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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE SYNODES ET CONCILE EN FRANCE BILAN ET PERSPECTIVES N° 5 _ 2016 © Corinne Simon / CIRIC PUBLIÉ PAR LE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE N° 5 _ 2016 E

Synodes et concile en France. Bilan et perspectives (full text)

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE

SYNODES ET CONCILE EN FRANCE

BILAN ET PERSPECTIVES

N° 5 _ 2016

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PUBLIÉ PAR LE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE

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Photo couverture : Mgr Éric Aumonier, lors de la célébration de remise des décrets, synode de Versailles, en la cathédrale Saint-Louis, Versailles (78).

Document rédigé par :

M. ARNAUD JOIN-LAMBERT, docteur en théologie et professeur à l’Université catholique de Louvain en Belgique. Ses recherches actuelles portent sur la synodalité dans les Églises particulières.

SYNODESET CONCILE EN FRANCE

ARNAUD JOIN-LAMBERT

BILAN ET PERSPECTIVES

5SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

n même temps que je visite les communautés chrétiennes, dans les doyennés, pour présenterl’événement du concile provincial de Lille-Arras-Cambrai (2013-2015), et les textes qui ont été promulgués, j’ai souhaité rencontrer les élus municipaux, départementaux et nationaux des

territoires concernés pour leur parler de ce que nous venons de vivre, et échanger avec eux sur tous les autres sujets dont ils veulent débattre. Ces rencontres ont toujours donné lieu à des échanges fort intéressants : la vie des communautés chrétiennes n’est pas indifférente à ces hommes et femmes de terrain.

Mais je dois surtout dire que l’information que je leur donne au sujet de notre concile provincial les marquesur quatre caractéristiques au moins de notre entreprise.

D’une part, la consultation préalable aux assemblées synodales : le fait que l’Église ait décidé de consulterceux qui participent à sa vie de façon habituelle et même, possiblement, ses «utilisateurs» irréguliers, paraîtcomme un acte inattendu de notre part, mais surtout comme un acte nécessaire dans la société contempo-raine. C’était évidemment une façon d’intéresser le maximum de monde possible à ce projet de rénovationdes pratiques de la vie paroissiale, et une façon d’annoncer largement ce projet pastoral : communicationavisée et efficace.

D’autre part, le projet synodal se présente comme un projet à moyen et long terme. On a pris le temps de laconsultation et celui de quatre assemblées de week-end et d’une journée de promulgation, égrenées sur deuxannées. On ne cherche pas à se précipiter et on sait que la modification la plus attendue, c’est celle des esprits :cela aussi paraît précieux aux élus. Eux qui voient souvent leur mandat occupé par l’obligation d’apporter des

PRÉFACE

IL EST DANS LA NATURE DE L’ÉGLISED’ÊTRE SYNODALE

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solutions rapides et de multiplier les résultats tangibles n’ont pas toujours l’occasion de voir mûrir lesmentalités et d’accompagner ces changements.

En outre, la règle ecclésiale du vote acquis à la majorité des deux tiers, si elle n’est pas totalement inconnuedes pratiques politiques, apporte la nécessité de faire progresser une discussion vers une plus grande clartésur les motivations de chacun : il faut beaucoup parler, questionner, s’intéresser aux propositions apportéespar les participants. Nous avons multiplié les travaux en petites équipes (permanentes, d’une assembléeà l’autre, pour favoriser la connaissance mutuelle), mais aussi les forums et encore d’autres méthodes quifavorisent l’écoute et la compréhension. S’ajoute le fait que l’assemblée était composée de façon quasimentparitaire entre les hommes et les femmes. Encore un élément inattendu de la part de l’Église, et pas si uni-versel en politique !

Si je souligne ces quatre éléments, ce n’est pas seulement à titre factuel : il ne s’agit pas de satisfaire au goûtdu jour, ce n’est pas seulement une habileté tactique, une méthode renouvelée. Ces éléments révèlentquelque chose de l’intention de l’Église dans sa pratique synodale ou conciliaire depuis le concile Vatican IIet selon le Code de droit canonique de 1983. La synodalité est désormais une richesse de la vie ecclésiale, et cen’est plus un apanage clérical. Plus d’une fois au cours du concile de la province de Lille, j’ai répété cette formule qui a fait écho : « Il est dans la nature de l’Église d’être synodale. »

Notre façon de vivre l’Église est tout à la fois marquée par la primauté romaine, la collégialité épiscopale, et lasynodalité à tous les niveaux. La tâche de discernement qui appartient en propre au ministère de Pierre et àcelui des évêques n’exclut pas cette élaboration par toute l’Église en ses divers états de vie et responsabilités.C’est le corps de l’Église qui se construit et s’articule harmonieusement, selon l’enseignement de l’Apôtre(Rm 12 ; 1 Co 12 ; Ép 4). Les anciens statuts synodaux étaient des actes de gouvernement, et souvent de naturedisciplinaire. Les actes des synodes actuels, ou des conciles particuliers, se présentent davantage commedes élaborations qui font passer, dans la conscience de l’Église et de ses membres, l’urgence des attitudesmissionnaires, et de la mise en « état de sortie », comme y insiste si fort le pape François.

La réflexion que nous apporte Arnaud Join-Lambert, professeur à l’Université catholique de Louvain, etthéologien accompagnateur de plusieurs synodes ces dernières années, souligne, sans pouvoir le développerdans le cadre de ce numéro de Documents Épiscopat, que la synodalité se vit aussi dans les divers conseils,collèges et conférences qui rythment à tous niveaux la vie des Églises particulières et celle de l’Église

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catholique répandue sur toute la terre. «Chacun à l’écoute des autres et tous ensemble à l’écoute de l’EspritSaint », a répété François lors de la célébration solennelle du cinquantenaire de l’institution du Synode desévêques, le 17 octobre 2015.

Les enseignements de cette étude sont extrêmement pertinents pour l’avenir de nos pratiques ecclésiales. Et notamment les trois hypothèses formulées au terme des paragraphes consacrés au concile provincial méritent une attention particulière : plus d’identité diocésaine et plus d’ouverture à la catholicité et à la mission ; une assemblée plus « experte» que dans un synode diocésain. Vatican II n’a pas fini de nous révélertoute sa richesse et de nous ouvrir de nouvelles voies pour l’annonce de l’Évangile dans le monde où nousvivons.

MGR LAURENT ULRICH

Archevêque de Lille

Vote des décisions, lors de la 3e session synodale, Rouen (76).

En 1964, l’Église catholique renouvelait profondé-

ment la compréhension qu’elle avait d’elle-même.

Le fruit des réflexions du concile Vatican II était prin-

cipalement exposé dans la constitution dogmatique

Lumen gentium [2], dont nous n’avons pas encore tiré

tous les enseignements ni mis en œuvre toutes les

orientations explicites et implicites. Le mot « syno-

dalité» ne s’y trouve pas. Il est pourtant probable-

ment un de ceux qui expriment le mieux les options

des pères conciliaires pour l’avenir. En 2015, le théo-

logien jésuite John O’Malley s’étonnait avec bon-

heur de l’apparition du néologisme synodality dans

le monde anglophone, et y voyait un signe majeur de

réception du concile Vatican II [3]. Le monde franco-

phone est plus habitué à la « synodalité», depuis

plusieurs décennies [4]. Les divers discours du pape

François ont développé cette synodalité avec un

appel récurrent à rendre plus effective cette dimen-

sion de l’Église. On peut difficilement trouver des

mots plus puissants que les siens dans son discours

cité en exergue, ou encore : «Une Église synodale est

une Église de l’écoute, avec la conscience qu’écouter

“est plus qu’entendre”. C’est une écoute réciproque dans

laquelle chacun a quelque chose à apprendre» [5].

S’il semble que la «synodalité formelle» [6] connaisse

une réelle vitalité dans l’Église catholique latine, ce

Documents Épiscopat n’en présentera qu’une partie.

Nous nous limiterons aux expressions de type évé-

nementiel ou extraordinaire, ce qui exclut tous les

conseils stables, que ce soit dans les paroisses, les

diocèses ou les pays (services nationaux et confé-

rence épiscopale). La deuxième délimitation est géo-

graphique, puisqu’il m’a été demandé de risquer un

bilan et d’esquisser des perspectives pour l’Église

catholique en France.

Une fois rappelés brièvement quelques moments-

clés de l’histoire latine dans ce domaine, et particu-

lièrement en France (chap. 1), nous présenterons les

ÉGLISE SYNODALEÉGLISE DE L’ÉCOUTE

«Le chemin de la synodalité est justement celui que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire» [1].

INTRODUCTION

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© Corinne Simon/CIRIC

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Texte surligné
problème de mise en page non harmonisée avec tout le reste

synodes diocésains français depuis le Concile, en y

associant les assemblées diocésaines (chap. 2). Ces

formes ne sont pas prévues par le Code de droit cano-

nique promulgué en 1983. La pratique trentenaire et

plusieurs études sur ces événements ne laissent

plus de doute sur leur nature synodale. Ce n’est

certes pas sans poser diverses difficultés ecclésiolo-

giques et pratiques, mais il est en tout cas impossible

de les laisser sur le côté de ce Documents Épiscopat,

d’autant plus que les évêques français ont souvent

opté pour ces formes de synodalité diocésaine non

prévues par le Code, qualifiées ici par la suite de

«parasynodes» [7]. Dans une troisième partie, nous

entendrons les quatre critiques les plus courantes

sur les synodes, afin d’en tirer les enseignements

utiles à une mise en œuvre optimale d’une pratique

synodale (chap. 3). Enfin, la France ayant connu der-

nièrement un concile [8] provincial dans la province

ecclésiastique de Lille (diocèses de Lille, Arras et

Cambrai), nous en ferons un premier bilan et propo-

serons des pistes pour une conciliarité de ce type ail-

leurs en France, sollicitant la collégialité épiscopale

(chap. 4). Le parcours proposé ici est fondé sur les

recherches actuelles dans ce domaine en ecclésiolo-

gie et en théologie pratique [9], ainsi que sur ma pra-

tique d’expertise sollicitée aux synodes diocésains de

Tournai (2011-2013) et de Trêves (2013-2016), au

concile provincial de Lille (2013-2015), ainsi qu’à une

participation comme observateur au synode diocésain

de Chambéry (2001-2002).

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NOTES

[1] PAPE FRANÇOIS, «Discours à l’occasion de la commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques», Rome,17 octobre 2015, disponible sur le site internet du Vatican.

[2] Pas seulement Lumen gentium. Ainsi ÉRIC BOONE voit les synodes diocésains comme un lieu important de réception du décretApostolicam actuositatem, dans Revue Théologique de Louvain 45, 2014, p. 562-593.

[3] JOHN O’MALLEY, «Family Gathering. Rediscovering the role of the Synod of Bishops», dans America, 20-27 juillet 2015. [4] Récemment, mon collègue canoniste ALPHONSE BORRAS faisait le point sur la notion et analysait trois réalisations concrètes :

le synode diocésain, le conseil pastoral diocésain et le synode des évêques. «Trois expressions de la synodalité depuis Vatican II »,dans Ephemerides Theologicae Lovanienses 90/4, 2014, p. 643-666. Qu’il soit ici remercié pour ses suggestions et conseils en vuede ce Documents Épiscopat.

[5] PAPE FRANÇOIS, discours du 17 octobre 2015.[6] Pour reprendre une expression chère à Alphonse Borras.[7] J’ai essayé de justifier l’appellation de «parasynode» dans « Les processus synodaux depuis le concile Vatican II : une double

expérience de l’Église et de l’Esprit Saint », dans Cristianesimo nella storia, vol. 32, n° 3, Éd. Dehoniane, Bologne, 2011, p. 1137-1178.[8] Le mot « concile» sera ici réservé pour désigner des formes supradiocésaines de rassemblement, le Code de droit canonique réservant

le mot « synode» au niveau diocésain. Il demeure clair cependant que concilium en latin est l’équivalent de synodos en grec.Au moins jusqu’au XIIe siècle les deux mots sont interchangeables.

[9] Pour ce Documents Épiscopat, je me suis aussi inspiré de plusieurs publications précédentes, dont ma thèse Les liturgies des synodesdiocésains français, 1983-1999, Paris, Cerf, coll. «Liturgie» n° 15 ; et surtout de mes articles «Les processus synodaux depuis le concileVatican II » ; «Synoden und Konzilien im dritten Jahrtausend. Die ekklesiologische Erneuerung in der katholischen Kirche», dansÖkumenische Rundschau, vol. 64, n° 3, 2015, p. 365-379.

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Note
notes pas en fin de chapitre, pour faire comme le reste du document
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Texte surligné
supprimer ces indications, car pas pour les autres revues
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Texte surligné
n° 15, 2004 ; et surtout...

11SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

CHAPITRE I

UNE HISTOIRE CONCILIAIRE ET SYNODALEHOMOGÈNE JUSQU’AU XXe SIÈCLE

n DE L’ANTIQUITÉ AU CODE DE DROIT CANONIQUE DE 1917

Il ne s’agit pas ici de retracer toute l’histoire des conciles et des synodes diocésains, mais de rappeler l’ancragede cette institution dans l’Église latine. Il y eut d’abord des conciles d’évêques pendant deux siècles (nom-breux par exemple en Afrique du Nord, dont les conciles présidés par saint Cyprien au milieu du IIIe siècle).Le concile de Nicée (325) fait autorité sur cette pratique, dans son canon 5 à propos des excommuniés : «Afin que la chose puisse faire l’objet d’un examen convenable, il a paru bon d’ordonner que chaque année,dans chaque éparchie, soit célébré deux fois par an un synode, afin que les évêques de l’éparchie, se réunissanttous au même endroit, puissent examiner les questions de ce genre en commun, et qu’ainsi, d’un communaccord, ils conviennent tous que […] » [10].

Le concile de Chalcédoine (451) impose de recourir au synode de l’éparchie pour juger les clercs (c. 9). Plustard, le IIe concile de Nicée (787) cite le premier concile de Nicée et réduit la fréquence de ces synodesd’évêques à une fois par an. On y traite «des questions relatives aux canons et aux évangiles » [11]. Ces brefsrappels montrent qu’il est impossible de penser une Église sans ces réunions d’évêques. Si l’évêque est clai-rement le pasteur d’une portion de l’Église, en laquelle il ne manque rien pour qu’elle soit pleinement Église,il est toujours en communion avec les autres évêques. Et chaque Église particulière est en communion avecles autres Églises particulières. Le synode/concile est l’organe approprié pour faire vivre et protéger cette com-munion. L’histoire, le droit et la théologie dans l’Antiquité sont unanimes dès les sources les plus anciennes

[10] Les conciles œcuméniques. Sous la direction de GIUSEPPE ALBERIGO, vol. 2.1. Les décrets, Paris, Cerf, 1994, p. 40-41. J’ai choisi de traduire le celebrari del’édition latine par « soit célébré», même si le grec est ginestai, donc « soit tenu».

[11] Ibid., p. 208-209 et 320-321.

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

et les plus autorisées. Si l’on fait un saut par-dessus les siècles, on pourrait faire une analogie entre le rythmeexigé par le premier concile de Nicée et la pratique actuelle de l’épiscopat français de se retrouver deux foispar an pour faire le point de divers dossiers.

Le premier synode diocésain de toute l’Église vraiment connu est célébré à Auxerre vers 585 [12], dans un siècled’intense activité synodale dans cette région [13]. L’Église de France aujourd’hui peut donc s’enorgueillir decette «première» et faire mémoire alors de l’évêque Aunacharius (ou Aunarius, saint Aunaire), de sept abbés,trente-quatre prêtres et trois diacres. Les quarante-cinq canons promulgués traitent de questions discipli-naires dont dix-neuf ont un lien direct avec la liturgie. La période carolingienne connut ensuite de nombreuxconciles mais peu de synodes diocésains. À partir du XIe siècle, les conciles et synodes furent une composantepermanente de la vie des diocèses et des provinces ecclésiastiques dans l’Église latine [14].

Une nouvelle étape est franchie par le concile de Latran IV (1215) en son canon 6 avec la prescription d’uneconvocation annuelle des synodes diocésains en lien avec les conciles provinciaux : «Selon ce qui a été notoirement institué autrefois par les saints Pères, les métropolitains ne manqueront pasde célébrer [celebrare] chaque année avec leurs suffragants des conciles provinciaux où, dans la crainte deDieu, ils traiteront diligemment de la correction des abus et de la réforme des mœurs, principalement dans leclergé […] Ils [des gens idoines dans chaque diocèse] feront observer ce qui aura été statué, en le publiant dansles synodes diocésains, lesquels devront être célébrés tous les ans dans chaque diocèse » [15].

Ce rythme annuel ne fut pas suivi régulièrement, mais le concile donna une nouvelle impulsion à la synoda-lité institutionnelle. Jusqu’au concile de Trente, les synodes furent restreints et exclusivement cléricaux. Leurbut était souvent la mise en œuvre des décisions prises lors des conciles provinciaux [16]. En ce qui concerneles diocèses français et étrangers limitrophes ayant fait partie de territoires français, sont répertoriés pasmoins de 2500 statuts synodaux du XIIIe au XVIIIe siècle [17].

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[12] JEAN GAUDEMET, BRIGITTE BASDEVANT, Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles). Introduction, traduction et notes, vol. 2. Paris, Cerf 1989, Sourceschrétiennes 354, p. 486. On retrouvera sur Wikipedia plusieurs éléments de ce paragraphe, dans l’article « synode diocésain » dont je suis l’auteur.

[13] Au moins 40 conciles provinciaux ou régionaux et 7 conciles nationaux. [14] ODETTE PONTAL, Les conciles de la France capétienne jusqu’en 1215, Paris, Cerf, 1995.[15] Les conciles œcuméniques, p. 506-508. Aussi RAYMONDE FOREVILLE, Latran I, II, III et Latran IV, Paris, L’Orante, 1965, in Histoire des conciles œcuméniques 6, p. 314-315.[16] ODETTE PONTAL, Les statuts synodaux, Turnhout, Brepols, 1975. Typologie des sources du Moyen Âge occidental 11, p. 17-30.[17] ANDRÉ ARTONNE, LOUIS GUIZARD, ODETTE PONTAL, Répertoire des statuts synodaux des diocèses de l’ancienne France du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle, Paris, CNRS,

2e éd. augm. 1969. Documents, études et répertoires publiés par l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT 8).

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Note
Cerf, coll. "Sources chrétiennes" n° 354, 1989, p. 486
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Texte surligné
italique
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Note
L'Orante, coll. "Histoire des conciles oecuméniques" n° 6, 1965, p...
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Note
Brepols, coll. "Typologie..." n° 11, 1975, p....
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Note
CNRS, coll. "Documents..." n° 8, 2e éd. augm. 1969. et supprimer (IRTH)

13SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

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Le concile de Trente précisa la discipline synodale et confirma entre autres choses l’obligation de célébrer desconciles provinciaux et des synodes diocésains. Ceci est d’ailleurs une indication des difficultés à tenir lerythme demandé depuis le concile de Latran IV. Des synodes et conciles furent des lieux importants de lamise en œuvre des décisions tridentines lors des XVe et XVIIe siècles [18].

Au XVIIIe siècle, l’institution synodale perdit de son importance dans la vie des diocèses français et encoreplus ailleurs. De 1789 à 1849, les synodes diocésains furent pratiquement inexistants dans la plupart des pays,sauf en France (63) et en Italie (58) [19]. De 1850 à 1907, sur 377 synodes diocésains dans le monde, 166 furentcélébrés en France (dont 72 entre 1850 et 1859, et 30 de 1860 à 1869), 88 en Italie et 49 aux États-Unis. Il semble bien que, à cette époque, les synodes diocésains ne suscitèrent pas d’intérêt hors de ces trois pays.Ces synodes étaient souvent des assemblées restreintes, réunissant en général tout au plus les doyens et unou deux prêtres par doyenné. Depuis le Moyen Âge, les synodes diocésains duraient plusieurs jours (en géné-ral trois) et leur déroulement était clairement codifié, tant du point de vue structurel que liturgique.

n DU CODE DE DROIT CANONIQUE DE 1917 AU CONCILE VATICAN II

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que des décisions magistérielles commencèrent à modifier la forme et lefond de cette institution dans l’Église catholique latine. Dans le Code de droit canonique de 1917, il est d’abordintéressant de relever que le législateur parle du synode diocésain après avoir traité du ministère épiscopal etavant de parler de la curie diocésaine (de même dans le Code de 1983). Cela signifie que, pour la traditioncanonique, le synode diocésain est une institution «primordiale» dans la vie diocésaine, notamment pourson aspect législatif.

Ce Code de 1917 est très précis à propos des synodes diocésains (c. 356-362), autant sur leur composition quesur leur fréquence. Ils concernent des membres de droit (chargés de fonctions qui ne peuvent être exercéesque par des prêtres, c. 358 § 1) et des prêtres diocésains ou religieux que l’évêque choisit (c. 358 §2).Ces synodes doivent être convoqués tous les dix ans par l’évêque (c. 356 § 1), qui le préside en le réunissant

[18] MICHAËL HAYDEN, MALCOLM GREENSHIELDS, «Les Réformations catholiques en France : le témoignage des statuts synodaux», dans Revue d’histoire moderneet contemporaine, vol. 48, n° 1, 2001, p. 6-29 ; Marc AOUN, JEANNE-MARIE TUFFERY-ANDRIEU (dir.), Conciles provinciaux et synodes diocésains du concile de Trenteà la Révolution française, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, coll. «Société, droit et religion en Europe», 2010.

[19] RENÉ METZ, « Les organismes collégiaux », dans LAURENT CHEVAILLER, CHARLES LEFEBVRE, RENÉ METZ, Le droit et les institutions de l’Église catholique latinede la fin du XVIIIe siècle à 1978 : organismes collégiaux et moyens de gouvernement, in Histoire du droit et des institutions de l’Église en Occident vol. 17), Paris, Cujas,1982, p. 18-186.

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Note
XVIe
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Texte surligné
gouvernement, Paris, Cujas, coll. "Histoire du ..." n° 17, 1982, p. 18-186.

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

normalement dans sa cathédrale. Cette périodicité est, selon René Metz, un des facteurs déterminants durenouveau synodal [20]. Le pragmatisme semble avoir eu raison du principe multiséculaire « inapplicable»des synodes et conciles annuels. Comme cela devenait possible, alors les évêques l’ont fait. Le synode doit êtreprécédé d’un schéma préparatoire, discuté par les membres qui n’ont qu’une voix consultative. Cette nou-veauté introduit de la synodalité dans le processus lui-même. Les statuts sont promulgués par l’évêque,unique législateur.

Dans toute l’Europe, le Code donne une impulsion très forte aux synodes diocésains. En France, la périodicitéexigée fut respectée de manière variée selon les diocèses. Ainsi, 17 diocèses sur 87 en France métropolitaineont tenu le rythme exigé, soit quatre synodes de 1919 à 1961 [21].

Les premiers synodes avaient pour but la mise en application de la nouvelle législation canonique. Unedeuxième « vague» avait le même but, mais au moyen d’une édition en français des statuts. Plus tard, lesstatuts synodaux après la deuxième guerre mondiale manifestent clairement une préoccupation de la placedes laïcs dans l’Église [22].

Quant aux conciles provinciaux, leur rythme de convocation est aussi modifié en 1917, montrant égalementl’impossibilité de l’antique et théorique fréquence annuelle. Il est désormais porté à vingt ans (c. 283). Le rappelde l’obligation et cette périodicité large provoquent en tout cas des conciles provinciaux ou pléniers (nationaux)dans bon nombre de pays, parfois les premiers de leur histoire. En France, plusieurs conciles provinciauxsont célébrés entre 1917 et 1963.

n L’UPDATE ECCLÉSIOLOGIQUE DU CONCILE VATICAN II

Premiers pas postconciliairesRappelons d’abord le déplacement ecclésiologique opéré par le concile Vatican II dans son aggiornamento.Faire pencher la balance du côté d’une Église-communio plutôt que d’une Église-societas perfecta est une

DOCUMENTS ÉPISCOPAT N° 5 – 2016

[20] Ibid., p. 160-164.[21] 33 diocèses en ont célébré trois, 28 diocèses deux, 7 diocèses un seul et 2 diocèses, aucun (Digne et Nice). Cf. LOUIS GUIZARD, «Chronique des synodes

diocésains et des statuts synodaux français », dans L’Année canonique 1 (1952) p. 265-270 ; 2 (1953) p. 395-396 ; 3 (1954-1955) p. 319-320 ; 4 (1956) p. 342 ;5 (1957) p. 398. Dans le diocèse de Nice, notons que « chaque année les doyens et les curés des grandes villes se retrouvaient autour de l’évêque en “réunions synodales”»,LOUIS TRICHET, Le synode diocésain, Paris, Cerf, coll. «Bref », 1992, p. 90.

[22] Ibid., p. 94-98.

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Texte surligné
pour tous: 1, 1952, p. xxx pas de parenthèses

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

option théologique qui prend un relief particulier pour les organes de gouvernement que sont les synodes etconciles. Le Concile parle surtout des institutions dans lesquelles la collégialité épiscopale se déploie : «Dèsles premiers siècles de l’Église, la communion de la charité fraternelle et le souci de la mission universelle confiéeaux Apôtres ont poussé les évêques, placés à la tête d’Églises particulières, à associer leurs forces et leur volonté envue de promouvoir le bien commun de l’ensemble des Églises et de chacune d’entre elles. Pour cette raison, dessynodes, des conciles provinciaux et enfin des conciles pléniers ont été réunis, où les évêques décrétèrent des normesidentiques à observer dans les diverses Églises pour l’enseignement des vérités de la foi et l’organisation de la disci-pline ecclésiastique. Ce saint Concile œcuménique souhaite vivement que la vénérable institution des synodes etdes conciles connaisse une nouvelle vigueur afin de pourvoir, selon les circonstances, de façon plus adaptée et plusefficace, au progrès de la foi et au maintien de la discipline dans les diverses Églises» [23].

L’évocation des « synodes» fait considérer que le renouvellement du synode diocésain est inclus dans ce para-graphe sur la collégialité. Un problème fut tout de suite rencontré pour la mise en œuvre dès après le Concile.Le décalage était tel entre les normes canoniques de 1917 et les choix théologiques de Vatican II, que l’institu-tion synodale ancienne se révéla alors totalement inadéquate. Cette situation ne pouvait durer indéfinimentet l’on note dès les années soixante des essais de renouvellement de l’institution synodale. On constate alorsun peu partout dans le monde des synodes diocésains plus ou moins «bricolés» sans le support canoniqueobsolète et intégrant les orientations ecclésiologiques de la constitution dogmatique Lumen gentium.Le premier est célébré au Canada dans le diocèse de London, Ontario, annoncé dès le 15 décembre 1965 par Mgr Emmett Carter [24].

En France, on constate paradoxalement que la pratique synodale postconciliaire est faible, sans doute parceque les diocèses expérimentaient d’autres modes de participation des laïcs à la responsabilité pastorale.Jusqu’en 1983, six projets de synodes seulement furent développés, dont deux aboutirent vraiment : Rouen(1968-1969) [25] et le très spécifique diocèse aux Armées (1975-1978). Le premier ainsi que le synode de Saint-Brieuc (1969) furent présentés alors comme des «mouvements de la base» [26], les commentateurs parlèrentd’échec relatif pour le premier, et de tensions telles à Saint-Brieuc qu’il n’y eut pas d’actes synodaux. À Nîmes,

[23] Concile Vatican II, décret Christus Dominus, n° 36.[24] MICHAEL ATTRIDGE, «New Avenues of Research on Vatican II in Canada. Bishop G. Emmett Carter and the Implementation of the Council in the Diocese of London

Ontario», dans MICHAEL QUISINSKY [e.a] (dir.), Theologia semper iuvenescit. Études sur la réception de Vatican II offertes à Gilles Routhier, Fribourg, AcademicPress, coll. «Théologie pratique en dialogue 39», 2013, p. 99-124.

[25] PHILIPPE HORCHOLLE, Le Synode de Rouen : 1968-1969. Préparation et déroulement, Paris, Faculté de droit canonique, 1986, [Mémoire].[26] RENÉ LAURENTIN, Enjeu du IIe Synode et contestation dans l’Église, Paris, Seuil, 1969, p. 153-154 et 347.

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dialogue" n° 39, 2013
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1986 [ Mémoire].

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le projet d’un synode fut lancé et abandonné à la mort de l’évêque [27]. L’intention initiale d’Orléans, elle aussi,n’a pas abouti. Quant au projet du synode de Metz, « le synode projeté ne put avoir lieu en raison du refus deplusieurs mouvements de l’Action catholique spécialisée d’y participer. Ils craignaient de ne pouvoir y êtrereprésentés proportionnellement à l’importance qu’ils pensaient avoir, notamment dans le monde ouvrier, etne voulaient pas cautionner une entreprise qui à leurs yeux s’écartait de leur visée apostolique fondamentalequi est d’être “engagés dans un apostolat de milieu” et non “dans un renouveau institutionnel de l’Église”» [28].Mentionnons enfin les synodes célébrés dans le Pacifique à Papeete (1968-1970 et un deuxième en 1973) etTaiohoae aux Îles Marquises (1979).

Le tournant de 1983Nous n’évoquons pas ici tous les éléments de Lumen gentium qui ont conduit à ce profond renouvellementde l’institution synodale. L’effort législatif postconciliaire trouve sa concrétisation dans le nouveau Code dedroit canonique de 1983. Sa promulgation marque sans conteste un tournant pour le nouvel élan du synodediocésain en France. La thèse de Martial Busuttil établit un lien entre une crise de la collégialité épiscopalefrançaise dans les années 1980 et le recours aux synodes diocésains «pour sortir de l’impasse», en saisissantl’opportunité offerte par le nouveau Code [29].

Trois grands déplacements théologiques lourds de conséquences sont entérinés dans le droit de l’Églisecatholique latine :l L’obligation de convocation à intervalles réguliers est supprimée : «C. 461 § 1. Le synode diocésain seracélébré dans chaque Église particulière lorsque, au jugement de l’évêque diocésain et après que celui-ci aitentendu le conseil presbytéral, les circonstances le suggéreront. »

l Il s’agit ici de beaucoup plus que d’une question organisationnelle. Dès la parution du nouveau Code, lecanoniste allemand Richard Puza insistait avec raison pour dire que ce point est fondamental, car le synoden’est alors plus une « institution» (prévue dans un règlement et très codifiée) mais un «événement» (soumisà une série de facteurs contextuels et ayant une part d’imprévisible) [30]. Ce changement est peut-être ainsil’indication d’une Église latine qui redécouvre sa dimension pneumatologique. L’Esprit Saint est à l’œuvreconcrètement dans le discernement pastoral des responsables. C’est aussi une responsabilisation importante

[27] PHLIPPE HORCHOLLE, L’impossible synode de Nîmes : 1966-1970. La difficulté de faire route ensemble, Paris, Université de Paris XI et Faculté de droit canoniquede Paris, 1988, [Mémoire].

[28] BERNARD FRANCK, Actualité nouvelle des synodes. Le synode commun des diocèses allemands, 1971-1975, Paris, Beauchesne, coll. «Point théologique 36», 1980, p. 18.[29] MARTIAL BUSUTTIL, Épiscopat français, la fin d’un modèle (1978-1990). De la collégialité à « l’individuation », Lyon, Université Lyon 2, 2005.[30] RICHARD PUZA, « Die Diözesansynode. Ihre rechtliche Gestalt im neuen CIC (cc. 460-468) », dans Theologische Quartalschrift 163 (1983) p. 223-226, ici 226.

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Texte surligné
163, 1983, p.

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des évêques diocésains, dans la ligne de la revalorisation théologique et pratique de l’épiscopat promue parle concile Vatican II.

l La modification la plus visible et donc la plus remarquée concerne la participation des laïcs comme membresà part entière d’une assemblée synodale (cf. c. 463 § 1-2). Ce n’est pas une possibilité, mais une obligation.Le Code est très clair, un synode diocésain doit avoir parmi ses membres un nombre à fixer de laïcs élus,d’autres pouvant être appelés par l’évêque. La participation au synode diocésain est ainsi fondéesur le baptême et non plus sur l’ordination. C’est déjà capital et caractéristique de l’ecclésiologie de Lumengentium. Cela signifie aussi que tout le peuple de Dieu (puisque des laïcs doivent aussi être membres) està l’œuvre dans « l’édification du Corps du Christ » [31].

l La troisième nouveauté pourrait paraître marginale car elle touche peu de personnes, mais elle est cependanttrès significative d’une nouvelle compréhension de l’Église. Comme cela s’est fait au concile Vatican II, il estdésormais possible, si l’évêque le juge opportun «d’inviter au synode diocésain comme observateurs desministres ou des membres d’Églises ou de communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communionavec l’Église catholique » (c. 463 § 3). Au-delà d’un geste de fraternité en phase avec le mouvement œcumé-nique, l’Église catholique débat de ses orientations devant des témoins d’autres Églises. L’unique missionest ainsi appelée à se déployer en tenant compte des chrétiens séparés. Dans les synodes diocésains français,je n’ai pas pu faire une vérification systématique. L’invitation d’observateurs chrétiens non catholiques eutlieu en tout cas la plupart du temps [32]. On note même une interprétation, contestable, de ce canon avecl’invitation faite à des non-chrétiens, se traduisant par la présence de rabbins.

Une théologie de la synodalitéSans développer ici, il faut tout de même insister sur la dimension théologique de la synodalité. Ce n’est pasune composante accessoire de l’action ecclésiale. Malgré des divergences, tous les écrits sur la question insis-tent pour considérer la synodalité comme une composante de l’Église. Les publications de Gilles Routhiersont représentatives de cette prise en considération dans une compréhension théologique de la nature communionnelle de l’Église [33]. La synodalité est en effet étroitement liée à l’exercice du sacerdoce communde tous les baptisés, dans une perspective de coresponsabilité de tous parmi lesquels quelques-uns exercent

[31] Dans le sens de Lumen gentium 32.[32] Une étude intéressante sera à mener dans le cadre de recherches en œcuménisme. [33] En plus de ses nombreux articles, on lira surtout avec profit Le défi de la communion : une relecture de Vatican II, Montréal, Mediaspaul, coll. «Brèches théo-

logiques 18» 1994.

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théologiques" n° 18, 1994.

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des ministères spécifiques. Le pape François n’innove donc pas en affirmant que la synodalité est une«dimension constitutive de l’Église » [34]. Il ne fait qu’insister sur ce que le Concile avait déjà mis en avant. Au niveau diocésain, la synodalité est ainsi l’expression majeure de la communion dans une Église particu-lière. Il ne faut donc pas se méprendre : la synodalité n’est pas pour des fidèles laïcs ce que serait la collégialitépour des évêques.

Quant au fameux sensus fidei du peuple de Dieu aussi évoqué par le pape dans son discours d’octobre 2015,il ne faut pas le dissocier du sensus fidelium (ou consensus fidelium). Cela permet d’associer la réflexion théologique sur l’Église dans son ensemble à celle sur les membres qui la constituent [35].

[34] PAPE FRANÇOIS, discours du 17 octobre 2015.[35] Beaucoup d’écrits sur le sujet, depuis Lumen gentium dont le n° 12. Je me réfère ici seulement à deux documents plus «officiels » et importants : Conseil

œcuménique des Églises, Foi et constitution, La nature et le but de l’Église. Vers une déclaration commune, document 181, 1998, n° 98-100 ; Commissionthéologique internationale, Sensus fidei dans la vie de l’Église, 2014, sur le site web du Vatican.

CHAPITRE II

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LES SYNODES DIOCÉSAINS EN FRANCEMÉTROPOLITAINE DEPUIS 1983

n VUE D’ENSEMBLE

Les recherches sur le renouveau synodal et conciliaire dans l’Église catholique permettent de mesurer l’ampleur du changement opéré il y a cinquante ans. Il n’existe pas de liste officielle des synodes diocésainscélébrés depuis le concile Vatican II dans toute l’Église catholique. On peut en estimer le nombre à près d’unmillier [36]. En France, en tenant compte de l’ambiguïté de certains processus diocésains à la frontière entresynode diocésain et autres démarches synodales, la liste en annexe compte 66 synodes achevés ou en cours [37].Environ 20000 baptisés ont été ou sont membres d’un synode. En constatant l’engagement que cela exige,il y a là une profonde mutation de la manière de vivre en Église et de faire sienne une Église particulière.Combien de personnes en France ont-elles participé de près ou de loin à un synode diocésain? Une estimationgrossière indique plus d’un million et demi (adultes et enfants), sans compter les autres formes de démarchessynodales, ce qui ferait dépasser les deux millions. Ceci est tout à fait remarquable, et les échos très éparpillésméritent d’être conservés [38].

À propos de ce dernier point, notons donc que, sur plus de trois milles diocèses catholiques, beaucoup n’ontpas célébré de synodes diocésains depuis Vatican II, ainsi aussi en France. Ils ont toutefois régulièrement optépour des formes alternatives de forums ou assemblées diocésaines comme déploiement d’une synodalité au

[36] Voir la liste dans ARNAUD JOIN-LAMBERT, Les synodes diocésains dans l’Église catholique depuis le concile Vatican II. Liste, bibliographie, ressources, 6e éd., 2016,Cahier international de théologie pratique. Document 3. www.pastoralis.org.

[37] Non comptés les synodes de Pointe-à-Pitre (1991-1995), Cayenne (2007-2010), Papeete (1987-1990), ni celui de Cambrai (1998-1999) interrompu à la mortde Mgr Jacques Delaporte.

[38] Les revues diocésaines restent la première source pour qui veut travailler sur ce phénomène synodal, avec la presse locale et bien entendu les archivesdiocésaines. Pendant plusieurs années, le SNOP a publié chaque quinzaine une revue de presse thématique des bulletins diocésains, puis sur Internet,service précieux pour tous, malheureusement interrompu. Encore merci à Mme COLIN DE VERDIÈRE pour ce travail de 1983 à 2000.

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niveau diocésain, que nous appelons «parasynodes». Il faut ici relever l’Instruction sur les synodes diocésainsde 1997 [39], qui appelait à transformer autant que possible ces processus en de « vrais » synodes. Fondé surplus de dix années de pratiques avec leurs limites, voire leurs dysfonctionnements, ce document donne desprécisions à prendre au sérieux encore aujourd’hui. Ces démarches alternatives plus légères et plus souplesont d’ailleurs continué dans le monde entier, y compris en France. Au final, rares sont les diocèses françaisqui n’ont connu aucun processus synodal [40].

De quoi a-t-on parlé dans ces synodes et parasynodes ? De tout. Après dix ans de synodes en France, ChantalColin de Verdière les a présentés en quatre groupes : ceux avec un thème particulier, ceux articulant le vivre, lecroire et le célébrer, ceux travaillant par thèmes, ceux choisissant les deux grands pôles que sont la présence aumonde (la mission) et la vie ecclésiale (la communion) [41]. La Lettre aux catholiques de France de 1996a marqué incontestablement la décennie suivante, avec la prise en considération de la sortie effective de la chrétienté. Les nombreuses réflexions et décisions sur les modifications des structures pastorales en sontcaractéristiques [42]. Pour la dernière décennie, il n’existe pas encore de vue d’ensemble des synodes en France.

En 1997, l’Instruction sur les synodes diocésains a été publiée avec, en appendice, des «Domaines pastorauxconfiés par le CIC au pouvoir législatif de l’évêque diocésain» articulés autour des tria munera. Ce bref documentpermet de délimiter le chantier synodal pour éviter des dispersions peu constructives. On pourrait cependantse poser une question : en excluant des thèmes qui ne relèvent pas de la compétence diocésaine (principale-ment tout ce qui concerne l’accès aux sacrements et la théologie des ministères), ne risque-t-on pas d’une partde générer ou d’entretenir des frustrations délétères, d’autre part de laisser ces sujets hors du champ propiceà l’approfondissement et au discernement que sont les synodes? Là où des discussions et parfois des votes ontété possibles, à la suite de propos émis dans les consultations ou équipes synodales, l’évêque a pu prendre la mesure de l’importance de ces sujets pour les fidèles de cette Église particulière. Sans nécessairementdevoir indiquer cela dans les Actes synodaux – ce qui a été parfois fait mais bien entendu hors des décrets etconstitutions – la discussion a pu paradoxalement favoriser l’expérience de communion, qui n’est pas à l’eaude rose.

[39] Congrégation pour les évêques et Congrégation pour l’évangélisation des peuples, « Instruction sur les synodes diocésains», dans La Documentation catholiquen° 2167, 1997, p. 826-834.

[40] Les diocèses d’Auch, Belley-Ars, Laval, Le Puy, Tarbes et Lourdes, Vannes.[41] CHANTAL COLIN DE VERDIÈRE, «État des lieux des synodes diocésains en France», Paris, Documents Épiscopat n° 18/1994, p. 5.[42] DOMINIQUE BARNÉRIAS présentait en annexe de sa thèse des fiches synthétiques intégrant cette décennie (p. 542-585), malheureusement non reprises dans

la publication dans son livre La paroisse en mouvement. L’apport des synodes diocésains français de 1983 à 2004. Paris, DDB, coll. «Thèse à l’université 19», 2011.

21SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

n DES PROCESSUS EN PLUSIEURS ÉTAPES ET NON PLUS DES RASSEMBLEMENTS ISOLÉS

Dès que l’on compare ces nouveaux synodes diocésains avec les anciens, il apparaît de manière évidente qu’il ne s’agit plus du même événement. Tous les synodes diocésains postconciliaires (et la plupart des para-synodes) ont des traits communs qui les différencient de la pratique millénaire de l’Église catholique latine.Malgré leurs disparités, une ligne directrice commune se dégage pour la quasi totalité de ces processus.Quelques exceptions eurent lieu, notamment en France.

On constate en général cinq étapes dans la structuration de la grande majorité des processus synodaux [43]. Les deux premières constituent le travail de consultation et de réflexion préalables aux assemblées synodaleselles-mêmes. Elles sont totalement nouvelles par rapport à la pratique synodale millénaire. Un règlementsynodal est nécessaire dès le début, garantissant une objectivité et une transparence, et aidant à résoudred’inévitables contestations [44]. Suit l’étape des assemblées synodales proprement dites. Après la quatrièmeétape qu’est la promulgation des Actes synodaux s’ouvre une cinquième étape sans limites, celle de la réceptionde ces décisions.

Les consultations : non à l’amateurisme !Une des plus grandes nouveautés de la synodalité postconciliaire est la consultation des baptisés catholiques,peu importe ici les modalités concrètes. Cela était auparavant tout simplement impensable, au sens fort duterme, en ecclésiologie et en pratique. C’est une des manifestations les plus explicites de la prise au sérieuxd’une théologie et d’une pastorale faisant place au sensus fidei. Ceci étant dit, cette nouvelle manière de « faireÉglise» et de « faire l’Église» pose des difficultés à ne pas sous-estimer.

En France, la plupart des synodes ont connu une première étape de consultation préalable des baptisés catho-liques du diocèse ou même de tous les habitants du territoire diocésain [45]. Avant ou après le lancement formeldu synode, une consultation plus ou moins vaste est effectuée, consistant généralement en un message deconvocation et une liturgie d’ouverture. Les moyens et méthodes furent variés. On a régulièrement utilisé desenquêtes à l’aide de questionnaires fermés ou ouverts, à remplir individuellement ou en groupe. En bref,l’avantage était de toucher un maximum de personnes, jusqu’au record de 9,5% de la population dans le

[43] Voir de nombreux exemples de ces étapes dans «Les processus synodaux depuis le concile Vatican II : une double expérience de l’Église et de l’Esprit Saint »,dans Cristianesimo nella storia, vol. 32, n° 3, 2011, Éd. Dehoniane, Bologne, p. 1137-1178.

[44] Il y aurait une étude inédite et utile à faire en droit canonique sur ces règlements synodaux.[45] Je ne mentionne pas en amont la consultation obligatoire du conseil presbytéral par l’évêque (cf. c. 461 § 1).

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diocèse de Sées (1992-1993). Ces enquêtes étaient l’occasion d’appréhender le contexte propre du diocèse, ycompris les langues (basque à Bayonne 1990-1992 et corse à Ajaccio 1997-2000). En cela, l’Église diocésainemérite son adjectif de «particulière». Partout, la difficulté fut cependant grande dans l’exploitation desréponses, parfois très nombreuses. Dans plusieurs diocèses, il y eut non seulement une impression de débor-dement, mais aussi des hésitations et tâtonnements pour gérer le succès inattendu.

D’autres diocèses organisèrent des assemblées locales préalables (en doyennés ou secteurs) pour sensibiliserau synode et obtenir des premières indications sur les soucis pastoraux dominants. Quelques diocèses ontopté pour des démarches moins contraignantes en vue d’un possible synode, à l’aide d’assemblées diocésainesou de forums. Avec le temps et l’expérience accumulée dans les synodes passés, les consultations préalablessemblent être mieux maîtrisées aujourd’hui. On remarque enfin l’apparition progressive d’outils informatiquespour le traitement des réponses, mais aussi désormais pour la consultation elle-même (comme à Versailles2009-2011). L’avenir sera-t-il au tout virtuel, ainsi que l’expérimente le diocèse de Pamiers avec son e.Synodelancé en janvier 2016, sans que soient annoncées des assemblées physiques avec des membres réels ?Probablement pas, mais cette initiative mérite d’être observée de près.

Si l’enjeu principal est que tous les catholiques du diocèse se sentent concernés et que le plus grand nombreréponde, cela montre clairement la part prépondérante du travail de communication et de sensibilisationdans cette étape. Il est primordial, tout comme au terme du processus pour la réception. Sans citer ici dessynodes où ce point fut négligé ou trop peu pris en considération, il est manifeste que la réception post syno-dale dépend beaucoup de la qualité de cette phase de consultation. Tout amateurisme est préjudiciable.

Après la première vague des années 1980 et 1990, plusieurs synodes ont évité l’enquête large par question-naire indifférencié au profit de démarches plus ciblées vers des groupes ou des personnes clairement identifiés.Les méthodes mises en œuvre furent alors adaptées. L’exemple du synode de Moulins (1999-2001) est signi-ficatif de l’exigence de rigueur accordée à cette étape. La priorité fut donnée aux rencontres en face-à-face, avecen tout sept approches différentes : des entretiens semi-directifs, « en général de deux heures, avec pour cibleprivilégiée les non-croyants et les catholiques non-pratiquants » [46] ; des entretiens plus réduits et plus dirigéscomplétant la première série en fonction des orientations qui s’y étaient dégagées ; des travaux individuels ou

[46] «Préparation technique de l’élaboration des décrets synodaux du diocèse de Moulins», dans numéro spécial synode, Église en Bourbonnais, n° 1396, 2001,p. 27-32.

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en équipes pour les enfants, appelés à remplir un « cahier du synode» spécifique ; la même chose pour lesjeunes ; « la consultation des groupes ou groupements formels et éventuellement informels travaillant à l’actionpastorale dans le diocèse » ; une enquête individuelle dans un livret (à base de questions fermées) remis aucours d’une messe dominicale, visant donc les adultes pratiquants ; la possibilité d’écrire personnellement àl’évêque. La masse de données collectées exigeait un traitement par une équipe nombreuse. Il semble quecette consultation à entrées multiples ait permis d’orienter de manière adéquate le choix des réflexions proposéesensuite dans des « rencontres synodales», avant l’unique assemblée synodale.

Depuis 1983, la difficulté majeure était et est le dépouillement et l’interprétation des résultats d’enquête.Comment ne pas en faire un simple traitement statistique de type quantitatif ? L’approche différenciée citéeci-dessus est une option, sans doute possible dans des diocèses de taille moyenne. L’expérience récente duconcile de Lille-Arras-Cambrai mérite d’être relevée. Les personnes étaient invitées à s’identifier dans une desneuf catégories proposées : curé, prêtre, prêtre aîné ou séminariste ; diacre, animateur en pastorale, reli-gieux(ses) ou laïc engagé dans la vie de votre paroisse ; attaché à une paroisse ; moins de 25 ans ; jeunesparents ; membre d’un mouvement chrétien ; membre d’une communauté nouvelle ou d’un groupe deprière ; baptisé sans lien régulier avec une paroisse ; aucune catégorie. Le dépouillement des plus de quatremilles réponses (groupes ou individus) fut opéré par des volontaires selon une méthode de lectures croisées [47].

Les travaux en équipes synodales : le labourage de fondLa deuxième étape constitue la partie la plus longue du processus, précédant les prises de décisions. Il s’agitde travaux en équipes synodales aboutissant à des rapports. Ces équipes furent constituées de manière variable,surtout issues des communautés locales ou paroissiales, mais aussi selon des affinités (professionnelles,ecclésiales, spirituelles, etc.). C’est au sein de ces équipes que se joue le plus largement la conscientisation dupeuple de Dieu pour sa participation «à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps duChrist » (Lumen gentium 32). Notons aussi comme point commun à la quasi totalité des synodes le souci derejoindre les personnes malades, précarisées, marginalisées (même les prisonniers) au cours de ce processusde réflexion et pas seulement pour l’enquête. Il va de soi que cette dimension est prophétique, annonçant enactes ce que l’Église croit être, à savoir le corps du Christ, où chacun doit pouvoir trouver sa place et déployersa vocation. Relevons aussi partout le souci de faire participer par la prière chaque fidèle, particulièrement lesmoines et moniales, ainsi que les fidèles âgés ou malades.

[47] Une lecture par trois personnes de cent réponses provenant d’une même catégorie. Après un repérage par chacun, suit une confrontation des pointsà retenir. Les nouvelles fiches complètent ce qui a été dégagé, selon une méthode de « saturation» des données. Les fiches marginales ou «bizarres» nesont pas écartées. L’analyse de cent réponses demande à peu près quatre heures.

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Le résultat de cette étape fut en général la constitution d’un ou de plusieurs cahiers intermédiaires, quideviennent des « instruments de travail » pour les assemblées synodales. Cette terminologie usuelle dessynodes des évêques (instrumentum laboris) est encore rare en France, par exemple à Verdun (2008-2009)et Nice (2007-2009). Ces documents sont souvent plus variées et parfois plus riches que les Actes issus desassemblées, mais ils disparaissent ensuite, y compris de la mémoire synodale. Est-ce à regretter ? En tout cas,la « réduction» des propos et thèmes de ces documents intermédiaires vers les documents votés peut expliquercertaines frustrations.

Le rôle des équipes fut aussi de contribuer à la sensibilisation du plus grand nombre de catholiques et d’habi-tants non-catholiques. Il semble, mais cela reste à démontrer rigoureusement, que les équipes ont permis defavoriser l’émergence de délégués synodaux au-delà des cercles restreints des conseils et équipes pastorales deparoisses. En tout cas, la phase du vote pour élire les délégués est un mode de participation à ne pas négliger,et non seulement pour toucher beaucoup de personnes (ainsi 20227 votants au synode du Mans 1986-1988).

Au cours de cette phase, de nombreux diocèses ont organisé des activités plus spécifiquement spirituellescomme des retraites ou des pèlerinages en contexte synodal. Les témoignages post-synodaux font régulière-ment écho à ces événements.

Les assemblées synodales : «sous la poussée de l’Esprit Saint» [48]

La troisième étape est traditionnelle, celle des assemblées synodales proprement dites. Selon certains textesd’évêques des années 1980 (et d’auteurs encore aujourd’hui), ce serait le début du synode à proprementparler, « relativisant » en quelque sorte ce qui précède. Mais le plus grand nombre des responsables pastorauxet théologiens ne voient pas ici une délimitation stricte. La vraie nouveauté est le nombre de sessions, histo-riquement limité à une seule. La pratique synodale française montre en général une succession de plusieursassemblées (entre trois et cinq), réparties sur plusieurs mois, éventuellement sur plusieurs années. Il y eutdeux types d’articulation entre les sessions : soit un même texte évolue d’une session à l’autre en fonctionde travaux intermédiaires et donc d’apports supplémentaires, soit chaque session travaille des chantiersdifférents. En tenant compte de la maturation caractéristique constatée dans les synodes, il vaudrait mieuxprivilégier la première progression, donc l’amélioration/approfondissement au fil des sessions. D’autresrares diocèses ont choisi une unique session, comme Chambéry (2001-2002) ou Moulins (1999-2001).

[48] La liturgie synodale exprime cette expérience de l’action de l’Esprit Saint au cœur des tensions légitimes des êtres humains. Ainsi le Cérémonial des évêquescaractérise le synode et le concile comme des processus « sous la poussée de l’Esprit Saint», 1998, § 1169.

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Que se passe-t-il dans ces assemblées ? Les propositions issues des deux étapes précédentes y sont discutées,rédigées, amendées et votées. Le résultat final est alors soit retenu par l’évêque pour être promulgué inchangédans les Actes synodaux, soit modifié par l’évêque – en général légèrement seulement – en vue de la promul-gation. Certains évêques se sont d’ailleurs engagés explicitement devant les assemblées à ne pas modifier lestextes votés ou en tout cas à en respecter l’esprit et la lettre. Nous reviendrons plus loin sur les Actes synodaux.

Les célébrations de clôture et de promulgation : « tous se réjouirent» (Ac 15,32)Presque tous les synodes diocésains français se sont conclus par un rassemblement diocésain. Ce fut soitdirectement à la fin de la dernière des assemblées synodales, soit le plus souvent lors d’une fête spécifiquedonnant l’occasion de promulguer publiquement les Actes synodaux. Remarquons que cette dernière étapefut souvent un kaïros dans l’histoire du diocèse, une référence marquante pour les années suivantes, parfoisde longues années plus tard, voire jusqu’à aujourd’hui. Ainsi de grandes célébrations du sacrement de confir-mation de dizaines ou centaines de jeunes et adultes sont l’occasion de lier mémoire collective et parcoursindividuels de foi.

La réception dans le diocèse : un énorme défi théologique et pratique Un synode porte certes du fruit en lui-même, comme événement de communion pour ceux et celles quien sont membres, et sans doute aussi, mais de manière moindre, pour les autres diocésains. Mais ce n’estpas la finalité première de cet organe de gouvernement ecclésial. Il y a donc une finalité propre, annoncéedans les enjeux et objectifs que l’évêque communique plus ou moins dans la convocation du synode. Nousdéplaçons ici notre attention sur l’après-synode. On parle de réception pour désigner ce qui suit le processussynodal proprement dit. Cette dimension importante, fortement valorisée en théologie depuis la thèse deGilles Routhier, concerne autant l’événement que les textes qui en sont issus [49].

Il est très difficile d’appréhender cette réception des synodes diocésains. Pour le chercheur, sont utiles les sou-venirs et bilans des responsables eux-mêmes, notamment dans des contributions à des ouvrages collectifs [50]

ou des livres, et même par l’évêque comme à Beauvais (1986-1989) [51]. Mais ces textes portent d’abord sur

[49] GILLES ROUTHIER, La Réception d’un concile, Paris, Cerf, coll. «Cogitatio Fidei 174», 1993.[50] On en trouvera par exemple plusieurs dans HENRI MONCEAU [e. a.], Les synodes diocésains, Paris, DDB, 1994.[51] ADOLPHE-MARIE HARDY, La grâce d’un synode diocésain, Paris, Beauchesne, 1991 ; voir aussi THÉODULE REY-MERMET, Tournés vers l’avenir. Annecy en synoded’Église (1990-1992), Éd. Le Vieil Annecy, 1995.

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l’événement synodal et pas sur la réception, de même pour les quelques travaux académiques [52]. Pourquoin’existe-il pas ou presque pas [53] de réflexions et publications plusieurs années après pour mesurer le cheminparcouru dans la réalisation des orientations synodales ?

Je ne peux que conseiller ici la lecture de Dominique Barnérias abordant le phénomène synodal par son impactsur la réforme des paroisses [54]. La première partie examine l’ensemble des Actes des 43 synodes français de 1983 à 2004 pour dégager les questions pastorales majeures affectant la vie paroissiale. La deuxième partieprésente les fruits et réflexions de sa recherche empirique, menées dans trois diocèses (deux paroisses chacun), dont les synodes eurent lieu dans les années 1990 : Sées (1992-1993), Bayonne (1990-1992) et Lyon(1990-1993). J’en retiens cette phrase très significative : «La réception des textes synodaux est difficile à maintenir sur le long terme chez les acteurs de terrain. Il n’estque très rarement fait référence au texte du synode plus de dix ans après sa conclusion. L’événement demeurequelquefois dans les mémoires, surtout chez ceux qui y ont directement participé, mais presque comme uneparenthèse enchantée » [55].

Qu’en conclure ? La fréquence de dix ans autrefois exigée par le droit canon avait tout de même du bon. La synodalité nécessite d’être déployée régulièrement dans des Églises particulières, au moins au rythme deschangements de responsables. En France, très rares sont les diocèses ayant célébré plusieurs synodes diocé-sains, d’ailleurs sous le même épiscopat à Évry (Mgr Herbulot), Dijon (Mgr Coloni) et Poitiers (le premierconvoqué par Mgr Rozier et conclu par Mgr Rouet). Le cas d’Évry est le plus significatif. Le synode de 1996-1997 avait en effet pour but explicite une évaluation de la réception du synode de 1987-1990. Il fut alors restreint aux responsables pastoraux prêtres et laïcs, les plus à même de procéder à cette relecture de manièrequalifiée. En ajoutant le synode de 2004-2007, Évry est l’unique diocèse français à avoir célébré trois synodes.Dans plusieurs diocèses par contre, il y a eu au moins un parasynode et un synode.

[52] Ainsi les mémoires de YVES CARRON, La coresponsabilité, instrument et objet d’un synode diocésain : le Synode d’Annecy (1990-1992), Fribourg, 1992 ; PAUL WANG

JI-YOU, À propos du rapport entre l’évêque et son synode diocésain. Un exemple : le synode de Bordeaux de 1990 à 1996, Paris, 2000 ; PHILIPPE COTTEREAU, Synodediocésain. Communication et ecclésiologie de communion. Essai d’une approche systématique, Paris, 1993 ; JEAN-MARIE MALLET-GUY, Le synode de Limoges, Paris,1986. On peut d’ailleurs s’étonner qu’il n’y ait pas eu plus de tels travaux sur les synodes.

[53] Voir à propos du synode de Limoges (1983-1985), JEAN-MARIE MALLET-GUY, «Un synode diocésain : dix ans plus tard», dans Prêtres diocésains, n° 1331, 1995,p. 315-326 ; XAVIER DURAND, «Réforme paroissiale et enjeux liturgiques. Quinze ans après le synode diocésain de Limoges», dans La Maison-Dieu 223, 2000,p. 29-44.

[54] DOMINIQUE BARNÉRIAS, La paroisse en mouvement, op. cit.[55] Ibid., p. 333.

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n DES SYNODES REMARQUÉS, POUR EN TIRER DES ENSEIGNEMENTS AUJOURD’HUI

Les quelques synodes ayant présenté des éléments atypiques permettent de questionner le bien-fondé despratiques synodales développées en France depuis trente-trois ans.

Durée, maturation et conversion Nous avons déjà évoqué le synode «bref » de Chambéry et le deuxième synode d’Évry qui n’a pas procédéà une consultation élargie hors des membres du synode. Les autres synodes n’ayant pas mis en œuvrede consultations préalables de type enquête ont par contre organisé des assemblées préalables ou au moinsdes réflexions en équipe. Ces deux particularités permettent légitimement de prévoir désormais des synodesplus légers.

En examinant ainsi le plus possible d’échos de ces synodes français, il me semble important de prévoir aumoins deux assemblées séparées de quelques mois. Ce laps de temps permet de faire place à la transformationdes personnes, à une maturation des idées pour la pastorale locale. Ce qui était impossible avant Vatican II– tout simplement en raison du caractère ponctuel de l’événement, réservé à quelques clercs – devient possible.Les membres du synode (clercs et laïcs) peuvent évoluer, comprendre, grandir, se convertir encore et encore,etc. Et aucun baptisés n’est laissé à l’écart, puisque des échos formels ou informels peuvent alors être donnésaux baptisés qui ne sont pas membres. Le synode devient un peu plus l’affaire de tous et non celle de quelques-uns. Sa performativité (ou « efficacité ») est alors déplacée et élargie : déplacée car ce n’est plus seulement un acte d’autorité résidant dans le pouvoir de l’évêque ; élargie car ce qui est vécu par les personnescomme expérience d’Église et même expérience de foi devient une référence dans leur vie personnelleet ecclésiale.

À l’opposé de la brièveté, le synode de Paris (1993-1994) était annoncé comme un processus original delongue durée et ponctué par des étapes très espacées. Il n’a pas de point commun en France. Une première« session synodale» du diocèse de Paris s’est achevée le 9 octobre 1994. Un livret de synthèse fut publié, sansêtre annoncé explicitement comme étant les Actes synodaux, même s’il ressemblait à ce type de document.Le diocèse de Paris était censé rester engagé dans une marche synodale les années suivantes. Une deuxièmesession synodale était annoncée pour avant l’an 2000, mais elle n’a pas eu lieu. Une assemblée diocésainefut convoquée pour 2002, inscrite dans la continuité, mais différente du synode proprement dit. Une nouvelleassemblée diocésaine eut lieu en 2007-2008. L’articulation entre ces trois événements est confuse.

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D’une manière générale, retenons qu’un synode diocésain ne peut pas être trop long, mais qu’il doit aussiavoir une durée minimale raisonnable. La nature même du processus renouvelé après le Concile exige dutemps pour permettre le processus d’élaboration et de rédaction, facilitant par ailleurs la réception ultérieuredans le diocèse.

Les Actes synodaux : ce qui est écrit demeure !Promulgués par l’évêque qui est « l’unique législateur» (c. 466) du synode diocésain, les décrets et déclarationssont les documents les plus importants. Non seulement ils font autorité pour les années suivantes, mais ilssont aussi bien souvent le seul accès au synode pour les diocésains qui n’en étaient pas membres. En rigueur de terme, les décrets sont les « véritables normes juridiques » et les déclarations des «affirmationsconvaincues sur les vérités de foi ou la morale catholique » (donc des textes doctrinaux) [56]. Ils sont publiésdans des Actes synodaux qui peuvent contenir d’autres documents du synode.

Ces Actes doivent être soignés et refléter autant que possible le discernement opéré par les membres. Celava même jusqu’au style rédactionnel. Dans la plupart des cas, les textes sont en effet comme une œuvrecollective. Les manques de cohérence ou d’homogénéité dans les Actes sont alors le signe implicite d’uneréelle synodalité. On a là un paradoxe surprenant, qui fait d’une faiblesse stylistique la manifestation d’unprocessus synodal.

Au niveau mondial, les Actes synodaux sont en général de deux types [57]. Il existe d’abord des Actes synodauxréduits à leur plus simple expression. Les publications contiennent alors seulement les décrets promulguéspar l’évêque (par exemple les synodes de Blois 1998-2000, Sées 1992-1993, Clermont 1997-2000). Le secondtype d’Actes synodaux est plus hétéroclite. C’est aussi le plus fréquent, facilité par les évolutions technolo-giques (design, impression). Le dénominateur commun est d’ajouter aux décrets et déclarations, d’autresdocuments de nature et d’importance théologique variée : homélies, avant-propos ou commentaires, donnéesfactuelles sur le synode, la prière pour le synode, glossaires, index, etc. Une particularité française est de nepas insérer la liste des membres du synode (à l’exception au moins des Actes de Valence 2013-2015), alors quec’est un usage courant un peu partout dans le monde. Il me semble important de le faire pour les synodesà venir, permettant non seulement la transparence et l’incarnation de l’Église particulière, mais aussi pourla reconnaissance de ces membres, reconnaissance aux deux sens du terme (gratitude et visibilité).

[56] Instruction sur les synodes diocésains V.2. [57] J’ai longuement traité ce point dans l’article «Les Actes synodaux comme expression d’un style ecclésiologique», dans JOSEPH FAMERÉE (dir.), Vatican II

comme style. L’herméneutique théologique du Concile, Paris, Cerf, coll. «Unam sanctam» nouvelle série 4, 2012, p. 187-224.

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Texte surligné
synode, photos, glossaires
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Plusieurs synodes français présentent une particularité dans leurs Actes synodaux, que j’ai qualifiés de « typemixte», participant des deux types précédents. Ce sont des livrets qui ajoutent encore aux Actes tels quedécrits plus haut des commentaires, des explications, voire même des observations de type sociologique ouencore des extraits de documents antérieurs (consultation diocésaine, cahier de travail). On comprend aisé-ment que cela relève d’un choix pédagogique, mais pas seulement. La dimension ecclésiologique est aussiprésente. Il y a là une volonté de rendre compte aussi bien des débats que des réflexions de l’assemblée, maisencore de tout le processus. C’est alors visiblement l’ensemble du peuple de Dieu de l’Église particulièrequi est en synode. Cette bonne intention est louable, mais l’inconvénient est évident à la lecture de certainstextes. Comment bien distinguer ce qui est de l’ordre du constat ou du témoignage de ce qui concerne l’après-synode ? Cette manière de faire semble avoir été surtout française. Les exemples les plus caractéristiques sontles Actes des synodes de Sens-Auxerre (1987-1991), Évreux (1988-1991), Poitiers (1988-1993) et surtoutToulouse (1991-1993). Cette bonne intention est susceptible de générer une confusion en fait nuisible à unebonne réception du texte.

À propos des Actes synodaux, certains ne sont pas explicites sur leur dimension « législative». Se contenterau mieux de «propositions» me paraît mettre l’institution synodale sur un mode mineur, la réduisant à uneassemblée diocésaine de type parasynode. Les Actes de Châlons (2003-2004) offrent ainsi le contraste entreun ton très officiel adopté dans la promulgation des Actes synodaux et le caractère vague et peu contraignantdes «orientations» et «propositions» (de même à Digne 1992-1994). Le synode de Verdun (2008-2009)manifeste implicitement dans ses Actes la difficulté du processus décisionnel vécu.

Le pire me paraît en tout cas de ne pas publier d’Actes synodaux identifiables comme tels. Comment alorsattester qu’un événement important s’est déroulé? S’il n’y a pas de décrets ni déclarations, comment reconnaîtredans le synode un acte de gouvernement? Comment ne pas se sentir floués, après s’être investis pendant desheures et des jours dans une démarche sans résultats ou presque. Les Actes synodaux d’Orléans (1992-1993)en sont l’illustration contraire. Ils sont réduits à la seule ordonnance de promulgation. Il s’agit donc d’un texted’une page présentant cinq décisions prises par l’évêque [58].

On peut tirer un ultime enseignement à partir du synode de Bordeaux (1990-1993/1996) : il ne devrait y avoirqu’un seul livret final d’Actes synodaux ! Il serait certes encore possible de publier une série de décrets à côté

[58] Mgr RENÉ PICANDET écrit alors à propos des autres synodes : « Je m’en suis inspiré, mais après ce qui était raté ailleurs, on a essayé de ne pas le refaire. Mais nousavons fait les choses un peu différemment. Ce synode diocésain d’Orléans, c’est bien le nôtre.»

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d’un livret présentant de nombreux documents. Mais le cas unique de Bordeaux ne devrait pas être imité [59].Des textes synodaux ont été publiés à la suite de l’assemblée synodale en 1993, mais ne furent pas promulguéspar l’évêque. Ces Actes synodaux n’en sont donc finalement pas vraiment. Ils n’ont en tout cas pas l’autoritécanonique des statuts synodaux promulgués par Mgr Pierre Eyt seulement en mai 1996, date officielle declôture du synode [60]. La longue période séparant les deux textes ne peut qu’entraver la réception de l’uncomme de l’autre, et générer bon nombre de frustrations.

n LA SYNODALITÉ DANS D’AUTRES DÉMARCHES DIOCÉSAINES

La dynamique associant consultations, célébrations et rassemblements dans un diocèse n’est pas limitée auxsynodes diocésains. Si d’un point de vue phénoménologique et en partie aussi théologique, ces parasynodes(forums et certaines assemblées diocésaines) sont équivalents à des synodes, les textes qui en sont issus n’onten général pas la même autorité que des Actes synodaux. Ces processus procèdent pourtant de la même syno-dalité, attestée par la dimension d’assemblée, de recherche d’un consensus des membres en étant mus parune foi commune et une mise à l’écoute de l’Esprit Saint.

En France, il est quasiment impossible de dresser une liste exacte de ces parasynodes, tant les caractéristiquesrestent floues. J’en propose une liste de quatre-vingt quinze en annexe, certainement contestable, constituantainsi un phénomène en partie hétérogène. Leur variété est due aux raisons mêmes de leur convocationpar préférence à des synodes proprement dits, mais aussi à leurs conclusions. Voyons des cas au comble del’ambigüité.

La démarche entreprise à Nîmes (1990-1992) présente toutes les caractéristiques d’un synode diocésain, ycompris le document final Orientations diocésaines promulgué en bonne et due forme (signature de l’évêqueet du chancelier, avec le sceau du diocèse), mais récuse l’appellation de « synode». À Belfort-Montbéliard

[59] Voir JACQUES PALARD, «L’Église et la pratique démocratique. Synode diocésain et pouvoir épiscopal », dans RENÉ LUNEAU, PATRICK MICHEL (dir.), Tous leschemins ne mènent plus à Rome. Les mutations actuelles du catholicisme, Paris, Éd. Albin-Michel, coll. «Spiritualités», 1995, p. 35-58 ; «L’institution catholiqueen recherches», dans Id. (éd.), Le gouvernement de l’Église catholique. Synodes et exercice du pouvoir,Paris, Cerf, coll. «Sciences humaines et religions», nouvellesérie 50, 1997 ; PAUL WANG JI-YOU, À propos du rapport entre l’évêque et son synode diocésain, p. 49-117.

[60] Le cardinal JEAN-PIERRE RICARD retient 1993 comme date de clôture. Cf. «Synode diocésain : former des disciples missionnaires», discours de lancementdu synode diocésain de Bordeaux, décembre 2015, http://bordeaux.catholique.fr/vie-du-diocese/mgr-ricard/catecheses/synode-diocesain-former-des-disciples-missionnaires (consulté le 21 janvier 2016).

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(1993-1997), les expressions «démarche synodale» et « synode» circulent, preuve d’une hésitation ; et le processus est finalement retenu dans la liste des synodes. Le document final ressemble bien à des Actes officiels. À Annecy (2011-2012), on observe une hésitation semblable, mais il n’y a comme document finalqu’une lettre pastorale de l’évêque. Chez nos voisins au Luxembourg, l’Assemblée diocésaine «Église 2005»(1999-2000) présente toutes les caractéristiques d’un synode diocésain, sauf le nom. Et c’est le cas encored’autres processus dans le monde ; comme quoi cette ambivalence n’est pas que française.

Autre ambiguïté, l’appellation de « synode des jeunes» donnée à de vastes processus de consultations, assem-blées et décisions réservés aux jeunes adultes. Il faut entendre par « réservés» une délimitation de l’objet deréflexion, mais aussi une participation prédominante des jeunes adultes eux-mêmes. Depuis le synodediocésain de Dijon consacré au thème des jeunes (1995-1996), plusieurs démarches ont utilisé ce vocablesans être clairement situées comme synode au sens strict. Mises à part ces précisions qu’on laissera à l’étude des canonistes, relevons que ces démarches ne sont pas insignifiantes dans l’Église catholique en France, même si toutes n’ont pas été de grandes réussites : Aix-en-Provence (2004), Annecy (2005-2006), Dax (2003-2005), Le Havre (2012-2014), Lille (2000-2002), Montpellier (2001-2003), Papeete (2003), Toulon(2005-2006) et Versailles (2003-2004). De plus, de nombreux synodes ont intégré dans leur processus desdémarches spécifiques pour les jeunes, allant jusqu’à un Synode des jeunes comme à Nice (2008), et aussiun synode des enfants comme à Dax (1990-1992), Valence (2013-2015) ou Verdun (2008-2009).

En tout cas, la pérennité de cette pratique démontre qu’il s’agit là d’une alternative qui mérite attention. Faut-il inventer des articles canoniques complémentaires à ceux sur le synode diocésain ? La question est posée parla pratique depuis plusieurs années. Cela ne paraît pas nécessaire en tant que tel, puisqu’il y aura probable-ment toujours des parasynodes non prévus par ce qui entrerait dans un nouveau cadre canonique. Il vautmieux faire attention à ce que les parasynodes les plus ambigus par rapport aux canons 460-468 soient transformés en authentiques synodes diocésains. Pour les autres démarches, il faudrait que l’évêque établissetout de même un règlement (diocésain), afin de donner toutes les chances de la pérennité à ce qui aura étévécu. Un parasynode devrait donc relever du droit diocésain, mais le chantier n’est dans ce domaine qu’àpeine esquissé. Pourtant, sans cela, un parasynode n’aura engagé que lui-même sans la caution du ministèreapostolique de l’évêque.

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QUATRE CRITIQUES MAJEURES À ENTENDREPOUR «RÉUSSIR» UN SYNODE DIOCÉSAIN

La relecture des étapes des synodes diocésains nous a déjà permis de mettre en valeur des points d’attention.En prenant un peu de plus de distance, nous pouvons faire écho à quatre critiques majeures, régulièrementévoquées et nourrissant une réserve, voire une crainte, de certains évêques et autres responsables par rapportau synode diocésain.

n LA «LOURDEUR» DES SYNODES

Ce qui est le plus souvent relevé dans les témoignages et commentaires est la « lourdeur» du processus : entemps, en énergie et en finances. Les synodes des années 1980 ont donné le ton. En effet, les premierssynodes (Limoges 1983-1985, Perpignan 1985-1988, Le Mans 1986-1988, Beauvais 1986-1989, Grenoble1989-1990, etc.), ont voulu traiter un grand nombre de questions, en tenant compte d’une consultation laplus large possible. Ils ainsi ont orienté l’institution synodale vers un processus et une structure de grandeampleur [61]. Ce type de synode a pu effrayer des responsables d’autres diocèses dans les années 1990 et a entout cas exigé une approche différente par la suite.

C’est ainsi qu’il convient de comprendre la proposition faite en 1989 par le canoniste parisien Jean Passicos.Il envisageait de distinguer entre plusieurs sortes de synodes diocésains, incitant à ne traiter dans un synodequ’une partie de la vie de la communauté diocésaine [62]. Dans la même direction, citons ici Mgr HubertBarbier lors de la clôture du synode d’Annecy (1990-1992) :

CHAPITRE III

[61] «Les années 1990-1995 ont vu en France une multiplication de synodes diocésains, de type généraliste, proposant une révision de vie de toute la pastorale d’une Églisediocésaine», cardinal JEAN-PIERRE RICARD, «Synode diocésain».

[62] JEAN PASSICOS, «Le Synode diocésain dans l’histoire et dans le code. Le retour du Synode diocésain: un épiphénomène ? », dans Revue de l’Institut catholiquede Paris, 31, 1989, p. 3-16.

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«Ce premier synode diocésain, d’un type nouveau, à large participation, a été un Synode “extraordinaire”,parce qu’il était le premier et qu’il fallait tout aborder […] Il nous faudra vivre maintenant des synodes “ordi-naires”, vivre notre Église comme Église synodale, avec des synodes à périodicité régulière. J’ai l’intention deconvoquer des synodes régulièrement, et pour cela de ne pas attendre dix ou vingt ans. Ce sera cependant sousd’autres modalités, pour des travaux précis et pour une période courte » [63].

L’intention est remarquable, mais il faut constater qu’elle ne fut pas suivie d’effet. Mgr Barbier n’a pas convoquéde deuxième synode, ni à Annecy, ni à Bourges où il fut transféré en 2000, dans ce diocèse qui avait aussiconnu un synode «extraordinaire» ou «généraliste» quelques années auparavant (1989-1990). En considérantcette première période, on perçoit de l’enthousiasme, mais on comprend aussi aisément le doute oule pessimisme tant des analystes que des responsables pastoraux. Sans nier par ailleurs les fruits concretsobservés sur le terrain en termes de participation des fidèles laïcs à la vie de l’Église particulière, Jean Passicosécrivait, après avoir accompagné le synode de Nancy en 1990, ces propos qui me paraissent représentatifs decette époque : «La lourdeur de l’institution n’échappe à personne. En effet, l’éventail des sujets traités est trèslarge ; l’ordre du jour est très chargé et peut-être trop ambitieux. L’assemblée elle-même est très nombreuse,car on a voulu, non sans raison, une représentation maximale. Si les méthodes de travail se cherchent encore,elles ne constituent pas le handicap le plus difficile. A-t-on trop embrassé ? A-t-on vu trop grand ? Dans cesformules actuelles, le Synode paraît trop peu souple et trop onéreux. Aussi est-il probable qu’on ne recom-mence pas de sitôt pareille aventure » [64].

Dès les années 1990, commencent à être célébrés en France des synodes diocésains sur des questions parti-culières. En ce sens la prévision de Jean Passicos était juste, mais seulement en partie. Les processus sont eneffet restés de grande ampleur, en général avec large consultation, intense travail en nombreuses équipes etplusieurs sessions. Ce fut le cas dans les synodes de Dijon (1991-1992, sur la paroisse ; 1995-1996, sur lesjeunes), de Nanterre (1990-1992, sur les ministères) et de Sées (1992-1993, sur la réforme des paroisses). J’aidéjà évoqué l’exception avec le synode d’Évry (1996-1997), qui ne concerna directement que des délégués deconseils pastoraux et des membres nommés par l’évêque, sans consultation élargie, permettant ainsi uneorganisation assez légère.

[63] Discours cité par Mgr HUBERT BARBIER lui-même, «Ordonnance de promulgation», dans Diocèse d’Annecy, Tournés vers l’avenir. Lois synodales du diocèsed’Annecy. 29 juin 1992, Annecy, 1992, p. 2-4, ici 4.

[64] JEAN PASSICOS, «Les Synodes sur les routes des diocèses : passé, présent et avenir de cette institution en pleine évolution», dans La Croix, (25-26 février 1990).

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Si la plupart des synodes diocésains en France furent à partir des années 2000 de longs et imposants processus, les responsables eurent soin d’en limiter les domaines de réflexion. Il semble que la solution pourdes formules plus légères fut toujours de choisir des parasynodes.

n DES «USINES À GAZ»?

Par oral, il est fréquent que des responsables pastoraux mettent en doute l’efficacité des synodes, tout enreconnaissant leur pertinence ecclésiologique. J’ai entendu, après 2010, dans la bouche de deux évêques, quine contestaient nullement la théorie du synode, l’expression «usine à gaz» pour en disqualifier la pratique.Nous pourrions résumer cette perception par cette autre expression récurrente, à la vue de certains résultats :«Tout ça pour ça ?»

La réponse est de situer le synode dans la temporalité propre de l’Église, si différente de celle de notre sociétéqui court sans cesse, selon le modèle de rentabilité typé de l’ultralibéralisme. Pour le dire autrement, il fautlaisser du temps au temps pour faire grandir l’Église. Chaque étape est importante, voire fondamentale, afinque le synode soit bien une réalité de la vie de toute l’Église particulière et un acte de discernement. À un autreniveau, les deux derniers synodes romains sur la famille sont un exemple de cette manière de procéder [65].C’est une nécessité de laisser du temps aux personnes lorsque les questions mises en débat sont sensibles etcomplexes, que ce soit humainement ou théologiquement. Le pape François a en effet innové, non seulementen élargissant la consultation traditionnelle à l’ensemble des baptisés et par deux fois, mais surtout en sou-haitant deux assemblées avec une année d’intervalle.

Quel en est l’enjeu profond pour un synode diocésain (et un concile provincial) ? Nous avons évoqué plushaut cette dimension, en souhaitant qu’il y ait au minimum deux assemblées séparées de quelques mois. Cetétalement du processus permet aussi à l’identité diocésaine de grandir, dans des risques de confrontationspénibles certes, mais toujours dans une démarche spirituelle rendue possible par les liturgies communes.Ce qui est décidé et proposé à la promulgation par l’évêque a d’autant plus de chances d’être bien accueillidans le diocèse.

[65] La comparaison est ici limitée. Les documents officiels (ainsi l’exhortation Amoris laetitia) parlent en effet de deux synodes et non de deux sessions d’unmême synode. À la différence des synodes diocésains français, la composition de ces deux assemblées a beaucoup varié. Il s’agit donc bien de deux synodesdifférents.

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Texte surligné
déplacer l'appel de note après 2 phrases, donc à la fin du paragraphes (après "intervalle")

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On est en droit de parler d’«usines à gaz» dans certains cas, surtout pour les synodes qui n’ont rien «donné»comme « résultats probants» (et encore cela n’est-il parfois qu’un regard extérieur). Ce sont des synodes nonseulement mal préparés, mais en général des synodes dont on ne savait pas de quoi ni en vue de quoi on allaitparler, et surtout sur quoi on allait décider. Le questionnement initial et donc l’ordre du jour au début ou àl’issue de la première étape sont décisifs. Il y a enfin des synodes où on s’est mis dès le départ en situation defrustration en restant dans un grand flou. Mais dans la plupart des cas, cela en vaut vraiment la peine.

n IL EST INUTILE DE FAIRE UN «VRAI» SYNODE (CANONIQUE)

Une autre objection légitime et surtout canonique est faite à propos de ces événements de grande ampleur.Est-il nécessaire de convoquer et de célébrer un synode pour faire prendre conscience d’une ecclésiologiede communion et la mettre en œuvre, alors que le synode serait plutôt d’abord un acte de gouvernement ?En d’autres termes, n’a-t-on pas «utilisé» le synode diocésain à d’autres fins que ce pour quoi il est théori-quement fait ?

Après avoir étudié de nombreux fonds d’archives synodales dans les diocèses français, il apparaît que, dans lecontexte actuel, un tel but aurait difficilement pu être atteint par d’autres voies, au moins en France. Le synodediocésain a fourni un cadre théologique et juridique permettant de réaliser concrètement les décisions conci-liaires pour une ecclésiologie de communion. Pour résumer ce point, je cite souvent le secrétaire général dusynode de Saint-Dié (1986-1990) dans une belle formule poétique, mais aussi théologique dans la droite lignede Lumen gentium : «Saint-Exupéry disait : “Si tu veux qu’ils deviennent frères, donne-leur une tour à bâtir”.Il m’amène à penser : si tu veux qu’ils se sentent davantage frères et responsables de leur Église, donne-leurun synode à réaliser » [66].

Les assemblées synodales et les autres assemblées plus locales (de réflexion et de célébration) lors des synodesen France confirment que les synodes diocésains furent d’authentiques expériences de l’action de l’EspritSaint, malgré des tâtonnements et des essais parfois malencontreux. À de nombreuses reprises, la rencontrede témoins, les témoignages écrits, les comptes rendus et les vidéos conduisent à constater le dynamismed’Églises particulières que certains disaient décadentes ou moribondes. Il y a en tout cas quelque chose

[66] LOUIS ANTOINE, «Un synode, est-ce que cela en vaut la peine ? », dans Vie des chrétiens dans les Vosges, 112, 1988, p. 480.

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d’indéfinissable, de l’ordre d’une expérience d’un souffle, d’un élan, d’une puissance… bref de l’Esprit Saint,le tout dépassant les attentes initiales.

Le Synode diocésain est ainsi un événement, qui manifeste une Église particulière « en acte» et la réalise.Telle est la dimension théologique primordiale du synode diocésain. Cela trouve écho dans des déclarations,discours et homélies, dans lesquels les responsables affirmèrent que le synode est un processus situé sous laconduite de l’Esprit Saint, notamment par les références bibliques à Actes 15 (dont « l’Esprit Saint et nousavons décidé ») et Apocalypse 2-3 (dont «Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit auxÉglises »). Comme dit plus haut, le synode est un lieu majeur d’écoute du sensus fidei.

n LA RÉCEPTION EST TROP DIFFICILE : «UNE ÉGLISE À DEUX VITESSES»

Parmi les constantes entre les différents synodes, on peut relever également des dysfonctionnements, plus oumoins présents selon les diocèses. Le secrétaire général du synode d’Évreux (1988-1991) en notait trois en1993 : la désignation des délégués, l’absentéisme, des réticences du clergé [67]. Le secrétaire général du synodede Nanterre (1990-1992) relevait plutôt la difficulté liée au désintérêt de certains prêtres qui n’étaient pasdélégués au synode. Les évêques ayant célébré un synode ont aussi régulièrement mentionné ces difficultésqui semblent durer jusqu’à aujourd’hui. En fonction de l’évolution du catholicisme au sein de la société fran-çaise, il n’est pas étonnant que le décalage entre les participants et la « grande masse des baptisés » soit un défipermanent et croissant, au risque de donner « le sentiment d’une Église à deux vitesses», selon une expressionde Mgr Joseph Duval en 1993 [68].

Le peu de sources disponibles pour évaluer la réception est un appel aux responsables à procéder eux-mêmesà ces évaluations et relectures, en mettant en œuvre le plus de rigueur possible. Je ne retiens qu’un élémentdécisif pour une bonne réception, hormis la qualité des Actes tant sur leur fond que sur leur forme : la com-munication tout au long du processus pour que tous les diocésains se sentent concernés et responsablesde la mise en œuvre. La difficulté semble avoir été très souvent le contraste entre un grand engagement dans

[67] PHILIPPE COTTEREAU, Synode diocésain ; voir aussi Conférence des évêques de France, «Questions à un évêque qui a fait un synode. Communication pourl’assemblée. Assemblée plénière», Lourdes, 1993, p. 4 [polycopié].

[68] MGR JOSEPH DUVAL, «Discours de clôture. Assemblée des évêques à Lourdes», dans La Documentation catholique, n° 2084, 1993, p. 1073-1076.

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des équipes synodales et le temps « vide» laissé seulement aux membres du synode. En 2005, j’avais réaliséune étude sur le recours à internet aux synodes de Luçon (2005-2006), Mende (2005-2006), Nevers (2005-2006)et Évry (2004-2007) [69]. À l’époque, il y avait une grande disparité entre les sites web, deux ayant exploitéinternet au maximum, les deux autres peu ou pas. Aujourd’hui, il n’y a plus à se poser de questions, il fautinvestir non seulement internet avec un portail, mais tous les réseaux sociaux. Un bref coup d’œil sur lessynodes diocésains récents ou en cours confirme cette prise au sérieux. Cela exige toutefois des compétencesprofessionnelles. La diffusion par capillarité existentielle, surtout par les paroisses et mouvements, restecependant le moyen privilégié.

[69] «Urgence et enjeux de la présence de l’Église sur Internet. Une réflexion à partir de quatre synodes diocésains en cours», dans Prêtres diocésains, n° 1428,2006/1, p. 25-39.

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CHAPITRE IV

LE CONCILE PROVINCIALCOMME CHEMIN D’AVENIR?

L’Église en France a eu la chance – la grâce – de faire l’expérience d’un premier concile provincial depuisVatican II, dans le Nord-Pas-de-Calais de 2013 à 2015 [70]. Cet événement encore tout frais permet de tirerplusieurs enseignements et d’ouvrir l’horizon vers d’autres conciles provinciaux. En tout cas, il ne faut pasenterrer trop vite cette institution millénaire sous prétexte qu’elle paraît tombée en désuétude.

n UNE INSTITUTION RENOUVELÉE MAIS EN JACHÈRE

Comme précédemment, nous sommes invités à entendre les propos du pape François dans son discours du17 octobre 2015, évoquant cette fois la collégialité : «Nous devons réfléchir pour accomplir encore davantage,à travers ces organismes, les instances intermédiaires de la collégialité […] Le souhait du Concile que de telsorganismes puissent contribuer à accroître l’esprit de la collégialité épiscopale ne s’est pas encore pleinementréalisé. Nous sommes à mi-chemin, à une partie du chemin. »

Concrètement, les conciles particuliers sont profondément renouvelés par le Code de droit canonique de1983, de manière similaire aux synodes diocésains, mettant en application l’aggiornamento voulu par leconcile Vatican II. En effet, le droit canon n’oblige plus à des célébrations régulières, mais en confie la possi-bilité au discernement pastoral des évêques (c. 439 § 1 et 440 § 1). La participation de laïcs comme membresde droit (c. 443 § 3.2) ou invités (c. 443 § 4) est aussi actée, avec toutefois un nombre limité (en proportion desmembres de droit). Enfin des observateurs non catholiques peuvent être invités (c. 443 § 6).

[70] Ce concile de Lille a porté l’appellation de Synode provincial de Lille-Arras-Cambrai.

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Si l’importance de ces conciles a beaucoup varié au cours de l’histoire, tant en quantité qu’en influence, cesprocessus supra-diocésains sont ecclésiologiquement signifiants. Il faut insister sur ce point, ainsi que le faitle Pape. Même peu nombreux, ces conciles particuliers rappellent en effet par leur simple existence unedimension essentielle : la synodalité d’une Église particulière ne peut pas être déployée sans tenir compte dulien intrinsèque que la communion ecclésiale institue nécessairement entre cette Église et les autres Églisesparticulières, surtout ses voisines géographiquement. La synodalité est alors étroitement liée avec la collégia-lité. Jean-Marie Tillard parle à ce sujet d’une synergie, d’une solidarité et d’un souci réciproque entre lesÉglises locales [71]. Rappelons enfin que ces conciles concernent aussi la primauté, troisième note de l’ecclé-siologie catholique (avec la synodalité et la collégialité), particulièrement par le moyen de l’autorisation initialeet de la reconnaissance finale par le Saint-Siège, telles qu’exigées dans le Code de droit canonique.

Leur quasi absence dans l’Église catholique depuis cinquante ans est étonnante. L’interprétation la plus com-mune est d’attribuer cela à la systématisation des conférences épiscopales, devenues plus encore qu’auparavantun authentique lieu de collégialité épiscopale. Ces deux institutions me paraissent cependant complémen-taires et non alternatives l’une à l’autre. Le temps serait venu de s’y mettre. Une fois cette théorie rappelée,que retenir à partir de l’expérience du concile de Lille ?

n POURQUOI CÉLÉBRER UN CONCILE PROVINCIAL ?

Un contexte favorableLe Code de droit canonique ne donne aucune indication sur les motivations nécessaires pour célébrer unconcile provincial [72]. Il faut ici se reporter au discours d’ouverture de Mgr Laurent Ulrich [73]. Il commencepar les chances à exploiter dans cette région de France, mais surtout « l’audace» : audace de se lancer tousensemble dans un processus à découvrir, audace de la large consultation des catholiques et au-delà. Il déve-loppe ensuite le concile comme un moyen privilégié pour se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et accueillir leChrist au milieu de l’assemblée, particulièrement dans les liturgies (nombreuses, soignées et « fortes» pendanttout le concile). Le but clairement annoncé est d’accueillir l’Évangile pour une conversion missionnaire detous et de chacun. Il y a comme une plus-value de ce processus supra diocésain plutôt que de rester entre soidans son Église particulière.

[71] JEAN-MARIE ROGER TILLARD, L’Église locale. Ecclésiologie de communion et catholicité, Paris, Cerf, coll. «Cogitatio fidei », 191, 1995, p. 397.[72] «C. 440 § 1. Le concile provincial […] sera célébré chaque fois qu’il paraîtra opportun, de l’avis de la majorité des évêques diocésains de la province.»[73] http://www.synodelac.fr/page-1129.html (consulté le 4/02/2016).

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Dans le Nord-Pas-de-Calais, des conditions optimales étaient réunies pour tenter ce premier Concile : unecertaine homogénéité historique, religieuse, économique et socio-culturelle [74] ; une longue habitude desdiocèses de travailler ensemble, notamment dans des institutions communes de formation (séminaire,CIPAC, Université catholique de Lille) ; une bonne entente entre les trois évêques diocésains [75].

Le choix nordiste d’un cadre canonique Dès que l’idée est apparue de lancer une réflexion à plusieurs évêques et diocèses sur de nouvelles optionspastorales à discerner et mettre en œuvre, les évêques ont opté pour la forme canonique. Ce choix est signi-ficatif d’une prise au sérieux de ce qu’engage un concile : une réelle écoute du peuple de Dieu, un processusde discernement vécu avec rigueur et dans un contexte de célébration liturgique, la responsabilisation desdélégués et vicaires épiscopaux et des membres des conseils pastoraux diocésains dans le gouvernement desÉglises particulières, une responsabilité épiscopale dans la ligne du concile Vatican II. Actifs dans tout le processus, les évêques annoncèrent clairement qu’ils présenteraient à la reconnaissance romaine les textes votés par l’assemblée, étant saufs quelques aménagements qu’ils estimeraient nécessaires. L’insertiondu canon 127 dans le règlement du concile me paraît révélatrice de cette volonté, en plaçant la dynamiqueconciliaire dans une démarche similaire au lien qui engage un supérieur lorsqu’il consulte un groupe de personnes dont il a la responsabilité [76].

Le nombre limité de membres invités (et donc notamment de laïcs et de diacres) est rapidement apparucomme une difficulté. En appliquant le droit canon strictement, il n’y aurait eu que 64 membres (membresde droit et membres invités de droit). Les évêques souhaitaient appeler en plus 120 membres (40 par diocèse),alors que seulement 63 auraient eu droit de vote. Quel statut donné alors aux 57 membres restants ? Certainsauraient le droit de vote et pas les autres ? Une voix par membre de droit et une demi-voix par invité ? La solutionla plus adéquate fut la demande d’une dérogation au canon 443 § 4, accordée un mois plus tard par le papeFrançois, le 12 novembre 2013. Le résultat de la dispense fut une assemblée comptant une majorité de laïcs(124 sur 184) et une approche de la parité hommes-femmes (79 sur 184).

[74] Ceci consonne bien avec la précision que fait l’Instruction sur les synodes diocésains V.5 à propos de la transmission des Actes d’un synode diocésain àl’archevêque métropolitain et à la Conférence des évêques : «du même milieu géographique et humain».

[75] L’évêque auxiliaire de Lille était membre de droit, même si l’ecclésiologie n’est pas au clair sur ce ministère. Le droit canon donne la possibilité d’invitercomme membre les autres évêques résidant sur les territoires concernés, ce qui fut fait avec Mgr Noyer, deux autres évêques résidants n’étant pas invités.

[76] Il concerne toute consultation par un supérieur, qui ne peut pas s’écarter radicalement de l’avis reçu. Résonne ici surtout le c. 127 § 2.2 : «Si la consultationest exigée, l’acte est invalide si le Supérieur n’entend pas ces personnes ; bien qu’il n’ait aucune obligation de se rallier à leurs avis même concordants, le Supérieur nes’en écartera pas sans une raison prévalente dont l’appréciation lui appartient, surtout si ces avis sont concordants.»

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

Un autre canon aurait pu paraître un frein à la dynamique conciliaire : l’exigence d’une reconnaissance (reco-gnitio) par la Congrégation des évêques avant la promulgation officielle des Actes. Les rares craintes émisesd’un long délai et de corrections importantes au texte se sont révélées infondées. La reconnaissance est arrivéerapidement et les quelques remarques portaient sur des points qui n’affectaient pas profondément l’expressiondu concile provincial. Ce processus donnait finalement plus de poids au processus conciliaire, dans une justeperception d’une « subsidiarité » qui serait alors un principe applicable en ecclésiologie. Ce dernier point estimportant pour les débats en cours sur cette notion [77]. Il ne restait plus qu’à promulguer les Actes dans unegrande célébration festive réunissant près de quatre mille personnes venant des trois diocèses.

n BILAN ET AVENIR

À partir du processus concret, vécu notamment dans les quatre assemblées, je me risque à émettre trois hypo-thèses. Si elles étaient vérifiées par des recherches appropriées, ce serait un encouragement puissant pourlancer ailleurs des conciles provinciaux.

Plus d’identité diocésaine et plus d’ouverture à la catholicité et à la missionIl me paraît que les Églises particulières sortent renforcées du concile provincial. Se retrouver avec d’autrescatholiques prêtres, diacres, religieuses et laïcs a conduit de nombreux membres à découvrir, redécouvrir ourenforcer leur identité diocésaine. La dimension de diocèse comme portion de l’Église universelle seraitconcrètement valorisée dans cette démarche supra-diocésaine. Ce serait un point extrêmement positif pourchaque Église particulière et plus largement dans la réception encore inachevée du concile Vatican II. Il en estde même pour les évêques diocésains, dont l’autorité a semblé renforcée, loin de ce qui pourrait risquer deparaître, à tort, comme un abandon de leur pouvoir épiscopal.

Mais ce n’est pas tout. À côté de cette bénéfique synergie centripète s’est déployée aussi une dynamique cen-trifuge, et ce de deux manières. Il y a sans conteste d’abord une ouverture à la dimension universelle del’Église. L’expérience de communion de trois Églises particulières a conduit les membres à faire l’expériencede la communion des Églises (communio ecclesiarum), un fondement de l’ecclésiologie catholique. La seconde

[77] Remarquons d’ailleurs que les Actes conciliaires emploient eux-mêmes la « subsidiarité » pour développer une « logique de réseau» tenant compte de ladiversité des paroisses et des doyennés, donc là aussi dans un cadre ecclésiologique, mais à un autre «niveau». Province de Lille, Actes du concile provincial,Lille, 2015, art. 41 et note explicative n° 16. http://www.synodelac.fr/les-actes-synode-provincial.html (consulté le 4/02/2016).

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ouverture est celle de la mission. Il me paraît que le processus conciliaire lui-même, par les consultations,travaux d’équipes et débats en assemblées plénières, a engendré ou consolidé le désir d’une «Église en sortie».La rencontre et l’écoute vécues en concile ont sans aucun doute trouvé une expression formelle dans les articles promulgués.

Une assemblée plus «experte» que dans un synode diocésainLe droit canon est limitatif quant aux nombre et qualités des participants d’un concile provincial. J’en aiconstaté un effet très positif. Les membres connaissent bien l’Église. Ils y sont très engagés, et pour la plupartprofessionnellement, et même existentiellement à 100%. Cela a donné une qualité de débats remarquable,tant dans les ateliers que les assemblées plénières. Or, dans de nombreux bilans de synodes diocésains, desremarques sont émises sur les lacunes théologiques, ecclésiologiques, etc., de certains membres. Cela n’estpas surprenant en soi dans des assemblées de 200 à 500 membres dont beaucoup sont élus par leur paroisseou leur mouvement en raison de leur rayonnement et engagement, pas nécessairement à cause de leur formation ou leur habitude de participer à des organes ecclésiaux de réflexion et décision. J’en tire la conclusionqu’il ne faut pas attendre les mêmes débats et les mêmes résultats de l’un ou l’autre organe. Un synodediocésain n’est donc pas interchangeable avec un concile provincial et vice versa.

43SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

CAP VERS UNE «ÉGLISE SYNODALE»DÉJÀ LÀ ET PAS ENCORE RÉALISÉE

Je suis convaincu de l’importance de la «pratique synodale pour notre vie ecclésiale » [78]. Après bientôtcinquante ans de pratiques d’une synodalité diocésaine renouvelée dans l’Église catholique, cette convictiondu cardinal Jean-Pierre Ricard devrait être partagée par toute personne concernée par la vie de l’Église catho-lique et au-delà par l’annonce de l’Évangile. Les synodes diocésains ont permis la mise en œuvre concrète dusensus fidelium et de l’ecclésiologie de communion évoqués à Vatican II. D’après mes propres recherchesdepuis bientôt vingt ans, c’est bien cela dont ont fait l’expérience les millions de baptisés engagés dans dessynodes en France et de par le monde. Quant aux « effets extérieurs», il est indéniable que les synodes et para-synodes ont permis un renouveau dans la mission aujourd’hui. De notre survol de la pratique synodale enFrance depuis 1983, nous pouvons retenir trois dimensions.

Le synode diocésain est l’action ecclésiale la plus appropriée pour construire une Église particulière d’aprèsles choix ecclésiologiques du concile Vatican II. Les autres conseils (épiscopal, presbytéral, pastoral diocésain)ne sont pas équivalents, étant des organes de gouvernement stables. Le synode diocésain est un organede gouvernement et en plus un événement qui engage l’Église particulière dans toutes ses dimensions. Pourle dire autrement, les synodes sont l’expression la plus significative d’une Église particulière en acte dediscernement dans toute sa complexité, composée d’une portion du peuple de Dieu guidé par le ministèreapostolique d’un évêque. On peut, à bon droit, y voir une forme très signifiante de la sacramentalité de l’Églisecorps du Christ, telle que formulée dès le début de la constitution Lumen gentium.

Un synode diocésain est aujourd’hui un processus complexe, qui est célébré selon une cohérence suivant desétapes. Il est juste de parler d’une synodalité effective et alors féconde, malgré les difficultés, les lourdeurs

CONCLUSION

[78] Cardinal JEAN-PIERRE RICARD, Synode diocésain, cf. note 60.

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Texte surligné
"Je suis... déplacer le début de la citation au début de la phrase.

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

et les désillusions inhérentes à ces vastes et longs processus. Un synode engage les personnes dans unetransformation individuelle et institutionnelle. L’étalement dans la durée permet ceci, rendant possible uneconversion, par l’œuvre de l’Esprit Saint. Toute la dimension liturgique des synodes diocésains est essentielleà la nature même de l’action synodale diocésaine. L’expérience vécue est ainsi une expérience de foi quiconstruit l’Église peuple de Dieu, temple de l’Esprit et sacrement du Royaume. Les tensions et frustrations,les affrontements de logiques différentes, les perspectives parfois contradictoires, etc., tout ceci participe dela même dynamique, en refusant tout refuge dans un irénisme qui serait en fait un déni des limites del’humanité.

Les conciles provinciaux sont appelés à déployer une dynamique similaire aux synodes diocésains, mais avecleurs apports propres. Étant l’expression à la fois d’une collégialité et d’une synodalité, ces conciles ont uneforce théologique et pratique indéniable. La reconnaissance romaine mise en œuvre dans la confiance est unechance pour manifester la communion universelle, ce qui a été le cas au concile de Lille. Elle peut aussi êtreun frein si elle est de l’ordre de la censure. C’est peut-être une telle crainte qui a empêché cette pratique conci-liaire pendant les dernières décennies.

L’ecclésiologie du concile Vatican II est un savant équilibre entre synodalité, collégialité et primauté. Le déve-loppement de la synodalité, fondée sur le sacerdoce commun des baptisés, est sans conteste une des grandesorientations théologiques pour que l’Église catholique soit capable de remplir sa mission pour les hommes etfemmes d’aujourd’hui et de demain. Ses modalités concrètes dans les synodes diocésains, les parasynodes etles conciles provinciaux font de ces institutions renouvelées des moyens précieux pour l’annonce del’Évangile à tous. Cette nouvelle manière de vivre et gouverner en Église connaîtra encore des ajustements.L’expérience et la relecture critique des trois dernières décennies en France ne peuvent que faciliter le justedéploiement d’une Église plus synodale.

ANNEXES

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

Aix-en-Provence (1987-1989)Ajaccio (1997-2000)Angers (2005-2007)Angoulême (1987-1988)Annecy (1990-1992)Autun (2015-)Avignon (1988-1990)Bayonne (1990-1992)Beauvais (1986-1989)Belfort-Montbéliard (1993-1997)Blois (1998-2000)Bordeaux (1990-1993)Bordeaux (2015-)Bourges (1989-1990)Carcassonne (2005-2007)Châlons-en-Champ. (2003-2004)Chambéry (2001-2002)

Clermont (1997-2000)Créteil (2014-2016)Dax (1990-1992)Digne (1992-1994)Dijon (1991-1992),Dijon (1995-1996)Évreux (1988-1991)Évry (1987-1990)Évry (1996-1997)Évry (2004-2007)Grenoble (1989-1990)La Rochelle (2001-2003)Le Havre (1992-1995)Le Mans (1986-1988)Limoges (1983-1985)Luçon (2005-2006)Lyon (1990-1993)

Marseille (1988-1991)Mende (2005-2006)Montpellier (1990-1992)Moulins (1999-2001)Nancy (1988-1989)Nanterre (1990-1992)Nevers (2005-2006)Nice (2007-2009)Orléans (1992-1994)Paris (1993-1994)Périgueux (1993-1996)Périgueux (2006-2009)Perpignan (1985-1988)Perpignan (2004-2008)Poitiers (1988-1993)Poitiers (2001-2003)Rodez (2015-2017)

Rouen (2009-2010)Saint-Brieuc (2015-2017)Saint-Denis (1998-2000)Saint-Dié (1986-1990)Saint-Flour (2008-2010)Sées (1992-1993)Sens-Auxerre (1987-1991)Toulouse (1991-1993)Troyes (2012-2013)Tulle (1987-1993)Valence (1992-1994)Valence (2013-2015)Verdun (2008-2009)Versailles (2009-2011)

SYNODES ET PARASYNODESCÉLÉBRÉS EN FRANCE MÉTROPOLITAINE DEPUIS VATICAN II

n SYNODES ET PROJETS DE SYNODES JUSQU’EN 1983

Deux synodes diocésains vraiment célébrés jusqu’au bout : Rouen (1968-1969) ; Ordinariat militaire [Diocèse aux Armées] (1975-1978).

Synodes annoncés mais qui n’ont pas eu lieu : Annecy (fin des années 1960), Metz (1970).

Synodes interrompus : Cambrai (1998-1999), Nîmes (1966-1970), Orléans (1969), Saint-Brieuc (1969).

n SYNODES DIOCÉSAINS DEPUIS 1983 (66)

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

Agen (1989)Agen (1992-1993)Agen (2003)Aix-en-Provence (1994)Aix-en-Provence (2001)Aix-en-Provence (2004)Aix-en-Provence (2006-2009)Ajaccio (1991)Albi (1996-1999)Angers (1987-1990)Angoulême (2003-2005)Annecy (1995)Annecy (2005-2006)Annecy (2011-2012)Arras (1991-1994)Avignon (2001)Bayeux-Lisieux (1995-1997)Bayeux-Lisieux (2010-2012)Bayonne (2002-2004)Besançon (1986-1990)Besançon (2005)Bordeaux (2003-2007)Cahors (2006-2008)Cambrai (1990)Cambrai (1996)

Carcassonne (1989-1993)Châlons-en-Champ. (1992-1994)Chartres (2000-2001)Coutances (2001-2004)Créteil (1994-1995)Dax (2003-2005)Digne (2006-2007)Dijon (2004-2006)Évreux (2013-2014)Gap (2005-2007)Grenoble (1996)Grenoble (2001)Grenoble (2011)La Rochelle (1991)Langres (1996-1997)Langres (2004-2005)Le Havre (2012-2014)Le Mans (2007-2008)Lille (2000-2002)Limoges (1990-1993)Limoges (2004)Luçon (1993-1997)Marseille (2002)Meaux (2014-2015)Metz (2010)

Metz (2014)Montpellier (2001-2003)Nancy (2008)Nanterre (2004-2007)Nîmes (1990-1992)Orléans (2001)Pamiers (2016)Paris (2001-2002)Paris (2007-2008)Poitiers (2010)Pontoise (2005-2006)Pontoise (2014-2015)Quimper (2001-2003)Reims (1985-1986)Reims (1994-1997)Reims (2005-2008)Rennes (1991-1993)Rennes (1994-1996)Rennes (2009)Rodez (1995-1997)Rouen (1990-1993)Rouen (1996-1999)Saint-Brieuc (1994-1997)Saint-Étienne (1995-1996)Saint-Étienne (2001)

Sées (1997-1998)Sées (2014-2015)Sens-Auxerre (1998-1999)Soissons (1989-1991)Soissons (1995-1999)Strasbourg (1999-2001)Strasbourg (2005)Toulon (1996-1997)Toulon (2005-2006)Tours (2003)Tours (2008-2009)Troyes (1986-1990)Troyes (2000-2002)Tulle (2010-2011)Versailles (1988-1991)Versailles (2003-2004)Vienne (1989-1991)[*]

Viviers (1997-2001)Viviers (2007-2008)

n PARASYNODES DEPUIS 1983 (95)

Il est très difficile de proposer une liste exhaustive et indiscutable des démarches diocésaines pouvant être qualifiées de parasynodes. Le choix ici est de poser un cadre assez large de compréhension de ces processus,caractérisés par une synodalité de type événementiel ou ponctuel (par différence avec les conseils stables et pérennes). Cette liste est donc susceptible de contestations légitimes.

[*] Zone interdiocésaine, comprenant des secteurs des diocèses de Grenoble, Lyon et Saint-Étienne.

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SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

n BARNÉRIAS DOMINIQUE

n La paroisse en mouvement. L’apport des synodesdiocésains français de 1983 à 2004, DDB, coll. «Thèse à l’Université 19», Paris, 2011.

n BORRAS ALPHONSE

n «Trois expressions de la synodalité depuis Vatican II», dans Ephemerides Theologicae Lovanienses, vol. 90 n° 4, 2014, p. 643-666.

n «La synodalité du peuple de Dieu», dans Prêtres diocésains, n° 1337/1338, 1996, p. 263-280.

n COLIN DE VERDIÈRE CHANTAL

n «État des lieux des synodes diocésains en France», Paris, Documents Épiscopat, n° 18/1994.

n HÉBRARD MONIQUE

n Révolution tranquille chez les catholiques. Voyage au pays des synodes diocésains, Archives de sciences sociales des religions, n° 68/2, Paris, Éd. du CNRS, 1989, p. 254-255.

n JOIN-LAMBERT ARNAUD

n Les liturgies des synodes diocésains français 1983-1999, Paris, Cerf, coll. «Liturgie 15», 2004.

n MONCEAU HENRI [e.a.]n Les synodes diocésains, Paris, DDB, 1994.

n PALARD JACQUES (éd.)n Le gouvernement de l’Église catholique.Synodes et exercice du pouvoir, Paris, Cerf, 1997.

n PASSICOS JEAN

n «Le synode diocésain dans l’histoire et dans le code. Le retour du Synode diocésain : un épiphénomène?» dans Revue de l’Institutcatholique de Paris, vol. 31, 1989, p. 3-16.

n ROUTHIER GILLES

n Le synode diocésain. Le comprendre, le vivre, le célébrer, Montréal, Novalis, 1996.

n TRICHET LOUIS

n Le synode diocésain, Paris, 1992, repris sous le titre Les synodes en France aux XIXe

et XXe siècles. Des atouts et des ambiguïtés,Cerf/Fides, coll. «Bref» 42, 2005.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVEOn trouvera des indications d’articles ou d’ouvrages sur certains diocèses français dans le document en ligne :

Synodes diocésains, « parasynodes » et conciles particuliers dans l’Église catholique depuis le concile Vatican II.

Disponible sur Internet :http://www.pastoralis.org/ Accueil >> SÉRIE DOCUMENTS >> DOCUMENTS n° 3 Les synodes diocésains, « parasynodes » et conciles particuliers dans l’Église catholique depuis le concile Vatican II. Liste, bibliographie, ressources (Éd. A. Join-Lambert)Les synodes, 100, 6e éd., 2016, (coll. « Cahiers internationaux de théologie pratique », p. 11-22).

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Paris, DDB, coll. "Thèses..." n° 19, 2011.
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Liturgie" n° 15,
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" n° 42,
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diocésains, Paris, Centurion, 1989.
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N° 5 – 2016 DOCUMENTS ÉPISCOPAT

SYNODES ET CONCILE EN FRANCE – BILAN ET PERSPECTIVES

ARTICLES DE ARNAUD JOIN-LAMBERT

n «Les Actes synodaux comme expression d’un style ecclésiologique», dans JOSEPH FAMERÉE (dir.), Vatican II comme style. L’herméneutique théologique du Concile, Paris, 2012, Cerf, coll. «Unam sanctam»nouvelle série 4, p. 187-224.

n «Les processus synodaux depuis le concileVatican II : une double expérience de l’Égliseet de l’Esprit Saint», dans Cristianesimo nella storia 32, n° 3, 2011, p. 1137-1178.

n «Urgence et enjeux de la présence de l’Église sur internet. Une réflexion à partir de quatre synodes diocésains en cours», dans Prêtres diocésains, n° 1428, 2006/1, p. 25-39 [Évry, Luçon, Mende et Nevers].

n «Synodes diocésains et “nouvelles paroisses”en France», dans La Maison-Dieu, n° 223, 2000, p. 9-28.

n «Les synodes diocésains français et leurs Actes (1983-1997). Questions posées aux canonistes», dans Revue de Droit canonique, vol. 49, 1999, p. 351-374.

n «Les références bibliques des synodes diocésains», dans Revue des Sciences philosophiques et théologiques, vol. 83, 1999, p. 527-539.

Ces articles peuvent être obtenus par mail sur demande à : [email protected]

50

TABLE

DES

MATI

ÈRES

PRÉFACE

MGR LAURENT ULTICH, archevêque de Lille

INTRODUCTION

ÉGLISE SYNODALE ÉGLISE DE L’ÉCOUTE

PREMIÈRE PARTIE

UNE HISTOIRE CONCILIAIRE ET SYNODALE HOMOGÈNE

JUSQU’AU XXe SIÈCLE

� DE L’ANTIQUITÉ AU CODE DE DROIT CANONIQUE DE 1917

� DU CODE DE DROIT CANONIQUE DE 1917 AU CONCILE VATICAN II

� L’UPDATE ECCLÉSIOLOGIQUE DU CONCILE VATICAN II

DEUXIÈME PARTIE

LES SYNODES DIOCÉSAINS EN FRANCE

MÉTROPOLITAINE DEPUIS 1983

� VUE D’ENSEMBLE

� DES PROCESSUS EN PLUSIEURS ÉTAPES

� ET NON PLUS DES RASSEMBLEMENTS ISOLÉS

� DES SYNODES REMARQUÉS, POUR EN TIRER DES ENSEIGNEMENTS

� AUJOURD’HUI

� LA SYNODALITÉ DANS D’AUTRES DÉMARCHES DIOCÉSAINES

SYNODESET CONCILE EN FRANCEBILAN ET PERSPECTIVES

TROISIÈME PARTIE

QUATRE CRITIQUES MAJEURES À ENTENDRE

POUR «RÉUSSIR» UN SYNODE DIOCÉSAIN

� LA «LOURDEUR» DES SYNODES

� DES «USINES À GAZ»?

� IL EST INUTILE DE FAIRE UN «VRAI» SYNODE (CANONIQUE)

� LA RÉCEPTION EST TROP DIFFICILE : «UNE ÉGLISE À DEUX VITESSES»

QUATRIÈME PARTIE

LE CONCILE PROVINCIAL COMME CHEMIN D’AVENIR ?

� UNE INSTITUTION RENOUVELÉE MAIS EN JACHÈRE

� POURQUOI CÉLÉBRER UN CONCILE PROVINCIAL ?

� BILAN ET AVENIR

CONCLUSION

CAP VERS UNE «ÉGLISE SYNODALE» DÉJÀ LÀ

ET PAS ENCORE RÉALISÉE

ANNEXES

� SYNODES ET PARASYNODES CÉLÉBRÉS EN FRANCE

� MÉTROPOLITAINE DEPUIS VATICAN II

� BRÈVE BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

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N° 1 SITUATION DES ÉGLISES ORIENTALES CATHOLIQUESMGR PASCAL GOLLNISCH

Saisir les spécificités des chrétiens d’Orient à travers leur histoire, leurs rites…N° 2 DANS LE SILLAGE DU CARDINAL MARTY ET DU CONCILE VATICAN IIMGR FRANÇOIS FONLUPTRetour sur le concile Vatican II que le cardinal François Marty vivra intégralement.N° 3 PROMOUVOIR LA VIE COMME VOCATION ET TOUTES LES VOCATIONSMGR NICOLAS SOUCHURappeler le sens de l’engagement des jeunes dans l’Église et dans la société…N° 4 POUR UNE PRIÈRE COMMUNE AUX ANGLICANS ET AUX CATHOLIQUESCOMITÉ MIXTE ANGLICAN-CATHOLIQUE EN FRANCE

Le Comité valorise et encourage la célébration commune…N° 5 À LA SUITE DE SAINT JEAN EUDESMGR LUC CRÉPYCe saint a invité les femmes à prendre pleinement part à la vie de l’Église…N° 6 LES COMMUNAUTÉS CATHOLIQUES FRANCOPHONESPÈRE MICHEL CLÉMENCIN

Mise en lumière des communautés catholiques francophones.N° 7 LES CATHOLIQUES DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE CONTEMPORAINEMGR ÉRIC DE MOULINS-BEAUFORTLecture des faits de société : un défi pour les fidèles laïcs et les ministres ordonnés…N° 8 SE PRÉPARER À ÊTRE PRÊTRES : PASTEURS ET ÉVANGÉLISATEURSCARDINAL STELLAPèlerinage commun des évêques et des séminaristes de France, à Lourdes.N° 9 L’ÉGLISE ET LES RELIGIONS DU MONDEMGR MICHEL DUBOST

50 ans de Nostra Aetate ! N° 10 JEUNES EN MONDE POPULAIREMGR DENIS MOUTEL

Un défi urgent pour l’Église ! N° 11 LA JOIE DE LA MISÉRICORDE / CONGRÈS NATIONALMGR ALBERT-MARIE DE MONTLÉON

La grande diversité de l’Église miséricordieuse… N° 12 SAINTS LOUIS ET ZÉLIE MARTINPÈRE THIERRY HÉNAULT-MOREL

La canonisation des époux Martin : un couple pour notre temps.

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La présence et l’attrait exercés par les diverses traditions bouddhistes en France sur un grand nombre de personnesqui, pour beaucoup, ont grandi dans un environnementchrétien, voire pratiquent la foi chrétienne, suscitent denombreuses questions pastorales et théologiques.

« Réenchanter l’École » est une contribution stimulante au discernement à mener pour redonner du souffle à l’école. Ce projet, dans les années à venir, mobilisera les acteurs engagés des communautés éducatives de l’école catholique.

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L’Évangile ne peut pas se frayer son chemin s’ il ignore la culture de celui à qui il s’adresse ; car personne ne se développe hors d’une culture donnée. Pour autant, la culture, tout en étant vecteur de la transmission de l’Évangile est aussi sujette à l’évangélisation.

L’Observatoire des nouvelles croyances a souhaité, dans une démarche dialogale, aller à la rencontre de ces femmes et de ces hommes en recherche. Au terme d’une écoute attentive, ce nouveau rapport qui doit permettre de nourrir les débats, tente de dresser le profil de ces chercheurs spirituels.

N° 1 IMPACT DU BOUDDHISME SUR LA VIE DES CHRÉTIENS EN FRANCEVERS UNE PASTORALE ADAPTÉEM. DENNIS GIRA et FR. THIERRY-MARIE COURAU, o.p.

N° 2 RÉENCHANTER L’ÉCOLEUN HORIZON PARTAGÉ POUR L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUEM. PASCAL BALMAND

N° 3 FOI ET CULTURES, UNE RELATION VITALELA CATHOLICITÉ DE L’ÉGLISE À L’ÉPREUVE DES MIGRANTSP. LORENZO PRENCIPE, c.s.

N° 4 LES CHERCHEURS SPIRITUELSUNE RÉALITÉ QUI SUSCITE DE NOUVELLESQUESTIONS PASTORALESPHILIPPE LE VALLOIS

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© Édité par le Secrétariat général de la Conférence des évêques de France, 58 avenue de Breteuil, 75007 ParisDirecteur de la publication MGR OLIVIER RIBADEAU DUMAS, secrétaire général de la Conférence des évêques de FranceComité éditorial P. EMMANUEL COQUET, P. GÉRARD LE STANG, M. VINCENT NEYMON, P. PIERRE-YVES PECQUEUXÉdition Secrétariat de rédaction : ANNIE DEDIEU I Conception graphique : SAMUEL TORNÉRO I Révision : LAURENCE VITOUX

Impression Saxoprint EURL, 23 rue Augustin Fresnel, 37170 Chambray-les-Tours

Diffusion Service publication de la CEF I Vente au numéro : tél. 01 72 36 68 52, fax : 01 73 72 96 01, e-mail : [email protected]

Vente en ligne : http://publications.cef.fr I Site internet : www.eglise.catholique.fr I Routage : SER

ISSN 1257-2047 I Dépôt légal à parution : mai 2016

SYNODES ET CONCILE EN FRANCEBILAN ET PERSPECTIVES

La synodalité est une richesse de la vie ecclésiale et « Il est dans

la nature de l’Église d’être synodale. » Ce document présente

les synodes diocésains français depuis le Concile, en y associant

les assemblées diocésaines. Des pistes de réf lexion et de travail

sont présentées ici pour aider à la mise en œuvre optimale

d’une pratique synodale aujourd’hui. Les enseignements de cette

étude sont extrêmement pertinents pour l’avenir des pratiques

ecclésiales…

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