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« La mort de Pepete en prison »
Sources : ANOM (Etat-civil, registres matricules, bagne), Gallica (BnF), criminocorpus …
Mon père, pied-noir et poète dans l’âme, citait parfois Athalie de Jean Racine (acte II, scène 5) :
« C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit. Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée … »
Sa version devenait : « C’était dans l’horreur d’une profonde nuit, un éléphant volant mangeait du
pissenlit. « Elephant, tu as tort » lui dit une tortue « et ce sera ta mort, car le tort tue. » » Il semblerait
que cette dernière citation soit tirée d’une bd italienne Pepito (Pepito Pepete), petit corsaire,
disponible en français à partir de juin 1954 chez Sagedition.
Je ne sais pas pourquoi, dans mes souvenirs, ce passage était lié au suivant : « A la lueur d’une lampe
éteinte, un aveugle lisait sur un journal non imprimé la mort de son fils Pépette en prison qui n’était
pas encore né … »
J’ai fait quelques recherches sur le Net pour trouver l’origine de cette expression :
En 1911, dans Toujours aimer, toujours souffrir … René Maizerot écrit un chapitre intitulé « Sur la mort
de Pepete » où Pepete est Jose Claro ou Paco Trianito, un ancien torero espagnol. Pepete sera tué par
un taureau, comme son célèbre petit-neveu Manolete.
En 1990, dans la mémoire des vingt culs de Raymond Vuillemin (ouvrage dont l’histoire se passe en
1944), on peut lire : « Dis donc vieux, à quoi tu penses ? Tu rêves à la mort de Pépette en prison ? »
En janvier 2007, sur birkadem.free.fr, on trouve « s’en foutre comme de la mort de Pépette en prison »
Le 8 avril 2007, sur un forum Yahoo, quelqu’un pose enfin la question : « Quelle est l’origine de
l’expression « penser à la mort de Pépette en prison ? »
Le 30 juillet 2010 à 12h09 sur le forum e-cigarette (?) quelqu’un pose la question : « D’où vient
l’expression « la mort de Pépette en prison » ? », question qui trouve une réponse à 13h24 : « c’est
une expression pied-noir » : me voilà bien avancé !
Le 11 décembre 2011, sur piednoir50.over-blog.fr, on trouve « rêver à la mort de Pépette en prison »
D’après les articles de presse, Joseph Llinarès serait né en 1879.
On trouve un Joseph Llinarès né le 18 janvier 1879 à Villajoyosa (Espagne), naturalisé Français en
décembre 1933.
Plus probable est un Joseph Llinarès né le 26 octobre 1879 à Mustapha (Algérie) , fils d’Antoine et de
Rose JUAN.
Vers 1900, il est cocher.
Le 8 juin 1905, il est réformé pour fracture de la jambe.
Le 4 novembre 1905, il épouse Antoinette SERRA à Ouled Fayet.
…
Mais sur son dossier de bagne, LE Joseph Guillaume LLINARES est dit âgé de 26 ans (en 1906, donc né
vers 1880), né à Alger de père inconnu et de Marie LLINARES …
(Une Marie Linares naît en 1860 à Blida, en avril 1879 elle épouse Joseph Febrer à Boufarik)
On trouve effectivement un Joseph Guillaume Llinarès, né le 4 septembre 1879 à Alger, de Marie et de
père inconnu. Son identité est confirmée par son registre matricule où sont indiquées ses
condamnations.
En 1899, LE Joseph LLINARES fait un séjour à la prison civile d’Alger (Barberousse).
Barberousse en 1900
Pendant ce temps, au bagne : en 1899, des ordres très précis sont donnés pour organiser un service
de surveillance fluviale sur le Maroni. Saint-Jean reçoit une vedette chargée de la surveillance de la
portion du Maroni comprise entre Saint-Jean et le saut Hermina. Mais l'agent en charge de cette
vedette, bien que formé à son maniement en métropole, ne parvient pas à l'utiliser convenablement
car sa conduite est ardue. En outre, elle ne dispose pas d'un moteur suffisamment puissant pour
atteindre la vitesse nécessaire face au courant du fleuve. Enfin, le bruit de son moteur avertit les
évadés de son approche et leur laisse largement le temps de se soustraire.
Le 14 août 1902, à Alger, il est condamné à 15 jours de prison pour coups
Le 23 juillet 1903, à Alger, il est condamné à 3 mois de prison pour coups
En avril 1904, Louis Bertrand, l’auteur du sang des races, publie « Pepete le bien-aimé », l’histoire d’un
simple pêcheur mahonnais en Algérie, qui inspira peut-être le surnom du bandit Llinarès.
En 1896 et en 1908, Pepete est aussi le nom d’un matador espagnol qui vint à Oran .
« Après avoir, pendant deux ans, dirigé une bande de mauvais garnements, qui mettait Alger au pillage,
il se trouva un jour sans troupe. En 1905, la police, après de longues et minutieuses recherches, avait
en effet fini par mettre la main sur toute la bande, qui fut déférée aux assises et envoyée au bagne.
Seul, le chef … avait pu s’échapper. » (Source le Petit Parisien du 23 septembre 1912)
… Llinarès, que ses camarades appelaient la « Sauteuse » pour son agilité, ou plus communément
« Pepete » (?) s’avisa de devenir jaloux …
Le 3 décembre 1905, « Joseph Llinarès tirait trois coups de revolver sur un indigène qui recherchait les
faveurs de la fille soumise Joséphine Richard, dite Fifine, dont Llinarès s’était institué le protecteur
officiel.
(Une Joséphine RICHARD naît le 29 décembre 1873 à Philippeville … mais elle est décédée le 26 juin
1875)
Dans La liberté de Bône du 31 janvier 1891, sous l’article consacré au procès Omessa : « Arrive ensuite
la fille soumise, Joséphine Richard, que l’on est allé requérir dans une maison de tolérance. M.
Perricaudet rapporte la déposition de cette fille qui affirme être allé dans un hôtel de la rue Tabarca
avec M. Omessa. »
Dans l’après-midi du 7 décembre 1905, alors que sa maîtresse venait de passer sur la place d’Estrées
…
Notez la proximité de la prison !
… Llinarès remarqua un indigène nommé Saïdani qui la suivait des yeux. Le prenant pour son rival (un
certain Boualem, qui fut un temps l’amant de Fifine), Llinarès le frappait à six reprises avec un large
couteau catalan …
Il ne s’arrêta que lorsque sa victime tomba. Le drame s’était déroulé à une heure de l’après-midi,
devant cent personnes et pourtant le meurtrier put s’enfuir.
Dans la Croix de l’Algérie et de la Tunisie du 15 avril 1906 : « La nommée Richard Joséphine, femme de
mauvaise vie, a été frappée d’un coup de couteau par un nommé Desgranges Antonin, âgé de 17 ans.
L’état de la malheureuse est grave. »
(Antonin DESGRANGES naît le 28 janvier 1889 à Alger : il avait donc 17 ans lors des faits)
Llinarès allait s’embarquer pour l’Espagne … lorsqu’il fut arrêté le 19 juin 1906 en compagnie d’un de
ses cousins, Paul Supino, dit « Popaul », un autre bandit que la police recherchait.
Le 21 juin 1906, il comparaît devant le jury. (Notez la rapidité des comparutions à l’époque)
Dans le Matin du 23 juin 1906 : « La cour d’assises d’Alger a condamné à mort Joseph Llinarès, qui tua
d’un coup de couteau l’indigène Oudjedi Younès. » (Tiens le nom de l’indigène a changé !)
Dans l’Univers du 24 juin 1906 : « … Linarès … qui longtemps, bénéficia de l’impunité en intimidant la
population et la police … Le monde spécial qui reconnaissait Linarès comme chef des apaches à Alger,
assistait aux débats. »
Le 25 juin 1906, sous le titre Homonymie : « M. Pierre-Joseph Llinarès, brigadier d’artillerie coloniale
au ministère des colonies, n’a rien de commun avec l’individu du même nom, condamné à mort par la
Cour d’Alger. »
Dans le Sémaphore de Marseille du 30 juin 1906, on apprend que LE Llinarès était « … redouté dans
tout le quartier de la Kasbah … »
Le 26 juillet 1906, son pourvoi est rejeté
Le 8 septembre 1906, il est écroué au dépôt de l’Harrach (1857 à 1912)
« A l’un des angles du port d’Alger, et faisant presque face à la ville, se trouve un vieux bâtiment
mauresque, assis au milieu des marais et fermé comme un tombeau : c’est ce qu’on appelle la Maison-
Carrée.
L’intérieur se divise en une vaste cour et des couloirs qui la longent sur ses quatre côtés. C’étaient là
jadis les écuries du dey ; l’on y jette aujourd’hui les proscrits …
Quand ils sont entrés dans cette cage en pierre qu’allument les rayons ardents du soleil africain, les
prisonniers sont divisés par escouades de 60, et chaque famille a son compartiment. Point de lit : des
hamacs pour quelques-uns, de maigres paillasses pour les autres. La nuit, les chaleurs étant tombées,
l’humidité des brises imprègne et perce les murailles. L’insecte, le scorpion, la tarentule, tous les
reptiles vipérineux de ces climats deviennent les hôtes des prisonniers, et leur sommeil, agité par les
fièvres et les piqûres, devient un supplice. » un avant-goût du bagne …
Le 28 décembre 1906, il embarque sur le steamer Loire (aménagé en 1900) à destination de la Guyane,
en compagnie de son cousin Paul Supino
(Le Loire sautera sur une mine en 1917)
Cartes de 1853 et détail de 1865
A son arrivée au bagne, il est indiqué sur son dossier : « très mal noté, souteneur des plus dangereux,
mauvais sujet, capable de tout, à surveiller de très près, ne mérite aucun égard »
La Révolte de septembre 1906 lui consacre sa Une
« S’il est vrai qu’un Llinarès force sa Fifine, au moyen d’un nerf de bœuf à lui rapporter un maximum,
il n’est pas seul coupable, il existe d’autres causes plus graves qui amènent fatalement la jeune fille
sous les arcades de la rue Bab-Azoun … »
Dans les premiers jours de février 1907, Llinarès et Supino retrouvèrent au camp du Maroni, à la
Guyane, leurs camarades d’Alger. La bande se reforma et s’accrût d’une unité, Aimé Chovet (en fait
Chauvet), dit « l’Oranais » (en fait né en 1864 en Charente inférieure, déjà évadé le 5 mars 1898 et
repris) …
Patiemment, pendant 3 ans, 1907, 1908 et 1909, les bandits préparèrent leur évasion.
Le 8 juin 1907, il participe sûrement à la tentative d’évasion qui coûtera la vie à Dominique Piacentile.
En fait, dès le 8 janvier 1908, il s’évade officiellement une première fois du bagne
Le 19 janvier 1908, il est « réintégré »
Enfin, vers la fin de 1909, c’est l’évasion (sa deuxième). Cette même année, on enregistre 385
évasions ! (399 en 1910 et 500 en 1911)
Ils parviennent à se procurer une embarcation qu’ils cachaient sous les palétuviers bordant le Maroni.
… par une nuit sombre, Llinarès, Brenier, Piacentile, Senabre, Supino et Chovet se glissaient hors du
dortoir qu’ils occupaient.
Ils parvinrent jusqu’au mur d’enceinte, mais une sentinelle donna l’alarme. Des coups de feu
retentirent et l’un des fuyards, le plus jeune (on verra que c’est Brenier qui est le plus jeune, d’un an),
Piacentile, tomba pour ne plus se relever. Les autres réussirent à gagner l’embarcation.
La chasse à l’homme commença aussitôt, mas les fugitifs réuss irent, à force de rames, à se mettre hors
d’atteinte. Ils avaient pu garnir leur canot de provisions, mais ils durent se mettre à la ration, car le
voyage menaçait d’être long. Le jour, ils se tenaient cachés et ne se remettaient en route que la nuit.
Pendant 28 jours, ils remontèrent ainsi le Maroni. Enfin, ils prirent terre, la fuite par eau devenant
impossible. Ce fut alors la marche dans la forêt vierge ; sans armes, presque nus, ils allèrent encore
pendant 17 jours …
Llinarès avait eu autrefois à se plaindre de Supino, son cousin. Aidé de Senabré et de Brénier, il tua
Supino.
Sénabré et Llinarès échangèrent le « « serment du poignard : ils jurèrent de ne jamais se séparer et de
se défendre mutuellement jusqu’à la mort.
Quelques jours plus tard, les fugitifs atteignaient le Venezuela …
(Dans la vie des forçats d’Eugène Dieudonné, lui-même ancien bagnard, ouvrage paru en 1930, on
trouve l’explication : « Le Venezuela semble être la terre d’élection des évadés. Ce n’est pas un choix,
c’est une nécessité. Les forçats de Saint-Laurent-du-Maroni … ne peuvent faire autrement que de
s’évader vers ce pays, car le vent et les courants maritimes les poussent de ce côté. »)
A petites journées, ils gagnèrent la Guayra. Llinarès y rencontra un individu qu’il avait connu en 1899
à la prison civile d’Alger. Envoyé au bagne et évadé, cet individu était directeur de l’hôpital Lazaretta.
Quelques jours plus tard, Llinarès était concierge de l’hôpital.
(Dans le même ouvrage, on trouve aussi l’explication : « Pélissier, Marcheras, X. dit Lamothe … étaient
infirmiers. Dans ce pays où il y a peu de médecins, ils n’eurent pas de mal à donner leurs soins à des
malades. Et les voilà consacrés docteurs. Au Venezuela, le Français jouit de la réputation de savoir tout
faire. »)
Personne ne pensait plus à Llinarès et à sa bande, lorsqu’en 1910, sa maîtresse, qui était allée habiter
Orléansville, recevant des lettres de lui, donna l’éveil à la police. … Dans ses lettres, venant d’abord du
Venezuela, puis d’Espagne …
Pendant ce temps, au bagne : pour l'année 1910, les évasions s'échelonnent à 15 au mois de mai, 37
au mois de juin, 42 au mois de juillet puis augmentent brusquement à 118 au mois d'août et à 157 au
mois de septembre pour retomber ensuite à 82 au mois d'octobre, 64 au mois de novembre et 38 au
mois de décembre, lorsque débute la saison des pluies.
En juillet 1910 … Au cours d’une expédition nocturne, Llinarès fit une chute qui faillit lui coûter la vie.
Tombé d’une hauteur de 12 mètres, il se fractura un bras et deux côtes. Après deux mois d’hôpital, il
allait partir lorsque Chovet et Brénier furent arrêtés pour avoir blessé un officier de police.
Llinarès s’embarque avec Chovet pour l’Espagne, laissant Brénier grièvement blessé avec Senabre pour
le soigner.
Quelques mois plus tard, ils rejoignent leur chef à Barcelone. (En décembre 1910).
Du 29 avril au 19 novembre 1911, à Turin, se tient l’exposition universelle : la bande de Pepete sévit
dans la ville.
Le 9 septembre 1912, 3 jours avant d’être arrêté, il écrit une dernière lettre à Fifine, où il indique être
à Paris. Il raconte avoir été pris dans une rafle, à Paris, mais qu’il réussit à s’échapper de sa geôle et à
filer immédiatement sur Bruxelles.
Le 12 septembre 1912, à Barcelone « La police a capturé aujourd’hui un bandit dangereux de
nationalité française. C’est un Algérien du nom de Joseph Linarès. Il fut condamné à mort une première
fois et envoyé à la Guyane à la suite d’une commutation de peine, mais il échappa de cette colonie en
assassinant son compagnon de chaîne et il fut condamné à mort pour la seconde fois par contumace.
Ce redoutable malfaiteur est, en outre, l’auteur de plusieurs crimes et meurtres demeurés impunis.
Dès que les formalités habituelles auront été remplies, Linarès sera extradé et remis aux autorités
françaises. »
Dans le Petit Parisien du 23 septembre 1912, on apprend « Comment Llinarès s’échappa du bagne et
ce qu’il en advint » (voir plus haut)
Le 13 janvier 1913, Pepete s’évade une troisième fois du bagne et est « réintégré »
Le Petit Journal du 30 novembre 1913
Le 8 février 1913, par jugement rendu par défaut par la 3ème chambre du tribunal civil de la Seine, le
divorce est prononcé entre les époux Pierre-Joseph Llinarès (voir plus haut) et Angelina Spinner.
Le 1er octobre 1917, Pepete est 2ème classe
En mai 1918, il est 1ère classe
En octobre 1918, il est rétrogradé à la 2ème classe
En avril 1921, il est à nouveau 1ère classe
En 1926, il est proposé pour une commutation de peine à 15 ans
En 1928, il est proposé pour une commutation de peine à 20 ans
Le 6 octobre 1929, il s’évade une quatrième fois !
C’est seulement dans la presse du 4 juin 1930 (soit 8 mois plus tard) qu’on peut lire : « Au pénitencier
de Saint-Martin de Ré, on vient d’apprendre la récente (sic) évasion du bagne de la Guyane de 21
forçats : … Joseph Llinarès, d’Alger, 51 ans … condamné aux travaux forcés à perpétuité.
L’identification de Llinarès est facile : Llinarès sera, s’il rentre un jour en Algérie, facile à identifier car
il porte deux tatouages apparents, l’un au milieu du front « Ni Dieu ni maître », l’autre sur la nuque
« Honneur à Deibler » »
Sur son registre du bagne, est indiqué qu’il porte aussi un buste de femme sur l’avant -bras gauche et
un enfant maudit sur la face antérieure du bras.
On peut dire que Pepete avait le sens de la provocation : Louis Stanislas DEIBLER officiait à Alger
comme aide bourreau de 1853 à 1860 ! Son fils Anatole DEIBLER officiait à Alger comme aide bourreau
de 1885 à 1890 !
…
En 2013, Julien Roze porte sur son torse un tatouage de … Deibler !
J’ai parcouru l’Echo d’Alger du 4 juin 1930 à 1940 : je n’ai pas trouvé de nouvelles de Pépette !
A-t-il péri dans les marais de la Guyane ? A-t-il fini sa vie en Amérique du Sud ?
Si vous voulez en savoir plus sur les membres de la bande à Pepete, tournez la page …
Les principaux membres de la bande à Pepete :
- Dominique PIACENTILE, dit « l’Abruti »
Né le 10 juillet 1884 à Alger de François Roch Piacentile et de NOCCHI Marie Charlotte
Condamné le 16 janvier 1903 à 6 mois de prison pour vol
Condamné le 23 juillet 1903 à 2 mois de prison pour vagabondage
Condamné le 30 octobre 1903 à 8 jours de prison pour vagabondage
Condamné le 24 mars 1905 à 8 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs et vols qualifiés
Le 29 décembre 1905, il embarque sur le steamer Loire à destination de la Guyane , en compagnie de
Brenier
Tatouages : un buste de mousquetaire sur la poitrine (comme Brénier), un buste de femme à gauche
de la poitrine
Décédé à la Guyane française (îles du Salut) le 8 juin 1907 ;
- SENABRE (Joseph), dit « Tonto » (bête, idiot)
Né le 15 février 1884 à Alger de Joseph Senabre et BRIONES Joséphine
Condamné le 25 juin 1903 à 3 mois de prison pour vol
Condamné le 19 novembre 1903 à 1 mois de prison pour violences, voies de fait, outrages à agent,
ivresse
Condamné le 24 mars 1905 à 5 ans de travaux forcés, 10 ans d’interdiction de séjour pour association
de malfaiteurs et vols qualifiés
Condamné le 7 novembre 1905 à 15 ans de travaux forcés et 20 ans d’interdiction de séjour pour
meurtre sur son codétenu Vinay dans un préau à la prison d’Alger (Un Eloi Célestin Vinay est décédé à
Alger le 24 mai 1905 ; il était né le 18 janvier 1880 au Fondouk et portait le tatouage d’un zouave
fumant un cigare sur l’avant-bras droit)
Le 12 juillet 1906, il embarque sur le steamer Loire à destination de la Guyane
Les deux bras couverts de tatouages, tatouage guirlande sur le haut de la poitrine, tatouage buste de
femme à côté du téton
Le 13 décembre 1916, il s’évade
Réintégré le ?
Toujours en vie en octobre 1938
- BRENIER (Paul)
Né le 10 juin 1885 à la Soummam de Jean Baptiste Brenier et Marie MARTINEZ
Condamné le 18 avril 1901 à 1 mois de prison pour vol
Condamné le 21 septembre 1901 à 6 mois de prison pour coups et blessures
Condamné le 23 mai 1902 à à 1 mois de prison pour outrages publics à la pudeur
Condamné le 4 octobre 1902 à 8 mois de prison pour vol
Condamné le 24 mars 1905 à 10 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs et vols qualifiés
Les deux bras couverts de tatouages, un buste de mousquetaire sur la poitrine (comme Piacentile)
Le 29 décembre 1905, il embarque sur le steamer Loire à destination de la Guyane, en compagnie de
Piacentile
Le 24 décembre 1906, il s’évade
Le 2 janvier 1907, il est « réintégré »
Toujours en vie en octobre 1934
- Paul SUPINO naît le 27 février 1878 à Alger, de Jean Manuel SUPINO et de Josefa LLORET.
Le 3 mai 1895, il est condamné à 50 francs d’amende pour chasse à l’aide d’engins prohibés.
Le 13 juin 1896, il est condamné à 6 jours de prison pour port d’arme.
Le 20 mars 1897, il est condamné 15 jours de prison pour voie de fait et outrages à agent.
Lors de sa mobilisation en 1898, il porte des tatouages sur la poitrine et les deux bras.
Le 8 septembre 1898, il est condamné à 6 mois de prison pour port d’arme, coups et ivresse.
Le 3 novembre 1899, il est condamné à 1 mois de prison pour contravention à un arrêté d’expulsion.
Le 25 juillet 1901, il est condamné à 15 jours de prison pour le même motif.
Le 14 novembre 1902, il est incorporé au 2ème Régiment de Zouaves.
Le 11 novembre 1903, il est libéré.
Le 28 mars 1906, il est condamné à 1 an de prison pour coups et blessures volontaires.
« Ce dernier avait pour maîtresse une jeune fille borgne. Comme elle voulait se soustraire à sa tyrannie,
en pleine rue il lui creva l’œil qui lui restait avec un bâtonnet préparé à cet effet. … »
Le 23 juin 1906, Supino est condamné à 15 ans de travaux forcés pour coups et blessures ayant entraîné
la perte d’un œil et la cécité …
Tatouages sur le bras : une pensée et le nom Amélie (deux douzaines d’Amélie sont nées à Alger entre
1875 et 1885)
Le 28 décembre 1906, il embarque à bord du steamer Loire à destination de la Guyane , en compagnie
de son cousin Joseph Llinarès
Le 21 octobre 1908, il s’évade
Le 19 mars 1909, il s’évade à nouveau : il sera tué quelques jours plus tard par son cousin Joseph
Llinarès !