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Cinéma Le France Samedi 24 novembre 2012 à 14h15 Avant-première Parada La parade Date de sortie : décembre 2012 Durée : 115 minutes Réalisé par : Srdjan Dragojevic Avec :Nikola Kojo Milos Samolov Hristina Popovic Goran Jevtic Goran Navojec Dejan Acimovic Toni Mihajlovski Natasa Markovic Mladen Andrejevic Relja Popovic... Genre : Comédie dramatique Nationalité : Hongrie, serbie, croatie, slovènie et allemagne Langue : anglais sous-titré Diffusion : Sophie Dulac Synopsis : En voulant sauver son pitbull chéri et contenter sa fiancée capricieuse, Lemon, parrain des gangsters de Belgrade, se voit obligé d'assurer la sécurité de la première GayPride de Serbie. Pour l'aider dans cette mission impossible, il part à la recherche d'anciens mercenaires. Serbes, musulmans, bosniaques, albanais du Kosovo et combattants croates se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite qui n'aurait jamais dû se rencontrer va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ? Festival du Film Gay et Lesbien de Saint-Etienne du 22 au 25 novembre 2012 Toutes les infos sur : www.festivalfaceaface.fr et 06 29 43 01 20

Parada« Shiptar » - par lesquels les diverses factions durant la guerre de Yougoslavie se désignaient affectueusement entre elles, avant de finir avec celui « utilisé par tout

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Cinéma Le France Samedi 24 novembre 2012 à 14h15

Avant-première

Parada La parade

Date de sortie : décembre 2012 Durée : 115 minutes

Réalisé par : Srdjan Dragojevic

Avec : Nikola Kojo Milos Samolov Hristina Popovic Goran Jevtic Goran Navojec Dejan Acimovic Toni Mihajlovski Natasa Markovic Mladen Andrejevic Relja Popovic...

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : Hongrie, serbie, croatie, slovènie et allemagne

Langue : anglais sous-titré

Diffusion : Sophie Dulac

Synopsis : En voulant sauver son pitbull chéri et contenter sa fiancée capricieuse, Lemon, parrain des gangsters de Belgrade, se voit obligé d'assurer la sécurité de la première GayPride de Serbie. Pour l'aider dans cette mission impossible, il part à la recherche d'anciens mercenaires. Serbes, musulmans, bosniaques, albanais du Kosovo et combattants croates se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite qui n'aurait jamais dû se rencontrer va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ?

Festival du Film Gay et Lesbien de Saint-Etienne

du 22 au 25 novembre 2012 Toutes les infos sur : www.festivalfaceaface.fr et 06 29 43 01 20

Biographie du réalisateur : Né en Yougoslavie en 1963, Srdjan Dragojevic a d’abord travaillé comme psychologue avant de reprendre des études de cinéma à l’Université de Belgrade. Avant de concentrer toute son énergie sur ses films à partir de 1996, il a été reconnu comme poète dont les œuvres ont été publiées dans son pays. Filmographie 2011 The parade 2009 Saint George shoots the dragon 2005 Mi nismo Andjeli 2 1998 Rane 1996 Pretty village pretty flame 1992 Mi nismo Andjeli

Critiques :

La Parade est la fierté de la Serbie : Un film mettant en scène des vétérans de guerre assurant la sécurité d’une Marche des Fiertés défie l’homophobie balkanique – et c’est un immense succès. C’est sans doute la loi du paradoxe qui veut que le pays qui apporte la plus contribution actuelle à la

culture gay soit la Serbie. Des cocktails Molotov et des pierres furent lancés sur les participants à la Marche des Fiertés à Belgrade en 2010, où 5000 policiers devaient veiller sur 1000 personnes très courageuses ; l’évènement a été carrément annulé l’an dernier. Mais un film traitant de la lutte pour organiser une Marche serbe vient de se voir décerner la première place en 2011 au box-office national,

devançant facilement les icônes gays The Smurfs à la 2e place, avec jusqu’à présent le chiffre incroyable de 500000 entrées à travers les Balkans.

De manière surprenante, « Parada » (La Parade), écrit et réalisé par Srdan Dragojevic, n’est pas une œuvre artistique empreinte de solennité ; c’est une comédie grand public impertinente sur un ex-para serbe qui décroche un job consistant à assurer la sécurité de la Marche des Fiertés. Ca commence avec un glossaire des termes d’argot – « Chetnik », « Balija », « Shiptar » - par lesquels les diverses factions durant la guerre de Yougoslavie se désignaient affectueusement entre elles, avant de finir avec celui « utilisé par tout le monde » : « peder » (« pédé »). Cette sorte de cynisme terre-à-terre est le moyen pour Dragojevic d’emporter les spectateurs serbes dans le tourbillon de sa comédie ; son personnage principal, Limun, doit prendre la route pour réunir d’anciens compagnons d’entraînement du temps de la guerre – un Croate, un Bosniaque et un Albanais Kosovar – dans son équipe de gardes du corps façon « Sept Samouraïs ».

Dragojevic est sceptique sur le fait que le succès du film pourrait signifier que la Serbie « sort du placard ». « 500000 entrées, c’est assez extraordinaire pour une région qui compte, après la période de transition dévastatrice qu’elle a traversée, moins de cinémas que Londres », affirme le réalisateur. « Mais les choses sont plus complexes. Si j’avais fait une sorte de drame hermétique sur la vie difficile d’un couple gay dans la Serbie contemporaine et que ça n’ait attiré que 3000 spectateurs, ce ne serait pas juste d’en conclure que le nombre de personnes tolérantes ici ne dépasse pas ce nombre, n’est-ce pas ? »

Son film examine aussi profondément les causes de l’homophobie serbe que n’importe quel film dans lequel les protagonistes se promènent dans une Mini rose. « « Parada » aurait pu se satisfaire du statut d’échographie de la société et du cinéma serbes », écrit Miroljub Stojanovic de Nin Magazine, « mais au lieu de cela, il est allé plus loin et est devenu son IRM. » Je ne suis pas expert en médecine, mais Dragojevic élargit certainement le champ de sa comédie en la focalisant autant sur le machisme de la région que sur les droits des gays. Ca ne vole pas plus haut qu’une comédie « efféminée », pourrions-nous dire, de choix (ca recycle la leçon « rose » de la scène de la biscotte dans « La Cage aux Folles »), mais sa satire commence à avoir des effets dévastateurs quand elle rebondit aussi sur la mentalité du mâle

lambda du coin. « Il y a un autre thème qui ne pourrait certainement pas anéantir le succès commercial de « Parada », écrit Ante Tomic dans le journal croate Jutarnji List, « Le public ne peut jamais résister quand quelqu’un se moque de notre machisme balkanique, notre hétérosexualité déterminée, notre tradition héroïque et sa peur panique et ridicule des « pédés ». »

Il pense probablement entre autre à la scène de « flash-back » où Limun et son copain Roko s’engagent en premier sur le champ de bataille quand le serbe se demande s’il doit abattre le Croate pendant qu’il s’essuie les fesses au milieu des décombres. Tomic continue : « Parada » est beaucoup plus politiquement correct que les horreurs sanguinaires que nous ont fait subir ces hommes hétéros qui avaient peur d’accepter leur vraie nature. » Dragojevic, un réalisateur au passé rock punk et entretenant des relations troublées avec Hollywood, dit qu’il voulait la même approche en confrontation avec l’homophobie que celle qu’il a eue avec la guerre de Yougoslavie dans ses films unanimement salués par la critique, « Pretty Village, Pretty Flame » (1996) et « the Wounds » (1998). Il a annulé le projet de tournage à la Pride de 2009 à cause, ironiquement, de problèmes de sécurité, mais les scènes tournées lors de celle, assiégée, de 2010 sont dans le film.

Dragojevic est prompt à pointer du doigt la personne qu’il faut tenir pour responsable de l’annulation de la Marche l’an dernier. « Si le président serbe avait eu le courage de soutenir la Marche, suivi par deux ministres, comme le président croate l’a fait il y a quelques années, la Pride de Belgrade aurait eu lieu », dit Dragojevic. « Mais il se préoccupe plus des électeurs homophobes

et nationalistes et de l’élection à venir que de la constitution et des droits humains. » « Parada » est projeté gratuitement dans les écoles serbes afin de susciter le débat. Il y a encore de l’humour las de la part de Dragojevic quand vous lui demandez quel impact son film aura selon lui. « Un de mes amis, un journaliste, m’a appelé récemment pour me remercier. Son ado de fils venait de rentrer après avoir vu « Parada ». « Ce film est à chier », lui dit le gamin. « Pourquoi ca ? », demande son père. « Parce que je ne déteste plus les pédés. » » Ce serait super pour les connaisseurs en matière de films politiquement incorrects si « Parada » devenait un succès international, mais en réalité, son importance se situe dans un seul endroit. Pour le réalisateur, il y a un seul test décisif. « Si la Marche de Belgrade 2012 se déroule sans violence pour la première fois dans l’histoire, je serai fier d’avoir fait quelque chose d’important pour la société dans laquelle je vis. »