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100 km et pourtant que du bonheur ! Certains en voyant ce titre pourraient croire que je suis folle …je dirais plutôt qu’on oubli vite la douleur pour ne garder que le meilleur. Tout est partie d’une discussion avec Eric M. ou il me dit si tu le fais je t’accompagne … il ne m’a pas fallu longtemps pour réfléchir et surtout l’envie de couper avec le vélo trop chronophage … un nouveau défit et en plus la chance de pouvoir le partager ! C’est parti pour plus de 12 semaines de prépa spécifique « Millau » avec la chance de pouvoir déjà partager beaucoup de sorties avec Sandrine ce qui explique la prépa de notre vélo au top (ce qui n’ai pas le cas de tout le monde … n’est ce pas lolo ☺ ) A 15 jours du départ, grosse grosse frayeur … ou je pense même un instant ne pas prendre le départ tellement mon dos me fait souffrir … Mais grâce au passage de 4 mains sur moi je suis de nouveau sur pied mais avec une fin de prépa plus qu’allégée … au moins je suis arrivée là bas plus que reposée (Pas forcement habituée à autant couper pour un Ironman) Départ du vendredi matin de paris et c’est sans aucun stress que nous nous mettons en route ! de toute façon pour tout vous dire je n’ai jamais eu peur … je pense que je ne réalisais pas vraiment !
Une fois arrivée sur Millau tout va très vite, retrait des dossards, petit arrêt en terrasse avec toute l’équipe de l’astre puis 15’ de cap histoire de bouger les jambes après cette longue journée de déplacement. Une excellente nuit d’avant course et hop il est temps de se préparer. Petite photo souvenir puis nos suiveuses nous quittent. Un peu d’attente au soleil, une petite marche de 30’ avec la fanfare et nous voilà parti pour 100 km. Très vite nous souhaitons bonne route à Michel et restons tous les 3 (JC-‐ Eric et Moi). Etant partis dans les premiers nous ne sommes très vite dans la bonne allure et bonne nouvelle
les sensations des premières foulées sont plutôt bonnes. Nous retrouvons nos accompagnatrices au bout de 7 km, il y a encore bp de monde et je dois redoubler d’attention, ce n’est pas le moment de se faire bousculer ! C’est à ce moment que je prends conscience que je suis partie pour courir toute une journée ☺ Le Semi, passe tout seul je me sens super bien. Je respecte les consignes d’allure et Sandrine se charge de me tendre les gourdes sucrées toutes les 8’ et mon jus de tomate toutes les 24’ (elle gère comme une chef, je ne me pose pas de question je bois tout ce qu’elle me donne ☺) , bref tout va bien je m’éclate, profite du paysage magnifique (cette 1ère partie est non seulement beaucoup plus plate mais surtout beaucoup plus belle). Je suis sur une autre planète, je savoure, tape dans les mains des enfants … bref je profite ! Au 35ème ça va toujours aussi bien mais notre compagnons de route (Jean Christophe) rencontre un gros coup de mou (fringale après réflexion et surtout vu comment il s’est jeté sur la ravito d’arrivée !) nous décidons de ralentir mais très vite il nous dit de partir. C’est donc tous les 4 que nous finirons ce marathon et vous savez quoi je suis toujours aussi bien ! Cela fait plus de 4h que nous sommes partis et pourtant je ne sens aucune fatigue il en sera ainsi jusqu’au 45ème Kil. Car à la sortie de Millau les choses sérieuses commencent … en effet le viaduc est en vu mais les cotes aussi et la 1ère est comment dire ☺ costaud ! tout le monde marche même certains suiveurs à coté de leur
vélo, perso je prends l’option de petites foulées, j’avance pas très vite mais je passe énormément de monde et c’est vraiment bon pour le moral ! Résultat elle devait m’effrayer et bien je l’ai super bien vécu et ma Sandrine l’a vécu aussi bien que moi. La descente est pour moi le moment de revenir sur Eric car il est plus fort en monté et nous ferons un bout de chemin tous les 4 car après c’est un long faux plat montant. Je suis toujours aussi bien même si parfois la lassitude me prend cela ne dure jamais plus de 30’. Et surtout les jambes vont bien et toujours dans une allure de confort. Au 60ème nous commençons à croiser les premiers concurrents sur le retour ! Cela donne une petite animation et l’idée de croiser Michel me permet de sortir de la routine. Il ne tardera pas car au 65ème nous échangeons quelques encouragements (il semble vraiment dans sa course par contre derrière ça papote dur ☺). De mon coté toujours RAS je continu mon chemin et prend un peu d’avance sur Eric
sans vraiment m’en rendre compte (mais contrairement au 1er marathon je ne fait plus la con et arrête de courir en arrière pour les photos des pancartes☺) A 5km de St Afrique je prends la décision de ne rien changer là bas et donc de ne pas m’arrêter (inutile de prendre des risques, je suis très bien donc on change rien !) Avec Sandrine on prend l’option séparation assez rapidement afin de lui laisser le temps de récupérer le sac et de prendre le nécessaire pour la nuit …(on est jamais trop prudente ! et au passage heureusement). Je tombe donc dans un grand moment de solitude qui fut bon à la fois et long, sensations surprenante mais pourtant réel. St Afrique, lieu tant attendu ! j’y suis enfin, toujours un peu sur la réserve car oui j’ai mal aux jambes, oui j’en ai parfois marre de courir mais bizarrement
ça va ! à peine passé la ligne du chrono intermédiaire Sandrine me retrouve et m’invite à passer aux WC car pas simple pour une fille …(Elle est au petit soin et pense pour moi car plus très lucide tout de même) donc direction le gymnase, ou j’en profite aussi pour me restaurer un peu avec elle car au final elle n’aura pas eu temps de temps que cela me dit elle (et oui je cours vite !) Je sens tout de même un peu de gène dans son regard et me dit « Eric abandonne… tu sais pourquoi ? ") Ne l’ayant pas vu de la descente, je m’en voulais un peu mais notre stratégie était de courir à notre allure lui allant plus vite dans les montées nous aurions dû nous retrouver sur la fin. Je suis tout de même dans ma course et décide de repartir sans les attendre, avec un pincement au cœur (car dans cette histoire c’est pour moi qu’il était là, mais en sportif qu’il est, je savais qu’il comprendrait) Ma complice étant très hight tech ☺ je lui demande de prendre de news, et les mots d’Eric me donne un peu de boost dans ce moment difficile pour tous … «tu vas le finir pour moi ! » j’avoue même avoir versé une petite larme sur le coup car je sais que la route est encore longue. C’est donc partie pour 30 km à 2, les échanges ne sont pas très nombreux mais on se comprend, nous avons passé tellement d’heures d’entrainement ensemble que Sandrine me connaît. La montée comme toutes les montées se passe bien, je monte pas super vite mais je cours et reprends toujours des personnes qui marche. Nous croissons beaucoup de monde dans l’autre sens et j’avoue me rendre compte à ce moment qu’il y a vraiment beaucoup de monde et qu’en plus je suis en train de faire un truc pas si mauvais alors que le course à pied n’est pas forcement mon point fort. Bref je reste dans la course et déjà depuis quelques kilomètres je prends l’option marche à tous les ravitos, et je ne vous cache pas que je suis assez impatiente d’y arriver à chaque fois ☺ ! La 3ème difficulté passée je suis soulagée et me dit que la prochaine c ‘est celle du retour vers le viaduc donc « no problem » ! C’était sans compter sur mes cuisses qui en décidèrent autrement … en effet les descentes qui jusque là me faisaient plaisir … là, c’est comment dire … douloureux et en plus de cela frustrant car la tête étant plutôt bien voulait y aller mais impossible. Bref je tente parfois de changer ma foulée afin de retrouver un peu de sensation mais je sens que la fin va être dure … Puis vient le faux plat qui devrait être descendant … et que me paraît montant (MDR) même si cela ne m’empêche pas de faire un petit selfie ☺
Sandrine toujours aussi attentive me mettra même un peu de musique afin de me sortir de cette lassitude et me donner le sourire (je vous rassure il a très très souvent été présent mais je reste humaine☺) La nuit commence à tomber et nous sommes dans la dernière difficulté, un grand plaisir à la vue du Viaduc même si je trouve que cette montée est interminable voire même qu’il doit reculer car j’avance vraiment plus … au passage Sandrine non plus ! Mdr elle me dit « c’est pas possible je dois être à plat ! » et en effet elle l’était ☺. 2ème grain de sable et quand la fatigue est bien présente il suffit de peu de chose pour vous faire sortir de la course. Nous profitons de cette nuit de pleine lune et ce cadre magnifique pour faire une mini pause sous le viaduc et surtout échanger qq mots … ☺ C’est reparti, moins de 10 km à faire, Sandrine essaye de relativiser et tente de me rassurer en voulant continuer ainsi … mais après qq minutes cela n’est plus possible. Elle s’arrête sous un lampadaire et tente de pomper mais impossible … elle revient à ma hauteur puis refait une tentative mais tjs pas " je prend donc le temps de lui expliquer la pompe et la miracle le pneu veut bien se gonfler ! yes …, soulagement mais c’est pas pour autant que je retrouve mes jambes !!! Les derniers Km me semblent interminables, j’ai mal partout et autant au 80ème km, la tête voulait avancer et les jbs non, là c’est l’inverse ! je sais même pas comment je fais pour courir encore !
Les rues commencent à être éclairées, nous voilà enfin dans Millau, la lucidité revient et les jambes avec, au 99ème Sandrine prend un peu d’avance car je tiens à passer la ligne avec elle ! Elle pose le vélo et me rejoint afin de parcourir les derniers mètres à mes cotés, le plaisir est intense, il y a du bruit de la lumière un énorme contraste d’un coup ! Dernier virage, j’entend Clarence qui hurle, ça y est nous l’avons fait … je tombe dans les bras de Sandrine car c’est une expérience que nous avons vécue ensemble depuis le début et qui en plus sera marquée à jamais dans notre mémoire. Je m’en vais ensuite retrouver Clarence et Eric qui semblent impatients de nous embrasser ☺ et émus. Voilà c’est fait, et cela ne me reprendra pas demain ni même un autre jour, je voulais le faire et même si tout c’est vraiment super bien passé, je n’y vois aucun intérêt … Et si l’on doit comparer avec un Ironman, cela
m’a semblé plus dur physiquement par contre psychologiquement plus facile car on n’est jamais seul. Le soir je marchais comme un pingouin, mais déjà le lendemain je retrouvais une marche normale !