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Pierre JACQUET, Rajendra K. PACHAURI et Laurence TUBIANA (dir.) Dossier Océans : la nouvelle frontière

2011 - Regards sur la Terreregardssurlaterre.com/sites/default/files/rst/2011-10-FR.pdf · 2016. 10. 20. · 2011 Regards sur la Terre 25 € Prix TTC France 6930127 ... (IGD) et

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  • Regards sur la Terre décrypte chaque année la complexité des processus qui composent le développement durable et en révèle toute la richesse.

    La première partie « Regards sur 2010 » dresse le bilan de l’année et propose un état des lieux des questions et discussions internationales : retour mois par mois sur les dates qui ont illustré l’avancée des connaissances, de la négociation des politiques et la construc-tion de l’action dans les domaines du climat, de la biodiversité, des ressources natu-relles, de la gouvernance, de l’énergie ou du développement ; retour sur les événements clés, identification et analyses croisées des tendances émergentes ; regards et réflexions d’acteurs majeurs de la communauté internationale sur les enjeux et les perspectives.

    La deuxième partie « Dossier 2011 » est consacrée au thème des océans. Ces derniers ont joué un rôle déterminant dans l’histoire des sociétés, mais l’essentiel reste peut-être à venir. Dans un jeu aux multiples inconnues, risques indiscutables et potentialités inouïes cohabitent ; les défis politiques, technologiques, environnementaux enflent et se précisent chaque année. Les océans sont la dernière frontière planétaire et l’un des défis cardinaux de tout modèle de développement. Comment rendre les activités de demain compatibles avec la préservation de l’espace le plus vaste et le plus riche de la superficie planétaire ? Économistes, scientifiques, géographes, spécialistes croisent leurs regards et leur expertises pour apporter éclairages et éléments de réponses.

    Fruit d’une coopération entre l’AFD (Agence française de développement), l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et le TERI (The Energy and Resources Institute), Regards sur la Terre constitue un outil d’information et de compréhension indispensable.

    Pierre JACQUET, Rajendra K. PACHAURI et Laurence TUBIANA (dir.)

    Dossier Océans : la nouvelle frontière

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    25 € Prix TTC France6930127 ISBN : 978-2-200-27150-3

    Établissement public, l’Agence française de déve-loppement (AFD) agit depuis soixante-dix ans pour combattre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du Sud et dans l’outre-mer. Elle met en œuvre la politique définie par le gouvernement

    français. Présente sur le terrain dans plus de 50 pays et dans 9 collectivités d’outre-mer, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète. En 2010, l’AFD a consacré près de 7 milliards d’euros au financement d’actions dans les pays en développement et émergents et en faveur de l’outre-mer. www.afd.fr

    Think tank européen indépendant, l’Institut du dévelop-pement durable et des relations internationales (Iddri) travaille sur les enjeux stratégiques du développement durable et de la mondialisation. L’Iddri réfléchit sur

    la gouvernance mondiale des grands problèmes collectifs que sont la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, la sécurité alimentaire ou le développement urbain. Il contribue aux débats sur la transformation des modèles de développement. Dans le cadre de son partenariat avec Sciences Po, l’Iddri participe aux enseignements ainsi qu’au développement de programmes de recherches. www.iddri.org

    The Energy and Resources Institute (TERI) est une organisation non gouvernementale indienne créée en 1974 pour développer des solutions innovantes afin de traiter les enjeux du développement durable, de

    l’environnement, de l’efficacité énergétique et de la gestion des ressources naturelles. Ses diverses activités vont de la formulation de stratégies locales et nationales jusqu’à la proposition de politiques globales sur les enjeux énergétiques et environnementaux. Basé à Delhi, l’Institut est doté de plusieurs antennes régionales sur le territoire indien. www.teriin.org

    Pierre JACQUET, ingénieur des Ponts, des eaux et forêts et membre du Cercle des économistes, est chef écono-miste de l’Agence française de développement (AFD). Il est aussi président du département d’économie, ges-tion, finances et professeur d’économie internationale à l’École des Ponts-ParisTech. Il est notamment admi-nistrateur de l’Institut de recherche pour le développe-

    ment (IRD), de l’Institut de la gestion déléguée (IGD) et de Proparco. Il a appartenu entre 1997 et 2006 au Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre. Il écrit une chronique mensuelle sur les acteurs du développement dans Le Monde de l’économie.

    Laurence TUBIANA, économiste, a fondé et dirige l’Ins-titut du développement durable et des relations inter-nationales (Iddri) et la chaire Développement durable de Sciences Po. Elle est professeur au sein de l’école des affaires internationales de Sciences Po. Chargée de mission puis conseillère auprès du Premier ministre sur les questions de l’environnement de 1997 à 2002, elle a

    été directrice des biens publics mondiaux au ministère des Affaires étran-gères et européennes. Elle est membre de divers conseils d’universités et de centres de recherches internationaux (Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement-CIRAD, Earth Institute at Columbia University, Oxford Martin School). Elle est également membre de l’India Council for Sustainable Development et du China Council for International Cooperation on Environment and Development.

    Rajendra Kumar PACHAURI est docteur en génie industriel et en économie. Il est actuellement le directeur général de The Energy and Resources Institute (TERI) basé à Delhi (Inde). Depuis 2002, il préside le Groupe intergou-vernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2007.

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    Pourquoi des indicateurs ?Le New Public Management, né dans les milieux néo-libéraux des années 1970, a inspiré l’usage massif d’indicateurs statistiques pour or ienter la décision publiq ue dans le courant des années 1980. Le recours à des indicateurs élaborés pour g érer « rationnellement » les ressources publiques a gagné peu à peu les organisations internationales pour, dans un premier temps, promouvoir et orienter les politiques libérales du FMI. Ironiquement sans doute, d’autres s’en sont emparés, dix ans plus tard, pour appor ter les preuv es de l’im pact dévastateur des Plans d’a justement structurel imposés par la Banque mondiale.

    La tendance de la q uantifi cation s’est éten-due à la gestion des ressources naturelles, et le Sommet de la Terre de Rio en 1992 a entériné comme quarantième et dernier objectif de l’Agenda 21 la constr uction d’indicateurs de développement durable, « afi n qu’ils consti-tuent une base utile pour la pr ise de décision à tous les niveaux » (CDD, 1992 1). En presque vingt ans, une kyr ielle d’indicateurs ont é té développés, tant par les organismes inter na-tionaux, les administrations nationales, les laboratoires universitaires, les ON G ou les laboratoires de rec herche privés, avec des

    1. La Commission du Dév eloppement durable (CDD) a é té créée en décembre 1992 pour assurer la mise en œuvre des accords du Sommet de la Terre.

    fortunes diverses. Beaucoup sont inconnus du grand public, certains ont été abandonnés, mais proposer des indicateurs e t les actualiser reste un pan im portant des efforts internatio-naux de rec herche et de communication en termes de développement durable.

    Chaque indicateur porte un message politique invoqué pour or ienter l’action. Parmi la multi-tude des indicateurs existants, nous en a vons choisi trois for tement médiatisés q ui viennent illustrer chacun une approche de la q uestion : l’un souligne le caractère non durable des modes de consommation actuels e t est por té par une ONG (empreinte écologique) ; l’autre me t en avant les limites de l’approc he monétaire de la pauvreté (IPM) et a été développé par une orga-nisation internationale, le PNUD ; le der nier, construit par des universités renommées – Yale et Columbia –, pointe les capacités des États à orienter le développement (EPI).

    Dénoncer la surconsommation de ressourcesL’empreinte écologique est l’indicateur le plus connu du g rand public e t le plus décliné : on peut calculer l’em preinte d’une ville, d’une région, d’un pa ys, d’une famille, d’une entreprise ou d’une fi lière, comme la pêc he ou l’exploitation forestière. Dév eloppé dès 1992 par deux c hercheurs de l’univ ersité de Colombie-Britannique (Vancouver, Canada), William Rees e t Mathis Wackernagel, cet

    Développement durable : un indicateur pour chaque besoinIsabelle BIAGIOTTI (Courrier de la planète), Benoît MARTIMORT-ASSO (Iddri)

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    indicateur retranscrit en sur face (hectares globaux) la pression des hommes sur les écosystèmes. Ainsi, il indiq ue qu’il faudrait une planète et demi pour produire annuel-lement les ressources naturelles suffi santes pour répondre aux besoins humains actuels, contre une planè te seulement à la fi n des années 1980 1.

    L’empreinte écologique est largement utili-sée par les ONG environnementalistes, comme le WWF, pour dénoncer le gaspillag e et la surexploitation des ressources de la planè te. Parmi les travaux récents, le rapport du think tank écologiste britannique New Economic Foundation (NEF) a fi xé au 21 août la date à laquelle, en 2010, l’humanité a déjà consommé l’intégralité des ressources naturelles renou-velables pour l’année. La NEF par le ainsi de « dette écologique » des humains en vers leur environnement et précise q ue la surexploi-tation constatée des ressources ne se justifi e pas par la satisfaction de besoins humains fondamentaux, mais par la persistance de la surconsommation dans les socié tés déve-loppées. De manière g énérale, l’empreinte écologique illustre bien les dif férences de modes de consommation des ressources naturelles entre les pa ys industrialisés et les économies en développement, les pays à plus faibles revenus présentant l’empreinte la plus faible. Les premiers affi chent ainsi un défi cit collectif de 2,7 hectares globaux entre leur consommation et la capacité de reproduction biologique de leurs ter ritoires, alors q ue les seconds sont au point d’éq uilibre. Aux deux extrêmes du classement, on trouv e le Qatar (– 5,8), les États-U nis (– 4,6), Singapour , le Royaume-Uni (– 4,5) ou la Grèce (– 4,4), dési-gnés comme les plus débiteurs en vers leurs écosystèmes, alors q ue des pa ys comme la Bolivie (16,5), le Congo (12,2) ou le Paraguay (7,4) affi chent les soldes créditeurs les plus élevés (repère 1).

    D’une effi cacité pédagogique certaine, l’em-preinte écologique ne suffi t pas pour mesurer l’intégralité des prog rès ou des problèmes

    1. Un bon point de départ sur les travaux sur l’empreinte écologique est le site du Global Footprint Network : www.footprintnetwork.org

    existants en matière de dév eloppement dura-ble. Tenante d’une durabilité forte, elle n’envi-sage aucune substitution ph ysique ou tec hni-que au capital naturel. Elle donne, par ailleurs, une place prépondérante à la consommation d’énergie, qui compte pour 70 % de l’indicateur, et traite sur le même pied t outes les énergies non renouvelables, fossiles et nucléaire. Enfi n, elle repose sur une équivalence consommation de ressources-surface protégée par un brev et et discutée par beaucoup de statisticiens.

    La pauvreté n’est pas seulement économiqueAvant même les engag ements de Rio, le Programme des Nations unies pour le dévelop-pement (PNUD) s’est distingué de l’approc he dominante réduisant la mesure du développe-ment à la croissance du PIB en lançant l’indice de développement humain (IDH) en 1 990. Appuyé sur les tra vaux de l’Indien Amar tya Sen et du Pakistanais Mahbub u-Haq, cet indi-cateur composite rend com pte du bien-ê tre individuel, en ter mes de santé, d’éducation et de niv eau de vie. Il conçoit le dév eloppe-ment humain comme un élargissement des possibilités ouvertes aux individus, plutôt que comme celui de l’accès à la consommation ou de la production économiq ue. L’IDH s’est progressivement raffi né et imposé comme un complément incontournable aux autres indi-cateurs économiques présentés régulièrement par des institutions internationales comme la Banque mondiale.

    Fort de ce succès, le PNUD a présenté, en juillet 2010, un nouv el indicateur, dédié cette fois à la mesure des formes de pauvreté humaine. Développé par deux c hercheuses de l’université d’Oxford – Sabina Alkire e t Maria Emma Sant os –, l’indice de pauvre té multidimensionnelle, ou IPM, repose comme l’IDH sur les conditions de santé, d’éducation et de revenus des populations. Il veut rendre compte de manière synt hétique des pr iva-tions subies, en se basant sur dix indicateurs de pauvreté : mor talité infantile, nutr ition, années de scolar ité, sortie de l’école a vant 8 ans, accès à l’électr icité, à l’eau po table et aux sanitaires, sol de l’habitat, combustibles

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    utilisés pour le c hauffage ou la cuisine, e t biens mobiliers (radio, télévision, téléphone, vélo, moto). Ces indicateurs sont mesurés par foyer dans une démarc he visant à mesurer le nombre de personnes suje ttes à ces dif férentes privations et non à é tablir la richesse relative des pa ys 1. Le Rapport 2010 sur le dé veloppement humain, le pre-mier à utiliser ce tte approche, révèle ainsi des différences notables entre la pauvre té monétaire (disposer de moins d’un dollar par jour) et la pauvreté multidimensionnelle mesurée par l’IPM. L ’Éthiopie ne com pte que 39 % de pauvres si on ne regarde q ue les revenus, 90 % si on prend les cr itères retenus par le IPM (repère 2). À l’inverse, la Tanzanie affiche 89 % de pauvres en termes monétaires, mais seulement 65 % selon

    1. Les travaux fondateurs du IPM sont disponibles sur Inter net : www.ophi.org.uk/policy/multidimensional-poverty-index/

    l’IPM. L’approche du PNUD per met en effet de prendre en compte les bénéfices des poli-tiques publiques – distribution alimentaire, gratuité des soins ou du raccordement au réseau d’eau ou d’électricité.

    De l’aveu même de ses inventrices, l’IPM se veut moins un instrument de recherche qu’un outil de pilo tage pour les acteurs de lutte contre la pauvre té afi n de désigner les secteurs d’action pr ioritaires ou mesurer l’avancée dans la poursuite des objectifs du Millénaire pour le dév eloppement. Comme tous les indicateurs composites, il propose une agrégation de données disparates, privilégiant la disponibilité sur la per tinence intrinsèque des indicateurs retenus. Réduit à la q uestion de l’accès à l’eau ou des pollutions engendrées par les combustibles domestiq ues, l’environ-nement n’est pas considéré dans ses appor ts (alimentation, combustibles, santé, etc.) aux populations les plus pauvres. Mais son but est

    L’empreinte écologique

    Source : National Footprint Accounts 2010 Edition (www.footprintnetwork.org). Données extraites le 13 octobre 2010.

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    Empreinte écologique en hectares par personne en 2007

    0,4 à 1,2 1,3 à 2,0 2,1 à 3,9 4,0 à 5,5 5,6 à 10,7Pays comptantmoins d’1 milliond’habitants

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    La mesure de la pauvreté

    Source : Données fournies par l’Oxford Poverty & Human Development Initiative (2010).

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    avant tout de (re)valor iser l’action publiq ue dans les politiques de développement auprès des bailleurs.

    Un État peut protéger son environnementL’Environmental Performance Index (EPI), créé sous l’impulsion du Professeur Dan Esty et développé par les univ ersités de Y ale et de Columbia (États-U nis), propose, pour sa part, un indicateur synt hétique des ef forts des gouvernements envers l’environnement. Lancé en 2002 e t présenté t ous les deux ans lors du F orum économique mondiale de Davos (Suisse), l’EPI pré tend offrir une mesure alternative de la poursuite des objec-tifs du Millénaire pour le dév eloppement spécifi ques à l’environnement. Les politiques publiques sont no tées selon 25 indicateurs, révélateurs autant de la santé environnemen-tale (mesurée par ses impacts sur la santé des

    humains) que de la vitalité des écosystèmes (mesurée au tra vers des ser vices rendus 1) (repère 3).

    Si les deux pôles pèsent le même poids dans le résultat fi nal, le second est composé de varia-bles inégales entre elles, puisq ue l’évaluation des efforts climatiques (essentiellement les émissions de gaz à effet de serre) compte pour 25 % de cette note. Les politiques menées dans les autres domaines – ag riculture, pêches, forêts, biodiversité et habitat, eau ou pollution de l’air – pèsent c hacune pour un peu plus de 4 %. L’Islande, qui arrive en tête des 163 pays étudiés par le classement 20 10, bénéfi cie ainsi de la prédominance des renouv elables (géothermie) dans sa production d’énergie, comme de la faiblesse de ses émissions de gaz à ef fet de ser re et de l’am pleur de ses politiques de reforestation. Par mi les neuf

    1. Tous les résultats sont disponibles sur le site : epi.yale.edu/

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    Indice multidimensionnel de pauvreté (part de la population vivant dans l’extrême pauvreté)

    < 0,05 0,05 à 0,15 0,15 à 0,25 0,25 à 0,35 > 0,35 Absence de données

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    suivants, la Suisse (89, 1), la Suède (86), la Norvège (81,1), la France (78,2) et l’Autriche (78,1) profi tent elles de leur capacité d’inves-tissements dans des infrastr uctures moins gourmandes en énergie et moins polluantes. L’île Maurice (80,6) et Cuba (78,1) tirent eux aussi leurs bons résultats de leurs faibles taux de pollution de l’air et de l’eau. Enfi n, le score élevé du Costa-Rica (86,4) ou de la Colombie (76,8) reflète la q ualité de leurs écosystè-mes. Les plus faibles scores cor respondent aux pays d’Afrique subsaharienne – T ogo (36,4), Angola (36,3), Maur itanie (33,7), Centrafrique (33,3) et Sierra Leone (32,1), tous affichant les plus mauvais résultats en matière de santé de l’environnement.

    Si ces résultats tendent à conclure à une forte corrélation entre un bon score EPI et la r ichesse des pa ys, la com paraison avec les é tudes antérieures documente la marge de manœuvre des États. Sur les cinq pays les mieux no tés en 2010, seule la

    Source : epi.yale.edu/

    Suède était dans le pelo ton de tê te depuis 2006. L’Islande était 13e ; la Suisse, 1 6e ; le Costa-Rica, 15e ou la Norvège, 18e en 2006. En moins de 4 ans, l’indicateur a pu retrans-crire des changements d’orientation des politiques publiques. L’EPI permet aussi de montrer l’im pact du dév eloppement accéléré des pays émergents et en transi-tion sur leur en vironnement et l’abandon d’ambitions environnementales. Le Brésil, 34e en 2006, n’ar rive plus qu’à la 62e place en 2010 à l’image de la R ussie, 32e en 2006 et 69e en 2010. L’Inde n’a pas amélioré ses scores avec les années (118e en 2006 et 123e en 2010) ; la Chine enregistrant une plus grande dégradation encore (94e en 2006 et 121e en 2010). La comparaison temporelle témoigne enfin de la faiblesse de l’inter -vention publique sur le continent afr icain – en 2006, en 2008 comme aujourd’hui, aucun pays hormis l’île Maurice n’est classé avant la 100e place.

    Les efforts environnementaux des pays

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    Les 10 premiers paysIslande 93,5Suisse 89,1Costa Rica 86,4Suède 86,0Norvège 81,1Maurice 80,6France 78,2Autriche 78,1Cuba 78,1Colombie 76,8

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    Indice de performance environnementale en 2010

    32,1 à 44,7 45,9 à 59,7 60 à 76,3 76,8 à 93,5 Absence de données Note : 100 est la meilleureperformance possible.

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    Comme tous les indices composites, l’En-vironmental Performance Index est soumis à la cr itique de ses c hoix d’indicateurs e t de leur pondération. La com position de la partie « santé de l’environnement » valorise les infrastructures – accès à l’eau, accès aux sanitaires, technologie diminuant la pollu-tion – et favorise les pays les plus r iches. La mesure de la vitalité donne un poids im por-tant à la q uestion climatique et au contrôle des émissions de gaz à effet de serre, mais en mettant toutes les solutions au même niveau. Elle ne discr imine pas selon les énergies employées et le classement de la F rance est lié à la par t du nucléaire, faible éme ttrice de gaz à ef fet de ser re, dans la production d’énergie. L’EPI s’intéresse enfi n à l’impact de trois grandes activités humaines – pêcheries, foresterie, agriculture – sur la vitalité de l’environnement. Elles sont traitées à égalité même si l’évaluation de l’agriculture est celle qui repose sur le plus grand nombre d’indica-teurs. Cette égalité crée de fait des « nic hes

    statistiques » : t ous les pays qui n’ont pas de pêcheries, comme l’ Autriche par ex emple, bénéfi cient de fait d’un bonus en ter mes de bonne gestion de ce secteur.

    Quel indicateur privilégier ?Le panorama dressé ici montre q u’il n’existe pas un seul e t unique indicateur de dév elop-pement durable, de la même manière q u’il n’existe pas une seule e t unique défi nition de la durabilité e t du mo yen de l’atteindre. Les demandes sociales e t politiques génèrent des macro-indicateurs répondant à des attentes bien précises. Et c’est à cette aune qu’il convient de les évaluer : l’empreinte écologique doit faire prendre conscience au public le plus large possible de la fi nalité des ressources natu-relles ; l’IPM indiq uer les secteurs pr ioritaires aux acteurs de la lutte contre la pauvre té ; l’EPI, récompenser au niveau global les ef forts publics en faveur de l’environnement. Un panel d’objectifs qui ne peut se reposer q ue sur un panel d’indicateurs. n

  • Regards sur la Terre décrypte chaque année la complexité des processus qui composent le développement durable et en révèle toute la richesse.

    La première partie « Regards sur 2010 » dresse le bilan de l’année et propose un état des lieux des questions et discussions internationales : retour mois par mois sur les dates qui ont illustré l’avancée des connaissances, de la négociation des politiques et la construc-tion de l’action dans les domaines du climat, de la biodiversité, des ressources natu-relles, de la gouvernance, de l’énergie ou du développement ; retour sur les événements clés, identifi cation et analyses croisées des tendances émergentes ; regards et réfl exions d’acteurs majeurs de la communauté internationale sur les enjeux et les perspectives.

    La deuxième partie « Dossier 2011 » est consacrée au thème des océans. Ces derniers ont joué un rôle déterminant dans l’histoire des sociétés, mais l’essentiel reste peut-être à venir. Dans un jeu aux multiples inconnues, risques indiscutables et potentialités inouïes cohabitent ; les défi s politiques, technologiques, environnementaux enfl ent et se précisent chaque année. Les océans sont la dernière frontière planétaire et l’un des défi s cardinaux de tout modèle de développement. Comment rendre les activités de demain compatibles avec la préservation de l’espace le plus vaste et le plus riche de la superfi cie planétaire ? Économistes, scientifi ques, géographes, spécialistes croisent leurs regards et leur expertises pour apporter éclairages et éléments de réponses.

    Fruit d’une coopération entre l’AFD (Agence française de développement), l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et le TERI (The Energy and Resources Institute), Regards sur la Terre constitue un outil d’information et de compréhension indispensable.

    Pierre JACQUET, Rajendra K. PACHAURI et Laurence TUBIANA (dir.)

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    Établissement public, l’Agence française de déve-loppement (AFD) agit depuis soixante-dix ans pour combattre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du Sud et dans l’outre-mer. Elle met en œuvre la politique définie par le gouvernement

    français. Présente sur le terrain dans plus de 50 pays et dans 9 collectivités d’outre-mer, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète. En 2010, l’AFD a consacré près de 7 milliards d’euros au financement d’actions dans les pays en développement et émergents et en faveur de l’outre-mer. www.afd.fr

    Think tank européen indépendant, l’Institut du dévelop-pement durable et des relations internationales (Iddri) travaille sur les enjeux stratégiques du développement durable et de la mondialisation. L’Iddri réfléchit sur

    la gouvernance mondiale des grands problèmes collectifs que sont la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, la sécurité alimentaire ou le développement urbain. Il contribue aux débats sur la transformation des modèles de développement. Dans le cadre de son partenariat avec Sciences Po, l’Iddri participe aux enseignements ainsi qu’au développement de programmes de recherches. www.iddri.org

    The Energy and Resources Institute (TERI) est une organisation non gouvernementale indienne créée en 1974 pour développer des solutions innovantes afin de traiter les enjeux du développement durable, de

    l’environnement, de l’efficacité énergétique et de la gestion des ressources naturelles. Ses diverses activités vont de la formulation de stratégies locales et nationales jusqu’à la proposition de politiques globales sur les enjeux énergétiques et environnementaux. Basé à Delhi, l’Institut est doté de plusieurs antennes régionales sur le territoire indien. www.teriin.org

    Pierre JACQUET, ingénieur des Ponts, des eaux et forêts et membre du Cercle des économistes, est chef écono-miste de l’Agence française de développement (AFD). Il est aussi président du département d’économie, ges-tion, finances et professeur d’économie internationale à l’École des Ponts-ParisTech. Il est notamment admi-nistrateur de l’Institut de recherche pour le développe-

    ment (IRD), de l’Institut de la gestion déléguée (IGD) et de Proparco. Il a appartenu entre 1997 et 2006 au Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre. Il écrit une chronique mensuelle sur les acteurs du développement dans Le Monde de l’économie.

    Laurence TUBIANA, économiste, a fondé et dirige l’Ins-titut du développement durable et des relations inter-nationales (Iddri) et la chaire Développement durable de Sciences Po. Elle est professeur au sein de l’école des affaires internationales de Sciences Po. Chargée de mission puis conseillère auprès du Premier ministre sur les questions de l’environnement de 1997 à 2002, elle a

    été directrice des biens publics mondiaux au ministère des Affaires étran-gères et européennes. Elle est membre de divers conseils d’universités et de centres de recherches internationaux (Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement-CIRAD, Earth Institute at Columbia University, Oxford Martin School). Elle est également membre de l’India Council for Sustainable Development et du China Council for International Cooperation on Environment and Development.

    Rajendra Kumar PACHAURI est docteur en génie industriel et en économie. Il est actuellement le directeur général de The Energy and Resources Institute (TERI) basé à Delhi (Inde). Depuis 2002, il préside le Groupe intergou-vernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2007.