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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles A propos de pār(r)cīdas Author(s): Maurice Leroy Source: Latomus, T. 6, Fasc. 1 (Janvier-Mars 1947), pp. 17-22 Published by: Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41515620 . Accessed: 18/06/2014 02:08 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Societe d’Etudes Latines de Bruxelles is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.81 on Wed, 18 Jun 2014 02:08:11 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

A propos de pār(r)cīdas

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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles

A propos de pār(r)cīdasAuthor(s): Maurice LeroySource: Latomus, T. 6, Fasc. 1 (Janvier-Mars 1947), pp. 17-22Published by: Societe d’Etudes Latines de BruxellesStable URL: http://www.jstor.org/stable/41515620 .

Accessed: 18/06/2014 02:08

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A propos de par(r)cidas (*)

Que le lecteur ne s'attende pas à trouver ici une solution nou- velle à l'épineux problème posé par cet obscur terme du vieux droit romain, mais seulement quelques réflexions, de caractère négatif comme on verra, à propos d'un article de M. R. Henrion paru en 1941 déjà, mais dont les circonstances ne nous ont permis que récemment de prendre connaissance.

Cette étude - vraisemblablement la plus récente en la matière - intitulée Paricidas a paru dans la section « Bibliographie » de la Revue belge de Philologie et ď Histoire, t. XX (1941), p. 219-241, et c'est en effet avant tout une revue bibliographique des diffé- rentes interprétations qu'a suggérées ce mot énigmatique ; l'auteur, après avoir signalé l'opinion des Anciens, passe en revue les expli- cations proposées par les modernes en insistant particulièrement sur les plus récentes de ces exégèses : * pari-cidatos « tué par com- pensation » (De Visscher, 1927), *pârïceï datos « donné au sac » c-à-d. « à la peine du sac ( I) » (Meylan, 1928), *pãri- cf. gr. nrjóç « parent par alliance » (Lenel, 1930, hypothèse reprise de Fröhde, 1884), * patris-cïdas (H. Lévy-Bruhl, 1933) Q) ; il résume largement les arguments, tant juridiques que linguistiques, invoqués pour chacune de ces hypothèses ainsi que les critiques qu'elles ont sus-

(*) N. d . I. R. Cet article était destiné aux Mélanges G. Heuten où il n'a pu trouver place par suite de circonstances indépendantes de notre volonté.

(1) Nous ne voyons pas pourquoi l'auteur rejette en note (p. 228, n. 5 et p. 238, n. 4) les explications de Wackernagel (1930) : « âvÔQO(póvoç », cf. sk. *pur$a- « homme » (véd. pûruça-, moyen ind. posa-, purisa -, pulisa-), Zmi- gryder-Konopka (1937) : peine s'appliquant primitivement aux membres de l'armée, les pares , et Juret (1937) : « meurtrier d'un membre de sa maison », cf. hitt. pama- « maison », lesquelles ne sont certes pas plus invraisemblables que l'étrange théorie de Meylan discutée aux pages 226-230. - L'article bien documenté de L. Gernet ( Revue de philologie, LXIII, 1937, p. 13-29), qui re- prend à son tour la thèse de Fröhde, aurait pu être aussi cité en meilleure place. - Signalons encore que dans un article suggestif des Studi di Storia e Diritto in onore di Enrico Besta (t. I, Milan, 1939, p. 545-555) M. G. Devoto invoque l'origine, selon lui étrusque, de l'adjectif par pour traduire paricidas par «uccisore di un membro dello stesso aggregato sociale » ; ce travail, particulièrement inté- ressant par ses considérations méthodologiques, semble avoir échappé à l'atten- tion de M. Henrion.

Latomus VI. - 2.

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citées. Mais à ce travail fort méritoire et utile qui condense de façon claire une bibliographie dispersée, M. Henrion a joint une con- clusion dont la lecture ne manquera pas d'étonner le linguiste. Comme il s'agit d'une question complexe qui intéresse les juristes et les sociologues tout autant que les historiens de la langue, nous ne croyons pas inutile d'indiquer, du point de vue de ceux-ci, les ré- serves qui s'imposent et de mettre en garde les premiers contre toute définition pouvant découler d'une analyse erronée du mot en li- tige. Les observations qui suivent ont uniquement un caractère linguistique et portent sur la forme du mot pâr(r)icïdas Ç), car nous n'avons aucune compétence pour nous prononcer sur le sens juridique à donner à ce terme dans la fameuse loi de Numa :

Si qui hominem liberum dolo sciens morti duit, paricidas esto.

M. H. Lévy-Bruhl a proposé une interprétation fort ingénieuse et l'a brillamment défendue (2) : il ne s'agit pas de Yhomo liber par opposition aux esclaves, mais bien par opposition aux patres ; à l'origine seul le meurtrier d'un pater était l'objet d'une pour- suite criminelle, mais au fur et à mesure que les plébéiens s'inté- grèrent dans la cité et conquirent l'égalité civile, il s'avéra néces- saire de leur assurer à eux aussi une protection légale et de garan- tir leur existence autant que celle du patricien ; notre lex regia revêtirait ainsi une importance exceptionnelle dans l'histoire so- ciale de Rome et elle serait à traduire : « Que le meurtrier de tout homo liber (c-à-d. de tout plébéien) soit traité comme le meurtrier d'un pater (c-à-d. d'un patricien) ».

Théorie séduisante mais basée sur une étymologie qui, dans le premier terme du composé parricidas , reconnaît le mot pater : or de graves objections s'opposent à cette identification ; à vrai dire, M. Lévy-Bruhl ne les ignorait pas lorsqu'il publiait son étude car elles lui avaient été présentées, notamment par MM. Ernout et Ma- rouzeau, lorsqu'il avait exposé la première fois sa théorie à une réunion de la Société des Études Latines (3) ; mais dans la rédac-

(1) Le mot est transmis en général avec un r géminé : parricida(s) mais dans le passage où Festus (dans l'abrégé de Paul, éd. Lindsay, p. 247) rapporte la loi de Numa, la forme avec г simple est attestée une fois par un manuscrit ( paricida ), une autre fois par deux manuscrits ( paricidas ), ce qui peut se ra- mener aux habitudes du latin archaïque qui évitait le redoublement graphique ; cf. M. Niedermann, Précis de phonétique historique du latin , Paris, 1940, p. 160.

(2) Parricidas dans Quelques problèmes du très ancien droit romainf Paris, 1934, p. 77-92.

(3) Revue des études latines , t. XI (1933), p. 283-284.

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tion de son article, il mit surtout l'accent sur le côté sociologique et juridique et n'insista guère sur l'aspect linguistique de la ques- tion ; avouons même qu'il esquiva la difficulté au lieu de la ren- contrer. M. Henrion au contraire, qui remet en honneur l'explica- tion de M. Lévy-Bruhl, veut démontrer le bien fondé de l'étymologie sur laquelle elle est basée et il entreprend de la justifier par « quel- ques remarques d'ordre philologique » : à vouloir trop prouver, on gâte souvent la meilleure des causes.

Si l'on considère que le premier terme du composé est le thème patri -, il faut admettre que dans parricidas le groupe -/r- serait

passé à -rr- ; or les groupes occlusive sourde + r sont particulière- ment stables en latin ; caper , gén. capri , etc... (cf. ombr. к a p r u m, v.isl. hafr), citrã (cf. got. hidre), macer, gén. macrï, etc... (cf. gr. jbtaxQÓç). Pour écarter cette objection - la seule qu'il ait rencon- trée - M. Lévy-Bruhl se retranche derrière l'autorité des grammai- riens et historiens latins qui « sont d'accord pour faire sortir parri- cidas de pater » ; il reconnaît toutefois qu'il y a lieu de se défier des étymologies des anciens : le texte même de Priscien (*), qui pour notre mot offre trois étymologies au choix, le montre à suffi- sance. M. Henrion aligne ici ce qu'il croit un parallèle : arrogõ< adrogõ, c'est-à-dire « un exemple certain d'une réduction de adr

(où d est une dentale tout comme t) en arr » ; sans insister sur l'em-

ploi erroné du terme « réduction », faisons remarquer qu'il s'agit d'un cas tout différent puisque d est une sonore et que, de plus l'assimilation du groupe -dr- ne se produit que dans le cas des ver- bes à préverbe (car à côté de ar-rogõ , il y a aussi ar-ripiõ, ar-rigõ, ar-rideõ , ar-rëpo), mais - dr - ancien subsiste dans la série quadrus , quadrãgintã, etc... et les composés à premier terme quadr */„- (2). Quant au procès, cité par M. Henrion, de l'assimilation en roman du groupe -tr- intervocalique en -rr- (par l'intermédiaire - dr -) avec réduction éventuelle à -r- (type lat. vulg. patrïnu > a.fr. parrin

(1) Inst. gramm ., I, 33 (éd. Hertz dans Keil, Gramm, lat., t. II, p. 26, 7-ю) : parricida quod uel a pari componitur , uel ut alii a pâtre : ergo si est a pari, г euphoniae causa additur , sin a pâtre, t in r conuertitur ; quibusdam tarnen a parente uidetur esse compositum et pro parenticida per syncopam et commu- tationem t in r factum parricida. Plus loin (V, 56, p. 177, 18-24), le même grammairien ne retient que l'explication par parente !

(2) Dans ces mots, la sonore (en face de la sourde de quattuor, sk. catvärah , gr. dor. TETOQeç, etc...) pose aussi un problème mais sur un autre plan chrono- logique.

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puis parrain, ou lat. vulg. pâtre >a.fr. pedre >fr. père), il n'a pas à être invoqué pour expliquer un fait de phonétique du vieux latin.

MM. Lévy-Bruhl et Henrion présentent l'étymon de parricidas sous la forme * patris-cïdas (sans astérisque chez Lévy-Bruhl) en considérant le premier terme comme un génitif : erreur de méthode plus que de fond sans doute, mais qu'il est bon de relever, d'autant plus que M. Henrion insiste : « Dans *patris-cidas, patris est bien un génitif ». Faut-il rappeler qu'il ne peut s'agir que d'un thème, lequel en l'espèce serait *patr- suivi de -i-, voyelle de liaison que le latin a généralisée dans la formation des composés nominaux. Un génitif ne se comprendrait que s'il s'agissait d'un juxtaposé, c'est-à- dire d'une expression syntaxique dont les deux termes groupés par l'usage finissent par être sentis comme une unité, type lat. aquae -

ductus, senâtûs-consultum . Le cas semble bien exclu ici vu la nature du second terme qui peut difficilement passer pour avoir été un mot simple : -cïda-s (< *-caeda-s), que l'on a aussi dans homi-cïda , lapi-cïda (*), est un de ces noms d'agent (donc tirés d'un thème ver- bal) masculins en -a- que plusieurs langues indo-européennes pré- sentent dans un type de composés à second terme verbal régissant : arm. čar-a-gorc « qui fait le mal », gén. pl. čaragorc-ac, gr. yeœ- jUETQrjç, v.sl. voje-voda « qui conduit l'armée»; le latin a non seu- lement fortement développé les composés de ce genre (le type ac- cola, in-cola, ruri-cola, agri-cola y est devenu productif) mais il a de plus confiné les masculins en -a dans ce rôle de seconds termes de composés, car les simples sont ou bien des emprunts au grec comme nauta ou bien des mots populaires désignant des individus du bas de l'échelle sociale (uerna « esclave », lixa « valet d'armée », etc...) ou encore des noms de difformités ou de défauts moraux accompagnés souvent d'une nuance de mépris ( scurra « bouffon », gumia « glouton », uappa « vaurien », etc...) ; bref il s'agit de ter- mes d'origine obscure (certains d'entre eux étaient sentis comme étrangers par les Latins eux-mêmes), en tout cas non hérités, et

(1) La forme pâricïdas attestée par Festus (on a, dans les autres textes pârricïda ) a, de même qu'un autre mot archaïque : hosticapas , reçu au nomin. sing, un -s analogique des thèmes en -o- (v. lat. dueno-s ) ; le grec, lui, a géné- ralisé le nomin. en -s ; veâviaç, naiöoTQißrjc, , mais on a encore quelques exemples de nominatifs en -ã comme hom. ijinóra, vecpeXriyeQéTa (à moins qu'il ne s'agisse chez Homère de vocatifs en fonction de nominatifs, cf. encore en ce sens P. Chantraine, Morphologie historique du grec , Paris, 1945, p. 40), béot. ôXviimovixa, éléen теДеата.

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dont la fortune dans la langue populaire pourrait être due à l'in- fluence de l'étrusque (langue où les noms propres se terminent par -a), comme Га suggéré M. J. Vendryes (1).

Enfin l'explication du premier terme de pâr(r)icïdas par pater se heurte à une dernière objection : la quantité du a , longue dans pâr(r)icïdas , mais brève dans pater (cf. sk. pitã, gr. лат r¡Q, got. fadar). Pour M. Henrion, il n'y a pas là de difficulté, car « si la voyelle a de pater est toujours brève au nominatif ( pãter ), il n'en va pas de même au génitif, où a peut être long ou bref : pãtris ou

pãtris » ; et il cite un vers de YÉnéide , II, 663 où les deux quan- tités se trouvent côte à côte :

Natum ante ora pãtris , pätrem qui obtruricat ad aras . Fâcheuse confusion entre voyelle longue et syllabe longue, entre la nature fondamentale des voyelles dans les anciennes langues indo- européennes et les règles souvent artificielles de la métrique ; le mal vient d'une mauvaise analyse de la syllabe ou plutôt de la mécon- naissance de la syllabe. Et cependant le problème dont il s'agit ici a été clairement défini dès 1895 par M. Maurice Grammont dans un petit livre (2) pénétrant mais qui a passé presque inaperçu, peut-être, comme son auteur lui-même l'a noté non sans hu- mour, « parce qu'il était écrit en latin » ! Dans la répartition des éléments d'un groupe consonantique entre les syllabes qui l'en- tourent, le grec homérique avait conservé l'usage indo-européen qui plaçait la coupe syllabique à l'intérieur du groupe consonanti- que, la première consonne étant implosive, la seconde explosive ; ainsi chez Homère tcœtqôç est prononcé лат-QÓç et la première syl- labe est comptée comme longue (3) ; mais en attique, à l'époque classique, la prononciation courante était na-rgoç avec deux con-

(1) Sur quelques formations de mots latins dans Mémoires de la Société de linguistique de Paris , t. XXII, 1922, p. 97-103 ; cf. A. Ernout, Les éléments étrusques du vocabulaire latin dans Bulletin de la Société de linguistique de Paris , t. XXX, 1930, p. 89. - Dans cette liste de mots simples, seul le terme scriba paraît faire couple avec scribere , mais c'est un cas isolé qui n'a servi de modèle à aucun autre et le rapport scriba-scribere est vraisemblablement for- tuit ; le mot rentre d'ailleurs dans la même catégorie sociale puisqu'il s'appli- que à un esclave chargé des fonctions de secrétaire.

(2) De liquidis sonantibus indagationes aliquot , Dijon, 1895, p. 28-32 ; voir du même auteur le Traité de phonétique , 2e éd., Paris, 1939, p. 112-113.

(3) « Une syllabe est longue quand elle contient, du point vocalique à la fin de la syllabe, une voyelle longue ou une diphtongue, ou bien une voyelle brève suivie d'une ou plusieurs consonnes » (Grammoîît, Traité de phonétique, p. 112).

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sonnes explosives et la première syllabe était donc comptée brève ; ie fait que les poètes pouvaient en faire une longue est une imita- tion de la prosodie épique. En latin, la coupe syllabique se trouvait avant le groupe consonantique et l'on disait pa-tris avec deux consonnes explosives (*) : effectivement la première syllabe est toujours comptée brève chez Plaute. Virgile compte la première syllabe de ces mots tantôt comme brève tantôt comme longue : mais c'est une licence poétique due à l'imitation de l'usage grec et le vers de YÉnéide cité par M. Henrion est la meilleure illustra- tion du caractère artificiel de la métrique virgilienne.

Ainsi l'objection du a long de pâr(r)icïdas garde toute sa va- leur et l'on comprendra que nous sommes loin de souscrire à la conclusion optimiste de M. Henrion : « Rien ne s'oppose plus dès lors à ce que par(r)icida(s) provienne de * patris-cidas par corrup- tion » (2).

Pour finir, une remarque concernant le fond de la question : si vraiment il fallait voir dans le premier terme de notre composé le thème patri-, comment admettre qu'il se soit déformé en pãr(r)i - alors que le simple sentiment de sa valeur, qui est de plus en ac- cord avec les lois normales d'évolution de la langue, aurait dû suf- fire à préserver sa forme?

Le problème est-il donc sans issue? Sans dissimuler que nos pré- férences vont au vieux rapprochement avec gr. nrjóç , avouons que jusqu'à présent, sur cette question importante, les spécialistes ont travaillé en ordre dispersé ; les juristes ont échaffaudé des théories basées sur l'examen des institutions sociales et juridiques de l'an- cienne Rome, mais qui aboutissent à fournir du mot des étymo- logies invraisemblables sinon fantaisistes ; les linguistes, fidèles aux méthodes rigides de la grammaire comparée, proposent des rapprochements possibles , mais le sens en paraît peu satisfaisant ; il est vrai qu'ils savent à quoi s'en tenir sur les voies tortueuses de l'évolution sémantique.

Bruxelles. Maurice Leroy.

(1) Cet usage est conforme à celui du français moderne : nous disons la pe- tite avec un p et un t croissants (la-ptit) et non avec un p décroissant et et un t croissant (lap-tit).

(2) Que signifie ce dernier terme, imprimé en capitales dans le texte? Mais nous aurions mauvaise grâce à chicaner M.Henrion sur sa terminologie - ou ¡son manque de terminologie - linguistique.

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