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Rapport au Parlement 89 sur 448 BOURGOGNE

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BOURGOGNE

LE PALEOLITHIQUE

Peu d’opérations préventives ont concerné cette période, mais elles ont livré desinformations exceptionnelles.

Il faut néanmoins citer le repérage d’un petit site du Paléolithique supérieur ancien* dans laNièvre (Sauvigny-les-Bois), et la fouille de plusieurs dizaines de mètres carrés de niveauxpréhistoriques dans le gisement fameux de Solutré (Saône-et-Loire), à l’occasion de travauxd’aménagement d'un parc archéologique, au printemps 2004. Le site est interprété comme uneoccupation hivernale de chasse au cheval et au renne, et de boucherie, l’accumulation de plus decinquante herbivores impliquant plusieurs fréquentations. La composition de l’assemblage lithique etles datations déjà effectuées rapportent l’ensemble à l’Aurignacien ancien*, aux alentours de 33 000-34 000 av. J.-C. Les deux perles en ivoire mises au jour - la découverte d’objets de parure est tout àfait exceptionnelle dans ce contexte - s'insèrent dans des traditions à la fois « nordiques » et sud-ouesteuropéennes, plaçant l’Aurignacien de Solutré au cœur de plusieurs influences.

Par ailleurs, à Sennecé-les-Mâcon (Saône-et-Loire), un site rapporté au Paléolithiquemoyen* a été fouillé en début d’année 2005. Le niveau archéologique était conservé sur une surface de800 m², dans un contexte loess limoneux ; il a livré près de mille six cents pièces lithiques. L’outillagese compose de racloirs de types variés présentant des affinités avec certains sites du Paléolithiquemoyen* des marges de l’Est de la France, de la tradition micoquienne*. Bien que les sédiments n’aientpas permis la conservation des vestiges osseux, les informations d’ordre typologique, technologique etéconomique attendues apparaissent extrêmement importantes sur le plan régional d’une part, maiségalement pour la connaissance des systèmes techniques lithiques au Paléolithique moyen* en Europede l’Ouest.

LE NEOLITHIQUE

La création d’une ZAC sur la commune de Monéteau (Yonne) a été l’occasion de plusieursfouilles entre 2001 et 2004, qui ont apporté des éléments nouveaux et fondamentaux sur lesoccupations du Néolithique ancien et moyen*.

L’habitat de la culture Villeneuve-Saint-Germain* est caractérisé par des bâtiments de plannaviforme rares dans l’ensemble du Bassin parisien. Plus de 500 m linéaires d’une enceinte duNéolithique moyen ont été fouillés. La présence, pour cette période, de structures funéraires groupéesdans l’aire interne de l’enceinte semble inédite dans cette région. Que ce soit au niveau architecturalou des pratiques funéraires, le site de Monéteau constitue un ensemble original sans comparaison dansla moitié nord de la France. Il est susceptible de combler des lacunes sur la transition entre les diversesphases du Néolithique ancien* et du Néolithique moyen*. Par ailleurs il pose la problématique desrelations entre zone d’habitat, nécropole et structure de retranchement. La synthèse des résultatsconcernant l’habitat et les nécropoles néolithiques de Monéteau fera l’objet d’une publicationbénéficiant d’une aide à la préparation d’une publication.

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Archéologie préventive

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LA PROTOHISTOIRE

A l’automne 2004, les fouilles préalables à l’aménagement d’une ZAC à Migennes (Yonne)ont permis le dégagement de deux ensembles funéraires totalisant soixante-quatre sépultures. Lepremier se compose pour l’essentiel d’incinérations. Le second regroupe, autour d’un petit encloscirculaire, des inhumations parfois organisées en rangées. Le matériel métallique, d’une qualitéexceptionnelle est représentatif des dotations funéraires de la fin de l’âge du Bronze moyen-début duBronze final*. Son étude associée au traitement des observations de terrain constituera un corpus deréférence bien au-delà des limites régionales.

Les diagnostics préalables à l’ouverture d’une carrière de roche massive à Ciez (Nièvre) ontfait apparaître deux tumuli* de pierres sèches. Un seul a pu être fouillé, à la fin de l’année 2005. Il amontré une architecture complexe avec trois couronnes périphériques limitant la masse tumulaire etsept sépultures dont le mobilier métallique (torques, bracelets) se rapporte majoritairement à la fin dupremier âge du Fer*.

A Arc-sur-Tille (Côte-d’Or) deux enclos circulaires menacés par un lotissement ont livrédix-sept inhumations qui correspondent probablement à un groupe restreint, sans doute familial, entreles Ve et IVe siècles av. J.-C. La forme circulaire de l’enclos, distincte des formes quadrangulaires envigueur à cette époque, suggère une sépulture fondatrice antérieure, vraisemblablement sous tumulus.

Céramiques d’importation, amphores et tuiles précoces attestent du statut privilégié d’unvaste site de la Tène finale*, qui a été découvert à l’occasion d’une opération préventive au nord deMâcon (Saône-et-Loire), dans le cadre de l’extension de la zone d’activités de Sennecé-les-Mâcon.Des structures d’habitat, avec d’intéressants témoins d’activité métallurgique, bordent un espace limitépar un long fossé interrompu pour ménager un imposant système d’accès ; un enclos quadrangulaireaux fossés profonds complète la vision de ce qui apparaît comme les abords d’un site majeur.

L’ANTIQUITE

Outre des interventions à l’intérieur de l’enceinte de la ville antique d’Autun (Saône-et-Loire) qui ont apporté des informations notables en matière d’organisation urbaine et de chronologiedes occupations, c’est en matière funéraire que les résultats les plus importants ont été obtenus. L’undes cinq pôles funéraires de la ville antique a pu être documenté pour la première fois de façonmoderne, lors d’une fouille extensive sur près de 3 hectares. Inhumations et incinérations, associées àd’autres structures funéraires sont regroupées en « îlots », de densité variable, parfois délimités par desenclos ; certaines structures ont livré un mobilier abondant et significatif, dont près de cent cinquantestèles funéraires en position secondaire. Un secteur de 6 000 m² occupé par de nombreux creusements,profonds et imbriqués, présentant d’abondants dépôts liés à la crémation (bûchers, fosses de rejets) aégalement été mis en évidence. Cet ensemble ouvre de nombreuses pistes en matière deproblématiques à développer dans les années à venir sur d’autres ensembles funéraires.

Une fouille archéologique préventive, avant restauration d’une porte de ville, rue du Quatre-Septembre, à Auxerre (Yonne), a permis, grâce à une analyse fine du bâti, de mettre au jour uneportion de l’enceinte gallo-romaine conservée sur la quasi totalité de son élévation initiale, soit près de6 mètres. Après piquetage des enduits, le rempart, dépouillé de son parement (blocs récupérés), estvisible sur 3 mètres. Les caves sous-jacentes conservent le reste de l’élévation avec son parement enpetit appareil et les fondations réalisées en blocs de grand appareil.

A Sens (Yonne), plusieurs opérations préventives de diagnostic intra et extra muros ontpermis d'accroître singulièrement notre connaissance sur la ville romaine d’Agedincum. L’opération laplus significative est la découverte, rue Binet, d’un vaste bâtiment à absides daté de l’antiquité tardive.

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Associé à des d’inhumations en pleine terre et à des sarcophages, l’hypothèse d’un bâtiment à vocationfunéraire ou religieuse des premiers temps chrétiens est avancée.

Une fouille de 2005 a documenté un petit sanctuaire antique, repéré en diagnostic en 2002,en périphérie de Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or) à proximité immédiate du sanctuaire et del’agglomération des Bollards. Le temple à cella*, de forme rectangulaire, était adossé au murd’enceinte du sanctuaire qui englobait également trois édicules ou chapelles. L’ensemble,malheureusement très arasé, était superposé à un niveau d’occupation protohistorique.

LE MOYEN ÂGE

Le diagnostic préalable à l’ouverture d’une gravière à Marliens (Côte-d’Or) a montré laprésence d’un exceptionnel village du haut Moyen Âge (VIIe-VIIIe siècles) se développant sur plusd’une dizaine d’hectares dans la plaine alluviale. Il juxtapose des maisons-halles de plan stéréotypé àdes vestiges d’enclos et de greniers.

Un vaste projet de recomposition du quartier des Brichères, d’environ 20 hectares, au sud-ouest d’Auxerre (Yonne), est à l’origine d’une première phase de diagnostic et de fouille. Si desoccupations concernant le néolithique sont attestées, une pérennité d’occupation est constatée del’époque romaine jusqu’aux XIe et XIIe siècles. Aux cotés de structures en négatif (fosses, silos, trousde poteaux), on relève la présence de fours de potiers en activité entre le Ve et le VIIe siècles.L’époque carolingienne correspond à l’apogée de l’occupation du site avec en particulier l’installationd’une grande maison bordée par un fossé.

Une fouille archéologique a été réalisée en préalable à la création d’une déviation de laRD 91 à Ligny-le-Chatel (Yonne). Les terrains soumis à l’enquête archéologique sont situés àl’emplacement de la localité disparue de « Ligny-la-Ville » et de son église, qui succéda à une abbaye.Une importante nécropole du haut Moyen Âge avec sarcophages et sépultures en pleine terre a faitl’objet d’une fouille exhaustive. Elle est associée à un habitat.

A Sevrey (Saône-et-Loire), la fouille préalable à la construction d’un lotissement a permisd’appréhender l’organisation spatiale d’une petite partie de la vaste zone d’ateliers de potiers déjàrepérés sous le village actuel et à ses abords. Les bâtiments artisanaux couplés à des fours deproduction se succèdent du VIe au XIe siècle. Ils sont installés le long d’un cheminement qui menait, àl’époque médiévale, à une zone de chargement bien documentée. L’intérêt principal de l’opération estvenu de la mise en évidence d’une production ancienne de céramiques à pâte bistre dont l’aire dediffusion est très vaste, tant à l’est, vers la Suisse, qu’au sud, dans la vallée du Rhône.

Une fouille importante, préalable à la construction d’une maison pour personnes âgées, a étémenée au 12, rue Saint-Genest, à Nevers (Nièvre), sur une parcelle située au sud de l’ancienne abbayebénédictine Notre-Dame et à l’est du rempart élevé au XIIIe siècle. Si les premières constructionsmaçonnées remontent au VIIe siècle, d’importants travaux d’aménagement du talus menant à la Loireaccompagnent, à l’époque carolingienne*, l’installation d’un très grand bâtiment, de 15 m de large surplus de 47 m, au plan tripartite. Le grand espace central occupé par différentes salles est flanqué dedeux ailes en appentis, divisées en plusieurs pièces, dont certaines avec foyers aménagés. Deuxgroupes de sépultures ont également été découverts, l’un au nord, de personnages probablementimportants, l’autre au sud, de femmes, de nouveaux-nés et de jeunes enfants. Cet édifice, qui fermait ledomaine abbatial côté sud, devait être destiné à des laïcs. Le mobilier associé évoque une sociétéaisée, mais aussi des activités de type domestique (travail du textile). Réutilisé après un incendie quil’a détruit à la fin du IXe siècle, il est progressivement démembré.

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Archéologie préventive

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Une fouille menée dans le cadre des travaux de restauration par les Monuments historiquesde l’abbaye de La Charité-sur-Loire (Nièvre), à l’intérieur d’une galerie du XIIIe siècle reliant l’égliseprieurale Notre-Dame à la nef de l’église Saint-Laurent dégagée il y a une trentaine d’années, a mis aujour plus d’une centaine de tombes médiévales, sur plusieurs niveaux. La majorité des sépultures estantérieure au XIIIe siècle et enrichit considérablement l’étude des pratiques funéraires, notamment enmilieu monastique. Des tombes rupestres, inédites en Bourgogne, épousent la forme du corps enménageant une logette pour la tête. Une tombe monumentale, vraisemblablement la sépulture d’unpersonnage important, formée d’un coffre en pierre naviforme et présentant un rétrécissement pour lecalage de la tête, a été trouvée accolée au mur de la nef.

Les travaux de restauration réalisés par le service des Monuments historiques dansl’hémicycle oriental du déambulatoire du chœur de l’abbatiale Saint-Philibert de Tournus (Saône-et-Loire) ont remis au jour, en 2001-2002, une mosaïque en grande partie préservée, sous le dallage misen place au XVIIIe siècle. Elle se compose d’une succession de médaillons représentant les mois et lessignes du zodiaque. Sa mise en place est très probablement contemporaine de la grande campagne dela reconstruction de l’abbaye datée des années 1110-1140. L’iconographie, la remarquable variété dudécor des bordures, la technique, en font un ensemble exceptionnel, unique par sa qualité et son état deconservation pour l’époque romane.

Une fouille des sols et des campagnes de relevés systématiques des élévations, à l’occasionde travaux de restauration de l’intérieur de la basilique de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) ontpermis de recueillir des informations inédites sur tant sur la basilique primitive que surtout sur ledéroulement du long chantier de construction de l’édifice actuel, chef d’œuvre de l’art romandclunisien.

Direction régionale des affaires culturellesService régional de l’archéologie de Bourgogne

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COTE-D’OR

MARLIENS ET ROUVRES-EN-PLAINE (LES GRAVIERES - FINSAINT JEAN)

UN VILLAGE DU HAUT MOYEN ÂGE

Situées à une quinzaine de kilomètres au sud de Dijon, dans la plaine, les communes deMarliens et de Rouvres-en-Plaine ont fait l'objet d'un projet d'ouverture d'une carrière de granulats parla société GSM, sur environ 28 hectares en 2002. Les seuls indices archéologiques recensés étaient desanomalies abondantes, repérées par photographie aérienne, mais non encore intégrées dans la « cartearchéologique ».

Chenaux fossiles, anciennes carrières et fosses du site médiéval repérés sur photographie aérienne.© R. Goguey.

Un diagnostic a été prescrit en 2003, puis réalisé en deux tranches successives afin derespecter le cycle des travaux agricoles (de février à mars 2004, sous la responsabilité de J.-M. Violot,puis en août 2004 sous la responsabilité de P. Chopelain, INRAP).

Ce diagnostic a révélé la présence d'un vaste habitat de la période mérovingienne d'un intérêtexceptionnel tant par son ampleur (il concerne une grande part de l'emprise de la future carrière), que

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par la densité et l'originalité des vestiges mis au jour. La recherche d’un consensus entre le coûtprévisionnel des fouilles préventives et la rentabilité économique de la carrière a nécessité denombreuses réunions de concertation avec le carrier et la Préfecture.

Les diagnostics ont ainsi du être suivis d’une première fouille sous la responsabilité deP. Chopelain en septembre 2004, portant sur une zone de 4 000 m², qu’il fallait libérer en urgence enbordure des installations de la carrière, lesquelles ont été posées sur une plate-forme qui recouvre uneautre partie du site. La plus grande partie du village médiéval reste cependant à fouiller.

Les tranchées du second diagnostic devant les installations de la carrière.© Y. Pautrat, DRAC Bourgogne.

La vingtaine de constructions repérée appartient majoritairement à de grands bâtimentsstructurés par cinq rangs de poteaux. Relevant la rigueur orthogonale et la standardisation des plans,P. Chopelain propose un modèle de « maison rectangulaire à galerie englobante », caractéristique desvallées de la Saône et du Doubs, qui pouvait rassembler les fonctions d'habitat, d'étable et de grenier(grange). L’érosion des sols d'habitation ne permet pas de mieux identifier les fonctions des différentsespaces délimités au sein de ces « maisons-halles ».

Plan de la zone fouillée.Les alignements de trous de poteaux dessinent le plan de plusieurs maisons.

© P. Chopelain, INRAP.

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Les fouilles ultérieures devront préciser la chronologie de l'occupation et montrer si lesdifférents édifices sont bien contemporains. Pour l'heure, les céramiques recueillies dans les structures,relativement nombreuses, permettent d'envisager une occupation entre la fin du VIIe siècle et le débutdu VIIIe siècle, ce qui laisse place à la possibilité de reconstructions décalées dans le temps et dansl’espace. En outre, il n'est pas exclu, au regard de l'ampleur des vestiges, que l'occupation ne s'étaleplus largement jusqu'au Xe ou XIe siècle.

Yves PautratDirection régionale des affaires culturelles

Service régional de l’archéologie de Bourgogne

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NIEVRE

CHEVROCHES

UNE AGGLOMERATION SECONDAIRE GALLO-ROMAINE INCONNUE

Le site de Chevroches, mis au jour lors des fouilles préventives liées à un projet de village devacances, correspond à un éperon barré du Néolithique moyen bourguignon d'une superficie de25 hectares environ. Il surplombe la plaine alluviale de l'Yonne, qui s'écoule vers le Sud, en directionde Clamecy, distante de 2 km. Au sud de l’éperon, un méandre fossile, sans doute comblé à la fin duPaléolithique supérieur*, présente un grand nombre de vestiges archéologiques encore visibles dans lemicro-relief.

Vue générale de l’éperon barré.© F. Devevey, INRAP.

Outre la présence d'une occupation intense au Néolithique moyen (dont un mégalithe), nontouchée par l’aménagement, et celle d’une importante nécropole mérovingienne qui a donné lieu à unemodification du projet, les fouilles préventives ont révélé l’existence d’une agglomération secondairegallo-romaine inconnue jusqu’alors.

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Son extension maximale n'est pas définie, mais au moins cinq îlots, délimités par des voies etdes ruelles, ont pu être identifiés, sur une superficie de plus de 14 500 m². Son développement tientcompte de la topographie particulière du site, tant en bordure de la plaine alluviale de l'Yonne, qu’enterrasses sur le versant ouest du plateau.

Un urbanisme à caractère public se met en place au cours de la période tibérienne* (14-37apr. J.-C.) et subira d’importants remaniements sous les Flaviens (69-96 apr. J.-C.), avec laréorganisation de certains îlots et la construction d'un bassin monumental à quelques dizaines demètres de l’Yonne, associé à un sacellum*. L'adoption des techniques architecturales romaines segénéralise à partir du second siècle de notre ère.

La Maladrerie, le Grand Champ.Plan général des structures gallo-romaines.

© INRAP.

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En limite sud du site, au cœur d’un îlot, une activité métallurgique soutenue de réduction duminerai de fer, de forge et d’artisanat du bronze s’implante au cours de la seconde moitié du IIIe siècle,jusqu'à l'abandon de cette partie du site, à la fin du IVe siècle (découverte d’un lot de plus de deuxcents objets manufacturés et de deux trésors monétaires).

Vue des structures mises au jour dans l’îlot A.© INRAP.

Trésor monétaire.© INRAP.

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A la fin du IIIe siècle, de profonds remaniements sont opérés au sein des différents îlots. Si lesacellum* semble toujours faire l'objet d'un culte, le bassin monumental est comblé pour permettre laconstruction de nouvelles unités d'habitation. L’organisation des espaces de circulation est égalementmodifiée.

L’agglomération est définitivement abandonnée durant les premières années du Ve siècle,mais l’existence de la nécropole mérovingienne sur la partie haute du plateau montre que l'occupationhumaine de ce promontoire naturel a perduré durant quelques siècles encore.

Élisabeth PigeauDirection régionale des affaires culturelles

Service régional de l’archéologie de BourgogneD’après Frédéric Devevey

INRAP

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SAONE-ET-LOIRE

AUTUN (SAINT-PANTALEON)

UNE NOUVELLE NECROPOLE D’AUGUSTODUNUM

Une zone d’environ 10 hectares, située à l’entrée orientale de la ville d’Autun, en dehors del’enceinte de la ville antique, a été retenue par la municipalité pour un projet d’aménagementd’ensemble.

Les terrains, aujourd’hui laissés à l’état de prairie, étaient réputés avoir livré au XIXe sièclede nombreux vestiges funéraires antiques (stèles, récipients, etc.), sans cependant que l’on puisse liercette nécropole au passage d’une voie antique importante.

Un diagnostic a été réalisé, à la demande de la Ville, en juin 2003 sous la maîtrise del’INRAP, épaulé par l’archéologue du service d’archéologie d’Autun. L’ensemble du terrainaccessible (soit 7,9 hectares sur les 10,2 hectares concernés) n’a été sondé qu’à cinq pour cent (centsoixante-trois sondages ouverts), pendant dix jours et par deux personnes. Un très faible nombre destructures a pu être testé.

Le site présentait trois types destructures : quelques fossés, des tombes (àincinérations et inhumations) réparties selon desdensités variables ainsi que des fosses « derejet ». Malgré une forte érosion, on a pu noter laprésence de remplissages signifiants (dont troisstèles) alors que les vestiges osseux semblaientparticulièrement mal conservés.

Le diagnostic a donc confirmél’existence et la localisation de la nécropole. Il aégalement a permis d’en préciser l’extension :cernée sur trois de ses côtés, elle s’étend sur aumoins 350 mètres de long et une centaine demètres dans sa plus grande largeur.

Dépôt de vases sur un cercueil en bois.Le bois ne subsiste qu’à l’état de traces ligneuses, et lecercueil a été comprimé par les dilatations et rétractions dusol encaissant.© INRAP.

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L’opération de fouille préventive, confiée àl’INRAP, s’est déroulée du 22 juin au 30 septembre2004.

Elle devait permettre de documenter, pour lapremière fois de façon moderne et sur une surfaceimportante (les deux tiers de la nécropole, soit plusd’un millier de structures), l’un des cinq pôlesfunéraires d’Autun antique, en s’attachant à préciserson organisation spatiale, son évolution dans le temps,ses caractéristiques du point de vue de la taphonomie*,des rites funéraires, voire de l’organisation sociale(absence de monument funéraire, présence de stèlesd’artisans).

Stèle d’un artisan du métal,tenant dans sa main droite un marteauavec lequel il façonne un vase en métalreposant sur un support.© INRAP.

Stèle de l’enfant SECVNDINUSavec son petit chien et un gobelet dans la main gauche.© INRAP.

Stèle « au croissant », portant l’inscription : « auxDieux Mânes (DM) d’ARCVRNVS fils de

COTVBINVS ».© INRAP.

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Un décapage extensif des 2,8 hectares concernés a été mené pendant cinq semaines. Il apermis de lever le plan d’ensemble de la nécropole et d’adapter la stratégie (échantillonnage) ainsi queles protocoles de fouille aux structures et ensembles de structures considérés comme les pluspertinents de par leur d’organisation ou leur état de conservation.

L’importance de cette nécropole ayant été sous-estimée au départ, le décapage a confirmé legrand nombre de structures (1 200 au total), leur caractère érodé (« fonds d’incinérations ») et lemauvais état de conservation des vestiges osseux.

La nécropole s’organise en deux parties. Une zone sépulcrale est caractérisée par dessépultures réparties en plusieurs pôles, de densité variable et parfois marqués par un système d’enclos.Cette zone s’étend selon un plan en forme de croissant autour d’une vaste zone (6 000 m²) occupée pardifférentes fosses, parfois très profondes et imbriquées, dont les stratigraphies complexes sontmarquées par d’importants dépôts charbonneux.

La stratégie de fouille a été discutée au moyen d’une expertise extérieure, permettantd’asseoir plus finement les modes d’approche : coupes stratigraphiques dans la zone des grandesfosses ; identification rapide de toutes les structures rencontrées, définition de types de structures oud’ensembles destinés à être traités de façon détaillée. En conséquence, et alors que des choixdrastiques étaient opérés, des moyens complémentaires, humains et mécaniques, ont été mis en place.

Le traitement des données a fait l’objet d’un suivi par les experts sollicités lors de la phase deterrain et a bénéficié du concours de chercheurs de l’Université (S. Deyts et Y. Le Bohec pour l’étudedes cent cinquante stèles environ qui ont été mises au jour).

Béatrice BonnamourDirection régionale des affaires culturelles

Service régional de l’archéologie de Bourgogne

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YONNE

MIGENNES

UNE NECROPOLE DE LA FIN DE L’AGE DU BRONZE MOYEN ET DU DEBUT DUBRONZE FINAL

La fouille de la zone d’activités industrielles de Migennes, dirigée par F. Müller etL. Stanaziek (INRAP) et réalisée entre août et octobre 2004, fait suite à un diagnostic archéologiqueeffectué en 2002.

Plan des deux ensembles funéraires mis au jour.© INRAP.

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Le caractère exceptionnel de ce site réside dans la découverte de deux ensembles funérairesde l’âge du Bronze* (l’un comptant trente-trois incinérations, l’autre, trente et une inhumations) et detrois enclos circulaires.

La quantité, la qualité et le très bon état de conservation des objets (inédits en contexte defouille pour certains) trouvés en association avec les défunts, en font désormais un site de référenceincontournable pour la transition entre le Bronze moyen final et le début du Bronze final*.

Le mobilier archéologique est constitué de plus d’une centaine de céramiques, d’objets en os,en or, de briquets avec silex et nodules de pyrite, de fléaux de trébuchet associés à des poids etd’environ cinq cents objets en bronze dont de l’outillage, de la parure et de l’armement. Ainsi, ladécouverte d’un type très rare d’épée, dit « de Rixheim », offre l’opportunité de dater l’uniqueexemplaire précédemment trouvé dans le sud-est du Bassin parisien, en 1871…

Les deux modes de traitement des défunts, inhumations et incinérations, en deuximplantations séparées, mais apparemment contemporaines, relancent les interprétations sociales duphénomène : groupes familiaux distincts, affirmations de différences hiérarchiques.

Vue d’ensemble de la tombe à incinération n° 250.© F. Müller, INRAP.

Vue d’ensemble de la tombe à inhumation n° 298.© L. de Cargouet, INRAP.

Une fois achevée, l’étude exhaustive des ensembles funéraires et du mobilier associé,permettra de mieux appréhender la diversité et la complexité des pratiques funéraires de cette époque,et d’en affiner la chronologie en fonction de l’évolution des typologies.

Un programme alliant étude typologique et technologique des objets, datations par laméthode du Carbone 14 et analyses anthropologiques sur la globalité des sépultures, devrait permettre

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à la communauté scientifique de disposer d’un ensemble très complet de données et de réflexions surla conception de la « vie dans l’au-delà » à cette période.

Afin de tirer le meilleur parti scientifique de ces découvertes et d’en préparer la publication,un comité interinstitutionnel a été mis en place dès le mois de novembre 2004. Il réunit l’Unité mixtede recherche du CNRS « Archéologie, cultures et sociétés. La Bourgogne et la France orientale duNéolithique au Moyen Âge » (UMR 5594), le service régional de l’archéologie et l’INRAP ;l’Université de Bourgogne offrant, en outre, la possibilité à un certain nombre d’étudiants de s’investirdans le cadre de leurs travaux.

Agnès RousseauDirection régionale des affaires culturelles

Service régional de l’archéologie de Bourgogne