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Avec le soutien de la Fondation Chimay Wartoise

Revue trimestrielle - N°2/2014

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Sommaire

P 3 Le mot du président

P 4-8 Compte-rendu de la réunion du Club Hydrogène du 28 juin,

par Joseph Famerée

P 9-10 Notre action auprès de l’Hôpital des Enfants à Jette

P 11 Fernand Platbrood reçoit un hommage mérité

P 12 -14 L’autoconsommation, nouveau marché du PV

P 15-24 L’Introuvable mix énergétique

P 25 L’hydrolienne en version fluviale

Les Compagnons d’Eole asbl

Siège social:

rue des Noyers 12 —1460 Ittre

Email: [email protected]

www.compagnons-eole.be

Administrateurs: Didier VANDERMEERSCH, président et secrétaire, Joseph

FAMEREE, vice-président, Lino POLESE et Paul SPINOIT.

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Le mot « coup de sang » du Président

Chers Compagnons,

Il y a quelques mois, dans notre revue, je vous faisais part de ce « désamour » pour les éner-gies renouvelables...Et voilà que soudain, un vent de panique souffle sur notre approvisionne-ment en électricité...Normalement, une perspective de rupture hivernale d’approvisionnement électrique devrait pousser nos dirigeants à favoriser l’émergence de sources d’énergies renou-velables. C’est la réaction normale de tout décideur politique dans tous les pays d’Europe. Oui mais voilà, nous sommes en Belgique régionalisée, où la vision à moyen ou long terme de nos politiciens est inexistante ou seulement velléitaire… Silence complet donc. Bon sang, est-ce qu’un jour quelqu’un se rendra-t-il compte que, plutôt que de se rendre dépendant du gaz russe, du pétrole d’Arabie Saoudite, du gaz de pétrole américain, de l’énergie nucléaire à base de combustible d’origine russe ou africaine, etc., il serait infiniment plus malin de bétonner notre indépendance énergétique en multipliant l’exploitation locale des énergies renouvelables? Quel est l’homme politique qui aura ce courage de favoriser ainsi l’intérêt général de nos compa-triotes?

Pensez-vous que je sois un doux rêveur? Ou simplement un réaliste?

A propos, il reste encore quelques places pour les passionnés dans les Groupes de Travail bio-masse, solaire thermique, petit éolien...une seule adresse: [email protected]: engagez-vous pour notre futur !

Les Compagnons d’Eole sont des fanatiques des énergies renouvelables, mais des fanatiques réfléchis et responsables…Longue vie donc à notre association !

Didier VANDERMEERSCH

Appel à collaboration : si vous souhaitez écrire un article à publier dans un numéro futur de cette Revue, n’hésitez pas à le transmettre à l’adresse email suivante : [email protected]

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Réunion du Club H2 élargi le 28 JUIN

1 – Une société de l’H2 ?

La dernière réunion du GT H2- Club HYDROGENE a eu lieu à SCHALTIN toute la journée du 28 juin 14.

Nous étions dix, et cinq autres personnes intéressées n’ont pu être présentes, déjà engagées par ail-

leurs.

D’entrée de jeu, nous avons fait un tour de table pour voir ce que chacun pensait ou pressentait au su-

jet de cette fameuse « société de l’H2 » que d’aucuns nous promettent et que déjà JULES VERNE évo-

quait dans « Vingt mille lieux sous les mers ».

Pour beaucoup, l’H2 reste dangereux, il faut le produire, le stocker avec difficulté, il y a bien des an-

nonces, mais « on ne voit rien ou pas grand-chose » !

Et pourtant ! Il n’est pas inutile de rappeler que grâce au soleil, la plus grande centrale à hydrogène, la

vie sur terre est possible car l’hydrogène nous constitue, nous réchauffe, constitue la biomasse com-

plexe, les énergies fossiles dont les alcanes représentés par la formule (CnH2n+2). Le méthane CH4 est

le plus simple avec un seul atome de carbone et 4 atomes d’hydrogène.

L’hydrogène est partout et près de chez vous ! Le saviez-vous ? Air Liquide, leader mondial des gaz spé-

ciaux, gère notamment un réseau de pipelines d’H2 alimentant le nord des Pays Bas, la région d’AN-

VERS, la région de CHARLEROI et le nord de la France. On imagine le développement du marché des

chariots élévateurs à PAC qui pourraient être alimentés directement sur la zone industrielle. ( photo 1-

réseau H2- source Internet).)

Est-ce dangereux, est-ce durable ?

L’hydrogène est très volatil, il passe à travers les métaux, il reste dangereux dès 4% de volume dans

l’air, mais les risques sont bien maîtrisés pour les usages dans les véhicules spaciaux et industriels. Bri-

coler sa voiture n’est pas sans risque grave, prudence donc !

Actuellement, l’H2 est produit en majorité au départ du gaz naturel d’où rejet d’énormes

quantités de C02 qui pourrait dans l’avenir servir à la culture des micro-algues.

Air Liquide veut « verdir son H2 » en le produisant de façon renouvelable. Une nouvelle énergie verte ?

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2- L’H2 vecteur énergétique et ou ressource énergétique ?

Considéré jusqu’à présent comme vecteur énergétique obtenu grâce à l’énergie d’une source, vu

qu’il n’existe pas de réservoir connu d’H2 comme de pétrole.

Cependant, très récemment des chercheurs russes ont identifié en SIBERIE des puits d’environ 1

km de diamètre d’où émane notamment de l’H2. Ces recherches ont été confirmées par les experts

de l’Institut Français du Pétrole Energies Renouvelables.( IFPEN) Cet hydrogène serait produit par

l’oxydation du fer ferreux des roches par l’ oxygène de l’eau libérant en même temps l’H2. (photo

2.- google Maps)

Quel intérêt pour les CE-Club H2 de s’intéresser à L’H2, comme petit producteur éolien, PV ou mi-

cro-hydraulique ?

Le reproche fait aux ER est leur intermittence et l’impossibilité de stocker cette énergie facilement.

Il semble que nous puissions avoir un intérêt à un triple point de vue, comme citoyen, comme con-

sommateur et comme auto-producteur, trois en un et ce à trois échelles bien différentes, celles

des grands réseaux, des ilots d’habitats et de la maison individuelle autonome pour les besoins

énergétiques du lieu et de la mobilité.

L’hydrogène comme moyen de stockage ?

Les surplus d’énergie électrique fatale des ER ou pas peuvent dès aujourd’hui être utilisées pour la

production d’H2 avec des électrolyseurs haute performance. ( HYDROGENIC’S). Cet hydrogène du-

rable est soit injecté dans le réseau de gaz naturel, ( POWER TO GAS- EON) ( projet INGRID), soit

mélangé à raison de 20 à 30% pour donner ce nouveau carburant dénommé (HYTHANE) déjà bien

connu au CANADA et dont les essais sont terminés en France. (photos 3- électrolyseur hydrogénic’s

source hydrogénic’s). (photo 4.- schéma Power to gaz MAC-PHY).

.

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L’eau est le résultat de la combustion de

l’hydrogène et de l’oxygène, ce carburant diminue CNG+ H2 diminue fortement les rejets pol-

luants mais pas proportionnellement, car il faut plus de carburant pour une même puissance dé-

veloppée.

3 – Une rupture technologique : le stockage solide d’H2.

La découverte des hydrures n’est pas nouvelle, mais les découvertes faites par les chercheurs de

l’Université JEAN FOURNIER dont certains ont créé la société MAC PHY ont permis une avancée

considérable dans le stockage d’hydrogène sous forme d’hydrures de magnésium (MgH2) soit

une concentration de 6% d’H2 en masse sous forme de galettes stockées en conteneurs isolés.

( photo 6.- galette d’H2. Source Mac PHY.)

MAC PHY qui signifie « matériau à changement de phase » accumule les succès et distinctions

avec la mise en service d’unités pilote à LA MOTTE-FANJAS dans la Drôme et de nouveaux autres

projets dont INGRID.

MC PHY s’est associé avec ATAWEY pour l’équipement de sites isolés avec des solutions de

stockage en batteries et sous forme d’hydrures.

Notre nouveau membre du Club H2, Edouard VANHEULE nous a exposé sa vision et ses projets

de développement du stockage d’H2 solide en collaboration avec MAC-PHY.

On ne mesure sans doute pas à quel point, ce type de solution peut à terme changer l’approvi-

sionnement en énergie. En effet, il sera possible d’utiliser les installations traditionnelles à leur

puissance optimale ainsi que les parcs éoliens et PV sans que l’intermittence ne soit un problème.

Le choix sera soit d’injecter de l’H2 dans le réseau de gaz, soit de fabriquer de l’HYTHANE, soit de

fabriquer des galettes d’H2 solide, stockables.

AIR LIQUIDE vise une production d’H2 durable des ER plutôt que le reformage du gaz naturel. (Air

Liquide HYDROGEN ENERGY) ainsi que le programme HORIZON HYDROGENE.

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4 – La maison autonome.

Rendre la maison autonome en énergie grâce à la production d’H2 par PV et /ou éolien pour le

chauffage, ainsi que pour la mobilité, c’était le rêve proposé par ITM, le développement n’a pas été

poursuivi, ITM s’étant centré sur les grosses unités d’électrolyseurs.

Et pour nous petits prosumers !

Après avoir adopté un onduleur intelligent, le chemin le plus court reste le stockage gratuit sur le ré-

seau tant que ceci reste gratuit.

Si l’on veut tout de même stocker, la recharge d’une voiture électrique semble une des meilleures va-

lorisations. Cependant, l’achat d’un véhicule électrique reste cher et la consommation contenue à vi-

tesse très modérée grimpe verticalement dès que l’on roule comme dans une voiture convention-

nelle, vérification faite les 27 et 28 juin 2014.

Le stockage fixe en batteries Li-ion est coûteux et ne se justifierait que s’il s’agit de faire face à des

coupures de quelques heures pour des applications vitales.

Au JAPON, on semble croire au concept de la voiture comme centrale énergétique de laquelle on

peut stocker et donc reprendre pour la maison de l’énergie électrique.

L’Hybride électrique batteries +PAC.

Un compromis probable celui de la voiture électrique dont l’autonomie reste très limitée sera pour-

vue d’un « extender » à pile à combustible (PAC à H2), ce qui résout le problème.

MAHY, une société de Dôle, spécialiste des réservoirs à H2, vient d’obtenir un gros contrat avec la

poste française pour équiper des KANGOO électriques d’ « extender » H2. Par ailleurs, ils ont obtenu

la certification pour équiper les chariots de quai des Chemins de fer suisses.

Plusieurs vélos électriques sont proposés avec des « extenders » avec recharges d’H2 comprimé, soit

de kits d’H2 produit à la demande. Des kits pour voitures produisant du HHO existent aussi, il con-

vient de rester très prudent en cas de bricolage…

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5°- Notre projet de module de démonstration.

Les modèles scolaires sont bien connus et nous disposons de certains. Le projet serait d’arriver à monter

un générateur opérationnel d’une puissance d’un à deux kWh sur batteries Li-ion avec extender H2, si

possible avec réservoir d’hydrures rechargeables, de quoi faire face à une situation de secours.

Appel est donc lancé à chacun pour ses idées, ses compétences et créativité.

Si vous êtes intéressés, vous pouvez rejoindre le Club H2/CE pour poursuivre la veille technologique au-

tour de la maison autonome et de la mobilité électrique/H2.

Merci à chaque participant présent pour la contribution didactique lors de cette journée.

J. FAMEREE,

Animateur du Club H2.

0498/67 65 20

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Notre action auprès de l’Hôpital des Enfants à Jette.

Suite à un appel au secours lancé par l’Ecole de l’Hôpital des Enfants à Jette (Bruxelles),

deux administrateurs se sont rendus sur place afin de fournir une assistance.

Cette Ecole, située dans l’enceinte de l’Hôpital Universitaire Reine Fabiola à Jette

(dit »Hôpital des Enfants » car il n’accueille que des enfants gravement malades) a pour

but de fournir aux enfants malades et en séjour plus ou moins long à l’hôpital, un ensei-

gnement qui leur permette de ne pas trop décrocher des matières vues à l’école avant,

pendant ou après leur hospitalisation.

Dans le jardin de cette école ont été installés, il y a environ 6 ans, une petite éolienne et

deux panneaux photovoltaïques à but purement didactique. Les panneaux s’étaient effon-

drés après une tempête, et l’éolienne semblait ne plus tourner correctement.

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En deux visites, Paul Spinoit a pu redresser les panneaux photovoltaïques, véri-fier la petite éolienne, installer un onduleur Mastervolt Soladin 600 offert par les CE et, cerise sur le gâteau, il a offert un SMA Sunny Beam pour un monitoring plus aisé. Merci à lui pour sa gentillesse et sa compétence!

Photo: Paul Spinoit en pleine action dans la cabane de jardin qui accueille un Windy Boy et un Soladin!

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Fernand Platbrood reçoit un hommage mérité!

Notre ancien Président, Fernand Platbrood, a fait l’objet d’une biographie (de son vivant!!!) par Maurice Vandeweyer, publiée par Céline Lurquin, éditrice chez WebOpéra Editions Diffusion en juin dernier.

Un célèbre architecte Français (mais d’origine Namuroise), Jean Dethier, a qualifié notre Fernand de « trésor vivant de la créativité artisanale » ! Quel plus beau com-pliment pouvait-on lui faire?

Photo: Fernand sur ses terres…comme un poisson dans l’eau...même avec une cravate !

Pour voir le reportage TV sur Fernand et sa vie de génial inventeur:

http://www.canalc.be/fernand-platbrood-un-hommage-merite/

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Alors que le coût de production de l'électricité photovoltaïque décroît rapidement depuis plu-sieurs années, cette dynamique devrait selon le SER (Syndicat des Energies renouvelables en France)-SOLER (Groupement français des professionnels du Solaire Photovoltaïque), rendre possible la production in situ d'une électricité moins chère que celle fournie par le réseau.

Aussi, afin d'anticiper le développement spontané de l'autoconsommation chez les clients finaux (lorsque le photovoltaïque sera compétitif avec les prix de détail de l'électricité distribuée, ce qui ne saurait tarder), le SER-SOLER recommande de mettre en place en France un mécanisme de soutien à l'autoconsommation dans le cadre d'une phase expérimentale d'une durée de trois ans, en parallèle des mécanismes de soutien actuellement en vigueur, et sans que cette initiative se substitue à ces derniers.

Cette phase expérimentale aurait pour objectif d'anticiper et de résoudre en amont les questions qui se poseront lors du développement naturel de l'autoconsommation, parmi lesquelles :

-l'intégration du photovoltaïque autoconsommé au réseau électrique en termes d'énergie et de puissance, et définition des services système associés ;

-le développement des modèles de pilotage de la demande et de la production en fonction des segments de puissance concernés et de la nature des sites équipés ;

-la sécurité électrique des intervenants et des utilisateurs finaux ;

-l'acquisition d'un savoir-faire et la construction de références pour se positionner à l'export, dans un marché en pleine croissance ;

-la gestion du risque en matière de financement de ces nouveaux projets ;

-la résolution des problématiques juridiques concernant l'achat / vente d'énergie de gré à gré.

SER-SOLER propose que les volumes dédiés à cette expérimentation totalisent 300 MW par an pendant trois ans, répartis sur l'ensemble des segments de puissance.

Ces volumes viendraient s'ajouter à la programmation pluriannuelle d'appels d'offres que SER-SOLER juge essentiel de mettre en place afin de donner une visibilité optimale aux industriels :1 000 MW par an au minimum pendant trois ans.

Les sites visés en priorité par l'expérimentation devraient être ceux du secteur industriel et ter-

tiaire d'une part, pour lesquels il peut exister une adéquation « naturelle » des courbes de con-

sommation et de production photovoltaïque, et du résidentiel intégré dans des « îlots urbains »

en cours d'aménagement d'autre part.

L'amortissement de l'investissement se fera donc par l'économie liée à une moindre consomma-

tion sur le réseau et à la vente du surplus.

L'expérimentation en matière d'autoconsommation qui est recommandée par le SER pourrait préparer les acteurs économiques à l'émergence d'un nouveau marché du photovoltaïque, inexistant à ce jour, et que l'on pourrait qualifier de « marché de proximité ». A ce titre, il serait essentiel de mettre en place un mécanisme d'utilisation des antennes de distribution basse ten-sion afin de permettre qu'un générateur photovoltaïque remplisse ce rôle de source d'électricité pour les consommateurs de proximité. La réflexion peut s'étendre à l'échelle de zones commer-ciales et d'activités, campus universitaires, quartiers résidentiels, sites industriels, sites de re-charge de véhicules électriques, etc. (tout ce que recouvre le terme générique d' « îlot urbain »), mais également au niveau des collectivités.

L'autoconsommation : "l'émergence d'un nouveau marché du photovoltaïque"

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L'autoconsommation photovoltaïque, qu’est-ce que c’est ?

Par autoconsommation photovoltaïque, on entend la possibilité donnée à tout type de consom-mateur/producteur d’électricité de connecter une installation photovoltaïque, dimensionnée selon ses besoins, soit uniquement à son installation électrique, soit dans un mode de partage entre son installation électrique et le réseau local selon les fluctuations de la production et de la con-sommation in situ. L’objectif de l’installation photovoltaïque est donc plus de répondre, soit à sa propre consomma-tion, soit à la consommation d’un ou plusieurs sites déterminés dans son voisinage, que de pro-duire et vendre en totalité pour le réseau. L’électricité excédentaire continue d’être injectée sur le réseau local, cette production pouvant être valorisée de plusieurs manières. Cette définition inclut tout type de consommateur et tout type de segment de marché du photo-voltaïque.

Elle inclut également tout type de raccordement de l’installation, de la connexion au réseau public

à l’installation directement connectée à un réseau privé, en passant par les installations de pro-

duction raccordées au consommateur par une ligne dédiée.

Notons qu’une installation photovoltaïque qui répond à cette définition ne doit pas nécessaire-

ment être la propriété du consommateur, elle peut appartenir à un autre acteur lié de manière

contractuelle au consommateur. Tout type de producteur/consommateur peut s’inscrire dans ce

cadre, du résidentiel à l’industriel en passant par le tertiaire.

Tout type d’application photovoltaïque peut également être concernée, des installations intégrées

aux bâtiments jusqu’aux centrales au sol en passant par les installations en surimposition. L’élé-

ment central de la définition est le lien fort entre le dimensionnement du système photovoltaïque

et ses plages journalières de production avec le besoin électrique du ou des consommateurs.

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La logique de l’autoconsommation n’est pas la recherche de l’autonomie mais plu-tôt celle de s’inscrire dans l’infrastructure locale du réseau associant production photovoltaïque, gestion intelligente de la demande et stockage. Cette orientation met donc en avant une multitude de situations d’autoconsommation à laquelle est associée une multitude de modèles d’affaires possibles.

Source : rapport du SER-SOLER juin 2014

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L’introuvable mix énergétique idéal

Alain Grandjean / Associé, Carbone 4 / June 29th, 2014

Le mix énergétique, c'est la répartition des différentes sources d'éner-gies primaires consommées pour la production des types d'énergie uti-lisés dans un pays donné. Pour différentes raisons allant de la disponi-bilité des ressources aux politiques de lutte contre le changement cli-matique, les mix énergétiques nationaux sont appelés à évoluer dans les prochaines décennies. Mais le poids de l'histoire ainsi que les coûts politiques et économiques de cette évolution la rendent difficile. Quelles sont les pistes les plus sérieuses?

ParisTech Review – Existe-t-il dans le monde aujourd’hui un mix énergé-

tique idéal?

Alain Grandjean – Aucun mix énergétique au monde ne prend suffisamment en

compte les problématiques climatiques. De ce fait, aucun n’est idéal. Principal

coupable : notre forte dépendance aux énergies fossiles. Plus de 80% de notre

énergie en provient. Or ces ressources présentent deux grands défauts. D’une

part, elles émettent une grande quantité de CO2 lors de leur combustion, ce qui

constitue l’une des principales causes du réchauffement climatique. D’autre part,

leur quantité n’est pas infinie. Avec bientôt neuf milliards d’individus sur terre, il

risque d’y avoir un sérieux problème. La raréfaction du pétrole a d’ores et déjà

une conséquence majeure : l’augmentation de son prix et un impact économique

et social considérable sur les familles les plus pauvres. Et nous n’en sommes

qu’au début. Demain, ce sera le tour du gaz, puis du charbon. L’ensemble de ces

considérations doit nous inciter à faire évoluer le mix énergétique actuel.

Certains pays, cependant, sont moins dépendants que d’autres des éner-

gies fossiles. Peuvent-ils être pris comme modèle?

Des pays comme la France ou la Suède disposent, il est vrai, de centrales hy-

drauliques et de centrales nucléaires pour leur production d’électricité.

(article publié dans ParisTech Review juillet 2014)

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Ils sont donc dans une moindre dépendance des ressources fossiles. Mais l’électri-

cité ne représente aujourd’hui, dans les pays développés, qu’un peu plus d’un cin-

quième de la consommation d’énergie totale et ces pays ont toujours besoin de pé-

trole pour les transports et de gaz pour produire les engrais. Par ailleurs, la pétro-

chimie qui est utilisée par un grand nombre d’industries (matières plastiques, fibres

synthétiques, polyester, nylon, médicaments, cosmétiques) est à base de pétrole.

Pourquoi utilise-t-on aujourd’hui autant le pétrole?

L’avantage du pétrole est qu’il présente une densité énergétique élevée. Il est donc

très facile d’usage pour le transport de personnes et de marchandises. Sans parler

du transport aérien pour lequel il est encore indispensable. En revanche, son utili-

sation pour le chauffage des bâtiments est un choix aberrant. Il existe bien d’autres

solutions comme le gaz, l’électricité, le bois et les énergies renouvelables etc. Il est

grand temps aujourd’hui de songer à substituer le pétrole dès lors qu’on en a la

possibilité. L’une des priorités est d’apprendre à s’en passer afin de se préparer à

la diminution des stocks. Le prix du baril ne cesse de croître. En 2008, il a grimpé

jusqu’à 148 dollars. Aujourd’hui, malgré l’arrivée des hydrocarbures non conven-

tionnels il reste supérieur à 100 dollars! Et il ne baissera pas de façon significative,

pour une raison très simple : la disponibilité des ressources dépend directement

des prix. Certains gisements exploités aujourd’hui ne seraient pas rentables avec

un prix de marché de moins de 70 dollars le baril…

Par ailleurs, nous ne sommes pas à l’abri de chocs géopolitiques susceptibles de

créer de fortes tensions sur l’approvisionnement. Les pays non-producteurs doi-

vent d’autant plus s’en préoccuper, qu’ils ne feront pas partie des bénéficiaires de

la dernière goutte de pétrole : les pays producteurs la garderont pour leur propre

consommation.

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Est-ce pour cette raison que l’on assiste à un recours croissant

au charbon? Quels en sont les avantages et les inconvénients?

Encore abondant, le charbon demeure une ressource peu chère à produire. Le

recours au charbon s’explique aussi par la baisse de son prix sur le marché mon-

dial, conséquence en particulier de l’explosion de la production de gaz de

schistes aux Etats-Unis qui rend disponible pour l’exportation des quantités im-

portantes de charbon. De plus, sa présence est mondialement assez bien répar-

tie.

Certes 60 % des réserves mondiales sont situés dans quatre pays seulement

(Chine, États-Unis, Inde, Russie) qui ne représentent ensemble que 27% de la

superficie des terres émergées et n’abritent que 40 % de la population mondiale),

mais on en trouve dans presque tous les pays en plus ou moins grande quantité.

Enfin, son impact négatif sur l’environnement n’est pas encore pris en compte

dans les calculs économiques. Tout cela contribue à expliquer le recours crois-

sant au charbon, principalement dans la production électrique où le pétrole tient

un rôle marginal. Cependant, dès lors que la lutte contre le changement clima-

tique deviendra une réelle priorité au niveau mondial, il faudra bien réduire, aussi,

notre recours au charbon.

Quels sont les différents modèles de mix énergétique dans le monde, leurs

avantages et leurs inconvénients?

Les choix de mix sont liés au niveau de développement des pays. Ainsi, au sein

des pays émergents ou développés, le recours au pétrole reste ultra majoritaire

dans le domaine du transport (à l’exception du Brésil qui utilise davantage de bio-

carburant grâce à la canne à sucre).

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En revanche, pour la production d’électricité, chaque pays opte pour un mix sin-

gulier en fonction des ressources accessibles sur son territoire et suivant le coût

relatif des énergies importées. La faiblesse relative du coût du charbon pousse

certains à l’utiliser, même s’il n’est pas produit localement. Le charbon assure

en moyenne 40 % de la production mondiale d’électricité, mais cette proportion

atteint 70 % en Inde et 80 % en Chine. Il prédomine aussi dans des pays

comme la Pologne, les États-Unis ou l’Australie.

Dans d’autres pays, comme la Norvège, le Brésil, le Venezuela ou le Canada,

l’hydraulique est très développé. En France, en Suède, en Belgique et en

Ukraine, le nucléaire prédomine pour la production d’électricité. Ailleurs, la plu-

part du temps, le mix est très diversifié (charbon, gaz, hydraulique, nucléaire).

En ce qui concerne les pays les plus pauvres, ceux-ci ont encore un recours im-

portant au bois comme source de chauffage et de cuisson, ce qui contribue à la

déforestation, nuisible au plan biologique comme au plan climatique. Mais leur

consommation est inférieure aux pays développés. Si en Europe nous consom-

mons en moyenne quatre tonnes d’énergie équivalent pétrole (TEP) d’énergie

primaire par personne (contre huit tonnes aux Etats-Unis), les pays les moins

développés se situent sous la barre d’une TEP.

Quant aux nouvelles énergies (biomasse, éolien, solaire, géothermie, et énergie

marine), elles commencent à sortir de la marginalité. Les énergies renouve-

lables présentent plusieurs avantages décisifs sur la durée : un faible coût d’ex-

ploitation (le vent, le soleil nous sont offerts par la nature), une empreinte car-

bone limitée et de faibles risques industriels. En revanche, elles restent lourdes

en termes d’investissement et, pour l’éolien et le photovoltaïque, ne peuvent as-

surer une continuité d’approvisionnement sur le réseau électrique.

Pourquoi les Etats tardent-ils à faire évoluer leur mix énergétique? Est-ce

si compliqué politiquement? Économiquement?

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Pour de nombreux Etats, il est très compliqué politiquement de pénaliser l’usage

du pétrole, synonyme de mobilité et de liberté. Taxer le pétrole, mettre des

normes et des règlements qui en réduiraient la consommation, reste très difficile.

Les subventions au pétrole sont encore très importantes (de l’ordre de 200 mil-

liards de dollars dans le monde par an selon les estimations de l’Agence interna-

tionale de l’énergie). Elles sont particulièrement élevées dans les pays produc-

teurs. Même en France, nous avons pu constater la difficulté à faire émerger une

taxe carbone, pourtant nécessaire pour réduire l’usage des énergies fossiles. En

ce qui concerne l’utilisation du charbon dans la production d’électricité, ce choix

peut sembler avantageux en raison de la faiblesse de son coût. Ainsi, réduire son

poids, c’est augmenter à court terme le prix de l’électricité. Une option difficile à

défendre au plan politique, même si elle est indispensable à terme. Dans certains

pays producteurs comme la Pologne, cette réduction est encore plus complexe.

Le charbon y est, de surcroît, un gage d’indépendance nationale et représente

des milliers d’emplois.

La marge de manœuvre est donc étroite. Comment, malgré tout, faire évo-

luer les mix énergétiques?

Il faut d’abord convaincre les populations de l’impact négatif des options actuelles

sur le climat et l’environnement. En Chine, par exemple, où les habitants souf-

frent physiquement de la pollution, l’opinion est sensibilisée et le gouvernement

s’active à remplacer ses centrales au charbon les plus polluantes. Cela a permis

aux autorités d’inscrire dans le dernier plan quinquennal chinois des objectifs de

décarbonisation ambitieux et inédits. Aux Etats-Unis, les problèmes de cyclones

et de gelées permettent d’ores et déjà de faire avancer le débat public. En

France, les évolutions sont plus difficiles car nous avons un pays encore

« protégé des dieux » en matière climatique. Mais le dernier rapport du GIEC in-

dique bien que l’élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du

XXe siècle est bien le fait de l’accumulation des gaz à effet de serre d’origine hu-

maine. D’ici à 2050, un été sur deux sera caniculaire. Cela se traduira par de

lourdes pertes de productivité pour l’agriculture.

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Même la France va devoir continuer à agir. Elle a d’ailleurs pris un en-gagement de réduction de ses émissions par un facteur 4 à horizon 2050 par rapport à 1990, dans une loi d’orientation de la politique énergétique. La condition sine qua non est que ces changements soient perçus positivement par la population.

L’échelon national est-il le bon étalon pour raisonner sur les mix énergétiques?

Il est vrai que, selon les pays, les ressources disponibles, les choix opé-rés dans le passé et la sensibilité des populations nationales, les mix sont différents. De plus, l’énergie est un bien particulier et la notion d’indépendance est névralgique pour les Etats. C’est pourquoi, d’ail-leurs, l’idée de créer un mix énergétique idéal identique pour chaque pays européen est irréaliste.

De même, penser appliquer les recettes américaines pour le gaz de schiste, en France, est absurde. On ne peut guère raisonner de la même façon en Arkansas et dans le Lubéron. Le nombre d’habitants au kilo-mètre carré y est sensiblement différent. Les activités au sol également. En France, nous disposons de nombreuses activités « de surface » comme le tourisme et l’agriculture qui subiraient des pertes impor-tantes en cas d’exploitation intensive du gaz de schiste (à supposer qu’on en trouve qui soit exploitable de manière rentable, ce qui n’est pas prouvé).

Concernant l’électricité, la France fait partie d’une plaque européenne qui doit stabiliser en permanence la fréquence du courant (à 50 Hz). Il est donc absolument nécessaire que les gestionnaires de réseaux et les autorités de régulation se coordonnent, ce qui se fait de mieux en mieux. Afin d’éviter les risques de rupture, le poids relatif des énergies renouvelables doit croître de manière progressive et cohérente. Mais surtout il faut revoir en profondeur l’organisation européenne du mar-ché de l’électricité et des dispositifs qui interagissent avec lui.

Plus généralement, les pays européens ont évidemment en commun une faiblesse stratégique : leur forte dépendance au gaz, au pétrole im-portés, et, bientôt, au charbon. Ils ont donc intérêt à faire front com-mun face à ce défi, qui peut les conduire vers les plus grandes

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difficultés, tant notre développement et notre confort dépend de l’énergie. La priorité absolue commune à tous les pays européens est de réduire cette dépendance, en commençant par baisser leur consommation d’énergie.

Les pays européens, qui sont en pointe sur la question, se sont donnés des objectifs ambitieux pour réduire la part des énergies fossiles de plusieurs dizaines de points en deux décennies. Est-ce réaliste?

Avant de faire évoluer le mix, il faut penser aux moyens de réduire massivement notre consommation d’énergie. Mais où sont les marges de manœuvre ? Il faut notamment réaliser des efforts dans le bâtiment, qui représente 40% de la consommation finale et 25% des émissions de gaz à effet de serre. Cela suppose de lancer une po-litique de rénovation ambitieuse des bâtiments tertiaires et des lo-gements via des incitations fiscales et des mécanismes d’aide au fi-nancement. Il faut également travailler sur l’efficacité énergétique dans le transport de marchandises et des personnes ainsi que dans l’industrie et l’équipement des ménages. Enfin, il faut accélérer la sortie de voitures légères et sobres (deux litres aux cent ou moins).

Prenons l’exemple de la France. Même si la part du nucléaire dans la production électrique contribue à une moindre dépendance en-vers les énergies fossiles, 70% de l’énergie finale consommée reste issue de pétrole et de gaz. Il y a, par exemple, encore trois millions de logements chauffés au pétrole, dont une partie est occupée par des familles en situation de précarité énergétique. Il est possible et souhaitable de faire basculer ce mode de chauffage vers des pompes à chaleur (ou d’autres solutions de chaleur renouvelable) tout en isolant ces logements. Il faut aussi accélérer le passage des camions à la motorisation gaz et favoriser le report modal vers le ferroviaire lorsque c’est envisageable.

Certains pays ont beaucoup investi dans le nucléaire. Faut-il continuer?

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L’exemple de la France, là encore, permet de se faire une idée des en-jeux. Nous sommes à la veille d’investissements lourds dans nos cen-trales qui auront en 2025 presque toutes plus de quarante ans, leur du-rée de vie prévue initialement. D’importantes décisions sont à l’ordre du jour. Faut-il prolonger toutes les centrales ? Le président Hollande s’est engagé à réduire la part du nucléaire dans la production électrique de 75% à 50% en 2025, mais diversifier les sources de production élec-trique en passant par les énergies renouvelables n’est pas si simple à cet horizon, même si leur coût tend à diminuer. D’autre part, le nu-cléaire est une technologie de haut niveau qui nécessite un personnel très qualifié. Pour attirer les ingénieurs et conserver une compétence en la matière, il faut un projet clair et ambitieux.

Atteindre l’objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% à horizon 2025 suppose la fermeture de réacteurs nucléaires (une vingtaine en ordre de grandeur). Quelques-uns le seront peut-être du fait des tra-vaux de mise en sûreté imposés par l’Autorité de sûreté nucléaire, trop coûteux pour l’exploitant. Aller au-delà suppose d’avoir établi une tra-jectoire qui tienne compte de nombreux paramètres : impact social et économique des fermetures, capacité industrielle à réaliser les déman-tèlements qui en suivront, montée en puissance des énergies renouve-lables à un rythme adapté en fonction des progrès et de leurs coûts. Il est probable, en fait, que l’objectif de 50% ne sera pas réalisé en 2025 mais lissé dans le temps. Il présente cependant un double inté-rêt : permettre la progression des renouvelables, faire évoluer les men-talités et finalement déplacer le curseur.

Un pays comme l’Allemagne a beaucoup évolué au cours de la dernière décennie. Le modèle allemand est-il si vertueux alors qu’il utilise beaucoup de charbon et que les surcoûts liés aux renouvelables sont évalués à 23,6 milliards d’euros pour 2014?

Aucun modèle comme on l’a dit plus haut n’est parfait. L’Allemagne partait d’un mix électrique très intense en charbon et a réalisé de gros efforts dans ce domaine au cours des vingt dernières années. En 1991, le charbon y représentait près de 60% de la production d’électricité, ce ratio est passé à environ 45% en 2010, alors que sur la même période la production d’électricité a crû de 10%.

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Cela a été réalisé grâce à une hausse des renouvelables et du gaz.

L’accroissement récent du recours au charbon s’est fait au détriment du gaz, ce qui est évidemment dommageable pour le climat (pour un kWh produit, la combustion du charbon émet quatre à cinq fois plus de CO2 que celle du gaz). Cette dérive est due à des facteurs qui ne sont pas spécifiques à l’Allemagne : la France, par exemple, a elle aussi fait ce « switch » depuis 2010 (avec des conséquences moindres car elle consomme moins de gaz et de charbon que l’Allemagne). Deux raisons à cela : la baisse mondiale du prix du charbon, devenu plus compétitif que le gaz en Europe et le dysfonctionnement du marché de quotas de CO2 qui aurait dû permettre de compenser ce différentiel de compéti-tivité. Du fait de la crise économique et de la baisse de la production industrielle en Europe, les tarifs des émissions de CO2 sont tombés à un niveau si faible qu’ils ne jouent plus leur rôle.

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Quant aux énergies renouvelables (l’éolien et le photovoltaïque majori-tairement pour l’électricité), leur déploiement a été permis par des aides payées par les consommateurs et les entreprises .

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Des aides surdimensionnées qui ont permis, cependant, à l’Alle-magne de structurer des industries et des savoir-faire dans un do-maine promis à un bel avenir au plan mondial. Reste l’option contro-versée de l’abandon du nucléaire. Il s’agit là d’un choix de société. En définitive, l’arbitrage entre des risques d’accidents aux conséquences majeures comme à Fukushima et un surcoût significatif de l’électrici-té appartient aux peuples et à leurs représentants.

Qu’attendez-vous de la loi de programmation sur la Transi-tion énergétique qui sera discutée prochainement en France?

Il faut avant tout qu’elle fixe un cap clair afin de permettre à tous les acteurs de comprendre notre politique énergétique. Il faut de la visi-bilité, de la stabilité et des orientations bien définies et quantifiées, assorties d’étapes. Réduire la part des énergies fossiles dans notre consommation énergétique (-30% à horizon 2030), réduire nos émissions de gaz à effet de serre (-75% à horizon 2050) et réduire notre consommation d’énergie (-50% à horizon 2050) constituent de véritables défis pour notre société. Ils peuvent être stimulants, sources de progrès technologiques et d’innovation, quelque soit la difficulté du contexte économique. La transition énergétique est une formidable opportunité pour enclencher une reprise de l’activité. Elle peut à la fois créer des emplois et réduire notre déficit commercial, enjeu majeur aujourd’hui pour notre pays. Il faut savoir être ambi-tieux.

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Au fil de l'eau... hydroliennes en version fluviale

Légende : Dessin en 3D de la picohydrolienne conçue par ’EcoCinetic.

L'entreprise EcoCinetic, basée à La Rochelle, commercialise une picohydrolienne, non pas destinée comme ses grandes cousines aux courants marins, mais aux cours d'eau. Inspirée du rotor de Savonius, la turbine affiche un rendement proche des 30 % et est destinée à produire de l'électricité au fil de l'eau pour des vitesses de courant allant de 1,2 à 4 m/s. Si la plupart des cours d'eau affichent des vitesses de 1 m/s, nombreux sont les endroits singuliers où le flux s’accélère : piles de pont, rétrécissement de canaux, méandres, etc. « À la fin du XIXe siècle, la France comptait 100 000 moulins sur ses cours d'eau, rappelle Frédéric Mourier, gé-rant et fondateur d'EcoCinetic. Aujourd'hui, la production hydroélectrique en eau douce im-plique a minima une chute de 1,5 à 2 mètres de haut, mais il existe un nombre considérable de sites où ces hydroliennes pourraient fonctionner au fil de l'eau. »Les turbines peuvent être an-crées, fixées à un ponton ou à des flotteurs, suivant les cas de figure. Elles sont disponibles en trois tailles, donnant des surfaces balayées de 1 m2 (1,60 mètre de hauteur pour 0,7 mètre de diamètre), 0,5 m2 (0,75 x 0,7 m) et 0,25 m2 (0,35 x 0,7 m). Elles peuvent ainsi être mises en place dans des cours d'eau d'une profondeur minimum de 0,6 mètre. Une turbine de 1 m2 par un courant de 2,5 m/s affichera une puissance de 2,5 kW, mais plusieurs turbines peuvent être montées sur un même support. Les modules peuvent par conséquent présenter des puis-sances allant de 0,5 à 20 kW.

(Source : systèmes Solaires 29 juillet 2014)