bảo vệ tổ quốc trong cuộc Kháng chiến chống Pháp 1946-1954. Tinh thần chiến đấu cho chính nghĩa, cho độc lập dân tộc của mỗi quốc gia là những giá trị quý báu mà nhân dân hai nước chúng ta cần cùng nhau trân trọng gìn giữ. Chính những người lính Ma-rốc đã khéo léo xây dựng Di tích Cổng Ma-rốc tại Huyện Ba Vì, Hà Nội để kỷ niệm cho tình đoàn kết giữa nhân dân hai nước và trở thành biểu tượng nhân văn được Liên hợp quốc ca ngợi đại diện cho tinh thần đoàn kết, hữu nghị giữa các dân tộc trên thế giới.

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Như các bạn cũng đã biết, Báo Aljazeera World đã có phóng sự rất thú vị dài hơn 40 phút vào ngày 5/2/2014 về cuộc sống của các gia đình Việt Nam – Ma-rốc. Qua đó, tôi cũng rất vui được biết những người cựu chiến binh năm xưa của hai nước vẫn thường thăm viếng lẫn nhau, vẫn là nhịp cầu vun đắp tình hữu nghị giữa hai nước. Nhân đây, tôi cũng gửi lời chúc mừng tới Hội hữu nghị Ma-rốc và Việt Nam vừa được thành lập ngày 17/3/2017 vừa qua nhờ sự kết nối tích cực của hai Ngài Đại sứ Ma-rốc tại Hà Nội. Hội sẽ giúp lưu giữ những ký ức đẹp giữa nhân dân hai nước và cũng là cơ quan giúp phát triển vốn hiểu biết quý báu của chúng ta trong quá khứ thành các hoạt động hợp tác chặt chẽ trong tương lai. Chúng ta luôn cần nhìn lại và học hỏi từ quá khứ để chuẩn bị cho tương lai.

Tham dự buổi hội thảo ngày hôm nay còn có rất nhiều các bạn sinh viên trẻ, tôi hy vọng rằng đây sẽ là cơ hội tốt để các bạn, thế hệ tương lai của đất nước hiểu thêm về lịch sử chung giữa Việt Nam và Ma-rốc cũng như những giá trị của chủ nghĩa yêu nước, tình hữu nghị giữa các dân tộc. Các bạn trẻ cũng sẽ mở ra những cánh cửa triển vọng tăng cường quan hệ hợp tác kinh tế thương mại giữa hai nước, duy trì quan hệ song phương tốt đẹp trong thời gian tới.

Tôi xin tuyên bố khai mạc Hội thảo “Chia sẻ ký ức lịch sử giữa Việt Nam và Ma-rốc”, xin chúc sức khỏe Quý vị đại biểu và chúc Hội thảo thành công tốt đẹp.

Xin trân trọng cảm ơn./.

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Discours d’ouverture

S.E.M Azzeddine FARHANE

Ambassadeur de Sa Majesté le Roi au Vietnam

Mr. VU HONG NAM, Vice Minister of Foreign Affairs of Vietnam,

Excellencies, Ladies and Gentlemen,

First of all, I would like to thank all our partners for organizing this important seminar in Hanoi, which brings together diplomats, historians, professors and experts to exchange their views and analysis about shared historical memory between Morocco and Vietnam.

Excellencies, Ladies and Gentlemen,

Our gathering today is timely and relevant.

Timely, because today marks the 56th anniversary of the establishment of diplomatic relations between our two countries, in 27th march 1961. More than half a century of excellent relations that have reached a high level of maturity, rich history, shared heritage and common values of freedom, humanism and tolerance.

It is also timely, because on the 17th march 2017, the Moroccan-Vietnamese Friendship Association was created in Rabat, with the President of the Association, H.E.Mr. El mostafa el Ktiri and the Vice-President, Mrs. Amina Achour, are both present with us here.

Relevant, because this seminar will address shared historical memory between nations as an important component in the field of social science and humanities.

It is also relevant, because even our two respective countries are far geographically, they are close historically, thanks to their long standing shared history of struggle for freedom and independence.

That’s why we believe that the first edition of this international seminar represents a very valuable occasion for a rich panel of professors and academia, who are in attendance today, to create an open sphere of discussion for assessing the historical relations between Morocco and Vietnam and shedding light on common historical heritage between our two countries.

Moreover, this event will be an opportunity to nurture interdisciplinary dialogue on means and ways to develop research programs in the field of shared historical memory, and to set up joint actions and collaboration activities in publishing books and articles about the memorial history.

Excellencies, Ladies and Gentlemen,

There is no doubt that this exchange of views will, henceforth, highlight the exemplarity of the historical bilateral relations between Morocco and Vietnam in the past, laying, therefore, the foundations for developing and fostering them in the future.

In fact, the ultimate vision of this event remains enhancing and enriching our common understanding of the history, to promote intercultural dialogue and cultural exchange between Africa and Asia.

Although distance separates us, history unites us. Our historical shared memory was created thanks to the heroic actions of Moroccan soldiers who joined the Liberation Army of Vietnam to fight for the independence of Vietnam.

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This memory is not just an individual or a private experience, is it part of the collective domain of historical heritage that Morocco and Vietnam have in common, and which is still embodied, until today, in “Morocco Gate”, in “Ba Vi” region, as a historic monument built by Moroccan soldiers, inspired by Moroccan Moorish architectural style, on Vietnamese land and with Vietnamese materials.

Excellencies, Ladies and Gentlemen,

We believe that the historical relations between Morocco and Vietnam are rich, dense and diversified, and represent a transregional model. It is highly the time we shared our “shared memory” with other nations and organizations, by submitting a joint resolution proposal, between Morocco and Vietnam, either to World Veterans Federation or to UNESCO’s Committee for Intangible Cultural Heritage on shared memory and historical heritage, as a mean for promoting intercultural and civilizational dialogue.

Our eyes are looking forward to a brighter future between Morocco and Vietnam. A future that bypasses geographical and cultural barriers to forge a fruitful partnership between our two countries in political, economic and cultural fields, with the aim of achieving the aspirations of our two people for welfare and prosperity.

I strongly believe that the past serves as an impetus for orientation in our present, to turn more consciously towards a better future.

I wish all the success for this important seminar.

Thank you for your attention

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Discours d’ouverture

Pr. Pham Quang Minh

Recteur de l’Université des Sciences Sociales et Humaines

Your Excellency Mr. Azzeddine Farhane, Ambassador of The Kingdom of Morocco to Vietnam

Your Excellency Mr. El Mostapha El Ktiri, High Commissioner for Former Resistance and former Members of Liberation Army

Your Excellency Mr. Vu Hong Nam, Deputy Minister of Foreign Affairs

Ladies and Gentlemen,

First of all, I would like to express my sincere thanks to His Excellency Mr. Azzeddine FARHANE, Ambassador of The Kingdom of Morocco to Vietnam and his staff for their initiative and proactive cooperation with our university to organize this important conference. Using this opportunity, I also would like to thank you all of you, especially Mr. El Mostapha and professors, experts coming from Morocco to join our conference today. It is my great honor to welcome all of you at my university.

Second, the topic of the conference “Shared Historical Memory between Morocco and Vietnam” is essential for all of us. Vietnam and Morocco are divided by oceans and continents, but we are connected by a common history. Both countries used to be colony of France, and both of them struggled for their independence in 1945 for Vietnam and in 1956 for Morocco respectively. Both countries today are members of the Francophonie, United Nations (UN), World Trade Organization (WTO), and play more and more important role in regional and world affairs. Two countries established their diplomatic relationship on 27 March 1961. The patriot and independent spirit are the most valuable tradition and historical values that Vietnam and Morocco can share with each other. Thanks to this spirit two people could overcome many difficulties to build up a more prosperous and independent country in the years followed.

Third, based on the common historical, in the new context, two countries should promote their cooperation for peace, progress and prosperity. Beside political relations, economic cooperation, I think academia and humanity can serve as important instrument for strengthening relationship. Therefore, I am very happy to see the presence of professors from Mohammed V University of Morocco. We are living in a knowledge-based society whereby university plays a decisive role in human resources training. I am happy to tell you that the Faculty of History of my university is the biggest and strongest one. Our historians are ready to cooperate with your historians in designing common curriculum, organizing further conferences and carrying out common research projects on such kind of topic, for example, the legacy of colonialism, the development ways and the reform experiences, just some to name. I do hope there will be more conferences like this. There will be also more faculty and students' exchanges, more research projects carried out by professors of two universities. From my side I will try my best to cooperate with Mohammed V University.

By closing I would like to congratulate people from two countries, your excellency Mr. Ambassador Mr. Azzeddine FARHANE, Ambassador of The Kingdom of Morocco to Vietnam and Your Excellency Mr. Vu Hong Nam, Deputy Minister of Foreign Affairs on the occasion of 56th year of establishment of bilateral relationship. Thank you again. I would like to wish you all the best, and the conference great success.

Thank you.

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1. Le Vietnam et le Maroc : relations historiques et perspectives de coopération Pr. Nguyen Van Kim, Université des Sciences Sociales et Humaines

2. Les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam : vecteur de renforcement des relations bilatérales Pr. Saaid Amzazi, Président de l’Université Mohammed V-Rabat

SESSION I: Les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam : Bilan et Perspective

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1. Point de vue géopolitique et géoculturel

Sur la carte du monde, les pays de l’Afrique du Nord (Egypte, Libye, Tunisie, Algérie et Maroc) constituent un corridor autour de la Méditerranée. Situé à l’extrême Ouest de l’Afrique du Nord, le Royaume du Maroc occupe un poste d’avant-garde du corridor économique et culturel pour dialoguer et échanger de manière permanente avec les communautés méditerranéennes en sa qualité de porte d’entrée en Afrique.

Le Maroc est justement séparé de l’Espagne et du Portugal par le détroit de Gibraltar, (13 km de deux villes autonomes espagnoles, Ceuta et Melilla), passage maritime unique entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique. A l’époque Néolithique (il y a 8000 ans avant JC), les citoyens du pays appelé Marrakech (Pays du Dieu) par les Persans, ont traversé les îles méditerranéennes et le détroit Gibraltar pour faires des échanges commerciaux et culturels avec l’Europe, l’Asie et le monde.

Dans un contexte marqué par des interférences culturelles multidimensionnelles, à partir du IXème siècle avant JC, les Phéniciens se sont installés dans la zone du littoral de l’Afrique du Nord. C’est en passant par les échanges culturels, économiques tout comme par les mariages mixtes que des tribus africaines sont allées à la rencontre des Grecs et Romains.

Ce brassage culturel se faisait même par la voie de la guerre…Pendant son apogée, l’Empire romain créa quatre provinces dont la Numidie et la Mauritanie placées directement sous le règne de Julius Caesar (César). A partir du IIème siècle, l’Afrique devint l’épicentre de la politique méditerranéenne de l’Empire romain. Sous les dynasties d’Antonins (entre 92 et 192), la romanisation battait son plein. Plusieurs villes eurent une forte croissance, l’agriculture et le commerce se sont fortement développés. « Les échanges commerciaux avec l’Afrique s’effectuaient encore au travers de la route du Sahara, car les Romains chérissaient les produits du Soudan : esclaves, ivoire, animaux sauvages et or. Tant que ces besoins existent, ces échanges continuent » (extrait de livre « Les civilisations africaines », de Anne Stamm).

Dans cet élan, beaucoup de Romains se sont installés en Afrique et c’est grâce aux flux migratoires et aux échanges culturels que des communautés de destins se sont formées tout comme la diversité culturelle qui en découle. Durant cette période, à partir du IIème siècle, le Christianisme s’est répandu dans plusieurs régions de l’Afrique Le monde des religions polythéistes locales accueilli ainsi un puzzle de plus qui était en l’occurrence le christianisme.

Dans la famille des pays nord-africains, le Maroc devint une terre de rencontres et d’interférences de plusieurs civilisations ainsi qu’un centre des échanges commerciaux. La civilisation méditerranéenne est, à ce titre, connue de tous dans des études des chercheurs comme Cheikh Anta Diop, Frank M. Snowden, Engelbert Mveng, Théophile Obenga, Marcel Mauss, Paul Rivet, Marcel Cohen, …

A la recherche des terres pour leurs colons, les Grecs ont occupé plusieurs régions en Méditerranée. A partir du VIème siècle avant JC, les Romains ont pris la relève en

« Le Royaume du Maroc occupe un

poste d’avant-garde du corridor

économique et culturel pour dialoguer et échanger de

manière permanente avec les

communautés méditerranéennes en sa qualité de

porte d’entrée en Afrique »

« Le Vietnam et le Maroc : Relations historiques et perspectives de coopération »

Pr. Nguyễn Văn Kim Université des Sciences sociales et humaines de Hanoi

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élargissant leur zone d’influence jusqu’en Europe, Asie et Afrique. La civilisation romaine s’est donc enrichie au contact avec de différentes civilisations de la région.

Pour un bon nombre de chercheurs, la civilisation méditerranéenne est toujours considérée comme une civilisation emblématique de l’Europe, une civilisation occidentale, ou même chrétienne. Evidemment, ce n’est qu’un point de vue. On comprend toujours qu’il y a toujours des approches différentes et donc aussi des points de vue différents pour appréhender une civilisation... Dans cet esprit, quand on aborde les spécificités d’une culture, il est indispensable de tenir compte de ses valeurs originelles, des facteurs historiques et sociaux, ainsi que de sa nature humaniste.

En outre, en parlant des migrations humaines, mariages interraciaux et interférences culturelles, paléontologues, historiens et anthropologues ont avancé de différentes théories, à savoir le polycentrisme ou théorie multirégionale, et le monocentrisme. Ces théories, une fois proposées, reposent toutes sur les preuves ou fondements scientifiques.

Selon le chercheur russe Lev Jivatovsky (2004) : Le génome de l’être humain provient en effet d’une communauté composée d’environ 2000 personnes de l’Antiquité vivant en Afrique, il y a environ 100-150 mille ans. D’origine africaine, ils ont par la suite émigré en Europe où vivaient les Néandertaliens avant de s’établir en Asie, en Océanie et en Amérique.

Dans l’œuvre « La Grèce antique devant la Négritude », Alain Bourgeois a proposé un angle de vue exceptionnelle sur l’un des sujets considérés comme tabous dans la recherche. Il considère que les Grecs anciens étaient d’origine africaine, au moins pour ceux qui vivaient à l’Est, précisément d’Ethiopie, là où on les traces de l’évolution de l’homme datant de plus de 3 700 000 ans ont été découvertes. A partir du Paléolithique supérieur ou du Néolithique, avant d’émigrer en Europe en passant par Sicile et Egée, les Négroïdes s’étaient implantés en Afrique du Nord et puis en Méditerranée, ensuite au Moyen-Orient, en Asie du Sud et dans les îles de l’Océanie.

Dans l’ouvrage intitulé « Le Maroc et l’artisanat traditionnel islamique dans l’architecture », André Paccard a démontré que l’art nord-africain représente non seulement des caractéristiques de l’Afrique mais il est encore influencé, entre autres, par les cultures Ibérique, Phénicienne, Étrusque, Latine, Grecque, Perse, Hindous. D’autre part, la culture et la poésie arabes sont le fruit et la quintessence des interférences de plusieurs cultures européennes, asiatiques et africaines.

Dans plusieurs travaux de recherche, on évoque souvent le miracle méditerranéen, cependant ceci n’aurait pas été possible sans des élans de créativité locale et des dynamiques endogènes qui sont le résultat de l’interférence culturelle. En effet, la naissance d’une grande civilisation ne résulte pas seulement de son évolution endogène mais encore de l’acculturation, l’échange, la transformation et la combinaison de plusieurs civilisations régionales et mondiales.

Dans cette logique, selon le Léopold Sédar Senghor (1906-2001), homme politique, écrivain et fondateur de l’Organisation Internationale de la Francophonie, « pour les Grecs, les Noirs au sein de l’Afrique sont les plus anciens, ils ont créé la religion, l’art et l’écriture. A noter qu’il faut attendre jusqu’au XXème siècle, siècle de la décolonisation, pour s’intéresser aux problèmes importants qui ont apparu depuis plus de 2000 ans. Les archéologues, préhistoriens, ethnologues et linguistes ont sauvé l’histoire de la Grèce, même la poésie d’Homère, mais la vérité c’est « poésies », c’est-à-dire, la recréation du monde humain, c’est ce que les Ethiopiens font vivre à partir des particularités de la Négritude. »

Sur le plan anthropologique et biologique, certains chercheurs comme Paul Rivet (Institut de l’Ethnographie Paris, France), ont dit que 4 à 20% des Méditerranéens sont

« L’art nord-africain représente non seulement des caractéristiques de

l’Afrique, mais il est encore influencé,

entre autres, par les cultures Ibérique,

Phénicienne, Étrusque, Latine, Grecque, Perse,

Hindous »

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d’origine africaine sur le plan biologique. Il s’est aussi attardé sur les interactions entre les premières civilisations de l’histoire de l’humanité, la civilisation égyptienne (Afrique), la civilisation méditerranéenne (Europe), la civilisation indienne, la civilisation chinoise (Asie). Et l’un des résultats de ces interférences entre civilisations a été la naissance des Indo-Européens et les flux migratoires des Aryens en Inde. Ceux-ci ont ainsi apporté des changements sociétaux là où les Dravidiens étaient jusqu’alors considérés comme « les Noirs asiatiques » ou « les Ethiopiens de l’Orient ». Quant au Maroc, ses habitants sont pour l’essentiel d’origine arabe et berbère (d’origine européenne) et arabo-berbères.

Dans leurs relations diversifiées avec les pays de la Méditerranée, Portugais et Espagnols, de par de différents voies et méthodes, se sont mélangés avec des races asiatiques et africaines. On peut donc reconnaître les Nord-Africains par leurs caractéristiques suivantes : cheveux bruns, tête longue, taille moyenne. Le croisement des Celtes avec d’autres races a donné lieu à la naissance des Celtibères, race principale des Portugais. D’ailleurs, au sein de la communauté lusophone en Europe, en Afrique et en Amérique, on compte 90 millions des Noirs. Pendant plusieurs décennies, des milliers d’africains avaient en effet émigré au Portugal et en Espagne non seulement en leur qualité de serviteurs, mais aussi comme travailleurs qualifiés connus pour leur habileté, leur savoir et leur créativité.

C’est par le biais des interférences sociales, linguistiques et culturelles qu’en Méditerranée, toutes les premières et les plus grandes civilisations de l’humanité ont vu le jour au travers du métissage biologique et de l’acculturation entre Africains, Européens et Asiatiques ou bien en d’autres termes entre Noirs, Blancs et Jaunes. Ce processus est passé de la forme poly typique à la forme monotypique, de poly ethnies à mono ethnie.

Ayant une diversité ethnique, l’Asie du Sud-Est, dont le Vietnam fait partie intégrante, est une région de cohabitation de différentes races : Môn-Khmer, Austronésien, Kadai, Mông-Dao, Han-Tang, … Dans cet écosystème général, les Austronésiens habitent un espace immense qui va de Taiwan à Hainan en passant par Papua Nouvelle Guinée et jusqu’à Madagascar. Selon plusieurs chercheurs, le berceau des langues malayo-polynésiennes a été toujours l’Asie du Sud-Est qui va de l’Est de l’Indonésie jusqu’au Sud des Philippines avant de s’étendre vers le Nord du Japon, la Polynésie, l’Est de la Baie du Bengale et Madagascar.

En raison de sa position géo-écologique et humaniste, le Vietnam a joué un rôle très important car il était un trait d’union entre différentes cultures, une passerelle d’échanges humains et culturels entre l’Asie du Sud-Est archipélique et l’Asie du Sud-est péninsulique, entre l’Asie du Nord-est et l’Asie du Sud-est, entre confucianisme, bouddhisme, hindouisme et même l’islam. Dans ce processus, la culture du Vietnam a apporté des contributions considérables à la naissance, au développement et à la mise en valeur des identités culturelles de l’Asie du Sud-est ainsi que de l’Asie.

2. Colonisation et décolonisation

Depuis longtemps, aux yeux des Européens, l’Egypte et l’Afrique du Nord sont des terres fertiles. Là-bas, il suffisait de s’y prendre de façon très simple : l’on sème et l’on attend la récolte. Les Grecs anciens ont considéré cette région comme une terre propice pour l’accueil des premières générations de leurs progénitures vu l’abondance et la disponibilité des ressources alimentaires.

Pour des raisons différentes, à partir du VIIIème siècle, des troupes musulmanes ont commencé à étendre leur zone d’influence vers l’Ouest pour ensuite atteindre l’Afrique du Nord et de l’Europe du Sud. Dans cet élan, deux grands royaumes musulmans ont vu le jour, à savoir le Califat du Caire et le Califat de Cordoue. « La chute de l’Empire Romain et le déclin de l’Empire byzantin ont facilité le développement des échanges

« En raison de sa position géo-écologique et humaniste, le

Vietnam a joué un rôle très

important car il était un trait d’union entre différentes

cultures, une passerelle

d’échanges humains et culturels entre l’Asie du Sud-Est archipélique et l’Asie du Sud-est

péninsulique, entre l’Asie du Nord-est et

l’Asie du Sud-est, entre

confucianisme, bouddhisme,

hindouisme et même l’islam »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 21

commerciaux au profit des Arabes…. Les produits en fer, l’ivoire, l’ambre gris et un grand nombre d’esclaves ont été vendus au Moyen-Orient et en Asie, en échange de quoi, ils rachètent de Chine tissus, porcelaines et céramiques ».

La pénétration des Arabes a débouché sur la transformation des convictions religieuses des habitants de ces régions et facilité le passage du Polythéisme et du Christianisme au Monothéisme. Ce processus s’accélère avec l’influence grandissante des cultures arables, la technicité avancée de l’artisanat et le don des Arables pour le commerce.

Les dynasties des Idrissides (789-794), les conquérants berbères du Sud, des Almoravides (1060-1145), des Almohades (114-1244), puis des Marinides (1244-1465) ont étendu leur pouvoir au sein d’un grand royaume qui englobait l’Afrique du Nord et le Sud de l’Espagne. Au VIIIème siècle, avec une économie florissante, les Marocains avaient des échanges commerciaux avec plusieurs pays européens, asiatiques et africains.

Ces interactions bilatérales et multilatérales ont abouti aux changements sociétaux en Afrique du Nord. Autrement dit, il ne s’agit pas ici de rencontre ou d’acculturation au sens strict du terme, mais c’est plutôt la deuxième vague de colonisation dans l’histoire de l’Afrique. Ce processus a profondément marqué l’histoire du Maroc de son empreinte. Cette évolution se poursuivait pendant des siècles jusqu’à ce que les pays occidentaux soient présents, une fois de plus, en Afrique du Nord au XVème siècle.

En raison d’une proximité géographique, la pénétration des pays européens en Afrique avait eu lieu très tôt, plus tôt que les explorations et expéditions menées dans les pays asiatiques, américains et océaniques au cours de toute l’histoire contemporaine. En 1415, le Portugal et l’Espagne ont occupé des villes côtières, à savoir Ceuta, Tanger et Melilla, marquant la troisième vague de colonisation des peuples nord-africains. Au XVIème siècle, le Portugal a établi le régime colonial en Guinée, en Angola, en Mozambique et a commencé sa politique d’exploitation des ressources naturelles en Afrique.

La dictature des colonialistes portugais a débouché sur la lutte armée des peuples opprimés. Une fois de plus, le christianisme, anglicanisme, le protestantisme ont été répandu en Afrique mais n’ont pas réussi à ébranler la conviction religieuse des fidèles musulmans.

A la fin du XIXème siècle et pendant les premières décennies du XXème siècle, l’abondance des ressources naturelles de l’Afrique, le déclin du régime féodal dans plusieurs pays asiatiques et africains, et les guerres entre les cliques dirigeantes au sein de chaque pays mentionné ont aggravé une situation déjà difficile, à cela s’ajoute à l’isolement des tribus et le sous-développement des relations primitives ou pré-féodales.

Tous ces facteurs ont facilité la conquête des colonialistes européens. En 1864, face aux pressions des puissances occidentales, le Maroc s’est vu obligé de s’ouvrir sur l’extérieur en matière de commerce. Cependant, sous le règne du Roi Hassan Ier (1873-1984), Moulay Abdel Aziz (1900-1908), Moulay Hafid (1908-1912), le Maroc est parvenu à assurer son indépendance et sa souveraineté grâce à sa politique « d’équilibre des rapports de force » entre les puissances.

Face à une offensive sans précédent des Britanniques, Allemands, Belges, Portugais et Espagnols, les Français se sont lancés dans une conquête coloniale en Afrique du Nord en occupant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Sahara, l’Ouest du Soudan, le Sénégal, le Congo, Madagascar et une partie de la Somalie. C’est vers la fin de la première décennie du XXème siècle que le processus de colonisation des puissances occidentales s’est pour l’essentiel achevé.

« Le déclin du régime féodal dans

plusieurs pays asiatiques et

africains, et les guerres entre les

cliques dirigeantes au sein de chaque

pays mentionné ont aggravé une situation déjà difficile, à cela

s’ajoute à l’isolement des

tribus et le sous-développement des relations primitives ou pré-féodales »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 22

En 1912, la France et l’Espagne ont signé la convention de Madrid ayant pour objet de préciser leur situation respective à l’égard du Maroc et d’y mettre en harmonie leurs intérêts. La mise en place de cette convention, s’est faite notamment suite au traité franco-marocain du 30 mars 1912, qui avait institué le protectorat français au Maroc pendant 44 ans (1912-1956).

A partir de la conférence d’Algésiras en 1906, le Maroc a été placé sous le protectorat des puissances européennes. Ensuite aux termes du Traité de Fès, la majorité du pays est passée sous occupation française, l’Espagne a cependant conservé une zone d’influence au Nord (Rif) et au Sud (Ifni), en vertu des accords franco-espagnols. De violentes émeutes ont éclaté à Fès et dans les grandes villes du pays. Dans plusieurs colonies françaises en Afrique, les colonialistes ont procédé à des opérations d’exploitation des ressources naturelles comme ressources minérales, le sol, ressources naturelles.

Selon Nguyen Ai Quoc, Hô Chi Minh, depuis 1913, 125 000 hectares de terrains des paysans marocains étaient expropriés chaque année. Et ce chiffre s’est élevé à 14 540 hectares après la victoire de la France dans la « lutte pour la justice ». En outre, « afin de remercier le Protecteur français pour ses bienfaits, les Marocains ont dû céder des milliers d’hectares de terrains pendant 15 ans aux Français, et se sont déplacés vers les régions montagneuses désertes et dans les Hauts-Plateaux infertiles pour enfin mourir de faim ».

Les colonialistes français ont transformé ensuite ces terrains en plantations. « Les propriétaires de plantations se sont non seulement accaparé des terres, mais ils ont, en plus, exploité la main-d’œuvre locale ». D’après Hô Chi Minh, les Français ont annulé le droit de propriété publique en faveur de la propriété privée. Un processus d’abolition des modes traditionnels de propriété a donc démarré au profit du régime de propriété privée avec pour conséquence la concentration des terres dans les mains de capitalistes occidentaux. Une telle évolution s’est aussi déroulée dans d’autres colonies. Entre 1919 et 1923, les colonialistes ont exproprié 72700 hectares de terre des paysans marocains. En 1924, 1070 Français se partageaient à eux seuls 500 000 hectares au Maroc.

Pour «la paix de la France », les Marocains ont dû payer des impôts très élevés avec taux d’imposition qui n’a cessé d’augmenter d’année en année. « Le montant des impôts était passé de 109 499 000 francs en 1918 à 171 953 000 francs en 1922. Un tiers de ce montant était entré dans la poche du Gouverneur Lyautey et ses consorts. Les dépenses du Palais du Gouverneur étaient de 25 000 000 francs ».

Outre l’occupation des terres et les impôts élevés, les Français s’étaient lancés massivement dans les activités bancaires et monétaires en octroyant des prêts à taux d’usure aux Marocains nécessiteux. « Grâce à leurs opérations directes et indirectes, des banques algériennes et tunisiennes ont encaissé des intérêts colossaux allant jusqu’à 12 258 000 francs sur un principal de 25 millions de francs en 1914. Les banques marocaines ont obtenu 1 753 000 francs d’intérêt à partir d’un capital de 12 258 000 francs en 1921 ».

Sur le plan politique, dans la revue Imprekorr, Nguyen Ai Quoc a bien souligné la politique du gouvernement français au travers de la déclaration du Maréchal Lyautey « En ce moment et pour de nombreuses années à venir, pour les indigènes, la France a la première responsabilité qu’elle doit remplir, c’est qu’elle leur indique leurs devoirs. Une fois qu’ils auront compris leurs devoirs, on pourra donc parler de l’octroi de leurs droits que leur situation sociale et leur niveau de savoir leur permettront de mettre à profit ».

« A partir de la conférence

d’Algésiras en 1906, le Maroc a été placé sous le protectorat

des puissances européennes.

Ensuite aux termes du Traité de Fès, la majorité du pays est

passée sous occupation

française, l’Espagne a cependant

conservé une zone d’influence au Nord

(Rif) et au Sud (Ifni) »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 23

Ainsi, de l’avis de Nguyen Ai Quoc, les frères marocains doivent s’unir et continuer à lutter pour la justice, pour les droits de l’homme et du citoyen comme les Français s’y ont pris en 1789. Sur le plan social, les autorités françaises ont laissé l’alcool, la drogue et la maison close se proliférer au Maroc. Sur un ton ironique et critique, Nguyen Ai Quoc a considéré que bistrots et maisons closes au Maroc avaient augmenté de 280% tous les cinq ans, ce qui est d’une utilité plus grande au niveau de la mission civilisatrice qu’une Déclaration fade des Droits de l’Homme et du Citoyen.

En bref, au XIXème siècle, le capitalisme a attisé l’antagonisme entre pauvres et riches, entre pouvoir et dépendance absolue. Si dans les années 70 du XIXème siècle, les terres africaines occupées par les colonialistes français, anglais… étaient seulement de 10.8%, ce chiffre s’est élevé à 90.4% au début de XXème siècle En outre, lors de leurs démarches de conquête de l’Afrique, des pays occidentaux ont mise en œuvre une politique axée sur le travail forcé et la traite.

Sous la domination des colonialistes français et occidentaux, Ben Abdelkrim, leader berbère de la région montagneuse du Rif, a mené une résistance contre l’oppression des colonialistes espagnols et français (1912-1926). La résistance menée par Abdelkrim a été certes réprimée, mais dans les montagnes Atlas, le Rif a persisté dans sa résistance à l’occupation étrangère jusqu’en 1934. L’émir Abdelkrim est devenu un symbole de la lutte anticoloniale. Son histoire exemplaire évoque celle des patriotes comme Mahatma Gandhi, Jawaharlal Nehru (Inde), Sukarno (Indonésie), José Rizal, Bonifacio (Philippines), Sun Yat-sen (Chine), José Martin (Cuba)…

Le développement de la conscience nationale et de la conscience de classe a apporté le caractère national à la lutte pour l’indépendance du peuple en Afrique. Dans l’élan de cette lutte, la bourgeoisie, notamment la petite bourgeoisie sont devenus des forces politiques principales de la société. Ils ont répandu de nouvelles idées, éveillé la conscience nationale, accusé le colonialisme, uni et dirigé le peuple dans la lutte contre le colonialisme et pour l’indépendance. Après la Seconde Guerre mondiale, avec le développement du mouvement de libération nationale, le Sultan Sidi Muhammad a demandé aux autorités françaises, à plusieurs reprises, l’indépendance du Maroc.

Il faut souligner que les mouvements de lutte pour l’indépendance des peuples du monde sont étroitement liés. La victoire de Dien Bien Phu a sonné le glas de près de cent ans de colonialisme français en Indochine, et a ouvert la voie à la liquidation de l’empire colonial français en Afrique : moins de 6 mois après Dien Bien Phu commençait la guerre d’Algérie le 1er novembre 1954. Une guerre contre la puissance coloniale française qui a duré près de huit ans, pour s'achever le 3 juillet 1962, avec l’indépendance du pays, mettant fin à la colonisation française de 124 ans.

Le Président Ho Chi Minh et le Général Vo Nguyen Giap sont connus et honorés par les peuples de plusieurs pays africains. La victoire de Dien Bien Phu était en effet une source d'inspiration pour de nombreux mouvements de résistance à travers l'Afrique. En 1956, le Soudan, le Maroc et la Tunisie ont recouvré leur indépendance. L’année 1960 a été « l’année de l’Afrique » car elle a vu, à la surprise et de l’incrédulité des autres continents, 17 colonies européennes accéder en quelques mois à la souveraineté et à la reconnaissance internationale en tant qu’États.

L’Afrique est devenue le continent où les esclaves se sont soulevés contre le colonialisme. Leur mouvement a créé la grande solidarité des peuples, et a facilité l’organisation de la conférence de Bandung en Indonésie en 1957. La conférence de Bandung marque la volonté des jeunes Etats issues de la décolonisation de faire entendre leurs voix sur la scène internationale. Dix principes de coexistence pacifique ont été déclarés. Le succès de cette conférence a préludé la formation du mouvement des Non-Alignés avec la participation de 25 pays membres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine en 1961.

« De l’avis de Nguyen Ai Quoc, les

frères marocains doivent s’unir et continuer à lutter

pour la justice, pour les droits de

l’homme et du citoyen comme les Français s’y ont pris en 1789. »

« Les mouvements de lutte pour

l’indépendance des peuples du monde sont étroitement

liés. La victoire de Dien Bien Phu a

sonné le glas de près de cent ans de colonialisme français en

Indochine, et a ouvert la voie à la

liquidation de l’empire colonial

français en Afrique »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 24

Concordant avec les mouvements de l’indépendance des pays du monde, le mouvement de libération nationale du Vietnam est inhérent aux patriotes dont le Président Ho Chi Minh est l’exemple le plus exaltant.

Ho Chi Minh a étudié de façon approfondie l’histoire des mouvements de l’émancipation des peuples, il a également participé de près à la lutte pour l’indépendance des pays colonisés, et a trouvé le lien étroit entre la lutte pour la libération nationale dans les colonies et le mouvement des prolétaires dans les pays colonisateurs.

Avec une analyse d’une sangsue à deux têtes, Ho Chi Minh a affirmé le développement inéluctable du mouvement des prolétaires et a souligné que dans les conditions historiques précises, la lutte pour l’indépendance dans les pays colonisés pourrait avoir lieu avant le mouvement des prolétaires et aider leurs camarades occidentaux à achever les tâches de libération nationale, car « la férocité du capitalisme prépare d’ores et déjà le terrain au socialisme pour semer les graines dans l’œuvre de libération » et pour faire cela, il faut être toujours actif et créatif. Il faut compter sur ses propres forces pour se libérer.

3. Perspectives de coopération dans la recherche scientifique et universitaire

En tant que chercheur et enseignant de l’histoire du monde, je ne peux aborder de manière approfondie les relations politiques, économiques et diplomatiques entre le Vietnam et le Maroc depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques en 1961. Je souhaiterais, par contre, me concentrer sur les perspectives de coopération entre les universités dans la recherche scientifique et universitaire :

En se basant sur des recherches sur l’histoire culturelle du Maghreb en général et du Maroc en particulier, le Maroc et le Vietnam jouent un rôle très important dans le développement économique et culturel dans leurs régions respectives. Le Maroc se situe au nord-ouest de l’Afrique, au sud-ouest de la Méditerranée, débouché de l'or africain à l’Atlantique. La mer, le continent et le désert constituent des facteurs qui ont forgé l’identité et la culture du Maroc. Le Vietnam, quant à lui, avec 3 260 km de longueur de côte et son espace maritime de 1 million km2, est un pays qui s’oriente vers la mer. De plus, depuis longtemps la mer de l’Asie du Sud-est est considérée comme une Méditerranée en miniature, point névralgique du système des échanges commerciaux de l’Asie et de la route de soie en mer. Dans la période marquée par l’orientation des pays du monde vers la mer, les recherches sur le rôle de passerelle et de couloir culturel, notamment la position de la mer et des océans dans le développement de deux pays dans un contexte historique et culturel en Asie du Sud-est et en Afrique du Nord constituent des sujets de recherche d’intérêt particulier.

Considérés comme lieu de rencontre des cultures, des flux de population, par des politiques d’exploitation des blancs, les structures des sociétés et les races humaines ont été modifiées en Amérique, en Asie et en Afrique. Les recherches sur le flux des cultures, les flux de migration et l’harmonie entre ces flux, ainsi que les recherches sur la création des communautés asiatiques en Afrique et en Europe nécessitent non seulement les efforts des chercheurs des deux pays mais aussi la coopération des centres de recherches et experts dans la région et du monde.

Concernant le système des colonies françaises, depuis 1924, le patriote Nguyen Ai Quoc a écrit : « Les colonies françaises s’étendaient sur une superficie de 10 211 510 km2 avec 55 571 000 personnes réparties sur tous les quatre continents. Malgré les différences en termes de race, de climat, de coutumes et traditions, de niveau de développement socio-économique, il existe deux points communs :

« Ho Chi Minh a étudié de façon

approfondie l’histoire des

mouvements de l’émancipation des

peuples, il a également participé

de près à la lutte pour

l’indépendance des pays colonisés »

« En se basant sur des recherches sur l’histoire culturelle

du Maghreb en général et du Maroc

en particulier, le Maroc et le Vietnam jouent un rôle très important dans le

développement économique et

culturel dans leurs régions respectives »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 25

o Conjoncture économique : la plupart des colonies françaises ont eu une industrie et un commerce très faible et la plupart des populations sont des paysans.

o Dans tous les pays colonisés, la population locale est exploitée et opprimée sans cesse par les colonialistes français ».

La mise en évidence de la nature et des caractéristiques du capitalisme mondial en général et du capitalisme français en particulier et la comparaison des politiques d’exploitation et d’oppression des colonialistes français utilisées dans le système de ses colonies dont le Vietnam et le Maroc est un exemple, qui nous permet d’identifier les points communs et les différences dans les politiques coloniales à l’égard des deux pays, ainsi que les impacts de ces politiques sur le modèle de développement actuel de deux pays. En d’autres termes, le fait d’étudier les politiques françaises d’exploitation coloniale et de les comparer à celles de l’Angleterre, de l’Espagne et du Portugal menées en Afrique, Asie et Amérique latine … s’impose comme une nécessité. Il est aussi indispensable de mener des travaux de recherche sur les grands patriotes et grands penseurs (Nguyen Ai Quoc-Ho Chi Minh ou Ben Abdelkrim El Khattabi). Les recherches sur ces points nécessitent une coopération des experts non seulement de deux pays mais aussi du monde entier.

Dans la lutte pour l’indépendance, à côté de la violence, de la lutte armée, il y a aussi des voies pacifiques qui ont été utilisées par des pays asiatiques et africains, comme la négociation, pour accéder à l’indépendance. En Afrique, à l’exception des pays nord-africains (Egypte, Libye, Maroc, Tunisie) qui avaient accédé à leur indépendance plus tôt, d’autres pays ont procédé à la décolonisation auprès de l’Angleterre, de la France et de la Belgique au travers des négociations aux termes des résolutions des Nations Unies. En Asie, la lutte du peuple indien sous la direction du Congrès national indien et de Mahatma Gandhi a été également menée de manière « non-violente ». Les recherches sur les voies de lutte pour l’indépendance : lutte armée, lutte pacifique et la combinaison entre ces deux types de voies constituent des éléments complémentaires de la recherche de la période de lutte des peuples opprimés contre le colonialisme. La voie, la méthode de lutte et les impacts du colonialisme sur les pays asiatiques, latin américains et africains avant et après la colonisation et la décolonisation portent des valeurs précieuses pour les pays en développement dans le contexte marqué par le passage d’un monde unipolaire à un monde multipolaire.

Après la décolonisation, il y a un phénomène à signaler : les peuples qui étaient exploités et opprimés n’ont pas choisi de céder à un concept de haine dans leurs politiques. Dans les années 30, on a assisté à la naissance de la négritude dans la culture française. Les Portugais partagent depuis toujours avec les Africains un don inné pour la poésie issu d’une sensibilité profonde et d’un imaginaire mythique de la culture africaine. Quand on pense à la culture européenne, on pense tout de suite aux grands noms comme Johann Wolfgang Goeth (1749-1832). Ses œuvres étaient toujours influencées par les cultures du Sud. Le peintre Pablo Picasso (1881-1973) a été attiré par les modèles de masques, l’art de décoration et les arts plastiques de l’Afrique. En effet, la plupart de ses œuvres sont devenues des icônes et lui-même le peintre emblématique du cubisme. Au XXème siècle, l’art africain est l’une des sources d’inspiration de l’art contemporain. Les œuvres de Pablo Picasso, Marc Chagall, Alfred Manessier, André Masson, Maria Elena Vieira da Silva, Pierre Soulages, … ont en effet démontré la créativité et la vitalité des cultures considérées jusqu’alors comme barbares et inférieures.

« La comparaison des politiques

d’exploitation et d’oppression des

colonialistes français utilisées

dans le système de ses colonies dont le Vietnam et le Maroc est un exemple, qui

nous permet d’identifier les

points communs et les différences dans

les politiques coloniales à l’égard

des deux pays »

« Après la décolonisation, il y a

un phénomène à signaler : les

peuples qui étaient exploités et

opprimés n’ont pas choisi de céder à un

concept de haine dans leurs politiques »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 26

Pour les Africains, ils accèdent toujours à l’univers par leurs sens en vivant en harmonie avec la nature dans un esprit collectif et des images emblématiques. Dans le monde, depuis le XVIIIème siècle, les arts « de l’extérieur » ont contribué considérablement à l’art occidental, à citer l’art de l’Iran, de la Chine, du Japon et l’art des Arabes musulmans. Mais c’est l’art des Noirs qui a le plus contribué à l’école de jazz en Amérique et à l’école de Paris en France. Pour ce qui concerne l’Inde, René Grousset a remarqué dans la préface de son livre intitulé « Inde » que l’art de ce pays puise essentiellement ses expressions dans les valeurs des Dravidiens vivant dans le Sud du pays.

Pour le Vietnam, sous l’impulsion d’une politique coloniale mise en œuvre par des pays occidentaux, notamment la France, la société vietnamienne a connu des transformations. De 1858 à 1945, et de 1945 à 1954, la culture française en particulier et la civilisation européenne, en général, ont apporté de nouvelles valeurs et formes d’expression à la culture vietnamienne dans bon nombre de domaines tels que la musique, la poésie, la peinture et l’architecture ainsi que d’autres éléments du patrimoine culturel matériel ou immatériel. Une nouvelle éducation a été instaurée avec des matières scientifiques basées sur l’expérimentation. A cela s’ajoutent la technique et la technologie française, les institutions politiques et économiques, la médecine et la pharmacie, l’anthropologie, le mode de vie et la façon de penser à la française, l’architecture et l’art français qui ont été semés et cultivés en Indochine ainsi que dans bon nombre d’autres colonies françaises.

En outre, la culture française s’est épanouie pendant des siècles grâce à la participation de différents éléments cultures exotiques venant de l’extérieur. Le résultat de cette interférence, c’est que si les colonies ont reçu de la France une ouverture d’esprit sur le monde scientifique, c’est elles qui lui ont apporté par contre des nouvelles expressions artistiques, de nouveaux concepts philosophiques, sociétaux ou politiques d’une exceptionnalité exaltante. C’est dans cette optique que nos cultures s’enrichissent mutuellement. La recherche sur l’interférence et l’évolution culturelle, de la sauvegarde de l’identité culturelle et des valeurs dans l’histoire culturelle du Vietnam et du Maroc devient donc nécessaire et exige la coopération des chercheurs.

Dans une nouvelle époque, sous l’influence de la 4ème Révolution industrielle et de la mondialisation, l’humanité s’oriente vers la construction d’une civilisation universelle. On pourrait l’appeler une civilisation globale. Cette civilisation est le fruit d’un long processus de métamorphose, d’acculturation, de sélection, d’intégration, de créativité et de rejet. Cette civilisation est, en d’autres termes, le résultat du mélange des facteurs naturel et social, technique et technologique, écologique et culturel. Dans cette civilisation, les idées de création et d’innovation accompagnent les valeurs culturelles originales au niveau national, régional et mondial ainsi que la confiance et les aspirations des peuples qui vont être préservées au titre des identités.

« La recherche sur l’interférence et

l’évolution culturelle, de la sauvegarde de

l’identité culturelle et des valeurs dans l’histoire culturelle du Vietnam et du

Maroc devient donc nécessaire et exige la coopération des

chercheurs »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 27

VIỆT NAM - MAROC

NHỮNG MỐI LIÊN HỆ LỊCH SỬ VÀ TRIỂN VỌNG HỢP TÁC

GS.TS Nguyễn Văn Kim

Trường ĐH KHXH&NV, ĐHQG HN

1. Từ một cái nhìn về vị thế địa - chính trị, địa - văn hóa

Trên bản đồ thế giới chúng ta thấy, cùng với các nước Nam Âu và Tiểu Á, các nước Bắc Phi gồm : Ai Cập (Egypt), Lybi, Tuynidi, Algeria, Maroc đã tạo nên một vành đai bao quanh Địa Trung Hải. Nằm ở cực Tây (Al-Mamlaka ai-Maghribiya) của vùng bắc châu Phi, vương quốc Moroc là một thành viên của cộng đồng các quốc gia châu Phi và chiếm giữ một trong những vị trí tiền tiêu góp phần hình thành nên vành đai kinh tế, văn hóa đại diện cho cho Châu lục đen đối thoại, đối diện hằng xuyên với các cộng đồng cư dân Địa Trung Hải.

Chỉ cách Tây Ban Nha và Bồ Đào Nha một eo biển nhỏ (eo Gibraltar, cách hai thành phố tự trị của Tây Ban Nha là Ceuta và Melilla 13km) đồng thời nằm ở vị trí cửa ngõ của Địa Trung Hải nối thông với Đại Tây Dương, từ thời đá mới (hình thành khoảng 8.000 năm trước Công nguyên), các chủ nhân của xứ sở mà người Ba Tư vẫn quen gọi là “Marrakech” (Vùng đất của Thượng đế) đã vượt qua các đảo Địa Trung Hải và eo Gibraltar để trao đổi các sản phẩm kinh tế, giao lưu với các nền văn hóa, văn minh châu Âu, châu Á và thế giới.

Trong một xu thế giao diện văn hóa đa chiều, từ thế kỷ IX TCN, người Phoenicia đã đến định cư ở các vùng ven biển Bắc Phi. Bằng con đường tiếp giao văn hóa, giao lưu kinh tế và cả các cuộc chiến tranh, các tộc người sinh sống ở châu Phi đã đến châu Âu, giao lưu văn hóa và cả giao thoa sinh học với các lớp cư dân của Hy Lạp, La Mã… Trong những ngày cường thịnh, đế chế La Mã đã lập nên 4 tỉnh trong đó Numidie và Maurétaine thuộc César. Từ thế kỷ II, châu Phi trở thành trung điểm trong chính sách Địa Trung Hải của La Mã. Dưới các triều vua Antonins (từ 92 đến 192), quá trình La Mã hóa đã diễn ra. Nhiều thành phố đã có những phát triển trội vượt. Kinh tế thương nghiệp, nông nghiệp cũng đạt đến độ phồn vinh. “Việc buôn bán qua Sahara vẫn được duy trì vì các công dân La Mã luôn tỏ ra thèm khát những sản phẩm của Soudan : nô lệ, ngà voi, ác thú và nhất là vàng. Chừng nào yêu cầu đó còn có thể duy trì, chừng đó việc buôn bán này vẫn còn tồn tại”1. Nhiều người La Mã đã di cư đến đây và chính các đợt thiên di, giao lưu văn hóa đó đã hợp luyện nên những phức thể cư dân và sắc thái văn hóa đa dạng. Trong quá trình đó, từ thế kỷ II, Kito giáo đã truyền bá đến nhiều vùng đất châu Phi và thế giới tôn giáo đa thần bản địa đã có thêm mảng ghép của một “Châu phi Kito giáo”. Như vậy, cùng với các nước vùng Bắc Phi, vùng đất thuộc Maroc ngày nay đã sớm trở thành một trong những quốc gia hành lang, quốc gia của sự gặp gỡ, lai trộn và sự trao đổi kinh tế, văn hóa2.

Từ lâu trong nhiều công trình nghiên cứu của các học giả như Cheikh Anta Diop, Frank M. Snowden, Engelbert Mveng, Théophile Obenga, Marcel Mauss, Paul Rivet, Marcel Cohen… người ta từng biết đến nền văn minh Địa Trung Hải nổi tiếng. Trong quá trình tìm đất thực dân, người Hy Lạp đã bao chiếm nhiều khu vực Địa Trung Hải. Tiếp đó, từ thế kỷ VI TCN, La Mã đã tiếp nối và hơn thế đã mở rộng ảnh hưởng ra nhiều vùng đất thuộc các châu lục là châu Âu, châu Á, châu Phi. Văn minh La Mã đã thâu nhận được nhiều di sản quý của các nền văn minh khu vực.

Trong nhận thức của không ít nhà nghiên cứu, người ta vẫn coi văn minh Địa Trung Hải là nền văn minh tiêu biểu của châu Âu hay “Văn minh phương Tây” thậm chí coi đó là nền “Văn minh Kito giáo”! Hiển nhiên, đó chỉ là một cách nhìn. Và chúng ta luôn hiểu rằng, đằng sau mỗi nền văn minh là những cách tiếp cận và luôn duy tồn những quan điểm khác biệt. Trong ý nghĩa đó, nếu như có thể nói đến tính đặc thù của một nền văn hóa thì điều cần thiết phải tính đến là những giá trị nguồn cội, yếu tố lịch sử, xã hội và những đặc tính nhân văn chứ không phải là những yếu tố khác.

1 Anne Stamm: Các nền văn minh châu Phi, Nxb. Thế giới, H., 1997, tr.26. 2 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Nxb. Thế giới, H., 2007, tr.63.

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Bên cạnh đó, khi nói đến các dòng thiên di, giao thoa sinh học và văn hóa, giữa các nhà cổ sinh học, lịch sử và nhân chủng học vẫn duy tồn nhiều chủ thuyết khác nhau. Người ta từng đưa ra “Thuyết nhiều trung tâm” hay “Thuyết tiến hóa đa khu vực” (Multiregional theory) và “Thuyết một trung tâm” hay “Thuyết đơn tâm”. Những người chủ trương các học thuyết này bao giờ cũng đưa ra đủ đầy những bằng chứng, cơ sở khoa học. Theo đuổi quan điểm của “Thuyết đơn tâm” nhà khoa học Nga Lev Jivatovsky (2004) cho rằng : Các bộ gen di truyền của toàn nhân loại hiện nay đều có xuất xứ từ một cộng đồng gồm không tới 2.000 người cổ đại, sinh sống ở châu Phi khoảng 100-150 nghìn năm trước. Họ là những người gốc Phi di cư đến châu Âu nơi những người Neandertal sinh sống. Từ châu Âu họ tiếp tục hành trình đến châu Á, châu Đại Dương rồi châu Mỹ3.

Trong tác phẩm “Hy Lạp cổ đại trước bản sắc văn hóa người da đen”, tác giả Alain Bourgeois từng đưa ra một quan điểm mang tính đột phá về một trong những chủ đề được coi là “cấm kỵ” trong nghiên cứu. Tác giả cho rằng : Chủ nhân của văn minh Hy Lạp, ít nhất là ở phía đông, có nguồn gốc từ châu Phi mà cụ thể là từ Etiopia, nơi người ta tìm ra những bằng chứng tiến hóa của con người với niên đại 3.700.000 năm trước. Như vậy, từ thời hậu kỳ đá cũ hoặc sơ kỳ đá mới, trước khi tiến sang châu Âu qua Sicile và Égée, người Négroides đã từng định cư ở bắc Phi. Từ “hành lang” xã hội và văn hóa này họ đã đến cư trú ở Địa Trung Hải. Từ đó, người Négroides tiếp tục tỏa sang Trung Đông và khắp vùng Nam Á, đến các đảo châu Đại Dương. “Bản sắc văn hóa da đen” (Négritude). Trong những công trình như: “Maroc và thủ công truyền thống trong kiến trúc”4, André Paccard đã chứng minh rằng, nghệ thuật Bắc Phi không chỉ bắt nguồn từ đặc tính châu Phi mà còn chịu ảnh hưởng của văn hóa Iberie, Phénicie, Étruie, Latin, Hy Lạp, Arập, Do Thái, Iran, Ấn Độ… Mặt khác, nền văn hóa, thi ca Arập là sự kết luyện nhiều truyền thống văn hóa, thi ca của cả châu Á, châu Âu và châu Phi.

Trong nhiều công trình nghiên cứu, người ta vẫn viết về “Sự thần kỳ Địa Trung Hải” ! Nhưng, sự thần kỳ đó có được, cùng với những giá trị sáng tạo bản địa, những yếu tố nội sinh còn là kết quả của sự hợp luyện văn hóa. Như vậy, sự hình thành của một nền văn minh lớn không chỉ là kết quả của sự tiến hóa tự thân mà còn là sự ngưng kết, tiếp thu, trao đổi, tiếp biến và hòa luyện với nhiều nền văn minh vùng, khu vực và thế giới.

Tiếp nối dòng mạch tư duy đó, theo quan điểm của Léopold Sédar Senghor (1906-2001), Nhà hoạt động chính trị, văn hóa đồng thời là người sáng lập Tổ chức Cộng đồng Pháp ngữ thì : “đối với người Hy Lạp, chính người da đen ở sâu trong châu Phi là những người cổ xưa nhất và tuyệt vời nhất, họ đã tạo ra tôn giáo, nghệ thuật và chữ viết. Điều đáng lưu ý là, phải đợi đến thế kỷ XX, Thế kỷ giải thực dân, chúng ta mới quan tâm đến những vấn đề quan trọng đó, những vấn đề đã xuất hiện từ hơn 2.000 năm trước. Vì chính khảo cổ học tiền sử, dân tộc học và ngôn ngữ học đã cứu giúp lịch sử Hy Lạp, thậm chí là thơ của Homère, cái thật sự là poiêsis, có nghĩa là tái tạo thế giới con người, cũng chính là điều mà người Étiopiens làm sống động từ những nét đặc trưng văn hóa da đen”5.

Nhìn nhận vấn đề trên phương diện nhân học và sinh học, một số học giả như Paul Rivet (Viện Dân tộc học Paris, Pháp) từng cho rằng, có khoảng từ 4 đến 20% dòng máu da đen chảy trong huyết quản của cư dân Địa Trung Hải. Ông cũng giải thích mối liên hệ giữa những nền văn minh đầu tiên trong lịch sử nhân loại giữa văn minh Ai Cập (châu Phi) với văn minh Địa Trung Hải (châu Âu), văn minh Ấn Độ, Trung Hoa (châu Á) và một trong những kết quả quan trọng nhất của sự giao hòa giữa các nền văn minh đó là sự hình thành tộc người Ấn - Âu cùng quá trình thiên di của người Aryens đến Ấn Độ. Họ đã làm thay đổi xã hội, đặc tính văn hóa Ấn nơi người Dravidiens được coi là “Người da đen châu Á” hay “Người Ethiopia phương Đông”, từng cư trú nhiều nghìn năm trước đó và chính họ đã sáng tạo nên ngôn ngữ, chữ viết của riêng mình6. Với Maroc, cư dân chủ yếu là người Arập và người Berber (có nguồn gốc châu Âu) cùng giống người pha trộn giữa hai dân tộc này.

Trong mối quan hệ đa dạng với các nước láng giềng Địa Trung Hải, bằng nhiều con đường, cách thức khác nhau, người Bồ Đào Nha, Tây Ban Nha cũng có sự hợp huyết với nhiều chủng tộc châu Á, châu Phi. Theo đó, những người tóc nâu, đầu dài và tầm vóc trung bình có tổ tiên là người da đen phía

3 Đỗ Huy: Biến đổi khí hậu & quá trình hình thành nhân loại, Tạp chí Xưa & Nay, số 480, 2-2017, tr.20. 4 Atelier, Paris, 1974. 5 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.52. 6 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.54.

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bắc châu Phi. Những người Celtes đã pha trộn với một số chủng tộc khác để tạo nên người Celtibères dòng chủ của người Bồ Đào Nha. Mặt khác, trong cộng đồng đông đảo người nói tiếng Bồ Đào Nha ở châu Âu, châu Phi và châu Mỹ có đến 90 triệu người da đen hay mang dòng máu da đen. Hệ quả là, trải qua nhiều thế kỷ, hàng nghìn người châu Phi đã đến định cư ở Bồ Đào Nha, Tây Ban Nha không chỉ với tư cách của những người phục vụ mà hơn thế họ còn tham gia vào những công việc đòi hỏi sự tài khéo, trình độ tri thức và năng lực sáng tạo.

Từ sự giao hòa xã hội, ngôn ngữ và văn hóa đó mà “Chính tại đây, xung quanh vùng Địa Trung Hải, tất cả các nền văn minh đầu tiên và lớn nhất của nhân loại đã ra đời bằng sự lai trộn kép, sinh học và văn hóa, giữa những người châu Phi, châu Âu và châu Á, hay nếu như các bạn thích thế hơn, giữa những người Da đen, Da trắng và Da vàng”7. Quá trình đó đã diễn tiến từ đa mẫu (polytypical) đến đơn mẫu (monotypical), từ đa tộc đến một chủng tộc lớn, đa dạng. Như vậy, “Cuối cùng, cấu trúc của nhân loại, hình thái tồn tại của nó, về mặt sinh học, không phải là chủng tộc mà là quần thể. Loài người mãi mãi hòa đồng trên cơ sở sự hòa đồng của các quần cư lớn nhỏ nhưng lại vẫn giữ bản sắc độc đáo, muôn hình muôn vẻ của mỗi cá thể thành viên. Chính nét đặc thù ấy là nguồn gốc của mọi tài năng sáng tạo làm nên sự giàu có của xã hội, của phát triển và tiến bộ không ngừng”8.

Là những dân tộc đa dạng về sắc tộc, Đông Nam Á (mà Việt Nam là thành viên gắn bó mật thiết), là địa bàn cộng cư của nhiều dân tộc với các dòng người: Nam Á (Môn - Khmer), dòng Nam Đảo (Austronésian), dòng Kadai, dòng Mông - Dao, dòng Hán - Tạng và nhiều tộc người khác nữa sinh sống ở cả hai thế giới là Đông Nam Á bán đảo và Đông Nam Á hải đảo9. Trong Hệ sinh thái phổ tạp (phồn tạp) đó (General ecosystem), cư dân Nam Đảo đã sinh tụ trên một không gian rộng lớn từ các vùng đảo Đài Loan, Hải Nam đến Papua Newguinea và trải rộng đến Madagascar10. Tương tự như vậy, nhiều nhà nghiên cứu vẫn coi khu vực hình thành đầu tiên của ngôn ngữ Malay - Polynesians (Mã Lai - Đa đảo) là vùng Đông Nam Á, mà trung tâm là từ miền Đông Indonesia tới Nam Philippines rồi phát triển dần ra xung quanh, bắc tới Nhật Bản, đông tới Polynedy, tây tới vịnh Bengal, kéo dài đến vùng Mã đảo (Madagascar)11.

Như vậy, với Việt Nam - Đông Nam Á, do quy định của vị trí địa sinh thái - nhân văn cũng từng giữ vai trò kép, như một thực thể lưỡng nguyên ở vị trí hành lang, cầu nối giữa hai thế giới là Đông Nam Á hải đảo và Đông Nam Á bán đảo; giữa khu vực Đông Bắc Á và Đông Nam Á, Tây Nam Á; giữa thế giới Nho giáo Trung Hoa với Thế giới Phật giáo, Hindu giáo (Ấn Độ) và xa hơn nữa với các xã hội Hồi giáo. Có thể hình dung, “Có nhiều nền văn hóa trong phức thể văn hóa Đông Nam Á cũng như trong nền văn hóa Việt Nam chung, có nhiều sắc thái văn hóa từng vùng”12. Trong quá trình đó, văn hóa Việt Nam không chỉ tiếp nhận mà còn có nhiều đóng góp xứng đáng cho sự hình thành, phát triển, khẳng định bản sắc của văn hóa Đông Nam Á và châu Á.

2. Thực dân hóa (colonization) và giải thực dân (decolonization)

Từ lâu, trong cái nhìn của người phương Tây, Ai Cập nói riêng, Bắc Phi nói chung là xứ sở của sự phì nhiêu. Ở đó, người ta chỉ cần cày xới giản đơn, gieo hạt rồi chờ đến mùa thu hoạch! Người Hy Lạp từng coi đó là vùng đất thích hợp nhất để đón nhận những thế hệ người đầu tiên vì theo họ thức ăn ở đó bao giờ cũng nằm trong tầm tay và cư dân bản địa dường như không bao giờ phải thực sự khó nhọc để có được nguồn cung cấp thực phẩm dồi dào13.

Vì nhiều nguyên nhân, từ thế kỷ VIII, các đội quân Hồi giáo từ vùng bán đảo Arập đã mở rộng ảnh hưởng về phía Tây, tràn sang bắc Phi, nam Âu và thành lập nên hai nhà nước Hồi giáo lớn đó là Calipha Cairo và Calipha Cordoba. “Sự sụp đổ của La Mã và suy thoái của Byzance lại đưa tới những khả năng bành trướng mới cho sự buôn bán cho người Arập… Qua vùng biển này, sắt, ngà voi, long diên hương 7 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.389. 8 Nguyễn Đình Khoa: Nhân chủng học Đông Nam Á, Sđd, tr.203-204. 9 Nguyễn Duy Thiệu (Cb.): Các dân tộc ở Đông Nam Á, Nxb. Văn hóa Dân tộc, H., 1997, tr.9-20. 10 Stephen Oppenheimer: Địa đàng ở phương Đông - Lịch sử huy hoàng của Đông Nam Á bị chìm, Nxb. Lao động - Trung tâm Văn hóa Ngôn ngữ Đông Tây, H., 2005, tr.229-235. 11 Nguyễn Đình Khoa: Nhân chủng học Đông Nam Á, Nxb. Đại học và THCN, H.,1983, 150. 12 Trần Quốc Vượng: Văn hóa Việt Nam tìm tòi và suy ngẫm, Nxb. Văn hóa Dân tộc - Tạp chí Văn hóa Nghệ thuật, H., 2000, tr.97. 13 Arnold Toynbee: Nghiên cứu lịch sử - Một cách thức diễn giải, Nxb. Thế giới, H., 2002, tr.102.

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và một số lớn nô lệ được đem bán lại ở Trung Đông và đến tận châu Á. Để đổi lại, vải vóc, thủy tinh, sành sứ được đưa về từ Trung Quốc”14. Sự thâm nhập của Hồi giáo không chỉ làm biến đổi niềm tin tôn giáo của cư dân địa phương mà còn dẫn đến sự chuyển hóa từ một Thế giới đa thần hay Thế giới Kito giáo sang Thế giới nhất thần, tôn vinh thánh Ala và cùng với đó là sức lan tỏa của văn hóa, kỹ thuật sản xuất thủ công và cả truyền thống, tri thức thương nghiệp của người Arập.

Tiếp nối nền cai trị của vương triều Idriss (789-794), từ năm 1064 đến 1465 các dòng họ người Berber là Almoravid (1060-1145) và sau đó là Almohad (1145-1244), Marinid (1244-1465) đã thống nhất vương quốc, cai trị cả vùng Bắc Phi và miền nam Tây Ban Nha. Hình thành vào thế kỷ VIII, với nền kinh tế thương mại phát triển, người Maroc có quan hệ buôn bán với nhiều quốc gia châu Âu, châu Á và châu Phi. Kết quả của sự giao lưu song phương và đa phương đó đã dẫn đến nhiều biến đổi trong các xã hội Bắc Phi. Nói cách khác, đây không phải là cuộc giao lưu, tiếp biến văn hóa giản đơn mà là đợt thực dân thứ hai trong lịch sử châu Phi và quá trình đó cũng đồng thời đặt dấu ấn sâu sắc lên lịch sử Maroc. Diễn tiến lịch sử đã diễn ra trong suốt nhiều thế kỷ cho đến khi các nước phương Tây, một lần nữa, lại tràn đến Bắc Phi thế kỷ XV.

Do sự gần gũi về vị trí địa lý, quá trình thâm nhập của các nước châu Âu đến châu Phi diễn ra sớm, sớm hơn các cuộc thám hiểm và viễn chinh các nước châu Á, châu Mỹ và châu Đại Dương diễn ra trong suốt lịch sử thế giới cận đại. Năm 1415, Bồ Đào Nha và Tây Ban Nha xâm chiếm các thành phố ven biển như Ceuta, Tanger và Melilla. Có thể coi đây là sự kiện mở đầu của quá trình thực dân thứ ba với các dân tộc Bắc Phi. Đến thế kỷ XVI, Bồ Đào Nha đã thiết lập được một số thuộc địa ở Guine, Angola, Modambic và bắt đầu chính sách khai thác, bòn rút nguồn nhân lực và tài nguyên của châu Phi. Chế độ độc tài của thực dân Bồ Đào Nha đã đẩy các phong trào đấu tranh đi tới dùng vũ lực. Một lần nữa Kito giáo và những dòng phái mới được kiến tạo như Anh giáo, Tin Lành… lại được truyền đến châu Phi nhưng đã không thể làm lay chuyển vị thế cùng đức tin của các tín đồ Hồi giáo.

Đến cuối thế kỷ XIX và những thập niên đầu thế kỷ XX, chính nguồn tài nguyên phong phú của châu Phi cũng như “Sự suy vong của chế độ phong kiến ở nhiều nước châu Á và Bắc Phi, tình trạng phân tán, chiến tranh giữa các tập đoàn thống trị trong mỗi nước đã đẩy đất nước vào khó khăn hơn; tình trạng lẻ loi, đơn côi của các bộ lạc cùng với tình trạng thấp kém của quan hệ nguyên thủy hoặc tiền phong kiến… đã tạo cơ hội cho thực dân châu Âu tiến hành các cuộc chinh phục”15. Năm 1864, trước áp lực của các cường quốc phương Tây, Maroc buộc phải mở cửa thiết lập quan hệ giao thương nhưng dưới thời trị vì của quốc vương Hasan I (1873-1894), Abd al-Aziz (1900-1908), Mulay Hafiz (1908-1912), Maroc vẫn bảo vệ được nền độc lập dân tộc nhờ chính sách “cân bằng quyền lực” giữa các cường quốc.

Trước sự xâm nhập mạnh mẽ của Anh, Đức, Bỉ, Bồ Đào Nha, Tây Ban Nha, để không là kẻ đến muộn, năm 1901 thực dân Pháp xâm lược Maroc đồng thời lần lượt chiếm Angeri, Tynidi, Sahara, Tây Sudan, Senegal, Congo, Madagascar và một phần Somalia. Đến cuối thập niên đầu tiên của thế kỷ XX, quá trình xâm chiếm thuộc địa châu Phi của phương Tây cơ bản hoàn tất. Năm 1912, Pháp và Tây Ban Nha ký Hiệp ước Madrid cùng nhau chiếm đóng Maroc. Trong vòng 44 năm (1912-1956), Maroc là xứ bảo hộ của Pháp và Tây Ban Nha. Đến năm 1906, theo Hiệp ước Algeciras, Maroc bị đặt dưới quyền giám hộ của các cường quốc châu Âu. Tiếp đó, căn cứ Hiệp ước Fès (1912) Pháp thành lập chế độ bảo hộ ở Maroc trong khi Tây Ban Nha giành quyền kiểm soát vùng lãnh thổ phía Bắc (Rif) và phía Nam (Ifni). Ở nhiều nước châu Phi thuộc Pháp, các nguồn tài nguyên quý như các mỏ khoáng sản, đất đai, môi trường sống… và cả nguồn sức lao động, sinh mạng của cư dân châu Phi đã bị thực dân phương Tây hủy hoại, cướp đoạt.

Theo Nguyễn Ái Quốc thì từ năm 1913, mỗi năm nông dân Maroc bị cướp mất 125.000 ha ruộng đất. Sau khi Pháp giành được thắng lợi trong cuộc “Chiến tranh vì công lý”, con số đó đã tăng lên tới 14.540 ha16. Mặt khác, “Để đền đáp lại những bom đạn và những công ơn của Nước bảo hộ, nông dân Maroc trong khoảng 15 năm đã phải “nhường lại” hàng chục vạn hecta ruộng đất tốt của mình, còn mình

14 Anne Stamm: Các nền văn minh châu Phi, Sđd, tr.31. 15 Đỗ Thanh Bình: Lịch sử phong trào giải phóng dân tộc thế kỷ XX – Một cách tiếp cận, Nxb. Đại học Sư phạm, H., 2006, tr.72. 16 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Nxb. Chính trị Quốc gia, H., 2011, tr.308.

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thì bị đẩy lên núi và những cao nguyên trơ trụi để chết đói”17. Chiếm được đất đai, thực dân Pháp liền biến ngay thành các đồn điền. “Những tên chủ đồn điền này không những chiếm không ruộng đất mà còn chiếm không cả mọi thứ cần thiết để khai thác số ruộng đất đó, kể cả sức lao động”18. Như vậy, cũng theo Nguyễn Ái Quốc, thực dân Pháp đã thủ tiêu quyền chiếm hữu công cộng và thay thế bằng quyền sở hữu tư nhân. Một quá trình phá bỏ những phương thức sở hữu truyền thống để thiết lập chế độ tư hữu hóa, tập trung hóa ruộng đất vào tay các chủ tư bản phương Tây đã diễn ra mạnh mẽ ở các xứ thuộc địa19. Từ năm 1919 đến 1923, chế độ thuộc địa đã chiếm của nhân dân Maroc 72.700 hécta ruộng đất20. Năm 1924, ở Maroc chỉ có 1.070 người Pháp nhưng đã chiếm tới 500.000 ha ruộng đất21.

Vì “nền thái bình của nước Pháp” người dân Maroc đã phải đóng sưu thuế nặng nề và hằng năm mức thuế vẫn không ngừng tăng lên. “Thuế má từ chỗ 109.499.000 phrăng hồi năm 1918, năm 1922 đã lên tới 171.953.000. Trong số mấy trăm triệu thuế do người Maroc đã đổ mồ hôi ra đóng đó thì 96.000.000 phrăng, nghĩa là một phần ba dùng để nuôi béo những người như Liôtây và đồng bọn. Chỉ riêng những khoản chi phí cho Phủ Toàn quyền cũng đã lên tới 25.000.000 phrăng”22. Cùng với chính sách cướp đoạt đất đai và chế độ sưu thuế nặng nề, thực dân Pháp còn thực hiện chế độ cho vay nặng lãi, ra sức kinh doanh tiền tệ, ngân hàng. “Do những hoạt động trực tiếp và gián tiếp, các ngân hàng Algeria và Tuynidi năm 1914 đã thu được 12.258.000 phrăng tiền lời với số vốn là 25 triệu phrăng. Ngân hàng Maroc với số vốn là 15.400.000 phrăng, năm 1921 đã thu được 1.753.000 phrăng tiền lời”23.

Trên phương diện chính trị, trên tập san Inprekorr, Nguyễn Ái Quốc đã chỉ rõ chủ trương của chính quyền Pháp qua tuyên bố của Thống chế Liôtây: “Trong lúc này và trong nhiều năm sau nữa, đối với dân bản xứ, nước Pháp trước nhất có một nhiệm vụ trước nhất phải làm tròn là dạy cho họ biết bổn phận của mình. Chỉ khi nào họ hiểu bồn phận của họ thì mới có thể nói đến việc ban bố cho họ những quyền lợi mà hoàn cảnh xã hội và trình độ hiểu biết của họ có thể cho phép họ được hưởng”24. Vì vậy, theo quan điểm của Nguyễn Ái Quốc, những người anh em Maroc phải đoàn kết, tiếp tục đấu tranh vì Công lý, vì quyền Con người và quyền Công dân và phải quyết tâm giành lấy những quyền đó như người Pháp đã từng làm năm 178925. Về xã hội, chính giới cầm quyền Pháp ở Maroc đã để cho rượu cồn, thuốc phiện và nhà thổ tràn vào Maroc. Bằng ngôn từ châm biếm và phê phán, Nguyễn Ái Quốc cho rằng: “Những tiệm rượu và nhà thổ ở Maroc cứ 5 năm lại tăng 280%, có giá trị “khai hóa” nhiều hơn và có ích cho sự nghiệp thực dân nhiều hơn là bản Tuyên ngôn Nhân quyền và Công dân quyền nhạt nhẽo”26.

Nhìn nhận vấn đề một cách tổng quan chúng ta cũng thấy, đến thế kỷ XIX, chủ nghĩa tư bản dã làm tăng thêm sự đối đầu kịch liệt giữa sự giàu có và nghèo khổ, giữa quyền lực và sự lệ thuộc tuyệt đối27.

17 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.354-355. 18 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.306. 19 Về chế độ sở hữu truyền thống của một số nước Bắc Phi, Nguyễn Ái Quốc viết: “Quan hệ ruộng đất của người Tuynidi, người Arập Angeri và người Maroc nói chung dựa trên cơ sở chủ nghĩa cộng sản nguyên thủy: Theo kinh thánh đạo Ixlam, ruộng đất thuộc về Trời, và con người chỉ có quyền sử dụng những gì mà anh ta có thể lấy từ đó bằng lao động của mình. Như vậy, ruộng đất là sở hữu của công xã và không bị trưng thu. Mỗi người đều được nhận một mảnh đất và được sử dụng toàn bộ sản phẩm của mảnh đất đó. Nhưng anh ta không được mua ruộng của người khác. Không được bán đất của mình. Người giữ ruộng đất đó chết đi thì ruộng đất lại trở thành sở hữu của công xã. Phương thức sở hữu tập thể đó được gọi là “ácsơ” ở Angieri, “habu” ở Tuynidi và Maroc”. Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.275. 20 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Nxb. Sự thật, H., 1980, tr.276. 21 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Nxb. Sự thật, H., 1980, tr.286. Trong bài Nông dân Bắc Phi đăng trên Tạp chí Quốc tế nông dân viết năm 1924, Nguyễn Ái Quốc viết: “Công ty thương mại điền địa chiếm phần lớn miền Cadalanca, Rabat và Madagan. Tiếp theo là Tổng công ty Pháp ở Maroc. Công ty này mua của dân bản xứ mỗi hécta giá từ 20 đến 30 phrăng và sau một thời gian ngắn bán lại với giá 1.000 và 1.2000 phrăng trong một vài tháng lãi tới 858.000 phrăng mà lúc đầu số vốn là 1 triệu và mới chỉ sử dụng một phần tư số vốn đó”. Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.278. 22 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.355. 23 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.307-308. 24 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.352. 25 Trên tập san Inprekorr (tiếng Pháp), số 71 ngày 17-10-1924 Nguyễn Ái Quốc viết: “Trong cuộc chiến tranh vì “công lý” - không phải công lý cho Con người và cho Công dân, mà công lý cho bọn Diều hâu và Cá mập - thì trong số 53.000 người Maroc đã làm “bổn phận” của họ” (40.000 người lao động và 13.000 làm lính), có 10.000 đã làm tròn bổn phận của mình đến nỗi đã bỏ xương trên các bãi chiến trường. Có những người Maroc khác đã làm “bổn phận” của mình bằng cung cấp cho nước mẹ đang lâm chiến hàng vạn tấn hàng hóa, hàng trăm triệu phrăng trong các cuộc công trái bắt buộc, được gọi là công trái “Chiến thắng”. Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.354. 26 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.355. 27 Michel Beaud: Lịch sử chủ nghĩa tư bản từ 1500 đến 2000, Nxb. Thế giới, H., 2002, tr.178.

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Vào giữa những năm 70 của thế kỷ XIX, châu Phi mới bị chiếm 10,8% đất đai nhưng đến đầu thế kỷ XX, 90,4% đất đai châu Phi nằm trong tay thực dân phương Tây trong đó chủ yếu là thuộc địa của Anh, Pháp... Bên cạnh đó, trong quá trình xâm lược, thống trị châu Phi, các nước phương Tây còn thực thi chính sách cưỡng bức lao động và buôn bán nô lệ. Hệ quả là, “Chính nhờ sự mạnh mẽ và khả năng lao động của người da đen mà trong hơn ba thế kỷ, những tay buôn bán người da đen đã có thể chất đầy thuyền với kho dự trữ rộng lớn ở châu Phi; 20 triệu người đi đày, 200 triệu người đã chết trong các trận chiến. Đó là bản tổng kết. Chủng tộc nào đã chống lại một sự hủy diệt chủng lớn hơn như vậy trong lịch sử? Tuy vậy, người da đen đã trụ lại được nơi người da đỏ đã không thể. Và với những người nhập cư, những người châu Âu tiên phong, người da đen đã xây dựng Tân Thế giới bằng sức lao động và sự táo bạo của mình”28.

Trước ách thống trị của Pháp và thực dân phương Tây, Abd el-Krim, thủ lĩnh người Berber trong vùng Rif, đã vùng lên lãnh đạo cuộc kháng chiến chống lại Tây Ban Nha và Pháp (1912-1926). Cuộc khởi nghĩa của Abd el-Krim bị đàn áp, song trong vùng rừng núi Atlas, phong trào đấu tranh vẫn bền bỉ diễn ra và kéo dài đến năm 1934. Nói đến ông người ta thường liên tưởng đến các nhà yêu nước như Mahatma Gandi, Jawaharlal Nehru (Ấn Độ), Shucarno (Indonesia), José Rizal, Bonephasio (Philippines), Tôn Trung Sơn (Trung Quốc), José Marti (Cuba)… Sự trưởng thành của ý thức dân tộc, ý thức giai cấp đã khiến Phong trào đấu tranh GPDT ở châu Phi ngày càng mang tính chất dân tộc rõ rệt. Trong trào lưu đấu tranh đó, giai cấp tư sản đặc biệt là giới trí thức tiểu tư sản đã trở thành những lực lượng chính trị trung tâm của xã hội. “Họ là những người truyền bá tư tưởng mới, khơi dậy ý thức dân tộc, tố cáo chế độ thực dân, tập hợp và lãnh đạo cuộc đấu tranh của nhân dân chống chủ nghĩa thực dân, giành độc lập”29. Sau Chiến tranh thế giới thứ hai, trước sự phát triển của Phong trào giải phóng dân tộc, quốc vương Sidi Muhammad đã lên tiếng đòi chính quyền Pháp trao trả độc lập cho Maroc.

Cũng cần phải nói thêm là, giữa các Phong trào đấu tranh giải phóng dân tộc trên thế giới luôn có những mối liên hệ mật thiết. Chỉ 5 tháng sau chiến thắng Điện Biên Phủ, ngày 1-11-1954 nhân dân Algeria đã nổi dậy kháng chiến chống thực dân Pháp và đến năm 1962 thì giành lại được nền độc lập dân tộc, chấm dứt 124 năm bị thực dân thống trị. Tên tuổi của Chủ tịch Hồ Chí Minh, của Đại tướng Võ Nguyên Giáp được nhân dân nhiều nước châu Phi biết đến, tôn vinh, ca ngợi. Năm 1956, ba nước Sudan, Maroc và Tuynidi giành được độc lập... Sidi Muhammad trở thành quốc vương Muhammad V30. Như đám lửa bùng lên thành một biển lửa, từ Algeria, Sudan, Maroc, Tuynidi… Phong trào đấu tranh giải phóng dân tộc từ vùng Bắc Phi lan nhanh sang các nước khác ở châu Phi để rồi năm 1960 được coi là “Năm độc lập của châu Phi”, với 17 quốc gia tuyên bố độc lập. Châu Phi trở thành “Lục địa trỗi dậy”, nơi những người “Nô lệ thức tỉnh” trong cuộc đấu tranh chống chủ nghĩa thực dân31. Phong trào đã lan tỏa và tạo nên một vòng liên kết rộng lớn, chặt chẽ tạo đà cho sự hình thành Hội nghị Băng Đung (Indonesia) năm 1957. Hội nghị tuyên bố tuân thủ 10 nguyên tắc chung sống hòa bình. Thành công của Hội nghị tạo tiền đề quan trọng cho sự ra đời của Phong trào không liên kết với sự tham gia của 25 nước thành viên Á - Phi - Mỹ Latin năm 196132.

Hòa nhịp với phong trào đấu tranh giành độc lập của nhân dân thế giới, Phong trào giải phóng dân tộc ở Việt Nam gắn liền với tên tuổi của nhiều nhà yêu nước mà tiêu biểu nhất là Chủ tịch Hồ Chí Minh. Trên cơ sở nghiên cứu sâu sắc lịch sử Phong trào giải phóng dân tộc thế giới lại là người trực tiếp dấn thân hoạt động, đấu tranh vì sự nghiệp phong trào giải phóng toàn nhân loại, Hồ Chí Minh đã sớm phát hiện ra mối quan hệ khăng khít giữa phong trào GPDT ở thuộc địa với phong trào vô sản ở chính quốc. Từ sự phân tích hình tượng “con đỉa hai vòi”, Hồ Chí Minh đã khẳng định xu thế phát triển tất yếu của Phong trào GPDT và chính Người đã chỉ rõ : Trong những điều kiện lịch sử nhất định, Phong trào giải

28 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.72. 29 Đỗ Thanh Bình: Lịch sử phong trào giải phóng dân tộc thế kỷ XX – Một cách tiếp cận, Sđd, tr.140-141. 30 Nhân dịp Quốc khánh Maroc, ngày 2-12-1957, Chủ tịch Hồ Chí Minh đã gửi điện mừng: “Kính gửi quốc vương Moohamét V: Nhân kỷ niệm ngày 18 tháng 11, kỷ niệm lần thứ 30 ngày Quốc vương lên ngôi và là ngày Quốc khánh Marốc, thay mặt nhân dân Việt Nam, Chính phủ nước Việt Nam Dân chủ Cộng hòa và nhân danh cá nhân, tôi xin kính chúc Quốc vương mạnh khỏe và sống lâu. Đồng thời, xin chúc Maroc ngày càng thịnh vượng và thu được nhiều thắng lợi trong công cuộc củng cố nền độc lập”. Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 11, Nxb. Chính trị Quốc gia, H., 2011, tr.199. 31 Hồ Chí Minh: Bản án chế độ thực dân Pháp. Xem Nguyễn Quốc Hùng: Hồ Chí Minh - Người chiến sĩ quốc tế, Nxb. Chính trị Quốc gia, H., 2005, tr.88. 32 Vũ Dương Ninh: Việt Nam - Thế giới và hội nhập, Nxb. Giáo dục, H., 2007, tr.10-38.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 33

phóng của các dân tộc thuộc địa có thể diễn ra trước Phong trào vô sản và hơn thế còn có thể giúp đỡ những người anh em của mình ở phương Tây trong nhiệm vụ giải phóng hoàn toàn. Bởi lẽ: “Sự tàn bạo của chủ nghĩa tư bản đã chuẩn bị đất rồi. Chủ nghĩa xã hội chỉ còn phải làm cái việc là gieo hạt giống của công cuộc giải phóng nữa thôi”33. Để làm được điều đó thì phải không ngừng chủ động, sáng tạo, phải “đem sức ta mà tự giải phóng cho ta”.

3. Triển vọng hợp tác trong nghiên cứu khoa học và giáo dục

Là một người nghiên cứu và giảng dạy về Lịch sử thế giới, tôi chưa thể bàn nhiều và bàn sâu về những mối quan hệ hợp tác chính trị, ngoại giao và kinh tế giữa hai nước Việt Nam và Maroc kể từ khi hai nước thiết lập quan hệ ngoại giao chính thức năm 1961 đến nay. Trong tham luận này, tôi muốn tập trung trao đổi về một số suy nghĩ về triển vọng hợp tác trong quan hệ giữa các trường đại học trên phương diện nghiên cứu khoa học và giáo dục :

- Trước hết, khi nghiên cứu về lịch sử văn hóa Bắc Phi nói chung, Maroc nói riêng, chúng ta thấy cả hai nước đều từng giữ vai trò cầu nối, đồng thời là hành lang kinh tế, văn hóa quan trọng. Maroc nằm ở phía tây bắc châu Phi, tây nam Địa Trung Hải, ở vị trí yết hầu thông với Đại Tây Dương, biển, lục địa và sa mạc là các nhân tố kết nối, hợp luyện nên bản sắc tự nhiên, văn hóa, con người Maroc. Trong khi đó, với 3.260km bờ biển, có không gian biển trên 1 triệu km2, Việt Nam là quốc gia có chỉ số duyên hải cao và có truyền thống hướng biển. Hơn thế, biển Đông Nam Á từ lâu cũng được coi là “Địa Trung Hải thu nhỏ”34, là trung điểm của hệ thống giao thương châu Á và “Con đường tơ lụa trên biển”. Trong thời đại mà cả thế giới hướng ra đại dương, việc nghiên cứu vị thế cầu nối, hành lang văn hóa, quá trình giao biến tộc người, đặc biệt là vai trò và vị thế của biển, đại dương với sự sinh thành của hai nước đặt trong bối cảnh lịch sử, văn hóa hai khu vực Đông Á, Bắc Phi là chủ đề cần quan tâm nghiên cứu.

- Được coi là những địa bàn tập trung, hợp tụ của nhiều truyền thống văn hóa, nhiều luồng cư dân, đến thời đại công nghiệp, bằng chính sách khai thác thực dân của người da trắng, cấu trúc xã hội, tộc người ở nhiều nước trên thế giới bị biến động lớn mà trước hết là ở châu Mỹ, châu Á, châu Phi. Nhiều nguồn gen trước đó cách biệt nhau đã có điều kiện tiếp cận, giao lưu đồng thời cũng mất đi không ít những nguồn gen quý do các cuộc chiến tranh hủy diệt. Ở Đông Nam Á, hai chủng tộc lớn là Mongoloid phương Nam và Australoid đã có sự hòa hợp, tác động lên nhau để hình thành nên các loại hình nhân chủng mới. Những chuyển biến từ Indonesien thành Nam Á và cả biến đổi trái chiều từ Nam Á thành Indonesien cũng đã diễn ra ở một số cộng đồng Đông Nam Á. Nghiên cứu về các dòng chảy văn hóa, các dòng thiên di và sự giao hòa giữa các dòng thiên di (trên cả hai phương diện sinh học và văn hóa) cùng những tác động của chiến tranh, của chính sách cưỡng bức di cư và buôn bán nô lệ, lao động cũng như sự hình thành những nhóm định cư châu Á ở châu Phi, châu Âu; các nhóm con lai, cuộc sống và số phận của họ... là chủ đề nghiên cứu đòi hỏi thời gian và nỗ lực vượt bậc không chỉ của giới học giả hai nước Việt Nam - Maroc mà còn cần sự hợp tác từ nhiều trung tâm nghiên cứu, nhiều chuyên gia khu vực và thế giới.

- Về hệ thống thuộc địa của Pháp, từ năm 1924 nhà yêu nước Nguyễn Ái Quốc đã viết : “Các thuộc địa Pháp chiếm một diện tích rộng 10.211.510km2 với số dân là 55.571.000 ngưởi rải khắp bốn lục địa. Dù có sự khác nhau về chủng tộc, khí hậu, tập quán, truyền thống, về trình độ phát triển kinh tế và xã hội, song có hai điểm chung làm cho các nước thuộc địa giống nhau và sau này có thể đi tới thống nhất để cùng đấu tranh: 1. Tình hình kinh tế: trong tất cả các thuộc địa Pháp, công nghiệp và thương nghiệp phát triển rất yếu ớt và nhân dân hầu hết làm nghề nông, 95% số dân bản xứ là nông dân; 2. Ở tất cả các nước thuộc địa, nhân dân bản xứ đều bị tư bản đế quốc chủ nghĩa Pháp bóc lột không ngừng”35.

Việc cùng phối hợp nghiên cứu, làm rõ đặc tính, bản chất của chủ nghĩa tư bản nói chung, tư bản Pháp nói riêng ; nghiên cứu so sánh chính sách khai thác, bóc lột của Pháp trên hệ thống thuộc địa rộng lớn mà Việt Nam và Maroc là những trường hợp tiêu biểu (case studies), sẽ giúp chúng ta nhận diện rõ hơn về những điểm tương đồng, dị biệt trong chính sách của Pháp với hai xứ thuộc địa và hơn thế là

33 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.40. 34 Nguyễn Văn Kim: Biển với lục địa - Biển Việt Nam trong các không gian biển Đông Nam Á, Trường ĐH KHXH&NV, ĐHQG HN - Tạp chí Khoa học Xã hội và Nhân văn, số 1, 2015, tr.16-29. Nguyễn Văn Kim (Cb.): Người Việt với biển, Nxb. Thế giới, H., 2011. 35 Hồ Chí Minh: Toàn tập, Tập 1, Sđd, tr.283.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 34

những hệ quả lâu dài của chính sách đó đến con đường và mô hình phát triển của hai nước hiện nay. Trên một bình diện khác, nghiên cứu chính sách thuộc địa của Pháp trong so sánh với chính sách của Anh, Tây Ban Nha, Bồ Đào Nha… ở châu Phi, châu Á và châu Mỹ cũng như nghiên cứu về các nhà yêu nước, nhà tư tưởng (như Nguyễn Ái Quốc - Hồ Chí Minh hay Abd el-Krim), những người dẫn dắt đường đi cho dân tộc trong cuộc đấu tranh giành lại nền độc lập, quyền tự do cho đất nước v.v… là những chủ đề cần sự phối hợp khảo cứu hệ thống, chuyên sâu để hướng đến những nhận thức ngày càng sâu sắc, toàn diện hơn.

- Trong quá trình đấu tranh giành độc lập, cùng với con đường bạo lực, đấu tranh vũ trang, nhiều dân tộc Á, Phi đã sử dụng hình thức phi bạo lực, con đường hòa bình, không đổ máu thông qua thương lượng, thỏa hiệp để giành lại nền độc lập. Ở châu Phi, trừ một số nước Bắc Phi như Ai Cập, Libya, Maroc, Tuynidi giành được độc lập sớm hơn, các nước còn lại ở châu Phi thuộc Anh, Pháp, Bỉ đều tiến hành phi thực dân hóa thông qua thương lượng trên cơ sở nghị quyết của Liên Hợp Quốc36. Ở châu Á, cuộc đấu tranh của nhân dân Ấn Độ do Đảng Quốc đại và Mahatma Gandi lãnh đạo, với chủ trương “bất bạo động” cuối cùng đã giành được thắng lợi. Việc nghiên cứu các con đường đấu tranh giành độc lập : Đấu tranh vũ trang (bạo lực), Thương lượng, hòa bình (phi bạo lực) và cả sự kết hợp giữa Đấu tranh vũ trang với Thương lượng, hòa bình… sẽ góp phần bổ sung vào kho tàng lý luận trong nghiên cứu về một thời kỳ đấu tranh của các dân tộc bị áp bức, nô dịch trên thế giới chống chủ nghĩa thực dân. Con đường, cách thức đấu tranh và những hệ quả đa chiều mà chủ nghĩa thực dân gây ra cho các nước Á, Phi, Mỹ Latin trong và sau quá trình thực dân, giải thực dân có nhiều giá trị tham khảo cho các nước đang phát triển hiện nay trong bối cảnh cấu trúc chính trị thế giới đang được sắp xếp lại trước sự chuyển hóa từ một thế giới hai cực sang thế giới đa cực.

- Sau quá trình giải thực dân, người ta cũng thấy một hiện tượng rất đáng chú ý là nhiều dân tộc từng bị áp bức, nô dịch đã không duy tồn trong chủ trương, chính sách những ý niệm về sự hận thù dân tộc. Đến những năm 1930, ở Pháp đã bắt đầu hình thành những nhân tố cho một đặc tính văn hóa da đen trong văn hóa Pháp. Và người Bồ Đào Nha cũng luôn chia sẻ với người châu Phi một thiên tư bẩm sinh về tài năng thi ca bắt nguồn từ sự nhạy cảm sâu sắc và trí tưởng tượng kỳ bí của văn hóa châu Phi. Nghĩ suy về văn hóa châu Âu, người ta vẫn nghĩ đến những tài năng như thi hào Johann Wolfgang Goeth (1749-1832). Bản thân ông và trong các tác phẩm của ông luôn chịu sức hút mạnh từ các nền văn hóa phương Nam. “Suốt cả cuộc đời, ông đã thực hiện ước mơ của mình và đã để lại cho chúng ta một hình mẫu của thời kỳ hiện đại, một tinh thần hòa hợp, được hình thành từ những giá trị bổ sung”37. Lúc sinh thời, danh họa Pablo Picasso (1881-1973) từng nhiều lần bị cuốn hút bởi những kiểu dáng mặt nạ và nghệ thuật trang trí, tạo hình châu Phi. Vì thế, nhiều tác phẩm nghệ thuật của ông mang giá trị biểu tượng cao và ông đã trở thành nghệ sĩ tài hoa nổi tiếng với Phong cách lập thể. Vào thế kỷ XX, chính nghệ thuật châu Phi là một trong những cội nguồn của nghệ thuật hiện đại mà tiêu biểu và sâu lắng nhất là những ảnh hưởng của nền nghệ thuật này với “Trường phái Paris”. Các tác phẩm của Pablo Picasso, Marc Chagall, Alfred Manessier, André Masson, Maria Elena Vieira da Silva. Pierre Soulages và nhiều người khác nữa cho thấy sức sống, tinh thần sáng tạo của những nền văn hóa từng bị coi là “man sơ”, “thấp kém”38.

Với người châu Phi, họ luôn tiếp cận với vũ trụ bằng các giác quan của mình, không phải để đối đầu với tự nhiên mà là để hòa hợp với tự nhiên với hai giá trị tiêu biểu là Tinh thần cộng đồng cao và Những hình ảnh mang tính biểu tượng. Nhìn rộng ra, trên bình diện thế giới “Từ thế kỷ XVIII, các nền nghệ thuật “bên ngoài” đã đóng góp rất nhiều cho nền nghệ thuật phương Tây, trong đó có nghệ thuật Iran, Trung Quốc, Nhật Bản, chưa kể đến nghệ thuật của người Arập Hồi giáo. Nhưng chính nghệ thuật của người da đen mới đóng góp nhiều nhất cho trường phái nhạc Jazz ở châu Mỹ và Trường phái Paris ở Pháp. Về phần Ấn Độ, như René Grousset thừa nhận trong tựa đề cuốn Ấn Độ, nghệ thuật của nước này

36 Đỗ Thanh Bình: Lịch sử phong trào giải phóng dân tộc thế kỷ XX - Một cách tiếp cận, Sđd, tr.54. 37 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.63. 38 Nhận xét về văn minh châu Phi, Fernand Braudel cho rằng: “Châu Phi bỏ một nền văn minh dài hàng ngàn năm, nhưng không phải vì thế mà mất đi nền văn minh của nó. Dù được biến đổi, bị xé nát, nền văn minh đó vẫn cứ không kém là một nền văn minh đặc thù, được đánh dấu một cách sâu sắc bởi một tâm lý, những thị hiếu, những kỷ niệm và tất cả những gì riêng cho một địa phương”. Fernand Braudel: Tìm hiểu các nền văn minh trên thế giới, Nxb. Khoa học Xã hội, H., 2004, tr.245.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 35

chỉ có thể được thể hiện bằng những giá trị chủ yếu do những người da đen Dravidiens ở miền Nam Ấn Độ đóng góp”39.

Đối với Việt Nam, cùng với những chính sách nô dịch về chính trị, xã hội, văn hóa, các nước phương Tây (mà lâu dài và thường xuyên nhất là Pháp), cũng đã làm biến đổi xã hội Việt Nam. Từ năm 1858 đến 1945 và 9 năm sau đó tức đến 1954, văn hóa Pháp nói riêng văn minh châu Âu nói chung, không chỉ đã làm thay đổi mà còn đem lại nhiều giá trị, hình thức biểu đạt mới cho văn hóa Việt Nam trong nhiều lĩnh vực từ âm nhạc, thi ca, hội họa, kiến trúc đến các dạng thức văn hóa vật thể, phi vật thể. Một truyền thống giáo dục hiện đại với các môn khoa học thực nghiệm; kỹ thuật và công nghệ Pháp; thiết chế chính trị và chính sách kinh tế - xã hội Pháp; y học, dược học và khoa học nhân văn Pháp; lối sống và tư duy văn hóa Pháp; kiến trúc và nghệ thuật Pháp40 v.v... đã được cấy ghép, gieo trồng trên xứ Đông Dương và nhiều nước thuộc địa.

Mặt khác, văn hóa Pháp có thể triển nở qua nhiều thế kỷ cũng là nhờ sự tham góp của các nhân tố mới từ nhiều nền văn hóa khác lạ bên ngoài. Kết quả là, “Nếu như các nước nhận được của Pháp sự khai tâm trí tuệ khoa học thì họ lại cho các nước này các cách thức diễn đạt nghệ thuật mới hoặc các khái niệm triết học, xã hội hoặc chính trị độc đáo. Nhờ đó, nền văn minh của chúng ta trở nên thêm phong phú”41. Do vậy, việc nghiên cứu quá trình giao thoa, tiếp biến văn hóa, thế ứng đối văn hóa để bảo vệ bản sắc, giá trị nguồn cội trong lịch sử văn hóa Việt Nam và Maroc là chủ đề cấp thiết, rộng lớn cần phối hợp nghiên cứu và đào tạo chuyên gia.

Trong thời đại mới, dưới tác động của cuộc Cách mạng công nghiệp lần thứ tư và xu thế toàn cầu hóa42, nhân loại đang hướng đến xây dựng một nền văn minh chung mang tính toàn nhân loại43. Có thể gọi đó là Nền văn minh toàn cầu. Nền văn minh đó hình thành là sản phẩm tất yếu của quá trình trao đổi chất, một quá trình cho và nhận, lọc chọn và tích hợp, sáng tạo và loại thải... Ở đó, bất chấp mọi định kiến và thiên kiến, nền văn minh đó ngày càng là kết quả của sự hòa trộn giữa các yếu tố tự nhiên và xã hội, kỹ thuật và công nghệ, sinh học và văn hóa. Trong nền văn minh đó, những ý tưởng sáng tạo, đổi mới luôn hiện hữu đồng thời những giá trị văn hóa độc đáo, niềm tin và những khát vọng trong cuộc sống của các dân tộc, vùng và khu vực cũng sẽ được duy tồn như những bản sắc riêng.

39 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.131-132. 40 Có thể xem các công trình như: Nguyễn Thế Anh: Việt Nam thời Pháp đô hộ, Nxb. Văn học, 2008; Nguyen Thua Hy: Economic History of Hanoi, National Political Publishing House, 2002; Philippe Papin: Lịch sử Hà Nội, Nxb. Mỹ thuật, 2010; William Logan: Hà Nội - Tiểu sử một đô thị, Nxb. Hà Nội, H., 2010; Phan Phương Thảo: Khu phố Tây ở Hà Nội nửa đầu thế kỷ XX qua tư liệu địa chính, Nxb. Hà Nội, H., 2017; Trung tâm Nghiên cứu Quốc học: Thư của các giáo sĩ Thừa sai, Nxb. Văn học, H., 2013; Nguyễn Văn Kim (Cb.): Tiếp biến và hội nhập văn hóa ở Việt Nam, Nxb. Đại học Quốc gia Hà Nội, H., 2016; Vũ Minh Giang (Cb.): Đại học Quốc gia Hà Nội - Một thế kỷ phát triển và trưởng thành, Nxb. ĐHQG HN, H., 2006; Trần Thị Phương Hoa: Giáo dục Pháp - Việt ở Bắc Kỳ (1884-1945), Nxb. Khoa học Xã hội, H., 2012; Trần Ngọc Vương: Thực thể Việt nhìn từ tọa độ chữ, Nxb. Tri thức, 2010; Nguyễn Thị Kim Loan - Nguyễn Thị Kim Chi - Nghiêm Xuân Mùng: Giao lưu văn hóa Việt - Pháp thời cận đại qua dữ liệu văn học nghệ thuật, Nxb. Văn hóa - Thông tin & Viện Văn hóa, H., 2015. 41 Léopold Sédar Senghor: Đối thoại giữa các nền văn hóa, Sđd, tr.348. 42 Trần Đại Quang: Cuộc cách mạng công nghiệp lần thứ tư - Thời cơ và các thách thức an ninh phi truyền thống, Báo Nhân Dân, số 22283 ngày 4/10/2016, tr.3. 43 Trong công trình nghiên cứu của mình Francis Fukuyama gọi đó là “Tương lai hậu nhân loại”, Nxb. Trẻ, H., 2014.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 36

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 37

L’histoire qui unit le Maroc et le Vietnam, est peu évoquée, voire quasi inexistante au sein de l’historiographie en général, car c’est un hasard de l’histoire d’après-guerre qui a voulu que nos deux pays, pourtant si éloignés, se retrouvent un jour unis dans le même combat.

Lorsqu’en pleine guerre contre l’Indochine, l’armée française a fait appel à 2000 goumiers Marocains sur les 125 000 nord-africains réquisitionnés pour renforcer ses propres troupes, elle a de fait placé, ces derniers, face à un dilemme véritablement insolite : avoir à se battre contre un peuple qui avait les mêmes revendications d’indépendance qu’eux, face à la même puissance colonisatrice !

Mais en voulant réprimer les révoltes d'une colonie par le recours aux soldats d'une autre, l’armée Française ne se doutait pas encore de la force et de la portée des nouvelles mouvances indépendantistes des peuples colonisés.

Voilà pourquoi entre 1947 et 1954, par centaine, des Marocains avaient déserté l’armée française en Indochine pour rallier le Viêt Minh, par solidarité anticolonialiste et par refus de servir une cause qui n’était pas la leur. Ce mouvement, qui fut au départ motivé par l’appel lancé par le prestigieux leader nationaliste Marocain Abdelkrim EL Khattabi à la demande du Président Ho Chi Minh et qui parut dans le journal égyptien « Sawt al Oumma » du 21 mars 1948 et fut largement diffusé par les Vietnamiens.

La désolidarisation des soldats marocains de l’armée française s’accentua et s’accéléra lorsque ces derniers apprirent la déportation par le gouvernement Français de l’époque de SM Le Roi Mohammed V en 1953.

Puis vint la première Conférence afro-asiatique en 1955, à Bandung, qui scella définitivement cette amitié entre les pays asiatiques et africains, qui faisaient face au même péril colonialiste, et s’unissaient enfin pour revendiquer sur la scène internationale leur indépendance.

« La première Conférence afro-

asiatique en 1955, à Bandung, scella

définitivement cette amitié entre les pays

asiatiques et africains pour faire face au même péril

colonialiste, et s’unir enfin pour revendiquer sur la

scène internationale leur indépendance »

« Les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam : Vecteur de renforcement des relations bilatérales » Pr. Saaid Amzazi, Président de l’Université Mohammed V-Rabat

Groupement de tabors marocains d'Extrême-Orient

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 38

Finalement, quel curieux destin, pour ces marocains, de se voir ballotés par les pérégrinations de l’histoire coloniale française en Asie… Ces marocains déportés, dont on ne peut que saluer le courage et la détermination alors même qu’ils se trouvaient pris entre le marteau et l’enclume, à l’autre bout du monde, dans un pays dont ils ne connaissaient ni la langue ni la culture.

Ils mirent plus de 20 ans à rejoindre leur pays natal, le Maroc, durée pendant laquelle nombreux furent ceux qui contractèrent un mariage avec une vietnamienne, avec la bénédiction de l’état vietnamien qui les prit en charge en leur donnant des terres à cultiver et protégeât leur famille jusqu’à leur rapatriement, la nuit du 15 Janvier 1972 quand deux avions atterrissent sur le tarmac de la base militaire de Kenitra, avec à leur bord les anciens combattants et leurs familles. Au Maroc, placés sous la royale protection de SM le Roi Hassan II, ils furent accueillis avec faste et reçurent des arpents de terre à cultiver, notamment à Sidi Yahia, une pension et des postes administratifs.

Reste aujourd’hui de cette épopée marocaine d’un quart de siècle au Vietnam un vestige historique, cette fameuse « Bab Al Maghariba », au nord de Hanoi, qu’ils érigèrent en 1963 en souvenir de leur pays natal et en reconnaissance à l’état vietnamien pour sa protection, dans la plus pure tradition marocaine.

Ce monument historique exceptionnel, véritable symbole de la solidarité anticoloniale et intercontinentale, a récemment été restaurée en réponse à la providentielle demande conjointe de l’Ambassade du Maroc à Hanoi et de la Commission centrale du parti communiste vietnamien aux Affaires extérieures. Puisse-t-elle continuer de témoigner dans le temps du sacrifice de ceux des nôtres qui sont morts au Vietnam sans avoir jamais revu leur pays natal, et ceux qui y laissèrent une descendance qui peine, aujourd’hui encore, à faire valoir sa marocanité.

La mémoire historique entre les deux pays est également marquée par les vietnamiens qui ont imprimé leur empreinte au Maroc. En effet, M. Eric Vo Toàn, architecte d’origine vietnamienne, qui vécut au Maroc et auquel l’on doit la construction de nombreux bâtiments marocains célèbres notamment le Mausolée Mohammed V face à la tour Hassan, véritable symbole emblématique de la ville de Rabat, mais aussi plus d’une cinquantaine d’édifices institutionnels et religieux.

« Reste aujourd’hui de cette épopée marocaine d’un

quart de siècle au Vietnam un vestige

historique, cette fameuse « Bab Al Maghariba », au nord de Hanoi,

qu’ils érigèrent en 1963 en souvenir de leur pays natal et en

reconnaissance à l’état vietnamien

pour sa protection, dans la plus pure

tradition

marocaine »

Inauguration de la Conférence afro-asiatique à Bandung, 1955

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 39

L’histoire raconte qu’il fut abordé par Hassan II, alors jeune Roi, séduit par son

travail à la foire internationale de Casablanca, qui lui proposa de concevoir le futur mausolée pour feu Mohammed V sur l’esplanade de la tour Hassan. L’architecte lui en dessina alors aussitôt une esquisse sur un billet de 10 dirhams qui représentait à l’époque la tour Hassan et son esplanade vide… Il mit ensuite 14 ans à édifier ce véritable bijou d’architecture, avec un acharnement et un souci du détail et de la perfection qui lui font hommage.

Bel exemple de fraternité et de complémentarité encore une fois entre les deux pays, dont même les drapeaux se ressemblent étrangement, tous deux rouges avec une étoile centrale.

Aujourd’hui, on ne peut que se réjouir que les relations bilatérales soient toujours au beau fixe, ce que confirme la récente décoration, en Janvier 2017, de l’ancien Ambassadeur de la République socialiste de Vietnam à Rabat, Pham Truong Giang, du Wissam Alaouite de l’ordre de Chevalier, que lui a accordé Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la fin de sa mission diplomatique, et remise à Hanoi par l’Ambassadeur du Maroc au Vietnam, Azzeddine Farhane, afin de saluer l’engagement permanent et les efforts déployés par ce diplomate tout au long de son mandat au service de la consolidation et la consécration des relations entre le Maroc et le Vietnam.

En retour, l’actuel Ambassadeur de la République socialiste du Vietnam au Maroc, Tran Quoc Thuy, n’a pas manqué de féliciter le Maroc pour son retour au sein de l’Union Africaine (UA), tout en qualifiant ce retour de "grand succès diplomatique" pour le Royaume.

Les relations fraternelles et ancrées dans l’histoire entre nos deux pays constituent pour nous un véritable socle de coopération bilatérale, et plusieurs accords de coopération nous lient déjà notamment sur le plan juridique et culturel. Récemment, les visites dans les deux sens se sont multipliées entre nos deux pays afin d’exploiter

« Les relations fraternelles et ancrées dans

l’histoire entre nos deux pays

constituent pour nous un véritable

socle de coopération bilatérale, et

plusieurs accords de coopération nous

lient déjà notamment sur le plan juridique et

culturel. »

L’architecte vietnamien Eric Vo Toàn

Mausolée Mohammed V à Rabat

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 40

au mieux les potentiels de coopération économique et touristique de chacun, car il est clair que nos échanges commerciaux bilatéraux gagneraient à être d’avantage stimulés.

Le Vietnam, fort de sa population jeune et de sa localisation stratégique en Asie du Sud-Est est l'une des économies les plus dynamiques d'Asie, puissant exportateur de produits agricoles tels que le riz et le poivre noir. Le Maroc, qui a lui-même augmenté ses importations à partir du Vietnam de 50 % par an depuis 2010.

Par ailleurs, les exportations marocaines à destination du Vietnam restent en deçà des aspirations de nos deux pays, mais depuis la visite en 2015 de notre ministre délégué chargé du Commerce extérieur marocain dans le cadre de la 1ère mission exploratoire institutionnelle de haut niveau à Hanoï qui a clairement identifié le Vietnam en tant que marché cible à moyen terme pour le Maroc, nous pouvons espérer un accroissement sensible dans nos échanges.

C’est ainsi que les rencontres effectuées dans le cadre de cette mission ont permis de cibler les secteurs les plus prometteurs en matière d’exportations vers le Vietnam tels que l'agro-industrie, les produits de la mer, les technologies de l'information et de la communication par le développement du nearshoring, et le secteur pharmaceutique, notamment les produits génériques (dans la mesure où le Vietnam importe 60 % de sa consommation).

Voilà donc encore un nouveau point commun entre nos deux pays qui ont entrepris de s’ouvrir chacun sur leur propre environnement : le Vietnam investit les marchés asiatiques regroupés sous forme d'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) alors même que le Maroc s’ouvre sur les marchés africains grâce à la politique judicieuse d’ouverture menée tambour battant par SM notre Roi Mohammed VI en Afrique. Et le Maroc en devenant le premier pays africain et arabe à adhérer au Traité d'amitié et de coopération de l’ASEAN, a créé une formidable opportunité pour concrétiser nos ambitions réciproques en matière d’échanges commerciaux.

L’ASEAN n’est pas seulement un immense marché asiatique, c’est surtout un modèle de coopération Afro-Asiatique dont les plans d’actions accordent une priorité manifeste à l’axe de l’environnement et du changement climatique d’une part, ainsi qu’à l'intégration entre le développement durable et la sécurité. Et dans ce cadre, notre pays le Maroc peut jouer un rôle majeur sur plusieurs plans : d’abord ses actions et son leadership en Afrique pourraient l’ériger en partenaire privilégié des pays asiatiques afin d’équilibrer les parts et la rétribution de tous les pays africains par les donateurs asiatiques. D’ailleurs dans ce cadre, il est bien évident que le retour récent et largement plébiscité du Maroc à l’Union Africaine ne peut être qu’un gage d’équité des chances pour les pays africains qui bénéficieront de cette coopération internationale.

Ensuite son expertise avérée en matière de développement durable mais aussi de sécurité pourrait grandement bénéficier aux pays des deux continents, et enfin sa position géographique et son rayonnement diplomatique au sein des pays européens le préfigurent déjà comme un pilier incontournable de l’architecture d’un partenariat tripartite Asie-Afrique-Europe.

Au sein de cette coopération, le Vietnam grâce à ses relations privilégiées avec notre pays pourrait donc constituer pour le Maroc une porte d’entrée sur les marchés asiatiques, et en retour il est bien évident que le Maroc est prêt à se constituer en véritable plateforme d’échanges entre le Vietnam et la majorité des pays africains.

Mais c’est avant tout un véritable partenariat Win-Win que nous voulons construire dans le cadre d’une coopération Sud-Sud entre l’Afrique et l’Asie. Car à l’heure d’une mondialisation galopante et avec le progrès fulgurant des sciences et technologies, l'accélération des dynamiques de production et des délocalisations, ainsi que l'interdépendance de plus en plus étroite entre les pays, des opportunités sans précédent

« Le Maroc, en devenant le premier

pays africain et arabe à adhérer au Traité d'amitié et de

coopération de l’ASEAN, a créé une

formidable opportunité pour concrétiser nos

ambitions réciproques en

matière d’échanges

commerciaux. »

« c’est avant tout un véritable

partenariat Win-Win que nous voulons construire dans le

cadre d’une coopération Sud-

Sud entre l’Afrique et l’Asie »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 41

s'offrent aujourd’hui aux pays asiatiques et africains pour réaliser un développement accéléré. Et le développement de notre monde est indissociable de celui de l'Asie et de l'Afrique, deux continents qui, à eux seuls, représentent la moitié de la superficie de la planète et les trois quarts de sa population

J’espère à mon tour, profiter de cette belle occasion pour apporter ma pierre à l’édifice en tant que Président d’université, en initiant une coopération dynamique et fructueuse entre l’université Mohammed V que je représente et l’Université Nationale du Vietnam - Hanoi que j’aurai le plaisir de visiter demain. Je tiens d’ailleurs à remercier chaleureusement Monsieur le Recteur de cette université pour la confiance qu’il place en nous et pour sa contribution à l’établissement de cette nouvelle coopération qui sera sans aucun doute très fructueuse pour nos deux institutions.

L’Asie constitue en effet un axe prioritaire de l’ambition de notre université en matière de coopération internationale et nous avons déjà mis en place un partenariat exemplaire avec la chine à travers la création du premier centre Confucius au sein de notre FLSH grâce auquel nous avons instauré une mobilité très active des étudiants et enseignants chercheurs chinois et marocains entre nos deux pays.

Mais avec le Vietnam, nous avons un motif de rapprochement supplémentaire dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche qui est la francophonie. Le Vietnam s’implique de façon très dynamique au sein de l’AUF au niveau du bureau Asie-Pacifique et nous-mêmes, nous abritons le bureau Maghreb de cette organisation internationale de grande renommée au sein de notre université.

Nous avons également récemment organisé la première édition de la conférence internationale conjointe sur la coopération afro-asiatique qui se veut un terrain de rencontre entre les responsables gouvernementaux œuvrant dans différents domaines, les universitaires, les académiciens et les experts de l’Afrique et de l’Asie qui s’intéressent notamment à l’impact réel et potentiel de la présence asiatique en Afrique sur les termes d’une coopération équilibrée.

Je finirai mon allocution en félicitant l’ensemble des organisateurs de cette rencontre, d’abord l’Université des Sciences sociales et humaines de Hanoï en la personne de son Recteur ici présent, Monsieur Pham Quang Minh, et bien sûr notre Ambassadeur fraichement nommé, Monsieur Azzeddine Farhane, qui, je n’en doute pas, apportera un nouvel élan aux relations de coopération entre nos deux pays et contribuera efficacement à renforcer et à multiplier nos partenariats et notre bonne entente dans tous les domaines, politique, culturel, économique et social.

Nous ne pouvons que nous réjouir que cette rencontre dédiée à la mémoire collective nous donne cette formidable opportunité de créer l’Association de l’Amitié Marocco-vietnamienne qui œuvrera à perpétuer cette relation si fraternelle que l’histoire a tissé entre nos deux peuples qui, bien que de cultures différentes, partagent les mêmes valeurs humaines.

Permettez-moi enfin de citer cette phrase de Zhou Enlai, qui fut ministre des Affaires étrangères chinois, qui bien qu’elle fut prononcée dans un discours en 1955 à la conférence de Bandung, est plus que jamais d’actualité : « Nous avons réussi à nous opposer au colonialisme, à sauvegarder la paix mondiale et à encourager la coopération politique, économique et culturelle parce que nous autres, peuples des pays d’Afrique et d’Asie, nous avons en commun le même sort et les mêmes désirs ».

« Avec le Vietnam, nous avons un motif de rapprochement

supplémentaire dans le domaine de

l’enseignement supérieur et de la

recherche qui est la francophonie. Le

Vietnam s’implique de façon très

dynamique au sein de l’AUF au niveau

du bureau Asie-Pacifique et nous-

mêmes, nous abritons le bureau Maghreb de cette

organisation internationale de grande renommée au sein de notre

université. »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 42

1. La contribution des soldats marocains à côté du Viet Minh, durant la guerre de résistance du Vietnam El Mostapha EL KTIRI, Haut-Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération.

2. Les relations historiques entre l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut-Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération Mr Tran Ngoc Dan, Directeur du Département des Affaires Etrangères au sein de l’Association des Vétérans du Vietnam

SESSION II: Les liens historiques entre l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut-

Commissariat aux anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 43

Les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam remontent à l’époque de la guerre d’Indochine à la fin des années 1940 et au début des années 1950, lorsque les autorités du Protectorat français au Maroc ont enrôlé sous le drapeau du Corps Expéditionnaire colonial des milliers de jeunes marocains.

En effet, la politique militaire de la puissance coloniale française, en déclin dans nombre de ses colonies et en désespoir de cause, a choisi de mobiliser des contingents de troupes constituées de recrues et d’appelés sous les drapeaux dans les pays soumis à l’occupation française en Afrique et en Asie. C’était sans compter avec les prédispositions naturelles de cette génération de jeunes enrôlés venus d’horizons divers et de cultures humaines prônant les valeurs et les idéaux de liberté, de dignité et de paix entre les peuples. Imprégnés de ces principes universels d’humanisme, de tolérance, de mieux – vivre et motivés par l’élan de lutte pour l’indépendance et l’unité de leur pays, un grand nombre de ces incorporés marocains dans le Corps Expéditionnaire colonial français, finissent par le déserter et traverser les lignes de démarcation pour rejoindre les positions du Viêt-Minh, mouvement de libération du Vietnam, au Nord du pays.

Face à la prise de pouvoir de la colonie française par le Viêt-Minh en 1945, le Gouvernement provisoire de la République Française répliqua par l’envoi d’un Corps Expéditionnaire afin de rétablir le pouvoir sur ce territoire.

La situation se mua rapidement, après Novembre 1946, en guerre ouverte entre combattants du Viêt-Minh et forces militaires françaises, qui perdura d’ailleurs, jusqu’en 1954. 8 années de guerre d’Indochine sont déclinées par les historiens en trois grandes phases historiques :

La première phase, s’étend du 19 Décembre 1946 à Octobre 1950, lorsqu’éclata l’affaire de Cao-Bang. Elle a été marquée par la guérilla meurtrière menée contre le colonisateur par le mouvement Viêt-Minh qui a pu mettre sur pied une véritable armée conventionnelle à la faveur de l’obédience communiste du mouvement indépendantiste vietnamien et aussi de l’avènement de la Chine communiste qui prodigua une importante aide logistique au Viêt-Minh. En 1949, la confrontation de plus en plus ouverte entre le camp communiste et les Etats–Unis d’Amérique a conduit à doter l’occupation coloniale d’une aide militaire et logistique considérable. Enfin, le déclenchement de la guerre de Corée en 1950 finit par conférer à la guerre d’Indochine la physionomie d’un conflit armé ancré dans la guerre froide.

La seconde phase, quant à elle, couvre la période des généraux De Lattre et Salan jusqu’en Mai 1953.

La troisième phase est marquée par la période de Navarre jusqu’à la bataille historique de Dien Bien Phu en Mai 1954 qui causa la lourde défaite des forces coloniales françaises, mises à rude épreuve par une résistance farouche, déterminée et aguerrie du mouvement du Viêt-Minh, sous le commandement du héros et père de l’indépendance vietnamienne, le Président Ho Chi Minh.

« Les relations historiques entre le

Maroc et le Vietnam remontent à

l’époque de la guerre d’Indochine à la fin des années

1940 et au début des années 1950,

lorsque les autorités du Protectorat

français au Maroc ont enrôlé sous le drapeau du Corps Expéditionnaire

colonial des milliers de jeunes

marocains »

« La contribution des soldats marocains au Viet Minh pendant la guerre de résistance du Vietnam »

Dr El Mostapha EL KTIRI Haut-Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 44

Le rôle des combattants marocains qui ont rallié le mouvement du Viêt-Minh et lutté dans ses rangs a été mis en exergue dans une déclaration de Ung Van Khiem dans laquelle il a transmis les vœux du Président Ho Chi Minh et où il reconnaît « Ensemble, nous nous sommes levés contre la même domination. Sans la sympathie et le soutien du monde, soutien auquel le Maroc a puissamment contribué, nous ne serions pas aujourd’hui libérés, bien que la moitié de notre pays se trouve sous la domination étrangère ».

L’histoire retiendra de cette guerre d’Indochine le rôle de « fer de lance » joué par la plupart des unités de l’armée d’Afrique et que le Corps Expéditionnaire français en Extrême–Orient (C.E.F.E.O) était constitué d’unités provenant de l’ensemble de l’ex-Union française, appuyées par les forces des Etats associés d’Indochine et les soldats coloniaux y représentaient une part très importante des effectifs.

Faut-il souligner qu’entre 1947 et 1953, 50 000 nord–africains et légionnaires débarquèrent en Indochine pour renforcer les forces terrestres de l’Armée française. Les principales unités de cette armée africaine ont totalisé pour l’Infanterie, six régiments de tirailleurs marocains et neuf tabors marocains. Quant à la cavalerie, elle a compté les 2ème, 5ème et 6ème spahis marocains. L’artillerie et le génie ont compté les 63ème et 64ème au Maroc.

De Septembre 1945 au cessez-le- feu en Juillet 1954, 488.560 hommes et femmes enrôlés, débarquèrent en Indochine dont 122.920 marocains, algériens et tunisiens et 60.340 de l’Afrique Subsaharienne. 26% de Nord-Africains et 7% de Subsahariens ont trouvé la mort lors de cette guerre au lourd bilan humain et matériel.

Un important effectif d’incorporés marocains du Cops-Expéditionnaire français ont donc rallié le mouvement du Viêt-Minh, soit après avoir été faits prisonniers par les combattants du Viêt-Minh, soit comme volontaires convaincus de la légitimité et la justesse de la cause de libération nationale qui est celle du peuple Marocain et de son Monarque le Roi Mohammed V, et soit en réponse à l’appel historique que leur a lancé depuis le Caire où il était réfugié politique, le valeureux combattant de la guerre du Rif Marocain, Mohammed Ben Abdelkrim El Khattabi, suite à la lettre qui lui a été adressée par le Président Ho Chi Minh.

Parmi les figures de proue de cette histoire partagée maroco-vietnamienne, il y a ces deux noms historiques qui reviennent toujours et avec force, celui du Président Ho Chi Minh qui a fait parvenir au héros de la bataille d’Anoual, au Nord marocain,

« Ensemble, nous nous sommes levés

contre la même domination. Sans la

sympathie et le soutien du monde, soutien auquel le

Maroc a puissamment

contribué, nous ne serions pas

aujourd’hui libérés, bien que la moitié de notre pays se trouve sous la domination

étrangère ».

Tract distribué au Vietnam à destination des soldats marocains

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 45

Ben Abdelkrim El Khattabi, une doléance écrite l’invitant à agir auprès des soldats marocains engagés dans le Corps Expéditionnaire français en Indochine, pour qu’ils cessent de servir ce dernier et pour qu’ils soutiennent la lutte légitime du Viêt–Minh. La réponse ne s’est pas faite attendre et en Avril 1949, El Khattabi lança un vibrant appel aux soldats marocains les incitant à se retirer d’une guerre qui ne leur appartenait pas et à combattre résolument pour la cause du peuple vietnamien opprimé.

Un autre nom célèbre parmi les « enfants des deux Nations » est celui de Mohamed Ben Omar Lahrech alias Maarouf, connu au Vietnam sous le nom du « Général Anh Ma », militant communiste et syndicaliste de première heure.

A l’initiative du Président Ho Chi Minh, il a été désigné par le Parti Communiste marocain pour encadrer la Communauté des Combattants Marocains et a été chargé du camp Son Tay où il mit en place un réseau de guerre psychologique à destination des troupes nord–africaines du CEFEO. Cette forme d’action psychologique confortée par la rédaction et la diffusion de tracts d’appels a permis de rallier à la cause du Viêt-Minh un important effectif de soldats marocains engagés initialement dans le Corps Expéditionnaire colonial ou faits prisonniers par le Viêt- Minh.

Si certains marocains enrôlés dans le corps Expéditionnaire colonial ont rejoint le Viêt- Minh après avoir été faits prisonniers ou reconvertis à sa cause, beaucoup d’autres étaient convaincus de la nécessaire solidarité anticolonialiste ou encore parce qu’ils ont été écœurés par l’exil du Sultan Mohammed V, leur souverain bien-aimé.

Le célèbre Anh Ma prit part aussi à la bataille de Dien Bien Phû qui couronna la fin du conflit indochinois et fonda un foyer par son mariage avec « Camille » citoyenne vietnamienne qui lui donna deux enfants, une fille et un garçon.

Nombre de ces soldats combattants avec le Viêt- Minh sont demeurés au Vietnam presque un quart de siècle après la fin de la guerre et durent se marier à des vietnamiennes, avoir des enfants et vivre de leur travail de paysans et d'éleveurs dans le camp Son Tay à Ba Vi.

« EL KHATTABI lança un vibrant appel aux soldats

marocains les incitant à se retirer d’une guerre qui ne leur appartenait pas

et à combattre résolument pour la

cause du peuple vietnamien opprimé »

« Nombre de ces soldats combattants avec le Viêt- Minh sont demeurés au

Vietnam presque un quart de siècle après la fin de la guerre et durent se marier à des vietnamiennes, avoir des enfants et vivre de leur travail

de paysans et d'éleveurs dans le camp Son Tay à

BaVi. »

Président HO CHI MINH MOHAMMED BEN ABDELKRIM EL KHATTABI

Soldats marocains dans les camps du Viêt-Minh

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 46

Toute une communauté maroco–vietnamienne a vécu et acquis un droit de cité dans un pays d’accueil qui lui a garanti des droits à l’éducation et à l’apprentissage ainsi qu’à la formation politique.

« La porte du Maroc » ou « Bab Al- Maghariba », œuvre de ces résidents marocains, trône toujours somptueusement dans une ferme collective du village de Ba Vi, qui servait de porte d’entrée du « Kolkhoze » affecté aux cultures agricoles et à l’élevage bovin auxquels se livraient les membres de la Communauté.

Il est important de savoir que le nombre de ces combattants marocains à leur retour au Maroc, après leur démobilisation, ont rejoint les rangs de l’Armée de Libération du Nord comme résistants et instructeurs. Ils doivent cet engagement pour la libération de leur pays à l’encadrement politique et patriotique dont ils ont bénéficié lors de leur épopée vietnamienne ainsi qu'au travail de prise de conscience et de persuasion dispensé par Anh Ma.

Le destin heureux de ces marocains les a certes portés vers des contrées lointaines et méconnues mais il les a conduits à assumer des rencontres et des complémentarités entre deux cultures et deux histoires : celles du Maroc et du Vietnam et ce, au gré des aventures coloniales mais aussi des amitiés et des relations humaines qui se sont tissées au fil des années entre deux mondes et deux cultures qui ont en partage les mêmes idéaux et valeurs humaines et universelles de liberté, de tolérance, de solidarité, de dignité et de paix.

Après des années de dur labeur et au lendemain de l’indépendance du Maroc, va renaître en eux le désir profondément enfoui de retour à la mère-patrie. Au terme de six années après l’indépendance, les leaders politiques Allal El Fassi et Ali Yata dirigeants historiques respectivement du Parti de l’Istiqlal (P.I) et du Parti Communiste Marocain (P.C.M) devenu (P.L.S) et actuellement le Parti du Progrès et du Socialisme (P.P.S) s’étaient rendus en 1958 à Son Tay, à la rencontre de cette communauté marocaine au Vietnam.

Il a fallu attendre le 15 Janvier 1972 pour que le rêve de retour au pays natal se réalise et qui aura duré, pour nombre d’entre eux, un quart de siècle.

Deux avions atterrissent à la base militaire des Forces Armées Royales à Kenitra, avec à leur bord 70 anciens combattants marocains, en compagnie de leurs épouses vietnamiennes et de leurs enfants.

« Toute une communauté

maroco–vietnamienne a vécu et acquis un droit de

cité dans un pays d’accueil qui lui a garanti des droits à

l’éducation et à l’apprentissage ainsi

qu’à la formation politique »

« Le destin heureux de ces marocains les a certes portés vers

des contrées lointaines et

méconnues mais il les a conduits à

assumer des rencontres et des complémentarités

entre deux cultures et deux histoires »

Mohamed Ben Omar Lahrech, alias « Anh Ma », avec les compagnons de la lutte armées

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 47

Feu Sa Majesté Hassan II a fait savoir qu’il prenait sous « sa Royale protection» ces citoyens marocains de retour dans leur pays et qu’il leur assurait une pleine réinsertion dans la vie active et dans la société marocaine.

Pour ces soldats demeurés longtemps loin de chez eux, l’intégration devait se faire en douce pour que leurs familles puissent s’adapter au nouveau milieu et que de leur côté, ils comblent vingt-cinq années d’absence, de séparation et d’oubli et se réapproprient leur identité dans l’altérité. Leur intégration n’était pas de tout repos mais ils tiennent leur réconfort et leur satisfaction de la réussite de leurs enfants qui perpétuent à leur tour, aujourd’hui, le souvenir des aventures et des exploits de leurs parents et des traditions et coutumes de leurs mères.

Ce rappel de faits historiques témoigne de la richesse et de la profondeur des relations qui se sont nouées et se sont construites entre les deux peuples marocains et vietnamiens, et qui recèlent un fonds d’accumulation historique valorisant une mémoire historique partagée contextualisée et consolidée.

Cette mémoire historique maroco-vietnamienne constitue un solide socle de compréhension mutuelle et un fort levier de promotion et de renforcement de la Coopération bilatérale et du partenariat mutuel entre les deux pays amis.

Il nous appartient de mettre en exergue ce vécu commun historique, civilisationnel et culturel pour le vulgariser et le diffuser auprès des générations montantes éprises des idéaux et valeurs d’humanisme, de solidarité, de tolérance et de dignité qui sont autant de facteurs de rapprochement et de compréhension entre les peuples et les sociétés humaines et autant de gages d’une coopération maroco-vietnamienne d’excellence et d’exemplarité.

« Cette mémoire historique maroco-

vietnamienne constitue un solide

socle de compréhension

mutuelle et un fort levier de promotion et de renforcement de la Coopération

bilatérale et du partenariat mutuel entre les deux pays

amis. »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 48

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 49

Son Excellence Dr El Mostafa El Ktiri, Haut Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc ;

Son Excellence le Pr Pham Quang Minh, Membre du Comité Central du Parti Communiste vietnamien, Recteur de l’Université des Sciences sociales et humaines, Université Nationale de Hanoï ;

Mesdames et Messieurs les professeurs, docteurs et représentants de l’Université des Sciences sociales et humaines, Université Nationale de Hanoï et de l’Université Mohammed V du Maroc.

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord, au nom des dirigeants de l’Association des Vétérans du Vietnam, d’adresser mes meilleurs voeux de santé, de bonheur et de succès à Son Excellence Dr El Mostafa El Ktiri, Haut Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc, à Son Excellence M. Vu Hong Nam, Vice-Ministre des Affaires Etrangères de la République Socialiste du Vietnam, à Son Excellence M. Azzeddine Farhane, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc au Vietnam, et aux dirigeants et représentants de l’Université des Sciences sociales et humaines (Université Nationale de Hanoï) et de l’Université Mohammed V du Maroc, en vous souhaitant un séminaire intéressant et fructueux.

Mesdames et Messieurs,

Les vétérans vietamiens et marocains se sont vus il y a sept décennies du dernier siècle. C’est simplement parce que nous partagions le même sort du fait que nos deux pays étaient des anciennes colonies françaises. Chacun de nos deux pays avait des soldats enrôlés sous le drapeau de l’Armée française (de manière consensuelle ou non). Un bon nombre d’entre eux ont pris des armes contre les colonialistes français, notamment dès leur deuxième tentative d’envahir, pour la seconde fois, le Vietnam en 1946.

Suite à l’appel lancé par le Président Ho Chi Minh, le peuple vietnamien s’est levé pour mener une résistance contre les Français car ils ne voulaient plus perdre leur patrie une fois de plus et qu’ils ne voulaient plus être esclaves en aspirant ardemment à la paix, à l’indépendance et à la liberté. C’est pour cette raison qu’au cours de sa révolution pour lutter contre l’invasion, le Vietnam a reçu beaucoup de soutien, de sympathie, d’aide matérielle et morale des amis, des peuples épris de paix et de justice dans le monde entier. Un bon nombre de soldats adversaires (dont les soldats marocains) ont déserté les rangs français pour rejoindre le Viet Minh.

Le peuple vietnamien, victime de plusieurs invasions, comprend mieux que quiconque le prix de la paix, de l’indépendance, de la liberté. Le peuple vietnamien

« Les vétérans vietamiens et

marocains se sont vus il y a sept décennies

du dernier siècle. C’est simplement parce que nous

partagions le même sort du fait que nos

deux pays étaient des anciennes colonies

françaises. Chacun de nos deux pays avait des soldats enrôlés sous le drapeau de

l’Armée française »

« Les relations historiques entre l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut-Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération »

Mr Tran Ngoc Dan, Directeur du Département des Affaires Etrangères au sein de l’Association des Vétérans du Vietnam

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 50

aime sa Patrie et fait preuve d’une grande tolérance : « On frappe ceux qui fuient, mais on ne rejette pas ceux qui reviennent vers vous ! ».

L’armée populaire vietnamienne a pris consience de l’importance du travail de persuation et de sensibilisation auprès des soldats de l’autre camp pour les convaincre de baisser les armes, de capituler, voire de rallier nos rangs. Ceci nous a permis d’avoir plus d’amis et moins d’ennemies, c’est-à-dire, en d’autres termes, gagner sans recourir à la force. Ceux qui ont participé à ces opérations étaient des cadres qui maitrisaient bien le français et l’allemand, ceux qui étaient à même de persuader et de réveiller la conscience et les sentiments humains des combattants de l’autre camp.

Le corps expéditionnaire français comptait plusieurs de ses membres venant d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie…), appelés au Vietnam les soldats afro-européens. Ces soldats, voire un certain nombre d’officiers, étaient pour l’essentiel issus de classes populaires. Ils étaient en effet paysans, ouvriers, intellectuels ou pauvres urbains. Ils étaient forcés de s’engager dans l’armée. Ils ne combattaient pas pour leur idéal mais ils étaient plutôt obligés d’obéir aux ordres des commandants français. Une grande majorité d’entre eux étaient encore attachés à leurs familles, à leurs amis, à leurs pays, à leurs peuples et à leurs patries. Ils avaient leurs propres convictions politiques qui se distingaient de celles de leurs commandants et des autorités coloniales. Ils ont bien compris qu’il s’agissait d’une guerre d’invasion injuste et atroce et que le fait de prendre des armes allait à l’encontre de leur conscience. Ils aspiraient ardemment à la paix, à l’indépendance, à la liberté et à la justice…

La tâche de sensibilisation assumée par l’Armée populaire du Vietnam avait pour objectif de réveiller le bon sens, les bons sentiments des soldats et des officiers adversaires en mettant l’accent sur la noble cause de la lutte menée par Vietnam et le caractère injuste de la guerre d’invasion. Pour les officiers prisonniers, le Viêt Minh leur a montré que la France qui était juste sortie d’une lutte courageuse contre le fascisme pour s’engager ironiquement dans une guerre d’invasion, allant ainsi à l’encontre de ses idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité proclamés par la France dont les Français s’enorgueillent.

Le Viêt Minh leur a déclaré que « s’ils abandonnaient les armes pour se rallier à la cause du Vietnam, ce serait un acte juste et ils bénéficieraient de sa politique de clémence ». Quant aux soldats africains, ils n’étaient pas considérés comme ennemies par le Viet Minh, mais plutôt comme ceux qui partagaient le même sort que les Vietnamiens, victimes du colonialisme français. Cette campagne de sensibilisation et de communication a exercé des impacts sur la prise de conscience d’un bon nombre d’officiers et soldats nord-africains qui se sont ralliés au Viet Minh en quittant les rangs de l’armée colonialiste. Beaucoup d’entre eux étaient devenus interprètes, agents de liaison, rédacteurs en français et en allemand du Viêt Minh. Certains d’entre eux sont même devenus commandants comme le camarade grec Nguyen Van Lap, ou l’officier Viet Minh d’origine japonaise – appelé communément « le nouveau Vietnamien ».

Outre les soldats qui ont capitulé, à l’issue de grandes campagnes militaires (notamment celle des frontières de 1950) et particulièrement celle de Dien Bien Phu en 1954, les prisonniers nord-africains étaient assez nombreux. Le Président Ho Chi Minh en sa personne a persuadé des soldats français et allemands à déposer leurs armes… Il a demandé à l’Armée de respecter rigoureusement la politique applicable aux prisonniers de guerre. Il lui a exigé qu’elle procure soins et nourriture aux prisonniers, pour les protéger contre la faim et le froid (bien que les soldats vietnamiens aient souffert d’une pénurie cruelle de médicaments, de nourriture, et de vêtements …).

« La tâche de sensibilisation

assumée par l’Armée populaire du Vietnam avait pour objectif de réveiller le bon sens, les bons sentiments des soldats et des

officiers adversaires en mettant l’accent sur la noble

cause de la lutte menée par Vietnam et le caractère injuste de

la guerre d’invasion. »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 51

L’Armée populaire a même aidé les prisonniers à créer leurs propres comités de paix et de rapatriement. Le but de cette démarche n’était pas de les inciter à tirer sur leurs camarades mais plutôt de les encourager à lutter pour réclamer la fin de la guerre et le rapatriement des soldats à leurs terres natales. Au cours des années 50, lorsque la guerre battait son plein, le Viet Minh a libéré, de manière inconditionnelle, des prisonniers afro-européens, à une condition unique qu’ils n’informent pas les commandants français des garnisons du Viet Minh. Il est vraiment rare dans le monde de constater une pareille libération des prionniers en pleine guerre, ce qui constitue une preuve éloquente de l’humanisme du Viet Minh. Ces opérations de libération ont produit des effets très importants sur le moral des soldats de l’autre camp. La résistance contre les Français a illustré la noble cause du peuple vietnamien et son idéal « Rien que n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté ». Cette résistance a bénéficié d’un soutien dévoué des peuples de par le monde, d’officiers et soldats de l’armée française et de tous les amis épris de paix, d’indépendance et de liberté. Il s’agit des retrouvailles inédites entre hommes partageant les mêmes idées et convictions. Plusieurs d’entre eux sont devenus plus tard anciens combattants tant du côté vietnamien que du côté marocain.

Mesdames et Messieurs,

Après la signature des Accords de Genève 1945, le Nord du Vietnam a retrouvé la paix en s’engageant sur la voie du socialisme. Plusieurs fermes coopératives et publiques ont vu le jour dans ce contexte. Pour ce qui concerne les prisonniers de guerre et ceux qui s’étaient ralliés au Viet Minh, ils pouvaient rentrer dans leur pays respectif s’ils le souhaitaient. Pour ceux qui ont décidé de rester au Vietnam, le gouvernement vietnamien leur a octroyé des lopins de terre pour leur permettre de développer des activités de production et par conséquent de s’établir sur le sol vietnamien. Ils ont eu aussi la possibilité de suivre des cours de formation en politique et économie pour acquérir des bagages de connaissances qui leur ont permis de reconstruire une vie nouvelle au Vietnam. Un nombre important d’anciens combattants afro-européens, de jeunes hommes et de jeunes femmes vietnamiens venant notamment des villes, étaient encouragés à aller défricher des terres neuves et à créer par conséquent de nouvelles zones économiques, comme des fermes afro-européennes qui ont été par la suite rebaptisées fermes afro-vietnamiennes. Des Vietnamiennes étaient encouragées à accompagner leurs collègues Nord-Africains en tant qu’amies et compagnes de route. Plusieurs couples mixtes ont ainsi vu le jour entre jeunes Nord-Africains et Vietnamiennes. Ils vivaient dans le bonheur avec des parcelles qui leur étaient allouées et des outils de production qui leur étaient attribués.

Ces anciens soldats-fermiers ont contribué pour une part importante au développement de la culture, de l’élevage et des ouvrages d’irrigation, en d’autres termes, au développement de leurs fermes et de leur pays d’adoption. Durant les années de 60 du XXème siècle, plusieurs soldats marocains souhaitaient, de par la nostalgie de leur pays, ériger un monument à architecture marocaine là où ils vivaient et travaillaient. Aussitôt informé de leur souhait, le Président Ho Chi Minh a donné son consentement pour la construction d’une porte du Maroc à la ferme afro-vietnamienne à Son Tay. Il a même fait allouer une partie des crédits pour sa construction. Il s’agit là d’une preuve éloquente et vivante de son humanisme et de son empathie.

La porte du Maroc a été ainsi érigée à Tan Linh, district de Ba Vi, Hanoï. Elle est devenue « Un ouvrage historique exceptionnel car elle porte en soi les mémoires de plusieurs pays : Maroc, France et Vietnam – un monument d’art unique du monde » (Extrait de la lettre adressée par Mme Nelcya Delanoc – Professeur d’Histoire de l’Université Paris X, à S.E.M. El Houcine Fardani, ancien Ambassadeur du Maroc au Vietnam 2006-2016).

« Ces anciens soldats-fermiers ont contribué

pour une part importante au

développement de la culture, de l’élevage et

des ouvrages d’irrigation, en

d’autres termes, au développement de

leurs fermes et de leur pays d’adoption.

Durant les années de 60 du XXème siècle, plusieurs soldats

marocains souhaitaient, de par la nostalgie de leur pays, ériger un monument à

architecture marocaine là où ils

vivaient et travaillaient »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 52

Vers la fin les années 60, une guerre de destruction s’est progressivement étendue sur le Nord du Vietnam. Afin de préserver la sécurité des anciens combattants Nord-Africains qui étaient encore au Vietnam, le gouvernement vietnamien a dû les évacuer vers Yen Bai, Phu Tho. Des mesures ont été par la suite prises pour faciliter le retour au Maroc de tous les fermiers d’origine marocaine. Plusieurs d’entre eux sont, en effet, repartis avec leurs femmes et enfants. Le peuple vietnamien s’est donc lancé dans une nouvelle étape de résistance « Tout pour le front, tout pour vaincre les envahisseurs ».

Mesdames et Messieurs,

Après sa réunification, la République Socialiste du Vietnam est entrée dans une nouvelle ère, celle de la paix et de l’édification du socialisme. En réponse aux nouvelles tâches révolutionnaires et en tenant compte du souhait de nombreux anciens combattants, le 6 décembre 1989, le Bureau Politique du Parti communiste a adopté une résolution portant création de l’Association des Vétérans de l’Armée populaire du Viêtnam.

L’Association est une organisation socio-politique, membre du Front de la Patrie du Vietnam, fondement politique du pouvoir populaire, partie intégrante du système politique sous la conduite du Parti communiste vietnamien. Elle opère dans la ligne politique du Parti, conformément à la Constitution ainsi qu’à son règlement interne.

Relations avec le Maroc :

Réussissant des anciens combattants au cours de plus de sept décennies passées du dernier siècle, soutenus par les Etats et les Gouvernements des deux pays, l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc ont effectué des visites de travail et signé des accords et conventions de coopération.

- Le 7 décembre 2006, en marge de la Conférence internationale des Vétérans à Kuala Lumpur (Malaisie), le Président de l’Association des Vétérans du Vietnam, le Général de division Dang QuanThuy et le Haut Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc, Dr. El Mostafa El Ktiri ont signé un mémorandum de coopération et de partenariat. C’est la première aide-mémoire signée entre les deux structures. Cet événement a coincidé avec le fait qu’au cours de la même année, nos deux pays ont accrédité leurs ambassadeurs résidents respectifs.

- En août 2010, à Hanoï, le Général de division Tran Hanh, Président de l’Association des Vétérans du Vietnam et Dr El Mostafa El Ktiri, Haut Commissaire aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc ont signé une convention de coopération et d’amitié. Les deux parties n’ont cessé depuis de renfoncer leurs relations de coopération. L’Association des Vétérans du Vietnam a reçu à deux reprises au Vietnam la délégation du Haut Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc (2011 et 2015) et a effectué deux visites de travail au Maroc (2012 et 2016).

Mettant activement en œuvre leurs accords, les deux parties ont obtenu des résultats qui sont les suivants :

1. La sensibilisation et la communication est régulièrement mené auprès des jeunes générations vietnamiennes et marocaines sur les relations traditionnelles d’amitié des deux pays, les expériences de préservation et de valorisation des valeurs historiques de la lutte pour la libération et l’indépendance de nos deux pays respectifs, ainsi que les expériences de développement des deux Associations ;

« Réussissant des anciens combattants au cours de plus de

sept décennies passées du dernier siècle,

soutenus par les Etats et les Gouvernements

des deux pays, l’Association des

Vétérans du Vietnam et le Haut

Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération

du Royaume du Maroc ont effectué

des visites de travail et signé des accords et

conventions de coopération. »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 53

2. Les rencontres de partage d’informations en marge des événements : les 27ème et 28ème Congrès de la Confédération internationale des Vétérans, Conférence SCAP ;

3. Les échanges d’informations via les Ambassades de nos deux pays ; 4. La remise d’un certain nombre d’objets-souvenirs liés à la guerre, d’ouvrages

culturels et historiques relatifs à la lutte pour la libération nationale et le recouvrement de l’indépendance ; d’ouvrages portant sur la naissance et le développement des deux Associations ;

5. Les visites d’un certain nombre de sites historiques et hauts-lieux touristiques de part et d’autre, afin de promouvoir l’image de marque de chacun de nos deux pays respectifs et de présenter le Vietnam au Maroc et vice versa ;

6. Le soutien mutuel apportés l’une à l’autre au sein des forums internationaux pour défendre leurs intérêts nationaux respectifs, rehausser davantage le positionnement des deux pays et celui des deux Associations, contribuant ainsi à la stabilité, à la paix ainsi qu’à la promotion des relations de coopération entre les deux pays ;

7. La participation à la Fête Nationale du Vietnam et à la Fête du Trône du Maroc sur invitation des Ambassade des deux pays.

En particulière, suite à la visite de travail de Dr El Mostafa El Ktiri au Vietnam en octobre 2015, l’Association des Vétérans du Vietnam a demandé à son Département des Relations Extérieures de prendre toutes les dispositions nécessaires pour étudier activement la possibilité de publier un recueil des mémoires des anciens combattants marocains participant à la guerre du Vietnam. L’Association a pris l’initiative de proposer au Gouvernement et aux autorités compétentes concernés de se concerter avec la ville de Hanoi en étroite collaboration avec l’Ambassade du Maroc pour restaurer la Porte du Maroc à Tan Linh, Ba Vi, Hanoï, attribuer à la Porte une place qui lui revient dans les relations bilatérales et faire d’elle un site touristique et culturel porteur de la marocanité à l’ouest de la capitale de Hanoï.

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes persuadés que certes le Maroc est éloigné du Vietnam par la distance géographique, mais de nombreuses similitudes nous rapprochent. Nos deux pays jouent d’ailleurs un rôle exceptionnel dans les échanges commerciaux de chaque région respective. Nous sommes tous animés par la même volonté de lutter de manière instransigeante pour l’indépendance et la liberté de nos peuples respectifs, pour la paix et la coopération avec nos pays amis pour le co-développement. Dans une certaine mesure, nous sommes tous héritiers, dans le bon sens du terme, des aspects positifs de la civilisation occidentale parmi lesquels il faut citer la culture, l’architecture et la langue françaises…Il exite ainsi de nombreuses pistes de coopération à explorer entre le Vietnam et le Maroc en général tout comme entre les deux Associations en particulier. Nous sommes intimement convaincus que l’Ambassade du Vietnam au Maroc et l’Ambassade du Maroc au Vietnam ainsi que les deux Universités ici représentées constituent des passerelles efficaces de cette coopération.

Nous souhaitons que ce séminaire contribue à l’approfondissement de nos connaissances mutuelles, au renforcement des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays, les deux peuples vietnamien et marocain, ainsi qu’entre l’Association des Vétérans du Vietnam et le Haut Commissariat aux Anciens Résistants et Anciens Membres de l’Armée de Libération du Royaume du Maroc.

Je me permets de former tous mes meilleurs vœux de santé et de bonheur à vous tous ici présents. Je souhaite pleins succès au séminaire ! Je vous remercie.

« L’Association a pris l’initiative de proposer au Gouvernement et

aux autorités compétentes

concernés de se concerter avec la ville

de Hanoi en étroite collaboration avec

l’Ambassade du Maroc pour restaurer la Porte du Maroc à

Tan Linh, Ba Vi, Hanoï, attribuer à la Porte une place qui lui revient dans les

relations bilatérales et faire d’elle un site

touristique et culturel porteur de la

marocanité à l’ouest de la capitale de

Hanoï. »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 54

PHÁT BIỂU TẠI HỘI THẢO

CHIA SẺ NHỮNG KÝ ỨC VỀ LỊCH SỬ GIỮA MARỐC-VIỆT NAM

Hà Nội, ngày 27/3/2017

Kính thưa Giáo sư Phạm Quang Minh, Hiệu trưởng T.ĐH KHXH và NVQG.

Kính thưa ngài Tiến sĩ El Mostafa El Ktiri - Cao ủy những người kháng chiến cũ và Cựu thành viên Quân giải phóng Vương quốc Ma-rốc.

Kính thưa các vị đại biểu, khách quý,

Thưa toàn thể các bạn !

Trước tiên, cho phép tôi thay mặt cơ quan Trung ương Hội CCB Việt Nam và nhân danh cá nhân xin gửi tới ngài Cao ủy cùng các vị lãnh đạo của hai trường Đại học (KHXHNVQG và Mohamed V), các quý vị khách quý và toàn thể các bạn tham gia Hội thảo này lời chào trân trọng, lời kính chúc sức khỏe, hạnh phúc ; chúc hội thảo thành công tốt đẹp.

Thưa các quý vị !

Cựu chiến binh VN và CCB Ma-rốc đã từng gặp nhau hơn 7 thập kỷ trước. Đó là vì hai dân tộc chúng ta cùng chung “số phận”, cùng bị Thực dân Pháp đô hộ. Mỗi bên đều có những người (tình nguyện hay bắt buộc) theo Pháp, và cũng có nhiều người cầm súng chống Pháp, đặc biệt là từ khi Pháp quay lại xâm chiếm VN 1946.

Hưởng ứng lời kêu gọi của Chủ tịch Hồ Chí Minh, nhân dân Việt Nam vùng lên kháng chiến chống pháp vì không chịu mất nước, không chịu làm nô lệ, vì muốn hòa bình, độc lập, tự do…. Chính vì vậy, Việt Nam nhận được nhiều sự đồng tình, ủng hộ, giúp đỡ bằng vật chất, tinh thần của bạn bè, nhân dân yêu chuộng hòa bình và công lý trên khắp thế giới. Không ít người trong hàng ngũ đối phương đã quay súng chạy sang với Việt Minh (trong đó có CCB Ma-rốc).

Nhân dân Việt Nam, vốn giàu lòng yêu nước và lòng nhân ái vị tha, luôn với suy nghĩ “đánh kẻ chạy đi chứ không đánh người chạy lại”. Với Quân đội Việt Minh (VM), tiền thân là Đội Việt Nam Tuyên truyền Giải phóng Quân, việc tuyên truyền, thuyết phục người phía bên kia chiến tuyến hạ vũ khí hoặc thậm chí chạy về phía Việt Minh (công tác binh, địch vận) là thêm bạn, bớt thù, là không đánh mà thắng. Lực lượng tham gia công tác này gồm nhiều cán bộ biết nói tiếng Pháp, tiếng Đức… và biết cách thuyết phục, đánh thức lương tri, tình cảm con người trong hàng ngũ đối phương, làm suy yếu đối phương.

Trong lực lượng Pháp xâm lược VN, có không ít binh lính là người châu Phi như Ma-rốc, An-giê-ri, Tuy-ni-di, (VN gọi chung là lính Âu Phi). Những người lính (hoặc thậm chí sỹ quan) này đa phần là những người dân thường, xuất thân từ nông dân, công nhân, trí thức, dân nghèo thành thị, bị bắt đi phu, đi lính. Họ chiến đấu không phải vì mục tiêu lý tưởng cao cả mà họ buộc phải chiến đấu theo lệnh của chỉ huy Pháp. Không ít những người trong số đó còn nặng tình cảm gia đình, quê hương, đất nước. Họ có nhận thức chính trị độc lập, thậm chí đối lập với chỉ huy và chính quyền Pháp, thấy rõ cuộc xâm lược là phi nghĩa, là bất công, là tàn bạo, Vì vậy, họ nhận thức rằng họ cầm súng là do bị bắt buộc, là trái với lương tâm, tình cảm của chính họ… Họ cũng tha thiết với hòa bình, độc lập, tự do và công lý.

Công tác Địch vận của Quân đội ND VN có nhiệm vụ đánh thức lương tri, tình cảm của binh sỹ, sỹ quan đối phương ; nhấn mạnh tính chính nghĩa của VN, tính chất phi nghĩa của cuộc chiến tranh xâm lược. Với các tù binh nguyên là sĩ quan, Việt Minh chỉ cho họ thấy nước Pháp vừa tiến hành một cuộc chiến anh dũng chống phát xít, nay lại đem quân sang xâm lược VN là phản lại tư tưởng tự do - bình đẳng - bác ái mà Cách mạng Pháp đã đề ra và người Pháp vẫn tự hào. Việt Minh vận động họ rằng : quay súng về với VM là hành động đúng đắn, sẽ được khoan hồng. Với những người gốc châu Phi như Ma-rốc, An-giê, Tuy-ni-di…, Việt Minh luôn làm rõ rằng không coi họ là kẻ thù mà coi họ là những người đồng cảnh, cùng là nạn nhân của chủ nghĩa Thực dân, cùng bị áp bức bóc lột, Sự tuyên truyền ấy, kết hợp với sự giác ngộ của một số sỹ quan binh lính Âu Phi nên một số đã chủ động rời bỏ hàng ngũ Thực dân Pháp để sang phía Việt Minh. Không ít người trong số họ trở thành những phiên dịch viên,

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 55

những tuyên truyền viên, biên tập viên tiếng pháp, tiếng Đức sau này cho Việt Minh. Một số thậm chí còn làm chỉ huy trong quân đội VM (như Chiến sỹ Hy Lạp “Nguyễn Văn Lập” hoặc sỹ quan Nhật- “người Việt Nam mới”…).

Ngoài số hàng binh, qua một số chiến dịch quân sự lớn (nhất là sau chiến dịch Biên giới 1950, và đặc biệt là Điện Biên Phủ 1954, số quân Âu-Phi bị bắt làm tù binh cũng khá lớn. Chính Chủ tịch Hồ Chí Minh từng trực tiếp vận động những người lính Pháp, Đức…. và Người cũng yêu cầu quân đội chấp hành nghiêm chỉnh chính sách tù, hàng binh. Người căn dặn phải cứu chữa tốt cho tù, hàng binh, không để họ bị đói, bị rét (mặc dù bộ đội VN cũng không đủ thuốc men, lương thực, quần áo…cho chính mình). Quân Việt Minh còn giúp tù binh lập nên những Uỷ ban vì hoà bình và hồi hương do chính tù binh tự chọn và bầu ra. Mục đích không phải là xui họ cầm súng bắn lại đồng đội mình mà chỉ muốn họ đấu tranh đòi chấm dứt cuộc chiến, đưa người lính trở về quê hương bản quán. Ngay từ những năm 1950 – 1951, khi chiến sự vẫn đang còn ác liệt nhưng VM đã thả tù, hàng binh Âu-Phi không điều kiện, không đòi hỏi gì, chỉ cần họ không báo cho chỉ huy Pháp vị trí trú quân của VM. Có lẽ cũng rất hiếm hoi trên thế giới có chuyện thả tù hàng binh ngay giữa cuộc chiến. Điều này càng thể hiện tính nhân đạo, nhân văn … của VM. Những cuộc thả tù hàng binh như vậy có tác động rất lớn đến hàng ngũ đối phương.

Cuộc kháng chiến chống Pháp đã thể hiện rõ tính chính nghĩa của nhân dân VN, thể hiện lý tưởng không có gì quý hơn độc lập tự do. Cuộc kháng chiến đã được nhân dân thế giới ủng hộ, được cả những sỹ quan, binh lính trong hàng ngũ Âu Phi – những người yêu chuộng hòa bình, độc lập, tự do ủng hộ và thậm chí tham gia. Đây chính là sự hội ngộ lý thú của những người cùng chí hướng, nhiều trong số họ sau này là CCB của mỗi bên (Ma-rốc, VN).

Kính thưa các quý vị,

Thưa toàn thể các bạn,

Sau Hiệp định Giơ-ne-vơ 1954, Miền Bắc VN hòa bình đi lên CHXN. Nhiều nông trường tập thể, nông trường quốc doanh được thành lập. Những tù, hàng binh trong chiến tranh nếu có nguyện vọng trở về quê hương bản quán cũng sớm được chính phủ VN cho hồi hương theo nguyện vọng. Số chưa về thì được đưa đến các nông trường để lao động sản xuất, xây dựng đời sống. Họ được chính phủ, nhân dân VN tạo điều kiện học tập cả về lý luận chính trị lẫn kiến thức kinh tế, xã hội để góp phần cùng nhân dân VN xây dựng đời sống, quê hương mới. Một lực lượng khá lớn những cựu chiến binh VN và thanh niên, phụ nữ (nhất là ở thành thị) được huy động xung phong đi khai hoang, xây dựng vùng kinh tế mới, xây dựng nông trường – như nông trường Âu-Phi sau đổi thành Việt Phi. Họ được động viên làm bạn bè, an ủi, cảm hóa những nông trang viên là người gốc Âu Phi. Tình yêu nam nữ giữa những phụ nữ VN và thanh niên Âu-Phi cũng nảy nở và nhiều cặp đã kết duyên hạnh phúc, xây dựng gia đình, được chia đất đai, công cụ sản xuất…. Những người cựu lính-nông trang viên này cũng đóng góp nhiều công sức trong việc trồng trọt, chăn nuôi, thủy lợi, khai hoang vỡ hóa… xây dựng nông trường, xây dựng quê hương mới sau kháng chiến. Một chi tiết vô cùng sinh động về lòng nhân ái của Chủ tịch Hồ Chí Minh là vào thập niên 60 thế kỷ trước, nhiều cựu lính Ma-rốc ở Nông trường Việt - Phi, xa quê hương lâu ngày, muốn có một công trình kiến trúc Ma-rốc ở nơi mình đang sinh sống. Khi được báo cáo ý nguyện đó, Chủ tịch Hồ Chí Minh đồng ý cho xây một chiếc cổng Ma-rốc ở nông trường Việt-Phi vùng Sơn Tây. Chính Người đã đồng ý cấp một phần kinh phí để thực hiện. Cổng Ma-rốc đã được xây dựng ở Tản Lĩnh, huyện Ba Vì, Hà Nội, thỏa nguyện những người Ma-rốc xa quê. Cổng Ma-rốc trở thành "Một công trình lịch sử đặc biệt... Nó mang trong mình những ký ức của nhiều quốc gia: Ma-rốc, Pháp và Việt Nam - trong một công trình nghệ thuật duy nhất của thế giới" (Trích thư của bà Nelcya Delanoc - Giáo sư sử học Trường đại học Pa-ri X, gửi ngài El Houcine Fardani - Đại sứ Ma-rốc tại Việt Nam 2006-2016).

Nửa cuối những năm 60, Chiến tranh phá hoại ác liệt lan rộng ra Miền Bắc. Để bảo đảm an toàn cho những người gốc Âu-Phi còn ở VN, Chính phủ VN đã phải sơ tán nông trường Việt-Phi lên Yên Bái, Phú Thọ, đồng thời tạo điều kiện để tất cả các nông trang viên gốc Ma-rốc, Âu Phi trở về quê hương đất nước mình, nhiều người đã đưa cả gia đình, vợ con về nước. Nhân dân VN bắt đầu bước vào giai đoạn mới của cuộc kháng chiến – “Tất cả cho tiền tuyến, tất cả để đánh thắng quân xâm lược”….

Thưa các quý vị!

(III. Hội CCB VN và quan hệ giữa Hội với Cao ủy)

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 56

Chiến tranh kết thúc, nước CHXHCN VN bước vào giai đoạn mới hòa bình, xây dựng CNXH. Đáp ứng yêu cầu nhiệm vụ cách mạng mới và nguyện vọng của đông đảo CCB, ngày 06/12/1989 Bộ Chính trị Đảng CSVN đã ra nghị quyết thành lập Hội CCB VN. Hội là một tổ chức đoàn thể chính trị xã hội, thành viên của Mặt trận Tổ quốc VN, là cơ sở chính trị của chính quyền nhân dân, một tổ chức trong hệ thống chính trị do Đảng CSVN lãnh đạo, hoạt động theo đường lối chủ trương của Đảng, Hiến pháp pháp luật của Nhà nước và Điều lệ của Hội.

Với Ma-rốc :

Vốn từng là những cựu chiến binh trên hai hay cùng chiến tuyến hơn 7 thập kỷ trước, lại được Nhà nước, Chính phủ hai quốc gia ủng hộ, Hội CCB Việt Nam và Cao ủy CCB Ma-rốc đã có những cuộc gặp gỡ, bàn thảo và ký kết những văn bản hợp tác.

- Ngày 7 - 12 - 2006, bên lề Hội nghị CCB thế giới tại Kuala Lumpur, Malaysia, Chủ tịch Hội CCB Việt Nam - Trung tướng Đặng Quân Thụy và ngài Tiến sĩ El Mostafa El Ktiri - Cao ủy Những người kháng chiến cũ và cựu thành viên Quân giải phóng Vương quốc Ma-rốc (Cao ủy CCB Ma-rốc) đã ký Bản Ghi nhớ hợp tác và đối tác Việt Nam-Ma-rốc. Đây là văn bản ghi nhớ hợp tác đầu tiên giữa hai Hội. Cũng khá lý thú là trùng hợp với năm mà hai nước cử Đại sứ thường trú ở mỗi nước.

- Tháng 8 năm 2010, tại Hà Nội, Trung tướng Trần Hanh - Chủ tịch Hội CCB Việt Nam và ngài Tiến sĩ El Mostafa El Ktiri - Cao ủy CCB Ma-rốc ký Thỏa thuận hữu nghi hợp tác giữa hai tổ chức CCB này.

Từ đó đến nay, hai bên đã tích cực tăng cường quan hệ. Hội CCB VN đã đón Ngài Cao ủy thăm hai lần (năm 2011 và 2015) và cũng hai lần cử đoàn thăm Ma-rốc (2012 và 2016).

Qua triển khai thực hiện các thỏa thuận, hai Hội đã có nhiều cố gắng và đạt được một số kết quả, đó là :

1. Thường xuyên tuyên truyền cho hội viên, cho thế hệ trẻ của hai nước về quan hệ hữu nghị truyền thống tốt đẹp, kinh nghiệm quý trong việc giữ gìn, phát huy giá trị lịch sử của cuộc đấu tranh chung vì sự nghiệp giải phóng đất nước, giành độc lập dân tộc và kinh nghiệm xây dựng củng cố, phát triển của mỗi Hội.

2. Gặp gỡ, trao đổi thông tin cần thiết trong các dịp hai bên cùng tham dự các sự kiện như : Đại hội Liên đoàn CCB thế giới lần thứ 27 – 28, Hội nghị SCAP.

3. Trao đổi thông tin qua Đại sứ quán của mỗi bên tại nước mình.

4. Trao tặng cho nhau một số kỷ vật chiến tranh, kỷ vật về CCB, những ấn phẩm văn hóa truyền thống, lịch sử đấu tranh giải phóng đất nước, giành độc lập dân tộc ; các ấn phẩm về quá trình hình thành, phát triển của mỗi Hội (rất ấn tượng với Bảo tàng … của Cao ủy trưng bày một số hiện vật của VM và của Quân Giải phóng).

5. Thăm một số danh thắng, di tích lịch sử... của mỗi nước, qua đó vừa quảng bá hình ảnh của mỗi nước, vừa nâng cao sự hiểu biết, nhận thức đầy đủ hơn về Việt Nam, Ma-rốc của các thành viên các đoàn công tác và nhân dân hai nước (rất ấn tượng việc 1 CCB Ma-rốc hơn 90 tuổi chờ đợi … Tr. tướng Trần Hanh khi thăm địa phương).

6. Ủng hộ lẫn nhau tại các diễn đàn quốc tế trong việc bảo vệ lợi ích quốc gia, nâng cao vai trò, vị thế của đất nước nói chung và Hội CCB nói riêng, góp phần giữ gìn hòa bình, ổn định, thúc đẩy hợp tác, phát triển của mỗi nước và thế giới.

7. Tham dự Lễ kỷ niệm ngày Quốc khánh, ngày Vua đăng quang khi được Đại sứ quán mời.

Đặc biệt, sau chuyến thăm và làm việc của ngài Tiến sĩ El Mostafa với Hội CCB Việt Nam tháng 10-2015, Thường trực T.Ư Hội CCB Việt Nam với khả năng của mình đã chỉ đạo cơ quan Đối ngoại tích cực nghiên cứu cho ý kiến về việc xuất bản tập hồi ức của các CCB Ma-rốc từng tham chiến ở Việt Nam (!!!); chủ động kiến nghị Chính phủ và các cơ quan chức năng Việt Nam chỉ đạo UBND thành phố Hà Nội phối hợp với Đại sứ quán Ma-rốc tổ chức trùng tu tôn tạo Cổng Ma-rốc ở Tản Lĩnh, Ba Vì, Hà Nội; đưa ngôi cổng này có vị trí xứng đáng trong quan hệ hai nước cũng như tạo điểm nhấn về văn hóa, du lịch của Ma-rốc, Châu Phi ở phía Tây Thủ đô Hà Nội.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 57

Kính thưa các quý vị !

Chúng tôi cho rằng, tuy xa cách về địa lý nhưng hai nước chúng ta có nhiều điểm tương đồng, đều có vị trí đặc biệt trong giao thương khu vực, đều có tinh thần đấu tranh kiên cường vì độc lập, tự do cho dân tộc mình, vì hòa bình, hợp tác với bạn bè để cùng phát triển và mặt nào đó, chúng ta cũng được thừa hưởng những nét tích cực của sự phát triển của văn minh phương Tây, trong đó có văn hóa, kiến trúc, ngôn ngữ Pháp… Vì thế, giữa Việt Nam và Ma-rốc nói chung, giữa hai Hội CCB hai nước nói riêng còn nhiều tiềm năng hợp tác cần khai thác và phát huy.

Tin rằng Đại sứ quán VN tại Ma-rốc và ĐSQ Ma-rốc tại VN cũng như hai trường Đại học cùng tham gia Hội thảo hôm nay là những chiếc cầu nối hữu hiệu cho sự phát triển ấy.

Tin rằng cuộc hội thảo này góp phần giúp chúng ta hiểu biết sâu sắc hơn nữa tình hình mỗi bên và góp phần tăng cường mối quan hệ hữu nghị hợp tác giữa hai nước, hai dân tộc VN-Ma-rốc nói chung và Hội CCBVN và Cao ủy những người tham gia kháng chiến cũ và cựu thành viên Quân giải phóng Vương quốc Ma-rốc cũng như giữa những thành viên hai bên chúng ta cùng có mặt tại đây hôm nay.

Xin chúc sức khỏe và hạnh phúc tới tất cả các quý vị !

Chúc Hội thảo thành công tốt đẹp !

Xin trân trọng cám ơn !

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 58

SESSION III Promotion de la mémoire historique partagée dans les programmes universitaires

académiques

1. La Promotion de la mémoire historique partagée à travers les programmes de recherche universitaires et académiques. Pr. Abdellah SAAF, Directeur du Centre d’Etudes et de Recherches en Sciences Sociales (CERSS), Rabat, Maroc.

2. La signification historique et culturelle de “ la porte du Maroc” Pr. Amina Achour, Ecrivaine et Critique littéraire

3. Le Maroc et le Vietnam : Similitudes historiques Pr. Dang Xuan Khang, Université des Sciences Sociales et Humaines

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 59

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 60

La mémoire historique partagée met au premier plan de nombreux concepts, faits et processus. Il s’agit de démontrer la particularité d'une mémoire historique partagée à travers la participation des soldats marocains à la lutte du peuple vietnamien pour sa libération du joug colonial.

L’objet de cette contribution est prospecter les perspectives d’un projet de programmes de recherches et d’enseignements maroco-vietnamien. Il est possible d’investir à partir de la mémoire partagée plusieurs thématiques, à travers l’organisation de séminaires, journées d’études, colloques, conférences, ou de cours et de programme dans les cursus universitaires. La première vague d’activités de recherches peut être fondatrice de projets à venir au niveau de l’université et des Think Tanks.

En réalité plusieurs pistes peuvent être esquissées :

I. Séquences d’histoire partagée.

La recherche historique relative à la mémoire partagée, se préoccupe de plusieurs séquences au centre des préoccupations principalement historiennes.

a) La guerre du Rif :

Au début du vingtième siècle, la guerre du Rif permit les premières interactions maroco-vietnamiennes. On rapporte souvent les propos et les textes de Ho Chi Minh sur la guerre du Rif, assurant le suivi des combats, commentant les péripéties, analysant le mouvement de solidarité qu’il estimait nécessaire, et saluant, sur le mode de l’internationalisme, la lutte du peuple marocain au Rif dans les années 20. L’historiographie marxiste présente souvent Ho Chi Minh comme l’un des premiers à avoir saisi le sens du combat rifain et à le considérer comme un exemple porteur d’enseignements.

b) La guerre franco-vietnamienne :

La première guerre dite d’Indochine marqua un second épisode important avec son lot de conséquences immédiates et lointaines. L’interférence de l’ensemble des événements de la guerre franco-vietnamienne et le mouvement pour l’indépendance dans le Pays du Couchant sont nombreux (accélération des revendications nationalistes, soulèvements, développement de la résistance, exil du Roi Mohamed V, solidarité constante du mouvement national marocain avec les luttes du peuple vietnamien.).

« L’historiographie marxiste présente

souvent Ho Chi Minh comme l’un des

premiers à avoir saisi le sens du combat

rifain et à le considérer comme un

exemple porteur d’enseignements »

« Les récits de nombreux anciens

soldats marocains et autres maghrébins

ayant combattu dans les rangs du corps

expéditionnaire français témoignent de la rencontre des Marocains avec les gens du Vietnam »

« La Promotion de la mémoire historique partagée à travers les programmes de recherche universitaires et académiques » Pr. Abdellah SAAF Directeur du Centre d’Etudes et de Recherches en Sciences Sociales (CERSS), Rabat, Maroc

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 61

Les récits de nombreux anciens soldats marocains et autres maghrébins ayant combattu dans les rangs du corps expéditionnaire français témoignent de la rencontre des Marocains avec les gens du Vietnam44.

c) Le ralliement marocain aux forces Viet Minh :

A l’occasion d’une investigation biographique sur l’itinéraire qui me semblait peu commun d’un Marocain parti au Vietnam, au début des années cinquante, rejoindre directement les rangs du Viet Minh, je découvris l’importance du passage des militaires marocains dans l’Indochine en guerre de 1945 à 1954, parmi les troupes françaises. 45

Des anciens de l’Indochine que j’interrogeais, je sollicitais des informations sur Mhamed Ben Aomar, alias Anh Ma... En réalité sur le personnage lui-même, j’obtenais peu d’informations de leurs récits. Mes interlocuteurs se laissaient aller cependant à conter leur voyage dans ce pays lointain, étrange, et alors en feu. Progressivement, la recherche s’est élargie aux Maghrébins qui ont vécu la première guerre du Vietnam. Les récits des anciens tirailleurs, goumis, spahis, soldats marocains et maghrébins ayant vécu la fameuse guerre d’Indochine se sont accumulés, et se sont révélés d’une portée considérable.

On est aujourd’hui encore frappé par l’absence d’études sur le sujet, en dépit de l’importance de l’événement, attesté par les statistiques et les traces culturelles plus ou moins visibles qu’il n’a pas manqué de laisser sur eux et sur leur environnement. Toutefois, la préoccupation historienne n’est pas centrale à partir de l’angle de vue choisi dans la présente recherche. Les récits explorés ici constituent des témoignages subjectifs, avec les distances, les érosions et les confusions que le temps y introduit nécessairement. Les données objectives, les informations, les connaissances qu’ils peuvent apporter pour la compréhension de l’histoire de l’implication passive des Marocains dans les grands faits mondiaux, paraissent des plus limitées. Le « vécu » peut faire partie de la vérité historique.

S’arrêter sur l’instant indochinois du point de vue marocain, revient à tenter de faire parler quelques silences de l’histoire, et quelque part à en réhabiliter des recoins, ceux laissés dans l’ombre, peut-être maudits, ou honteux, ou dignes d’être remémorés. L’analyse qui suit se base sur le décryptage des récits faits à l’auteur par les anciens de l’Indochine.

d) La guerre américano-vietnamienne :

Il en est de même, dans une posture différente, des effets la seconde guerre d’Indochine américano-vietnamienne. Il convient de ne pas négliger non plus cette dimension moins connue qui recèle une importance cruciale.

Les chercheurs en sciences sociales pourront également se pencher sur la seconde guerre du Vietnam, américano-vietnamienne, avec son autre type d’impact sur le paysage politique. Elle contribua, comme cela fut dans d’autres pays, à restructurer la configuration du mouvement estudiantin, et de manière générale celle de la gauche dans le pays.

Voir les travaux sur diverses péripéties de la politique étrangère marocaine notamment à la fin des années soixante, sur Bandoeng, et aussi l’impact des

« Les récits des anciens tirailleurs,

goumis, spahis, soldats marocains et maghrébins ayant vécu la fameuse

guerre d’Indochine se sont accumulés, et se

sont révélés d’une portée considérable »

44 Voir les travaux sur diverses péripéties de la politique étrangère marocaine notamment à la fin des années soixante, sur Bandoeng, et aussi l’impact des guerres de libération du Vietnam dans la structuration de la gauche marocaine 45 Récit fait à l’auteur par les deux dirigeants communistes marocains, voir de l’auteur Abdallah Saaf, Histoire d’Anh Ma, l’Harmattan, Paris, 1992

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 62

guerres de libération du Vietnam dans la structuration de la gauche marocaine. Cette thématique a été très investie au Maroc : le Vietnam est donné comme un exemple de succès dans cette articulation.

L’impact de la deuxième confrontation fut considérable sur la politique de l’Etat, de la société et sur l’esprit des Marocains de l’époque, même s’il reste aujourd’hui encore difficile à mesurer. La guerre américaine contre le Vietnam a alimenté un large mouvement de soutien de la part des organisations politiques, syndicales, de jeunes, d’étudiants.

II. Les sciences sociales et la guerre

Peut également être ouvert un vaste chantier devant les historiens, les sociologues, et anthropologues des deux pays sur une variété de sujets concernant les deux peuples.

Le sujet permet de changer la perspective d’analyse classique, focalisée généralement sur le rapport entre Nous (les Maghrébins, les Arabo-amazighs, l’Islam, l’Orient...) et l’autre (l’Occident, la chrétienté, l’Europe, le Nord...). Mais l’autre peut s’incarner dans des identités culturelles et civilisationnelles différentes, telle la judaïque, la proche-orientale musulmane ou chrétienne, l’asiatique, l’Africaine ... De ce point de vue, l’expérience maghrébine de la guerre coloniale d’Indochine fut l’une des rares à impliquer dans des rapports relativement massifs et directs plusieurs partenaires culturels : des hommes et des femmes de l’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne, de l’Occident européen (et plus tard de l’Occident américain), et de l’Asie....

La perspective de cette exploration se situe par ailleurs à la jonction du culturel et du politique. Aussi s’agit-il à la fois de tenter de cerner les processus de changement culturel, le développement de la conscience historique et nationale, la perception des catégories sociales du vécu... Il s’impose de découvrir les éléments surprenants d’un univers qui risque de se dérober indéfiniment à l’investigation social-scientifique.

Un récit de parcours au Vietnam est un fait individuel, une trajectoire particulière. S’entretenir de sa guerre d’Indochine, c’est attester que l’on a eu une vie, en produisant un discours sur elle et en osant se regarder soi-même. L’Itinéraire qui mène au Vietnam est une lente émergence à soi par l’émerveillement, la découverte du multiple, d’un autre, un homme digne et courageux, mais la honte d’avoir été manipulé dans la violence. Nombre d’auteurs n’hésitent pas à évoquer la honte des mobilisés marocain d’avoir été utilisés dans une guerre coloniale, qui s’est finalement révélée à eux sur le terrain comme une guerre injuste. La guerre d’Indochine aurait été vécue comme une humiliation, accompagnée d’autres sentiments contemporains ou rétrospectifs, et en même temps comme un épisode édifiant ayant permis la prise de conscience de la nécessité de prendre en main son propre destin.

Sans oublier ses effets sur ce que le philosophe marocain a appelé l’idéologie arabe contemporaine : le mouvement palestinien si présent dans la vision du monde à l’œuvre dans ce secteur de la société marocaine faisait du combat vietnamien la grande référence révolutionnaire. A partir de 1967, la montée de la résistance palestinienne, on assiste dans l’ensemble du contexte arabe du modèle vietnamien

III. Elaborations intellectuelles autour des expériences des peuples :

A côté de ces faits historiques lourds de sens, l’élaboration intellectuelle a toujours constitué un angle d’approche significatif que la recherche devrait aussi prendre en charge. Comme dans l’ensemble de la région et ailleurs dans le monde,

« L’expérience maghrébine de la guerre coloniale

d’Indochine fut l’une des rares à impliquer

dans des rapports relativement massifs et directs plusieurs

partenaires culturels »

« Comme dans l’ensemble de la

région et ailleurs dans le monde, le Vietnam

a joué un rôle essentiel dans

l’histoire de la lutte des idées politiques de

l’époque »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 63

le Vietnam a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la lutte des idées politiques de l’époque. La littérature considérable qui a déferlé sur tous les pays arabes n’a pas épargné le Maroc. Il s’agit de nombreux essais publiés au Moyen-Orient et qui faisaient l’apologie de la guerre de libération nationale du peuple vietnamien comme Mounir Chafiq, Naji Allouch... Il s’agit également des textes critiques qui pensaient que le contexte de la région moyen-orientale différait. Elle ne se réduit pas au Maroc à la question de l’exégèse traditionnelle sur les modalités d’articulation de la lutte de libération nationale sur la lutte de libération nationale. Quant aux textes proprement intellectuels, la liste des références, des analyses, des lectures est longue. Des échanges entre intellectuels et universitaires des deux pays devraient en approfondir l’analyse.

Depuis les développements d’Abdallah Laroui sur « L’intellectuel du tiers monde et le marxisme » dans « La crise des intellectuels arabes », en passant par les écrits de Yassine El Hafez sur « L’expérience historique vietnamienne et son évaluation critique comparée avec l’expérience arabe », jusqu’aux analyses de Mohamed Abed El Jabri sur la question, etc.

Le regard développé depuis le Maroc en termes d’analyse intellectuelle à travers l’invocation d’un modèle de changement politique, économique, social et culturel significatif.

IV. Trajectoires vietnamo-marocaines comparées :

Des comparaisons peuvent être effectuées sur le plan bilatéral sur une variété de sujets depuis l’indépendance jusqu’à nos jours : évolution des structures sociales, des institutions, de la gouvernance, du management, des politiques publiques.

Les expériences de croissance et de développement économiques des deux pays, d’un point de vue macro-économique général dans un premier temps, un focus sur les politiques publiques économiques avant de pouvoir dans des étapes ultérieures procéder à des analyses sur des aspects plus circonscrits industries, agriculture, services, commerce, etc.

Des études conjointes peuvent être également menées sur le multilinguisme existant dans les deux pays, le rapport aux langues étrangères, les politiques linguistiques à la fois dans le contexte académique et dans la recherche action. Les préoccupations sont comparables sur des bases qui paraissent pourtant différentes (une base de construction identitaire pour le Maroc, une évolution politique pour le Vietnam). Une autre politique publique présentant un intérêt majeur pour le Maroc est l’échange d’expérience sur la politique de l’enseignement suivie au Vietnam.

V. Le Maroc, le Vietnam et la coopération afro-asiatique :

Par rapport aux grandes rencontres, le forum Afrique-Chine, Corée-Afrique, Inde-Chine. Il est de plus en plus question de revenir aux anciennes formules élargie au sein de l’ASEAN avec la participation de pays comme le Vietnam ou la Thaïlande, etc.

Précisément dans le cadre de l’ASEAN, le Maroc membre observateur de l’ASEAN depuis 2016, est à même de coopérer sur la base de son expérience sur trois axes privilégiés dans cette organisation : la bonne gouvernance, les droits de l’homme, les questions de la sécurité. La coopération Vietnam Maroc peut constituer un facteur déterminant pour le renforcement de la coopération afro-asiatique.

« Les trajectoires vietnamo-marocaines comparées démontrent

que la coopération entre le Vietnam et le Maroc peut constituer

un facteur déterminant pour le renforcement de la coopération afro-

asiatique

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 64

I. Mémoire partagée

Comment commémorer au présent un événement du passé ? Si nous acceptons tous la définition du terme, commémorer signifie évoquer le passé devant des hommes du présent. C’est comme dirait Saint Augustin « le passé dans le présent ». Pourquoi céder à ce rituel ? Pour au moins trois raisons. La première tient du fait d’un destin méconnu d’un groupe de soldats marocains de l’armée française envoyés combattre en Indochine.

La seconde raison est le télescopage entre histoire collective et destin individuel. Ces hommes se sont pour la plupart non seulement mariés à des Vietnamiennes et ont eu des enfants, mais ont marqué leur passage d’une trace indélébile : Bab Al Maghariba. Enfin, la troisième est le mystère et le non-dit qui entoure cette histoire.

Je m’appuierai dans mon intervention, essentiellement sur le livre de Abdallah Saaf, Histoire d’Anh Ma,46 et sur celui de Nelcya Delanoë, Poussières d’Empires47.

II. Un héritage politique commun

Il me semble important de faire un petit rappel historique. Le Maroc et le Vietnam, deux pays, deux cultures et deux religions, si tous les séparaient à priori, ils étaient cependant dans la même situation politique. Pour des raisons le plus souvent économiques, Marocains et Vietnamiens, depuis le début du vingtième siècle, combattent aux côtés des troupes françaises. Protectorats et colonies ont été des viviers fournissant à l’armée française des auxiliaires et des soldats indispensables à la réussite de l’entreprise coloniale. Les deux pays vivent une histoire forte, ils sont tous deux exploités par la même puissance coloniale et combattent pour celle-ci. Ils sont au service d’une puissance qui les considère comme de la chair à canon.

Après la seconde guerre mondiale, de 1947 à 1954, de nombreux Marocains furent envoyés en Indochine alors que la lutte pour l’indépendance du Maroc battait son plein, et suite à la déportation du Roi Mohammed V, et l’envoi de Ben Aomar alias Maarouf alias el Hamri au Vietnam, des centaines de Marocains ont commencé à déserter et à se rallier au Viêt Minh

Qui est Ben Aomar alias Maarouf dont la vie se confond avec celle des prisonniers, des déserteurs et des ralliés Marocains qu’il éduque et qu’il encadre ?

Chercheur opiniâtre et passionné, Abdellah Saaf, en détective, suit les traces de cet homme hors du commun. De recherches en investigations, l’auteur procède à une véritable filature pour reconstituer les pièces du puzzle. Il tient le lecteur en

« Les deux pays vivent une histoire forte, ils sont tous

deux exploités par la même puissance

coloniale et combattent pour

celle-ci. »

46 Abdallah Saaf, Histoire d’Anh Ma, Éditions L’Harmattan, 1996. 47 Nelcya Delanoë, Poussières d’empires, Presses Universitaires de France, 2002.

« La signification historique et culturelle de la porte du Maroc »

Pr. Amina Achour, Ecrivaine et Critique littéraire

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 65

haleine dans son livre Histoire d’Anh Ma. Comment rester indifférent devant un syndicaliste de Khouribga, ville marocaine qui se situe à 120 km au sud-est de Casablanca, envoyé à Hanoï, après la demande de Hô Chi Minh au Parti Communiste Marocain.

Le rôle de Ben Aomar alias Maarouf, consistait à encadrer les Marocains, à les sensibiliser à la lutte pour l’indépendance et à les inciter à passer aux rangs du Viêt Minh. En témoigne la lettre écrite au nom le libérateur, le guide, l'icône du Vietnam Hô Chi Minh par Van Ngog Tach au héros du Rif et de l’anticolonialisme, Abdelkrim, que Abdallah Saaf rapporte dans son livre.

Je cite un petit fragment : « Notre lutte est la vôtre et votre combat n’est en rien différent du nôtre. »48 Et d’ajouter : « Excellence, le gouvernement d’Hô Chi Minh vous prie de bien vouloir utiliser votre grande autorité spirituelle en demandant aux soldats d’Afrique du Nord de refuser de partir pour le Vietnam, et il vous prie en outre de lancer un appel aux dockers afin de boycotter les navires français. »49

Ce à quoi répond Abdelkrim en lançant un appel émouvant aux Maghrébins : « J’ai considéré alors que le devoir nationaliste m’incitait à adresser un appel par lequel je devais montrer l’issue fatale de leur acte [les colonialistes français] et leur rappeler que ni notre religion en tant que musulmans, ni nos traditions en tant qu’Arabes, ne nous permettent de soutenir le faux contre le vrai, et de consolider les bases de l’injustice contre celle de la justice. […] La victoire du colonialisme, même à l’autre bout du monde, est notre défaite et l’échec de notre cause. La victoire de la liberté dans n’importe quel endroit du monde est notre victoire, le signal de l’approche de notre indépendance.»50

Maarouf à qui incombe la tâche de sensibiliser des soldats analphabètes pour la plupart, se réfère à Abdelkrim : « Abdelkrim est avec nous ! Abdelkrim est avec le Viêt Minh ! » souligne N. Delanoë51.

Le parallélisme à travers les termes « nôtre et vôtre » dans les propos des deux leaders, et que résume de manière concise mais non moins percutante Maarouf, montre qu’ils s’unissent dans le même combat indépendamment de toute autre considération : géographique, politique ou économique. C’est la lutte pour la liberté qui compte. Ils savent également que pour gagner l’indépendance, la lutte doit dépasser les frontières nationales.

III. Les déserteurs : Des héros sans gloire.

D’après Abdellah Saaf c’est Hô Chi Min qui baptisa Maarouf Anh Mah, littéralement « frère cheval », en raison peut-être de son tempérament de leader, sa témérité et son action de propagande.

« Ils savent également que pour

gagner l’indépendance, la

lutte doit dépasser les frontières

nationales. »

48 Histoire d’Anh Ma, op.cit., p.79. 49 Ibid., p.79. 50 Ibid., P.80. 51 Poussières d’empires, op.cit., p. 43.

Mohamed Ben Omar Lahrech alias Maarouf,

connu au Vietnam sous le nom du Général Anh Ma

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 66

Ben Aomar alias Maarouf a su faire de la cause du Viêt Minh la cause des Marocains. Notons la métaphore du cheval qui n’est pas anodine. Le cheval et son cavalier, selon la légende, a été à maintes reprises, un élément décisif qui pouvait modifier l'issue des batailles. Dans la culture asiatique, beaucoup disent qu'en théorie, les Chinois n'auraient pu conquérir et administrer un aussi vaste territoire que la Chine sans le cheval. On sait que le nom propre peut acquérir plusieurs degrés de significations. Sans nous y attarder, il peut être porteur de plusieurs connotations : culturelle, ethnique, ou sémantique.

Symboliquement le nom vietnamien Anh Mah donné à Maarouf représente l’union des deux peuples : Marocains et Vietnamiens. Il devient un des leurs. On peut dire qu’il porte bien son nom d’adoption car il arrivera, ou du moins contribuera, à un tournant historique dans la vie des Marocains. Les Marocains désertent le corps expéditionnaire français où les non français étaient majoritaires pour rejoindre le camp du Viêt Minh. Ils comprennent que ce combat n’est pas le leur. Au lieu de continuer à servir une puissance qui les exploite, en l’occurrence la France, ils deviennent désormais au service de la cause vietnamienne.

IV. Pourquoi une Porte ? Pourquoi ce monument en terre d’exil ?

Si cette porte se trouve à Bavi, à 80 kilomètres de Hanoï, c’est d’abord en raison des circonstances historiques du Maroc qui était sous protectorat français depuis 1912, fournissait à l’armée française des soldats pour combattre dans leur rang. Et aussi géographique, suite à la défaite à Diên Biên Phu en 1954 de la France, qui voulait récupérer l’Indochine, « la Perle de l’Empire », convoitée par la Chine et le Japon, les soldats Marocains qui ont rejoint les Viet Minh s’installeront près de 20 ans à Bavi au nord du Vietnam.

Nelcya Delanoë souligne à juste titre l’ambiguïté de leur situation et le retard de leur rapatriement : « Or, écrit-elle, s’ils avaient jadis choisi de rompre avec l’armée française, ce qui, certes, passait désormais pour un badge d’honneur, ils n’en avaient pas moins également choisi d’aller vivre chez Hô Chi Minh, ce qui discréditait leur parole »52

Dans l’histoire de l’humanité, aussi loin que les recherches le permettent, la Porte du Maroc est un édifice, chargé de signification culturelle et historique. Bab Al Maghariba marque une étape importante de la présence des Marocains au Vietnam. Cependant quelques questions s’imposent : quel a été l’élément ou l’événement déclencheur et qui en a eu l’idée ?

Selon Nelcya Delanoë, c’est à l’appel d’un Maarouf, [qu’] ils [les marocains] se lancèrent dans un projet grandiose : « Nous avons construit un portique marocain à l’entrée de la ferme, un grand portique, comme à l’entrée d’une ville

« Dans l’histoire de l’humanité, aussi loin que les recherches le permettent, la Porte

du Maroc est un édifice, chargé de

signification culturelle et

historique. Bab Al Maghariba marque

une étape importante de la présence des

Marocains au Vietnam »

52 Ibid., p. 35.

Porte du Maroc « Bab Al Maghariba »

à Bavi

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 67

marocaine, comme Bab El Mansour, ou Bab Marrak’ch, avec trois arches, des piliers, des frises, des sculptures, c’est très beau, c’était chez nous. »53

C’est à partir de ces paroles glissées par un des soldats les plus lettré, Miloud, à Nelcya Delanoë « comme par inadvertance dans [ses] propos»54, qu’elle s’était rendue à Hanoï.

Saaf dans sa biographie historique, qui met surtout en exergue les exploits de son héros Maarouf en tant que syndicaliste et membre du PCM, et plus tard comme général dans le Viêt Minh, rapporte ceci : « Maarouf avait un goût prononcé pour le grandiose, le luxueux, la vie passionnelle. Petits détails dans l’itinéraire remarquable de Ben Aomar : il avait fait construire, par un maçon marocain, une porte en arabesque, à l’entrée du campement, imitant le style des portes arabes ».55

Vu les hauts faits du héros Maarouf, la construction du portique paraît aux yeux de l’auteur comme un détail parmi tant d’autres. Cependant, un détail digne d’être signalé puisqu’il le fait.

V. La porte du Maroc : témoin de la présence marocaine au Vietnam

La porte "Bab Al Maghribia" reste un témoin vivant de cette présence marocaine en terre vietnamienne. […]. Seules "Bab Al Maghariba" et quelques dépendances qui servent d'habitations à des ruraux vietnamiens demeurent encore en l'état au milieu de plantations de maïs.

La masse imposante du portail, offre un paysage insolite au cœur de cette nature verdoyante, avec cette ressemblance frappante avec Bab Assoufara à Rabat ou Bab Boujloud à Fès. […] Malgré les vicissitudes du temps et le délaissement dont il a pâti, […] ce monument continue à défier le temps, symbolisant la présence marocaine dans ces lieux et les sacrifices consentis par les Marocains aux côtés de leurs frères d'armes vietnamiens pour la cause de la liberté. 56

Près de la ville de Hanoï, gît une porte colossale de type et de fabrication marocaine. À l’image de celles qui ornent les enceintes des nombreuses médinas marocaines, la porte du Vietnam, nommée « Bab Al Maghariba », possède toutes les caractéristiques de l’architecture de chez nous.

Cette porte insolite que le temps et la guerre contre les Américains n’ont pas détériorée et malgré une épaisse couche de végétation, « Bab Al Maghariba » demeure dans un excellent état de conservation. 57

VI. Témoignage et source d’inspiration des Bâtisseurs de la Porte

En 2013, Nabil Ayouch, cinéaste marocain, réalise un court métrage sur les enfants du Vietnam, « Ouled Vietnam ». Ce documentaire a le mérite d’avoir porté à l’écran des témoignages d’anciens combattants, de leurs épouses vietnamiennes et de leurs enfants. Il a le mérite également de nous montrer Sidi Yahya Du Gharb, petite ville au nord du Maroc qui se confond à s’y méprendre avec le Vietnam, et où vivent sept de ces familles. Cependant, aucune des personnes interviewées n’a mentionné ou fait allusion à la construction de la porte.

Ces Marocains ont voulu marquer symboliquement leur territoire. La porte, haute de huit à dix mètres, marque l’espace et le fait exister. Dès qu’on en franchit

« À l’image de celles qui ornent les enceintes des

nombreuses médinas marocaines, la porte

du Vietnam, nommée « Bab Al

Maghariba », possède toutes les

caractéristiques de l’architecture de chez

nous »

53 Ibid., p. 131. 54 Ibid., p. 131 55Histoire d’Anh Ma, op.cit., p. 130. 56 Article intitulé « Bab al Maghariba » publié par l’agence Magrheb arab Presse (MAP), le 06/12/2008. 57 Article publié le 6/12/2013, écrit par Sami Lakmahri, sur le magazine historique marocain « Zamane ».

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 68

le seuil, une histoire commence. Le premier contact visuel de l’extérieur de la porte reflète le lien fort avec le pays d’origine. Notons le terme « nostalgie » qui revient sous la plume des journalistes ainsi que la récurrence quant à la ressemblance de Bab Al Maghribia avec les portes marocaines.

Il semblerait, selon Nelcya Delanoë, que les bâtisseurs se seraient inspirés du Petit Larousse : « Ainsi, le Petit Larousse était-il devenu un des outils de la ferme, et ils y avaient trouvé une photographie dont ils s’étaient inspirés pour construire la fameuse porte. Pierres et ciment, de bons maçons, Maarouf avait supervisé ».58

Selon d’autres sources, les bâtisseurs auraient trouvé le modèle dans un journal russe qui circulait dans le campement et où figuraient les monuments historiques du Maroc. Ainsi, à partir d’une réalité spatiale, s’élève-t-on généralement à des dimensions psychologiques et symboliques. En filigrane, on peut déceler que la porte revêt un caractère presque mythique. Elle défie le temps et l’espace et est toujours debout, ouverte sur les vents et les moussons, pointant vers les cimes et défiant les bombardements.

VII. Une mémoire profonde et mystérieuse

Aussi bien Abdellah Saaf que Nelcya Delanoë ont rencontré les anciens militaires marocains d’Indochine et ont recueilli des témoignages tout à fait intéressants qui peuvent aider à reconstituer la vie qu’était celle des anciens combattants. Ces voix qui résonnent et nous sont parvenues sont un trésor pour vaincre l’oubli. Même si la mémoire se définit aussi par l’oubli. Il faut décrypter aussi bien ce qu’elle dit que ce qu’elle ne dit pas.

Le silence de la mémoire est signifiant. Abdellah Saaf dit avoir rencontré « des soldats à peine conscients de la signification de leur guerre indochinoise et n’en ramenant finalement que peu de souvenirs communicables. Voici à l’inverse des êtres profondément, irrémédiablement atteints et portant en eux-mêmes le séjour guerrier au Vietnam comme une blessure incicatrisable. »59

Le passé ne passe pas. Pensent-ils après coup qu’ils avaient fait le mauvais choix ? Leur avait-on fait porter une culpabilité difficile à surmonter qui a poussé certains à abandonner jusqu’à leurs médailles, signes de distinction ô combien importants pour un combattant ? Toujours est-il que les témoignages recueillis s’accordent à relever le mutisme et le mystère qui entoure cette période : « […] depuis le retour au Maroc, écrit Delanoë, il n’avait guère été question de ce passé vietnamien à la maison. […]. Cette autocensure n’était sans doute pas nouvelle pour des gens qui n’avaient connu que le Maroc du protectorat ou le Nord Viêtnam en guerre, ou les deux. »60

Ces récits rapportés par les deux chercheurs sont à mon sens des morceaux précieux, uniques, qui reflètent la disposition mentale de ces soldats et aussi leur condition de vie au Vietnam. À leur long parcours de combattants qu’ils ressuscitent, sont confrontés les faits historiques, en dépit des rares documents, dont disposent les auteurs. D’ailleurs, comme le souligne Saaf dans son livre sous presse, Parcours Marocains en Indochine : « S’arrêter sur l’instant indochinois du point de vue marocain, revient à tenter de faire parler les sciences de l’histoire, et quelque part à en réhabiliter quelques recoins, ceux laissés dans l’ombre, peut-être maudits, ou honteux.»61

« Ces Marocains ont voulu marquer

symboliquement leur territoire. La porte, haute de huit à dix

mètres, marque l’espace et le fait

exister. Dès qu’on en franchit le seuil, une histoire commence »

58 Poussières d’empires, op.cit., p. 207. 59 Histoire d’Anh Ma, op.cit., 90. 60 Poussières d’empires, op.cit., p.32. 61 A. Saaf, Parcours Marocains en Indochine, éditions, La Croisée des Chemins, 2017, P. 9.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 69

Mais pour mener à bien ce travail, ne faut-il pas d’abord ouvrir les écluses des archives ? Je sais par ailleurs, que de nombreux travaux sont engagés dans ce sens. Cependant, le travail de mémoire ne passe pas uniquement par des faits historiques, mais également par les arts et la littérature. Il est du devoir des anciens de mettre la lumière sur cette partie méconnue de l’histoire en impulsant des projets et des manifestations afin de léguer aux jeunes d’aujourd’hui une mémoire non imposée ou manipulée mais une mémoire qui tend vers la réalité.

En guise de conclusion, je dirai que la symbolique de la porte du Maroc s’entend au moins d’une double façon. Elle réside d’abord dans le fait qu’il s’agit d’un passage, du monde colonisé, régi par un rapport de domination, au monde libre et indépendant, maître de son destin. Cette première vision est celle de la rupture. On quitte un monde pour retrouver un autre. Mais la porte est également le symbole du lien entre deux sphères. Elle est le moyen de les garder communicantes. Ces deux pays qui ont partagé le tournant le plus fort de leur histoire, s’en trouvent liés éternellement, et physiquement par ce qui mérite peut-être d’être qualifié de monument.

« La symbolique de la porte du Maroc

s’entend au moins d’une double façon. Elle réside d’abord

dans le fait qu’il s’agit d’un passage du monde colonisé, régi par un rapport de domination, au

monde libre et indépendant, maître

de son destin »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 70

Le Maroc est un Etat du Nord-Ouest de l’Afrique, riverain à l’Ouest de l’Océan Atlantique et au Nord de la Méditerranée. Il a des frontières avec la Mauritanie au Sud, l’Algérie à l’Est et l’Espagne au Nord. Séparé tout justement de l’Espagne par le détroit de Gibraltar, le Maroc est connu pour son positionnement clé sur la route maritime qui lie l’Atlantique et la Méditerranée. Il s’agit de l’itinéraire le plus court pour aller de l’Occident vers l’Orient. Le pays est par conséquent dénommé «la clé de l’Occident ».

Avec une façade maritime d’une longueur de 3 260 km et un ensemble d’îles et archipels, le Vietnam a une position stratégique de première importance en Asie du Sud-Est. Il est en effet la porte d’entrée de la sous-région et le lieu de rencontre de plusieurs cultures.

Vu leur positionnement géostratégique d’une importance particulière, dès l’Antiquité, tant le Maroc que le Vietnam ont été l’objet de convoitise de plusieurs puissances. Néanmoins, les Marocains et les Vietnamiens ne se sont pas pliés à leur volonté. Ils se sont levés avec beaucoup de courage pour lutter, face à leurs ennemies, pour recouvrer la libération et l’indépendance de leurs pays respectifs.

I. LE VIETNAM ET LE MAROC ONT PERDU LEUR SOUVERAINETÉ EN DEVENANT COLONIES DES COLONIALISTES FRANÇAIS

Le Maroc est un peuple possédant des pages d’histoire glorieuses. Le Maroc se trouve au Nord-Ouest de l’Afrique, berceau de la Civilisation carthaginoise datant de 812 avant J.C. Pendant près de sept siècles, cette civilisation a eu une grande influence sur les pays de la Méditerranée dont l’Espagne et la France (Sud).

Au début du VIIIème siècle, les Arabes ont conquis le Maroc et diffusé l’Islam aux tribus berbères. Le Royaume du Maroc comprenait le Nord-Afrique et le Sud de l’Espagne pendant les XIème, XIIème et XIIIème siècles. Il était une puissance économique, commerciale et académique. Plusieurs chercheurs ont confirmé que l’Afrique n’était pas jusqu’alors moins développée que l’Europe, mais qu’elle était, au contraire, plus avancée que l’Europe dans un certain nombre de secteurs. Cependant, le parcours de développement de l’Afrique ainsi que celui du Maroc étaient bouleversés au contact avec les puissances européennes.

Entre les XVème et XVIème siècles, on a assisté au déclin des pays arabes alors que l’entrée de l’Europe dans l’ère d’accumulation primitive du capital a facilité l’expansion des de plus en plus forte des pays européens en Afrique du Nord. De 1415 à 1520, les Portugais ont occupé les territoires le long de la côte de l’Atlantique jusqu’au détroit de Gibraltar du Maroc.

En 1578, le Roi du Portugal a commandé 30 000 soldats du Corps expéditionnaire à la conquête du Maroc. Pourtant, l’armée d’invasion portugaise a été vaincue par les Marocains. Le Roi du Portugal s’est noyé en mer sur le chemin de retour. Cette année-là, les pays tels que la Libye, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc formaient un ensemble appelé « le Maghreb ». Ce nom est toujours

« Vu leur positionnement

géostratégique d’une importance particulière, dès l’Antiquité, tant le Maroc que le Vietnam

ont été l’objet de convoitise de plusieurs

puissances »

« Le Maroc et le Vietnam : Similitudes historiques »

Pr. Dang Xuan Khang, Université des Sciences Sociales et Humaines de Hanoi

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 71

utilisé jusqu’à nos jours. Pourtant, le Maroc s’est distingué de ses voisins en menant une lutte courageuse face à l’avancée de l’Empire ottoman pour défendre son indépendance.

En raison de sa position géographique stratégique, le Maroc était toujours un objet de convoitise des puissances européennes. Suite à la bataille des Trois Rois, le Maroc a progressivement récupéré ses régions occupées par les Portugais et les Britanniques. Fin du XVIIème siècle, seule l’Espagne a occupé Melilla, Ceuta et un bourg important. Après avoir été vaincus par les Marocains, les autres pays européens ont continué à développer leurs échanges commerciaux avec le Maroc.

Sous le règne de Moulay Ismail, le Maroc a récupéré les régions littorales, mais son économie a connu un essoufflement à cause des conflits ininterrompus. Dans cette conjoncture, les puissances européennes ont mobilisé des forces économiques et militaires cette fois plus importantes afin de pénétrer au Maroc dès le début du XIXème siècle.

En 1836, les Etats-Unis étaient le premier pays à avoir bénéficié des droits de juridiction consulaire au Maroc. En 1856, la Grande-Bretagne a signé avec le Maroc un traité qui reconnaissait le principe de juridiction extraterritoriale en faveur de la Grande-Bretagne ainsi que des privilèges douaniers. Les Britanniques étaient donc autorisés à commercer librement sur le territoire marocain avec des tarifs douaniers fixés à 10%.

En 1844, sous prétexte que l’émir Abd-el-Kader s’était enfui aux frontières Algérie-Maroc, la France a obligé le Maroc à signer le Traité de Tanger. Bien que les deux parties aient délimité les frontières entre Algérie et Maroc, les colonialistes français ont envahi le territoire marocain en 1845. En 1860, 50 000 soldats espagnols ont débarqué au Maroc. Le Maroc était obligé de signer le traité de paix après la défaite de son armée. Aux termes de ce traité, le Maroc a cédé Ceuta et d’autres régions avoisinantes à l’Espagne.

Alors que les colonialistes britanniques nourrissaient le dessein d’envahir l’Afrique de l’Est dans un projet intitulé 2C (du Cape jusqu’au Caire), les Français avaient l’ambition d’occuper le l’Afrique du Nord tout au long de la côte de l’Atlantique, du Maroc jusqu’au Sénégal en passant par le golfe de la Sidra à l’Est. Après avoir conquis la Tunisie, l’armée française a activement entrepris ses préparatifs pour occuper le Maroc.

Depuis 1881, les soldats français n’ont cessé de pénétrer dans le Sud-est du Maroc et occupé des oasis. En 1903, la France a prêté au Maroc 21 millions de francs. En 1904, la banque française a prêté au Maroc 62.5 millions de francs avec un taux d’intérêt de 0.5% à condition que le Maroc verse 60% de ces recettes douanières comme gage pour garantir ce prêt. De cette manière, les droits douaniers du Maroc sont tombés dans les mains des capitalistes français. Enfin, en 1912, les colonialistes français ont achevé la conquête du Maroc et instauré un régime de protectorat français dans l’Empire chérifien selon le Traité de Fès.

Ayant le même sort que l’Afrique, les pays d’Asie du Sud-Est ont très tôt attiré l’attention des capitalistes européens. Au début du XVIème siècle, les navires marchands et les missionnaires portugais sont venus au Vietnam. Dès le XVIIème

siècle, les Pays-Bas ont créé ses comptoirs commerciaux à Hoi An et Pho Hien. Pourtant, ces deux vieilles puissances coloniales s’essoufflaient au fur et à mesure que des puissances nouvelles comme la Grande-Bretagne et la France émergeaient.

C’est la raison pour laquelle le Portugal s’est vu obligé de céder des zones importantes dans cette région à la France et à la Grande-Bretagne. En 1686, un

« En raison de sa position géographique stratégique, le Maroc était toujours un objet

de convoitise des puissances

européennes »

« Ayant le même sort que l’Afrique, les pays d’Asie du Sud-Est ont

très tôt attiré l’attention des capitalistes

européens »

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 72

agent de la Compagnie des Indes a lancé l’initiative d’occuper Con Dao pour y implanter des comptoirs commerciaux au large des côtes du Vietnam et cette initiative a été soutenue par les chefs des comptoirs commerciaux français en Inde.

Pour des raisons liées au contexte national et international, les capitalistes français n’avaient pas pu mener des conquêtes à l’encontre du Vietnam. Il fallait attendre jusqu’au début du XIXème siècle pour voir la France se fixer l’objectif d’envahir le Vietnam et pour constater que la démarche semblait s’accélérer suite à la Révolution française de 1848.

De plus, la guerre entre les clans Trinh-Nguyen était d’une atrocité croissante. Animé par son ambition de reprendre le trône, Nguyen Phuoc Anh (devenu Empereur Gia Long plus tard) avait fait appel à un missionnaire français qui a par la suite persuadé le Roi Louis XVI de mener une intervention militaire au Vietnam. Cela a abouti à la signature du premier accord diplomatique entre la France et le Vietnam en date le 28 novembre 1787 à Versailles. Aux termes dudit traité, le Vietnam a cédé Con Dao et Da Nang à la France. Bien que ce Traité n’ait jamais été mis en œuvre, il était l’une des premières démarches qui préludent à la conquête française du Vietnam.

Sous prétexte que les fidèles chrétiens aient été réprimés, Napoléon III a décidé de mener une intervention militaire au Vietnam en 1857. Le 1er septembre 1858, dotée des équipements militaires de pointe avec l’aide de l’Espagne, l’armée française a ouvert le feu et occupé la péninsule de Son Tra (Da Nang) en 1858. Pourtant, l’armée française s’est heurtée à une contre-offensive vigoureuse des Vietnamiens sous le commandement du général Nguyen Tri Phuong.

Ensuite, le 2 septembre 1858, la flotte française a débarqué à Vung Tau et remonté le fleuve Sai Gon pour occuper la citadelle Gia Dinh. Mais il fallait attendre jusqu’en 1884 pour voir les colonialistes français achever leur conquête du Vietnam. A la fin du XIXème siècle, le Vietnam et le Maroc sont devenus colonies de la France qui a imposé un joug de domination sévère à leurs habitants.

II. LA DOMINATION FRANÇAISE

Sous la domination des colonialistes français, les peuples marocain et vietnamien ont dû souffrir d’un joug de domination tellement sévère. D’abord, nos deux peuples étaient placés sous la domination d’un appareil de gestion coloniale connu pour son armée gigantesque de répression, ses institutions juridiques partiales et son dense réseau de policiers, de geôles et de centres de détention.

Le Maroc et le Vietnam étaient certes placés sous le protectorat français, mais les colonialistes français contrôlaient tout le système administratif tant au niveau de son organisation qu’au niveau de son fonctionnement.

Le système des mandarins locaux n’était qu’une pure appellation. Dans son communiqué en date du 24 août 1898, le résident supérieur français du Centre du Vietnam a dit : « Dès maintenant, dans le Royaume d’An Nam, il n’existe plus deux autorités, mais une seule ». Avec un tel appareil administratif, les colonialistes ont défini un corpus juridique et réglementaire très contraignant à l’encontre des habitants. En réalité, la plupart de nos concitoyens étaient privés de leurs droits de l’homme et du citoyen aux termes du droit colonial français. Ils étaient asservis par la famine et l’illettrisme.

En outre, les autorités coloniales ont organisé une armée gigantesque qui était là pour réprimer révoltes et soulèvements des indigènes. Elles ont d’ailleurs profité des différences entre les peuples afin recruter des soldats d’une colonie pour les envoyer combattre dans l’autre. Dans cette optique, des Marocains

« Sous la domination des colonialistes

français, les peuples marocain et vietnamien

ont dû souffrir d’un joug de domination tellement sévère »

« Le Maroc et le Vietnam étaient certes

placés sous le protectorat français, mais les colonialistes français contrôlaient

tout le système administratif tant au

niveau de son organisation qu’au

niveau de son fonctionnement »

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enrôlés sous le drapeau du Corps expéditionnaire étaient envoyés au service de la colonisation française au Vietnam et les Vietnamiens en Afrique.

Forts d’une prédominance militaire, les Français se livraient librement à l’arrestation et à la détention de tous ceux qui s’opposaient à eux. En effet, entre 1930 et 1933, les autorités françaises ont détenu 246 532 vietnamiens.

Afin de renforcer leur position de domination, les colonialistes n’ont pas cessé d’exploiter les ressources ainsi que d’appliquer une politique d’obscurantisme éducatif et d’empoisonnement culturel. Selon les statistiques, dans les années 20 du XXème siècle, dans les colonies françaises, il n’y avait que 0.72% de la population qui allait à l’école. Les colonialistes français ont, de plus, empoisonné nos deux peuples par le biais de l’opium et de l’alcool. En 1907, à Casablanca, il existait 6 bistrots, et après 6 ans, ce chiffre s’est élevé à 116. Le nombre de bistrots et de maisons closes au Maroc a augmenté de 280% tous les cinq ans.

La cruauté de la domination coloniale pouvait aussi s’exprimer par la privation des moyens de subsistance des indigènes. Au Vietnam, en 1900, les conquérants français ont recouru à toutes les ruses pour usurper 301 000 hectares de terrains labourés et jusqu’en 1930, 1.2 millions de hectares, soit un quart de la superficie de terrains labourés du pays, appartenaient aux propriétaires blancs.

Au Maroc, en 10 ans sous le protectorat français, les Européens ont accaparé 390 000 hectares de terres cultivées, dont 368 000 hectares pour les Français. Depuis 1913, chaque année, les paysans marocains étaient privés de 12 500 hectares de terre. En 1924, il y avait 1070 français au Maroc qui usurpaient 500 000 hectares de terres cultivées. Dans un état entre la vie et la mort, les paysans avaient dû payer des centaines d’impôts infligés par les autorités coloniales : impôt foncier, impôt personnel, impôt immobilier, gabelle, droits de port, régie de l’alcool….

Pendant la période de la première Guerre mondiale, les Marocains ont dû procurer aux colonialistes des dizaines de milliers de tonnes des marchandises et des centaines de millions de francs par voie d’achat forcé des bons du Trésor, appelés « obligations de la victoire ».

Outre des lourds impôts, les deux peuples ont dû payer rentes et intérêts très élevés ainsi que subir fréquemment le travail forcé. Il n’y avait pas que les paysans qui étaient surexploités. Les ouvriers de nos deux pays partageaient aussi le même sort. Ils ont dû travailler de 12 à 14 heures par jour en recevant une rémunération dérisoire.

D’autres classes sociales ont été aussi également exploitées jusqu’à l’extrême et opprimées dans tous les domaines politique et culturel. Ils vivaient donc le sort d’esclave en tant qu’indigènes. Seul un faible nombre de propriétaires féodaux et capitalistes se sont acoquinés avec les autorités coloniales pour l’exploitation de leurs propres compatriotes.

C’est ce qu’a constaté le patriote Nguyen Ai Quoc : « Il est difficile de dire que parmi eux : les gens d’Annam en Indochine, les Noirs au Congo ou au Sénégal, ou bien les Nord-Africains, lesquels sont les plus exploités. » L’exploitation et l’oppression du colonialisme ont en effet préparé le terrain pour des luttes menées par nos deux peuples pour l’indépendance et la liberté.

III. LA LUTTE POUR LA LIBERATION NATIONALE

Nul ne peut nier que les peuples marocain et vietnamien possèdent des pages d’histoire glorieuses. Au Moyen Âge, si les Vietnamiens avaient réussi à faire échouer des conquêtes ininterrompues des envahisseurs du Nord, les Marocains,

« L’exploitation et l’oppression du

colonialisme ont en effet préparé le terrain pour des luttes menées par nos deux peuples

pour l’indépendance et la liberté. »

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quant à eux, n’ont pas cessé de lutter contre les invasions des ennemies pour sauvegarder leur indépendance.

Conclu le 30 mars 1912 entre la France et le Maroc, le traité de Fès a établi « l’organisation du protectorat français dans l’empire chérifien » avec 9 articles, à savoir :

1. Le Gouvernement de la République française et le Sultan sont d'accord pour instituer au Maroc un nouveau régime comportant les réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le Gouvernement français jugera utile d'introduire sur le territoire marocain ;

2. Le Sultan admet dès maintenant que le Gouvernement français procède, après avoir prévenu le Maghzen, aux occupations militaires du territoire marocain qu'il jugerait nécessaires au maintien de l'ordre et de la sécurité des transactions commerciales et à ce qu'il exerce toute action de police sur terre et dans les eaux marocaines ;

3. Le Gouvernement français sera représenté auprès du Sultan par un Commissaire résident général, dépositaire de tous les pouvoirs de la République au Maroc, qui veillera à l'exécution du présent accord, il sera, notamment, chargé de toutes les questions intéressant les étrangers dans l'empire chérifien.

Suite à la signature de ce Traité, le Maroc était devenu colonie française. Pourtant, avant la colonisation française au Maroc, l’Espagne avait encore montré son influence dans ce pays. Parachevant la mise sous tutelle occidentale du Maroc, le 27 novembre 1912, l’Espagne se voyait confié deux zones d’influence : l’une au Nord, les plaines littorales en Méditerranée et la région du Rif. Le port de Tanger au Nord du Maroc et régions aux alentours étaient gérés par les puissances occidentales. Le territoire du Maroc était donc divisé en trois régions.

Cependant, les Marocains étaient connus par leurs traditions de lutte contre les conquérants. La signature du Traité entre le Gouvernement français et le Sultan a incité le peuple marocain à mener la résistance, comme l’exemple de l’insurrection des tribus de la région montagneuse Rif. Les Rifains étaient la variante la plus puissante de la branche ethnique berbère et vivaient au Nord du Maroc, composés de 13 tribus avec une population de 500 000 personnes (représentant 10% de la population du Maroc).

Après avoir conquis les tribus de l’Ouest, les Espagnols ont envoyé les troupes militaires dans la région rifaine et tué Abdel Krim Khattabi, le chef le plus puissant et le plus prestigieux parmi les 13 tribus et fils d’une famille digne descendante sainte de la religion islamique. C'est son fils Mohamed Ben Abdelkrim Al Khattabi qui a repris le flambeau pour repousser les colonisateurs espagnols.

Il a profité des conflits entre les puissances coloniales dans le but de renforcer ses troupes armées. Ses troupes rifaines ont attaqué par surprise l’armée coloniale espagnole, marquant le début de l’insurrection des Rifains. Les Espagnols sont repoussés une première fois à "Dhar Obbaran" lors d'une petite escarmouche. Fort de cet exploit, les Rifains ont décidé de contre-attaquer et pris d'assaut le poste d'observation des Espagnols à Annoual sur le territoire des Ait Oulichek. Abdelkrim a réussi alors à unifier plusieurs tribus du Rif contre les Espagnols,

Ensuite, après 6 jours de combats acharnés à Anoual, 14700 soldats espagnols ont été tués, le général de la troupe espagnole s’est suicidé. Les guerriers d'Abdelkrim ont récupéré à l'issue de la bataille le matériel abandonné par les troupes espagnoles en retraite soit : 39 000 fusils et revolvers, 400 mitrailleuses, 139 canons de calibres différents, un stock important d'obus et des millions de

« Nul ne peut nier que les peuples marocain et vietnamien possèdent des pages d’histoire

glorieuses. Au Moyen Âge, si les Vietnamiens avaient réussi à faire

échouer des conquêtes ininterrompues des

envahisseurs du Nord, les Marocains, quant à eux, n’ont pas cessé de

lutter contre les invasions des ennemies pour sauvegarder leur

indépendance.»

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cartouches, des camions, des approvisionnements en vivres, des médicaments et du matériel médical.

Le désastre d'Anoual est une défaite cuisante de l’armée espagnole. Il s’agissait d’une défaite sans précédente des impérialistes espagnols ayant un immense retentissement en Europe. Abdelkrim El Khattabi a planté une république au cœur d’une monarchie dominée par deux puissances coloniales : la France et l’Espagne. Après la victoire spectaculaire d’Anoual, Abdelkrim a renforcé son pouvoir en créant un État, la République du Rif, avec un gouvernement et une administration centralisée.

Les Rifains, dirigés par son leader, Mohamed Abdelkrim El Khattabi, dit Abdelkrim, chef de la guérilla, se sont attaqué à l'Espagne et à la France. Les espagnols ont abandonné l'arrière-pays à Abdelkrim, lui permettant ainsi de fonder la République du Rif. Après la victoire spectaculaire d’Anoual, Abdelkrim a renforcé son pouvoir en créant un État, la République du Rif, avec un gouvernement et une administration centralisée.

En septembre 1921, Abdelkrim a convoqué les chefs des 13 tribus. Lors de cette réunion, les participants ont débattu et par le Serment commun, Abdelkrim a déclaré ne reconnaître aucun traité concernant la violation de souveraineté du Maroc. Le 19 septembre de la même année, Abdelkrim a proclamé l’indépendance du Rif au Maroc, après la victoire sur les Espagnols.

Dans le contexte où le Maroc pourrait devenir le seconde Turquie avec laquelle la France a signé avec les Turcs un accord reconnaissant le gouvernement nationaliste, la France et l’Espagne se sont ralliées pour conquérir encore une fois le Maroc. La France a nommé Henry Pétain comme maréchal des troupes françaises au Maroc et a renforcé jusqu’à 300 000 militaires le contingent français. Les français ont enrôlé 400 000 Africains pour commencer les opérations contre la République du Rif comptant seulement 500 000 habitants. A s’ajouter 100000 militaires espagnols commandés personnellement par le général Primo de Rivera.

Ce combat intense a duré une année et a abouti à la victoire des armées française et espagnole contre les forces d'Abdelkrim. Abdelkrim s'est rendu à la France comme prisonnier de guerre pour empêcher l’extension de la guerre chimique et le massacre de tout un peuple par les colons. La guerre du Rif demeure comme l’une des plus grandes épopées nationales du Maroc où le nom d’Abdelkrim est respecté. Abdelkrim le vaincu victorieux symbole de la lutte anticoloniale.

Quant au Vietnam, appliquant la règle « diviser pour régner », la France a partagé l’Indochine en trois états : le Nord, le Centre et le Sud, le rendant plus facile à gouverner. Cochinchine était considérée comme une région coloniale dirigée directement par le gouverneur général français. An Nam était appelé région sous protectorat français avec la présence de l’autorité de la dynastie Nguyen. Tonkin, sous l'autorité monarchique de l'empereur était géré comme une colonie avec le résident-général disposant de tous les pouvoirs.

Des mouvements nationalistes et révolutionnaires (mouvement de résistance Can Vuong, insurrection des paysans Yen The, …) se sont formés. Après que la dynastie Nguyen a été obligé de signer le Traité de Patenôtre en 1884 précisant les conditions d’application du protectorat et le rôle du résident français en Annam, le régent Ton That Thuyet a fait attaquer sans succès la concession française d’Hué en juillet 1885, défendue par le Général de Gourcy. Après la prise d’Hué par les forces françaises en juillet 1885, Tôn Thất Thuyết s'est enfui avec le jeune empereur Ham Nghi lançant le mouvement de résistance Can Vuong qui vise à lutter contre l'occupation française. Ce mouvement s’est répandu à Tonkin

« La guerre du Rif demeure comme l’une

des plus grandes épopées nationales du

Maroc. »

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et An Nam et a duré 11 ans (1885-1891). L’Empereur Ham Nghi a été exilé en Algérie.

En même année, l’insurrection des paysans dans les montagnes Yen The qui a duré de 1887 à 1913, et s’est répandue dans 4 provinces du Tonkin, a entraîné des pertes graves des colonialistes français, marquant une page d’histoire glorieuse dans l’œuvre de l’émancipation du peuple vietnamien.

Après la première guerre mondiale, avec l’explosion des mouvements de résistance du peuple vietnamien, les organisations révolutionnaires étaient nées à la fin de 1920. Nguyen Ai Quoc a présidé, le 3 février 1930, une conférence unificatrice pour créer le Parti Communiste du Vietnam. A partir de cette date, le Parti Communiste était devenu une institution politique unique et a conduit le peuple à mener la lutte pour l’indépendance et la liberté.

Après avoir organisé de différents mouvements ainsi qu’en profitant tous les occasions favorables, le Parti Communiste indochinois et le Viet-Minh ont mené la Révolution d’Août. La Révolution d'août a vu la prise du pouvoir de fait par le Viêt Minh, après près d’un siècle de colonisation française sur le territoire vietnamien et a donné naissance à la République démocratique du Viet Nam (le 2 septembre 1945).

Mais peu de temps après, les colonialistes français ont profité de la défaite militaire japonaise pour envahir, pour la deuxième fois, le Vietnam. Après neuf ans de lutte acharnée, la victoire de Dien Bien Phu le 7 mai 1954 a abouti aux Accords de Genève exigeant le retrait du Corps expéditionnaire français hors du Vietnam. Cette victoire a mis fin au colonialisme au Vietnam.

Sous la direction du Parti de l’Indépendance et du Parti communiste, la plupart des Marocains ont participé à la lutte contre le Traité de protectorat espagnol 1912. Au début de 1954, la lutte du peuple marocain s’est transformée en une lutte armée. En automne 1955, cette lutte s’est répandue dans tout le pays, notamment dans les régions du Rif et Atlas.

Face à ces mouvements de lutte, en mars 1956, la France a reconnu la fin du protectorat sur le Royaume du Maroc. En avril de la même année, le retour à la souveraineté du Maroc était officiellement reconnu par l'Espagne.

En définitive, le Maroc et le Vietnam sont des peuples possédant de riches traditions de lutte contre l’invasion des envahisseurs. Dans le contexte où le colonialisme régissait dans les pays asiatiques et africains à la fin du XIXe siècle, les deux peuples n’ont cessé de combattre et se révolter dans son désir de paix, d’indépendance et de liberté. Ces similitudes historiques constituent la solidarité rapprochant les Marocains des Vietnamiens dans la lutte commune pour l’indépendance de leurs pays respectifs.

« La Révolution d'août a vu la prise du pouvoir de fait par le Viêt Minh, après près d’un siècle

de colonisation française sur le

territoire vietnamien et a donné naissance à la

République démocratique du Viet Nam (le 2 septembre

1945). »

« Face à ces mouvements de lutte, en mars 1956, la France a

reconnu la fin du protectorat sur le

Royaume du Maroc. En avril de la même année,

le retour à la souveraineté du Maroc

était officiellement reconnu par l'Espagne. »

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MA RỐC – VIỆT NAM : SỰ TƯƠNG ĐỒNG LỊCH SỬ

Marocco nằm ở góc Tây Bắc của lục địa châu Phi. Phía Đông giáp Algérie và Mouritani. Phía Tây giáp Đại Tây dương. Phía Bắc giáp Địa Trung hải và đối diện với Tây Ban Nha qua eo biển Gibraltar. Marocco giữ một vị trí quan trọng trên con đường biển từ Đại Tây dương vào Địa Trung hải. Đây chính là con đường hàng hải ngắn nhất từ Tây Âu sang phương Đông nên khu vực này được gọi là “chiếc chìa khóa của phương Tây”.

Việt Nam với đường bờ biển dài 3.260 km, không kể các đảo cũng có một vị trí chiến lược quan trọng bậc nhất Đông Nam Á; là cửa ngõ và nơi giao thoa của nhiều nền văn hóa.

Do vị trí địa chiến lược cực kỳ quan trọng như vậy, nên ngay từ thời cổ đại, cả hai nước Marocco và Việt Nam đã trở thành đối tượng để các thế lực nước lớn thay nhau giành giật. Nhưng hết lần này đến lần khác, người dân Marocco – Việt Nam đã không hề chịu khuất phục, anh dũng đứng lên chống lại kẻ thù để bảo vệ và giữ gìn nền độc lập dân tộc.

I. TỪNG BƯỚC TRỞ THÀNH THUỘC ĐỊA CỦA THỰC DÂN PHÁP – HAI NƯỚC VIỆT NAM, MAROCCO MẤT QUYỀN TỰ CHỦ

Marocco là một dân tộc có những trang sử đáng tự hào. Marocco nằm ở phía tây bắc châu Phi – nơi xuất hiện nền văn hóa Cactagiơ rực rỡ từ năm 812 trước công nguyên. Suốt 7 thế kỷ tồn tại, nền văn hóa Cactagiơ đã có ảnh hưởng rất lớn đến các nước vùng Địa Trung hải. Thậm chí, đế chế Cactagiơ còn bao trùm sang cả Tây Ban Nha và miền nam nước Pháp.

Vào đầu thế kỉ thứ VIII, người Ả Rập chinh phục Marocco và truyền bá Hồi giáo cho các bộ tộc Berber.

Thế kỷ XI, XII, XIII, cả Bắc Phi và miền nam Tây Ban Nha gồm chung trong một vương quốc – Vương quốc Marocco. Đó là một nước có nền kinh tế phồn thịnh, thương mại phát đạt và học thuật phát triển. Nhiều học giả từng khẳng định rằng: vào thời điểm này, xã hội châu Phi không lạc hậu hơn xã hội châu Âu mà về nhiều mặt còn tiến bộ hơn. Nhưng con đường phát triển của châu Phi nói chung và của Marocco nói riêng giữa đường đã bị bẻ quặt bởi sự tiếp xúc với các cường quốc châu Âu.

Vào thế kỷ XV – đầu thế kỷ XVI, thế giới Arab suy yếu rõ rệt trong lúc châu Âu bước vào thời kỳ tích lũy nguyên thủy tư bản đã tạo điều kiện thuận lợi cho sự bành trướng của các nước châu Âu ở Bắc Phi.

Từ năm 1415 đến năm 1520, người Bồ Đào Nha đã xâm chiếm các vùng đất dọc theo bờ Đại Tây dương đến eo biển Gibraltar của Marocco.

Năm 1578, đích thân quốc vương Bồ Đào Nha dẫn 30.000 đại quân viễn chinh sang Marocco hòng khuất phục nhân dân nước này. Nhưng ngược lại, quân đội Bồ Đào Nha đã bị thất bại hoàn toàn. Quốc vương Bồ Đào Nha chết đuối trên đường tháo chạy.

Vào thời gian này, vùng đất của các nước Libya, Tunisia, Algeria và Marocco có một tên gọi chung và vẫn tồn tại cho đến ngày nay là Maghreb. Nhưng khác với các nước láng giềng, Marocco đã kiên quyết chống lại sự xâm lược của đế chế Ottoman để duy trì nền độc lập dân tộc.

Do vị trí chiến lược của mình, Marocco luôn là đối tượng tranh đoạt của các cường quốc châu Âu. Sau “cuộc chiến tranh tam vương”, Marocco lần lượt thu hồi được những cứ điểm mà người Bồ Đào Nha, người Anh đã chiếm cứ trước đây. Đến cuối thế kỷ XVII, chỉ có Tây Ban Nha còn chiếm được Mellila, Ceute và một thị trấn quan trọng khác. Tuy nhiên, các cường quốc châu Âu sau khi bị đánh đuổi khỏi vùng duyên hải Marocco vẫn tiếp tục duy trì mối quan hệ mậu dịch với nước này.

Vương triều Filali mặc dù đã thu hồi được các cứ điểm ở vùng duyên hải, nhưng do sự chia rẽ, cát cứ, xung đột liên miên nên kinh tế chậm phát triển. trong bối cảnh đó, từ đầu thế kỷ XIX, các cường quốc châu Âu đã dùng một lực lượng kinh tế và quân sự hùng hậu hơn, đua nhau xâm nhập Marocco.

Năm 1836, nước Mỹ là quốc gia đầu tiên giành được chế độ lãnh sự tài phán tại Marocco.

Séminaire international sur la mémoire historique partagée entre le Maroc et le Vietnam 78

Năm 1856, nước Anh ký kết điều ước với Marocco và giành được chế độ trị ngoại pháp quyền và ưu đãi về mậu dịch. Marocco cho phép người Anh được mua bán tự do trên toàn lãnh thổ với mức thuế suất chỉ 10%.

Năm 1844, nước Pháp lấy cớ Al Quadir trốn vào vùng biên giới Algeria – Marocco đã phái quân xâm nhập vào Marocco và buộc nước này ký “Điều ước Tanger”. Mặc dù hai bên đã định rõ đường biên giới Algeria – Marocco vào năm 1845 nhưng thực dân Pháp vẫn tiếp tục cho quân đội xâm phạm lãnh thổ Marocco từ phía Algeria.

Năm 1860, Tây Ban Nha đưa 50.000 binh lính đổ bộ lên đất Marocco. Do tương quan lực lượng quá chênh lệch, Marocco một lần nữa buộc phải ký “Điều ước Tanger”, trao thành phố Seuta cùng những khu vực lân cận cho Tây Ban Nha.

Trong khi thực dân Anh âm mưu thôn tính toàn bộ phía Đông châu Phi bằng kế hoạch “2C” (từ Capetown đến Cairo) thì thực dân Pháp có ý đồ thôn tính toàn bộ Bắc Phi dọc bờ biển Đại Tây dương từ Marocco đến Senegal sang vịnh Sidra ở phía đông. Vì vậy, sau khi xâm chiếm xong Tunisia, quân đội Pháp tích cực chuẩn bị cho việc đánh chiếm Marocco. Từ năm 1881, quân đội Pháp liên tục xâm nhập khu vực đông nam Marocco và chiếm được một số ốc đảo xanh của nước này. Năm 1903, Marocco được Pháp cho vay 21 triệu franc. Năm 1904, ngân hàng Pháp tiếp tục cho Marocco vay 62,5 triệu franc, lãi suất 0,5% với điều kiện Marocco phải lấy 60% thuế quan để đảm bảo khiến cho thuế quan của Marocco rơi vào tay tư bản Pháp.

Và cuối cùng, năm 1912, thực dân Pháp dã hoàn thành công cuộc xâm chiếm Marocco và thiết lập chế độ bảo hộ tại đất nước này theo Hiệp ước Fès.

Trong hoàn cảnh tương tự như châu Phi, khu vực Đông Nam Á cũng sớm bị các nước tư bản phương Tây nhòm ngó. Từ nửa đầu thế kỷ XVI, các tàu buôn và giáo sĩ Bồ Đào Nha đã đến Việt Nam. Bước sang thế kỷ XVII, Hà Lan đã lập ra các thương điếm ở Hội An và Phố Hiến. Nhưng sức lực của hai nước thực dân già cỗi này ngày càng thua kém các nước thực dân mới nổi là Anh, Pháp. Vì vậy, Bồ Đào Nha đã phải chấp nhận để cho nhiều vị trí quan trọng ở khu vực này rơi vào tay Anh, Pháp. Vào năm 1686, một nhân viên Công ty Ấn Độ đã đưa ra đề nghị chiếm Côn Đảo để lập thương điếm ngoài khơi bờ biển Việt Nam và được thống đốc các thương điếm của Pháp tại Ấn Độ ủng hộ.

Do tình hình trong và ngoài nước nên lúc này chưa cho phép tư bản Pháp triển khai các hành động xâm lược tại Việt Nam. Vì vậy, phải đến đầu thế kỷ XIX, nước Pháp mới chính thức đặt mục tiêu xâm lược Việt Nam và công việc đó được thúc đẩy mạnh mẽ từ sau cuộc cách mạng tư sản Pháp năm 1848.

Hơn nữa, ở Việt Nam, cuộc phân tranh giữa chúa Trịnh ở phía Bắc và chúa Nguyễn ở phía Nam vẫn đang diễn ra quyết liệt. Với tham vọng chiếm lại ngôi báu, Nguyễn Phước Ánh (vua Gia Long sau này) đã dựa vào một giáo sĩ Pháp thuyết phục vua Louis XVI tiến hành một cuộc vũ trang can th iệp vào Việt Nam62 dẫn tới việc ký kết văn kiện ngoại giao đầu tiên giữa Pháp và Việt Nam tại Versailles ngày 28/11/1787 cam kết nhượng cho Pháp Côn Đảo cùng mảnh đất và vùng biển Đà Nẵng. Mặc dù Hiệp định này chưa bao giờ được thực hiện nhưng đó là những bước đi đầu tiên để tiến tới việc chinh phục Việt Nam của tư bản Pháp.

Lấy cớ tín đồ Kitô bị đàn áp, trong bối cảnh rất thuận lợi ở trong nước, Napoleon III đã quyết định can thiệp quân sự vào Việt Nam vào năm 1857.

Sáng 01/9/1858, quân đội Pháp được trang bị vũ khí hiện đại cùng với sự phối hợp của quân đội Tây Ban Nha bất ngờ tấn công rồi đổ bộ đánh chiếm bán đảo Sơn Trà (Đà Nẵng). Nhưng quân đội Pháp đã không thể tiến sâu vào đất liền trước sự chống đối quyết liệt của người Việt Nam do viên tướng Nguyễn Tri Phương chỉ huy.

Tiếp đó, ngày 02/9/1858, hạm đội Pháp tiến vào Vũng Tàu rồi ngược sông Sài Gòn đánh chiếm thành Gia Định. Nhưng mãi đến năm 1884, về cơ bản, thực dân Pháp mới thôn tính được Việt Nam.

62 Nguyễn Xuân Thọ, Bước mở đầu của sự thiết lập hệ thống thuộc địa Pháp ở Việt Nam (1858 – 1897), NXB Hồng Đức, Hà Nội, 2016, tr. 26-27.

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Như vậy, đến cuối thế kỷ XIX, cả Việt Nam và Marocco đều trở thành thuộc địa của thực dân Pháp và họ đã đặt ách thống trị hà khắc lên đầu nhân dân hai dân tộc này.

II. DƯỚI ÁCH THỐNG TRỊ THỰC DÂN

Trong hoàn cảnh chung bị chủ nghĩa thực dân thống trị, hai nước Marocco, Việt Nam đã phải chịu đựng ách áp bức vô cùng nặng nề.

Trước hết, nhân dân hai nước bị trói buộc bởi bộ máy thực dân vô cùng hà khắc với những đội quân đàn áp khổng lồ, những thiết chế pháp luật bất công cùng với hệ thống cảnh sát, nhà tù, trại giam dày đặc.

Mặc dù cả Marocco lẫn Việt Nam dưới danh nghĩa là xứ “bảo hộ” nhưng thực dân Pháp vẫn hoàn toàn nắm trong tay việc tổ chức và điều khiển bộ máy cai trị. Hệ thống quan lại bản xứ chỉ là hư danh. Chính Khâm sứ Trung Kỳ trong Thông tri ngày 24/8/1898 đã nói thẳng ra rằng: “Từ nay trên vương quốc An Nam không còn tồn tại hai chính quyền nữa, mà chỉ có một chính quyền duy nhất mà thôi”63. Với bộ máy cai trị như vậy, thực dân Pháp đã đề ra hàng loạt hệ thống pháp luật, chính sách hà khắc để trói buộc người bản xứ. Trên thực tế, phần lớn người dân hai nước đều bị Luật thuộc địa loại trừ hết mọi quyền công dân và quyền con người, bị nô dịch trong đói nghèo và dốt nát.

Bên cạnh đó, thực dân Pháp còn tổ chức một hệ thống quân sự khổng lồ không chỉ để dùng đối phó và đàn áp các cuộc khởi nghĩa, các vụ bạo động của người bản xứ mà còn lợi dụng sự khác biệt giữa các dân tộc để đưa quân đi đánh nhau ở các thuộc địa khác, trong đó có việc đưa lính người Marocco sang đánh người Việt Nam và người Việt Nam sang đóng đồn canh ở châu Phi.

Bằng ưu thế về vũ lực, chính quyền thực dân đã mặc sức bắt bớ, giam cùm những ai chống lại chúng. Chẳng hạn, từ năm 1930 đến năm 1933, chính quyền Pháp đã bắt giam 246.532 người Việt Nam64 .

Để củng cố địa vị thống trị của mình, thực dân Pháp đã tăng cường vơ vét, bóc lột, đồng thời còn thực hiện chính sách ngu dân về mặt giáo dục, đầu độc về mặt văn hóa tinh thần đối với người bản xứ. Theo con số thống kê, trong những năm 20 của thế kỷ XX, tính chung ở các thuộc địa Pháp chỉ có 0,72 % dân số được đi học65.

Thực dân Pháp còn đầu độc nhân dân hai nước bằng thuốc phiện và rượu cồn. Chỉ riêng ở một thành phố nhỏ của Marocco là Casablanca vào năm 1907 mới có 6 quán rượu nhưng 6 năm sau con số này đã tăng lên thành 116 quán. Số lượng quán rượu và nhà thổ ở Marocco cứ khoảng 5 năm lại tăng 280%66.

Sự thống trị của thực dân Pháp còn thể hiện một cách tàn bạo trong việc cướp đi phương tiện sống của người bản xứ.

Ở Việt Nam, năm 1900, thực dân Pháp đã dùng mọi thủ đoạn để chiếm đoạt 301.000 ha đất canh tác và đến năm 1930 đã có 1,2 triệu ha, chiếm ¼ diện tích đất canh tác của cả nước rơi vào tay những ông chủ da trắng67.

Trong khi đó, ở Marocco, chỉ 10 năm sau khi đặt chế độ bảo hộ, người Âu đã cướp đi 390.000 ha đất trồng trọt, trong đó người Pháp chiếm 368.000 ha. Từ năm 1913, bình quân mỗi năm nông dân Marocco bị cướp mất 12.500 ha ruộng đất. Vào năm 1924, có 1.070 người Pháp ở Marocco đã chiếm đoạt 500.000 ha đất trồng trọt68.

Trong điều kiện sống dở chết dở đó, người nông dân còn phải oằn lưng gánh chịu hàng trăm thứ thuế mà chính quyền thực dân bày đặt: thuế đất, thuế thân, thuế nhà, thuế súc vật, thuế muối, thuế rượu, thuế đò … và cả đến những cuộc lạc quyên cũng cưỡng bức bất cứ lúc nào nhà cầm quyền mong muốn. Trong

63 Dương Kinh Quốc, Hệ thống chính quyền của thực dân Pháp ở Việt Nam trước cách mạng tháng Tám, T/C Nghiên cứu Lich sử, số 4/1982, tr. 29. 64 Lịch sử Đảng Cộng sản Việt Nam, NXB Sự thật, Hà Nội, 1985, t.1, tr.168. 65 Võ Kim Cương, Việt Nam và châu Phi trong sự nghiệp đấu tranh giải phóng dân tộc,NXB CTQG, HN 2004, Tr. 58. 66 Hồ Chí Minh, Toàn tập, NXB Chính trị quốc gia, Hà Nội, 1995, t.1, tr. 330. 67 Lịch sử Việt Nam, Nxb KHXH, 1989, tập 2, tr. 103, 109. 68 Hồ Chí Minh, Toàn tập, sđd, tr. 286.

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thời gian chiến tranh thế giới lần thứ nhất, nhân dân Marocco đã phải cung cấp cho chính quốc hàng vạn tấn hàng hóa, hàng trăm triệu franc trong các cuộc mua công trái bắt buộc được gọi là công trái “chiến thắng”.

Bên cạnh sưu thuế nặng nề, người dân hai nước còn phải chịu cảnh tô cao tức nặng, lao động cưỡng bức, phu phen tạp dịch thường xuyên.

Cùng với giai cấp nông dân, giai cấp công nhân hai nước cũng bị đế quốc thực dân bóc lột dã man. Họ bị bòn rút sức lao động tới mức tối đa, làm việc kiệt sức 12 đến 14 tiếng mỗi ngày và nhận những đồng lương chết đói.

Ngoài nông dân và công nhân, các tầng lớp khác trong xã hội cũng bị đè nén và bóc lột đến cùng cực, bị nô dịch và áp bức về chính trị, tinh thần và văn hóa. Họ cũng phải chịu thân phận ngựa trâu của người dân thuộc địa nói chung. Chỉ có một bộ phận rất ít trong tầng lớp địa chủ phong kiến và tư sản cấu kết với chính quyền thực dân trong việc bóc lột đồng bào mình.

Vì lẽ đó, đúng như nhà yêu nước Nguyễn Ái Quốc nhận xét: Khó có thể nói được rằng ai trong số họ: người An Nam ở Đông Dương, người da đen ở Cônggô hay ở Xênêgan, hay là người bản xứ ở Bắc Phi – bị bóc lột nhiều hơn.

Chính sự bóc lột và nô dịch của chủ nghĩa đế quốc là tiền đề cho cuộc đấu tranh giành độc lập dân tộc và cũng là để giành lại cơm áo cho bản thân của nhân dân hai nước.

III. ĐẤU TRANH GIẢI PHÓNG DÂN TỘC

Không thể phủ nhận được rằng: hai dân tộc Việt Nam, Marocco đều có những trang sử hào hùng.

Trong thời cổ trung đại, nếu người Việt Nam đã anh dũng làm thất bại hết lần này đến lần khác các cuộc chinh phục của các triều đại phong kiến phương Bắc thì nhân dân Marocco cũng không ngừng đấu tranh chống lại các cuộc xâm lược của kẻ thù để giữ gìn nền độc lập dân tộc.

Ngày 30/3/1912, thực dân Pháp cưỡng bách Sultan Marocco ký kết Hiệp ước Fèz gồm 9 điều với một số nội dung chủ yếu như sau: ngôi vị của Sultan cũng như cung đình tiếp tục được duy trì để tiến hành những cải cách về các mặt hành chính, tư pháp, kinh tế, tài chính và quân sự mà nước Pháp cho là hữu ích; nước Pháp sẽ đưa quân chiếm đóng lãnh thổ Marocco; một khi chưa được chính phủ Pháp đồng ý Marocco không có quyền ký kết điều ước gì có tính chất quốc tế; nước Pháp sẽ cử sang Marocco một vị tổng đốc để giám sát và đôn đốc việc thực hiện các điều khoản nói trên, đồng thời sẽ chịu trách nhiêm xử lý tất cả các vấn đề có liên quan đối với người ngoại quốc. Với việc ký kết Hiệp ước này, trên thực tế Marocco đã trở thành thuộc địa của Pháp.

Nhưng trước khi Pháp độc chiếm Marocco làm thuộc địa của họ thì Tây Ban Nha cũng đã có quyền lợi trên lãnh thổ nước này. Vì vậy, ngày 27/11 cùng năm, giữa Pháp và Tây Ban Nha đã ký kết điều ước xác định vùng bình nguyên dọc theo bờ biển Địa Trung hải của Marocco và vùng đất phía nam của dãy núi Djebel Rif thuộc về Tây Ban Nha cai quản nhưng về luật pháp vẫn là lãnh thổ của “nước bảo hộ”. Hải cảng Tangier nằm ở phía Bắc Marocco và những vùng đất xung quanh hải cảng quan trọng này thuộc khu vực quản lý chung “của các cường quốc phương Tây”. Vậy là, lãnh thổ thống nhất của Marocco đã bị chia cắt ra thành 3 bộ phận.

Nhưng người Marocco vốn có truyền thống chống ngoại xâm vô cùng oanh liệt nên việc Suntal ký kết điều ước bán nước đã khiến cho quần chúng nhân dân Marocco hết sức phẫn nộ và tiến hành nhiều phương thức phản kháng, điển hình là cuộc khởi nghĩa của nhân dân các bộ lạc khu vực rừng núi Rif.

Tộc người sinh sống tại Rif là một chi lớn mạnh nhất trong tộc người Berber sinh sống tại vùng Tây Bắc Phi, gồm 13 bộ lạc với 500.000 dân (chiếm 10% dân số Marocco).

Sau khi chinh phục xong các bộ lạc phía Tây, thực dân Tây Ban Nha đưa quân tiến vào vùng núi Rif và giết chết vị tù trưởng lớn nhất trong số 13 bộ lạc nói trên là Abd el Krim Khatabi, thuộc gia tộc được xem là hậu duệ bậc Thánh trong đạo Hồi, cực kỳ uy tín trong tộc người Rif. Sau đó, người con

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trai của vị tù trưởng quá cố là Abd el Krim được cử lên giữ chức thủ lĩnh quân sự của bộ lạc và ông quyết tâm nối chí cha tiêu diệt bọn xâm lược Tây Ban Nha.

Ông đã khéo léo lợi dụng mâu thuẫn giữa các đế quốc để tăng cường tiềm lực quân sự. Sau khi động viên được nhân dân thề chết chiến đấu để bảo vệ quê hương, vào đêm 01/6/1921, nghĩa quân Krim đã bất ngờ tấn công quân đội Tây Ban Nha và lấy lại được vùng Dalabala. Chiến thắng Dalabala đã mở màn cho cuộc khởi nghĩa của nhân dân Rif.

Tiếp đó, cuộc chiến đấu anh dũng suốt 6 ngày đêm tại Anoual đã khiến cho 14.700 binh lính Tây Ban Nha bị tiêu diệt; viên tướng chỉ huy phải tự sát. Nghĩa quân Krim đã tịch thu 139 cỗ đại bác, hơn 400 súng máy, 39.000 súng trường cùng rất nhiều lương thực và các loại quân dụng khác69. Đây là thất bại chưa từng có trong lịch sử chiến tranh của thực dân Tây Ban Nha, làm rung chuyển châu Âu.

Tài năng trác tuyệt về mặt chính trị và quân sự của Krim trong cuộc chiến đấu chống thực dân Tây Ban Nha đã được nhân dân Rif tín nhiệm cao độ và ủng hộ nhiệt liệt. Vì vậy, cùng với thắng lợi trên chiến trường, ông đã kịp thời tiến hành xây dựng chính quyền dân tộc.

Tháng 9/1921, Krim triệu tập Đại hội đại biểu quý tộc của 13 bộ lạc. Đại hội đã soạn thảo và thông qua “Lời thề dân tộc” gồm 6 nội dung, trong đó tuyên bố không thừa nhận tất cả các điều ước bất bình đẳng xâm phạm đến chủ quyền của Marocco.

Ngày 19/9 cùng năm, Hội nghị quốc dân khai mạc tuyên bố thành lập Nước Cộng hòa Rif.

Trước tình hình Marocco có thể trở thành Thổ Nhĩ Kỳ thứ hai, thực dân Pháp và Tây Ban Nha đã cấu kết với nhau để đối phó. Pháp bổ nhiệm Henri Pestain làm Tổng tư lệnh quân đội Pháp ở Marocco và tăng cường quân lực lên đến 300.000 người. Đồng thời, họ chiêu mộ thêm 400.000 lính đánh thuê người Phi để đối phó với Cộng hòa Rif chỉ có 500.000 dân. Đó là chưa kể 100.000 lính Tây Ban Nha do đích thân Thủ tướng Tây Ban Nha trực tiếp chỉ huy.

Do tương quan lực lượng quá chênh lệch, Krim dã quyết định để địch bắt nhằm bảo vệ tính mạng của nhân dân. 23 người tghuoojc gia tộc của Krim bị lưu đày đến đảo Réunion. Cuộc khởi nghĩa của nhân dân Rif thất bại nhưng nó đã trở thành cuộc diễn tập cho sự nghiệp giải phóng dân tộc của nhân dân Marocco.

Cũng giống như Marocco, để củng cố sự thống trị thực dân tại Việt Nam, thực dân Pháp đã thực hiện chính sách chia để trị. Chúng áp dụng ba hình thức thống trị khác nhau tại 3 vùng Trung, Nam, Bắc. Nam Kỳ được xem là xứ “thuộc địa” do viên thống đốc người Pháp trực tiếp thống trị. Trung Kỳ là “xứ bảo hộ” vẫn giữ lại cơ cấu thống trị của vương triều phong kiến nhà Nguyễn. Bắc kỳ là “xứ nửa bảo hộ” về hình thức vẫn do chính quyền nhà Nguyễn thân Pháp cai trị. Nhưng trên thực tế, cả 3 miền đều dưới sự thống trị của thực dân Pháp.

Quá trình thực dân Pháp nô dịch nhân dân Việt Nam cũng là quá trình nhân dân Việt Nam đứng lên chống nô dịch và xâm lược. Điển hình là phong trào “cần vương” và chiến tranh du kích của nông dân Yên Thế.

Sau khi vương triều Nguyễn buộc phải ký kết hiệp ước Patenotre (1884) thừa nhận quyền bảo hộ của nước Pháp đối với Việt Nam, tháng 7/1885, viên đại thần Tôn Thất Thuyết đã phát động cuộc khởi nghĩa chống Pháp tại Thuận Hóa. Vua Hàm Nghi trốn thoát ra ngoài, phát hịch văn kêu gọi văn thân ở các địa phương cùng đứng lên lo việc “cần vương”. Phong trào lan rộng khắp Bắc và Trung kỳ, kéo dài suốt 11 năm (1885 – 1891) nhưng do lực lực lượng chênh lệch nên phong trào đã thất bại. Vua Hàm Nghi bị lưu đày sang Algeria.

Cùng thời gian đó, cuộc chiến tranh du kích của nông dân vùng núi Yên Thế diễn ra từ năm 1887 đến năm 1913, mở rộng khắp 4 tỉnh Bắc kỳ đã gây cho thực dân Pháp những tổn thất nặng nề và viết nên một trang sử chói lọi trong sự nghiệp giải phóng dân tộc của nhân dân Việt Nam.

Sau chiến tranh thế giới lần thứ nhất, phong trào đấu tranh của nhân dân Việt Nam diễn ra ngày càng sôi nổi dẫn tới sự ra đời của các tổ chức cách mạng vào cuối những năm 1920.

69 Từ Thiên Ân (chủ biên), Lịch sử thế giới thời hiện đại (1900-1945), NXB TP. Hồ chí Minh, 2002, tr. 528

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Ngày 3/2/1930, dưới sự chỉ đạo của nhà yêu nước Nguyễn Ái Quốc, 3 tổ chức cách mạng của Việt Nam đã thống nhất lại thành Đảng Cộng sản Việt Nam. Từ đó, Đảng trở thành tổ chức chính trị duy nhất lãnh đạo cuộc đấu tranh giải phóng dân tộc của nhân dân Việt Nam.

Trải qua các cuộc vận động khác nhau, tranh thủ thời cơ thuận lợi, Đảng Cộng sản Đông dương và Tổng bộ Việt Minh đã phát động cuộc tổng khởi nghĩa tháng Tám giành độc lập và tuyên bố thành lập nước Việt Nam Dân chủ Cộng hòa (2/9/1945).

Tuy nhiên, từ cuối năm 1946, thực dân Pháp đã quay trở lại thống trị Việt Nam một lần nữa. Vì vậy, nhân dân Việt Nam đã phải tiến hành cuộc kháng chiến trường kỳ 9 năm. Sau thất bại ở Điện Biên Phủ (7/5/1954) thực dân Pháp đã buộc phải ký Hiệp định Geneve (20/7/1954) lập lại hòa bình ở Việt Nam. Quân đội Pháp phải rút về nước, kết thúc sự thống trị thực dân của Pháp đối với Việt Nam.

Trong khi đó, cuộc đấu tranh của nhân dân Marocco cũng diễn ra một cách quyết liệt, đòi xóa bổ Điều ước bảo hộ năm 1912. Dưới sự lãnh đạo của Đảng Độc lập và Đảng Cộng sản, đông đảo tầng lớp nhân dân Marocco đã tham gia vào cuộc đấu tranh. Từ đầu năm 1954, cuộc đấu tranh của nhân dân Marocco đã chuyển thành đấu tranh vũ trang. Mùa Thu năm 1955, phong trào đấu tranh vũ trang lan rộng ra cả nước, đặc biệt là ở các vùng núi Rif và Atlas.

Đứng trước tình hình đó, thực dân Pháp buộc phải ký hiệp nghị thừa nhận nền độc lập của Marocco (3/1956) và xóa bỏ điều ước bảo hộ năm 1912. Tháng 4 cùng năm, Tây Ban Nha cũng thừa nhận nền độc lập và toàn vẹn lãnh thổ của nước này.

Tóm lại, Marocco, Việt Nam là hai dân tộc có truyền thống anh dũng trong công cuộc đấu tranh chống xâm lược từ ngày lập nước. Trong bối cảnh chủ nghĩa thực dân bắt đầu làm mưa làm gió ở các nước Á Phi vào cuối thế kỷ XIX thì nhân dân Marocco và Việt Nam đã bị cuốn vào guồng máy của chế độ thuộc địa. Nhưng không cam chịu thân phận nô lệ, nhân dân hai nước đã đứng lên, bất chấp sự khủng bố tàn bạo của kẻ thù để giành lại tự do, độc lập cho dân tộc. Đó là sự tương đồng lịch sử và là cội nguồn cho tình đoàn kết giữa nhân dân hai nước: Việt Nam – Marocco.,.

TÀI LIỆU THAM KHẢO

1. Từ Thiên Ân (chủ biên), Lịch sử thế giới thời hiện đại (1900-1945), NXB TP. Hồ chí Minh, 2002.

2. Từ Thiên Ân (chủ biên), Lịch sử thế giới thời đương đại (1945-2000), NXB TP. Hồ chí Minh, 2002.

3. Ngô Phương Bá, Châu Phi vì độc lập dân tộc và tiến bộ xã hội, NXBKHXH, Hà Nội, 1986.

4. Võ Kim Cương, Việt Nam và châu Phi trong sự nghiệp đấu tranh giải phóng dân tộc, NXB CTQG, HN 2004.

5. Phan Hoàng, Bình minh đang xua tan bóng tối ở châu Phi, NXB Sự thật, Hà Nội, 1962.

6. Lịch sử Đảng Cộng sản Việt Nam, NXB Sự thật, Hà Nội, 1985, t.1.

7. Lịch sử Việt Nam, Nxb KHXH, 1989, tập 2.

8. Hồ Chí Minh, Toàn tập, NXB Chính trị quốc gia, Hà Nội, 1995, t.1.

9. Dương Kinh Quốc, Hệ thống chính quyền của thực dân Pháp ở Việt Nam trước cách mạng tháng Tám, T/C Nghiên cứu Lich sử, số 4/1982.

10. Nguyễn Anh Thái, Lịch sử thế giới hiện đại, NXB Giáo dục, Hà Nội, 2009.

11. Nguyễn Xuân Thọ, Bước mở đầu của sự thiết lập hệ thống thuộc địa Pháp ở Việt Nam (1858 – 1897), NXB Hồng Đức, Hà Nội, 2016.

12. Lưu Tộ Xương (chủ biên), Lịch sử thế giới thời cận đại, NXB TP. Hồ chí Minh, 2002.

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REMER CIEMENTS

Je voudrais saisir cette occasion pour remercier le Président de l’Univerité Nationale du Vietnam de Hanoi, le Recteur de l’Université des Sciences Sociales et Humaines, ainsi que les professeurs et chercheurs marocains et vietnamiens pour leur contribition substantielle visant à faire connaitre la mémoire historique partagée entre le Royaume du Maroc et la Republique Socialiste du Vietnam.

Leurs interventions, qui resteront dans les annales des relations bilatérales, de part la profondeur de l’analyse des trajectoires historiques vietnamo-marocaines et de l’examen des smilitudes et des séquences historiques, démontrent que la coopération entre le Maroc et le Vietnam peut constituer un facteur déterminant dans le renforcement de la coopération afro-asiatique.

Mes remerciements vont également à M. Duong Nguyen Quoc Vinh, qui a contribué à la traduction en langue française, des présentations des professeurs vietnamiens faites au cours de ce séminaire.

Azzeddine FARHANE

Ambassadeur de Sa Majesté Le Roi au Vietnam

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LỜI CẢM ƠN

Nhân dịp này tôi xin gửi lời cảm ơn chân thành đến Ngài Giám đốc Đại học Quốc gia Hà Nội, Ngài Hiệu trưởng trường Đại học Khoa học xã hội và Nhân văn, các Giáo sư, nhà nghiên cứu Maroc và Việt Nam vì những đóng góp quan trọng trong việc giới thiệu về những ký ức lịch sử được sẻ chia giữa Maroc và Việt Nam.

Tham luận của các diễn giả sẽ được gìn giữ trong những tư liệu về mối quan hệ song phương, với những phân tích sâu sắc về chặng đường lịch sử giữa Việt Nam và Maroc, cùng những nghiên cứu về sự tương đồng trong các giai đoạn lịch sử. Đó là bằng chứng cho thấy mối quan hệ hợp tác giữa Việt Nam và Maroc có thể là yếu tố quyết định góp phần tăng cường hợp tác Á-Phi.

Tôi cũng xin gửi lời cảm ơn chân thành tới ông Dương Nguyễn Quốc Vinh, dịch giả tiếng Pháp cho tham luận của các giáo sư Việt Nam được trình bày tại Hội thảo.

Azzeddine FARHANE

Đại sứ Vương quốc Maroc tại Hà Nội