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Retrouvez toute l'actualité infirmière au quotidien, sur www.actusoins.com
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INCONTRÔLABLES…MAIS INCONTOURNABLES
RÉSEAUX SOCIAUX
L’EHPADElles ont choisi
VIE PROFESSIONNELLE
QUELLE PRISE EN CHARGE ?
PRATIQUES
DOSSIER
MARS - AVRIL - MAI 2015N°16
RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM
EDITO
Eclipses, arnaques et loi de santé
Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688Directeur de la publication : Kamel Boudjedra • Numéro de commission paritaire : 0613 W 90939 ISSN : 2256-6260Dépôt légal : à parution • Rédactrice en chef : Cyrienne Clerc
([email protected]) • Ont collaboré à ce numéro : Delphine Bauer, Olivier Blanchard, Amélie Cano, Bénédice d’Hendecourt, Céline Diais, Laure Martin, Leila Minano, Laurence Piquard, Ariane Puccini, Juliette Robert, Natacha Soury, Malika Surbled, Philippe Viseux de Potter. Photo de couverture : © Céline Diais. • Maquette : Pascal Fossier / Sylviane Lemy
• Illustration : Nawak • Impression : Rotimpres • Routage : Routage Catalan • Contact rédaction : 09 72 40 47 17 - [email protected] • Contact annonces d’emploi / publicité : 09 54 53 45 45 - [email protected]
ABONNEZ-VOUSEN PAGE 61
PRATIQUES 12 - Cicatrisation : fondamentaux et anatomie de la peau
- Plaie tumorale : quelle prise en charge ?
- Comprendre l’ECG, un défi osé ?
VIE LIBÉRALE - Réseaux de santé : un appui à la coordination
24
VOS DROITS 52
AGENDA 60
L’ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE 10
DOSSIER - Incontrôlables… mais incontournables réseaux sociaux
48
A LA UNE - Désengorger les urgences :est-ce possible ?
4
32VIE PROFESSIONNELLE - Travail en 12 heures : un débat sans fi n - Elles ont choisi l’Ehpad - Bientraitance : un jeu pour (re)prendre conscience
À LA LOUPE - Maison de Solenn : des infi rmières en première ligne
40INITIATIVE - Comme un phare dans la rue
- PACTE : privilégier la coordination et la coopération au sein des équipes44
SOIGNANTS D’AILLEURS - Infi rmière à Chypre, île en crise
56
PORTRAIT - Frédérique, elle tatoue les femmes atteintes de cancer
5458
SOIGNER AUTREMENT - L’équithérapie : soigner avec les chevaux
62
SE FORMER - La simulation, un accélérateur d’expérience.
- Le compte personnel de formation en huit questions
Lors de la troisième semaine de mars, le mot « arnaque » était sur beaucoup de lèvres : sur
celles des infi rmiers libéraux, (presque) oubliés par la loi de santé. Lors de sa présentation du projet à l’Assemblée nationale, Marisol Touraine a en effet « éclipsé » de son discours le mot « infi rmière » !Sur les lèvres des médecins libéraux de ville, furieux contre le tiers payant généralisé, de leurs collègues des cliniques, des urgentistes… Quelques jours plus tard, le 19 mars, les députés « éclipsaient » totalement ou en partie certains articles du projet de loi santé, dont celui sur la vaccination par les pharmaciens, tant décriée par les infi rmiers.Le 17 mars, les députés, avaient voté la loi sur la fi n de vie. Une « arnaque » pour ceux qui s’attendaient à ce que les parlementaires aillent au-delà du droit à la sédation profonde.Côté éclipse totale et durable… de nombreux professionnels de santé dont les quelques 40 000 qui ont manifesté le 15 mars, seraient favorables à celle de Marisol Touraine du gouvernement. Après les départementales ?A ActuSoins, nous avons suivi cette riche actualité (sauf l’éclipse solaire) et nous continuons à vous informer au quotidien sur ActuSoins.com. Et dans votre magazine : le soin des plaies tumorales, les tentatives pour désengorger les urgences, la vie des IDE en Ehpad, l’avenir des réseaux de santé, le travail en douze heures… Côté découvertes, entrez dans la Maison de Solenn à Paris, Le Phare à Pau,…Savez-vous twitter en évitant les « bad buzz » ? Vous le saurez, en lisant notre dossier. Une nouvelle rubrique dans ActuSoins. Rendez-vous en juin ! n
CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS
ACTUSOINS • 3 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • à la une
Désengorger est-ce possible ?
© Natacha Soury
Au cours de la réunion de transmission, chaque patient est nommé par son nom. L’équipe détaille aussi sa situation sociale et familiale afi n de savoir qui contacter en cas de besoin.
Alors que les urgences sont saturées depuis plus de quinze ans, de nouvelles méthodes
de gestion sont appliquées à certains services. Si certains parlent de « management »,
d’autres préfèrent celui de « réorganisation », terme moins connoté. L’objectif de ces
changements structurels est le même : une meilleure prise en charge du patient.
ACTUSOINS • 4 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • à la une
les urgences :
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Chez moi, regardez, il n’y a pas de brancards dans
les couloirs, lâche fièrement Enrique Casalino,
chef des urgences de Bichat. Si jamais j’en vois
un, je hurle ! », affirme le professeur, allure détendue mais
professionnelle avant tout. Pour ce cinquantenaire jovial et
dynamique, les urgences de son hôpital reviennent de loin.
Quand il en prend la direction il y a dix ans, « on avait la
chirurgie d’un côté, la médecine de l’autre, mais sans au-
cune polyvalence », explique-t-il. Cela coinçait. Fortement.
L’augmentation des passages aux urgences le concerne
bien évidemment aussi, même s’il s’agit d’une probléma-
tique à l’échelle de la France entière. « De 12 millions de
passages en 2000, on est passé à 18 millions en 2014 »,
révèle Christophe Prudhomme, vice-président de l’Asso-
ciation des médecins urgentistes (Amuf). « Et demain, 22,
24 millions ? », s’inquiète-t-il.
« À Bichat, c’est précisément 60 % d’activité en plus en
dix ans », éclaire Enrique Casalino. Une augmentation im-
portante, qui a pu se compenser par la mise en place de
méthodes innovantes, sur lesquelles tout le monde médical
ne tombe néanmoins pas d’accord : création de postes de
bed managers, pour optimiser la gestion des hospitalisa-
tions avec un système de tri des patients et des circuits
courts. Autant de solutions pour tenter de désengorger les
urgences… mais qui s’inspirent du modèle de l’entreprise,
donc susceptibles de créer certaines crispations.
Pour le professeur Casalino, « finies les urgences, toutes les
équipes tournent désormais partout. On a adapté aussi la
densité de personnel au flux de patients. Et comme cela ne
suffisait pas, on a mené une profonde réorganisation : on
a créé des filières selon la gravité des cas, dont une filière
ultra-courte, où les patients ne rentrent même pas dans le
«
“On a créé des filières selon la gravité des cas,
dont une filière ultra-courte, où les patients ne
rentrent même pas dans le flux des urgences
et sont vus par un médecin de ville.
”
ACTUSOINS • 5 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • à la une
flux des urgences et sont vus par un médecin de ville »,
détaille-t-il.
Résultat ? Des temps d’attente diminué, dont les patients
connaissent immédiatement la durée en franchissant la
porte des urgences. Grâce à un affichage du temps d’at-
tente, symbolisé par des codes couleurs, le malade a des
informations précises. Aux yeux de Philippe Lepetit, infir-
mier aux urgences de Bichat, il est clair que cela réduit
les incivilités et les énervements : tout est transparent. « Car
rien n’est pire que d’imaginer que l’on attend pour rien »,
reconnaît-il, évoquant des patients qui ne connaissent pas
les coulisses des urgences et enragent de n’être pas pris en
charge immédiatement.
Des infirmiers en première ligneDans ces nouveaux systèmes, les infirmiers ont tout leur rôle
à jouer. À Bichat, « les infirmiers ont adhéré au projet pro-
posé car ils ne pouvaient plus rester comme ça, que ce soit
en termes de conditions de travail ou de la prise en charge,
qui perdait en qualité », avance le professeur Casalino.
Trois fois par jour, matin, midi et soir, c’est donc « trans-
mission. » Les équipes de soin, médecins, infirmiers ou
personnel paramédical se retrouvent pour « discuter des
dossiers, du volet diagnostic, avec un débriefing qualitatif
et des indicateurs qualité », explique-t-il. Volonté du chef de
service : que tout le monde porte une blouse jaune pour
gommer les différences hiérarchiques. Et que tout le monde
participe également à la discussion. Des interrogations,
des remarques, des défaillances ? Infirmiers ou médecins
s’expriment en toute liberté. Parfois, ça plaisante, parfois,
ça s’engueule. L’essentiel, c’est la prise en charge optimale
du patient.
Dès le début de la prise en charge, les infirmiers sont un
rouage essentiel de la chaîne de soins. Les IAU (infirmiers
d’accueil) vont immédiatement à la rencontre des nouveaux
patients, sont habilités à « donner des antalgiques dès l’ac-
cueil », précise Philippe Lepetit, et les installent directement
dans un box. « Dès qu’un autre malade arrive, on place
le premier ailleurs, et on accueille d’autres personnes pour
prendre le relais. »
Les urgences comptent donc des zones d’attente assises
ou allongées, mais personne dans le couloir. Cependant,
si la fluidité du service se constate sur le terrain, tout cela
« ne s’est pas fait en un jour. On a pris quatre ou cinq ans,
pour instaurer cette culture du changement », explique le
professeur. Il souligne d’ailleurs que, dans cette mini-révolu-
tion, ses meilleurs alliés ont été « les cadres de santé et les
équipes paramédicales, qui étaient arrivés à leurs limites. »
Trier pour éviter les encombrementsMohamed Benameur, 45 ans, est lui infirmier au CHU de
Rouen. Avec ses vingt ans de service derrière lui, il a été
témoin des changements survenus aux urgences. Il confirme
lui aussi une grosse augmentation de la fréquentation des
urgences, de 100 personnes environ jusqu’à des pics de
300 aujourd’hui. Un bond du, entre autres, à une crois-
sance du nombre de personnes âgées.
« Une personne âgée grippée doit être hospitalisé car sa
santé peut se dégrader rapidement », estime-t-il, contrai-
rement à des plus jeunes qui pourront sortir. Mais il ne
se plaint pas, car au CHU de Rouen, « beaucoup de
choses ont été mises en place, des moyens financiers
comme humains. » Et d’évoquer des réussites, comme la
mise en place d’un système de tri par un médecin pré-
sent les après-midis qui permet d’éviter des encombrements
pour de la simple bobologie. Mais Mohamed en est bien
conscient, il est impossible de limiter l’accueil aux urgences
aux seules personnes dont l’état l’exigerait. « Après tout, les
urgences sont la vitrine d’un hôpital, donc on ne peut pas
refuser de patients. »
Parfois, les initiatives sont bonnes en théorie, mais les
obstacles sont incontournables. « Les bed managers sont
confrontés à un problème : ils n’ont aucune visibilité sur les
lits disponibles dans les autres services », explique Mo-
hamed Benameur qui a exercé ce métier pendant un an,
avant même qu’il n’existe officiellement.
Des problèmes en aval… et en amontSi ces méthodes fluidifient les urgences, elles n’apportent
pas les solutions aux causes premières de l’engorgement
des urgences, comme les dysfonctionnements internes au
© Natacha Soury
Réunion de transmission.
“Les bed managers sont confrontés à un
problème : ils n’ont aucune visibilité sur les
lits disponibles dans les autres services.
”
ACTUSOINS • 6 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Actusoins • à la une
système médical français, ou le vieillissement de la popu-
lation.
Enrique Casalino a constaté que sur l’amont et l’aval, il n’a
guère de moyens d’agir. C’est pourquoi il a concentré ses
efforts sur les urgences, « sans coûter plus cher », affirme-t-il.
« Les urgences cristallisent tous les dysfonctionnements de
l’hôpital, estime Christophe Prudhomme. Aujourd’hui, le
premier motif de venue aux urgences est quand même le
délai trop important pour consulter un spécialiste, et le se-
cond les problèmes financiers avec des honoraires impos-
sibles à payer pour les plus vulnérables », rappelle-t-il. Une
situation qui s’explique par la « fermeture des gardes de
nuit », l’absence de structures de soins pluridisciplinaires en
ville et de plateaux techniques, qui feraient le lien entre la
médecine de ville et l’hôpital.
« Il faudrait renforcer les permanences de soin et lutter
mieux contre les déserts médicaux, avance-t-il. Mais au
contraire, on a dévalorisé les centres de santé, car ce n’est
pas rentable avec une rémunération à l’acte ».
Pour beaucoup de professionnels, le constat est sans appel.
Le bon parcours de soin peut rapidement prendre l’aspect
d’un « parcours du combattant », comme le souligne Gé-
rard Vincent de la Fédération Hospitalière de France. Aux
urgences, avec les radios et les examens complémentaires,
la prise en charge médicale est complète et permet des
réponses rapides. « Quand le patient va voir le médecin, il
a par exemple déjà sa radio », précise Philippe Lepetit, qui
reconnaît l’aspect pratique et efficace de telles méthodes.
Au cœur du problème : la fermeture de lits en avalAutre souci, partagé unanimement, cette fois : la fermeture
de lits dans les différents services de l’hôpital. Certes, les
urgences de Poitiers ont décidé début janvier de réévaluer
le nombre de lits à la hausse mais cette décision reste mi-
noritaire. La tendance est plutôt inverse.
« Il faut arrêter de fermer des lits, de nous vendre de l’am-
bulatoire, ce n’est pas la solution », exhorte Christophe
Prudhomme, tandis que Philippe Lepetit se plaint aussi de
l’absence de lits. « Quand le médecin prend une partie de
sa matinée à chercher des lits, ce n’est pas son rôle », dé-
plore l’infirmier. Autant de temps qu’il ne passe pas auprès
des patients.
Et le professeur Casalino de confirmer. « Trouver des lits à
la sortie des urgences reste problématique. Il arrive que cer-
tains patients restent 36 ou 48 heures dans des brancards.
Ce n’est pas normal. » Mais les hôpitaux semblent par-
fois ne pas se presser pour prendre en charge un patient
atteint par exemple de pluripathologies, et qui va rester
longtemps…
Management vs réorganisation ?Tous les professionnels n’ont pas la même appréciation de
la situation. Christophe Prudhomme dénonce l’utilisation du
terme de « management », emprunté au monde l’entreprise.
« S’il y a encore deux mondes qui échappent à la mar-
chandisation, c’est bien la santé et l’éducation », lâche-t-il,
inquiet d’éventuelles dérives qui pourraient aboutir à une
« médecine techniciste et technicienne, alors qu’elle doit
être humaniste et pédagogique. On est déjà dans une mé-
decine à deux vitesses, avec des cliniques privées et un
hôpital public délabré », ajoute-t-il. La vérité est sans doute
un peu ici, et un peu ailleurs. Gérard Vincent insiste : « pour
moi, l’hôpital est une entreprise de service public, mais elle
est une entreprise ! »
Loin de ces craintes, pourtant compréhensibles, les ur-
gences de l’hôpital Bichat montrent un visage humain. « Le
management est une réalité au quotidien », soutient mordi-
cus le professeur Casalino. Son point fort a sans doute été
de « savoir nous expliquer ce qu’il comptait faire. La façon
de l’expliquer est déterminante », reconnaît Philippe Lepetit.
Une mission essentielle à remplir par les médecins comme
les infirmiers.
L’humain est indispensable, car comme le rappelle Gérard
Vincent, « les urgences sont les endroits où sont le plus pré-
servées les valeurs de la République. » n
DELPHINE BAUER / YOUPRESS
© Natacha Soury Au centre, Pr. Enrique Casalino
“Aujourd’hui, le premier motif de venue aux
urgences est quand même le délai trop important
pour consulter un spécialiste, et le second
les problèmes financiers avec des honoraires
impossibles à payer pour les plus vulnérables.
”
ACTUSOINS • 8 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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À partir de
Actusoins • l’actualité scientifi que
MEILLEURE SURVIE POUR LES PRÉMATURÉSL’Inserm a conduit une étude épidémiologique portant
sur 7 000 prématurés en 1997 (Epipage 1) et à
nouveau en 2011 (Epipage 2). En quinze ans, « la
proportion des enfants ayant survécu sans morbidité
sévère a augmenté de 14 % pour les prématurés
nés entre la 25e semaine et la 29e semaine et de
6 % pour les enfants nés entre 30 et 31 semaines
d’aménorrhée », explique le responsable de
l’équipe Inserm. Le taux de survie se réduit à moins
de 1 % avant 24 semaines. Mais la survie remonte
à 60 % dès 25 semaines, à 94 % entre 27 et 31
semaines et à 99 % entre 32 et 34 semaines.
(Source Inserm)
Belgique :
BURN-OUT et soignantsUn rapport du Service public belge, Emploi,
Travail et Concertation sociale, révèle des taux
de prévalence de 6,6 % du burn-out chez les
soignants (6,9 % chez les infi rmiers et 5,4 % chez
les médecins). Leur étude quantitative a porté sur
37 hôpitaux et 5 833 participants dont 79,5 %
d’infi rmiers et 20,5 % de médecins, 73,8 % de
femmes et 26,2 % d’hommes. En outre, 13,5 %
sont à risque élevé de burn-out (17,8 % chez
les médecins et 12,4 % chez les infi rmiers). La
prévalence de l’épuisement émotionnel, une
composante du burn-out, atteint 31,1 % et 8,4 %
des participants en subissent les trois facteurs :
épuisement émotionnel, dépersonnalisation et
accomplissement personnel réduit. Selon l’étude,
les principaux facteurs sont une charge de travail
élevée, un épuisement émotionnel élevé et des
confl its de rôles. D’où la nécessité d’évaluer et de
réajuster la charge de travail, de travailler sur la
résolution des confl its de rôles grâce à une meilleure
organisation du travail.
(Source : Santélog)
Travail de nuit et risque accru de diabète de type 2Une large étude menée auprès de femmes
afro-américaines (28 041 participantes
dont une partie a travaillé de nuit) confi rme
l’association entre le travail de nuit et un
risque accru de diabète de type 2 mais
révèle aussi que ce risque est accru chez
les jeunes femmes. Principales causes : une
durée totale de sommeil insuffi sante et une
perturbation du cycle circadien. L’analyse
constate que, par rapport à l’absence
d’antécédent de travail de nuit, le risque de
développer un diabète est accru de 17 %
pour 1 à 2 ans de travail de nuit, 23 % pour
3 à 9 ans et 42 % pour 10 ans ou plus. Les
femmes âgées de moins de 50 ans ont un
risque accru de 39 % contre 17 % pour les
50 ans et plus.
(Source : Diabetologia)
© Natacha Soury
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Quelle alimentation en travail de nuit ?Il y a un risque cardiovasculaire
plus élevé du fait d’une
« désynchronisation
des rythmes
biologiques (…) Il y a
des hormones qui
s’adaptent et d’autres
pas du tout ; c’est le
cas du cortisol, de l’insuline et de la mélatonine »,
explique le Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste
(hôpital Necker, Paris). « La collation de la nuit doit privilégier
les protéines et les glucides lents, car le sucre et le gras
endorment. Il faut donc éviter le café sucré, les sodas sucrés,
les viennoiseries, les sandwichs au pâté ou au saucisson »,
poursuit-elle. Les préconisations : salade composée, yaourt et
fruit, pain complet ou simplement fromage blanc, compote,
pain complet et quelques carrés de chocolat, avec un café ou
du thé. Pour éviter le grignotage, il faut maintenir les trois repas
dans la journée. Le dîner « doit être suffi sant pour tenir jusqu’à
la collation de 2-3 heures du matin mais pas trop non plus
pour maintenir la vigilance ».
(Source Egora, le site www.paroledenutritionniste.com créé par le Dr Laurence Plumey)
ACTUSOINS • 10 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • l’actualité scientifi que
RÉDUIRE L’ANXIÉTÉ sous anesthésie localeUne étude de l’Université britannique de
Surrey, publiée dans l’European Journal
of Pain, montre que des techniques
de distraction simples peuvent aider
les patients à se détendre pendant
l’intervention et réduire leur douleur. L'étude
a été menée auprès de 398 patients,
subissant une chirurgie des varices et
répartis en 4 groupes : 1 groupe diverti
par de la musique, le second par un choix
de DVD, le 3e par une conversation avec
un infi rmier spécialisé, le 4e disposait de
2 balles anti-stress.
Les niveaux d'anxiété et de douleur ont
été mesurés par questionnaire après
l'opération. L’analyse montre que le groupe
« DVD » ressent 25 % de moins d'anxiété que le groupe « traitement habituel »
mais éprouve des niveaux de douleur identiques. Le groupe « conversation avec
l’infi rmière », une réduction de 30 % de l’anxiété et de 16 % de la douleur,
le groupe « balles anti-stress », une réduction de 18 % de l’anxiété et de 22 %
de la douleur. Quant à la musique, elle n’a aucun effet sur l'anxiété ou la douleur.
(Source : Santélog)
Plus de dermatites de contact irritative chez les professionnels de santéLes campagnes visant à améliorer l'hygiène des mains
pour prévenir les infections au staphylocoque doré
résistant à la méticilline (Sarm) ou à Clostridium diffi cile
ont entraîné une hausse des cas de dermatite de contact
irritative au Royaume-Uni entre 1996 et 2012 (+ 4,5
fois), selon une étude parue dans le British Journal of
Dermatology (BJD). A l'aide d'un registre sur les maladies
professionnelles renseigné par des dermatologues
depuis 1996, les chercheurs ont comparé les tendances
annuelles avant et après la mise en place, à partir de
2006, de campagnes de sensibilisation à l'hygiène des
mains. L'analyse montre que l'incidence des dermatites
de contact irritatives a augmenté de manière signifi cative
chez les professionnels de santé, avec un rapport des
taux d'incidence de respectivement 1,1 et 1,05 pour les
cas attribués à l'hygiène des mains uniquement et les cas
attribués à l'hygiène des mains et le travail en conditions
humides. Il faut trouver des produits et des pratiques qui
réduisent le risque de dermatite, soulignent les auteurs.
(Source : APM)
Prévention des infections nosocomiales : quid des bains à la chlorhexidine ?Afi n de tester l’effi cacité d’un bain quotidien
avec chlorhexidine chez des patients en
état critique, un essai clinique, publié dans
le Journal of american medical association
(JAMA), a été réalisé dans 5 unités de soins
intensifs (USI) d’un même centre hospitalier.
Durant l’étude, 4 484 patients ont eu des
« bains à la chlorhexidine » et 4 852 témoins
des soins corporels sans antiseptiques. Les
autres mesures préventives étaient maintenues
et il n’y a eu aucune surveillance particulière
des micro-organismes multirésistants. Sous
« chlorhexidine » sont survenues 55 infections
marquantes dont 4 septicémies liées aux voies
veineuses centrales (CLABSI), 21 infections
urinaires sur sonde (CAUTI), 17 pneumonies
sous ventilation artifi cielle (VAP) et 13 infections
à Clostridium diffi cile. Dans le groupe contrôle
ont été notifi ées 60 infections, dont 4 CLABSI,
32 CAUTI, 8 VAP et 16 à Clostridium diffi cile.
La pratique de bains quotidiens avec des linges
imprégnés de chlorhexidine n’a pas donc
pas conduit à une réduction signifi cative des
infections. Les résultats de ce travail s’opposent
cependant aux conclusions d’autres études.
(Source Jim.fr)
INFECTIONS NOSOCOMIALES CHEZ 7 % DES PATIENTS EN HADPrès de 7 % des patients en hospitalisation à domicile (HAD) présentaient
une infection nosocomiale un jour donné en 2012, selon la première Enquête
nationale de prévalence (ENP) des infections nosocomiales et des traitements
anti-infectieux réalisée en HAD par l'Institut de veille sanitaire (InVS). Les enquêtes
précédentes portaient sur les établissements de santé. En 2012, l'enquête a inclus
179 HAD et 5 954 patients. Selon cette enquête, 6,8 % des patients avaient une
ou plusieurs infections nosocomiales actives
et plus de 15 % étaient traités par au moins
un anti-infectieux. Plus de 40 % des patients
étaient porteurs d'au moins un dispositif
invasif. Les trois quarts des infections étaient
localisées sur quatre sites : infection urinaire
(27 %), infection de la peau/tissus mous
(18 %), infection du site opératoire (15 %) et
infection respiratoire (13,5 %).
(Source : agence APM)
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ACTUSOINS • 11 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • pratiques
Cicatrisation :fondamentaux et anatomie de la peauNous publions dans ce numéro et dans les quatre suivants des articles ciblés sur
la cicatrisation. Le premier concerne l’anatomie de la peau. Les prochains porteront sur
« plaie et cicatrisation », « l’importance du milieu humide », « les dispositifs médicaux »
et « la théorie de la sélectivité exsudative ».
La prise en charge des plaies est avant tout un travail
d’équipe. En effet, il n’est pas envisageable d’espérer
cicatriser une plaie, sans un travail d’équipe pluridisci-
plinaire. Cette notion de travail d’équipe nous amène à un
concept qui est le triangle de cicatrisation. (Figure 1)
ENVIRONNEMENTS
PATIENTS
LA PLAIE
SOIGNANTS
Figure 1 – Le triangle de cicatrisation
Au premier sommet de ce triangle nous trouvons le patient.
C’est le premier concerné dans la prise en charge de la
plaie. En effet la plaie est la sienne. Sa qualité de vie
est altérée lorsqu’elle croise le chemin de la maladie. L’im-
plication de la personne soignée dans la cicatrisation est
capitale. Sans une participation active, nous ne pouvons
espérer obtenir une cicatrisation de bonne qualité.
Au second sommet de ce triangle, nous trouvons les soignants.
Au troisième sommet se positionnent les environnements.
Si nous en parlons au pluriel, c’est que nous prenons en
considération deux types d’environnement :
- ceux des patients (domicile ou structure hospitalière),
- ceux des soignants (en lien avec les dispositifs médicaux
et leurs pluralités interdisciplinaires).
Les êtres vivants sont hiérarchisés. En effet dans leur schéma
organisationnel, nous retrouvons les systèmes (locomoteur,
digestif, neuro-végétatif…).
Ces systèmes sont eux-mêmes constitués par les organes.
Chaque organe est constitué par des tissus, eux-mêmes
constitués par une juxtaposition de cellules. (Figure 2)
CELLULESTISSUSORGANESSYSTÈME
Figure 2 – Organisation anatomique
Parmi ces cellules, le fi broblaste joue un rôle fondamental
dans le processus de cicatrisation.
Ce n’est pas nous, soignants qui faisons cicatriser, ce ne
sont pas non plus les pansements élaborés par les labora-
toires qui font cicatriser, mais c’est le fi broblaste qui cica-
trise ! C’est lui le grand « architecte » de la cicatrisation.
Notre travail n’est pas de se substituer à celui du fi broblaste,
mais il est tout simplement de gérer l’environnement autour
du fi broblaste pour que ce dernier puisse travailler dans
des conditions optimales afi n de cicatriser.
Le bon fonctionnement cellulairePour que cette cellule puisse fonctionner, nous devons lui
apporter différents éléments afi n qu’elle puisse synthétiser
son énergie cellulaire sous forme d’ATP (Adénosine Tri Phos-
phate).
Illustrations : Viseux de Potter Ph.
ACTUSOINS • 12 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • pratiques
Ces éléments, indispensables au bon fonctionnement cellu-
laire, sont puisés dans notre environnement. C’est ainsi que
grâce à notre alimentation nous apportons, à la cellule,
les nutriments et l’eau, et que par la respiration nous lui
apportons l’oxygène.
Ces différents éléments, indispensables au bon fonctionne-
ment cellulaire, sont prélevés dans notre environnement et
fournis à notre organisme par notre alimentation et notre
respiration.
Une fois assimilés, ils vont être acheminés vers toutes nos
cellules grâce à la circulation sanguine, qui joue le rôle de
voie d’acheminement, afi n que toutes nos cellules puissent
bénéfi cier de ces nutriments. (Figure 3)
AL
IME
NTA
TIO
NR
ES
PIR
AT
ION
ENERGIE
CELLULE
NUTRIMENTSVITAMINESEAU
OXYGÈNE
CIRCULATIONSANGUINE
Figure 3 – Les apports nutritifs et énergie cellulaire
Dès maintenant, nous pouvons réaliser plusieurs constats.
Tout d’abord, nous mangeons et nous buvons, non pas
parce que nous avons faim ou soif, mais parce que nos
cellules nous le demandent.
En nous référant à la Figure 3, nous pouvons établir, que
s’il y a une modifi cation des apports en oxygène, en eau et
en nutriments, la cellule en subira inéluctablement les réper-
cussions. De même, si un patient présente une insuffi sance
circulatoire, nous pouvons imaginer, avec facilité, que les
nutriments, l’eau et l’oxygène, ne seront pas acheminés
jusqu’aux cellules en quantité suffi sante. Même à l’échelle
physiologique s’opère un travail d’équipe !
Structure de la peauSi nous avions à défi nir ce qu’est la peau, nous pourrions
dire que c’est l’interface qui sépare le milieu intérieur de
l’environnement qui nous entoure. Et nous observons que ce-
lui-ci nous est particulièrement hostile. En effet nous sommes
constamment sujets à diverses agressions qu’elles soient de
nature bactérienne, électromagnétique, physique…
La peau joue un rôle de barrière protectrice entre deux
univers, le milieu extérieur et le milieu intérieur stérile qui ne
doivent pas se rencontrer.
HYPODERME
DERME
EPIDERME
Figure 4 – Les couches de la peau
I. L’épiderme :C’est la couche qui est en contact avec le milieu extérieur ;
elle joue donc un rôle de protection. Pour assurer son rôle
de protection, l’épiderme est structuré en plusieurs couches
de cellules.
Les cellules épithéliales vont synthétiser une protéine très ré-
sistante qui s’appelle la kératine. Cette kératine joue un rôle
de protection mécanique contre les agressions extérieures.
Une cellule épithéliale qui synthétise la kératine, devient
donc un kératénocyte.
L’agencement de ces kératénocytes ne se fait pas au ha-
sard. En effet, afi n d’augmenter son effi cacité face aux
agressions extérieures, les kératénocytes, sont empilés en
plusieurs couches. Ils forment une structure pavimenteuse
stratifi ée.
L’épiderme n’est pas vascularisé, il est nourri en profondeur
par le derme. Il est très peu innervé.
L’épiderme est constitué de deux couches : la couche germi-
native et la couche cornée. (Figure 5)
COUCHE GERMINATIVE
COUCHE CORNÉE
Figure 5 – Les couches de l’épiderme
La couche germinative contient les cellules épithéliales ac-
tives. Ces cellules naissent à la base de cette couche, puis
durant leur vie cellulaire, migrent vers la périphérie de la
couche. Une fois leur vie cellulaire réalisée, ces cellules
vont mourir c’est l’apoptose cellulaire. C’est cette apoptose
cellulaire qui va constituer la couche cornée.
II. L’hypoderme :C’est la couche la plus en profondeur. Elle est située juste
à proximité des structures anatomiques sous jacentes. Cette
couche joue un rôle de protection mécanique mais aussi un
rôle nourricier du derme. En effet l’hypoderme est constitué
de gros vaisseaux sanguins, ainsi que de fi bres nerveuses
de plus gros calibre.
Ceci nous permet de faire le constat suivant : si une plaie
commence à atteindre l’hypoderme nous allons devoir faire
face à une plaie plus sanglante et plus douloureuse.
EN RÉSUMÉ, LES CELLULES IMPORTANTES DE LA PEAU SONT :• Le kératénocyte : ils assurent le renouvellement de l’épiderme et la protection ;
• Le fi broblaste : il assure l’élaboration des constituants de la matrice extracellulaire et l’environnement structurelle et fonctionnelle de la peau ;
• Les endothéliocytes : ils forment les néo vaisseaux lors de la cicatrisation ;
• Les macrophages et les neutrophiles : ils assurent la défense de l’organisme lors de la phase infl ammatoire.
ACTUSOINS • 14 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • pratiques
Les cellules constituant l’hypoderme sont essentiellement les
adipocytes.
L’épiderme et l’hypoderme sont donc les deux couches si-
tuées aux extrémités. Tout simplement pour « encadrer » le
derme, clé de la cicatrisation, et ainsi le protéger et le nourrir.
III. Le dermeNous avons parlé, un peu plus haut du fi broblaste, grand
« architecte » de la cicatrisation. Ce fi broblaste n’est pas mis
au hasard dans la peau. En effet il réside au sein du derme.
Mais de quoi est donc fait le derme ? (Figure 6)
DES FIBRES D’ORCEÏNE : PROTÉÏNE ÉLASTIQUE
DES FIBRES DE COLLAGÈNE
MATRICE DE GLYCO AMINO GLYCANE GAG
LE FIBROBLASTE
Figure 6 – Le derme
1. Les fi bres élastiques : elles sont constituées d’une protéine,
l’orceïne, qui joue un rôle dans l’élasticité de la peau. Ces
fi bres permettent d’étirer la peau sans qu’elle ne se déchire.
2. Les fi bres de collagène : le collagène est la protéine de
soutien par excellence. Elle assure la solidité de la peau.
3. La matrice de Glyco amino glycane (GAG) : Les GAG
sont de longues chaînes (25 000 résidus), non ramifi ées,
formées de polymère de disaccharides dont l’un des deux
est aminé. Ils ont la propriété de piéger l’eau en formant
un gel aqueux qui remplit la matrice. Nous les connaissons
aussi sous un autre nom celui de l’acide hyaluronique.
Tous les constituants du derme sont synthétisés par le
fi broblaste, qui en contrôle aussi la qualité et la quantité.
Le derme est aussi composé de :
• Un réseau de capillaires sanguins, en densité importante,
qui assure la nutrition de la peau.
• Les glandes sudoripares qui permettent la régulation ther-
mique en évacuant l’excès de chaleur sous forme de sueur.
• Les glandes sébacées, qui sécrètent une substance
grasse, le sébum, lequel forme un fi lm protecteur à la sur-
face de l’épiderme.
• Les follicules pileux, d’où émergent les poils et les cheveux.
Fonctions de la peauI. Barrière protectriceL’environnement dans lequel nous évoluons nous soumet à
de nombreuses agressions. Notre peau joue donc un rôle
fondamental de barrière protectrice. Tout d’abord contre
les bactéries mais aussi, ensuite contre les ultraviolets nocifs
pour nos cellules.
II. Rôle vital : la thermorégulationVous êtes vous déjà posé la question suivante ? : Pourquoi
la température de notre corps est à 37 °C ? Pourquoi ne
fonctionnons-nous pas à 40 °C, 60 °C ou 20 °C ?
Nous fonctionnons à cette température car c’est la tempé-
rature optimale pour le fonctionnement de nos cellules. En
effet, toutes les réactions enzymatiques, nécessaires au bon
fonctionnement de nos cellules sont optimisées à 37 °C.
Pour maintenir notre corps à cette température, l’organisme
utilise différents mécanismes :
• Les vaisseaux dermiques
• La vasoconstriction et la vasodilatation
• La sudation
• L’horripilation et le frisson
• La perspiration
III. Organe du toucher et de la sensibilitéLa peau joue un rôle fondamental dans notre capacité à
évoluer dans notre environnement. En effet, elle est l’organe
du sens du toucher qui nous permet, en autres, de nous
adapter à notre environnement. n
PHILIPPE VISEUX DE POTTER, PDG d’i-Cica institut de la
cicatrisation, Directeur d’ATouSoins formation continue
www.i-cica.frwww.atousoins.com
CE QU’IL FAUT RETENIR :• La peau est constituée de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme ;
• La couche la plus importante est le derme car c’est le derme qui abrite les fi broblastes ;
• Les fi broblastes sont les cellules responsables de la cicatrisation car ils synthétisent les constituants de la matrice extracellulaire.
RÉFÉRENCESALBERT B. et coll (2005). L’essentiel de la biologie cellulaire. Flammarion Paris.Numéro spécial : Les frontières du vivant (1999). La recherche.ALFANDARI D., COUSIN H., GAULTIER T., (1999). Les protéines de la famille ADAM : protéolyse, adhérence et signalisation. Médecine/science 15, 1148-1151.KANE DP, KRASNER D., Int Chronic Wound Care : A clinical source Book for Healthcare Professionals.2nd ed. Health Management Publication Inc., 1997KÜHNEL W Atlas de poche histologie (4e Ed) collec-tion Atlas de poche 2009CAU P, SEITE R Biologie Cellulaire 47e Ed 2009JONES J Winter’s concept of moist wound healing : J WOUNDCARE, 2005
ADRESSE DE SITE WEBhttp://www.nature.com
ACTUSOINS • 15 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • pratiques
Plaie tumorale :quelle prise en charge ?
Qu’est-ce qu’une plaie tumorale ?Les plaies tumorales sont des plaies chroniques liées aux
cancers qui peuvent être des tumeurs primitives ulcérées à
la peau ou des métastases cutanées, signe de récidive d’un
cancer préexistant. Il en existe différents types :
1) Les plaies tumorales superficielles sont des plaies qui
s’étendent et ne s’extériorisent que très peu.
2) Les plaies tumorales extériorisées à la peau avec un
aspect bourgeonnant, irrégulier, nécrotique et/ou fibrineux.
Très familièrement appelée « chou-fleur », ce peut être des
nodules agglutinés en une même masse informe et séparés
entre eux par des petits espaces.
3) Les plaies cavitaires ou fistulisées peuvent se creuser jusqu’à
des plans profonds, en délabrant progressivement les tissus et/
ou les os, et en créant des plaies béantes ou des fistules.
Ces plaies chroniques qui évoluent au grès de la maladie
cancéreuse et de la réponse aux traitements spécifiques
(chimio-radiothérapie) peuvent se modifier et changer d’as-
pect. Il s’agit pour l’infirmier(e) d’évaluer à chaque soin
l’état de la plaie pour trouver le protocole de soin le plus
approprié.
EvaluationElle s’inscrit dans une approche globale du patient.
Lorsque le patient vient à l’hôpital pour son soin, le soignant
va évaluer la situation clinique du patient en l’interrogeant
et au besoin faire les liens avec les autres professionnels de
santé (oncologue, diététicienne, onco-psychologue) etc…
Dans un deuxième temps, il va apprécier l’état de la plaie
et la caractériser : son évolution, sa stabilité ou la régres-
sion des lésions : mesure de la plaie, risque de saigne-
ments, exsudats, douleur, odeurs…
Au domicile, le soignant réalise la même évaluation et fait
au besoin le lien avec le médecin généraliste.
Développer la communication entre infirmier hospitalier et
infirmier libéral est très importante pour permettre une prise
en charge de qualité et assurer la continuité des soins.
(Par exemple : contacts téléphoniques, ou mails avec envoi
de photos de plaies)
Nettoyage de la plaieAvant toute décision de protocole de soin, il est indispen-
sable de laver la plaie, car l’hygiène cutanée est la base
de tout soin.
Eau et Savon - douche si possibleL’odeur nauséabonde de ces plaies et leur aspect rebutant
peuvent souvent donner l’impression qu’il s’agit de plaies
infectées et le soignant va vouloir utiliser des antiseptiques.
En réalité ces plaies sont souvent colonisées et non pas in-
fectées. L’odeur est liée à la présence de nécrose tumorale,
plus précisément de bactéries anaérobies présente dans
cette nécrose.
Laver la plaie à l’eau et au savon reste le moyen le plus
simple de prévenir l’infection et apporte également confort
et bien être au patient.
Le nettoyage d’une plaie tumorale consiste aussi à enlever
les croutes à l’aide d’une pince. Pour éviter la douleur ou
le traumatisme, on peut utiliser de la vaseline ou de la Xylo-
caine® 2 % visqueuse que l’on applique quelques minutes
avant le soin.
Dans certains cas, le nettoyage de plaies tumorales peut
s’avérer compliqué voir douloureux malgré une antalgie
adaptée. Utiliser un système par hydrojet comme le Jetox®
pourra être une option.
Prendre en charge les patients porteurs de plaie tumorale nécessite une approche spécifique
basée sur une bonne connaissance de ces plaies et leur évolution. Le protocole de soins et le
choix du pansement repose sur une approche globale du patient et de sa plaie.
1
2
3
® DR
ACTUSOINS • 16 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • pratiques
Il propose un nettoyage des plaies avec du sérum physiolo-
gique et de l’oxygène pressurisé, réservé à l’usage hospita-
lier puisqu’il devra être connecté à l’O2 mural.
La détersionIl faut se poser la question de l’objectif de la détersion pour
des plaies tumorales. On ne recherche pas le bourgeonne-
ment de la plaie en vue d’une cicatrisation, mais à éviter
la surinfection en retirant les croutes, ou encore en enlevant
avec précaution la nécrose (molle), responsable d’odeurs
désagréables pour le patient et son entourage.
Il existe plusieurs méthodes de détersion :
1. Utilisation d’une compresse tissée permettant une déter-
sion douce et évitant ainsi le risque de saignement.
2. Utilisation d’une pince et lame de bistouri pour enlever les
tissus nécrotiques (le plus souvent fait en milieu hospitalier).
3. Utilisation de la curette qui est bien utile dans les plaies
cavitaires pour retirer la nécrose molle.
La détersion doit avoir pour but d’améliorer le confort et de
prévenir le risque de surinfection mais elle doit tenir compte
de facteurs limitant et surtout du contexte (soin à domicile
ou à l’hôpital) :
1) Le risque de saignement : ces plaies sont très vascula-
risées et peuvent saigner spontanément, ou très facilement
lors du retrait du pansement. Dans des cas extrêmes et
rares, il peut y avoir un risque hémorragique par compres-
sion ou rupture de gros vaisseaux
En cas de plaies à fort risque hémorragique, la détersion
au domicile sera faite a minima afin d’éviter un trop grand
risque au patient.
2) Le risque douleur : les plaies tumorales peuvent être dou-
loureuses en dehors de tout soin.
L’intensité de la douleur est évaluée à l’aide d’une auto-éva-
luation sur une échelle validée (échelle visuelle analogique)
EVA, échelle numérique ou échelle verbale simple.
L’évaluation de la douleur va permettre de donner des
antalgiques adaptés de pallier 1 (exemple : Doliprane®),
2 (exemple : Tramadol®) ou 3 (exemple : Morphine®).
Une des spécificités de ces plaies est de provoquer des
douleurs neurogènes. Il s’agit de douleurs qui donnent des
démangeaisons, décharges électrique et ou brûlures.
En première intention et selon les recommandations de l’HAS
(Haute Autorité de Santé), elles sont traitées par des antidé-
presseurs (exemple : Laroxyl®) ou anti épileptiques (exemple :
Neurontin®), anesthésiques locaux (exemple : Versatis®, NB : à
poser 12h sur 24 et à distance de la zone ulcérée).
En deuxième intention, (en cas d’inefficacité ou d’intolé-
rance aux médicaments donnés première intention), par
des antalgiques de pallier 2 (exemple : Tramadol®) ou 3
(exemple : Oxycontin®)
Avant le soin on peut prémédiquer le patient avec des
antalgiques de pallier 1, 2, ou 3. On peut également utiliser
des anesthésiants locaux (Xylocaine® spray, visqueuse).
En milieu hospitalier, on peut avoir recours au Meopa
(Kalinox®) : mélange d’oxygène et de protoxyde d’azote aux
propriétés antalgiques, sédatives, amnésiantes et anxioly-
tiques.
Certains pansements sont réalisés sous anesthésie générale
en les programmant à l’avance.
Choix du pansementIl sera fait en fonction des symptômes de la plaie mais aussi
en fonction du souhait du patient, de son confort. Le proto-
cole de soin sera modifié en fonction de l’évolution de la
plaie elle-même. Il faut éviter la superposition de différentes
familles de pansements et tenir compte du coût du panse-
ment et de son remboursement.
La fréquence des changements de pansement doit aussi
s’adapter à la nature de la plaie. Par exemple, une plaie
avec un risque hémorragique pourra supporter une réfec-
tion de pansement tous les trois jours.
Symptômes et pansementsPlaies très exsudatives
Le plus souvent on va utiliser des alginates, des polymères
d’acides alginiques obtenus à partir d’algues, caracté-
risés par leurs capacités d’absorption et leurs propriétés
hémostatiques. Ils existent sous forme de compresses ou de
mèches (exemple : Urgosorb®).
On peut aussi utiliser des fibres de carboxymethylcellu-
lose (CMC, dites aussi hydro fibres) : ces pansements
sont composés majoritairement (>50%) de fibres non
tissées de carboxymethylcellulose (CMC) pure. Ces
fibres se transforment au contact des exsudats en gel
cohésif. Caractérisés par leur capacité d’absorption, les
CMC existent sous forme de compresses ou de mèches
(exemple : Aquacel®).
Dans certains cas, lorsque la gestion des exsudats est diffi-
cile, on pourra avoir recours aux compresses Absorbantes
comme le Zetuvit plus® ou encore un hydro cellulaire supe-
rabsorbant : le Vliwasorb® qui a comme particularité de ne
pas relarguer les exsudats.
Plaies avec risque de saignements
Si le saignement est spontané, on peut appliquer un alginate.
Au contact des exsudats, le calcium libéré va jouer son rôle
hémostatique. Si cela s’avère insuffisant et pour des plaies
avec risque hémorragique, on peut utiliser du Pangen® ou
du Surgicel®. Tous deux réservés à l’usage hospitalier, ces
dispositifs dégradables ne nécessitent pas d’être enlevés au
risque de provoquer un nouveau saignement.
Plaies à risque infectieux
Ces patients traités par chimiothérapie vont avoir des
phases d’aplasie (diminution des globules blancs). Ils seront
alors fragilisés et sensibles aux infections.
Il faut être vigilant entre les cures de chimiothérapie et re-
pérer les signes locaux tels que : majoration des exsudats,
de la douleur, modification de la plaie ou d’autres signes
généraux comme de la fièvre. Ces signes peuvent être
difficiles à observer voir masqués (absence de pus) du fait
de la diminution des globules blancs.
ACTUSOINS • 18 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Actusoins • pratiques
Un avis médical est nécessaire. Le médecin pourra pres-
crire un bilan sanguin (nfs, crp) et en fonction des résultats
prescrire une antibiothérapie.
Plaies malodorantes
On pourra utiliser un pansement au charbon comme fi ltre à
odeurs (exemple : Actisorb ag®) que l’on met au-dessus du
pansement primaire.
En deuxième intention du Métronidazole® pers os. Il sera
prescrit par un médecin en cas d’odeurs non contrôlées
imputées à la présence de germes anaérobies.
Plaies nécrotiques
La détersion mécanique n’est pas systématique, (attention
au risque hémorragique). Elle s’applique en cas de pré-
sence de nécrose molle ou de tissus nécrotiques faciles à
enlever.
Exemples concrets de pansementsEn lien avec les symptômes généraux des plaies, voici
quelques exemples concrets de pansements sur différents
types de plaies tumorales.
Plaies tumorales superfi cielles
Ces plaies sont rarement ulcérées ou exsudatives et néces-
sitent surtout d’être recouvertes pour éviter les frottements. On
peut proposer un hydro cellulaire mince siliconé (exemple :
Mepilex EM®), non adhésif mais adhérent, atraumatique
au retrait, confortable et repositionnable. Il évite également
les croutes grâce à son fi lm semi-perméable qui maintient
un milieu légèrement humide.
Plaies tumorales extériorisées
Ces plaies avec des amas de bourgeons qui s’ulcèrent à la
peau vont suinter et nécessiter l’application d’un pansement
de type Fibre de CMC (exemple : Aquacel®) qui englobe
totalement le ou les bourgeons ulcérés. L’avantage de ce
pansement réside en un retrait facile. En effet, saturé par les
exsudats, il se gélifi e et n’adhère pas à la plaie.
Les plaies cavitaires ou fi stulisées
Ce sont des plaies qui vont nécessiter un méchage avec
des pansements absorbants (Fibre de CMC : Aquacel® ou
Alginates : Urgosorb®). Elles vont également être très ex-
sudatives. Il ne faut donc pas hésiter à ajouter par-dessus
des pansements très absorbants de type Zetuvit®. La plaie
cavitaire va souvent être malodorante (présence de germes
anaérobies). On pourra alors utiliser par-dessus des pan-
sements au charbon exemple : Actisorb ag® (qui absorbe
les odeurs).
La fi xation du pansementIl est impératif de proscrire au maximum les adhésifs.
Ces patients ont une peau très sèche et lésée par les traite-
ments reçus (chimiothérapie, radiothérapie) mais aussi fra-
gilisée par l’évolution de la plaie. L’utilisation d’adhésifs en
fi xation d’un pansement primaire peut entrainer des lésions
mettant du temps à cicatriser.
On peut donc avoir recours à du jersey (exemple : Tubi-
fast®) que l’on utilise en fabriquant un maillot de corps qui
va être confortable et permettre de maintenir le pansement
en place sans trop serrer.
Pour plus de sécurité, sur des zones diffi ciles, pour faire
tenir le pansement, on peut ajouter du sparadrap silicone®
(adhérent mais non adhésif). On peut aussi faire tenir le
pansement à l’aide d’une bande Velpeau®.
La peau périlésionnelleChez ces patients, la peau périlésionnelle est souvent lais-
sée de côté car on se focalise sur la plaie elle-même.
Autour de ces plaies la peau a besoin d’être hydrater, car
les déformations occasionnées par la plaie elle-même en-
traîne souvent tiraillements, cisaillements, prurit et inconfort.
On peut donc utiliser un émollient afi n de maintenir une
hydratation et souplesse de la peau. Cela préserve aussi la
peau du contact avec les exsudats.
ConclusionBien au-delà du simple soin technique la réfection du pan-
sement est un temps ou le patient va pouvoir exprimer son
désarroi face aux lésions : il s’agit du signe visible de la
maladie et parfois de sa progression.
C’est l’occasion pour le soignant de l’aider à verbaliser.
C’est à travers cette relation de confi ance que la prise en
charge sera optimisée. Le soignant cherchera à préserver
et privilégier la qualité de vie du patient et son confort en
réalisant un pansement sur mesure.
Il n’y a actuellement pas de consensus pour la prise en
charge de ces plaies mais il se développe une harmoni-
sation des pratiques. La publication d’une récente étude
scientifi que s’intéressant au phénomène des odeurs déga-
gées par ces plaies ouvre la voie vers de nouvelles pers-
pectives. Qui sait, peut-être découvrirons nous le moyen de
traiter localement ces plaies ? n
BÉNÉDICTE D'HENDECOURT, INFIRMIÈRE À LA CELLULE
DE COORDINATION DE L'INSTITUT CURIE
BIBLIOGRAPHIE1. http://www.sffpc.org/index.php?pg=connaiss_plaies-cancereuses-1
2. Bacterial fl oras and biofi lms of malignant wounds associated with breast cancers.Fromantin I1, Seyer D, Watson S, Rollot F, Elard J, Escande MC, De Rycke Y, Kriegel I, Larreta Garde V.J Clin Microbiol. 2013 Oct;51(10):3368-73. doi: 10.1128/JCM.01277-13. Epub 2013 Aug 7.
3. http://www.santelys.asso.fr/journee_regionale/2014/presentations/session_1/S1_-_Prise_en_charge_des_plaies_cancereuses_-_L-DEWITTE.pdf
4. http://www.hug-ge.ch/procedures-de-soins/recommandations-pour-les-soins-de-plaies-tumorales
5. www.has-sante.fr/
ACTUSOINS • 20 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Actusoins • pratiques
Comprendre l’ECG,un défi osé ?Dans le précédent numéro d’ActuSoins nous vous présentions les fondamentaux
de l’ECG. Passons à l’interprétation des lignes électrocardiographiques. Après la lecture
d’un ECG normal, nous aborderons les principaux troubles du rythme.
Cet exposé n’est pas exhaustif, il vous permet juste
de vous initier et peut être de vous donner envie
d’en savoir plus sur l’ECG.
Un ECG normal ?Le premier élément à observer est la ligne isoélectrique ou
ligne de base, (en rouge sur le schéma suivant). Elle corres-
pond au tracé qui serait enregistré sur un ECG si le cœur
n’avait aucune activité électrique.
Les ondes situées au-dessus de cette ligne isoélectrique sont
dites « positives » (onde P, onde T), les ondes situées en des-
sous de cette ligne sont dites « négatives » (onde Q). Le seg-
ment ST est isoélectrique (élément très important à observer
en cas de douleur thoracique et de suspicion d’IDM).
Trois questions sont incontournables :
• Quelle est la fréquence cardiaque ?
Une fréquence normale se situe entre 50 à 100/minute.
En dessous de 50/min, nous parlons de bradycardie,
au-dessus de 100/min, nous parlons de tachycardie.
• Est-ce que le rythme cardiaque est régulier ou irrégulier
(arythmie) ?
Sur un ECG normal, l’espace entre 2 QRS est toujours le
même quel que soit le moment de l’enregistrement (en vert
sur le schéma suivant). Cette question est fondamentale
pour détecter les arythmies.
• Est-ce que le rythme est sinusal (ou normal) ?
Chaque onde P doit être suivie d’un QRS. Cette question
va permettre de repérer des troubles de la conduction entre
les oreillettes et les ventricules.
L’extrait ECG ci-dessus montre une fréquence normale (60/
min), un rythme régulier (car les espaces entre les QRS sont
identiques) et sinusal (car chaque onde P est suivi d’un
QRS).
Pour rappel :
• L’onde P correspond à la contraction auriculaire, elle est
toujours positive sauf en AVR
• L’espace PR correspond à la conduction auriculo-ventri-
culaire (passage de l’infl ux électrique des oreillettes aux
ventricules)
• Le QRS correspond à la contraction des ventricules et est
généralement fi n
• Le segment ST est toujours isoélectrique
• L’onde T correspond à la repolarisation ventriculaire, elle
est souvent positive et de forme asymétrique
Les troubles du rythmeIls désignent des battements du cœur trop lents (bradycar-
die), trop rapides (tachycardie) ou irréguliers (arythmie).
Ils sont d’origines variées et non dénués de conséquences
en absence de prise en charge rapide et effi cace : des
extrasystoles ventriculaires en passant par une tachycardie
sinusale (suite à un effort physique par exemple) jusqu’à la
fi brillation ventriculaire (arrêt cardiaque).
L’extrait ECG ci-dessus montre une fréquence normale (60/min), un rythme régulier (car les espaces entre les QRS sont identiques) et sinusal (car chaque onde P est suivi d’un QRS).
ACTUSOINS • 22 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • pratiques
Les extrasystoles 1
D’une manière générale, les extrasystoles sont des contractions
prématurées issues d’un foyer ectopique qui peut être situé au
niveau auriculaire, auriculo-ventriculaire ou ventriculaire.
Un foyer ectopique désigne une excitation cardiaque anormale.
Dans le cas des extrasystoles ventriculaires ou ESV (étoile
rouge), cela correspond à la dépolarisation (contraction)
spontanée d’un petit groupe de cellules situées au niveau
des ventricules. Elles peuvent être uniques et isolées, nom-
breuses ou par salves avec un risque majeur de passage
en fi brillation ventriculaire.
Sur l’ECG suivant, nous pouvons apercevoir 3 extrasystoles
ventriculaires d’affi lé (triplet) non précédées d’une onde P.
La fi brillation auriculaire 2
La fi brillation auriculaire est la contraction irrégulière, anar-
chique et rapide (environ 300/mn) des oreillettes du cœur
(fl èches noires sur l’ECG). Cela s’explique par une hype-
rexcitabilité des oreillettes liée la présence de nombreux
foyers ectopiques (étoiles rouges) au niveau des oreillettes
qui déchargent en même temps. Les ventricules tentent de
suivre ce rythme infernal des oreillettes et par conséquent
se mettent à battre irrégulièrement. Cela s’appelle l’aryth-
mie complète par fi brillation auriculaire (ACFA). Lorsque le
rythme des ventricules est très rapide et irrégulier, cela s’ap-
pelle la Tachyarythmie Complète par Fibrillation Auriculaire
(TACFA). Cela nécessite une prise en charge rapide car
les oreillettes ne se contractent plus effi cacement et le sang
stagne. Le risque majeur est la formation d’un thrombus,
source d’un AVC ou d’une embolie pulmonaire. Un traite-
ment par anticoagulant et antiaryhtmique, voire un choc
électrique externe, doit être mis en place rapidement.
La tachycardie ventriculaire 3
Le rythme naît au niveau d’un foyer ventriculaire (FC supé-
rieure à 120/min), qui est régulier, rapide avec des QRS
larges (étoile rouge). Cela peut être plus ou moins bien
toléré par le patient et il existe un risque majeur de passage
en fi brillation ventriculaire (donc d’arrêt cardiaque). Un trai-
tement médicamenteux doit être mis en place rapidement.
La fi brillation ventriculaire 4
La fi brillation ventriculaire correspond à une décharge si-
multanée d’une multitude de foyers ectopiques au niveau
des ventricules (étoiles rouges). Il en résulte une activité élec-
trique complètement anarchique et désordonnée. Il n’y plus
de contractions ventriculaires effi caces, le sang n’est plus
éjecté dans la circulation générale : c’est une des causes
d’arrêt cardio-respiratoire.
C’est une urgence absolue qui nécessite une réanimation
rapide et effi cace avec un massage cardiaque externe,
une défi brillation précoce et une ventilation manuelle. Le
traitement de la fi brillation ventriculaire est le choc élec-
trique externe afi n de resynchroniser toutes les cellules du
myocarde. n
LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE-FORMATRICE
Pour retrouver la première partie de cet article : ActuSoins n°15Nous aborderons la prochaine fois les troubles de la conduction et les modifi ca-tions majeures du segment ST en cas d’angor ou d’infarctus du myocarde.
4 foyer ectopique oreillette droite
oreillette gauche
ventricule gauche
ventricule droit
réseau de Purkinje
nœud sinusal
nœud auriculoventriculaire
tronc du faisceau de Hys
branche du faisceau de Hys
3
foyer ectopique oreillette droite
oreillette gauche
ventricule gauche
ventricule droit
réseau de Purkinje
nœud sinusal
nœud auriculoventriculaire
tronc du faisceau de Hys
branche du faisceau de Hys
2 foyer ectopique oreillette droite
oreillette gauche
ventricule gauche
ventricule droit
réseau de Purkinje
nœud sinusal
nœud auriculoventriculaire
tronc du faisceau de Hys
branche du faisceau de Hys
1
V5
V6
V4
foyer ectopique oreillette droite
oreillette gauche
ventricule gauche
ventricule droit
réseau de Purkinje
nœud sinusal
nœud auriculoventriculaire
tronc du faisceau de Hys
branche du faisceau de Hys
©Amandine Wanert/BSIP
ACTUSOINS • 23 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie libérale
Réseaux de santé :un appui à la coordination
En 2013, la France recensait 631 réseaux de santé. Pourtant, leur action semble
méconnue de certains soignants et des médecins traitants.
Éclairage sur un système aux multiples facettes.
Les réseaux représentent une réponse à des
problèmes de santé. Ils permettent moins
d’hospitalisations, mais aussi d’élargir le
mode de prises en charge, souvent strictement
médical. Avec la multiplicité des maladies
chroniques, l’articulation entre le sanitaire et
le social est indispensable. Les réseaux ré-
pondent à cette demande », explique Eugénie
Poret, présidente du réseau territorial de soins
palliatifs RESPECT, en Haute-Normandie.
En France, les réseaux - constitués en majori-
té sous forme d’associations – font partie des
principaux dispositifs d’appui à la coordina-
tion des parcours de santé. Avec une activité
très diversifiée, ils sont souvent spécialisés, et
couvrent des champs tels la cancérologie, les
soins palliatifs, la diabétologie, la gérontologie ou encore
la périnatalité. Ils peuvent aussi être polyvalents. Ils contri-
buent au lien entre la ville et l’hôpital, favorisent le retour ou
le maintien à domicile. Ils mettent aussi en relation les diffé-
rents acteurs des soins et de l’aide, et forment ces derniers
aux prises en charge concertées.
Les infirmières et les réseauxComme les réseaux proposent une grande diversité de
prise en charge, notamment dans les situations complexes,
des compétences infirmières sont nécessaires. Les soignants
des réseaux occupent une place de coordination, et ne
sont pas présents pour effectuer des soins. « Dans l’abso-
lu, un simple cadre administratif pourrait suffire. Mais c’est
vraiment un plus de savoir de quoi on parle quand il s’agit
de santé et de patients », explique Sandrine, infirmière
coordinatrice dans un réseau de soins palliatifs.
Dans les réseaux hautement spécialisés comme celui de
cette soignante, les infirmières sont souvent titulaires d’un
diplôme universitaire spécifique. « Nous pouvons interve-
nir au domicile, pour aider le médecin traitant à mettre
en place un traitement contre la douleur ou encore pour
s’assurer du bon suivi coordonné des patients entre tous
les acteurs », ajoute Sandrine. Il s’agit de veiller au bon
déroulement de la prise en charge à domicile.
Et d’ajouter : « La prise en charge par un réseau n’est pas
incompatible avec d’autres prises en charge comme une
HAD ou un SSIAD. Au contraire. Il nous faut juste bien
expliquer aux patients la différence entre les intervenants et
qui contacter en cas de souci ». n
MALIKA SURBLED
«
ET POURQUOI PAS L’HOSPITALISATION A DOMICILE ?Les réseaux organisent la prise en charge des cas complexes. Si l’HAD ne peut pas prendre en charge tous ces patients à leur retour à domicile, c’est simplement parce qu’elle est soumise à des règles strictes en matière de soins. Ainsi, pour qu’un pa-tient soit pris en charge par une HAD, il faut qu’il y ait des soins médicaux prescrits et ce n’est pas toujours le cas pour les patients, même en situation complexe (les tétraplégiques, par exemple, auront plus des soins de nursing lourds que des soins purement infirmiers). n
© apops - Fotolia.com
ACTUSOINS • 24 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie libérale
Être infirmière coordinatrice en réseau de santéQuel est votre rôle au sein du réseau ?Je suis infirmière coordinatrice. Dans ce cadre, je coor-
donne et sécurise la prise en charge des patients à leur
domicile lorsqu’ils sortent d’hospitalisation. Il s’agit d’ana-
lyser la situation, de rechercher éventuellement les profes-
sionnels qui interviendront chez eux, et de mettre en place
tous les dispositifs nécessaires. Nous sommes contactés
par les services et procédons à un recueil des données
nécessaires à l’organisation de leur sortie, notamment la
présence ou non d’une infirmière identifiée par le patient.
Si la personne a déjà une infirmière, je m’assure que cette
dernière accepte la prise en charge et qu’elle maîtrise les
soins techniques particuliers prescrits. ILHUP, dans son rôle
d’information et de formation peut proposer aux profes-
sionnels une aide et un accompagnement pour les prises
en charge difficiles.
En quoi consiste cet accompagnement ?Il faut savoir que quoi qu’il arrive, l’infirmier identifié par
les patients est toujours prioritaire. Hors de question de le
faire remplacer par un autre professionnel parce qu’il n’a
pas l’habitude de pratiquer tel ou tel soin. Nous proposons
donc un accompagnement téléphonique pour des conseils
de réalisation. Par exemple, pour la prise en charge des
stomies, des plaies complexes, des accès veineux, des
drains aspiratifs. Si cela ne suffit pas, nous pouvons accom-
pagner ou faire accompagner par des infirmiers experts
partenaires les soignants sur le terrain.
Quelles difficultés professionnelles pouvez-vous rencontrer au quotidien ?La difficulté la plus fréquente est la sécurisation de sorties
des cas complexes. Les professionnels libéraux n’ont pas
toujours le temps dans leur tournée pour prendre en charge
des patients qui nécessitent plusieurs passages très longs
par jour, L’HAD est réservée aux patients qui nécessitent
des soins techniques complexes. Les SIIAD, eux, n’ont pas
le budget pour ces prises en charge qui seraient bien trop
onéreuses. Nous nous trouvons donc souvent dans une im-
passe. La deuxième difficulté est géographique : certains
patients habitent dans des zones reculées où l’offre de
soins est limitée et où le cabinet infirmier local est déjà sur-
chargé. La troisième difficulté concerne les prises en charge
avec des problèmes psycho-sociaux associés.
Quelles qualités et compétences infirmières particulières sont nécessaires pour assurer ce travail de coordination ?
Il faut avoir une bonne écoute et surtout une expérience
professionnelle suffisante permettant une polyvalence. Per-
sonnellement, infirmière depuis vingt-cinq ans, dans des
services et sur des postes variés, je suis depuis sept ans
en exercice libéral, comme tous les autres coordinateurs
du réseau. Cela permet de rester connecté à la réalité. n
PROPOS RECUEILLIS PAR M.S.
* Intervenants libéraux et hospitaliers unis pour le patient
Valérie Torrent, l’une de six infirmières coordinatrices du pôle d’appui aux professionnels de santé du réseau ILHUP.
Implanté à Marseille, ILHUP* est l’un des
réseaux de santé polyvalent de la région
PACA. Valérie Torrent, l’une de six infirmières
coordinatrices, explique sa mission lors des sorties
d’hospitalisation ou de chirurgie ambulatoire.
® DR
ACTUSOINS • 25 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie libérale
Quel avenirpour les réseaux de santé ?Restructurations, économies budgétaires… La politique de santé actuelle tend
à mutualiser et à regrouper les réseaux de santé. Chaque année, certains réseaux
disparaissent et d’autres doivent modifi er leur offre de soins. Ce qui simplifi e le paysage
de l’offre d’un côté, mais met en péril l’expertise des réseaux de l’autre.
Le guide établi par la DGOS (Direction Générale de
l’Offre de Soins) en 2012 pour l’évolution des réseaux
de santé à l’usage des Agences Régionales de Santé est
clair : il faut faire évoluer les réseaux de santé. « L’environ-
nement dans lequel les réseaux conduisent leurs missions
depuis leur création en 2002 a connu de signifi catives
transformations », précise le guide. Parmi ces transforma-
tions, il y a notamment la loi HPST qui confère au médecin
généraliste un rôle pivot dans l’organisation et la mise en
œuvre des fonctions d’entrée dans le système de soins.
« Il faut donc que les réseaux viennent en appui au médecin
de premier recours et qu’ils se tournent vers un pluri-théma-
tisme. Notre souhait est qu’il y ait une homogénéisation des
réseaux ainsi qu’une plus grande cohérence », explique Lu-
cie Dufour, chargée de mission « coordination des soins et
réseaux de santé » à la DGOS. « Ce que l’on veut, c’est
que les réseaux thématiques trouvent des complémentarités
entre eux, pour apporter une offre plus polyvalente et plus
lisible pour les professionnels de premiers recours », précise
Stéphane Fish, chef du bureau « coopérations et contrac-
tualisation » à la DGOS.
Un nombre de réseaux en baisseAlors qu’en 2012, la France comptait 681 réseaux de san-
té, en 2013 ils ne sont plus que 632. Actuellement, la ten-
dance à la réduction du nombre de réseaux chaque année
reste la même. Certaines régions sont plus impactées que
d’autres. C’est le cas des régions PACA, Rhône-Alpes ou
encore Île de France. « Pour exemple, sur huit réseaux de
gérontologie existants en Île de France en 2014, il y en aura
plus que deux en 2015 », confi rme Hélène Bas, directrice
de la FREGIF (Fédération des Réseaux de Santé Gérontolo-
giques d’Île de France). « Les réseaux de gérontologie se
rapprochent des réseaux de cancérologie et de soins pallia-
tifs. Ils couvrent des territoires plus larges aussi », ajoute-t-elle.
« La plupart des ARS ont suivi les orientations nationales et
ont pris des décisions de regroupements. Ces décisions ont
été soit imposées, soit incitées, soit souhaitées et accom-
pagnées, selon les régions », analyse quant à lui Gérard
Mick, Président de l’UNR Santé (Union Nationale des Ré-
seaux de Santé). « L’orientation, en tout cas aujourd’hui,
c’est de conserver les réseaux, qu’ils couvrent tous les terri-
toires, et qu’ils soient plus polyvalents ».
Des conséquences sur l’offre de soinsCouvrir plus de territoire, élargir son champ de compé-
tence. « C’est le principe du toujours plus avec moins »,
regrette Hélène Bas, pourtant en faveur de certaines restruc-
turations. Outre le problème du fi nancement, qui, s’il n’est
pas diminué reste stable pour un travail plus conséquent,
les responsables de réseaux soulignent le problème des
expertises et compétences propres aux réseaux.
« On nous demande de gérer d’autres thématiques. Or,
beaucoup de thématiques nécessitent une expertise pa-
ramédicale et médicale. Je pense aux soins palliatifs par
exemple. Les réseaux qui ont eu la chance de savoir élargir
leur action se sont appuyés sur des infi rmières qui avaient
des Diplômes Universitaires. Mais un DU ne s’improvise
pas et à un coût », analyse Hélène Bas, qui souhaiterait
bénéfi cier d’un accompagnement au changement par les
ARS.
Et Gérard Mick de conclure : « le risque, c’est de perdre des
compétences acquises en liant des acteurs multiples. S’il y a
perte d’expertise, le risque de perdre la coordination pour
des populations de patients chroniques est certain ». n
M.S.
ACTUSOINS • 26 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Actusoins • vie libérale
PAERPA :quel rôle pour les infirmiers libéraux ?
L’expérimentation du projet Personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA) a
été lancée en septembre dans la Région Centre. Deux infirmiers installés en Touraine ont
participé à l’élaboration de l’expérimentation et contribuent à sa mise en œuvre.
Dans ce territoire qui regroupe 97 communes pour
103 000 habitants, les plus de 75 ans sont envi-
ron 12 000. Autant de personnes qui peuvent être
concernées par le projet PAERPA. « L’idée de départ est
de trouver des palliatifs aux ruptures du parcours de soins
des aînés », souligne Gisèle Gravier Bujeau, infirmière
libérale à Loches (Indre-et-Loire). L’objectif est d’anticiper
afin d’éviter qu’un petit accident puisse faire perdre toute
autonomie à ce public et d’avoir à prendre des décisions
dans l’urgence. « Il s’agit d’avoir un coup d’avance, ne se-
rait-ce pour que nous ayons les bons interlocuteurs », ajoute
l’infirmière.
Dans le cadre de l’expérimentation, une grille de repérage
a été élaborée afin de définir les critères de fragilité : amai-
grissement, période de tristesse, perte d’un parent proche.
« Ce sont des éléments qui peuvent interpeller l’un de nous,
intervenants à domicile, lorsqu’on se rend compte qu’un dé-
séquilibre se créé par rapport à une situation qui se passait
bien », explique Gisèle Gravier Bujeau. Le médecin traitant
est alors interpellé, et la Coordination clinique de proximité
(CCP) à savoir, le médecin traitant, l’infirmier et éventuel-
lement le pharmacien ou le masseur-kinésithérapeute, se
réunissent, au maximum à trois personnes.
METTRE DU LIEN« Mon rôle est d’être en appui aux professionnels de santé et aux acteurs sociaux et médico-sociaux afin de permettre la collaboration entre tous les acteurs. Nous nous appuyons sur les guichets d’accueil physiques existants, les Maisons dépar-tementales de solidarité, le CLIC, les centres hospitaliers.
J’ai essentiellement une mission d’information et d’orientation des professionnels, voire de réorientation. J’assure également la gestion administrative des PPS, c’est-à-dire que je les centralise, les consulte, et vérifie l’exactitude des données. Je me renseigne pour vérifier si pour telle personne, il existe un plan d’aide à domicile, avec quel financement. Je recherche également des informations sur des filières gériatriques et psychiatriques en vue notamment d’une évaluation.
L’ensemble des informations sont restituées auprès du médecin et de la CCP. Les PPS permettent de connaitre et repérer la façon dont s’organisent les profession-nels au sein de la CCP. Je travaille donc directement en lien avec les partenaires médicaux et notamment le médecin.
Avec PAERPA, notre rôle est de permettre aux personnes âgées de bénéficier de la bonne prise en charge, au bon moment, par les bons professionnels, avec les bonnes informations, dans les bonnes structures et aux meilleurs coûts. J’assure des nouvelles missions sur le territoire où je mets simplement du lien entre les professionnels. » nEvelyne Beauvais, coordinatrice
médico-sociale de la CTA et infirmière © DR
ACTUSOINS • 28 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie libérale
La CCP « se rend chez une personne signalée par un inter-
venant à domicile qui a repéré une fragilité ou une situation
de rupture qui donne lieu à un changement de comporte-
ment soudain », fait savoir Jérôme Faichaud, infirmier libé-
ral à Genille (Indre-et-Loire). Mais elle peut aussi se réunir
à distance puisque des outils de communication sécurisés
sont en phase de développement. « Nous discutons du cas
de la personne, nous recensons ses problèmes sociaux et
médico-sociaux tels que l’organisation des transports, des
repas, la coordination, bref tout ce qui peut être probléma-
tique en termes d’autonomie », précise Gisèle Gravier Bu-
jeau. Et d’ajouter : « Il s’agit vraiment d’un travail en équipe
pluridisciplinaire innovant. Je suis infirmière depuis 30 ans
et me retrouver au domicile du patient pour une approche
globale ne m'était jamais arrivé. »
Le CCP : lieu de concertationUne fois les problèmes énumérés, la CCP réalise un Plan
personnalisé de santé (PPS) qui définit, pour un an, les ob-
jectifs à atteindre et les intervenants impliqués. Il est validé
par le médecin traitant et transmis à la Coordination terri-
toriale d’appui (CTA), le « super-organisateur » qui connaît
les moyens existants localement (lire encadré). « Mais à
chaque PPS ne correspond pas nécessairement une CTA,
car on peut parfois activer le levier local pour compléter
l’existant », explique Jérôme Faichaud.
« Dans le parcours de santé des aînés, nous constatons
régulièrement les actions qui restent à mener mais qui ne
relèvent pas de nos missions comme le portage du repas »,
souligne Gisèle Gravier Bujeau. Cela relève désormais de
la CTA. L’équipe décide ensuite d’une date afin de réaliser
une première évaluation d’atteinte d’objectifs. « Ce genre
de dispositif est assez révolutionnaire, estime l’infirmière.
Il permet de répondre au besoin grandissant que repré-
sente le maintien à domicile et la dépendance, et qui im-
pactent négativement la vie des aînés et de leurs familles.
S’ils savent qu’ils peuvent compter sur un appui sur place,
c’est formidable. »
Quelle rémunération ?Les infirmiers, médecins et pharmaciens sont bien entendu
formés au PPS et à sa manipulation en condition réelle.
Dans la région, il a par ailleurs été décidé « de lancer un
système informatique communiquant car l’outil PPS - fichier
PDF - est censé voyager par la messagerie sécurisée et
être déposé sur le DMP », indique Jérôme Faichaud. Les
organismes de tutelle ont aussi créé à titre expérimental une
lettre clef « PPS » d’une valeur de 100 euros, qui s’ajoute à
la nomenclature actuelle. « Nous y attribuons le coefficient,
qui est de 0.6 pour le médecin et de 0.4 pour les infirmiers
et ce sont les caisses qui règlent directement », explique
Gisèle Gravier Bujeau. Si la CCP est composée de trois
personnes, la répartition est de 40 % pour le médecin et de
30 % pour les autres. n
LAURE MARTIN
La direction de la Sécurité sociale, estime que « le montant annuel moyen des plans d’actions est de 1,87 millions d’euros par territoire ». Selon le ministère, l’enveloppe budgétaire bénéficie à 53 % à la prise en charge à domicile, pour la rémunération des professionnels libéraux. À terme, ces parcours devraient concerner 7 000 professionnels de santé et bénéficier à près de 190 000 personnes âgées.
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ACTUSOINS • 30 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Actusoins • vie professionnelle
Travail en12 heures :un débat sans fi n
Il y a d’abord les jours de repos. « Quand on travaille en
12 heures, on en a plus. Cela permet d’avoir de vraies
coupures et une vie personnelle plus facile à gérer », ex-
plique Arielle Guyader, infi rmière dans le service de réani-
mation de l’hôpital Tenon, à Paris. Il y a les plannings, fi xes,
qui ne connaissent en général pas le décalage horaire, l’al-
ternance constante entre le matin avec l’après-midi, voire
avec la nuit. Il y a aussi la répartition du travail, qui sem-
blerait plus équilibrée sur la journée, avec une organisation
des tâches mieux répartie, des transmissions plus effi caces
parce que moins nombreuses et des patients satisfaits d’une
unité soignante dans une même journée.
Ces avantages de l’organisation du temps de travail en
12 heures, vantés par de nombreux soignants ainsi que
par les directions d’établissements qui y trouvent leur
compte économiquement, personne ne les contredit vrai-
ment. Pourtant, le travail en 12 heures fait l’objet d’un réel
débat. Parce qu’il est illégal sans justifi cation dérogatoire,
mais surtout parce qu’il nuirait à la santé des agents ainsi
qu’à la qualité des soins.
Les soignants et les directions s’accordent. Les syndicats contestent« Si la réglementation interdit les 12 heures, c’est qu’il y a
une raison », ironise Denis Garnier, de FO Santé, membre
titulaire de la CHSCT du Conseil supérieur de la Fonction
Publique Hospitalière. « On ne peut pas accorder toutes
les dérives sous prétexte que ça arrange. Si on commence
à appliquer le droit en fonction des desideratas des uns et
des autres, nous ne sommes plus dans une République »,
ajoute le syndicaliste. Alors que les directions et le person-
nel - selon plusieurs études - semblent s’accorder sur l’orga-
nisation du temps de travail en 12 heures, les syndicats, en
grande majorité montent au créneau.
Paradoxal pour des représentants du personnel supposés
défendre les intérêts et les volontés des agents ? Pas tant
que cela selon Denis Garnier : « il est tout de même curieux
de voir les volontés du personnel prises en compte sur ce
point, parce qu’elles génèrent 5 % d’économie, mais igno-
rées quand il s’agit de pointer les dysfonctionnements liés à
ce mode de travail ».
Alors qu’un groupe de travail
se réunit au ministère de la
santé depuis l’automne pour
établir des recommandations
d’application sur le travail en
12 heures chez les soignants,
ce mode d’organisation,
pratiqué depuis des années par
certains établissements, tend à
se généraliser dans la fonction
publique hospitalière.
Ce qui crée un réel débat.
“Les soignants sont
prêts à travailler jusqu’à
13 heures par jour au lieu
des 12 heures déjà trop
longues, pour assurer
les transmissions, qui,
la plupart du temps ne
peuvent pas être incluses
dans le temps de travail.
”© Stuartbur/Fotolia
ACTUSOINS • 32 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
Ce que dénoncent les syndicats, entre autres, ce sont des
conditions de travail bafouées, qui ne respecteraient pas
la réglementation. « Et malheureusement, les soignants sont
prêts à travailler jusqu’à 13 heures par jour au lieu des
12 heures déjà trop longues, pour assurer les transmis-
sions, qui, la plupart du temps ne peuvent pas être incluses
dans le temps de travail. En général, le temps d’habillage
et de déshabillage n’est pas inclus dans les 12 heures
non plus, puisque le temps de chevauchement entre deux
équipes ne le permet pas. Tout cela juste parce que les
soignants pensent être gagnants par ailleurs, ce qui n’est
pas le cas », dénonce Nathalie Depoire, de la CNI (Coor-
dination Nationale Infi rmière) qui insiste cependant sur son
positionnement moins « tranché » que d’autres syndicats.
« De plus, ajoute-t-elle, dans ces cas, les 12 heures de re-
pos obligatoires entre deux journées de travail ne sont pas
respectées ».
La justice s’en mêleD’après le cadre réglementaire, la durée quotidienne du
temps de travail ne peut excéder 9 heures pour les équipes
de jour, 10 heures pour les équipes de nuit. Dans certains
cas, lorsque des contraintes justifi ées l’exigent, elle peut
être fi xée à 12 heures. Des contraintes pouvant justifi er le
travail en 12 heures dans le service de réanimation polyva-
lente de l’hôpital Tenon, la CGT n’en a pas trouvées.
Alors, en août 2012, le syndicat a attaqué l’AP-HP auprès
du tribunal administratif. Et a obtenu gain de cause. Si
la décision de justice prévoyait l’abandon de ce rythme
en 12 heures pour le service, la fusion du service avec
un autre a permis de rétablir le rythme en douze heures,
rendant la décision de justice inapplicable. Certains syndi-
cats, sous pression du personnel du service, à 98 % favo-
rable au travail en douze heures d’après un questionnaire
interne, ont fi nalement cédé et appuyé les agents dans leur
choix.
« Il ne faut surtout pas interdire le travail en douze heures »,
estime Cécile Kanitzer, conseillère paramédicale à la
FHF (Fédération Hospitalière de France), qui participe au
groupe de travail sur l’organisation des 12 heures au mi-
nistère. « À la FHF, nous défendons ce mode de travail au
même titre qu’un autre. Et comme tout autre mode de tra-
vail, il doit être suivi d’indicateurs : répartition de la charge
de travail sur la journée, temps de pause… ».
Après avoir analysé les études déjà menées et audition-
né des établissements qui pratiquaient les douze heures,
le groupe, mandaté par la DGOS, devrait établir des re-
commandations à l’usage des établissements hospitaliers.
Pour Cécile Kanitzer, il faut raisonner en termes de type
d’activité : « ce mode de travail semble vraiment adapté
à certaines activités, comme la gynécologie, les urgences
ou la réanimation par exemple. Pour d’autres activités, il
faudra le prendre avec plus de prudence ».
Mixité des horaires : la solution ?Pour la FHF, la solution serait de proposer une mixité des
horaires, avec plusieurs types d’horaires dans le même
service. « Le problème à l’hôpital, c’est qu’on est un peu
mono-modèle. Il y a soit des services qui ne travaillent
qu’en 7, 8 ou 9 heures, soit des services qui ne travaillent
© DR
Campagne « le 12h c’est le bonheur » du collectif Tenon.
ACTUSOINS • 33 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
qu’en 12 heures. Il faudrait créer davantage d’offres pour
répondre aux différents profils de personnel. On sait très
bien par exemple que la tranche des 25-30 ans est plus in-
téressée par les 12 heures que la tranche des 50-60 ans »,
remarque Cécile Kanitzer.
Une solution envisageable, mais « peu idéale », selon
Denis Garnier de FO, qui craint des dérives et note les
inconvénients en termes de transmissions. « Tant pour les
arrivées que pour les départs différés, dans le cas de prises
de services décalées, il ne reste bien souvent qu’un soi-
gnant pour prendre et transférer les consignes. Cela pose
un problème de sécurité dans la continuité des soins ».
Mauvais pour la santé et pour la vigilanceC’est ce que révèlent de nombreuses études sur le travail
en 12 heures, que celui-ci ait lieu le jour ou la nuit. Ainsi,
une étude a établi l’existence d’une corrélation entre la pré-
sence de conduites addictives et un poste de travail d’une
durée supérieure à 8 heures chez les infirmiers. D’autres ont
montré que la prise de poids, les maladies dorso-lombaires
sont bien plus importantes aussi dans le cadre du travail
en 12 heures.
« Il est certain qu’il vaut mieux organiser le travail en
8 heures qu’en 12 heures si on a des tâches physiques. Le
travail en 12 heures entraîne aussi une baisse de vigilance
avec un risque d’accident qui est quasiment doublé », ex-
plique Laurence Weibel, docteur en neurosciences, chrono-
biologiste et chargée de prévention à la Carsat d’Alsace
Moselle (Caisse d’Assurance retraite et de la santé au tra-
vail). Elle préconise l’arrêt de ce type de travail quand il
peut être évité, en rappelant les textes. « Le code du travail
demande à l’employeur de préserver la santé et la sécuri-
té du salarié et d’obtenir un résultat. Ensuite, l’employeur
prend ses responsabilités. Il est libre d’écouter nos recom-
mandations ou non », explique cette chronobiologiste.
« Malheureusement, quand il y aura un accident, et il y en
aura, ce n’est pas le travail en 12 heures qui sera attaqué,
mais l’infirmier responsable », conclut amèrement Denis
Garnier de F.O. Quand le bonheur des uns fait le malheur
des autres… et inversement. n
MALIKA SURBLED
LES INFIRMIERS TÉMOIGNENTJ’habite à 45 minutes de mon lieu de travail. Certains de mes collègues, eux, mettent 1 heure pour venir et 1 heure pour repartir, soit 2 heures de transport dans la même journée. Le travail en 12 heures nous permet de limiter tous ces déplacements à 3 ou 4 fois par semaine. Cela fait moins de temps de transport, et moins de frais d’essence pour ceux qui viennent en voiture. n
Céline, 36 ans
J’avoue préférer le travail en douze heures car cela me permet de temps en temps d’aller travailler ailleurs. J’effectue 2 à 3 fois par mois des missions en intérim, en plus de mon travail à plein-temps. Ça me permet de boucler mes fins de mois. Certes, je suis fatiguée, mais ça vaut le coup financièrement. n
Julie, 29 ans
Je n’ai pas eu le choix. La clinique dans laquelle je travaille est en douze heures et je m’y suis pliée car géographiquement, c’était idéal pour moi. J’avais un peu peur de la fatigue, mais je m’y suis faite. Néan-moins, comme nous ne sommes que deux infirmières pour 30 lits, il est difficile de s’absenter à midi pour le repas. Et cette heure n’est pas prise en compte dans notre salaire. Du coup, nous sommes présentes 12 heures sur place, payées 11, et n’avons pas de temps commun avec l’équipe de nuit pour les transmis-sions. C’est un peu limite à mon sens car les journées durent finalement 13 heures si l’on veut assurer des transmissions de qualité, soit 2 heures de plus que prévu. Si j’ai l’opportunité d’aller vers l’hôpital de jour ou vers les consultations, qui ont des horaires d’ouver-ture plus limités, j’irai, sans aucune hésitation, même s’il faut travailler 5 jours par semaine. n
Sarra, 26 ans
J’ai volontairement choisi de travailler la nuit, et ce, depuis 15 ans maintenant. L’activité est différente, les relations aux patients plus vraies, car on peut prendre le temps. Les deux hôpitaux dans lesquels j’ai travail-lé ne proposaient que le rythme des 12 heures pour la nuit. Sinon, certains établissements pratiquent les 10 heures. 10 heures ou 12 heures, pour moi, ça revient au même. Alors autant être présent 12 heures, ça arrange tout le monde, et ça fait plus de jours de repos. Pendant la nuit, j’ai des temps de repos. En général, il y a une tournée à 20 heures, à 22 heures, puis une autre à 6 heures. Du coup, sauf urgences, je peux me reposer entre ces deux tournées, tout en res-tant vigilant et en jetant un œil de temps en temps aux chambres. Cela me convient parfaitement. Si l’on me demandait de passer en 8 heures ou en 10 heures, j’avoue que je ne serais pas vraiment content. n
Christophe, 42 ans
“Il faudrait créer davantage d’offres pour
répondre aux différents profils de personnel.
On sait très bien par exemple que la tranche
des 25-30 ans est plus intéressée par les
12 heures que la tranche des 50-60 ans.
”
ACTUSOINS • 34 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
Bientraitance :un jeu pour (re)prendre conscience
Deux psychologues du centre hospitalier de Wattrelos, dans le Nord, ont imaginé un jeu
de société, la Malette de la bientraitance, qui sert de support à une formation.
Cécile Kaczmarek, psychologue, et Sophie Lam-
ballais, neuropsychologue, chargées de former
le personnel de l’hôpital de Wattrelos (Nord) à la
bientraitance, ont imaginé un support de formation origi-
nal « qui associe le plaisir et l’apprentissage », explique
Sophie Lamballais. Un véritable jeu de société qui interroge
les pratiques des participants : infirmières, aides-soignantes,
ergothérapeutes, agents hospitaliers, brancardiers, kinés…
La formation dure une journée. La matinée est consacrée à
la présentation des différentes formes que peut revêtir la mal-
traitance et de ce qu’est la bientraitance, notamment via la
pyramide de Maslow. L’après-midi, place au jeu, édité part
une société locale et financé par l’hôpital. Une partie dure
entre 30 minutes et une heure et peut se jouer individuelle-
ment ou par équipe mais elle n’a pas de fin, explique Céline
Kaczmarek, car « la bientraitance se cultive au quotidien ».
Anna, infirmière dans le service de rééducation, a appré-
cié la dimension ludique, la découverte théorique et les
questionnements autour de situations « très parlantes ».
« On s’est prises au jeu, on n’avait plus envie d’arrêter »,
raconte-t-elle. Sa collègue Sophie, également infirmière, a
beaucoup apprécié les échanges du groupe autour des
situations soulevées par le jeu.
Réfléchir et modifier ses pratiquesLes ressorts du jeu s’inspirent des règles du Monopoly ou
du jeu de l’oie. À partir d’une case de départ, les joueurs
lancent les dés et tombent sur des cases qui appellent
une réaction, un échange ou offrent une information. Cer-
taines révèlent des cartes qui posent une question ouverte.
D’autres montrent des situations de maltraitance. Le joueur
donne alors son avis sur la façon dont le soignant se com-
porte vis-à-vis du patient et sur la meilleure attitude à adop-
ter. Les participants donnent un jeton à la personne qui a,
selon eux, le « mieux » répondu.
Sur d’autres cases encore, les joueurs découvrent des
points de droits précis sur la maltraitance, la vulnérabilité
de certaines personnes et ce que cela implique. Une sorte
de case « prison » oblige le joueur, pour en sortir, à donner
un jeton ou à écrire un besoin sur la pyramide de Maslow.
Au fil du jeu, les participants réfléchissent aux situations
évoquées, prennent conscience du poids des habitudes et
des organisations. Comme cette situation où une soignante
qui apporte le repas d’une personne âgée refuse de l’ame-
ner aux toilettes car « ce n’est pas le moment ». Où celle
où une autre entre sans frapper dans une chambre. « Avant
d’être dans le travail, il faut penser au patient », souligne
une autre infirmière, Emeline. Une situation dans laquelle
une patiente âgée est infantilisée a aussi choqué Sophie.
Anna veille désormais « aux mots [qu’elle] emploie car on
ne connaît pas le vécu des personnes ». Une femme qui
n’a jamais eu d’enfants peut ne pas apprécier qu’on lui
souhaite la fête des mères, même si on avait l’intention de
lui faire plaisir. Au final, le jeu incite chacun, au quotidien,
à modifier ses pratiques. n
OLIVIA DUJARDIN© DR
ACTUSOINS • 35 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
Elles ont choisi L’EHPADLes établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) attirent peu.
Ils souffrent d’une mauvaise image, malgré les changements opérés depuis dix ans.
Rencontre avec des soignants passionnés, mais souvent débordés.
Infirmière expérimentée, Sabrina exerce depuis trois ans
à l’Ehpad des Champs-Manceaux, à Rennes. À l’origine
de ce choix, une opportunité plutôt qu’une réelle volonté.
« Je quittais mon activité en libérale, je cherchais un emploi
salarié », explique-t-elle. Mais elle ne regrette pas. « J’ai
l’impression d’exercer mon métier dans toutes ses dimen-
sions avec des soins très intéressants, tout en continuant à
apprendre ».
Du nursing, la maison de retraite ? « Depuis qu’on est passé
aux Ehpad, ce n’est plus du tout ça. Les patients sont âgés,
donc polypathologiques. Il y a tellement de soins différents
que j’ai parfois l’impression d’être de retour en médecine
– sauf qu’on y est une infirmière pour vingt patients, contre
une pour quarante en Ehpad. Mon expérience en libérale
me sert beaucoup ». Les maladies les plus fréquentes ? Dia-
bète, maladies cardio-vasculaires, ulcères, Alzheimer…
Près de la moitié des 80 résidents de cet Ehpad situé en
quartier populaire sont en effet dépendants psychiques.
Prendre soin des personnes âgées, une véritable vocation pour Cathy Peltier, infirmière clinicienne à l’Ehpad de Craon (Hôpital local du sud-ouest mayennais).
© Céline Diais
ACTUSOINS • 36 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
Soins et écouteEn ce jeudi matin, Sabrina alterne entre pansements, trai-
tements… et écoute. L’une de ses patientes, très âgée mais
lucide, s’inquiète de sa dernière chute. « J’ai perdu la tête
pendant une semaine. Je ne retenais rien, je n’y voyais
plus… J’espère que ça ne va pas revenir ? », se soucie-t-
elle. Tout en changeant son pansement, Sabrina rassure et
questionne. « Vous ne trouvez pas que votre déambulateur
roule trop vite ? ». « Ah si… », réalise la vieille dame, « je
marchais beaucoup avant mais maintenant je n’ose plus ».
Sabrina, qui a déjà pris rendez-vous avec un gériatre, va
aussi contacter l’ergothérapeute. Le suivi médical étant as-
suré par les médecins libéraux – hors médecin coordon-
nateur – les infirmières des Ehpad sont un peu les chefs
d’orchestre de la prise en charge des patients. Pour cette
raison, Sabrina recommanderait le travail en Ehpad à une
collègue mais pas forcément à une débutante. « C’est
bien d’avoir déjà trois ou quatre ans d’expérience. Il faut
avoir un bon diagnostic infirmier et des prises de déci-
sion sûres ». Bien connaître les spécificités liées au grand
âge est aussi essentiel. Comme une infection urinaire, par
exemple, dont souffre sa patiente. « Cela peut entraîner
des troubles du comportement, de l’équilibre et des pertes
d’appétit chez la personne âgée ». Des symptômes très sur-
veillés en Ehpad, où l’objectif est de maintenir au mieux
l’autonomie. « Permettre la verticalité vingt minutes par jour,
c’est retarder la grabatisation et la dépendance », rappelle
Maryline Brocas-Lidec, l’infirmière-cadre de l’Ehpad.
Une décennie de mutationsL’âge d’entrée en Ehpad ne cesse de reculer : 85 ans en
moyenne en 2013, soit cinq ans de plus qu’il y a 25 ans(1).
Conséquence ? Une dépendance accrue et un niveau de
polypathologies « proche de celui des unités de soins de
longue durée, avec des besoins médicaux croissants », se-
lon le cabinet de conseil KPMG.
L’autre changement de la dernière décennie ? L’individua-
lisation de la prise en charge. « Avant, on s’attachait au
bien-être du résident mais sans poser forcément des ob-
jectifs de soin. Aujourd’hui, c’est notre priorité, avec un
réel projet autour de la personne », explique Maryline
Brocas-Lidec. Dans cet Ehpad géré par la ville de Rennes,
cela se traduit par un projet de vie (animations, lien so-
cial…) et un projet de soin (prescription infirmière) basés
sur le recueil d’histoire de vie du résident ainsi qu’une
évaluation de ce dernier, réalisée par les infirmières, les
aides-soignantes et l’ergothérapeute. Le tout étant soumis
à la personne âgée pour accord. Pour Sabrina, « ce n’est
plus le résident qui doit s’adapter à la collectivité, ça
change tout ».
Infirmière depuis 10 ans, Sabrina travaille en Ehpad depuis 3 ans après un début de carrière à l’hôpital puis en libérale.
© Céline Diais
ACTUSOINS • 37 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
Moins de pénibilitéAide-soignante à l’Ehpad de Craon, une commune rurale
de Mayenne, Elisabeth Bouvier a démarré sa carrière
dans les années 1980, dans ce que l’on appelait encore
l’hospice. « Je trouvais le temps long ! Il y avait peu de
toilettes mais beaucoup de ménage : le fumoir à nettoyer,
le parquet à encaustiquer… ». Un autre monde, comparé à
aujourd’hui : « on a des lits à hauteur variable, des vertica-
lisateurs, des guidons de transfert… », énumère l’aide-soi-
gnante, « mais ça ne fait pas tout, il faut quand même avoir
de la résistance physique ».
« Il y a aussi la résistance psychologique : les résidents ne
sont pas toujours agréables, surtout lorsqu’il y a démence »,
ajoute sa collègue Alexandra Charnier. À 33 ans, elle ap-
précie le travail en Ehpad, où elle a débuté. L’individualisa-
tion de la prise en charge a aussi amélioré leurs conditions
de travail. L’Ehpad de Craon, géré par l’hôpital public lo-
cal, a ainsi réparti ses 137 résidents par secteurs, avec des
équipes fixes d’aides-soignantes.
Terminé la course pour réaliser toutes les toilettes de l’étage.
« Ça peut être un moment difficile, on entre dans l’intimité
des gens. Certains arrivent de chez eux et n’ont jamais eu
d’aide extérieure. Cette organisation facilite l’adaptation et
peut éviter les comportements agressifs chez les personnes
désorientées », explique Alexandra. Les aides-soignantes
sont aussi référentes du projet de vie de la quinzaine de
résidents de leur secteur. Conseilleraient-elles leur travail à
de futures collègues ? « Oui, mais c’est une vocation : il faut
aimer les personnes âgées ».
Construire du lienLa vocation, Cathy Peltier l’a sans aucun doute. Cette
infirmière travaille à Craon depuis 13 ans. Un choix ré-
fléchi. « J’ai fait mon stage ici et je suis restée. Je n’étais
Maryline Brocas-Lidec aujourd’hui infirmière-coordinatrice.
© Céline Diais
© Céline Diais
Pour Sabrina, « C’est bien d’avoir déjà trois ou quatre ans d’expérience. Il faut avoir un bon diagnostic infirmier et des prises de décision sûres. »
ACTUSOINS • 38 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vie professionnelle
JOURNÉES Prenons soin de nos aînés
16 & 17 NOVEMBRE2015 PARMI LES INTERVENANTS :sociologue, auteur.
Eric Minnaert, anthropologue. éducateur physique, auteur.
école du Toucher-massage, auteur. Françoise Boissières,
psychologue. cadre de santé.
kinésithérapeute, auteur. art-thérapeute.
D’AUTOMNE
organisme gestionnairedu développementprofessionnel continu
PROGRAMME DPC N°40881500019
pas forcément attirée par la technique pure et des services
de pointe comme la chirurgie. C’est le lien au patient et le
travail sur le long terme qui me plaisent ». Comme Sabrina,
elle apprécie la polyvalence du métier. « On peut passer
de la cardio à la neuro, c’est très varié. Il faut connaître un
peu de tout, être bien organisée et autonome car on n’a
pas de médecin sur place. Et le week-end, comme nous ne
sommes que deux infi rmières, il faut de bonnes baskets ! ».
Malgré un planning chargé, Cathy met un point d’honneur
à prendre le temps de discuter avec chaque patient. « On
traite la pathologie mais aussi la personne », martèle l’in-
fi rmière clinicienne. Dans une chambre, elle discute chan-
deleur avec une patiente atteinte d’Alzheimer, dans une
autre, elle convainc une dame âgée d’aller manger, tout
en refaisant des pansements. « Ce temps, je le prends,
quitte à être speed après. C’est un moment que les patients
nous donnent. Ils déchargent leurs émotions et nous, on y
apprend beaucoup de choses que l’on peut transmettre à
l’équipe pluridisciplinaire ».
Effectifs restreintsSi les infi rmières d’Ehpad peuvent s’appuyer sur des parte-
naires (équipes mobiles de soins palliatifs, infi rmières HAD,
SOS médecins…), la gestion de ces nombreux intervenants
est chronophage. Médecins traitants injoignables et spé-
cialistes débordés sont leur quotidien. Une charge de tra-
vail aussi lourde du côté des infi rmières-cadre, qui doivent
gérer plannings, management, relations avec les familles…
Le mot qui revient le plus souvent ? « La course ».
La cause, ce sont les ratios – trop faibles – d’effectifs, fi xés par
les pouvoirs publics selon le nombre de patients et leur degré
de dépendance. Cette dernière « augmente mais les moyens
fi xés par l’agence régionale de santé restent constants », dé-
plore Marilyne Brocas-Lidec, à Rennes. Son Ehpad compte 4
infi rmières et 16 aides-soignantes (dont 2 de nuit et un pool
de 2 remplaçantes) pour 80 résidents. « On est beaucoup
à l’écoute de nos soignants avec le souci de développer
leurs compétences par la formation, notamment à l’« humani-
tude » (2), et on adapte continuellement notre organisation aux
besoins. Cela permet d’optimiser le temps, mais ça ne donne
pas plus de bras », explique l’infi rmière-coordinatrice. Mêmes
solutions employées à l’Ehpad de Craon, qui bénéfi cie en
outre d’une infi rmière de nuit grâce à son lien avec l’hôpital,
aux côtés de ses 6 infi rmières et 48 aides-soignantes (dont 3
de nuit) pour 137 résidents. n
AMÉLIE CANO
(1) Source : Observatoire des Ehpad 2014, KPMG-FEHAP
(2) Philosophie de soin dédiée aux personnes âgées
UN SECTEUR QUI RECRUTE… UN PEU MOINSMais qui reste porteur ! Si la France compte 1,2 million de personnes âgées dépen-dantes aujourd’hui, elles devraient être 1,8 million en 2050. Mais la frénésie de recrutement des années 2000 s’est calmée. « Lorsque les maisons de retraite privées se sont médicalisées à cette époque, elles ont dû recruter très intensivement. Cela a créé des pénuries », explique Florence Arnaiz-Maume, déléguée générale du Syner-pa, syndicat des maisons de retraites privées.
Aujourd’hui, la situation est revenue à la normale mais le secteur reste créateur d’emplois. Le Synerpa assure réaliser 12 000 embauches par an en moyenne, dont 3 000 créations nettes de poste. « Il y a davantage de besoins en aides-soi-gnantes qu’en infi rmières », pointe Florence Arnaiz-Maume – un constat partagé par la FEHAP (privé non lucratif). Avec cependant des profi ls recherchés du côté de s IDE. « Nous apprécions les infi rmières en fi n de carrière car elles ont une grande expérience et de nombreuses compétences. Elles ont tout intérêt à venir en Ehpad : un poste d’infi rmière coordinatrice, par exemple, est en haut de la hiérarchie, on n’y travaille pas de nuit et peu le week-end ».
Le Synerpa avance aussi les efforts menés par les Ehpad privés pour se rendre at-tractifs : convention collective, réduction de la pénibilité, perspectives de carrière… « 80 % de nos salariés sont en CDI et à temps plein ». n
ACTUSOINS • 39 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • à la loupe
Maison de Solenn :des infirmières en première ligneCréée il y a une décennie grâce à l’opération pièces-jaunes, La Maison de Solenn a déjà
accueilli plus de 10 000 jeunes atteints de troubles psychologiques. Actusoins a fait
la connaissance de Pauline, Sandrine et Nathalie, les trois infirmières de l’hôpital de jour
de cet établissement pionnier.
Dans la grande salle de repos flambant neuve, le
téléphone sonne. Pauline, 26 ans, interrompt la
conversation. « C’est Madame Durand*, je dois
vraiment la prendre… », s’excuse-t-elle. Nous sommes à la
Maison de Solenn, lieu d’accueil pour les adolescents en
souffrance, dans l’enceinte de l’hôpital Cochin. Créée il y
a plus de 10 ans par Bernadette Chirac, présidente de la
fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, et Patrick
Poivre d’Arvor – qui a perdu sa fille, Solenn, anorexique, en
1995 – grâce à l’opération « Pièces jaunes », cette structure
pluridisciplinaire est devenue la référence dans le domaine.
Anorexie, boulimie, dépressions, névroses, en une décen-
nie, La Maison de Adolescents (MDA), sise dans le dans
le 14e arrondissement de Paris, a soigné plus de 10 000
jeunes âgés de 11 à 19 ans.
Pauline, infirmière depuis trois ans et demi, autant passé à
la MDA, poursuit son entretien avec la mère d’une adoles-
cente : « Écoutez, ce projet d’internat thérapeutique a été
préparé pendant plusieurs mois avec votre fille. Nous ne
pouvons pas la reprendre comme ça du jour au lende-
main ». Sophie*, l’adolescente en question, a quitté l’hô-
pital de jour de la Maison de Solenn, pour reprendre sa
scolarisation dans une structure adaptée, mais elle n’a tenu
que quelques jours. Patiemment, la jeune soignante essaye
de faire entendre raison à la mère de famille… sans y
parvenir. La jeune soignante raccroche. « Une partie du
travail, se passe au téléphone avec les famille », commente
Isabelle, 59 ans, cadre de santé, qui assiste à la conver-
sation. Et Pauline de sourire : « Et parfois le travail est plus
compliqué avec eux qu’avec les jeunes… ».
C’est une des particularités de la Maison de Solenn : ici,
les infirmières sont en première ligne. Elles sont au centre du
dispositif mis en place à l’hôpital de jour. Pauline, Sandrine
et Nathalie, sont chacune en charge d’une quinzaine de
d’adolescents. Autant infirmières qu’éducatrices, elles sont
les interlocutrices privilégiées des adolescents, font le lien
avec les médecins – qui ne sont pas là en permanence –,
les parents, mais aussi avec les animateurs extérieurs qui
interviennent chaque semaine auprès des jeunes.© Juliette Robert
A gauche Nathalie, à droite Sandrine, infirmières à l'hôpital de jour de la Maison de Solenn.
ACTUSOINS • 40 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • à la loupe
Aujourd’hui, nous sommes conviés à l’hôpital de jour, éga-
lement appelé « centre d’accueil thérapeutique à temps
partiel » qui accueille une soixantaine de jeunes, une à
trois fois par semaine. La MDA dispose également d’un
service d’hospitalisation de vingt lits, dont six réservés aux
troubles du comportement alimentaire (TCA), six à la pédia-
trie, six à la pédopsychatrie et deux aux situations de crises
quelles qu’elles soient. C’est au service d’hospitalisation de
la MDA que Pauline a passé ses trois premières années.
Une expérience enrichissante mais la jeune infirmière est à
la recherche « d’une approche plus globale du patient ».
Elle demande donc à rejoindre l’HDJ. Huit mois plus tard,
elle ne regrette pas son choix : « Ici, on fait appel à diffé-
rentes compétences, on développe une relation à part avec
les familles car les médecins ne sont pas là toute la journée.
Cela nous permet de prendre une certaine distance théra-
peutique ».
Sport, loisirs et jeuxDans les couloirs, pas l’ombre d’une blouse blanche. Pour
détendre l’atmosphère, Pauline et ses collègues sont en te-
nues « civiles ». Même ambiance dans les locaux multico-
lores de la MDA… Avec ses poufs aux couleurs acidulées,
sa salle de sport, ses grandes baies vitrées, le bâtiment
ressemble davantage à un centre aéré qu’à un hôpital.
Sorti de la salle de réunion du personnel, au détour d’un
couloir, on découvre même une grande cuisine dernier cri.
En réalité, il s’agit d’« une cuisine thérapeutique », où les
jeunes peuvent participer à des ateliers culinaires et pré-
parer les repas qu’ils dégusteront au déjeuner. D’ailleurs,
à la cantine, on aperçoit quelques dizaines d’adolescents
en train de manger. Pour ces adolescents victimes de
troubles du comportement alimentaire, le repas est consi-
déré comme « un temps de soins ». « Le moment des re-
pas est important, quand il y a un refus, on ne force pas,
commente Pauline, on essaye de comprendre pourquoi
cette ado, enlève patiemment le gras du poulet, coupe sa
viande en petits morceaux… ».
Mais c’est déjà l’heure de quitter la cuisine direction… le
studio radio. Aujourd’hui, la pièce est vide, mais à travers
les photos accrochées sur les murs, on devine partout l’en-
thousiasme de plusieurs promotions d’adolescents. Là, po-
sant au côté de l’humoriste Florence Foresti, ici, avec Cyril
Hanouna ou Florent Pagny et des nombreux artistes venus
animer l’atelier radio, les jeunes de la MDA ressemblent
à des adolescents comme les autres. « C’est un moment
où on se lâche, explique la cadre de santé, c’est aussi
un vrai moment de partage, avec le journaliste de RTL qui
anime l’atelier le jeudi, mais aussi avec les infirmières qui
se prêtent au jeu ». « Mais tout ce qui se dit reste ici, il n’y
Autre moment d’expression : les ateliers artistiques.© Juliette Robert
ACTUSOINS • 41 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • à la loupe
a pas de diffusion des émissions à l’extérieur », prévient
Sandrine, 49 ans.
Cette infi rmière à l’hôpital de jour a travaillé en réanima-
tion néo-natale puis en psychiatrie, avant de déposer une
candidature spontanée à la maison de Solenn. « J’étais en
recherche d’une prise en charge globale. Contrairement au
milieu hospitalier plus classique, ici, nous prenons le temps
de la réfl exion, nous avons aussi un rôle d’éducation, de
formation », précise-t-elle, convaincue. Et d’ajouter : « Ici,
on a pas de seringue, on est pas dans la toute puissance
médicale. C’est pour cette raison que nous sommes dans
une perpétuelle remise en cause de notre manière de soi-
gner ». D’ailleurs, l’essentiel des soins de l’hôpital de jour
de la Maison de Solenn, semble passer par la « verbali-
sation », une étape essentielle vers la guérison pour ces
adolescents en souffrance.
Groupe de parolesNathalie, une infi rmière globe-trotteuse qui a fait ses armes
en psychiatrie et, pendant, quelques années « dans l’ani-
mation socio-culturelle » montre fi èrement une mappemonde
accrochée au mur. « Quand nous discutons ensemble de
l’actualité, j’aime bien leur montrer où se trouve les pays
sur la carte, cela leur ouvre d’autres horizons », explique
la jeune femme d’une trentaine d’années. La carte devient
alors le prétexte à une discussion entre les adolescents et
l’infi rmière. Le prétexte peut-être aussi un article dénichée
dans la presse gratuite. Ou encore une photographie pré-
sentée par la psychologue de l’hôpital de jour. « Nous
avons également un jeu de cartes avec des questions à po-
ser au groupe, par exemple, dans quel pays aimerais-tu te
marier ? », poursuit Nathalie. Mais parfois, les accessoires
sont superfl us et la discussion s’engage toute seule dans
ces groupes de paroles que le personnel préfère appeler
« bruits de couloirs » et « fi l de l’histoire ».
Ces échanges sont des temps de « socialisation » pour les
jeunes autant que des moments de détection d’un mal-être
plus important par les soignantes. « Ils sont libres de par-
ler, mais cela reste une discussion cadrée car parfois, ils
peuvent être agressifs envers les autres et reproduire ce
qu’ils ont vécu à l’école », raconte encore la soignante.
Autre moment d’expression : les ateliers artistiques qui
se déroulent l’après-midi. « Cela m’arrive de sculpter ou
de peindre avec les jeunes ! », sourit Nathalie. Mais les
soignantes doivent garder un œil sur leurs adolescents :
« Il peut arriver qu’ils s’expriment de cette manière, par
exemple en réalisant un dessin un peu morbide et dans ce
cas, il faut prévoir une discussion ».
Sandrine, Nathalie et Pauline sont très enthousiastes, pour-
tant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous. La ben-
jamine se rappelle d’une nuit en hospitalisation avec une
jeune fi lle anorexique qui avait arraché sa sonde d’alimen-
tation pour la dixième fois de la soirée. « Je me suis sentie
tellement désemparée. L’anorexie n’est que la conséquence
d’un problème psychologique plus profond… Et se dire que
ressonder à chaque fois ne sert à rien c’est très diffi cile ».
Pour Nathalie, le plus dur est de parvenir « à prendre du
recul, surtout lorsque le lien construit avec l’adolescent est
très fort. Nous sommes émotionnellement en première ligne
et parfois ce n’est pas évident. Il faut un peu de temps
et d’expérience pour prendre du recul face aux attitudes
agressives. Il faut comprendre que nous ne sommes pas
vraiment visées mais que pour l’ado, nous sommes un
repère, un miroir. Heureusement, ici, nous pouvons aus-
si compter sur les autres professionnels ». Et Pauline de
conclure : « Quand je suis arrivée ici, j’avais 22 ans et je
croyais que j’allais sauver le monde… J’ai vite compris que
La Maison de Solenn, ça n’était pas moi, c’était d’abord,
toute une équipe ! » n
LEILA MINANO
* Les noms et prénoms ont été changés.
© Juliette Robert
“Quand je suis arrivée ici, j’avais 22 ans et je
croyais que j’allais sauver le monde… J’ai vite
compris que La Maison de Solenn, ça n’était
pas moi, c’était d’abord, toute une équipe !
”
Au téléphone, Pauline discute avec une famille.
ACTUSOINS • 42 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
L’accompagnement des responsables techniques
L’accompagnement de l’accueil du résident et de sa famille
La détection et la prévention de la pré-dépendance et de la perte d’autonomie
La communication triangulaire (résident, famille, soignant)
La mise place de projets d’animation de l’établissement
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Actusoins • initiative
Comme un pharedans la rue
Situé à Pau, « Le Phare » propose un accueil de jour aux
personnes en grande précarité. C’est le seul centre en
France qui fait fonctionner ensemble les services des
associations, de l’hôpital, du département et de la ville,
pour une population victime parfois « d’auto exclusion ».
Quand le maire de Pau a lancé un arrêt anti-men-
dicité en 1995, il ne se doutait pas que cela
aurait des conséquences vingt ans après. « Pour-
tant tout est parti de là » nous explique Eddy Marceddu, le
responsable de la structure : « La municipalité a demandé
aux associations d’accueillir les sans abri. Une première
association s’en est occupée, ils avaient un hangar où ils
proposaient des douches et un accueil pour la journée.
Et puis il a fallu un deuxième hangar et ensuite une autre
association a proposé d’autres services… Petit à petit c’est
comme ça qu’on s’est tous retrouvés dans les mêmes lo-
caux. Enfin, en 2007 on a pu faire tomber les murs et
travailler tous ensemble dans cette grande structure qu’est
Le phare ».
Une équipe uniqueAujourd’hui « Le phare », situé dans un grand bâtiment de
trois étages au cœur de la ville, propose donc plusieurs
services. Il y a d’abord un accueil de jour pour prendre
une douche, laver son linge ou laisser un sac en bagagerie
pour moins d’un euros. Cet accueil est assuré par un tra-
vailleur social, un agent d’accueil et un agent d’entretien.
Ensuite, le Centre Hospitalier des Pyrénées a délocalisé
une Équipe de Soins pour les Personnes en Situation de Pré-
carité (ESPSP) et une Permanence de Soins en Santé (PSP)
dans ces locaux. Ces deux équipes sont formées en tout de
trois infirmiers, d’un éducateur spécialisé et d’un psychiatre
à mi-temps, elles proposent des soins somatiques et une
prise en charge psychiatrique. D’autre part, une équipe
mobile en lien avec le CCAS (Centre Communal D’Action
Sociale) de Pau fait des maraudes en journée pour orien-
ter les personnes de passage vers le phare (carrefour vers
l’Espagne, Pau est la deuxième ville en Aquitaine pour les
demande de prise en charge précarité).
Enfin des associations extérieures proposent des rencontres
régulières autour du thème des addictions ou du sida. © Olivier Blanchard
Le dépôt des sacs.
ACTUSOINS • 44 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • initiative
Le centre propose enfin plusieurs consultations gratuites
dont un cabinet dentaire ouvert tous les jours depuis no-
vembre 2012.
Le phare est donc une porte ouverte vers la réinsertion
sociale, il permet de commencer un projet de vie par le
soin somatique ou psychique et la réouverture des droits so-
ciaux… au rythme de chacun. En complément de l’accueil
de jour il est aussi le centre régulateur des appels au 115
pour les hébergements en urgences et il fait le lien avec le
Service d’Intégration d’Accueil et d’Orientation (SIAO) de
la ville qui propose, dans un deuxième temps, des solutions
d’hébergement pérennes. Le centre voit passer 18 000
personnes par an, soit entre 55 et 100 personnes par jour.
Dans la courLe cœur du phare c’est la cour intérieure, seul endroit
du centre où l’alcool et les animaux sont permis : « C’est
presque toujours là que les rencontres commencent » nous
dit Yann Escoute, infirmier psychiatrique du CHP de Pau
« Même le psychiatre commence parfois ces consultations
ici. On ne peut pas leur demander de venir vers nous, d’au-
tant plus que l’étiquette psychiatrie fait peur parce qu’elle
est toujours liée à l’enfermement, aux médicaments, à la
folie… Donc quand je me présente je dis juste que suis
infirmier, ça passe mieux ».
Diplômé de 2000, Yann travaille dans ce centre depuis
cinq ans après avoir déjà passé plus de trois ans en mis-
sion avec médecin du monde en tant que coordinateur de
projet : « Mais je n’ai pas la fameuse vocation hein, juste
des convictions fortes… Ce qui me plaît ici c’est l’autono-
mie que l’on nous donne, le travail en réseaux avec une
équipe diversifiée et la pluralité des personnes que l’on
rencontre : il y a des grands précaires ou des grands dé-
socialisés mais aussi des gens qui sont en rupture sociale
récente, des migrants et puis des personnes addictives…
Tous ont des problèmes différents et mon travail c’est avant
tout de créer le lien avec eux, d’être le premier pas dans
un parcours de soins pour des personnes chez qui la santé
n’est plus du tout une priorité ; dans la rue la douleur on
l’oublie ou on l’étouffe avec de l’alcool… ».
Un temps différentDans sa petite infirmerie juste à côté de la grande borne
d’accueil Yann soigne donc autant les douleurs morales
que les petites blessures du corps « On fait beaucoup de
bobologie, presque deux heures par jours… En fait, beau-
coup d’entre eux sont dans un syndrome d’auto exclusion :
tout est tellement compliqué pour eux qu’ils n’essayent
même plus de faire valoir leurs droits… Ils ont tellement
peur qu’on les rejette qu’ils n’essayent plus de se faire aider
ou soigner. Et puis il faut dire que les services sociaux ne
comprennent pas leur temporalité : quand on vit dans la rue
tout est toujours une urgence parce que deux heures après
ils seront « ailleurs », donc si ce n’est pas tout de suite c’est
probablement jamais. Donner un rendez-vous dans trois se-
maines à quelqu’un qui vit dans la rue ça n’a donc aucun
sens ! Pour aider vraiment ces personnes on doit aller vers
eux, et c’est exactement ce qu’on fait ici ».
Même discours chez Marie France Ceglarec une des den-
tistes à la retraite qui travaille bénévolement au centre « Par-
fois quand j’ai fini un soin avec l’un d’entre eux et qu’il a
réussi à venir à tous les rendez-vous, il m’arrive de lui serrer
la main pour le féliciter. Parce que c’est une vraie victoire
pour eux. Et pour nous aussi évidemment… ».
Les soins aux personnes précaires demanderaient donc
avant tout du temps et de la disponibilité dans un secteur
médicosocial qui au contraire se spécialise, se rentabilise
et soigne de plus en plus vite… Les sans domicile Fixe
représentaient 112 000 personnes en 2012 (INSEE) en
France ; en 2013 l’association « mort dans la rue » a
comptabilisé 453 morts dans la rue dont 15 enfants. n
OLIVIER BLANCHARD
“Quand on vit dans la rue tout est toujours
une urgence parce que deux heures après ils
seront « ailleurs », donc si ce n’est pas tout
de suite c’est probablement jamais.
”
© Olivier Blanchard
La cour est le lieu de rencontre des usagers.
ACTUSOINS • 45 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • initiative
PACTE :La Haute autorité de santé (HAS) a lancé une expérimentation auprès de 18 équipes
volontaires au sein de structures de santé, afin d’améliorer leur coordination et leur
communication. Objectif : réduire les événements indésirables graves. Ce travail,
qui se déroule sur plusieurs années, requiert une vraie implication des acteurs.
Dans la salle, une trentaine de professionnels de l’Hos-
pitalisation à domicile (HAD) de la Fondation Œuvre
Croix Saint-Simon, dans le 19e arrondissement de
Paris, sont réunis. Leur point commun ? Participer à l’expé-
rimentation Programme d’amélioration continue du travail
en équipe (PACTE), mis en place en 2013 par la HAS,
afin d’aider les professionnels d’établissements de santé à
travailler en équipe et améliorer la qualité ainsi que la sécu-
rité de la prise en charge de leurs patients. Aujourd’hui, les
membres de l’équipe – infirmiers, aides-soignants, cadres
de santé, médecin coordonnateur – s’approprient un nou-
veau questionnaire portant sur l’évaluation des communi-
cations téléphoniques qu’ils ont entre eux, afin de s’assurer
que les informations transmises sont bien comprises.
D’après la HAS, un tiers des événements indésirables
graves pourraient être évités grâce à une meilleure coordi-
nation et une meilleure communication des équipes. Devant
ce constat, elle a lancé PACTE, un programme collaboratif
et pluriprofessionnel qui propose des méthodes et outils uti-
lisables quel que soit le secteur d’activité de l’équipe.
Événements indésirables« L’objectif est d’éviter les défaillances organisationnelles,
techniques et humaines lors de la survenue d’un événe-
ment indésirable, souligne le Dr May. Les problématiques
peuvent être liées au leadership, au facteur humain, c’est-
à-dire à ce qui ne relève pas de la technique, donc à
des domaines qui ne sont pas enseignés. » Et d’ajouter :
« Nous sensibilisons l’équipe à travailler sur des facteurs
humains comme l’écoute, l’entraide ou l’aide, un compor-
tement que les professionnels ne sont pas toujours habitués
à avoir ou qui n’est pas nécessairement structuré. » « On
avait conscience des difficultés rencontrées à l’HAD et de
la nécessité de travailler sur la communication », témoigne
Noël Gérard, cadre de santé et l’un des porteurs du projet
à la Croix Saint Simon.
Laboratoire pour la HASLes équipes ont été sélectionnées fin 2013, les programmes
lancés en avril 2014, et l’expérimentation, ponctuée
d’évaluations, prendra fin en 2017. La HAS encadre les
équipes en leur proposant des outils pour mettre en place
des briefings, des débriefings, améliorer la communication
entre les membres de l’équipe.
« Nous les faisons également travailler sur la communication
avec le patient », explique Yasmine Sami, chef du projet à
la HAS. Cette étape nécessite une acculturation des outils,
une amélioration des habitudes et une formation des profes-
sionnels. « On leur donne une feuille de route mais on ne
les contraints pas sur la manière de faire, fait-elle savoir. On
leur demande de modifier les documents qu’on leur fournit
pour nous aider à consolider notre boîte à outils. »
Le projet doit donc être soutenu par la direction des éta-
blissements car les professionnels doivent bloquer du temps
pour des réunions ou des formations. Chaque équipe a, à
sa disposition, un facilitateur, pour l’aider à mettre en place
privilégier la coordination et la coopération au sein des équipes
© Laure Martin
Noël Gérard, cadre de santé à la Fondation Œuvre Croix Saint-Simon.
ACTUSOINS • 46 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • initiative
le projet sur le terrain. La première étape consiste à effec-
tuer un diagnostic afin de comprendre comment fonctionne
l’équipe.
L’équipe de l’HAD de la Croix Saint-Simon a effectué
cette enquête de sécurité, qui consiste en un questionnaire
anonyme portant sur le soignant au travail. « Il doit dire
s’il se sent en sécurité, appuyé par ses collègues et ses
cadres, rapporte Noël Gérard. C’est très transversal. » Ce
questionnaire est suivi d’une analyse des pratiques, et du
Custumer relationship management (CRM), qui porte sur la
gestion de la relation client. « Il s’agit d’un moment clef de
l’expérimentation qui permet aux membres des équipes de
savoir sur quels sujets ils doivent travailler, ajoute Yasmine
Sami. C’est normalement la première fois où ils se disent
des choses qu’ils ne se disent pas habituellement. »
Objectifs à atteindreLa problématique de travail est ensuite déterminée et un
plan d’actions élaboré. « Nous avons décidé de travailler
sur la continuité des soins entre l’équipe de jour et l’équipe
de nuit, explique Noël Gérard. Le choix du thème est la
clef de voûte de ce travail car il fédère. » Les différents
questionnaires ont permis à l’équipe de définir trois ob-
jectifs. Tout d’abord améliorer la communication et le par-
tage d’informations, autour de l’appel téléphonique. Ce
travail a fait l’objet d’une évaluation qualité au mois de
février, grâce à une grille d’évaluation du staff, réunion
au cours de laquelle sont présentés les patients. Courant
2015, l’équipe va s’attaquer au dossier patient dans le
but d’uniformiser les pratiques entre le dossier au domicile
du patient et le dossier informatisé au sein de la structure.
Enfin, le troisième axe sera orienté sur l’alerte et la trans-
mission d’informations lorsque le soignant est au domicile
du patient.
La dernière étape du projet, l’évaluation, est prévue en
avril 2016, afin de mesurer les résultats. « Ce projet per-
met de mettre autour d’une table des personnes qui ne se
parlent pas et de casser la hiérarchie au sein d’une équipe,
estime Yasmine Sami. C’est un temps d’échanges et de par-
tage. » Il faut que les professionnels en aient l’envie et qu’ils
aient conscience de leurs difficultés. Les équipes expéri-
mentales ne disposent d’aucun financement pour ce travail,
qui peut parfois se révéler chronophage puisqu’il s’ajoute
aux fonctions de chacun. « Il faut que chacun accepte de
se remettre en question, souligne Noël Gérard. Mais je
pense que c’est compris, transparent et clair. D’autant plus
que le but ultime est la continuité des soins, donc faciliter le
travail de chacun pour une meilleure sécurité du patient, ce
qui est la raison d’être de notre travail. » n
LAURE MARTIN
“Ce projet permet de mettre autour d’une
table des personnes qui ne se parlent pas et
de casser la hiérarchie au sein d’une équipe.
”
© Laure Martin
Réunion de l’une des équipe HAD de la Fondation Œuvre Croix Saint-Simon, participant à PACTE.
ACTUSOINS • 47 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • dossier
Incontrôlables…mais incontournables réseaux sociaux
Super infirmière a ceci de commun avec les super-hé-
ros qu’elle mène une double-vie. Dans la réalité, elle
est une simple infirmière dans un service de réanima-
tion. Mais sur la toile, elle devient donc Super Infirmière, ce
profil sur Twitter qui raconte sur le ton de l’humour, parfois
aigre-doux, ou de la révolte, le quotidien d’une infirmière.
Comme Clark Kent ou Fantômette, Super Infirmière ne vou-
drait pour rien au monde révéler à ses fans (442 followers)
et ses collègues sa double identité.
« Si mes collègues se mettaient à me lire, je pense que
j’arrêterai tout de suite de twitter », raconte, un frisson dans
la voix, la gazouilleuse masquée. Car grâce à l’anonymat,
Super Infirmière peut se permettre de dénoncer le cynisme
d’un médecin (qui préconisait de donner une compote et
un sourire à un malade dépressif), partager une nouvelle
expérience (« Cet après-midi, grande première : des pro-
GARE AU BAD BUZZ DANS L’HÔPITAL !Le dérapage sur les réseaux peut arriver vite. Petit florilèges de commentaires et statuts qui ont coûté chers à leurs auteurs.
• « Tiens, Patrick XXX est plus gros en vrai qu’à la télé ! » ou comment une infirmière a violé le secret médical et révélé la présence d’un VIP dans son service.
• « Demain, mon stage se finit, mais dire qu’il faut se taper une journée de plus avec cette lécheuse de XXXX » ou pourquoi une infirmière-étudiante a été renvoyée de son IFSI.
• « Aujourd’hui, j’ai fait 10 toilettes… Marre de l’hôpital XXXXX », ou comment s’at-tirer les foudres de sa hiérarchie.
• Un interne de garde en réanimation publie une photo prise dans son service : « Ouf ! Fin de journée et on n’a plié personne ! » Un ami, qui n’est pas médecin, commente le statut de l’interne : « Le monsieur qui est en arrière-plan sur ta photo, c’est mon grand-père. Merci de m’apprendre avec autant de tact qu’il va bien ! »…ou comment on découvre que le monde est petit sur les réseaux sociaux. n
Elles twittent, publient des statuts, commentent ceux de leurs collègues, …les infirmières
occupent les réseaux sociaux. Mais gare aux dérapages ! Le droit de réserve et le secret
médical sont toujours d’actualité, même dans ces réseaux virtuels.
ACTUSOINS • 48 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • dossier
thèses de fesses ! »), ou s’interroger sur ses relations de
travail (« Ma chef vient de me traiter de prostituée »). Sûr
que sous son vrai nom, Super Infi rmière n’assumerait par la
moitié de ses tweets.
Pour autant, la jeune femme s’est imposée quelques règles.
D’abord, ne pas donner de vrais noms, aussi bien de col-
lègues, d’hôpitaux que de patients. « J’essaie de ne pas
être insultante, je me limite aux faits. », ajoute-t-elle. La
jeune femme a raison d’être prudente car la légèreté de
certaines consœurs (voire encadré) a déjà coûté cher. Au
grand jour, ou cachés derrière des pseudonymes, sur les
réseaux sociaux, les infi rmiers sont toujours tenus au secret
médical.
Personne n’échappe aux réseaux sociaux !Déboussolés par ces commentaires intempestifs et ces
échanges incontrôlables, hantés par les « badbuzz », ces
dérapages qui s’amplifi ent sur le web, les directions hospi-
talières et d’IFSI sont en alerte. La fondation de l’assureur
MACSF a d’ailleurs publié deux fascicules sur les bonnes
pratiques sur les réseaux (voir interview) et les distribue au-
près des personnels hospitaliers comme des patients.
En décembre dernier, le CHU d’Angers organisait les pre-
mières conférences sur les réseaux sociaux « Hospilike »
qui ont attiré 180 personnes (des communicants hospita-
liers, quelques soignants et de nombreux cadres). À cette
occasion, « les participants ont partagé leurs craintes. Ils
voulaient savoir comment gérer des débordements et les
commentaires diffamants sur certaines pages des réseaux
sociaux », raconte Lucie Philippe, webmaster et community
manager du CHU. Un impératif car désormais « refuser
d’intégrer les réseaux sociaux, ne nous prévient pas d’être
critiqué sur les réseaux sociaux », résume Anita Rénier, di-
rectrice de la communication au CHU. Et de tempérer :
« Ces craintes ne refl ètent pas la réalité. »
En deux ans, le CHU, lui-même actif sur les réseaux, n’au-
rait eu à gérer que trois crises. « Souvent, les services pé-
diatriques sont concernés, considère Anita Rénier. On y
soigne des jeunes des générations Y voire Z complètement
imprégnés des réseaux sociaux » …mais pas forcément
par le droit à l’image. Dernièrement, l’une des 2 commu-
nity managers du CHU, Nolwen Guillou, a dû intervenir
pour faire retirer une vidéo de Youtube où fi gurait un jeune
malade. Aucune autorisation, ni des parents, ni de l’hô-
pital n’avait été signée. « De plus en plus souvent, nous
sommes sollicitées par les professionnels de santé, dans
nos services, qui souhaitent savoir si tel patient a le droit
de prendre telle photo », poursuit Nolwenn Guillou. La vigi-
lance gagne donc les services.
Une voix qui s’exprime« Les infi rmières savent s’auto-réguler sur les réseaux so-
ciaux », constate aussi Christine Pili-Barlaro, présidente de
Ni Bonnes, Ni Nonnes, Ni Pigeonnes. Le collectif, né d’un
groupe sur Facebook, lui-même créé en 2012 par une
mystérieuse infi rmière (dont l’identité n’est à ce jour toujours
pas connue) totalise 40 000 membres, dont une grande
majorité d’infi rmières et d’aides-soignantes. À ce jour, les
administrateurs du groupe ont rarement eu l’occasion de
modérer le groupe. « On a affaire à des gens qui compris
l’intérêt de dialoguer », constate Christine Pili-Barlaro qui
estime que le collectif a contribué à « libérer une parole qui
n’existait pas ». Les réseaux restent un formidable moyen
d’échanger entre pairs. En tout cas, Super Infi rmière le
promet : « Si un jour n’ai plus rien à poster sur Twitter, je
change de métier. » n
ARIANE PUCCINI
YVES COTTRET, délégué général de la Fondation MACSF : « On reste toujours un infi rmier sur les réseaux sociaux »La fondation de la MACSF a édité en 2013 et 2014 deux fascicules, sur les réseaux sociaux, et sur le bad buzz* (la mauvaise réputation sur internet), distribués auprès du personnel hospitalier et des patients.
D’où est venue l’idée d’éditer ces deux fascicules ?Il y a trois ans, lors d’une conférence sur l’e-réputation auprès des responsables de communication hospitaliers, nous avons constaté à quel point cette question était préoccupante : tous étaient mal à l’aise avec ce sujet et faisaient face à des problèmes sur les réseaux sociaux. Nous avons donc décidé de poursuivre cette initiative de sensibilisation via ces deux fascicules et des conférences dans les hôpitaux.
Les cas de « bad buzz » sur les réseaux sociaux sont-ils en recrudescence ?À la MACSF, nous avons constaté une saisie de nos juristes sur ces questions trois plus importante depuis 2010.
Quelles sont les précautions à adopter, en tant qu’infi rmier, sur les réseaux sociaux ?Même quand on les utilise à titre privé, on reste sur les réseaux un soignant, soumis au secret professionnel et à l’obligation de réserve. Comme dans la vraie vie, il leur est interdit de parler du patient quand il est reconnaissable. En revanche, échanger sur des situations cliniques de façon anonyme peut se révéler instructif. Dans tous les cas, il faut respecter le droit à l’image : on ne peut pas prendre n’importe qui en photo et la publier sans consentement et ce, que l’on soit soignant… ou citoyen !
Cette prudence sur les réseaux sociaux ne concerne donc pas uniquement le personnel hospitalier vis-à-vis des patients ?Elle concerne aussi les personnels entre eux : on ne règle pas ses comptes sur les réseaux ! Gare à la critique, l’injure voire la diffamation ! Aussi, si l’on indique dans son profi l l’établissement employeur, on associe l’image de ce dernier à son propre comportement sur les réseaux. Enfi n, les patients sont aussi responsables de leur comportement. Les personnels doivent surveiller et limiter les photos prises dans leurs services. n
PROPOS RECUEILLIS PAR A.P.
BUZZBAD
H
Bonnes pratiquesFACE À LA
RUMEUR
ACTUSOINS • 49 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • dossier
Des réseauxDes réseaux sociaux spécialisés s’adressent
aujourd’hui aux professionnels de santé.
Leurs arguments-phares pour s’imposer dans
les habitudes de ces professions : la protection
du secret médical et le besoin de collaboration.
Ils veulent afficher une fiabilité plus grande que
sur les réseaux sociaux généralistes.
Des réseaux entre professionnels : https://www.comuniti.fr/, www.docatus.com/, http://reseau-infirmier.com/
Ils sont une bonne poignée à faire émerger depuis environ
6 ans le marché des réseaux sociaux des professionnels
de santé. Une étude de 2012 (commanditée, justement,
par un éditeur de réseaux spécialisé Crezeo/SanteCon-
nect) est formelle : un professionnel de santé sur deux se
connecte aux réseaux dans le cadre de son travail. Les
récalcitrants, non connectés, évoquent en premier lieu la
question de la confidentialité pas toujours respectée sur les
réseaux dits « généralistes » (Facebook, Twitter, Viadeo ou
LinkedIn).
Il n’en fallait pas plus pour confirmer un besoin et des op-
portunités. Univadis, TalentPharmacie, Docatus, et autre
ReseauInfirmier offrent ainsi l’entre-soi, garant du secret pro-
fessionnel. Certains sont réservés à une seule profession,
d’autres à plusieurs.
Comuniti, réseau petit frère d’Univadis, lancé en 2014
par le laboratoire MSD-Merck, a pris le parti de faire se
rencontrer tous les métiers de la santé. Ne s’y inscrit pas
qui veut : seuls ceux qui présentent un numéro RPPS, une
attestation de stage ou d’emploi dans un hôpital (pour les
étudiants et les internes), un numéro de carte profession-
nelle (pour les infirmières libérales) sont admis.
Pour Thibaud Guymard, responsable des services digitaux
au sein de MSD-Merck, l’époque est à la multidisciplina-
rité, ce à quoi peuvent contribuer les réseaux spécialisés.
« De manière générale, dans ces professions, nous consta-
tons que les différents métiers de la santé sont de plus en
plus amenés à s’organiser entre eux, notamment autour du
parcours de santé », assure-t-il.
Reste encore à convaincre les internautes, surtout les plus
méfiants d’entre eux, de la fiabilité du réseau. L’équipe de
Comuniti comprend ainsi un community manager, chargé
à temps plein de faire vivre la communauté d’utilisateurs et
de veiller au respect de la charte.
Outre la diffamation et l’injure qui sont interdits, comme
dans toute publication, les publicités « sauvages » sont sur-
veillées. Ainsi, il y est également interdit d’évoquer, dans des
échanges publics, des noms de médicaments. Autre point
d’achoppement : l’utilisation des données. Car derrières ces
réseaux s’affichent, plus ou moins ouvertement, des « par-
tenaires », des entreprises privées du secteur (laboratoires,
magazines spécialisés, organismes professionnels, cabinets
de recrutement, etc). Ainsi, la « charte partenaires » de Do-
catus limite les contacts de ces derniers avec les utilisateurs :
les partenaires ont interdiction d'accéder aux discussions
entre les internautes, aux informations nominatives des usa-
gers ou de communiquer directement avec eux.
Mélange des genres et protection des donnéesPour Comuniti, propriété du laboratoire MSD-Merck, le mé-
lange des genres pourrait être douteux. « Nous ne faisons
aucun usage commercial de nos données », jure pourtant
Thibaud Guymard. De même, les commerciaux de Comu-
niti envoyés auprès des professionnels de santé pour en
faire la promotion ne seraient pas des visiteurs médicaux.
Et d’ajouter : « les seules données que nous collectons sont
des données d’usage du réseau pour comprendre l’utilisa-
tion qui en est faite et pour améliorer notre service. Ce ne
sont que des données agrégées [à mettre en opposition
aux données individuelles, N.D.L.R.] »
L’ultime fuite de données reste le piratage, difficile à contre-
carrer, ici comme ailleurs. La charte de confidentialité de
Réseau-Infirmier stipule ainsi qu’« il n’y a aucune garantie
que les informations ne seront pas accessibles, divulguées,
modifiées ou détruites du fait d’une faille de nos sauve-
gardes de gestion technique ou physique ». La prudence
dans l’échange de données confidentielles, comme partout
ailleurs sur le web, reste donc de mise. n
ARIANE PUCCINI
rien que pour vous !
© Communiti
ACTUSOINS • 50 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • dossier
My Hospi Friends :les patients ont aussi leur réseau socialUn réseau social pour les malades dans les hôpitaux ! Déjà implanté dans sept hôpitaux
parisiens, My Hospi Friends va gagner d’autres établissements en région cette année.
L’idée est venue d’un coup du sort. Suite à un grave ac-
cident de voiture, en septembre 2011, Julien Artu, alors
cadre dans l’hôtellerie, passionné de nouvelles technolo-
gies, est hospitalisé six mois. Il en passera trois, cloué au lit.
Et au bout de quelque temps, quand les visites des proches
s’espacent, internet ne suffit pas à rompre l’isolement.
« Sur Facebook, les gens bossent et ne savent pas com-
ment vous parler, à vous le malade ; sur Twitter, raconter
sa vie en 140 caractères, c’est compliqué ; et les réseaux
sociaux professionnels sont juste inadaptés pour échanger
sauf si vous voulez changer de job ! ». Mais pourtant, à
deux chambres de la sienne, il y avait peut-être quelqu’un
avec qui il aurait pu discuter. Comment entrer en contact ?
L’idée taraude Julien Artu, à tel point qu’une fois rétabli, il
décide de créer ce réseau social qui lui manquait.
En 2013 naissait My Hospi Friends. « C’est finalement
un site de rencontre », résume l’entrepreneur. Les patients
communiquent entre eux, sous pseudonymes, derrière des
profils où ne sont renseignés ni l’âge, ni le sexe et encore
moins la maladie du patient. Seules infos divulguées : les
centres d’intérêts. Littérature, jardinage, randonnée dans
le 78, gastronomie… les malades se retrouvent autour de
passions partagées avec les autres patients du même hô-
pital. Reste quelques sujets tabous, selon la charte de My
Hospi Friends : la religion, la politique et le sexe.
Réticence et modérationLe service, gratuit pour les patients, est pris en charge par
l’hôpital qui se sert aussi du réseau pour communiquer avec
les malades. Pour Jean Artu, tout le monde est gagnant, car
« un patient occupé, est un patient moins casse-pieds pour
les soignants ». Il a donc défendu son projet auprès de
nombreux cadres hospitaliers pendant neuf mois.
En avril 2014, il convainc un premier hôpital, l’hôpital
Foch, à Suresnes, situé en région parisienne. Aujourd’hui,
My Hospi Friends est déployé sur sept hôpitaux en Île de
France. Les directeurs et cadres craignaient que le réseau
ne s’emballe et ne devienne un lieu de règlement de
compte et de diffamation sur l’hôpital. Ainsi, « la modéra-
tion est assurée par la dizaine d’employés de l’entreprise »,
assure Julien Artu, et en six mois « nous n’avons pas eu
à modérer de propos, les utilisateurs sont plutôt recon-
naissants du travail du personnel hospitalier ». My Hospi
Friends compte poursuivre son développement en 2015
et devrait se déployer en région, notamment en Corrèze et
en Aquitaine. Julien Artu souhaite aussi établir un maillage
entre les réseaux My Hospi Friends de certains hôpitaux. Le
début d’une vraie communauté de patients ? n
ARIANE PUCCINI
® My Hospi Friends
Julien Artu souhaite établir un maillage entre les réseaux My Hospi Friends de certains hôpitaux.
ACTUSOINS • 51 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • vos droits
“ DANS UN FOYER D’ACCUEIL MÉDICALISÉ, UNE AIDE-SOIGNANTE PEUT-ELLE SURVEILLER SEULE UNE PERFUSION SOUS CUTANÉ SANS PRÉSENCE D’IDE ?
”LLes aides-soignants n’ont pas de décret de compétence. Leur compétence est définie par
rapport à celle des infirmiers.En effet, l’article R.4311-4 du CSP énonce que « Lorsque les actes accomplis et les soins dispensés relevant de son rôle propre sont dispensés dans un éta-blissement ou un service à domicile à caractère sanitaire, social ou médico-social, l’infirmier ou l’infirmière peut, sous sa responsabilité, les assu-rer avec la collaboration d’aides-soignants, d’au-xiliaires de puériculture ou d’aides médico-psy-chologiques qu’il encadre et dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation. Cette collaboration peut s’inscrire dans le cadre des protocoles de soins infirmiers mentionnés à l’article R.4311-3 ».
Ainsi, pour la réalisation de soins infirmiers, dans le cadre d’une collaboration avec l’infir-mier, l’aide-soignant ne peut réaliser ces actes que sous certaines conditions :- il ne peut s’agir que d’actes relevant du rôle propre de l’infirmier ;- l’aide-soignant agit sous la responsabilité de l’infirmier qui l’encadre, ce qui implique que ce dernier puisse contrôler le travail de l’aide-soi-gnant et intervenir en cas de difficulté ;- cette collaboration n’est possible qu’avec des professionnels titulaires des diplômes d’aides-soignants, auxiliaires de puériculture et aides médico-psychologiques ;- et l’aide-soignant doit avoir été formé pour cela dans le cadre de son cursus.
L’article R.4311-5-31°du CSP énonce que l’infirmier accomplit dans le cadre de son rôle propre la « Surveillance de scarifications, in-jections et perfusions mentionnées aux articles R.4311-7 et R.4311-9 ».Ainsi l’aide-soignant peut en assurer la surveil-lance dans le cadre de la collaboration avec l’infirmier si les conditions précédemment énu-mérées sont remplies, ce qui suppose à dé-faut d’une présence de l’infirmier aux cotés de l’aide-soignant, tout au moins une présence dans l’unité pour pouvoir contrôler et intervenir en cas de besoins. Un aide-soignant ne peut être seul dans une unité quelle qu’elle soit pour assurer la prise en charge et la surveillance des patients.
JURISTE MACSF
“ QUI A LE DROIT D’EFFECTUER DES CALCULS POSOLOGIQUES ? L’IDE EST-ELLE AUTORISÉE À LES FAIRE OU SEULEMENT LE MÉDECIN ?
”Conformément à l’article R. 5132-3 du code de la santé publique (CSP), l’ordonnance
doit indiquer lisiblement : le nom, la qualité et le cas échéant, la qualification ou le titre du prescripteur, son identifiant, son adresse, sa si-gnature et la date à laquelle l’ordonnance a été rédigée ; la dénomination du médicament ou du produit prescrit (princeps, générique ou dé-nomination commune internationale (DCI)), sa posologie et son mode d’emploi, et, s’il s’agit d’une préparation, la formule détaillée ; soit la durée du traitement, soit le nombre d’unités de conditionnement et, le cas échéant, le nombre de renouvellements de la prescription.Elle mentionne les nom et prénoms, le sexe et l’âge du patient et si nécessaire sa taille et son poids.Elle doit en outre être datée du jour de sa ré-daction et écrite de façon lisible afin d’éviter
toute méprise sur le nom du médicament, sur les doses, sur le mode d’administration, sur la durée du traitement.Ainsi le calcul posologique relève donc de la compétence médicale.Néanmoins, en cas de doute, l’infirmier est tenu en vertu de l’article R 4312-9 CSP de « demander au médecin prescripteur un com-plément d’information chaque fois qu’il le juge utile, notamment s’il estime être insuffisamment éclairé ».En outre le guide intitulé « outils de sécurisa-tion et d’auto-évaluation de l’administration des médicaments » publié par la HAS en juil-let 2011 afin d’accompagner le référentiel de management de la qualité et la sécurité de la prise en charge médicamenteuse de la DGOS préconise l’application par tous les pro-fessionnels impliqués dans la prise en charge
médicamenteuse de la règle des 5B : « Le Bon médicament, à la Bonne dose, par la Bonne voie d’administration, au Bon moment et au Bon patient ».Autrement dit, si l’infirmier n’a pas le pouvoir de prescription, il a toutefois le devoir de vé-rifier que cette prescription ne présente pas un danger majeur pour le patient. L’infirmier ou l’infirmière pourra ainsi être amené à s’interro-ger sur les caractéristiques de la prescription, et sa posologie. En cas de doute, il lui appar-tient d’interroger le médecin afin d’obtenir une confirmation soit de la prescription soit de la modification, étant précisé que cette confirma-tion ou modification devra faire l’objet d’une trace écrite afin de ménager une preuve en cas de difficulté ultérieure.
JURISTE MACSF
ACTUSOINS • 52 • 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Ce n’est pas un hasard si 94,2 %de nos sociétaires sont satisfaits(1).
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14_9
66 –
12/
2014
Frédérique Bongni-Marin en 5 dates :
1986 : obtient son D.E
puis travaille au C.H.U de
Nice ;
1989 : intègre le Centre
Antoine Lacassagne
et poursuit plusieurs
formations ;
2005 : devient infi rmière
d’information et de
coordination au sein du
département des soins de
support ;
2008 : se forme à la
dermographie médicale ;
2013 : entreprend
sa formation en vue de
l’obtention d’un D.I.U de
sexologie humaine.© Malika Surbled
FRÉDÉRIQUE,elle tatoue les femmes atteintes de cancer
Actusoins • portrait
Frédérique Bongni-Marin est
infi rmière dermographiste.
Au centre de lutte
contre le cancer niçois
Antoine Lacassagne, elle redessine des
aréoles aux femmes
ayant subi une
mammectomie.
Pour le bien-être
moral des patientes.
ACTUSOINS • 54 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • portrait
Nul besoin d’un talent d’artiste », explique
Frédérique en riant. « Il suffit de suivre une for-
mation spécifique, puis d’avoir le matériel et les
moyens suffisants pour pratiquer la dermographie médi-
cale », poursuit-elle. Et des moyens, cette infirmière de cin-
quante ans en a obtenus au Centre Antoine Laccasagne.
Grâce aux actions qu’elle a menées avec persévérance.
Grâce aux concours et aux prix qu’elle a gagnés. Grâce
aussi à la délégation médicale qui lui a été attribuée, car
cet acte est normalement réservé aux médecins. Une acti-
vité qu’en qualité d’infirmière, elle n’est pas la première à
l’exercer.
Des soignants dermographistes, il y en a quelques-uns en
France. Dans cet hôpital, avant Frédérique, une autre infir-
mière un peu plus âgée avait lancé le concept. Et comme
ça marchait, Frédérique est venue l’aider puis elle a pris le
relais. À présent, la dermographie représente environ 40 %
de son temps de travail.
« Cet acte rentre dans le cadre des soins de support. Pen-
dant 26 ans, j’ai travaillé dans des services de soins, no-
tamment en sénologie, auprès des femmes. Avec le temps,
je me suis rendu compte que non seulement la maladie
était difficile à supporter mais que le plus grave aux yeux
des patientes était la détérioration de leur image corpo-
relle. Perdre ses cheveux, perdre ses sourcils, avoir un sein
abîmé : c’est une grande difficulté. Je trouvais désarmant
de rien avoir à leur proposer. Ces femmes se mettent en
rejet de la société ou de leur couple parce qu’elles n’osent
plus se montrer. Alors, ce dispositif permet de leur redonner
un peu confiance, c’est important. Cela fait partie du soin
comme le serait un pansement ou une injection », explique-
cette infirmière dermographiste.
Alors qu’à l’heure actuelle pratiquement toutes les patientes
bénéficient d’une reconstruction après une mammectomie,
certaines éprouvent parfois des réticences à se faire ta-
touer. « Ce qui est dommage c’est que le tatouage de-
meure quelque chose de particulier dans les mentalités.
Souvent, les familles déconseillent cette démarche de peur
de voir leur femme ou leur mère s’infliger une souffrance
supplémentaire pour un acte purement esthétique », regrette
Frédérique.
« J’ai régulièrement des patientes qui viennent parce que
c’est leur chirurgien qui les y a presque obligées. Elles n’ont
pas envie parce qu’elles ont traversé beaucoup d’étapes.
Mais quand elles sortent, c’est bluffant pour elles et elles
sont si heureuses d’avoir franchi ce cap, sourit Frédérique.
Ça leur permet de se réapproprier un corps. De redonner
de la féminité là où elles n’en trouvaient plus ».
Donner du bonheur dans le cadre d’un métier et d’une spé-
cialité difficiles - l’oncologie - : voici ce qui l’anime. Du
bonheur, elle en donne aussi en tatouant de nouveaux sour-
cils aux patientes sous chimiothérapie et en colorant des
cicatrices.
Lorsqu’elle ne tatoue pas, Frédérique est dans son bureau,
à accueillir de nouvelles patientes ou de nouveaux patients.
Elle est infirmière d’annonce. Et tout cela pour elle, ça se re-
joint. « C’est complémentaire. La consultation infirmière d’an-
nonce – qui se fait à distance de la consultation médicale
avec la réelle annonce, ndlr – est un moment d’échange.
Chaque rencontre est différente » explique-t-elle.
Son rôle consiste à accompagner et à informer les patients,
souvent perdus avec eux-mêmes après l’entretien médical.
« Quand un médecin annonce un cancer, les patients ont
l’impression de se prendre un immeuble sur la tête. C’est
très difficile pour eux.Nous sommes là pour reprendre les in-
formations, éventuellement les ré-expliquer. C’est toujours un
premier temps d’écoute. Si nécessaire, j’oriente vers des psy-
chologues ou des assistantes sociales. Le but, c’est aussi de
pouvoir anticiper au maximum les problèmes », ajoute-t-elle.
Frédérique assure aussi des consultations de fin de traite-
ment et anime une fois par mois l’atelier AIME*, fruit de
l’une de ses initiatives. Les patientes y trouvent des conseils
nutritionnels, des activités physiques adaptées, des exer-
cices de relaxation et des conseils esthétiques. Afin de
répondre au mieux aux questionnements des patientes
concernant leur intimité, mise à mal par une image corpo-
relle dégradée, Frédérique a aussi entrepris un D.I.U de
sexologie humaine à la faculté de médecine de Nice. Elle
est la seule infirmière dans l’amphithéâtre. n
MALIKA SURBLED
* AIME : Atelier Image et Mieux Être
«
“Ces femmes se mettent en rejet
de la société ou de leur couple parce
qu’elles n’osent plus se montrer. Alors,
ce dispositif permet de leur redonner
un peu confiance, c’est important.
Cela fait partie du soin comme le serait
un pansement ou une injection.
”
ACTUSOINS • 55 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • soignants d’ailleurs
Infi rmière à Chypre, c’est un sacerdoce.
Du fait de la crise économique, le budget
de la santé a été considérablement
élagué dans ce pays qui a frôlé la
banqueroute. Despos Constantinou
continue malgré tout.
Infi rmière à île en crise
® Delphine Bauer
ACTUSOINS • 56 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • soignants d’ailleurs
Chypre,C
’est étrange, quand je suis arrivée sur le marché du
travail, j’ai été déçue de ce métier. Puis j’ai appris
à l’aimer, j’ai découvert la multitude de choses que
l’on réalise au quotidien et j’ai été convaincue », raconte
Despos Constantinou.
Aujourd’hui, cette jeune quarantenaire travaille à temps
plein à l’hôpital général de Nicosie, plus imposante
construction hospitalière de l’île, avec 5 400 lits. Une
grosse machine. « Je m’occupe du contrôle des infections,
précise-t-elle. J’évalue comment protéger les patients, mettre
en place des procédures, gérer les asepsies… »
Elle poursuit : « j’ai suivi mes quatre ans d’études, puis j’ai
commencé à chercher du boulot. » C’était bien plus facile il
y a six ou sept ans qu’aujourd’hui, dans ce pays durement
touché par la crise, qui a atteint son paroxysme en 2008.
« Le chômage a énormément augmenté, confirme-t-elle. Il
y a 720 infirmières au chômage sur 4 200 dans le sec-
teur public, c’est considérable ! ». Par conséquent, les in-
firmières se tournent de plus en plus vers le secteur privé.
« Mais la crise est un cercle vicieux : les personnes avec
peu de moyens continuent d’aller à l’hôpital public parce
qu’ils savent qu’ils ne paieront pas. »
Une crise économique encore présenteLa crise, un mot qui, pour Depos et ses confrères et
consœurs, est devenu concret quand le budget de la san-
té a été dramatiquement réduit. Conséquences : des sa-
laires amputés de 30 % ou l’âge de la retraite repoussé
de 60 à 65 ans. « Nous avons fait des manifestations,
nous sommes allés au ministère, afin de lutter contre l’aus-
térité voulue par la « troïka. » » Aujourd’hui, les infirmières
arrivant sur le marché gagnent 1 100 euros, et les salaires
les plus hauts atteignent les 2 400 euros. Amère, Despos
estime, qu’après des dizaines d’années d’expérience, ce
n’est pas beaucoup.
Repousser la retraite a aussi son revers. « Cela rend les
choses encore pires car il y a moins de place sur le mar-
ché », estime-t-elle. Selon elle, de nombreuses infirmières
chypriotes seraient déjà parties en Angleterre, en Australie
ou dans les pays arabes, ou se sont carrément reconver-
ties dans d’autres secteurs. « On ne peut pas empêcher les
universités de former des infirmières, mais il y en a trop qui
arrivent sur le marché chaque année », estime-t-elle.
Son collègue Aristides Horattas parle d’un nouveau plan
qui inclut les infirmières libérales dans des centres de
soins et devrait permettre de créer de l’emploi. « Mais
on ne verra les résultats que d’ici deux ans », détaille-t-il.
Nouveauté : « l’hôpital, désormais, deviendra une vraie
entreprise, aura son propre budget et devra faire en sorte
de faire des profits pour être à l’équilibre. On a peur d’un
système à l’américaine qui laisserait sur le trottoir les plus
faibles parce qu’ils n’ont pas d’assurance », s’inquiète
Despos.
Si l’Europe n’a pas eu que du bon au niveau économique,
imposant l’austérité, les normes européennes ont, quant à
elles, tiré vers le haut les standards chypriotes en termes
de moyens, de protocoles et de ligne de conduite. « On
a pu importer des techniques puis les appliquer sur nos
pratiques », explique-t-il.
Cependant sur le terrain, Despos déplore un manque de
temps criant passé par avec les patients, en réduction
progressive, alors qu’ils « demandent de plus en plus et
connaissent mieux leurs droits. » Une petite révolution dans
la pratique des soins que Despos a d’ores et déjà pris en
compte dans son quotidien. n
DELPHINE BAUER / YOUPRESS
«
“L’hôpital, désormais, deviendra une vraie
entreprise, aura son propre budget et devra
faire en sorte de faire des profits pour être à
l’équilibre. On a peur d’un système à l’américaine
qui laisserait sur le trottoir les plus faibles
parce qu’ils n’ont pas d’assurance.
”
ACTUSOINS • 57 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • soigner autrement
L’équithérapie :soigner avec les chevauxÀ l’heure des médecines alternatives, l’équithérapie, pratiquée en complément de
soins classiques, est une opportunité d’apporter de vrais progrès aux patients.
Reportage auprès de Sophie Peignier, infirmière dingue de chevaux et équithérapeute.
On commence toujours par dire bonjour », ex-
plique Sophie Peignier, infirmière équithérapeute,
décryptant l’arrivée de Tristan, 8 ans, quand il
s’approche de Fly, « sa » jument. Équipé comme un petit
pro de l’équitation, le jeune patient a déjà son casque sur
la tête et porte un gros manteau. Il fait froid en ce mois de
février.
Tous les mercredis depuis près d’un an, Tristan, petit gar-
çon autiste, retrouve Sophie pour sa séance à l’écurie des
Falaises d’Auvers-sur-Oise, charmant village du Val d’Oise.
« Je précise que Fly n’était pas une jument qui aimait les
câlins », s’étonne encore l’équithérapeute, en voyant Tristan
se pendre tendrement à son cou.
La séance débute dans le cœur du manège un peu boueux,
en extérieur, où pendant une heure, le cheval devient le
meilleur « outil » de Sophie pour faire progresser Tristan.
D’abord, un peu de travail sur les parties du corps du che-
val, que Tristan doit désigner, puis brosser. Ensuite la pré-
paration de la jument, afin qu’elle soit prête à être montée.
Le tapis, les sangles, les mors, Tristan, à l’aide des conseils
de Sophie, la prépare précisément.
Sans peur, il monte dessus, puis se prête au jeu de rôle qui
consiste à aller chercher des dragons imaginaires. « Tu les
vois les dragons ? Il faut prendre ce chemin », indique-t-elle.
D’abord à ses côtés, puis le laissant autonome, elle invente
une traversée semée d’embûches (un pont imaginaire, le
tour du lac, en fait une flaque d’eau…) dans le manège.
Fly est à l’écoute du garçon. « Elle est incroyablement
adaptable », explique Sophie, qui la connaît bien, puisque
c’est sa propre jument depuis seize ans. Tout au long de
l’exercice, Fly est d’une grande douceur, parfaitement en
phase avec le tempérament de Tristan. « Le cheval est
une vraie éponge émotionnelle : il stresse si le cavalier est
stressé, se détend si la personne est détendue », éclaire-t-
elle. À la fin, Fly s’arrête devant un sens interdit. La séance
s’achève sur un moment un peu ludique : Tristan donne à
grignoter à la jument.
Sophie Peignier le salue. « On se voit la semaine pro-
chaine ! », lance-t-elle, avant qu’il ne s’engouffre dans la
voiture de ses grands-parents qui l’accompagnaient.
La passion du cheval et des soinsAux yeux de cette infirmière, les progrès de ses patients
sont très gratifiants. Car Sophie Peignier insiste bien :
l’équithérapie ne doit pas être confondue pas avec de
«
“Le cheval est une vraie éponge
émotionnelle : il stresse si le
cavalier est stressé, se détend
si la personne est détendue.
”
© Juliette Robert
Sophie Peignier, infirmière équithérapeute.
ACTUSOINS • 58 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • soigner autrement
l’équitation adaptée. « C’est bien du soin », assène-t-elle.
Pour Tristan, elle constate « une belle augmentation de son
autonomie, une performance des gestes, une amélioration
de sa concentration. Il respecte le cadre et gère mieux sa
frustration », se réjouit-elle.
« L’enfant autiste a une façon différente de percevoir le
monde extérieur de moi, ce qui entrave la communication.
J’utilise précisément le cheval comme un vecteur de commu-
nication », explique-t-elle. « Souvent les gens disent que ce
qui se passe avec le poney est magique, mais il faut rester
très humble : moi je n’attends pas le miracle, les choses se
font petit à petit. »
Sophie continue à mi-temps à exercer dans un Itep (institut
thérapeutique, éducatif et pédagogique, ndlr) avec des en-
fants souffrant de troubles du comportement, après avoir
longtemps exercé en soins généraux, puis en psychiatrie.
Persuadée qu’il existe autre chose que le tout psychiatrique,
cette passionnée de chevaux depuis son plus jeune âge,
avait souhaité garder l’équitation comme un plaisir, et non
en faire son métier. C’est pourquoi, entre autres, elle sou-
haite garder un pied dans une institution, avec un travail
d’équipe. Car être équithérapeute, c’est aussi accepter de
travailler seul.
Après avoir découvert l’équithérapie lors d’un salon, elle
suit donc de 2008 à 2010 une formation, assez chère
(comptez de 6 000 à 8 000 euros, ndlr) de 600 heures
à la Fédération Française d’Équithérapie, où elle revoit
les psychopathologies ainsi que le développement psy-
chologique et moteur, aborde l’aspect équestre du soin et
l’éthologie. Mais elle reconnaît qu’il n’existe pas encore
« d’uniformisation dans la formation ».
Ce qui est sûr, c’est que l’équithérapeute n’est pas un pro-
fessionnel du cheval. « C’est un métier hybride, qui ne
propose pas de monter à cheval, mais bien de travailler
sur des objectifs thérapeutiques » par le biais du cheval.
« Ces objectifs thérapeutiques sont défi nis lors du premier
rendez-vous avec le patient (ou ses parents, quand il s’agit
d’un enfant) où je prends connaissance du parcours du soin
du patient, ses diffi cultés. Ensuite, il y a quatre grands axes
sur lesquels nous pouvons travailler : l’affectif et l’émotion-
nel, le relationnel et le social, le cognitif, et le psychomo-
teur », explique Sophie.
Un métier aux contours encore fl ousSophie Peignier n’en vit pas encore, même si elle a des
patients réguliers. La faute probablement à une méconnais-
sance de ce métier, bien qu’elle constate que certains mé-
decins conseillent désormais l’équithérapie à leurs patients.
Et aussi à ses tarifs, « moins chers qu’un psychologue ».
Mais si elle veut démocratiser l’équithérapie, c’est la seule
solution.
Aujourd’hui, aux écuries d’Auvers-sur-Oise, elle est heu-
reuse d’avoir trouvé l’endroit idéal, entre vue sur les champs
à perte de vue et panorama imprenable sur Paris. Et sur-
tout, des gérants attentifs et compréhensifs de sa démarche.
« Dans d’autres centres, j’ai dû travailler à la lampe-torche
car pas d’éclairage la nuit venue, en hiver ! », se sou-
vient-elle, regrettant que certains centres équestres affi rment
être au point pour accueillir des patients alors que la réalité
peut être tout autre.
En attendant, peut-être, de travailler à temps plein, Sophie
Peignier est une équithérapeute heureuse mais fatiguée.
Pour travailler six jours sur sept avec un bébé en bas âge,
il faut être passionné. Et Sophie Peignier, l’est sans aucun
doute, autant quand elle évoque sa jument que les progrès
de ses patients. n
DELPHINE BAUER / YOUPRESS
“C’est un métier hybride, qui ne propose pas
de monter à cheval, mais bien de travailler sur des
objectifs thérapeutiques par le biais du cheval.
”
© Juliette Robert
ACTUSOINS • 59 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • agenda
LES ASSISES NATIONALES DES EHPADDU 15 AU 16 AVRIL 2015
Le Mensuel des maisons de retraites lance ses premières assises
nationales des Ehpad. Outre les questionnements économiques,
seront également évoquées les problématiques relatives au
management des équipes, aux méthodes Montessori, Humanitude
et Validation, ou encore à l'avenir du
secteur public. En partenariat avec
le Synerpa, la Fehap, la Fnaqpa, la
Fnadepa et l'Unccas.
Lieu : Le Méridien Étoile- 81 bld
Gouvion St Cyr - 75017 Paris
Informations et inscriptions :
www.ehpa.fr
SOIGNANTS EN PSYCHIATRIE… VERS QUELLES PRATIQUES ?DU 8 AU 10 JUIN 2015
Soignants ou techniciens ? Les décideurs politiques ont supprimé les formations
psychiatriques spécifi ques des professionnels de santé paramédicaux, actant ainsi de fait
l’absence de besoin spécifi que pour les « psys » d’un apprentissage à la relation et à la
médiation thérapeutique. La mise en place progressive de protocoles et d’évaluations (…)
ont largement pris la place des soins psychiatriques traditionnels, réduisant ainsi le rôle et
la responsabilité du soignant à la seule application des règles de « bon process », aux
dépens de tout projet institutionnel thérapeutique relationnel.
Lieu : 30 Rue Cabanis, 75014 Paris
Informations et inscriptions : www.erapformation.fr
LES ASSISES NATIONALES DES AIDES SOIGNANT(E)S 2015 Les 18 et 19 juin 2015
250 Aides Soignantes ont déjà participé aux
assises 2014 ...
Objectifs des 2 journées :
. Faire le lien entre relation et communication.
. Appréhender le processus de communication vécu par l'entourage
du patient.
. Comprendre" sa propre implication" dans une relation.
. Instaurer une communication verbale et non verbale avec les
personnes en tenant compte des altérations de communication.
. Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soin.
Lieu : Palais des Papes, Place du Palais, 84000 Avignon
Informations et inscriptions : www.fnaas.e-monsite.com
JNEP 2015DU 20 AU 22 MAI 2015
Au programme des 32e
Journées nationales d’étude
et de perfectionnement de
l’Unaibode :
- l’histoire de la chirurgie ;
- l’évolution du métier et son contexte ;
- L’ibode, incontournable dans les blocs
opératoires ;
- L’ibode, garant de la qualité, de la
sécurité et de l’effi cience des soins auprès
de l’opéré ;
- l’évolution vers d’autres compétences :
missions, actes exclusifs.
Lieu : Centre des Congrès de Lyon, Cité
Internationale, 69006 Lyon
Informations et inscriptions : www.
unaibode.fr
9E CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MÉDECINE D’URGENCEDU 10 AU 12 JUIN
Tous les ans, le Congrès Urgence réunit l'ensemble des Médecins,
Infi rmières, Assistantes Sociales, PARM, de tous les horizons de
l'Urgence extra et intra-Hospitalière. Cette année, le Congrès de la
SFM propose notamment 10 ateliers de simulation.
Lieu : Palais des Congrès Porte Maillot, 75017 Paris
Informations et inscriptions : www.urgences-lecongres.org
LES SALONS DE LA SANTÉ ET DE L’AUTONOMIEDU 19 AU 21 MAI 2015
Le regroupement de 3 événements professionnels majeurs des
secteurs du sanitaire et du médico-social : HopitalExpo, GerontExpo-
HandicapExpo et Health-ITExpo. Ces trois Salons de la FHF
rassemblent sur trois jours ces secteurs en développant des espaces
communs, des réfl exions croisées, initiant ainsi les synergies. Trois
thématiques : voir le monde hospitalier autrement, optimiser les
systèmes d’information et embellir le quotidien des personnes en
perte d’autonomie.
Lieu : Paris, Porte de Versailles, Pavillon 1
Informations et inscriptions : www.salons-sante-autonomie.com
ACTUSOINS • 60 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Infirmier libéral IADE IBODE Puéricultrice Autre
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Actusoins • se former
La simulation,À l’occasion de l’ouverture à Toulouse de l’un des plus grands centres de simulation
médicale de France, son directeur le Pr Geeraert nous présente cette nouvelle méthode
pédagogique qui développe autant les techniques de soin et les réactions au stress…
que la communication au sein des équipes soignantes.
Le service de simulation de Toulouse s’est installé au dé-
but de l’année à la place des anciens blocs opératoires,
de la salle de réveil et du bloc de déchoquage de l’hô-
pital Turpan (ces derniers étant partis profiter d’une aile
neuve à quelques mètres). Le service s’étend ainsi sur plus
de 600 mètres carrés et il a pu déployer trois blocs pour
la simulation de soins en anesthésie, pédiatrie et chirurgie.
Chaque salle opératoire est reliée à deux autres salles :
une salle de contrôle où le formateur manipule le « manne-
quin-patient » et une autre salle de débriefing ou les élèves
d’un jour peuvent suivre les actions de leurs collègues dans
le bloc de simulation avant de revenir avec eux sur leur
expérience.
Les séances de simulation, quel que soit le métier concerné
(médecin, infirmier, aide soignant ou brancardier…) suivent
toujours un protocole uniforme. Le groupe s’installe d’abord
en salle de débriefing et fait connaissance avec le forma-
teur qui rappelle les buts de la séance. Ensuite une partie
du groupe se trouve confronté à une situation simulée dans
un des blocs, face à un de ces fameux mannequins qui
respire, parle, a le cœur qui bat etc. Et à qui ont peu faire
tous les soins courants. Ces blocs étant équipés de camé-
ras, le reste du groupe peut donc voir agir et réagir leurs
collègues sur un grand écran depuis la salle de débrie-
fing. A la fin de la simulation, le groupe entier se reforme
en salle de débriefing et analyse son action. « Tout se fait
dans une ambiance très chaleureuse, par exemple nous
leur offrons toujours un café… », nous dit le Pr Geeraert
« Les soignants qui viennent faire de la simulation doivent
se sentir à l’aise. Grâce aux caméras (qui évitent de sentir
sur soi le regard des collègues), ils oublient très vite qu’ils
soignent un mannequin. À l’extrême inverse quelqu’un qui
ne veut pas essayer cette façon de faire ne doit pas venir ».
L’intérêt de cette démarche pédagogique, explique ma-
dame Laffont Corinne, directrice de l’école d’IADE de Tou-
louse c’est donc qu’elle est « auto socio constructiviste ». En
clair, il est question de prendre conscience de ses habitu-
des, d’accepter de les déconstruire avec l’aide des forma-
teurs et de ses pairs pour ensuite reconstruire une nouvelle
pratique sur des bases saines. « Ici finalement c’est l’erreur © Olivier Blanchard
Un bloc de simulation, parfaitement identique à un bloc classique.
un accélérateur d’expérience.
ACTUSOINS • 62 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • se former
faite qui va donner sa vraie richesse à la formation. Une
erreur que l’on a faite ici et que l’on corrige, on ne la refera
plus ensuite. On a d’ailleurs l’habitude dire qu’en quelques
séances ici, on prend quelques années d’expérience ».
Une gamme de compétences très étendueQuand on voit le matériel technique qui encombre les salles
et les armoires, on pourrait penser que la simulation ne sert
qu’à apprendre des gestes techniques, or il n’en est rien.
« Nous faisons des cessions pour des soins très spécifiques
comme l’intubation ou des gestes encore plus précis pour
les chirurgiens, puisque nous respectons au maximum la
maxime du « jamais la première fois sur un patient » » nous
dit le Pr Geeraert.
« Pourtant les situations de simulations sont révélatrices de
choses bien plus variées et notamment des dynamiques
de communication en équipe. On voit très vite la façon
dont les personnes communiquent entre elles. C’est aussi
l’occasion pour chacun de voir, sur la vidéo, ce que fait
l’autre professionnel à coté de lui, c’est souvent la première
fois et ça apporte énormément ensuite pour la dynamique
de l’équipe parce que chacun comprend le rôle exact de
l’autre et ses contraintes ». Et au final certaines séances
de simulation se font même sans geste très technique mais
simplement pour s’interroger sur la façon dont on transmet
une information au téléphone, ou comment on interroge le
patient à son arrivée au bloc…
L’erreur humaine en ligne de mireAlors que ce genre de problème pourrait sembler anecdo-
tique, le Pr Geeraert rappelle que 65 % des erreurs au bloc
sont des erreurs humaines. La protocolisation des soins, qui
diminue énormément les risques habituels de l’anesthésie,
a créé un nouveau danger : « Aujourd’hui quand un pro-
blème arrive, il est forcement hors protocole, exceptionnel
et plus que jamais les professionnels doivent être capable
de réfléchir et de faire face sans chercher à revenir dans
des rails ; il faut savoir gérer son stress et stimuler l’instinct
et l’intelligence collective de l’équipe. C’est pour cela aus-
si que la communication est importante : le médecin doit
formuler son objectif pour que chacun s’implique et soit
ressource, il ne peut plus simplement donner des ordres.
Mais ils n’ont jamais été formés à ça alors ça s’apprend ».
Au final cette méthode pédagogique intéresse même
d’autres secteurs économiques, ainsi le Pr Geeraert travaille
avec Airbus pour former des pilotes « Eux aussi quand un
problème arrive, ils n’ont que quelques minutes pour réagir.
Une fois les protocoles épuisés, si ils sont incapable de
réagir rapidement c’est la catastrophe… »
Dans une salle de débriefing, une séance se termine autour
d’un café. Un anesthésiste et une IADE ressortent perplexes
du bloc de simulation. Ils n’ont pas compris la pathologie
du patient et n’ont pas su poser un diagnostic sur ce qui
se passait. « Ce n’est pas grave » dit le formateur « Ce
qui est important c’est que tu as su réagir : ton patient ne
respirait plus, tu l’as intubé et tu lui as sauvé la vie, c’est le
principal ».
Un instant après on leur donne le fin mot de la situation :
c’était une erreur humaine et le patient aurait reçu une
dose du curare par erreur d’un autre soignant. « Ah ça
c’est vache ! Si on ne peut plus se faire confiance entre
nous ! » dit l’IADE. Mais la discussion continue et sur les 9
personnes dans la salle chacun, tour à tour, finit par évo-
quer au moins un cas similaire qu’il a rencontré dans sa
pratique. La simulation semble donc une façon active de se
poser les bonnes questions. Y compris les plus simples. n
OLIVIER BLANCHARD
“Il est question de prendre conscience de
ses habitudes, d’accepter de les déconstruire
avec l’aide des formateurs et de ses pairs
pour ensuite reconstruire une nouvelle
pratique sur des bases saines.
”
Depuis la salle de debriefing on peut voir tout ce qui se passe dans la bloc.© Olivier Blanchard
ACTUSOINS • 63 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • se former
Le compte personnel de formationen huit questionsDepuis le 1er janvier, les salariés du privé ont accès à une nouvelle modalité dans le
dispositif de formation continue. C’est le CPF : Le Compte Personnel de Formation.
LE CPF : C’est quoi ?Le compte personnel de formation (CPF) est une nouvelle
modalité d’accès à la formation créée par la loi relative à
la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie
sociale. Il a pour ambition d’accroître le niveau de qualifi-
cation de chacun et de sécuriser le parcours professionnel.
Il concerne les salariés du secteur privé, mais aussi les per-
sonnes sans emploi, inscrites ou non à Pôle emploi.
Comment ça marche ?Le CPF est alimenté en heures de formation chaque année.
Il permet de capitaliser 24 heures de formation chaque
année jusqu’à 120 heures, puis 12 heures, jusqu’à la li-
mite de 150 heures. Pour les temps partiels, les heures sont
calculées proportionnellement au temps de travail effectué.
Dans les structures de 50 salariés ou plus, un abondement
supplémentaire de 100 heures est accordé au salarié qui
© iStock/sandoclr
ACTUSOINS • 64 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
Actusoins • se former
n’a pas eu les entretiens professionnels auxquels il a droit
et dans certaines conditions.
Que devient le DIF ?Le DIF (Droit individuel à la formation) n’existe plus dans le
privé depuis le 31 décembre 2014. Il est remplacé par le
CPF. Toutes les heures du DIF acquises avant le 1er janvier
2015 et non utilisées sont transférées sur le CPF du salarié.
Pour les salariés de la fonction publique, le DIF perdure.
Comment utiliser le CPF ?C’est le salarié qui prend l’initiative d’utiliser son CPF afin
de concrétiser son projet de formation. Dans certains cas,
comme celui où la formation se déroule hors du temps de
travail, le salarié n’a pas besoin de demander l’autorisation
de son employeur pour l’utiliser.
Comment réaliser une demande de CPF ?Le CPF est attaché à la personne, et non à l’employeur.
C’est la grande particularité de ce dispositif. Ainsi, les
heures de formation inscrites sur le CPF demeurent ac-
quises en cas de changement de situation professionnelle
ou de perte d’emploi. Toutes les informations du CPF sont
informatisées et gérées par la caisse des dépôts et des
consignations. Pour savoir combien de combien d’heures il
dispose, le salarié peut se rendre sur le site « mon compte
formation.gouv ». Ce compte est abondé par le salarié lui-
même ou par l’employeur. La procédure de mobilisation
des heures relève de la seule initiative du salarié.
Toutes les formations sont-elles possibles avec le CPF ?Seules certaines formations peuvent être suivies dans le
cadre du CPF. Ces formations doivent appartenir à 3 ca-
tégories précises : les actions de formation du socle de
connaissances, l'accompagnement à la VAE (Validation
des Acquis et de l'Expérience) et enfin, les formations abou-
tissant à un titre inscrit au RNCP (Répertoire national des
certifications professionnelles), ou bien inscrites à un pro-
gramme de qualification propre à chaque région, ou en-
core, à une certification personnelle établie par la CNCP
(Commission nationale des certifications professionnelles).
Pas assez d’heures de CPF pour une formation : comment faire ?Les formations plus longues peuvent toujours être finan-
cées par les autres dispositifs de financement de la forma-
tion continue : Plan de formation des établissements, CIF
(Congé Individuel de Formation) dans le privé, CFP (Congé
de Formation Professionnelle) dans le public. Ou par un
montage de différents financements dont le CPF.
Le bilan de compétences est-il éligible au CPF ?Le bilan de compétences n’est plus éligible au titre du CPF
depuis le 1er janvier 2015. Il peut être financé dans le
cadre du congé bilan de compétence ou dans le cadre du
plan de formation traditionnel de l’entreprise. n
MALIKA SURBLED
CPF ET DPC : CE QU’ILS EN PENSENTLamine Gharbi, président de la Fédération de l’Hospitalisation privée (FHP), souhaite que « les nouvelles orientations prises soient de vrais leviers er non une “usine à gaz” supplémentaire ». « Nous demandons l’inscription automatique des programmes de DPC (développement professionnel continu) enregistrés et validés dans les listes éligibles au CPF. Dans la mesure où il s’agit d’une obli-gation incombant au professionnel, celui-ci, lorsqu’il est salarié, doit pouvoir la remplir en mobilisant son CPF » explique-t-il.
Alice Casagrande, directrice formation et vie associative de la FEHAP (Fédéra-tion des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs), précise qu’il « n’est pas dans l’esprit de la loi » d’obliger un salarié à mobiliser son CPF pour suivre une formation DPC validante. « Le CPF est un dispositif créé pour un salarié pour qu’il puisse bénéficier de formations, soit à son initiative propre, soit en co-construction avec son employeur. En aucun cas il n’est prévu dans une optique de contrainte de la part de l’employeur. En revanche, les souhaits du salarié et celui de l’employeur pouvant être convergents, le CPF peut être mobilisé pour une formation co-financée sur le plan de formation d’un établissement. Et il est bien sûr de l’intérêt de tous de mobiliser le dispositif en ce sens. Mais cela relève d’un dialogue et non d’une contrainte, et c’est notamment le sens de l’entretien professionnel prévu par la loi », explique-t-elle. n
CONSEILS AUX SALARIÉS, PAR ALICE CASAGRANDE, DIRECTRICE FORMATION ET VIE ASSOCIATIVE DE LA FEHAP« Le CPF est une opportunité très intéressante pour aider les salariés à bénéficier de formations. Mais cela sup-pose une capacité de se projeter, d’anticiper, de savoir ce que l’on veut. Et cela est plus facile pour certaines populations que pour d’autres, pour certaines personnes que pour d’autres. Il faut que les salariés prennent le temps de mûrir leur projet après avoir regardé les for-mations qui rentrent dans le CPF ; et qu’ils n’hésitent pas à en parler avec leur hiérarchie, mais aussi leurs collè-gues, ou les conseillers de l’OPCA. C’est en croisant différentes sources d’informations que l’on peut identifier au mieux comment utiliser son CPF, en réponse à un souhait d’évolution professionnelle ». n
“Le CPF est un dispositif créé pour un
salarié pour qu’il puisse bénéficier de
formations, soit à son initiative propre, soit
en co-construction avec son employeur.
”
ACTUSOINS • 65 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
ANNONCES CLASSÉES OFFRES DE FORMATION
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ACTUSOINS • 66 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Diplôme UniversitaireAnnée Universitaire 2015 - 2016
Prévention et prise en charge des Escarres3 Modules de 4 jours
Informations sur le site : www.univ-lyon1.fr et www.escarre-perse.com Pré-inscriptions : obtenir l’accord écrit du coordinateur d’enseignement, Dr Dominique Sigaudo-Roussel
envoyer par courrier électronique vos CV et lettre de motivation à :[email protected]
Tél. 04 72 72 26 09 secrétariat ou 04 37 65 29 34 Dr Dominique Sigaudo-RousselInscriptions : sur www.univ-lyon1.fr (spécialités médicales) de juillet à octobre 2015
Module 1 : LYON (Gerland IBCP) décembre 2015Module 2 : LE MANS (Centre de l’Arche) mars 2016
Module 3 : LYON (Gerland IBCP) mai 2016Enseignants encadrants : Pr Marc Bonnefoy, Service de gériatrie, Lyon ; Dr Denis Colin, Centre de rééducation de l’Arche, St-Saturnin ; Dr Brigitte Barois, Qualité-Gestion des Risques, Gonesse ; Pr Jean Louis Saumet, Physiologie vasculaire, Lyon ; Jean-Marc Michel, Service de gériatrie, Colmar ; Dr Yves Passadori, Service de gériatrie, Mulhouse.
Public : Médecins, Pharmaciens, Infirmiers, Masseurs-Kinésithérapeutes, Ergothérapeutes, Diététiciens, Aide-soignants. Capacité d’accueil maximum : 40 personnes
Université François-RabelaisTOURS
FORMATION PROFESSIONNELLECONTINUE
Tél : 02 47 36 81 [email protected]
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ADAPTÉES
À UNE ACTIVITÉ
PROFESSIONNELLE
Formation ContinueUniversité François-Rabelais de Tours60 r tain - BP 1205037020 TOURS Cedex 1
> Diplômes Université (D.U.) ou Inter-universitaires (D.I.U)• Addictologie - Alcoologie
• Autisme et troubles apparentés
• Case Management (gestion de processus de prise en charge complexes)
• Cultures, migrations et discriminations
• Démarche qualité et gestion des risques
• Éducation pour la santé / Éducation thérapeutique
• Formation à la simulation en santé
• Hygiène hospitalière
• Initiation à la éthique dans la pratique soignante
• Médiation et gestion des
• Prévention-réadaptation cardiovasculaires
• Psychocriminologie
• Psychopathologie de la personne âgée
• Réhabilitation respiratoire
• Soins palliatifs et d’accompagnement
> Masters• Management des équipes, santé et qualité de vie
au travail
• Management de la qualité et des projets
• Stratégie et Ingénierie en Formation d’Adultes (SIFA)
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ACTUSOINS • 67 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Ces formations se déroulent, en alternance d’octobre à juin
MASTER Professionnel 2ème année “Education et Formation”, spécialité C : encadrement dans le secteur sanitaire et social 3 parcours proposés : - Cadre de proximité dans le secteur sanitaire et le travail social- Formateur dans le secteur sanitaire et social - Éducation thérapeutique
Possibilité d’accéder à ces formations par VAP ou de candidature par VAE.
Possibilité de proposer l’un des parcours en interne (institution, ou regroupe-ment géographique), pour un groupe de 12 à 20 personnes.
DIU Recherche en Sciences Infirmières- Niveau 1. Construire un objet de recherche en sciences infirmières- Niveau 2. Construire un protocole de recherche en sciences infirmières
DU Tutorat dans la formation des étudiants paramédicaux
DU Evaluation des pratiques professionnelles
Programmes DPC
Renseignements : UNIVERSITÉ D’Aix-Marseille - UMFCSTél : 04 91 32 46 03 ou 04 91 69 88 99 Mail : [email protected]
MASTER Professionnel “Sciences cliniques infirmières”3 parcours proposés :- Infirmier(ère) coordinateur (trice) de parcours complexes de soins - Infirmier(ère) de pratiques avancées en cancérologie- Infirmier(ère) de pratiques avancées en gérontologie
Renseignements : UNIVERSITÉ D’Aix-Marseille - DUSI Tél : 04 91 32 46 81 Mail : [email protected]
Aix-Marseille-Université organiseles formations diplômantes et qualifiantes suivantes.
organisme gestionnairedu développementprofessionnel continu
Pathologies digestives | Obésité | Chirurgie bariatrique
| Cancer | Dénutrition | Maladie d’Alzheimer | Handicap
Pôle formation Cnam-IstnaInstitut scientifique et technique de la nutrition et de l’alimentation
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Licence Pro Logistique Hospitalière
Objectifs :
milieu hospitalier et accompagner leur mise en œuvre
Public : Salariés ou agents de la fonction publique
Lieu : IUT Chalon-sur-Saône et CHU de Dijon
INFORMATIONS
Prérequis : Bac +2 ou validation des acquis professionnels (VAP) - Durée : 384h
Accès : Plan de formation, période de professionnalisation, Congé Individuel de
Formation, DIF, Compte Personnel de Formation (CPF)
Validation : Diplôme de niveau 2 (Bac +3)
OUVERTURE EN JANVIER 2016
CONTACT
Pédagogie : Mme Agnès BASAILLE - [email protected] - 03 85 42 43 41
Administratif : Mme Martine BAILLY - [email protected] - 03 80 39 51 93
Toute l’info : www.u-bourgogne-formation.fr - www.iutchalon.u-bourgogne.fr
Bien-traitance et qualité relationnelle dans les soins
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Modules spécifiques pour :Infirmières, Sages femmes, Aides soignantes, Auxiliaires de vie…Kinésithérapeutes, Psychologues, Éducateurs spécialisés…
Formations certifiantes :Praticien(ne) en Massage Sensitif®de Bien-ÊtreSomato et Psycho-Somatothérapeute en Méthode Camilli®
Catalogue complet sur www.massagesensitif.tm.frContact : 05 62 00 35 72 - [email protected]
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INFOMECA Institut International de formation au Massage Sensitif® et à la Méthode CAMILLI® Organisme de formation professionnelle enregistré OGDPC et sous le n° 73.31.03277.31 auprès du Préfet de la région Midi-Pyrénées (cet enregistrement ne vaut pas agrément de l’état). SIRET 422 398 289 00013.
ACTUSOINS • 68 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
OFFRES DE FORMATION
CONTACT POUR LES 2 DIPLÔMES UNIVERSITAIRES
Pédagogie : Mme Agnès BASAILLE - [email protected] - 03 85 42 43 41
Administratif : Mme Martine BAILLY - [email protected] - 03 80 39 51 93
Toute l’info : www.u-bourgogne-formation.fr - www.iutchalon.u-bourgogne.fr
INFORMATIONS POUR LES 2 DIPLÔMES UNIVERSITAIRES
Prérequis : Bac +2 ou validation des acquis professionnels (VAP) - Durée : 158h
Accès : Plan de formation, période de professionnalisation, contrat de
professionnalisation (secteur privé), Congé Individuel de Formation, DIF, Compte
Personnel de Formation (CPF)
Validation : Diplôme universitaire de niveau 2 (Bac +3)
Logistique en aux Blocs Opératoires Diplôme universitaire (LBO)
Objectifs : Acquérir une vision globale de la fonction de management au sein du bloc
opératoire - Optimiser le fonctionnement d’un plateau technique interventionnel
Public : Coordonnateurs de blocs ou de plateformes, cadres
de santé, IBODE, IADE, AS, logisticiens, médecins, ingénieurs
organisation et méthodes
Lieu : CHU de Dijon
À savoir : Le DU LBO permet de valider la licence professionnelle
‘Logistique Hospitalière’ en suivant le tronc commun (201h).
Qualité en Établissements de Santé Diplôme universitaire (QES)
Objectifs : Concevoir et manager la démarche qualité (risque,
politique de développement durable
Public : Cadres de santé, dirigeants, coordonnateurs de la
gestion des risques associés aux soins, médecins, pharmaciens,
consultants des structures publiques ou privées de conseil
Lieu : Centre hospitalier de Chalon-sur-Saône
OUVERTURE DES 2 DIPLÔMES UNIVERSITAIRES EN JANVIER 2016
ACTUSOINS • 69 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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IRFA Evolution est un organisme de Formation spécialisé dans la formation continue des professionnels des secteurs sanitaire et médico-social.
Nos 5 établissements sont implantés sur l’ensemble du territoire. Notre développement nous conduit à renforcer notre pôle de Formateurs pour les régions Haute et Basse Normandie.
Nous recrutons des FORMATEURS dans les domaines suivants :• Troubles psychiques • Démarche projet • Pédicurie • Autonomie de la personne âgée • Ecrits professionnels
Professionnels confirmés, vous avez déjà animé des actions de formations continues auprès de salariés du secteur et vous souhaitez partager votre expertise et votre expérience : Rejoignez l’équipe IRFA Evolution.
Envoyez votre CV, photo, lettre de motivation, prétentions et nombre de jours annuel de disponibilité à :
www.irfa-evolution.fr
Hopital Privé Marseille Beauregard, 12ème arrondisse-ment, appartenant au Groupe Sainte Marguerite, recrute :
IADE INFIRMIER ANESTHESISTE H/FCDI - TEMPS PLEIN
pour un bloc général de 9 salles, pour travailler en collaboration avec les anesthésistes.
Poste à pourvoir immédiatementHoraires en 10h selon planning (3 ou 4 jours par semaine)
Candidature à adresser à : Véronique MeynardHôpital privé MarseilleDirection des Ressources Humaines23 rue des Linots - CS 60081 - 13425 Marseille Cédex
ACTUSOINS • 72 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
OFFRES D’EMPLOI
CENTRE HOSPITALIER
Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent - Gentilly
Fondation Vallée
LA FONDATION VALLÉE Centre Hospitalier Infanto-Juvénile situé à Gentilly (94250) à proximité immédiate de Paris
Recherche H/F :
Pour son pôle adolescents :
1 Orthophoniste mi-temps pour ses unités d’hospitalisation moyen et long séjour
Pour son pôle enfant :
1 Orthophoniste à 50% sur les deux unités long et moyen séjour et court séjour
1 Orthophoniste à 50% - 50% pour son Hôpital de jour et son CMP de Gentilly
Pour tout renseignement écrire : [email protected]
Les candidatures doivent être adressées à Monsieur le Directeur Fondation Vallée - 7, rue Benserade - 94257 GENTILLY Cedex
‘‘AREPA – Acteur majeur du secteur médico-social (1700 salariés - 68 sites), spécialisé dans la gestion de résidences pour personnes âgées, recrute pour ses établissements médicalisés en Ile-de-France et Province des :‘‘Rejoindre l’AREPA,
c’est redonner un sens à la vie...
• INFIRMIER D.E H/F – CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Cadre infirmier, et en relation avec l’équipe pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à l’organisation quotidienne de l’activité de l’équipe soignante, dans un souci de continuité et de qualité de la prise en charge. Au-delà des missions propres dévolues à votre fonction, vous inscrivez votre activité dans une démarche préventive et éducative et créez les conditions d’une prise en charge individualisée. Vous assurez la mise en œuvre des protocoles de soins et des plans de sécurité sanitaire. En lien avec l’équipe et les acteurs du réseau de santé, vous participez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme IDE exigé.
• AIDE SOIGNANT H/F – CDI – Temps plein En relation avec l’équipe soignante et pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à la prise en charge individualisée des résidents en dispensant les soins requis, dans une démarche éducative et préventive, dans le respect des besoins de la personne. Vous participez au développement d’activités d’animation et de loisirs visant à maintenir le lien social et contribuez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme ASD exigé.
• PSYCHOMOTRICIEN H/F – CDI – Temps plein et temps partiel Sous la responsabilité du directeur d'établissement, conformément aux différents décrets en vigueur dans la profession, et au sein d'une équipe pluridisciplinaire, le psychomotricien met en œuvre des activités de rééducation et de stimulation sensorielle auprès des résidents confrontés à des difficultés psychologiques vécues et exprimées de façon corporelle. Diplôme de Psychomotricien exigé. Expérience en gérontologie.
• ERGOTHÉRAPEUTE H/F – CDI – Temps plein et temps partiel Sous la responsabilité du Directeur d'Etablissement, et au sein de l'équipe pluridisciplinaire de la résidence, conformément aux différents décrets en vigueur dans la profession, vous contribuez au traitement des déficiences et/ou handicaps de nature somatiques et/ou psychiques par des actes de rééducation et de réadaptation. Vous sollicitez les fonctions déficientes et les capacités résiduelles afin de maintenir, récupérer ou acquérir la meilleure autonomie possible, à travers la mise en œuvre de techniques de compensation du handicap. Diplôme d’Ergothérapeute exigé. Expérience en gérontologie.
• CADRE INFIRMIER H/F – CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Directeur d’établissement, vous avez en charge l’Animation, l’encadrement de l’équipe soignante, le recrutement, la formation, l’évaluation, l’intégration, et l’accueil des stagiaires. Vous organisez et coordonnez la prise en charge des résidents, conformément aux valeurs AREPA, aux projets de vie et de soins de l’établissement. Vous contribuez à la gestion des relations avec les familles et les divers acteurs de la santé, vous êtes garant du respect de la qualité des services dus aux résidents. Vous assurez la mise en œuvre des procédures et des protocoles de soins dans un souci de sécurisation des soins délivrés. Diplôme IDE exigé. Diplôme de Cadre de Santé apprécié.
Pour l’ensemble de ces postes, outre votre formation initiale, ce sont vos qualités professionnelles qui feront la différence : sens de l’écoute, intérêt pour les problématiques sociales et humaines, goût du travail en équipe, rigueur et patience.
Conditions de recrutement : CCN 51 + reprise d’ancienneté + prime. Avantages : Comité d’Entreprise, 1% patronal.Merci d’adresser votre dossier de candidature (CV + LM) à : [email protected]
ACTUSOINS • 73 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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Medi-Emploi Sàrl - CP 1270 - 1260 Nyon 01 - SuisseTél. 0041 22 362 15 53 - www.mediemploi.ch
Remplacements de 6 à 12 mois ou postes fixes.Accueil, Encadrement et Formation continue
sont les atouts des établissements suisses.Nous prenons le temps de vous conseiller,
vous guider dans cette nouvelle étape professionnelle.
IDECardiologie, Hémodialyse, Oncologie,
Réanimation, Urgences, etc.
IADE - IBODEjeune diplômé ou avec expérience
Puéricultriceen pédiatrie et/ou néonatalogie
Sage-femmeavec expérience
Anne ChopardResponsable dpt médical
+41 79 331 36 [email protected]
www.aazemplois.ch
Infirmier(ère) DE en soins générauxInfirmier(ère) spécialisé(es) en réanimation ou SIAMU,Hémodialyse, PuéricultureIADEIBODEKinésithérapeuteMédecinsTechnicien(e) en radiologieSage-femme, etc...
RG emplois médical SuisseRue de la Maltière 3, CH-2800 Delémont (Suisse)Tél. direct : 00 41 32 424 50 02 ou 50 00 E-mail : [email protected] www.rg-emplois.ch
Nous recherchons constamment des infirmier(ière)s qualifié(e)s pour divers établissements hospitaliers et foyers pour personnes âgées :
Services médecine, chirurgie, gériatrie, psychiatrie, pédopsychiatrie, soins intensifs (certifié(e)s SIAMU), urgences, hémodialyse, IBODE et IADE certifié(e)s, sages-femmes, ergothérapeutes, technicien(ne)s en imagerie médicale.
Egalement parfois des aides-soignantes diplômé(e)s DEAS pour des foyers personnes âgées...
Contrat fixe longue durée (12 mois minimum) ou parfois temporaire, selon la demande. Cadre plaisant, bonnes conditions de travail et d’engagement. Nous ne recrutons que des personnes ressortissantes des pays de l’UE et parlant très bien le français. Nous nous chargeons des démarches administratives. Possibilité de logement.
Nous nous réjouissons de recevoir votre candidature et de pouvoir collaborer avec vous. Contactez-nous sans tarder
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ACTUSOINS • 74 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015
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