Upload
adalberto
View
13
Download
0
Embed Size (px)
DESCRIPTION
Estudios sobre el Egipto antiguo en idioma frances
Citation preview
FONDATION EUGNE PIOT
ia^;/MIEMIEttS:--"-t,ra*pS- DE L'EGYPTE
PAR
J. DE MORGAN
Extrait du tome XXV des Monumentset Mmoires publi par l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettresen l'honneur de Ghampollion
PARIS
DITIONS ERNEST LEROUX
28, RUE BONAPARTE,28
1922
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE
Il y a cent ans au.plus, bien que la tradition ft de l'Orient
asiatique et de l'Egypte le berceau de la civilisation moderne, nos
historiens en taient encore rduits aux rcits d'Hrodote et aux
lambeaux des oeuvres de Brose, de Manthon et de Sanchoniaton,
quand les grandes dcouvertes de l'pigraphie sont venues ouvrir
des champs nouAreaux l'histoire. Les fables sont devenues des
ralits et, peu peu, les annales des dynasties oublies sont sorties
du nant. Ce fut une rvolution dans la connaissance du pass.
Mais, en mme temps que se dvoilait l'histoire de l'humanit,
base sur des crits contemporains des faits, celle de notre propre
globe cdait aux efforts des gologues, et, bientt, toutes les branches
de la science concourant la recherche des origines, nous nous
sommes trouvs mme de reconstituer, par la pense, la vie aux
divers ges de notre plante, d'affirmer l'existence de l'homme en
des temps si lointains, que l'esprit se perd au milieu de millnaires
dont il n'ose pas valuer le nombre.
Au cours de cette merveilleuse priode qui a prcd notre gn-
ration, avec la naissance de la mthode, toutes les sciences, en
un seul bond, sont venues dchirer les voiles qui, pendant tant de
sicles, avaient cach la vrit. Boucher de Perthes ouvrait la Aroie
aux recherches prhistoriques, en mme temps que Ghampollionarrachait leurs secrets aux monuments de l'Egypte, que Cuvier crait
% ; MONUMENTS ET MEMOIRES
ta palontologie, qu'une multitude de savants faisaient parler le sol,
la nature elle-mme.
Ds que l'histoire de rhomme sortit des barrires dans lesquellesnos anctresi la tenaient enferme^ les tudes des phnomnes sur-
humains apportrent des lments nouveaux d'apprciation, mon-
trrent tes socits primitives luttant pour la vie, obissant aux lois
imprieuses de la nature, On sut bientt rtablir les conditions dans
lesquelles* aux diverses poques, nos antiques prcurseurs ont vcu,
expliquer leurs migrations, leur dveloppement plus intense et plus
rapide en certaines rgions que dans d'autres : c'tait la etfricher
le terrain avant de le livrer aux historiens.
Quand on tudie l'volution d'un groupe humain, la premire
pense doit tre de chercher rtablir le milieu naturel dans lequelce peuple a vcu> de reconstituer, en s'appuyant sur ds observa-
tions prcises, l'histoire de ce sol sur lequel il s'est dvelopp, d'ana-
lyser les ressources naturelles qu'il lui offrait au cours des diverses
phases de sa vie, de reconnatre les dangers auxquels il tait expos,les, besoins qu'il n'tait pas mme de satisfaire. Qui ne sait pasces choses n'est pas mme d'crire une histoire philosophique; il
doit se contenter des rcits anecdotiques, ainsi qu'on le faisait avant
le XIXe sicle.
Ce sol, sur lequel nous vivons, est, tous points de Arue, d'une
mobilit extrme : son relief, son climat, sa flore, sa faune se modi-
fient sans cesse. Mais, le plus souvent, l'amplitude de ces phno-mnes est trop vaste pour que, dans notre courte vie, nous en
puissions percevoir les consquences ; cependant, ces effets se font
sentir au cours des sicles, influent sur les peuples, et frquemment, leur insu, leur imposent leurs destines.
L'Egypte pharaonique n'aurait pas t, pendant des sicles et
des sicles, le sanctuaire des dieux, celui du repos de l'esprit et de
l'me si, par sa nature, la valle du Nil n'avait dvelopp chez ses
habitants les sentiments mystiques, la quitude, le got pour les
oeuvres de la paix.
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 3
Rien n'est plus intressant, plus instructif, que de suivre travers
les ges l'histoire physique de cette contre privilgie, que de
voir son climat se modifier, ses ressources naturelles se transformer,
que de retrouver dans la disposition mme de ses terres fertiles,
dans leur rpartition, l'origine de ses divisions politiques et reli-
gieuses, les causes de la formation de son empire, les raisons de
son expansion extrieure, de son commerce, de son influence sur les
autres nations. ,
Ces donnes naturelles, on en retrouve les consquences dans
l'histoire elle-mme, dans les restes qui nous ont t laisss par les
colons des premiers ges, comme dans ces innombrables inscriptionsdont les rochers et les monuments sont couverts.
Pour beaucoup, les usages qui nous sont rvls par les fouilles
archologiques n'ont pas encore t expliqus, certains ont survcu
pendant des milliers d'annes, d'autres ont disparu de bonne
heure, parce que leur utilit ne se faisait plus sentir ; mais ne per-dons pas patience ! la prhistoire gyptienne est encore dans l'en-
fance ; elle n'a pas plus de vingt-cinq ans, son dernier mot est loin
d'tre dit.
Aucune inscription, sans doute, ne viendra nous clairer sur la
vie que menaient les Egyptiens avant l'aurore des temps pharao-
niques, ne nous facilitera l'interprtation des traditions lgendaires;
c'est donc l'archologie seule que nous devons avoir recours, mais
l'archologie soutenue par ces mmes traditions, par la gologie,
parla mtorologie, par la connaissance des faunes et des flores aux
divers temps. L est la prface de l'histoire, prface indispensable;
car, pour la plupart, les conceptions pharaoniques ont pris naissance
au cours des priodes sans annales.
Cette prface, il importe de la faire dbuter bien au del des
temps, encore fabuleux, des dynasties dites divines, au del des
plus anciennes traces laisses par l'homme dans les alluvions,
l'poque de ces prcurseurs de Vhomo sapiens, tre dont l'existence
n'est encore fonde que sur des dductions zoologiques, que sur
4 MONUMENTS ET MEMOIRES
des raisonnements. Il faut suivre, pas pas, la constitution du sol
gyptien, le creusement de sa valle, le comblement de ce golfe au
fond duquel se dveloppait lentement l'estuaire du Nil l'aurore de
la priode moderne. Il faut voquer la gense mme de la terre des
Pharaons,
:l
CONSTITUTION BU SOL GYPTIEN ET FORMATION DE LA VALLE DU NIL.
Apris des milliers d'annes d'incessants efforts, la nature venait
d'achever sa tche, en rpandant sur l terre ses chefs-d'oeuvre
zo-logiques ; grce de formidables pousses des forces internes,
les continents avaient pris leurs formes principales. Quelques mill-
naires encore, et l'homme dou de raison, Yhomo sapiens, paratrait.Cet homo sapiens tait un tre bien barbare, bien primitif, quand
il taillait dans le silex ces outils grossiers qui tmoignent aujour-d'hui de son passage sur le globe ; pourtant il avait eu lui-mme
des anctres plus primitifs encore, et ces tres avaient disparu sans
laisser de traces manifestes de leur vie. Toutefois, bien que nous ne
possdions aucune preuve matrielle de son existence, les lois
immuables de la nature nous imposent le devoir de croire qu'il a
vcu mlang avec les animaux, ne constituant qu'un des lments
de cette riche faune des vertbrs terrestres des priodes tertiaires,
luttant contre les btes sauvages pour la conservation de sa vie,
cherchant sa nourriture parmi les vgtaux et le gibier qui l'entou-
raient, dans les luxuriantes campagnes de la phase pliocne. L,
repoussant les attaques des fauves, des sauriens et des serpents,adversaires si redoutables et si nombreux cette poque, il campait,
probablement, dans de grossiers abris de branchages, dans des nids
semblables ceux que se construisent les animaux, ou se rfugiaitdans les arbres, tout comme les grands simiens, ses contemporains,
qui, par de trs lointaines alliances, paraissent tre un peu ses
congnres.
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 5
Vers cette poque, et avant mme, dans cette rgion qui, plus
tard, sera l'Egypte, le sol s'tait effondr suivant deux lignes sensi-
blement parallles. La mer Rouge s'tait forme, sparant l'Afriquede l'Asie, etla dpression nilotique laissait pntrer au loin, vers le
Sud, dans un golfe troit, une sorte de fjord, les eaux de la mer
Mditerrane. Les vagues venaient alors battre les flancs des falaises
du Mokattam et le pied des coteaux de la Moyenne Egypte.Certes les abords du golfe nilotique ne prsentaient pas l'aspect
qu'offrent aujourd'hui les collines qui bordent la valle : leurs pentesn'taient pas, comme de nos jours, brles par le soleil ; de nom-
breuses rivires arrosaient les vallons, alimentes qu'elles taient
par des pluies frquentes et abondantes; car la fin des temps ter-
tiaires s'est fait remarquer par l'abondance des prcipitations atmo-
sphriques. Cet tat de choses se prolongea durant les temps plis-
tocnes, l'poque de l'homme d'industrie palolithique. Dans
l'hmisphre boral tombaient des pluies torrentielles dont les aver-
ses tropicales ne donnent qu'une faible ide, et ces eaux, entretenant
la fracheur, favorisaient le dveloppement d'une intense vgtation.En Egypte, en Syrie, en Msopotamie, l'aspect du sol tait, peude chose prs, celui que prsentent aujourd'hui les rives afkha tiennes
du Pont-Euxin ou des pentes septentrionales de l'Elbourz. Le climat
tait doux et la vie facile, au milieu des trsors dont la nature
comblait les lointains anctres des peuples orientaux. Assurment
les hommes ne devaient pas tre bien nombreux cette poque,leurs tribus taient clairsemes ; mais ils avaient entre eux certains
liens de parent surprenants ; tous, depuis le cap de Bonne-
Esprance jusqu'au versant mridional de l'Armnie, depuis l'Espagneet le Maroc, la Gaule, jusqu'au pied du plateau iranien, faisaient usaged'une mme arme, d'un mme outil : le coup de poing chellen.
Lors des dernires convulsions de l'corce terrestre, il s'tait
form dans l'Afrique centrale un grand nombre de cuvettes sans
issue, entoures de hautes montagnes, et bientt, par suite de
l'extrme abondance des pluies, ces bassins ferms taient devenus
6 MONUMENTS ET MEMOIRES
d'immenses lacs, dont le niveau montait toujours. Enfin, quand les
eaux eurent atteint les cols des digues irrgulires qui les empri-
sonnaient, rompant leurs barrires, elles se prcipitrent en aval
entranant^ dans leur hLreur, les eaux des lacs situs en dessous
des rservoirs les plus levs. Ce fut une effrayante dbclej auprsde laquelle celles de nos lacs glaciaires, mme les plus terribles,
celles de lAlaska, par exemple, semblent tre presque bnignes.A bien des reprises, en raison de ces dbcles des lacs, de for-
midables trombes d'eau ravagrent les plaines aujourd'hui dser-
tiques de: l'Egypte. La terre vgtale, les herbages, les forts, les
animaux^ les hommes eux-mmes, tout fut entran la mer parces courants imptueux: La crote terrestre elle-mme fut rode,
arrache, creuse profondment; ses dbris, sems dans la plaine,et jusque sur les plus hautes collines, attestent la puissance de ces
inondations. C'est alors que se creusrent les valles aujourd'huisches et leurs innombrables ravins, que s'ouvrit le Bahr-bla-M
des Arabes, ou fleuve sans eau , vaste dpression longue de plusde mille kilomtres, parallle la direction gnrale du Nil.
C'est dans cette valle que Mariette, sans l'avoir visite d'ail-
leurs, plaait le lieu d'incubation de la culture pharaonique, le ber-
ceau du peuple gyptien, Le Nil, pensait-il, avait d'abord coul
dans cette longue dpression ; puis, changeant de lit, par suite de la
rupture des barrages de Nubie, il avait adopt la valle dans
laquelle nous le Aboyons de nos jours.C'tait ttne grave erreur, car le Bahr-bla-M n'est autre qu'un
large et long chenal creus par la Ariolence de trombes qui, une
fois coules, n'ont pas laiss aprs elles le moindre filet d'eau.
Aucune rivire n'a jamais coul, d'une faon permanente, dans ce
grand oued, dont le fond ne contient pas la moindre trace de terre
Argtals, le plus petit Arestige d'une faune terrestre ou timbale.
Dans les rgions gyptiennes, comme dans beaucoup d'autres
pays d'ailleurs, le dsastre fut complet : l'homme disparut, ne
laissant comme tmoignages de son existence qu'une multitude de
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 7
grossiers instruments de silex (chello-moustiriens) sems au hasard
dans les alluvions. Sur des milliers de kilomtres, droite comme
gauche de la. Aralle du Nil, ce ne furent plus que solitudes, qui peu peu sont devenues arides, brles parles ardeurs, du soleil, cou-
Alertes de galets et de graviers. Ce dsert s'tend des HA^CSdu Nil
celles du Tchad. On n'y voit aucun oiseau, aucun insecte, pas un
moucheron, pas un brin d'herbe et, dans cette morne immensit,
circulent, au gr des Agents, de gigantesques Argues de sable dont
la longueur dpasse parfois cent kilomtres et la hauteur trente ou
quarante mtres.
Au milieu de ce royaume de la scheresse et de la dsolation
serpente un ruban Arert : c'est l'oeuvre fconde du Nil qui, conscient
de sa puissance, toujours bienfaisant, coule Vers la mer, semant,
dans son troit domaine,, toutes les richesses de l'Afrique tropicale,
appelant les animaux A^ers ses rives, imitant l'homme venir profiter
d'aussi grands biens.
Certainement la Aralle du Nil n'a pas t sans jouer un rle
analogue celui du Bahr-bla-M lors des grandes inondations
quaternaires ; mais, alors que toutes les Aralles s'asschaient imm-
diatement aprs le passage des divers flots, le Nil choisissait son
domaine et, peu peu, remplissant de ses alluvions le fjord au fond
duquel, au dbut, se trouvait son. embouchure, graduellement il
en chassa les eaux sales.
Puis, aprs les grandes inondations, commena la priode
d'asschement, qui se continue encore de nos jours. Les pluies se
faisant de plus en plus rares, dans cette partie de l'Afrique, sources
et ruisseaux se tarirent; et ces vallons taient sec quand l'homme
est revenu dans la A\alle du Nil ; car, dans aucun raA'in, on ne
rencontre de traces d'habitation contemporaine de la colonisation
nolithique et nolilhique de l'Egypte.Ds lors, le rle du Nil lut dfinitivement fix, comme voie de
dpart la mer des eaux tombes dans la rgion tropicale et, depuisce temps, les grands lacs de l'Afrique quatoriale jouent le rle de
8 ,, .' /MONUMENTS ET MEMOIRES
rgulateurs de la distribution des crues annuelles du fleuve. Aucun
:url^tfi&tiv''\diajis sa conduite, n'est aussi rgulier. Le Nil, dou
xlfune pareille sagesse, dispensateur de la fertilit, bienfaisant avec
une persistaMce quidfie les sicles, n'ayant jamais tromp l'attente
ttes hnlrnes, ne pouvait tre qu'un dieu. ;
LA.coLONiSAtiON: DE"LA VALLE:!DU: NIL.:'
.; ' .
Pendant combien' de sicles, de millnaires, la valle d Nil est-
elle demeure sans habitants la Suite du cataclysme diluvien :
nous l'ignorons, de mme que nous ne pouvons pas valuer la dure
des phnomnes qui ont t la cause du dsastre. Tout ce qu'il
est permis de-dire, c'est qu'en Egypte;, comme dans le reste du
monde, les grands/ vnenints quaternaires partagent en deux
parties bien distinctes l'histoire de l'humanit, tout comme l'indi-
quent la Gense et les vieilles lgendes de la Chalde. La pre-
mire de ces deux phases de rvolution humaine est du domaine
de la fable, ou, pour nous, modernes, de la gologie; la seconde
appartient l'histoire, dont elle est la prface.
Cependant, lors de ce grand cataclysme, toute l'humanit
n'avait-pas"-''disparu, il s'en faut de beaucoup : des familles, des
tribus avaient, dans bien des lieux, chapp la mort, soit qu'elles
eussent eu le temps de fuir, soit que leurs cantonnements fussent
situs l'abri des eaux, comme, par exemple, dans le Centre et le
Midi de la France, en Espagne, dans le Nord de l'Afrique. Mais la
rgion gyptienne n'offrait pas de semblables ressources sa popu-
lation; l, pas de hauteurs qui n'eussent t balayes par les inon-
dations, puisque les points culminants eux-mmes sont recouverts
de cailloux rouls, pas de cavernes o se rfugier. C'est pourquoi
jamais on n'a trouv en Egypte la moindre trace d'industrie archo-
lithique, quoi quen aient pu dire quelques prhistoriens, en vertu
de dterminations errones. D'ailleurs l'existence dans la valle du
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 9
Nil de quelques familles de surA^ants au dluge n'aurait qu'une
importance trs secondaire, car ces autochtones, si jamais ils ont
exist, n'ont certainement pas jou un rle prpondrant dans le
repeuplement de la-valle du Nil et surtout dans l'volution
intellectuelle du peuple gyptien, Jusqu'ici nous Sommes donc ame-
ns penser que toute la rgion Comprenant l'Egypte, la Msopo-tamie et le dsert syro-arabique, a t compltement dpeuple,comme le Somal, l'Hindoustan, de vastes rgions de l'Occident euro-
pen, et, probablement aussi l'Egis avant sa disparition sous la
nier, Dans ces pays, pour qu'on puisse faire entrer en scne des
survivants au dluge, il faudrait trouver''-non seulm-eiit. des traces
d'industrie archolithique, mais une succession de civilisations' ana-
logues celles que nous rencontrons dans. l'Occident de l'Europe,entre la culture des gens du Moustier et la venue des mtallurgistesdu cuiA^re ; car l'hiatus oriental comprend une trs longue priode.
Pendant que les possibilits de A-ivre disparaissaient dans l'Asie
antrieure mridionale, la majeure partie de l'Arabie et les dserts
africains, la valle du Nil, grce au limon du fleuve, devenait
l'une des rgions les plus plantureuses de la terre. Elle ne le cdait,
sous ce rapport, en rien la Ghalde, ce Paradis terrestre de la
tradition.
Peu peu, les animaux de. la zone tropicale, en suiA^ant les
bords du fleuve, taient Avenus se fixer dans les forts, dans les
broussailles, dans les marais de la Aralle du Nil, et les grandsennemis des herbiA-ores et de l'homme, le lion, le lopard, l'hyne,le loup, avaient suivi le gibier ; l'hippopotame et le crocodile s'taient
tablis dans les eaux ; l'autruche, l'antilope parcouraient les limites
du dsert et, dans cet troit espace, grce la fertilit du sol, les
btes sairvages se pressaient, innombrables. Tous les oiseaux d'eau
se donnaient rendez-vous-dans les marais, le fleuve nourrissait des
poissons en abondance, des salmonids gants, et, chaque anne,
une multitude d'oiseaux voyageurs s'arrtait clans ce lieu de repos.C'est alors qvie, dans ce milieu si propice, sont arrivs des
10 MONUMENTS ET MEMOIRES
hommes, les premiers colons, les prcurseurs des Egyptiens pha-
raoniques. Ils Amenaient on ne sait d'o, du pays de Pount,
affirment beaucoup degyptologues, de cet Eden mystrieux et loin-
tain o, bien des sicles plus tard, la reine Ata-Sou emroya ses
A^aisseaux ; malheureusement nous ignorons tout de ce pays de
Pount, jusqu' sa position gographique, et les archologues sont
plutt d'avis que les proto-Egyptiens sont Avenus de l'Asie ant-
rieure, de ce foyer septentrional, par rapport l'Egypte, dont
l'importance domine pendant bien des sicles les pauvres civilisa-
tions africaines.
Avant d'assigner telle ou telle origine aux peuples qui, les pre-
miers, aprs le cataclysme quaternaire, sont Avenus se fixer sur les
riAres du Nil, il importe de saAroir distinguer les pays demeurs
dserts pendant toute la dure de l'hiatus, de ceux dans lesquels
l'humanit a pu se maintenir et prosprer. Or, nous sommes bien
mal renseigns cet gard : les questions relaies au dpeuplement
et au repeuplement des continents n'tant poses que depuis quelques
mois, bien des recherches, indispensables pour qu'il soit permis
de conclure, sont encore faire.
Cependant nous savons que, dans le Nord de l'Afrique, en
Tunisie entre autres, l'homme a survcu au dluge, et il est
croyable que, dans le premier noyau des colons de l'Egypte, se
trouvaient de ces gens, des Libyens : quant aux autres sources
de repeuplement.,, elles sont tellement indcises, que mieux est de
les laisser dans le A7ague.Nous sommes donc amens penser
mais ce n'est l qu'une
conjecture , qu'une premire colonisation s'est produite dans des
temps extrmement reculs, que des hommes dont l'industrie tait
probablement nolithique se sont cantonns et la, sur les deux
rives du Nil, en des points favorables la Aie, et au Fayoum,
auprs de ce lac si poissonneux qui, jadis, s'tendait, dans cette
vaste dpression, sur une surface cinq ou six fois plus grande que
de nos jours. Le delta, alors en formation, n'offrait encore que des
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 11
lots boueux et des marcages, merveilleux terrain de chasse et de
pche, mais presque inhabitable.
L'existence, dans la- Aralle du Nil, d'un fonds trs ancien de
population n'est pas dmontre par des faits matriels ; car, parmi
les nombreuses stations de la pierre polie qu'on rencontre aussi bien
dans la valle qu'au Fayoum, il n'en est pas une seule qui paraisse
tre antrieure la phase prdynastique de l'industrie du cuivre*.
Cependant, parmi les nombreux objets appartenant cette dernire
priode, spcialement dans la cramique, il en est qui prsentent
des caractres trs particuliers * assurment trangers aux gots qui
se manifesteront, plus tard, chez les pharaoniques, got diffrents de
ceux de l'Asie aux mmes poques; on est donc en droit de penser
que des tribus, d'origines diA^erses, sont intervenues avant ou pen-
dant la priode de l'industrie du cuiA^re et qu'elles ont apport leur
contribution l'oeuvre d'ensemble. Dans la suite, leur influence s'est
sinon compltement perdue, du moins noye dans un courant cul-
tural plus puissant que le leur.
Que s'tait-il pass en Asie pendant que l'Egypte se peuplait
ainsi peu peu ? 11 suffira de rappeler que des peuples asianiques
aAraient eirvahi toute la Msopotamie, et que Pn d'entre eux, auquelnous donnons le nom de Sumriens, aprs aA^oir colonis le delta
des deux fleuves, alors en formation, tout comme celui du Nil, donna
l'hospitalit des hommes venus du Sud dans leurs barques : les
Akkadiens, gens d'un parler inconnu jusqu'alors en Chalde, actifs,
entreprenants, qui bientt allaient faire des esclaA^es de leurs bien-
Areillants htes.
Couverte d'une vgtation intense, mais encore peu tendue en
ces temps de conqute des limons sur la mer, la Chalde ne suffisait
probablement pas alors nourrir sa population sumrienne, et l'im-
migration smitique vint encore accrotre ses embarras. Quelques
tribus, probablement mlanges d'Asianiques et d'Akkadiens, mi-
grrent en remontant le cours de l'Euphrate, les unes s'tablirent
dans les pays accidents du Haurn, d'autres dans les Aralles de la
12 MONUMENTS ET MMOIRES
Syrie, alors qu'une bande nombreuse se dirigeait A*ers la valle du
Nil par le Sina.
Tout ce qui peut tre dit sur cette migration et sur le chemin
qu'ont suivi les colons ne peut tre encore qu'hypothtique ; niais
les vnements qui se sont succd par la suite indiquent clairement
le chemin de l'Euphrate et de la Syrie, et nous n'avons pas de rai-
sons plausibles pjour en chercher un autre.
La valle du Nil tait vritablement' alors un lieu de dlices : la
douceur ..et la constance de Son climat, la fracheur que rpandait
son grand fleuve, les dbordements rguliers de ses eaux, la prodi^
gieuse fertilit de ses limons, toutes les forces bienfaitrices de la
nature, concouraient rendre la vie plantureuse et facile dans ce
long ruban de terres. Ni de l'Orient, ni de 1Occident, l'Egyptienn'avait craindre: les attaques : les sables d dsert lui tenaient lieu
d'irifranchissables murailles. Le Delta et le Haut-Nil tait assurment
surveiller, car, de ce ct, pouvaient se prsenter des hordes
menaantes, comme le fait eut lieu plus tard lors de l'invasion des
Hyksos; mais il tait ais d'assurer la scurit de l'Egypte en occu-
pant le Sina, en veillant sur la Palestine ; et cette situation
privilgie ne fut pas sans exercer une grande influence sur le
caractre du peuple et les destines de la nation.
L Egypte tait alors bien loin de prsenter l'aspect qu'elle offre
de nos jours. Pendant ses crues priodiques annuelles, le fleuve
s'tendait dans toute sa valle et ses flots venaient lcher les limites
du dsert; puis les eaux se retiraient peu peu, laissant et l
des marais plus ou moins tendus. Le Nil rentrait alors dans son
lit, chenal irrgulier, variable, qu'il modifiait chaque instant, lan-
ant des bras de droite et de gauche, un jottr formant des les, les
dtruisant le lendemain, ici dposant des bancs de sable ou de galets,
sems -de quartiers de roches tombs des falaises, l se dchargeantde troncs d'arbres arrachs aux forts, en formant des amas.
Les crues priodiques devaient achever l'oeuvre commence par
la Aolence des eaux, tout d'abord en galisant les pentes, puis en
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 13
abandonnant des graviers et des sables, enfin en couvrant'de limons
ces substructions grossires, boues fines descendues des rgions qua-*
loriales, qui semblaient envoyes par les dieux pour faire la richesse
de leurs adorateurs. Et, sur ce long ruban de terres fcondes, se
dveloppait une vgtation d'une richesse inoue, dont, au dire des,
botanistes, on ne rencontre plus aujourd'hui l'quivalence-que. SUE
le Haut-Nil, trs en amont de Khartoum. Le dattier, le palmier
doumj le figuier, l'acacia, le lentisque, et cent autres essences,
croissaient entre les rives du fleuve et la bordure du dsert, par
massifs plus ou moins touffus, plus ou moins tendus. Ce n'taient
pas, proprement parler, des forts, mais bien des bouquets
d'ombrages,des fouillis de buissons, refuges du gibier, alors que,
dans les marais latraux, fleurissaient sur les eaux calmes et
sombres le lotus bleu, le lotus blanc, au milieu des papyrus et des
roseaux gants. Les cucurbitacs trs nombreux, trs Avaris, cou-
vraient le sol humide, et la Aligne, aujourd'hui disparue de la valle
depuis des milliers d'annes, enlaait les grands arbres de ses
pampres. Les crales taient encore peu connues, et les gramines
diverses se montraient en Egypte bien moins abondantes qu'en
Asie.
Parmi cette luxuriante nature Avivaient les animaux les plus
Araris : ctaient le boeuf, la chvre, la gazelle, l'ne, l'antilope,
dont-'l'homme tirait sa nourriture; le lion, le loup, le chacal, le lo-
pard, le gupard, l'urseus, la Aripre cornes, aussi dangereux
ennemis des chasseurs que des troupeaux sauvages. Une multitude
d'oiseaux d'eau s'battait dans les marais : canards et sarcelles,
poules d'eau, voguaient au milieu des nnufars, sous l'oeil des ibis
rouges, des chassiers de toutes les couleurs, aligns sur les Tves
du marais, semblables des soldats. Mais malheur la barque
qui s'aventurait dans ce ddale de plantes aquatiques, soit la
chasse, soit la pche; car l'hippopotame et le crocodile, cachs
dans la verdure, la guettaient pour la reirverser, et les paisibles
pcheurs devenaient les victimes des horribles sauriens dont ils'
14 MONUMENTS ET MEMOIRES
avaient fait ce dieu mauvais qui, plus tard, eut son temple Ombos.
Ainsi, au milieu de tous les biens que peut offrir la nature, le pre-mier habitant de l'Egypte dut combattre sans cesse pour la conser-
vation de sa vie ; mais il en tait alors ainsi sur toute la terre, et
dans les pays froids la lutte tait plus pnible encore que dans la
Chalde et l'Egypte.Pendant la priode des basses eaux, les tribus descendaient dans
la valle, campaient dans les prairies, sur les bords des marais et
du fleuve ; on semait, des graines de plantes utiles, de gramines,dans la boue, dans les terres plus fermes, travailles la houe de
silex ; on ramassait du bois pour les foyers domestiques, on rcol-
tait les fruits des plantes sauvages, les Argtaux textiles, on faisait
scher au soleil le poisson, fendu en deux, et les troupeaux s'bat^
taient dans les clairires, s'aventuraient dans les fourrs, au risqued'tre dcims par le roi du dsert.
Quand le Nil venait s'enfler, la population gagnait les limites
du dsert, abandonnait les terres noires pour les sables jaunes.C'est l, au bord de cette mer aux eaux troubles, que s'installaient
ces gens, dans de modestes villages, composs de quelques huttes
faites de roseaux et d'argile, entours d'une palissade ; l que,dans des enclos, se rfugiaient les troupeaux, protgs pendant la
nuit contre les attaques des lions, des loups et des crocodiles; car,
ds la tombe du jour, les sauriens quittaient leurs humides retraites
et se rpandaient dans les lieux habits, en qute de quelque proie dvorer. De tous les ennemis des premiers habitants, le crocodile
tait certainement le plus redoutable : long parfois de quinze ou Angt
pieds, couvert d'une impntrable armure, ce dieu du mal tait en
quelque sorte invulnrable.
Les traces des principales agglomrations de ces premiers ges,
pour la plupart, sont aujourd'hui enfouies sous les villes et les bour-
gades qui les ont remplaces ; aussi ne peut-on gure compterretrouver un jour les restes des premires colonies tablies dans la
zone des inondations. Il n'en est pas de mme pour les villages pri-
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 15
mitifs btis sur les sables, la lisire du dsert: de petites buttes
dterre noire se dtachent sur l'tincelante couleur jaune d'or du
dsert : l sont les dbris de la vie, les restes des huttes et des
clayonnages et, dans la terre nitreuse produite par la dcomposition
des matires organiques, on rencontre en une abondance extrme
les armes et les outils de silex, les tessons de Arases, les os des ani-
maux dont la chair nourrissait les Andlageois, aA'ec de minuscules
instruments mtalliques: petits ciseaux, burins, ttes de harpons et
hameons de cuiArre pur.A ct du Andlage tait l'enceinte dans laquelle on rassemblait les
troupeaux pour la nuit, bergeries primitives o les antilopes et les
gazelles domestiques, ou tout au moins apprivoises, ont laiss des
traces venant confirmer la rigoureuse exactitude des reprsentations
sculptes sur les murs des mastabas de l'Ancien Empire.
Puis, dans les sables encore, quelques centaines de pas des
huttes, c'tait la ncropole, o l'on apportait du Alliage les morts,
entours de soins pieux. On les confiait aux collines arides, des
terrains que jamais n'atteignaient les eaux, replis sur eux-mmes,
dans la position qu'ils occupaient, aArant leur naissance, dans le sein
de leur mre.
Si ces ncropoles, souvent immenses, ne rpondent pas l'exi-
gut des bourgs dont nous retrouvons les ruines dans les sables,
c'est que, peu peu, les prpharaoniques se sont installs dans la
Aralle, sur des buttes artificielles ou naturelles, et que, par gard
pour leurs morts, ces gens confiaient leurs restes des terrains secs,
capables de conserver les corps.
Ces Alliages et ces bourgades de la Aralle, outre que, trs sou-
A^ent des agglomrations modernes les recouvrent, sont inaccessibles
nos recherches et le seront toujours, car, partout, le sol de la valle
s'est relev et se relA7e encore, chaque anne, par les apports des
crues.
Cependant la valle du Nil n'tait pas partout semblable elle-
mme. Par places, resserre entre deux falaises, elle ne dpassait'
16 .MONUMENTS ET MEMOIRES
pas en largeur les rives du fleuve ; parfois aussi elle s'largissaitd'un seul ct, comme Ombos, ou des deuxj comme Thbes, en
sorte que cette valle longue d'un millier de kilomtres, de Syne Memphis, prsentait l'aspect d'un long chapelet compos de dis-
tricts habitables et de rgions dsertiques. Les terres fertiles
variaient d'tendue d'aprs les caprices du Nil,"- suivant que, par leur
position et leur nature s les collines se prtaient ou non la forma*-
tion de la plaine sur la droite ou sur la gauche du fleuve : c'est
ainsi qu' Gebel-Abou-Foda le Nil est, sur sa rive droite, bord parde hautes falaises, alors que, sur sa gauche, s'ouvre une vaste sur-
face alluviale. Cette disposition des terrains favorables la vie
obligea les colons s'tablir par groupes dans les districts priAri-
lgis, et ces divisions territoriales deA7inrent plus tard des nomes ;
chacune eut son dieu faA^ori, son rgime politique et religieux, et;
ds les temps prhistoriques, orna ses barques de ses tendards.
En Chalde, les mmes causes amenrent les mmes effets. Ce
furent d'abord, chez les Sumriens, des divisions en clans, suivant
les progrs des terres sur la mer, et, plus tard, quand se fonda
l'empire, le rgime fodal s'imposa.En ce qui regarde la colonisation de la valle du Nil et celle de
la Chalde, on pourrait, avec quelque raison, rclamer pour
l'Egypte le droit de priorit sur l'Asie, si, pour un grand nombre
de faits, l'origine asiatique ne s'imposait pas: on sait que les
Egyptiens prdynastiques ont connu de bonne heure les crales,
et que ces gramines sont de provenance msopotamienne ; qu'ils
possdaient galement des animaux d'origine asiatique, tels le mou-
ton et certaines varits de boA>ids ; que l'usage du cylindre-cachet,
dont la destine a t longue en Chalde, phmre en Egypte, est
n dans le delta du Tigre et de l'Euphrate, par suite de la matire
en usage pour tracer l'criture adopte dans ce pays; que les plusanciens monuments pharaoniques sont construits sur la coude
babylonienne. Bien des dtails encore de la culture prpharaoni-
que nous reportent vers l'Asie; mais, de toutes ces raisons, la plus
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 17
dcisive est la connaissance du cuivre, qui ne peut absolument pas
tre d'origine gyptienne, la rgion du Nil ne renfermant aucun
gisement de minerais cuivreux.
Depuis que Lepsius a pris pour des monceaux de scories les
amas de minerai de manganse de Serabt-el-Kadem, au Sina,
tous les archologues et les gyptologues ont crit que les mines de
cuivre de la presqu'le sinatique ont aliment l'Egypte pharaonique
de mtal. Or il n'en est rien, et n'en peut mme rien tre; car, eii
dehors des gisements de turquoise, il n'existe pas de minerais cui-
vreux, an Sina, dans une proportion qui ait t industriellement
exploitable, mme au temps de la main-d'oeuvre servile ; tout ce
qui a t fait dans l'antiquit, a t de traiter les rares nodules
cuiA^reux qu'on rencontrait en exploitant les grs dans le but d'y
trouver des turquoises ; et la meilleure preuve qu'on en puisse
fournir est que, dans ces derniers temps, une socit industrielle
anglaise, aprs plusieurs annes de recherches et de ti^rvaux, a d
renoncer toute exploitation des turquoises comme des minerais
cuivreux, devant l'extrme pauvret de ces gisements tort si
rputs.La connaissance du cuivre n'est pas Avenue en Egypte par la
voie du Nil ; car les Africains sont, pour la plupart, passs de
l'industrie de la pierre polie celle du fer, et les rcentes fouilles
en Nubie montrent que les gens de Mro n'ont connu le cuivre
que par leur commerce avec l'Egypte.
D'autre part, mes propres recherches dans les ncropoles de la
Transcaucasie et le Nord-Ouest de la Perse, mes tudes sur ces
rgions, encore inconnues avant mes traA^aux, m'ont amen con-
clure que le foyer de la mtallurgie du cim^re a t dans les mon-
tagnes du Nord de l'Asie antrieure, ainsi que l'indiquent.les tradi-
tions des Grecs et du peuple juif. C'est de l que la connaissance
du cinvre s'est rpandue dans toute l'Asie antrieure et qu'elle est
venue dans la A7alle du Nil. ____^On peut galement soutenir que la culture chalded^fe^tL ejte
18 . MONUMENTS ET MEMOIRES
de l'Egypte ont une origine commune, mais se sont dveloppes'
sparment et sans contact entre elles. En ce cas, dans quel paysse serait produite cette incubation initiale, dont nous ne trouvons
de traces dans aucune rgion, et jusqu' quel degr serait parvenuecette civitisation?Cette culture initiale tait dj fort avance, si
nous en jugeons par le degr qu'avaient atteint les premiers colons
de Suse et d'Eridou (Tell-Abou-Chaliren), par les notions com-
munes la Chalde et l'Egypte.Assurment les deux civilisations ont une origine commune : la
discussion repose donc non pas sur la communaut des dbuts,
mais bien sur le mode de diffusion de cette culture primitive. Est-
elle venue directement dans la valle du Nil, ou est-elle passe parla Glialde? La nature et la prcision des similitudes font penchervers cette dernire hypothse.
Certains gyptologues font grand tat du pays de Pount, qu'ils
placent en Arabie, alors qu'en ralit nous ignorons compltement
quelle rgion les Egyptiens donnaient ce nom, et font Aenir du
Pount la 'civilisation de la Aralle du Nil. Si l'on soutient cette thse,
on doit aussi faire sortir de ce mystrieux pays la ciAdlisation
chaldo-lamite et, par suite, la connaissance du cuiA^re, hypothsecontraire non seulement aux plus anciennes traditions, mais aux
rsultats des dcouvertes dans la Transcaucasie et le Nord-Ouest de
la Perse.
Que Ton adopte l'une ou l'autre de ces hypothses, il n'en
demeure pas moins certain que ni l'Elani, ni la Chalde,' ni la
Syrie, ni l'Egypte ne sont des foyers primordiaux de la ciArilisation
orientale, qu'il faut chercher ailleurs que dans ces rgions le pointde dpart des cultures asiatique et gyptienne, et que nous com-
menons seulement entrevoir le point o le progrs initial se serait
produit et dvelopp, d'o il a pu partir.Il est bien difficile de dire quelle importance aArait prise le repeu-
plement de la A'alle du Nil, quand les colons que nous considrons
comme issus de l'Asie sont Avenus apporter aux peuplades primi-
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 19
tives de l'Egypte les principaux lments de la grande civilisation,
de prciser, parmi tant de conceptions diverses, quelle est la partdes plus anciens colons, quelle est celle des gens Avenus de l'ext-
rieur; car les-diffrentes stations prhistoriques montrent une
industrie si homogne, que le nolithique pur, si jamais il a exist
dans la valle du Nil, n'est pas sparable de rnplithique. Cer-
taines varits de cramique et l'art de tailler le silex semblent
appartenir des peuplades ayant prcd l'invasion des Asiatiques.Mais certainement ce n'est pas dans la valle du Nil que ces hommes
ont fait leurs premiers pas non plus dans ce genre de progrs.Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'entre la Chalde et
l'Egypte prdynastique il existe de nombreuses affinits, et qu'enChalde on ne trouve aucune trace d'influence gyptienne : il n'y a
donc pas eu rciprocit dans les relations. Le got gyptien est
tellement spcial, tellement caractristique ds les temps pr-
dynastiques, qu'il serait impossible de s'y mprendre s'il en existait
des tmoins dans quelque pays que ce soit en dehors de la valle
du Nil.
A quelle poque a pu se produire cette pousse des Asiatiquesvers la valle du Nil? Aucune donne ne permet de la dterminer en
chronologie absolue ; mais on peut tenter de l'voluer en chrono-
logie relative.
En Chalde, ds un temps fort lointain, deux lments ethniqueset linguistiques se sont trouvs en prsence : l'un nouvellement
arriv, celui des Smites, pntrant et asservissant le plus ancien,
celui des Sumriens ; mais, sans aucun doute, cette fusion exigeabien des sicles, plusieurs millnaires peut-tre, et le mlange
parat avoir t bien loin d'tre accompli quand les Asiatiques se
sont prsents dans la. valle du Nil. L'lment dominant, chez les
envahisseurs, semble avoir t celui des Asianites Sumriens: ce
serait donc aprs l'poque de la premire ville de Suse, au moment
de l'infiltration lente des Smites en Chalde, que ce mouvement
se serait produit. Certaines des conceptions importes dans la valle
20 MONUMENTS ET MEMOIRES
du Nil montrent qu' cette poque l'Asie avait dj atteint un degr
de civilisation fort lev pour ces temps.
Il ne faudrait pas croire, cependant, que les Asianites ne sont
venus en Egypte qu'une seule fois ; il est probable que pendant de
longues annesi des sicles, ils ont essaim en Syrie et sur les
bords du fleuve divin, chaque essaim apportant des ides nouvelles.
III
. RAPPORTS ENTRE LA. CHALDE ET L'EGYPTE PRDYNASTIQUE.
LEURS ANTCDENTS COMMUNS.
On sait, aujourd'hui, qu'il faut attribuer aux Asianiques (Sum-
riens) les conceptions artistiques dont on retrouve les traces ds les
temps les plus anciens de la Chalde et de l'Elam, et que ce genre
d'aptitude n'entrait pas dans l'esprit des gens de langage smitique.
La faon de penser des Akkadiens les portait plutt vers les ides
abstraites religieuses, politiques ou administratives, que vers les
arts ; de telle sorte que, dans la propagation de l'influence chal-
denne chez les peuples voisins, il doit tre fait deux parts dont les
limites, d'ailleurs, ne sont pas aises dfinir, car ds une trs
haute antiquit les aptitudes de ces deux lments, complexes eux-
mmes, se sont confondues pour former un tout complet. C'est
cette fusion de deux peuples aussi dissemblables qu'est due la grande
supriorit de la civilisation babylonienne, ce n'est pas douteux ;
et si dans la culture gyptienne nous rencontrons, ds les origines,ce mme dualisme de conceptions, il semble que les principes en
soient dus, comme en Chalde, plusieurs lments ethniques diff-
rents,, mais agissant ensemble.
Nous ne connaissons malheureusement que , fort peu de chose
des penses philosophiques et religieuses des prpharaoniques,
parce que nous ne savons pas interprter les nombreux indices quenous rvlent les dcouvertes archologiques; aussi sommes-nous
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 21
obligs de nous en rapporter aux faits matriels pour nous guiderdans la recherche des origines.
La valle du Nil n'a pas t le lieu d'incubation de sa civilisation
historique ; car nous n'y rencontrons aucune trace de ces ttonne-
ments qui, forcment, prcdent les dcouvertes. Tous les principesexistent chez les prpharaoniques : ceux de la mtallurgie, de la
construction, de la cramique, et l'criture hiroglyphique parattoute forme. L'oeuvre des Egyptiens ne portera donc que sur le
perfectionnement de connaissances initiales, et il en est de mme
pour l'Elam et la Chalde, pour le monde gen. On ne peut pas
s'empcher de considrer l'Asie antrieure, l'Egypte et l'Egdecomme constituant une rgion privilgie, un point lumineux au
milieu des tnbres qui couvraient alors le monde entier, et de
penser que, dans les divers districts de cette aire de progrs,
l'impulsion initiale est partie d'un mme foyer.A partir de ce centre, qui nous est encore inconnu, mais dont nous
commenons sentir quelle tait la position gographique, le
rayonnement a-t-il t direct en ce qui regarde l'Egypte, ou secon-
daire? Les principes sont-ils venus sans intermdiaires, ou l'Egyptene les a-t-elle tenus que de seconde main ?
Quand on compare les oeuvres artistiques archaques de l'Elam
et de la Chalde celles de l'Egypte primitive, on est frapp des
similitudes sans nombre qu'on rencontre non seulement dans l'ex-
cution de ces oeuvres, mais dans la conception de leur ensemble,
dans la composition des motifs, des tableaux, des attitudes des per-
sonnages. L'art, dans la valle du Nil, a certainement obi, dans ses
dbuts, aux mmes directives que celui de la plaine de l'Euphrateet du Tigre ; on en demeure plus encore convaincu quand on met
en parallle deux conceptions de l'esthtique certainement tran-
gres l'une l'autre, comme le sont les gots de l'Occident asiatiqueet ceux de l'Extrme-Orient, comme ceux de la Grce et ceux du
nouveau monde.
Parmi les nombreux monuments antiques que nous possdons,4
22 MONUMENTS ET MEMOIRES
tant de l'Egypte que l Chalde et de l'lani, nous sommes mal-
heureusement bien loin de disposer des oeuvres d'art primitives ;
dans la plupart des cas, surtout en Chalde, nous n'avons, jusqu'ici,rencontr que des produits artistiques secondaires, que des rpli-
quas de sujets plus anciens, c'est--dire de bien des sicles postrieursaux: premiers essais des artistes. Mais ce dfaut de paralllisme
chronologique dansles termes de comparaison ne doit cependant
pas nous arrter ; car, en Asie comme en Egypte, la persistancedu traditfonnalisme tait telle, que souvent, plusieurs millnaires
de distance, on retrouve lesi mmes compositions, sans aucun chan-
giement. Je donnerai comme exemple cette reprsentation du pha-raon frappant de sa masse d'armes un captif qu'on voit sur la
plaquette d'ivoire du tombeau de Negadah, sur les stles du Sina,
sur les pectoraux de Dahchour (XIIP dynastie), sUr les murs des
temples sous la XVIII" dynastie Thbes, et plus tard encore.
A ce point de vue l'Egypte est plus favorise que la Chalde,
parce que les fouilles, dans la valle du Nil, ont t menes avec
beaucoup plus d'activit qu'en Asie; aussi possdons>-nous beaucoup de
motifs artistiques trs archaques de l'Egypte'., alors que les mmes
sujets ne sont gnralement reprsents en Chalde et en Elam que
par des monuments moins anciens.
En Chalde, si nous en jugeons par les prcieuses oeuvres
archaques que nous possdons, les scnes, d'une grande navet
d'excution, dnotent cependant, de la part des artistes, un sens
profond de la synthse et, bien que chez certains peuples, comme
en Elam, la stylisation ait t, l'origine, pousse jusqu' ses
extrmes limites, l'art chalden est bientt devenu naturiste, soupledans ses mouvements, raidi seulement par l'inhabilet du sculp-teur : la stle triomphale de Naram-Sin montre toutes les qualitsde composition synthtique et d'excution auxquelles pouvaientatteindre les artistes chaldens. En Egypte, au contraire, ds que
parat le dessin, on sent dans les oeuvres une raideur voulue. C'est
que, dans la valle du Nil, l'idal semble avoir t de rduire
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 23
l'art l'tat de formule et d'accorder l'excution la prpond-rance sur la composition.
Parmi les monuments chalclens les plus anciens, la Stle des
Vautours est, sans contredit, l'un des tmoins les plus prcieux de
l'art archaque qui soit parvenu jusqu' nous. On y voit, en mme
temps que des figurations d'une grande navet, des textes encore
trs voisins de'.-l'hiroglyphe, il est vrai, mais montrant une criture
dont les principes sont fixs et une langue dj savante, apparte-nant la famille smitique. Ce prcieux monument, malgr sa haute
antiquit, appartient donc une poque bien postrieure l'arrive
des Smites en Chalde. La langue sumrienne, au moins dans les
rdactions officielles, avait dj fait place l'akkadien.
En Egypte, les monuments d'ordre artistique sont beaucoup
plus primitifs et, certainement aussi, plus anciens que ceux dont
nous disposons en Asie, et il en est de mme pour les constructions
architecturales. Quant l'criture, on peut, jusqu'ici, considrer le
texte que porte la plaque d'ivoire du tombeau de Negadah comme
tant le plus ancien texte connu. Les signes hiroglyphiques sont
dj nettement forms ; quant la langue, autant qu'on en peut
juger par les quelques mots que porte ce prcieux document,
assurment elle tait dj fixe.
Ainsi, sous les premiers princes de la premire dynastie pharao-
nique, alors que les Egyptiens, bien qu'ils connussent le mtal, le
cuivre, faisaient encore largement usage d'instruments de silex ; le
systme d'criture pharaonique tait dj pass dans les usages,tout au moins la cour des rois.
Il rsulte de ces constatations que le contact entre les Asiatiqueset l'Egypte doit tre considr comme ayant de beaucoup prcd
l'poque de la Stle des Vautours et celle du roi Mens. Ni en
Egypte, ni en Chalde nous ne rencontrons de ces essais auxquelson a d se livrer forcment pour en arriver la fixation prcise de
la pense. C'est donc ailleurs que dans ces deux rgions qu'il faut
aller chercher les principes de l'criture.
24 . MONUMENTS ET MMOIRES
Les signes cuniformes, comme les hiroglyphes, comme les
caractres proto-lamites, descendent, cela ne peut faire de doutes
de la pictographie, peut-tre mme d'un seul systme, qui aurait
t commun tous les Asiatiques : rtens, Cretois et autres, et*
chez certains de ces peuples, plus ou moins tt ou plus ou moins
tard, il se serait produit une volution vers l'hiroglyphe suivant les
ncessits imposes par ls langages divers. La stylisation des pein-
tures de la cramique archaque susienne n'est-elle pas, d'ailleurs,
dij une tentative Yers une figuration conventionnelle de certaines
penses? Ls lieux ou se manifestent les premiers essais d'criture,
les temps auxquels ces tmoignages remontent sont trop proches les
uns des autres pour qu'on puisse attribuer une origine pictogra-
phique diffrente chaque type d'criture.
J'ai parl de l plaque d'ivoire d tombeau de Negadah, sur
laquelle est figur un roi frappant de sa massue la tte d'un captif;
or, ce mme motif se retrouve Suse sur un bas-relief d'poquemoins ancieime, et les deux reprsentations semblent avoir t cal-
ques l'une sur l'autre.
Ailleurs, sur une plaque de schiste du Muse Britannique, on
voit une scne dans laquelle les vainqueurs massacrent leurs pri-
sonniers, tandis qu'un lion, des vautours et des corbeaux sont
occups dpecer les cadavres, et ce tableau se retrouve, dans les
moindres dtails, sur des sculptures asiatiques de diverses poquestrs anciennes, tant Tello qu' Suse.
Assurment, en ces temps d'affreuse barbarie, ces massacres,
qui terminaient toutes les guerres, offraient aux artistes des motifs
trs dramatiques, de nature rehausser lesprestige du souverain,
rpandre chez ses adversaires la terreur de ses armes ; mais aurait-
on reprsent ces horreurs d'une manire absolument identiquedans les deux pays, en rduisant leur figuration la plus habile
des synthses, si, dans l'une des deux rgions, le sujet n'avait past trait dans un monument typique qui, plus tard, servit de
modle aussi bien en Chalde qu'en Egypte?
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 25
La plus ancienne construction architecturale date de la valle du
Nil, et, fort probablement aussi, de tout l'Orient, est, sans contredit, la
tombe royale de Negadah, que MM. G. Jquier, G. Legrain et le pro-fesseur A. Wiedemann, qui assistaient aux fouilles en mars 1897, ont
attribue au roi Mens, premier pharaon de la I dynastie, et que,
plus tard, l'cole allemande, rejetant cette dtermination sans
raisons plausibles, a donne la reine Neithtep, femme de Mens.
Quoi qu'il en soit, sa trs haute antiquit n'est pas mise en doute.
Ce monument, construit en briqus crues, prsente, en plan, la
forme d'un rectangle. Il mesure cent coudes babyloniennes de lon-
gueur > c'est--dire 53'"99, et.cinquante coudes de largeur, soit
26m99- La surface jadis couverte, de 1458 mtres carrs, tait partageen vingt et une chambres, communiquant autrefois entre elles, mais
dont les portes avaient t soigneusement mures lors de l'inhuma-
tion et de la crmation qui l'avait suivie. Le corps avait t plac dans
la chambre centrale.
A premire vue, cette construction semblait tre compose de
gros murs pleins, faits de maonnerie homogne; mais, au cours
des fouilles, une partie de l'enceinte extrieure s'tant croule, un
systme compliqu, trs original, de motifs architecturaux se mon-
tra. Les quatre murailles extrieures apparurent comme tant com-
poses de deux murs appliqus l'un contre l'autre, de telle sorte
qu'avant la construction du revtement externe, on Aboyait, sur les
quatre faces du monument, une succession rgulire de rentrants et
de saillants trs compliqus, et d'un agrable effet au point de vue
dcoratif.
Quel pouvait tre le but de ce singulier dispositif ? Pourquoil'avait-on dissimul aprs l'avoir construit ? D'une part, les saillants
ne peuvent tre considrs comme jouant le rle de contreforts,
tant trop rapprochs les uns des autres et trop orns : d'autre part,
l'application d'un revtement externe dispensait des saillants de sou-
lien, et ces saillants n'avaient pas, ou n'avaient plus, un but orne-
mental, puisqu'on devait les soustraire la vue.
26 MONUMENTS ET MEMOIRES
Ces deux interprtations devant tre cartes, nous sommes
amens penser que ce type de construction tait impos par des
traditions mystiques, et ce qui confirme dans cette opinion, c'est
que ce dispositif a survcu pendant bien des sicles dans les monu-
ments funraires gyptiens.Si nous suivons ce mode d'ornementation au cours des temps,
nous le voyons non seulement paratre dans certaines spultures de
l'Ancien Empire, Regagnah, Abydos, Saqqarah, mais aussi se
perptuer dans la forme des sarcophages en pierre dure du Moyen
Empire et des caisses canopes qui les accompagnent dans les
tombeaux. Puis, aprs le Moyen Empire, ce dispositif disparat, ou
du moins devient de plus en plus vague, pour cesser de se montrer
quand survient le cercueil anthropode.
L'tude attentive des sarcophages des pharaons Amenemhat et
Ousertsen, princes de la XII0dynastie, est fort instructive cet
gard, et plus particulirement celle de celui d'Ousertsen III, qui se
trouve encore dans les appartements funraires de ce roi, Dahchour.
Cette grande cuve de pierre dure montre, n'en pas douter, que le
sculpteur a voulu figurer soit une habitation aux murailles ornes
de saillants et de rentrants, soit l'enceinte d'une ville avec ses
tours et ses portes; mais celte seconde hypothse doit tre aban-
donne, parce que les redans, de plan compliqu, ne reprsentent
pas des tours, mais bien de simples ornements architecturaux. Il est
remarquer que ce dispositif ne se rencontre, aux temps histo-
riques, ni dans l'architecture civile ou religieuse, ni dans les repr-sentations des murailles jouant un rle militaire. Les fortifications
d'El-Kab, entre autres, sont dpourvues de tours et de redans.
Toutes ces explications tant cartes, il ne reste plus que celle
des exigences religieuses. Il s'ensuit qu' Negadah, le pharaon
Mens (ou sa femme Neithtep) s'est fait brler, aprs sa mort,
dans l'image de son palais, entour de ses richesses, de tous les
biens, de toutes les provisions ncessaires pour la vie d'outre-tombe.
. Lors de leur dblaiement, les diverses chambres du tombeau de
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 27
Negadah renfermaient encore les restes calcins d'un mobilier fun-
raire trs riche pour cette poque : c'taient de grands couteaux en
silex, des couperets, de petits instruments de pierre qui paraissent
avoir t en usage pour la toilette, le tout d'une habilet de travail
consomme, des dbris de meubles ou de coffrets en ivoire et en
bne, quelques rares fils de cuivre rouge, des figurines en ivoire,
en cristal de roche, .reprsentant des lions, des chiens et des pois-
sons, une grosse perle d'or en spirale, d'une remarquable excution,
une multitude de fragments de vases d'argile, de granit, de sy-
nite, de quartz hyalin, d'obsidienne, qui, assurment, avaient t
briss l'avance, enfin de grosses jarres de terre grossire, fermes
par un bouchon d'argile portant l'empreinte du cylindre-cachet
royal, renfermant encore du bl calcin, des ppins de raisin, des
rsidus de substances animales ou vgtales indterminables.
Mais le dispositif architectural du tombeau de Negadah n'est
pas spcial l'Egypte ; on rencontre aussi le mme mode d'orne-
mentation extrieure en Chalde, Tello, Moughar (Ur), et l,
non plus, sa dcoration architecturale en redans ne peut tre attri-
bue des contreforts, les saillants tant beaucoup trop rapprochsles uns des autres. L'originalit de cette disposition, les consid-
rations dans lesquelles je suis entr son sujet, et son existence en
Egypte et en Chalde, obligent voir dans ce dispositif une
conception commune la valle de l'Euphrate et celle du Nil, et
la mesure usite pour la construction du monument de Negadahest fort convaincante quant l'origine asiatique des constructions
de ce genre.Le monument de Negadah n'a pas livr de ces stles de calcaire,
grossirement sculptes, ne portant que le nom du personnage,telles que celles dont les fouilles d'Abydos ont fourni tant d'exem-
plaires ; il n'a pas donn, non plus, d'instruments mtalliques, bien
que le cuivre ft alors connu. Mais l'habilet avec laquelle les
roches les plus dures avaient t faonnes en vases, en figurines,la matrise des tailleurs de silex, donnent une haute ide de la civi-
28 MONUMENTS ET MEMOIRES
lisation laquelle taient parvenus alors les gens de la Haute-
Egypte ds l'aurore des temps pharaoniques, et les substances
minrales dont cette spulture princire nous dcle la connaissance
impliquent, de la part des contemporains et des sujets de Mens,
des relations commerciales fort tendues, car ni l'or, ni le cuivre,
ni le quartz hyalin, ni l'obsidienne ne se rencontrent l'tat naturel
dans la rgion du Nil.
L'obsidienne, ou verre de volcan, ne peut se trouver en Egypte,
contre forme de couches sdimentaires ; on l'apportait donc du
dehors. Cette substance se trouve dans les les de la mer Ege,
entre autres Milo, dans la Transcaucasie, le Nord de la Perse,
sur les pentes des volcans teints, en Abyssinie, et peut-tre aussi
en Arabie, dans les massifs ruptifs qui bordent la mer Rouge.
C'est probablement par transmission de mains en mains, plutt que
par contact direct, que cette matire est parvenue dans le Sad.
La spulture de Negadah renfermait, on l'a vu, les inscriptions
sommaires de la plaqu d'ivoire et les empreintes de cylindres sur
les bouchons d'argile. Il faut ajouter cependant que sur quelques
tessons de vases taient gravs parfois trois signes semblables, des
oiseaux, et que de petites plaquettes d'ivoire, des tiquettes por-
taient aussi quelques signes, ceux sur lesquels les Allemands se
sont appuys pour attribuer la reine Nethtep le tombeau. C'est
l tout ce que ce grand monument nous a donn comme textes. Il
n'en a pas t de mme Abydos, dans les tombes des successeurs
de Mens : l chaque prince avait sa stle ; mais, en dehors de ces
inscriptions rudimentaires, on a rencontr fort peu de textes, mme
du plus grand laconisme.
C'est aux environs de l'poque de Mens, plutt avant qu'aprs,
qu'il faut ranger l'usage de ces superbes instruments archaques qui
font l'honneur des muses ; mais ce n'est pas ici la place de reprendre
la description de ces merveilles; je ne parlerai donc que de quel-
ques-uns de ces grands couteaux de silex, tonnants par l'habilet
inoue dont ils tmoignent de la part des vritables artistes des
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 29
mains desquels ils sont sortis. C'taient l, d'ailleurs, des lames
de prix, car on en voit qui sont montes en or ou en ivoire;
d'autres taient certainement ornes de manches de bois finement
travaills ; mais ces matires prissables ne nous ont pas t con-
serves.
Chez lotis les peuples, qu'ils soient modernes ou prhistoriques,
faisant usage de couteaux de silex, on avait coutume de garnir
d'un manche ou d'un enveloppement la partie de la lame qui devait
tre saisie par la main ; en Egypte les deux modes taient en
usage : certains de ces couteaux sont entours de peau ou d'or ;
d'autres sont engags dans une sorte de manche trs court, fait dos
ou d'ivoire.
L'un de ces couteaux, qu'en 1896 j'ai acquis pour le Muse du
Caire, est garni, la base, d'une feuille d'or qui fait le tour de la
lame et dont les deux extrmits sont embouties. Cette feuille mtal-
lique est couverte d'une ornementation au repouss, reprsentant des
animaux et des fleUrs.
Un autre de ces instruments, dcouvert par M. Henri de Mor-
gan, au cours de recherches qu'il excutait pour le compte du
Muse de Brooklyn, montre une sorte de manche en ivoire, pice
sculpte avec une rare perfection, figurant en relief des thories
d'animaux se suivant en lignes horizontales ; on y voit toute la faune
de l'Egypte l'poque des dynasties thinites : ce sont des lphants,des hippopotames, des boeufs, des nes, des chvres, le livre, la
gazelle, l'antilope, la chvre de la montagne, le chien, le loup, le
lion, le chacal, l'hyne, le sanglier, l'autruche, et bien d'autres ani-
maux dont certains taient domestiqus ou apprivoiss, d'autres
l'tat sauvage. C'est l un document bien prcieux pour notre compr-hension de ce qu'tait la vie matrielle des pr-pharaoniques et des
gens contemporains des premires dynasties.En ce genre, et de la mme poque, le Muse du Louvre
possde un objet dimporlance capitale en ce qui regarde l'influence
de l'Asie sur le got prpharaonique : c'est un couteau de silex
30 MONUMENTS ET MEMOIRES
garni d'un manche d'ivoire soigneusement sculpti. Sur l'une des
faces de ce manche, on voit, en haut, une scne de bataille et,
au-dessous de ce tableau,.' des barques rappelant celles qui figurentsur les vases peints de la Haute-Egypte, sur un tesson de Suse et
sur les cylindres archaques de l'Elam. Quant l'autre face, elle
montre des animaux: un lion dvorant un boeuf, motif qui, de
l'Asie, est pass dans le monde hellnique, des bouquetins ou des
antilopes, des chiens portant le collier et, par consquent, domes-
tiqusr enfin, au sommet, un personnage luttant contre deux lions
dresss, sujet courant sur les trs anciens cylindres de la Chal-
de classique dans la lgende de Gilgamech. Ce personnage porteune longue barbe, un bonnet bord d'un rouleau, semblable aux
coiffures des hommes figurs en statues ou sur les bas-reliefs de la
Chalde ; il est vtu d'une longue jupe ouverte sur le devant : type
physique et costume sont franchement asiatiques. Or, cette curieuse
pice provient de Gbel-el-Arak, en Haute^Egypte.Certainement les archologues qui ont explor les ncropoles
archaques du Sad ont frquemment rencontr de ces grandes
lames de silex emmanches d'ivoire, et les reprsentations qu'on
voit sur ces curieuses pices prsentent toutes les mmes caractres ;
mais il n'en est pas dont les scnes soient aussi concluantes quecelles dont il vient d'tre parl.
Il est remarquer qu'aucun de ces petits bas-reliefs ne montre
de textes hiroglyphiques, mme des plus rudimentaires. Ces objets
appartiennent donc franchement la priode prpharaonique, tout
comme la plupart des plaques de schiste sculptes qu'on voit dans
les muses; toutes les plaques, cependant, ne sont pas anpigraphes :
il en est qui portent des signes hiroglyphiques ; leur usage s'est
donc conserv au cours de la priode thinite, alors que celui des
grandes lames de silex emmanches avait disparu devant l'emploi
des instruments mtalliques.
i. V. Monumentset Mmoires(fondation EugnePiot), t. XXII, p. i et suiv.
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 31
DES ORIGINES HISTORIQUES.
Il ne m'appartient pas d'entrer dans des considrations pigra-
phiques au sujet de rtablissement du rgime pharaonique et de
la constitution de l'empire; ceci est du domaine des gyptologues.Je me contenterai donc d'exposer, dans leurs grandes lignes, les
dductions auxquelles conduisent les dcouvertes archologiques.A Negadah, deux tombes royales seulement avaient t con-
struites, et nous pouvons penser que toutes deux appartenaient ;
l'poque de Mens : l'une d'entre elles, btie sur le sol, tait celle
du premier pharaon des deux Egypte ; quant l'autre, situe non
loin de la premire, elle avait t creuse dans les alluvions dur- *
cies et, plus tard, avait t si compltement spolie, qu'il ne restait
plus en 1897 qu'une fosse bante. Aucune conjecture n'est donc
permise, quant au nom du prince ou de la princesse dont cette
tombe a renferm les restes.
Aprs le rgne de Mens et la consolidation du rgime pharao-
nique, les souverains choisirent, comme lieu de leur spulture, les
terrains sacrs d'Abydos, site clbre par les lgendes osiriennes
qui s'y rattachaient ; c'est ainsi que sous les deux dynasties thinites
x\bydos fut la ncropole des rois.
Il est peu probable que ces princes aient habit ce district ; car,
tant les matres de la Haute et de la Basse-Egypte, ils ne se sont
certainement pas confins dans la Thbade; mais il est impossible,
cependant, de mconnatre le grand rle qu'a jou la Haute-Egyptedans la prparation de cette culture si spciale des temps pharao-
niques.Ds la Irc dynastie, nous voyons le roi Smerkha, ou Merskha,
graver son nom sur les rochers de Wadi-Maghara, au Sina. Ce,
prince porte la couronne de la Haute-Egypte et celle du Delta/:
32 MONUMENTS ET MEMOIRES '
preuve qu'il rgnait aussi bien sur la Basse que sur la Haute-
Egypte, et qu'il veillait la scurit de sa frontire asiatique.
D'Abydos la ncropole royale s'est transporte, plus tard, dans
le dsert voisin de Memphis C'est alors que commence la grande
civilisation de l'Ancien Empire, avec ses superbes.mastabas, ses
belles statues polychromes, ses bas-reliefs peints*.
Par quelle voie, dans les temps prdynastiques, les Asiatiques
ont-ils pntr dans la valle du Nil ? Les gyptologues ne sont pas
d'accord ; cet gard; cependant si l'on tient compte des possibilits
gographiques et de-Tenchanement des vnements asiatiques, il est
bien difficile d'accepter une autre voie que celle du Delta ; qui plus est,
bien que les donnes que fournit l'pigraphie soient encore discutes,
la stle de Palerme et le papyrus de Turin mentionnent des princes
antrieurs Mens, qui auraient rgn sur le Delta.
Nous ne possdons -, malheureusement; dans les documents pi-
graphiques parvenus jusqu' nous, que des indications bien vagues
quant aux vnements qui ont prcd le rgne de Mens, et Man-
thon, cit par Eusebe n'apporte pas de clart dans notre documen-
tation par les textes: il cite au moins trois groupes de rois, les uns
de la Basse, les autres de la Haute-Egypte. Sur la pierre de
Palerme figurent les noms de cinq rois portant la couronne rouge,
e'est--dire de la Basse-Egypte, alors que le fragment du Caire
indique quatre princes coiffs de la couronne blanche, c'est--dire
de la Haute-Egypte. Ces deux textes tendraient prouver qu'il
existait deux royaumes distincts et que Mens les aurait runis pour
constituer son empire.
Quant au papyrus de Turin, il donne le dtail des prcurseurs
de Mens, les Shem-Sou-Hor ; mais certains signes de ce document
sont d'une interprtation trs douteuse. Il faut donc attendre la
dcouverte de nouveaux textes pour tre mme de se prononcer
d'une faon sre quant aux prcurseurs des pharaons thinites.
Plus tard, aux temps historiques, quand des Asiatiques sont
venus dans la valle du Nil, c'est toujours par la Syrie ou le
LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 33
Haurn et la presqu'le du Sina qu'ils sont arrivs, par un chemin
dont ils avaient probablement conserv le souvenir dans leurs tradi-
tions.
Si les prpharaoniques ont pntr en Egypte par le Delta,
pourquoi sont-ils remonts jusqu' la Thbade ? Telle est la questtioii que posent bien des gyptologues. C'est, vraisemblablement,
parce les princes voulaient assurer la soumission des tribus du Sud
et la scurit de leur frontire sur le Haut-Nil; puis, l'oeuvre dont
ils poursuivaient l'excution tant accomplie, ils sont redescendus
dans les rgions fertiles et riches de la basse valle du Delta.
En 1896, l'histoire de l'Egypte, base sur les textes, grce la
dcouverte de Champollion, s'arrtait la IIIe dynastie. Pour beau-
coup d'gyptologues, l'existence mme des dynasties dites thiriites
tait lgendaire et se confondait presque avec celle des dynastiesdivines ; l'ensemble des origines se perdait an milieu des incerti-
tudes de la fable. C'est au cours de cette anne 1896, et pendantl'anne suivante, que la lumire s'est faite, que la lgende, aprs
cinq ou six mille ans, est rentre dans la ralit. La prhistoire de
l'Egypte, entrevue dj par quelques esprits mthodiques, s'est
rvle tout coup, et les premires dynasties sont sorties de
l'oubli. Ainsi, quatre-vingts ans aprs que Champollion eut fait part l'Acadmie de son incomparable dcouverte, son oeuvre tait para-cheve. Aucun doute ne peut plus exister, quant la prhistoire et
la protohistoire de la terre des pharaons.Mais l'gyptologie
sensu lato dpasse aujourd'hui les bornes
de la linguistique ; elle rentre clans le domaine gnral des origines de' l'humanit, problme d'une effrayante tendue, la solution duqueltoutes les branches de la science sont appeles concourir en inter-
prtant les documents que seules les dcouvertes archologiquessont mme de fournir. C'est de l'ensemble des faits, de l'obser-
vation des lois naturelles, qu'il faut attendre les prcisions querclame notre esprit. L'Egypte, au del de l'histoire, n'est plus
qu'une province dans cet ensemble des pays auxquels nous devons
34 MONUMENTS ET MEMOIRES
les, premiers pas de la civilisation moderne, mais une province
prodigieusement aneienne, si nous nous en rapportons aux vaguesdonnes chronologiques qui nous sont parvenues par Eusbe, et
auxquelles les fragments pigraphiques que nous poss^ts ^e^semblent pas contredire. /c? , , , , 4
J. DE MORG^^'i^/
EDITIONS ^NST LEROUX, 28, ru Bonaparte, VL
- : , Docteures lettrs.7: ;..
:M:i:SANf flJAIRES ;: DE :B YZANGE \--i:..
. - . :- ' Piecherhes sur les anciens trsors des Eglises de onstantinople. :,-......._I volume grand in-S0,fiplielnent illustr. . '.' .-,..'. - - .. . . . ... 30 fr.
MISSIlN ^RCIIOLO&QUE DE ONSTANTINOPLE
i volume grand iii-8, avec 6 figures et 4o planches hors texte. . . . -.- . . . , . . . 35 fr.
' V !'.:. ^^^..-SALOMON -REI'NACH:'Membred l'Institut.
RPERTOIRE DE PEINTURES GRECQUES- ET ROMAINES
i; volume grand in-8, contenant environ 3 ooo gravures d'aprs les dessins de Paride WISBEH,avec noticesbibliographiques et index. . . . . . ....... . . . . . . . ... 45 fr.
DU FR. J.-B. HEPBURNE D'ECOSSE
Prface de F. DE MLY .
Cette reproduction de l'exemplaire unique de l'ouvrage du Fr. IIM'HUUNE.est tire i5o exemplaires numrots,sur papier spcial chromotype de-Prioux.
II ne "serapas fait de nouvelle dition.I volume in-folio. . . . . . . . . . 175 fr.
Vient de paratre.^^^^^
HBRON
LE HARAM EL KIIALIL, SPULTURE DES PATRIARCHESPA11
L.-H. VINCENTProfesseur l'Ecole Archologiquefranaisede Jrusalem.
ET
E.-J.-ll. MACKAYInspecteuren Chef desAntiquitsde Palestine.
i volume grand in-4 de texte richement illustre et un atlas de 28 planches en hliogravure et en photo-typic.... 250 fr.
DITIONS ERNEST LEROUX, 28, rue Bonaparte, VI.
LES .MONUMENTS.CHRTIENS. DE SALONIQUEParCH.DIEHL,Membredl'Institut,
LE TOURNEAUetH. SALADIN,.architectes. ,/ ,\Unvolumein-4,richementillustr,accompagnd'unAlbumde68planchesencouleuret enphotolypie.. 250 fr.
LES GLISES DE GONSTANTINOPLE...... ' PARa * > -. *
Jean EBERSOLT AdolpheTHIERSDocteureslettres Architecte,prixduSalon &CHARGSDEMISSIONSSCIENTIFIQUES
Unvolumein-4 '
PUBLISOUSLES^AUSPICESDE L'ACADMIEDES INSCRIPTIONSET BELLES-LETTRESParHenriGREGOIRE,Professeurl'UniversitdoBruxelles,AncienMembretrangerdel'colefrannisod'Allicncs.
Unbeauvolumein-4. ; 30 fr.
L'ART GRCO-BOUDDHIQUE DU GANDHARATOMHII. SECONDFASCICULE.
TUDES SUR LES ORIGINES D L'INFLUENCE CLASSIQUEDANS L'ART BOUDDHIQUE DE L'INDE ET D*L'EXTRME-ORIENT
ParA. FOUCEHptUnbeauvolumegrandin-8,avec128illustrationset 1 planche.. . ., . < . . 50 fr.
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTSCOMMISSIONARCHOLOGIQUEDE L1ND0-GHINE
LES MONUMENTS DU CAMBODGETUDES D'ARCHOLOGIE KIIMRE
ParL. DELPORTETroisimelivraison.
Unallasgrandin-foliocompleten3livr.comprenanta3pi.onnoiret encouleurs,avecuneintroductionet untexteexplicatif.Prix: 200 francs.
LA CRAMIQUE ARCHAQUE DE L'ISLAMET SES ORIGINES
ParMauricePEZARD,AttachauMuseduLouvre,chargdemistipnarchologiqueenPerac.Unvel.detexteet 1allasdei5oplanchesdonta5ontrichromieet 12benphotolypie 500 fr.
CHARTRES.IMPRIMERIEDURAND,RUIFULBERT.
DITIONS ERNEST LEROUX, 28, rue Bonaparte, VI.
LES MONUMENTS .CHRTIENS DE SALONIQUEParCH.DIEH-L,Membre1dl'Institut,
LE TOURNEAUetH. SALADIN,architectes - , LUn-volumein-/jo,richementillustr,accompagnd'unAlbumde68planchesencouleuretenphotolypie.. 250 fr.
LES GLISES DE CONSTANTINOPLE' l'Ait '' '
Jean EBERSOLT AdolpheTHIERS1 DOLICUIeslclticb - -Aichitcclc,j)nxduSdlou gCIIA.HG1SDE51ISI0ASSCIIMiriQurS
Un\olumoin-4,licbcmcnl^lhisli.aicompagned'unalbumde58'plimchesenhliogiaiureetenpholohpieT200 fr. -Couronnparl'AcadmiedesBeaux-Arts., . i
RECUEILDE'VOYAGESET DEDOCUMENTSPOURSERVIRA L'HISTOIREDE LAGOGRAPHIE-1
DEPU.ISLE X11PJUSQU'ALAF,INDU XVISIECLE
PIGAFETTARELATIONDU PREMIERVOYAGEAUTOURDU MONDEPARMAGELLAN(i519-1622)
DITIONDUTEXTEFRANAISD'APRESLESMANUSCRITSDEPARISETDEC1IELTEM1AMi'ar J. DENUC
Unbeauvolumegrandin-8,avecfigures 50 fr.
RECUEIL DES INSCRIPTIONS GRECQUES CHRTIENNES D'ASIE-MINEUREFAS'C'ICULEI. ^ '
PUBLISOUSLESNAUSPICES'DEL'ACADMIEDESINSCRIPTIONSET BELLES-LETTRESParHenriGRGOIRE,Professentl'Uni-iertiledoBruxelles,AncienMembretrangerdel'colefranaised'Alhncs.
Unbeauvolumein-/| 30 fr.
L'ART GRCO-BOUDDHIQUE DU GANDHARATOMI:II. SECORD1FASCICULE.
TUDES SUR LES ORIGINES D L'INFLUENCE CLASSIQUEDANS L'ART BOUDDHIQUE DE L'INDE ET DE'L'EXTRME-ORIENT
Par. FOUCHRUnbrauvolumegrandin-8,a\cc138illustrationscl 1 planche 50 fr.
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-A1\TSCOMMISSIONARCHOLOGIQUEDEL'INDO-GHINE
LES MONUMENTS DU CAMBODGETUDES D'ARCHOLOGIE KIIMRE
ParL. DELPORTETioisiemelivraison.
Unatlasgrandin-foliocompleten3li\r. comprenant?3pi.ennoiret encouleurs,avecuneintroductionetuntexteexplicatif.Prix: 200 lr'anci,.
LA CRAMIQUE ARCHAQUE DE L'ISLAMET SES ORIGINES
ParMauricePEZARD,AttacheauMus.eeduLouvie,chargesdemissipnarchologiqueonParscUnvel.detexteel 1allasdei5oplanchesdont23entrichromieet ia5enphotolypie 500 fr.
; CUAUTRES..IMPRIMERIEPUBAND,tUIFULBEKT.
Contraste insuffisant
IMF Z 43-120-14
Texte dtrior reliure dfectueuse
IMF Z 43-120-11