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Samedi 11 Janvier 2014 C.A.L.M Visites et loisirs LA SORBONNE Nous nous sommes retrouvés à 10 heures devant l’entrée de la Sorbonne 47 rue des Écoles. Après les salutations d’usage, nous entrons dans la cour d’honneur. Entrée rue des écoles La Sorbonne doit son nom à son fondateur, Robert de Sorbon, Chapelain et confesseur du Roi de France Saint-Louis (Louis IX). Son histoire, au cours des siècles, a été si intimement liée à celle de l’Université de Paris, qu’elle en est devenue le symbole. L’Université naît au XIIIème siècle de l’organisation en corporation des maîtres et écoliers de Paris. Primitivement installés dans l’Île de la Cité, ces derniers sont venus, dès le XIIème siècle, dans le futur « quartier Latin », rive gauche de la Seine, où la théologie, le droit, la médecine et les arts sont enseignés, en plein air, à des jeunes gens venant des quatre Nations (Française, Picarde, Normande et Anglaise), conférant ainsi à l’Université, dès l’origine, un prestige international. Le collège de Robert de Sorbon, fondé en 1253, est alors un des nombreux collèges hébergeant sur le flanc de la montagne Sainte-Geneviève des étudiants. L’affirmation de Paris comme capitale de la France s’appuya sur le développement et le rayonnement de l’Université. Celle-ci vit le jour au cours du XIIIème siècle au terme d’une croissance continue des écoles parisiennes regroupées sur la Montagne Sainte-Geneviève. Ces écoles dispensaient un enseignement qui préparait à trois grades : le baccalauréat (grammaire, dialectique, rhétorique), la licence (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) et le doctorat (médecine, droit canonique, théologie). Accueillant à la fois les riches et les pauvres, sans distinction d’origine géographique ou familiale, sur des critères d’excellence intellectuelle, le collège de Sorbon s’imposa rapidement comme un établissement d’élite. À la fin du Moyen Âge, l’Université de Paris était devenue le plus grand centre culturel et scientifique européen, attirant quelque 20 000 étudiants. Le collège de Sorbon au XVI La place de la Sorbonne au début du XIXe siècle.

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                 Samedi  11  Janvier  2014  C.A.L.M  Visites  et  loisirs  LA SORBONNE

Nous nous sommes retrouvés à 10 heures devant l’entrée de la Sorbonne 47 rue des Écoles. Après les salutations d’usage, nous entrons dans la cour d’honneur.

Entrée rue des écoles

La Sorbonne doit son nom à son fondateur, Robert de Sorbon, Chapelain et confesseur du Roi de France Saint-Louis (Louis IX). Son histoire, au cours des siècles, a été si intimement liée à celle de l’Université de Paris, qu’elle en est devenue le symbole. L’Université naît au XIIIème siècle de l’organisation en corporation des maîtres et écoliers de Paris. Primitivement installés dans l’Île de la Cité, ces derniers sont venus, dès le XIIème siècle, dans le futur « quartier Latin », rive gauche de la Seine, où la théologie, le droit, la médecine et les arts sont enseignés, en plein air, à des jeunes gens venant des quatre Nations (Française, Picarde, Normande et Anglaise), conférant ainsi à l’Université, dès l’origine, un prestige international.

Le collège de Robert de Sorbon, fondé en 1253, est alors un des nombreux collèges hébergeant sur le flanc de la montagne Sainte-Geneviève des étudiants. L’affirmation de Paris comme capitale de la France s’appuya sur le développement et le rayonnement de l’Université. Celle-ci vit le jour au cours du XIIIème siècle au terme d’une croissance continue des écoles parisiennes regroupées sur la Montagne Sainte-Geneviève. Ces écoles dispensaient un enseignement qui préparait à trois grades : le baccalauréat (grammaire, dialectique, rhétorique), la licence (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) et le doctorat (médecine, droit canonique, théologie). Accueillant à la fois les riches et les pauvres, sans distinction d’origine géographique ou familiale, sur des critères d’excellence intellectuelle, le collège de Sorbon s’imposa rapidement comme un établissement d’élite. À la fin du Moyen Âge, l’Université de Paris était devenue le plus grand centre culturel et scientifique européen, attirant quelque 20 000 étudiants.  

 

Le collège de Sorbon au XVI La place de la Sorbonne au début du XIXe siècle.

À la Renaissance, l’usage tendit à désigner du nom du prestigieux Collège de la Sorbonne la Faculté de Théologie de Paris, bien qu’un tiers seulement des théologiens formés à Paris appartinssent à ce collège. La Sorbonne offrait le gage d’une formation intellectuelle de grande qualité reconnue par les plus hautes autorités de l’Etat. Elle devint un véritable vivier de carrières en offrant la chance à ses élèves d’assumer des tâches importantes au sein de l’Etat moderne en construction.

Le futur cardinal de Richelieu devint le proviseur de la Sorbonne en 1622. Sous son impulsion, elle fut peu à peu rénovée, embellie, agrandie selon les desseins de son éminent mécène. Suivant les plans de l’architecte Jacques Lemercier, l’ancien collège et la chapelle médiévale furent rasés pour dégager une cour et une place. Une nouvelle bibliothèque fut construite et décorée en 1647 par Sanson Letellier. Enfin, une nouvelle chapelle aux vastes proportions fut achevée six ans après la mort du cardinal en 1648 et devint son mausolée. Fortement marquée par la querelle janséniste au tournant du XVIIIème siècle, la Sorbonne s’allia au Parlement de Paris pour s’opposer à l’arbitraire royal et pontifical. Mais l’Université dut finalement se soumettre au pouvoir absolutiste qui institua sur elle une véritable tutelle. Au siècle des Lumières, elle fut profondément influencée par le progrès des sciences et de l’esprit philosophique. De grands réformateurs y exercèrent des responsabilités, tel

Jacques Turgot, qui fut prieur de la Sorbonne, avant de devenir ministre de Louis XVI.

C’est donc une communauté universitaire en pleine mutation qui accueillit plutôt favorablement le processus révolutionnaire. Toutefois, la majorité des membres de la « Société de Sorbonne », à commencer par les théologiens, refusèrent la Constitution civile du clergé. En 1791, les bâtiments furent fermés aux étudiants. En 1794, la chapelle fut transformée en temple de la déesse Raison puis, sous le Consulat et l’Empire, en ateliers d’artistes

À partir de 1806, Napoléon réorganisa l’ensemble du système d’enseignement supérieur français, baptisé Université impériale, et créa à Paris cinq facultés. La Sorbonne devint alors le siège des facultés des sciences, des lettres et de théologie ainsi que du rectorat de l’Académie de Paris.

L’avènement de l’IIIème République marqua un tournant décisif dans l’histoire de la Sorbonne. La reconstruction des bâtiments du XVIIème siècle, trop exigus et incommodes, fut finalement réalisée sous l’impulsion de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique. Le chantier fut confié à l’architecte Henri-Paul Nénot et la première pierre du nouvel édifice fut posée en 1885. Outre la construction d’un Palais académique où siégeait l’administration rectorale, les anciens bâtiments du XVIIème siècle laissèrent place à la Cour d’honneur, la Chapelle en restant le seul élément conservé. On construisit également une vaste bibliothèque de 300 places.

Henri-Paul Nénot La cour d’honneur et la chapelle La bibliothèque

La première moitié du XXème siècle fut pour la Sorbonne une période de renouveau particulièrement brillante. La renommée et le prestige international de la Sorbonne se cristallisèrent dans plusieurs prix Nobel (Pierre et Marie Curie, Jean Perrin, Louis de Broglie, Irène et Fréderic Joliot-Curie). La première guerre mondiale provoqua une hécatombe parmi les étudiants et la seconde un fort traumatisme, plusieurs professeurs ayant été assassinés dans les camps de la mort (Marc Bloch et Victor Bash notamment). La Sorbonne fut un haut lieu de la contestation étudiante de mai 1968. Au lendemain du mouvement, la réforme d’Edgar Faure éclata l’Université de Paris en neuf, puis treize universités et créa la Chancellerie des Universités sise à la Sorbonne.

Aujourd’hui, siège du rectorat de Paris et de La Chancellerie, la Sorbonne abrite trois universités pluridisciplinaires (Paris 1, 3 et 4), la plus grande université de médecine française (Paris 5 René Descartes) ainsi que deux écoles d’excellence : l’École nationale des Chartes (philologie, paléographie, archivistique, archéologie) et l’École pratique des hautes études (sciences de la vie et de la terre, sciences historiques et philologiques, sciences religieuses).

L’entrée officielle du Palais académique s’effectue par la rue des Ecoles et débouche sur un vaste vestibule richement décoré, le Grand Hall. Le décor annonce le programme architectural de la Sorbonne à travers les lettres et les sciences. Il est personnifié par deux statues monumentales d’Homère et d’Archimède. Sur les piliers et les murs les noms des bienfaiteurs de l’Université de Paris sont gravés sur des plaques de marbre rouge.

Le grand vestibule. A droite : la statue d'Homère Plan du rez- de- chaussée de la Sorbonne

Deux escaliers majestueux symbolisent respectivement les Lettres et les Sciences. Carrefour des salons de réception et des loges du grand amphithéâtre, le péristyle a été construit à la manière d’un temple grec autour de feuilles d’acanthe. Les rampes en fer forgé et en bronze ciselé sont décorées d’écussons des villes de France possédant une université en 1889. La corbeille centrale est surmontée d’un vitrail aux armes de l’Académie de Paris tandis que, adossée au mur, une statue de la République se tient assise une épée inclinée au sol dans la main droite et une petite effigie de Minerve dans la main gauche. A ses côtés, les symboles du savoir et de la connaissance « une ruche, une pile de livres et une corne d’abondance » rappellent à chacun les vertus de la République.

L’escalier des Lettres Tous deux commencent par L’escalier des Sciences une sphère céleste ornée des signes du zodiaque

Le Grand Salon est une galerie gigantesque dont la véritable splendeur est le plafond à caisson sur lequel sont reproduits les écussons aux armes des villes de France qui possédaient un lycée en 1885. Le Grand Salon forme une composition colossale encadrée par deux tableaux du peintre Benjamin Constant et rythmée par la présence des lustres qui surplombent et habillent l’espace. Le Grand Salon rappelle à tous ses visiteurs le prestige et l’excellence séculaires de la Sorbonne.

Le grand salon

Plafond à caisson sur lequel sont reproduits les écussons aux armes des villes de France

Accolée au Grand Salon, la Salle des Actes est un lieu symbolique de la Sorbonne ; cette vaste pièce accueille la signature d’actes officiels, elle est aussi la salle de réunion des 22 recteurs de France. La table et les chaises sont en bois et recouvertes du précieux cuir pressé de Cordoue. De part et d’autre de la table se font face deux tableaux qui illustrent la pose de la première pierre de la nouvelle Sorbonne et l’accueil de l’Ecole Normale Supérieure qui immortalise le rattachement de la rue d’Ulm à l’Université de Paris en 1903.

La salle de réunion des recteurs

La Salle Gréard porte le nom du vice-recteur acteur majeur de la reconstruction de la Sorbonne en fonction entre 1879 et 1902. L’immense tableau peint reproduit la célébration des 60 ans de Pasteur dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne en 1862. Très modernes, les vitraux s’intègrent parfaitement avec le reste de la décoration et donnent à la pièce une lumière tamisée et apaisante. C’est dans ces murs que Pierre de Coubertin créa le Comité International Olympique en 1894.

Salle Gréard

Inauguré le 5 août 1889, le Grand Amphithéâtre est, depuis, classé monument historique. Décoré dans des tons de vert, couleur traditionnellement attachée au savoir, il est composé de gradins autour desquels s’élèvent dix vastes tribunes réparties sur deux étages. Son mur de scène fut confié au peintre Puvi de Chavannes qui figura le bois sacré de la Connaissance sur une toile marouflée de plus de 25 mètres de long. Six niches contiennent les statues des figures tutélaires de la Sorbonne : Robert de Sorbon, Descartes, Lavoisier, Rollin, Pascal et Richelieu. Cet extraordinaire espace peut accueillir aujourd’hui plus de mille personnes.

La Cour d’Honneur a conservé les dimensions qui étaient les siennes au temps de Richelieu. Sur le pavé un double pointillé blanc marque l’emplacement de la chapelle de Robert de Sorbon édifiée en 1326. La façade nord de la cour est ornée de décors représentant une foire au Moyen-Age. Au-dessus de cette galerie, le cadran solaire en bronze doré surplombe la cour d’honneur. La façade sud s’ouvre sur le parvis de la chapelle. Deux statues de Pasteur et Victor Hugo soulignent la complémentarité entre les lettres et les sciences et placent la Sorbonne comme le temple du Savoir universel.

La Chapelle date du XVIIème siècle, ce qui en fait le bâtiment le plus ancien de la Sorbonne actuelle. Sa première pierre a été posée par le cardinal de Richelieu et elle fut construite par l’architecte Lemercier. Elaborée en forme de croix grecque, elle domine la place par sa monumentale coupole. Dans la lignée des églises baroques, la façade comporte deux rangs de colonnes superposées bornées à l’étage par deux volutes ornées de quatre statues : Saint Thomas d’Aquin, Pierre Lombard, Gerson et Bossuet. L’intérieur est dépouillé en pierre nues simplement ornées de pilastres et de moulures que viennent agrémenter des statues dans les niches du premier étage. Dans le chœur se trouve le tombeau de Richelieu sculpté en 1694 qui représente la Piété et la Doctrine en train de pleurer le prélat mort.

Le chapeau du Cardinal surplombant le tombeau

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Textes : Michel

Photos et mise en forme: Daniel

Gravures : Wikipédia