Ahmed SETTI . " Naissance de la psyonique, : Introduction à la psychologie du non-équilibre". Atramenta, Ed. 2017 , 234 p.

pages. pages.C’est un bon livre, agréable à parcourir,

aéré, bien documenté. Et c’est le sérieux etla qualité (l’étendue aussi) de cette docu-mentation qui, après le premier momentinitialement provocateur et possiblementprésomptueux, oblige à se dire que c’est unexposé (déjà presque un Manuel) avec le-quel il faudra compter, voire une nouvelle

Des précurseurs aussi respectables quedes sociologues (E. MORIN et G. BALAN-DIER) des physiciens comme PRIGOGINE,des mathématiciens comme R. THOM et

MANDELBROT, des biologistes comme F. VARELA, H. ATLAN ; aussi ouvertsau dynamisme que BATESON, HALEY (l’école de Palo Alto), PIAGET, VonFOERSTER, des psychanalystes aussi connus que FREUD, A. GREEN, A. BOUR-GUIGNON, R. KAES, P. FEDIDA… ou moins connus (les PRAGIER, M. PIGAZ-ZINI, QUINODOZ…) attachent le lecteur, curieux de voir comment il va lesinterprèter et les utiliser.

Il n’y a pas là une vaine recherche d’originalité et de nouveauté, mais,une sympathique volonté de convaincre qui fera accepter les redondances,inévitables mais bien utiles. C’est un ouvrage didactique en un domainepour beaucoup inhabituel, à défricher, explorer. On ne manquera pas de luidire : maintenant on attend les travaux pratiques. A. SETTI en expose déjàun certain nombre à propos de la pathologie de la transplantation, appréciantau passage les travaux de ZULMIDO DE ALMEIDA (1932-1975) sur ce sujet etce problème tout à fait actuel et d’avenir.

brouiller les cartes et illusionner leurs protagonistes. Que ce soit un psycha-nalyste même (Mario PIGAZZINI) qui le reconnaisse mérite d’être signalé

le psychanalyste, le systémiste et le « chaoticien ». « La chaos-psychologyest un domaine spécifique avec son propre cadre paradigmatique, son propreobjet d’étude et une méthode d’approche bien définie, elle doit se constituer

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1. Centre d’études des non linéarités psychiques. Rabat (Maroc)

AHMED SETTI : NAISSANCE DE LA PSYONIQUE

gie. épistémologie, à tout le moins méthodolo-

Beaucoup de définitions précises et nécessaires en ce domaine où,comme dans tant d’autres, l’us et abus de la métaphore n’a fait que

(p.124).Il y a, grosso modo, à l’heure actuelle 3 sortes de praticiens, dit l’auteur :

par et pour elle-même et non en référence à d’autres disciplines même si

pour les opposer que pour montrer leur originalité propre : la notion de dé-veloppement pour la psychanalyse, celles de conflit, de paradoxe et de ré-

« psychologie de non équilibre » ou « psyonique », dont l’objet d’étudeest le « bruit » externe et le « chaos » psychiques, la dynamique des « sys-tèmes instables, non linéaires » ; et une orientation (intérêt) privilégié pourl’avenir plutôt que pour le passé, une inscription dans un courant « psycho-crisologique ».

« un blocage des processus de pensée quand survient une information - unproblème à solutionner - qui est incompatible, disons en dissonance, avecla carte cognitive de l’individu ». A. SETTI dit : « la crise survient chez unepersonne quand, dans un environnement autre, elle continue de fonctionneravec les mêmes codes pré-transitionnels, alors que les méta-codes ont

vue psychologique, comme « un état de déséquilibre où le sujet n’a plus delimites stables », etc… qui pourrait être celle de la psychose. SETTi devra

d’appeler « Psychaoses » les troubles mentaux qui caractérisent la psycho-pathologie transitoire en raison de leur côté chaotique et régénérateur à lafois ; dont il précise les particularités. Parmi elles, nous retenons qu’ « ils’agit de perturbations qui ont lieu suite à la perte des modèles psychiquesdu futur ».

fournit un modèle important pour travailler avec les personnes qui font l’ex-périence d’une transition dans leur vie ». En adoptant le fait que le monden’est pas toujours prédictible, cette approche s’oppose au modèle médicalet psychanalytique qui se focalise sur la pathologie comme phénomène in-trapsychique et sur un modèle normatif implicite. Peut-on se référer à lathéorie du chaos si on fait sienne la terminologie freudienne ? La réponse

d’utile à la psychanalyse ne peut provenir de la théorie du chaos ». Mais ilest juste de reconnaître avec l’auteur que ce sont des psychanalystes qui ontété les premiers à s’intéresser à la théorie du chaos : William COBURN et, enFrance, les PRAGIER.

- Le trauma, « en tant qu’événement imprévisible, met en évidence,avant toute chose, le fait que le monde n’est plus maitrisable dans sa tota-lité ». « Les traumatismes psychiques ont toujours constitué pour la psycha-nalyse « des empêcheurs de catégoriser en rond » dit Françoise SIRONI

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CABINET DE LECTURE

des analogies existent » (p.144). Trois paradigmes sont évoqués, moins

- Le conflit n’est pas (que) la crise. La crise, dit LAROCHE (cité p.87) est

changé » (p.103). - Le chaos… Jack DORON (p.146) en donne une définition, du point de

mettre de l’ordre dans ce domaine (il s’y emploie). Ainsi il propose (p.151)

p.137 il est noté par BUSSOLARI et GOODELL que « la théorie du chaos

est non, dit l’auteur. LEVENSON (cité par 130) va jusqu’à dire que « rien

(p.150)… ni spécifiquement névrotiques ou psychotiques ou borderlines ; et

gulation pour la psychologie systémique, l’auto-organisation pour la

le modèle psychanalytique classique (avec recherche systématique d’unconflit psychique survenu dans l’enfance), pertinent en certains cas est « ina-dequat pour rendre compte des faits pathologiques liés aux vicissitudes dela vie et de la déculturation ». Le modèle ethnopsychiatrique et Tobie NATHAN

gique donne la primauté au vécu, le courant ethnopsychiatrique aux racines ». - « La psyché est un système à la fois homéorhétique (auto-dévelop-

pant), homéostatique (auto-régulant) et aussi morphogénétique (auto-orga-nisant) ». Ces concepts ne sortent pas de l’ imagination et de l’ingéniositéde l’auteur, mais ont été déjà formulés (dans l’ordre) par WADDINGTON, CAN-

- La notion d’appareil psychique est issue des « modèles de l’équili-bre » de la physique du XIXème siècle et devrait être remplacée par la théoriedes systèmes dynamiques non linéaires, dit J. GOLDSTEIN2. « Il n’y a pas

forme psychique donc, il n’y a plus l’idée de croissance ou de développe-ment comme en psychologie génétique, mais seulement celle d’une organi-sation psychique susceptible d’être agressée par des bruits externeseux-mêmes réorganisateurs de nouvelles formes psychiques ».

sychique et l’interpsychique à la prise en compte du transpsychique et descausalités linéaires ou circulaires à l’étude des non linéarités psychiques ».Cela implique un renouvellement de sa boîte à outils et de son vocabulaire,à travers la lecture de nombre d’auteurs pas forcément très familiers dansl’univers des psys formatés aux auteurs du « programme » de l’université

pas qu’un organe de mémoire, mais l’organe des projets, de la prédiction,de la liberté. Vers les analystes existentiels (FRANKL, EY) aussi, si l’activitéde l’esprit est bien de « donner un sens aux choses », comme le dit DI PAOLO,cité par l’auteur p.198.

De nouvelles perspectives et reformulationsdonc dans ce gros travail de réflexion libre et in-telligent, très bien documenté, pour une synthèseen gestation. A Rabat, on ne fait pas que se pro-

R.M. PALEM,

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2. In Social research 1995 et Psychological inquiry 2009. A ne pas confondre avecKurt GOLDSTEIN et sa Structure de l’organisme (1934,1952)

AHMED SETTI : NAISSANCE DE LA PSYONIQUE

sont évoqués, sans confusion possible (pp. 86, 88) : « le courant crisiolo-

NON, MARUYAMA (p.62).

d’appareil psychique, il n’y a que des formes » (p.67). « Avec la notion de

p.182 : « Nous passons alors des préoccupations centrées sur l’intrap-

voisine : les « attracteurs étranges » d'Ilya PRIGOGINE, l’autopoièse de F.

Des ponts possibles vers EY et BERTHOZ (p.152) pour qui le cerveau n’estVARELA (p76), le « paradigme du tas de sable » de BAK (p.160), etc…

travaille aussi et bien. mener dans les jardins des Oudayas, on y