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, l ' . SOCIETE FRANCAISE d'ETUDE de la CERAMIQUE ANTIQUE en GAULE ACTES DU CONGRES DE CAEN 28 - 31 MAI 1987 • LES CeRAMIQUES GALLO-ROMAINES ET ROMANO-BRITANNIQUES PANS LE NORD-OUEST DE L'EMPIRE: PLACE DE LA NORMANDIE ENTRE LE CONTINENT ET LES ILES BRITANNIQUES. ACTUALITe DES RECHERCHES CeRAMIQUES EN GAULE. décembre 1987 Textes rassemblés et préséntés par Lucien RIVET

SFECAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

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SOCIETE FRANCAISE

d'ETUDE de la CERAMIQUE

ANTIQUE en GAULE

ACTES DU CONGRES DE CAEN

28 - 31 MAI 1987

• LES CeRAMIQUES GALLO-ROMAINES ET ROMANO-BRITANNIQUES PANS LE NORD-OUEST DE L'EMPIRE: PLACE DE LA NORMANDIE ENTRE LE CONTINENT ET LES ILES BRITANNIQUES.

• ACTUALITe DES RECHERCHES CeRAMIQUES EN GAULE.

décembre 1987

Textes rassemblés et préséntés par Lucien RIVET

La S.F .E.C .A.G. rassemble les personnes qui s'intéressent à l'étude de la céramique en Gaule. Elle a pour but de développer et de coordonner les travaûx scientifiques qui portent sur ce matériel, depuis le premier âge du fer jusqu'à la période mérovin­gienne incluse.

Les moyens d'action de la S.F.E.C.A.G. sont des congrès nationaux qui favorisent la rencontre des chercheurs et des archéologues, l'examen des découvertes, la confron­tation des documents, la diffusion des connaissances.

Les sujets d'étude de la S.F.E.C.A.G. concernent tous les aspects de la céramique:

• les sigillées et les céramiques communes (fines et grossières), les amphores et les dolia, les lampes et les statuettes, les terres cuites architecturales, les tuiles et les briques, les chenets, etc.

• les ateliers, avec les fours et les dépotoirs, les carrières d'argile, etc. • les techniques de fabrication;

les analyses de pâte; • la constitution de séries: typologiques, chronologiques; les évolutions, ètc. • les marques, les estampilles et les inscriptions; • la réalisation de répertoires décoratifs;

l'étude des influences reçues et exercées; les comparaisons, avec le verre, le métal, etc.

• la commercialisation, le transport, les dépôts, etc. • l'utilisation: domestique, religieuse, funéraire, etc. • les hypothèses ou les conclusions sur l'alimentation, l'économie, la religion, la

vie quotidienne, individuelle ou collective, etc. . les méthodes d'étude.

Lors de ses congrès, la S.F.E.C.A.G. organise des excursions, des visites de chantiers archéologiques et de musées.

Selon ses possibilités, la S.F.E.C.A.G. diffuse des comptes rendus ou des actes; elle fournit des articles à la revue Figlina.

SOCIETE FRANCAISE

d'ETUDE de la CERAMIQUE

ANTIQUE en GAULE

ACTES DU CONGRES DE CAEN

28-31 MAI 1987

* LES CÉRAMIQUES GALLO-ROMAINES ET ROMANO-BRITANNIQUES

DANS LE I\~ORD-OUEST DE L ' EMPIRE: PLACE DE LA NORMANDIE

ENTRE LE CONTINENT ET LES ILES BRITANNIQUES.

* ACTUALITÉ DES RECHERCHES CÉRAMIQUES EN GAULE.

décembre 1987

Textes rassemblés et présentés par Lucien RIVET

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Depuis 1985, Jean- Yves MARIN et quelques chercheurs normands souhaitaient qu'un Congrès de la S.F.E.C.A.G. se tînt à Caen; l'année 1987 fut retenue, à l'occasion des cé lé brations du neuviè me centenaire de la mort de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre. Comme par concurrence, il s'agissait alors de mettre à l'honneur l'époque gallo-romaine et de bénéficier des récents développements des recherches sur la céramique de cette période. La Normandie étant une région perméa­ble aux échanges, nous devions également nous ouvrir sur la Manche et confronter les connaissances avec celles des chercheurs britanniques.

C'est Jean- Yves MARIN qui a su, avec son équipe, solliciter les auteurs de commu­nications et mettre en place le programme de ce thème régional. Pour une grande part il est donc responsable, par ses efficaces compétences de coordinateur, de la réussite de ce Congrès. Au nom du Bureau, nous les en remercions.

Nos remerciements s'adressent également à A. ALDUC, D. DUFOURNIER, J. PILET-LEMIERE pour la visite du Centre de Recherches Archéologiques Médiévales, à C. PILET pour la conférence inaugurale et à C. LORREN pour la visite du site de Mondeville.

Il nous est également agréable de remercier Armand DESBAT, Christine BECKER, Philippe BET, Georges GIMARD et Colette LAROCHE qui ont, avec compé­tence et dévouement, assuré la direction et le bon déroulement des séances de travail; le Musée de Normandie, son Conservateur M. Jean-Jacques BERTAUX, ainsi que le Musée des Beaux-Arts et les personnels de l'un et de l'autre, pour avoir mis à notre dispOSition la salle de conférences, l'équipement audiovisuel et le matériel pour l'expo­sition de céramique; la Ville de Caen et le Conseil Général (représenté par Florence DELACAMPAGNE) pour l'aide financière; le Ministère de la Culture et de la Commu­nication, Direction du Patrimoine, Sous-Direction de l'Archéologie, pour une subvention accordée à ce Congrès de caractère international.

Comme chaque année, ces Actes sont l'aboutissement de la participation des auteurs qui acceptent de fournir un manuscrit peu de temps après le Congrès; on comprendra qu'en nous imposant une publication aussi rapide (six mois après le Con­grès), on ne peut éviter quelques imperfections (auxquelles s'ajoutent, cette année, des problèmes d'enregistrement des discussions expliquant qu'elles ne sont pas toutes retranscrites).

Pour la réalisation concrète de l'ouvrage, la frappe est assurée par C.- NUGUES, et le brochage par A. et G. BET (Association Française d'Archéologie Métropolitaine); le reste bénéficie du large concours de Philippe BET et de Nicole ROHMANN.

Que tous soient vivement remerciés.

Le Président de la S.F.E.C.A.G

Lucien RIVET

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SOMMAIRE

THEME : LES CERAMIQUES GALLO-ROMAINES ET ROMANO-BRITANNI­QUES DANS LE NORD-OUEST DE L'EMPIRE: PLACE DE LA NORMANDIE ENTRE LE CONTINENT ET LES ILES BRITANNIQUES

Le choix d'un thème ...•........................................................ 11

Claude JIGAN La céramique de La Tène Finale dans la plaine de Caen ...................... 13

Dominique CLIQUET Un atelier de potiers du Ile s. dans la forêt d'Evreux (Eure) ................... 21

Daniel DUFOURNIER, Jean-Yves MARIN Une production d'amphores du Ile s. dans le Calvados ......................... 23

Robert B. BU RNS L'époque gallo-roma ine. Un nouveau chapitre de l'histoire de Guernesey . ... 29

Jason MONAGHAN Découvertes maritimes provenant du bai liage de Guernesey ............•..... 39

Claude JIGAN. Patrick HALBOUT La céramique d'Argonne décorée à la molette du IVeIVe s. en Normandie ... 45

Patrick DAVID. Patrick BLASZK IEWIC Z Estampilles sur céramique gallo-be lge en Normandie. 1er /Ile s. . ....... ,..... 51

Rob in P. SYMONDS Le problème des gobelets ovoïdes sablés . . .. . . . . . .. . . ... .. . . . ... . ... . . .. . .. . . . 69

Patrick BLASZKIEWICZ, Daniel DUFOURNIER Caractérisation et diffusion du "gobelet sac" en Normandie du milieu du 1er s. à la fin du Ile s. ........................................................... 75

J.-Robert PERRIN Introduction à l'industrie de la céramique d'époque romaine de la vallée inférieur e de la Nene. en Ang leterre ......•.......•......••..........•........ 81

Chr i st ian PILET La céramique britanno-romaine et anglo-saxonne découverte dans les nécro-poles bas-normandes .. .... . . .• . . . ••• . . ••••••. . . •. ...•. .•..... . .•..•.•....•..... 87

M ichael G. FULFORD La cér amique et les échanges commerciaux sur la Manche à l'époque r oma i-ne ..... .•... .... ....•. .••• • ..•.. •.... ............. ...... .............. ...... ..••• •. 95

E léments pour une synthèse sur les céramiques gallo-roma ines et romano­britanniques dans le nord:-ouest de l'Empire ...............•..•.••..•..••...... 107

THEME : ACTUALITE DES RECHERCHES CERAI'v11QUES EN GAULE

Bernard HOFMANN Relations entre études céramiques et histoire antique ........................ 113

François FICHET de CLAIRFONTAINE Un atelier de production de statuettes en terre blanche à Rennes: l'officine de la rue Saint-Louis et les productions de REXTVGENOS .. .. ............... 119

Margarita ORFILA PONS, Mercedes ROCA ROUMENS Sigillées importées (sud gauloise et italique) aux Baléares: problèmes de commercialisation et de di ffusion ............................................. 127

Maria Isabel FERNANDEl GARCIA Algunas observaciones sobre la segunda generacion de alfareros de Andujar (Jaén, Espagne) ................................................................. 131

Gabriel HARLA Y Projet de dictionnaire de terminologie descriptive et dénominative de la céramique (banque de données informatisées au format vidéotex) ............ 135

Philippe BET, Reine GANGLOFF Les installations de potiers de la l.A.C. de l'Enclos à Lezoux: 1er /IVe s •.... 145

. Armand D ESBA T Note sur la production d'amphores à Lyon au début de l'Empire . .....•....... 159

Christian VERNOU, Guy VIENNE Une nouvelle officine de potiers à Saintes (Charente-Maritime) ............. 167

Yves et Jacqueline RIGOIR, Lucien RIVET Cruches et pots en sigillée paléochrétienne .. ....... ........ . ; ................ 183

Liste des participants 208

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LES CERAMIQUES GALLO-ROMAINES ET ROMANO-BRITANNIQUES

DANS LE NORD-OUEST DE L'EMPIRE :

PLACE DE LA NORMANDIE ENTRE LE CONTINENT ET LES ILES BRITANNIQUES

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LE CHOIX D'UN THEME

Les chercheurs normands qui ont communiqué lors du congrès de Caen ont animé depuis 1983 un groupe de travail dans le cadre du Centre Archéologique de Normandie, association regroupant les archéologues professionnels de la Province. L'objectif de ce groupe était de réaliser un inventaire aussi exhaustif que possible de la céramique gallo-romaine conservée en Normandie et de faire un état des connaissances sur les centres de production régionaux antiques.

Caen, en effet, évoque d'abord pour l'archéologue des temps historiques le Centre de Recherches Archéologiques Médiévales de l'Université qui, depuis plus d'un quart de siècle, sous l'impulsion du doyen de Boüard, est considéré comme un centre pilote pour l'étude de l'époque médiévale. On sait moins que, parallèlement, quelques cher­cheurs ont maintenu un certain dynamisme à l'archéologie antique de la Normandie. Parmi ceux-là, il nous faut mentionner Michel Le Pesant, archiviste de l'Eure, qui, à ses moments de loisirs, a réalisé dans des conditions difficiles quantité de ce que nous appelons aujourd'hui des "sauvetages urgents". Son action porta sur la région d'Evreux mais également sur sa ville natale de Coutances. Les années 1970 furent marquées par l'énorme travail fourni par Dominique Halbout-Bertin dont la disparition prématurée nous priva d'importantes publications. Ses carnets de fouilles et le matériel recueilli sont aujourd'hui déposés au Musée de Normandie.

En regardant l'importance de ces deux apports, auxquels s'ajoute maintenant celui des nombreuses fouilles urbaines, on comprendra notre souhait exprimé, dès 1985, d'accueillir à Caen la S.F.E.C.A.G.

Les communications normandes ont été conçues suivant deux orientations: . soit des monographies sur une production locale (Céramique laténienne de la plaine

de Caen, atelier des Ventes en forêt d'Evreux, amphores du Calvados), . soit un point régional sur un type de céramique d'importation (Argonne à molette,

estampilles sur gallo-belge, gobelets "sac" de Bretagne insulaire). Certains d'entre nous gardaient dans leurs cartons que lques autres études bien

avancées mais il nous a paru plus utile d'étendre le thème à la céramique "romano­britannique" dont on pressent depuis quelques années l'importance sur le continent.

Répondant à l'invitation du "Study Group for Roman Pottery" animé par J.R. Per­rin et R.P. Symonds, nous avions pu, lors du congrès de Clacton-on-sea (avril 1987), mesurer le dynamisme de nos collègues d'outre-Manche et conforter les liens indispen­sables entre les deux associations. Forts de ce soutien, nous ne pouvions qu'espérer également une contribution des îles Anglo-Normandes si importantes pour les courants commerciaux antiques mais trop rarement représentées dans les congrès français.

Robert Burns et Jason Monaghan nous offrirent un panorama de leurs recherches dont la qualité fut unanimement reconnue parles congressistes. Enfin, Michael Fulford nous fit l'amitié de terminer brillamment la première journée par un exposé de synthè­se sur le commerce transmanche.

Le lecteur trouvera dans ces Actes des contributions de tailles inégales. En effet, quelques communications ont pu prendre place dans leur totalité, d'autres ne sont ici

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présentées que sous forme d'un résumé accompagné d'un renvoi vers une publication trop volumineuse pour ces Actes. Cependant, ce travail a été fait en commun et les douze communications du thème régional ont été écrites dans un souci d'harmonisation.

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Jean- Yves MARIN Vice-Président de la S.F.E.C.A.G.

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SFÉCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Claude JIGAN (*)

LA CERAMIQUE DE LA TENE FINALE DANS LA PLAINE DE CAEN

A la différence d'autres reglons, la Bretagne ou la Champagne, particulièrement · dynamiques pour l'étude de la civilisation laténienne, la Basse-Normandie se distingue par une quasi-absence de fouilles de sites de l'Age du Fer jusqu'au début des années 1980. Pour le moment, les publications les plus récentes demeurent celles des sites de Villers-sur-Mer (Caillaud et Lagnel, 1964) et de Baron-sur-Odon (Bertin, 1976). La dernière mise au point sur l'Age du Fer en Normandie date maintenant de plus de d ix ans (Verron, 1976).

Dans la plaine de Caen, allant de l'embouchure de l'Orne (Calvados) à Argentan (Orne), les sites gaulois fouillés depuis quelques années sont tous groupés dans une aire de moins de 20 km de côté. A Caen et à Saint-Contest, ce sont les circonstances (développement de l'urbanisation, travaux de voierie) qui auront justifié l'intervention des archéologues. Mais des fouilles ont été également menées dans le cadre de thèmes de recherche sur les périodes protohistorique et gallo-romaine (Baron-sur-Odon) ou le haut Moyen Age (Sannerville).

Les sites • Baron-sur-Odon, lieu-dit: "Le Mesnil de Baron". La fouille du sanctuaire de hauteur (1er s. av. J.-C. - 1er s. de n.e~ a permis de dresser le plan d'un temple décagonal et a livré un matériel céramique assez abondant. Un article inédit (à paraître) de D. Ber­tin présentera la céramique recueillie lors de la fouille.

• Caen, quartier de la Folie-Couvrechef, rue des Acadiens, lieu-dit: "Le Chemin Fourchu". La ferme indigène, partiellement fouillée, comporte deux enclos imbriqués l'un dans l'autre. Le bâtiment central a été détruit par les travaux de terrassement. Les deux fossés de l'entrée ont été fouillés sur une longueur de 30 m (La Tène Finale).

• Saint-Contest, lieu-dit: "Le C los de Bitot". Le site a été occupé de la fin du Deu­xième Age du Fer au milieu du Ile s. de n.e. Un ensemble de quatre fours gaulois a été mis au jour dans une excavation longue de 12 m et creusée dans le sol argileux. Trois des fours avaient conservé une voûte pratiquement intacte. Pour le dernier, la voûte avait été arasée jusqu'à la sole. A plus de 700 m de la fouille, une villa a été détectée par photographie aérienne. • Sannerville, à l'est du chemin rural nO 12 dit: "Chemin Saulnier". La poursuite de la recherche de l'habitat en liaison avec la nécropole franque a été l'occasion de mettre au jour des fonds de cabanes et des fossés (La Tène Finale).

Terminologie et classement En vue d'une étude exhaustive des lots de céramiques présentés ici, il paraît sou­

haitable de cerner d'emblée quelques problèmes. Tout d'abord, aucune typologie régionale n'est utilisable. Il nous semble abusif d'user d'un vocabulaire trop évocateur: jattes, bols, coupes, gobelets ... Alors que l'on ignore tout de la destination usuelle ou culinaire de la plupart des céramiques.

Nous préférons retenir un vocabulaire morphologique indispensable au descriptif

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succint et précis des céramiques. Celles-ci sont donc classées e n trois catégories qui accueillent les formes hautes (ouvertes ou fermées), les formes basses (ouvertes) et les formes intermédiaires (ouvertes ou fermées). Ces critères de hase perr,lettent d'élaborer un premier classement faisant abstract ion de term es trop précis.

Les céramiques qui ne sont conservées que partiellement posent un problème assez difficile à résoudre. Pour certaines, il sera cert ainement envisageable de les rattacher à une catégorie, à un type, avec ce que ce la comporte de risques. Dans la plupart des cas, elles ne pourront figurer que dans des tableaux de comptage.

Le but de notre étude à paraître sera de proposer une typologie prenant en compte les familles, les types et les sous-types de formes.

Pâte et technique

Les céramiques sont très fréquemment grossières, mal cuites, avec une pâte comportant des éléments non plastiques constitués de fragments de coquillages, des moules. Ce type de pâte est majoritairement représenté sur les sites de Caen et de Saint-Contest. Enfin, nous nlavons aucun exemple montrant l'utilisation du dégraissant siliceux, formé par des particules de sable.

Les céramiques non tournées (F ig.l, n08; Fig.3, n023, par exemple) coexistent avec celles tournées (Fig.2, n015 et 17; Fig.3, n026) et celles montées au tour lent.

Les formes Les formes hautes ouvertes sont nombreuses (F ig. 1, nO 1 à 4, n09 et 10; F ig.2, nO 13

et 14; Fig.3, n024, n029 à 31). On peut rattacher à cette catégorie des vases dont la forme nlest que partiellement connue (Fig.2, n012; Fig.3, n021 et 22).

Une famille est constituée par les vases à anses et à lèvre sortante, rentrante ou droite (Fig.2, n012 à 14; Fig.3, n021 et 22). Les vases à légère carène et à lèvre droite ou sortante forment une autre famille (Fig. l, nOl à 4; Fig.3, n024). La dernière famille comprend les vases à lèvre rentrante (Fig.l, n09 et 10; Fig.3, n029). Le n029 est excep­tionnel pour le traitement de la paroi et de la lèvre. Deux formes n'existent qulen un seul exemplaire (F ig. 2, n018; Fig.3, n031).

Nous nlavons qulune seule forme haute fermée (Fig.2, n019). Ce vase présente un renflement de la panse aux deux tiers de la hauteur. La lèvre est sortante, la panse et la base du col portant des cannelures.

Les formes basses ouvertes définissent également plusieurs familles (Fig.l, n05 à 8, 11; Fig.2, n016 et 20; Fig.3, n023, 25 et 28). Le n027 (Fig.3) est rattaché à cette catégorie. Nous effectuons les regroupements suivants: • Lèvre rentrante ou dans le prolongement de la paroi (Fig.1, n08; Fig.3, n023); • Lèvre droite (Fig.l, n06 et 7); • Lèvre sortante (Fig.1, n05; Fig.3, n025); • Lèvre dans le prolongement de la paroi (Fig.2, n020; Fig.3, n028).

Cette classification rapide contribue à faciliter les regroupements de formes. On constate la rareté des formes hautes fermées. Les formes à profil tronconique sont majoritairement représentées. Clest volontairement que nous avons exclu les nO 15 et 17 (Fig.2) et 26 (Fig.3) car très manifestement ces céramiques ne sont pas des produc­tions locales.

Les anses Les anses se rattachent au type à renforcement de la paroi. Ces anses sont réali­

sées en pinçant une partie de l'épaulement du vase et se caractérisent par un léger renflement interne, parfois difficilement discernable. On connaît des cartes de réparti­tion des sites sur lesquels ont été trouvées ces anses en Angleterre et dans l'ouest de la France (Wheeler et Richardson, 1957; Avery, 1973). En Armorique, on en a trouvé dans des souterrains-refuges (G iot, 1976). En Basse-Normandie, les exemplaires pro­viennent de Caen (Fig.2,no12 à 14), de Saint-Contest (Fig.3, n021 et 22). Celle de Baron-sur-Odon nie st pas montrée ici.

Ce type d'anse est caractéristique de la fin du Deuxième Age du Fer sur les deux

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Figure 1 - Céramique de La Tène Finale; 1 à 11 : Caen.

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Figure 2 - Céramique de La Tène Finale; 12 à 20 : Caen.

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Figure 3 - Céramique de La Tène Finale; 21 à 28 : Saint-Contest; 29 : Baron-sur-Odon; 30 et 31 : Sannerville.

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rives de la Manche occidentale.

Les perforations Elles sont pratiquées so it avant cuisson, so it après. P lus ieurs hypothèses ont été

proposées. On sait qu'elles sont parfois en rel ation avec une réparation du vase (G iot, 1968). Le plus souvent, elles ont pu servir à la f ixation cI'un couvercle léger, "en cuir, toile ou vannerie" (Giot, 1968). Cependant, il n'en existe aucune preuve matérielle . Cette hypothèse ne considère que les perforations fa ites près du col (Fig. l, n04 et 9). Lorsqu'elles sont situées près du fond (Fig.l, nO 1 0) ou à mi-hauteur (Fig.3, 24) leur fonct ion reste à définir. A moins qu'i l ne fa ille envisager un système analogue à celui du couvercle, mais plus "enveloppant".

Les sites de Caen et de Saint-Contest on t fou rni cie nombreux exemples de perfora­tions de la paroi des vases.

Les décors Le catalogue des décors np comporte aucune originalité. Les décors sont soit

frustes, sommaires et rares (Caen et Saint-Contest), soit de meilleure facture (Baron­sur-Odon et Sannervi Ile) . • Le décor au brunissoir. Il peut être composé de chevrons (Fig.4, n033 et 34), d'une combinaison de lignes verticales et horizontales (Fig.4, n032), de lignes parallèles avec une croix (Fig.4, n036) ou sans (Fig . 3, n026), d'un décor "en vannerie" (Fig.4, n035 et 37) ou en associat ion avec le décor estampé (Fig.4, n03a). • Le décor en impression ou digité. Il affecte la lèvre du vase (Fig.3, n030) ou l'épaule­ment (Fig.4, n039). • Le décor au peigne. Obtenu par balayage de la paroi du vase (Fig. 3, n029 et 30).

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Figure 4 - Céramique de La Tène Finale; 32 à 42 : Baron-sur-Odon; 43 à 46 : Sanner­vi Ile.

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• Le décor excisé. C'est un décor lancéolé, en forme de "grains de hlé" (Fig.4, n040). • Le décor incisé. Essentiellement livré par le site de Sannerville (Fig.4, n043 à 46). Le site de Villers-sur-Mer a également donné ce type de décor. • Les lignes concentriques peuvent être rattachées au décor incisé. Elles sont réalisées au moyen d'un morceau de bois ou d'os (Fig.1, n09; Fig.2, n020; Fig.3, n027 et 28). Les sites de Caen et de Saint-Contest ont livré de nombreux exemples de lignes concentri­ques. • Les cannelures (Fig.1, nOlO et 11; Fig.3, n029) sont toujours situées sur la lèvre. • Les stries de tournage (Fig.4, n04 1 et 42) sont à la fois des éléments décoratifs et de préhension.

Conclusion

Dans la plaine de Caen, la céramique de la fin du Deuxième Age du Fer possède des caractéristiques peu originales, qu'il s'agisse des formes et des décors, très limités en nombre et en variété. Selon toute vraisemblance, les productions sont d'origine locale, hormis quelques très rares exemples. Rappelons qu'aucun atelier de potier laténie n n'a été découvert à ce jour dans notre région. Tous les éléments comparatifs sont à rechercher en priorité en Armorique.

NOTE

(*) Musée de Normandie, Caen.

BIBLIOG RAPHIE

Avery, 1973 - M. AVERY, British La Tène decorated pottery: an out line, Etudes Celtiques, vol.XIII, fasc.2, fig.10.

Caillaud et Lagrel, 1964 - R. CAILLAUD et E. LAGNEL, Une station de La Tène Finale à Villers-sur-Mer (Calvados),Annales de Normandie, n02, Juin, p.83-102.

Bertin, 1976 - D. BERTI N, Le sanctuaire celto-romain du Mesnil de Baron-sur-Odon (Calvados), Gallia, t.XXXV, fasc.1, p.75-88.

Giot, 1968 - P.-R. GIOT, C.-T. LE ROUX, Y. ONNËE,Le souterrain de Bellevue en Plouégat-Moysan (Finistère) - Céramique armoricaine de l'Age du Fer. Travaux du Laboratoire d'Anthropologie Préhistorique 1967-1968, Faculté des Sciences, Rennes, 38 pet 63 pl.

Giot, 1976 - P.-R. GIOT, C.-T. LE ROUX, Y. LECERF, J. LECORNEC, Souterrains armoricains de l'Age du Fer. Travaux du Labo­ratoire "Anthropologie-Préhistoire-Protohi stoire-Quaternaires Armoricains", Université de Rennes, Rennes, 130 p.

VerTon, 1976 - G. VERRON, Les civilisations de l'Age du Fer en Normandie, dans La Préhistoire Française, t.lI, C.N.R.S., Paris, p.802-815.

Wheeler et Richardson, 1957 - Sir M. WHEELER et K. RICHARDSON, Hill Forts of Northern France, Oxford, p.60, fig.12.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Dominique CLIQUET (*)

UN ATELIER DE POTIERS DU Ile SIECLE DANS LA FORET D'EVREUX (EURE)

Clest en 1957 que M. Le Pesant, alors Directeur des Archives Départementales de l'Eure, découvrit une officine de potiers sur la commune des Ventes, au lieu-dit "Les Mares Jumelles".

Cette étude concerne le matériel céramique recueilli par M. Le Pesant au cour s des foui Iles qu'il dirigea jusqulen 1961 (Le Pesant, 1956 A et B, 1958, 1961).

Dès le début du XIXe s. de nombreux témoins d'une occupation romaine avaient été observés à proximité immédiate de ce site (Stabenrath de, 1833). Dans la région même, un important réseau routier (Baudot, 1932), trois théâtres et de nombreuses villae sont là pour témoigner du développement de grands centres urbains et d'une forte dens ité de peuplement à l'époque romaine. L'officine de pot iers installée à proximité immédiate de la voie routière allant de Condé-sur-Iton (Condate) à Evreux (Mediolanum) et de la voie fluviale constituée des parties navigables de l'Iton, disposait d'un marché local important qu'elle pouvait inonder de ses produits •

Le mobilier céramique

Le mobilier céram ique recueilli par M. Le Pesant recouvrait les vestiges de trois fours: deux circula ires et un rectangulaire, tous les trois à tirage vert ical et sole suspendue.

Ce mobilier est essentiellement composé de cruches, de marmites tripodes et de mortiers. • les cruches, de tailles variées, ont été fabriquées sur le même modèle: panse ovoïde, pied annulaire, ouverture en forme de goulot . A de rares exceptions près, elles nlont qulune anse. Celles-ci sont plates et le plus souvent cannelées sur leur face externe, • les marmites tripodes ont toutes la même forme mais leurs tailles sont très variées, • les mortiers font l'originalité du site: en effet environ un mortier sur c inq présente une marque estampillée. Six signatures ont été relevées: IANUARIS, PAPA, PIXTI­T AL, C RESC EN TIUS, C.I.C ., MARC ELLIN US. Hormis l'estampille, rien ne permet de distinguer ces mortiers les uns des autres.

Les prem ières analyses ch imi ques réal isées au laboratoire de céramologie du C. R.A.M. montrent qu'il n'existe aucune différence entre les pâtes de ces trois types de récipients.

Datation

La morphologie des cruches et des mortiers correspond bien à ce que l'on connaît par ailleurs des productions de ces types au Ile s. (Carmelez, 1980, 1981, 1982; Hems­ley, 1959; Santrot, 1979; Sénéchal, 1975).

Le matériel associé (une sigillée de Lezoux, un sesterce de Trajan, un décor cérami-que représentant soit un Mithra soit un dadophore) ains i que les mesures archéomagné­tiques effectuées sur l'un des fours confirment en les recoupant les données chronolo­giques établies à partir des paramètres morphologiques.

Le mobilier céramique étudié daterait donc probablement de la seconde moitié du Ile s.

21

S'il s'avère que les structures observées et décrites pa r M. de Stabenrath d'une part, les fours et le matériel céramique original découverts par M. Le Pesant d'autre part, appartiennent à un même contexte archéologique, il ne fait aucun doute que le site des Mares-Jumelles constituerait alors, pour le Ile s., l'un des gisements majeurs de l'artisanat céramique en Haute-Normandie. De ce point de vue la présente étude ne fait que précéder aux recherches qui ne manqueront pas d'être prochainement poursuivies sur le terrain et en laboratoire.

NOT E S

(.) Musée d' Evreux. Ce résumé préliminaire sera suivi d'une publication détaillée dans la Revue Archéologique de l'Ouest, n05, 1988.

BIBLIOGRAPHIE

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Daniel DUFOURNIER Jean-Yves MARIN

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

UNE PRODUCTION D'AMPHORES DU Ile SIECLE DANS LE CALVADOS

1. Identification et choix des échantillons destinés à l'analyse

La production de céramique en Normandie à l'époque gallo-romaine est fort mal connue. Peu d'ateliers ont été fouillés, encore que très partiellement (1). Parallèle­ment, le développement des fouilles d'habitat à la fin des années 1970, en milieu urbain notamment, permet d'avoir un aperçu des principales productions régionales.

Ainsi, sans en connaître précisément les lieux de production, plusieurs séries impor­tantes ont pu être isolées et présumées normandes. Ce sont le plus souvent des cérami­ques usuelles qui ne présentent guère d'originalités morphologiques. Seules les ampho­res qui font l'objet de cette communication ont des caractéristiques suffisamment singulières pour pouvoir être reconnues immédiatement. En effet, si le profil général de cette amphore est proche de la gauloise 1, sa lèvre est aplanie et marquée de trois sillons concentriques. Ce caractère original fut d'abord observé au cours d'un inventai­re des amphores de Basse-Normandie réalisé par Elisabeth Deniaux (2). On y trouve deux lèvres à trois rainures (Coutances nO 11 et Lisieux nOS). Prudemment, l'auteur les classa dans la catégorie des amphores pouvant avoir été fabriquées en Gaule.

Depuis, lors des fouilles du vicus gallo-romain de Caen (3), de nombreux fragments de lèvres à trois rainures, d'amphores mais également de cruches, ont été découverts. Il en fut de même dans les fouilles des thermes publics de Lisieux (4).

A partir de ces constatations, nous nous sommes attachés à isoler les exemplaires présentant ces caractéristiques dans tous les dépôts de fouilles et musées des cinq départements normands. Cette enquête a également été menée, mais de manière moins systématique, dans les départements limitrophes.

Les résultats de ce collectage sont les suivants: Dans un triangle formé par les villes de Bayeux, Falaise et Lisieux, on rencontre

ces amphores sur la quasi totalité des sites gallo-romains. Plus on s'éloigne de ce tr ian­gle, plus les fragments deviennent rares. Rouen et Evreux, où les quantités de cérami­ques recueillies sont considérables, n'ont fourni respectivement qu'un et deux éléments pouvant appartenir à cette série; Coutances: une lèvre complète; Cherbourg: un petit tesson résiduel; Illeville-sur-Monfort (Eure) et Colombier (Orne): quelques tessons qui présentent des caractères voisins mais que nous avons choisi d'analyser afin d'éten­dre nos références. Nous n'avons connaissance d'aucun exemplaire découvert hors de Normandie.

C'est à partir de cet ensemble morphologiquement cohérent que nous avons effec­tué la sélection d'une série d'échantillons afin de procéder à leur analyse chimique. Au nombre de quarante-sept, ils proviennent de onze sites (Fig.1) et comprennent toutes les variantes de lèvres à trois sillons (parfois seulement deux sillons) apparte­nant aussi bien à des cruches qu'à des amphores. Quatre échanti lions d'un autre type d'amphore, plus proche de la gauloise 4 et surtout représenté à Lisieux, ont aussi été analysés car leur pâte présentait à l'œil des similitudes avec les précédentes.

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2. Résultat des analyses Quatre grands groupes de pâtes de compositions nettement différenciées ont pu

être mis en évidence. Ils se décomposent de la manière suivante (Fig.2).

Groupes de composition Si02 AL203 Fe203 Ti02 CaO MgO Na20 K20 MnO P205 (P . F. )

G 1 n = 37 67,70 13,30 5,70 0,96 10,0 0,75 0,21 2,75 0,05 0,60 (4,65)

E • T 1,65 0,70 0,30 0,03 1,7 0,40 0,04 0,15 0,01 0,30 1,50

G 2 n = 1 75,75 14,75 3,90 1,02 0,75 0,70 0,25 2,10 0,013 0,80 (l, 75)

G 3 Evreux 1 75,35 16,00 5,10 l,10 0,45 0,40 0,25 1,15 0,020 0,10 (l, 25)

Evreux 2 67,10 23,80 5,90 1,25 0,45 0,45 0,17 0,85 0,035 0,05 (3,25)

Illevi Ile 74,40 18,50 3,20 1,45 0,30 0,55 0,15 1,35 0,030 0,05 (l,OO)

G 4 n = 4 64,85 17,25 8,10 0,93 3,30 l,20 0,20 3,15 0,095 0,95 (3,65 )

E • T 0,80 0,20 0,75 0, 01 0,95 0,10 0,03 0,15 0,035 0,45 1,55

Figure 2 - Compositions chimiques (tableau résumé) . E. T = écart type; n = nombre d'échantillons

• Le groupe 1 est de beaucoup le plus important puisqu'il comprend trente-neuf échan­tillons. On y trouve: -dix-huit spécimens de Caen (anses, fonds et lèvres d'amphores et de cruches), - seize exemplaires de Lisieux, même si deux d'entre eux se distinguent légèrement des autres par des nuances de composition qui pourraient correspondre à un traitement particulier de la même matière argileuse (?).

Bayeux, Baron-sur-Odon, Jort, Vieux et Cherbourg appartiennent également à ce groupe.

Les résultats ont été confrontés avec ceux d'analyses antérieures concernant les gisements d'argile du Calvados et d'autres ensembles céramiques. Il apparaît qu'un type de cruches (Fig.3, n09) fort répandu en Normandie centrale a la même composi­tion chimique et aurait très probablement la même origine de fabrication. Ce centre aurait donc produit des amphores G 1 et G4 ainsi que des cruches.

Etant donné le nombre d'échantillons concordants de ce groupe, il paraît nécessaire d'esquisser les principales caractéristiques morphologiques de la G 1 : le diamètre de sa lèvre est à peine supérieur au diamètre du fond; la lèvre forme un bourrelet qui déborde largement; son sommet est aplani et creusé de deux ou plus généralement trois sillons; l'anse est au contact de la lèvre; elle présente une ou deux cannelures; la couleur de la pâte varie du brun au rouge suivant la cuisson.

Il n'existe aucune trace d'estampillage ni de mode de fermeture. Globalement, on distingue deux modules. Le diamètre de la lèvre et celui de l'ouverture varient respec­tivement de 160 à 175 mm et de 105 à 120 mm pour le petit module, de 185 à 210 mm et de 125 à 150 mm pour le grand.

Nous traiterons plus succintement des trois autres groupes qui ne comportent en effet qu'un très petit nombre d'échantillons.

• Le groupe 2 n'est constitué que d'un seul échantillon. C'est une lèvre complète morphologiquement identique aux précédentes et découverte fortuitement à Coutan­ces. Aucun élément ne permet de présumer de son origine de fabrication. Rappelons cependant que Coutances est un port du sud-ouest de la Normandie et que le peu de céramiques recueillies dans cette ville (5) s'apparente plus aux découvertes armoricai­nes.

• Le groupe 3 comprend trois échantillons: les deux exempla ires d'Evreux et celui d'IIleville-sur-Montfort . Ce dernier provient d'un site présumé de production découvert en prospection par F. Fichet de Clairfontaine. Sa composition est identique aux autres tessons découverts lors de cette prospection. Les deux échantillons d'Evreux sont très

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Figure 3 - 1. 2.4 .5.6. : profils de lèvres d'amphore gauloise 1, appartenant au premier groupe. 3.: profil de lèvre d'amphore gauloise IV, appartenant au premier groupe. 7 et 8 : profils de fonds d'amphore gau loise 1 appartenant au premier groupe. 9. : profil de cruche, non rainurée, appartenant au premier groupe. 10 et 11 : profils de cruches à trois rainures appa rtenant au premier groupe. 12. : profil de l'amphore de Coutance, seule dans le groupe 2.

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1:

proches des productions de l'atelier des Ventes (cf. supra). Il est donc fort probable que les trois échantillons appartiennent à des productions locales •

• Le groupe 4 se compose de quatre échantillons provenant de Colombiers (6), habitat gallo-romain précoce situé aux confins de l'Orne et de la Sarthe. Un cinquième échan­tillon diffère légèrement, bien que d'aspect et de morphologie identiques, par sa forte proportion de calcium. Là, comme dans le groupe 3, la lèvre à trois rainures n'est pas celle d'une amphore mais d'une forme ouverte haute. Peut-être s'agit-il d'une produc­tion locale mais le sud de la Normandie, excentré par rapport aux centres de recher­ches, est pour l'instant trop mal connu pour s'engager davantage.

Conclusion

Ce bref compte rendu de l'enquête et des analyses qui s'ensuivirent montre une fois de plus les limites des raisonnements fondés uniquement sur des arguments mor­phologiques. Le premier acquis est qu'en effet, malgré les données concordantes, il existe plusieurs productions distinctes. Toutefois, en l'état de la recherche, l'existence d'un centre de production bien localisé correspondant au groupe 1 est acquis. Ces productions apparaissent dans les sites d'habitat dans le dernier quart du 1er s. et durent tout au long du siècle suivant, sans qu'il nous soit encore possible de préciser leur disparition.

Sur les deux types d'amphores reconnues, il n'existe ni trace de fermeture ni trace visible de contenant. Aussi n'avons-nous pas d'élément tangible aidant à déterm iner leur formation.

On peut toutefois noter que, au cœur du triangle où l'on trouve un grand nombre de ces amphores, il existe un secteur d'argile calcaire (Argences) où les vignes ont laissé de nombreuses traces dans la toponymie et que Grégoire de Tours, dans l'Histoire des Francs, parle d'un évêque de Lisieux, Aetherius, qui, au Vie s., dirige les travaux des champs: "les labours mais aussi les vignes autour de la ville". Rien ne s'oppose donc à ce qu'un centre de production de vaisselle commune ait très vite étendu sa gamme de production aux amphores afin de répondre à une demande nouvelle. Mais ce n'est là qu'une hypothèse que seule la découverte de l'atelier pourra confirmer.

NOTES

(1) C. JIGAN. J.-Y. MARIN. "Inventaire des centres de productions de céramique gallo-romaine en Normandie". Annales de Nor­mandie. n04, 1987.

(2) E. DENIAUX, "Recherches sur les amphores antiques de 3asse-Normandie", Cahier des Annales de Normandie, 12 b., Caen. 1980.

(3) J.-Y. MARIN, "Un temple celto-romain à Caen ?". Recueil d'études offert en hommage au doyen Michel de Boüard, Annales de Normandie, numéro spécial, Caen, 1982. t.II, p.393-408.

(4) C. LEMAITRE, "Lisieux dans l'Antiquité", Art de Basse-Normandie, nO 89. 90, 91, p.12-29.

(5 ) M. LE PESANT, "Les origines antiques de Coutances", Revue du département de la Manche, t.V, fasc.17, p.6-37.

(6) H. GROS, T. CHURIN, "Colombier (Orne), fouille de sauvetage 1979", Société Historique et Archéologique de l'Orne, n04. décembre 1983. p.73-85.

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SFÉCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Robert B. BURNS (*)

L'EPOQUE GALLO-ROMAINE. UN NOUVEAU CHAPITRE DE L'HISTOIRE DE GUERNESEY

Au cours des dix dernières années on a assisté à une augmentation spectac~laire du nombre de sites découverts ou fouillés, de toutes les époques, dans le baillage de Guernesey. Peut-être que lèS plus inattendues de ces découvertes ont été celles du 1er au IVe s. ap. J.C. Une étude archéologique antérieure avait montré peu de matériel datant de cette époque et les chercheurs modernes, parmi lesquels Pauteur (K innes et Burns, 1981), n'avaient pas tenu compte d'une occupation significative au cours de cette période de Pexpansion romaine. Le site du Tranquesous, et en particulier le grand site de La Plaiderie, ont entièrement bouleversé les théories précédentes et, associés aux découvertes d'épaves, montrent que Guernesey était un lieu important pour les courants commerciaux entre la Gaule du nord-ouest et la Bretagne.

L'existence d'une voie commerciale, éprouvée et rentable qui incluait Guernesey, était déjà évidente pour PAge du Fer tardif. Une série de tombes de guerriers décou­verte au XIXe s. contenait de la céramique "cannelée" et "à sillons" ainsi que des céramiques graphitées. Les schémas de distribution montrent des routes passant par un axe Alet-Guernesey-Hengistbury.

En 1980, un grand site d'occupation daté du 1er s. av. J.C. a été découvert dans King'Road à St. Peter Port. Parmi les céramiques de production locale, il existe un lot de céramiques importées, gallo-romaines et romano-britanniques. Une sélect ion des découvertes du XIXe s. et d'échantillons de King's Road est illustrée dans les figu­res 3 et 4.

Un aspect intéressant du site de K ing'Road est qu'il y avait une réoccupation peu importante et de courte durée de cet endroit à la fin du Ile s. ap. J.C. Parmi les décou­vertes de cette période on a trouvé une forme complète de céramique sigillée Drag. 18, estampillée HONORATUS et fabriquée à Trèves à partir de 180 ap. J.C .

Les premières indications significatives d'une authentique influence gallo-romaine ont été trouvées sur le site du Tranquesous à St. Saviours, daté de la fin du 1er s. av. J.C. au 1er s. ap. J.C. (Burns, 1977). Cette grande ferme indigène contenait, parmi les céramiques locales, une quantité de céramiques importées reconnaissables, dont des cruches en Terra N igra, des amphores et un fragment de sigillée. L'impression qui émane de ces fouilles est que Pon a à faire à une population indigène rurale et pacifique ayant des rapports commerciaux sporadiques avec le grand site d'Alet.

En 1983, on a découvert le site, en front de mer, de La Plaiderie à St . Peter Port. Il y avait là de grands bâtiments de pierre avec des toits de tuile, des cours et des systèmes de drainage etc., montrant un site important et bien structuré. Les découver­tes comprennent des objets provenant de divers endroits du nord de Pempire romain, tel que du verre, de la céramique, des objets de bronze, des bagues, des monnaies et des moules à fausse monnaie etc. Cette grande quantité de mobilier est encore à Pétude et donc le rapport définitif n1est pas encore terminé.

Depuis cette époque, du mobilier gallo-romain a été récupéré sur plusieurs autres sites, à la fois sur terre et sur le bord de la mer.

Les auteurs de ce texte ont admis au Congrès de Caen que, pour eux, Pexpertise

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de la céramique de ce nouveau champ d'étude était limit ée à cause d'un manque de source antér ieure. C'est encore essentiellement le cas; en effet, de nombreuses attri­butions que l'on trouvera dans ce texte ont été faites par des collègues de ce Congrès. Les exemples illustrés ici sont présentés sous la forme d'un simple catalogue montrant une pet ite proport ion de l'échantillonnage comple t rencontré. Des conseils et des discussions supplémentaires avec des collègues se raie nt les bienvenus.

Céramique de La Tène Finale (Fig.3)

1 - Jarre ovoïde, surface externe légèrement lustrée de couleur tirant sur le marron. Petite lèvre sortante et quatre cordons sur la panse. Restes d'un cercle de fer à la base. Trouvée aux Issues, St . Sa vi ours en 1818 (Cette céramique a une structure poreu­se due à la calcite ou à base de dégraissant calcaire, caractér istique de la céramique de La Tène Finale de Guernesey). Actuellement nous avons lancé un programme d'étude approfondi sur des tessons sélectionnés pour savoir si ces céramiques sont gallo-romaines, romano-britanniques ou de production locale.

2 - Jarre ovoïde, pâte gris-brun au brunissoir, surface externe noire avec quatre cordons. Sa base est ornée do si x cannelures. Pâte poreuse. Trouvée à Catioroc, St. Saviour en 1845 .

3 - Jarre ovoïde avec base en piédestal, pâte brun-noi r avec une surface externe lissée au brun issoir; un cordon autour du col et sept cannelures sur la panse. Pâte poreuse.

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5 La Plaiderie 12 Boue Penney

6 Fort Le Marchant 13 Little Russell B

FIG.2 7 Fermain Bay 14 Petite Canoupe

Trouvée à la Hougue-au-Comte, Câtel, en 1885.

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4 - Jatte biconique, pâte brun-noir, surface externe noire, décorée en treillis pe igné, en graphite entre deux zones de cannelures. La Hougue-au-Comte.

5 - Pet ite jatte, pâte brun-noir avec un décor peigné géométrique sur la panse. Pâte poreuse. La Hougue-au-Comte. 6 - Petite jatte, pâte brun-noir avec trois cannelures sur la panse. La Hougue-au­Comte.

7 - Petite jatte, pâte sableuse brun-chocolat. Pâte poreuse. Tranquesous, St . Saviour, en 1976. .

8 - Fond à piédestal . Pâte gris-brun, un cordon juste au-dessus du fond. Pâte poreuse. Tranquesous.

Céramique de La Tène Finale et amphores Dressel lA (F ig.4) 9 - Jatte, pâte rosâtre, surface externe noire, avec deux cordons, céram ique graphi t ée. Trouvée à K ing's Road, St. Peter Port, 1981. 10 - Jatte, pâte gris-rose micacée, surface. brun-noir, une cannelure autour de l'épau­lement. Céramique graph itée. K ingls Road. 11 - Jatte, pâte sableuse gris-brun, surface externe extrêmement lustrée et deux

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Figure 4 - Guernesey - Céramique de La Tène Finale et amphores Dressel 1 A.

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cordons. Des céram iques semblables ont été trouvées dans la région du Mont-Saint­Michel. K ingls Road.

12 - Jatte, pâte brun-rose micacée, quelques bandes lustrées autour du bord, un cordon à Pépaulement. K ingls Road.

13 - Jatte, pâte gris-brun, surface extérieure gris-noir, décorée de cordons et de cannelures. Pâte poreuse. K ingls Raad.

14 - Jatte, pâte gris-brun, surface externe lustrée. Pâte poreuse. Kingls Raad.

15 - Jarre, pâte brun-gris, surface externe lustrée. Pâte poreuse. K ingls Raad.

16 - Jatte, pâte rose-brun, surface externe gris-brun. Céramique commune, avec des cordons très marqués. Pâte poreuse. K ingls Road.

17 - Petite jatte, pâte brun-orange, canne lures sur la panse. Pâte poreuse. K ingls Road.

18 - Jatte, pâte brun-chamois, surface externe légèrement lustrée. K ingls Road.

19 - Col dlamphore, pâte noire et brique. D R.l A. K ingls Road.

20 - Anse dlamphore, pâte rouge avec des traces dlengobe blanc sur sa surface externe. DR.l A. K ingls Road.

21 - Fond dlamphore, pâte rouge-orange. D R. l A. K ingls Road.

Céramique gallo-romaine (Fig •. 5)

22 - Urne, pâte sahleuse gris-brun (cette céramique contient des restes incinérés) . Fin du Ille s. Trouvée à La Plaiderie, St . Peter Port, 1985 .

23 - Petite bouteille à deux anses, pâte chamois pâle avec du dégraissant sableux (cette pâte est identique à la céramique qui est connue par les chercheurs britanniques comme IINormandy Gritty Ware ll qui était communément utilisée à la période médiéva­le). La Plaider ie . F in du Ille s.

24 - Gobelet, pâte rose chamois avec deux bandes de décor à la molette . Fin Ille s. La Plaiderie.

25 - Mortier, pâte grésée rose chamois, avec des grains de quartz gris à blanc. Une inscription après cuisson sur le bas, se lit: IIDIV.I .S. II (lNVICTUS SYLVANU?). Fin du Ille s. La Plaiderie.

(Pour 23, 24 et 25, des pièces identiques furent trouvées dans un petit four près dlune construction et peuvent être datées de façon contemporaine).

26 - Couvercle ou assiette très plate, pâte granuleuse brun-rouge, surface externe brun-noir, avec des dégraissants de gros grains de quartz blanc. Cest une céramique locale granuleuse qui nlest pas distinguable des autres céramiques datables de deux siècles plus tôt. Milieu Ile s. La Plaiderie.

27 - Oenochoé à bec trifolié, pâte rÇ>se chamois, avec une anse, quelques inclusions dIoxyde cfe fer . Ille s. La Plaiderie. Cette céramique a été trouvée en plusieurs exem­pla ires sur le site. Cest une forme similaire à Santrot 497/498 (Santrot et Santrot, 1979).

28 - Vase troncon ique, pâte gris-blanc avec un engobe gris argenté, une simple bande lustrée descendant en spirale vers le col . Ces céramiques sont communes sur le site. Ile s. La Plaiderie (Bayard, 1980).

29 - Petite jatte, pâte sonore gris sableuse avec un engobe savonneux gris-argenté. La Plaiderie. Cette céramique a été identifiée comme provenant de New-Forest/ Alice-Holt par Michael Fulford.

Céramique gallo-romaine (Fig.6)

30 - Jatte à collerette, pâte grise sableuse, avec un dégraissant noir sableux et un décor composé de fines lignes sous le rebord. Céramique fumigée . Trouvée à Fermain Bay. 31 - Jatte, pâte grise savonneuse, céramique fumigée. 1er s. Tranquesous.

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Figure 6 - Guernesey - Céramique gallo-romaine.

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32 - Jatte, pâte grise, céramique fumigée. 1er s. Tranquesous.

33 - Fond d'écumoire, pâte gris-blanc, surface externe lustrée noire. K ing's Road. Ille s.

34 - Mortier, pâte sableuse rouge-brique, une inscription après cuisson "VII" située sur le rebord. Trouvée en mer à la bouée Penney.

35 - Gobelet, pâte grise granuleuse, avec des inclusions blanches, le rebord est plat, décor ondulé. Trouvée à Cow Bay, St. Peter Port. Semblable à celles trouvées à Kéri­lien en Plouneventer (Pape, 1978).

36 - Jarre, pâte identique à la précédente, petits cordons sur le rebord et un décroche­ment intérieur pour un couvercle. Cow Bay.

37 - Gobelet, pâte gris-pâle, surface externe gris-noir, un rebord en corniche avec de profondes cannelures. Cow Bay. 38 - Jarre, pâte sableuse grise. Cow Bay.

39 - Jarre, pâte sableuse grise, un petit cordon sous le rebord. Cow Bay.

40 - Jatte, pâte sableuse grise, profil ondulé. Cow Bay. (Les numéros 35 à 40 ont été trouvés sur la plage de Cow Bay à marée basse. Des céramiques sigillées y furent aussi trouvées). Ces céramiques sont datables dans une fourchette de deux siècles. Cette céramique provient, presque à coup sûr, des bateaux utilisant le port à cette époque.

41 - Petite jatte à collerette. Céramique à l'éponge, pâte rose pâle avec quelques petites inclusions, engobe savonneux à l'éponge avec une couleur brun-rouge. Plusieurs exemplaires de ces pièces furent trouvés. La Plaiderie. 42 - Amphore "carotte", pâte brun chamois pâle, avec des inclusions de gros grains (3 à 4 mm) de quartz blanc, et quelques inclusions couleur ocre. Fermain Bay. 1er s. (Peacock et Williams, 1986).

43 - Statuette en terre blanche, un personnage masculin en tunique courte et tenant une patère. Cette figure est moulée à plat et représente un dieu Lare. Trouvée à Fort Le Marchant.

Toutes ces céramiques provenant de La Plaiderie ont été exammees à Caen et identifiées par des collègues comme venant de: Mayen (Eifel Keramik), Cologne, Cherbourg (Black Burnished micacée), Picardie, Trèves, New Forest, Black Burnished 1 du Dorset, E. Ware.

La seule estampille de potier sur le site est identifiée "MATERNIANUS", de Lezoux et Westerndorf, Ile s. (B. Hofmann) (Oswald et Price, 1920).

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(*) By R.B. BURNS - Guernsey Museum and A.G. BURNS. Traduction de Marie-France MARGERIE.

Les contributions de R.B. BURNS et J. MONAGHAN ont été conçues en étroite collaboration; les illustrations et la bibliogra­phie (celle-ci étant placée à la fin de celle de J. Monaghan) sont donc communes.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen , 1987

Jason MONAGHAN (*)

DECOUVERTES MARITIMES PROVENANT DU BAILLAGE DE GUERNESEY

Depuis les dix dernières années, on se rend de plus en plus compte du nombre cons idérable de sites archéologiques sous-mar ins autour de l'île de Guernesey. Le Guernsey Maritime Trust fait en ce moment des recherches sur plusieurs sites d'épo­que romaine qui ont été repérés par le plongeur local Richard Keen.

L'épave de la jetée de St. Peter Port ( (Fig.2.1 0, cf. article de R.B. Burns supra)

La découverte la pl us spectacula ire est celle d'un caboteur gallo-romain entre les piliers de la jetée du port . Mesurant 25 m de long, il est daté par des monnaies légèrement postéri eures à 280 après J .-C. Ceci doit être publié d'ici peu par Rule et Monaghan. Un choix de céramiques associées à cette épave est présenté dans les figures 7 et 8.

- 54 - amphore de couleur jaune paille avec des restes d'engobe couleur crème. Une Dressel 30 (Peacock et Williams 38), d'or igine a lgérienne, transportait peut -être de l'huile d'olive. Ce récipient est très brûlé et couvert de poix fondue. L'épaulement du vase comporte un graffito avec les lettres "PPC XXX" (130), bien que la moitié du dernier caractère soit manquante. Un deuxième récipient de type identique a un graffito sur le col avec les lettres "XXXXVIII" (48).

- 44 - Un des deux mortiers à collerette en "céramique à l'éponge". Jaune pâle avec un engobe marbré brun clair. La pâte a parfois des inclusions de quartz et des cristaux parsemés d'hématite ainsi que des fragments d'argi le cuits (Raimbaul, 1973, type VI; Watermann, 1947, 171,1; Frere, 1982, 191; Galliou, 1977, 20, 9).

- 46 - Une des trois cruches grises, dégraissée avec quelques cristaux de quartz blanc et opaque. Ils contiennent quelques granules de quartz, de silex, d'argile cuite et d'un minéral noir non identifié. Ces céramiques ont sans doute la même origine que le n044.

- 45 - Rebord de Black Burnished 1 du Dorset. Décor en treillis peigné. Datation 250-400. Le fond de cette pièce a également été trouvé.

- 47 - Fond de Black Burnished 1 du Dorset, décor de lignes se recoupant. Le fond est également décoré. Semblable à la forme Gillam 228 (310-370) et peut-être Gillam 227 (260-320). Des fragments de deux céramiques similaires ont été trouvés sur le site Le Picle, Jersey (Fin laison, 1928).

- 48 - Céramique à collerette gris-noir, pâte légèrement dégraissée avec des cristaux très fins de quartz, m ica et magnétite.

- 50 - Mortier gris avec de grosses inclusions de quartz, le noyau gris-clair indique que la surface externe a été dégradée par son utilisation. Dégraissée par des cr istaux à base de granules de quartz (blanc et opaque). Le grès est exempt de tout grain .

St. Peter Port Harbour (Fig.2.9)

En dehors de la céramique trouvée à bord du navire, une grande variété de céram i­ques Romano-bri t ann ique et Gallo-roma ine a été retrouvée sur le fond du port, parti­culièrement dans la région nommée Cow Bay; elles comprennent une céramique sigill ée Drag.31 de la Gaule de l'Est, da t able de la deuxième moitié du Ile s. et une assiette

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en sigillée (forme Drag.17) provenant de la Gaule Centrale, datable du milieu Ile s. jusqu'au début du Ille s. Une amphore (Dressel 20) contenant de l'huile d'olive, datable de la fin du 1er s. jusqu'au milieu du Ile s. (Peacock et Williams 38) et une anse de Dressel 20 avec une estampille illisible.

- 49 - Tesson de panse avec un décor à la roulette, des inclusions fines de cristaux de quartz, des inclusions de cristaux parsemés de magnétite, d'argile cuite et des grains de sable noirs. Apparemment semblable à la production d'Argonne de la fin Ile et Ille s. Peut-être une céramique du 1er s. provenant de la Saintonge. La similitude de pâte avec le n051 nous suggère que ces deux sources peuvent être d'une provenance incon­nue d'ateliers copistes de formes gauloises très populaires de la fin du 1er et du Ile s. Pour comparaison voir Santrot et Sant rot 133, datation 70-80.

- 51 - Col de vase tronconique. Sans doute une production du Ile s. de Grey Ware de la Gaule du Nord. La surface externe est grise avec des cannelures gris argenté et lustrées autour du col. La pâte est identique au n049, origine de Picardie-Artois, et est normalement trouvée dans ces régions et égaiement dans le sud-est de l'Angleter­re. Cette céramique est peut-être une copie locâle puisqu'elle n'est pas engobée (R i chardson et Tyers, 1984).

- 56 - Mortier gris, des grains de quartz dispersés (comme dégraissant) avec de la magnétite et de l'oxyde de fer magnétique. Le grès est dépourvu de toute granu le de quart z.

- 57 - Jatte non tournée avec décor au cordon, couleur gris brun-clair, avec une pâte grise. "Grog Tempered" avec des cristaux éparpillés de quartz et de l'oxyde de fer magnétique, datable de l'Age du Fer. Semblable à la forme 116 de Santrot et Santrot, datation 15-40.

L'épave du Petit Russel "A" (Fig.2.11)

Un groupe principalement constitué d'amphores complètes, avec la possibilité qu'elles soient posées sous la vase, peut-être en corrélation avec une épave de bateau. Le site se trouve sous 12 m d'eau à marée basse, à quelque 200 m au large du port.

- 53 - Une des six amphores hispaniques de type Beltran liB, Panella LVIII (Peacock et Williams 19). Datable de la période Tibéro-C laudienne jusqu'au milieu du Ile s. et qui servait éventuellement à transporter du poisson.

L'épave du Petit Russel "B" (Fig.2.13)

Un ensemble de rebords d'amphores éparpi lié, des clous, des anses, des anses et tessons trouvés à la suite de différents chalutages dans le nord du Petit Russel par D. Jehan et R. Hamon. La position exacte du site est incertaine, mais elle est placée à moins de 40 m de profondeur.

- 55 - Un rebord d'amphore de forme Williams et Peacock 15, daté du milieu 1er s. jusqu'au milieu Ille s. Il y a des restes de concrétions marines sur le col et des traces de résine à la base. Cette céramique vient de Bétique et transportait le Defrutum. - 52 - Col d'amphore avec des cannelures sur le rebord de type Peacock et Williams 55. Datable du milieu Ile s. jusqu'au milieu Ille s. Cette céramique est sans doute origi­naire de Normandie.

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(*l Guernsey Maritime Trust. Traduction: Marie-France MARGERIE.

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Claude JIGAN Patrick HALBOUT

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

LA CERAMIQUE D'ARGONNE DECOREE A LA MOLETTE DES IVe-Ve siècles EN NORMANDIE

Si l'on compare la Normandie aux autres reglons du nord-ouest de la France, Bretagne et Nord-Picardie, à partir des études sur la céramique d'Argonne décorée à la molette des IVe-Ve s., la région normande paraît bien vide. En effet, les travaux de P.H. Mitard et L. Langouet (Mitard, 1974; Langouet, 1974 et 1977) pour la Bretagne, l'article de J. Gricourt (Gricourt, 1950) et surtout l'importante étude de D. Piton et D. Bayard (Piton et Bayard, 1977) pour le Nord-Picardie n'ont pas d'équivalent en Normandie pour laquelle il n'existait jusqu'à présent que quelques tessons signalés par G. Chenet (Chenet, 1941) et une vingtaine de tessons provenant de Lisieux, étudiés par P.H. Mitard (Mitard, 1968). La présente étude en cours vise à combler ce manque.

Actuellement (en Mai 1987), pour les cinq départements de la Normandie, Manche, Orne, Calvados, Seine-Maritime, Eure, nous avons collecté, mais cette collecte n'est pas tout à fait terminée, 542 tessons décorés à la molette. Ceux-ci proviennent des musées, mais surtout (plus de quatre cents tessons) des fouilles récentes. Sur 542 molettes, 41 n'étaient ni classables ni identifiables, ce qui nous laisse pour étude 501 tessons.

Ces tessons proviennent de trente-deux sites différents (cf. carte), dont les princi­paux sont: Rouen (184 tessons), Bayeux (110), Evreux (63), Elbeuf (24), Lisieux (23), Cherbourg (20). Ces sites ont donc fourni 424 tessons sur 542. .

Mais ces chiffres sont peu significatifs car ils sont tributaires de l'état des recher­ches. Ainsi, on ne connaissait début Mai 1987 à Bayeux que neuf tessons ••• De même le fait que Cherbourg, qui est un castrum au Bas-Empire n'ait fourni que 20 tessons, alors qu'à Elbeuf sur le site d'une villa 24 ont été découverts, est assez éclairant. Enfin il faut signaler la vacuité presque complète du département de l'Orne où un seul tesson a été ramassé à Valframbert.

Les tessons proviennent dans leur quaSi-totalité de formes Chenet 320. Seules une Chenet 330, une Chenet 326 et cinq Chenet 313 ont été reconnues.

Sur les 501 tessons retenus, ont été identifiées: - 145 molettes molettes publiées par Chenet et Unverzagt. L'atelier d'origine est connu pour 53 molettes: Les Allieux (20), Chatel (13), Lavoye (8), Vauquois (5), Aubréville (3), Avocourt (2), Pont-des-quatre enfants (2). Notons que les pourcentages sont comparables pour le nord-ouest où les ateliers les mieux représentés sont Les Allieux, Chatel et Lavoye; - 2 molettes inédites de l'Yonne (Nicolle, 1962); - 18 molettes inédites du Nord-Picardie (Piton et Bayard, 1977); - 4 molettes épigraphes, dont 3 Chenet 238 signées CONCOR (provenance: Evreux, Arnières, Rouen), et une signée AL LN OFF. Cette molette ALLINUS OFF est la deu­xième connue après celle de Kervennec en Pont-Croix (Galliou, 1974); - 4 molettes à motifs chrétiens, Chenet 182, 183, 184 et 257. Ces quatre tessons ont été découverts, mais il serait hasardeux d'en tirer une conclusion, à proximité immé­diate de la cathédrale de Rouen;

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- 70 molettes inédites, variantes et compléments de Chenet. La classification et les datations associées proposées par Hubener (Hubener, 1968)

posent de nombreux problèmes et s'avèrent de ce fait peu utilisables. Cependant nous avons malgré tout classé les molettes normandes selon les groupes d'Hubener, car cela permet de situer visuellement leur décor. Rappelons les caractéristiques graphiques des groupes: G1 oves, G2 petits carrés, G3 barres obliques seules, G4 barres horizonta­les et verticales, G5 croix pointées, G6 six points et plus, G7 "géométrie compliquée", G8 motifs chrétiens.

Sur 501 molettes, trois n'ont pas été classées: Chenet 155, 253 (rinceaux) et 153 (croisillons continus). Les 498 restantes ont été classées de façon extensive par rapport au choix de molettes d'Hubener. Les quantités par groupe sont les suivantes: G1 : 44, G2 : 91, G3 : 77, G4 : 66, G5 : 108, G6 : 45, G7 : 63, G8 : 4. Il faut souligner que dès que l'on a une dizaine de molettes sur un même site, tous les groupes, sauf bien sûr le groupe 8, sont présents.

Diffusion

Si l'on met à part le département de l'Orne trop peu fouillé et trop peu prospecté, l'on s'aperçoit que la céramique d'Argonne décorée à la molette des IVe_ye s. a été largement diffusée. En effet on la trouve non seulement dans les villes du Bas-Empire mais aussi sur les sites ruraux. En fait la moindre villa occupée à cette époque livre des tessons de cette céramique.

Cette diffusion apparaît très différente de celle de la céramique moulée provenant d'Argonne aux Ile_Ille s. Ainsi, si cette céramique moulée est relativement abondante à Rouen au cours de cette période, elle est presque inexistante en Basse-Normandie.

La diffusion de la céramique d'Argonne des Iye-ye s. souligne, à notre avis, l'impor­tance considérable de l'axe fluvial de la Seine. La céramique pouvait partir d'Argonne par l'Aisne et l'Oise d'une part, par la Marne d'autre part, continuer par la Seine et se trouver diffusée par cabotage le long des côtes jusqu'en Armorique.

La diffusion vers l'Angleterre pose un problème intéressant, car certains ont voulu voir dans la faible quantité de céramique décorée à la molette découverte en Bretagne romaine, un effet de l'insécurité de la navigation dans la Manche. Si tel était le cas, il faudrait que l'activité des pirates ait été singulièrement sélective. En effet l'on a mis au jour en Normandie, sur les sites occupés aux Iye_ye s. une quantité relative­ment importante de "Black Burnished pottery" importée d'Angleterre. Nous insistons sur le fait que cette céramique est découverte constamment associée à la céramique d'Argonne décorée à la molette. Tout ceci signifie que le trafic trans-Manche ne fonc­tionnait peut-être pas si mal au moins pendant certaines périodes. Il est possible de trouver d'autres explications à cette rareté de l'Argonne des Iye_ye s. en Angleterre: - La rareté, liée aux découvertes, pourrait être plus apparente que réelle; - Les potiers argonnais n'ont pas réussi dans ce pays à s'implanter commercialement.

Nous n'avons pas tenté de calculer la moyenne annuelle des importations (Langouet, 1977; Piton et Bayard, 1977) non seulement parce que les datations proposées par Hubener posent problème, mais aussi à cause du peu de signification des quantités découvertes (cf. ci-dessus le cas de Bayeux). Même si ces deux raisons n'existaient pas, nous n'aurions pas utilisé cette méthode, car le type de classement et les datations d'Hubener impliquent nécessairement le tracé d'une courbe "en cloche", quel que soit le site. Ce type de courbe, dans la mesure où elle reflète le début, l'extension, le maximum de la production puis le déclin vaut pour de nombreux produits manufacturés et nous apporte donc assez peu de renseignements.

Datation

La grande majorité des tessons provient de fouilles récentes dont certaines ne sont pas terminées. Pour plusieurs sites les datations précises sont en train d'être établies et il semble prématuré de traiter globalement ce problème. Cependant nous pouvons avancer quelques éléments en ce qui concerne l'origine chronologique de cette céramique. Sans entrer dans les polémiques sur la date de début de fabrication, nous dirons seulement que sur les chantiers de Rouen, mais aussi sur le site de Fontaine-

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Etoupefour, la céramique d'Argonne décorée à la molette du IVe s. est toujours asso­ciée à des monnaies dont les plus anciennes ont été frappées par Constantin. Cette céramique a pu apparaître avant 320, mais il faut ajouter que sur les mêmes sites les niveaux datés de la fin du Ille s. n'en contiennent pas.

En ce qui concerne la fin de la fabrication, nous possédons trop peu d'informations pour en parler. Cependant nous estimons que l'hypothèse d'un arrêt brutal des ateliers d'Argonne au début du Ve s. est peut-être un peu trop catastrophiste et qu'elle devrait être mesurée.

En guise de conclusion, il faut souligner qu'il est difficile, pour l'instant, de tirer des conclusions historiques de l'étude de cette céramique. Cette difficulté est due non seulement au fait que l'on délaisse facilement les formes lisses lorsque l'on étudie les tessons décorés à la molette, mais aussi à une quantité encore trop faible d'infor­mations sur la diffusion et sur les lieux de production.

Nous souhaitons donc que se développent à la fois une fructueuse collaboration entre chercheurs, déjà bien entamée, il faut le dire, et des recherches sur les centres de product ion d'Argonne.

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Nicolle 1962 - J. NICOLLE, La céramique d'Argonne décorée à la molette dans le département de l'Yonne, Gallia, XX, fasc.2, 1962, p.380-392.

Nicolle 1965 - J. NICOLLE, Céramique d'Argonne du Iye siècle au Musée de Compiègne (Oise), Gallia, XXIII, fasc .2, 1965, p.245-249.

Ossel 1985 - P. YAN OSSEL, Céramiques de la fin du Iye siècle et du ye siècle en Gaule Belgique, S.F.E.C.A.G., Actes du Congrès de Reims, 1985, p.63-69.

Piton 1977 - D. PITON, D. BA YARD, La sigillée d'Argonne décorée à la molette dans le Nord-Ouest de la France, Cahiers ArChéo­logiques de Picardie, 4,1977, p.221-275.

Robert 1969 - C. ROBERT, La terre sigillée argonnaise décorée à la molette de la Roche à Lomme, Dourbes (Belgique), Gallia, XXYII, fas.l, 1969, p.135-147.

Schweitzer 1977 - R. SCHWEITZER, Contribution à l'étude de la céramique du Bas-Empire, Bulletin du Musée Historique de Mul­house, 84, 1977, p.65-76.

Wautelet 1977 - Y. WAUTELET, L'important problème de la "pseudo-sigillée" dans la province de Namur; Pro Antiqua, 7, 1977, p.1-64.

'f. 'f.

'f.

DISCUSSION

Président de séance: H. VERTET

Hugues VERTET : Le prOblème des importations d'Argonne apparaît comme tout nouveau et, effectivement, la densité des découvertes dépend de l'existence des cher­cheurs. Pour la chronologie, on peut se demander si la fin des importations en Norman­die correspond à la fin de la fabrication en Argonne.

Bernard HOFMANN : Je crois que les productions de sigillées ornées à la molette d'Argonne ont commencé avant 320. D'abord parce que nous trouvons en Argonne de la sigillée non ornée datée entre 280 et 320, d'une qualité identique à celle des vases ornés à la molette. Ensuite, parce que le commerce de ces vases outre-Manche n'a pas pu se faire pour des raisons politiques.

Patrick HALBOUT: Pour ce qui est des origines, j'ai dit que je ne voulais pas entrer dans la polémique; je dis simplement qu'en ce qui concerne Rouen, par exemple, on n'a pas de couche de la fin du IIIe s. contenant de l'Argonne; on commence à en avoir avec des niveaux du IVe s. Ce qui est intéressant, c'est que les niveaux du IVe s. se caractérisent par un type de mobilier très précis: monnaies de Constantin, Argonne décorée à la molette, Black Burnished et des déchets de tabletterie en bois de cervi­dés.

Didier BAYARD: Cette étude montre qu'en Normandie il y avait un~ diffusion de cette céramique aussi importante qu'ailleurs; cela comble un peu les laq.mes qui exis­taient entre le Nord et le Centre de la France et la Bretagne. D'autre part, j'espère que la publication sera faite par ensembles de manière à pouvoir travailler sur la chronologie; car on n'avancera dans la chronologie que par des ensembl~s clos, en ne s'appuyant pas uniquement sur les monnaies (on sait ce que donnent les monnaies pour le début du IVe s . ... ). J'ai remarqué qu'à Rouen il y avait des proportions assez impor­tantes de groupes 5 ou 6 qui me paraissent anormales, contrairement à d'autres sites

49

qui sont pUbliés ou en cours d'étude. Pour la fin de production, je suis satisfait que l'on ait trouvé à Row;m des molettes chrétiennes car je pense que c'est dans la logique des choses.

Patrick HALBOUT: En ce qui concerne les molettes étudiées en Normandie, c'est · vrai que c'est le lot le plus important que l'on ait étudié depuis Chenet. Je ne sais plus combien tu en avais: 410? 409? Le problème que l'on a pour la datation est qu'il est souvent difficile, dans les couches du IVe s., de faire des ca lages stratigraphiques vraiment précis: les couches sont peu épaisses et difficilement différenciables, même sur des fouilles récentes bien dirigées. Quant à la proportion anormale des groupes 5 et 6, je pense que cela s'explique pour Rouen par la fonction de port.

Didier BAYARD: Je disais que cette proportion anormale était due, à mon avis, à une diffusion plus importante à cette période-là, sur le site, sur ce quartier de Rouen et pas forcément sur Rouen en général. Pour d'autres villes, on a quelques beaux en­sembles qui vont pouvoir faire avancer les choses: il y a un ensemble assez important à Arras, en cours de fouilles, et qui devrait éclaircir la période entre 350 et 380, et un autre ensemble fouillé à Sens qui pourrait éclaircir les années autour de 400. Le problème est qu'il faut multiplier les exemples pour arriver à des résultats fiables.

Paul VAN OSSEL : Je voudrais simplement faire part des résultats des travaux d'un collègue allemand qui, l'an passé, a présenté à Coblence une communication dans laquelle il est revenu sur les problèmes de datation des différentes molettes sur sigillée d'Argonne; il a assez bien modifié toute la chronologie de Hubener. Je prendrai quel­ques exemples: pour le fameux groupe 4, on constate que les molettes sont très tardi­ves, c'est-à-dire de l'extrême fin du IVe s. et du Ve s.; pour le groupe 2, les molettes sont extrêmement fréquentes pendant toute l'époque Valentinienne, ce qui prolonge, bien entendu, la datation; pour le groupe 5, il semble que ces molettes soient parfaite­ment atypiques pour le IVe s.; quant aux molettes du groupe 7, elles datent, pour une bonne part, de la première moitié du IVe s. (et non pas de la fin du IVe s.). n y a donc beaucoup de transformations en cours et je crois qu'il faut porter notre attention sur les travaux de nos collègues allemands.

Une question enfin: je voudrais savoir s'il y a des éléments de datation pour les molettes chrétiennes trouvées à Rouen.

Patrick HALBOUT: L'une d'elles a été trouvée dans une fosse, sans élément de data­tion complémentaire; les trois autres ont été trouvées en fouille mais cette dernière est en cours et l'exploitation reste à faire et on devrait avoir la chance d'avoir quelque chose de précis.

En ce qui concerne la classification de Hubener, je l'ai conservée par commodité de présentation; mais je suis ravi d'apprendre les modifications. n est bien évident que je ne m'appuierai pas dessus pour dater quoi que ce soit surtout que l'on a des datations qui contredisent cette classification.

JI. JI.

JI.

50

f

Patrick DAVID (*) Patrick BLASK IEVIC Z (*)

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

ESTAMPILLES SUR CERAMIQUE GALLO-BELGE EN NORMANDIE - 1er_Ile s.

Fonctionnement et méthode

Cette étude porte sur un total de 123 estampilles sur des céramiques provenant de la Gaule Belgique. Toutes ces estampilles ont été découvertes sur des sites nor­mands. Ce lot se divise en trois types connus et admis dans les divers tré!vaux céramo­logiques: la Terra Rubra, la Terra N igra, la Gallo-Belge.

Nous avons éliminé les numéros d'inventaire beaucoup trop disparates, voire man­quants, pour redonner à chaque estampille un code interne à cette étude, cette méthode ayant l'avantage de situer géographiquement l'estampille et de mémoriser son type.

Figure 1 - Sites de provenance.

51

Le code s'organise de la manière suivante: • Les deux premières lettres indiquent le lieu de découverte. Bayeux = Ba.; Caen = Ca.; Caudebec-lès-Elbeuf = Ce.; Colleville = Co.; Coutances = Ct.; Cracouville = Cr.; Evreux = Ev.; Harfleur = Ha.; Lisieux = Li.; Louviers = Lo.; Oissel = Oi.; Pîtres = Pi.;

~ ~ @ogDàD ~ [fi!:tfFJ ~~vl1~1 Ca Cl Ba Bl Ev B8 Li Cl Ev Al Ha Bl

~ W aŒt. ~hl QCf) (@rrc?) rzMu 03~ Co Al Co A2 ct Al Ev B25 Ev B26 Ev A2

[@!ID ~ fÎ',1ri s,,~ Wij) @41@ rt!!! Ca B3 Ev B10 Ct Bl Ev B2 Cr B2 Ev B9

~ ~ ~ ~ ~m~ Ev B19 Ev Bn Ev B36 Ba Al Ev B22 Ev B3

~ ~ QïA(\@) m~ ~ m Ev B7 Ev B22 Ev B14 Ev B15 Ev B13 Ce B3

Cl~~ë@ff) Œ))~Q§> ~ ®§i ~ ~ Pi Bl Ve Cl Ev B6 Ca B2 Ev B23 Cr B2

~ @@@ ~ ~ ~ ~ Ev B3l Co A4 Sm Cl Ct A2 Ev B18

Ev C2

~ ~ ~ ~ ~ (W

Ev B35 Ev B12 Co A3 Ha Cl Cr Bl Ca Bl

~}jJï~ ~ Ev B20 Ev B17

Figure 2 - Estampi Iles de la catégorie 1 (échelle 1/1).

52

(

r:

ROIJen = Ro.; Saint-Martin-de-Boscherville = Sm.; Le Vieil-Evreux = Ve • • Une troisième lettre ind ique le type céramique. a = Terra Rubra; b = Terra Nigra; c = Gallo-Belge. .

A la suite d'une première · lecture, nous avons décidé de décomposer cette étUde en trois catégor ies qui ouvrènt des possibilités nouvelles de classification.

Les différentes catégories La catégorie 1. (CI)

Il s'agit là de l'estampille nominative. Le nom du potier est lu, la notion patrony­mique est détectée. L'estampille traduit en clair par des lettres une signature abrégée, ligaturée ou rétrograde, laquelle renvoie à une ou des correspondances signifiées par des sites ou des ateliers connus.

Il nous paraît difficile de dire si ces marques servent à des comptages OÛ s'il ne s'agit que d'une conscience artistique déterminant ce geste (Goudineau, 1970).

La catégorie Il. (C II) Dans un premier temps; elle est similaire à la catégorie 1, mais le décriptage

n'amène aucune correspondance connue. De plus elle englobe les estampilles dont le lettrage confus ou estompé empêche tous travaux. Enfin, elle contient lés estampilles à l'état fragmentaire.

L'intérêt de cette catégor ie est qu'elle est évolutive; en effet, toutes ces estampilles sont par essence destinées à appartenir à la catégorie 1. Mais l'objet céramique, d'utili­té usuelle, nous livre ses limites et nous ne pouvons que nous y tenir. Seuls, d'autres travaux, d'autres découvertes nous apporteront une meilleure connaissance de la catégorie Il.

~ Ha Al

rJBj

Ha C2

(@7 qt) Sm Al Ca Al

~ Ev B4l

~ ~ Ro B2

~ Ev B16

~ Ev B4

@oj)

Ev B24

Figure 3 - EstampiHes de la catégor ie Il (échelle 1/1)

,?,>®® Ev B 24

La catégorie III. (C III) Nous rejetons le terme anépigraphe pour cette catégori e, beaucoup trop réducteur

à notre goût. Nous voulons y voir un aspect moderne de l'estamp ille traduit par des formes géométriques qui se substituent à l'identité du potier, cel ui-ci fabriquant un

~OM. ~ \&!@? ~ ~ (~g~J Ca C2 Ev Bl Ev B23 Ev Bll Ro Bl Ha C3

il ~ - ~ ~) Ce Bl Ce Cl Ce B2 Ce BS Oi Bl

Figure 4 - Estampilles de la ca tégor ie III (échelle 1/1)

53

graphisme ésotérique. Nous pensons qu'il peut s'agir d'une des premières formes de "logotype" tel que nous le connaissons dans la société actuelle.

En effet, pensons aux sigillées arétines et à leurs signatures "in planta pedis", signa­tures qui furent sans doute émises non seulement par conscience artistique mais également par un simple effet de la concurrence de potiers copiant ces estampilles arétines d'où le changement de forme brusque de ces signatures. Il s'agissait là d'un simple problème de "label", de "licence" pour reprendre la terminologie actuelle (Goudineau, 1970).

Nous précisons que certaines lectures de la catégorie Il sont probables ma is, dans un désir de décriptage maximum, nous nous exposons à l'erreur.

Nous avons choisi de présenter cette étude à l'aide de tableaux synthétiques, ceux-ci ayant l'avantage d'une lecture rapide et préc ise. Les colonnes concernant les sites de référence sont déterminantes pour l'ensemble de cette étude bien qu'elles n'apparaissent que dans le tableau de la catégorie 1. Elles disparaissent dans les autres tableaux pour la simple raison que les catégories Il et III sont une tentative de regrou­pement défini précédemment.

T A BLE A U 1

Terra Rubra Terra Migra Ga 11 a-Be l ge Total

Cl C2 C3 Cl C2 C3 Cl C2 C3

Bayeux 1 1 2

Caen 1 1 3 1 1 7 Coutances 2 1 1 4 Lisieux 1 1 Caudebec-lès-Elbeuf 1 1 3 1 1 1 8

Coll evi 11 e 4 4 Harfleur 1 1 1 1 1 5

Rouen 3 1 1* 4 2 1 2 1 14 St-Martin-de-Boscher-vi 11 e 1 1 2

Cracouville 3 3

Evreux 4 26 26 4 1 6 1 68

Louviers 1 1 Oissel 1 1 2

P îtres 1 1

Le Vieil-Evreux 1 1

(*) pompéien 1 -----

Les sites de référence

Les quatre sites de référence d'origine militaire intimement liés à l'expansion et à la défense de l'Empire ont été choisis pour la rigueur des fouilles, la fiabilité de la chronologie proposée, la similitude des formes céramiques, ce qui nous assure des garanties maximales pour l'étude comparative du matériel étudié.

Camulodunum-Colthester (CA) : site d'époque augustéenne qui a eu des relations antérieurement à l'occupation romaine avec la Gaule Belgique d'où une chronologie de référence pour les estampilles gallo-belges. En 49, la ville devient une colonie de vétérans (Hawkes/Hull, 1947).

Haltern (HA) : le site sans doute le plus important pour les datations des estampilles gallo-belges. L'occupation commençant avec Drusus en 15 avant et étant abandonné

54

(

en 10 de n.e. lors de la défaite de Varus (Loeschke, 1909). Hofheim (HO) : Fort implanté sur le limes (40-S1) (Ritterling, 1913). Nimègues (NI) : Fort et camp militaires implantés sur le limes (S-10S) (Holwerda,

1941).

Les ateliers de référence

Le choix de ces quatre ateliers s'inscrit dans la logique du choix des sites. Il s'est avéré évident que nous ne pouvions affirmer nos recherches qu'au moyen d'une étude similaire des sites de référence (voir les notes 1 à 18 p.203 dans Camulodunum) (Hawkes/hull, 1947), ce qui renforce, si besoin était, la similitude de notr'ê matériel.

Courmelois (C O) : Atelier de la Vallée de la Vesle (Lacroix/ Jorssens, 1 !:)33). Kobern und Karden (ko) : Ateliers annexes de Trèves (Steinhausen, 1936). Sept-Saulx (55) : Atelier dont l'exploitation est datée de la quatrième décennie du

1er s. (Fromols, 1939). Vertault (VE) : Très important dépôt de poteries estampillées au nom gaulois, ceci

attestant l'existence d'un centre de production en territoire lingon (Loriniy, 1923).

Tableau comparatif de la catégorie 1

Le tableau de cette catégorie se décompose comme suit: le numéro d'inventaire de l'étude (explicité dans l'introduction); le nom des potiers par ordre alphabétique; le type céramique; les sites de référence; les ateliers de référence; puis l'emplacement de l'estampille (CEN = centrale; CIR = circulaire; RAD = radiale; REC = rectangulai­re); la dernière colonne servant de référence complémentaire pour des sites hors référence.

T A BLE A U 2

A B C D E F .. . .. ... _ ... _- --=-a b c CA HA HO NI CO KO SS VE CEN CIR RAD REC

f--- ... -.--.. f- _ .... ......... - .... - .. _- -_._._ .. _--_ .. -- t--- -----.---.-... ._----------.

Ca Cl ACUTOS 0 0 0 0 0 0 0

Ba B1 ANDECOS 0 0 0 0 0 0

Ev B8 AISIA 0 0 0 0

Li Cl A.Q.T. 0 0 0 0 0

Ev A3 ARENDETU 0 0 0 0

Ev A4 ARENDETU 0 0 0 0

Ro A3 ARENDETU 0 0 0 0

Ev Al ATA 0 0 0 0 0 0

Ha B1 ATATU 0 0 0 0

Ro Cl (A)TITOS 0 0 0 0 0 0 0

Co Al ATTA 0 0 0 0 0 0 0 0

Co A2 ATTA 0 0 0 0 0 0 0 0

Ct Al ATTA 0 0 0 0 0 0 0 0

Ev B25 ATTA 0 0 0 0 0 0 0 0

Ev B26 ATTA 0 0 0 0 0 0 0 0

Lo B1 ATTA 0 0 0 0 0 0 0 0

Ev A2 ATTISSUS 0 0 0 0 0

Ca B3 ATON OS 0 0 0

Ev B10 ATECUNDUS 0 0 0 0 0 0 !

Ct B1 ASSINOS 0 0 0 0 0 0 0

Ev B2 ASSINOS 0

Ev B38 ASSINOS 0 0 0 0 0 0 0

Ev B27 BENTOS 0 0 0 0 0 0

Cr B2 BUSOS 0 0 0 0

Ev B9 CANICOS 0 0 0 0 0 0 0

Ev B19 CANICOS 0 0 0 0 0 0 0 - -- - ---_L-.--- . - --

55

T A BLE A U 2 (suite)

A B C D E F a b c CA HA HO NI CO KO SS VE CEN CIR RAD REC

Ev B21 CANICOS 0 0 0 0 0 0 0*

Ca A2 COSAVO 0 0 *

Ev B36 COSA AVOT 0 0*

Ce Cl DACOBITUS 0 0 0 0

Ba Al DURUCU AVAO 0 0 0 0

Ev B32 EXOBI N rus 0 0 0 0

Ev B3 GIAMOS 0 0 0 0

Ev B7 GIAMOS 0 0 0 0

Ev B22 IAPPUS 0 0 0 0 0

Ev B14 ILLOS 0 0 0 0 0 0 0

Ro Al ILLOS 0 0 0 0 0 0 0

Ev B15 INDUTIOS 0 0 0 0 0

Ev B13 IOVINO(S) 0 0 0 0

Ce B2 IULIO 0 0 0 0 0 0 0 0

Pi B1 IULLOS 0 0 0 0 0 0 0 0

Ve Cl ruLLOS 0 0 0 0 0 0 0 0

Ev B6 LICENUS 0 0 0 0

Ca B2 LICENUS 0 0 0 0

Ev B23 MA 0 0 0 0

Cr B3 MA 0 0 0 0

Ev C2 MAR 0 0 0 0 0

Ev B31 MED(D)ILLUS 0 0 0 0 0 0

Co A4 NI 0 0 0 0

Sm Cl N IOV. C 0 0 0 0

Oi B2 ONA 0 0 0 " Ct A2 OSCISO(S) 0 0 0 0

Ev B18 ROMA 0 0 0 0

Ev B35 SILVAI FECI 0 0 0

Ev B12 SOL LOS 0 0 0 0 0 0

Ro A2 SOL LOS 0 0 0 0 0 0

Co A3 TA 0 0 0 0

Ha Cl TATOE 0 0 0 0

Cr B1 TROXOS 0 0 0 0

Ca B1 VERILIAMOS 0 0 0 0

Ev B20 VISERO(S) 0 0 0 0

Ev B17 X.T.A. 0 0 ', 0 0

* Blicquy

Tableau des formes de la catégorie 1

Le tableau se décompose comme sl,lit : le numéro d'inventaire de l'étude; le nom du potier par ordre alphabétique; la forme haute. son équivalence; la forme basse. son équivalence éventuelle (le jeu d'équivalence provient du fait qu'il s'agit le plus souvent de termes et que les fours ne sont pas connus avec précision).

56

T A BLE A U 3

Nom du potier Code Forme

Equivalence Forme Equivalence haute basse

ACUTOS Ca Cl 0 ANDECO(S) Ba BI 0 AISIA Ev B8 0 A.Q.T. Li Cl 0 844 Ho 1 we rda

56 Hawks/Hull ATA Ev Al 0 783 Holwerda ATTA Co Al 0 ATTA Co A2 0 ATTA Ct Al 0 ATTA Ev B25 0 ATTA Ev B26 0 ATTISSUS Ev A2 0

1

ATONOS Ca B3 0 ATECUNDUS Ev BIO 0 ASSINOS Ct BI 0 ASSINOS Ev B2 0 ASSINOS Ev B38 0 BUSOS Cr B28 , 0 CANICOS Ev B9 0 CANICOS Ev B19 0 1017 Holwerda

Gose 283 CANICOS Ev B21 0 DURUCU AVOA Ba Al 0 755 Ho 1 werda EXOBINIUS Ev B32 0 GIAMOS Ev B3 0 GIAMOS Ev B32 0 IAPPUS Ev B22 0 ILLOS Ev B14 0 INDUTIOS Ev B15 0 IOVINO(S) Ev B13 0 IULLOS Pi BI ' ;l . 0 IULLOS Ve Cl 0 1247 Holwerda LICENUS Ev B6 th 0 LICENUS Ca B2 0 MA Ev B23 0 MA Cr B3 0 MAR Ev C2 0 1227 Holwerda

Gose 303 MED(D) ILLUS Ev B31 0 NI Co A4 0 OSCISO (S) Ct A2 0 ROMA Ev B18 0 SOL LOS Ev B12 0 TA Co A3 0 TROXOS Cr BI 0 VERILIAMOS Ca BI 0 VISERO(S) Ev B20 0 X. T.A. Ev B17 0 99 Ri tterl i ng

82 Holwerda IULIO Ce B3 0 Gose 300/302 DACOBITUS Ce C2 0 ONA Oi B2 0

57

1"

Cas particuliers et remarques sur les estampilles de la catégorie 1 ASSIN(N)OS (Ev 812) : Ligature du 111 11, du IIN" et du IIEII. Le IIA" final pouvant être

AVOT, les trois points remplaçant les trois lettres manquantes. BUSO FECIT (Cr B2) : La correspondance avec le n034 de Nimègue est certaine au

niveau phonétique, mais le 110" reliant le premier groupe de lettres IIBUSII "et le second groupe IIFEC' en forme de lacet amène à penser à un parti pris artistique flagrant. Il semble qu'il s'agisse d'une forme ancienne de catégorie l, celle de N imè­gue étant une abréviation plus fonctionnelle, presque de catégorie III.

C OSA AVOT (Ev B36) : Double cartouche ayant la première ligne rétrograde, le IIAII servant uniquement au final de l'un et au début de l'autre. Démarche artistique? Marque inédite. Un seul exemplaire connu à Blicquy.

CANICO (Ev B19) : Estampille radiale à droite. CANICO (Ev B9) : Estampille sur deux lignes (marque beaucoup plus rare). CANICO (Ev B2l) : Estampille radiale à gauche. GIAMO(S) (Ev B3 et Ev 87) : Ces deux estampilles sont inédites. A Nimègue il existe

bien un potier GIAMOS mais son cartouche est formé d'une seule ligne de lecture. Ici les deux estampilles sont sur deux lignes, Ev/B3 ayant la ligne inférieure rétro­grade se lisant TOVA en fait AVOT.

COSAVO (Ca A2) marque sur Terra Rubra: Terra Rubra de très belle facture possé­dant une particularité: deux cartouches centraux, un extérieur, l'autre intérieur formant une croix.

L1C EN US (Ev B6 et Ca B2) : Estampille connue à Camulodunum, uniquement en terre sigillée (La Graufesenque, 35-70) (pl.XIII, nO 1 05 à 107), les formes se rapprochent des Drag.24-25-27. La nOll0 est une forme Ritterling 8. La similitude du cartouche est parfaite, bien que nous ne disposions que d'estampilles incomplètes. Les Drag.24-25 trouvent leur concordance dans les formes 906 et 910 de Holwerda.

MAR (Ev C2) : Cartouche vertical (Je n099 de Nimègue est horizontal), chaque lettre étant rétrograde, la lecture se fait normalement de haut en bas.

05CI50(S) (Ct A2): Estampille centrale externe sur Terra Rubra de très belle facture. Il est certain qu'il s'agit d'une forme haute fermée, elle paraît être de petite taille à la vue des cercles concentriques serrés, dus à la rotation du tour servant à sa fabrication.

ROMA (Ev B18) : Estampille connue à Camulodunum comme étant une production locale, elle possède un revêtement à reflets marbrés.

A TON OS (Ca B3) : Estampille radiale et rétrograde, le A est manquant, le premier 0 n'est pas pointé, en revanche le dernier 0 est marqué d'un point contrairement à la marque présente à Camulodunum.

SILVAFECIT (Ev B35) : Estampille incomplète sur deux lignes; marque rare, fabriquée peut-être dans le centre de production de Trèves.

AISU (Ev B8) DURUCU AVAO (Ba Al) GIAMOS (Ev B3 et Ev 87) EXOBINIUS (Ev 832) MA (Cr B29 et Ev 823)

NI (Co A4) 05C1SO (Ct A2) ATA(EvA1) TA (Co A3) X.T.A. (Ev 817)

BUSOS (Cr/B/2) NIOV C (Sm/E/1)

sont connus uniquement à Nimègue et se décomposent comme suit: 8 Terra Nigra et 5 Terra Rubra dont 1 rétrograde (N 1) (Co A4).

ATONOS (Ca B3) VISERO(S) (Ev 820) LlCENUS (Ev B6 et Ca 82) VERILIAMOS (Co 81) TROXOS (Cr B1) ROMA (Ev B18) sont connus uniquement à Camulodunum et se décomposent comme suit: 7 Terra N igra dont 1 estampille circulaire (Cr B 1).

ATATV AV(O) T (Ha/b/1) : Estampille sur une ligne rétrograde, la première ligature étant A T,

la deuxième triple ligature TV, le final AVOT formé de 3 lettres dont seul le "AII

est dans la normalité. Le IIV" et le IITII se lisent verticalement par rapport au cartou-

58

che, le "T" étant calé à l'intérieur du "V". A Nimègue et à Camulodunum, estampilles simples et sans final, non ligaturées.

(A)TITIO(S)(Ro C 1) : Variante de TITIO(S) de Courmelois, le "Ali en plus.

Remarques sur quelques formes de catégorie 1

C ANIC O(S) (Ev B 19) : Nous connaissons sept formes différentes dont cinq à Nimègue: les n0783, 784, 813, 814, 815 et deux autres formes: Ha 80 et HO 103 à Haltern (Loeschke 80) et Holfheim (Ritterling 103). La forme estampillée Ev 819 que nous possédons ne correspond à aucune forme connue en référence. cartouche/céramique. Il y a une forme similaire de (Ev B 19) à l'atelier de Sept-Saulx: F 5318/F 5320 qui possède aussi deux lignes concentriques guillochées assez rares dans cet atelier. Il s'agirait d'une forme archaïque de ce potier.

IULLIOS (EvC 1) : La forme estampillée (EvC 1) que nous possédons est la Holwerda 1247. Ce potier est connu à Nimègue sur une forme 999 et sur des formes Ha 80 et Ho 103.

A.Q. T. (LiC 1) : La forme estampillée (LiC 1) que nous possédons est la n0844 Holwer­da. Ce potier est connu à Nimègue sur les formes 779-780 et sur des formes Ha 60 et Ho 103.

A TA (EvA 1) : La forme estampillée (EvA 1) que nous possédons est la ti° 783 de Hol­werda. Ce potier est connu par ailleurs, sur les formes 790 et 793 à Nimègue.

DU RUC AVAO (BaA 1) : La forme estampillée (BaA 1) que nous possédons est la n0755 qui se rapproche des formes 754 et 757 à Nimègue.

MAR (EvC2) : La forme estampillée (EvC2) que nous possédons est la n01227 de Hol­werda. Ce potier se rencontre sur des formes 829,831 et 1222 toujours à Nimègue.

Tableau de la catégorie Il Le tableau se décompose comme suit: le numéro d'inventaire de l'étude; la lecture

probable; le type céramique; l'emplacement de l'estampille; en dernier lieu, une obser­vation sur les formes (basse ou haute) avec, s'il y a lieu, une équivalence à des formes connues.

Cas particuliers de la catégorie Il

ARE.ENA (CaA 1) : Estampilles inédites circulaires sur Terra Rubra. DISC lUS AVOT ou DISOUS AVOT (RoB2) : Très belle fabrication à couverte métalles­

cente, sans doute la fin de production du type Terra Nigra. Peut être le DISETUS connu à Avocourt-Lavoye, ateliers fabriquant à partir de 120 de la céramique sigil­lée.

DUCOAE(F) (EvB4) : Estampille incisée, très lisible (matrice métallique?). INA(J) (EvC 1) : Estampille connOé à Vertault. ELlAOO (EvB24) : Estampille connue à Meaux. (Hofmann). MODESTO (EvB53) : Estampille connue à Vertault. ODXO FEC IT (EvB41) : Nous nous trouvons en présence d'un double cartouche rétro­

grade dont les deux lignes se trouvent en sens contraire de lecture l'une de l'autre. X.I.C. (EvB16) : Lecture probable, aucune équivalence connue. Lettres initialeséquiva­

lentes aux signatures sur amphores. X.I.C. (EvB28) : AO ou OA (Sm/ A/ 1) : Aspect de la pâte mat; peut-être le 190 de Camulodunum sous

une forme différente. Lettrage compartimenté. X.I.C. (E/b/65) : DIMAS ou DUT A (Ca/b/1) : si la lecture de l'estampille est bien DUT A, cette marque

serait rare, connue seulement à Trèves.

MAMERIUS (RoA4) : Très belle marque avec une ligature entre le "M" et le "Ali. Es­tampille inédite.

INANA FEC IT (RoC2) : Variante de la 271 de Holwerda, avec comme seule différence

59

T A BLE AU ' 4

Cade Lecture Type céramique Estampi 11 e

Fannes prabable a b c CEN CIR RAD ' REC

Ha Al AIMIAD I a a " a Ho lwerda 988 Sm Al A.O. 0 a 0

Ca Al ARE .• ENA 0 a Q 0 Holwerda 788 Rn B5 ATEULA 0 a

"

0

Ro C3 COSAVO 0 0 a Ce BI DIMAS ou DUTA a a a Basse Ro BI DISCIUS AVOT a 0 a Basse Ev B4 DUCOAE F. a a 0 Halwerda 1053/1055 Ev Cl INAC 0 0 0 Haute Ro C2 INANA FECI 0 a 0 Basse Ev B24 LILAOO 0 0 a Haute Ra A4 MANERIUS 0 a a Ev B53 MAROSI 0 0 a Basse

MODES TO Ha C2 N ••• 0 0 0 Ho l werda 1011 Ro B3 SALLOS 0 0 0

Ro B4 SR a a 0

R B6 ••• SR • •• a 0 0

Ev B41 ODXO FECIT a 0 a ' Halwerda 1065 Ev B16 X. 1. C. 0 a 0 Haute Ev B28 X.I.C. 0 0

Ct B2 non lue a a a Haute" Ev B5 non lue a 0 a Haute ,

Ev B37 non lue 0 0 ,a NI 1053 et 107.5 Ev C3 non lue a a 0 Basse Ev B39 nan lue 0 0 0 Basse Ev B40 non lue a a a Holwerda 1065 Ev B42 non lue a a 0 " 996 et 786; G6se 291-293 Ev B34 non lue 0 0 0 Basse Ev B43 nan lue 0 0 a Holwerda 1090 Ev C4 non lue 0 0 0 Ha l werda 1053 et 1057 Ev B46 non lue 0 0 0 Ba 'sse

;

Ev B47 non 1 ue 0 0 0 ' Basse

Ev B48 non lue 0 0 a B'asse

Ev C5 nan 1 ue 0 0 a Basse

Ev C6 non 1 ue b o· ' 0 Holwerda 1053 et 1057

Ev B51 non 1 ue 0 0 ' 0 ' Basse

Ev B52 non 1 ue 0 ' 0 " 0 Holwerda 1053 et 1057 ,

- . Ev B54 non 1 ue 0 0 o · Basse

Ev B55 non lue a 0 .' 0 Hàlwerda 1245

Ev B56 non 1 ue 0 a a Halwerda 1053 et 1057

Ev B29 non 1 ue 0 a 0 Basse ' .

Ev B30 nan 1 ue a 0 0 Ho1werda 1053 'et 1057

Ev B44 nan 1 ue 0 a 0 Basse

Ev ,B49 nan 1 ue 0 a a B,asse

Ev B50 nan 1 ue a ' .. Q " a Ba,sse

Ev C7 nan 1 ue 0 0 a CA 58 A

Ce BI non 1 ue ,a a a G6se 300/302

Ce B4 nan 1 ue a 0 0 G6se 300/302

Ce B5 nan 1 ue 0 a 0 G6se300~302

60

(

,

1

la barre initiale de départ et le final avec deux "Y Y".

~AVVOOT (RoC3) : Sans doute une variante inédite du n084 de Camulodunum, mais sur une double 1 igne.

SALI (RoB3) : Estampille inconnue, lettrage en gros caractères avec un petit "V" final, puis le "P' (pour Fecit) rétrograde.

ATEULA (RoB5) : Marque évoquant les estampilles d'Ateius, copie maladroite (!) mal­gré un lettrage très fin? peut-être que le final A final signifie AVOT.

EvB39 : Un "T" sans doute comme première lettre. EvB40 : Sûrement un final en Fecit. Le lettrage central semble être une combinaison

superposée de deux lettres CE un Dietrograde et un E. CtB2 : Estampille illisible, peut-être chàrnière avec la catégorie III. EvB5 : Le "0" est compris dans la deuxième branche du M. La première lettre est sûre-

ment un "F" pour Fecit. EvB46 : Estampille peut-être catégorie III, mais incomplète. , EvB49 : Estampille incomplète. Légère barre horizontale sous le "0" final bien marqué. EvB44 : Double cartouche central et rectangulaire. Aimiadi : Marque inédite proche de la forme 988 de Holwerda. EvB54 - EvB47 - EvC6 - EvB29 - EvB51 - EvC 3 - EvB42 - EvC 1 - EvB37 : Estampil­

les centrales rectangulaires dont l'état fragmentaire empêche toute lecture. EvB48 - EvB56 - EvB50 - EvB55 - EvB38 - EvB52 - EvC4 : Estampilles centrales rec­

tangulaires dont le lettrage est fortement érodé. L'estampille est entière pour: E/b/58 - E/b/55 - E/b/61.

Tableau de la catégorie III Le tableau se décompose comme suit: le numéro d'inventaire de l'étude; le type

céramique; l'emplacement de l'estampille sur la céramique; une éventuelle comparai­son avec d'autres sites.

T A BLE A U 5

Code Type cérami que Cartouche

COIIIparai son Divers a b c CEM CIR RAD REC

Oi Bi 0 0 0

Ca C2 0 0 0

Ev BI 0 0 0

Ev B11 0 0 0

Ro BI 0 0 0

Ev B33 0 0 Hawk- Hull surcuisson Ha C3 0 0 0 Holwerda 1255 et 1258 " Ev C8 0 0

Ro B4 0 0 0

Ce Cl 0 0 0 Gose 300/302 Ce B2 0 0 0 Gose 300/302

Cas particuliers de la catégorie III E/b/33 : Connue à Camulodunum. Estampille n0230 raliale. E/b/l - C/c/2 - E/b/ll : Trois fonds similaires avec pied annulaire. Estampille centra­

le rectangulaire face interne. Ha/c/3 : Estampille inédite formée de huit petits ronds visibles.

61

Les formes de la catégorie III

EvB33 : Forme basse. CaC2 - EvB1 - RoB1 : Formes hautes, 837 Holwerda. EvB 11 : Forme haute, 844 Holwerda.

Essai de synthèse entre les lieux de production et les lieux de destination

La vallée de la Vesle: situés au sud-est de Reims (10 km), les ateliers de la Vesle regroupent un ensemble de quatre ateliers principaux implantés près de la rivière, la Vesle, et d'un gros ruisseau, la Prosne. Ces ateliers sont: Thuisy, Courmelois, Sept­Saulx, Prunay. La diffusion de ce centre s'effectue par la Vesle jusqu'à Reims, vérita­ble plaque tournante du commerce romain pour cette région, puis par la Marne, jusqu'à Paris, ensuite par la Seine jusqu'à Rouen (entrepôts connus) (Halbaurt, 1982). De là deux possibilités, soit l'Angleterre, soit le cabotage (navicularij) permettant de rllvi:'" tailler les sites situés près des côtes ou possédant une situation facile d'accès par un cours d'eau. Il existe un autre parcours possible passant par Reims, Soissons et Amiens, puis la Somme véhiculant les marchandises vers Boulogne ou Port-Itium, ports ouverts sur la Manche.

Vertault: situé en Côte-d'Or près de Châtillon-sur-Seine, le parcours utilisé emprun­tait la Seine à Bar-sur-Seine, puis le parcours suit la Seine ou la Somme. En ce qui concerne le nord et l'est de l'Empire, il semhle que la Meuse soit le parcours logique avec un point d'embarquement dans la région de Neufchâteau. Tous ces transports étaient pris en charge par les Nautes qui assuraient la dispersion des produits vers les forts de légionnaires ou les villes.

Le phénomène d'éparpillement se trouve mis en évidence si l'on considère les pourcentages en fonction du site d'Evreux (représentant 56% de notre étude) qui ne reçoit que 16% de céramique provenant de Vertault alors que Colchester en reçoit 21 %. Le faible pourcentage (11 %) de Nimègue laisse à penser que ce site était un marché secondaire pour Vertault. A l'inverse, les ateliers de la Vesle sont logiquement plus actifs à Nimègue (19%), à Colchester (18%); Evreux (13%) restant un peu en retrait ceci pour diverses raisons au nombre desquelles l'emplacement et l'importance de ces ateliers. Il semblerait que les ateliers de la Vesle aient eu des relations privilé­giées avec l'Angleterre tout en ayant des rapports commerciaux avec le nord-est de l'Empire.

Il est à préciser qu'il faut manier ces chiffres avec prudence quand bien même ils confirmeraient nos hypothèses.

Cas particuliers de certains potiers

Plusieurs potiers inclus dans notre étude ont des patronymes qui se trouvent à la fois à la Vesle et à Vertault. S'agit-il des mêmes potiers, de potiers it inérants, d'une famille de potiers ou tout simplement de falsifications? Dans la mesure où les études actuelles ne nous renseignent guère, nous avons choisi de les utiliser dans le calcul des pourcentages au risque de les remettre en cause. Au sein de ce lot, il existe quel­ques estampilles que nous privilégions et que nous qualifions de basse diffusion:

LlCENUS: Deux exemplaires sur céramique Terra Nigra. S'agit-il du LlCENUS de La Graufesenque sur terre sigi lIée ou bien d'un homonyme ou bien même d'une contre­façon? En effet, un élément troublant réside dans le fait que le cartouche sur sigillée existe à Colchester et que les cartouches sur Terra Nigra sont indentiques, de même pour le lettrage.

DISCIIUS AVOT (inédite) sur Terra Nigra à couverte métallescente; il existe un atelier (Lavoye Avocourt) (Chenet-Gaudron, 1923) qui produisait de la terre sigillée et de la Terra Nigra. En outre il existait dans cet atelier un potier du nom de DISETUS (Che­net, datation: Ile s.), cette estampille étant datée du Ile s. (Halbout, 1982); pourrait-il y avoir corrélation entre ces deux éléments?

CANICOS (EvB19) : Estampille inédite dont le cartouche est relativement classique,

52

,

"

de même pour la forme, mais la référence estampille/forme inédite.

GIAMOS (EvB3) et (EvB7) : Estampilles inédites sur deux lignes; les nombreuses estam­pilles de Nimègue (seul autre site de référence pour ce potier) sont sur cartouche s im­ple.

COSA AVOT: que l'on retrouve à Blicquy sous la forme COSAVO; la lecture est sûrement C OSA(A)VO(T) : y a-t-il relation avec le potier C OSO ou C OSSO répertorié à Vertault? Autre marque sur fond de Terra Rubra (forme incomplète) dont l'estampille se lit C OSAVO sur la face interne bien marquée et sur la face externe, ces deux estampilles formant une croix.

Essai de chronologie comparative entre les ateliers de la Vesle .et le site de Vertault

L'atel ier de Thuisy serait le plus ancien (période Augusto- Tibérienne), produisant de la Terra Nigra et de la Terra Rubra. Quatre potiers ont été répertoriés pour cette officine: ATTA (Haltern, Trèves, Nimègue), BENIO (Trèves), ACUTOS (Haltern, Trèves, Nimègue) et NADNA (?).

L'atelier de Sept-Saulx (fin de la période tibérienne) produisant Terra N igra et Terra Rubra et comprenant les potiers A TT A, BEN 10, AC UTOS, NAD NA de Thuisy plus une nouvelle génération de potiers: C AN IC OS, N 10VO(S), MEDI, NONI, A TOX, A.Q. T. L'atelier de Courmelois (période claudienne); la phase de pleine production de la Vesle où l'on retrouve des potiers de Sept-Saulx: IULLIOS et IULLUI. La production de cet atelier étant essentiellement composée de Terra N igra.

L'atelier de Vertault, situé en Côte-d'Or à 20 km de Châtillon-sur-Seine, fabriquant essentiellement de la Terra Rubra. Les potiers qui produisirent à la fois à la Vesle et à Vertault sont ATTA, ACUTOS, CANICOS, ATA, IULIOS.

Les potiers ATTA, BENIO, ACUTOS, NADNA sont attestés à Thuisy et à Sept-Saulx. En ce qui concerne Courmelois (période 3), il Y a rupture totale des noms de potiers sauf pour IULIOS et IULLUI que l'on retrouve à la fois aux périodes 2 et 3. En ce qui concerne Vertault, A TT A et AC UTOS y sont attestés ainsi qu'à Sept-Saulx et Thuisy. CANICOS et NONI sont attestés à Sept-Saulx ainsi que IULIOS pour Courmelois.

La problématique est simple: Vertault est-il antérieur, contemporain ou posté­rieur aux ateliers de la Vesle. Postérieur, cela paraît peu probable; en effet, on ne retrouve aucun potier attesté à la Vesle pour la période 3 sauf IULIOS (est-ce le même potier ou une homonymie) (Rigby, 1981). Contempora in, oui si Vertault fonctionne seulement pendant la même période que Thuisy et Sept-Saulx, puisque l'on retrouve à Vertault et à la Vesle: ATTA, ACUTOS, CANICOS, NONI et l'inévitable IULIOS comme potiers communs. Antérieur, la version peut être la plus vraisemblable car Vertault fabrique majoritairement de la Terra Rubra (la Terra Rubra disparaît aux

TABLEAU COMPARATIF DES ATELIERS POTIERS DE LA VESLE ET VERTAULT

Thuisy Pl ( -25 - +30)

Sept-Saul x P2 (+30 - +40)

Counnelois P 3 (+40 - +55)

Prunay P3

Vertault (av.12 - +55)

ATTA ------------- ATTA ---------------------------------------------------- ATTA BENIO ------------ BENIO ACUTOS ----------- ACUTOS -------------------------------------------------- ACUTOS NADNA ------------ NADNA

IVIIVI ----------- IIVIVII IULIOS -- - -------- IULIOS ------------------------------- IULIOS

LOSSA ------------- LOSSA SOTTU ------------- SOTTU

CANICOS ------------------------------------------------- CANICOS NONI --- ------------------------------------------------- NONI

63

environs de 50j. IULIOS est attesté à Haltern. Il ne peut s'agir de IULIOS de la Vesle (Sept-Saulx: 30-41 environ) mais plus sûrement du IULIOS de Vertault ce qui confir­merait comme atelier antér ieur à la Vesle (voir Hersin-Coupigny).

Conclusion

Il apparaît que le phénomène de déplacement des légions lors de la conquête de la Gaule puis de l'extension de l'Empire vers l'Angleterre est déterminant pour la connaissance de cette céramique.

En effet, les Gaulois virent appara Î tre dans le quotidien des vainqueurs les produits italiques aux formes et aux couleurs nouvelles, ces formes signées les séduisirent pour la rupture qu'elles provoqua ient (et cela se vérifie dans notre cadre normand), tant les formes pré-romaines sont le plus souvent grossières et lourdes dans les profils. Mais il serait erroné de penser que ces céramiques, si nouvelles qu'elles fussent, éta ient d'une impérieuse nécessité sur le plan pratique, la Normandie étant une région riche en argile, en massifs forestiers et en eau. A partir de là, nous pensons que cette région éta it "autosuffisante" pour la production et la consommation usuelles.

Il fa ut plutôt appréhender cette céramique comme un "produit neuf" pour les régions récemment pacifiées. Et là intervient peut-être la notion de "service céra mi­que". C'est un produit que l'on veut posséder parce qu'il reflète l'espri t romain et qu' il incarne l'image des conquérants à la portée du plus grand nombre . Au surplus, certai nes formes basses au faible diamètre en Terra N igra ou Rubra sont si fortement bomhées en leur centre (emplacement de l'est ampill e) que l'on peut douter de leur destination usuelle. 'C et engouement occasionne une demande croissante qui dépasse l'offre des atel iers italiques, ces derniers se trouvent dans l'impossibilité de fournir en plus grand nombre leurs produits, d'où imitation de ces derniers. Leurs capacités réduites et leurs manques de structures liées à la vente et à la diffusion auront pour effet la mont ée commerciale des ateliers gaulois au travers des imitations fidèles de ces formes, profils, couleurs, et fabrication. De la même façon, les estampilles seront assimilées par les potiers gaulois, lesquels conserveront très Souvent des formes typiquement "indigènes". Enfin, le changement d'estampillage à Arezzo, les signatures dites "in planta pedis" sign ifient la conform ité de l'atelier et empêche ainsi l'amalgame avec les signatures des "ateliers-copieurs".

Cette céramique commune sera la source d'une immense activité en Gaule du nord et nous pouvons considérer cette industrie comme référence tant le produit qu'elle représente est présent dans les sites fouillés. Il faut prendre en compte dans ce succès, et la proximité ent re les atel iers et les points de diffusion eux-mêmes reliés par voie fluv iale ce qui rend les coûts globaux nettement meilleur marché que les produits italiques. Nous savons que la Gaule est connue pour son système fluvial très dense et que son utilisation en est très soigneusement organisée. P.-M. Duval nous éclaire sur ce point au travers de l'étude des corporations de bâteliers agissants sur les rivières et les lacs. Il cite différents cours d'eau où leur présence est connue; mais l'élément essentiel de son travail est qu'il nous amène à considérer que les Nautes assuraient aussi la protection et le transport terrestres, ce qui sous-entend d'une part l'existence d'un véritable monopole du transport et, d'autre part, que les Nautes étaient (v is-à-vis des négociants) les responsables du "fret", de la prise en charge du produi t aux ateliers jusqu'à son point d'arrivée. De plus, il est admis que les Nautes ava ien t de multiples intérêts avec les fabricants d'outres, les passeurs de bacs, les charpentiers de mar ine . Les négociants, eux, en tant que commanditaires, sont les véritables tenants du commerce de la céramique et un schéma peut être tracé:

Boutiques Clients (Demande de céramiques) 1 1

Négociants 1

Atel iers 1

Nautes 1

Négociants

Nautes 1

Potiers 1

Transport 1

Boutiques

Métiers rattachés

(Fabrication des céramiques)

Clients

64

~

Il n'est pas interdit de penser que certaines boutiques étaient la propriété des négociants qui, eux-mêmes, possédaient des entrepôts le long des fleuves et des voies.

Il ne serait d'ailleurs pas illogique d'imaginer que les négociants soient à l'origine de nouvelles formes et de nouveaux "services céramiques". En effet, ayant le privilège de connaître les désirs du "public" et de cerner au mieux les phénomènes de mode, ils ont avec les Nautes tout intérêt à entretenir et à dynamiser le processus, les potiers ne restant d'une certaine manière que des "exécutants" souvent talentueux, possédant peu de moyens d'intervention sur le marché commercial, ce qui entraîne le mythe des "pauvres potiers" qui n'est sûrement pas faux, ma is qu i a dû être exagéré.

NOT E

(*) Musée de Normandie.

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~ ~

~

DISCUSSION

Président de séance: A. DESBA T

Armand DESBAT : On peut s'interroger sur l'origine de ces productions, à la lumière des travaux récents menés sur la Bretagne.

Patrick DAVID: Je vais répondre rapidement pour la Bretagne (Y. Menez n'étant pas là, et c'est lui qui travaille sur la céramique fumigée). La plupart de nos estampilles sur formes fumigées ou sur terra rubra proviennent, le plus souvent, du centre de la France; nous n'avons pas, à ce jour, recensé de céramiques provenant de l'est. Ainsi, entre la Bretagne et la Normandie, il y a énormément de différences en ce qui concer­ne les provenances. Pour le moment, on ne connaît pas de céramique provenant de l'est, de céramique dite "gallo-belge". On a beaucoup d'estampilles; on commence à en connaître sur Rennes, Nantes, etc. mais on ne connaît pas véritablement l'origine; s'agit-il vraiment du centre de la France? Mais du moins, par la forme et la pâte, il ne semble pas qu'elles proviennent de cette région-là. Il y a unt totale différence.

Armand DESBAT : Mais tout le monde est-il d'accord pour considérer que les produits que l'on trouve, par contre, en Normandie, viendraient tous de l'est?

Didier BA YARD: Ne peut-on faire des rapprochements entre la répartition géographi­que à l'intérieur de la Normandie et les différents types de signatures, entre l'est et l'ouest de cette région?

Patrick DAVID: On a essayé de le faire mais cela est toujours assez ambigu dans la mesure où (ce matin le cas se posait pour l'Argonne) il y a certains sites où l'on est sûr qu'il y en a énormément, d'autres où il n'yen a que deux ou trois. C'est tout le problème des pourcentages et des répartitions. Sur les sites bien fouillés, les chiffres veulent dire quelque chose; à Bayeux on en connaît trois pour une ville qui devrait en livrer trois ou quatre cents. On sait qu'il y en a énormément aux abords de la Seine parce ' que c'est lié à la commercialisation; et on en trouve très peu dans le Calvados ou dans la Manche . On peut dire que sa dispersion s'essouffle au fur et à mesure que l'on s'avance vers le Cotentin. Mais certains sites devraient en livrer plus que ce qui est actuellement connu.

François FICHET de CLAIRFONTAINE: Y a-t-il des sites du 1er s., dans l'ouest de la Normandie, qui n'ont pas livré ce type de céramique? Y a-t-il des absences flagran­tes?

66

1

Patrick DAVID: Non. En règle générale, là où il y a des couches du Ier s. on a toujours quelques estampilles sur céramique commune.

Armand DESBAT : Y a-t-il eu un essai de classification à partir des pâtes? Est-il envisagé de faire des analyses sur ce type de maté rie l?

Patrick DA VID : Dans l'immédiat, non.

Armand DESBAT : Sur les photos que l'on a vues, certaines des pâtes étaient visible­ment des kaolinites; est-ce vrai pour l'ensemble de la production ou ,y a-t-il différents types de pâtes?

Patrick DAVID: Non. Les pâtes que l'on a vues sur la diapo se retrouvent pratiquement sur toutes ces formes-là. Elles se classent facilement à l'œil sans qu'il y ait besoin d'une analyse de pâte pour affiner.

Je an-Yves MARIN: C'est l'occasion de dire, une fois de plus, combien on manque de laboratoires pour faire des analyses. Effectivement, ce genre d'étude irait beaucoup plus vite s'il y avait des analyses. Le Laboratoire de D. Dufoumier est mis à rude épreuve par la recrudescence des travaux sur le Gallo-romain qui vient s'ajouter à tout ce qui est déjà fait pour le médiéval.

Armand DESBAT : Mais le laboratoire ne peut intervenir de manière efficace que si le problème a déjà bien été préparé (typologie, répartition, etc.), si l'on sait déjà ce que l'on veut mettre en évidence. C'est déjà bien de débroussailler les problèmes plutôt que de faire intervenir le laboratoire en aval pour essayer de confirmer l'existence de groupes que l'on a pressentis par ailleurs.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Robin P. SYMONDS

LE PROBLEME DES GOBELETS OVOIDES SABLES

Dans trois publications récentes (Anderson 1980, 1981 et 1986), Mme Anne Ander­son décrit un genre de céramique qu'elle a appelé "North Gaulish fine wares". Ce sont, sans beaucoup de variation, des gobelets ovoïdes, avec lèvre cannelée ou en corniche et décor sablé. Mme Anderson propose trois origines possibles pour cette céramique: la Forêt de Compiègne, l'atelier de Jaulges - Villiers-Vineux (Bourgogne), et la région de l'Argonne.

Avant les publications de Mme Anderson, il y avait sans doute une lacune sérieuse sur ce genre de céramique. Le travail de Kevin Greene sur les céramiques fines pré­flaviennes a été publié en 1979, mais il n'existait aucun travail sur les vases plus tardifs à engobe foncé, à part celui du Dr Sénéchal (Sénéchal, 1972), sur ce qu'il appelait "la céramique à reflets métalliques" à Alésia, et celui-ci ne peut pas servir de résumé du sujet.

Il semble bien que l'ordre de travail pris par Mme Anderson commençait avec la reconnaissance sur les sites et dans les collections anglaises des tessons sablés de pâte sans provenance connue. En général, c'était des petits tessons difficiles à identifier, surtout par des chercheurs sans beaucoup d'expérience des céramiques exportées à quelque distance. Les productions de ce genre de vase à Colchester et dans certains autres ateliers plus au centre de l'Angleterre n'étaient, à cette époque, pas connues avec précision: les publications de Hull montrent bien quelques vases en forme de gobelet ovoïde sablé (1963, Fig.57, n03 et 4; Fig.82, n04; et Fig.107, 'CAM' Type 391A), mais elles ne donnent que des descriptions sommaires des pâtes. Les productions du centre de l'Angleterre, sur l'axe Londres/Verulamium et la vallée supérieure de la Nene sont encore moins connues, à part des vases trouvés sur les sites d'occupation, par exemple à Verulamium (Frere 1972, Fig.122, n0780-78l) ou à Towcester (Symonds 1980, Fig.26, n0137 et Fig.27, n0154-155). En effet le CAM 391A n'est pas très courant à Colchester, même dans les fouilles récentes, mais au vu des analyses chimiques sur le matériel nouveau (Hart et al., 1987), il ne reste plus de doute que Colchester était une source pour au moins une certaine quantité de ce type.

En l'absence d'informations précises, Mme Anderson a reconnu néanmoins deux pâtes différentes dans les tessons anglais, qu'elle appelait 'Pâte l' (Fabric l) et 'Pâte 2' (Fabric 2), qui se distinguaient principalement par leur couleur, l'une étant plutôt rouge ou gris foncé et très dure, l'autre étant plutôt orange ou chamois et moins dure. Ensui­te elle a pu produire une carte de répartition des "North Gaulish wares" en Angleterre (1980, Fig.5 et 1981, Fig.19.5), et elle a alors cherché des sources probables pour les gobelets ovoïdes sablés en Gaule. Elle signale Compiègne comme provenance des vases en 'Pâte l'et elle répète un paragraphe presque mot pour mot dans deux de ces publications (1980 et 1981):

"Production dispersée, avec des ateliers à travers le nord-est de la Gaule, avec des concentrations aux alentours de la Seine et de ses affluents. Dans le nord-est de la Gaule, la Seine était la principale voie à grande circulation de commerce. Des vases en 'Pâte l'étaient peut-être fabriqués dans la Forêt de Compiègne. Plusieurs sites dans cette région ont produit des quantités énormes de ce genre de céramique, avec des tessons à défauts et des ratés de cuisson bien représentés. Parmi les sites en

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question, le Mont Berny, Buissonet et Compiègne même. Malheureusement, la plupart de ces sites ont été fouillés sous les auspices de Napoléon III au milieu du XIXe s. et, par conséquent, on ne dispose pas de précisions. Compiègne se situe sur l'Oise, un affluent de la Seine, et donc se prêtait d'une manière idéale au rôle de point de collectage pour le rassemblement des petits cargos pour la navigation le long du réseau fluvial à la côte nord de la France". (Traduction RPS).

D'où viennent ces idées? En effet, à part la question des tessons à défauts et des ratés de cuisson, ce ne sont que des conjectures sur la production et le commerce des céramiques dans le nord de la Gaule, sans évidence archéologique. Sur toutes ces questions, Mme Anderson ne cite aucune source littéraire. En présentant des illustra­tions des vases types pour sa 'Pâte l', elle cite comme source pour trois exemples 'Mont Berny' (1980, Fig.11, n01 à 3, qui reparaissent en 1981, Fig.19.3, n017 à 19). Deux exemples (1981, Fig. 19.3, n022 et 23) ont la citation "d'après Sénéchal": ils sont dérivés de Sénéchal 1972, Fig.12, Vase 105 et Fig.24, Vase 209 - et il faut remarquer que la datation donnée par Mme Anderson pour ces deux vases ne correspond pas avec celle de Sénéchal, mais elle ne donne pas d'explication pour ceci. Quatre exemples (1980, Fig.11, n04 à 7) proviennent des sites anglais, et les trois autres exemples (1981, Fig.19.3, n020, 21 et 24) n'ont aucune source citée. Elle ne donne aucun repérage pour les vases illustrés.

Dans un article sur la céramique trouvée dans la Forêt de Compiègne, Mme Tuffreau-Libre déclare tout au début: "La céramique commune décrite dans l'étude suivante provient des sites de la Forêt de Compiègne, qui furent l'objet de fouilles importantes au siècle dernier. Il s'agit essentiellement de nécropoles fouillées notamment par Roucy" (Tuffreau-Libre 1977a, p.125). Parmi ces nécropoles sont les sites mentionnés par Mme Anderson, Mont Berny et Buissonet . Bien que les gobelets ovoïdes sablés se trouvent sur ces sites, ils sont décrits toujours dans le texte des publications de Mme Tuffreau-Libre (1977a et 1977b, par exemple) comme des formes de Gose 189 ou 190 (1950, Taf.13) et de Tongres type 2c (Vanvinckenroye 1967, pl.n. Une recherche des références littéraires approfondies de Mme Tuffreau-Libre n'a libéré aucune allusion aux "quantités énormes de ce genre de céramique", ni aux "tessons à défauts et des ratés de cuisson bien représentés", et des visites au Musée des Antiquités Nationales et au Musée Vivenel à Compiègne ont été également stériles. Toutefois,' Mme Tuffreau-Libre remarque dans un article sur la céramique du Musée d'Abbeville (1978, 50, n039), après des allusions aux formes de Gose et de Tongres, que le gobelet ovoïde en question "est connu sur les sites de la Forêt de Compiègne"; mais nous pouvons aussi faire allusion à l'opinion plus récente de Bayard, dans son travail général sur les céramiques trouvées à Amiens (1980, 187 et pl.24), où il décrit les gobelets ovoïdes sablés comme des importations de l'extérieur de la région, qui consti­tuent une faible proportion de toute la céramique. Toutefois, si après tout, Mme Anderson a raison, et si Compiègne était un centre important de production de ce genre de céramiques, il serait logique qu'Amiens ait été un des marchés les plus importants. Mais si on n'utilisait que l'Oise et la Seine comme routes de transport, selon les idées de Mme Anderson, on aurait traversé à peu près quatre fois plus de distance pour aller de Compiègne à Arliens que par la route directe.

La connexion entre les vases trouvés à Alésia, illustrés par Sénéchal, et les vases en 'Pâte l' de Mme Anderson n'est pas évidente. Il est probable que les deux vases empruntés par M me Anderson proviennent de la Gaule Centrale (cf. Greene 1979, Fig.18, nO 1 et Greene 1978, Fig.2.3, n04). Elle ne présente aucune preuve pour une connexion entre ces deux vases et des productions possibles à Compiègne.

En effet, la 1 ittérature nous montre que ces gobelets ovoïdes sablés ne sont pas très nombreux dans le nord de la France, mais nous pouvons toujours considérer la possibili­té que ces vases n'étaient fabriqués à Compiègne que pour l'exportation vers les Iles Britanniques, et non pas pour le marché local. Celle-ci peut sembler une idée un peu étrange, quand on constate ce que nous connaissons sur la répartition des céramiques dans le nord-ouest de l'empire, et ce n'est même pas une idée d'origine chez Mme Anderson, sauf par implication, dans ses cartes de répartition (1980, Fig.4 et 5; 1981, Fig.19.5). D'autre part, il faut noter que si Compiègne pouvait être un centre

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Figure 1 - Gobelets ovoïdes sablés trouvés en Argonne (1 à 6) et à Colchester (7 à 18), provenant d'Argonne (1 à 6), de Colchester (7 à 12) et de Sinzig (13 à 18).

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de production de gobelets à paroi fine, c'était alors un centre exceptionnel de n'être pas en même temps un centre de production pour la sigillée. La correspondance entre la production de la sigillée et celle des céramiques à paroi fine est d'habitude très proche, et il n'existe que très peu d'exceptions (Symonds, à paraître - 1) : il semble tout à fait plausible que le manque de production de sigillée à Compiègne puisse aussi impliquer un manque de vases à paroi fine complémentaires.

Un autre site proposé par Mme Anderson comme origine possible de sa "Pâte 1" est Jaulges - Villiers-Vineux. C'est évident que la proposition est dérivée du fait que Jaulges se situe près d'un affluent de la Seine, et alors ces produits auraient pu être transportés sans beaucoup de difficultés jusqu'à la Manche par le système fluvial. Mais, depuis les années soixante, les productions de Jaulges ont été étudiées systématique­ment par deux chercheurs, MM. Leredde et Jacob, et jusqu'à présent ils ne connaissent pas d'autres produits de Jaulges trouvés en Angleterre; en plus les tessons avec décor sablé sont rares sur le site de Jaulges (comm. pers. MM. Leredde et Jacob). Pour eux, il est plus ou moins certain que Jaulges n'est pas la source pour les gobelets ovoïdes sablés présentés par Mme Anderson.

Tous les exemples illustrés par Mme Anderson des vases dans sa 'Pâ t e 2' prov ien­nent de sites anglais (1980, Fig.12, nO 1-4), à part deux qui n'ont pas de prov€.,ance (1981, Fig.19.3, n027 et 29). Elle propose une production dans l'Argonne, et eP :: dt e l'article de Chenet dans Pro Alésia (1919, 129-140), où il décrit une profusion ciE! ce,s vases, au moins cinq mille pieds, trouvés à Lavoye, Les Allieux et Avocourt. Il faut admettre qu'en dépit de l'aide de M. Guérin, maire et responsable du musée de Varen­nes-en-Argonne, il est à présent très difficile de trouver des gobelets de ce genre dans la région de leur production (tandis que les tessons de sigillée et de céramiques communes s'y trouvent encore en profusion). D'autre part, ce n'est que très récemment qu' il est devenu possible d'examiner les éléments pertinents de la collection Chenet au Musée des Antiquités Nationales. Un groupe de gobelets ovoïdes sablés dans cette collection, qui inclut des ratés de cuisson, est illustré ici (Fig.l, nO 1 à 6). Ceci montre, sans beaucoup de doute, que l'Argonne était un centre de production des vases en question. La pâte de ces gobelets est toujours rouge foncé, avec un engobe foncé, ce qui correspond beaucoup mieux à la 'Pâte l' de Mme Anderson, qu'à sa 'Pâte 2', mais il faut noter que d'autres éléments de la collection, par exemple des vases décorés "à l'épingle", ou avec des décors barbotinés, ont des couleurs plus orange ou chamois, et d'autres aspects de pâte et d'engobe, plus proches de la 'Pâte 2' de Mme Anderson.

Toutefois, il faut se demander si vraiment l'Argonne est la source pour tous les vases représentés sur les cartes de répartition de Mme Anderson. Pour accepter que ce soit le cas, il faut des explications pour deux contradictions. Premièrement, il y a la question de la chronologie et des relations entre les céramiques fines engobées et la sigillée. Bien que la sigillée ait été produite dans l'Argonne dès le 1er s., elle n'a pas la répartition dominante des autres centres de production en Gaule ou dans la Rhénanie avant le IVe s. Mais, même à la fin du Bas-Empire, les bols Drag.37 décorés à la molette sont assez rares en Angleterre, alors qu'ils représentent une grande partie des céramiques importées sur les sites du nord et du nord-est de l'Empire (comm. pers. Dr. S.L. Wynia, Dr. R. Pirling; cf. aussi Hübener 1968). Aux Ile et Ille s., la sigillée de l'Argonne est encore plus rare en Angleterre (comm. pers. Mme J. Bird). La datation de Mme Anderson pour les gobelets ovoïdes sablés, "135/140 à 160", est sans doute trop limitée (et celle des lèvres cannelées - "80 à 135/140" est sans doute trop préco­ce), mais même si on les place du début jusqu'à la fin du Ile s., cela implique une expor­tation d'un seul genre de céramique, les gobelets ovoïdes sablés, de l'Argonne vers l'Angleterre, sans autres céramiques complémentaires. Cependant, il est vrai que les vases dits 'métallescents' de Trèves se sont exportés au Ille s. en plus grande quantité que la sigillée correspondante, et c'est possible que ce soit un cas parallèle pour l'Argonne au Ile s.

Quant à la deuxième contradiction, il est curieux que, malgré tous les points sur les cartes de Mme Anderson, Colchester manque. La production des gobelets ovoïdes sablés est bien attestée depuis l'étude d'un dépôt de four fouillé en 1973 à Oaks Drive,

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Colchester, et depuis les analyses chimiques effectuées sur les vases et tessons de ce genre sortis des fouilles récentes dans la ville (Symonds, à paraître - 2). La plupart des tessons de vases à paroi fine et à engobe foncé, qui ressemolent visiblement (selon la pâte et la typologie) aux produits de Colchester, nous ont donné des résultats sem­blables à ceux d'autres céramiques locales (notamment la sigillée de ColChesterJ. Ceci semble indiquer que Colchester a pu être une source pour des tessons trouvés ailleurs en Angleterre. Pourtant, ces analyses ont soulevé un problème: un petit groupe de ces vases nous a donné des résultats plutôt semblables à ceux des échantillons de la sigillée trouvés à Sinzig, un atelier sur le Rhin ayant des liens typologiques avec les productions de Trèves (Hart. et al., 1987; et Symonds, 1987). Une sélection des deux groupes, les vases fabriqués à Colchester (n07 à 12) et les vases fabriqués à Sinzig (nO 13 à 18) se trouve sur la F ig.1. Le nO 1 0 provient du dépôt du four trouvé à Oaks Drive, Colchester.

Il est à signaler que parmi toute la production des céramiques fines de Colchester on peut reconnaître, sinon plusieurs pâtes, au moins des pâtes avec plusieurs aspects légèrement différents l'un de l'autre, notamment dans la couleur de la pâte, qui peut être entre rouge brillant et blanche, et dans la couleur de l'engobe, qui peut être entre rouge (indifférenciable de la pâte) et noir, brun ou vert foncé. La divérsité poss ible dans les aspects visibles des tessons, tous produits dans le même centre de production, , est sans doute une des explications les plus plausibles pour la quantité de points en Angleterre sur les cartes de Mme Anderson. La reconnaissance de l'absence complète de distinctions visibles entre des gobelets ovoïdes sablés de l'Argonne, de Colchester et de Sinzig n'était pas possible sans les analyses chimiques.

Il faut aussi signaler que ce ne sont peut-être pas les seuls centres de production des gobelets ovoïdes sablés. Il est bien possible que d'autres sources existent en Angle­terre, comme par exemple sur l'axe entre Londres et la vallée supérieure de la Nene (voir supra). Deux sources certaines dans la Gaule sont à Offemont, près de Belfort, et à Domecy-sur-Cure, dans le Morvan près de Vézelay (Symonds, à paraître - 1); mais à présent l'aire de répartition de leurs produits n'est pas connue. Parmi leurs produits, les gobelets ovoïdes sablés sont tout à fait semblables, par la couleur de pâte et de l'engobe, à ceux qui sont illustrés ici.

Ceci ne veut pas dire qu'il faut abandonner totalement la caractérisation des tessons selon des pâtes, ou selon d'autres aspects visibles: c'est plutôt une démonstration que cette méthode ne peut pas être infaillible, et dans le cas des gobelets ovoïdes sablés, elle ne permet pas de distinguer des vases provenant de sources très éloignées les unes les autres. Mais il faut rajouter que les caractérisations de pâtes peuvent être tout à fait utiles, non seulement avec d'autres genres de céramique, mais même avec d'autres vases à paroi fine et engobe foncé des mêmes centres de production mention­nés ici.

Pour conclure, il semble que les gobelets ovoïdes sablés étudiés par Mme Anderson peuvent être des produits de plusieurs centres de production, y compris de la région de l'Argonne, et des ateliers de Colchester et de Sinzig. D'autres sources sont aussi probables. Il est moins probable que ces vases aient été produits ou à Compiègne ou à Jaulges - Villiers-Vineux. Pour poursuivre le problème, deux programmes d'analyses chimiques sont proposés, l'un sur les vases et tessons trouvés en Angleterre (et réalisé par l'équ ipe de R. P. Symonds, D.M. Smith, F.A. Hart et J.N. Walsh), et l'autre sur les vases et tessons trouvés dans le nord de la France (et réalisé par l'équipe de P. Blas­kiewicz, J.- Y. Marin et D. Dufournier).

NOT E S

Remerciements. Je dois reconnaître l'aide du Musée des Antiquités Nationales et de Monsieur B. Guérin. pour la permission d'exa­miner les tessons de l'Argonne. Je voudrais aussi remercier Sue Wade (Colchester Archaeological Trust). Jean-Yves Marin et Patrick Blaskiewicz (Musée de Normandie). Jeremy Storey et Dr. F.A. Hart (Dept. of Chemistry. Queen Mary College. University of London). Diana Smith et Dr. J.N. Walsh (Dept. of Geology. Royal Holloway & Bedfort New College University of London) pour toute leur aide. Les dessins sont de Sue Wade, Frances Vaughan-Baker, Philip Kenrick, Cecil Hewitt Jnr., Frànk Lockwood.Simon Mawdsley et de l'auteur.

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Catalogue potr la Figure 1

• Coll. Chenet, M.A.N. 1 3641. Lavoye. Diam. du lèvre, 87 à 93 mm. Pâte rouge, dure. 2 3648. Forêt de Hesse, Avocourt, La Vaux Mulard. Diam. du lèvre, 65 Cil et 62 Uil. Pâte rouge, dure. 3 3657. Forêt de Hesse, Avocourt. Diam. du lèvre, 110 mm. Pâte rouge, dure. 4 3642. ---, Diam. du lèvre, 70 mm. Pâte rouge, dure. 5 3640. Lavoye, Vérine. Diam. du lèvre, 70 mm. Pâte rouge, dure. 6 3653. ---. Diam. du lèvre, 70 mm. Pâte rouge, dure.

• Colchester 7 P 954, Balkerne Lane 1973-76, Site J, 218. Type CB 1. Pâte rouge-orange, tendre. 8 P.119, Balkerne Lane 1973-76, Site K, 281. Type CB 1. Pâte rouge, très dure (?brûlée). 9 P. 958, Balkerne Lane 1973-76, Site J, 193. Type C B 1. Pâte rouge-orange, tendre. 10 P 1480, Oaks Drive 1973, Kiln 1. Type CB 1. Pâte grise-brûlée, tendre. 11 P 952, Balkerne Lane 1973-76, Site J, 238. Type C B 4. Pâte chamoise, tendre. 12 P 849, Balkerne Lane 1973-76, Site J, 214. Type CB 2. Pâte rouge, dure. Ceux-ci font partie du groupe d'analyse chimique CCW1 (production de Colchester): voir Hart et al. 1987, et Symonds 1987.

• Colchester 13 P 1389, Balkerne Lane 1973-76, Site N, 595. Type C B 1. Pâte chamoise- orange, dure. 14 P 1422, Lion Walk, 1971-74, Site K, 270. Type CB Iv. Pâte chamoise, semi-dure. 15 P 1479, Balkerne Lane 1973-76, Site N, 595. Type CB 1. Pâte chamoise-orange, dure. 16 P 1368, Balkerne Lane 1973-76, Site N, 618. Type C B 4a. Pâte chamoise-orange, dure. 17 P 1386, Balkerne Lane 1973-76, Site N, 395. Type C B 1. Pâte chamoise-orange, dure. 18 P 1395, Balkerne Lane 1973-76, Site N, 595. Type CB 1. Pâte chamoise-orange, dure. Ceux-ci font partie du groupe d'analyse chimique CCW3 (production de Sinzig) : voir Hart et al. 1987, et Symonds 1987.

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Vanvinckenroy, 1967 - W. VANVIC K EN ROYE, Gallo-Romeins Aardewerk van Tongerens, Tongres, 1967.

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Patrick BLASZKIEWIC Z Daniel DUFOURNIER

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

CARACTERISATION ET DIFFUSION DU "GOBELET SAC" EN NORMANDIE du milieu du 1er à la fin du Ile siècle

Il n'existe que peu de travaux consacrés à l'étude des gobelets à paroi fine des 1er et Ile siècles. Le plus important d'entre eux est sans doute l'essai de synthèse réali­sé en 1981 par A. Anderson dont le travail a surtout consisté dans une étude morpholo­gique détaillée des gobelets à surface brune et pâte orangée. L'auteur ~istingue ainsi 19 centres de production presque tous situés dans le nord de l'Empire: Angleterre, Moselle, Haute et Basse Germanie, Rhénanie, Centre et Nord de la Gaule.

Nos travaux ont pour objectif de distinguer les différentes productions de gobelets à paroi fine diffusées en Normandie et de déterminer leurs origines de fabrication.

Environ 400 échantillons découverts en Normandie, la plupart au cours de fouilles récentes, ont été rassemblés. Ils proviennent de 13 sites (Fig.1) et reposaient tous dans des niveaux datés des 1er et Ile siècles.

Bien que morphologiquement très proches les uns des autres, ces gobelets peuvent être classés en deux grands ensembles d'après leur couleur externe et celle de leur

. pâte: • 175 gobelets dont la plupart ont une surface brune et une pâte orangée (Fig.2, nO 1 à 7 et n09; Fig.3, nO 1 à 13), que nous avons dénommés, par commodité, les "gobelets bruns", • 220 gobelets à surface grise et pâte blanche (Fig.2, n08 et nO 1 0 à 15) dénommés "gobelets gris".

La carte présentée à la figure 1 montre comment ces deux ensembles se répar­tissent entre les sites de leur découverte. On notera en particulier que les gobelets gris sont largement majoritaires à Caen, les gobelets bruns à Rouen.

A - Les gobelets bruns Une soixantaine de gobelets de ce type ont été analysés dont les gobelets n02, 5

et 7 de la figure 2 et les n02, 3, 6 et 12 de la figure 3. Leur compositiofl chimique a permis de les classer en quatre groupes parfaitement distincts mais numériquement très disproportionnés (respectivement: 50, 6, 3 et 2 échantillons).

Les résultats de ces analyses (cf. Tableau), comparés à tous ceux dont nous avons pu disposer par ailleurs (Dufournier et Pilet, 1983; Hart et al., à paraître; Picon, 1973; Pollard et al., 1981) ont permis d'apparenter les 50 échantillons du premier groupe aux productions d'Argonne (exemples: Fig.2, n02, 5 et 7), les 6 échantillons du deuxiè­me aux ateliers mosellans (exemples: Fig.3, n02 et 13), les 3 suivants aux productions de Jaulges-Villiers-Vineux (exemple: Fig.3, nO 12) et les 2 derniers à celles du Centre (Lezoux?) (exemples: Fig.3, n03 et 6).

La très grande majorité des gobelets bruns proviennent donc des ateliers d'Argon­ne. La quasi-absence de ce type de mobilier dans tous les dépôts visités situés au sud ouest de la Basse-Normandie montre que cette dernière région constitue probablement les limites sud et ouest de la diffusion des parois fines argonnaises. A. Anderson (1980, 1981) a cru pouvoir distinguer en Gaule du Nord deux grandes zones de production de gobelets bruns: la région de Compiègne et celle d'Argonne. Cette distinction était

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E.T. 2,87 0,78 0,58 0,10 1,55 1,17 0,03 0,24 0,011 0,11

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Centre (Lezoux?) 57,63 19,67 6,18 0,83 9,25 1,26 0,31 3,42 0,08 0,45

n = 2

E. T. 1,45 0,35 0,05 0, 02 0,30 0,00 0,03 0,28 0,025 0,30 ._---Tableau - Composition chimique des 61 gobelets bruns analysés

fondée sur les deux observations suivantes concernant les productions présumées compiègnoises : • l'existence de traces vrillées à l'intérieur du gobelet, en particulier à la jonction de la lèvre et de la panse, • la présence d'une rainure très marquée sur les lèvres.

Des gobelets de ce type sont présentés à la figure 2 (gobelets n02, 4, 5, 6, 7 et 9). Or l'analyse chim ique prouve qu'il n'existe aucune différence entre les pièces faisant l'objet des deux observations précédentes et les autres gobelets. Il semble donc bien que les ateliers de Compiègne n'aient jamais fabriqué ce type de gobelet céramique et que dans l'état actuel de nos connaissances, seuls, en Gaule du Nord, Jaulges-Vil­liers-Vineux excepté, les ateliers d'Argonne ont fabriqué ces produits.

La plupart des gobelets bruns d'Argonne ont en commun une surface externe rendue très rugueuse par le dépôt volontaire de granules d'argi le (crus ou cuits?) après tournage. Leur concentration varie, parfois très fortement, d'un gobelet à l'autre. La partie comprise entre cette zone rugueuse et la lèvre montre toujours des traces de pol issage.

Ces gobelets se présentent sous trois formes: 1. forme dite "tassée" (Fig.2, n04, 6 et 7), 2. forme dite "élancée"(Fig.2, n05 et 9), 3. forme dite "à dépression" (Fig.2, n01, 2 et 3).

Les lèvres, plus ou moins saillantes, sont dites en "corniche", une rainure plus ou moins profonde et nette en marque la face externe.

L'état fragmentaire du mobilier n'a pas permis de distinguer différents types de fonds. Leur forme semble en effet varier de manière continue entre deux extrêmes (Fig.2, n02 et 4).

B - Les gobelets gris Trente-sept échantillons de gobelets gris ont été analysés. Les résultats obtenus

sont tellement hétérogènes qu'il serait pour le moins risqué d'en tenter la classifica­tion. Néanmoins cette hétérogénéité constitue en soi un élément d'information non négligeable puisqu'elle laisse conjecturer l'existence d'un grand nombre de petits centres de production aux aires de diffusion vraisemblablement limitées. Seule la multiplication des analyses permettra peut-être de mieux définir ces différentes productions et leurs origines de fabrication. Notons à ce propos que des gobelets gris découverts dans la région d'Evreux présentent une composition chimique qui les apparente fortement aux diverses autres productions et aux matières premières argi-

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Figure 2 - 1. Rouen, Gobelet brun, Dépression, Argonne . 2. Id. (Analysé). 3. Rouen, Gobelet brun, Dépression, Argonne . 4. Lisieux, Gobelet brun, Argonne . 5. Id . (Analysé) . 6. Rouen, Gobe­let brun, Argonne . 7. Lisieux, Gobelet brun, Argonne. 8. Caen, Gobelet gris (Analysé). 9. Rouen, Gobelet brun, Argonne (Analysé). 10. Caen, Gobelet gris . 11. Id . (Analysé) . 12 . Fontai­ne-Etoupefour, Gobelet gris (Analysé) . 13. Rouen, Gobelet gris, Décor au vibreur (Analysé) . 14 . Fontaine-Etoupefour, Gobelet gris. 15. Id. (Analysé) .

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Figure 3 - 1. Rouen, Gobelet sac , Décor au vibreur , Rhenish Wa r e . 2. Rouen, Gobel~t tronconique à dépression, Décor au vi breur, Rhenish Ware (Analysé) . 3. Caen, Gobelet métallescent "décor en épi ngl es à cheveux", Lezoux (Analysé) . 4. Rouen , Gobelet gri s tronconi que à dépressi on, Décor au vibreur, Ar~onne . 5. Saint-Contest , Gobelet ovoïde, Décor au vibreur, Lezoux . 6 . Rouen, Gobelet ovoïde 'hérisson", Lezoux (Analysé) . 7 . Caen , Gobelet avec décor central composé de fleurs le tout encadré par deux lignes de décor au vibreur , Lezoux, Trèves . 8 ; Sannervill e, Coupelle dite "de Néris" avec décor f l oral, Lezoux , Rhen i sh Ware. 9 . Caen, Gobelet avec décor f loral, Lezoux , Rhenish Ware . 10. Evreux, Gobelet sac, Lezoux . Il. Provenance normande , Gobelet à dépression , trois lignes de décor au vibreur, Rhen i sh Ware . 12 . Rouen, Gobelet sac avec motif floral excisé encadré de doubles lignes de décor au vibreur , Jaulges- Villiers- Vineux (Analysé) . 13. Rouen , Gobelet tronconique avec texte et décor barbotiné , Trèves .

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leuses de cette région. Morphologiquement les gobelets gris présentent les mêmes caractéristiques que

les gobelets bruns à la différence près que nous n'avons aucun exemplaire de gobelets gris "à dépression" de production locale.

Cette étude aura donc permis: 1. de remettre en question l'existence d'un atelier de fabrication cie gobelets bruns en régioncompiègnoise, 2. de constater que les gobelets d'Argonne sont ceux qui, dans le type brun, dominent très largement en Normandie et que la Basse-Normandie constitl,Je la limite sud-ouest de cette diffusion, 3. de conjecturer l'existence de nombreux centres de product ion, probablement nor­mands, de gobelets gris.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

J.-Robert PERRIN (*)

INTRODUCTION A L'INDUSTRIE DE LA CERAMIQUE D'EPOQUE ROMAINE DE LA VALLEE INFERIEURE DE LA NENE .. EN ANGLETERRE

La Nene prend source dans les Midlands: elle coule vers le nord-est et atteint la mer au Wash. A l'époque romaine, la côte de la mer du Nord était beaucoup plus à l'intérieur qu'aujourd'hui, commençant dans la vallée de la Nene, just~ à l'est de la ville moderne de Peterborough (Fig.n. Une grande partie de la zone littorale n'a subi que des inondations périodiques et ces marécages sont appelés les "Fens"; on les a asséchés complètement au XVIe s., mais l'évidence existe aussi pour suggérer que les Romains ont entrepris des projets de drainage dans la région.

Les terres fertiles et bien asséchées qu'ont laissées des banquises en se retirant ont assuré une occupation très intensive de la vallée depuis l'arrivée de l'homme dans la région. La plupart des cultures successives ont produit leurs propres céramiques, et celles de l'Age de Fer, juste avant l'arrivée des Romains, étaient de qualité supé­rieure. La première production de céramique romaine dans la région de Peterborough est associée à la garnison du fort de Longthorpe (Fig.2). de 48 à 61 apr. J.-C. Ces potiers ont produit une série complète de vaisselles, pour la plupart en pâte fine, semblables, en composition générale, à la vaisselle produite ailleurs pour les unités militaires contemporaines. Il semble que cette céramique n'a pas été utilisée par les "indigènes" qui continuent à produire leur propre céramique, essentiellement dans une tradition de l'Age du Fer, même si l'influence romaine commence à se développer, surtout avec l'utilisation de plus en plus généralisée du tour de potier.

Dans la dernière partie du 1er s. apr. J.-C., la population dans la vallée était ou bien trop peu nombreuse ou bien trop éparpillée pour justifier une industrie concentrée en un seul lieu. Le premier village nucléaire s'est formé probablement autour du fort de Water Newton (Fig.2) et, au début du Ile s, c'était devenu une ville de marché assez grande, appelée Durobrivae (Fig.2). Cette ville a continué à s'agrangir dans ses dimen­sions et dans son standing; elle est devenue le centre d'activités majeur d'une vaste région. La population de cette ville qui, plus tard, sera fortifiée, et de sa "banlieue", était suffisamment importante pour justifier une industrie céramique considérable. Cet ensemble industriel semble avoir débuté à l'époque d'Hadrien.

Les argiles locales, d'utilisation facile, ont été préparées, traitées et cuites pour fabriquer trois principaux genres de céramique: des céramiques à pâte crème, à pâte grise et à pâte engobée.

La pâte crème caractérise les cruches, les jarres, les bols, les assiettes et les mor­tiers, mais seuls ces derniers furent produits après la fin du Ile s.

La pâte grise se rencontre du début jusqu'au Ive s., mais elle n'a pas duré jusqu'à la fin de l'industrie; c'était le principal genre utilitaire et elle était vendue dans la vallée de la Nene inférieure et dans les "Fens". Les productions de ce type étaient variées et incluaient des vases plus originaux; les types les plus communs sont présen­tés dans la Fig.3.

Les origines du genre engobé sont incertaines et la production de cette vaisselle a peut-être commencé plus tardivement que celle des pâtes grises et crèmes. Pour produire ces vases, on a dû les plonger dans un engobe, mais il semble que cette technique était utilisée aussi pour une partie des pâtes grises; la différence se voit

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principalement dans le mode de cuisson où on a pu utiliser une atmosphère aussi bien réductrice qu'oxydante. Il semble cependant que les céramiques en pâte grise et celles en pâte engobée ont pu se développer de façon indépendante, comme des sections séparées de l'industrie. Les types principaux en pâte grise étaient produits en même temps en pâte engobée, mais en moindre quantité, jusqu'à la fin du Ille s., quand la production des pâtes grises était en déclin. Au milieu du IVe s., presque toute la céra­mique fabriquée dans la vallée de la Nene inférieure était engobée. Parmi la série des vases engobés, se trouvent quelques types -de la vaisselle de table pour la plupart­qui n'existent 'pas en pâte grise, comme des soupières (Fig.4, n022), et une proportion

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Figure 2 - Fours de potiers, forts et voies romaines autour de Durobrivae.

plus élevée de vases imitant les formes de la sigillée (Fig.4, n020 et 21). Il Y avait beaucoup plus de diversité dans certains types tels que des cruches et des brocs, et l'évolution chronologique est plus nette que pour les pâtes grises. La catégorie des vases à boire, ou gobelets, était produite presque exclusivement en pâte engobée, et c'est pour celle-ci que la vallée de la Nene inférieure est connue, car des exemplaires ont été répandus partout dans l'Angleterre pendant près de deux cents ans.

Trois formes fondamentales ont été produites: les "gobelets-sac", les gobelets à dépressions, et les gobelets imitant des formes dites métallescentes de la Gaule centrale (les gobelets à socle) et de Trèves.

Les "gobelets-sac", ou gobelets ovoïdes (Fig.4, nO 12 et 14) ont été fabriqués du milieu du Ile s. au début du Ille s.; ils pouvaient avoir un bord en corniche, infléchi ou simple.

Les gobelets à dépressions ont commencé en même temps que les gobelets-sac, mais ils ont duré jusqu'à la fin du Ille s. Ceux-ci ont des bords infléchis ou, dès le deuxième quart du Ille s., des bords 'à col d'entonnoir' et ces cols sont devenus plus hauts et plus étroits avec le temps.

Les "gobelets à socle" (Fig.4, nO 17) étaient contemporains des mêmes types produits en Gaule centrale, mais les gobelets imitant ceux de Trèves se fabriquaient un peu plus tardivement, du milieu du Ille s. au IVe s. (Fig.4, n018 et 19). En plus de ces formes fondamentales, il y avait des sous-types, les uns évolués des formes antérieu­res, les autres étant des innovations à des époques diverses. Il semble que l'emploi et la fabrication de gobelets aient rapidement décliné après le milieu du IVe s.

Une bonne partie des gobelets étaient décorés. Quatre techniques principales furent utilisées: le décor à la roulette, le décor à "l'engobe traînant" (ou à la barboti­ne). le décor appliqué, et le décor peint.

La roulette était employée ou bien comme décor unique (Fig.4, nO 12). ou bien comme décor supplémentaire, servant habituellement à délimiter des zones sur le vase (Fig.4, na 17 à 19).

L'emploi de la barbotine a permis la manifestation du don artistique du potier. Les motifs passent par toute la gamme des volutes simples mais plaisantes (Fig.4, nO 13 et 18). aux scènes avec des animaux (Fig.4, n014 et 17) et des êtres humains; celles-ci sont parfois très complexes. Il n'est pas surprenant que les gobelets décorés de telle manière aient été très demandés partout dans la province. La plupart des gobelets décorés à la barbotine, à part les ï"mitations des gobelets de Trèves (Fig.4, n018) ont vu leur production s'éteindre dès le milieu du Ille s. Ils étaient tout de même souvent

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des biens précieux et on a pu les utiliser longtemps après leur achat. L'emploi du décor appliqué se limitait en général au type de décor "à l'écaille" avec

l'application de boulettes d'argile modelées sur le vase (Fig.4, n016). Les décors peints étaient souvent géométriques, tout simplement, mais ils pouvaient

aussi être plus complexes, avec des formes humaines. Il semble que l'introduction des décors à la peinture soit plus tardive que celle de la barbotine; c'était peut-être un moyen pour réduire les frais. Ces techniques de décor s'employaient aussi sur d'autres formes que les gobelets.

Plusieurs aspects de l'industrie céramique de la vallée de la Nene inférieure sont encore insuffisamment compris. Les origines et le développement précoce sont assez incertains, et ceci est dû en grande partie au manque de gisements bien datés de cette époque. Le catalogue complet des motifs décoratifs ne pourra être réalisé que si l'on parvient à financer un projet de recherche dans toute la province. Il est nécessaire de poursuivre les recherches sur la chronologie et la typologie des divers aspects de l'industrie, et de réaliser de nouvelles fouilles sur des sites de toutes natures et de toutes pér iodes. Les relations entre l'industrie de la vallée de la Nene et l'Europe continentale sont encore mal connues, de même que le problème de l'émigration des potiers en Grande-Bretagne. Quant aux modes de commerce, avec des études sur la diffusion et la répartition de cette céramique, ils ne sont encore que partielleme nt reconnus.

Ce court article essaie de fournir une introduction provisoire à une des industries céramiques les plus importantes dans la Britannia à l'époque romaine. Il n'existe pas une seule publication sur tous les aspects de l'industrie, mais une indication du catalo­gue des vases produits dans la vallée de la Nene inférieure se trouve dans l'opuscule Roman Pottery From the Nene Valley : A Guide, Peterborough City Museum, Occasio­nal Paper n02.

NOTES

(*) Nene Valley Research Committee

Je voudrais remercier Linda Meadows pour les dessins originaux et le Dr R.P. Symonds pour la traduction française.

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Christian PILET

LA CERAMIQUE BRITANNO-ROMAINE ET ANGLO-SAXONNE DECOUVERTE DANS LES NECROPOLES BAS-NORMANDES

A EBURACUM (York), en 221, Lucius Viducius Placidius offrait un arc et un passage couvert à Jupiter Dolichenus, au Génie du lieu et aux numina impériaux. L'homme domicilié à Rouen était marchand (1).

Pendant les trois siècles suivants, l'Ile de Bretagne continuera à avoir des relations culturelles et commerciales privilégiées avec cette partie de la Gaule qui deviendra la Normandie.

Le matériel recueilli à l' intérieur de plusieurs nécropoles de la Plaine de Caen illustre bien ces échanges de part et d'autre de la Manche. Les gisements concernés sont Frénouville, Giberville, Sannerville, Hérouvillette, Ifs, Saint-Martin-de-Fontenay. Ces nécropoles, dont plusieurs ont été fouillées intégralement, correspondent à des petits groupes humains qui, pendant l'Antiquité, étaient regroupés à l'intérieur de fermes indigènes ou de villae. De la fin du Ve s. à la fin du Vile s., on constate un accroissement important des populations inhumées. Ainsi, à Frénouville, nécropole utilisée de la fin du Ille s. à la fin du VIles., en ne tenant compte que des données archéologiques, sur 650 fosses on dénombre 200 fosses pour les IVe et Ve s. et 450 fosses pour les deux siècles suivants. Un schéma identique a été observé à Saint-Mar­tin-de-Fontenay alors que la nécropole a été utilisée beaucoup plus longtemps, de la fin du VIe s. av. J.-C. à la fin du VIle s. ap. J.-C.

Ces mouvements de population peuvent être mis en rapport avec le déclin économi­que d'Araegenuae (Vieux), capitale des Viducasses, à partir de la fin du IVe s.

Les nécropoles ayant fourni des poteries britanno-romaines et anglo-saxonnes sont Frénouville (Pilet, 1980), Hérouvillette (Decaëns, 1971), Giberville (Pilet, 1981) et Sannerville (Pilet, 1980-1981-1982). A travers ces quatre exemples, il est possible d'observer, d'un point de vue quantitatif, l'importance des mouvements commerciaux en provenance de l'Ile de Bretagne vers notre région, de la fin du Bas-Empire au début du haut Moyen Age.

1. Importations en provenance de l'Angleterre britanno-romaine

A Frénouville, huit sépultures ont livré chacune une poterie de type BB 1. Les vases sont datés entre la fin du Ille s. et la fin du IVe s. par le contexte archéologique (vaisselles en verre et en bronze argenté, parures féminines, oboles à Charon) (2). Il s'agit de trois gobelets à panse ovoïde et anse latérale, de trois petites ollae, d'un gobelet caréné et d'une grande olla. Tous les vases sont tournés sauf le gobelet caréné. Les sept premiers récipients ont sans doute contenu le repas funéraire; le dernier a été utilisé pour recueillir les restes d'une incinération. L'étude du lot a déjà été réali­sée et publiée (Dufournier et Martin, 1983).

Le pourcentage des céramiques importées vers le petit village qui est devenu Frénouville se décompose de la façon suivante: sur 21 céramiques importées, six proviennent des ateliers de l'Artois, six de l'Argonne, une de Jaulges-Villiers-Vineux et huit des centres potiers du sud du Dorset. Les productions d'outre-Manche sont les plus nombreuses. Ce constat doit être mis en parallèle avec les trouvailles de

87

céramique qui ont été découvertes à l'intérieur du castrum de Coriallo (Cherbourg). Là, en effet, sur un lot de 97 vases importés, trente proviennent de l'Argonne, trois

de Jaulges-Villiers-Vineux, un de Rheinzabern, un tesson de sigillée claire afri ca ine et soixante-deux poter ies des ateliers du Dorset.

Au travers de ces deux exemples, on mesure le ca ractère privi légié des échanges en provenance de l'actuelle Ang leterre, et cela malgré la différence entre les deux communautés: l'une avait un rôle économ ique important, face à la mer - Coriallo (Cherbourg) -, l'autre était une petite communauté rurale (F rénouville). A l'inverse, à Araegenuae (Vieux), civitas, la céramique importée est beaucoup plus faiblement

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Figure 1 - Localisation des mobiliers britanno-romain et anglo-saxon m is au jour en Basse-Normandie.

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représentée; on note cinq ou six récipients au total venant des ateliers du Dorset et de l'Argonne.

Cette observation archéologique, susceptible évidemment d'être remise en cause par d'autres découvertes, illustre cependant le déclin économique de la cité que l'on peut aussi mesurer par le déplacement de la population vers d'autres centres situés à l'ouest de l'Orne.

A Frénouville, la présence britanno-romaine n'est pas seulement attestée par de la céramique mais aussi par une plaque-boucle à décor animalier sans doute fabriquée dans des ateliers du sud de l'Angleterre (Chadwick et Hawkes, 1961).

Les bateaux ont pu être chargés à partir du port de Bitterne (Clausentum) dans le Hampshire. Sur l'autre rive, les castra du litus saxonicum étaient vraisemblablement des endroits idéaux pour réceptionner les marchandises: castrum de Coriallo (Cher­bourg), castrum de Bénouville sur la rive occidentale de l'embouchur.Et:de l'Orne.

Il. Importations en provenance de l'Angleterre anglo-saxonne

C'est justement près du castrum de Bénouville que l'abbé Durand (1840-1841) a découvert une "quoit brooch" en bronze argenté à décor animalier; celle-ci est datée du milieu du Ve s.

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Figure 3 - Poterie, fibules et bractéates provenant des nécropoles de B énouville (1), Frénouville (2-7), Réville (8), Hérouvillette (9 et 10), Ifs (11 et 12), Vierville (13), Saint-Martin-de-Fontenay (14), Sannerville (15).

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La poursuite des échanges commerciaux pendant la fin du Ve s. et le début du VIe s. est toujours attestée dans les nécropoles déjà mentionnées. A côté des importa­tions de céramiques, il importe aussi de faire état d'un nombre assez grand d'objets

Bénouvi Ile

Fibules annulaires "Quoit brooches" 1

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Figure 4 - Poteries et fibule provenant de la nécropole de Giberville.

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Révi Ile (Scuvée 83)

1

métalliques. Ce sont entre autres des fibules. des bractéates. pour ne retenir qu'un mobilier parfaitement significatif.

Mais. seules les nécropoles d'Hérouvillette. de Giberville et de Sannerville ont livré des poteries de type "anglo-saxon".

- HérouvilleUe(Vle s et Vile s.). 61 sépultures ont été fou ill ées. A côté de trois vases de type "franc". un tesson de céramique anglo-saxonne a été mis au jour dans la terre de remplissage d'une fosse qui côtoye l'une des sépultures ayant livré une bractéate. - Giberville (Vie et Vile s.). 394 sépultures ont été fouillées. Sur neuf récipients. six sont de type "franc" et trois des pot~ importés de l'Angleterre anglo-saxonne. L'un est une urne sphérique avec les restes d'une incinération, l'autre un vase ovoïde pour repas funéraire, le dernier est attesté par un fragment important de la partie supérieu­re d'un vase caréné à décor de dépressions et de bosses. - Sannerville (Vie et Vile s.). 121 sépultures ont été fouillées. Sur dix vases. neuf sont de type "franc". le dixième vient d'outre-Manche. Il est caréné et porte un décor de bosses. de dépressions et d'incisions.

Typologiquement. les vases semblent avoir une ongme anglo-saxonne. Ils ne sont pas tournés. la couleur des pâtes (beige-ocre). le décor (bosses, dépressions, incis :ons), tous ces critères externes constituent un faisceau convergent. Les observations on t été confirmées par celles de C. Hills (3) qui a pu examiner les récipients concernés. Mais l'étude céramologique reste à faire; celle-ci est envisagée dès l'année prochaine en collaboration étroite avec le responsable du Laboratoire de Céramologie du Centre de Recherches Archéologiques Médiévales de l'Université de Caen.

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(1) [I(ou!] 0lptimol M(aximol D(olichenol] • êt Genio • Lo.s:i / Let n(lIminibus Au]g(ustoruml • L(uciusl •

Viducius / [L(uciil f(iliusl Pla]cidus • domo / [ciuit(atel] Veliocas[s]ium / [ .... n]egotiator / [ .... a]rcum êt ianum / [d(onol d(editl I(ocol d(aton d(ecretol • [d(ecurionumfl Grato et /

[Seleuco co(nls(ulibusfl .....

A Jupiter Très Bon Très Grand Dolichenus, au Génie du Lieu et aux numina impériaux. Lucius Vi ducius Placidus, fils de Lucius (?l, domicilié dans la cité des Véliocasses, ( ... l, marchand ( ... l, a offert en don un arc et un passage couvert, l'emplace­ment ayant été donné par décret des décurions. Gratus et Seleucus consuls (221 ap. J.-C.l.

L'inscription a été découverte en décembre 1976, à C lementhorpe, en remploi dans un four à chaux post-médiéval; celle-ci est conservée au Yorkshire Museum (Hassal et Tomlin, 1977, 431, n029l. Voir P. VIPARD, Epigraphie gallo-romaine de la Lyonnaise Seconde, Mémoire de maîtrise dactylographié, 1987, Caen, p.524-527.

(2l Les vases, sauf la grande olla, ont été déposés dans des sépultures féminines. Les femmes portaient des chaussures cloutées; cette particularité vestimentaire n'a été observée que dans ce cas-là.

(3l Voir Catherine HILLS, The Anglo-Saxon Cimetery at Spond Hill, North Elmham. East Anglian Archaeology. Report n06, part 1 (1977). Report nOll, part Il (1981). Report n021, part III (1984l. Report n034, part IV (1987l.

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DISCUSSION

Président de séance: A. DESBA T

Robin P. SYMONDS : A propos du BB1; je n'ai vu là que du BB1, et vous avez parlé de jarres, de gobelets tournés ••.

Christian PILET: Du gobe let caréné?

Robin P. SYMONDS : Non, pas le gobelet caréné qui peut être plus tard, mais du reste.

Christian PILET: Le gobelet a été trouvé dans un contexte de la fin du IVe s., sans hésitation.

Robin P. SYMONDS: Mais le reste que vous avez montré, les panses et le type olla, est pour nous beaucoup antérieur au IVe s. Cela peut être du milieu du Ile ou de la fin du Ile s. D'autre part, normalement, c'est non tourné. C'est du vrai BB1.

Christian PILET: Ici c'est de la céramique tournée. On peut les voir dans les vitrines du Musée de Normandie.

Robin P. SYMONDS : J'ai vu ces objets et à mon avis c'est du vrai BB1; celui avec le décor ondé est un peu curieux pour du BBl et la forme serait pour nous antérieure.

Christian PILET: Je dois dire que l'attribution chronologique fin Ille/fin IVe s. ne peut pas être remise en question; je pourrais vous montrer les objets annexes trouvés dans la tombe de Frénouville : le récipient en terre type BB1, la verrerie, le bracelet ou les bagues.

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SFÉCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Michael FULFORD

LA CERAMIQUE ET LES ECHANGES COMMERCIAUX SUR LA MANCHE A L'EPOQUE ROMAINE

Résumé

The evidence that pottery provides for trade and contact across the Channel bétween the late Iron Age and the end of the Roman period is reviewed . The problem of dintinguishing between the regional and long distance stimuli to cross-channel traffic is discussed . Quantitative studies of imported wares as a proportion of complete pottery assemblages will help to resolve this matter. The regional pattern becomes clearer in the late Roman period when long distance traffic is of less importance. Quantitative studies of BBl and Oxfordshire ware allow us to distinguish two main areas of contact in the later Roman period. On the one hand there is evidence for important links between central southern England and eastern Brittany and western Normandy; on the other, the evidence of Oxfordshire ware, Argonne ware and Eifelkeramik demons­trate the role of the short crossings between the mouth of the Rhine and Boulogne and east Kent and the Thames estuary, including London. In general we probably underestimate the impor­tance of the lin ks between north-western France and southern and south-eastern Engl and in the Roman period.

Les sources écrites nous fournissent peu de renseignements sur les échanges commerciaux sur la Manche entre la fin de l'Age du Fer et la fin de l'époque romaine. Le géographe grec, Strabon, qui écrit sous l'empereur Auguste, est peut-être parmi les plus utiles lorsqu'il décrit et la nature des échanges entre le monde romain et l'Angleterre (Geogr.IV.v, 2-3) et les routes empruntées (McGraii 1983). Mais que peut-on extrapoler du fait que l'Angleterre exportait du blé, du bétail, de l'or, de l'argent, du fer, des peaux, des esclaves et des chiens de chasse et importait des objets en ivoire, ambre ou verre, etc. ? Il n'y a aucune mention ni du volume de ces échanges, ni de la durée, ni des participants, ni de leur traversée préférée (Fig.n. Toutes les autres sources sur les relations économiques entre l'Angleterre et le monde romain sont aussi vagues. Néanmoins, la céramique a la possibilité d'éclaircir un peu le problè­me. Malgré le manque de valeur intrinsèque de cette poterie, y compr is la vaisselle de table, on devrait accepter que son abondance et sa provenance nous offrent l'occa­sion d'apercevoir les variations de fréquence, de direction et d'organisation de ces échanges.

La céramique en question se divise en trois catégories: les amphores, la vaisselle de table - comme la sig illée dont la répartition s'étend depuis la Méditerranée à tra­vers la Gaule jusqu'en Angleterre - et la céramique commune, d'un commerce plus restreint. Bien que le déplacement de n'importe quelle poterie soit en rapport avec le volume de circulation des marchandises de toute espèce, l'explication du commerce de la céramique commune à travers la Manche s'expose à une détermination plus préci­se. Des facteurs tels que la proximité du centre de production aux fleuves navigables et à la mer, ou bien l'envergure de production, en combinaison avec l'absence, de l'autre côté de la Manche, de circonstances comparables, peuvent jouer un rôle signifi­catif. Face à la compétition locale, il se peut que la céramique domestique soit à même de remonter les cours d'eau majeurs mais elle ne voyagera pas autrement, loin de la côte. De pareilles réserves doivent être prises en considération lorsqu'il s'agit d'évaluer l'importance de la présence ou l'absence d'un commerce de céramique commune.

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Figure 1 - Routes majeures à travers la Manche (suivant McGrail 1983, Fig.4).

La période romaine est, selon toute probabilité, celle qui a vu le plus grand mou­vement de poteries entre la France et l'Angleterre, de tous temps. En effet, l'exporta­tion de la poterie de Gaule peut être prouvée à partir du Ile s. avant J.-c. car celle venant de Bretagne se trouve dans le sud de l'Angleterre, peut-être faisant partie du commerce atlantique qui apportait du vin italien en échange de l'étain et d'autres produits (Cunliffe 78, 87;Fitzpatrick 1985; Galliou 1984). Ces contacts régionaux se développaient en un commerce plus répandu au cours de la seconde moitié du 1er s. avant J .-C. Entre environ 30 et 10, on trouve de la poterie provenant du centre et de l'ouest de la Gaule - de la vaisselle de table aussi bien que des jattes, probablement pour faire la cuis ine (Rigby et Freestone 1986; Timby 1983) -. Cette période voit aussi la présence de sigillée italienne et d'une plus grande var iété d'amphores méditerra­néennes. Peu de temps après, et certainement avant la dernière décennie de ce siècle, on note l'arrivée en Angleterre de la vaisselle de table gallo-belge (terra rubra, terra nigra, etc.), dont la plupart provenait de la région de Reims (Rigby 1973; Timby 1983). Au début du 1er s. de n.e., des produits du sud de la Gaule remplaçaient la sigillée italienne et, comme la céramique gallo-belge, etc., se trouvent dans le sud-est de l'Angleterre et dans les principales agglomérations (oppida) telles que Camulodunum, Verulamium, Braughing et Calleva (Hawkes & Hull 1949; Partridge 1981; Timby, à

96

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paraître). Puisque la sigillée du sud de la Gaule et les produits gallo-belges conti­nuaient d'être exportés après l'invasion de Claude en 43, il n'est pas facile de distinguer entre les importations d'avant et d'après la conquête.

Jusqu'à la fin du siècle, mais surtout sous les règnes de Claude et de Néron; le volume du trafic entre la Gaule et l'Angleterre ne cessait d'augmenter (cf. le mobilier de K ingsholm (Hurst 1985). En ce qui concerne la poterie, la plus importante en volume est la sigillée du sud de la Gaule (cf. Marsh 1981), mais on trouve aussi des amphores de Narbonne (Laubenheimer 1977), des mortiers de Lyon et de la Gaule belge (Hartley 1973, 1977) (Fig.2), de belles coupes engobées de Lyon (Greene 1979), de la sigillée et des articles glaçurés du centre de la Gaule (cf. Greene 1979), et même de la cérami­que du type rouge pompéien venue de diverses régions, y compr is du centre de la Gaule (Peacock 1977a). La poursuite des recherches nous permettra certa inement d'étendre

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Figure 2 - Répartition des mortiers estampés des groupes 1 et 2 (nombre d'estam­pes) (suivant Hartley 1977, Fig.2.2).

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la liste des objets de cuisine aussi bien que ceux de table. Les deux dernières décennies du 1er s. ont vu une nette diminution du volume et de la variété des exportations de poterie de Gaule.

Au cours du Ile s., la plus importante exportation de belle poterie vers l'Angleterre s'avère être la sigillée du centre de la Gaule, d'abord celle fabriquée aux Martres-de­Veyre, ensuite celle de Lezoux où on produisait aussi de la céramique à paroi fine.

Des ateliers en Gaule belge, tels que ceux d'Argonne, ne constituent qu'une contribu­tion mineure au commerce de la sigillée. En outre, on a prétendu que des gobelets à paroi fine étaient d'origine gallo-belge (Symonds, pers . comm.). Tout récemment, le commerce de céramique commune provenant du Pas-de-Calais et de Picardie a été attesté pour les Ile et Ille s., mais avec une importance relativement faible (Richardson & Tyers 1984) (Fig.3). Des amphores de Narbonne continuaient d'arriver suivant le Baetican Dressel 20 en ordre d'importance. Tout comme le commerce de céramique commune très localisé, on peut aussi noter celui des matériaux de construc­tion pour la C lassis Britannica (Peacock 1977b). La céramique commune romano-bri­tannique, surtout BB2 mais aussi BB 1, est documentée en France, à Boulogne, pour la première fois (Fulford 1977).

Avec la disparition de la sigillée du centre de la Gaule dans la première pa r t ie du Ille s., on trouve peu de signes évidents d'un commerce de poterie entre la ( dule et l'Angleterre, celle du Centre tout comme celle du Sud. Selon toute probab ilité, l'exportation des amphores du Sud a continué pendant les premières années du Ille s., comme celle de la céramique commune du Nord-Ouest et la poterie fine d'Argonne. Celles-ci ont bien pu être fabriquées et exportées jusqu'à la fin de la période romaine. L'exportation de sigillée, de céramique fine et commune du Rhin semble se faire pendant la première moitié du Ille s. sur une petite échelle (cf. le mobilier de New Fresh Wharf, Londres (Dyson 1966)). La continuation des liens entre le nord de la Gaule, le Rhin et le sud-est de l'Angleterre jusqu'au début du Ve s. se voit dans l'expor­tation des produits romains tardifs, y compris la sigillée décorée à la molette d'Argon­ne provenant de la Gaule belge, et de l'E ifelkeramik du Rhin (Fulford 1977). En outre, on peut noter la présence de la céramique à l'éponge provenant du sud-ouest de la Gaule dans le sud de l'Angleterre à la même époque (Galliou et al. 1980). L'Angleterre exportait surtout du BB1 du sud-Dorset, trouvé en Bretagne et en Normandie, et des produits de l'Oxfordshire qui sont assez répandus à l'est de la Seine (Fulford 1977; Martin & Dufournier 1983); Boulogne en possède une belle collection. D'autres types tels que la céramique à paroi fine et commune de New Forest et la céramique commu­ne d'Alice Holt du sud sont également représentés. Il va sans dire que la quantité de poterie qui traversait la Manche pendant les Ille et IVe s. était bien inférieure à celle des deux premiers siècles, mais néanmoins - comme je l'ai déjà démontré ailleurs - elle n'était pas négligeable quand on considère le commerce dans son intégralité (Fulford 1978).

Ayant passé en revue les preuves d'un commerce de poterie entre la fin de l'Age du Fer/début de la période gallo-romaine et la fin de la période romaine, je me tourne maintenant vers une évalu ation de la distinction entre le commerce régional et loin­tain. Vu le lieu de ce Congrès et le thème de cette session, la question des liens régionaux entre la Gaule du nord-ouest et l'Angleterre du sud est particulièrement à propos. Le développement d'études quantitatives est devenu de plus en plus pertinent à ce sujet. Depuis 1975, les spécial istes de poterie romano-britannique ont pris l'habi­tude de quantifier les ensembles selon plusieurs méthodes, d'après la forme et la pâte (Young 1980). Malheureusement, les rapports ne sont pas faits sur la base de toutes ces méthodes et, donc, il n'est pas toujours possible de comparer des chiffres. De plus, certaines catégories spécialisées, telles que la sigillée, sont souvent omises. Cepen­dant, malgré ces difficultés, on peut utiliser des résultats publiés depuis une douzaine d'années pour amorcer l'établissement de cartes basées sur la quantité. Pour ne citer qu'un seul exemple :en 1977, David Williams publia une étude définitive sur la British black burnished wares qui montra que la production de certains ateliers était distri­buée à travers tout le pays. Maintenant, on peut interpréter ces distributions, surtout

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Figure 3 - Répartition en Angleterre de la poterie nord-gauloise (nombre d1exem­pIes) (suivant Richardson et Tyers 1984, Fig.3).

de BB l, d1une toute autre façon. Dans le contexte de Pensemble intégral de poterie, la distribution massive de BB1 dans Pouest peut être aperçue (Fig.4). Malgré le peu d1ensembles utiles dans le nord, Ilahondance relative sur les sites militaires, en particu­lier à Vindolanda (Bidwell 1986), laisse supposer que d1autres recherches dans le nord

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Figure 4 - Répartition de BBl du Dorset (env.250-400); quantifiée comme un pourcentage d'ensembles anglais choisis et par le nombre des exemples en France.

ne changeront pas cette- vue. Une étude semblable de poterie de l'Oxfordshire romain tardif a montré sa distribution qualitative (Fig.5). Quelle est la signification de ces études pour le commerce sur la Manche?

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Figure 5 - Répartition de poterie Oxfordshire (env.250-400); quantifiée comme un pourcentage d'ensembles anglais choisis, et par le nombre des exemples en France.

Pendant les deux premiers siècles de n.e., le volume des importations de poterie en Angleterre et la diversité des provenances sont tels qu'il est difficile, voire impossi-

101

ble, de distinguer entre l'apport du commerce régional et celui dû aux liens économi­ques entre la Gaule et l'Angleterre. Tant que nous ne connaîtrons pas la distribution des types différents en Gaule, il sera impossible de percevoir leur lieu (simple ou multiple) d'embarcation et, en conséquence, de savoir si leur exportation est due aux liens régionaux. Pour en être certains, il nous faut des données quantitatives. Prenons l'exemple de la sigillée du sud et du centre de la Gaule. Les deux sont trouvées partout en Gaule et en Angleterre, mais d'où provient-elle? Est-elle due au commerce établi au point de production, dont les voies de distribution passent, par chance, par le nord­ouest de la Gaule ou bien, en ce qui concerne l'Angleterre, le vrai point de départ est-il le nord-ouest de la Gaule? Le naufrage Pudding Pan au nord du Kent contient une importante cargaison de sigillée fabriquée à Lezoux (Smith 1907, 1909). On peut interpréter ceci comme une denrée exportée directement de la Loire à la Tamise. Mais, comme King l'a indiqué, la route la plus pratique et la plus économique est celle qui passe par la Seine vers l'Angleterre (King 1981), bien que les Romains n'aient pas toujours pris la décision la plus économique et la plus efficace. Eventuellement, cette question aura une réponse quand les études quantitatives montreront la popularité de la sigillée de Lezoux en Normandie, aussi b ien comme proport ion d'ensembles intégraux et en comparaison avec d'autres sigillées. Les différences de présence entre côtes et rivières, à l'intérieur, apporteront des suggestions supplémentaires. Pu' ;que la sigillée n'a pas été le sujet de beaucoup d'études quantitatives, nous ne po uvons pas encore déterminer ses axes de distribution. L'évidence que nous possédons en Angleterre montre que sa présence est très variable (Fig.6) . Pour le moment cepen­dant, nous sommes certains, du fait de sa présence importante à Londres et des dépôts de vaisselle neuve trouvés sur les quais, que Londres fut un port d'entrée majeur - sinon principal - pendant les deux premiers s iècles (Rhodes 1977, 202-7). A l'excep­tion de Boulogne, les ports qui exportaient restent inconnus. Néanmoins, la présence de poterie gallo-belge, de mortiers du 1er s. et de céramique commune du nord-ouest de la Gaule nous informe sur d'autres liens avec la Normandie et le Pas-de-Calais (Fig.2 et 3). Pour le moment, on ne sait pas bien si cette poterie voyageait dans le sillon du commerce lointain ou si c'était le contraire. Dans ce dernier cas, on aurait pu s'attendre à voir une plus grande implantation de produits régionaux chez nous.

L'image s'éclaircit à nouveau vers la fin de la période romaine, ne serait-ce que parce que le commerce à grande distance s'arrête. Ici, nous sommes en posit ion de voir la céramique commune nous indiquer la direction du commerce et d' identifier les principaux ports. Prenons comme point de départ la céramique du nord-ouest de la Gaule aux Ile et Ille s. : nous voyons qu'elle se trouve essentiellement à Londres, Douvres et Richborough, ce qui confirme l'importance de ces trois ports (Fig.3). Cependant, le nombre de fragments est tellement faible qu'il est difficile de penser que les autres fragments trouvés ailleurs en Angleterre ont pu atteindre leur destina­tion à partir de ces ports. La présence de cette poterieenEast Anglia, à Ca ister, à York, etc., signifie qu'il y avait des liens directs entre ces lieux et le nord-ouest de la Gaule, même si ces liens étaient moins importants que ceux de la Manche. De même, la faible présence de cette poterie sur la côte ouest de la Manche indique le peu de commerce existant avec le Pas-de-Calais.

Cette évidence d'une séparation de commerce entre l'est et l'ouest sur la Manche rappelle celle de l'Age du Fer et, celle de la fin de la période romaine. D'une part, la présence de Dorset BB 1 indique une préférence pour les routes nord-sud entre la Bretagne et la Normandie, en. délaissant presque totalement la partie à l'est d'une ligne Seine/SoIent (Fig.4). D'autre part, l'évidence de la poterie de l'Oxfordshire suggè­re une préférence pour les courtes traversées du détr,oit de Douvres ou pour une traversée èntre embouchure de la Tamise et Boulogne (Fig .S). Cette dernière préféren­ce est ,çonfi r méep,ar l'évidence de la poterie romaine Sardive de l'Argonne en sens inverse car on la trouve, comme l'Eifelkeramik, le long de chaque rive de la Tamise, de l'embouchure jusqu'à Londres (Fulford' 1-977kMârgré clesdeutes érnis, récemment sur son importance à la fin de la période romaine, Londres continuait d'être ùn port principal qui attirait aussi le commerce de l'Atlantique sous la forme d'amphores exotiques de la Méditerranée et de la céramique à l'éponge (voir New Fresh Wharf

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Figure 6 - Sigillée du centre de la Gaule de sites anglais choisis, quantifiée comme un pourcentage de l'ensemble intégral de poter ie.

(Dyson 1986) ). Vu leur rareté dans les ports de la Manche, il est peu probable qu'elles aient été distribuées à partir de ceux-ci.

J'ai exposé ailleurs mes idées sur l'importance du commerce à la fin de la période romaine, ma is il sera it utile d'attirer l'attention sur des ensembles récemment quanti­fiés qu i démontrent des variations importantes le long de la Manche. La proporti on de BB1 dans le mobilier de l'ouest de l'Angleterre est très grande - jusqu'à 60% à Gloucester (Fig.4). La représentation différentielle entre des s ites de la côte et de l'intérieur montre que ceci est le résultat du commerce maritime. Bien que ce type de poterie se trouve régulièrement sur la côte française de la Manche, l'info rmat ion qui m'est accessible en ce moment indique une très faible proport ion (moins de 5%) d'un ensemble (sauf, peut-être, Cherbourg). La raison de la prédominance de BB 1 dans l'ouest s'exp li que par l'organ isat ion officielle des approvisionnements du Pays de Galles et de la frontière septentrionale, plutôt que par un réseau de commerce (Fulford 1981,

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202-4). les premiers résulta ts de l'analyse de la poter ie de POxfordshire, qui en tout cas n'est pas si abondante dans le sud et dans "est, suggèrent 'lue le vo!w:ne du tra f ic par le détroit de Douvres équivaut à celui qui longe les côtes. Le corJtr aste avec SB 1 dans l'ouest sert à souligner la nature non conlme rCÎ i:lle de cell e -ci. '

l'interdépendance du sud et du sud-est de l'Ang le terre et du nord-ouest de la Gaule se trouve confirmée aussi par le monnayage , Au début du IVe s., quand Londres et Trèves frappaient monnaie, on trouva it leurs pièces indifféremment de chaque côté de la Manche, sans qu' il y ait une raison poli tique et officielle pour cet état de choses (Fulford 1977). l'évidence des pièces ; l ondoniennes~st très instructi ve. Quel est le rôle de la Normandie dans ce commerce? Il est clair que la présence de BBl e t de poterie de la New Forest témoigne d'un commerce considérable entre le Dorset (1 e havre de Poole?) et la Normandie pendant la dernière époque cfe la période romaine. Malgré l'échelle de production de BB 1 dans le Dorset à une époque antérieure, les preuves d'un commerce sur la Manche au cours du Ile s. sont beaucoup plus limitées. Une explication possible serait que cette différence ait pour cause la multiplication des raids et de la piraterie dans la Manche orientàle et la mer du Nord (Johnson 1976), ce qui a obligé les marchands à adopter des routes occidentales pour traverser la Manche depuis le milie u du Ille s.

Chose curieuse, les types de la céram ique commune romano-britannique t · (' )'.'f~~­en Normandie n'offrent guère d'a ppui à une €Xp'kHtation ,-:le la ligne Seine/S(ji(~nt. Malgré le fait que la traversée entre l'er-:lboLlchure de la Seine et du Soient soit parm i les plus sûres, comme l'indiquait Sean McGrail (1983), il existe peu de certitl)des pour son utilisation - à tel point que nous devons nous attendre à changer radicalement nos idées reçues quand les recherches nécessaires auront été effectuées. Quelle est notre certitude actuelle? la plus ancienne et la plus ferme est la poterie gallo-belge. les études quantitatives du Dr Timby ont révélé deux concentrations en Angleterre, dont une autour du SoIent, une indication probante de l'utilisation de la traversée Seine/SoIent (1983). Après, l'évidence pour la popularité de cette route est ambiguë et il nous faudra attendre les résultats d'autres études faites en Normandie et dans le centre-sud de l'Angleterre pour voir plus clair. Bien sûr, il est concevable que l'in­formation que nous possédons aujourd'hui est significative. Nous devons reconnaître aussi la possibilité soulevée au début de cette comrr'IUnication : c'est-à-di re que, sans tenir compte du volume du commerce, des conditions relatives à la disponibilité de la céramique commune des deux côtés de la Manche ont déterminé l'étendue de son commerce sur la Manche. Des recherches futures pourront nous le confirmer.

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DISCUSSION

Président de séance : A. DESBA T

Armand DESBAT : Cette communication a, entre autres mérites, celui de nous rappe­ler qu'il n'est pas possible de parler de commerce sans faire du quantitatif, notamment en distinguant les céramiques qui ont fait l'objet d'un commerce pour elles-mêmes, de celles qui ont fait l'objet d'un commerce que l'on pourrait qualifier de secondaire.

Fanette LAUBENHEIMER : Toutes ces cartes nous font réfléchir lorsque l'on voit des points se dessiner et des routes commerciales se tracer.

Vous avez souligné une chose extrêmement importante à propos de la difficulté des comptages. Vous avez certainement saisi des données sur divers sites, fait des pourcentages, eu des difficultés suivant la façon dont les sites étaient fouillés, eu,

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peut-être, des difficultés suivant la façon dont les tessons étaient conservés, compta­bilisés, etc., et il est, peut-être, important que vous nous expliquiez comment a fonc­tionné votre évaluation.

Enfin, dernière remarque . Lorsque vous définirez peut-être mieux les amphores gauloises, on verra les différents types qui apparaissent en Angleterre; · vous nous parlez des C.4, mais il y a, probablement, au 1er s. aussi, des C.l (je sais qu'il y en a à Londres). Il sera donc intéressant de pouvoir nuancer les sites de production et les zones d'exportation.

Michael FULFORD : Les amphores gauloises sont un prOblème important. Je sais aussi que les cartes sont assez anciennes. Mais je suis sûr qu'après les Dressel 20, les ampho­res gauloises, aux Ile et Ille s., sont de seconde importance .

Robin SYMONDS : Je vois toujours des cartes de répartition où il manque Colchester dans l'est et cela me gêne un peu. C'est vrai que nous n'avons pas encore quantifié comme vous le souhaitez mais je pense qu'il ne faut pas omettre des sites quand il n'y a pas assez de données; on sait qu'il y a du BB1.

D'autre part, et c'est important pour moi, on montre toujours des cartes de réparti­tion et on parle du réseau fluvial, alors que je préférerais voir également sur ces cartes les voies terrestres. Les Romains ont commencé, au début du 1er s., à construin des routes, entre autres pour le commerce.

Michael FULFORD : Si je dessine les routes, ces cartes deviendraient toutes noires. Par ailleurs, je parle, ici,du commerce transmanche.

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DISCUSSION

Eléments pour une synthèse sur les céramiques gallo-romaines et romano-britanniques dans le nord-ouest de l'Empire

Pr ésident de séance : A . DESBAT

Armand DESBAT : Sur le problème des routes et des voies fluviales, d'autres ques­tions ?

Didier BAYARD : A propos du volume du commerce. J'ai reçu des amis anglais et je suis allé voir le matériel à Londres et à Colchester; d'après ce que j'ai vu, il me semble que les importations, d'un côté ou de l'autre de la Manche, sont plutôt anecdotiques que commerciales. Il y a une chose qu'on a omis de dire et qui a son importance: c'est le passage des troupes; il y a d'innombrables passages de troupes qui ont eu lieu à diverses reprises, au moment de la conquête, pour les Champs Décumates dans l'autre sens, les guerres de Septime Sévère, etc. et on a beaucoup de témoins qui sont liés, probablement, à des objets qui ont été emportés dans les bagages (comme la fameuse coupe d'Amiens) . Par exemple, pour tout le matériel britannique que l'on a retrouvé à Amiens, il n'y a qu'un seul tesson de BB2. De l'autre côté, parmi le matériel trouvé à New Fresh Port, qui est considérable, la céramique qui pouvait venir de Picardie ou du sud du Pas-de- Calais est assez infime et peut n'être liée qu'aux aléas du cabota­ge. Enfin, pour les gobelets à pied creux et décorés de guillochis, que l'on a vus fré­quemment sur les cartes, leur répartition dans l'est de l'Angleterre pose justement beaucoup de problèmes; on avait pu, à Colchester, avec R.P. Symonds, comparer les exemplaires de Colchester et ceux d'Amiens: ils ne se ressemblaient absolument pas. Et je n'ai jamais vu, dans la région d'Amiens, de gobelets exactement semblables à ceux de Colchester. A Londres, par contre, c'était peut-être un peu différent, puisque avec ce matériel de New Fresh Port on en revient aux aléas du cabotage. Je n'ai pas vu, en revanche, le matériel des ports situés plus au nord, mais il est bien possible qu'on ait fabriqué, dans l'est de l'Angleterre, une céramique tout à fait semblable. En tout cas, je n'ai pas vu d'importations massives. Aussi, l'impression qu'on en tire, pour le côté est de la Manche, c'est un commerce relativement inexistant de la céra­mique des deux côtés de la Manche, qui ne touche simplement que les ports côtiers.

Bernard HOFMANN : J'estime que la Manche est une des mers les plus difficiles en matière de navigation, non seulement par l'existence des vents dominants du sud-ouest, mais aussi par la présence de courants extrêmement forts le long des côtes (pouvant atteindre 8 nœuds, soit 14 km/ heure), s'inversant à marée descendante et s'opposant à ceux parvenant de la Mer du Nord, préCisément à la hauteur du PaS-de-CalaiS, le lieu de traversée idéal étant, lorsque la mer est étale, entre Douvres, Folkestone et Boulogne .

Or les bateaux marchands antiques n'étaient pas particulièrement adaptés à ce genre de navigation. Du fait de leur chargement, ils ne pouvaient pas faire usage de rameurs: Ils n'avaient pas de quille car il leur fallait accoster le plus près pOSSible des rivages dans une mer où les ampli tudes de marées sont extrêmement fortes: d'où une dérive importante. Ils n'avaient que des voiles carrées ne permettant que la marche vent arrière ou grand large et n'offrant pas la possibilité de se livrer à des finesses de navigation afin de lutter contre courants et vents contraires. Enfin, il y avait absence de gouvernail d'étambot, celui-ci étant remplacé par deux sortes de rames de part et d'autre de la poupe: n'a-t-on pas dit que c'est grâce au gouvernail d'étambot que

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les grands navigateurs ont pu affronter les océans à la fin du Moyen Age ? D'ailleurs, la "Montjoie", nef royale de Saint Louis n'en possédait pas, d'après les miniatures d'é poque .

Autr'e trient dit, clans ces conditions, les navires mar'chands antiques se comportaient un peu cornme des "crabes'! : partant de tous les ports côtiers normands, les plus à l'ouest, ils arrivaient tant bien que mal vers l'Angleterre, au niveau de l'East Suss ex ou du Kent. Les exemples ne manquent d'ailleurs pas de navigations de ce genre: c'est en partant de l'estuaire de la Dives, en 1066, que Guillaume l e Conquérant débarque à Pevensey, près de Hastings. C'est de Coutances que part Henri Ier d'Angleterre dans son bateau qui précédait la "Blanche Nef" : il dut attendre six heures et le renverse­ment de courant pour revenir sur le lieu de naufrage de cette derniè l'e , en 1120. Mais l'objectif init ia l était bien le nord-est ...

Je crois donc qu'il s'agit d'une des raisons pOUl' le squelles les w ands arrivages de céramique "continentale" s'observent au sud-est de l'Angle t erre, le s ports d'embarque­ment étant répart is le long de la côte normande, de Saint- Malo en Bretagne jusqu'à l'embouchure de la Seine quand ce ne fut pas Boulogne ...

Je an-Yves MARIN : En Normandie, nous commençons à peine à maîtriser le prOblème des céramiques anglaises. La situation s'améliore avec nos récents contacts et chaque année, au fur et à mesure que nous savons mieux les reconnaître, nous nous apercevons qu'il y a beaucoup de cùamiques anglaises en Normandie; cependant, cela n'a pas été encore quantifié de manière suffisamment e fficace . Certes, on connaît mieux les sites du littoral et ceux de la vallée de la Seine que ceux de l'intérieur. Il apparaît de plus en plus clairement que ces céramiques britanniques sont très présentes et cela beau­coup plus tôt qu'on ne le pensait. L'étude pionnière de Dufournier-Martin a montré que la BB2 était présente, et à l'époque on n'en connaissait que quelques tessons; aujourd'hui l'étude a progressé en identification et on s'aperçoit qu'il y en a beaucoup et, probablement, dès le Ile s.

François FICHET de CLAIRFONTAINE : Je voudrais parler de la Bretagne qui est peu apparue au travers des communications de M. Fulford et C. Pilet. En Bretagne, les travaux en sont également à leurs débuts. Mais nous constatons que les contacts existent entre l'Armorique e t la Grande -Bretagne dè s La Tène III, surtout avec les Coriosolites, et qu'ils se poursuivent, sans doute , jusqu'au début de n.e., avec des importations, peut-être, de ces céramiques que l'on appelle "céramique à bord moulu­ré" (mais qui sont, peut-être, fabriquées en Bretagne, aux environs de Corseul •.. ). Les travaux actuellement menés tendent à montrer la présence de céramique romano­britannique en Bretagne; on a trouvé à Corseul ainsi qu'à Alet, de la BB.

La question se pose beaucoup plus pour le Haut Moyen Age. Aux Ve et VIe s., nous ignorons totalement s'il y a eu des contacts. Pourtant, on parle beaucoup de la venue de ces Bretons, et à l'heure actuelle nous n'avons toujours pas véritablement retrouvé de produits provenant de Grande - Bretagne ou d'ailleurs.

Armand DESBAT : Oui mais je pense, tout de même, qu'il est indispensable de faire du quantitatif car on a toujours tendance à privilégier les céramiques importées que l'on "pointe" plus facilem ent; mais beaucoup de ces choses qui paraissent abondantes, lorsqu'on les met en parallèle avec la totalité de la céramique ne représentent qu'un très faible pourcentage.

François FICHET de CLAIRFONTAINE: Il faut dire que pour les sites du IVe s. qui pourraient nous renseigner, en Bretagne, on n'en connaît très peu. Ne serait-ce que pour l'Argonne, par exemple, on sait qu'e lle est présente en Bretagne, mais cela ne fait qu'un ou deux ans que l'on a des sites qui en fournissent. Et à part Alet, qui nous a livré beaucoup de BB, on ne connaît que très peu de sites véritablement du IVe s., et lorsqu'on en trouve, on a tout de suite un pourcentage de céramiques importées relativement élevé.

Armand DESBAT : Ceci dit, je ne pense pas que l'on puisse mettre à égalité le com­merce qui a pu exister dans le sens Gaule-Bretagne et celui dans le sens Bretagne­Gaule; je ne crois pas me tromper; il y a, quand même, une disproportion assez énorme

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entre les importations faites en Bretagne par rapport aux exportations de produits britanniques.

Jean- Yves MARIN : Parlons du XIe s. pour rappeler qu'avant même la conquête de l'Angleterre, Caen produisait une pierre calcaire de bonne qualité qui était exportée. Les quanti fications (qui portent sur des millions de mètres cubes) montrent que si tous les bateaux sont partis en charge, on ignore toujours s'ils sont revenus à vide ou en :>hl1rge, et dans ce cas avec quels produits. La disproportion paraît évidente mais elle !'e.st sans doute moins que ce qu'on a pu le dire jusqu'à maintenant. Il est peu probable (W C des bate aux se soient dé placés à vide. Il est évident qu'il ne faut pas oublier le prnblè n1l? des transports de troupes mais ce n'est là qu'un dp <:; aspects du problème.

,\rmand DESBAT : Il est évident que la céramique n'est qu'une petite partie des t;w Uères t ransportée s. Aiais il est peut-être important de raisonner, dans cette problé­matique, sur les fonctions des céramiques. On n'a pas, non plus, importé de la même manière les céramiques selon leur usage.

Une chose m'a frappé, dans la communication de J. Monaghan, avec une illustration préc ise de ln voie atlantique. Il y n eu, récemment encore, de nombreuses discussions SUl' les problè mes de l'alimentation de la vallée du Rhin en amphores augustéennes. On pensait qu'une gmnde partie des camps avaient été alimentés par la voie atlantique e t non pas par l'axe Rhône-Rhin. Ceci se discute et en tout cas la voie atlantique a existé; il y a des produits qui n'ont pas emprunté la voie Rhône-Rhin qui sont venus directement de la Bétique.

Didier BAYARD : Pourrait-on avoir un complément d'information concernant les importations de sigillée Claire A en Angleterre?

Michael FULFORD : Il y en a un peu partout, mais très peu, à Londres, York, à Canter­bury, etc., entre le ne et le IVe s.; plus tard on a de la sigillée Claire C, à la fin du Ve et au VIe s.

Didier BAYARD: La répartition de la sigillée Claire A est-elle uniforme ou y a-t-il une distribution pré férentie lle ?

Michael FULFORD : Les tessons sont minuscules; il y en a un ici, un là. On ne peut rien dire de plus.

Hugues VERTET : Je me demande comment les cémmiques du centre ou du sud de la Gaule arrivaient jusqu'aux ports d'embarquement. Est-ce que c'est par la Loire? Vraisemblablement, oui. Il y a, en même temps, très peu de céramique dans les épaves. Ou est-ce que le cabotage représentait la principale voie de communications? Ou y en avait-il d'autres? Tout ce la pose de nouveaux problèmes.

Michael FULFORD : Je crois que la céramique n'est jamais une partie importante de la cargaison. C'est peut-être plus difficile de l'accepter pour les 1er et ne s. du fait des grandes quantités qui arrivent en Angleterre. Mais quand on examine tous les naufrages en Méditerranée ou ailleurs, on n'a jamais trouvé un seul navire qui ait exclusivement transporté de la céramique.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Bernard HO FMANN

RELATIONS ENTRE ETUDES CERAMIQUES ET HISTOIRE ANTIQUE

Un des premiers objectifs de nos travaux et de nos rencontres n'est-il pas de déboucher sur l'interprétation de la vie socio-économique des premiers instants connus de nos civilisations modernes? Nos travaux ne portent-ils pas sur des documents témoins cie l'a c tivit é humaine remontant à plus de vingt siècles? Certes peu de choses dans l'histoire ~e l'humanité, mais la précision à laquelle nous sommes arrivés dans nos études depuis que l'archéologie a quitté son aspect eMpirique pour devenir moderne mérite d'être connue de ceux qui ne participent pas à nos travaux spécialisés. Aussi ne devons-nous pas nous enfermer dans notre "cocon" et faire en sorte pour que ce que nous faisons éclate à la vue de to us à l'instar de ces papillons aux magnifiques couleurs qui vont bientôt se man ifes t er dans nos ca mpagnes •••

Je ne vais sans doute pas in nover en ra ppelant ici la nécessité de faire déboucher nos études sur ce qui est et doit rester le but de toute recherche archéologique: l'amélioration de nos connaissances des histoires régionales ou nationales.

Aussi le choix qui a été fait de Caen pour notre rencontre sera-t-il prétexte, en ce qui me concerne, pour rappeler brièvement un certain nombre d'événements histori­ques incontestables qui durent exercer une influence sur cette industrie céramique ant ique . Loin d'être toujours des événements militaires auxquels on a trop tendance de réduire l'histoire de nos pays, il s'agit a ussi et surtout de phénomènes d'autres natures.

1. C'est ainsi que l'on estime qu1aux alentours de 100 avant notre ère commença à se produire une lente infiltration outre-Manche de populations belges d'entre Seine et Rhin. Il ne s'agit pas d' une "invasion" à proprement parler, la notion de frontière n'étant pas aussi précise qu'elle l'est de nos jours. Aussi constate-t-on de part et d'autre de la Manche, bien avant la conquête, sous le règne de Claude, en 43 après J . -C ., la présence de types céram iques continentaux, notamment de céramique gallo­belge d'imitation dont Colchester (1) offre un bel exemple, attestant du maintien des relations maritimes entre populat ions de même ori gine (2).

2. Il faut également reconnaître que nos reglons du nord-ouest de la Gaule ne bénéfi­cièrent pas, comme il en f ut le cas dans le Midi, de la politique d'urbanisation augus­téenne. Les grands monuments de cette époque manquent presque autant que les apports de sig illée italique ou lyonnaise, cette dern ière n'étant qu1une extension de la première. Nos campagnes restèrent donc longtemps gauloises. Aussi ne faut-il pas s'étonner de la persistance des techniques de production indigènes dans ces régions jusqu1au lersiècle de notre ère.

3. Si l a Gaule méridionale fut romanisée bien avant la Gaule du nord, ce fut bénéfique pour cette dernière car les populations échappèrent au dur régime colonial romain. Par contre, elles ne purent se soustraire au lourd système d'imposition romain. Il ne faut donc pas minimiser la portée et les conséquences du sou lèvement de Florus et de Sacrovi r, vers 21 de notre è re (3) . N'est-ce pas sous Tibère que se produisit la suppress ion de l'exemption du tribut dans quinze cités gau loises, ce même Tibère ayant

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recommandé à se s gouverneurs de "tondre les brebis sans les écorcher ll (4). Il faut aussi relire Tacite (5) qu i consacre à cette révol te de civ il s près de huit chapitres dans son livre Iii a lors qu' il en consacre bien mo ins pour relate r l' incendie de Rome ••• Or, c'est précisé men t à la suite de soulèveMent que l'on observe (coïncidence, hasard ou plutôt conséquence) sur le r:1arché un re trait des sigillées it al iques et de leur filiale lyonnaise, victimes d'un véritable IIboycott" al ors que les produits gallo-belges d'imitation persis­tent plusieu rs décennies et que la sigillée gauloise des ateliers méridionaux pénètre dans villes e t campagnes. Des mesures furen t d' ailleurs prises en Italie pour "subven­tionner ll le s produ its cé ramiques à l'exporta tion: n'est-ce pas en 37 et en 38 de notre ère que l'impôt sur les escl aves fu t réduit de moitié en Italie et que le tribut y fut supprimé? (6). Trop tard d'a illeurs car la sigillée gauloise avait envahi non seulement la Gaule du nord-ouest mais auss i le marché breton d'outre- Manche. Le trafic mariti­me trans-Manche n'est- il pas atte sté également par l'é rection - en 37 de notre ère, sous Caligula - du cé lèbre pha re de Boulogne qui ne le cédait en ri en à celui d'Alexan­drie ... ?

4. Certes, nous manquons, dans le nord-ouest de la Ga ule, de ces sites frontaliers à caractère militaire ayant servi à établir la chronologie des types céramiques à large diffusion (fa sigillée notamment) et dont nos collègues britanniques, allemands, helvé­tiques et néerlandais disposent . Aussi est- il essentiel pour nous de nous référer à leurs travaux pour dater les pièces que nous trouvons dans notre sol. Toutefois, la datation des produits à diffusion locale reste difficile et l'interprétation du contexte bien datable reste le seul moyen. Je conçois donc parfois les hésitations des céramologues locaux et leurs réserves en matière de datation mais je leur demande de faire confian­ce aux conclusions de leurs collègues éloignés .. .

5. Les événements militaires de la seconde moitié du 1er siècle de notre ère (7) eurent­ils une influence sur le commerce de la céramique entre Gaule du nord et Angleterre?

Si la conquête de 43 ne fit qu'intensifier de telles relations, si l'on en juge par les apports outre-Manche surtout pour les produits sigillés de Gaule méridionale, il ne semble pas que Lezoux en ait bénéficié pleinement, probablement pour d'autres rai­sons. En ce qui concerne la céramique ordinaire non sigillée, il appartient à mes collègues du nord-ouest réunis à ce colloque d'apporter les éléments nécessaires. Quant aux événements survenus entre 68 et 70, soulèvements de militaires, je n'ai pas l'impression qu'ils aient été dirigés contre les populations et les industries locales alors que, dans la région lyonnaise, il en fut autrement (8) . '

6. La fin du 1er et surtout le début du Ile siècle semblent bien avoir marqué nos régions du nord de la Gaule . Nombreux sont les sites ruraux nouveaux ou témoignant d'une augmentation importante de la consommation en céramique tant sigillée qu'ordinaire. Cette époque est marquée par une recrudescence d'érections d'édifices de technique romaine, surtout du début du règne d'Hadrien. Ceci correspond bien, $emble-t-il, à une volonté de mise en valeur des richesses agricoles du nord de la Gaule, tout comme s'il avait fallu attendre plus d'un siècle et demi après Alésia pour que Rome se rende compte de la plus grande fertilité de nos régions par rapport aux terres colonisées du Midi. Mais l'heure n'ét a it plus à la colonisation et à la dépossession des terres en faveur des vétérans des armées: la not ion du Gaulois vaincu avait disparu et nombre de nos IIGallo-Romains ll étaient devenus personnages importants, notamment à Rome, symbolisant ainsi leur parfaite assimilation au mode de vie romain. Comment s'éton­ner, dans ces conditions, du succès des ateliers de sigillée de Gaule centrale et d'ail­leurs dans nos régions qui s'enrichissaient grâce à leurs productions? Nos inventaires céramiques de sites en témoignent.

7. Mais l'âge d'or de la prospérité gauloise allait se terminer vers la fin du Ile siècle, ainsi qu'en témoignent les courbes de fréquences de découvertes en matériel céramique daté sur l'ensemble des sites. On a voulu expliquer ce phénomène de multiples façons: événements militaires, révoltes locales, etc. Mais il est une cause à laquelle il ne

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semble pas que l'on ait attaché, à mon avis, suffisamment d'importance. Je veux parler de ce que l'on a appelé la "peste des Antonins", maladie épidémique dont furent d'ail­leurs victimes Lucius Verus et Marc-Aurèle, et rapportée par Tertullien, Galien et Ammien Ma rcel lin. L'absence totale alors de moyens préventifs ou curatifs dut faire que la mal adi e e mporta plusieurs dizaines de millions d'individus en Europe romaine à l'insta r de la peste de Justinien, rapportée par Grégoire de Tours et Bède le Vénéra­hIe, ou ce lles des XIVe et XVIe siècles, bien chiffrées par les statistiques ecclésiasti­flu es corresponda nt aux taux de mortalité reconnus de 50 à 70%. Ce n'est donc pas, a mon avi s, clè quelconques destructions d'ateliers de production qui furent à l'origine du fait qu' il s pé r iclitèrent, mais bien à la disparition des presque deux tiers de leur clien tèle. Les productions en série des ateliers de sigillé€ ~ devenaient plus justifiées ct i' on en re vien t à des produc ti ons faites à l'unité dont il faut reconnaître que la q:lè!i té ne le cédai t erl rien à celles d'auparavant . Il sera it trop long ici d'évoquer les ana logies avec des phénomènes industriels modernes •••

8. Comment , dans de telles conditions, s'étonner de la relative rareté des découvertes de témoins cé ramiques durant la première moitié du Ille siècle. Nous sommes au début de ce Bas-Empire également marqué par une dégénérescence des forces militaires romaines dans l'e r.lpire et une succession d'empereurs de plus en plus incapables d'assu­re r la gestion d'un énorme territoire .

L'époque des invasions vint alors. Celle d'étrangers au monde romain: les Barbares. Elles provoquèrent un arrêt de la vie économique et de la libre et paisible circulation des biens, y compris la céramique objet de notre rencontre. Ce fut l'invasion de 253/4 dans le nord-est de la Gaule, qui ne paraît pas avoir dépassé Paris semble-t-il. Mais il n'empêche que le désintérêt de ROr:1e pour la défense de ce secteur en vue de soute­nir, à l'époque de Valérien, sa position au Proche-Orient, fut à l'origine de cet empire gaulois de Post ume et de ses successeurs jusqu'à Tetricus, ce dernier étant rentré dans le giron de l'empire. La leçon ne servit d'ailleurs pas puisque la Gaule subit la désas­treuse invasion de 275 : quatre-vingts villes détruites, sans parler des dégats dans les campagnes, et dont tout fouilleur s'aperçoit des conséquences lorsqu'il tente d'établir des séries céramiques datables ••• Curieusement, les petits ateliers de sigillée argonnais semblent avoir été préservés car ils reprendront très tôt ensuite, avec des productions originales diffusées là où, durant le dernier quart du Ille siècle, la vie économique reprenait. Par contre, l'Angleterre fut épargnée de façon surprenante: l'exemple de l'empire indépendant de Post ume y avait été suivi par Carause et son successeur Allectus. L'indépendance britannique d'alors dura jusqu'en 296. " nous faut donc admettre une interruption, durant une bonne vingtaine d'années, des arrivages argonnais outre-Manche, Malgré la présence effective des troupes d'Allectus sur le littoral continental ••• sauf trafic incontrôlé!

9. Ce que l'on a appelé la "renaissance constantinienne" a été sans doute loin d'avoir apporté à la Gaule sa richesse d'antan mais il n'empêche que des témoins céramiques indiquent bien la reprise des relations trans-Manche. C'est ainsi que l'on observe, du côté britannique, la progression des ventes de produits décorés à la molette originaires d'Argonne et datables du début du IVe s. (9). Cette remarquable reprise des exporta­tions gauloises indique bien que, malgré les vicissitudes, le continent avait conservé sa réputation et ses facultés promotionnelles en matière de vente, pour utiliser une expression en usage de nos jours. Je ne puis dire cependant s'il en fut de même pour les productions des ateliers locaux. Je pense cependant qu'ils purent faire la même chose que ces gobelets métallescents sablés, avant tout argonnais, parvenus dans tous les sites de la Gaule du nord-ouest et outre-Manche, fin Ile-première moitié du Ille siècle, en quantités que l'on a qualifiées de "considérables" (10).

Malgré un développement, en Angleterre, d'une industrie céramique allant jusqu'à la production de vaisselle sigillée à la fin du Ile siècle, je ne crois pas qu'il y ait eu ensuite un renversement des circuits commerciaux. Par contre, ce renversement du trafic a bien eu lieu dans le Midi où la céramique africaine a remplacé les défaillances des productions céramiques gauloises.

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10. Ce tra fi c commercial en t re la Gaule et la Bre t agne insul a ire dut s'achever t rès cer t a inemen t après 39 3, date à laquelle, s'il fa ut e n cro ire les hi st or iens br itanniques (1 1), des révo ltes mi lita ires loca les f uren t à l'ori gine de l' iso lat ionnisme britannique. Mais je ne ve ux pas ic i continuer sur ce thème dépassa nt le cadre de ma communica­tion ...

NO T ES

(1) C.F. C. HAWK ES et M . R. HULL, Carn ulodunurn , Londres, 1947, p. 202 et s!J i v.

(2) A .L. F . R IVE T, Town and Country in Roman Brita in . Londr es, 1966, p.43 et su iv. Fig. l.

(3 ) J.- J. HA TT, Histoire de la Gmlle romaine . Paris, 1959, p.95 : signalan t la suppr ess ion de l'exempt ion de tr ibut dans de nom­breuses c i tés gaul oises.- S. von SCHN URB EIN, Die unverzierte Terra Sigilla ta von Halte m . M ünster, 1982, p.125 et 129: a tenté à de ux r epr ises de m in im iser la por tée de cette révolte de civ ils est imant qu'elle n'aurait pu abouti r à la destruction de l'a telier de L a Muette, filiale ar ét ine. Or, un ate l ier peut aussi dispara î t r e f aute de pouvoi r écouler ses productions sur le m arché •• • Cert aines industries mode r nes en font malheureusement l 'expéri ence (J e f ais a llusion ic i, entre autres, à la sidérurgi e lorraine act ue ll e •.. ).

(4) A. PIG AN IOL, Histoire de Rome , Pa ris, 1962, p. 247 .

(5) TA C I TE, Anna les. Ed. Garni er - F la m mari on, Pa ris, 1965, p. 157 e t suiv. La lecture att ent ive des chapitr es Xl=- XLVIII du livre III est éloquente : le m ouvement toucha bien un gran d nombre de ci tés ga uloise s. Quant aux manifestations violentes ayant suivi Sacrovi r , i ls furent près de quaran t e mille à A utun, e t Rome dut util iser de ux lég ions e t des auxi l iaires pour les réduire •• • et tirer la leçon ensuite.

(6) C. JULLl AN, Les t ransformations poli t iques de l'Italie sous les empereurs romains, Paris, 188 4. Invoquant Appien et Dion Cassius.

(7 ) Je pense ic i aux r évol tes de Vi ndex, Civ i lis et Vitellius auxque l les il fa udr ai t ajout er ce lle des Bret ons en 60 / 61 .

(8) J. -J. HATT, op. cit., p.142-143.

(9) B. HOFMANN, "Aperçu sur les expor ta ti ons de céramique sig ill ée en Grande- Bretagne", B. A . R. Internati ona l Series 123, Ox ford, 1981.

(10) G. CHENET, La céramique gallo - romaine d'Argonne au IVe siècle .. . . Mâcon, 1941. C 'est le type 332 de sa c lassification, qual i fi é de "gobe le t qui f ut fabri qué en quant i t és prodig ieuses en A rgonne aux Ile /me siècles" . Il a hien fallu que ces réci­pi ents soi ent vendus quelque part •••

(11) G. SHELD ON, The t ransition from Roman Britain to Christian England A.D. 368 -664 . Londres, 1932, p. 28 et suiv. L 'auteur décr i t l'éta t précai r e de la présence rom ai ne outre-Manche à partir de cette date, peu f avorabl e au paisible et dél icat transit des céramiques.

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DISC US S I O N

Président de séance : R. P. S YMON DS

Robin P. SYMONDS : Pour la question des céramiques à mettre en relation avec les événements historiques, je ne pense pas que ce soit possible. Quand on est sur le ter­rain, par exemple comme à Colchester, avec plusieurs tonnes de céramique, où on a la chance d'avoir des dates très précises (fondation en 43, colonie en 49/ 50 et incen­die en 60/ 61), on ne voit pas de changements dans la céramique.

D'autre part, ai-je bien compris que la sigillée, à Colchester, est dérivée de celle de la Gaule centrale ?

Bernard HOFMANN : Oui. J'ai étudié, sans la voir, cette céramique au travers de l'ou­vrage de M.R. HULL, The Roman Potters'kilns at Colchester, Res. Rep. Soc. Ant; London, X XI, 1963, et je sais que l'auteur a eu beaucoup de difficultés pour établir la distinction entre le s produits importés à Colchester et les produits locaux. Il existe des marques de potiers que l'on ne retrou.ve qu'en Grande -Bretagne et pas en Gaule.

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Robin P. SYMONDS : Seulement, il faut vous avertir que dans les publications à paraî­tre, nous avons démontré, grâce à des analyses chimiques que, bien qu'il y ait eu une installation de la sigillée à Colchester, et cela est sûr, il y a aussi eu des relations très proches avec Sinzig et Trèves plutôt que de Gaule centrale.

Hugues VERtEt : Tu as demandé pourquoi Lezoux n'avait pas profité du champ écono­'nique qui lui était offert. D'abord, je pense qu'il y a, peut-être, du Lezoux précoce n ibè re) en Normandie (il faudrait regarder tous les tessons de près pour voir la pâte); d'autre part, Jenkins a signalé des vases de Lezoux pour cette époque. Si Lezoux n'est pas présent par la suite, c'est pour des raisons techniques et économiques qui privilé­gient les argiles calcaires de La Graufesenque. A la fin du Te r s., ou au début du Ile s., l'hypothèse est que Lezoux (avec, cette fois, des argiles calcaires, comme pour les vases de LIBER TVS oU BVTRIO) ne réussit pas à s'imposer sur les marchés.

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SFÉCAG, Actes du Congrès de Caen , 1987

François FICHET de CLAIRFONTAINE (*)

UN ATELIER DE PRODUCTION DE STATUETTES EN TERRE BLANCHE A RENNES

L'officine de la rue Saint-Louis et les productions de REXTVGENOS

Au sein de l'ifYlportante production de statuettes en terre hlanche considérées il ya encore peu COMme provenant essentiellement de l'actuel département cle l' Allie r, se distingue nettement la série des vénus à gaine signées PESTIKA, IVLOS ou REXTV­GENOS; la déesse se détachant en bas-relief, à l'avers et le plus salivent au re vers, d'une plaque rectangulaire décorée de motifs géoMétriques (roues, rouelles, étoiles ... ).

En 1977, on a émis l'hypothèse que les figurines signées ou non de REXTVGENOS, au demeurant stylistiquement différentes de celles de PESTI K A, ont été produites dans la vallée de l'Allier (D.A.H.B ., 1977). Entretenant une certaine confusion en ne distinguant pas les productions de chacun des coroplathes, une carte de répartition des statuettes en terre cuite de "style archaïque" tendait à souligner un tel propos (D.A.H.B., 1977). Cependant, en 1979, la découverte d'un dépotoir de rebuts de cuisson à La Chapelle des Fougeretz (Ille-et-Vilaine) a confirfYlé l'existence d'une production armoricaine de ce type de figurines (Sanquer, 1981; Sanquer, 1983), sans qu'aucune véritable structure d'atelier et aucun moule de statuette ne soient pour autant recen­sés à ce jour.

L'atelier céramique de la rue Saint-Louis à Rennes est le troisième découvert dans l'espace urbain antique de Condate, la capitale de la cité des Riedones. Celui de la rue de Dinan, d'époque tibérienne et celui du Castel Saint-Martin daté des années 50-60 apr. J.-C. ont surtout produit de la céraMique fumigée (~t1enez, 1985).

L'atelier de la rue Saint-Louis, fYlis au jour en 1986 lors rl'une campagne de fouilles d'urgence, couvre au moins cent mètres carrés. Il s'est développé sur deux petites terrasses naturelles constituées de sables fluviatiles, longeant l'un des bras de l'Ille et inoccupées antérieurement. Plus que la proximité d'un point d'eau facilement acces­sible, c'est la présence d'un milieu urhain susceptible d'assurer l'écou lement de tout ou partie de la production qui a déterminé le choix du site. Les gisements d'argile modelable, riches en kaolinite, n'étaient non plus guère éloignés et les potiers devaient connaître ceux importants de Vi Ile jean et du Champ de I\!lars.

Lieu de travail défini par un ensemble de structures complémentaires qui res­tent cependant ici peu nombreuses et de fonctions parfois indéterminées, l'atelier comprend des fosses d'extraction de sable (fosses A et B), transformées plus tard en dépotoirs, deux fours (nO 1 et 2) et des trous de poteaux. C eux-ci, qui appartenaient sans doute à un appenti PL encadrent des fosses-dépotoirs (fosses B à F) dans lesquel­les a été recueillie la majorité des moules et des statuettes.

Le four circulaire à deux chambres (n02) occupe le bord de la terrasse la plus élevée. D'un diamètre moyen de 1,65 m, il présente une chambre de chauffe encavée aux parois luttées d'arg il e et séparée en deux volumes par un pilier central monté en partie à l'aide de tuiles . Retrouvée effondrée, la sole perforée reposait à l'origine sur le pilier long de 0,85 m ainsi que sur des "tuiles-raquettes" disposées en léger surplomb et à

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intervalles plus ou moins régul iers sur le pourtour supérieur de la chambre de chauffe. On ignore quelle taille présentait l'alandier détruit par une inhumation appartenant au cimetière de la fin du IVe s. ou du Ve s. Faute de n'avoir pu étudier davantage le chantier de fouilles, il est certain que ce four apparaît singulièrement isolé. On connaît assez mal ce qu'il a produit, et ses abords ainsi que son comhlement n'ont livré que très peu de èéramiques identiques du reste à celles recueillies dans le four 2. Tout au plus peut-on y supposer la production de grands vases ovoïdes à parois épaisses recouvertes de motifs ondés.

Le four 2 à chambre rectangulaire s'intègre plus étroitement aux autres structures de l'atelier. Il a été monté à l'intérieur d'une grande excavation creusée dans le sol vierge et profonde au maximum de 0,85 m. Ses parois, épaisses de 0,37 m, se compo­sent d'un parement de tuiles à rebord posées à l'endroit et liées à l'argile. On note la présence de chaînages internes de briques et l'ensemble était calé contre les bords de l'excavation par des blocs de pierre. L'alandier rectangulaire de 1,92 m de long (largeur interne: 0,84 m) ouvrait sur une chambre de chauffe longue de 2 m et large intérieurement de 1.76 m. Dans celle -ci et malgré d'importants bouleversements ultérieurs, on a pu noter que de part et d'autre d'une bande centrale, large de 0,84 m, le sol d'argile ne présentait aucune rubéfaction. Il en est de même pour les parois de la chambre jusqu'à la hauteur moyenne de 0,50 m. Il est ainsi probable que la sole perforée reposait sur deux banquettes d'argile, chacune haute de 0,50m et large de 0,44 m.

Jusqu'à la mise au jour du four 2, tous ceux à chambre rectangulaire, découverts en Bretagne, appartenaient exclusivement à des ateliers de tuiliers; ainsi le four de Guignen (Goulpeau et al., 1982) ou celui de Tressé (Le Ny, 1986) en Ille-et-Vilaine. Le site de la rue Saint-Louis n'a cependant rien fourni qui laisse supposer une produc­tion d'éléments architecturaux. De même, on ignore si ce four a produit de la cérami­que commune. Il est par contre indéniable que les figurines en terre blanche en pro­viennent. Près de 95% des moules (44 fragments) et des statuettes (135 fragments) ont été recueillis dans les fosses B, C et E ainsi que dans les niveaux d'occupations situés à proximité du four 2. Trois moules ont du reste été trouvés dans une couche comblant l'entrée de l'alandier.

Il peut paraître paradoxal que l'atelier céramique, qui a fonctionné entre 120/130 et 180 apr. J.-C. (étude du mobilier et premiers résultats de la datation par archéoma­gnétisme des tuiles) n'ait fourni que relativement peu de pièces, au demeurant toutes très fragmentées. Il n'est pas improbable que, par sa proximité, la rivière ait été le dépotoir principal des artisans, leur permettant de travailler sur une surface propre, constamment nettoyée. La fosse B qui a livré à elle seule près de 50% des moules semble n'avoir été qu'un dépotoir secondaire lié à l'unité de façonnage auquel il s'inté­grait (J'appenti?). Les pièces recueillies ont pu ainsi être cassées en cours de manipula­tion, par exemple au moment où était moulée une figurine ou réunies les parties la constituant.

Les moules et figurines se divisent en deux lots bien distincts et d'inégale impor­tance. Les productions du type de REXTVGENOS ne représentent que 40% des pièces recueillies et le reste appartient à ces formes plus variées et plus classiques - vénus anadyomènes, déesses-mères, bustes et animaux - abondamment représentés dans la vallée de l'Allier. Le faible pourcentage des productions de la facture de REXTV­GENOS et l'absence d'archétype posent à l'évidence un problème. Malgré la découverte d'un moule postérieur de vénus à gaine signé REXTVGEN OS SVLLI AVVOT (traduction littérale "REXTVGENOS l'a fait à Sullias ou REXTVGENOS de Sullias l'a fait"). moule obtenu du reste par surmoulage, on ignore s'il s'agit de l'atelier ou même de l'un des ateliers de ce coroplathe. Sullias est-il le nom du lieu où REXTVGENOS aurait produit ses moules ou celui d'une déesse? Une analyse de pâte effectuée sur des exemplaires provenant de La Chapelle des Fougeretz (M. Picon) et quatre pièces de la rue Saint­Louis (D. Dufournier) a bien montré qu'il a existé en Bretagne au moins deux sites

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RENNES st Louis: Moules du type de REXTUG ENOS

de product ion de statuettes. Chiffre qui peut être augmenté si on tient compte qu'un exemplaire de vénus à gai ne recueilli à Corseul présente une pâte sensiplement diffé­rente de celles caractér isant les deux sites. La production de figurines du type de REXTVGENOS à Rennes ne traduit peut-être que la faveur que connurent celles-ci en Armorique.

Sei ze moules et trente-quatre fragments de figurines composent ce premier lot. Leur état très fragmenté ne permet pas une typologie fine de la production; typologie calquée pour les autres vénus à gaine sur celle des vénus anadyomènes (Rouvier-Jean­lin, 1972). Ces pièces, qui semblent obtenues pour la plupart par surmoulage s'ordon­nent en trois séries.

a . Celle de s vénus à gaine est la mieux représentée . Trois moules postérieurs, dont un signé et quatre antérieurs, sont à signaler. Six autres moules, trop fragmentés, ne sont utilisables que pour une étude stylistique des motifs géométriques. Les seules

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, figurines reconnaissables appartiennent au type 1, groupe B de la typologie de M. Rouvier- Jeanl in : la déesse debout, au corps recouvert d'ornements, appuie la main droite entre les deux seins. Deux pièces (un moule et un fragment de statuette) révèlent que cette main tient un petit objet cylindrique.

b. La série des déesses-protectr ices était moins bien connue jusqu'à la découverte de l'atelier de Rennes. P. Galliou en a signalé un exemplaire à Quimper (Galliou, 1983). A La Chapelle des Fougeretz, un fragment de statuette, d'un style légèrement diffé­rent, semble s'apparenter au groupe des déesses-protectrices entourées d'enfants. On en connaît du reste un exemple à peu près complet conservé au Musée des Antiqui­tés de Rouen. Les trois moules de Rennes montrent la déesse debout, le bras gauche s'appuyant sur la tête ou l'épaule d'un enfant placé devant elle. Dans ce domaine, REXTVGENOS s'apparente encore à PESTIKA qui a produit une même statuaire (type II) avec cependant de notables différences de style. Chez REXTVGENOS, la déesse et l'enfant sont presque entièrement revêtus de tuniques étoilées ou en damier. D'autre part, au revers, le dos de la déesse est supprimé et remplacé par un décor géométrique composé de cercles concentriques •••

c . La troisième série, celle des bustes, est tout à fait inédite. On ignore comment étaient traités la tête et le socle. Les bustes se caractérisent par la présence d'un torque à boules à la base du cou. Le corps est recouvert par une tunique formée de larges V superposés encadrés par deux plis verticaux et parallèles.

Vingt-huit moules et cent une figurines, tous incomplets, composent le second lot de formes plus classiques.

On note la présence de moules postérieurs de vénus anadyomènes obtenus par sur­moulage. Plus intéressant est celui antérieur d'une déesse-mère allaitant deux enfants (type 1, groupe A). Plusieurs fragments d'édicules ont été recueillis. Un élément repré­sentant un haut de pi lastre décoré de fleurons superposés et surmonté d'un chapiteau de trois rangs de quatre palmes provient d'un moule retrouvé à ses côtés. Leur étaient associées des petites vénus du type 1. La série des Minerves est abondamment repré­sentée. Toutes les déesses sont debout, coiffées ou non d'un casque à haut cimier, le bras gauche appuyé sur un bouclier (groupe A) qui peut être rond (sous-groupe D) ou ovale (C). Quatre moules dont un complet démontrent que le bras gauche appuyé sur un bouclier était moulé à part. Enfin, le socle rectangulaire des Minerves était décoré à sa base de volutes. La série des personnages n'est représentée que par un unique fragment du célèbre t ireur d'épines. Plus intéressant, les bustes démontrent, s'il n'est encore besoin, la pratique souvent répétée du surmoulage. Une tête de femme ne se différencie d'une autre que par une taille réduite de près de 10% et des petits détails légèrement gommés. Cette série s'accompagne encore d'une tête d'enfant boudeur et de celle d'un personnage masculin. Les animaux sont enfin représentés par une colombe du type 1 (manque la tête de l'oiseau) et une tête de cheval.

Dans ce second lot, une seule figurine nous apparaît actuellement inédite. Utilisée sans doute en applique, cette pièce représente une tête d'enfant joufflu, au visage rond, entouré de cheveux bouclés et surmonté d'un bonnet phrygien. Il s'agit sans doute d'Attis, le parèdre de Cybèle. On notera la grande ressemblance qui existe entre cette statuette et une pièce recueillie aux Mares Jumelles près d'Evreux. Enfin, elle est aussi très proche d'une tête d'Attis en bronze, utilisée en applique sur une anse de vase et provenant de Fos (Oggiano-Bitar, 1984, nO 125). Cette découverte nous intro­duit, au demeurant, au problème de la présence des cultes orientaux dans nos régions et plus particul ièrement en Bretagne. Pour le culte de Cybèle, les seuls témoignages connus à ce jour sont, avec la figure de Rennes, le buste avec tour crénelée de Corseul et l'autel taurobolique de Fouesnant (P. Galliou, 1983). Il n'est pas improbable que la production de cette figurine, s'il s'agit bien d'Att is, soit liée à la présence du culte oriental, peut-être à Condate même.

Si elle ne constitue pas en elle-même une surprise, après la mise au jour d'une fosse-dépotoir à La Chapelle des Fougeretz, la découverte de l'atelier céramique de

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la rue Saint-Louis à Rennes aura pour le moins confirmé de façon éclatante l'existence d'une production armorica ine de statuettes. On doit reconnaître aussi qu'il ne s'agit sans doute pas de l'atelier de REXTVGEN OS. La plupart des formes obtenues, aucune­ment ori ginales, l'ont été par surmoulage. La présence des productions du type de REXTVGENOS aussi bien que celle de type plus classique démontrent l'immense faveur

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RE N N ES st Louis: Statuettes

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qu'eurent auprès des populations armoricaines ces figurines, donnant ici naissance à un atelier "d'imitations".

NOTE

(*) Conservateur des fouilles, région Bretagne.

BIBLIOGRAPHIE

D.A.H.B., 1977 - A Corseul (Côtes-du-Nord), plusieurs statuettes en terre cuite blanche dans le style de REXTVGENOS entou­raient un laraire. Archéologie en Bretagne, n016, p.27-29.

Sanquer R., 1981 - Informations archéologiques. Circonscription cfe Bretagne. Callia, 39, p.299-302 .

Sanquer R., 1983 - Informations archéologiques. Circonscription de Bretagne. Callia, 41, p.273-276.

Menez Y., 1985 - Les céramiques fumigées dans l'ouest de la Gaule. Cahie r de Quimper Antique, n02.

Goulpeau et al., 1982 - Possibilités de l'archéomagnétisme dans l'étude d'un four de tuilier. Revue d'archéométMe, n06, p.13-25.

Le Ny F., 1986 - Rapport de fouilles sur l'atel ie r de tuiliers de Tressé (Ille-et-Vilaine).

Rouvier-Jeanlin M., 1972 - Les figurines gallo-romaines en terre cuite au musée des Antiquités Nationales. XXIVe supplément à Callia.

Galliou P., 1983 - L'Armorique romaine.

Oggiano-Bitard H., 1984 - Bronzes figurés antiques des Bouches-du-Rhône, XLllle supplément à Callia.

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DISCUSSION

Président de séance: R.P . SYMONDS

Hugues VERTET : Je pense que l'on peut dire que la Vénus et la Minerve que vous avez présentées sont des surmoulages parce que le socle est fait en même temps; c'est un signe caractéristique. Dans le centre de la Gaule le socle sortait d'un moule et Vénus ou Minerve était ensuite collée dessus. On a le même phénomène de surmoulage dans la région de Bordeaux ou en Germanie.

François FICHET de CLAIRFONTAINE: J'ai présenté ici la seule figurine complète trouvée sur le site; à côté, nous avons retrouvé beaucoup de moules de socles et nous avons, également, des Minerves dont le moule ne comprend pas le socle.

Hugues VERTET : C'est cela, oui. Mais je crois que nous sommes dans des milieux arti­sanaux et il y a pluSieurs façons de faire. Un potier qui a une Vénus avec son socle surmoule avec le socle. Mais beaucoup de figurines se détachent très facilement du socle et, dans ce cas, le potier la surmoule sans son socle.

Pour ce qui est du moule de REXTVGENOS, je pense que c'est un moule qui a été surmoulé, ou plutôt que c'est le surmoulage d'une statuette de REXTVGENOS, pour les raisons suivantes: dans ce moule, les étoiles sont imprimées avec un relief beau­coup plus fort; mais la Vénus et la signature ont un relief beaucoup moins net. Quand un potier surmoule une statuette, il rajoute dans le moulé, avec un poinçon, ou il souli­gne, ce qui lui semble important. Là, ce qui a semblé important au potier, c'est de rajouter ou de souligner les étoiles qui n'existaient pas ou qui devaient être un peu effacées. A mon avis c'est donc un surmoulage de la Vénus de REXTVGENOS.

François FICHET de CLAIRFONTAINE: Ce n'est peut-être pas improbable mais j'ai mesuré un certain nombre de figurines de REXTVGENOS et ce moule a vraiment

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produit le type même de la grande figurine de REXTVGENOS, c'est-à-dire avec la taille maximale. Ce qui ne veut pas dire que ce ne soit pas un surmoulage. D'autre part, quand on regarde l'inscription, il semble bien qu'elle a été faite au moment où on a fait le moule.

Hugues VERTET : Mais dans le moule les reliefs sont estompés.

François FICHET de CLAIRFONTAINE : Tout à fait; on pourrait même considérer ce moule comme usé. Ceci dit ce moule-là a été trouvé avec d'autres qui sont tous usés; mais d'autres, découverts plus profondé ment, dans une fosse, avaient une facture beaucoup plus "neuve".

Hugues VERTET : Ce qui est important, là, c'est la différence entre les creux de la statuette, de l'inscription et des étoiles. Pour les Vénus du centre de la Gaule, on trouve des potiers qui ont retracé quelques plis de la draperie. Pour ce qui est du problème que vous soulignez avec juste raison, c'est-à-dire que la statuette représente le grand modèle connu de REXTVGENOS, la difficulté vient de ce que nous n'avons pas, ou presque jamais, les formes originales; nous n'avons que des séries de statuettes qui commencent à être surmoulées et qui diminuent de taille . C'est ce que, dans un autre domaine, on appelle la destruction automatique des pédoncules des phylom zoologiques; c'est-à-dire que les premières formes étaient peu nombreuses et on n'a, statistiquement, aucune chance de les retrouver; on ne commence donc à trouver les escargots, ou les statuettes, qu'au moment où il y en a une très grande quantité. Pour les plus grandes statuettes que nous avons dans le centre de la Gaule, on s'aperçoit que dans les caisses des réserves il y en a toujours que lques petits fragments qui appar­tiennent à un modèle un peu plus grand. Cela pourrait, peut-être, expliquer que votre statuette, bien qu'aussi grande que celles de REXTVGENOS, soit un modèle surmoulé. Mais on est toujours dans l'hypothétique.

François FICHET de CLAIRFONTAINE: Cette communication est une note de présen­tation de la découverte; l'étude est à peine commencée et doit faire l'objet d'un Mémoire de Maîtrise par une étudiante sur REXTVGENOS. D'autre part, cette commu­nication est une sorte d'appe l parce que je crois qu'à l'heure actue lle il est indispensa­ble, pour mieux comprendre les productions de REXTVGENOS, de lancer aussi une étude stylistique sur celles de P ESTIKA. On manque totalement de données, à l'excep­tion de celles trouvées chez Rouvier-Jeanlin. Il faudrait également faire une étude sur IVLOS qui est étonnamment proche de REXTVGENOS.

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Margarita ORf=ILA PONS Mercedes ROCA ROUMENS

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

SIGILLEES IMPORTEES (SUD-GAULOISE ET ITALIQ UE) AUX BALEARES : PROBLEMES DE COMMERCIALISATION ET DE DIFFUSION

Les Îles Baléares entrent dans le monde romain à partir de 123 av. J.-C., date à laquelle on doit rattacher la fondation des deux colonies par Q. Caecilius Metellus Balearicus, Palma au sud et Pollentia au nord, dans l'Île de Majorque (1).

Il ne s'agit pas ici de refaire l'histoire de ces deux colonies mais de présenter un premier bilan de ce qu'on peut déduire des importations de céramiques sigillées dans les Îles Baléares pendant le Haut-Empire. C'est dans ce domaine que les Îles offrent une situation tout à fait particulière par rapport à ce qu'on connaît dans la Péninsule, et surtout par rapport aux circuits commerciaux qui intéressent les productions de sigillée hispanique pendant le Haut-Empire.

On a utilisé, pour la confection de ce bilan, d'une part les données fournies par les fouilles de Pollentia, d'autre part les informations recueillies par M. Orfila lors de travaux de prospection au sud de Majorque (Ses Salines-Santanyj). A ces données, on en ajoutera quelques autres, très ponctuelles, provenant des Îles de Minorque et d'Ibiza.

A partir du matériel de Pollentia publié par E. Ettlinger au sujet des fouilles de Sa Portella (2), on obtient les proportions suivantes pour les sigillées du Haut-Empire, exclusion faite de la sigillée claire A : 60% pour la sigillée italique, 32% pour la sigil­lée du sud de la Gaule et seulement 8% pour la sigillée hispanique, proportions qui coïncident à peu près avec celles signalées pour Minorque, 60%, 30%, 10% respective­ment (3).

On note une très forte concentration d'importations italiques sous le règne d'Augus­te, surtout dans ses premiers moments; à l'époque tibérienne, elles continuent d'être importantes mais tendent à décroître; à l'époque claudienne, elles sont déjà rares. A partir des signatures, on peut déduire une prédominance très nette des ateliers arétins, avec quelques représentations des ateliers de Pozzuoli et de Pisa.

Les importations du sud de la Gaule sont assez inférieures, à peu près la moitié de celles en provenance d'Italie. La prédominance de certaines formes ainsi que les signa­tures indiquent, comme à Minorque, une nette concentration d'importations du sud de la Gaule à l'époque de C laude-Néron, bien que quelques-unes aient pu arriver plus tôt; on note un affaiblissement considérable durant l'époque flavienne bien qu'elles soient encore bien représentées jusqu'à la fin du 1er s.

Les produits hispaniques représentent seulement 8% du matériel publié par E. Ettlin­ger. Malgré leur incidence, si faible, il faut souligner deux points: concentration à l'époque de C laude-Néron suivie d'un affaiblissement notable à l'époque flavienne, et la présence d'une marque de SEMPRON IVS, potier de Tricio, Rioja, centre d'où proviennent aussi les marques de VALERIVS PATERNVS et de LAPILLlVS, trouvées à Minorque et à Ibiza (4).

Dans la zone sud de Majorque, dont l'étude de la romanisation a fait l'objet d'une thèse par M. Orfila (5), on notera deux faits: 1. Prédominance de la Terre Sigillée du sud de la Gaule sur l'italique. Les 60% de TSI

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et 32% de TSS signalés pour Pollentia se sont transformés en 34,3 % pour la première et 44,2% pour la seconde. 2. La présence plus importante de la Terre Sigillée Hispanique: 8% à Pollentia pour 21,3% dans la zone sud.

Il fau t ajouter à ces de ux faits d'autres observations: a. La présence d'importations italiques d'époque augustéenne est inférieure à celles de l'époque Auguste-Tibère, contrairement au phénomène signalé déjà pour Pollentia. b. En ce qui concerne les produits du sud de la Gaule, on note un léger déplacement pour la période de plus forte importation, que l'on doit placer entre 50/60 et 70/80, bien qu'elles soient représentées plus faiblement jusqu'à la fin du 1er s. c. La Terre Sigillée Hispanique semble présenter la même évolution déjà signalée pour Pollentia : une affluence importante à l'époque de C laude "-Néron suivie d'une chute sensible à l'époque flavienne .

C'est à part ir de ces données qu'on peut résumer la trajectoire si particulière des Baléares par rapport à la Péninsule pendant le Haut-Empire.

On constate une prédominance très nette des importations italiques, surtout aréti­nes; ces importations arrivent très tôt, peut-être en 30 a.C environ, ou encore plus tôt si l'on accepte les chronologies de Hofmann (6). Parmi les officines représentées, on peut signaler AFRANIVS, TETTIVS SAMIA, TITIVS, signant avec la formule ancien­ne de FIGVLVS ARRETINVS, VIBIVS SC ROFVLA, etc. Il s'agit d'ateliers anciens attes­tés à Narbonne, Ampurias et Tarragone (7). Leur présence dans ces villes romaines contraste avec leur absence absolue à l'intérieur de la Péninsule, par exemple à Numancia où les importations italiques sont d'époque augustéenne tardive et tibérienne (8). On peut croire ainsi qu'à partir d'un moment très ancien du règne d'Auguste, ou peut-être encore pl us tôt, certaines officines d'Arezzo ont inclus les îles Baléares dans le même circuit commercial qui englobe, entre autres villes, Narbonne, Ampurias et Tarragone. C'est seule ment à l'époque augustéenne tardive et tibérienne que les Baléares forment un monde homogène avec la Péninsule en ce qui concerne les impor­tations italiques.

On pourrait expliquer leur présence plus faible par rapport à la sigillée du sud de la Gaule, en zone rurale, ainsi que son retard, par un problème de perméabilité de ces sites, d'origine préhistorique, à ces nouveautés et par le poids de toute une tradi­tion non seulement en poterie, mais surtout en habitudes.

Les importations du sud de la Gaule représentent, à peu près, la moitié de celles d'Italie et leur présence est sporadique à l'époque préclaudienne (marque IVCVNDVS sur Ritt.8, provenant de Pollentia). C'est sous Claude-Néron qu'on assiste à l'essor de ces importations, comme l'attestent les formes et surtout les marqlJes, telles que BIO et ARDACVS entre autres. A l'époque flavienne, bien qu'encore représentées, elles décroissent. A l'exception de deux exemplaires venant de Banassac et d'une marque, ARCANVS, de Lezoux, les importations proviennent exclusivement de La Graufesenque.

Cet essor des importations de La Graufesenque ne peut pas s'étendre à la totalité de la Péninsule. Dans certaines zones, en raison de la présence de centres de produc­tions hispaniques déjà actifs vers le milieu du 1er s., les importations du sud de la Gaule sont très rares, par exemple 3% à Numancia (9) et souvent ne dépassent pas les pre­mières années de l'époque flavienne. A ce moment-là, la concurrence de l'industrie hispanique, déjà développée, les a fait presque disparaître.

Les produits hispaniques sont attestés, comme la TSS, sous C laude-Néron et provien­nent, pour la plupart, du centre de production de la Rioja.

Peut-être faudrait-il expliquer leur présence si faible, par rapport aux productions italiques et du sud de la Gaule, par la concurrence précoce de la sigillée claire A, qui devient très vite importante dans les îles, la sigillée hispanique n'ayant pas trouvé de marché disponible.

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NOT E S

(1) A. ARRIBAS PALAU, La romanitzaciô de les IllesBalears. Palma de Mallorca, 1983.

(2) E. ETTLINGER, The Terra Sigillata of the excavation at Sa Portella, Alcudia, Mallorca. Pollentia 3. Estudio de los materia­les 1. Sa Portella, excavaciones 1957-1963. Palma de Mallorca, 1983, p.83-163.

(3) J. de NICOLAS, Rtimanizacion de Menorca. Menorca, 1983, p.271 -27 2.

(4) M. BELEN, M. FÈRNANDEZ MIRANDA, El fondeadero de Cales Coves (Alayor, Menorca). E.A.E. 101, Madrid, 1979, p.184-186.-M. FERNANDÈZ MIRANDA, Productos de ce râmica sigillata hispânica en Ibiza, Trabajos de Prehistoria 27, Madrid, 1970, p.287-289 .

(5) M. ORFILA PONS, La necropolis de Sa Carrotja y la romanizaciém del Sur de la isla de Mallorca. Universidad de las Islas Baleares. Palma de Mallorca, 1987.

(6) B. HOFMANN. Catalogue des estampilles sur vaisselle sigillée. Revue Archéologique Sites, hors-série 27,1985.

(7) A. OXE, H. COMFORT, Corpus Vasorum Arretinorum. Bonn, 1968.

(8) M.V. ROMERO CARNICERO, Numancia J. La Terra Sigillata. E. A.E. 146. Madrid, 1985, p.30-36.

(9) M.V. ROMERO CARNICERO, op.cit., na 8, p.47-53.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Maria Isabel FERNANDEZ GARCIA (*)

Résumé

ALGUNAS OBSERVACIONES SOBRE LA SEGUN D A GENERACION DE ALFAREROS DE ANDUJAR

Les derniers sondages effectués dans le centre de production d'Andujar (nn.26, 27 et 28 de la numérotation générale du gisement) ont fourni de nouvelles précisions concernant les formes décorées connues sous la dénomination de Formes Décorées Hémisphériques.

On observe la présence de deux groupes, chacun avec ses propres caractéristiques tant du point de vue morphologique que de celui de la décoration, appartenant à deux moments succes­sifs, respectivement Tibère-Claude et Claude-Flavien. C'est ainsi qu'on peut déjà parler de deux générations de maîtres potiers bien différenciées, quelques-uns assez bien connus (M.S.M., CVDAS, etc., pour la première génération; TITI OPPI, CLP pour la deuxième).

En la décima campana de excavaclon Ilevada a cabo durante el mes de Junio de 1982 en el centro de produccion de Terra Sigillata Hispânica de los Villares de Andujar (Jaén-Espana) se realizaron tres Cortes, 26, 27 Y 28 en la numeracion general de toda la excavacion, en los que se constataron dos fases dentro dei horizonte romano (1).

El material cerë3mico recuperado en esta campana ha sido diverso y abundante: ceramica ibérica, ceramica comun romana, paredes finas, lucernas, moldes, barniz rojo pompeyano, sigillatas importadas y terra sigillata hispanica (2).

La terra sigillata hispanica decorada, documentada en los vertederos explorados de los Cortes 26, 27 Y 28, muestra una serie de caracterlsticas, en cuanto a barniz, pasta y decoracion, diferentes de las de la produccion inicial dei alfar, constatada principalmente en el vertedero explorado dei Corte 14 (3) Y de los Cortes 21-24 (4).

En las pastas y barnices se observa un deterioro en sus calidades, si bien predominan los mismos tipos de colores que en la etapa inicial (pastas : tierra siena, rosa y ocre; barnices: rojo inglés) y se incorporan algunos nuevos que representan un mlnimo porcentaje dentro dei total (pastas : amarilla, parda, tierra verde tostada; barnices : rojo venecia, tierra verde tostada y gris).

La decoracion sufre un empobrecimiento progresivo. En efecto, frente a la rica y variada tematica de la época precedente (5) se observa ahora una tendencia hacia los motivos circulares, unas veces solos, otras encerrando algun motivo vegetal 0 animal, ~in que por ello dejen de reproducirse aisladamente motivos animales, vegetales, figu­ras humanas etc siempre en menor proporcion. Estos motivos se disponen principalmen­te en decoracion continua, constatandose también composicion en metopas y alternan­cias, a la vez que se documentan temas en feston, feston inve rtido, guirnalda 0 arque­rIas (Fig.l, 1-6). Queremos resaltar el gusto hacia determinados motivos de gran tamano (Fig.l, 3) que contrastan 'sensiblemente tanto con los de la produccion contem­poranea (Fig.l, 4-6) coma con los de la época inicial dei alfar (Fig.l, 7-8). Estas matizaciones se han establE!cido mediante el estudio de 168 piezas entre Decoradas Hemisféricas, Drag.29, Drag.30, Drag.37, Hispanica 40 y fragmentos sin clasificacion tipologica posible.

Aigunos ejemplares documentados permiten su identificacion con el estilo de un alfarero dei Centro de T.S.H. de los Villares de Andujar que firma su produccion como

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Fig.1 - Piezas deI siglo 1 d. C. procedentes deI Centro de T.S.H. de Los Villares de Andujar (Jaén).

TITI OPPI OF (Fig.1, 5). Posiblemente él mismo fabricase sus propios moldes (6) ya que de este alfarero se han encontrado dos moldes pertenecientes a la forma Drag.29 con su firma tanto intradecorativa como en el fondo deI molde, a la vez que otros moldes firmados s610 en el fondo (7).

También se ha encontrado un fragmento que posiblemente estuviese relacionado con C LP (Fig.1, 6) deI que hasta el momento presente s610 hemos hallado su f irma en moldes (8).

Por ultimo poddamos hablar de un tercer grupo, no unico, en el que incluidamos una serie de piezas cuva sintaxis compositiva es diferente de las que aparecen firmadas (Fig.1, 1-4).

Las peculia r idades que presenta esta produccion ceramica nos permite hablar de una segunda generacion de alfareros que realizan su trabajo en un momento C lau-

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dio-Flavio, fechable, con las debidas reservas, gracias a una serie de importaciones que se han podido documentar (9), y que nada tiene en comun con alfareros conocidos de la primera generacion como M.S.M., CVDAS y QVARTIO.

En las formas Decoradas Hemisféricas las diferencias ent re ambas generaciones se observan c1aramente en las caracterfsticas decorativas (10)

1 a generacion 1 - Predominio de la decoracion en una sola zona 2 - Representacion principal de motivos vegetales (hojas de diverso tamano y forma) 3 - Se impone la composicion en metopa 4 - Se reconocen estilos c1aramente definidos (M.S.M., CVDAS y QVARTIO) 5 - Se constatan gran numero de ejemplares

2a generacion 1 - Tendencia a imponerse la division en dos zonas decorativas 2 - Predominio de motivos circulares encerrando en su interior motivos vegetales o animales 3 - Tendencia a disponer la decoracion de forma continua 4 - Tan solo un fragmento puede emparentarse, con ciertas reservas, con un estilo conocido (C LP) 5 - D isminucion cons iderable ciel numero de ejemplares

NOTAS

(*) Departamento de Prehistoria y Arqueologia de la Universidad de Granada.

(1) ROCA ROUMENS, M.; SOTOMAYOR MURO, M.; CONTRERAS CORTES, F. : "Los alfares romanos de los Villares de Andû)ar, Jaén. Campana 1982". Notic iaria Arqueologico Hispémico (en prensa).

ROCA ROUMENS, M.; SOTOMAYOR MURO, M.; CONTRERAS CORTES, F.; MORENO ONORATO, A.; FERNANDEl GAR­CIA, M.I. : "El Centro de produccion de Terra Sigillata Hispanica de los Villares de Andu)ar, Jaén. Campana de 1982". Cuader­nos de Pre historia de la Universidad de Granada, n09, (en prensa).

(2) Ver grafico cuantitativo por capas de la Fig.13 en: ROCA ROUMENS, M.; SOTOMAYOR MURO, M.; CONTRERAS CORTES, F.; MORENO ONORATO, A.; FERNANDEl GARCIA, M.I.: "El Centro de produccion ... ", op.cit (1).

(3) SOTOMAYOR, M.; ROCA, M.; SOTOMAYOR, N.: "Los alfares romanos de Andujar, Jaén. Campana de 1974, 1975 Y 1977". Noticiario Arqueologico Hispanico, n06. Madrid 1979, p.441 - 448.

(4) ROCA ROUMENS, M. : "Sigillatas importadas y nuevas formas en Terra Sigillata Hispanica producidas en Andu)ar. Puntuali­zaciones cronologicas refe ridas a la actividad inicial dei a Ifar", Cuademos de Prehistoria de la Universidad de Granada, n05, Granada 1980, p.237-274.

(5) SOTOMAYOR MURO, M. : Marcas y estilos en la sigillata decorada de Andujar, Jaén 1977. FERNANDEl GARCIA, M.I.: "Cuencos decorados en Terra Sigillata Hispanica dentro de la produccion incial de Andujar : la forma Decorada Hemisférica", Cuademos de Pre historia de la Universidad de Granada, n09, (en prensa).

(6) HOFMANN, B. : "Les relations entre potiers, fabri cants de moules et artistes producteurs de poinçons". Rei Cretariae Romanae Favtorm Acta XIII, 1971, p.6 - 8.

(7) ROCA ROUMENS, M.; SOTOMAYOR MURO, M.; CONTRERAS CORTES, F.; MORENO ONORATO, A.; FERNANDEl GAR­CIA, M.I. : "El Centro de producc i6n ... ", op.cit. (1).

(8) ROCA ROUMENS, M. : Sigillata Hispanica producida en Andujar, Jaén 1976. Ver al respecto lamina 5, n054; lamina 6, n055 y 63; lamina 11, n0130 y 138.

(9) ROCA ROUMENS, M.; SOTOMAYOR MURO, M.; CONTRERAS CORTES, F. : "Los alfares romanos de ... ", op.cit. (1).

(10) FERNANDEl GAR CIA, M.I. : "Las primeras generaciones de alfareros dei Centro de producci6n de los Villares de Andu)ar {Jaén)", Jomades Intemacionals d'Arqueologia Romana. Documents de Treball l, Granollers 1987, p.482-489.

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Gabriel HARLÂ Y

PROJET DE DICTIONNAIRE DE TERMINOLOGIE DESCRIPTIVE ET DENOMINATIVE DE LA CERAMIQUE

(Banque de données informatisée au format vidéotex)

Comme vous avez pu le remarquer au cours de la lecture des publications archéo­logiques, les auteurs font appel à un vocabulaire souvent très imagé dans leurs descrip­tions, utilisant des termes parfois très différents pour décrire des éléments identiques, et ceci dans un même article. D'autres se lancent dans une littérature approchant le lyrisme. Alors que nous sommes à une époque où le travail de l'archéologue peut être aidé par la machine informatique pour approfondir sa recherche, il faut à cet effet prendre de nouvelles hahitudes de raisonnement et de langage. Pour cela, j'ai repris la phrase d'André Chastel qui illustre très bien ce propos: "II faut désormais chercher la poésie ailleurs que dans le flou descriptif" (1).

Déjà de nombreuses tentatives ont été réalisées, mais, soit elles ont été conçues dans des domaines très restreints, soit c'est l'individualisme très caractéristique des chercheurs qui, malgré les quelques tentatives d'uniformisation, ont abouti à plusieurs séries de dictionnaires ou vocabulaires ayant des applications parallèles (2). Si nous regardons ces définitions et leurs applications, un même terme peut avoir des sens opposés et contradictoires. Chacun de ces vocabulaires étant appliqué à une spécialité, ils ne prévoient pas les recoupements d'une spécialité à l'autre. Des objets identiques peuvent avoir des fonctions différentes, et donc seront décrits et dénommés de façons diverses suivant les vocabulaires. En plus il serait nécessaire qu'une remise à jour régulière de ces "dictionnaires" soit réalisée, ce qui n'est pas envisageable à cause des coûts d'impression, sans compter la remise en cause d'un travail établi par ses auteurs.

Nous proposons donc la réalisation d'un dictionnaire des termes descriptifs et dénominatifs de la céramique. Un dictionnaire évolutif, installé sur une banque de données informatisée au format "Vidéotex", donc accessible à toute personne intéres­sée par l'intermédiaire d'un "Minitel", et suffisamment maniable pour une mise à jour régulière.

Au départ, nous limiterons ce dictionnaire à la céramique utilitaire domestique, excluant les statues, les statuettes, tous les moules et récipients utilisés dans l'artisa­nat et l'industrie, ainsi que les céramiques architecturales.

Nous devons différencier les deux buts de ce dictionnaire: la terminologie descripti­ve et la terminologie dénominative, dont le traitement informatique se fera par des méthodes en partie différentes, que nous allons voir maintenant.

Le dictionnaire descriptif Chaque céramique utilitaire domestique peut être définie comme étant un ensem­

ble d'éléments comprenant: un ou plusieurs contenants (3), des accessoires (pied, préhension, col, lèvre, bec ••• ) et éventuellement des décors.

Pour décrire le contenant, nous allons utiliser un codage automatique dont la mise au point est en cours sur micro-ordinateur: numérisation de la forme, à partir d'un objet original, de sa photographie ou à défaut de son dessin; codage de la forme; et regroupement de similitudes, c'est-à-dire:

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- La caméra vidéo enregistre l'image d'une céramique qui est retransmise sur l'écran en "Haute Résolution Graphique" avec ombres et lumières dans un carré pré-défini. La plus grande dimension de la céramique devant toucher les deux côtés opposés, horizontaux pour les formes plus hautes que larges, et verticaux pour les formes plus larges que hautes. Il faut alors retravailler l'image pour la dépouiller, jusqu'à obtenir un dessin au trait. La manipulation graphique permet aussi la réalisation de la coupe. L'image peut être enregistrée à tout moment sur disquette en attendant d'être réutili­sée pour d'autres manipulations. Ce travail des images graphiques peut se faire à l'aide d'une "souris" ou de manettes de jeu (5) (Fig.l).

Figure 1 - Digitalisation de la céramique sur l'écran.

- Après avoir réalisé le dessin "normalisé" (Fig.2) d'une céramique, nous allons pouvoir le coder. Pour ce codage, nous utilisons le principe de Claude Traunecker (6). Nous indiquons les points de rupture de la forme à l'aide de la "souris" (ou autre accessoire d'extension), et un algorithme du logiciel va calculer la succession des courbures et inflexions par rapport à l'axe de symétrie. Les résultats seront inscrits directement sous la forme du code dans le cadre à droite du dessin sur l'écran (Fig.3). - Les accessoires, pieds, cols, lèvres, becs, goulots, préhensions sont les accessoires du contenant, qui permettent de le stabiliser, de verser, de le tenir, de le suspendre ••• Nous reprenons l'excellent travail fait par Séronie-Vivien (7) sur les préhensions, en le complétant pour les autres accessoires et l'adaptons aussi pour correspondre aux céramiques de toutes périodes. La description des décors est une partie quantitative­ment très importante du travail par leur grande diversité. Leur description, bien que souvent très liée, se décompose en deux parties: la technique et l'iconographie. Une très bonne approche technique a été faite par Séronie-Vivien (8), qu'il nous suffira de compléter pour les périodes plus récentes. Pour l'étude iconographique, nous nous référerons au système descriptif des objets domestiques français qui donne une métho­de d'analyse arborescente du décor (9) (Fig.4).

De tous les éléments ainsi fichés, c'est en recensant les termes descriptifs employés jusqu'à ce jour dans les publications, pour en fai re les comparaisons entre eux, et le choix se fera alors sur les termes ayant le plus de rapport avec la géométrie ou la technique. Nous aurons certainement de nomhreux cas litigieux, à ce moment-là, c'est la loi du nombre qui certainement l'emportera .

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Figure 2 - Tracé de la forme de la céramique sur l'écran.

Le dictionnaire dénominatif Actuellement la dénomination des objets céramiques est fondée sur la forme aussi

bien que sur la fonction. Ce qui entraîne un flou provoquant souvent une interprétation erronée.

La forme des céramiques a évolué par la recherche d'une adaptation plus spécifique à son utilisation. Cette évolut ion a été aidée par l'évolution technique et plus tardive­ment, influencée par les courants économiques et aussi par la mode. L'évolution des

NI: 85/23 Dimensions: h: 3B h, 1 d: 3B (i'

C32/G52/G13/ R51/D211R22/ HI 5

Figure 3 - Marque des points de rupture et calcul du codage.

137

([NOCE))

Figure 4 - Exemple d'arborescence d'un décor, une scène figurée.

formes est souvent très lente et peut avoir des sens très divergents. Cette évolution nous pose le problème de leur dénomination, à savoir: quand y a-t-il passage d'une forme à une autre? Jusqu'à ce jour les coupures proposées sont très arbitraires ou résultent simplement d'observations faites sur divers ensembles, mais qui ne donnent un découpage pertinent que pour la culture étudiée (10). Pour cela nous rechercherons s'il y a rupture dans l'évolution, comme dans les dimensions, et dans ce cas nous pour­rons réellement définir les termes avec leurs limites dimensionnelles.

La recherche de ces ruptures est faite avec des méthodes statistiques d'après les éléments du codage, et l'évolution de la micro-informatique de ces dernières années

1111 1111 Il! 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111Il • • • • • • • • 1 • • • • ~ • • •

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Ne: 85/23

et N°: 84/42

L::J menu L::J imprimer L::J sauver L::J charaer L::J dessiner .. comparer L::J coder

Code: 1 ••••••••••••••••••••••••••••••••• 11 ••••••

Figure 5 - Obtention d'une "enveloppe" sur l'écran.

138

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nous permet la réalisation de ce travail, avec des logiciels suffisamment puissants: tris-croisés, analyse factorielle et classifications hiérarchiques (11).

La définition de ces catégories de formes passe par la réalisation graphique dlIIenve­loppes". L'''enveloppe'' est la forme obtenue par la superposition de plusieurs formes pouvant être appelées semblables (12).

Les micro-ordinateurs de la famille Apple permettent cette superposition grâce à ses deux pages graphiques, qui autorisent l'addition et la soustraction d'une image par rapport à une autre (12) (Fig.5).

Mais nous dévons toujours penser que la nomenclature doit reposer sur des critères de forme et nOn de fonction, excepté pour des cas très précis qui seront à définir.

La banque de données La banque de données devra avoir une organisation à plusieurs relations: alphabé­

tique à plusieurs niveaux, et hiérarchique, le logiciel idéal étant un Système de Gestion de Base de Données (S.G.B. D.) multi-relationnel.

Elle sera préparée et testée sur un micro-ordinateur, ici un Apple Il GS, comportant une carte d'extension Apple-Tell, et avec un logiciel du commerce adapté à notre problème. ,

Un projet de transfert de cette banque de données avait été prévu sur le mini-ordi­nateur SFENA du Laboratoire d'Informatique pour les Sciences de l'Homme (L.I.S.H.), avec accord du Directeur Monsieur Michael Hainsworth. Le problème est qu'il vient d'être remplacé, et les contacts sont à reprendre.

Le format Vidéotex (14) créé par les services de recherche des Télécommunications françaises nous impose un format de travail de 40 colonnes (ou caractères, blancs compris) par lignes et de 25 lignes par page-écran, mais nous pouvons utiliser plusieurs pages par fiche descriptive.

A chaque terme nous nous efforcerons d'indiquer la traduction dans les quatre lan­gues: Allemand, Anglais, Espagnol et Italien. Nous indiquerons aussi les termes à éviter, en renvoyant le consultant aux termes conseillés.

Les écrans de la banque de données: 1. Ecran de présentation (Fig.6) : "Ter me demandé" vous donne accès directement à la fiche du terme en français. "Mode d'accès" vous envoie au "Menu".

ARCHEOTERM

DICTIONNAIRE DE TERMINOLOGIE

DESCRIPTIVE ET DENOMINATIVE

ARCHEOLOGIQUE

Terme dem6ndé Mode d'6ccès Pour en sByoir plus

,~ , ::$OMMA 1 RE~ , , , , ,:C2:îIill:ü

Figure 6 - Ecran de "présentation" de la banque de données sur Minitel.

139

"Pour en savoir plus" vous donne le mode d'emploi dl,! diçtionnaire~ 2. Ecran de menu principal (Fig.7) "1" l'écran vous demande d'écrire le terme recherché et vous présente la fiche direc­tement. "2" identique au précédent mais le terme étranger sera en allemand, anglais, espagnol ou italien. "3" vous présente une page de termes composites dont le premier mot est le "principal" (Fig.8).

ARCHEOTERM

ACCES A LA BANQUE DE DONNEES PAR LES 5 MODES SUIVANTS:

1 par liste alphftbétiQue des termes frftnçais

2 par liste alphabétique des termes étrangers

3 par entrée principale française

4 par entrée principale étrangère

5 par début de mot

fi Boite aux lettres

Tapez votre choix:. suivi de (ENVOI)

Retour au MENU <SOMMAIREt Fin tx/Fl!i!

Figure 7 - "Menu" de la banque de données s!!r l'écran du Minitel.

ARCHEOTERM

FOND 1 fond ij la ficelle 2 fond annulalrt' 3 fond bombe 4 fond carre 5 fond Circulaire fi fond concave 7 fond conve>,e B fond moule .9 fl)nd oval lOf on,j perf ore Il ffjn,j pince 12 (on-j ra::Jportè

13 fond ;'?cteng~l!e:re

Tapez votre choix:. puis . . ....... $NvoD Page suiva.nte ... ..... . .... :~) Page précédente . .. .. .... ... . . !RETouID Retour au MENU.... .. CSOMMAIRE)

Figure 8 - Exemple de page par "entrée principale française".

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"4" identique à [a précédente, mais dans [a langue du terme demandé. "5" vous demande de taper [es premières lettres du terme recherché (Fig.l0), puis vous présente [a liste des termes commençant par ces lettres. "6" vous donné accès à [a boîte aux lettres, qui enregistre [es remarques des utilisa­teurs, et par [a suite permet de faire [es modifications nécessaires dans [es fiches lors d'une misé à jour (Fig. 11).

Une publitation de planches dessinées sur table traçante, complémentaire de [a

ARCHEOTERM TERME ecuelle GENRE- n - (. CLASSIFICATION CU!lnô'~-e

DEF INITI ON: Elle s ont l ,] forme dun cone, un r-ebord simplerner:! ôrron ,j: :j U recourbé ver '; l 'I nténeur H >4 et (5cm, 0 <:':'r.m -:,eiv,~lent fj prendre des mets eplees ou ,~ receVCllr lij rel.10n ellment,elre dun eniant (S1mone VEP[I!E)

REFERENCES SIm one VERDIE, p 2ô3 -------------- TRADUCTION --------------ALLEMAND ANGLAIS

- -ESPAGNOL -ITALIEN-

mlse!Î Jour 02/ 04/ 66

Retour 8U MENU CSOMMAIRO Fin <gz:ElJj) )

Figure 9 - Exemples de "fiches termino[ogiques"

ARCHEOTERM

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TAPEZ LES PREMIERES LETTRES DU MOT RECHERCHE

pUIS (ENVOI)

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Retour au MENU (SOMMAIRD

Figure 10 - Page d"'entrée par début de mots".

141

hanque de données, pourra être mise à disposition des utilisateurs. Ces planches pour­ront être facilement remises à jour car enregistrées dans une bibliothèque graphique sur ordinateur. .

ARCHEOTERM

BOITE AUX LETTRES

NOM: ADRESSE : TEL:

VOTRE MESSAGE :

Retour au MENU <SOMMAIRE)

Figure 11 - Page "Boîte aux lettres".

En plus de cette réalisation d'un dictionnaire descriptif et dénominatif, je vous propose une nouvelle approche du codage mathématique et de la description systémati­que de la céramique par rapport aux travaux réalisés à ce jour (15). Cette réalisation peut, avec de simples modifications du logiciel, être appliquée à d'autres objets ar­chéologiques de toutes époques.

Je propose aux participants de ce colloque et autres membres de la S.F.E.C.A.G. la formation d'un groupe de travail pour la mise en application de ce projet. Parallèle­ment nous avons commencé à le mettre sur pied avec la Société d'Archéologie Médié­vale pour la céramique du Moyen Age.

NOT E S

(1) Frédérique BLOCH, L'art en mémoire, Archéologia, n0199, p.ll, fig.l.

(2) Inventaire général des monuments et des richesses artistiques rle la France, Objets civils domestiques - Principes d'analyse scientifique - vocabulaire, Imprimerie Nationale, Paris, 1984.

(3) Musée National des Arts et Tratiitions Populaires, Centre d'Ethnologie Française, Système descriptif des objets domestiques français. R.M.N. Paris, 1977.

(4) Jean-Claude ALCAMO, La dénomination des productions de vaisselle commune, Revue Archéologique Sites, hors-série n029, 1986.

(5) Accessoires d'extensions qui donnent des facilités rle déplacement, utilisés pour le graphisme sur les micro-ordinateurs.

(6) Claude TRAUNECKER, Code analytique de profils de céramique de l'ancienne Egypte. in Studien zur altéigyptischen Keramik, Deutsches Archaologisches Institut - Abteilung Kairo. Verlag Philipp von Zabern, Mainz am Rheim, 1984, p.49.

(7) M.-R. SERON lE-VIVIEN, Introduction à l'étude des poteries préhistoriques, Société Spéléologique et Préhistorique de Bor­deaux, mémoire nO 1, Bordeaux, 1975, p.13.

(8) Ibid., p.38-57.

(9) Musée National des Arts, op.cit., p.243-249.

(10) H. BALFET, M.-F. FAUVET-BERTHELOT, S. MONZON, Pour la normalisation de la description des poteries, C.N.R.S., Paris, 1983.

142

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(11) "STAT-ITCF" logiciel réalisé par l'Institut Technique des Céréales et des Fourrages, pour IBM PC et compatibles. "DATAVI­SION" ... pour Apple Il. Philippe CIBOIS, L'analyse factori e lle, Presses Universitaires de France, coll. Que Sais-Je?, Paris, 1983.

(12) Méthode décrite par C.R. ORTON lors de son intervention le 4 octobre 1985 au Congrès d'Archéologie Médiévale à Paris.

(13) Guy MATHIEU, Graphisme, quand tu nous tiens ... , POM'S, n07, p.15-20 ,12 ill, avec programme en Basic Applesoft.

(14) Arun RAY-BARMAN, L'ère du vidéotex, principes et applications, Edi Tests, coll. Les outils de l'entreprise, Paris 1985.

(15) Jean-Claude GA 'RbIN, Code pour l'analyse des formes de poteries, C.N.R.S., Paris, 1976. Jean-Claude GARDIN, Code pour l'analyse des omements, C.N.R.S., Paris, 1978. Marie LEENHÀRDT, Code pour le classement et l'étude des poteries médiévales (nord et nord-ouest de l'Europe), C.R.A.M., Caen, 1969.

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DISCUSSION

Président de séance: J.-Y. MARIN

Je an-Yves MARIN: On peut apprécier le fait que, depuis les "pères fondateurs" (Car­din, Leenhardt, etc.), il y a eu de nombreuses contributions dans ce domaine; mais on peut se demander si elles ont toujours été bien coordonnées et si on a su tirer les enseignements des erreurs qui ont pu être commises.

Gabriel HARLAY: Je ne pense pas que ce soit une erreur qu'ils aient faite, mais plutôt un débroussaillage avec le matériel qu'il y avait à l'époque. Depuis quelques années les techniques informatiques ont évolué. '

Jérôme HAMON: Quand vous dites que vous voulez approximer la forme par des méthodes informatiques, il y a déjà beaucoup de mathématiciens qui ont travaillé sur la question et qui approximent les courbes. Donc le travail est déjà fait.

Gabriel HARLAY: Ici c'est un travail de recoupement de techniques; la digitalisation est déjà connue, de même la numérisation par caméra vidéo. Là je regroupe des tech­niques dispersées pour une utilisation céramologique.

Jérôme HAMON: Vous avez pensé mettre cela sur Minitel; le système semble long; cela ne va-t-il pas être trop onéreux?

Gabriel HARLAY: Dans un laboratoire où il y a souvent un Minitel et un micro-ordina­teur, on peut faire un enregistrement directement en préparant les questions sur ordi­nateur et en les passant sur Minitel: cela prend une minute.

Jérôme HAMON: Et le système Apple IJne sature pas?

Gabriel HARLA Y : Apple II a fait des progrès puisqu'on peut adapter des disques durs.

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143

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Philippe BET Reine GANGL.OFF

SFÉCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

LES INSTALLATIONS DE POTIERS GALLO-ROMAINS SUR LE SITE DE LA l.A.C. DE L'ENCLOS

A LElOUX (Puy-de-Dôme)

A proximité immédiate du passage présumé de la voie .romaine qui relie Lyon à Bordeaux, la l.A.C. de l'Enclos se situe dans le centre de la ville de Lezoux (Puy-de­Dôme) et conc~rne sept hectares de terrain qui doivent être lotis. Nous avons pu explo­rer la première tranche de trois hectares qui comporte deux zones archéologiques: à l'est, le terrain Lasteyras qu'Hugues Vertet a fouillé en grande partie à la fin des années soixante (1) et, au sud, une zone de plusieurs centaines de mètres carrés qui fait l'objet de cette communication (2).

Dans cette dernière partie, le décapage d'une surface de plus de 2000 m2 a permis de mettre au jour de nombreuses structures d'ateliers de potiers gallo-romains pertur­bés localement par des implantations méd iévales ou modernes. Généralement, vu la faible profondeur d'enfouissement des vestiges, les sols d'occupation antique ont dispa­ru. Cependant. les premiers résultats issus principalement de la campagne 86 sont prometteurs.

Les neuf fours dégagés renouvellent totalement l'état de la question publié en 1977 (3). Les fours rectangulaires apparaissent ainsi dès le milieu du 1er s. et non pas un siècle plus tard; au IVes., les fours ne sont pas, à la suite de l'évolution du Ile s., uniquement rectangulaires; le four F.55, long de 7,20 m, est le plus grand four jamais découvert en Gaule centrale •••

Les ateliers de Lezoux n'ont pas cessé d'exister à la fin du Ile s. Comme nous le pressentions déjà, et suite à la fouille notamment du bâtiment F.83, l'arrêt de la production de la sigillée doit probablement être reculé d'une cinquantaine d'années; encore ne doit-il pas s'agir d'un arrêt total; quelques tessons de sigillée moulée d'un style part iculier retrouvés dans une tranchée de récupération du bâtiment détruit après 250 et absolument non rattachable aux productions du dernier quart du IVe s. nous le laissent penser.

La connaissance de l'organisation des ateliers (4). qui était l'un des buts de cette fouille, a progressé; à la l.A. C., les fours semblent plutôt isolés et sont sans liaison stratigraphique; un bâtiment occupé par des potiers a été mis au jour; des surfaces considérables semblent, autour des fours et du bâtiment F.83, ne pas avoir été occu­pées par des construct ions (cultures vivrières?). L'aspect de ces ateliers de la l.A.C. nous paraît plutôt rustique, comme le confirme actuellement la campagne 87, et éloi­gnés des modèles méditerranéens.

La céramique de la fin du Ile s. et du Ille s., notamment la sigillée moulée de potiers tels que Banvvs, Caletvs. Marcvs, est représentée massivement.

Le mobilier réuni au cours de ces deux dernières années est considérable et repré­sente un volume d'environ 6000 dm3.

Un four tibérien : F.49 Dans le carré 26. secteurs B-N 135-36, nous avons mis au jour les vestiges très

arasés d'un four c irculaire d'un diamètre de 1,20 m. Il est orienté est-ouest. ouverture vers l'est. Il subsiste trois lits irréguliers de fragments de tuiles sur une hauteur de 0, 185 m. L'a landier a disparu. Le mobilier, peu abondant, qui est associé · à ce four

145

est composé principalement d'imitations de sigillée (formes 28 guillochées, non engo­bées à l'intérieur). Il est datable de l'époque tibérienne. Il s'agit du septième four de l'époque de production céramique la plus ancienne attestée à Lezoux. Les précédents fours de cette période avaient tous été trouvés il y a une vingtaine d'années par Hugues Vert et sur le terrain Lasteyras, à une centaine de mètres de celui-ci; ils étaient également fortement arasés.

Deux fours rectangulaires en batterie, du milieu du 1er s. : F.46 et F.47

Situés dans la parcelle 877, il s'agit de deux fours rectangulaires orientés nord-sud dont les alandiers, très étroits (une trentaine de centimètres), ont une longueur d'envi­ron deux mètres. Les parois sont montées avec des fragments de tegulae jointoyés à l'argile. Le fond des alandiers est constitué d'une simple chape d'argile. Des remon­tées de flammes latérales sont visibles sur les parois des alandiers. Ils sont séparés par un mur construit en petit appareil, et le mur de fond de ces fours est bâti au moyen de grosses pierres. Un chenet à tête de bélier a été retrouvé dans la construction. Ces fours ont été comblés avec des éléments de four (tubulures, ... ) et d'enfournement, et de la céramique sigillée du milieu du 1er s. Ces fours ava ient recoupé une fosse­dépotoir longue de cinq mètres, des années 50/60 de n.e., contenant notamment des Drag. 29 de Titos, de la poterie peinte dite de Roanne et de ~ a glaçure plombifère. C'est la première fois, dans le groupe des ateliers du centre de la Gaule, que des fours rectangulaires à sigillée du 1er s. sont découverts. Jusqu'à présent, les fouilles n'attes­taient ce type de four que dans la seconde moitié du Ile s. (5).

Deux fours circulaires en batterie, du 1er s. : F.7S et F.163

Sur une quinzaine de mètres, cinq autres fours sont implantés sans aucune relation stratigraphique verticale, mais dans un axe sensiblement identique; deux sont du IVe s., un de la fin du Ile ou du Ille s., les deux autres, que nous allons décrire maintenant, du 1er s.

Situés dans le carré 22, ces deux fours, de forme circulaire, sont Jumelés et parta­gent la même salle de chauffe. Dans le secteur 0/37, le premier four a un diamètre de 0,90 m et présente un alandier ouvert à l'est. De petite taille, le four est bâti avec des fragments de briques et de tuiles atteignant le plus souvent une longueur variant entre 0,06 et 0,10 m. Dans la partie ouest, la mieux conservée, il présente une éléva­tion de 0,32 m, soit huit lits de briques et de tegulae (dont on a ôté les rebords) ayant chacun 0,025 à 0,045 m d'épaisseur et séparés à chaque fois par une mince couche d'argile d'un centimètre d'épaisseur en moyenne. L'angle nord au départ du canal de l'alandier a encore une hauteur de 0,24 m. L'épaisseur de la paroi se situe entre 0,04 et 0,12 m. Deux supports de sole (brique de 0,14 x 0,12 x 0,02 m) posés en vis-à-vis sur la croûte d'argile rougeâtre que constitue le fond du four et accolés à la paroi sont les seuls éléments du montage interne du four qui nous sont parvenus. Le canal de l'alandier, long de 0,60 m et large de 0,38 m, a une base également durcie par le feu; il présente une élévation de 0,27 m dans l'angle nord-est.

Le second four, fortement endommagé dans sa partie sud, a un diamètre d'environ 0,98 m et est bâti de manière similaire au précédent. Sa substruction est conservée sur une hauteur maximale de 0,23 m. Construit également avec des fragments de tuiles, la paroi du four était inégalement revêtue d'une couche d'argile. Des piliers latéraux bâtis grossièrement (environ 0,14 x 0,10 m au sol) sur le pourtour de la cham­bre de chauffe et deux piliers centraux (0,21 x 0,21 m) supportaient la sole. L'alandier, de facture analogue, n'est conservé que sur 0,35 m. Le fond du four est simplement constitué d'une chape d'argile.

Le comblement de ces fours était composé essentiellement de fragments de cruches à engobe blanc, et également de céramiques fines à pâte jaune clair, de quelques frag­ments de cuvier, de quelques rares fragments de sigillée du 1er s. (Drag.29). Celui de la fosse de chauffe est aussi constitué princ ipalement de fragments de cruches blan­ches, de quelques tessons de céramique fine non engobée et de cruche blanche rehaus­sée de 1 ignes de couleur ocre, et de grands fragments de poterie commune noire.

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Le sol de circulation autour du four a été creusé à l'époque antique, puis a été perturbé au nord à l'époque médiévale (environnement du bâtiment F.91).

Le grand four canal F .55

Situé à cheval sur les carrés 17, 21 et 23, le four, bacs et salle de chauffe compris, s'étend sur environ 12 m de long et 5,20 m de large, comprenant les secteurs E à P/40 à 46.

L'alandier a une longueur interne de 6,80 m et une largeur d'environ 0,62 m. Il est orienté est-ouest comme les autres fours. (( est construit à l'aide de grands blocs d'argile larges d'environ 0,36 m et dont la longueur varie entre 0,32 et 1 m. La hauteur de ces blocs est également variable; dans la partie arrière de l'alandier,; où l'élévation conservée est de 0,91 m, la paroi est constituée de trois lits de blocs hauts respective­ment de 0,24 m, 0,24 m et de 0,16 m pour le lit inférieur. Les parois du canal sont très fortement vitrifiées et présentent des fissures profondes. Certains blocs, surtout dans la partie sud, ont été récupérés, provoquant des manques allant jusqu'à 1,48 m de longueur. Le sol de l'alandier est constitué de grandes dalles (longueur: 0, 60; 1,02; 1,46 m d'ouest en est; épaisseur: 6,3 cm) au départ de l'alandier; ensuite, il est très détérioré et pourrait n'avoir été à l'origine qu'une chape d'arg il e. Les blocs des parois ne reposent pas sur les dalles de l'alandier mais sur un autre ': t de dalles de même nature qui est en suraplomb de 3,5 cm.

La sole n'est conservée à aucun endroit; il est cependant possible, en analysant la construction du four et en observant la forte rubéfaction du sable environnant, de la situer approximativement. Des fragments de celle-ci ont été retrouvés en petit nombre dans le remplissage de la structure. Un grand fragment de sole a été mis au Jour dans le secteur H/40, dans la salle de chauffe, en contact presque avec le sable; il a une longueur de 25,5 cm, une largeur de 14,5 cm et une épaisseur de 9,5 cm; il présente une encoche dans le sens de la longueur ainsi que deux orifices circulaires d'un diamètre de 6 cm pour Jl installation des tuyaux de chauffe.

La largeur du laboratoire au-dessus de l'alandier peut être estimée à environ 4 m (± 0, 50 ml; des traces disparates d'argile cuite correspondant très probablement à la superstructure ont été retrouvées de part et d'autre de l'alandier en surélévation d'une quarantaine de centimètres (part ie nord) à une soixantaine (partie sud, NGF 352,26), et sur une largeur de 1,20 à 1,40 m. La rubéfaction du sable de part et d'autre des blocs d'argile constituant le canal de l'aland ier est de 1,28 m.

La longueur du laboratoire, quant à elle, devait avoisiner les cinq mètres. En effet, dans une première phase, la gueule du four devait dépasser de 1,20 m de l'ensemble du four. Cette première partie était d'ailleurs construite partiellement avec des blocs d'arkose. Un petit bac (0,57 x 0,76 m), construit avec des tuiles à rebords, se trouvait à gauche de l'entrée. Faute d'éléments, la hauteur du laboratoire est plus difficile à cerner; il faut sans doute l'évaluer à environ deux mètres.

Dans une seconde phase, deux petites structures quadrangulaires d'une superficie interne d'environ un mètre carré viennent encadrer le début de l'alandier. Elles sont principalement construites en pierres (arkose) auxquelles viennent se mêler quelques blocs d'argile vitrifiée provenant de la démolition d'un four; le tout est lié avec un bon mortier de chaux. Les moellons, grossièrement équarris, sont posés en lits assez réguliers. Leur destination reste hasardeuse; leur aspect fait penser à des bacs de stockage d'argile pouvant servir à la confection des colifichets, massettes, boudins indispensables pour le calage et qui étaient façonnés à mesure lors de l'enfournement.

La salle de chauffe du grand four canal est une pièce carrée d'une superficie interne de 17,64 m2 (4,20 m de côté). Elle est limitée au nord par un mur bien bâti, construit principalement avec des blocs d'argile vitrifiée en réemploi liés avec un bon mortier de chaux.

La longueur interne du mur nord-est est de 5,56 m, vu que la structure quadrangulai­re F.72 (cuve?) s'appuie sur sa partie est. La largeur du mur est de 0,43 m (± 2 cm). Il n'a pas de parement externe car la salle de chauffe, comme l'alandier du four, sont construits in cavea, et s'adosse directement contre la paroi sableuse de la fosse

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creusée par les potiers (profondeur par rapport au sol de circulation : 0,75 ml. Ce mur nord, malgré une élévation maximale de 1,18 m à l'est, a été fortement récupéré par ailleurs, ne présentant plus qu'une élévation générale de 23 cm. Il présente un ressaut de 7 à 8 cm à 0,57 m au-dessus du sol de la salle de chauffe au niveau de F.72. La paroi externe du mur s'amoindrit à environ 0,30 m à l'est pour former un arrondi avec la structure F. 72. Quelques tessons de la seconde moitié du Ile s ou du Ille s. sont pris dans le rempl issage (Drag.35/36 à feuilles d'eau, estampille de Sextvs, ••• ).

Le mur ouest ne présente une élévation d'une quinzaine de centimètres que sur 0,60 m de longueur lorsqu'il forme angle avec le mur nord. Il n'est pas visible par ailleurs, ayant été coupé par la fosse médiévale F.52.

Le mur sud, quant à lui, a été entièrement récupéré et son tracé fantôme était bien visible au moment de la fouille.

Le sol de la salle de chauffe présente une surface assez plane en faible déclivité vers l'est (NGF 350,96 à 350,92) laissant entrevoir le sable naturel dans la parti e sud; dans le prolongement de l'alandier et dans la partie nord de la pièce, le sol, recouvert par une légère croûte d'argile, est fortement rubéfié et quelques tessons de sigillée de la seconde moitié du Ile s. s'y trouvent inclus. Devant la gueule du four, le sol était recouvert par une couche cendreuse.

Dans l'angle nord-est de la salle de chauffe (secteurs H-I /I ' 3-44), une fosse ovale longue de 1,40 m et large de 1,10 m a livré une série de vases sigillés entiers (deux Drag.18/31 et deux Drag.38) et un moule complet de Drag.30. Tous les vases sigillés lisses avaient été perforés intentionnellement au niveau de le ur estampille. Le moule de Drag.30, non signé, est attribuahle au style de Doeccvs. Une cale et un fond de sigillée lisse non estampillé (et non perforé) accompagnaient ce dépôt qui est datable de la seconde moitié du Ile s.

La salle de chauffe, après l'abandon du four, a été entièrement comblée avec des fragments de céramiques domestiques, provenant probablement d'un dépotoir lié à un four, peut-être même celui du four F.55, auxquels se trouvent mêlés de nombreux fragments de tuiles et d'éléments de four . Un comptage effectué sur environ quatre mètres cubes de remblai a révélé une quantité sensiblement égale de tuiles (188,5 kg) et d'éléments de fours (164,30 kg).

En ce qui concerne la céramique domestique, hormis la sigil lée moulée, elle repré­sente plus de 1500 dm3, soit environ 600 kg. L'inventaire de ce dépotoir venant d'être réalisé, il en ressort qu'elle est principalement composée de céramique s igillée lisse. Quelques formes prédominent très largement, il s'agit de la coupe à boire Drag.33, de l'assiette à bord relevé Drag.18/3.1 et, en proportion légèrement moindre, de la coupe à lèvre ourlée Drag.38. L'ensemble doit correspondre au service le plus courant de cette période. D'autres formes sont présentes en moins grand nom bre: Drag.35/36, Drag.40, Drag.43, Drag.45, Drag.46, Walt.79/80, Déch.72, ••• Parmi les formes mou­lées, et cela n'étonnera personne, le Drag.37 vient très largement en tête; il est suivi de très loin du Drag.30 qui ne représente qu'un très faible pourcentage. Les fragments de moules (avec des styles de potiers très divers) sont nombreux. La céramique métal­lescente (dont un vase ovoïde décoré à la barbotine représentant des cervidés) et la céramique micacée sont également présentes (environ 20 dm3 et 5 kg) . La céramique blanche engobée n'est présente que de façon résiduelle~ même si quelques petits tes­sons traînent un peu partout dans le remblai. La céramique commune (cruches, cuvier, etc.) est également présente dans un faible pourcentage.

Pour les vases sigillés moulés, nous avons mis au jour une céramique essentielle­ment tardive que nous proposions déjà à situer timidement au début du Ille s. Notre conviction ne s'est pas affaiblie en 1986 grâce notamment à la découverte d'un niveau incendié bien daté du milieu du Ille s. dans le bâtiment F.83 avec une céramique analo­gue. Cependant, aucun élément de datation étranger à la céramique n'a pu être décou­vert dans ce dépotoir pour confirmer notre hypothèse. Parmi les potiers mouleurs les plus tardifs, que l'on devrait situer dans un troisième siècle bien avancé, citon CALE­TVS (qui revient le plus souvent), BANVVS, PRISCVS et le rare MARCVS. Les autres potiers représentés sont: ADVOCISVS (notamment un Drag. 37 tardif avec un décor

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uniquement composé de grandes rosaces), DOECCVS, IVLLlNVS, GEMELlNVS, SERVVS, PATERNUS Iii CATVSSA, CENSORINVS, ATTIANVS, SEVERVS, PVGNVS, CASSVRIVS (et C IN NAMVS de façon résiduelle sans doute).

La totalité des moules et de la céramique sigillée moulée représente un poids d'envi­ron 135 kg (un Drag.37 pèse entre 500 et 1200 g); la proportion des moules est très importante puisqu'elle est presque d'un tiers.

Pour la céramique lisse, les estampilles sont au nombre de 239. La forme Drag.33 prédomine largement avec 124 exemplaires (51,8%); elle est suivie par la forme Drag. 18/31 avec 87 exemplaires (36,4%). La forme Drag.38 est peu représentée avec onze exemplaires seulement (4,6%). La forme Walters 79/80 n'est présente qu'en sept exemplaires, la forme Drag.27 en un seul exempla ire, ainsi que la forme Curie 15.

Voici la liste des noms des quarante-trois potiers identifiés: ALBVS, ARICVS, ATTICVS, ATILlANVS, ATRINI ( ••• ) , ATTICVS, BELSA (ARV.), CALVVS, CATIANVS, CATINVS, CELSVS, CERTVS, CEROTICVS, CVCCILLVS, GEAMILLVS, GENITOR, GIPPVS, HELENVS, IVLLlNVS (?l, MACER, MACIONVS, MACRANVS, MAIOR, MALLVS, MAPILLVS, MARCELLVS, MARVS, MAXMILLVS, MILLVS, NAMILlAMVS, NVMANVS (n, PATERCLlNVS, PAVLVS, PRIMANVS, PRIMVS, PRISCVS, QVINTVS, RCVS, SEVERVS, SEXTVS, VINTVS (?l, VIXVS, VXXOPPILLVS.

Huit estampilles sont anépigraphes (rosettes). Par rapport à la liste que nous avons communiquée dans les D.A.F. n06 et qui bénéfi­

ciait des découvertes d'estampilles inédites dans ce dépotoir en août 1985, quelques noms de potiers nouveaux ont été mis en évidence lors de la fin de la fouille de ce dépotoir en 1986. Il s'agit de ATRINI ( ••• ), CALVVS (graphie CALVIM), CATINVS (graphie CATINIM), CVCOILLVS (graphie CVCOILLI), MACIONVS (graphie MACIONI), MAC RANVS (graphie MAC RAN 1), MARVS (graphie MARI), MAXMILLVS (graphie MAXMILLI), MILLVS (graphie MILL!), NVMANVS (?, graphie NVMANIM). PRIMVS (graphie PRIMVS, RCVS (graphie RCVSF), VINTVS (graphie VINTIMAN), VIXVS (graphie VIXI).

Pour les éléments céramiques peu représentés, citons un fragment de poinçon­matrice représentant un double cercle lisse d'un diamètre maximum de 6 cm et un manche de patère. Pour les éléments non-céramiques, le dépotoir comportait égaie­ment environ dix kilogrammes d'ossements, environ un kilogramme de clous en fer, quelques épingles à cheveux en os, et quelques objets de parure en bronze (bracelets).

Sous l'épaisse couche du dépotoir qui vient d'être décrite, une couche (F.54) épaisse de 10 à 25 cm a été dégagée. Elle est constituée presque exclusivement de noix de mortier mélangées à quelques tessons de sigillée et d'une terre claire très sableuse provenant de la désagrégation du mortier. Ce mortier correspond au rejet des déchets provenant de la récupération des murs de la salle de chauffe du four F.55 et démontre que celui-ci a été partiellement démoli dès l'époque romaine, probablement dans le courant du Ille s., et cela antérieurement au remblaiement général de la salle de chauffe.

Le four F.55 est le plus grand four jamais découvert à Lezoux et dans les ateliers de la Gaule centrale. Sa construction faite de grands blocs d'argile le distingue des deux autres fours (Lasteyras 1967 et ZAC de l'Enclos 1984) construIts avec des tuiles qui étaient considérés avec leur canal-alandier long de quatre mètres comme les plus grands fours de Lezoux. Il se rapproche davantage d'un four conservé sur une longueur de 3,75 m que nous avions aperçu en mai 1977 lors de la construction de la nouvelle gendarmerie et d'un four entrevu par Sonia Roussy avant sa destruction sous la route de Maringues en février 1985; ces deux fours étaient bâtis à l'aide de grands blocs d'argile.

Il présente aussi de fortes similitudes avec le grand four de la fin du 1er-début Ile s. dégagé par Alain Vernhet à La Graufesenque (6). Les dimensions sont comparables. Le grand four de Millau, mieux conservé, se distingue notamment de celui de Lezoux par sa construction en pierre et le fait qu'il ne soit pas enterré.

Le four F.55 et le remblai qui a comblé la salle de chauffe que nous avons mise au jour cet été témoignent de la production massive des potiers de Lezoux à une époque où l'on avait tendance à placer leur déclin.

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Un four circulaire du IVe s. ap. J.-C. : F.S3

Dans le carré 21, secteur H-K/44-46, nous avons mis au jour un four (structure F.53) de forme presque circulaire, datable de la première moitié du IVe s. ap. J.-C . Orienté est-ouest, il a son ouverture vers l'ouest.

Le laboratoire a un diamètre interne de 1,40 m et est conservé sur plus de 0,80 m (0,38 m au-dessus des supports de sole) de hauteur dans sa partie est. Il présente 16/17 lits de fragments de teguZae, d'une hauteurallant de 2 à 4,5 cm de hauteur, d'une lon­gueur variant entre 14 et 27 cm, et d'une profondeur d'environ 15 cm. Chaque rangée de tuiles est séparée généralement par un lit d'argile de 1 à 1,5 cm d'épaisseur. La construction offre un aspect assez régulier, sauf dans sa partie basse où elle est consti­tuée de tuiles placées obliquement sur une quinzaine de centimètres de hauteur. La paroi du four n'est pas vitrifiée et est de couleur grise (sur 7 cm de profondeur), ce qui laisse supposer une cuisson en atmosphère réductrice, ainsi que l'absence de tubulu­res. Plusieurs supports (six conservés) de sole sont visibles sur le pourtour du laboratoi­re et sont constitués de gros fragments de briques enchassés dans la construction. Vers le centre, la sole était supportée par des piliers (deux dégagés). l'un en argile (25 x 6 cm), l'autre en arkose (31 x 20 cm) avec joint en argi le. La sole elle-même

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Toute la partie ouest du laboratoire a disparu et le canal de l'alandier a été arasé. Il subsiste de ée dernier une surface d'arg ile cuite qui permet d'en connaître ses dimen­sions; il a une longueur de 1,24 m, une largeur totale de 0,90 m et un canal large de 0,50 m.

La salle de chauffe est constituée par une vaste fosse creusée dans le sable, large de 4,60 m dans le sens nord-sud. Elle laisse apparaître dans sa partie sud la paroi externe du mur de la salle de chauffe du grand four-canal du Haut-Empire (F.55).

Le remplissage du four est composé principalement de fragments de céramiques grises du IVe s., de quelques tessons de cruches peintes du IVe s. et de tessons résiduels du Haut-Empire (sig illée). Deux monnaies de Constantin 1er (l'une datable de 310/313. l'autre de 323/324) ont été découvertes dans le remplissage. Aucun fragment de dérivés de sigillée ne s'y trouvait mêlé. Or, nous avons toujours trouvé ce type de céramique associé à un mbnnayage de la seconde moitié du IVe s. et plus gé,néralement du dernier quart; nous serions tentés d'avance r l'hypothèse de la reprise de la fabrication de la sigillée vers 350/375 ap. J.-C. à Lezoux, après un abandon de cinquante à cent ans.

Un four circulaire du IVe s. : F.76

Dans le carré 22, secteurs 0-0/39- 40, entre le four canal F. 55 et F.75, un four circulaire F.76 de dimens ion encore plus réduite pu isque son diamètre interne est de 84 cm clôt. par la datat ion de son rempl issage, avec F.5 3, cette concentration géogra­phique de fours. Ce four, situé grosso-modo à équidistance des deux structures qui l'environnent, est bien orienté est-ouest avec ouverture à l'ouest. Il présente une très faible élévation allant de zéro à 18 cm pour la paroi nord de l'alandier, soit au maxi-

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mum trois lits constitués de fragments de tuiles de dimensions sensiblement identiques à celles de la paroi de F.75. Une croûte d'argile rougeâtre tapisse la base du laboratoi­re et de l'alandier. Malgré un arasement assez total, il subsiste cependant près de la paroi nord du laboratoire une pilette haute de 4 cm (respectivement: 30, 20 et 12 cm de long et 18, 10 et 12 cm de large). La fosse de chauffe, en partie recouverte par des pierres appartenant à une installation médiévale avoisinante (F.91), ne dépasse guère un mètre de diamètre.

Le remplissage de la structure F.76 est constitué de fragments de céramiques grises du Ive s. On peut noter également l'absence de tout fragment de tubulure.

Le fait que des potiers aient installé des fours au IVe s. de chaque côté des décom­bres du grand four-canal et de sa pièce de chauffe laisse supposer que ces vestiges, déjà ruinés au Ille s., restaient visibles, par exemple sous la forme d'un monticule couvert d'herbes ou de ronces, et qu'ils ne voulaient manifestement pas construire leurs fours dans les installations remblayées de leurs prédécesseurs. Il permet peut­être d'envisager un paysage assez rustique qui laisse aussi entrevoir une utilisation maximale d'un bout de terrain, alors que les alentours sont dégagés, comme si des chauffeurs s'étaient installés durant plusieurs générations dans une petite parcelle de terrain leur appartenant.

Un four à sigillée de la fin du Ile s.

Situé dans l'angle sud-est de la parcelle 877, ce four rectangulaire, orienté est­ouest, a une longueur de 4,10 m. Il est construit au moyen de tui les à rebords complè­tes, remplies d'argile, ce qui donne un ensemble régulier et horizontal. La paroi ainsi obtenue était enduite d'argile. La bouche du four, ouverte vers l'est, est bâtie à l'aide de dalles en terre cuite qu'alternait un joint d'argile d'égale épaisseur. La paroi ouest est constituée d'une grande pierre monolithique fendue sans doute par l'action de la chaleur. Le fond du canal de chauffe n'était pas dallé mais simplement constitué par une chape d'argile. La vitrification extrême des parois, où l'argile est devenue blanche à l'extérieur, bleue à l'intérieur, témoigne de la puissancé de chauffe que devait développer un tel four. Ce four a été comblé par des matériaux céramiques provenant de sa construction, du mobilier d'enfournement (tubulures, cales, massettes, colifi­chets, ... ) et de la céramique de la fin du Ile s. Quatre tombes d'enfants bordaient le mur contre lequel était accolé le four.

Un bâtiment détruit au milieu du me s. : F.83

L'environnement des fours de potiers est resté mal connu à Lezoux, notamment à cause de la ponctualité des fouilles et des zones de destruction. En 1986, grâce au décapage d'une zone de 2000 m2, nous avons pu découvrir, dans l'environnement immé­diat des fours, un petit bâtiment d'environ 50 m2 occupé par des potiers.

Situé à environ 25 m de la zone de fours des carrés 17, 21 et 22 (F.55, F.53, F.75, F.76), ce bâtiment, bien orienté est-ouest, a une longueur de 8 m et une largeur de 6,20 m. Les murs sud et ouest, construits avec des blocs de pierre non équarris, sont les mieux conservés avec une élévation interne d'une soixantaine de centimètres et au maximum quatre-vingts centimètres. Les murs nord et est ont été récupérés à l'époque antique Olle et IVe s.) et il n'en subsiste que des tranchées de récupération. Cette relative bonne conservation des vestiges s'explique par le fait que ce bâtiment est construit sur une cave qui est creusée d'une quarantaine de centimètres par rapport au sol antique environnant. Le sol de cette cave est recouvert par un dallage en terre cuite (dalles d'environ 44 x 32 cm) qui porte des traces d'incendie. Dans l'angle sud­ouest, un puits perdu (environ 1,80 x 0,80 m) a été installé lors d'une phase ultérieure à la construction du bâtiment; les parois, côté pièce, sont construites avec des lits de brique bien réguliers; côté murs, le substrat sablonneux n'a pas été creusé vu que le bâtiment n'a presque pas de fondations. Dans l'axe du bâtiment, deux bases de piliers en pierre (environ 40 cm de côté) ont été implantées pour soutenir le premier étage; l'un des deux piliers était accolé au mur est . Les murs de la salle sont recouverts d'un enduit hydraulique, épais d'environ 2 cm (mais plus épais à la base). L'entrée se trouve

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Une épaisse couche de démolition a comblé tout le sous-sol du bâtiment. Elle était composée de pierres (le premier niveau devait probablement être édifié en maté­riaux durs), de blocs de pisé (avec traces de clayonnage) recouverts d'enduits peints (rouge avec liserés blancs, vert ou bleu) qui devaient constituer les parois des murs de (ou des) l'étage supérieur, de fragments de tui les et d'un très grand nombre de clous. De nombreuses traces de charbon de bois étaient présentes dans cette couche et cons­tituent l'un des éléments pour penser que ce bâtiment a péri par le feu . Le mobilier domestique était constitué de poterie commune (marmite, cuvier, ••• ), de sigillée lisse et moulée (parmi les formes les plus représentées, citons les Drag.45, les Drag.37 (notamment CALETVS), les vases Déch. excisés), de céramique métallescente, d'objets en bronze (bracelet avec décor de chevrons) et en fer (outi Is, anse de seau, plaque de serrure). Parmi les découvertes les plus intéressantes, cit O,lS une série monétaire du Bas-Empire constituée de monnaies (dont plusieurs deniers fourrés) de Gordien, Philippe l'Arabe et Trajan Dèce, ce qui nous place au milieu du Ille s.; l'étude de ces monnaies est en cours par George Rogers. Autre découverte importante, celle d'une dizaine de poinçons-matrices (et de quelques fragments) représentant une danseuse au voile (env. 0.361) (7), un caryatide masculin (env. 0.1201), un couple érotique (0.8B), un bouc à quatre cornes (env. 0.1851), un renne (0.1770), un petit dauphin, un arbuste (R.N8) (8), une spirale (R.S37), un double cercle lisse, et un double cercle strié. Il s'agit cie poinçons que !Ion daterait habituellement de la seconde moitié du Ile s.

L'emplacement de ce bâtiment a connu une succession d'occupations. Au niveau le plus ancien, correspond une grande fosse rectangulaire (aux parois verticales com­blées essentiellement avec une terre sablonneuse à laquelle étaient mêlés des tessons du 1er s. Le comblement de cette fosse est recoupé par les fondations d'un petit bâti­ment, qui sont ensuite récupérées au Ile s. pour permettre l'édification d'un nouveau bâtiment au plan élarg i. A la fin du Ile s. et peut-être au Ille s., on nivelle le sol en terre que l'on recouvre d'une couche de sable pour permettre l'installation du dallage.

La découverte de ce bâtiment, qui est sans doute une maison d'habitation avec un sous-sol lié directement à l'activité céramique, est donc remarquable à plusieurs titres. C'est la première fois depuis un siècle que l'on découvre à Lezoux un tel bâti­ment, une série monétaire du Ille s. et une série de poinçons-matrices. Cette décou­verte rappelle tout naturellement celle que fit le docteur Plicque qui découvrit, en 1883, près de douze fours; il mit au jour dix-huit monnaies de Gallien et de Salonine, et une de Philippe l'Arabe; dans l'autre, des monnaies "qui ne descendent pas plus bas que les règnes de Valérien et de Gallien". Il en concluait (et Joseph Déchelette reprit cette conclusion) que Lezoux fut détruit par le feu au milieu du Ille s., lors de l'inva­sion alamanique (9).

Cet arrêt de production au milieu du Ille s. fut contesté par la suite, car aucune fouille depuis celle de Plicque n'avait permis de mettre au Jour des témoins du Ille s.

et on considérait globalement que les ateliers cessaient leurs activités vers la fin du Ile s. Les fouilles de la l.A.C. de l'Enclos offrent donc un indice précieux pour reculer d'une cinquantaine d'années l'arrêt de la principale phase d'activité de Lezoux. La céramique sigillée associée à la démolition du bâtiment ne diffère guère de celle habi­tuellement datée de la fin du Ile s.; le vernis est généralement identique, même s'il y a présence déjà de sigillée claire; en fait, ce qui pourrait mieux distinguer la produc­tion du Ille s. serait la proportion importante de certaines formes, comme les Drag. 45 et les Déch. 72 à décor excisé, ainsi que le style décoratif des Drag. 37.

En tout état de cause, il faut maintenant trouver d'autres vestiges datables du Ille s. pour confirmer notre proposition.

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A quatre mètres au nord du bâtiment F.83, une petite tombe d'enfant (F.114) en tegulae a été dégagée. Elle est constituée de dix tuiles à rebords placées vert icale­ment; aucune trace de couvercle nia été décelée; sa longueur est d'environ 1,20 m (trois tuiles) êt sa largeur d'environ 0,70 m; son orientation est globalement nord/sud. Le mobilier assôcié à cette structure est composé de sigillée lisse de la seconde moitié du Ile s. (Drag. 38), d'une petite spatule, de deux cornes d'un jeune bovin, d'un fragment de machoire animale, de clous en fer et d'une tête de clou en bronze. La présence de tombes d'ehfants près des ateliers de potiers est fréquente à Lezoux.

*

Les fouillés de la Z.A.C. de l'Enclos se sont poursuivies durant le second semestre 1987 pour s'achever défin it ivement le 31 décembre. Elles ont permis la mise au jour de quatre autres fours tibériens, dont trois dans un très mauvais état de conservation, d'un très grand nombre de fosses du 1er s. et d'un bâtiment construit au Ile s. Elles confirment l'aspect rustique des ateliers de potiers lézoviens et apporteront de nou­veaux éléments pour la connaissance des débuts de la production de la sigillée à Lezoux (1 0).

NOTES

(1) A.PIBOU LE, R.SE~[CHAL , H.VER TET, "Lts p~tiers de Le zoux du 1er S . , l itos", Revue Arch~ ologi ­que Si tes, h ors-s~ r i e n08, 198 1.

(2) Ph.BET , "P re mi ers fours rectangulair es du 1er s . dé cou verts à Lezoux", S. F .E.C.A.G., Actes du Con gr ès de Rei ms, 19B5 .

(3) H.VERTET, "Les f ours de potiers gaUo- roui ns du cen t re de l a Gaule '~ , Berlin, 1977, (Brenn­techniken vQn Keramik).

(4) Ph . BET, H.VERTET, "Fouilles du t.er rain de l 'Oeuvre Grancher, les st ruc t. ures du Il e s. " , Rec herches sur les At. el i ers de Pot i ers de l a Gaule Cent r ale , toae 1, Sites , 1980.

(5) voir note 2.

(6) A.VERNHET , "Un fo ur de l a Gr aufesen que" , Galli a, 1981.

(7) F.OSWALD , "Index des typ es figur ~s sur si g il1 ~ e " , r~éditi on Sites , 1981.

(8 ) G.ROGERS, "l es moti f s non f i 9urés de l a Gaule centrale", supp l ém en t à Gall ia.

(9) J.DECHflETTE , "l es Vases Cé rami que s Ornés de l a Ga ule Ra , aille", to me l , Pi card ,1904.

(10) Ph.BET, R.GANG l OFF , H.VERTE T, "L es pro ductio ns céra miques anti ques de Lezoux" , Revue Arc héo l og i que Sites, hors-série 0°32, 1987.

* * *

DISCUSSION

Président de séance: J.-Y. MARIN

Jean-Yves MARIN : Comme beaucoup de gens dans cette salle, j'ai été surpris qu'il y ait pareille animation à Lezoux puisque deux équipes se sont rencontrées, ou tout au moins se sont croisées sur le même site ••• Il est tout de même rassurant de consta­ter que des fouilles se poursuivent.

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Hugues VERTET : Il a toujours été impossible de faire, à Lezoux, des fouilles sur un grand terrain. La plupart des fouilles qui ont été faites jusqu'à maintenant étaient des fouilles de sauvetage sur des terrains réduits où il était impossible de savoir que lle était l'organisation de l'atelier et l'enchevêtrement des fours successifs. Comme la fouille de P. Bet a été menée de façon exemplaire, extrêmement minutieuse, nous pouvons mieux comprendre comment ces ateliers pouvaient fonctionner. Enfin, la découverte de cette sigillée dû IlIe s. est tout à fait remarquable. Vous savez que la datation de la sigillée était surtout donnée, pour le centre de la Gaule, par l'occupation du mur d'Hadrien; et comme elle ne dépassait guère la fin du Ile s., nous n'avions pas de datation et on supposait, arbitrairement, que Lezoux s'arrêtait à ce moment-là. J'avais trouvé le IVe s. et voilà que cette liaison entre les deux apparaît. Mais comme chaque fois les fouilles posent des questions différentes; comment a pu se faire cette disparition ou cette absence de sigillée moulée dans la première moitié du IVe s.? Je sais combien l'argument d'absence est incertain en archéologie.

Comme vient de le dire le président de séance il est tout à fait désolant qu'il y ait eu ce manque de coordination entre l'équipe de fouille de la Direction et celle de P. Bet qui marchait très bien •

.. ... : A l'occasion de la découverte des fours, avez-vous employé des méthodes de datation géophysiques comme la datation par archéomagnétisme ?

Philippe BET : Oui. I. Buccur est venue faire des prélèvements en 1984; on n'a pas encore eu les résultats. Elle doit revenir cet été pour les nouveaux fours. On ne peut donc pas confirmer ou infirmer les datations proposées par la céramique .

..... : Dans le nord, lorsqu'on trouve de la sigillé"e, on doit encore trop se référer à G. Simpson e t à quelques rares articles qui nous proposent des datations. Cela commence à bien faire . On attend des réflexions beaucoup plus poussées sur les data­tions. Il est certain que trop souvent la sigillée est, malheureusement, utilisée sur certains sites comme élément de datation privilégié, avec les risques que cela suppose. La découverte de ces fours est extrêmement importante dans ce domaine .

Philippe BET : C'est vrai qu'un certain nombre de datations proposées par G. Simpson sont à revoir; c'est le cas pour CALETVS qu'elle place dans la seconde moitié du Iles. et qui est sans doute plus récent, du IlIe s. Pour cela il faudra multiplier les recherches et confirmer par des fouilles urbaines ces datations récentes .

.... . D'autre part, la découverte de ces fours a-t'elle permis de montrer qu'il y a une production mixte ou s'agit-il de fours spécialisés, un four ayant produit de la sigillée, un autre des cruches, etc. ?

Philippe BET : On ne peut se baser que sur les dépotoirs associés à ces fours. Pour le grand four canal de la fin du Ile s. ou du début Ille s. (celui dont l'alandier a une longueur de 7,20 m), on avait, dans le dépotoir, des productions autres que celle de la sigillée; mais rien ne dit que tous les rebuts viennent de ce four. Ceci dit, la majori­té est constituée de sigillée . Un autre four, celui du Ier s., n'a livré que des cruches blanches. Les fours du IVe s. n'ont livré que de la céramique grise. En revanche, pour les deux fours rectangulaires avec la grande fosse - dépotoir, dans laquelle on a retrouvé des fragments de TITOS, la production semble beaucoup plus diversifiée : sigillées et vases en céramique fine .

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SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

Armand DESBA T (*)

NOTE SUR LA PRODUCTION D'AMPHORES A LYON AU DEBUT DE L'EMPIRE

La mise eh évidence de productions d'amphores à Lyon constitue sans nul doute un résultat majeur qui peut modifier de façon conséquente notre perception du com­merce amphorique en Gau le. dans la mesure où ces productiomsoulèvent bien des ques­tions ayant trait à la diffusion ou la redistribution des produits commercialisés dans ces amphores mais auss i qu'elles peuvent remettre en cause certaines attributions d'origine établies sur des cr itères typologiques.

La production d'amphores à Lyon et/ou dans la région a d'abord été révélée par une série d'analyses effectuées pa r le laboratoire de Lyon sur un lot d'amphores augustéen découvert rue de la Favorite à Lyon. qui ont montré la présence de Dressel 2/4 dont les pâtes présentaient des caractéristiques régionales et même lyonnaises (1).

Ces premiers résultats ont été enrichis par la découverte d'un lot d'amphores Dres­sel 1 et Dr 2/4 dans les fouilles de l'Ilot 24 conduites pa r l'équipe Municipale de Lyon (2). L'analyse des pâtes de ces amphores qui présentaient une grande homogénéité a montré qu'il s'agissait également de productions lyonnaises.

La poursuite des recherches a permis de mettre en évidence d'autres productions qui s'échelonnent. dans l'état actuel de nos connaissances. de la fin du 1er s. av. J.-C. au début du Ile s. ap. J.-C.; les productions d'amphores lyonnaises regroupent en effet au moins cinq types différents dont certains présentent plusieurs variantes. Il s'agit: 1. d'amphores assimilables au type Dressel 1; 2. de Dressel 2/4; 3. de Dressel 28; 4. d'amphores ass im il ables au type Haltern 70; 5. d'amphores assimilables au type Dressel 9 ou Dressel 10 souvent désignées par le

vocable de Dressel 9 simi lis.

Caractéristiques techniques

Ces productions se caractéri sent par des pâtes calcai res dont la couleur varie du beige au jaune verdâtre pour les surcuits. E Iles contiennent un abondant dégraissant sableux contenant des fragments de micachistes et des minéraux pouvant provenir de l'altération de granites ou de gneiss. Certaines pâtes peuvent être très fortement micacées. La présence du dégraissant. très probablement ajouté. donne aux pâtes un aspect granuleux. L'usure des pâtes fait ressortir le dégraissant en surface. L'aspect de ces amphores est très proche de celu i des mortiers fabriqués localement: même type d'argile et même dégraissant.

Les Dressel 1 (Fig.l.1) Celles-ci ne sont connues. pour l'instant. que par la découverte de l'îlot 24. Elles

sont ca ractér isées par une lèvre haute avec ressaut interne. Une autre différence avec les Dressel 1 italiques. est marquée par la forme de l'anse qui présente deux sillons.

Les Dressel 2/4 (Fig.l.2'-5) Les productions locales peuvent se c lasser en deux groupes:

- le premier reproduit le type ori ental. type Cos caractérisé par un petit pilon. une

159

épaule en cloche et des anses qui remontent. Le type existe avec anses bifides ou pseudo-bifides. On le connaît notamment dans le dépôt de la Favorite (Becker et al., Fig.6,7-9), - le second reproduit un type italique, avec pilon épais systématiquement souligné par un ressaut, une épaule très marquée, avec anses pseudo-bifides. On en connaît de nombreux exemples : Ilot 24, fonds ancien du Musée, atelier de la Muette, Métro, Rue des Farges (cf. Desbat 1987, Fig.9).

Les deux types de 2/4 peuvent présenter des estampilles, le plus souvent circulaires, situées sur le col. 4 sont actuellement connus: FLAVIUS FECIT, Favorite (Becker et al. 1986, Fig.7,5) FL(A)!VI(US)?, Sa int-Romain-en-Gal (Desbat 1987, Fig.6,3) TRAVUS, Ilot 24 (Becker 1986, Fig.4) Estamp. illisible, Musée de Lyon fonds ancien (Desbat 1987, Fig.6,1).

Les Haltern 70 (Fig.2, 2-4) Ce type, qui correspond à des amphores à vin de Bétique, a donné lieu également

à des imitations locales. Grande variété de lèvres intermédiaires entre la copie confor­me du type Haltern 70 et la lèvre soulignée par un sillon.

Ce type est présent dans les contextes flaviens (3). Cette forme pourrait avoir été produite également à Vien ne ou plus au sud. On la trouve avec ct- ,Jx types de pâtes: - une pâte fine du type G 3-G4, - une pâte plus grossière du type des autres productions lyonnaises.

Dressel 28 (Fig.l,1) Le type Dressel 28, à fond plat, jusque là attribué à la Bétique et à la Tarraconaise,

a été également produit à Lyon. Autre découverte qui s'ajoute à l'atelier de St-Come (forme G8) (Laubenheimer 1985, p.308).

Deux exemplaires complets ont été trouvés dans l'atelier de la Muette. 2 fonds, 1 lèvre dans l'atelier de la Manutention militaire contiguë à la Muette (4). Les analyses ont confirmé l'origine locale.

Dressel 9 similis (Fig.3 et 4) Plus étonnante est la production, à Lyon, d'amphores proches des types Dressel 10.

Ce type bien identifié en Suisse est dénommé Dressel 9 similis (Paunier 1981). Des exemples complets existent à la Favorite, mais le type est également présent

dans l'atelier de la Muette. Les exemples augustéens sont caractérisés par une lèvre à ressaut (Fig.8, 1-3).

Les Dr 9 similis présentent d'autres variantes pour les périodes plus récentes. On connaît notamment de nombreux exemples dans le dépotoir flavien du Bas-de-Loyasse (Dangreaux-Desbat 1987). En outre plusieurs exemplaires ont été recueillis en 1966 dans l'atelier de la Manutention militaire, associés à des mortiers avec les mêmes pâtes.

La forme se rencontre avec pilon creux ou plein, mais elle existe également en petit module. Cette dernière forme pourrait se prolonger au Ile s. On connaît plusieurs cols d'amphorettes avec marques sur anses GMD présentant les mêmes pâtes dans les contextes Ile s. (Hauts-de-ST Just en particulier) (Fig.4,2).

Des marques se rencontrent également sur des Dr 9 du 1er siècle.

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Figure 1 - 1 = Pseudo DR.l, Ilot 24 (reconstitution d'après BECKER 1986); 2 = DR.2/4, Ilot 24 (reconstitution d'après BECKER 1986); 3 = DR.2/4, Favorite (BECKER et a lii 1986); 4-5 = D R.2/4, La Muette (1, 2 et 3" écho 1 : 8 ; 4 et 5, écho 1 : 4) .

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Figure 2 - 1 = DR.28, Atelier de La Muette; 2 = Haltern 70, Saint-Romain-en-Gal; 3 = Haltern 70 simili, Bas-de-Loyasse (DANGREAUX-DESBAT 1987); 4 = Haltern 70 simili, Saint-Romain-en-Gal.

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Figure 3 - D R.9 similis; 1 = Favorite (BEC KER et alii 1986); 2-3 = Atelier de La Muet­te; 4 = Genève (PAUNIER 1981); '5-6 = Manutention militaire; 7 = Bas-de-Loyasse (DANGREAUX-DESBAT 1987)(1 et 4, écho 1 : 8).

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Figure 4 - D R.9 similis; 1 = Lyon, rue des Farges (fin 1er s.); 2 et 3 = Lyon, Hauts de St . Just (Ile s.)

Conclusions La divèrsité des types actuellement recensés montre une grande variété dans

les productions locales et il est possible et même probable que d'autres types ont été produits à Lyon.

Ce qui frappe en premier lieu dans ces productions, c'est le fait qu'il s'agisse d'imita­tions plus ou moins fidèles de types créés ailleurs, notamment en Espagne, et que l'on ne voit pas de type original .

Le contenu de ces amphores se trouve posé; s'agit-il cfamphores destinées à l'exploitation de denrées produites localement ou de récipients destinés à la redistribu­tion, notamment vers la vallée du Rhin, de denrées arrivées à Lyon dans d'autres conteneurs? Si la production de vin à Lyon ne soulève pas de problème Q priori, il n'en est pas de même de celle de garum ou autre saumure. Plusieurs inscriptions peintes, garum, muria (à Lyon même) (5) ne laissent pas de doute sur le fait que les amphores Dressel 9 similis étaient bien des amphores à saumures. La redistribution à partir de Lyon de produits acheminés en vrac pa r les negociatores n'est donc pas à exclure • . ' bû p~int , de vue chronologique, ces productions apparaissent très précocement (ver's- 20 av~ J.-C.) et s'éte'ndeilt pour une partie au moins jusqu'à la fin du 1er s. On peut s'interroger également sur les rai sons du déclin de ces productions au Ile s., mais

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il faut vérifier que d'autres types actuellement non identifiés n'aient pas pris le relais. Le dernier résultat de ces recherches est d'attribuer à la Gaule des amphores

que leur typolbgie a fait considérer le plus souvent comme hispaniques, ou que des études pétro~i'aphiques ont conduit à attribuer également à l'Espagne. Dans leur étude toute récentè Peacock et Williams (1986) attribuent une origine hispanique aux Dres­sel 9 similis p'our lesquelles Paunier (1981) suggérait une origine gauloise. Cette confusion s'explique par le fait que les pâtes lyonnaises présentent des caractéristiques pétrographiques très proches de certaines pâtes de Tarraconaise, alors qu'elles s'en différencient nettement par leur composition.

Cet exemple illustre, une fois encore, les limites des analyses pétrographiques et l'extrême prudence nécessaire dans les attributions d'origine fondées sur des critères pétrographiques, a fortiori lorsque les caractéristiques minéralogiques peuvent être banales comme c'est le cas des productions lyonnaises.

De même, l'existence de copies ou d'imitations de forme oblige à considérer avec beaucoup de circonspection les tentatives de définition des ateliers sur des critères formels et plus encore les attributions d'origine fondées sur l'utilisation de ces critères, sans tenir compte des caractéristiques des pâtes ou des détails typologiques (anses bifides ou non bifides par ex.) qui, dans bien des cas, peuvent être beaucoup plus perti­nents que les analyses formelles.

NOT E S

(*) Laboratoire de Céramologie, Lyon.

(1) Cf. Becker et alii, 1986.

(2) Fouilles conduites par Luc JACQUIN et Christine BECKER. Cf. C. Becker, 1986.

(3) Elle figure notamment dans le dépôt du Bas-de-Loyasse, cf. Dangreaux et Desbat, 1987.

(4) Situé à proximité immédiate de La Muette, l'atelier de la Manutention militaire, découvert en 1966, n'a jamais fait l'ob/et que de ramassages lors de travaux et tout le matériel reste inédit.

(5) Desbat, Lequement et Liou, 1987, L 16 et L 11. L'existence de toute une série en Suisse oblige à lire sur cette dernière MVR et non MUL.

BILBIOGRAPHIE

Becker et alii, 1986 - C. BECKER, C. CONSTANTIN, A. DESBAT, L. JACQUIN, J.-P. LASCOUX, Le dépôt d'amphores augustéen de la Favorite à Lyon. Figlina. 7. 1986.

Becker, 1986 - C. BECKER, Note sur un lot d'amphores régionales du 1er s. ap. J.-C. à Lyon (Ilot 24), Figlina, 7,1986.

Darqeaux et Desbat, 1987 - B. DANGREAUX et A. DESBAT, Les amphores du dépotoir flavien du Bas-de-Loyasse à Lyon, Gallia. 1987 (sous presse).

Desbat. 1987 - A. DESBAT. Les importations vinaires à Lyon et à Vienne au début de l'Empire (rapport préliminaire). El Vi a l'anti­guitat. Actes du Colloque de Badalona, 1985. Monografics Badalonines 9.1987. p.407-416.

Desbat Léquement Liou. 1987 - A. DESBAT. R. LEQUEMENT. B. LlOU, Inscriptions peintes sur amphores Lyon et Saint-Romain­en-Gal, Archaeonautica, 7.1987, p.141-166.

LalŒnheimer, 1985 - F. LAUBENHEIMER, La production des amphores en Gaule Narbonnaise. Centre de Recherche d'Histoire Ancienne, vol.66, Besançon, 1985.

Paunier, 1981 - D. PAUNIER, La céramique gallo-romaine de Genève. Mémoires et Documents de la Société d'Histoire et d'Archéo­logie de Genève,IX, Genève, 1981.

Peacock et Williams 1986 - D. P.S. PEACOC K et D.F. WILLIAMS, Amphorae and the Roman Economy. Longmen Archaeology SeMes, 1986.

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DISCUSSION

Président de séance: J.-Y. MARIN

Je an-Yves MARIN : Enèore une communication qui montre qu'il reste beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir établir des manuels fiables. Au passage, tu as rappe lé la publication récente de Peacock- Williams qui se veut être un manue l et dont on sait déjà qu'une bonne partie sera à revoir très vite.

Ropin P. SYMONDS: A Colchester nous avons beaucoup d'amphores et cela nous pose, maintenant, de nombreux problèmes car il est fort possible que nous ayons des produc­tions de la vallée du Rhône. Une chose m'a frappé: dans le type que nous appelons maintenant 555, qui est une variante d'Haltern 70, nous voyons en effet plusieurs types de pâtes. D'autre part, on a retrouvé, dans une amphore 555 découverte dans la Tamise, environ six mille noyaux d'olives; elle pouvait donc contenir, soit des olives,

, soit un sirop.

Armand DESBAT : Cela rejoint ce que l'on sait déjà par les inscriptions et la discussion est: qu'est - ce que le defrutum? Est-ce un vin cuit comme le pensent B. Liou et des chercheurs méditerranéens? Ou est-ce un Sirop comme l'a proposé Clark? Il semble bien que les amphores fabriquées à Lyon aient le même contenu; à Lyon, l'inscription est assez effacée mais une amphore de ce type, qui n'est visiblement pas une amphore espagnole, porte également une inscription où il est question de vin doux et d'olives. Ce serait un argument pour penser que l'on a copié des amphores pour mettre le même type de contenu, que la forme d'amphore correspond donc beaucoup plus à un produit qu'à une origine; c'est pour cela que l'on a copié ces formes d'amphores, pour mettre le même type de produits qui peuvent arriver dans d'autres conteneurs que les ampho-

<_ ;.Tes, pour diminuer le coût dl.{ transport, tout simplement.

",Robin P. SYMONDS: Est-ce que toutes les pâtes des productions de la vallée du Rhône sont blanches?

Armand DESBA T : Oui.

Robin P. SYMONDS : Parce qu'on trouve, chez nous, des amphores du type Gauloise, " mais pas la Gauloise 4, plutôt du type Dressel30 (je ne me souviens pas du numéro

car on parle maintenant en Peacock- Williams 31), celle avec un bord de type presque ,médiéval, avec une pâte brune, orange ou rouge plutôt que blanche.

Armand DESBAT : Je ne sais pas à quoi correspond la Peacock 31 ... ; il m'est donc :: difficile de répondre.

- Daniel DUFOURNIER : Sais-tu où en sont les recherches sur les traces de matières organiques qui permettent de remonter, paraît-il, dans certains cas, aux contenus?

-" Je sais qu'il y a un certain nombre d'années des études sur ce sujet avaient été enta-i mées à Lyon.

Armand DESBAT : Françoise Formenti continue à travailler sur ces problèmes de détermination des contenus des amphores; elle avance très lentement car il est extrê­mement difficile de les mettre en évidence, car deux mille ans après, ce qui peut rester dans la pâte d'une amphore comme trace du contenu est très ténu; il est particu­lièrement difficile de mettre en évidence les traces de poissons. C'est actuellement plus facile pour l'huile et le vin (l'acide tartrique pour ce dernier); pour ce qui est des corps gras des poissons, les résultats ne sont pas très pertinents. Ces recherches ne sont donc pas du tout abandonnées; malheureusement, elles manquent de moyens, ceci étant l'éternel prOblème des laboratoires en France.

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Christian VERNOU Guy VIENNE

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

UNE NOUVELLE OFFICINE DE POTIERS A SAINTES (Charente-Maritime)

1 Le Site liA La céramique (G. Vienne) lIB Autres productions en terre-cuite (C. Vernou)

Lors du percement du canal de dérivation de notre fleuve Charente, à Saintes, nous avons été confrontés à une intervention archéologique de sauvetage. Bien qu'il soit inutile ièi de revenir sur les conditions du déroulement de ce sauvetage, je tiens à préciser que nous n'avons eu qu'un mois (9 octobre au 9 novembre 1986) pour explorer 3600 m2 de terrain •••

1. LE SITE (Fig.1)

A. Chronologie

1 - Le niveau le plus ancien date des toutes premières décennies de n.e. On le retrouve sur une bonne partie de la fouille sous forme d'habitats (murs, murettes, sols ••• ) et de couches de cendres ou de remblais contenant du mobilier caractéristique de cette époque (céramique savonneuse ••• ).

2 - Dans les années 30-50, une voie sur: berge borde le fleuve. Au sud de celle-ci va se développer un quartier de la ville antique investi par des potiers et leurs offici­nes.

3 - A la fin du 1er s. ap. J.-C. nous sommes en pleine "zone artisanale", mal orga­nisée, improvisée au hasard du besoin de ses occupants. De rares habitats se noient parmi les installations de potiers: ce sont des hangars, des fours, des bassins, des ateliers plus ou moins couverts, mais aussi des espaces non bâtis servant de surface de stockage des matériaux (bois, argile ••• ), de séchage des productions ou des produc­tions en attente d'un embarquement ou d'un transport routier.

Cette activité apparaît sur tout le site sous forme d'un remblai-dépotoir constituant la couche 2.

Les débris des fours successifs, les productions, de mauvaise qualité, de vases, de tuiles, pilettes, pesons ••• sont utilisés pour stabiliser le terrain argilisé sous-jacent. Cette opération est à refaire sans cesse, de par la nature de ces terres affleurant le niveau du fleuve, mais aussi de par le travail de l'argile par les potiers eux-mêmes (extraction, préparation, foulage ••• ).

De ce fait il est malheureusement impossible, sur le terrain, d'affiner la datation des productions entre les années 50 et 130 (monnaie d' Hadrien).

4 - Le site est définitivement abandonné entre 130-150. Cet abandon peut être dû à l'apparition du phénomène d'inondation de ces prairies basses (1).

Peut-être aussi avons-nous là le témoignage d'un changement dans l'évolution de la ville antique. D'autres quartiers, non inondables, sont abandonnés en ce milieu du Ile s. (2). Les causes de ce "déclin relatif", que l'on constate lors des fouilles saintaises, n'est pas à aborder ici; cependant l'observation porte dans le cas présent sur une activi-

167

té artisanale d'importance et pourrait être le reflet d'un changement dans la vie de la cité, sinon dans le statut même de Mediolanum (3) .

B. Les structures liées à l'activité des officines

1 - Un bassin de décantation (premier indice a r chéologique détruit sur le terrain). Tuiles plates, pierres taillées, mortier, mortier d'étanchéité. 2 - "Fosses"d'extraction d'argile. Ces trous d'extraction sont inorganisés, plus ou moins importants en surface, peu profonds (moins de deux mètres).

Ces zones d'extraction n'étaient décelables à nos yeux que par la présence de tes­sons, de charbon de bois ••• car il est évident que ces trous d'extraction devaient très vite, même naturellement, se reboucher d'argile, moins pure, moins propre mais omni-présente dans le paysage (4).

3 - Un four de séchage (voir K sur Fig.1)

a) Le foyer. Ce four, installé en surface, abrité sous un hangar, présente un foyer circulaire, disons plutôt une surface aménagée (lentille concave de calcaire, avec pente vers le four).

h) Le conduit (Alandier?). 1 : 0,60 m. L. : 4 m. Fait de tuiles plates au sol, de parois en tuiles à hords rabattus. Ces parois sont contenues par un blocage de pierres à l'exté­rieur. La longueur du conduit est faite pour éloigner le foyer des vases à sécher. Deux conduits latéraux pourraient servir d'évents pour conduire la chauffe (voir n022 sur la Fig.1).

e) Aire de séchage. Il nous en reste une surface de tuiles plates maçonnées entre elles.

4 - Bassin ou surface de préparation de l'argile (voir L sur la Fig.1). Murette de frag­ments de tuiles, avec parois couvertes d'un enduit d'étanchéité.

5 - La majeure partie du bâti doit être étroitement liée à l'activité artisanale; malheu­reusement aucun indice archéologique ne permet d'attribuer à telle ou telle construc­tion une fonction particulière.

Il. LES PRODUCTIONS DES OFFICINES

A. Le mobilier céramique Ce sont des centa ines de milliers de tessons que nous avons manipulés en un mois

de fouille. Inutile ou impossible de collecter les fragments en connexion (sauf rares exceptions), ce qui nous prive d'indices précieux pour la typologie de la producti on.

Toute tentative de collage en masse étant ridicule, les cols, bords, fonds, anses ont été séparés des tessons atypiques et classés suivant leurs caractéristiques.

Il faut préciser que, dans l'ensemble, ces productions nous sont familières puisque d'autres officines semblables se sont découvertes à Saintes et que, par ailleurs, les fouilles saintaises ou régionales nous fournissent quotidiennement de la céramique provenant de ces atel iers locaux (5).

1 - La pâte est fine ou moyennement fine, plus ou moins dégraissée (grain de quartz), toujours rayable à l'ongle (sauf surcuisson). 1.1 - Pâte "rouge". Constitue plus de 90% de la production. La cuisson est entièrement oxydante. Ce sont essentiellement les formes fermées (cruches, pichets, oenochoées) qui sont cuites suivant ce mode mais aussi certaines formes de coupes. 1.2 - Pâte "grise". De cuisson entièrement réductrice, la pâte est plus dure, de savon­neuse à gréseuse. Elle s'utilise aussi pour la fabrication de formes voire de types parti­culiers (assiettes, coupes et coupelles). 1.3 - Il est à noter que nous n'avons pas rencontré de formes de céramique cuite et en pâte rouge et en pâte grise: la "forme" implique aussi la couleur. Les tessons qui échappent à cette règle sont alors à cons idérer comme ratés de cuisson.

2 - Typologie sommaire Depuis 1979, nous nous référons à une publication de M.-H. et J. Santrot sur la

céramique commune en Aquitaine (6), étude où les productions saintaises occupent

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une large part. Cet ouvrage offre l'avantage de présenter une typologie sous forme d'un dictionnaire de 515 formes comprenant textes et planches.

C'est par référence à ce catalogue, en attendant une étude plus approfondie de notre mobilier céréi'mique, que se détermine la typologie sommaire qui suit (7). Exemple: S.30 : Forme 30 de l'ouvrage précité (Texte p.53 et planche en fin d'ouvrage).

2.1 - Les couvercles: Pâte rouge - Production limitée. De petit diamètre, ils ont reçu un engobe rouge pompéien. Cette forme est caractérisée par un anneau sous le couver­cle lui-même, lui permettant ainsi de mieux se solidariser au récipient qu'il recouvre. Forme nouvelle, la plus proche étant le S.30.

2.2 - Les assiettes: pâte rouge - production limitée. Forme S.41 a et S.42.

2.3 - Les coupes et coupelles (Fig.2): Pâte rouge. Production moyenne de formes proches ou identiques aux S.152 à S.155, de coupelles à large collerette rabattue proches ou identiques aux S.167 à 5.169, de coupes à anses hori zonta les proches ou identiques aux 5.176 à S.178.

Pâte grise - Production moyenne en pourcentage total, importante en pourcentage appliqué à la céramique grise, de la coupe à collerette identique ou proche de la forme S.164.

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2.4 - Les bouteilles (Fig.3): Pâte rouge. Production moyenne. Correspond au 5.325. Le premier èxetnplaire reconstitué a été découvert dans un milieu datant de la fin du 1er s. (sur le site de Port Larousselle à 5a intes (8) ).

Cette bouteille, sans anse, à la lèvre plate, a un fond de petit diamètre. Le corps s'élève en cylindre et s'enfle au sommet. Ce récipient est bien sûr très instable. 5a fonction reste à déterminer (9).

2.5 - Les cruches: Pâte rouge; Production massive, largement dominante.

a) Cruches à une anse (Fig.3). Formes identiques ou proches de 5.383, 5.413, 5.416, S.417 à 420, S.427, 5.429, 5.430. b) Cruches à deux anses (Fig.4). Formes ident iques ou proches de 5.451, 5.456, 5.457, 5.464 à 5.467, 5.470. 2.6 - Les oenothoées (Fig.4). Pâte rouge. Production moyenne. Formes identiques ou proches de 5.483, 5.484, 5.486.

Pâte grise et blanche: Avant examen plus approfondi je ne peux affirmer que les tessons découverts appartiennent à une production locale (forme 5.502).

2.7 - Remarques sur la typologie. Le classement par type, stade où en est notre trava i 1 à cette date, nous permet

de constater comme le pressentaient M.-H. et J.5antrot (10) dans leur ouvrage sur la céramique commune d'Aquitaine que leur "dictionnaire typologique" ne saurait être "fermé". En 1979, on individualisait pour certaines formes quelques variantes.

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Figure 4 - 5aintes. Cruches à deux anses et oénochoé (dessins M.-H. et J. 5antrot).

171

En 19"87, avèc la masse de nouveaux documents issus de trois nouvelles officines, force est de constater qu'entre certa ines formes et leurs variantes il existe un nombre illimité de sous-variantes intermédiaires. Cette observation porte par exemple sur les formes : S~ 167, 167a, 168, 169; S.427, 427a, 427b, 428; S.429, 429a, 429b, 430, 431, 431 a, 432; etc. Le dernier exemple est significatif mais pas unique.

Les milliers d'éléments correspondants aux formes 429 à 432 ne peuvent plus s'iden­tifier à l'une ou l'autre des variantes. Il devient préférable de dire forme 429/432 comme pour la céramique sigillée Drag.15/17, par exemple.

La découverte de ces officines saintaises, bien sûr, va nous entraîner sur une étude plus approfondie de leur production.

La difficulté, comme toujours en ce domaine, est la masse de documents à traiter. (( ne ,nous reste plus qu'à nous atteler à la tâche.

B. Autres productions en terre-cuite

En plus de cette production abondante de vaisselle commune, les ateliers du bord de la Charente produisaient en quantité moindre nombre d'éléments en terre-cuite nécessaires aux constructions antiques ou à leur décoration (11).

1 - Production liée à l'architecture

1.1 - Eléments liés au système de chauffage Pilettes d'hypocauste: • rondes diam. 210 ép. 35 • carrées 1. 220/225 ép. 35

1. 195/205 ép.45/50 Eléments de tubulures à section rectangulaire, évents latéraux et stries de prise au mortier (12)

L. 200 1. ? ép. 20 Briques claveaux (13)

1. mini 170 1. maxi. 220 I.trou 45 ép.37 Entretoi ses

Ces éléments appelés vlilgairement "bobines" sont constitués d'un cylindre dont les extrémités portent un disque de pose.

L. 90 Il 57 12 72 diam. tuyau 45 1.2 - Eléments de pavage.

On a distingué trois types de carreaux aux bords biseautés: - petit et carré 1.70 ép.18 - hexagonal 1. 170 ép. 22 - rhomboïdal L.140 1.60 ép. 18

1.3 - E léments de couverture - Tegulae conservées:

L. 460 L. 4.80

- Imbrices ; L. 485 Il 140 L.390 11125

- Antéfixes

1. 360 1. 395 12 195 12 165

h. rebord 40 h. rebord 45 ép. 12/20 ép. 18/25

On a trouvé les fragments de trois antéfixes du même type; ils sont tous estampillés. La plaque à la forme d'un écusson renversé, elle est décorée d'une palmette composée d'un axe central et de sept branches latérales au relief bien accentué (Fig.5).

A la base de ces tiges on trouve soit un mufle de lion, soit une tête humaine schéma­tisée. Ces antéfixes portent l'inscription en relief, en bas à gauche, FRONT, et en bas à droite, FEC, soit FRONT. F E C 1 T, fait par FRONTON ou FRONTINUS.

Une douzaine d'exemplaires de ces éléments d'architecture est conservée dans les réserves du Musée. A une exception près, ils sont tous du même type que ceux que nous venons de voir et portent également l'inscription à "Fronton" (14). Les rares découvertes mentionnées attestent une utilisation de ces éléments dans les quartiers nord-ouest de la ville. La diffusion a dû être importante pour l'ensemble de la capitale,

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Figure 5 - Saintes. Antéfixe, inscription F RON T F (C 1. G. Vienne).

voire dans toute la IIcité ll•

1.4 - Plaquettes et fleurons (F ig.6, 1) En matière de décoration d'architecture en terre-cuite, les ateliers saintais réali­

saient des appliques moulées. On distingue des plaquettes rectangulaires décorées de motifs empruntés au répertoire des frises lapidaires: oves, raies de cœur et fers de lances le plus souvent. On rencontre cependant des interprétations curieuses (15).

Les fleurons ont des dimensions variables et offrent des motifs plus ou moins com­plexes, d'une subdivision géométrique; le potier se plaît à retrouver la richesse créative de la nature: pétales, boutons, feuilles ajourées et détourées.

Ces éléments de décoration liés à l'architecture étaient recouverts d'un lait de chaux qui pouvait supporter des couleurs chatoyantes, comme il était de mode. Compte tenu du nombre des fragments découverts la production devait être abondante, par consé­quent elle devait répondre à une demande égalemerit importante. Or, lors des fouilles récentes auxquelles j'ai pu participer à Saintes, je n'ai jamais remarqué de tels vesti­ges. Il faudra désormais être plus vigilant.

Dans l'ensemble de la Gaule, les comparaisons se résument à peu de chose (16).

2. Production artisanale originale Un des aspects les plus importants de cette production santonne consiste en la

réalisation d'éléments moulés qui, pour certains d'entre eux, font preuve d'un bon

173

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, rn . C. M .

Figure 6 - Saintes. 1. Eléments d'architecture: plaquettes et fleuron; 2. Poissons (figurines pleines) (dessins C. Vernou).

métier, et d'une valeur esthétique non négligeable. 2.1 - F iguri nes

Dans les ateliers saintais on a façonné des figurines à l'aide de moules, dont certains exemplaires ont été retrouvés : moule bivalve de noix et moule de nourrice (?).

Ce moule reprend la disposition classique d'une femme assise qui tient devant elle un enfant qui semble ici debout et d'un âge avancé. On distingue les orifices céphaloï­des des têtes et de quelques membres. Ce moule façonnait la valve antérieure. Malgré le manque de netteté de cet élément, on ~st tenté de penser à l'hypothèse formulée l'an passé d' une production locale de ces figurations de "mères" (17) : - Eléments concaves ayant pu servir de moules pour valves postérieures. Ce qu i est frappant pour l'ensemble de ces moules c'est le caractère grossier, le manque de fini­t ion aussi b ien de la pa roi externe que du volume à mouler. Ceci ent raînera it une repr i­se manuelle après moulage, donc un métier certa in du coroplathe.

On observe en majorité des moulages pleins: - Poissons nageant indifféremment à gauche ou à droite (18) (Fig.6,2);

174

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- Oiseaux (19); - Tête de cheval; - Animaux divers (20); - Fragments anthropomorphes (21).

On a produit à Saintes des figurines d'un type plus commun, constituées de valves à paroi fine, de 3 à 6 mm. Il s'agit de deux bustes. -3 fragments d'un même buste présentent un visage aux traits estompés, mais les détails anatomiques sont bien en place, les reliefs bien rendus. La coiffure est simple: bandeaux terminés en chignon à l'arrière du crâne évoquant la mode en vogue chez les Impératrices du début de l'Empire (Fig.7).

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• cm.

Figure 7 - Saintes. Buste féminin, valves postérieure et antérieure (dessin C. Vernou).

- 3 autres fragments appartiennent à un buste au visage dont les proportions sont agréables. La coiffure présente "un échafaudage de boucles symétriques superposées en diadème" (22). Cette mode d'aménagement de la chevelure se rencontre pendant l'époque flavienne. Cette indication chronologique de la production des ateliers saintais

. recoupe tout à fait les observations stratigraphiques (Fig.8). Ces derniers fragments ont une pâte brun orangé, comme l'ensemble de la product ion

de ces ateliers (23). Mais ici, le soin de l'imitation des modèles de l'Allier a compris également une couverte à la peinture blanche. ou engobe kaolinique. qui. une fois cuit. donne un produit fini assez ressemblant (24). 2.2 - Masques

Il a été trouvé des fragments de masques en terre-cuite de styles différents mais de grand intérêt. -Partie supér ieure d'un masque féminin grandeur nature (moulage).

Cette réalisation d'une qual ité except ionnelle peut faire penser à un moulage sur nature (25). - Autre masque barbu et grotesque décorant un vase (mortier?).

On connaît cette pratique, mais ce type de visage aux yeux globu laires. à la chevelu-

175

'- rn,

Figure 8 - Saintes. Buste féminin, valves postérieure et antérieure (dessin C. Vernou).

re aux mèches rapportées, à la bouche grande ouverte de laquelle sort une langue tirée qui sert de déversoir, sort tout à fait de Pordinaire (Fig.9).

Figure 9 - Saintes. Masque barbu sur vase (C 1. G. Vienne).

- Empreinte de masque (ou de sculpture) (Fig.1 0). Il s'agit en effet de boulettes d'argile qui ont été appliquées sur un volume jusqu'à

obtenir une paroi assez mince (5 mm). On distingue les reliefs fins qui correspondent aux incisions portées par Poriginal (mèches de cheveux, paupières). L'ensemble pouvait être consolidé par un apport d'argile en arrière et, après cuisson, servir de moule (26).

2.3 - Médaillons - Médaillon aux "trois Grâces" (Fig. 11)

Cet élément discoïdal en terre-cuite rappelle effectivement les célèbres médaillons d'applique, bien qu'ici il ne soit pas appliqué à la paroi d'un vase (27).

On distingue un sujet mythologique plus fréquent à l'époque de la Renaissance que pendant la période gallo-romaine: "les trois Grâces". Elles sont figurées enlacées, celle du milieu tourne le dos et porte les bras à hauteur des épaules de ses sœurs qui,

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elles, nous font face. Dans le détail, on note une maladresse évidente du modeleur qui a repris son travail et a figuré quatre paires de jambes pour trois corps, ce qui est pour le moins fâcheux. Parmi la bibliographie abondante consacrée aux médaillons, je n'ai pas rencontré de motif équivalent de ce type iconographique issu d'un carton classique et d'une qualité esthétique remarquable. - Un autre fragment de médaillon fort abîmé peut figurer un mufle léonin ou un masque grotesque. Le motif est plus courant. 2.4 - Oscilla

Enfin, les ateliers de Saintes produisaient également des oscilla. - Plusieurs fragments d'un même oscillum figurent la déesse Vénus à sa toilette assis­tée de deux servantes (Fig.12).

On peut apprécier la qualité de l'ensemble: composition, rendu anatomique, élégan­ce féminine, soin apporté au décor de pourtour: lignes concentriques de perles et pirouettes, ligne perlée et moulure simple. - Quatre autres fragments proviennent d'un autre oscillum reproduisant la même scène; on reconnaît la servante de droite et le pourtour. - Trois fragments figurent un personnage vêtu d'une tunique, son bras gauche est nu, il prend ou pose une cruche sur un autel (28) (Fig.12).

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Figure 12 - Fragments d'oscilla : personnage debout prenant un vase et Vénus à sa toilette assistée de deux servantes (C 1. G. Vienne).

D'autres fragments représentent des sujets divers: - Un fragment supérieur avec un visage d'homme jeune coiffé d'un pétase; il s'agit peut-être d'une effigie du dieu Mercure (29). - Un fragment du même oscillum (?)

Bordure extérieure avec éléments végétaux. - Un fragment périphérique inférieur gauche figurant un bélier à gauche; au-dessus.

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un membre et une bourse évoquent à nouveau Mercure, mais le dieu gallo-romain cette fois-ci. . - Un dernier fragment représente un fauve à droite (lion?).

Parmi les motifs figurés sur les oscilla et les médaillons d'applique que j'ai pu consulter, je njai trouvé aucune comparaison immédiate avec les exemplaires saintais. Notons en particulier le soin apporté à la décoration des pourtours. On peut donc penser à une production originale de date assez haute: fin 1er s.-début second, très inspirée des modèles hellénistiques (30).

Pour conclure sur une dimension historique, disons que ces ateliers, comme d'autres récemment découverts sur la rive droite de la Charente, correspondent à l'époque de grandeur de la ville de Mediolanum, capitale de la Gaule Aquitaine conçue par Auguste. C'était une période faste où le rôle administratif et religieux de la "cité" attirait une population nombreuse vivant aux dépens de quelques grands personnages dont les inscriptions ont laissé des traces élogieuses.

Cette population avait besoin de vaisselle, d'éléments d'architecture pour construire ou décorer sa "dom us"; enfin, à l'image des citoyens romains, elle aimait parer certai­nes pièces de masques ou d'oscilla . C'est cette dynamique économique qui a fait des potiers comme Fronton, qui a attiré des artisans-artiste~ dont nous avons vu quelques belles réussites. Peut-être est-il possible de parler d'importation, même temporaire, de coroplathes alléchés par une clientèle potentielle (31) ?

Quoi qu'il en soit, il faudra désormais compter un point de plus sur la carte des lieux de production de figurines, reliefs et médaillons d'applique, oscilla en terre-cuite gallo-romaine. Ces ateliers excentrés ont réalisé des petits chefs-d'œuvre dont l'origi­nalité est à souligner (32).

NOT E S

(0 L. MAURIN, Saintes Antique. Saintes 1978, p.57 et s.

(2) Par exemple:

(3)

(4)

(5)

(6)

(7)

(8)

(9)

(10)

( 10

(12)

(13)

- Site des Ateliers Muni c ipaux : M. ROUVREAU, Archéologia, n079, p.34-45; L. MAURIN, G. VIENNE, Fouilles Gallo-Romai­nes à Saintes en 1977, p.45-53. - Site de La Fenêtre: G. VIENNE, Rapport de fouilles, Saintes 1975. - Site de la Bibliothèque Centrale de Prêt: C. VERNOU, Recherches Archéologiques à Saintes en 1983, p.15 et s. - Site du 127 t e r rUe Daniel Massiou : G. VIENNE, H. SION, Recherches Archéologiques à Saintes en 1979 et 1980, p.205-213.

Voir (0, p.137-233.

D'où l'impossibilité de d istinguer une stratigraphie dans la couche 2 (voir chap.1 - paragraphe A-3).

Ateliers Saintais ayant des productions similaires: - Ateliers Municipaux: Archéologia, n079, p.36 et 39; Recherches 1,2 et 4 - Saintes (1970-1974). - Le Champ Cloux (prairie) : A. MICHAUD, Recherches Archéologiques à Saintes en 1982, p.3-16. - 11 rue du Jardin du Roy: A. MICHAUD, Recherches Archéologiques à Saintes en 1985, p.40-49.

M.-H. et J. SAN TROT, Céramiques Communes GaHo-Romaines d'Aquitaine, Editions du CN RS, 1979.

Cette fouille toute récente a fourni un matériel considérable; ces lignes sont d'ailleurs les premières écrites sur les résultats de cette récolte.

Recherches Archéologiques à Saintes en 1983, p.26 .

Plusieurs exemplaires intacts ont été découverts en 1986 entre Saintes et Cognac - Non publié.

Voir (6) p.41-44.

Remarquons toutefois que nous n'avons pu observer des ratés de cuisson que pour les tuiles et les plaquettes; il s'agit de sur­cuissons. Les autres éléments ont été inventoriés comme production locale du fait de leur présence dans les mêmes dépotoirs, de leur nombre et du caractère similaire de la pâte (type d'argile et de dégraissant, coloration, cuisson ••• ). Mais il est vrai que ce ne sont pas des critères scientifiques irréfutables. En plus des éléments d'architecture et de décoration, les fouilles ont mis au jour de nombreux pesons aux dimensions variables. Pour ceux-ci la production locale est certaine.

On a conservé d'autres fragments de briques diverses qui avaient été striées afin de facil iter leur prise au mortier.

Ce type de briques a une apparence trapézoïdale, dispose d'encoches à la partie supérieure et de tenons triangulaires à la partie inférieure. Myriam FI NC KER lui a récemment consacré un art icle : "Les briques-claveaux : un matériau de construc-tion spécifique des thermes romains", Aquitania, t.4, Bordeaux, 1987, p.1 43-150. D'autres fragments ont été repérés dernière­ment lors d'une fouille de sauvetage au la, rue Port Larousselle à Saintes. Le Musée Archéologique possède dans ses réserves quelques exemplaires (nO inv. 49.770.

(14) Louis MAU RIN a fait l'inventaire des antéfixes connus à Saintes dans Saintes Antique, Saintes, 1978, p.229.

(15) Ces plaquettes ont une hauteur variant entre 15 et 60 mm, la longueur tient compte du développement du motif décoratif, elle vois ine souvent la dizaine de centimètres. L'épaisseur varie entre 5 et 15 mm.

179

(H,) Découvertes peut-être similaires à La Graufesenque (voir A. VERNHET); à Lezoux quelques éléments d'architecture e n terre-cuite notés par J . DEC HELETTE et H. VERTET, ma is d'un tout autre type. Un rapide dépouillement des informations de la revue Galtia signale dans le tome XIV, 1956, p.248 : "plaques de revêtement décorées au moule de colonnades d'oves et de motifs floraux" à Caumont. On note des t races de peinture ve rte et blanche.

(17) Cf. C. 'VERNOU , ',iL es fi-gurines gallo- romaines en terre- cuite du Musée archéologique de Saintes", dans SFECAG, Actes du ,Congrès de Toulouse, 1986, p.125-13l.

(18) Il semble possible de discerner trois modules principaux: 1 petit d'environ 12 cm de long. 1 moyen d'environ 15 à 16 cm, e t un gr<Jnd,module, supérieur à 20 cm. De cette dernière catégorie, aucun exemplaire entier n'a pu être conservé.

(19) colombe (?) L : 3 cm, 1 autre volatile indistinct en relief sur plaque, L : 4 cm.

(20} ,animal indisti,nct, 1 fragment d'animal au corps affublé de pastilles évoquant une t oison ou des éca illes.

(21) main qui, ten~itun objet cyli~drique, 1 petit pied droit. Ces éléments d'anatomie sont fi gurés en ronde bosse, ils sont peut-être à mettre en relation avec des figurations de "déesses-mères" ou "nourrices".

(2)) Ce type de co iffure, et les détails vestimentaires des précédents fragments, se retrouvent sur un autre buste découvert sur le site" et qui est lui, certainement, en provenance de l'Allier. Cette figurine du centre de la Gaule a pu servir de modèle aux coroplathe~santons.

(23) Exception faite des productions de tuiles, antéfixes compris, qui ont une pâte plus rouge sombre e t dont le dé gra issant est plusgros$ier, comprenant du sable de rivière et de petits fragments de tuileaux. L'a cuisson peut avoir été plu" importante égiilement. Pour tous ces détails une analyse chimique serait la bienvenue.

(24) Des figurines' roses recouvertes d'un engobe blanc sont signalées à Thiel-sur-Acolin, cf. H. VERTET, RAE, t.XI, 1960, p.303é.314. ,Cette technique d'imitation élémentaire n'est donc pas unique; elle se rencontre même non loin des lieux de pro­

,ductjons de l'Allier .

(25) De ,telles opservations ont été faites concernant des potiers modeleurs à Va rennes- sur-All ier par H. VERTET, Sites, hors­série n06, p.39-40.

(26) Ici le travail a semble-t-il été abandonné après que le volume initial ait subi un apla tissa ge, un écrasement accidente l. Il a cependant 'été cùit . Est-ce un rebut de cuisson dû à une chute au fond du four?

(27) ' II doit s'agir d'un moulage puisque les figures sont e n relief. Les bords sont en ressaut par rapport au nu du médaillon ma is pouvaient être c<Jbattus et accolés à l'objet à décore r. Nous somme s peut-être en présence d'un essai du potier puisque cet élément a été cuit malgré tout. '

(28) On remarque le même type de décoration de pourtour; ces fragments peuvent faire part ie du même oscillum que les précé­dents. Le personnage pourrait être une servante de Vénus prenant un onguent?

(29) Moulure simple délimitant la scène; éléments végétaux avec fruits à l'extérieur de la moulure et trou de suspension.

(30) Il serait bon de rechercher quelques influences auprès des reliefs grecs et romains répertoriés par Salomon REINAC H, mais cela n'expliquerait pas pour autant le pourquoi de cette production.

(31) Il est curieux de noter qu'aucun des éléments réalisés dans cet atelier n'a été Jusqu'à présent découvert au cours des fouilles récentes, hormis les antéfixes.

(32) Il n'est pas inutile de souligner la difficulté que nous avons eue pour trouver des pa rallèles aux "œuvres" que nous étudions. La plupart du temps les recherches ont été vaines; aussi serions-nous ext rêmement ohl igés de rece vo ir des informat ions com­plémentaires à ce sujet . Les cartons utilisés pour ces moulages ont l'air suffisamment classiques pour qu'il soit surprenant de ne pas en trouver écho au sein d'autres régions. Merci .

BIBLIOGRAPHIE

Figtrines

M. ROUVIER - JEANLlN, Les figurines gallo-romaines en terre- cuite au musée des Antiqui tés Nationales, XXlve supp. à Gallia, CNRS, Paris, 1972.

Bihliographie complète dans: M. ROUVIER - JEANLlN, Catalogue de l'exposition "Les figurines gallo-romaines en terre- cuite", m usée archéologique de Dijon, Dijon, 1986, p.XII-XIV.

Masques

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A. DESBA T, Masques gallo-rof"lains en terre- cuite trouvés à Lyon, Figlina, 2, 1977, p.19- 32.

Médaillons d'applique

j . DEC HELETTE, op.cit., t . II, 4e partie.

P. WILLEUMIER et A. AUDIN, Les médaillons d'applique de la vallée du Rhône,1952.

H. VERTET, Observations sur les vases à méda illons d'applique de la vallée du Rhône, Gallia, t . XXVII, 1969, p.93-133.

A. AUDIN et H. VERTET, Médaillons d'applique à sujets religieux des vallées du Rhône et de l'Allier, Gallia, t . XXX, 1972, p.235-258.

X. LAFON, Un moule à médaillon d'applique de La Graufesenque (Aveyron), Gallia, t.XXXVI, 1978, p.243-260.

A. DESBAT, Vases à médaillons d'applique des fou illes récentes de Lyon, Figlina, 5- 6, Lyon, 1982.

A. DESBAT et alii,Vases à médaillons d'applique inédits de Lyon et de Martigues, R.A. N., t. ~V1, 1983, p.395 et s.

Oscilla

, H. VERTET, Oscilla gallo-romains en argile des ateliers de la Gaule cent rale, Actes du 98e Congrès des Sociétés Savantes, Saint­Étienne, 1973; Arché'ologie, p.447- 466 .

H. VERTET, Moule d'oscillum découvert à Gueugnon, La Physiophile, n074 , 1971, p. I-4.

180

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(

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J.-M. PAILLER, Deux oscilla trouvés à Toulouse, quartier Saint-Georges, R.A.N., XVI, 1983, p.385.

* * *

DISCUSSION

Président de séance: J.-Y. MARIN

Armand DESBAT : Est-on vraiment certain que cette plaquette que tu as montrée au début est de la céramique. On dirait vraiment du calcaire oolithique.

Christian VERNOU: Oui, c'est de la terre cuite.

Armand DESBAT : Comment expliquer qu'on ait cuit cela? Parce que si les boulettes sont destinées à décorer les vases, je ne vois pas l'intérêt de les cuire avant.

Christian VERNOU: Exactement. C'est bien ce qui pose problème pour pas mal d'élé­ments. La plaquette est cuite et peut servir de modèle, d'élément dur sur lequel on tourne les billes. Ces dernières peuvent être cuites (dans quel but?) ou rester molles et être appliquées sur la céramique.

Armand DESBAT : Seconde remarque, en ce qui concerne les antéfixes. Je suis très surpris de voir qu'elles n'ont pas du tout la même teinte que le reste de la production de cet atelier.

Christian VERNOU: C'est vrai. Cela pose question. La terre est beaucoup plus rouge.

Armand DESBAT : Si bien qu'avant de parler de l'atelier de FRONT . ...

Christian VERNOU: Tout à fait; j'ai émis un doute ...

Armand DESBAT : On aurait plutôt un a priori négatif sur la production de ces antéfi­xes dans cet atelier. D'autant qu'on a vu des briques et des éléments architecturaux qui, eux, sont faits avec la même terre que le reste des productions.

Christian VERNOU: Tout à fait . D'un autre côté, trouver une antéfixe dans un atelier de potier, ce n'est pas impensable . Mais c'est vrai que cela pose problème parce que ce n'est pas la même terre.

Jean-Yves MARIN: La fouille pourra-t-elle être poursuivie de part et d'autre du canal?

Christian VERNOU: C'était une fouille d'urgence et nous ne disposions que d'un délai d'un mois. Il serait certainement souhaitable de fouiller le reste du site. Or la zone où on suppose que se situent les fours est sous un important remblai aménagé pour la tenue de foires. On ne pourra certainement pas fouiller. En revanche, de l'autre côté du canal, on pourrait fouiller mais le terrain semble beaucoup moins riche. D'autre part, je rappelle que ces éléments de fours ne sont pas en place.

François FICHET de CLAIRFONTAINE: C'est dommage parce que ce prOblème des fours est extrêmement important. Les fours de Rennes ont-ils rée llement produit? On sait pour l'un d'entre eux qu'il a produit la statuette. Est-ce qu'il est d'un type courant pour cette fabrication? ou pas? Est-ce que ces fours ont pu produire à la fois de la tuile, de la céramique et aussi être utilisés pour cuire des figurines? D'autre part, as-tu trouvé énormément de figurines?

Christian VERNOU: Non! C'est un petit lot.

181

François FICHET de CLAIRFONTAINE: C'est, là aussi, un problème qui se pose. J'ai l'impression qu'il y a deux types de fabrications différents. Quand on regarde la produc­tion de figurines de Rennes et celle de La Chapelle des Fougeretz, on a, à côté de be lles statuettes, une quantité de ce qu'on peut appe ler des horreurs. A Rennes, rai trouvé des sortes de bibelots qui sortent de moules bivalves et qui sont d'un traitement très grossier.

Christian VERNOU : Tout à fait. J'ai donné là un état de la question à partir des éléments ramassés dans ce dépotoir, dans ces niveaux un peu difficiles à dé finir. On ne sait pas quel four a produit, quel potier; le contexte est très mal connu. Ce pendant, cela est intéressant du point de vue iconographique. Et cela soulève pas mal de ques­tions pour les oscilla.

Hugues VERTET : Pour les oscilla, qui ét aient probablement produits dans les ateliers d'Autun et surmoulés dans les ateliers du centre de la Gaule, le style est tout Ci fait différent. Mais actuellement, avec les recherches en cours, ces oscilla seraient plutôt à situer à la fin du IIe s., c'est-à-dire un siècle après les tiens; et le style est tout à fait différent; c'est une autre vague hellénistique qui est certainement arrivée; le pourtour est également différent. D'autres oscilla ont été trouvés dans la nécropole de Chalon (qu'on est en train d'étudier avec M. Augros) qui sont encore d'un style diffé­rent; ils proviennent, probablement d'ateliers de la vallée de la Saône qui seraient datés du fer s. En ce qui concerne l'antéfixe, on en a trouvé une du même type dans un dépotoir flavien à Lezoux, avec la même terre que celle utilisée pour les vases.

* * *

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Jacqueline et Yves RIGOIR Lucien RIVEr

SFËCAG, Actes du Congrès de Caen, 1987

CRUCHES ET POTS EN SIGILLEE PALEOCHRETIENNE

Depuis plusieurs décennies les sigillées dites paléochrétiennes résistent à la re­cherche, plus particulièrement dans le domaine de la chronologie (1); hier comme aujourd'hui, la présence de ces tessons sur un site, et cette seule présence, sans autre matériel datant, ne per met pas d'aller au-delà d'une datation vague (du type IVe-Ve s.). Pourtant, depuis quelques années, et tout dernièrement encore (2), des tentatives se développent qui permettent d'entrevoir dans cette production, et la période d'émergen­ce, et les grandes lignes d'évolution dans les formes et les décors. Encore ces études ne touchent-elles que la production du sud-est de la Gaule, provençale (ou marseillai­se); car même si les données chronologiques paraissent plus fournies pour le Languedoc ou l'Aquitaine, des problèmes identiques se posent pour les évolutions (3). Pour les zones de productions marginales (Massif Central, Bourgogne, Suisse, etc.), les formes et décors ne sortent qu'à peine de l'ombre • .

En attendant de premiers résultats d'ensemble, d'ordre chronologique, un certain nombre de découvertes récentes nous incitent à faire le point sur la typologie et à donner une dimension chronologique aux nouvelles formes introduites ici.

Dès la premlere publication de synthèse sur la sigillée paléochrétienne (4), il apparaissait que cette vaisselle était constituée, pour sa plus large part, d'assiettes, de plats, de coupes et de mortiers, donc d'objets de formes ouvertes presque exclusi­vement destinés au service sur la table. Les formes fermées, en revanche, consti­tuaient presque des exceptions, et en quantité d'objets, et en diversité de formes: des ollae de forme 23 (8 exemplaires), de forme 24 (7 exempl.) ou de forme 25 (3 exempl.), des cruches à une anse de forme 26 (6 exempl.) ou à deux anses de forme 27 (2 exempl.) ou de forme 28 (1 exempl.), ainsi que tro is fragments de vases à liquide non répertoriés. Parmi ces derniers objets - les cruches - leur état de conservation ne permettait d'avoir une image complète que de la forme 26, intacte.

Depuis cette publication, d'autres témoins sont venus accroître la rubrique des cruches et pots.

C'est, avant tout, un problème de classement qui s'est posé pour les objets présen­tés ci-après. La difficulté venait, en partie, de l'état de conservation de ces pièces (une douzaine seulement intactes ou graphiquement complètes) et des tâtonnements que l'on rencontrait pour classer les fragments. Découlaient de cette situation l'éten­due de l'échantillonnage à considérer (devions-nous recenser tous les bords ayant un rapport, sûr ou incertain, avec les cruches, pichets ou pots à anses?l et le ou les critè­res de classement (fallait-il se baser sur la forme générale de l'objet, sur les seuls profils de panses ou de goulots, sur l'ensemble des données de détail ou sur une par­tie?l. On a hésité plus d'une fois. Nous nous sommes accordés, comme c'est souvent la tradition, à ne considérer, ou à ne privilégier que les bords et les cols, tandis que se dégageait déjà une des conclusions de l'étude: l'extrême diversité des profils qui l'emporte systématiquement sur la standardisation.

183

Certes, le matériel rassemblé reste en faible nombre et ne se prête guère, sans doute, à favoriser des séries homogènes; il est pourtant l'essentiel de ce que l'on con­naît à ce jour. De ce fait, il ne nous a pas paru prématuré de présenter sur le sujet une première étude d'ensemble.

Une partie des pièces présentées ont déjà été publiées, dans divers ouvrages; en les regroupant et en les réexaminant, ils viennent enrichir le catalogue et prendre la suite de la typologie Rigoir; s'y ajoutent des formes inédites, souvent complètes.

Mais revenons sur certaines difficultés rencontrées au cours de cette étude.

Problèmes de typologie Comme cela est habituel, nous avons donné des numéros aux nouvelles formes,

pour établir un vocabulaire. Ce classement n'est possible qu'en faisant intervenir des choix qui entraînent, obligatoirement, une simplification; sans cela, on arriverait pratiquement à un numéro par objet, surtout pour une production aussi artisanale et aussi peu standardisée que celle des DS.P., d'autant que la morphologie des vases fer­més apparaît plus complexe que celle des bols ou des assiettes.

La forme des cruches et pots peut se décomposer en deux parties, la panse et le col, auxquelles se greffent les adjonctions, anse (s) et, quelquefois, bec. Trois catégo­ries peuvent être distinguées, grossièrement. Les pots, qui se différencient par un diametre de l'ouverture nettement supérieur à celui du fon d; les pichets, avec un diamètre de l'ouverture sensiblement égal à celui du fond et les cruches, avec un diamètre du col nettement inférieur. Les cruches possèdent un col proprement dit, c'est-à~dire' un élément construit différencié de la panse. Les pichets présentent une o'uverture réalisée dans le prolongement de la paroi de la panse et il n'y a pas de nette distinction entre l'un et l'autre.

Les panses peuvent être classées en trois groupes, suivant l'emplacement de leur plus grand diamètre: au milieu de la hauteur, nettement au-dessus ou au-dessous, autrement dit des volumes convexes, en toupie ou piriformes.

Certains éléments interviennent ensuite: l'absence ou le nombre d'anses, l'emplace­ment de leur implantation, etc. Le profil du bord a une importance variable: il peut

' caractériser une forme ou une variante.

Problème de caractérisation L'élément caractéristique de la DS.P. est le décor imprimé, mais toutes les DS.P.

n'en -portent pas; c'est même, sans doute, le cas le plus fréquent pour les cruches et pots. En fonction de l'état de conservation du tesson ou du vase se pose donc, parfois, LJn problème d'identification, et il est juste d'en faire état ici. Comme on le verra,

,nombre de formes de DS.P. semblent se prêter à des comparaisons avec la sigillée ,Luisante, c'est-à-dire avec une production, également du sud de la Gaule, qui peut s'étendre au-delà de la deuxième moitié du IVe s. (5), dont la pâte, l'engobe, la couleur et l'aspect général peuvent, dans certains cas, se confondre avec la sigillée paléochré-

, tienne cuite en atmosphère oxydante. Tessons en main, on a parfois hésité, l'absence de la forme dans le catalogue actuellement connu de la Luisante n'étant pas un facteur déterminant de non attribution (6).

Problèmes de chronologie Une des raisons qui nous ont incité à présenter ces cruches et pots est qu'une

bonne part d'entre eux, mise au jour récemment, provient de contextes stratifiés et est donc créditée d'un "créneau" chronologique. Pour tous les cas considérés, cette datation s'appuie sur la sigillée Claire D (7); en l'état actuel des connaissances sur -le sujet, et s'il n'y a pas de doute sur l'expertise des formes (8), on peut dire que la datation proposée pour tel ou tel ensemble stratigraphique est raisonnable et fiable. Il convient cependant de, rester critique car les recherches futures Qnt toutes chances de détruire ou de largement ébranler nos certitudes d'aujourd'hui. On ressent donc le besoin de donner quelques détails sur ces sites et ces contextes, tout au moins pour ceux doot la datation est déterminante.

- Marsèllle-Bourse (Bouches~du-Rhône) : depuis la récente publication (9), les data­tions proposées n'ont pas fait l'objet de réévaluations majeures et, des deux contextes

184

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qui nous intéressent, seul celui correspondant à la Période 1 tend à être légèrement rajeuni à 425/460 (10); la datation reste inchangée pour la Période 2B : deuxième moitié Yle/prem ière moitié Ylie s. (11).

- Une autre étude, également sur le site de Marseille-Bourse, réalisée à partir d'autres sondages (12), fournit des paliers chronologiques un peu différents. Dans le sondage D-II-ll, on utilisera la Période 1 de la fin lye/début ye s. (13) et la Période 3 de la fin du Yle s. (14); dans le sondage D-II-15, la Période 3 du début Yle s. (15) et la Pério­de 4B de la fin du Yle s. (16).

- Saint-Jul ien-Ies-Martigues (Bouches-du-Rhône): la fouille (1975-85), inédite, de cette villa, a livré des cruches et pots dans trois context es; dans l'Espace C, avec les couches 2s/3n (17), dans l'Espace P.l0, avec la couche 2a/b (18) et la fosse 2N (19). Ces trois ensembles peuvent être datés de la première moitié du ye s., les deux pre­miers, peut-être des premières décennies, le dernier, plutôt, du milieu du ye s.

- L'Hortus (Hérault) : depuis la publication (20), le matériel a été réexaminé et la datation du niveau ancien sensiblement modifiée pour les objets qui nous concernent: fin lye/début ye s. (21).

Il. CATALOGUE DES FORMES

Pour chaque objet, représenté par un dessin, on donne une description rapide de la forme, de la pâte et de l'engobe. Suivent, s'il y a lieu, des renvois comparatifs avec des vaisselles semblables produites dans une autre qualité, pour des époques contempo­raines ou antérieures. La fiche se termine par les données chronologiques.

A. LES PIC HETS Nous regroupons sous le numéro 26 des récipients à une anse qui présentent un

col haut et une large ouverture: des pichets ou brocs. On distinguera quatre grandes variantes :

Forme 26A

Panse presque globulaire reposant sur un fond plat, légèrement concave en des­sous, avec un ressaut extérieur; col évasé pourvu d'un bord à double bourrelet mouluré. Une anse plate se greffe contre le bord à l'opposé d'un petit bec verseur réalisé par aplatissement de la lèvre.

Un décor de trois rangs de guillochis est réalisé à mi-hauteur de la panse, sur le seul exemplaire répertorié. Jusqu'à plus ample information, le décor n'entre pas dans la détermination de la forme.

La pâte est fine et de couleur grise; la surface est recouverte d'un engobe mince et transparent .

Marseille-Vieux-Port.

De morphologie pourtant simple, on ne trouve pas d'objet comparable à ce pichet. Provenant des anciennes fouilles de Marseille-Yieux-Port (22), cet exemplaire

185

n'est pas daté (23).

Forme 268

Deux pichets sont réunis ICI; tous deux ont une panse ovoïde surmontée d'un haut col peu cintré s'ouvrant par un bord déversé vers l'extérieur et creusé d'une gorge interne. L'ouverture est légèrement pincée pour former un versoir. L'anse plate est soudée contre la lèvre et rejoint le haut de la panse, un peu au-dessous de la jonction entre le col et la panse. Le fond repose sur un petit pied annulaire peu profondément tournasé.

L'exemplaire de La Fourbine est en pâte grise, à lissage grossier; vraisemblable­'ment, il est non engobé.

10

1

La Fourbine. Marseille-Vieux-Port.

En ne tenant pas compte de certains détails, on connaît des formes semblables au milieu du Ille s. (24) et aux IVeIVe s. (25), mais ces comparaisons restent très limi­tées.

Le pichet Marseille-Vieux-Port n'est pas daté. Celui recueilli lors des fouilles ,de ' la grotte de La Fourbine (26) appartient à un ensemble stratigraphique dont la datation est difficile à préciser dans les Vie et Vile s. (27).

Forme 26C

La silhouette de ce pichet diffère encore des exemplaires précédents. Le col est haut et large, régul ièrement cintré, déterminant une ouverture légèrement évasée (sans trace de pincement pour un bec verseur dans la partie conservée de cet unique exemplaire). Le bord est pourvu d'une lèvre simple, épaissie et soul ignée par une rainu­re externe. La panse, large et ramassée, est incomplète. Une anse plate est greffée

Marseille-Bourse.

186

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à mi-col et rejoint le haut de panse, au-dessus du niveau de plus fort diamètre et en correspondance avec un bourrelet circulaire.

La pâte,tehdre, est de couleur gris clair; la surface n'est pas revêtue d'un engobe. Aucune comparaison ne semble possible avec des objets antérieurs ou contempo­

rains. Ce pichet a été trouvé lors des fouilles récentes de la corne du port de Marseille­

Bourse, dans un contexte qui se situe à la f in du IVe s. ou au début du Ve s. (28).

Forme 26D

La panse, presque biconique, est directement surmontée par le bord, sans col apparent; la lèvre est formée d'un simple bourrelet triangulaire. L'ouverture est déformée par un verso ir pincé. Le plus grand diamètre de la panse se situe dans le tiers inférieur; la paroi est épaisse et grossièrement façonnée. De l'anse il ne subsiste que les traces d'arrachement, sous la lèvre d'une part et, d'autre part, au-dessus du plus grand diamètre de la panse.

Marseille-Bourse.

La pâte, très tendre, est grise; la surface n'est pas revêtue d'un engobe. Le profil de ce pichet ne trouve pas de comparaison avec des objets contemporains

ou antérieurs. (( a été recueilli ... à Marseille-Bourse, dans un contexte de la fin du IVe s. (29).

B. LES CRUCHES

c.'est la série la plus fournie. On commencera par l'étude d'une pièce de forme originale qui s'apparente à une petite amphore.

Forme 28

La panse, ovoïde, est surmontée, sans épaulement marqué, d'un long col étroit à double étranglement; un net évasement de la pâte forme, à mi-hauteur, un bourrelet franchement proém inent, la paro i se resserrant ensuite pour const ituer un manchon tubulaire quelquefois très allongé.

Deux anses symétriques, plates, à deux ou trois sillons, se greffent sur le bourrelet du col et rejoignent la partie supérieure de la panse.

Ces formes semblent généralement décorées par des motifs imprimés sur le haut de la panse, où ils sont bordés de rainures, ou même sur l'anneau renflé du col et sur les anses; la recherche décorative est souvent complétée par des rainures sur la panse ou le col.

Voici l'inventaire des objets rassemblés:

a) Madrid (Museo Arqueologico Nacional, sans provenance) (30). Signalé comme "céra-

187

mique orangée pàléochrétienne ll (exemplaire non vu). le vase est intact et porte un décor de petits motifs et d'arceaux sur l'épaulement; il présente, à mi-panse, une large moulure limitée de rainures. Il semble engobé.

b) C los de la lombarde (Narbonne, AudeH 31). Quelques fragments ont été récupérés dans le comblement de l'abside de la hasilique paléochrétienne; ils sont cuits en atmos­phère oxydante et les surfaces portent un engobe orange épais.

~I> Clos de la Lombarde (b).

La Sa voye (d).

Saint-Paul-de-Loubressac (c).

(\j Madrid (a).

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-:4~ Mi ra be l ( 9 ) • Marseille-Bourse (e). Toulon (f).

c) Saint-Paul-de-loubressac (lot) (32). Deux fragments proviennent de cet atelier, l'un étant un col allongé conservant l'attache des anses plates contre le bourrelet, l'autre un épaulement tenant à un col avec deux anses (plates?) complètes. la pâte de l'un et l'autre est fine, dure, sonore et de couleur rose; ils sont revêtus d'un engobe dont la couleur varie du brun au rose en passant par le rouge.

d) la Savoye (commune de Vendres, Hérault; Musée d'Ensérune) (33). Sur le site de cette villa a été recueilli un fragment de col avec renflement sur lequel s'attachent deux anses plates décorées de petites rouelles. le vase a été cuit en atmosphère

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oxydante; il est revêtu d'un assez bel engobe orange.

e) Marseille-Bourse (34). Fragment de col creusé de rainures au-dessus des attaches de deux anses plates à trois sillons. La pâte est fine, homogène, grise, et la surface porte un engobé gris foncé d'aspect luisant.

f) Toulon (Var) (35). Dans les fouilles récentes du port antique a été récupéré ~et exemplaire presque complet. Le col est strié de dix rainures nettement marquées; la panse est décorée de guillochis et l'épaulement d'empreintes de palmettes imprimées à l'envers (poinçon nO 160 qui laisse supposer une origine marseillaise). La pâte est fine, gris clair; la surface, non engobée, offre une couleur qui varie du gris foncé à reflets métallèscents au blanc, ces variations provenant de la cuisson.

g) Mirabel (ferme Vilhet, Les Blaches, commune de Mirabel, Drôme; Musée de Nyons) (36). Fragment de col, avec attaches d'anses, montrant un raccord soudé avec la panse. Pâte fine, duré, cuite en atmosphère oxydante; engobe brun-orangé irrégulier.

Cette cruèhe, de forme particulièrement originale, avec sa large collerette hori­zontale en forme de disque placée à mi-hauteur du col, trouve une réplique exacte avec une bouteille à deux anses découverte à Athènes, également décorée (37) et recueillie dans tm contexte du début du IVe s. (38). Elle entretient aussi de larges simi­litudes avec les productions tardives (Ille s.) de sigillée Claire A (39). Elle montre également des parallèles avec des cols et des hauts de panses produits en pâte claire et provenant aussi bien de Villareal (Castellon (40)), de Tongres (41), d'Alésia (42) ou d'Argonne (43), les premiers pouvant être datés de la deuxième moitié du Ile s. et du Ille s., le dernier du IVe s. (44). On pourrait même déceler des points de comparai­sons avec du matériel rhénan (45), à nouveau pour la fin du Ile s. et le Ille s. De toute évidence la forme évoluée de cette petite amphore et la décoration dont elle semble systématiquement pourvue renvoient à des productions de récipients métalliques, comme le montre le vase en argent de Porto Baratti (46).

Avec ces exemples, que l'on pourrait facilement multiplier, on ne débouche pas sur une liaison évidente (par la forme Darton 29 de Luisante? (47) ) avec les cruches de sigillée paléochrétienne, même si l'on peut facilement supposer {par l'intermédiaire du verre et du métal} que l'influence vient d'Afrique ou d'Orient.

Pour nos exemplaires en DS.P., seuls ceux provenant de Provence fournissent des indications chronologiques: la cruche de Toulon a été recueillie dans un contexte milieu Ve s. (48) et le goulot de Marseille-Bourse d'une couche datable de 425/460 (49). Un troisième site, languedocien, celui du C los de la Lombarde à Narhonne, avec le comblement de l'abside qui se situe autour des années 400, tend à vieillir l'apparition de ce type de production.

Forme 47

Cette cruche, de forme simple, provient de Saint- Jean-de-Carcès (Var). La panse, presque sphérique, repose sur un petit fond dégagé légèrement concave au-dessous. Le col, court, franchement étranglé, s'évase à l'ouverture avec une lèvre simplement

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Saint-Jean-de-Carcès.

arrondie dans le prolongement de la paroi, avec une faible gorge à l'intérieur. Il ne subsiste de l'anse que les attaches, l'une immédiatement sous la lèvre, l'autre au-dessus de diamètre maximum de la panse.

La panse est décorée, de façon peu soignée, d'un rang de rouelles et d'un rang d'ar­ceaux.

La pâte est fine, de couleur beige; la surface est brute de tournage pour la partie supérieure, de tournassage pour la partie inférieure. Mal conservée, cette cruche présente une surface corrodée; la pâte paraît tendre. Un engobe subsiste pourtant, qui varie de l'ocre-rouge au brun-noir, avec des coulures bien visibles.

Récupéré lors d'une prospection de surface, cet objet n'est pas daté.

Forme 57

On ne dispose que d'un seul exemplaire de ce type de cruche, provenant de Saint­Jul ien-Ies-Martigues.

La panse, piriforme, très ramassée, repose sur un fond annulaire. Le col, bi-con­cave, présente un double étranglement résultant de changements successifs dans l'orientation de l'argile pendant le tournage; l'ouverture est évasée. Une anse plate et coudée joint le milieu du col à la panse, assez bas, immédiatement au-dessus du niveau de plus fort diamètre.

Saint-Julien-les-Martigues.

La pâte, tout en étant fine, contient des grains de dégraissant qui ont provoqué des stries discontinues lors du tournassage; elle est bien cuite et de couleur gris clair. La surface n'est pas lissée et ne porte pas d'engobe.

La forme simple et en apparence classique de cette cruche ne trouve aucun équi­valent dans les productions antérieures ou dans les céramiques communes contempo­raines.

, Cet objet, presque complet (92 fragments), était écrasé sur un sol datable de la première moitié du Ve s. (50).

Forme 58

Sur une panse en forme de toupie s'élève un col étroit et presque cylindrique s'ouvrant par un bord triangulaire. Une anse plate et coudée est collée contre la lèvre pour rejoindre l'épaulement à mi-pente. La Jonction col/panse est peu prononcée, soulignée seulement d'une fine rainure. Le fond est petit et annulaire.

La pâte, fine, et la surface extérieure sont gris foncé, presque noires; la surface est intégralement couverte d'un engobe gris très foncé brillant.

Il n'est pas rare de trouver un tel type d'encolure, avec bord triangulaire, dans les catalogues des productions antérieures, à partir de la fin du 1er s. (51). Il est même possible de trouver, à pareille époque, une cruche très comparable à la nôtre (52). Cette forme, en revanche, ne paraît pas reprise par la Luisante (53). Elle apparaît donc, en sigillée paléochrétienne, comme une création originale.

A Saint-Julien-Ies-Martigues, cette cruche est attestée dans une couche qui

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Saint-Julien-les-Martigues.

renferme du matériel datable de la première moitié du Ve s. (54).

Forme 60

La panse sphérique de cette cruche repose sur un fond annulaire. Le col, étroit, est monté sans rupture de courbure dans le prolongement de la panse; il s'évase près de l'ouverture, la lèvre étant franchement repliée vers l'intérieur. Une anse plate est attachée sous l'inflexion de l'ouverture et vient se greffer au-dessus du diamètre maximum de la panse.

Cette dernière présente deux rangs de guillochis dans la partie basse • ... \ 7,(1)

L'Hortus.

La pâte, fine et tendre, est grise; la surface est engobée. La forme générale de la panse, comme l'étranglement du col, la lèvre rentrante

et l'emplacement de l'attache de l'anse, rappellent le profil de la cruche Darton 15 de Luisante (55), bien attestée à Glanum ainsi qu'à La Brêche (56) et à Saze (57). Les différences viennent de plusieurs détails dont le plus significatif est, dans l'un de nos deux exemplaires, le resserrement très prononcé de la lèvre, détail que l'on ne rencon­tre pas, non plus, en céramique commune (58). Il Y a, cependant, une exception avec un goulot, également en céramique commune, provenant des fouilles de Carthage (59), élargissant, ainsi, l'aire des formes de comparaisons.

Connue en un seul exemplaire entier, cette cruche est certainement un produit peu fabriqué en sigillée paléochrétienne, peu diffusé, à la manière d'un atelier régional, peut-être du Languedoc oriental, qui semble avoir innové plus qu' imité.

Les deux pièces qui illustrent ce type sont issues de la fouille de l'Hortus, d'une couche datée de la fin du IVe s. ou du tout début Ve s. (60).

191

Forme 61

Cette cruche est représentée par trois cols de forme et de dimensions identiques, provenant de Marseille-Vieux-Port, Marseille-Saint-Victor et Saint-Julien-Ies-Marti­gues.

Le goulot, étroit, est surmonté d'une ouverture évasée qui résulte d'un fort étire­ment du bord vers l'extérieur; la lèvre triangulaire, à méplat externe vertical, déter­mine une gorge interne; sur les trois exemplaires, un sillon est tracé sur ce méplat. Une anse plate et large est collée immédiatement sous le ressaut du bord. L'exemplaire de Saint-Julien (qui permet une restitution graphique) montre l'amorce d'une panse au corps large dont on ne peut imaginer la forme générale.

,lY.: Marseille-Vieux-Port.

Saint-Julien-les-Martigues . "17 Marseille- Saint-Victor .

La couleur de la pâte, sur les tranches comme sur les surfaces, est gris moyen; il n'y a pas de trace d'engobe.

La forme de ce haut de cruche est parfaitement absente du catalogue des sigillées rhodaniennes comme de celui des céramiques communes de l'Antiquité tardive. Il y a donc tout lieu de penser qu'il s'agit d'une forme originale, créée pour le répertoire de la sigillée paléochrétienne.

Les tessons qui permettent de reconstit ue r l'exemplaire de Saint-Julien ont tous été récupérés dans une même zone et dans une couche dont la date de constitution est antérieure au mil ieu du Ve s. (61). Le col de Marse ille-Vieux-Port n'est pas datable; celui de Marseille-Saint-V ictor provient d'un contexte daté première moitié Vie s. (62) .

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Forme 62

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\\,~ Saint- Julien-les-Martigues. 1

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Grande cruche à panse ovoïde reposant, vraisemblablement, sur un fond annulaire (il faut maintenir un doute face à la reconstitution graphique). Le col, court et étroit, présente une ouverture légèrement évasée avec une large lèvre aplatie vers l'extérieur. A mi-hauteur du col un bourrelet circulaire fait fortement saillie (sans que cela se traduise, à l'intérieur, par une gorge due à l'inflexion puis au redressement de· la pâte pendant le tournage, à l'inverse de certains cols étudiés par ailleurs) et dessine, ainsi, ,un haut de col en forme de bobine ou de manchon pincé. Cette cruche semble être pourvue d'une anse, et d'une seule, dont on ne connaît que le point d'attache sur l'épau­lement. Deux séries de stries peu profondes limitent ce dernier.

La pâte est très fine, dure et très sonore. La couleur des surfaces varie entre le gris foncé, le gris rouge foncé et le brun rouge. Des lacunes ou des traces de coulu­res indiquent très nettement que la surface extérieure est engobée.

Considéré séparément, ce type d'encolure n'est pas rare dans les productions antérieures, à cette nuance près que les autres cols présentent toujours une gorge interne au niveau du bourrelet. Et, replacé sur la large panse qui donne à cette cruche une silhouette trapue (n'ayant rien de commun, par exemple, avec les panses piriformes des sigillées rhodaniennes), il résiste à toute comparaison. Le large méplat de la lèvre constitue, en outre, un autre trait d'originalité. Il s'agit donc vraisemblablement d'une adaptation sinon d'une création au bénéfice de la sigillée paléochrétienne.

Cet exemplaire provient de Saint-Julien et est reconstitué à partir de fragments recueillis dans une couche datable de la première moitié du Ve s. (63).

C. AUTRES BORDS DE C RUC HES ET PIC HETS

D'autres éléments de bords munis d'une anse nous sont parvenus; ils correspondent, sans guère de doute, à des cruches ou à des pichets. L'état fragmentaire de ces cols (absence de l'épaulement ou même de la base du col) ne permet pas, sans risque, de les intégrer à l'une des formes déjà présentées ou de leur attribuer un numéro propre.

Pourtant, il nous paraît indispensable de présenter ces éléments car ils préfigurent des formes, mieux conservées, que les découvertes futures révèleront.

1). Goulots de cruches à ouverture en forme de bobine

Dans cette série, on a pu rassembler six goulots. En voici l'inventaire: Fragm.l. Cessero-Saint-Thibéry (Hérault) (64). Pâte cuite en atmosphère oxydante.

Frag.2. Eau-Périé (commune de Villeneuve-les-Maguelone, Hérault) (65). Pâte grise. Fragm.3. La Canebière (commune de Mireval, Hérault) (66). Pâte grise. Fragm.4. L'Hortus (commune de Valflaunès, Hérault) (67). Pâte beige clair, engobe orangé. Fragm.5. Saint-Paul-de-Loubressac (Lot) (68). Pâte fine, dure et de couleur rose; engobe brun. Fragm.6. Pas-de-Ia-Selle (commune de La Panouse, Aveyron) (69). Pâte cuite en atmosphère oxydante.

~ Cessero-Saint-Thibéry.

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Eau-Périé. La Canebi ère.

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L'Hortus .

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Saint-Paul-de-Loubressac . Pas-de-la-Selle.

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Ces goulots ont en commun une ouverture en forme de bobine due à des inflexions de la paroi d'argile pendant le tournage, créant ainsi une lèvre saillante plus ou moins évasée et, à environ 2,5 cm au-dessous, un bourrelet externe répondant à une gorge interne. L'anse plate, conservée dans quatre des six cas, est soudée contre ce bourre­let.

Les profils de ces goulots sont très proches de celui de la forme 62; ils en diffè­rent cependant, en particulier du point de vue de la construction, par la gorge interne dont ils sont pourvus. Avec la double inflexion de la paroi externe, ils ressemblent, également, à la forme 57 avec un résultat tout à fait différent.

Un de ces cols (n04) provient d'un ensemble stratigraphique, celui-ci étant daté de la fi n du IVe ou du début du Ve s. (70).

2). ~utre bord de cruche

On présentera ici un seul goulot appartenant sûrement à une cruche. Fragm.7. Le Colombier-La f\Aisère (commune de Pezens, Aude) (71).

tP 7 L' Colombioc-La Misère.

Col étroit, évasé et muni d'une lèvre pendante en bourrelet, soulignée d'une rainu­re. L'anse, peut-être plate, s'attache à mi-col.

La pâte est fine, dure et de couleur gris clair; la surface est couverte d'un engobe gris moyen mat.

Ce tesson, provenant d'un ramassage de surface, n'est pas datable.

3). Autre ouverture de pichet

On a retenu, ici, un bord évasé qui provient de : Fragm.8. Saint-Julien-Ies-Martigues : la pâte, finement épurée, est très cuite; comme

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Saint-Julien-les-Martigues •

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les surfaces, elle est gris foncé; la surface extérieure est lissée. Le bord évasé surmonte un simple étranglement de la paroi. La lèvre est coupée.

Une anse large et plate est soudée contre et sous la lèvre. La restitution graphique que nous proposons (tous les fragments proviennent d'une

même fosse) montre une panse de forme biconique. Cet objet a été découvert dans un contexte datable du milieu du Ve s. (72).

D. LES POTS A ANSES Lorsqu'on ne possède que des bords sans anses, il est quasi impossible de faire

la différence entre des pots et des ollae; cela explique, en partie, le faible nombre d'exemplaires retenus.

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Forme 27

Il s'agit d1Un rappel puisque cette forme a déjà été publiée (73). Avec ce col presque cylindrique, surmonté d'une lèvre à bourrelet externe, on

peut supposer une panse qui se développe immédiatement sous les attaches des deux anses épaisses.

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La pâte, fine, est de couleur gris moyen; la surface est couverte d'un engobe. Provenant des anciennes fouilles de Marseille-Vieux-Port, cet objet n'est pas daté.

Forme 59

Pot à panse sphérique surmontée d'un haut col large, sans épaulement marqué dans la courbure avec la panse. Bord légèrement déversé vers l'extérieur et lèvre en bourrelet arrondi pourvu d'une gorge à l'intérieur. Deux anses plates, greffées contre la lèvre, sont attestées (traces d'arrachement). Le fond est annulaire.

Trois séries de doubles rainures sont réalisées à mi-col, sur l'épaulement et à la base de la panse.

La pâte est fine et dure. Un engobe gris foncé, parfois brun, ne recouvre pas la totalité de la surface extérieure qui apparaît alors gris clair ou brun clair.

Saint-Julien-les-Martigues.

Avec une nette différence de proportion - le pot de DS.P. étant plus haut - c'est la réplique presque exacte de la forme Darton 14 de sigillée Claire B et Luisante (74), pourvue d'une seule anse, et que l'on recuei Ile abondamment, 1 isse ou décorée, à Lyon, dès la fin du Ile s. (75); sa production pourrait cesser vers le début du Ille s. (76). D'autres comparaisons manquent et, peut-être, sont-elles réellement impossibles avec des objets produits aux Ille et IVe s. Aussi, sur les données spécifiquement lyonnaises, y-a-t'il solution de continuité entre la forme de B!Luisante et la sigillée paléochrétien-ne.

Le seul exemplaire qui illustre cette forme provient de la villa de Saint-Julien­les-Martigues où il est attesté dans un contexte de la 1 ere moitié du Ve s. (77).

Forme 63

Les cols de cette série ont en commun un bord en baïonnette obtenu par inflexion de la paroi d'argile durant le tournage: d'abord rabattu vers l'extérieur, le bord est ensuite redressé. Les anses, plates, sont directement et solidement greffées à la jonc­tion de la lèvre et du col. On ignore la forme de la panse de ces pots.

Les seuls fragments dont nous disposons, assez nombreux, proviennent exclusivement des sites de Marseille et de Sa int-Blaise:

a. Marseille-Saint-Victor (78). Pâte fine, dure et sonore, de couleur gris bleuté; fortes traces de tournage à l'intérieur; extérieur grossièrement lissé; non engobé.

b. Marseille-Bourse (79). Pâte gris foncé, très cuite et sonore; non engobé.

195

c. Marseille-Bourse (80). Pâte dure, sonore, assez grosslere; tranches et surfaces gris foncé; surface extérieure revêtue d'un engobe épais et mat. d. Saint-Blaise (commune de Saint-Mître, Bouches-du-Rhône) (81). Pâte grise; tesson mal conservé mais vraisemblablement non engobé. e. Saint-Blaise (82). Pâte fine, dure et sonore, de couleur gris moyen; surfaceextérieu­re brute de façonnage; non engobé. Les deux anses sont attestées.

f . Saint-Blaise (82). Pâte fine, dure, sonore, de couleur gris moyen; surface extérieure brute de façonnage; non engobé. Comme pour le précédent, l'anse est striée de deux rainures longitudinales arrêtées, près du col, par une rainure perpendiculaire. g. Saint-Blaise (83). Pâte fine, dure, sonore, de couleur gris foncé; surface extérieure brute de façonnage; non engobé. h. Saint-Blaise (84). Pâte fine, dure, sonore, de couleur gris foncé; surface extérieure brute de façonnage; non engobé. i. Saint-Blaise (85). Fragment d'anse appartenant vraisemblablement à cette forme. Pâte fine, dure, sonore, de couleur gris bleuté; surface brute de façonnage; non engobé.

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Marseille-Saint-Victor.

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Saint-Blaise.

Tous ces tessons ont été récupérés dans des couches tardives, postérieures à la fin du ye s. L'exemplaire (b) provient du milieu le plus précoce, fin ye/début Yle s.; ceux de Sa int-Yictor et de Saint-Blaise de contextes du milieu ou de la deuxième moitié du Yle s.; celu i de la Bourse (c) d'un contexte fin Yle/début Ylie s. (86).

196

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E. AUTRES BORDS DE POTS A DEUX ANSES

On dispose de deux exemples d'une ouverture assez large conçue dans le prolonge­ment de la paroi de la panse, avec un bord évasé et arrondi. Pour chacun d'eux on ne possède qu'une seule anse, plate (avec ou sans si lions). greffée contre la lèvre; il est vraisemblable, en particulier pour le second col, qu'il yen avait deux. Frag.9. Valence (87) : pâte assez fine, gris clair et légèrement verdâtre; engobe mince transparent • ...

9

Valence.

Fragm.10. Saint- Julien-les-Martigues: pâte et surfaces gris clair; non engobé • .. , ,-10

Saint-Julien-les-Martigues. ~ --'\ Seul ce dernier est daté, provenant d'un contexte de la deuxième moitié du Ve s.

ou du début Vie s. (88).

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III. LES CRUCHES, PICHETS ET POTS DANS LE CATALOGUE DE LA SIGILLEE PALEOCHRETIENNE

Il peut paraître étonnant d'étudier à part quelques formes d'une production homo­gène en apparence; c'est que les cruches et pots se distinguent du reste par la cons­truction et par la fonction. En définitive, on isole, ici, des formes fermées munies d'une ou deux anses.

On constate aussi, d'une part, que ces cruches et pots sont souvent, dans leur profil comme dans leur traitement de surface (leur finition), d'exécution plus rustique que les assiettes/plats, bols, coupelles, jattes et gobelets. Il semble qu'il n'existe que rarement de grandes séries relativement bien standardisées comme c'est le cas, par exemple, pour les services à marli ou les formes 18 classiques; cette impression est peut-être la conséquence du faible nombre d'objets disponibles - parfois un seul exem­plaire.

D'autre part, si ces objets ne sont pas systématiquement engobés, la qualité de la pâte cuite est souvent meilleure que pour le reste de la production, donnant des objets ou des tessons plus durs et plus sonores.

Enfin, la fréquence des décors est très variable, sans doute en fonction des formes (les pots ne semblent jamais décorés) mais surtout en fonction des régions de produc­tion; rare en Provence, le décor est d'utilisation généralisée en Languedoc. On ne dispose d'aucun exemple (ni lisse, ni décoré) pour l'Aquitaine.

En Provence, la majorité de ces vases à liquide est lisse. Seules certaines pièces de facture soignée sont ornées de simples bandes de guillochis (cf. la forme 26A) comme sur les fragments suivants:

197

Fragm.11. Valence (89) : pâte grise; deux bandes de guillochis à mi-panse.

Valence. "·c 11

Fragm.12. Cessero-Saint-Thibéry (90) : pâte dure à cuisson oxydante; traces d'engobe dans les creux. Trois bandes de guillochis à mi-panse.

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Cessero-Saint-Thibéry.

Fragm.13. Saint- Julien-les-Martigues (91): pâte dure, gris clair; engobe gris plus foncé sur la surface extérieure. Trois bandes guillochées (de deux, une et trois lignes) sur la partie basse de la panse.

\ Saint-Julien-les-Martigues.

Quelques rares exemplaires sont richement décorés d'une combinaison de moulu­res, de guillochis et d'impressions aux poinçons (cf. la forme 28) comme ces trois panses qui, avec des empreintes identiques, proviennent sans aucun doute d'un même atelier:

Fragm.14. Sainte-Propice (commune de Velaux, Bouches-du-Rhône) (92) : l'emplace­ment de l'attache d'une anse (ou de deux?) manque. Cuisson réductrice mais réoxyda­tion accidentelle: pâte jaunâtre, surface corrodée. Le décor emploie la petite palmet­te 991, le rinceau 215 et le cordon à cinq pastilles 990. Cette cruche provient d'un contexte datable de la fin du Ve s. ou du début du Vie s. (93) •

Sainte-Propice.

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Fragm.15. Marseille-Vieux-Port (94) : pâte grise, engobée. Le décor utilise les mêmes poinçons. Non daté.

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Marseille-Vieux-Port.

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Fragm.16. SiJint-Blaise (95) : pâte grise, engobée. Le décor n'emploie que le rinceau et le cordon à cinq pastilles. Non daté.

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16

En Languedoc, ces objets (exclusivement des cruches), de fabrication très soignée, et sans doute aussi peu abondants qu'en Provence par rapport au reste du catalogue (96), portent fréquemment un décor (que l'on pourrait, parfois, qualifier d'exubérant); en voici quatre exemples: Fragm.17. Séviac (commune de Montréal-du-Gers) (97) : fragment de panse; cuisson en atmosphère oxydante; engobe orangé, usé. Décoré de la rouelle 4220.

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Séviac.

Fragm.18 . Le Colombier-La Misère (commune de Pezens, Aude) (98) : anse attenante à un fragment de panse décorée; cuisson en atmosphère oxydante; pâte beige, dure et granuleuse; engobe mince, rouge orangé. Décoré d'une rangée de palmettes indéter­minées.

18 Le Colombier-La Misère.

199

Fragm.19. Saint- Jacques-d'Albas (commune de Laure, Aude) (99) : haut de panse avec départ d'anse; pâte grise, granuleuse; surface très érodée. Décoré de la rouelle 2424, de la colonnette 2423 et de l'arceau 2425.

Saint-Jacques-d'Albas. 19

Fragm.20. Grotte des Cascades (commune de Creissels, Aveyron) (100): fragment de panse avec départ d'anse; pâte gris clair pulvérulente; engobe gris foncé. Décoré de poinçons de rouelle, palmette et arceau indéterminés.

Grotte des Cascades.

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20

Il n'est pas sûr que les décors de lignes ondées, que l'on rencontre sur les ollae en DS.P., aient été empoyés sur les cruches et pots; les seuls fragments de panses dont nous disposons ne permettent pas, en tout cas, d'en avoir la moindre preuve.

Sur le problème de l'origine de cette production et des problématiques réseaux de filiations, on raisonne sur un trop faible nombre pour généraliser; certaines formes trouvent, comme il se doit, des attaches avec des créations gallo-romaines du Haut­Empire (F.58 ou 62); d'autres pourraient s'inspirer des sigillées rhodaniennes (F.59 ou 60); mais la plupart ne trouvent guère de comparaison, comme s'il s'agissait de créa­tions propres à la DS.P. De ce fait, on restera sur l'idée qu'aucune tendance majeure ne se dégage et que les conclusions dans ce domaine seront difficiles à établir; car si certaines formes sont bien typées (F.28 ou 58), d'autres, de profils simples, résultent sans doute d'aménagements empiriques qui brouillent les pistes.

De toute évidence, les cruches et pichets ont leur place sur la table de repas et participent au service des boissons; mais, de leurs différentes tailles, donc de leurs différents volumes, on peut supposer, sans qu'il soit possible de préciser, des fonctions sensiblement diversifiées. En effet, le rôle d'une cruche d'1 1., comme celle de Sainte­Propice (frag. nO 14), à l'image des récipients de production provençale, doit être diffé­rent de celui des cruches languedociennes ou de la forme 62 de Saint-Julien-Ies-Marti­gues dont le volume moyen se place entre 3 et 5 1 (atteignant, dans le cas d'une cruche carcassonnaise 14 1 environ). (101)

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111/. LES CRUCHES ET POTS DANS LA CHRONOLOGIE

Le tabl eau suivant présente les seuls 24 exemplaires, complets ou incomplets, qui sont issus de contextes datés. Les objets complets se regroupent en 9 formes; les autres (Fragm.) restent en attente de numérotation.

La périodisation illustrée par le tableau, fondée sur la chronologie des formes de sigill ée Claire D, est "large" e t couvre, généralement, le demi-s iècle; elle indique,

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Cruches 60 1 -1 61 Ca) 1 61 Cc) 1 1 62 1 fragm.4 1-1 fragm.8 1-1

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pourtant, la période la plus récente possible pour la constitution de la couche. On est porté à admettre que l'ensemble du matér iel contenu dans la couche, y compris pour la DS. P., est contemporain de cette pér iode ou, peut-être, légèrement antérieur. Cela ne saurait jouer (et le mot est volontai rement choisi) sur une antériorité, toute théori­que, de plus d'une vingtaine d'années.

Le tableau montre 3 grands cl ivages:

Première génération Quatre vases appa rtiennent, sûrement, aux premières product ions de sigillée

paléochrétienne, à la fin du IVe s. • Forme 28(b) (Clos de la Lombarde), que l'on retrouvera, au m ili eu du Ve, à Marseille­Bourse et à Toulon dans notre deuxième génération. • Forme 26c (Ma rseille- Bourse) • Forme 60 (L'Hortus) • Fragment 4 (L'Hortus) dont on est tenté de rapprocher le profil de celui du goulot des Formes 57 et 61.

Tro is de ces quatre objets provi ennent de sites languedociens, région pour laquelle on situe la production de DS.P. à une date sensiblement plus haute que pour la Proven­ce (102).

Les formes lisses (26c) ou seulement guillochées (60) côto ient la petite amphore richement décorée (28) qui, on l'a vu, appa rti en t sans doute à un mouvement de produc­tion autre que rég ional .

Les productions sont de bonne qualité, la pâte est toujours fine, bien épurée; par

201

,

contre, les traitements de surface sont plus ou moins soignés et l'engobage n'est pas toujours utilisé.

Une deuxième série de cruches dépend, peut-être, de cette phase initiale, les contextes de découvertes n'accusant qu'un faible décalage par rapport à la période précédente. La prudence commande, cependant, de les dissocier; on peut les placer dans les premières décennies du Ve s. • Forme 57 (Saint- Jul ien-Les-Martigues) • Forme 58 (Saint- Jul ien-Les-Martigues) • Forme 61(a) (Saint- Jul ien-Les-Martigues) • Forme 62 (Saint- Jul ien-Les-Martigues) • Forme 59 (Saint- JUl ien-Les-Martigues) pot à deux anses

Toutes ces formes, quoique de profil élégant, sont lisses, non décorées; les pâtes sont toujours très bien cuites en post-cuisson réductrice, les trois premiers étant gris avec la surface engobée, la grande cruche (F.62) et le pot (F.59) étant de couleur gris et cuir. La chronologie a regroupé ici les pièces qui, dans ce lot, offrent une bonne (la meilleure?) qualité technique; on remarquera que ces cinq pièces proviennent du seul site de Saint- Julien-les-Martigues dont on avait déjà remarqué, dans un autre doma ine, l'orig inalité à partir d'influences languedociennes (103).

Un autre exemplaire de la Forme 61 (61 cl, trouvé à Marseille-Saint-Victor dans un contexte plus récent, est vraisemblablement résiduel et appartient sans doute à ces productions des premières décennies du Ve s.

Deuxième génération Elle ne regroupe que trois objets:

• Forme 28(e) (Marse ille - Bourse) · Forme 28(f) (Toulon) · Fragment 8 (Saint- Juli en-I es-Martigues)

On a déjà observé l'apparition, dans la premlere génération, de la For me 28(b) languedocienne. On constate, en ce milieu du Ve s., la présence de deux autres exem­plaires (F . 28(c) et 28(0) provençaux. N'apparaissent-ils vraiment qu'à cette date, ont-ils perduré, ou sont-ils résiduels? La différence chronologique avec la première génération, bien que faible , mériterait d'être confirmée par d'autres découvertes. Si les Formes 28 sont bien représentatives, on ne peut guère aller plus avant dans le commentaire du Fragment 8.

Troisième génération Un lot se détache nettement dans le tableau:

• Forme 28B (La Fourb ine) • Forme 63 (tous les fragments) • Fragment 10 (Saint- Jul ien-Ies-Martigues)

Chronologiquement, tous ces objets apparaissent, à une except ion près, beaucoup plus tardivement que les précédents, dans le courant du Vie s.

Ils forment une série cohérente, la plus nombreuse que nous ayons rencontrée. Ils présentent plusieurs caractéristiques communes.

Du point de vue morphologique, bien que de profil "mou", les bords ont un dessin relativement semblable; les parois sont plutôt épaisses et les anses toujours robustes.

Au plan technologique, la pâte est toujours très cuite et sonore; les surfaces, tou­jours non lissées, dénotent un façonnage rustique; elles ne sont jamais engobées.

Ces objets pourra ient appartenir à la phase finale de production des sigillées paléo­chrét iennes (104).

Dernière remarque: on aura noté que les pichets et cruches occupent, majoritai­rement, la fin du IVe s. et le Ve S., et que, à l'inverse, les pots à anses l'emportent au Vie s. On laissera le lecteur libre de développer ses propres hypothèses et réflexions que cela suggère.

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CONCLUSION

Une approche chronologique des différentes DS.P. provençales et languedociennes est en cours d'élaboration dans le cadre d'un groupe de travail C.A.T.H.M.A. En réali­sant cette synthèse portant sur une catégorie particulière de récipients l pichets, cruches et pots à anses, une partie des résultats se met progressivement et provisoire­ment en place. Cette étude a été rendue possible par les découvertes récentes, princi­palement dues aux fouilles de Marseille-Bourse, Saint-Blaise et Saint-Julien-Ies­Martigues, où des résultats stratigraphiques ont été obtenus durant ces cinq dernières années.

Si, par la lecture fine du tableau, nous avons distingué t rois générations, une lecture globale montre que la deuxième génération peut être fusionnée avec la première. Deux grands groupes se dégagent alors: - le premier, â situer entre la fin du IVe s. et le milieu du Ve , correspond à des produc­t ions morphologiquement et techniquement classiques; - le second se place dans le Vie s. (dès la fin du Ve s.?); il est constitué de formes généralement plus grossières, surtout la Forme 63 (on constate parallèlement le même type d'évolutior'l pour d'autres formes, comme la 18 ou la 29).

Les datation~ observées pour ces deux groupes recouvrent toute la période de pro­duction des sigillées paléochrétiennes, à l'exception d'un "vide" dans la deuxième moitié du ve s. que nous ne saurions expliquer (hasard des contextes stratigraphiques des sites con~idérés?).

Les pichets, cruches et pots sont des objets moins anecdotiques qu'il n'y paraît malgré le faIble nombre signalé. Le catalogue que nous proposons devrait permettre de susciter l'attention des chercheurs et s'étoffer sensiblement. Beaucoup plus que pour les assiettes et les coupes, la fragmentation de ces pièces dissocient, la plupart du temps, leurs éléments · constitutifs (bord, panse, fond, anse); elles exigent donc d'être complètes ou quasi-complètes pour être cataloguées; il convient, en conséquen­ce, de savoir rechercher et trier les fragments pour pouvoir procéder aux remontages indispensables. Nul doute que les dépôts de · fouilles ne recèlent déjà ces éléments. Ils pourraient venir augmenter ce catalogue, alors que les fouilles en cours ou à venir ne manqueront pas de fournir les données chronologiques complémentaires.

NOT ES

(1) On n'insistera pas sur la diversité des termes qui désignent cette catégorie de sigillée tardive de Gaule; elle est tout aussi communément désignée Dérivée- des-Sigillées Paléochrétiennes (DS.P.).

(2) Dans le cadre du groupe de travail C.A. T.H.M. A. (Céramique de l'Antiquité Tardive et du Haut Moyen Age) qui rassemble des chercheurs provençaux, languedociens, lyonnais et suisses.

(3) J. et Y. RIGOIR, J.-F. MEFFRE, Les Dérivées-des-Sigillées paléochrétiennes du groupe atlantique, dans Callia, XXXI, 1973, p.207-263; Y. et J. RIGOIR, Les Dérivées-des-Sigillées dans la moitié sud de la France, dans S.F.E.C.A.C., Actes du Congrès de Reims, 1985, p.49-56.

(4) J. RIGOI R, Les sigillées oaléochrétiennes grises et orangées, dans CaWa, XXVI, 1968, p.177-244.

(5) cf. C.A. T.H.M.A., La céramique du Haut Moyen Age en France méridionale: éléments comparatifs et essai d'interprétation, dans La ceramica medievale ne l Mediterraneo occidentale (Siena-Faenza 1984), Firenze 1986, p.27-50, plus spécialement p.39.

(6) Le cas s'est posé, et se pose encore, pour l'exemplaire présenté dans la forme 62.

(7) Pour notre région, les datations des formes de sigillée Claire D, avancées par J. W. HAYES, Late Roman Pottery, Londres, 1972, par A. CARANDINI et alii, Atlante delle forme ceramiche, l, Ceramica fine romana nel bacino dei Mediterraneo (medio et tardo impero), EAA, Roma, 1981, et par M. G. FULFORD, D. P. S. PEACOCK, Excavation at Carthage: the British Mis­sion, volume 1, 2, The Avenue du Président Habib Bourguiba, Salambo : the pottery and other ceramic obJects from the site, Sheffield, 1984, ont été précisées pour le sud de la Gaule, corrigée:; ou confortées dans C.A.T.H.M. A., op. cit. à la note 6.

(8) La sigillée Claire D des sites datants considérés a été réexaminée collectivement dans le cadre du groupe de travail C. A.T.H .M.A.

(9) M. BONI FA Y, Eléments d'évolution .. sles céramiques de l'Antiquité tardive à Marseille d'après les fouilles de la Bourse (1980-81), dans Revue Archéologiqlie de Narbonnaise, XVI, 1983, p.285-346.

(10) Avec les formes Hayes 59, 61 A et B, 64, 67, 68, 78, 81 A et B, et 91 A et B.

(11) Avec les formes Hayes 82, 87A, B et C, 88, 90, 91C, 93, 96, 97, 99A et B, 101, 104B et C, 105, 107 et 109.

203

(12) M. CAVAILLES, Céramique de l'Antiquité Tardive dans la corne du Vieux-Port de Marseille (La Bourse), Mémoire de Maîtrise, Aix-en-Provence, 1985, dont l'essentiel est à paraître dans Documents d'Archéologie Méridionale, 9, 1986. Nous tenons à remercier bien vivement l'auteur pour les nombreuses informations dont elle nous a fait bénéficier.

(13) Avec les formes Hayes 50, 61B, 76, 80B et 91.

(14) Avec les formes Hayes 61, 62, 67 et 91 , un décor de palmette dans le style A(ij) et un fragment de Late Roman C de la forme 3e.

(15) Avec les formes Hayes 58B, 61, 64, 67, 82/84, 85, 87B, 87 var., 87c, 91C, 94, 99, 101 (?) et 104B, ainsi que la forme Martin NV.IV.

(16) Avec les formes Hayes 90B, 91, 93, 97, 98, 99B, 104B et C et 108 (?).

(17) Avec les formes Hayes 58,67 et 91A/B.

(18) Avec les formes Hayes 58, 61A, 71 et 91.

(19) Avec les formes Hayes 61B, 80B et 91C (?).

(20) G. DEMIANS d'ARC HIMBAUD, Le matériel paléochrétien de la grotte de l'Hortus, Etudes quaternaires 1, La grotte mousté-rienne de l'Hortus, 1972, p.635-657.

(21) Cf. C.A.T.H.M.A., op. cit. (à la note 6), p.29.

(22) Déjà publié comme archétype de la forme 26, cf. J. RIGOIR (Gal!ia, 1968), p.208-209 et pl.XIX.

(23) Et reste introuvable dans les différents lieux de conservation de Marseille.

(24) Plusieurs exemplaires à Bordeaux en pâte blanche ou gris brun clair, parfois revêtus d'un engobe brun clair, cf. M.-H. et J. SANTROT, Céramiques Communes Gallo-Romaines d'Aquitaine, Paris, 1979, forme 504, avec un bec nettement trilobé.

(25) A Plassac (Charente-Maritime), en pâte grise, cf. M.-H. et J. SANTROT, op. cit., forme 494. avec un fond plat.

(26) G. CONGES, M. BONIFAY, J.-P. BRUN et M. PASQUALlNI, Un dépotoir de la fin de l'Antiquité dans la grotte de La Fourbi­ne, Saint-Martin-de-Crau (B. du Rh.), dans Revue Archéologique de Narbonnaise, XVI, 1983, p.347-364, plus particulièrement p.354 et F ig.6, nO 22.

(27) Selon M. BONIFAY, que nous remercions pour cette information, la datation pourrait, vraisemblablement, être ramenée au seul Vie s.

(28) M. CAVAILLES, op. cit., sondage D-II-ll, Période 1 (cf. note 13).

(29) M. CAVAILLES, op. dt. , sondage D-II-15, Période 4b (cf. note 16).

(30) L. CABALLERO ZOREDA, Ceramica gris y anaranJada paleocristiana en Espana, sep. de TrabaJos de Prehistoria, vol.29, 1972, p.203, fig. 11 et p.218, fig.5.

(31) Fouille Y. Solier. La DS.P. est en cours de publication par J. et Y. Rigoir.

(32) G. FOUCAUD et 1. VIALETTES, Un ate lier de poterie estampée du IVe s. dans le Lot, dans Bulletin de la Société àes Etudes du Lot, 2,1972, p.251-269, fig.13 et 14.

(33) J. Rigoir, op. cit., p.232, pl.XIX et p.240.

(34) M. BONIFAY, op. cit., p;329 et Fig.35, n0236.

(35) Document (à paraître dans Documents d'Archéologie Méridionale, 9, 1986) aimablement communiqué par M. Pasqualini et J.-P. Brun que nous remercions bien vivement.

(36) Prospections R. Gras. Inédit.

(37) H. S. ROBINSON, The Athenian Agora, V, Pottery of the roman period, Princeton, 1959, p.76 (nO L.24) et pl.39 : pâte chamois et décor à la peinture blanche; h. : 24,2 cm, diam. max. : 14,4 cm. Cet objet est redessiné dans A. CARANDINI et alii, op. cit. , pl.CXXIX, n02, et p.255.

(38) H. S. ROBINSON, op. cit., p.76 (nO L.24, M.158 et M.215), pl.16, 24 et 27, se réfère à des objets dont le col n'est pas conservé pour dater ce type dès le milieu du Ille s.

(39) Formes Hayes 172 et 173, cf. J. W. SALOMON SON, Etude sur la céramique romaine d'Afrique, sigillée claire et céramique commune de Henchir el Ouiba (Raqqada) en Tunisie centrale, dans B. V.A.B., XLIII, 1968, p.80 et sui v.; repris dans A. CARANDINI et alH, op. cit., pl.LXXV, n04 et 5.

(40) J.M. DONATE SEBASTIA, Arqueologia romana de Villareal (Castellon), tirade aparte de Archivo de prehistoria Levantina, XII, 1969, p.21-22, fig.12.

(41) VANVINC K EN ROYE, Gallo-romeins aardwerk van Tongeren, Gallo-romeins Museum, Tongeren, s.d., nO 58 (avec une seule anse?).

(42) R. SENEC HAL, Céramique commune d'Alésia: les cruches, dans Centre de Recherches sur les Techniques Gréco-Romaines, 5, Université de Dijon, 1975, p.98 et Fig.ll0.

(43) G. CHENET, La céramique gallo-romaine d'Argonne du IVe s., Mâcon, 1941, pl.XXI, n0350, à pâte rouge-orange et à peinture claire, qui renvoie à F. MORIN-JEAN, La verrerie en Gaule sous l'Empire Romain, Paris, 1913, pour comparaison avec la forme 42.

(44) Dans ce siècle, un exemple encore avec J.-J. HATT, Aperçus sur l'évolution de la céramique commune gallo-romaine princi­palement dans le nord-est de la Gaule, dans Revue des Etudes Anciennes, LI, 1949, pl.XIII, n025.

(45) E. GOSE, Gefastypen der romischen keramik im Rheinland, Kevelaer, 1950, avec Niederbieber (pl.37, n0411) et Speicher (pl.19, n0271 et pl.38, n0412), la première et la dernière étant munies de deux anses.

(46) A. REBOU RG, Une amphore d'argent et des portraits romains, dans Archéologia, n0228, Octobre 1987, p.9, peut-être d'origine syrienne et datable du IVe s.

(47) A. DARTON, Sigillée claire B de la vallée du Rhône, dans Revue d'Etudes Ligures, 1972, p.169.

(48) Avec, en sigillée claire D, les formes H. 80A et 87A; début Ve s. pour la première, cf. J. W. HAYES, North Africain flanged bowls: a problem in fifth-century chronology, dans Roman pottery studies in Britain and beyond, B.A.R .. suool.30, 1977.

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p.279-287, plus spécialement p.283 et J. W. HAYES, A supplement to Late Roman Pottery, London, 1980, p.516; milieu ye s. pour le second, cf. C.A. T.H.M.A., op. cit., p.36.

M. BONIFAY, op. cit. , p.329, l'auteur donnant aujourd'hui, pour la Période 1, cette datation légèrement différente (cf. note la).

Cf. note 17.

E. GOSE, op. cit., pl.31, pour Hofheim (n0373, milieu 1er s.), Monréal (n0374, flavien) et Bonn (n0375, troisième quart du Ile s.) et M.-H. et J. SANTROT, op. cit., n0384 (deuxième moitié 1er /première moitié Ile s.).

C. LAROC HE, La céramique commune "claire" du dépotoir flavien du site de la rue des Farges à Lyon, Mémoire de Maîtrise, Lyon, 1980 (dactylographié), pA2 et pl.Y, n04.

Un exemple dans A. DESBA T, Les céramiques fines rhodaniennes à vernis argileux, thèse de Ille cycle, Lyon, 1980, forme 84, le goulot étant en forme de diabolo et la panse sphérique.

Cf. note 17.

A. DAR TON, op. cit., p, 161-162, qui présente, dans la même série, un goulot muni de deux anses.

J. CHARMASSON, Une nécropole du Bas- Empire, La Brêche, commune de Loudun (Gard), dans Cahiers Ligures de Préhistoire et d'Archéologie, 17, 1968, p. 131-150.

S. GAGNIERE, J. GRANIER, La nécropole gallo-romaine et barbare de La Font-du-Buis à Saze (Gard), dans Revue Archéolo­gique de Narbonnaise,. Y, 1972, p.135, fig.16 et p.136, fig . 17, que les auteurs datent de la fin du Iye s.

A haute époque, on peut comparer avec Chr. OLlYE, CI. RAYNAUD et M. SCHWALLER, Cinq tombes du premier siècle de n. e. à Agde (Hérault), dans Archéologie en Languedoc, 3, 1980, p.141, nOS; pour la première moitié du Ille s., avec E. GOSE, op. cit., pl.12, n0176 , pour Niederbieber.

M. G. FULFORD, D. S. P. PEACOCK, op. cit., p.213 et fig.83, n051.

Cf. notes 20 et 21.

Cf. note 17.

Cour sud, zone IYB, couche 2a; fouille inédite; renseignement aimablement communiqué par l'équipe: G. Demians d'Archim­baud, M. Fixot et L. Yallauri, que nous remercions bien vivement.

Cf. note 17.

E. MASSAL, Y. et J. RIGOIR, Les DS.P. à Cessero-Saint -Thibéry (Hérault), dans Documents d'Archéologie Méridionale, 2, 1979, p.159-184, fig.12, n04531 .

J. et Y. RIGOIR, Les DS. P. de la zone littorale du département de l'Hérault, dans Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de Sète et sa région, IY, 1972, p.99-136, plus particulièrement p.l 07 et fig.13, nO 3645.

Cf. note 63, même fig., n03990.

G. DEMIANS d'ARCHIMBAUD, op. cit., fig.5, n03.

G. FOUCAUD et 1. YIALETTES, op. cit., p.259, fig . 16.

Publié dans J. RIGOIR, op. cit., pl.XIX, parmi les vases à liquide; cf. A. SOU TOU, Trois sites gallo-romains du Rouergue, dans Callia, XXY, 1967, p.1 27-145, pour le fortin-sanctuaire du Pas-de-Ia-Selle (La Panouse-de-Cernon).

Cf. notes 20 et 21.

J. COURTIEU, CI . JOURNET, J. NICLOUX, M. PASSELAC, G. RANCOULE, Y. et J. RIGOIR, Dérivées des Sigillées Paléo­chrétiennes de l'Aude: un atelier carcassonnais?, dans Bulletin de la Société Scientifique de l'Aude, LXXX, 1980, fig.14, n07802 .

Espace la, fosse 2N, cf. note 19.

J. RIGOIR, op. cit., p.2 32, pl.XIX .

A. DARTON, op. cit., p.160-161.

A. DESBA T, op. cit., p.302 et 304 et fig .11 5 et 116 : forme 66, avec recensement des s ites de la basse vallée du Rhône ayant livré ce pot : Alba, Avignon, Orange, Arles, Glanum et Barbegal .

ibid., p.304.

Cf. note 18.

C our sud, couche 6.

M. CAYAILLES, op. cit., sondage 0-11-11, n049, pour la Période 3.

M. BONIFA Y, op. cit., fig.36, n0262, pour la Période 2B.

B. CAYAILLES-BRANS, La vaisselle céramique fine du sondage lB sud de Saint-Blaise dans son contexte céramique: Antiqui­té tardive. Mémoire de maîtrise d'archéologie, histoire et civilisation antique (ronéotypé), Université de Provence, Aix, 1986, p.276-277, n0869 plus particulièrement.

Fouilles G. Demians d'Archimbaud, inédites: Sondage Il, c.7f/2c.

id : Sondage Il, c.3-4.

id : Sondage Il, c.5g.

id: Sondage Il, c.7f / 2b.

Il n'est peut-être pas inutile d'insister sur le fait que ces quatre objets proviennent de sites, certes concentrés sur Marseille, mais fouillés et étudiés par quatre équipes ou auteurs différents.

Déjà publié, cf. J . RIGOIR, op. cit., p.232, pl.XIX.

Espace P4 / P5, couches la + 2a/B + 2c (une superposition de couches de terres cendreuses), avec les formes H. 61A et B, 67, 68,78 (?J, 79, 80A et B, 82A, 91A et 103A (?J.

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(89) ibid.; classé sous la forme 26 il faut désormais l'en distinguer.

(90) Cf. E. MASSAL, Y. et J. RIGOI R, op. cit., p.165, fig.4, n04470.

(91) Espace G, couche 2a, n0610, dans un contexte du milieu du Ve s.

(92) M. BOIXADERA, M. BONIFAY, J .-P. PELLETIER, J. et Y. RIGOIR, L. RIVET, L'habitat de hauteur de Sainte-Propice à Velaux (Bouches- du- Rhône). dans Documents d'Archéologie Méridionale , 10, 1987 (à paraître).

(93) Avec les formes H. 87B et C, 91C, 98, 99 (n. 101, 12 / 102, 102. 103 et 104A.

(94) Déjà publié dans J. RIGOIR, op. cit. , p.232, pl.XIX.

(95) Anciennes fouilles H. ROLLAND.

(96) A l'exception des environs de Carcassonne où il en a été trouvé en plus grand nombre, soit couverts de guillochis, soit abondamment décorés aux poinçons, cf. J. CO URTIEU et alH, op. cit. , p.49-S1, fig.14 à 16.

(97) Cf. J. LAPART, J. et Y. RIGOIR, Les Dérivées-des-Sigillées Pal éochrétiennes décorées du Gers, dans S.F.E.C.A.G., Actes du Congrès de Toulouse, 1986, p.111-124, plus spécialement p.116 et fig.4 .

(98) J. CO URTIEU et alii, op. cit., fig.14, n0910 .

(99) Ibid., fig.14, n0896.

(100) J. Rigoir, op. cit., p.232, PI.XIX.

(101) On a pu calcu ler la contenance des récipients les mieux conservés (selon Y. RIGOIR, Méthode géométrique simple de calcul du volume de contenants céramiques, D.A.M., 4, 1981, P.193-194 ): F.26A: 0,78 1; F.26B Marseille: 0, 68 1; F.26B La Fourbi­ne: 0,66 1; F.26C : 0,501; F.26D : 0,541; F.28 : 4,51 1; F.47: 0,821; F.57 : 0,871; F.58 : 0,671; F.59 : 0,551; F.60: 0,761; F.62 : 3,79 1.

(102) cf. CATHMA, op. cit., p.40.

(103) Y. et J. RIGOIR, L. RIVET, Les dérivées-des- sigillées paléochrétiennes. Exportations et inf luences entre le groupe provençal et le groupe languedocien, dans D.A.M., 8, 1985, P.89-99.

(104) cf. M. BONIFAY, op. cit., p. 332-334, qui envisage même une périodisation plus récente.

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Liste des participants

ALDUC Armell e, C. R. A.M., Université de Caen, 14000 Caen ASINS VELIS Sabina, Sagunto 160A, 1er, 46009 Valencia, Espagne BAILLEU X Gustave, 23 avenue des Paveurs, 1410 Waterloo, Belgique BARDEL Annie, La Croix des Sept Fours, Bourgbarré, 35230 Saint-Erblon BARDEL Jean-Pierre, La Croix des Sept Fours, Bourgbarré, 35230 Saint-Erblon BARON Michel, 14 rue Esnault Pelterie, 91560 Crosne BA YARD Didier, 5 rue Henri Daussy, 80000 Amiens BECKER Christine, 41 chemin de la Croix Berthet, 69600 Oullins BET Philippe, Centre Archéologique Duchasseint, 63190 Lezoux BLASK IEWIC Z Patr ick, Musée de Normandie, Château, 14000 C aen BRU LET Raymond, Collège Erasme, UCL, 1 place Pascal, 1348 Louvain-la-Neuve BU RNS R. Bob, Güernsey Museum, Candie Gardens, Saint-Peter Port, Guernsey CARE L Pierre, rue S. Maridor, 76330 Notre-Dame-de-Graven CARRE Flor ence, 35 rue Desseaux, 76000 Rouen CHI RON Brigitte, 3 rue de Poterat, 63000 Clermont-Ferrand CHURIN T., 14 rue Balzac, 61000 Alençon CLIQUET Dominique, Musée Ancien Evêché, 6 rue Ch. Corbero, 27000 Evreux COLLART Jean-Luc, Rés. Le Chevalier, rue du 8 Mai 1945, 80000 Amiens COUL THARD N. DAVID Patrick, Musée de Normandie, Château, 14000 Caen DELACAMPAGNE Florence, Serv. Dép. d'Archéologie, 28 rue J. Eudes, 14000 Caen DENIAUX Elisabeth, 13 boulevard Richemond, 14000 Caen DESBA T Armand, 6 rue de la Favorite, 69005 Lyon DIJKMAN Wim, Bloemenweg 82, 6221 TW Maastricht, Pays-Bas DUFOURNIER Daniel, C. R.A .M., Université de Caen, 14000 Caen DUVERNOIS Bruno, 1 rue de Verrières, 14320 Saint-Martin-de-Fontenay FAJAL Bruno, 42 rue de Lebisey, 14000 Caen FERAUD Georgette, 11 boulevard Queirel, 13010 Marseille FE RAUD Jean-Baptiste, 11 boulevard Queirel, 13010 Marseille de FERAUDY Luc, 88 rue de la Grand Font, 16000 Angoulême FERNANDEZ GARCIA Maria Isabel, Paseo dei Salon, 7, 6 Decha 18009 Granada, Esp. FICHET de CLAIRFONTAINE François, La Violais, 35620 Erce-en-Lamée FRENEL Annick, 24 avenue de la Close, 44300 Nantes FULFORD Michael, Dep. of Archaeol., University Reading, Reading RC6 2AA GIGANON Daniel, Lab. Archeol., C.E.N. Saclay, 91191 Gif-sur-Yvette Cedex GIMARD Georges, Saint-Sigismond, 73210 Aime GIROUSSENS Christian, 26 route de Saint-Chamas, 13800 Istres GRANIER Noël, Lab. Archéol., C.E.N. Saclay, 91191 Gif-sur-Yvette Cedex GUSTIN Michèle, 2 allée des Ramons, 4200 Liège, Belgique HALBOUT Patrick, 3 rue de l'Abbé Cochet, 76000 Rouen HAMON Jérôme, 13 rue des Voûtes, 76130 Mont-Saint-Agnan HARLA Y Gabriel, 1 rue Villa Chevreuse, 92130 Issy-les-Moulineaux HINAULT Franck, 9 rue Bugnot, 76100 Sotteville-les-Rouen HOFMANN Bernard, 5 rue Colette, 75017 Paris J'BARI Youssuf, 30 rue de la Lionne, 45000 Orléans GIGAN Claude, Musée dé Normandie, Château, 14000 Caen JOBELOT Nicole, 69 rue Saint-Fargeau, 75020 Paris JOL Y Martine, 33 rue J. Cellerier, 21000 Dijon LAILLIER Jean-Yves, 42 rue de Bras, 14000 Caen

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LAROC HE Colette, 15 rue Charles Nodier, 25000 Besançon LAU BAC HER Hélène, 5 rue Paul Guitton, 74000 Annecy LAUBENHEIMER Fanette, 3 rue Brézin, 75014 Paris LAUXEROIS Roger, Musée de Vienne, Place Miremont, 38200 Vienne LEBORGNE Jean-Noël, 7 rue de Morsan, 27300 Bernay LEQUOY Marie-Clotilde, 137 rue Beauvoisine, 76000 Rouen LORREN Claude, C.R.A.M., Université de Caen, 14000 Caen LEVALET Daniel, 8 rue du Gué de l'Epine, 50300 Avranches MARGERIE Marie-France, 14000 Caen MARGERIE Pierre, 14000 Caen MARIN Jean .... Yves, Musée de Normandie, Château, 14000 Caen MASSART Claire, 6 avenue A. Fortin, 1030 Bruxelles, Belgique MA THIEU Dominique, 17 rue Vaucouleurs, 76000 Rouen MA THIEU Vérônique, 17 rue Vaucouleurs, 76000 Rouen METREAU Odile, 30 rue de la Lionne, 45000 Orléans MONAGHAN Jason, La Sousique, Grandes Roques, Castel, Guernsey MORIZE Dominique, 66 rue du Château-des-Rentiers, 75013 Paris MOYNE Pierre, 32 Grande Rue, 38500 Voiron PAILLARD Didier, 14000 Caen PAILLARD Francine, Le Corbusier 233, 280 bd Michelet, 13008 Marseille PERRICHET-THOMAS Christiane, 3 square du Tarn, 75017 Paris PE R RIN J.R., 7 Bathurst, Peterborough PE2 OQH PIC ON Maurice, Lab. de Céramologie, 1 rue Raulin, 69365 Lyon Cedex 07 PILET Christian, 43 rue Froide, 14000 Caen PILET-LEMIERE Jacqueline, C.R.A.M., Université de Caen, 14000 Caen PUSSOT Daniel, 15 avenue des Tilleuls, 41260 La Chaussée-Saint-Victor PUSSOT Simone, 15 avenue des Tilleuls, 41260 La Chaussée-Saint-Victor ROMERO CARNICERO Maria Victoria, Dép. Arqueol., Universidad, Valladolid, Esp. ROUSSEL Pierre, Chemin de la Vierge, Hameau des Fontaines, 27800 Brionne SAQUERO MARTIN Belen, Dép. Arqueol., Universidad, Valladolid, Espagne SERRANO GUTIEREZ Jose Manuel, Dép. Arqueol., Universidad, Valladolid, Espagne SI RAUDEAU Jean, C los du Moulin, Pruniers, 49000 Angers SYMONDS Robin, Colchester Archaeol. Trust, 12, Lexden Road, Colchester, Essex TAU PIN Marie-C laude, 92 rue de Bayeux, 14000 Caen THOLLARD Patrick, 75 rue Abbé de l'Epé, 13005 Marseille TOMILLO GUIRAO Francisco, Dep. Arqueol., Universidad, Valladolid, Espagne VADE Sue, Colchester VANBRUGGHE Nathalie, D.R.A. Nord/Pas-de-Calais, B.P. 51, 59651 Villeneuve d'Ascq VAN OSSEL Paul, 15 rue du Centre, 5333 Sorinne-la-Longue, Belgique VE RN HET Eric, 5 rue des Palanques, 33000 Bordeaux VERNOU Christian, Salles d'Angles, 16130 Segonzac VERTET Hugues, 66 boulevard Saint-Exupéry, 03400 Yzeure VIENNE Guy, Musée Archéol., Esplanade A. Malraux, 17100 Saintes VIPARD Pascal, 14000 Caen WATTE-REMY Monique, route de Flamare, Louvetot, 76490 Caudebec-en-Caux WOOD Mark, Institut of Archaeol. 36, Beaumont St, Oxford OX 1 2PG WYNIA S.L., Maluslaan 7,1185 K2 Amstelveen, Pays-Bas.

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