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1 # 12/14 SAMEDI 15 JUILLET 2017 SEANCE DE LA SOIREE « LE SUBLIME DE LA NATURE » 1/ UNE CONTRE-HISTOIRE DE LART a) Contre l’hyper cérébralisation de l’art contemporain : Le Land-art b) Conceptuel, minimal, povera : Vers de plus en plus d’abstraction De moins en moins de matière c) Sortie des musées, des galeries Des ghettos culturels mondains d) Retrouver l’esprit des chamanes préhistoriques : Sculpter des pierres Les agencer en alignements en relations avec soleil, lune, astres Les planter dans le sol e) L’œuvre de Land-Art est dans la nature On peut en rentabiliser les traces : Documents de travail Esquisses, photos, croquis, dessins, carnets, plans, tickets, bouts de ficelle, plantes séchées, pierres, sachets de sable f) Les artistes : Dibbets, Fulton, Sonfist, Holt, De Maria, Smithson, Rinke, Nils Udo, Oppenheim, Heizer g) Leurs matériaux : La terre et le paysage, La montagne et les rochers, La mer et les vagues, La vallée et le ruisseau, La foudre et le ciel, La neige et les pierres, Les fleuves et les lacs, Les champs et les mines, Les glaciers et les arbres, L’iceberg et le volcan, Les lacs salés et les forêts, Les troncs d’arbre et les feuilles, Les fleurs et les pollens, Le sable et la boue, L’herbe et les cailloux, La poussière et la lumière, Le vent et les nuages, La trace et les ombres,

# 12/14 SAMEDI 15 JUILLET 2017 SEANCE DE LA …upc.michelonfray.fr/wp-content/uploads/2017/06/SYNOPSIS-12.pdf · • Ce qui nourrit un rameau de l’art conceptuel i) La nature est

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# 12/14 SAMEDI 15 JUILLET 2017 SEANCE DE LA SOIREE

« LE SUBLIME DE LA NATURE »

1/ UNE CONTRE-HISTOIRE DE L’ART

a) Contre l’hyper cérébralisation de l’art contemporain : • Le Land-art

b) Conceptuel, minimal, povera : • Vers de plus en plus d’abstraction • De moins en moins de matière

c) Sortie des musées, des galeries • Des ghettos culturels mondains

d) Retrouver l’esprit des chamanes préhistoriques : • Sculpter des pierres • Les agencer en alignements en relations avec soleil, lune, astres • Les planter dans le sol

e) L’œuvre de Land-Art est dans la nature • On peut en rentabiliser les traces : • Documents de travail • Esquisses, photos, croquis, dessins, carnets, plans, tickets, bouts de ficelle,

plantes séchées, pierres, sachets de sable f) Les artistes :

• Dibbets, Fulton, Sonfist, Holt, De Maria, Smithson, Rinke, Nils Udo, Oppenheim, Heizer

g) Leurs matériaux : • La terre et le paysage, • La montagne et les rochers, • La mer et les vagues, • La vallée et le ruisseau, • La foudre et le ciel, • La neige et les pierres, • Les fleuves et les lacs, • Les champs et les mines, • Les glaciers et les arbres, • L’iceberg et le volcan, • Les lacs salés et les forêts, • Les troncs d’arbre et les feuilles, • Les fleurs et les pollens, • Le sable et la boue, • L’herbe et les cailloux, • La poussière et la lumière, • Le vent et les nuages, • La trace et les ombres,

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h) Ce qui a lieu dans la nature est : • Dessiné, filmé, photographié, raconté, peint • Relevés topographiques • Notes • Diagrammes • Etudes statistiques • Croquis d’architecte • Ce qui nourrit un rameau de l’art conceptuel

i) La nature est sculptée

2/ LES ARTISTES DU LAND-ART 1. The Lightning Field (1977) :

• Nouveau Mexique, • Walter de Maria déplace la foudre sur 400 cent mâts

d’acier 2. Spiral Jetty (1970)

• Denis Oppenheim crée l’ombre d’une spirale • Trace d’une immense crosse émergée dans l’eau du grand

lac salé à Utah 3. Circular Surface Planar Displacement Drawning (1970)

• Michale Heizer • Traces de pneu sur la surface totalement plate d’un lac

asséché, • Les cercles s’agencent comme une composition géométrique

pure 4. Stones in Nepal (1975)

• Richard Long • Crée un ordre lapidaire dans le désordre caillouteux ordonné par la

nature au sommet d’une montagne népalaise 5. Roden Crater (1992)

• James Turrell • Configure un cercle parfait au sommet du volcan qu’il a acheté

en Arizona

• Avec une noria de bull-dozers • Faire entrer de la lumière par un œil central • Donne dans des bâtiments souterrains

6. Secant (1977) • Carl Andre • Dessine une ligne de près de cent mètres de long • Qui ondule comme un serpent de bois • Et épouse les courbes d’un champ vallonné

7. Installation VI / 05 • Bob Verschueren (2006) • Crée un pont de bois dans le sentier encaissé

d’une forêt italienne • Ouvre ainsi une porte naturelle dans la nature

8. Tilleul, Sorbes (1999)

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• Nils Udo • Trace une ligne de fruits rouges (les sorbes, fruits du sorbier) • Dans la mi hauteur d’un bosquet de résineux placés sous des tilleuls

9. Lassalle River (1996) • François Méchain • Confond l’écorce de trois troncs d’arbres avec la croûte d’argile

séchée du sol 10. Iris Leaves with Roman Berries (1987),

• Andy Goldsworthy • Compose une marqueterie de feuilles vertes et de fruits rouges • Qui affleurent en damiers à la surface d’une pièce d’eau

11. Views Through a Sand Dune (1972)

• Nancy Holt • Troue une dune, • Y place une buse en béton qui donne sur la mer

12. Cattedrale Vegetale (2001) • Giuliano Mauri • Demande aux arbres de se plier aux formes

gothiques • Pour faire la voûte végétale d’un genre de temple

païen aux formes chrétiennes 3/ APRES LE BEAU : LE SUBLIME

a) Ces artistes obligent à voyager : • Il faut se déplacer • Aller dans la nature • Gravir des montagnes • Traverser des déserts • Rentrer dans des forêts • Quitter les villes • Descendre dans des vallées

b) Nous obligent à renouer avec des sensations perdues : • L’énergie des terres celtes, • La magie du sable des déserts, • La majesté des sommets atteints • L’exaltation de l’altitude, • La jouissance du point de vue sur les cimes, • Le silence des contrées désertes, • Le frisson dans les forêts sombres, • Le contact avec les éléments, • La proximité avec la foudre, • Le magnétisme des eaux, • Le mystère de la neige, • La puissance des glaces, • Le prodige des croissances végétales, • Le vertige des grands espaces • Autrement dit : les voies d’accès au sublime.

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c) Mort du Beau avec Duchamp • Naissance du Sublime

d) Longin, ou pseudo-Longin, Du sublime : III° siècle après e) De Platon à la phénoménologie, via Kant :

• Une esthétique du Beau 4/ EXPLICATION D’UNE OEUVRE

a) Nancy Holt (1938-2014) • Artiste américaine • Sun tunnels (1973-1976) :

b) Prospection : • Géologie, géomorphologie, faune, flore,

astronomie, astrophysique • Campe sur les lieux • S’imprègne de la spiritualité préhistorique du

lieu c) Dans le désert d’Utah

• A 60 kms de la première ville • 4 buses orientées en direction des rayons du soleil lors du solstice • 22 tonnes de matière semblable au sable • Des trous dans les tunnels • Tunnels de 5 mètres de long et 3 mètres de haut • On entre dedans • Le tout sur 26 mètres

d) Travaille avec les mouvements du soleil • Avec les solstices • Le regardeur doit être au centre de l’univers

e) On y voit des constellations particulières • Le but ? • Se sentir et se savoir dans le cosmos

5/ L’ARCHEO-ASTRONOMIE

a) Chantal Jègues-Wolkiewiez • Les hommes de la préhistoire connaissaient bien le ciel • Du soleil, de la lune, des étoiles • Qu’ils mesuraient le temps • Prévoyaient les cycles • Donc organisaient les chasses (migration des animaux) • Les cultures (Moments des semailles, des plantations, des récoltes)

b) Dès l’aurignacien, calendriers lunaires sur os de renne • Donc : connaissance de la position de la lune et du soleil par rapport à la terre

c) Un genre de Pierre de Rosette : • Dans l’abri Blanchard à Sergeac (Dordogne) • Le graveur a gravé : • Le nombre de jours supplémentaires qui séparent lunaison synodique et

lunaison sidérale • (Soit par rapport à 2 lunaisons sidérales, 5 jours de plus pour les 2 lunaisons

synodiques)

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• Chantal Jègues-Wolkiewiez : ces hommes avaient la capacité à mesurer l’univers.

d) Thèse sur l’art préhistorique : • Figures dessinées en fonction d’une carte du ciel • Lieux de culte choisis en fonction des mouvements du cosmos

e) Les entrées : • Créées en fonction de l’entrée de la lumière lors des solstices et des équinoxes • Entrées modifiées par : • Effondrements, glissements de terrain, tremblement de terre, ravinements

f) Loin des lectures de mode : • L’abbé Breuil, Leroi-Gourhan, Bataille, Clottes

g) La blessure du bison par le soleil d’été • Le mouvement du rhinocéros vers l’ouest • L’aigle en rut devenu homme-oiseau • La place des déjections des animaux • L’axe de leurs queues relevées • L’orientation des sagaies identiques à celles du soleil levant et couchant des

solstices sur le site • La duplication de ces orientations dans la grotte, • L’usage du puits comme d’un axe primitif autour duquel s’organise ce cosmos

peint 6/ RETOUR AU LAND-ART

a) Le Land-Art nous apprend à relire le monde • A voir la nature • A percevoir le monde • A connaître l’univers et le cosmos

b) La spirale : 1. Dans le règne végétal :

• Les pampres de la vigne, • Les ressorts de la glycine

2. Dans le règne animal : • L’hélice de l’escargot • Celle des coquillages

3. Dans le règne cosmique : • Dans le mouvement des nébuleuses • Elle signifie l’évolution d’une force • Elle est la forme prise par la force • Celle des rythmes de la vie : • Cf. D’Arcy Thompson

4. Elle dit le Même et l’Autre • Le retour du Semblable et du Dissemblable

5. Elle dit le temps non linéaire des chrétiens • Le temps cyclique des primitifs

c) Alphabet du Land-art : 1. Le point

• Il peut se faire trou quand il est en trois dimensions 2. Le déplacement de ce point donne une ligne

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• Elle peut se multiplier et s’enrouler • Pour dessiner un cercle si la ligne se referme sur elle-même • Ou : des arcs ou demi-cercles, • Des sphères, • Ou une spirale si elle s’affranchit de la pure et simple duplication tout en

conservant le mouvement, • Ou se croiser avec d’autres lignes pour produire des croix, • Des triangles, des étoiles, des carrés, des rectangles, • Toutes formes qui se retrouvent dans la nature : • La ligne d’horizon, • Le rond du soleil, • Le demi-cercle des croissants de la lune, • Les cristaux des minéraux, • La voûte étoilée, etc.

7/ DU SUBLIME

a) L’étymologie de sublime : • Ce qui élève en l’air • Renvoie à ce qui est élevé, grand, digne, noble, magnifique, respectable, haut,

large, vaste, immense, terrible • Pour une pensée, une idée, un être, un acte, un style, un caractère, un paysage.

b) Exacerbation de l’âme matérielle • Elargissement jusqu’à la coïncidence avec la vastitude du monde

c) Affaire de physiologie : • Ravissement de la part la plus fine de l’être • Par un spectacle qui contracte l’âme • Puis la décontracte jusqu’à l’infini • Réaction anatomique : • Frisson, tremblement, convulsion

d) Le syndrome de Stendhal • 1813 : sortie de santa Croce à Florence • Expérimente le sublime à la rencontre des œuvres d’art • Contact avec l’Aura (Walter Benjamin) • Saisie par la confrontation avec le Modèle • Ebranlements à répétition, sueurs, regard tétanisé, tremblements, vertiges,

suffocations, accélérations du rythme cardiaque, modification du souffle, extases, hallucinations, parfois orgasmes

• Stendhal dut s’asseoir sur un banc • Depuis ce syndrome a pris son nom

e) Le sublime emporte et déborde la raison occidentale • Le système neuro-végétatif contre le cortex • Libération de l’émotion pure • Corps ravagé par pulsions, passions, pulsations, flux, énergies

f) Kant en fait évidemment la critique • Lui préfère le Beau

g) Burke, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau (1757) • Le corps comme condition de possibilité du sublime

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• Thématiques immanentes : • La douleur et le plaisir, • La joie et le chagrin, • La terreur et l’obscurité, • La lumière et le vaste, • L’infini et la magnificence, • Les cinq sens et l’infini, • Les effets du noir et la beauté du lisse, • La douceur et la poésie

h) Kant, Critique de la faculté de juger (1790) • Evolue dans les concepts : • Jugement réfléchissant, • Jugement déterminant, • Analytique du jugement, • Dialectique du jugement, • Jugement esthétique a priori, • Jugement de goût empirique, • Jugement esthétique, • Jugement téléologique. • Oublie de parler de la musique • De l’architecture • Condamne le roman • Ne cite aucun contemporain

CONCLUSION

a) Lignage de l’idéal ascétique dans l’art : • De Platon à Duchamp via Kant

b) Lignage hédoniste dans l’art : • De Longin à Lyotard via Burke

Opter pour le second lignage…