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HAL Id: hal-00896046 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00896046 Submitted on 1 Jan 1993 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Ajustements technico-économiques possibles de l’alimentation des volailles dans les pays chauds M. Picard, B. Sauveur, F. Fenardji, I. Angulo, P. Mongin To cite this version: M. Picard, B. Sauveur, F. Fenardji, I. Angulo, P. Mongin. Ajustements technico-économiques possibles de l’alimentation des volailles dans les pays chauds. INRA Productions Animales, Paris: INRA, 1993, 6 (2), pp.87-103. hal-00896046

Ajustements technico-économiques possibles de l

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Page 1: Ajustements technico-économiques possibles de l

HAL Id: hal-00896046https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00896046

Submitted on 1 Jan 1993

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Ajustements technico-économiques possibles del’alimentation des volailles dans les pays chauds

M. Picard, B. Sauveur, F. Fenardji, I. Angulo, P. Mongin

To cite this version:M. Picard, B. Sauveur, F. Fenardji, I. Angulo, P. Mongin. Ajustements technico-économiques possiblesde l’alimentation des volailles dans les pays chauds. INRA Productions Animales, Paris: INRA, 1993,6 (2), pp.87-103. �hal-00896046�

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M. PICARD, B. SAUVEUR, F. FENARDJI*

I. ANGULO P. MONGIN

INRA Station de Recherches Avicoles37380 Nouzilly

* Institut Technique des Petits Elevages,B.P. 2, Birkhadem, Alger (Algérie)

** FONAIAP, Apdo 4653, Maracay

1 . (Vénézuéla)

Ajustementstechnico-économiquespossibles del’alimentation desvolailles dansles pays chauds

Le développement spectaculaire des productions avicoles dans les payschauds aggrave la situation de dépendance en matières premièresalimentaires de beaucoup d’entre eux, ce qui risque de créer des situationsconflictuelles face à certains souhaits d’ajustement structurel et auxdisponibilités limitées en devises. En tenant compte de ces contraintes etdes adaptations techniques possibles à un environnement climatiquechaud, peut-on définir des modes d’alimentation des volailles plus adaptésque ceux actuellement utilisés et qui permettraient la poursuite d’unecroissance de ces productions ?

Résumé ————————————————————————————————————————————

L’aviculture des régions chaudes doit tenir compte de deux facteurs limitants majeurs : le climat qui freine la consommation énergétiquedes volailles et modifie l’habitat et les cycles de productions (croissance ralentie, oeufs plus petits...) et l’importation, pour beaucoup de payschauds, des céréales et du tourteau de soja avec des devises de plus en plus rares.

Les solutions nutritionnelles viables à moyen terme, pour les volailles, sont celles qui tiennent compte de ces deux types de contraintes dansle choix des normes de formulation et qui intégreront l’aviculture dans le développement agro-industriel global de ces pays. Sept exemplesexpérimentaux illustrent la recherche de solutions adaptées, en collaboration entre l’INRA et plusieurs pays chauds. Pour être efficacementappliquées ces solutions requièrent une adaptation pratique par les professionnels de l’aviculture dans chaque situation.

La distribution ad libitum d’un régime complet laisse peu d’espoir de pouvoir compenser les effets négatifs de la chaleur sur lesperformances par des ajustements de sa composition. Par contre, certaines erreurs comme l’augmentation de la teneur de l’aliment enprotéines de mauvaise "qualité", c’est-à-dire avec des concentrations relativement basses d’acides aminés indispensables digestibles,peuvent aggraver les effets du climat.Le niveau d’ingestion énergétique faible des poules pondeuses permet d’envisager l’utilisation de régimes dilués, granulés, contenant desquantités plus importantes de sous- produits disponibles localement et ayant une valeur nutritionnelle, comme les issues de céréales.La combinaison de rythmes lumineux et de systèmes d’alimentation discontinue en supprimant l’accès à la mangeoire quelques heures avantet pendant le pic thermique quotidien permet de maîtriser les mortalités excessives des poulets de chair en période de finition.Le fractionnement du régime complet ouvre des voies de recherches stimulantes dont deux ont déjà prouvé un intérêt :- technico-économique, dans le cas de l’alimentation calcique séparée des poules pondeuses qui induit une augmentation de l’ingéréénergétique du matin et une amélioration de la ponte ;- économique par l’utilisation d’un aliment complémentaire unique pour le poulet et la pondeuse distribué en libre choix avec des céréalesgraines entières pouvant être produites par l’aviculteur ou acquises à moindre coût (et des coquilles d’huîtres pour la ponte). Cette solutionpermet de limiter les transports et les gaspillages de matières premières en concentrant l’effort technique sur un seul produit.La mise au point de modèles d’alimentation alternatifs prenant en compte les rythmes de températures et de lumière existant dans lespoulaillers ouverts des pays tropicaux est un domaine d’avenir qui devrait stimuler les échanges scientifiques Sud-Nord.

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Depuis 20 ans, l’aviculture intensive sedéveloppe partout dans le monde et particuliè-rement au sud. Alors que la chaleur est eneffet souvent présentée comme une source dedifficultés dans les pays tempérés, elle possèdeaussi des avantages intrinsèques puisqu’elleréduit les coûts de logement des animaux,voire une partie des coûts alimentaires. Enoutre, les divers types de climats chauds, liésau degré d’humidité de l’air et aux fluctuationsnycthémérales de température, doivent êtreexaminés comme autant de cas différents.

L’alimentation des volailles doit être ajustéeà ces variations climatiques (Nir 1992) maisaussi à la situation économique des pays oùelles sont produites, ce qui est loin d’être tou-jours pratiqué.

Tandis que les nutritionnistes européenss’éloignent en effet régulièrement du modèle&dquo;céréale-soja&dquo; en valorisant divers sous-pro-duits et les protéagineux, leurs confrères dusud restent paradoxalement plus conserva-teurs : des masses croissantes de céréales et desoja sont donc importées du nord, nécessitantdes quantités de devises elles-mêmes crois-santes. Les chances d’un développement avico-le harmonieusement intégré à une valorisationcroissante des produits agricoles et sous-pro-duits locaux dépendent à leur tour de trois fac-teurs essentiels :

- une communication efficace entre lesacteurs de la filière avicole et ceux des filièresde production des matières premières ;

- une évaluation nutritionnelle précise etconstamment actualisée des matières pre-mières disponibles et en développement ;

- un choix raisonné des régimes alimen-taires à mettre en oeuvre pour nourrir lesvolailles.

Des prix justes, des compositions dematières premières précisément évaluées etdes spécifications nutritionnelles optimalessont donc les trois &dquo;points-clés&dquo; de la matricede programmation linéaire dont l’usage cou-rant devrait dépasser la simple formulationdes aliments pour servir d’outil de développe-ment et de communication entre filières.

Il serait utopique de prétendre posséder dessolutions ajustées à toutes les situations clima-tiques et économiques des pays du sud. Nousvoulons cependant, par quelques exemples,montrer les opportunités offertes par diffé-rents environnements en insistant sur le troi-sième volet : la recherche de modèles derégimes alimentaires adaptés à des situationstechnico- économiques spécifiques. Cetterecherche prend en compte une différenceimportante, bien que rarement soulignée,entre pays du nord et du sud à savoir que, enrégions tempérées, la stabilisation de l’envi-ronnement dans les poulaillers a aboutipresque systématiquement à la distribution adlibitum d’un aliment composé unique, completet équilibré. A contrario, les poulaillersouverts des pays chauds soumettent lesvolailles à des fluctuations climatiques quoti-diennes plus importantes qui justifient l’étude

d’autres types d’alimentation. Les ajustementsde composition d’un aliment complet rapportésici concernent principalement les concentra-tions énergétique et protéique qui constituentl’essentiel du coût. Des exemples d’alimenta-tion discontinue et d’alimentation fractionnéesont présentés ensuite.

La plupart de ces résultats ont été obtenusdans le cadre d’une collaboration de six annéesentre la France et six pays chauds (Algérie,Cameroun, Côte d’Ivoire, Cuba, Malaisie etVénézuéla) soutenue par l’INRA, le Ministèrede la Recherche et de la Technologie, leMinistère des Affaires étrangères et leMinistère de la Coopération.

1 / Dilution ou concentrationdes aliments ?

Choisir la concentration énergétique d’unaliment composé est une décision technico-économique. Il n’existe pas en effet de &dquo;besoin&dquo;énergétique qui s’exprime en termes deconcentrations alors que certaines concentra-tions énergétiques permettent effectivement,dans une conjoncture technique et économiquedonnée, de produire un oeuf ou un kilogrammede viande au moindre coût.

Dans les pays du sud, des raisonnementsaussi simples sont souvent méconnus du nutri-tionniste de la recherche qui ne maîtrise pasles facteurs de coûts. Le nutritionniste formu-lateur, quant à lui, a trop souvent recours àdes tables et des &dquo;normes&dquo; établies dans unenvironnement technico-économique très diffé-rent du sien.

Trois questions méritent d’être débattues :- La chaleur modifie-t-elle les réactions de

l’animal face à une variation de la concentra-tion énergétique de son régime ?

- Dans quelles limites la concentration éner-gétique du régime peut-elle être abaissée etquelles sont les conséquences de cette dilutionsur les possibilités de valorisation de produitset sous-produits agricoles locaux ?

- Une fois choisie la concentration énergé-tique du régime, quels autres ajustements nutri-tionnels doivent être opérés en climat chaud ?

l.i / Effets de la chaleur surl’adaptation de l’animal à sonrégime

a / Adaptation à court terme de laconsommation et de la production

Après la naissance, les capacités de thermo-régulation du jeune poussin se développent enquelques jours ; à partir de 3 à 4 semainesd’âge, les volailles ne présentent pas de &dquo;zonede neutralité thermique&dquo; stricto sensu maiss’adaptent continuellement à leur environne-ment (Smith et Oliver 1977). Hooper etRichards (1991) ont démontré, par lesméthodes du conditionnement opérant, quedes poules qui peuvent choisir préfèrent une

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température de 22 à 24°C. La mesure de leurcomportement montre qu’elles semblent enoutre plus motivées à &dquo;travailler&dquo; pour obtenirun refroidissement de leur températureambiante lorsqu’elles sont exposées au chaudplutôt qu’un réchauffement lorsqu’elles sontexposées au froid.

Les modifications adaptatives du métabolis-me énergétique induites par la chaleur(Geraert 1991) ont une efficacité vite saturée,surtout si, comme le suggère cet auteur, lathermogénèse alimentaire (productiond&dquo;’extra-chaleur&dquo; consécutive à l’ingestiond’aliment) est accrue en climat chaud. Au-des-sus de 28°C, la température abdominale aug-mente en fait avec la température extérieureet avec la quantité d’aliment consommée (Li etal 1992). La seule solution pour l’animal estdonc de réduire sa consommation d’énergie.

Cette baisse de consommation alimentairedue à la chaleur a été amplement décrite etmodélisée (Mc Donald 1978). Elle suit une pro-gression curvilinéaire, un degré d’augmenta-tion de la température ambiante entre 30 et35°C provoquant une diminution de consom-mation quatre fois supérieure à celle observéeentre 10 et 20°C (Picard 1985).

Cette diminution de l’ingéré n’est que par-tiellement responsable de la baisse de produc-tion (croissance, ponte, poids des oeufs) enre-gistrée en climat chaud comme le montrent lesexpériences d’alimentation appariée réaliséessur poules pondeuses par Smith et Oliver(1972) et sur poulets de chair par Fuller etDale (1979). Appliquant en effet des réductionsanalogues de consommation à des animauxsoumis à une température optimale (environ20°C), ces auteurs ont enregistré des baissesde production inférieures à celles dues à lachaleur. Rétablir un niveau d’ingestion supé-rieur en climat chaud, si tant est que cela soitpossible, ne rétablirait donc pas une produc-tion maximale.

b / Maintien des capacités d’adaptationà long terme

Si les baisses de consommation et de produc-tion semblent donc inéluctables en cas d’exposi-tion à la chaleur, peut-on penser que celle-cin’agirait que comme un &dquo;frein&dquo; n’affectant pasgravement les rendements et maintenantintact le potentiel de production de l’animal ?

Les résultats rapportés dans l’encart 1 mon-trent que les volailles s’adaptent vite à unemodification de la température (ou de l’hygro-métrie) de leur environnement et ne semblentpas perdre leurs capacités potentielles de pro-duction au cours d’expositions prolongées à desconditions climatiques difficiles. Un autreexemple expérimental a été apporté par Njoyaen 1987 (cf Picard et Plouzeau 1989) qui aélevé 300 poulettes dans trois conditions clima-tiques distinctes (22°C et 60 % d’humidité rela-tive, ou 32°C et 40 % d’humidité relative, ou32°C et 90 % d’humidité relative) jusqu’à l’âgede 18 semaines. Il a ensuite divisé chaquegroupe en trois et exposé, pendant la périodede ponte, les animaux de chaque sous-groupe

aux trois conditions climatiques. Les résultatsobtenus ne font apparaître aucune interactionsignificative entre les climats de croissance etde ponte sur les performances de production, cequi montre qu’il existe peu d’effet à long termedu climat. Cette observation confirme celles del’équipe de Sykes (1986) selon lesquelles l’accli-matation métabolique (variation de la tempé-rature corporelle) de poules pondeuses expo-sées quotidiennement à un stress thermiqueaigu se stabilise au bout de 14 jours.

Plus récemment, les résultats obtenus parArjona et al (1990) et Teeter et al (1992) surpoulet de chair suggèrent cependant une réper-cussion métabolique durable (pendant 40 jourschez Arjona et al) des stress thermiques aigus.La nature de l’épreuve de chaleur et du modèleanimal peuvent expliquer ces différences. Lemodèle poulet de chair à croissance rapide,niveau d’ingestion élevé et composition corpo-relle relativement grasse (Geraert et al 1992)résiste en effet mal à des conditions climatiqueschaudes, surtout si les fluctuations thermiquessont brutales (coup de chaleur). Cela se traduitsur le terrain par de la mortalité à certainesépoques (cf encart 4). La poule pondeuse aucontraire semble capable de maintenir une pro-duction sub-optimale en réduisant la taille desoeufs pondus (Sauveur et Picard 1987) jusqu’àdes conditions climatiques très critiques (i.e.30°C de température moyenne) lorsque lesautres facteurs d’élevage sont corrects.

c / Conséquences pratiquesEn conséquence de ce qui vient d’être expo-

sé, les baisses de performance liées à la cha-leur sont distinctes selon le type de production :

- Un poulet de chair doit être maintenu enélevage plus longtemps (une semaine et plus)avant de pouvoir être commercialisé, ce qui créeun gaspillage alimentaire : par augmentationdu besoin total d’entretien : à âge égal, les pou-lets élevés en climat chaud présentent en effetune efficacité alimentaire meilleure que celleenregistrée en pays tempérés mais elle devientmoins bonne si l’on raisonne à poids vif égal.

Le maintien d’un indice de consommationsatisfaisant peut être obtenu soit par l’abatta-ge d’un animal plus léger correspondantd’ailleurs souvent au pouvoir d’achat (mais pasaux besoins nutritionnels) des familles tropi-cales, soit la distribution de régimes relative-ment concentrés si une telle concentration estéconomiquement possible. L’intérêt d’un cyclecourt est renforcé par les risques croissants demortalité due à la chaleur après six semaines.

- Une poule pondeuse, au contraire, ponddes oeufs plus petits avec une très bonne per-sistance en milieu tropical. Les oeufs n’y étanten général pas vendus selon leur calibre l’inci-tation à en augmenter la taille est faible. Enrevanche, le niveau d’ingestion d’une poulepondeuse étant bas en climat chaud, il existeune possibilité réelle d’optimisation et derecherche sur la concentration et la composi-tion des régimes permettant une productionéconomique d’un grand nombre d’oeufs depoids limité.

Une températureélevée entraîne uneeZeuee eM!reuMe MFtebaisse de laconsommation et dela production, noncompensable parl’alimentation et

plus préjudiciableaux productions àcycle court (poulet).

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La chaleur agit-elle comme un simple frein ?

72 poules pondeuses semi-lourdes Isa Brown ont été placées, à l’âge de 18 semaines, dans les icages individuelles de 2 batteries identiques situées dans 2 cellules conditionnées voisines. Tousles animaux ont reçu le même régime alimentaire concentré (3000 kcal EM / kg ; 25,5 % deprotéines brutes et 5,7 % de calcium, valeurs mesurées) entre 18 et 66 semaines d’âge. La 1température ambiante d’une des cellules, initialement de 22°C, a été progressivement élevée entre18 et 22 semaines pour atteindre 32°C L 1 °C) constants. Elle a été maintenue jusqu’à l’âge de 59

’1semaines (soit pendant 9 mois) puis brutalement rabaissée à 22°C, température de la celluletémoin. Les deux graphiques ci-dessous illustrent les principales performances moyennes

enregistrées pour chaque période de quatre semaines entre 23 et 66 semaines d’âge. ,,

Un écart très important de production de 11,3g d’oeufljour en moyenne est apparu entreles deux environnements, avec une

aggravation progressive au fil du temps. Leretour à une température de 22°C a permisaux poules pondeuses qui avaient été

exposées à 32°C de rattraper, en moins d’unmois, le niveau de production des animauxtémoins bien que celui-ci soit encore élevé

(supérieur à 50 glj).

La consommation alimentaire

quotidienne a différé d’environ 11

kcalldegré pendant 9 moisconsécutifs. Le retour à 22°C a effacé

complètement cet écart après un délaiinférieur à 2 semaines d’ajustement.Au cours de la dernière période, lespoules pondeuses préalablementexposées à la chaleur pendant 9 moisont consommé exactement la même

quantité d’aliment que les animauxtémoins.

Cet exemple expérimental suggère que les animaux exposés à une température très élevée (32°Cconstants correspond à un climat cyclique variant entre 25°C et 40°C) pendant plus de 9 moisconsécutifs n’ont rien perdu de leurs capacités de production. Après des délais relativement brefsd’ajustement (1 à 3 semaines), les poules sont capables de compenser complètement des écarts ’1très importants de consommation et de production. Tout se passe comme si la chaleur agissaitcomme un frein bridant la productivité de l’animal pendant la durée d’exposition.

1.2 / Dilution énergétique etpossibilité de valorisation deproduits alimentaires locaux

Une autre question pratique découlant duparagraphe précédent aurait pu être : peut-on(doit-on) tenter de maintenir l’ingéré énergé-tique des poulets ou des poules en climat chaudpar un ajustement de la composition du

régime ? De nombreux résultats, parmi les-quels ceux d’El Jack et Blum (1978) sur poulespondeuses et d’Ain Baziz et al (1990) sur pou-lets de chair, ont en fait montré que d’impor-tantes modifications de la composition du régi-me alimentaire ne permettent pas de remédieraux effets de la chaleur (Geraert 1991). Il seraitdonc illusoire de chercher à agir par cette voie,contrairement à ce qui est affirmé ici et là.

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Le fait qu’une concentration énergétiqueplus élevée du régime fasse baisser l’indice deconsommation quel que soit le climat

n’implique pas une correction des effets néga-tifs de la chaleur.

Ceci ne signifie pas non plus qu’une éven-tuelle modification du régime ne présente pasd’intérêt économique si elle permet d’utiliserdes produits locaux. Il convient donc d’enconnaître les effets aussi exactement que pos-sible.

De façon générale, l’importance économiquedu choix d’une concentration énergétique tientau fait que non seulement l’énergie représenteles deux tiers du coût des matières premièresd’un aliment pour volailles mais aussi quel’apport de tous les autres nutriments doit êtreproportionnellement modifié dans l’alimentpuisque les animaux adaptent leur ingéré à laconcentration énergétique du régime.

Par ailleurs, ce choix exclut ou permet l’uti-lisation de certaines matières premières etmodifie les quantités d’aliment à fabriquerpour un volume de productions animalesdonné.

Selon la concentration énergétique du régi-me, des composants spécifiques tels que lesparois végétales ou les graisses varient et peu-vent avoir des effets propres sur les résultatszootechniques. Enfin, la dilution énergétiquemodifie les volumes et la composition desmatières indigestibles excrétées par lesvolailles qui, si elles ne sont pas valorisées,polluent l’environnement.

Dans les pays chauds, où une part impor-tante des matières premières destinées auxvolailles doit être importée, le choix d’uneconcentration énergétique comporte donc desaspects stratégiques.

L’alimentation humaine, quant à elle,engendre des masses considérables de sous-produits céréaliers (ex : plus de 800 000 tonnesde sous-produits du blé par an en Algérie) dontune bonne partie sert à nourrir des ruminantsqui pourraient valoriser d’autres ressourcesagricoles.

Certaines productions agro-industriellestropicales (ex : huile de palme ou manioc auVénézuéla) sont l’objet de projets de développe-ment qui doivent être associés, voire intégrés,à ceux des filières d’élevages, en particulieravicoles.

a / Possibilités de dilution énergétiquedes régimes

Les exemples expérimentaux présentésdans l’encart 2 montrent que la poule pondeu-se en climat chaud peut valoriser efficacementdes régimes très dilués (2100 kcal EM/kg)contenant beaucoup de sous-produits du blériches en fibres (la moitié de la ration). Cerésultat est en accord avec plusieurs travauxantérieurs (voir par exemple El Jack et Blum1978, Olumu et Offiong 1983, Picard 1985,Picard et al 1987, Shukla et al 1988).

En 1988, Dongmo a démontré dans notrelaboratoire que ce type de régime dilué estd’autant mieux valorisé que la poulette lereçoit depuis la phase de croissance (cf Picardet Plouzeau 1989). En outre les variationsd’humidité de l’air ne semblent pas modifierces conclusions (Uzu 1986). La dilution énergé-tique d’un régime de ponte serait cependant unnon-sens économique si le diluant utilisén’avait aucune valeur nutritionnelle intrin-sèque. La dilution entraîne en effet des sur-coûts de stockage, de transport et de fabrica-tion à cause de la faible densité physique desmatières premières utilisées. Les rationsdiluées doivent aussi être granulées pour queleur consommation ne soit pas limitée par lacapacité d’ingestion de l’animal. Ces diverscoûts doivent donc être évalués localementavant que ne soit prônée la diffusion de ce typede régime. Un bilan rigoureux basé sur uningéré énergétique constant permet seul demesurer les économies réelles de matières pre-mières importées et de sélectionner les pro-duits locaux valorisables.

b / Actions spécifiques des graisses et desparois végétales

Les effets de la concentration énergétiquede la ration doivent être dissociés de l’actiondes graisses alimentaires sur la consommationénergétique et la production de chaleur méta-bolique.

Chez le poulet de chair (Dale et Fuller 1979,1980) comme chez la poule pondeuse (Daghir1987, Ramlah et Sarinah 1992), l’addition delipides au régime, sans modification del’apport d’énergie métabolisable, se traduit pardes augmentations de l’ingéré énergétique etde la production attribuables à un meilleurrendement énergétique des lipides qui indui-sent une production de chaleur plus faible queles autres nutriments organiques. Dans beau-coup d’essais, cet effet semble exister quelleque soit la température ambiante. Il peut êtreobtenu indépendamment de la concentrationénergétique de l’aliment puisque l’on peut tou-jours imposer une teneur minimale en graisse(si elle se justifie économiquement) dansn’importe quel type d’aliments.

Les &dquo;normes&dquo; concernant la teneur en paroisvégétales des rations pour volailles sont, quantà elles, généralement non fondées car ellessont exprimées en &dquo;cellulose brute&dquo; et confon-dent l’imprécision de cette mesure, la méfiancevis-à-vis de certaines matières premières, leseffets éventuels de la densité physique du régi-me sur la prise alimentaire... avec un effetimprobable des parois végétales stricto sensu.

Lorsque l’on considère le rôle exact des dif-férents facteurs (concentration énergétique,teneur en graisse du régime, valeur nutrition-nelle des sous-produits, granulation d’un ali-ment...) sur les résultats zootechniques et éco-nomiques, il est possible de concevoir desrégimes pour volailles dans lesquels l’apporténergétique d’origine tropicale se baserait parexemple sur un mélange d’amidon de tuber-cules, de sous-produits des céréales consom-

La dilutionénergétique del’aliment de pontepermet d’utiliser dessous-produits locauxmais nécessite de le

granuler: ladécision relèvesurtout deconsidérationséconomiques.

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Un excès de protéinesalimentaires peut

être nocif si lerégime n’est pas

correctement

équilibré enacides aminés

indispensables.

Peut-on diluer un régime de ponte granulé en climat chaud ?

L’introduction, à des taux croissants, de sous-produits céréaliers (son de blé) dans un aliment

complet pour poule pondeuse fait baissersimultanément la concentration énergétique et

la densité physique du mélange. La granulationindustrielle permet de corriger cet abaissementde la densité. Dans ces conditions, la poulepondeuse semble être capable d’ajuster sa

consommation alimentaire pour maintenirconstant son ingéré énergétique et les

productions sont peu modifiées.

Les deux séries de résultats expérimentauxrapportés ci-dessous confirment cette faisabilitétechnique d’une dilution importante du régime,dans des conditions d’environnement contrôlé

(température constante de 32°C) comme enclimat tropical réel A. Leon et 1. Angulo 1992,travail réalisé au Vénézuela). L’intérêt

économique et l’applicabilité d’une telledémarche restent cependant à évaluer dans 1chaque situation locale.

mées par l’homme et d’huiles végétales.Restent alors à trouver les sources des autresnutriments, notamment protéique, ce qui vaêtre discuté maintenant.

1.3 / Equilibres protéiquesIl est de pratique courante d’ajuster la

teneur en protéines et en acides aminés d’unaliment composé pour volailles à sa teneur enénergie et à la température ambiante afin demaintenir constant l’ingéré quotidien d’acidesaminés à un âge donné. Cette pratique sous-entend que les animaux utilisent les protéinesde l’aliment avec la même efficacité et conser-vent la même production quelle que soit latempérature ambiante, ce qui n’est pas le cas.

Est-il donc utile ou non de pratiquer un telajustement ? Différentes expériences appor-tent à cette question des réponses divergentes.

Ainsi les travaux de Reid et Weber (1973) surpoules pondeuses ou de Cowan et Michie(1978) sur poulets de chair montrent que cetajustement est inefficace pour corriger leseffets négatifs de la chaleur sur les perfor-mances.

Dans sa revue de 1985, Austic suggère pru-demment d’ajuster linéairement la composi-tion des aliments en acides aminés indispen-sables à la température ambiante entre 20 et30°C, mais pas au-delà de 30°C, pour tenircompte des baisses de performances observéeschez le poulet et la pondeuse.

Encore s’agit-il là, à notre avis, d’une propo-sition conservatrice car les performances deproduction des poulets et des pondeuses sontdiminuées pour des températures moyennesnettement inférieures à 30°C. Cependant MeNaughton et Reece (1984) suggèrent qu’uneteneur en lysine du régime limitée à

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3,08 g/Mcal empêcherait les réponses des pou-lets à l’augmentation de la concentration éner-gétique de l’aliment en climat chaud (26-27°C).Uzu (1989) démontre aussi que le besoin enméthionine de la poule pondeuse reste élevé enclimat chaud et sec, ou chaud et humide, mal-gré les baisses de performance.

Waldroup (1982) suggère enfin qu’un excèsde protéines peut avoir un effet négatif sur lebilan énergétique du poulet en climat chaud eninduisant une production de chaleur métabo-lique excessive due à la dégradation des acidesaminés en excès. Il propose en conséquence ledéveloppement de régimes à bas taux pro-téique, rééquilibrés en acides aminés indispen-sables par l’addition d’acides aminés de syn-thèse. Les résultats obtenus par Sinurat etBalnave (1985) semblent également suggérerqu’une réduction du rapport [Acides aminés durégime / Energie métabolisable] amélioreraitles performances du poulet exposé à la chaleuren finition.

Le travail présenté (encart 3) montre qu’unclimat chaud accentue les baisses de perfor-mances dues à une sub-déficience en un acideaminé indispensable (ici la lysine) au seind’un régime hyperprotéique. Il montre aussique le même excès protéique est sans effet sile régime est équilibré en acides aminés,comme le confirment Barbour et Latshaw(1992) en climat tempéré. Il convient doncd’éviter toujours les excès protéiques associésà une déficience en acides aminés indispen-sables digestibles .

La situation testée au cours de notre expé-rience se rencontre souvent dans les payschauds où les formulateurs ont tendance àimposer des minima protéiques élevés tout enutilisant des matières premières dont lateneur ou/et la disponibilité en acides aminésindispensables est incertaine ou surestimée.Tel est le cas des sous-produits riches enfibres, dont une partie des protéines liée auxparois végétales est indigestible, des farinesanimales de compositions ou de cuisson incer-taines ou bien, comme au Vénézuéla, de sor-ghos riches en tannins. L’équilibre en acidesaminés indispensables digestibles semble doncêtre un aspect plus critique des rations tropi-cales que leur teneur en protéines brutes.

1.4 / Equilibres minérauxLa chaleur modifie également les équilibres

ioniques et minéraux des volailles. L’évapora-tion pulmonaire induit en effet une alcaloserespiratoire dont l’impact réel sur les produc-tions est encore mal connu mais qui affecteentre autres la qualité de la coquille de l’oeuf(Sauveur et Picard 1987).

La distribution d’eau carbonatée aux poulespondeuses (Odom et al 1985) améliore partiel-lement la qualité des coquilles. L’addition de1 % de NH4 Cl et 0,5 % de Na HC03 à laration des poulets de chair améliore significati-vement la croissance mais ne compense quetrès partiellement les effets négatifs de la cha-leur (Teeter et al 1985).

tncart à

’ Equilibre protéique d’un régime de croissanceen climat Chaud (Aïr Tahar et Picard 1987)

Le rééquilibrage protéique des aliments pour volailles dans les pays chaudspose deux questions complémentaires :- Faut-il concentrer les régimes en acides aminés pour corriger complètementla diminution d’ingéré liée à la chaleur ?- Ne risque-t-on pas, par un excès de nutriments protéiques, d’aggraver la

production de chaleur métabolique ?L’expérience suivante a été réalisée sur 192 poussins de chair Shaver mâlesrépartis à l’âge de 8 jours dans deux batteries de 96 cages individuelles

identiques dans deux cellules conditionnées voisines.

Une carence donnée en

lysine affecte d’autant plusles performances que lerégime est par ailleursexcédentaire en protéines.Cette interaction esthautement significativequel que soit le climat ; ellesemble cependant

’ légèrement plus accentuéeen climat chaud bien queles interactions régime xclimat ne soient passignificatives.

Cette expérience suggère q’un apport supplémentaire de protéines ou de lysinene permet pas de corriger le retard de performances de croissance dû à la

chaleur mais q’un excès de protéines n’est nocif que si le régime est

déséquilibré en acides aminés indispensables. 1

Page 9: Ajustements technico-économiques possibles de l

Chez le poulet dechair, la mortalitédue à la chaleur

peut être atténuéepar une restrictionalimentaire 3 à 4 havant et pendant le

pic thermique.

Dans des conditions de stress thermique,l’équilibre minéral est affecté par une augmen-tation des pertes urinaires et fécales de plu-sieurs minéraux (Belay et al 1992). L’additionde chlorure de potassium à l’aliment ou à l’eaude boisson peut améliorer la résistance du pou-let de chair à la chaleur (Smith et Teeter1987). Cet effet du chlorure de potassiumpourrait être lié aux variations de calciumionique plasmatique dont la baisse semble pro-portionnelle à l’importance du stress ther-mique (Aït Boulahsen et al 1992). Une diminu-tion de la concentration du calcium dans lerégime, un jeûne de 24 heures, la distributionde chlorure de potassium accroissent sensible-ment la résistance des volailles aux stressthermiques aigus. La transposition de cesexpériences physiologiques en recommanda-tions pratiques pour l’alimentation de volaillessoumises à un environnement constammentchaud nécessite encore des travaux.

1.s / En bref...

Les modifications de composition d’un ali-ment complet distribué ad libitum au pouletou la poule pondeuse se sont révélés à ce jourinefficaces à compenser les effets négatifs de lachaleur sur la consommation alimentaire et lesproductions.

Sur le plan technique, la dilution énergé-tique des régimes de ponte est possible en cli-mat chaud si les aliments sont granulés : ladécision dépend de la conjoncture économiqueet de la stratégie de développement agricolesuivie.

Un excès de protéines alimentaire peut êtrenocif si le régime n’est pas correctement équili-bré en acides aminés indispensables.

Les deux dernières remarques appellent àun effort, localement, d’évaluation et de quan-tification de la valeur nutritionnelle exacte dematières premières et de l’impact économiqueprécis des caractéristiques des formules. C’estun travail d’application pour lequel tous les&dquo;outils&dquo; existent. La première remarque suggè-re un travail de recherche : en oubliant lanotion &dquo;d’aliment complet distribué ad libitum&dquo;quelles nouvelles (?) stratégies nutritionnellespourrait-on étudier dans un contexte tropical ?

2 / Alimentation discontinueDans la région de Maracaibo au Vénézuéla,

les jours de chaleur (39 ou 40°C l’après midiavec une hygrométrie supérieure à 80%), onpeut trouver au sein d’un élevage 3 à 4000poulets de 7 semaines morts le soir. Cetteconstatation est tellement usuelle qu’un vété-rinaire a fait établir des abaques qui indi-quent, en fonction de la température relevée à10 h du matin et de l’âge des animaux, lenombre probable de morts par la chaleur lesoir.

Ceci permet au moins de ne pas laisseréchapper les effets supplémentaires d’unemaladie infectieuse toujours possible. Les ani-

maux qui meurent sont parmi les plus gros,leur température rectale au moment de lamort est voisine de 46°C.

Ainsi se présente l’effet le plus coûteux de lachaleur car les animaux qui meurent dans cesconditions ont déjà consommé l’essentiel deleur aliment et constituent une perte écono-mique sèche. Quels sont les moyens de luttercontre de tels stress thermiques ? La simplesuppression temporaire de l’aliment est-elleefficace ?

2.i / Alimentation discontinue dupoulet de chair

Les premières tentatives de suppression del’aliment pendant la période chaude de la jour-née se sont heurtées à deux types d’échecs :

- la distribution de l’aliment le soir se fai-sant de manière manuelle, mangeoire aprèsmangeoire, les animaux s’entassent sur lespremières mangeoires servies. Il faut doncadopter une technique simple permettant deré-alimenter un poulailler de 10 000 poulets enquelques minutes : mangeoires ou chaînes sus-pendues que l’on abaisse, ou couvercle que l’onenlève rapidement.

- le temps d’accès à l’aliment, compte tenudu jour tropical de 12 heures, est trop court etla vitesse de croissance est freinée d’environ 3

jours : l’éclairage et la distribution d’alimentnocturnes permettent de compenser complète-ment le retard de croissance.

Les résultats obtenus par cette techniquesimple de restriction alimentaire (encart 4)montrent une suppression complète de la mor-talité supplémentaire pendant les mois lesplus chauds de l’année. Ce résultat pratiqueest en accord avec les données récemmentpubliées par Francis et al (1991) relatives àdes poulets de 33 jours placés en stress ther-mique aigu (35-40°C) quotidien pendant 4heures par jour. La suppression de la lumièreou de l’aliment 2 heures avant le stress induitune réduction significative de l’augmentationde température rectale. Par opposition, lesvariantes nutritionnelles majeures expérimen-tées (teneurs du régime en protéines, lipides,glucides et énergie) n’affectent pas significati-vement la variation de température rectale.

May et Lott (1992) ont aussi mesuré lesvariations temporelles de consommation ali-mentaire de poulets soumis pendant 16 jours àune température cyclique (24/35°C) ouconstante (24°C). Ils ont observé que la baissed’ingéré énergétique intervient régulièrementpendant la deuxième moitié du nycthémère,c’est-à-dire après le pic thermique. Le pouletde chair ne semble donc pas capable d’antici-per l’augmentation de la chaleur en diminuantson ingéré énergétique avant le pic, alors qu’ilest parfaitement capable d’anticiper une pério-de de retrait de l’aliment en surconsommant

pendant les deux heures qui précèdent, si ceretrait est synchronisé avec un rythme d’éclai-rement (May et Lott 1992b).

Page 10: Ajustements technico-économiques possibles de l

Distribuions alimentaires discontinueschez le poulet de chair et la poule pondeuse

Les volailles ne semblent pas capables de prévoir les fluctuations nycthémérales de températures ;tout du moins elles n’anticipent pas le pic thermique quotidien en diminuant leur prise alimentaire

préalable. Le décalage entre consommation de l’aliment et production de chaleur semble

responsable des malaises hyperthermiques observés en début d’après-midi chez les poulets dechair et des mortalités parfois importantes observées le soir, après l’âge de 5 semaines, en milieu

tropical.

L’exemple de terrain illustré parle graphique ci-contre montre

que la suppression de l’alimentde 9 h à 17 h permet d’éliminerl’excédent de mortalité observéen avril au Vénézuela (périodela plus chaude, environ

28°C/39°C). L’éclairement du

poulailler pendant la nuit

permet de maintenir une

vitesse de croissance égale àcelle des animaux nourris ad

libitum. Essai industriel réalisé

dans l’état de Zulia (Vénézuela) en1987 par Angulo et Urdaneta.

Chez la poule pondeuse, la même suppression de l’aliment en milieu de journée agit peu sur lesperformances entregistrées en climat artificiel cyclique (26°C la nuit avec un pic thermique à 39°Cà 16 h). En milieu tropical naturel, une amélioration significative de la productivité (légère baisse de

la consommation et légère augmentation de la masse d’oeuf produite) a été enregistrée.

2.2 / Alimentation discontinue chezla poule pondeuse

L’application de la même technique à lapoule pondeuse ne semble pas modifier sensi-blement les performances dans les conditionsd’un climat artificiel cyclique 26/39°C (encart4). Aucune différence significative de produc-tion n’est en effet mesurée entre une alimenta-tion continue et deux périodes d’accès de 4 et 5

heures le matin et le soir. Cependant, en cli-mat tropical humide réel, Ramlah et Jalaludin(1989) observent une amélioration de la pro-duction d’environ 4 % associée à une baisse deconsommation de 5 % lorsque les poules reçoi-vent des repas quotidiens de 3 heures au lieud’une alimentation ad libitum. Dans des condi-tions climatiques encore plus contraignantes(32/41°C) en Arabie Saoudite, Huthail (1992)observe également une amélioration haute-

Page 11: Ajustements technico-économiques possibles de l

Alimentation calcique séparée en climat Cil2U(! (Picard er ar 1987)

La distribution séparée d’une source de calcium particulaire comme des coquilles d’huîtresfragmentées et calibrées permet aux poules pondeuses d’exprimer l’appétit calciquespécifique lié pendant quelques heures seulement au dépôt de la coquille de l’oeuf (Sauveuret Mongin 1974). La teneur en calcium du régime de base affecte grandement l’ingestiontotale de calcium et d’énergie comme le montre l’expérience suivante.

Au cours de trois périodessuccessives de trois mois, despoules pondeuses(24/traitement) sont exposées àun climat tempéré (24°Cconstant) puis très chaud (33°Cconstant) puis tempéré (24°Cconstant). On constate que ladistribution supplémentaire decoquilles d’huîtres avec unrégime de base complet (1)conduit à une consommation decalcium plutôt préjudiciable auxperformances. Au contraire,lorsque l’aliment de base (III) estcomplètement dépourvu decarbonate de calcium, l’ingéréde calcium en période chaudeest insuffisant pour assurer une

qualité de coquille optimale. Le erégime de base (11) apportant tenviron 1 % de calcium permetd’obtenir les meilleurs résultats.

L’intérêt de l’alimentafion

calcique séparée en climatchaud tient surtout à lasurconsommation énergétiqued’environ 8 % qui se traduit parun gain significatif de productiond’oeufs. Cette différence

d’ingéré concerneprincipalement la consommationdu matin, la haute teneur encalcium des régimes habituelsde ponte ayant un effet négatifsur la consommation alimentaire

lorsque les animaux n’ont pasbesoin de calcium.

ment significative de la production d’oeufs etde l’efficacité alimentaire lorsque l’aliment estretiré pendant 11 heures par jour.

La restriction alimentaire devrait en outrefaire l’objet d’une étude combinée avec uneréévaluation des rythmes lumineux optimauxpour la poule pondeuse en poulailler tropicalouvert.

En résumé, la mortalité due à la chaleurpeut être atténuée chez le poulet de chair parune restriction alimentaire préventive établie3 à 4 heures avant le pic thermique. L’applica-tion de cette technique chez la poule pondeusene se justifie que dans des conditions clima-tiques extrêmes et en combinaison avec uneréévaluation des programmes lumineux.

3 / Alimentation fractionnéeLa disponibilité constante d’un aliment

unique, complet et granulé, à défaut de touteautre &dquo;distraction&dquo;, ne correspond évidemmentpas à la situation originellement offerte auxreprésentants de l’espèce poule. Le tube diges-tif et le comportement alimentaire des volaillesles prédisposent au contraire à la recherched’une alimentation variée et irrégulièrementaccessible. Dans les élevages bien maîtrisésdes pays tempérés où l’on a réussi à limiter lesvariations de l’environnement, le mode d’ali-mentation unique a cependant fait ses

preuves. Les élevages ouverts des pays chaudsexposent les animaux à des fluctuations plusimportantes du milieu dont la chaleur maisaussi l’humidité, la lumière, le vent sont descomposants majeurs.

Page 12: Ajustements technico-économiques possibles de l

Chercher à redonner quelques &dquo;degrés deliberté&dquo; à l’animal dans ses choix et sesrythmes de consommation alimentaire est unedémarche stimulante susceptible de faireapparaître des solutions originales. Lesquelques exemples présentés dans ce para-graphe ne sont à notre avis que les prémicesd’une recherche basée sur l’observation et lacréativité, nécessitant des moyens peu sophis-tiqués, qui pourrait se développer efficacementdans les pays chauds.

3.i / Alimentation calcique séparéeLes jours où elles forment la coquille d’un

oeuf, les poules pondeuses expriment pendantles trois ou quatre dernières heures de lapériode diurne un appétit spécifique pour lecalcium qui a fait l’objet d’études physiolo-giques approfondies (Sauveur et Mongin 1974).La distribution permanente d’un aliment richeen calcium est donc inutile à la fabrication dela coquille de l’oeuf si l’animal dispose d’unesource concentrée de calcium pendant la pério-de d’appétit calcique spécifique. ToutefoisSauveur (1992) suggère de maintenir uneconcentration de 1 % de calcium dans l’alimentde base afin d’assurer une consommationminérale suffisante les jours où il n’y a pasd’oeuf dans le tractus génital de la poule etdonc pas d’appétit calcique spécifique. Cetteproposition est d’ailleurs confirmée par lesrésultats de l’expérience présentée à l’encart 5où le lot ne recevant aucun carbonate de cal-cium pulvérulent dans son régime de basemontre, en période chaude, un abaissement desolidité de la coquille de l’oeuf en dépit d’unapport à volonté de coquilles d’huîtres.

Mais l’intérêt de l’alimentation calciqueséparée tient surtout aux améliorations d’ingé-rés énergétiques qu’elle entraîne commel’avaient déjà observé Cabrera et al (1982). Si,en climat tempéré, elles constituent plutôt unhandicap de la méthode, ces augmentationsd’ingéré permettent, en climat chaud, uneamélioration significative de la ponte(encart 5). Cet effet positif a été retrouvé parUzu (1988) en températures chaudes ethumides.

En dehors de la période d’appétit calciquespécifique, le carbonate de calcium sembleexercer’un effet légèrement dépressif surl’appétit de l’animal (Hull et Scott 1969). Lacomparaison des ingérés énergétiques dumatin et du soir met d’ailleurs en évidence uneaugmentation significative de la consomma-tion d’énergie le matin (Picard et al 1986).

Il est donc possible que cette technique soitencore plus efficace en climat chaud réelcyclique qu’en condition expérimentaleconstamment chaude, car la possibilité deconsommer de l’énergie le matin (du fait del’absence de calcium) est alors accrue avec ladiminution de température.

Sur le plan économique, supprimer 8% decarbonate de calcium dans un aliment permetd’offrir aux animaux une ration plus concen-trée pour le même prix. On pourrait égalementenvisager une étude de dilution énergétique

comparable à celle illustrée par l’encart 2 maisen situation d’alimentation calcique séparée.

Toutefois la mise en pratique de l’alimenta-tion calcique séparée nécessite certains ajuste-ments matériels si les poules se trouvent encages, de façon à ce qu’elles puissent disposersimultanément de deux sources alimentaires.Parmi les solutions possibles, le mélange d’unesource de calcium particulaire dans un alimenten farine est réalisable mais comment s’assu-rer que toutes les poules d’une même cage dis-posent d’une quantité suffisante de coquillependant les quelques heures critiques ? Uneautre solution est le recours à deux alimentsdistincts tel qu’exposé ci-dessous.

3.2 / Régimes &dquo;Dual&dquo; matin/soir pourpoules pondeuses

Les premières études en ce domaine ont étéconduites en climat tempéré par Sauveur etClavreul (1984) qui utilisaient des alimentsdifférents matin et soir en fonction de la cycli-cité des besoins en minéraux des poules pon-deuses : aliment riche en calcium et pauvre enphosphore le soir, riche en phosphore etpauvre en calcium le matin. Plus simplement,la seule teneur en calcium peut être modifiée :c’est ce qui a été testé en milieu tropical.L’expérience s’est alors révélée plus concluanteen conditions réelles à Cuba qu’au laboratoireen France (encart 6).

L’essai cubain (réalisé à l’Institut deRecherches Avicoles de La Havane par JuanaRodriguez en 1991 dans le cadre d’un program-me FAO animé par les auteurs) confirme l’aug-mentation bénéfique de l’ingéré énergétiquelorsque les poules reçoivent une alimentationdifférenciée au cours de la journée : régimepauvre en calcium le matin et régime riche encalcium le soir. La tendance des animaux àconsommer plus d’énergie le matin que le soirest également observée dans l’essai réalisé enFrance en température constante mais le bilansur 24 heures n’est alors pas affecté par le typed’alimentation. Deux hypothèses peuventexpliquer cette différence entre les deux essais :

- le régime du soir riche en calcium est dis-tribué nettement plus tard à Cuba et ne repré-sente qu’environ 1/3 de l’ingéré quotidiencontre la moitié en France ;

- les températures cubaines sont cycliquesalors que celles testées dans l’essai françaissont constantes.

L’importance de ce dernier point semble cor-roborée par le fait que lors d’une répétition del’essai cubain en période hivernale (climattempéré) la distribution de régime dual n’a paspermis de stimuler l’ingéré énergétique. Ladistribution de deux régimes différents (ouplus ?) ne pose pas de problème pratiquemajeur dans les élevages de ponte où l’on esthabitué à distribuer l’aliment plusieurs foispar jour. Cet exemple limité au calcium méri-terait donc d’être approfondi par l’étude derégimes ayant des caractéristiques nutrition-nelles plus contrastées en modifiant simulta-nément les programmes d’éclairement lorsquec’est possible.

L’alimentationcalcique séparéepermet d’augmenterl’ingéré énergétiqueet la production despoules pondeuses enclimat chaud.

Page 13: Ajustements technico-économiques possibles de l

Régimes &dquo;Dual&dquo; pour poules pondeusesL’alimentation calcique séparée (cf encart 5) induit une augmentation de l’ingéré énergétique dumatin qui peut être favorable en période chaude. Une difficulté pratique de cette méthode est ladistribution séparée du calcium particulaire en cages avec le risque d’une forte hétérogénéitéindividuelle de consommation de calcium. La distribution de régimes &dquo;Dual&dquo; consiste à formuler desaliments différents pour le matin et pour le soir, le carbonate de calcium étant principalement ajoutéau régime du soir. Cette technique revient donc à offrir un régime beaucoup plus concentré enénergie (> 3000 kcal EM/kg) le matin et dilué le soir par du carbonate de calcium. Les résultatsobtenus en climats artificiels (22 ou 33°C constant ; essai 1) confirment la tendance à unesurconsommation de l’énergie le matin lorsque les poules reçoivent un régime &dquo;Dual&dquo;. Cependant,dans les conditions de cette expérience, l’ingéré énergétique global de la journée reste identique àcelui observé avec un seul aliment de composition constante. Le même type de régime &dquo;Dual&dquo;réalisé en climat tropical réel à Cuba a induit en revanche une surconsommation énergétique etune amélioration de la ponte de poules légères lorsque le pic de ponte doit intervenir en périodeestivale.

3.3 / Alimentation en &dquo;libre choix&dquo;

Les capacités de choix alimentaires desvolailles ont été démontrées depuis longtemps(Hughes 1984). On sait en effet que les ani-maux en situation de &dquo;libre choix&dquo;, c’est-à-direrecevant simultanément plusieurs aliments decompositions différentes, sont généralementcapables d’équilibrer leur ration et de croîtreou pondre correctement. Il est toutefois usueld’observer une légère détérioration du rende-ment énergétique de l’aliment que l’on retrou-

ve d’ailleurs dans la plupart des résultats pré-sentés dans l’encart 7. Cumming (1992) faitobserver que certaines conditions précises de&dquo;l’apprentissage&dquo; (taille du groupe de volaillessupérieure ou égale à 8) et de présentation desdifférentes fractions du régime (dans des man-geoires semblables côte à côte ou bien grossiè-rement mélangées) peuvent améliorer sensi-blement les résultats pratiques d’une alimen-tation en libre choix.

En climat chaud Scott et Balnave (1988,1989) montrent que des poulettes recevant une

Page 14: Ajustements technico-économiques possibles de l

Alimentation en libre choix des céréales graines entières(collaboration avec l’équipe technique de l’UFAC, le CIRAD / IEMVT - H. Guérin

’ et l’IDESSA en Côte d’Ivoire - T. Yo) Î

Le transport et le stockage des graines, la fabrication et la conservation des aliments posentparfois plus de problèmes que l’équilibre nutritionnel des rations. Le succès d’un aliment jcomplémentaire unique granulé et bien fabriqué qui apporterait tout sauf la céréale pour les

poulets de chair, et tout sauf la céréale et la source particulaire de calcium pour la poule pondeuse,dépend des capacités de sélection des volailles ou bien de l’application d’un plan de rationnement.

Une expérimentation conduite en1991 à Nouzilly (sur 20 parquetsde 12 poules pondeuses au sol ettrois groupes de 100 poulets dechair) suggère en effet que le

poulet s’adapte bien à la situationde libre choix mais que, dans nos

conditions, la poule pondeuse atendance à surconsommer

l’aliment complémentaire s’il n’est

pas rationné. Ce résultat est

confirmé par T. Yo en Côte d’Ivoire

(1992, à paraître) avec du mais oudu mil. La ration reconstituée pourles poulets est alors relativementmoins énergétique et plus riche enlysine.

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alimentation en libre choix à l’entrée en ponteconsomment la même quantité d’énergie maisplus de protéines que des animaux témoinsrecevant un régime complet unique. Leurs per-formances de ponte sont significativementaméliorées mais la métabolisation de l’énergieingérée et le bilan protéique sont moins bonsen situation de libre choix (Scott et Balnave1991). Ces résultats sont cohérents avec ceuxprésentés à l’encart 7.

Cumming (1992) fait observer que la distri-bution à des poulets de chair de céréales sousforme de graines entières stimule le développe-ment du gésier et modifie la fonctionnalité dutube digestif. Il rapproche ce fait et la plusgrande résistance de ces poulets à la coccidio-se. Il souligne également que, dans des condi-tions de stress thermique où la températurediurne monte jusqu’à 33°C, l’ingéré de grainesde céréales diminue de 34 % alors que l’ingéréprotéique n’est réduit que de 7 % par rapport àcelui d’un groupe témoin maintenu à 20°C. Lesanimaux placés en &dquo;libre choix&dquo; semblent enoutre conserver une &dquo;mémoire&dquo; du besoin pro-téique et consomment le jour suivant, avant lepic thermique, les protéines qu’ils n’ont puconsommer la veille.

Si ce type d’ajustement se confirme et quenous définissons mieux comment présenter lesdifférentes fractions de régime à l’animal, il estpossible que ce type d’alimentation devienne enclimat chaud une source d’amélioration des per-formances zootechniques. Sur le plan écono-mique, la démarche étudiée à l’encart 7 permetde surmonter d’autres obstacles rencontrés danscertains pays chauds où le premier souci devraitêtre de ne pas gaspiller les matières premièresimportées à grand prix. Or la fabrication demélanges approximatifs, l’oubli ou la destruc-tion d’un micro nutriment essentiel, la contami-nation des aliments composés par des moisis-sures et leur dégradation au cours de stockageset de transports problématiques, conduisent àun gaspillage important mais mal identifié deces matières premières. Dans les pays disposantde céréales (et peut-être même pour ceux qui lesimportent) ne serait-il pas dès lors plus efficacede faire fabriquer avec beaucoup de soin un ali-ment complémentaire unique équilibré, bienprotégé et contrôlé qui serait utilisé à des tauxvariables en complément de céréales pour lepoulet de chair, de céréales et de calcium parti-culaire pour la poule pondeuse ? La mise en pra-tique de telles solutions dépend bien entendu duniveau de technicité, des risques liés au trans-port et à la fabrication des régimes, et de lataille des élevages et des usines des différentspays et elles pourraient dans certains cas neconstituer que des étapes intermédiaires. Le cri-tère essentiel doit rester le coût en devises du

kilogramme d’oeuf ou de poulet produit.Deux conclusions méritent d’être rappelées

en matière d’alimentation fractionnée :- L’alimentation calcique séparée permet

d’améliorer l’ingéré énergétique et les produc-tions des poules pondeuses en climat chaud.

- La distribution de plusieurs régimes différents(successivement ou simultanément) aux volaillesouvre des voies de recherches à approfondir.

ConclusionsL’aviculture, production animale &dquo;hors-sol&dquo;

est aussi dite &dquo;aviculture de port&dquo; dans un cer-tain nombre de pays chauds, tant sa dépen-dance vis à vis des importations de matièrespremières alimentaires payées en devises estdevenue problématique. L’intégration de cetteaviculture dans le développement agro-indus-triel global de ces pays devient donc une priori-té de survie pour les filières avicoles, parailleurs indispensables à l’approvisionnementdes populations en protéines animales.

Dans cet esprit, le choix des produits et sous-produits agricoles à développer ou à valoriser,celui des normes de formulation d’un alimentpour volailles ne dépendent plus seulement deconsidérations climatiques et techniques maisaussi de considérations économiques à court etmoyen termes. Les programmes de rechercheset de développement sur la nutrition desvolailles ne peuvent donc se justifier que dansune logique d’optimisation économique réalistequi suppose de sérieux efforts de dialogue entrechercheurs, industriels et pouvoirs publics debeaucoup de pays chauds.Dans cette optique, les ajustements qui

nous semblent les plus prometteursconcernent :

- l’adaptation de la concentration énergé-tique des régimes aux conditions économiquesen examinant en particulier les possibilités dedilution des régimes de ponte combinée à lagranulation ;

- l’équilibre rigoureux des teneurs en acidesaminés digestibles indispensables des régimes enévitant les excès de protéines de mauvaise qualité ;

- l’introduction de restrictions alimentairestemporaires pour éviter l’effet des pics ther-miques pendant les périodes les plus chaudes ;

- l’alimentation calcique séparée pour lapoule pondeuse ;

- l’utilisation, dans certains contextes, d’unaliment complémentaire unique pour toutesles productions avicoles, à distribuer en com-plément de céréales graines entières et d’unesource de calcium particulaire.

L’efficacité de ces ajustements dépendra engrande partie de l’exactitude des données utili-sées dans la matrice de programmation linéai-re et donc, en particulier, de l’effort consentipour évaluer rigoureusement la valeur nutri-tionnelle des matières premières disponiblesou en développement.

Les possibilités limitées d’ajustementqu’offrent des régimes complets distribués adlibitum devraient stimuler la recherche demodèles alternatifs d’alimentation prenant encompte les rythmes de température et delumière existant dans les poulaillers ouvertsdes pays tropicaux.

Les quelques exemples expérimentaux quiillustrent cet article soulignent l’intérêt d’unerecherche menée d’une part en climat réel etd’autre part dans les conditions controlées d’unestation expérimentale. Ils doivent, pour devenirutiles, être interprétés et adaptés à chaque situa-tion locale, par les professionnels de l’aviculture.

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Summary

Suitable technico-economic adjustments for poultryfeeding in hot countries.Two major factors limit the development of poul-try productions in countries with hot climaticconditions : the climate reduces the energy intakeof birds, requires adjustments in housing systemsand slows down the production rate (delayedgrowth, smaller eggs..J while the importation ofcereals and soybean paid with major currencieshandicaps many of these countries.Suitable solutions for the nutrition of poultry musttake into account these two kinds of constraints inthe choice of data for formulating feed. The poul-try sector must also be integrated within the gene-ral agro-industrial plans of development of thestate.

Seven examples of adjustements are given here asan illustration of collaborative research betweenINRA and various hot countries. To become effecti-ve, such examples need to be adapted by the pro-fessionals of the poultry sector to suit local condi-tions.

Adjustements of feed composition using ad libitumfeeding show a limited ability to compensate forthe negative effects of heat on bird performance.However, some adjustments, such as increasingthe amount of &dquo;poor quality&dquo; protein sources (i.e.with low essential amino acid yield) in the feed,may actually worthen the negative effects of awarm climate.

Low energy pelleted diets are suitable for the lowenergy consuming laying hen of the tropic. This

kind of feed could use large amounts of locallyavailable by-products which have a nutritionalvalue for birds, such as cereal by-products.A combined light and feed management programwhich prevents broilers from eating some hoursbefore and during the daily heat peak leads to sup-press the excessive mortality rate observed duringthe finishing period.The splitting of a complete diet into fractionsopens new perspectives. Two of these diets alreadyhave shown interesting results :- laying hens fed on a Separate Calcium Feedingprogram exhibit an increase of energy intakeduring the morning and improved egg production,- whole cereal grains offered in free-choice situa-tion, together with a complementary feed (and oys-ter shell for layers) allows the growing or adultbird to adjust its own diet. This technic may haveeconomic implication by using locally availablegrain and would limit the losses linked to storageand transportation of feed, and concentrate thetechnical effort on a single complementary feed.Research for new feeding models which wouldinclude the existing rhythms of light and tempera-ture inside open door poultry houses of tropicalcountries looks promising. It should stimulatescientific exchanges between Southern andNorthern countries.

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