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Edité par Marc-Olivier Gonseth, Julien Glauser, Grégoire Mayor et Audrey Doyen Musée d’ethnographie, Neuchâtel · Suisse IMAGINE JAPAN

Tokyo, paysages d'une ville

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Edité par Marc-Olivier Gonseth, Julien Glauser, Grégoire Mayor et Audrey DoyenMusée d’ethnographie, Neuchâtel · Suisse

IMAGINEJAPAN

Imagine Japan

sous la direction de Marc-Olivier Gonseth, Julien Glauser, Grégoire Mayor et Audrey Doyen

Exposition 20.06.2014 - 19.04.2015

SOMMAIRE

IMAGINE JAPAN

Imaginer le JaponMarc-Olivier GONSETH

LA MISSION D’AIMÉ HUMBERT

Les circonstances politiques japonaises en!1864, année!de ratification!du!Traité!d’amitié!et de commerce nippo-suisseHOYA Toru

L’effet d’un regard: Aimé!Humbert!et!Le!Japon!IllustréLaurent TISSOT

Les Tokugawa et la SuissePhilippe A. F. NEESER

François Perregaux, premier horloger suisse établi au JaponAriane MARADAN

LA COLLECTE D’AIMÉ HUMBERT

Les documents illustrés de la collection Humbert: classification du corpus selon les!sources et catalogue des livres imprimésFUJIWARA Shigeo

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Les publications accompagnant l’exposition Imagine Japan ont été réalisées avec le soutien de La Loterie Romande, de la Société des amis du Musée d’ethnographie (SAMEN) et de la Fondation Fridel et Witold Grünbaum

Rédaction textes : Philippe Dallais, Audrey Doyen, Julien Glauser, Marc-Olivier Gonseth, et légendes Yann!Laville, Samia Lorrain, Grégoire Mayor, Maude Payette

avec la collaboration d’Alexis Chaloupka (Animer le Japon) Relecture : Kaori Tahara, Bernard Knodel Traduction : Elaine Sheerin, transit-txt Couverture : Nicolas Sjöstedt et collectif MEN; calligraphie: Atsushi Nojima, Altdorf Photographie : Alain Germond, © MEN, sauf mention contraire Concept graphique : Nicolas Sjöstedt et Jérôme Brandt Mise en pages : Atelier PréTexte Neuchâtel Impression : Imprimerie Messeiller SA, Neuchâtel

Tous droits réservés

© 2015 by Musée d’ethnographie 4, rue Saint-Nicolas CH-2000 Neuchâtel / Switzerland

Tél: +41 (0)32 717 8560 Fax: +41 (0)32 717 8569 [email protected] www.men.ch

ISBN 978-2-88078-040-1

Les photographies du fonds Aimé Humbert ont été restaurées grâce au soutien de MEMORIAV, Association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse.

GRAVER LE JAPON

D’imaginaire en imaginaire: la composition des gravures du Japon illustréAudrey DOYEN, Samia LORRAIN et Grégoire MAYOR

Les représentations de la ville d’Edo dans!Le!Japon!illustré!d’Aimé!Humbert!(1870)Véronique BÉRANGER

La jeune fille sacrifiée sous le toit: étude!d’un!rituel!de!passage des!frontièresAgnès GIARD

ANIMER LE JAPON

Le récit d’Aimé Humbert et l’animation nippone: regards!croisésAlexis CHALOUPKA

PRATIQUER LE JAPON

Tokyo, paysages d’une villeJulien GLAUSER

Le Japon illustré d’Aimé Humbert: effet!Dom-ino ?Irène VOGEL CHEVROULET

La diplomatie culturelle japonaise et les fabriques d’imaginaires: soft!power,!nation branding et cool JapanDavid JAVET

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Imagine Japan | Tokyo, paysages d’une ville 317316 Imagine Japan | Julien Glauser

GLAUSER Julien. 2015. «Tokyo, paysages d’une ville»,

in: GoLM (éds.), Imagine Japan, pp. 316-321. Neuchâtel:!Musée!d’ethnographie.

Julien GLAUSER

du juste universels.» Dorénavant pour l’Occident l’être humain devient la mesure autonome du monde et permet de rendre compte de la «nature objectivée». (Idem: 30) Cette vision centrée sur l’individu va influencer les intellectuels japonais à partir de l’ère Meiji (1868-1912). Pour désigner un paysage, le terme fûkei remplace progressivement celui de sansui, issue de la tradition chinoise, correspondant au changement de paradigme importé de la modernité occidentale. «Ce regard implique un rapport au monde induit par les lois de la perspective et par la dichotomie expérience intérieure/monde extérieur.» (Berque!1993: 63) Avec ces chan-gements conceptuels, apparaît un nouveau vocabulaire dont le terme fûkeiga pour désigner la «peinture de paysage» qui se différencie des termes anciens de sansuiga (ou senzuiga): «les Japonais ont éprouvé le besoin de distinguer cette tradition de celle qu’ils apprenaient de l’Occident. Ce problème n’est pas seulement lexical; il est proprement paysager, c’est-à-dire qu’il engage toute une relation au monde.» (Berque!1995: 73-74) A travers la peinture issue des techniques importées d’Europe après l’ouverture du pays au milieu du XIXe!siècle, le paysage nippon se rapproche des standards européens.Les estampes ukiyo-e continuent toutefois de suivre des canons esthétiques qui leur sont propres, avec leur déclinaison de vues archétypales, les meisho!1, et les références à des éléments de la nature mythique (vues du mont Fuji,…). Issue de la seconde moitié du XVIIe!siècle, cette forme artistique naît en milieu urbain et se développe surtout à travers des scènes de genre et des portraits idéalisés d’acteurs de kabuki, sujets de prédilection jusqu’au début du XIXe!siècle.

Au cours du XIXe!siècle, à partir précisément des années!1830, l’éclosion du paysage dans l’art de la xylographie constitua un fait esthétique majeur, dont l’occurrence, tellement nette et précisément datée, ne saurait s’expliquer par un seul facteur. De fait deux artistes hors du commun, Hokusai Katsushika (1740-1849) et Utagawa Hiroshige (1797-1858), fondateurs de l’estampe paysagée autour de 1830, créateurs d’emblée des chefs-d’œuvre appelés à une postérité et à une célébrité quasi universelle, traversèrent à ce moment précis le cours de l’histoire de l’ukiyo-e, en bouleversant, en deux décennies seulement, la logique et les critères d’appréciation. (Bayou!2010: 205)

Si cet art de l’estampe prend la nature comme sujet, c’est surtout en rapport à l’activité humaine, aux déplacements, aux voyages à travers le pays qui offrent des vues remarquables. Il en découle un engouement pour les paysages urbains!2 qui s’ouvrent rapidement sur Kyoto et Edo.

Alors qu’Edo compte au début du XIXe!siècle plus d’un million d’habitants, figurant parmi les métropoles les plus peuplées du monde, une politique d’aménagement de ces territoires urbains avait contribué dès le XVIIIe!siècle à en faire les nouveaux lieux du divertissement et de la jouissance esthétique, au-delà donc des enceintes des quartiers réservés. Ainsi, de nombreux parcs sont-ils aménagés à Edo sous le règne de Yoshimune (1716-1745), tels Asukayama ou Gotenyama, et les berges des rivières plantées de cerisiers (Sumidagawa, Tamagawa). Se dessine à Edo comme à Kyoto une cartographie du diver-tissement, chacun de ces lieux étant associé à l’expérimentation d’un phénomène saisonnier singulier. C’est essentiellement de cette cartographie du sensible que rend compte Hiroshige à travers ses suites de lieux célèbres. (Bayou!2010: 215-216)

1 Ces «lieux célèbres» ou «paysages remarquables» naissent dans les journaux intimes des aristocrates de Kyoto au XVe!siècle et instaurent tout un système représentatif.

2 A propos du mot «paysage urbain» en français, Thierry Paquot écrit que: «[v]oir la ville, s’intéresser à son environ-nement urbain est relativement récent, les premiers à le faire sont les partisans de la grande ville, comme Voltaire et Mercier, puis viendront les romanciers et les poètes du XIXe!siècle, on peut même considérer que l’héroïne de cette abondante littérature est la ville.» (Paquot!1999: 159) C’est à la littérature, notamment dans le roman de Georges Rodenbach intitulé Bruges-la-Morte (1892) que le vocable apparaît en premier et suit les descriptions de villes qui éclosent déjà dans les romans depuis le siècle précédant avec Louis Sébastien Mercier et Le Tableau de Paris ou encore avec les œuvres de Victor Hugo, des Goncourt, de Zola. (Chenet-Faugeras 1994; Paquot 1999)

Les images ont des fonctions sociales: il y a des images conservatrices et des images utopiques. Les images de la ville, quand elles sont une réalité collective, jouent un rôle dans les pratiques à travers lesquelles la ville se forme, change, évolue ou se maintient, se cristallise, persévère dans son être. (Ledrut!1973: 29)

«Les Japonais ont un sentiment très-vif de la beauté de leur pays. Il n’est, pour ainsi dire, pas un site pittoresque qu’ils n’aiment à signaler à l’attention publique en y élevant une chapelle, un tori, une maison de thé, un pavillon, un reposoir quelconque. Nulle part le voyageur n’est aussi fréquemment sollicité à s’arrêter en route, à se délasser de ses fatigues sous quelque toit hospitalier ou sous de frais ombrages, à se laisser aller aux molles séductions d’un gracieux paysage; en un mot, à oublier la fuite des heures et les soucis du chemin.» (Humbert 1870/I: 213-214) Aimé Humbert souligne ici l’intérêt manifesté au Japon pour la contemplation de certains paysages, au point de développer toute une économie et des systèmes de représen-tation. Afin de préparer Le Japon Illustré, il collecte une grande quantité d’images dont une partie présente ces points de vue sur la nature et la ville. La construction des visuels japonais et leur transformation pour un public francophone par les graveurs parisiens démontrent de manière prégnante que les représentations paysagères prennent des formes particulières suivant les milieux qui les ont vus naître et qui les portent. Les schèmes visuels du Japon sont transformés, les perspectives modifiées, les vues sont ramenées à hauteur d’yeux afin de rendre les gravures intelligibles pour les lecteurs européens. Ces vues renvoient au vécu personnel de celui ou celle qui les regarde; la notion de paysage réunit en un seul vocable l’image, la nature et pose la question ontologique de l’Être, induisant ainsi un versant «écolo-gique et symbolique». (Berque!1995: 33)Sous l’influence de la Chine, la notion de paysage se développe au Japon dès le XIIe!siècle, suivant les canons importés de la poésie, de la peinture sur paravent, de l’art des jardins… Les regards ainsi formés identifient les points de vue et les tropes paysagers. «Pour savoir se promener sur une montagne, il faut avoir dans l’âme et dans les yeux les schèmes esthétiques d’une certaine raison paysagère.» (Berque!1995: 87)Si une tradition de représentation s’institue, elle diffère de ce qui est produit en Europe sur le plan symbolique et philosophique où, selon les mots de Bernard Feltz (2006: 29), «la modernité est la sortie du Moyen Age qui se caractérise par la prise de conscience progressive que l’être humain, par l’usage de la raison, est capable d’un accès au bien et d’une gestion juste de la cité. On parle dès lors du primat de la subjectivité, en ce sens que l’humain, en tant qu’être rationnel, devient la référence ultime pour une conception du vrai, du bien et

TOKYO, PAYSAGES D’UNE VILLE

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Imagine Japan | Tokyo, paysages d’une ville 319318 Imagine Japan | Julien Glauser

Dans la suite de catastrophes qui ont touché le Japon et Tokyo au cours des XXe et XXIe!siècles, quels souvenirs persistent ? Quelques vestiges architecturaux peut-être, mais surtout une organisation viaire, des parcs et des toponymes, le tracé des rivières, celles qui n’ont pas été comblées, les emplacements des temples et un grand nombre de récits qui donnent corps aux lieux dans une vision historique de l’urbain tokyoïte. Les grandes artères, les chemins de crête, étaient orientés d’est en ouest, le seul qui courait du nord au sud, le Nakasendô, traverse encore le quartier de Hongô. Ainsi un grand nombre de rues laissait voir le mont Fuji, donnant une orientation particulière à la ville et influençant fortement les représentations picturales de celle-ci (Jinnai!1995). Le monde des estampes marque un type particulier de regard sur Edo, l’angle de vue est généralement surélevé, à vol d’oiseau, il montre à l’arrière-plan un repère, un élément symbolique de la conception de la ville, dans un foisonnement de détails. Augustin Berque précise que: «après tout, les meisho (sites fameux) valent souvent par une évocation historique ou mythique, plus que par leur morphologie… Chose que précise le paysagiste Nakamura Yoshio, en opposant le “paysage sociable” de la tradition au “paysage contemporain solitaire”, inspiré de l’Occident romantique, et en montrant que, dans la culture japonaise, l’appréciation des beaux sites, tels à Edo les abords du temple Tomioka Hachiman, est indissociable du commerce humain: échanges de poèmes, banquets, cérémonies du thé…» (1993: 31)Se pose alors la question au Japon de ce qu’est un «beau paysage urbain»: «ceux qui étaient en charge de ce problème étaient fort embarrassés pour établir un critère consensuel de beauté urbaine. Ils en ont beaucoup discuté, ne parvenant pas à formuler de conclusion nécessaire pour une pratique réglementaire. Les discussions de ce débat, qu’on peut lire dans des revues parues vers 1935, demeuraient très générales et abstraites. […] En réalité, l’expression “secteur de beau paysage” (bikan chiku), désignait uniquement ces nouveaux quartiers de Tokyo et Osaka, qui matérialisaient cette idée.» (Adachi et Bonnin!1999: 28). Depuis la restauration de Meiji, les symboles architecturaux de prestige se développent dans les grandes villes, réunis dans certains quartiers, vitrines de la «modernité» urbaine. A l’instar des capitales du monde, cette volonté de créer une architecture prestigieuse se perpétue: la mairie de Tokyo conçue par Tange Kenzô, par exemple, est devenue emblématique du quartier de Shinjuku et nombre d’entreprises internationales tablent sur des réalisations architecturales avant-gardistes pour se créer de la visibilité (Audi, Dior, Channel, Prada…), à travers la répu-tation de bureaux d’architectes de renom. Malgré les changements de forme, l’organisation des lieux et une certaine conception de l’espace suivent des influences historiques locales et d’autres internationales. L’urbain tokyoïte a ainsi évolué grâce à ses repères, réinterprétés et reconfigurés au fil des reconstructions qui ont accompagné l’établissement de l’Etat nation japonais, conférant à la capitale une configuration qui lui est propre.Dans son article sur la représentativité du Tokyo contemporain par la photographie, Tsuchiya Shinichi envisage deux manières de voir la ville. Une première comme l’a fait le photographe Shinoyama Kishin, par le haut, installé dans un hélicoptère équipé d’un appareil photogra-phique conçu pour des prises de vues panoramiques. Ces vues ont suggéré à l’auteur la réflexion suivante: «Tokyo est […] à tout point de vue comme une amibe géante, grignotant le sol et s’épanchant en direction du mont Fuji. Elle est particulièrement informe, il n’y a ni symbole ni cœur.» (Tsuchiya 2007: 112). La seconde est la plus répandue: elle s’organise de manière thématique, par petits morceaux, par quartiers, par sujets, instaurée par le rapport d’échelle entre le corps du photographe et l’étendue urbaine. Le premier processus basé sur des moyens techniques importants permet d’atteindre une certaine unité, de représenter la ville dans son ensemble, mais au prix d’un rapport désincarné entre le photographe et son image. C’est New York vu de haut par Michel de Certeau (1990: 139). Roman Cybriwsky insiste sur l’absence de vieux quartiers conservés et, surtout pour les visiteurs étrangers, du manque de repères (landmarks) propres à la capitale (1998). La tour de Tokyo, élément

La taille de la capitale shogunale, ses aménagements remarquables et son effervescence n’échappent pas Aimé Humbert qui accorde, dans son ouvrage, une large place à la descrip-tion de ses quartiers.

L’immensité de la capitale japonaise cause une étrange sensation. L’imagination, aussi bien que la vue, se fatigue à planer sur cette agglomération sans bornes de demeures humaines, toutes marquées, petites ou grandes, d’un même cachet d’uniformité. Nos vieilles cités d’Europe ont chacune leur physionomie propre, fortement accentuée par des monuments de divers âges, unissant à de grands effets artistiques le charme austère des anciens souvenirs. A Yédo [Edo], tout est de la même époque et du même style; tout repose sur un seul fait, sur une seule donnée politique, la fondation de la dynastie des Taïkouns [Shogun]. Yédo est une ville toute moderne, qui semble attendre son histoire et ses monuments. (Humbert 1870/I: 356)

L’art de l’estampe ou ukiyo-e fut largement diffusé par de nombreux tirages qui complètent les divers recueils illustrés sur les lieux-dits, les meisho-zue. Le paysage que créent ces xylo-graphies suit les changements de symboles issus de la capitale, liés à restauration du pouvoir impérial en 1868: elles deviennent alors les estampes dites de Meiji. Celles-ci changent par leur esthétique aux couleurs vives, parfois criardes et représentent fréquemment les trans-formations urbaines et sociétales en cours. Suite à l’ouverture du port-comptoir proche de la capitale, les estampes de Yokohama illustrent l’arrivée des étrangers. Leur tirage augmente rapidement et elles sont abondamment vendues à Tokyo où l’introduction de la modernisa-tion occidentale fascine. Ces représentations sont inspirées des nouveautés d’importation, des voyageurs venant de l’étranger et des images qu’ils apportent. Les estampes de la capitale, également très prisées, présentent volontiers les premiers bâtiments «à l’Occiden-tale», notamment le quartier de Ginza, vitrine de l’architecture importée et symbole affiché de l’introduction de la modernité imposée. Représentant une nouveauté marquante et qui soulève la polémique, les moyens de transport sont également un sujet largement illustré. Les trains sont bien évidemment à l’honneur avec la première ligne qui relie Yokohama au quartier tokyoïte de Shinagawa en juin!1872, prolongée jusqu’au quartier de Shinbashi en automne de la même année. (Meech-Pekarik!1986)Ces illustrations qui s’attachent aux changements urbains montrent l’avènement de Tokyo, nouvelle capitale impériale et politique, à travers le système de représentatif hérité d’Edo et de ses estampes. A ces xylographies, s’ajoutent encore les photographies qui dès leurs débuts se tournent vers la ville, ses rues, ses parcs et ses jardins; de ces deux systèmes de représen-tations qui dialoguent naissent de nouvelles images. Les photographies anciennes laissent voir des lieux qui servent à relier le passé au présent en supplantant la matérialité des traces historiques. Dans cette ville maintes fois détruite, l’aura plus que le reste importe: l’idée des lieux l’emporte sur la pierre ou le bois séculaire. Comme l’était Edo, Tokyo est définie par la mise en lien de meisho qui créent autant de réseaux et d’itinéraires (Jinnai!1987, 1995).

«C’est, par exemple, ce qu’exprime Jean Bel lorsqu’il écrit que, dans la sensibilité des citadins nippons, “l’urbain est coupé de l’esthétique”, ou Fujimori Terunobu lorsqu’il note que, pour les habitants de Tokyo, la ville est un “espace”, c’est-à-dire un tissu de relations, et non pas une collection d’objets telle qu’il peut s’en présenter à l’œil d’un observateur étranger, martien par exemple. De même encore Okuno Takeo lorsqu’il note que, si les descriptions de paysages urbains sont si rares dans la littérature japonaise, contemporaine, c’est qu’il n’y a là rien à dépeindre: d’un côté c’est l’uniformité de l’objet qui ne le mérite pas, de l’autre c’est le sujet (le lecteur) qui n’en a cure, parce qu’il connaît trop bien ces villes pour attendre qu’on les lui décrive: c’est un paysage qui “va de soi”. De même, enfin, Narumi Kunihiro lorsque, au terme d’une enquête sur la perception que les habitants d’Osaka ont de leur envi-ronnement, il place le “paysage à vivre” (ikiru keikan) au-dessus du “paysage à voir” (miru keikan).» (Berque!1993: 65)

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Imagine Japan | Tokyo, paysages d’une ville 321320 Imagine Japan | Julien Glauser

citadins aux heures de pointe, dont il fait ressortir des individus, des visages, un regard, un rictus, il crée des paysages vécus ou vivants de l’urbain japonais. D’une manière similaire, par ses cadrages faits avec de longues focales, il isole des lieux, jouant avec la perspective et des vues à vol d’oiseau, qui rappellent les estampes de la capitale. Fissures parmi d’autres, les travaux d’Olivier Christinat, donnent à voir le microcosme, le quotidien, l’ordinaire qui plus que l’exceptionnel rendent des parties de la vie.

Bibliographie

ADACHI Fujio et Philippe BONNIN. 1999. «Un aspect de la pensée japonaise sur le paysage urbain moderne». Géographie et cultures (Paris) 29: 25-38.

BAYOU Hélène. 2010. «Naissance de l’estampe de paysage», in: DESROCHES Jean-Paul, éd. Kyoto-Tokyo: des samouraïs aux mangas. Paris: Xavier Barral, pp.!204-225.

BEL Jean. 1980. L’espace dans la société urbaine japonaise. [S.l.]: Publications orientalistes de France.BÉRANGER Veronique. 2002. «Les recueils illustrés de lieux célèbres (meisho zue), objets de collections: leur réception

dans les milieux de la Société des études japonaises à travers l’exemple de la collection d’Auguste Lesouëf (1829-1906)». Ebisu (Tokyo) 29: 81-113.

BERQUE Augustin. 1993. Du geste à la cité: formes urbaines et lien social au Japon. Paris: Gallimard. 1995. Les raisons du paysage: de la Chine antique aux environnements de synthèse. Paris: Hazan.CERTEAU Michel, de. 1990 [1980]. L’invention du quotidien!1: arts de faire. Paris: Gallimard.CHENET-FAUGERAS Françoise. 1994. «L’invention du paysage urbain». Romantisme (Paris) 83: 27-38.CYBRIWSKY Roman. 1998. Tokyo: The Shogun’s City at the Twenty-First Century. Chichester; New York: J. Wiley.FIÉVÉ Nicolas. 2003. «Kyoto’s famous places: collective memory and monuments in the Tokugawa period», in: FIÉVÉ

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VARONE, éds. Le paysage à la croisée des regards. Bruxelles: La lettre volée, pp.!17-34.JINNAI Hidenobu. 1987. Ethnic Tokyo. Tokyo: Process Architecture Publishing Company. 1995. Tokyo: a spatial anthropology. Berkeley: University of California Press.MEECH-PEKARIK Julia. 1986. The world of the Meiji print: impressions of a new civilization. New York; Tokyo: John

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aspects de la ville japonaise», in: BERRY-CHIKHAOUI Isabelle, Agnès DEBOULET et Laurence ROULLEAU-BERGER, éds. Villes internationales: entre tensions et réactions des habitants. Paris: La Découverte, pp.!83-101.

architectural le plus représenté sur cartes postales selon l’auteur, rappelle la tour Eiffel et les autres marqueurs territoriaux ne lui semblent pas emblématiques de cette urbanité. Il soulève encore deux points importants: l’utilisation d’images archétypales qui réifient l’idée d’un lieu et le développement de stéréotypes visuels divers qui correspondent à des attentes multiples. Ainsi, les amateurs du vieux Japon connaissent les grands temples et les jardins, les jeunesses exubérantes fascinent un autre public et, comme les punks sont un symbole londonien, proposent une vision en décalage. Plus concrètement, des lieux surgissent de cette multiplicité sémantique: le carrefour en face de la gare de Shibuya, avec ses flots de piétons est un acteur des plus courus dans les films de réalisateurs étrangers sur Tokyo (Lost in translation!2004, Babel!2006,…) et ceci malgré les difficultés pour obtenir des autorisations d’y filmer!3. «Tôkyô, une ville “globale” ? La cinéaste [Sophia Coppola] pointe avec sensibi-lité, avec ironie aussi, le décalage qui existe entre la ville globale, dans le sens où l’entend Saskia Sassen, et l’urbanité tokyoïte telle qu’elle se donne à vivre.» (Yatabe!2007: 83). Puis l’auteur ajoute à propos de Lost in Translation que «ce qui déroute, ce que la traduction elle-même n’arrive pas à rendre explicite, ce qui entre malgré tout — mondialisation oblige — en résonance avec ce qui se passe en Europe, aux Etats-Unis ou ailleurs, est à trouver dans les inflexions japonaises, cristallisées dans l’immense Tokyo, d’un processus de modernisation qui touche peu ou prou toutes les sociétés à travers le monde.» (Yatabe!2007: 84). Cette production s’adresse ainsi à des publics divers qui peuvent y découvrir différents éléments qui lui sont sympathiques et où la ville se livre en filigrane à travers des détails, ces «fissures» dont parle Tsuchiya Shinichi (2007).

«La ville et la photographie conviennent l’une à l’autre. Peut-être même pourrait-on aller jusqu’à dire qu’elles se contiennent l’une l’autre: la ville est toujours dans la photo comme la photo, tout d’abord, devait naître dans la ville. A la ville, en effet, appartient l’existence multiple, mobile, instantanée que la photographie traque et surprend de préférence.» (Nancy!2010: 9)

La ville apparaît ainsi comme un acteur à part entière, elle n’est pas un simple objet de l’en-tendement. Cette vision diffère des plans des urbanistes ou des géographes, outils concep-tuels pour anticiper ce qui pourrait advenir ou pour analyser une situation donnée. Depuis que les systèmes photographiques sont devenus aisément transportables, les photographies se sont insinuées dans tous les recoins de l’urbain pour en relever les fissures (sakeme). Concernant la capitale japonaise, Tsuchiya Shinichi évoque encore les travaux d’Araki Nobuyoshi et de Moriyama Daido, qui creusent cette vision portée sur les détails, jouant sur le sentiment de perte lié à ces moments évanescents. Ces brèches, pour anecdotiques qu’elles puissent paraître, sont le moyen le plus sûr de représenter Tokyo, par l’accumulation des regards qui percent ces divers mondes et luttent contre les présupposés d’uniformisation (2007). Ces exemples ne peuvent donc faire l’impasse sur la conception toute japonaise, liée aux meisho, qui embraye par le visuel sur l’agencement en réseaux de lieux disparates. Ils forment ce qu’Augustin Berque qualifie de «tissu de relations» (1993: 65). Ces relations issues de lieux célèbres s’engagent également dans la photographie depuis ses débuts et servent à traduire cette urbanité spécifique qu’il n’est pas possible, étant donné son étendue et la profusion de référents forts, de réduire à une poignée de vues archétypales: la carte postale. La ville des tokyoïtes se construit sur les espaces vécus dans un rapport topolo-gique, c’est-à-dire dans la mise en commun d’emplacements et indifféremment du rapport de continuité. Cette ou plutôt ces idées de ville se lisent également dans les photographies d’Olivier Christinat, qui cherche à capter des instantanés de foules. A partir des masses de

3 http://www.japantoday.com/category/entertainment-arts/view/filming-in-tokyo et http://metropolis.co.jp/features/feature/made-in-tokyo. [consulté en ligne le 06 février 2015]

Véronique BÉRANGER, chargée des collections japonaises au Département des manuscrits, Bibliothèque!nationale de France, Paris

Alexis CHALOUPKA, historien de l’art, chercheur indépendant, Neuchâtel

Audrey DOYEN, doctorante et assistante à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel et collaboratrice scientifique au Musée d’ethnographie, Neuchâtel

Agnès GIARD, journaliste et écrivain, spécialiste du Japon, Genève

Julien GLAUSER, conservateur-adjoint au Musée d’ethnographie, Neuchâtel

Marc-Olivier GONSETH, conservateur du Musée d’ethnographie, Neuchâtel

FUJIWARA Shigeo, Institut d’histoire, Université de Tokyo

HOYA Toru, Institut d’histoire, Université de Tokyo

David JAVET, doctorant FNS et assistant à la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne, membre du collectif Tchagata games, Lausanne

Samia LORRAIN, muséologue, Paris

Ariane MARADAN, historienne de l’art indépendante et collaboratrice au département Patrimoine de Girard-Perregaux, La Chaux-de-Fonds

Grégoire MAYOR, conservateur-adjoint au Musée d’ethnographie, Neuchâtel

Philippe NEESER, juriste, grand maître de la cérémonie du thé, connaisseur passionné de l’histoire du Japon, Genève

Laurent TISSOT, professeur ordinaire, Institut d’histoire, Université de Neuchâtel

Auteurs Partenariat de la recherche et des manifestations associées à Imagine Japan

Haut patronageDidier BURKHALTER, Président de la Confédération, Chef du Département fédéral des affaires étrangèresS.E. MAEDA Ryuhei, Ambassadeur du Japon en Suisse, BerneS.E. Urs BUCHER, Ambassadeur de Suisse au Japon, Tokyo

PatronageThierry BÉGUIN, ancien Conseiller d’Etat, NeuchâtelJoseph DEISS, ancien Président de la ConfédérationPhilippe NEESER, Président de l’Association d’amitié Genève-ShinagawaJean-Luc NORDMANN, ancien Directeur de I’OFIAMT, Directeur de la fondation F. et W. GrünbaumOffice de Promotion économique de la République et Canton de NeuchâtelJean-Daniel PASCHE, Président de la Fédération de l’industrie horlogère suisseAlain RIBAUX, Conseiller d’Etat, NeuchâtelJean STUDER, Président du Conseil de banque, Banque nationale suisseAssociation Suisse-Japon (section romande)Chambre de commerce Suisse-JaponChambre suisse de commerce et d’industrie au JaponCommission suisse pour l’UNESCOInstitut des études orientales et asiatiques, Université de ZurichJapan Club ZurichRépublique et Canton de NeuchâtelSociété Suisse AsieSociété Suisse-Japon

Comité scientifiqueProf. EBARA Masaharu, Institut d’histoire, Université de TokyoDr. Katharina EPPRECHT, Directrice adjointe, conservatrice de la section art japonais,Prof. HOYA Toru, Institut d’histoire, Université de TokyoMusée Rietberg, ZurichDr. Roger MOTTINI

Prof. Hans Bjarne THOMSEN, Institut d’histoire de l’art, section Asie de l’est, Université de ZurichProf. Laurent TISSOT, Institut d’histoire, Université de Neuchâtel

Partenariats institutionnelsAmbassade de Suisse au JaponArchives de l’Etat de NeuchâtelArchives fédérales suisses, Département fédéral de l’intérieurArchives historiques de YokohamaAssociation Memoriav pour la préservation du patrimoine audiovisuelBibliothèque nationale suisseInstitut d’histoire de l’art, section Asie de l’Est, Université de ZurichInstitut d’histoire, Université de NeuchâtelInstitut d’histoire, Université de Tokyo

ainsi que les prêteurs ayant souhaité garder l’anonymat et les différents services de la Ville qui nous ont aimablement offert leur appui

L’exposition a reçu le soutien de la Fondation Fridel et Witold Grünbaum pour la connaissance des cultures et des savoirs humains, Neuchâtel

Archives fédérales suisses, BerneTom Burnett, New YorkLuigi Carniel, NeuchâtelCentre Zen, La Chaux-de-FondsOlivier Christinat, LausanneDépartement audiovisuel (DAV), Bibliothèque de la Ville de!La!Chaux-de-Fonds Doll Story, Lyon, www.dollstory.euNina Giglio, NeuchâtelJulien Glauser, BienneInstitut d’ethnologie, NeuchâtelDavid Javet, LausanneJean-Philippe Kalonji, GenèveLes amis du Bonsaï, Neuchâtel

Christiane Lozeron, NeuchâtelNatalia Mansano, Fribourg, www.nataliamansano.comMusée Girard-Perregaux, La Chaux-de-FondsMusée International d’Horlogerie (MIH), La Chaux-de-FondsFelix Naeff, KirchbergMatthieu Pellet Annie Seiko Rubattel, LausanneService historique de la défense, VincennesNicolas Schluchter, LausanneNicolas Sjöstedt, Les Ponts-de-MartelTchagata games, LausanneJosé Tourino, LausanneCorinne Vionnet, VeveyViktor Weibel, SchwytzWater Spirit Tattoo, Morges

Prêteurs

Académie neuchâteloise des Arts martiaux japonais (ANAMJ)Aéroport de GenèveAéroport de ZurichLaurence Authier Aiassa et Romaine Aiassa, NeuchâtelAmbassade du Japon, BerneAntonia Nessi, NeuchâtelArchives de l’Etat de NeuchâtelArchives fédérales suisses, Berne, Silvia Scherz et!Marcel!SchönenbergerMagali Auger, NeuchâtelBibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, Clara Gregori et!Carlos!LopezBibliothèque de la Ville de Neuchâtel, Thierry ChatelainBibliothèque nationale suisse, Berne, Susanne Bieri et Simon SchmidMaya Burckardt, NeuchâtelJean-Philippe Carry, LyonCentre d’étude des sources visuelles, Institut d’histoire de!l’Université!de Tokyo (Shiryo Hensan-jo)Alexis Chaloupka, NeuchâtelAnne-Marie Châtelain, Marionnaud Parfumeries, NeuchâtelDenis Chatellard, La Chaux-de-FondsCommission suisse pour l’UnescoCamille Cornut, VouvryAlain Crettaz, NeuchâtelDAV, La Chaux-de-Fonds, Clara GregoriWido de Marval, MorgesElmar Eder, UtzenstorfMaurice Emery, Hauterive

Frédéric Flueck, GlandAgnès Giard, GenèveGirard-Perregaux, La Chaux-de-Fonds, Ariane Maradan, Xavier Markl et Willy SchweizerPatrick Hêche, BerneCaroline Hirt, GenèveISCP, Neuchâtel, Christophe Brandt,!Vincent Di Silvestro, Sylvie!Dubois et Martina FornuskovaDavid Javet, LausanneJETRO, Genève, Koichiro Nakamura et Kiyoshi ImaiOscar Kambly, Trubschachen André Kuenzy,!NeuchâtelLa Loterie Romande, Rolf Graber et Daniel MonninJean-René Longchamp, GenèveMedia-Zone.TV, NeuchâtelMEMORIAV, BerneMIH, La Chaux-de-Fonds, Nicole Bosshart et Masaki KanazawaNIFFF, Anaïs Emery, Cyrille Dos Ghali et Luana Di TrapaniNuma’Art, Ecole supérieure Numa-Droz, Lilo WullschlegerEric Nusslé, La Côte-aux-FéesMarianne et Jacques Rossier, FontainemelonBernard Roulin, CortaillodOliver Schneebeli, LausanneShiseido SA, GenèveHans Bjarne Thomsen, Université de ZurichLaurent Tissot, Université de NeuchâtelSimone Jiko Wolf, La Chaux-de-Fonds

Remerciements

Ville de Neuchâtel - Direction de la Culture

Imagine Japan20 juin 2014 - 19 avril 2015

Direction Marc-Olivier Gonseth, avec la collaboration de Philippe Dallais, Audrey Doyen, Julien Glauser, Grégoire!Mayor et Raphaël von Allmen

Conception Philippe Dallais, Audrey Doyen, Julien Glauser, Marc-Olivier Gonseth, Grégoire!Mayor, avec!la!collaboration de Yann Laville, Samia Lorrain et Maude Payette

Recherche Philippe Dallais, Audrey Doyen, May Du, Julien Glauser, Samia Lorrain, Grégoire Mayor, Maude!Payette, Patricia Rousseau, en partenariat avec Toru Hoya, Shigeo Fujiwara et Akiyoshi!Tani (Université de Tokyo); Joel Jornod et Laurent Tissot (Université de Neuchâtel)

Rédaction textes et légendes Philippe Dallais, Audrey Doyen, Julien Glauser, Marc-Olivier Gonseth, Yann Laville, Samia!Lorrain, Grégoire Mayor, Maude Payette avec la collaboration d’Alexis Chaloupka (Animer le Japon)

Scénographie Curious Space: Patrick Burnier, Anna Jones, Raphaël von Allmen avec l’aide de Félicie Koenig

Réalisation Raphaël von Allmen, avec l’aide de Félicie Koenig et Lionel Nemeth; Serge Perret, avec l’aide de Frédéric Delanos et Gabi Fati; Decobox: Fred!Bürki, Juan!de!Riquer, Bérénice!Baillods

Conditionnement collections Chloé Maquelin, avec l’aide de Stéphanie Demierre, May Du, Sara Sanchez del Olmo; Claudia!Dapino, Samia Lorrain, Nabila Mokrani, Sylvia!Perret, Patricia Rousseau, Magali Stoller; Ian Cuesta (armure); Monika Lüthi (restauration fonds Humbert)

Administration Fabienne Leuba

Communication Valérie Chatelain

Bibliothèque Raymonde Wicky, avec l’aide de Valérie!Bailat

Atelier des musées Marianne de Reynier, Nabila Mokrani

Conception lumière Laurent Junod

Réalisation lumière Luc-Etienne Gersbach, avec l’aide de Yvan Staudenmann

Photographie Alain Germond

Réalisation vidéo Grégoire Mayor; Nina Giglio (ESND-LJP)

Peinture scénique Ashleigh Blair

Peinture Angelo Giostra, Mehmet Xhemali, Manuel Hilario, Jacinto Paolino, Fehmi Sadiku; Chloé Maquelin avec l’aide de Magali Auger, Stéphanie Demierre, Audrey!Doyen, May!Du, Samia!Lorrain, Sara!Sanchez del Olmo; BâtiPlus!(Raphaël!Calame)

Informatique Christophe Pittier

Graphisme Nicolas Sjöstedt

Mise en pages Atelier PréTexte: Jérôme Brandt

Traduction Elaine Sheerin, transit-txt

Relecture Ellen Hertz; Kaori Tahara

Menuiserie Menuiserie du service de la Culture: Philippe Joly, Daniel!Gremion, Jonas Pleschberger avec!l’aide de Fehmi Sadiku; Menuiserie des Travaux Publics, André Marchand; menuiserie Fazio Bois Sàrl, Marin

Travaux techniques Angelo Giostra

Accueil Sylvia Perret, Patricia Rousseau, Lucinda Jurt

Café Stéphanie Demierre, Filomena Bernardo, Malika Boukdir, Grazyna Comtesse

Cuisine Nabila Mokrani, avec l’aide de Claudio Personeni

Affiches et carte d’invitation

Graphisme Nicolas Sjöstedt et collectif MEN; calligraphie: Atsushi Nojima, Altdorf

Impression affiches F4 Sérigraphie Uldry, Hinterkappelen

Impression affiches A3, cartons Economat de la Ville de Neuchâtel

Panneaux routiers Crealis, Marin

Impression texpo Juillerat & Chervet, Saint-Imier

Publications du Musée d'ethnographie

Naître, vivre et mourir – Actualité de Van Gennep (essais sur les rites de passage). 1981, 15!x!21!cm, 192!p., 22!ill. ISBN 2-88078-002-3. EpuiséCollections passion. 1982, 15!x!21!cm, 288!p., 86!ill. ISBN 2-88078-003-9. EpuiséLe corps enjeu. 1983, 15!x!21!cm, 180!p., 45!ill. ISBN 2-88078-004-7. EpuiséObjets prétextes, objets manipulés. 1984, 15!x!21!cm, 192!p., 66!ill. ISBN 2-88078-005-6Temps perdu, temps retrouvé – Voir les choses du passé au présent. 1985, 15!x!21!cm, 168!p., 33!ill. ISBN 2-88078-006-3Le mal et la douleur. 1986, 15!x!21!cm, 208!p., 47!ill. ISBN 2-88078-007 -1. EpuiséDes animaux et des hommes. 1987, 15!x!21!cm, 224!p., 40!ill. ISBN 2-88078-009-8Les ancêtres sont parmi nous. 1988, 15!x!21!cm, 120!p., 12!ill. ISBN 2-88078-010-1Le Salon de l'ethnographie. 1989, 15!x!21!cm, 120!p., 42!ill. ISBN 2-88078-012-8Le trou. 1990, 11!x!18!cm, 328!p., 46!ill. ISBN 2-88078-013-6A chacun sa croix. 1991, 11!x!18!cm, 32!p. ISBN 2-88078-014-4Les femmes. 1992, 11!x!18!cm, 336!p., 31!ill. ISBN 2-88078-016-0Si... Regards sur le sens commun. 1993, 11!x!18!cm, 252!p. ISBN 2-88078-017-9. EpuiséMarx 2000. 1994, 11!x!18!cm, 200!p., 1!ill. ISBN 2-88078-019-5. EpuiséLa différence. 1995, 11!x!18!cm, 220!p., 1!ill. ISBN 2-88078-020-9Natures en tête. 1996, 11!x!18!cm, 304!p., 10!ill. ISBN 2-88078-021-7Pom pom pom pom: musiques et cætera. 1997, 11!x!18!cm, 296!p., ISBN 2-88078-022-5Derrière les images. 1998, 11!x!18!cm, 360!p., 44!ill. ISBN 2-88078-023-3L’art c’est l’art. 1999, 11!x!18!cm, 264!p., 36!ill. ISBN 2-88078-024-1La grande illusion. 2000, 16.5!x!23.5!cm, 192!p., 1 fig. ISBN 2-88078-026-8Le musée cannibale. 2002, 16.5!x!23.5!cm, 304!p., 2!ill. ISBN 2-88078-027-6X - spéculations sur l’imaginaire et l’interdit. 2003, 16.5!x!23.5!cm, 272!p., 12!ill. ISBN 2-88078-028-4Cent ans d’ethnographie sur la colline de Saint-Nicolas 1904-2004. 2005, 24.5!x!28!cm, 648!p., 750!ill. ISBN 2-88078-030-6Figures de l’artifice. 2007, 21!x!27!cm, 240!p., 438!ill. ISBN 978-2-88078-031-9La marque jeune. 2008, 21!x!27!cm, 272!p., 549!ill. ISBN 978-2-88078-032-6Retour d’Angola. 2010, 21!x!27!cm, 344!p., 451!ill. ISBN 978-2-88078-034-0Helvetia Park. 2010, 21!x!27!cm, 376!p., 446!ill. ISBN 978-2-88078-035-7Bruits: échos du patrimoine culturel immatériel. 2011, 21!x!27!cm, 336!p., 421!ill. ISBN 978-2-88078-037-1What are you doing after!the apocalypse ? 2012, 21!x!27!cm, 128!p., 75!ill. ISBN 978-2-88078-038-8Hors-champs: éclats du patrimoine culturel immatériel. 2013, 21!x!27!cm, 328!p., 652!ill. ISBN 978-2-88078-039-5

Texpo (ISSN 1422-8319)

Texpo un Marx 2000, 1994, 48!p. EpuiséTexpo deux La différence, 1995, 64!p.Texpo trois Natures en tête: vom Wissen zum Handeln, 1996, 64!p.Texpo quatre Pom pom pom pom Une invitation à voir la musique, 1997, 64!p.Texpo cinq Derrière les images, 1998, 64!p.Texpo six L’art c’est l’art, 1999, 40!p. (version française/allemande/anglaise)Texpo sept La grande illusion, 2000, 48!p.Texpo huit Le musée cannibale, 2002, 64!p.Texpo neuf X - spéculations sur l’imaginaire et l’interdit, 2003, 44!p.Texpo dix Remise en boîtes, 2005, 64!p.Texpo onze Figures de l’artifice, 2006, 48!p.Texpo douze Retour d'Angola, 2007, 80!p.Texpo treize La marque jeune, 2008, 64!p.Texpo quatorze Helvetia Park, 2009, 64!p.Texpo quinze Bruits, 2010, 64!p.Texpo seize What are you doing after!the apocalypse ?, 2011, 64!p.Texpo dix-sept Hors-champs, 2011, 64!p.Texpo dix-huit Les fantômes des collections, 2014, 72 p.Texpo dix-neuf Imagine Japan, 2014, 64!p.

Collections du Musée d'ethnographie de Neuchâtel (ISSN 1420-0430)

N° 1 Marceline de MONTMOLLIN Collection du Bhoutan. 1982, 17!x!24!cm, 96!p., 28!ill. ISBN 2-88078-001-2. EpuiséN° 2 Manuel Laranjeira RODRIGUES DE AREIA, Roland KAEHR, Roger DECHAMPS Collections d'Angola: les signes du pouvoir.

Préface de Marie-Louise BASTIN. 1992, 17!x!24!cm, 224!p.,221!ill., 7!dessins. ISBN 2-88078-015-2N° 3 François BOREL Collections d'instruments de musique: les sanza. 1986, 17!x!24!cm, 184!p., 105!ill., 10!dessins. ISBN 2-88078-008-XN° 4 Yvon CSONKA Collections arctiques. Préface de Jean MALAURIE. 1988, 17!x!24!cm, 216!p., 350!ill., 5!dessins. ISBN!2-88078-011-XN° 5 Roland KAEHR Le mûrier et l'épée: le Cabinet de Charles Daniel de Meuron et l'origine du Musée d'ethnographie à Neuchâtel. 2000,

17!x!24!cm, 440!p., 140!ill., 8!pl. coul. ISBN 2-88078-025-XN° 6 Jean-Claude MULLER Collections du Nigéria: le quotidien des Rukuba. 1994, 17!x!24!cm, 192!p., 171!ill., 10!dessins.

ISBN 2-88078-018-7N° 7 Manuel Laranjeira RODRIGUES DE AREIA et Roland KAEHR Collections d’Angola 2: les masques. 2009, 17!x!24!cm, 240!p., 39!ill.,

55!pl.!coul., 12!dessins. ISBN 978-2-88078-036-4N° 8 Pauline DUPONCHEL Collections du Mali: textiles bògòlan. 2004, 17!x!24!cm, 336!p., 60!ill., 44!pl. ISBN 2-88078-029-2.N° 9 Gaspard de MARVAL et Georges BREGUET Collections d’Indonésie: au fil des îles. Préface de Pieter ter KEURS. 2008, 17!x!24!cm, 408!p.,

60!ill., 137!pl. coul. ISBN 978-2-88078-033-3

Documents (ISSN 1420-1208)

N° 1 Jean Louis CHRISTINAT Littérature de ficelle: O Brasil dos poetas. 1995, 16!p. EpuiséN° 2 André LAGNEAU Egypte ancienne. 1995, 32!p.N° 3 François BOREL A fleur de peau. 1991, 24!p. EpuiséN° 4 François BOREL Tuareg: nómadas del desierto. 2004, 40!p.

Achevé d’imprimer le 1er mars 2015

sur les presses de l’imprimerie Messeiller SA 2000 Neuchâtel

et tiré à 1300 exemplaires

«Donner carrière à l’imagination»: c’est par ces mots que le Neuchâtelois Aimé Humbert, signataire du premier Traité d’amitié et de commerce entre la Suisse et le Japon, termine l’introduction de l’ouvrage Le Japon illustré issu de son voyage. Publié en 1870 et riche de 476!gravures composées grâce aux matériaux iconogra-phiques ramenés par le diplomate suisse, ce livre constitue une référence incontour-nable sur le passage de la période Edo à l’ère Meiji et un jalon majeur dans l’histoire de la perception du Japon par les Occidentaux.A l’occasion du 150e!anniversaire de la signature du Traité, l’exposition Imagine Japan interroge ce captivant jeu d’images et explore la fascination persistante pour le Pays du Soleil Levant. Des anime et autres mangas à!l’esthétique des jardins et des villes, en passant par les arts martiaux, les pratiques religieuses, le tatouage et les divertis-sements populaires, le Japon apparaît en effet comme un réservoir de pratiques et de représentations nourrissant de manière continue et féconde le vécu et l’imaginaire de nombreux Helvètes.

«Giving free rein to the imagination»!are the closing words of the preface to Le!Japon illustré, written by Neuchâtel diplomat Aimé Humbert, a signatory to the first Treaty of Amity and Commerce between Switzerland and Japan. Published in 1870, the travel journal features 476 pictures drawn from the many images that Humbert had collected during his Japanese mission. As!well as its lavish illustrations, the book is an essential reference work on the transition of Japan from the Edo period to the Meiji era, and a major milestone in the West’s understanding and perceptions of Japan.To celebrate the 150th!anniversary of the signing of the Treaty, the Imagine Japan exhibition explores these images and the enduring fascination with the Land of the Rising Sun. Whether it is anime or manga, garden or urban aesthetics, martial arts, religious practices, the art of tattooing or popular entertainment in general, Japan seems to serve as a repository of practices and representations that continue to nourish and stimulate both the imaginary and real experience of many Swiss.