Upload
phungtuyen
View
213
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Amérique du Nord :
100 % Lafarge 100 % Leader
Économies d’énergie, quelles pistes pour l’habitat ?
La responsabilité sociale, clé de la performance ?
Les facettes insolites d’un monde “made in béton”
Novembre 2006Numéro 2
Vers une meilleure efficacité énergétique
C H R O N I q u E
) Bertrand Collomb,
Président du Groupe
Lafarge
L’ avenir énergétique du monde est en question. Même si l’économie mondiale s’est remarquablement adaptée au dernier “choc pétrolier”, l’accroissement de ressources qu’il
procure aux pays producteurs a des conséquences géopolitiques évidentes, qui ne sont pas toujours stabilisatrices.Ceux qui pensent que, pour éviter les effets du réchauffement climatique, il faut réduire notre dépendance aux combustibles fossiles, trouvent un renfort dans l’augmentation du prix de ces énergies. L’énergie nucléaire, qui évite toute émission de CO2 connaît un retour en grâce, encore timide, dans l’opinion internationale.Mais en même temps, l’Europe et les États-unis s’interrogent à nouveau sur la sécurité de leur approvisionnement énergétique, et les conditions d’une libéralisation réussie des marchés de l’énergie.Même la Chine, gros consommateur de charbon, recherche une meilleure efficacité énergétique, en même temps qu’une moindre pollution.
Lafarge continue à réduire ses consommations d’énergie, à diversifier ses sources d’approvisionnement, et à utiliser combustibles alternatifs, biomasse ou produits d’addition pour réduire ses émissions de CO2 par tonne de ciment. Nous défendons, au delà de la phase initiale de Kyoto à laquelle seuls l’Europe et le Japon contribuent de façon significative, une approche mondiale où le développement des solutions technologiques les plus modernes permettra une réduction globale, sans distorsions de concurrence préjudiciables à l’Europe. Mais nous voulons aller encore plus loin.
En combinant isolation, ventilation, utilisation de l’inertie thermique des matériaux et énergie solaire, on peut réduire considérablement la consommation énergétique d’un bâtiment. Avec des architectes et des entreprises de la filière, nous travaillons pour proposer des solutions et des matériaux adaptés.
Ainsi, nous pourrons faire du problème mondial de l’énergie une opportunité pour notre Groupe.
) Bertrand CollomB
sommaire 04 Éditorial de Bruno Lafont 06 Événement / Amérique du Nord : 100 % Lafarge, 100 % Leader)
explorer le monde en marche14 Vinci : choisir un matériau, c’est choisir un système de vie | 18 Rémy Marciano construit la mémoire de demain | 20 Zaha Hadid défie la matière | 22 Le Groupe DuPont, référence en termes de sécurité |24 Économies d’énergie : quelles pistes pour l’habitat ? |
avancer dans nos métiers30 Comment s’implanter dans des conditions extrêmes ? |36 Comment homogénéiser mondialement la qualité ? | 42 La responsabilité sociale, clé de la performance ? |
contribuer à un monde durable50 Afrique du Sud / De vraies maisons |52 Autriche / Respecter la planète |54 États-Unis / Le béton, ami des poissons |56 France / L’église de Le Corbusier |58 Inde / Former des jeunes |60 Kenya / Owen et Mzee |62 France / Exposition “Bétons, étonnez-vous” |
réaliser tout le potentiel du groupe66 2006 sous le signe de l’accélération |
C R E S C E N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A G E 0 3
éditorial de Bruno Lafont
“ ‘Excellence 2008’ nous met sur la voie du leadership durable.”
Bruno Lafont,
Directeur général
du Groupe Lafarge
C R E S C E N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A G E 0 5
’’Excellence 2008’’ Pour faire de Lafarge le leader durable
que requiert le monde de demain
L e 22 juin dernier, nous avons dévoilé notre plan stratégique
pour les trois années à venir. Ce plan, baptisé ‘’Excellence
2008’’, traduit notre ambition à être durablement le meilleur
de notre secteur, pour nos collaborateurs, nos clients, nos actionnaires
et nos parties prenantes. Il combine une stratégie de développement
rentable, essentiellement par croissance organique dans les marchés
émergents, et un programme rigoureux pour atteindre l’excellence dans
toutes nos opérations.
Les développements internes actuellement à l’œuvre dans le groupe sont sans
commune mesure avec ce que le Groupe a connu par le passé. Ce sont près
de 30 millions de tonnes de ciment additionnelles en construction engagées dans plus de 10 pays en croissance
au cours des 3 prochaines années, soit plus que ce qu’a représentée à elle seule l’acquisition de Blue Circle en
2001. C’est une formidable aventure humaine, qui demande à tous nos collaborateurs des trésors d’ingéniosité,
d’inventivité, de rapidité pour construire le meilleur de la technologie au coût le plus juste et dans les meilleurs
délais, afin d’accompagner la croissance de nos marchés et de consolider nos positions locales.
L’innovation est le deuxième vecteur de notre croissance organique. Là encore, nous allons être créatifs, sortir
des sentiers battus. Nos métiers sont au cœur de la vie. Le béton est le deuxième produit le plus consommé au
monde après l’eau, il répond aux besoins des hommes et des femmes de notre temps en matière de logement, de
mobilité, d’infrastructures. Nos métiers sont au cœur de cette aspiration et je crois que notre Groupe a un rôle
majeur à jouer dans l’amélioration des modes de construction, vers une construction plus durable pour tous.
Le deuxième grand axe de ’’Excellence 2008’’ est la recherche de l’excellence opérationnelle. Grâce à la
simplification de notre organisation, que nous avons rendue plus rapide et plus agile, et au programme
rigoureux de réduction des coûts que nous avons lancé, nous sommes véritablement engagés vers l’excellence.
Au cœur de cet effort de progrès, la sécurité est un enjeu majeur. C’est la priorité absolue pour chacun de
nos collaborateurs, et je suis convaincu que c’est la condition de l’excellence opérationnelle, notamment
dans des métiers où les hommes sont la clé de notre réussite. Nous y mettons toute notre énergie pour
nous hisser au niveau des meilleurs.
‘’Excellence 2008’’ nous met sur la voie du leadership durable. Car être leader aujourd’hui ne nous suffit
pas, notre ambition est d’être le leader durable que requiert le monde de demain.
) Bruno lafont, direCteur général du groupe lafarge
événement
100 100 %Lafarge 100 %Leader
Amérique du
Nord :
C R E S C E N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A G E 7
L afarge s’implante au Canada
en 1956, en construisant une
cimenterie à Richmond et
en créant Lafarge Cement North
America (LCNA). Moins de 20 ans
plus tard, l’entreprise fait son entrée
aux États-Unis.
La conquête du marché nord-
américain passe par plusieurs
acquisitions majeures au cours des
années 1980, la plus transforma-
trice étant celle de General Portland
Cement, deuxième producteur de
ciment américain. Lafarge devient
alors le premier cimentier en
Amérique du Nord. En 1983, Lafarge
Corporation naît de la fusion des deux
sociétés, canadienne et américaine,
et fait son entrée sur les Bourses de
New York, Toronto et Montréal.
1997 marque un tournant décisif
avec l’acquisition des activités béton
et granulats de Redland aux États-
Unis, propulsant Lafarge au rang de
leader des matériaux de construc-
tion en Amérique du Nord.
Parallèlement, le marché nord-
américain de la plaque de plâtre,
représentant à lui seul 50 % du
marché mondial, prend une réelle
ampleur. Après avoir acquis deux
usines de plaques de plâtre, Lafarge
se développe et inaugure, en 2000,
Silver Grove (Kentucky), une usine
ultramoderne employant 100 % de
matières premières de substitution,
le gypse synthétique.
En 2001, Lafarge Corporation devient
Lafarge North America Inc. (LNA)
et signe avec l’ONG Habitat for
Depuis le 16 mai 2006, Lafarge, précédemment actionnaire à 53 % de Lafarge North America, en est devenu, après une offre publique d’achat réussie, le propriétaire unique. Premier opérateur global aux États-Unis, Lafarge affirme sa croissance dans chacun de ses métiers : le Ciment, les Granulats, le Béton, l’Asphalte , le Plâtre, la Toiture.
Une conquêtestratégique Aujourd’hui leader d’un marché qui représente un quart de son chiffre d’affaires mondial, Lafarge peut passer à une nouvelle étape de son développement.
>
“Envoyez 200 000 dollars pour Lulu”
C’est le fameux telex qui
déclencha l’acquisition du
site de la nouvelle usine de
Richmond, sur Lulu Island,
près de Vancouver,
en mars 1956.
Un ouvrage en préparation,
s’appuyant sur les souvenirs
de nombreux acteurs de
cette fantastique épopée,
fera revivre toutes les étapes
du développement de Lafarge
en Amérique du Nord et
rassemblera une iconographie
complète de ces cinquante
années. À suivre…) Première cimenterie de Lafarge
en Amérique du Nord, construite
en 1956 à Richmond, près de
Vancouver au Canada.
Humanity un partenariat qui l’en-
gage à fournir sur cinq ans un
million de dollars en dons finan-
ciers et en matériaux. Résultat :
plusieurs dizaines de logements
construits pour les plus démunis.
En 2006, le Groupe finalise l’achat
de toutes les actions de Lafarge
North America, qui devient 100 %
Lafarge. À la clé : économies et
simplification de l’organisation en
cohérence avec celle du Groupe, par
métier, afin de lisser les processus,
d’accélérer les prises de décision et
d’optimiser la poursuite du déve-
loppement de Lafarge en Amérique
du Nord. Lafarge peut aujourd’hui
capitaliser aux États-Unis et au
Canada sur une marque à très forte
notoriété dans son secteur. ■
F ort de ce potentiel, Lafarge
est devenu le premier opé-
rateur global en Amérique
du Nord avec cinq métiers. L’échan-
ge de savoir-faire et l’amélioration
des performances, au premier rang
desquelles se place la sécurité, sont
des priorités partagées par l’en-
semble des sites de production du
Groupe en Amérique du Nord.
Ciment :premier fournisseur aux États-Unis
et au Canada avec une gamme
de plus de 20 ciments différents,
conçus pour répondre à des besoins
classiques, comme les constructions
résidentielles et commerciales, mais
aussi aux demandes spécifiques des
chantiers les plus complexes.
Granulats & Béton, Asphalte : l’acteur le plus innovant en Amérique
du Nord, développant les gammes de
matériaux les plus sophistiquées de
l’industrie du bâtiment dont Agilia®,
Ductal®, UltraTM Series, trois bétons
innovants, à hautes et ultrahautes
performances, trois succès.
Plâtre :avec les coûts les plus compétitifs
sur chacun de ses marchés, Lafarge
développe des plaques résistant aux
chocs, au feu ou au bruit, tout en
étant de plus en plus esthétiques.
Toiture :gérée par MonierLifetile, fondé en
1997 dans le cadre d’une joint-venture
entre Boral et Lafarge, l’activité Toiture
bénéficie aux États-Unis d’un marché à
très fort potentiel de croissance. ■
P A G E 8 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R E S C E N D O
événement
> Cinq métiers pour le premier opérateur global en Amérique du Nord
Plus de 15 000 collaborateurs œuvrent quotidiennement sur environ 1 000 sites répartis entre le Canada et les États-Unis.
) Gare aérienne de Lake City
en Colombie-Britannique,
réalisée avec le béton Agilia®.
C R E S C E N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A G E 9
Caractéristiques du marché de la construction en Amérique du Nord…Beaucoup moins cyclique depuis
une quinzaine d’années, le mar-
ché nord-américain est en nette
croissance et ne rentre pas dans la
catégorie des marchés dits “mûrs”.
Il enregistre notamment une nette
progression dans le ciment, avec la
croissance de l’intensité de ciment
par m3 de construction, particuliè-
rement notable dans les ouvrages
d’art. À lui seul, cet élément repré-
sente 1 % de la croissance annuelle
du marché du ciment, soit 1,5 million
de tonnes de ciment consommées
en plus chaque année.
… et perspectives d’évolution à moyen terme“Nous ne prévoyons pas de réel
ralentissement de la croissance
actuelle sur les prochaines années,
même si le marché peut faire une
pause en 2007-2008”, analyse
Jacques Sarrazin, Directeur de la
Stratégie du Groupe. Le marché du
résidentiel neuf se tasse, celui du
non-résidentiel connaît une crois-
sance modérée. Cependant, le mar-
ché du ciment devrait continuer à
bien se tenir, car son débouché prin-
cipal, la construction d’infrastruc-
tures, est en nette augmentation.
Les dépenses d’infrastructures re-
présentent en effet près de la moitié
de la consommation de ciment en
Amérique du Nord. Les États-Unis,
notamment, investissent de maniè-
re importante dans les transports.
Pour preuve la loi Safetea-Lu, axée
sur la sécurité, la responsabilité, la
souplesse, l’équité et l’efficience en
matière de transports, prévoit de
consacrer 286 milliards de dollars
aux infrastructures de transports,
sur la période 2004-2009. ■
L’Amérique, bâtisseur de croissance
Comment se caractérise aujourd’hui le marché nord-américain, et comment pourrait-il évoluer ? Lafarge est en bonne position pour profiter de la croissance du marché de la construction, notamment due à la montée en puissance des dépenses d’infrastructures.
) Vue extérieure de l’usine de plaques
de plâtre de Silver Grove (Kentucky),
la plus grande au monde.
Tendance sur le long terme de
la demande de ciment (Portland)
sur le marché des États-Unis 1985–2006.
Croissance moyenne annuelle : 2,2 %.
Source : Strategic Base Files, Cembureau,
Lafarge estimates.
P A G E 1 0 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R E S C E N D O
événement
L es travaux menés en com-
mun ont permis d’optimi-
ser les performances du
Ductal® face aux contraintes de la
construction autoroutière. L’objec-
tif ? Développer l’usage du Ductal®,
béton à ultrahaute performance,
dans la construction de ponts “high
tech”. Le 5 mai 2006, le comté de
Wapello, en Iowa, inaugurait un pont
autoroutier. L’événement aurait pu
passer inaperçu si ce n’est que le
Mars Hill Bridge est le premier pont
autoroutier construit en Ductal®,
béton à ultrahaute performance de
Lafarge. Ce pont innovant, consti-
tué de trois poutres de 33 mètres
de long, est l’aboutissement de plus
de quatre années de collaboration
entre Lafarge, le département des
transports en Iowa, le centre de
génie civil et des ponts de l’univer-
sité de l’État d’Iowa et la Federal
Highway administration (FHWA), qui
dépend du ministère américain des
Transports. Son rôle est de veiller à
la sécurité des autoroutes et d’ap-
porter à leur construction les der-
nières innovations technologiques.
“Nous avons introduit Ductal® sur le
marché américain en 2001, raconte
Vic Perry, reponsable de Ductal®
pour Lafarge en Amérique du Nord,
et la FHWA s’est très vite montrée
intéressée.” Elle entreprend alors
de tester ce nouveau matériau. “Les
bétons à ultrahaute performance
offrent une durabilité exceptionnelle
face aux fortes contraintes des struc-
tures autoroutières”, explique le Dr
Joey Hartmann, ingénieur chargé de
recherche structurelle à la FHWA.
Des études menées par Lafarge et la
FHWA, en collaboration avec le MIT
(Massachussets Institute of Techno-
logy) et un préfabricant, ont abouti
à la mise au point d’une nouvelle
forme de poutre (poutre en pi - Π),
“qui optimise les propriétés de ré-
sistance et de durabilité de Ductal®,
par rapport aux formes convention-
nelles de poutres, explique Joey
Hartmann. Cette poutre en Π per-
met aussi de gagner du temps lors
de la construction du pont. Elle est
plus légère et intègre une surface
de roulement, élément important
permettant différentes options effi-
caces d’assemblage”.
Avec l’aide de la FHWA, différents
États, comme la Virginie, la Géorgie,
la Floride, devraient choisir Ductal®
pour de nouveaux ponts. “Le
Mars Hill Bridge a convaincu
l’Iowa de tester en grandeur réelle
la forme en Π pour un second
ouvrage”, se félicite Joey Hartmann.
“Chaque année, entre 3 000 et 5 000
ponts sont construits aux États-Unis.
Notre objectif est de parvenir à ce
que 5 % d’entre eux soient réalisés
en Ductal®”, confie Vic Perry. ■
Aux États-Unis, Ductal® construit les ponts de demain
4 ans après une collaboration très poussée avec la FHWA associée au MIT, un premier pont autoroutier utilisant Ductal®, le béton à ultrahaute performance de Lafarge, a été inauguré.
P lusieurs architectes ont ré-
cemment achevé de grands
bâtiments et un nombre
important d’autres projets saisis-
sants doit prochainement voir le
jour. Comment expliquer ce réveil ?
Tout d’abord, le marché immobilier
de New York, s’il ralentit légèrement,
reste à des niveaux sans précédent.
Ensuite, les promoteurs commencent
à se rendre compte qu’une architec-
ture de qualité permet d’accroître
significativement le prix au m². Les
instances locales ne sont pas en reste :
Amanda Burden, chargée de l’ur-
banisme pour la ville de New York,
est exigeante dans ce domaine, et le
maire, Michael Bloomberg, s’intéres-
se de très près au sujet. Nombreuses
sont les villes américaines qui com-
mencent à voir dans l’architecture
un moteur de l’économie, ce qui se
traduit notamment souvent par la
construction de nouveaux musées
à l’architecture ambitieuse. Enfin, le
grand public a développé un goût
plus prononcé pour l’architecture.
Du côté de l’East Side de Manhattan,
Renzo Piano a achevé, au printemps
dernier, l’extension de la Morgan
Library, un lumineux parallélépipède
de verre, d’acier et de béton, entière-
ment ouvert à son environnement. De
l’autre côté de la ville, Norman Foster
a terminé, en juillet, le nouveau siège
social de Hearst Publishing, une tour
de 47 étages dont le squelette aux
montants en diagonale produit des
alignements de losanges en relief. En
centre-ville, Yoshio Taniguchi a créé
un cadre nouveau, à la fois serein et
vivant, pour les œuvres du Museum
of Modern Art.
Et la multiplicité des projets à ve-
nir est encore plus prometteuse.
Parmi les architectes travaillant ac-
tuellement à New York, on trouve
notamment Norman Foster, Renzo
Piano, Frank Gehry, Richard Rogers,
Santiago Calatrava ou Jean Nouvel.
Le nouveau World Trade Center va
notamment donner naissance à la
Freedom Tower, une tour de 541 mè-
tres construite par Skidmore, Owings
and Merrill, qui représente à elle
seule un investissement de près de
10 milliards de dollars. À Brooklyn,
le projet d’urbanisme Atlantic Yards
donne à son auteur, Frank Gehry
(c’est l’un de ses cinq projets en cours
à New York), l’opportunité d’appli-
quer son esthétique époustouflante
à un stade et à plusieurs immeubles
d’habitation. La tour du “New York
Times” de Renzo Piano, couverte de
baguettes de céramique blanches,
sera un lieu d’attraction incontourna-
ble… Ces projets font de “Big Apple”
une source d’inspiration inépuisable
pour l’architecture américaine. ■
) Sam luBell
C R E S C E N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A G E 1 1
Les grands architectes revisitent ““Big Apple”Depuis dix ans, la célèbre skyline de New York avait connu peu de nouveautés notables. Cela est sur le point de changer, la ville a retrouvé le goût de la grande architecture. Sam Lubell, journaliste américain spécialiste de l’architecture, nous plonge au cœur de “Big Apple”.
) La skyline new-yorkaise
verra bientôt pousser
les quatre tours du projet
du World Trade Center.
14 Christophe Gobin : choisir un matériau | 18 Rémy Marciano construit la mémoire de demain | 20 Zaha Hadid défie la matière | 22 Le Groupe DuPont, référence en termes de sécurité |24 Économies d’énergie : quelles pistes pour l’habitat ? |
P a G e 1 2 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
Écouter pour découvrir, écouter pour agir, demain, au mieux des intérêts de la planète. Deux fois par an, Crescendo donne la parole à tous ceux qui, à travers leur activité, explorent l’avenir et contribuent au ressourcement du monde. Totalement impliqués dans cette démarche, nous avons à cœur de découvrir jour après jour comment, à notre tour, nous pouvons impulser le progrès.
expl orer
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 1 3
expl orerle monde en marche
P a G e 1 4 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
explorer le monde en marche
PortraitChristophe Gobin
évolue chez
Vinci Construction
depuis plus de vingt
ans. En charge
des actions
de progrès, il a une
vision transversale
des métiers de
la construction.
Professeur à l’École
Spéciale des Travaux
Publics et à l’École
Nationale Supérieure
d’Architecture de Paris
La Villette, il enseigne
la gestion de projets
et les interactions
entre architecture
et ingénierie de
la construction.
Il est membre
du comité de
développement
durable de Vinci.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 1 5
Comment un constructeur comme le groupe GTM choisit-
il ses matériaux ?
Christophe Gobin : Il faut bien voir qu’un matériau n’est
pas une fin en soi, ce n’est qu’un moyen au service de la
finalité d’un projet. Et ce qui prime, ce sont d’abord les
performances de cet objet final, que ce soit un ouvrage
d’art ou un bâtiment. Or, cet objet doit être analysé com-
me un système en action. Un bâtiment va, par exemple,
induire des comportements, des échanges thermiques,
des consommations d’énergie sur une certaine période
de temps. Les performances du bâtiment seront donc lar-
gement dépendantes de ces interactions et le choix des
matériaux qui serviront à le construire devra tenir compte
de cette vision globale. Or, celle-ci va encore souvent à
l’encontre d’une monoculture architecturale.
Comment les performances intrinsèques d’un matériau
peuvent-elles s’inscrire dans cette logique structurelle ?
C.G. : Ce qui compte, ce n’est pas tant la performance
intrinsèque d’un matériau que son comportement en
synergie avec d’autres matériaux. Ainsi, nous vivons
actuellement une véritable révolution culturelle avec ce que
je nomme le “reengineering” de la construction. Le choix
des matériaux obéit à des raisonnements de plus en plus
complexes prenant en compte une multiplicité de critères,
avec pour résultat le choix d’un ensemble de matériaux en
fonction de la localisation d’un bâtiment, de son utilisation,
mais aussi des ressources locales et, bien évidemment, des
ressources budgétaires dévolues au projet.
Cette approche globale influe-t-elle selon vous sur les
techniques mêmes de construction ?
C.G. : Bien évidemment. Prenez l’exemple de la construc-
tion de logements sociaux à Montpellier et à Barcelone. De
part et d’autre de la frontière, on a fait le choix du béton.
Mais dans un cas, on élève des murs porteurs pour dé-
finir le cloisonnement intérieur, de l’autre on marie des
poteaux en béton et des cloisons légères, ce qui donne
plus de flexibilité au bâtiment en termes d’aménagement
et donc d’utilisation. >
Christophe
Gobin “ Choisir un matériau,
c’est choisir un système de vie”
À la fois ingénieur et économiste, Christophe Gobin développe dans le groupe Vinciune approche des modes de décision par une étude poussée des interactions entre toutes les variables de la construction (matériaux, consommations diverses, culture, etc.). Une approche qui raconte toute la noblesse du métier de constructeur.
P a G e 1 6 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
explorer le monde en marche
Autre exemple : la réalisation de charpentes dans des bâ-
timents scolaires. Longtemps réalisées exclusivement soit
en acier soit en bois, elles sont aujourd’hui le fruit d’un
savant mariage entre béton, métal et lamellé-collé.
La performance d’un matériau dépend donc étroitement
de l’utilisation que l’on en fait ?
C.G. : Tout à fait, mais pas seulement. Aujourd’hui, il existe
par exemple des bétons dépolluants utilisables en façade
de bâtiment. Or, cette fonctionnalité mise en évidence
en laboratoire est plus aléatoire en grandeur réelle. Elle
dépend notamment de la force du vent, de l’orientation
du bâtiment, de l’écoulement de l’air dans la rue... C’est
pourquoi il faut parler de fonctionnalité d’usage dans un
contexte situé. Cette complexité redonne ses lettres de
noblesse à notre métier. Par ailleurs, la performance d’un
matériau a longtemps été circonscrite à sa seule résistan-
ce, notamment dans le cas des ouvrages de génie civil. Elle
tient compte à présent d’autres critères comme son ouvra-
bilité ou sa capacité à être produit de façon industrielle.
Les bétons à ultrahautes performances, par exemple, sont
certes utilisés pour leurs capacités de résistance, mais
surtout pour le gain de poids qu’ils procurent à l’ouvrage
et leur capacité à produire des pièces tridimensionnelles.
Quand on choisit un matériau, il faut réfléchir dorénavant
à ce qu’il peut apporter à l’ouvrage dans son ensemble,
en termes de performances acoustique et thermique, de
résistance bien sûr, mais aussi de flexibilité pour son amé-
nagement, voire pour sa démolition. Réfléchir également
en termes de prélèvement sur les ressources, d’approvi-
sionnement du chantier, de pénibilité de mise en œuvre
du matériau, de nuisances environnementales. Plus que
de performance, il faut alors parler d’efficience, c’est-à-
dire de rapport entre la valeur ajoutée, le service rendu
par le matériau et les impacts de sa mise en œuvre.
Cela engendre-t-il de nouvelles relations entre architectes
et ingénieurs ?
C.G. : “L’architecture est l’art d’organiser l’espace ; son
moyen d’expression est la construction”, a dit l’architecte
Auguste Perret. J’aime beaucoup cette citation car il me
semble, en effet, que l’on ne peut pas faire le choix d’une
conception architecturale sans tenir compte de la façon
dont on va construire le bâtiment. Le rôle de l’architecte
est de proposer une solution acceptable, y compris d’un
point de vue budgétaire, et il ne peut le faire qu’en lien
étroit avec le constructeur qui doit être un ensemblier de
matériaux. Ce qui suppose qu’en amont, les fabricants
de matériaux aient également une approche différente
de leur rôle. Ils doivent savoir anticiper les conditions
d’interface de leur matériau avec les autres éléments du
bâtiment dans une nouvelle logique de complémentarité.
On se rend compte ainsi qu’il n’y a jamais une solution
unique mais différentes possibilités, plus ou moins ingé-
nieuses. On est en train de redécouvrir ce qu’est l’art de la
construction. ■
)Palais de Justice de Pontoise (France)
réalisé avec le béton Agilia®.
Architecte : Henri-Édouard Ciriani.
Maître d’œuvre : GTM Construction - Carillon BTP.
>
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 1 7
Au cœur de la croissance chinoise, la révolution dans les matériaux de constructionM. Zhang Renwei, Président du CBMIA
(association chinoise des industries
des matériaux de construction).
“En Chine, le secteur des matériaux est aujourd’hui
en mesure de répondre aux besoins de l’industrie
de la construction, d’un point de vue quantitatif.
Stimulée par l’amélioration du niveau de vie, la tendance
est à présent à la recherche de la qualité et de la
diversité des produits. Le béton, le verre, les matériaux
de décoration ont le vent en poupe. Par ailleurs, les axes
d’amélioration actuels que sont l’utilisation optimale
des ressources, l’efficacité énergétique et la protection
de l’environnement ouvrent la voie à de nouvelles
générations de matériaux.
Ainsi, la récente directive gouvernementale visant
la construction de bâtiments éco-énergétiques favorise
le développement de solutions plus complexes (murs,
fenêtres...) et sonne le glas des briques en limon.
Les techniques de construction deviennent également
de plus en plus élaborées.
Si les principales méthodes utilisées pour les grands
chantiers restent le béton coulé et la maçonnerie sur site,
des progrès significatifs ont été réalisés dans différents
domaines. Ainsi, le chantier du barrage des Trois-Gorges,
qui est le plus grand barrage hydroélectrique au monde,
met en œuvre des techniques de contrôle des fissures sur
béton. La ligne de chemin de fer Qinghai-Tibet a permis
de couler du béton à très basse température.
Et le stade olympique “Nid-d’Oiseau” de Pékin 2008,
un des fers de lance des techniques de construction
actuelles, doit son nom à sa structure innovante.
Des exemples qui prouvent que l’industrie des matériaux
en Chine ne fait qu’entamer sa révolution technologique.”
) Ouvrage architectural chinois,
conciliant culture et modernisme,
réalisé avec un système de toiture
innovant Lafarge.
explorer le monde en marche
P a G e 1 8 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
Quand l’architecte Rémy Marciano construit un bâtiment, il tisse les fils d’une conversation qui le relie à l’histoire, à la géographie de ses habitants.
Q uand je suis arrivé à Marseille, j’ai trou-
vé une ville si forte que je n’en suis pas
encore revenu. J’y ai découvert certains
lieux que l’homme avait investis. Ceux des paysages
urbains et portuaires que s’arrachent les cinéastes. À
Marseille, on ne travaille pas sous le poids d’une tradi-
tion architecturale étouffante. Par exemple, on est pau-
vre en monuments historiques. Ici, il y a de la place pour
l’imagination, la poésie, ça me convient parfaitement.
Rémy
Marciano construit la mémoire de demain
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 1 9
Ce qui m’intéresse, c’est l’idée du projet comme gé-nérateur de rencontres entre le maître d’ouvrage, le
programme et une parcelle, mais aussi avec l’histoire
d’un lieu, la pratique d’un site et une vision onirique
liée à l’architecture et au contexte. L’arrivée d’un bâti-
ment dans un site est loin d’être anodine ; elle boule-
verse un équilibre consolidé par le temps. Le projet est
souvent considéré comme un envahisseur. Je m’attache
à ces problématiques qui me semblent essentielles. La
réponse architecturale touche au paysage intime de la
mémoire. Le projet révèle les dimensions géographi-
ques affectives, sociales du site… Il dépasse toujours le
programme qui lui est assigné ! Sa générosité le porte à
devenir acteur dans la cité, pour dynamiser le contexte
dans lequel il s’inscrit et apporter une critique construc-
tive, un nouveau regard sur la ville...
Le gymnase Cosec Ruffi que nous avons achevé en 1999, exprime bien ma démarche. Il est situé dans
une zone assez chaotique à l’arrière du Port Autonome
de Marseille entre silos à grains, habitations et entre-
pôts. Il s’inscrit dans la dynamique d’aménagement
à long terme d’Euro-Méditerranée. Pour moi, il s’agis-
sait d’éviter d’intervenir en nettoyeur de cet agréable
chaos, qui fait l’intérêt du quartier. Il ne s’agissait pas
seulement de faire un gymnase pour un club sportif et
les scolaires. Nous avons choisi d’ouvrir les terrains de
sport extérieurs sur le quartier, pour en faire un espace
vivant entre l’église désaffectée et le gymnase couvert…
Le dimanche, les enfants viennent y jouer au foot.
J’ai choisi le béton. Il visait à réhabiliter, à anoblir,
c’est un matériau très présent, mais peu accepté par les
habitants. Son traitement, à l’opposé d’un béton lisse,
architectonique, évoque la poésie bricolée des maté-
riaux accumulés des cabanons si caractéristiques de la
région. Pour moi, l’utilisation des matières fait partie
de la recherche architecturale même, elle participe à
une réflexion sur la fabrication, l’ossature et la peau du
bâtiment. J’évite toute technicité exhibitionniste au pro-
fit d’une mise en œuvre “sans bavardages”, pour laisser
s’exprimer le matériau, avec un attachement plus parti-
culier pour le béton et l’acier. Ainsi, le béton du gym-
nase est bien plus qu’un produit de construction, il est
l’épiderme du bâtiment… Dans une autre situation, pour
l’IUFM de la Seyne-sur-Mer, j’ai utilisé une peau de bois
irrégulièrement calepinée. Elle rappelle le passé de chan-
tier naval du site où le bâtiment est construit. Car la ma-
tière parle, et elle colle à une idée. ■
) Remy maRciano
Rémy
Marciano construit la mémoire de demain
PortraitRémy Marciano naît à Villeneuve-Saint-George,
en 1968. Diplômé d’architecture et d’urbanisme,
il ouvre son agence à Marseille en 1994.
Le gymnase Ruffi lui a valu une reconnaissance
internationale, mais il continue de creuser
son sillon localement. Il a réalisé récemment
un poste de surveillance et de repos pour la Régie
des transports de Marseille, et livrera en 2008
une salle de spectacle à Sophia-Antipolis et
des locaux pour le Port autonome de Marseille.
Rémy Marciano aime dire qu’il n’y a pas de grands
projets, qu’il n’y a que des projets importants.
)Le gymnase Cosec Ruffi
à Marseille, en France, est un
véritable lieu de rencontre,
devenu acteur majeur
de la vie sociale du quartier.
P a G e 2 0 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
explorer le monde en marche
Lauréate du Pritzker Architecture Prize en 2004, Zaha Hadid défend une architecture capable de repenser l’espace et la forme en sortant les matériaux de leur utilisation conventionnelle.
Zaha
Hadid défie la matière
) Ci-dessus, le Centre des Sciences Phaeno
de Wolfsburg, en Allemagne, ouvert
au public depuis le 24 novembre 2005.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 2 1
Portrait
Née à Bagdad en 1950, Zaha Hadid fait ses études en Irak, puis à Beyrouth, en Suisse,
et enfin en Grande-Bretagne à l’Architecture Association, avant de s’établir à Londres.
Parmi ses œuvres maîtresses, la station de pompiers de Vitra à Weil, sur le Rhin, en
Allemagne (1993) ; le terminus de tramways de Hoenheim à Strasbourg (2001) ;
le tremplin de saut de ski de Bergisel en Autriche (2002) ; le Centre d’Art
Contemporain Rosenthal de Cincinnati, aux États-Unis (2003). Plus récemment,
elle a travaillé sur le Centre des Sciences Phaeno de Wolfsburg en Allemagne (2005)
et le siège de BMW à Leipzig (2005). En 2004, elle est la première femme architecte à recevoir
le Pritzker Architecture Prize, l’équivalent du prix Nobel pour l’architecture.
A u tout début, le travail de notre agence a pu sem-
bler provocant. Nous avions la réputation de réin-
venter les programmes, d’avoir des idées et des
interprétations qui n’étaient pas assujetties aux formes
institutionnelles. Nous ne prenons jamais une commande
à la lettre ; nous préférons interpréter les intentions d’un
maître d’ouvrage. Ce n’est pas seulement la forme d’un
bâtiment qui nous intéresse. Les différentes façons de
mettre en pratique une nouvelle organisation de la vie
d’un bâtiment sont également passionnantes. La vie
urbaine se complexifie sans cesse ; les exigences des dif-
férents publics sont multiples et synchrones. Aujourd’hui,
il s’agit d’ordonner et d’articuler cette complexité pour
maintenir une lisibilité et une orientation de l’espace.
Aller au-delà des applications conventionnelles des matériaux
À l’heure du règne de l’architecture assistée par ordina-
teur, mon travail emprunte la fluidité de la main traçant
une esquisse comme une référence littérale, un repère.
L’architecture fait appel à de nombreux courants de re-
cherche. Il est essentiel de trouver des collaborateurs ca-
pables de travailler sur ces découvertes et de les pousser
dans le champ des nouvelles applications opérationnelles.
Le choix de la matérialité d’un projet architectural vient
après l’approche formelle.
Dans un contexte de conception dominée par de
nouveaux logiciels qui nous permettent de repenser
radicalement l’espace et la forme, il y a toujours un défi
à trouver les matériaux qui correspondent aux paramè-
tres de la complexité de ces espaces et de ces formes.
Nous cherchons à étendre les performances des maté-
riaux en essayant de ne pas nous limiter à leurs appli-
cations conventionnelles mais à les pousser plus loin
dans des applications nouvelles.
J’aime beaucoup travailler les courbes car je pense que,
visuellement, c’est une façon de simplifier la structure,
qui permet de prendre en charge plus de complexité sans
étouffer ou boucher la scène visuelle, et je m’intéresse aux
techniques qui permettent de faire cela en béton. J’aime le
béton car c’est un matériau très fluide et continu. Récem-
ment, nous avons aussi travaillé avec d’autres matériaux,
mais notre matériau de référence reste le béton.
Dans notre travail sur les espaces complexes, dynamiques
et fluides, le Centre des Sciences Phaeno de Wolfsburg, en
Allemagne, est notre projet le plus ambitieux. Les visiteurs
y sont confrontés à des espaces inhabituels : les planchers
ne sont pas posés les uns sur les autres, les masses repo-
sent sur des cônes qui peuvent les traverser. Outre ces
aspects architecturaux, ce bâtiment est actuellement le plus
grand édifice européen construit en béton non vibré. Sans
ce nouveau type de béton, les formes de ce bâtiment, ses
angles dentelés, ses courbes, ses plans fracturés, ses protu-
bérances auraient été bien plus difficiles à réaliser. ■
) Zaha hadid
P a G e 2 2 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
explorer le monde en marche
Chad
Holliday “ La sécurité
exige une réponse globale”
Plus de 200 ans après sa création, le Groupe DuPont s’est imposé comme une véritable référence en matière de gestion de la sécurité. Explications avec Chad Holliday, Président-Directeur général de DuPont.
DuPont est mondialement connu pour son expertise en
termes de sécurité.
À quoi attribuez-vous ces performances ?
Chad Holliday : La sécurité est au cœur de la culture de
notre entreprise depuis sa création, en 1802. Elle est
omniprésente dans tout ce que nous entreprenons. Tout
nouveau salarié le ressent dès son arrivée et le vit au quo-
tidien tout au long de sa carrière. C’est très certainement
la première explication de notre réussite dans ce domaine.
Aujourd’hui, la sécurité est considérée comme un facteur
de compétitivité et de rentabilité indiscutable. Mais don-
ner à la sécurité une telle importance témoigne avant tout
de notre attachement à certaines valeurs.
L’usine de DuPont au Luxembourg est considérée comme
un site modèle. Comment la sécurité y est-elle gérée ?
C.H. : La sécurité du site du Luxembourg comme dans le
reste de nos usines dans le monde s’appuie sur un lea-
dership clair et efficace. Pour DuPont, la sécurité est une
responsabilité prioritaire de la direction des sites qui doit
ensuite associer et sensibiliser tous les salariés. Ce ma-
nagement “en cascade” fait partie des dix points clés de
notre politique de sécurité et doit permettre à chacun de
se sentir concerné (voir encadré).
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 2 3
Chad
Holliday “ La sécurité
exige une réponse globale”
)
Comment DuPont aide-t-il les entreprises dans l’amélioration
de leur sécurité ?
C.H. : Depuis plusieurs années, DuPont a partagé son exper-
tise via notre unité DuPont Safety Resouces.
Plus de 1 700 entreprises dans le monde ont ainsi été accom-
pagnées dans différents domaines, allant de la sécurité au
travail à celle des sous-traitants en passant par l’ergonomie
ou la gestion des risques. Les grandes sociétés mais aussi les
États ont aujourd’hui besoin d’experts qui leur apportent des
solutions globales et un regard neuf.
Quels sont les principaux besoins des entreprises en la matière ?
C.H. : Les entreprises ont besoin, pour développer une appro-
che globale, de travailler sur 4 points essentiels : le leadership,
la prévention, la discipline opérationnelle et l’évolution techno-
logique. J’ai déjà rappelé l’importance du leadership. J’aimerais
également aborder ici la prévention et la discipline opération-
nelle. Nous vivons dans un monde incroyablement “dange-
reux” dans lequel nous ne pouvons nous permettre d’agir uni-
quement en réaction. Il faut, au contraire, être proactif pour
prévenir les accidents. L’une des seules manières d’y parvenir
est de faire preuve d’une discipline opérationnelle sans faille.
Pour cela, l’organisation doit agir de manière solidaire. Il faut
faire naître un vrai esprit d’équipe autour de la sécurité. ■
Les 10 principes clés de la politique sécurité de DuPont
1. Toutes les blessures et maladies professionnelles
peuvent être évitées.
2. Le Management est responsable et comptable
de la sécurité.
3. Toutes les expositions aux produits peuvent être
contrôlées.
4. La sécurité est une condition d’emploi.
5. Tous les employés doivent être bien formés
à travailler en toute sécurité.
6. Le Management doit faire des audits.
7. Tous les défauts doivent être corrigés rapidement.
8. Le personnel est l’élément le plus important des
programmes de sécurité et de santé au travail.
9. La sécurité en dehors du travail est un élément
important de l’effort en matière de sécurité.
10. Une bonne sécurité est favorable à une bonne
performance.
) Exercice d’extinction de feu
sur un site de production.
P a G e 2 4 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
explorer le monde en marche
Pierre
Radanne Économies d’énergie : quelles pistes pour l’habitat ?
Canicule, changement climatique, hausse du prix du baril de pétrole… Les enjeux énergétiques n’ont jamais été autant au cœur des débats. Le secteur de l’habitat n’échappe pas à la règle : lui aussi consomme trop. Quelle maison pour demain ? Réponses avec Pierre Radanne.
Habitat et énergie : quels sont les enjeux liés au
bâtiment ?
Pierre Radanne : Le secteur du bâtiment est parti-
culièrement consommateur d’énergie. Dans les pays
développés, 1/3 de la consommation d’énergie est lié
au chauffage et à l’eau chaude. Dans le même temps, les
habitations rejettent 1/3 de l’ensemble des gaz à effet
de serre. C’est énorme ! Et si l’on considère l’électricité
consommée par tous les équipements domestiques,
qu’ils soient électroménagers ou électroniques, on arri-
ve aux 2/3 de la consommation électrique. Favoriser les
économies d’énergie dans le bâtiment est aujourd’hui
une priorité, à envisager sur le long terme. L’étape de la
construction pèse peu sur la balance énergétique. Glo-
balement, le rapport entre l’édification d’un bâtiment et
son usage sur toute sa vie est de l’ordre de 1 à 5. C’est-
à-dire qu’il faut 5 fois plus d’énergie pour exploiter une
maison que pour la construire. L’enjeu actuel consiste
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P a G e 2 5
donc à limiter les consommations d’énergie pendant
la phase d’occupation. Constructeurs et décideurs
doivent s’efforcer de se mettre dans la peau de
l’occupant. Celui d’aujourd’hui comme celui de demain.
Par exemple, on doit réfléchir à des constructions
qui pourront répondre aux besoins d’une popula-
tion vieillissante, à des températures en hausse, à un
pétrole toujours plus cher…
La situation est-elle plus préoccupante aujourd’hui
qu’hier ?
P.R. : Nous avons fait d’énormes progrès. Avant 1973
et le premier choc pétrolier, il n’y avait aucune obliga-
tion d’isoler les logements neufs. Résultat : on consom-
mait environ 200 kWh/m2. Avec la hausse du pétrole,
de nombreux efforts ont porté sur les appareils de
chauffage, sur les régulations thermiques des robinets,
sur l’isolation des bâtiments. Des lois de plus en plus
Pierre
Radanne Économies d’énergie : quelles pistes pour l’habitat ?
>
Pierre Radanne, expert et ami de la planètePierre Radanne est un militant de la première heure.
Il débute son parcours en 1976 comme Directeur de
l’association des Amis de la Terre. 21 ans plus tard,
il devient Directeur adjoint du cabinet de Dominique Voynet,
ministre français de l’aménagement du territoire et de
l’environnement, puis, en 1998, Président de l’Ademe
– Agence française de l’environnement et de la maîtrise
de l’énergie – jusqu’en 2003. Aujourd’hui, à 56 ans,
Pierre Radanne compte parmi les experts mondiaux
des questions énergétiques.
nombreuses ont exigé des réductions de consomma-
tion. Tous ces efforts ont compté. On arrive aujourd’hui
à une consommation énergétique de 70 kWh/m2, c’est
trois fois moins qu’il y a 30 ans. L’objectif est de parve-
nir à 30 kWh/m2 d’ici 2020.
Comment améliorer l’efficacité énergétique ?
P.R. : Réduire les dépenses d’énergie, c’est surtout
consommer moins. Pour cela, il faut isoler au maximum
le bâtiment. Par des vitrages doubles ou triples, par des
isolants plus efficaces, par de nouveaux composants de
toiture, par la réduction des ponts thermiques (zones
où la chaleur peut s’échapper facilement)… C’est rela-
tivement facile à envisager sur les bâtiments neufs, ça
l’est beaucoup moins sur le patrimoine ancien. Pour-
tant, l’enjeu est là. En France, on ne construit que 1 %
de logements neufs chaque année, c’est assez peu. Il
faudrait concentrer nos efforts sur les 27 millions de lo-
gements existants et voir comment les réhabiliter pour
qu’ils soient plus écologiques.
Qui doit s’y employer ? Quels sont les principaux
acteurs concernés ?
P.R. : On pourrait considérer quatre familles d’acteurs :
les pouvoirs publics, les habitants (locataires et pro-
priétaires), les professionnels de la construction et le
secteur bancaire. Mais tout est lié. La transformation
nécessaire des comportements des habitants (choix
d’achats, régulation du chauffage…) doit être soutenue
par les politiques publiques et l’évolution de l’offre des
professionnels de la construction. Si les pouvoirs pu-
blics centraux doivent favoriser davantage l’initiative
régionale, tout en travaillant à l’émergence d’une politi-
que européenne coordonnée, le secteur bancaire devrait
quant à lui raisonner plus globalement. Imaginez qu’un
prêt soit désormais accordé non seulement en fonction
du montant des travaux mais aussi de leurs coûts ulté-
rieurs, les consommateurs chercheraient des maisons
de meilleure qualité, moins énergivores. Ils pousse-
raient les professionnels à les imaginer et à innover…
On aurait là une vraie politique responsable : un enga-
gement réellement durable.
Êtes-vous plutôt optimiste pour l’avenir ?
P.R. : J’ai des enfants, il est trop facile de désespérer.
Après moi, le déluge : quelle arrogance ! J’ai décidé
d’aimer ce siècle. Nous avons des défis terrifiants à
relever, mais rien n’est perdu. Concernant l’habitat,
nous devons réussir à consommer moins d’énergies
fossiles et à limiter nos rejets de gaz à effet de serre. Il
existe dans le monde des exemples qui prouvent que
c’est possible. En Allemagne, des maisons expérimenta-
les consomment moins de 8 kWh/m2. Dans la banlieue
de Londres, un quartier entier arrive à un bilan éner-
gétique quasiment nul (voir encadré). Le solaire photo-
voltaïque et thermique, la chaleur puisée dans le sol,
la biomasse… les énergies renouvelables se dévelop-
pent avec des résultats encourageants. Nous avons des
trajectoires de réussite en tête, il ne faut pas les oublier.
Et surtout, ne pas compter sur les autres secteurs pour
y parvenir. Car les temps de mutation y sont souvent
plus longs. Il faut une génération pour concevoir un
TGV (train à grande vitesse), n’attendons pas encore
80 ans pour voir rouler des transports de marchandi-
ses propres. Cherchons plutôt à valoriser les ressour-
ces locales… ■
P a G e 2 6 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
explorer le monde en marche
>
) L’éco-quartier de Bedzed
dans la banlieue
de Londres.
Bedzed, le meilleur de l’écologie se visite C’est aujourd’hui la star des éco-quartiers.
Avec ses cheminées bigarrées, ses voitu-
res partagées, ses jardinets, Bedzed, dans
la banlieue de Londres, reçoit des visiteurs
du monde entier. Il faut dire que le projet
est à méditer. Sept bâtiments ont été inventés
dans une logique de développement durable.
Pour réduire la consommation d’énergie liée
aux transports, 90 % des matériaux provien-
nent d’un rayon de moins de 60 kilomètres.
Poutres de chemins de fer, résidus de chantiers
ont été récupérés et sont intégrés dans les bâti-
ments. L’eau de pluie est valorisée et l’eau usée
est traitée sur place par un système de plan-
tes filtrantes. Et surtout, les dépenses d’énergie
sont maîtrisées. L’architecte Bill Dunster, en
collaboration avec l’ONG environnementaliste
Bioregional Development Group, a dessiné des
appartements avec triples vitrages, orienté les
bâtiments d’habitation au sud, placé les pièces
à vivre à l’étage, isolé les toits avec des plan-
tes, les murs avec 50 cm de laine de roche,
installé des cellules photovoltaïques… Chaque
logement possède une véranda qui fait office
de serre et capte la chaleur les jours d’hiver.
Pour l’eau chaude sanitaire, les calories sont
produites par une chaufferie alimentée par
les résidus forestiers des alentours. Résul-
tat : 90 % des besoins en chauffage ont été
réduits par l’isolation et la facture totale
énergétique a baissé de 70 % (par rapport
aux bâtiments classiques).
Du coup, Bedzed – pour Beddington Zero
Energy Development – n’a pas volé son
nom. Avec un bilan neutre en carbone,
l’éco-quartier n’utilise pas plus d’éner-
gie qu’il n’en produit !
30 Comment s’implanter dans des conditions extrêmes ? |36 Comment homogénéiser mondialement la qualité ? | 42 La responsabilité sociale, clé de la performance ? |
p a g e 2 8 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
Avancer. Plus vite, plus loin, en explorant le monde pour nourrir une culture commune de la performance. Les individus qui composent le Groupe sont source d’énergie. Ce sont aujourd’hui l’échange d’expériences à l’œuvre partout dans le Groupe, mais aussi les actions, la créativité et l’opiniâtreté de chacun qui permettent à Lafarge d’impulser le mouvement, en gardant toujours un temps d’avance.
dans nos métiers
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 2 9
p a g e 3 0 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
avancer dans nos métiers
Comments’implanter
dans des conditions
extrêmes ?
Comment un industriel gère-t-il un projet d’implantation dans des conditions extrêmes ? L’exemple de la construction de la cimenterie de Surma, que Lafarge vient d’achever au Bangladesh, constitue un élément de réponse. Il aura fallu huit ans pour que le projet voie le jour. Huit années pour résoudre de nombreux défis, au niveau politique, technique, logistique ou social. Retour sur un chantier de longue haleine qui porte pleinement ses fruits aujourd’hui.
) Un convoyeur de 17 km relie
la carrière de calcaire en Inde
à la cimenterie de Surma
à Chhatak au Bangladesh.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 3 1
L a nouvelle cimenterie de
Surma, au Bangladesh, est
l’un des projets les plus
importants jamais menés par le
Groupe. Située dans le nord du
pays, proche de la frontière avec
l’Inde, elle est destinée à alimen-
ter le marché bangladais en pleine
expansion, dans le cadre d’une
joint-venture avec Cementos Molins.
Dès lors, rien d’étonnant à ce que
d’ambitieux objectifs de production
lui soient fixés : 1,2 million de tonnes
de clinker par an et 1,5 million de
tonnes de ciment. Comme le souli-
gne Jean Desazars, Directeur général
adjoint Stratégie et Développement
du Groupe, le marché
bangladais est voué
à un bel avenir et
Lafarge s’y implante
au moment opportun :
“La consommation de
ciment est aujourd’hui de
7 millions de tonnes par an
mais elle croît de 10 % chaque
année.” Bien qu’étant l’un des pays
les plus pauvres au monde, le
Bangladesh entame sa courbe de
croissance. Ce boom économique
se traduit par un développement
urbain accéléré avec la construction
d’immeubles d’habitation, d’infra-
structures routières et de bâtiments
publics. La cimenterie de Surma — la
première dans le pays — permet à
Lafarge de prendre une longueur
d’avance. Pour comprendre les
raisons de cette implantation, il faut
remonter à l’origine du projet.
Impossible d’importer ?“On ne trouve pas de calcaire au
Bangladesh puisque le sol se com-
pose de limon et de dépôts, explique
Jean Desazars. Les besoins en ciment
sont pourtant énormes. Les cimen-
tiers sont donc contraints d’impor-
ter du clinker par bateaux au prix
fort et de le traiter ensuite dans
des stations de broyage au Bangla-
desh. Ces importations engendrent
des coûts élevés en devises et la
qualité du ciment laisse à désirer.”
En d’autres termes, la société par-
venant à offrir un ciment compétitif
et de qualité détiendra un véritable
avantage compétitif. C’est la raison
qui a décidé Lafarge, il y a 8 ans, à
se lancer dans ce pari audacieux :
construire au Bangladesh une ci-
menterie qui serait approvision-
née en calcaire, en continu, depuis
l’Inde voisine. “Du calcaire en abon-
dance était disponible côté indien,
à quelques kilomètres de la fron-
tière. Du gaz susceptible de servir
de combustible à la production de
ciment, l’était du côté bangladais”,
souligne Jean Desazars. “Alors,
lorsqu’un homme d’affaires ban-
gladais est venu me proposer un
projet prévoyant de relier l’usine >
Cimenterie de Surma au Bangladesh Le projet d’un leader
Dans un pays où tout est à faire, la construction est promise à un bel avenir. Fort de cette conviction, Lafarge s’est attaché
à relever le défi majeur qui consiste à offrir un ciment compétitif et de qualité à un pays qui ne possède pas
de calcaire. Après plusieurs années de défis, le pari est en passe d’être gagné.
p a g e 3 2 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
avancer dans nos métiers
bangladaise à la carrière de calcaire
indienne par un convoyeur, j’ai été
intéressé. Cela correspondait à la
stratégie du Groupe qui s’implante
en priorité sur des marchés à fort
potentiel de rentabilité.” C’était en
1998. Le coup d’envoi de ce projet
d’envergure venait d’être donné.
Très vite, Lafarge s’attaque au pre-
mier défi : obtenir les autorisations
nécessaires pour que le convoyeur
puisse traverser la frontière entre
l’Inde et le Bangladesh. Deux ans
de négociations seront nécessai-
res, tant les relations entre les deux
pays sont sensibles. Convaincues
de l’intérêt économique du projet,
les administrations indienne et
bangladaise acceptent finalement
d’ouvrir un poste-frontière dédié à
Lafarge, sur le parcours du convoyeur.
Autre dossier politiquement sen-
sible et non des moindres : l’achat
des terrains et l’obtention des per-
mis de construire de part et d’autre
de la frontière. Dans l’état indien
du Méghalaya, ces terrains sont en
effet situés sur ce qu’on appelle des
“zones tribales”, soumises à des dis-
positions et coutumes particulières.
Pendant deux autres années, Lafarge
négocie donc avec les chefs de ces
communautés locales pour leur dé-
montrer l’intérêt du projet et les
convaincre de céder leurs terrains.
De même, du côté bangladais, il
faut obtenir l’assentiment des chefs
de village pour que pêcheurs et
agriculteurs acceptent de s’installer
à quelques kilomètres de là, dans
des conditions de vie améliorées.
Enfin, il faut satisfaire aux exigen-
ces en matière d’environnement des
agences financières internationales
qui participent au projet et envoient
sur place, pendant six mois, des spé-
cialistes d’anthropologie rurale, de
faune et de flore, qu’il faut convain-
cre de nos bonnes intentions.
Résoudre l’équation de la construction
Après quatre années consacrées à
la résolution des questions admi-
nistratives, Lafarge peut enfin s’at-
taquer à la construction de l’usine.
“Autant son emplacement était géo-
graphiquement idéal par rapport
à la source de calcaire et à l’accès
au réseau navigable desservant
la capitale Dacca, autant le terrain
retenu ne se prêtait pas à l’édifica-
tion d’une cimenterie”, se souvient
Jean Hidier, responsable du projet.
En effet, le terrain était situé dans
une zone inondable en période de
mousson, et présentait un sol meuble
sur une épaisseur de 30 mètres.
Pour résoudre cette équation, l’équi-
pe en charge du projet redouble
d’efforts, aidée de la Direction des
Performances Cimentières (DPC) du
Groupe et du Centre Technique Inter-
unités (CTI), en collaboration avec le
laboratoire central de recherche basé
en France. Au total, le CTI y consacre
57 000 heures et le chantier mobilise
jusqu’à 2 400 personnes.
Sur le terrain, Lafarge emploie les
grands moyens : 860 000 m3 de ter-
rain sont remblayés sur 24 hectares
et, construite à 3 mètres au-dessus
>
) Plutôt que d’importer
du clinker cher, la cimenterie
est alimentée en calcaire
extrait en Inde.
>
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 3 3
) Des formations sont
dispensées aux communautés
voisines de l’usine.Construire une relation pérenne avec les communautés locales Le bien-être des communautés locales
en Inde et au Bangladesh, déplacées
pour permettre la construction de
la cimenterie et du convoyeur, était
une des clés du bon déroulement du
projet Surma. Lafarge a suivi de près
et a contribué significativement à leur
installation dans leurs nouveaux
lieux de vie.
“Au Bangladesh, en plus des nouvelles
maisons, nous avons construit un petit
centre-ville avec une école de
80 places et un dispensaire médical
où un médecin et des infirmières
officient”, explique Glyn Evans,
Directeur de la cimenterie. L’accès aux
soins médicaux de ces populations
très pauvres a été un investissement
prioritaire de Lafarge. Dans les villages
d’origine, les équipements et soins
médicaux étaient quasi inexistants.
“Aujourd’hui, côté indien, une clinique
mobile fait la tournée des villages
environnants une fois par semaine afin
de fournir une assistance médicale, et,
au Bangladesh, nous avons embauché
un ophtalmologue qui rend
visite aux patients”, ajoute Glyn Evans.
Lafarge a également mis en place des
formations professionnelles permettant
aux habitants de se former à un métier.
Enfin, au-delà des 200 collaborateurs
bangladais de l’usine, Lafarge a
embauché une soixantaine d’habitants
de la communauté locale voisine pour
travailler dans l’usine, notamment
dans les domaines du gardiennage
et de la restauration alimentaire.
>
du sol, l’usine repose à présent
sur 1 900 pieux qui représentent
l’équivalent de 30 000 m3 de béton.
La construction du convoyeur néces-
site également de lourds efforts.
Pour ne pas avoir à traverser plu-
sieurs fois la frontière au tracé
sinueux, le convoyeur mesure 17 km
de long et comporte 17 000 rou-
leaux supportant 34 km de bande
roulante. C’est à ce titre un record
du monde pour un convoyeur d’un
seul tenant !
“Le chantier a été éprouvant”,
reconnaît volontiers Jean Hidier.
“Nous avons travaillé dans des
conditions climatiques parfois
exécrables et avons rencontré des
problèmes logistiques en raison
du manque d’infrastructures rou-
tières au Bangladesh.” Lafarge a en
effet été obligé d’acheminer depuis
Calcutta, en Inde, 16 500 tonnes de
matériaux de construction par bar-
ges circulant sur des canaux, ainsi
que 3 000 tonnes de charpentes et
d’équipements par camions transi-
tant sur des routes de montagne…
Enseignements pour l’avenir : l’union fait la force
Le 2 août 2006, le four de la cimen-
terie était allumé, lançant la produc-
tion de l’usine. Un sentiment d’exci-
tation, mêlé de fierté, s’est emparé
des équipes sur place. La phase de
production pouvait enfin démarrer !
Glyn Evans, le Directeur de la
cimenterie se montre confiant :
“Les équipements sont dernier cri et
les collaborateurs opérationnels.”
Le recrutement et la formation des
ouvriers et contremaîtres chargés
de faire tourner l’usine a pourtant
constitué un autre challenge. “On
se trouve dans une zone très pau-
vre, elle-même située dans un pays
pauvre. Le Bangladesh n’a aucune
tradition industrielle, et les gens
ne sont pas formés”, explique-t-il.
Là encore, le Groupe a du adapter
son plan d’action. “Des ingénieurs
et des formateurs venus d’Inde, de
Corée, d’Indonésie, de Malaisie et
>
avancer dans nos métiers
p a g e 3 4 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
Témoignage Nabizunna, 50 ans, mariée,
8 enfants, vit dans le village de
Noqrai au Bangladesh, à côté
de la cimenterie.
“J’ai suivi plusieurs des formations
proposées par l’usine pour
apprendre des métiers artisanaux.
J’ai particulièrement aimé les
formations à la peinture sur tissu et
à la fabrication de bougies en cire.
Elles ont changé ma vie !
Avant, j’étais femme au foyer.
Maintenant, je fabrique des objets
que je vends sur les marchés des
environs. Cela me permet de gagner
un peu d’argent et j’ai pu aider
mes deux fils à créer un élevage
de volailles.
Grâce à ma nouvelle autonomie
financière, j’ai aussi mon mot à dire
dans la gestion du foyer. J’ai, par
exemple, pu convaincre mon mari
d’envoyer nos filles aînées suivre
une formation dispensée par
Lafarge, et nos garçons à la petite
école ouverte près de l’usine.
Toute la famille a aussi accès
à des soins médicaux et je peux enfin
traiter ma cataracte. Lafarge
a engagé un ophtalmologue qui vient
régulièrement de Dacca pour nous
soigner. C’est vrai que notre vie
a changé… en mieux.”
d’Europe nous ont prêté main-forte.
Certains employés se sont égale-
ment formés pendant plusieurs
semaines dans d’autres usines
Lafarge en Asie et en Egypte”,
raconte Jean Hidier.
Aujourd’hui, alors que la cimente-
rie produit ses premières tonnes
de ciment, l’heure est venue de ti-
rer le bilan de ce projet titanesque.
Quelles leçons retenir ? Quelles sont
les erreurs à ne plus commettre ?
Les réponses à ces deux questions
seront précieuses aux équipes tra-
vaillant sur des projets similaires
en Asie, en Amérique latine ou en
Afrique. “Nous avons appris que
Lafarge doit mieux superviser
les conditions de sécurité dans
lesquelles les ouvriers de nos
sous-traitants travaillent”, analyse
Guillaume Roux, Directeur général
adjoint du Groupe et co-Président
de l’activité Ciment.
Les prochains contrats de Lafarge
incluront des pénalités finan-
cières si les règles de sécurité
du Groupe ne sont pas respec-
tées, comme le port du harnais
obligatoire. “Grâce au chantier de
Surma, nous avons aussi décidé de
renforcer les effectifs des équipes
Lafarge qui supervisent les tra-
vaux des sous-traitants et vérifient
la qualité des équipements livrés”,
complète Guillaume Roux. En
matière de bonnes pratiques sus-
ceptibles d’être généralisées, les
équipes pointent unanimement
l’intérêt de systématiser l’implica-
tion d’autres usines et filiales du
Groupe, tant en matière de forma-
tion que d’expertise technique.
L’union fait la force, affirme l’adage ;
Surma semble en être la preuve. ■
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 3 5
p a g e 3 6 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
avancer dans nos métiers
Comment homogénéiser mondialement
la qualité ?Chaque fois que la marque Lafarge est apposée sur un matériau, elle est obligatoirement le garant d’une qualité au plus haut niveau, et ce malgré la variété des sources locales d’approvisionnement en matières premières. Comment parvenir à un tel résultat ? En explorant le cas du béton et du ciment, Crescendo nous offre les premiers éléments de réponse.
) Mise en place d’un test
de compression du béton,
dans le laboratoire
de Compiègne, en France.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 3 7
C omme le vin, le béton est
un produit du terroir :
aucun granulat, aucun sable
ne ressemble à un autre. Si les per-
formances du béton peuvent varier
de ce fait, elles doivent aussi cor-
respondre aux spécificités du
marché local et aux exigences de
chaque client, tout en respectant les
critères qualité du Groupe. “Nous
devons être capables de livrer des
produits aux performances les plus
régulières possibles à chaque coin
du monde”, indique Denis Maître,
Directeur Recherche et Développe-
ment du Groupe.
Pour arriver à ce résultat, le
Groupe s’appuie, dans son acti-
vité Ciment, sur une organisation
à trois niveaux, explique Yves
Guitton-Fumet, Directeur Qualité
Produit à la Direction des Perfor-
mances Cimentières (DPC). “Au
niveau métier, la DPC définit les >
Béton local, garantie mondiale
Les ingrédients du béton sont multiples (eau, sable, graviers, ciment) et, selon leur provenance, la variabilité du produit fini est forte. Pour organiser la diffusion du savoir et des procédures dans les 2 000 sites du Groupe Lafarge dans le monde, la démarche qualité est extrêmement structurée.
) Éprouvette de béton mise en
bassin d’eau à 20 °C avant de subir
un test de compression
1 à 2 semaines plus tard.
p a g e 3 8 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
avancer dans nos métiers
politiques qualité communes et les
standards internes de l’activité. Les
quatre centres techniques et leurs
laboratoires régionaux, situés en
Europe, en Asie et en Amérique du
Nord, ont en charge l’assistance
aux usines et l’appui aux projets de
développement, en collaboration
avec les directions Qualité des
unités opérationnelles. Enfin, les
ingénieurs qualité et les 150 labora-
toires d’usine sont responsables au
quotidien de veiller à la conformité
des produits aux spécifications.”
En amont, les recherches et
l’expertise du laboratoire central
de recherche du Groupe. “Nous y
développons des savoirs globaux,
à charge ensuite pour chaque entité
locale d’adapter les formulations
aux exigences et aux normes en
vigueur sur son propre marché”,
ajoute Denis Maître.
“Le centre de recherche transfère ses
connaissances et savoirs aux centres
techniques, qui démultiplient les
informations auprès des forces
technico-commerciales et de pro-
duction des unités opérationnelles.”
“Dans l’activité Béton, les chercheurs
du centre de recherche se rendent
directement sur le terrain pour trans-
mettre leur savoir aux équipes, sou-
vent dans des régions pilotes qui se
chargent ensuite de la diffusion d’in-
formation sur l’ensemble de la zone
concernée”, précise Denis Maître.
En résumé, le centre de recherche
met au point des technologies et
des outils avant de passer le relais
aux ressources locales, qui assu-
rent le déploiement et l’adaptation
des connaissances. C’est le cas pour
Agilia®, la gamme de bétons auto-
plaçants de Lafarge : le produit a été
développé en collaboration entre
le centre de recherche et le centre
d’essai de Vitry de Lafarge Bétons,
en région parisienne, qui a lui-même
fait rayonner l’information vers les
différentes régions françaises. Les
équipes de recherche sont ensuite
allées présenter la technologie aux
états-Unis, au Canada, en Grande-
Bretagne, ou encore en Turquie.
D’autres pays sont actuellement ci-
blés pour introduire Agilia® sur de
nouveaux marchés et accélérer le
déploiement des innovations.
Pour prévoir les performances des produits finis, le centre de
recherche finalise actuellement
un outil de formulation et de
simulation baptisé CPM (Concrete
Productive Model) : “C’est une sorte
de boîte noire dans laquelle il est
possible de rentrer tous les para-
mètres des composants d’un béton.
Le logiciel opère ensuite des
calculs qui, à terme, permettent
d’évaluer les performances poten-
tielles du béton ainsi produit”, expli-
que Denis Maître. Cet outil sera utile
pour homogénéiser les pratiques et le
savoir-faire sur l’ensemble des sites,
ainsi que pour aider les forces com-
merciales à mieux conseiller leurs
clients. Un produit de qualité doit
>
)Test qualité
dans le laboratoire
de la cimenterie
de Chhatak
au Bangladesh.
respecter précisément et réguliè-
rement certaines caractéristiques :
“Le système qualité est fondé sur
trois types de spécifications : les
normes officielles, les standards
définis par le Groupe et, bien enten-
du, les spécifications de nos clients.
Les usines et leurs laboratoires sont
les garants du respect de ces trois
niveaux d’exigence. Le dialogue
entre nos clients et nos équipes
marketing et commerciales, qui per-
met de définir les bonnes spécifica-
tions produit, est un élément fonda-
mental de notre politique Qualité”,
indique Yves Guitton-Fumet.
La maîtrise de la qualité passe avant
tout par la maîtrise du savoir au
quotidien. Acteur majeur de la diffu-
sion du savoir chez Lafarge Ciment :
le CKHC, centre des savoir-faire
cimentiers, a mis en place un portail
technique, accessible dans le monde
entier et qui constitue un référentiel
incontournable pour les usines en
termes de produits et de qualité.
Mais avec 150 usines de ciment, la diffusion des bonnes pratiques et
des connaissances ne peut se résu-
mer à un portail informatique ! C’est
pourquoi Lafarge favorise le travail
en réseaux : entre les responsa-
bles des usines et des laboratoires,
entre les ingénieurs et les res-
ponsables qualité des unités ou
encore entre les experts produits
des centres techniques. “Il faut
porter la bonne parole, mais aussi
savoir apprendre des autres, tirer
parti de chaque expérience locale…”,
ajoute Yves Guitton-Fumet.
Au quotidien, la démarche se traduit
par un suivi drastique de la qualité
produit, mesurée par un indicateur
de qualité des produits, commun à
toutes les usines, qui permet d’éva-
luer le degré d’atteinte des objectifs
qualité en fonction du contrat passé
avec le client. Car l’objectif ultime
reste celui-là : respecter les spéci-
ficités du client et répondre aux
besoins de chaque application. ■
)Test qualité
dans le laboratoire
de la cimenterie
de Chhatak
au Bangladesh.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 3 9
) Chercheur du laboratoire
de la cimenterie de Surma,
au Bangladesh.
Les attentes de nos clients sont claires Dimitris Nikitakis, client d’Héraclès,
l’unité Ciment du Groupe en Grèce
explique : “Ma principale attente, c’est
la qualité du produit quel qu’il soit.
Héraclès doit constamment améliorer
la qualité de ses produits et, par
conséquent, celle de mes produits.
Ensuite, il doit être compétitif. Enfin,
j’attends de sa part un service de qualité
au-delà du produit lui-même. En résumé,
mes trois attentes fondamentales
sont des solutions de qualité, des prix
attractifs et une expertise technique
toujours plus pointue.”
L a qualité du béton étant en
partie fonction de celle de
ses composants, le contrôle
des matières premières est sys-
tématisé sur tous les sites, sous
la responsabilité des laboratoires
attachés aux usines. “Nous allons
jusqu’à mettre en place des contrats
draconiens avec nos fournisseurs
internes au Groupe, pour le ciment
notamment”, explique François
Redron, Directeur Marketing Béton.
“Dans ses usines de ciment, le
La qualité passée au crible
Analyse en ligne de la régularité, analyse physico-chimique, amélioration continue
des équipements, formation, sensibilisation des hommes, aménagement d’étapes
de contrôle qualité, tout a été mis en place pour répondre aux normes de qualité
les plus rigoureuses.
) Test de cuisson
du clinker en four
miniature au centre
de recherche.
p a g e 4 0 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O N D O
Le contrôle client au cœur de l’usine
Au sein de l’activité Ciment, le laboratoire
de St-Pierre-La-Cour, en France, fait partie
des sites pilotes sur lesquels sont testées
différentes applications, selon des formules
représentatives des besoins clients.
Objectif : caractériser les performances des
produits via des méthodes ultramodernes
(rhéologie (1), diffraction (2) X Rietveld,
ultrasons, etc.). Ces tests permettent,
au-delà du respect des contraintes normatives,
de définir des spécifications sur les ciments
très proches de leur comportement dans
des applications réelles. Des seuils d’alerte
sont définis, et, en cas de dépassement, les
clients sont contactés et avertis d’un risque de
dysfonctionnement. Cette approche, étendue
depuis lors à l’ensemble des usines françaises,
permet d’installer le client au cœur de l’usine.
(1) Rhéologie : branche de la physique qui étudie
la viscosité, la plasticité, l’élasticité
et l’écoulement de la matière.
(2) Diffraction : phénomène selon lequel les ondes
lumineuses, radio-électriques, acoustiques, etc.,
peuvent parfois contourner les obstacles.
avancer dans nos métiers
L’engagement du Ciment vis-à-vis du Béton
L’ un des composants clé du béton est le ciment, d’où la nécessité de faire
jouer les synergies entre ces deux
activités clés. Une volonté affichée
de Lafarge qui se traduit aujourd’hui
par la prise d’engagements fermes
de l’activité Ciment par rapport à
l’activité Béton.
“Initiée en France, la démarche
se traduit par un engagement
formel interne de fournir un
ciment ayant telle ou telle caracté-
ristique, sous peine de sanctions
(pénalités). C’est notamment le
cas pour la gamme Agilia®, avec
des critères précis en termes de
physico-chimie et de compor-
tement à l’usage”, indique Yves
Guitton-Fumet.
Par ailleurs, afin de tester les ca-
ractéristiques de performance et
de se rapprocher le plus possible
de ce que souhaite le client final,
les bétons sont testés en labora-
toire, dans les cimenteries, sur la
base d’un “micro-béton”, plusieurs
fois par semaine, afin de vérifier si
la performance exigée par le client
est bien atteinte. ■
Centrale à béton de Noyon (France) :contrôle sur toute la ligne
Dans une centrale à béton, la qualité passe d’abord par un suivi très strict
de l’approvisionnement : le laboratoire est là pour contrôler les matières premières
entrantes, deux fois par semaine au minimum.
“Autres paramètres importants : l’entretien des machines, le respect des
spécifications demandées par les clients, mais aussi la compétence des chauffeurs
qui livrent le produit fini sur les chantiers. Le rôle de ces derniers est crucial car,
même si le béton est de qualité irréprochable au départ de l’usine, leur savoir-faire
est capital pour transférer le produit en préservant son intégrité”, confie Laurent
Léger, centralier.
Groupe dispose d’outils pointus
comme les analyseurs de cru en ligne,
qui permettent d’ajuster automati-
quement et en continu la composition
du cru, pour garantir sa régularité”,
ajoute Yves Guitton-Fumet. Autre
axe de travail : la robustesse, via
l’analyse physico-chimique. “Nous
travaillons, en liaison avec le cen-
tre de recherche, à mieux compren-
dre toutes les interactions entre
les composants d’un béton afin de
mieux gérer les variations poten-
tielles”, précise François Redron.
Au-delà de l’aspect “formulation”, un autre facteur joue un rôle capital
dans la qualité : il s’agit de la produc-
tion elle-même. “Dans cette optique,
nous avons le souci constant d’amé-
liorer l’équipement de nos centrales
à béton, qui sont de plus en plus
sophistiquées et automatisées. Nous
accordons aussi une grande place à la
formation des centraliers, qui jouent
un rôle clé. Enfin, nous avons mis en
place des étapes de contrôle qualité
des produits finis pour mieux antici-
per les variations de fabrication et les
corriger”, ajoute François Redron.
En bout de chaîne, la logistique
n’est pas oubliée : les chauffeurs
livreurs sont formés et sensibili-
sés aux problématiques qualité. “Et
pour certains produits très pointus,
comme les bétons décoratifs, nous
allons jusqu’à ne travailler qu’avec
des applicateurs agréés Lafarge,
sélectionnés par nos soins selon
des critères très stricts”, indique
pour conclure François Redron. ■
) Test de cuisson
du clinker en four
miniature au centre
de recherche.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 4 1
p a g e 4 2 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
avancer dans nos métiers
La responsabi l i té sociale, clé de la performance ?
Concilier responsabilité sociale et recherche de compétitivité. Une ambition majeure pour Lafarge bien qu’en apparence, une source de dilemme. Plus encore qu’au niveau du Groupe, c’est très souvent sur le terrain que les moyens d’y parvenir doivent être trouvés. Tour d’horizon de différentes solutions mises en œuvre aux quatre coins du monde qui, chacune à leur manière, prouvent qu’amélioration sociale et performance économique peuvent se rejoindrent.
)Ci-contre :
Frédéric de Rougemont,
Directeur général de Lafarge
en Afrique du Sud jusqu’en
août 2006 et actuellement
Directeur général de l’activité
Ciment de Lafarge
en Corée du Sud.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 4 3
Quelle a été la réflexion qui vous a
amené à engager une politique de
responsabilité sociale en Afrique
du Sud ?
Frédéric de Rougemont : À l’instar
de ce que fait le Groupe dans les
76 pays où il est présent, nous som-
mes partis du principe qu’on ne réus-
sit à s’implanter économiquement
sur le long terme dans un marché
qu’en prenant en compte les réali-
tés sociales locales. La compréhen-
sion des problématiques sociétales
et environnementales puis la mise
en œuvre de politiques volontaris-
tes sont deux conditions sine qua
non de toute croissance pérenne.
Partant de là, nous avons donc
cherché comment travailler avec
les différents partenaires gouverne-
mentaux et issus de la société civile
sur les grands enjeux de la société
sud-africaine, notamment la mixité
ethnique et la lutte contre le sida.
Si la politique d’apartheid a pris fin
en 1994, l’Afrique du Sud connaît
encore une situation difficile s’agis-
sant du rapport entre les différen-
tes couches ethniques. Quelle a été
votre approche sur cette question
très sensible ?
F. de R. : Le point de départ de notre
démarche a été de bien décrypter
la situation et donc ne pas limi-
ter la question de la discrimina-
tion à une opposition entre Blancs
et Noirs mais d’y inclure toute la
diversité ethnique du pays (Indiens,
métis…). Nous avons ensuite déve-
loppé une politique de ressources
humaines susceptible de favoriser
et d’accélérer la mixité, notamment
à l’échelle des managers. Cela s’est
décliné à travers le recrutement, la
promotion interne et la formation.
Résultat : 30 % de nos managers
sont aujourd’hui noirs, métis ou
indiens, contre 2 % en 2002 ! Lafarge
occupe une place importante sur le
marché sud-africain de la construc-
tion. Nous sommes convaincus
que pour réussir à répondre à la
demande croissante, pour fournir >
La compétitivité responsable
Le dynamisme du marché sud-africain ne doit en aucun cas occulter les difficultés d’une société longtemps en proie à l’apartheid et qui subit les ravages du sida. Comment Lafarge, dans ce contexte, peut-il mener une politique de responsabilité sociale sans sacrifier son indispensable compétitivité ?
Réponse avec Frédéric de Rougemont.
p a g e 4 4 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
avancer dans nos métiers
des prestations de qualité et res-
ter compétitif, il est primordial de
s’intégrer dans la culture du pays et
de prendre en compte ses besoins
de façon adaptée. La mixité ethni-
que que vous évoquez rentre dans
cette problématique. On ne peut
concevoir de croissance dans ce
pays post-apartheid avec des équi-
pes essentiellement blanches. Le
décalage avec la réalité sociale fi-
nirait par être préjudiciable à notre
expansion.
Lafarge a également travaillé
sur la cession d’une partie de son
capital à des entreprises noires
dans le cadre du programme
“Black Economic Empowerment”.
Comment cela s’est-il passé ?
F. de R. : Le gouvernement sud-
africain a promulgué, en 2004, une
loi qui impose aux entreprises du
secteur minier d’ouvrir leur capital
à des entreprises noires d’ici à 2009.
Nous avons anticipé cette contrainte
puisque, en octobre 2005, nous
avons cédé 12 % de nos actions à
des investisseurs noirs, soit plus
de 3 ans avant la date légale ! De
plus, la structure du consortium
noir permet d’orienter une forte
part des dividendes vers un fonds
réservé à l’enseignement des popu-
lations noires défavorisées. Une telle
démarche démontre, d’une part,
notre confiance dans le marché et,
d’autre part, notre entière participa-
tion au processus de transformation
économique dont le pays a besoin.
La lutte contre le sida fait partie
des engagements fondamentaux de
Lafarge. Quelles actions avez-vous
mises en place ?
F. de R. : La lutte contre le sida
est une priorité de santé publique
mais également un impératif éco-
nomique. Avec 21 % de sa popula-
tion séropositive, l’Afrique du Sud
perd chaque année 5 % de sa force
de travail. Pour contrer ce fléau,
nous avons d’abord évalué à 10 % la
proportion de nos salariés atteints
du virus. Notre action a ensuite été
double : programmes de formation
et d’information sur chaque site
d’une part, financement des trai-
tements antirétroviraux puis suivi
médical, en partenariat avec une
société sud-africaine qui gère un
réseau de médecins dans tout le
pays, d’autre part. Nous consacrons
1,1 million d’euros sur 5 ans à lut-
ter contre le VIH. Mais nous avons
calculé que, sans cette politique, le
sida coûterait 1,7 million d’euros à
l’entreprise. Alors, nous y gagnons.
J’insiste sur le fait qu’au-delà de la
stricte réalité économique de ces
chiffres, cette politique est pleine-
ment en ligne avec les valeurs de
Lafarge. C’est ce que nous voulons
montrer aux autres acteurs écono-
miques. Montrer que, plus souvent
qu’on ne croie, performances éco-
nomiques et responsabilité sociale
sont indissociables. ■
>
) Analyste qualité du laboratoire
de la cimenterie de Lichtenburg
en Afrique du Sud.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 4 5
L a construction de la cimente-
rie de Tula, au nord de Mexico,
restera dans les mémoires :
l’usine, d’une capacité de produc-
tion annuelle de 600 000 tonnes,
a livré son premier ciment en mars
2006, soit 4 mois avant la date pré-
vue au contrat et avec une courbe
de croissance au démarrage jamais
vue depuis 20 ans ! Un résultat
exemplaire qui repose en grande
partie sur la priorité donnée à la
sécurité. “Tout au long des 20 mois
de chantier, nous avons appliqué
le principe de zéro tolérance”,
confirme Máximo Dolman, Directeur
général de Lafarge Mexique de 1999
à janvier 2006. Une stratégie payan-
te qui a permis au site d’atteindre
un niveau d’excellence : le nombre
d’accidents du travail a été 11 fois
inférieur au niveau national. “Notre
gestion de la sécurité à Tula illus-
tre parfaitement la manière dont
Lafarge s’appuie sur une politique
de responsabilité sociale active pour
accroître ses performances. Ce pro-
jet a démontré que sécurité et excel-
lence opérationnelle vont de pair.
De plus, le professionnalisme et la
discipline accrus par la politique
de sécurité ouvrent la voie à l’amé-
lioration de la performance”, ana-
lyse Máximo Dolman. Au Mexique,
Lafarge a réussi à faire de Tula l’une
des usines les plus compétitives de la
région en misant sur la sécurité. Pour
assurer son développement dans
un marché mexicain du ciment en
pleine expansion mais très compé-
titif, l’usine a misé sur ce facteur
lui permettant ainsi d’augmenter sa
performance et de confirmer la règle :
un site propre… est un site sûr… et
un site profitable. ■
) Le chantier de la cimenterie
de Tula, au Mexique, a démontré
que sécurité et performance
sont indissociables.
La productivitépar lasécurité Dans un pays peu sensibilisé à la sécurité, Lafarge a mené une politique de formation à la sécurité et de contrôle extrêmement rigoureuse. La construction de la cimenterie de Tula, au Mexique, offre une nouvelle preuve du bien-fondé de cette démarche.
P our Dung Van Anh, Directeur
du bureau Lafarge de Bei-
jing en Chine, “on ne réussit
pas économiquement dans un mar-
ché de la taille et de la complexité
de la Chine sans prendre le temps
d’en comprendre les problémati-
ques sociétales et environnementa-
les”. Car, si la Chine représente le
premier marché mondial du secteur
de la construction, les conditions
de travail et autres normes sociales
sont souvent sujets à discussion.
Dès son arrivée en Chine en 1994,
Lafarge a donc fondé sa stratégie
locale sur une politique de responsa-
bilité sociale respectueuse des prin-
cipes d’action du Groupe et donc des
individus. “Le Groupe a par exemple
massivement investi dans des pro-
grammes de formation, d’assistance
aux communautés locales ou de ren-
forcement de la sécurité sur le lieu
de travail, une de nos priorités dans
ce pays”, explique Dung Van Anh.
Cette politique place aujourd’hui
Lafarge au-dessus des standards
chinois et de la pratique de la plupart
de ses concurrents. “Si ces actions
représentent un coût important,
elles s’avèrent rentables à long terme.
Elles renforcent l’image du Groupe
et facilitent son implantation locale.
Elles ont également un effet bénéfique
sur la motivation et l’efficacité opéra-
tionnelle de nos collaborateurs.”
Mais tout n’est pas si simple : “La poli-
tique que nous menons, dans un pays
aussi grand que la Chine, nécessite
une attention particulière et continue
sur le long terme”, poursuit Dung
Van Anh. Car dans le même temps, de
nouvelles priorités émergent. “Nous
avons été l’une des premières entre-
prises en Chine à prendre la mesure
du fléau VIH et à lancer une campa-
gne de prévention. Par ailleurs, nous
avons mené une forte politique de
croissance externe en 2005. Notre
système de management doit désor-
mais être transféré à l’ensemble des
nouveaux sites Lafarge.”
Cette démarche devrait néanmoins
se trouver confortée dans le futur
par l’action du gouvernement, qui
fait désormais de la responsabi-
lité sociale des entreprises une de
ses priorités. “Nous essayons de
devenir une référence en matière
de management et de gouvernance.
Progressivement, grâce notam-
ment aux encouragements des
autorités locales, notre exemple se
diffuse dans l’ensemble du secteur
de la construction”, conclut Dung
Van Anh. ■
Pour réussir en Chine il faut devenir
un peu chinois !
Présent en Chine à travers ses quatre métiers depuis 11 ans, Lafarge veut réussir durablement sur le premier
marché mondial de la construction en menant une politique de responsabilité sociale exemplaire.
p a g e 4 6 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 4 7
Qu’est-ce qu’une organisation
comme l’IBB attend des grandes
entreprises en matière de respon-
sabilité sociale ?
Marion Hellmann : Notre objectif
est d’amener les entreprises à s’en-
gager concrètement dans des politi-
ques qui placent la question sociale
au cœur de leur stratégie. IBB signe
ainsi avec elles des accords bapti-
sés “Global Company Agreements”
dans lesquels elles s’engagent à res-
pecter le droit des travailleurs tel
qu’il est défini par l’Organisation
internationale du travail. Elles s’en-
gagent également à offrir des rému-
nérations décentes et à assurer des
conditions de travail optimales en
termes de sécurité.
Comment jugez-vous la politique de
Lafarge en matière de responsabi-
lité sociale et de compétitivité ?
M.H. : Son approche va dans la
bonne direction et est basée sur un
principe de bon sens selon lequel
la compétitivité d’une entreprise
repose, non pas sur “l’exploitation”
des travailleurs mais, au contraire,
sur leur épanouissement. Lafarge
démontre ainsi parfaitement, à tra-
vers ses résultats, que profits et
responsabilité sociale se nourris-
sent l’un l’autre.
En quoi la variable sociale influe-
t-elle sur la compétitivité des
entreprises ?
M.H. : Le bénéfice principal est
d’assurer une compétitivité sur le
long terme en permettant aux en-
treprises de se rapprocher de leurs
marchés et de développer des re-
lations de confiance avec leurs sa-
lariés, leurs fournisseurs et leurs
clients. La compétitivité résulte
donc, selon nous, de l’art de combi-
ner évolution technologique et dé-
veloppement des forces de travail,
par des programmes de formation
et des conditions de travail respec-
tueuses des salariés. ■
Épanouir plutôt qu’exploiter
Interview de Marion Hellmann, secrétaire général de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB).
50 Cosmo City, Afrique du Sud | 52 Mannersdorf, Autriche | 54 Atlanta, États-Unis | 56 Firminy, France | 58 Arasmeta, Inde | 60 Haller Park, Kenya | 62 Paris, France |
P A g e 4 8 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
contr ibuer
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 4 9
Concevoir et produire des matériaux de construction, contribuer ainsi aux attentes légitimes des hommes en matière de logement, de mobilité, de santé, d’éducation, mais aussi aux projets d’infrastructures essentiels au développement économique et social, existe-t-il plus beau métier ? Attentif à des besoins qui ne cessent d’évoluer, Lafarge poursuit sans relâche sa démarche de progrès… pour que, partout dans le monde, ses matériaux contribuent à l’amélioration du cadre de vie et à la construction d’un monde plus durable pour tous.
contr ibuerà un monde durable
contribuer à un monde durable
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 5 1
L es pelleteuses s’affairent dans le quartier de Cosmo City, dans la banlieue de
Johannesburg, où 3 000 petites maisons sortent de terre. Un père de famille
contemple le chantier. “Nous allons bientôt aménager dans une vraie maison”,
s’émerveille-t-il. Il est qualifié pour le programme de logement à faible coût du
gouvernement sud-africain. Celui-ci permet aux plus démunis, répartis en 3 segments
en fonction de leurs revenus, de bénéficier soit d’une maison clé en main, soit de
prêts subventionnés pour construire leur propre habitation. “Nous nous focalisons
dans un premier temps sur le segment intermédiaire (revenus compris entre 1 500
et 7 000 rands) à travers trois projets dans lesquels nous pouvons impliquer nos
quatre métiers. Nous nous consacrerons ensuite aux deux autres segments, après
avoir démontré notre savoir-faire”, souligne Gerald Gietzen, Directeur Marketing de
Lafarge en Afrique du Sud.
Construction, formation, distribution…Le premier projet est celui de Cosmo City où Lafarge s’est associé à un développeur
local. Un contrat de 1 014 maisons d’une surface de 50 m2 a été signé… 20 000 m3
de béton seront coulés pour les faire surgir de terre. Le second projet, mené
conjointement avec le NHBRC, l’autorité qui régule le secteur de la construction en
Afrique du Sud, porte essentiellement sur une offre de formation (voir encadré).
Enfin, Lafarge travaille à un troisième projet, dont la vocation est de distribuer
des matériaux de construction à plusieurs municipalités, celles-ci s’assurant de
les allouer aux familles vivant éloignées des réseaux de distribution classiques. Au
total, une offre réinventée pour satisfaire les besoins des populations défavorisées.
Et l’aventure ne fait que commencer. ■
De vraies maisons pour remplacer les bidonvilles
Parer au déficit de formation aux métiers du bâtimentEn raison de l’apartheid,
l’Afrique du Sud doit
aujourd’hui faire face
à un grave déficit de
formation aux métiers
du bâtiment, freinant
d’autant son développement
économique. Lafarge et
le NHBRC ont récemment
signé un partenariat pour
y remédier. Sa spécificité :
sur un chantier de maisons
à bas prix, Lafarge forme
de jeunes ouvriers aux
techniques de construction
et au respect de conditions
de sécurité. À court terme,
l’objectif est de mettre
en place une formation
professionnelle servant de
référence dans le pays.
Afrique du Sud
Confronté à une crise aiguë du logement, le gouvernement sud-africain a lancé un important programme de logement à faible coût pour les plus démunis. Celui-ci prévoit la construction de 650 000 habitations.
) Chantier de Cosmo City
dans la banlieue
de Johannesburg.
contribuer à un monde durable
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 5 3
“S i vous voyez à un an, plantez du riz, à dix ans, plantez des arbres et à
100 ans, éduquez les gens.” Ce proverbe chinois reflète la philosophie
du projet “Schools for a living planet” de Lafarge Perlmooser et du
WWF en Autriche. Son but ? Sensibiliser pendant 18 mois les enfants de 9 à 13 ans
à la biodiversité et au concept d’empreinte écologique.
Distribution de 15 000 brochures éducatives dans les écoles, animation d’ateliers
par le WWF, plus de 45 excursions dans les carrières Lafarge de Mannersdorf et de
Retznei ainsi que sur trois sites du WWF et même une semaine de vacances dans un
camp d’été du WWF pour les lauréats du concours du meilleur projet de préservation
d’une plante ou d’un animal dans une carrière réhabilitée...
Contribuer à faire du développement durable une réalitéUne initiative qui marque les écoliers et, par leur intermédiaire, touche leurs
enseignants et leurs parents. “C’est une vraie satisfaction pour le WWF car les enjeux
liés à la biodiversité se jouent sur le long terme et nécessitent d’impliquer les adultes de
demain. La relation avec Lafarge est productive : nos vues divergent parfois, mais nos
réunions de travail nous permettent de réfléchir à de nouvelles initiatives”, souligne
Thomas Kaissl, responsable des relations avec les entreprises de WWF Autriche.
“‘Schools for a living planet’ est le fruit de 5 ans d’une collaboration avec le WWF qui
a débuté avec la création d’un indice de biodiversité (cf. encadré). C’est la première
fois qu’un de nos projets est aussi vaste. Nous espérons toucher 100 000 personnes
et contribuer ainsi à faire évoluer les mentalités… tout en servant d’exemple pour les
professionnels de la construction”, conclut Eva Palischek de Lafarge Perlmooser. ■
Respecter toutes les vies de la planète
Mesurer la biodiversité dans les carrièresL’un des résultats
marquants du partenariat
global entre Lafarge et
le WWF est la conception
d’un indice de mesure de
la biodiversité. Baptisé
LBI (Longterm Biodiversity
Index), cet indice permettra
de mesurer de façon
digitale la biodiversité
en plusieurs endroits
d’une carrière réhabilitée.
Un premier prototype,
conçu à Mannersdorf, est
actuellement testé dans
des carrières françaises
et espagnoles. Une fois
optimisé, l’indice LBI devrait
être généralisé à l’ensemble
des carrières du Groupe
avant d’être partagé avec
d’autres industriels.
Autriche
Réduction des émissions de CO2, promotion de la construction durable… Le partenariat global entre le Groupe Lafarge et le WWF se décline sur le terrain. En Autriche, l’accent est missur la sensibilisation des enfants à la biodiversité.
) Un groupe d’enfants observe la biodiversité
dans une mare de la carrière réhabilitée
de Mannersdorf.
contribuer à un monde durable
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 5 5
À Atlanta, aux États-Unis, le plus grand aquarium couvert du monde a ouvert ses
portes en novembre 2005. Dans des bassins géants évoluent plus de 100 000
espèces animales aquatiques : des bélugas (baleines blanches) aux méduses
en passant par les pingouins, les piranhas… Au cœur de l’aquarium, on circule face à
des murs en plexiglas de 10 mètres de haut, dans des tunnels transparents pouvant
atteindre 30 mètres de long à 6 mètres sous l’eau. Un requin-baleine peut frôler votre
petite dernière juchée sur vos épaules…
Répondre à un cahier des charges exigeantDerrière ces émotions figurent les 30 millions de litres d’eau des aquariums, une eau à
filtrer en permanence, le plus souvent salée, donc corrosive. Il y a aussi les impératifs
techniques qu’impose la structure architecturale. “Sans le béton Agilia®, nous n’aurions
pas pu construire cet aquarium tel qu’il est, raconte Roy Keck, Directeur Marketing de
Lafarge Bétons en Amérique du Nord – région sud-est. Il n’était tout simplement pas
question de vibrer un béton classique entre des panneaux de plexiglas et des éléments
de plomberie aussi complexes. La fluidité d’Agilia® nous a permis de répondre au
cahier des charges du constructeur.”
“Il y a plus de 5 500 m3 d’Agilia® dans les murs des bassins, ajoute Kirk Deadrick,
Directeur de l’Assurance Qualité de Lafarge en Amérique du Nord – région sud-est.
Nous avons incorporé au béton un adjuvant anti-corrosion, afin que le béton résiste
sur le long terme à l’eau de mer. Mais le plus difficile a peut-être été de convaincre les
propriétaires des poissons qu’Agilia® ne présentait aucun risque pour ces derniers”,
se souvient-il avec un sourire. ■
Agilia®
Quand le béton est l’ami des poissons
Agilia®, quand fluidité rime avec liberté de formesLe béton à hautes
performances Agilia®
répondait aux besoins de
l’aquarium de Géorgie sur
plusieurs plans. Sur le plan
esthétique d’abord, grâce
à la qualité de ses finitions,
mais surtout en raison de
sa facilité de mise en œuvre.
En effet, la structure béton
devait à la fois contenir
les plomberies complexes,
nécessaires à la filtration
de l’eau des aquariums,
et soutenir les panneaux
de plexiglas. Ce béton
autoplaçant ne nécessitant
pas de vibration, il ne
présentait donc aucun risque
pour les composants fragiles
qu’il devait renfermer.
États-Unis
En moins d’un an, trois millions de visiteurs sont venus admirer les pensionnaires du plus grand aquarium couvert du monde. La fluidité du béton Agilia® de Lafarge a contribué à la réussite de ce projet architectural d’envergure.
) Avec ses épais panneaux en plexiglas, le plus
grand aquarium couvert du monde invite chacun
à pénétrer au cœur de l’univers aquatique.
contribuer à un monde durable
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 5 7
“U ne part du prodige de l’église de Firminy tient à ce que l’embryon de
bâtiment laissé en friche pendant trois décennies a subitement fait
place à un grand monument”, s’enthousiasme l’architecte français
Jean-Louis Cohen dans un entretien avec Crescendo. Les travaux, entrepris en 1973
et interrompus faute de crédits, sont désormais achevés, et le tracé audacieux de
Le Corbusier a enfin pris vie au cœur de la cité. Loin d’être orphelin, l’édifice s’intègre
dans l’ensemble urbain imaginé par l’architecte. Ses logements, sa piscine, son stade
et sa Maison de la culture semblaient ainsi attendre patiemment leur comparse. Portée
depuis son origine par José Oubrerie, collaborateur de Le Corbusier et aujourd’hui
maître d’œuvre du projet, la construction a rencontré de multiples obstacles,
techniques comme financiers. Son classement comme monument historique en 1996
a probablement contribué à la reprise des travaux en 2004, principalement financés
par Saint-Étienne Métropole.
“Le défi, poursuit Jean-Louis Cohen, consistait à faire migrer le lieu de culte vers un
espace désormais culturel, et à transcrire le projet de Le Corbusier dans les normes de
sécurité actuelles, en exploitant les dernières innovations techniques. Le bâtiment est
d’ailleurs plus tendre, moins brut que ne l’avait probablement imaginé Le Corbusier.”
Lafarge a fourni les bétons Agilia® Formes et Agilia® Vertical, formulés à base de
ciment Lafarge très résistant, pour la couverture tronconique. Adaptées aux formes
complexes, la fluidité et les qualités autoplaçantes d’Agilia® ont ainsi permis de
couler aisément les 400 m3 de la coque extérieure. Une opération qui aurait posé
bien plus de difficultés à l’époque du grand architecte ! ■
L’église de Le Corbusier trouve enfin son chapeau
de béton
Le Corbusier, la révolution par le bétonChef de file du mouvement
moderne, Le Corbusier était
à la fois autodidacte et
créateur multiformes :
architecte et urbaniste,
il fut également écrivain,
poète, peintre et sculpteur.
Mais ce sont ses créations
architecturales et
urbanistiques qui ont le
plus marqué les esprits.
Revendiquant simplicité et
fonctionnalité à l’échelle
humaine, de même qu’un
urbanisme “en harmonie
avec les conditions de la
nature : soleil, espace,
verdure”, fasciné par
le béton, Le Corbusier
laisse 75 chefs-d’œuvre
précieusement conservés
aux quatre coins
du monde.
France
Il aura fallu plus de trente ans pour que l’église Saint-Pierre, conçue par Le Corbusier pour l’ensemble architectural de Firminy-Vert, puisse voir le jour. Enfin coiffée de son ample coque de béton, l’œuvre posthume a été inaugurée en septembre.
) 40 ans après la mort de Le Corbusier, le cône de béton de l’église
Saint-Pierre s’élève enfin dans le ciel de Firminy (Loire).
Les 1 000 m2 des niveaux inférieurs accueillent des collections d’art moderne.
Propriété de Saint-Étienne Metropole / FLC-Adagp.
Maître d’œuvre : José Oubrerie.
contribuer à un monde durable
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 5 9
“U ne véritable opportunité”, “un coup de pouce décisif”, “une aubaine
inespérée”. Les 184 jeunes indiens qui ont participé au programme
ne cachent pas leur enthousiasme. L’ambition du projet lancé en 2005
par Lafarge, en partenariat avec l’institut indien des ingénieurs, a été “non pas de
mettre en place un énième programme d’assistanat, mais de véritablement assurer
un développement sur le long terme des communautés rurales voisines”, explique
Uday Khanna, Directeur général de Lafarge India.
Répondre à un double enjeuPour y parvenir, Lafarge a donc mis en place, depuis deux ans, des formations de
deux mois à la maçonnerie, validées par un diplôme. Elles s’adressent à des jeunes
du monde rural, qui connaissent un chômage élevé et un taux d’analphabétisme
important. A la clé : trouver un emploi dans le secteur de la construction, en plein
boom – il enregistre une croissance annuelle supérieure à 10 % en moyenne. “Il
s’agissait tout d’abord d’assurer une formation diplômante débouchant sur un
emploi pour ces jeunes en situation difficile, se souvient Uday Khanna, et, dans le
même temps, de soutenir la croissance des entreprises de construction, en manque
de main-d’œuvre qualifiée”. Une stratégie payante puisque aujourd’hui, 140 jeunes
ont été engagés pour un salaire mensuel de 68 euros, supérieur au salaire moyen
en Inde. L’initiative sera donc poursuivie et amplifiée : 650 jeunes en bénéficieront
d’ici à 2008. ■
Former les jeunes qui construisent le pays
Un programme d’assurance vie pour les maçonsLes maçons, en tant que
prescripteurs, représentent
un groupe stratégique pour
Lafarge. Afin d’établir une
relation privilégiée avec
cette population, Lafarge
leur propose, en Inde, une
assurance vie. Développée
en collaboration avec la
société Life Insurance
Corporation of India, cette
assurance gratuite permet
de compléter une couverture
sociale faible en offrant une
prime en cas d’accident.
2 000 maçons ont déjà
bénéficié du programme,
qui devrait s’étendre et
concerner bientôt plus
de 10 000 professionnels.
Inde
Participer activement au développement des communautés rurales proches des usines de Lafarge en Inde. Telle est la philosophie du programme ‘Project employability’ qui permet à des jeunes ruraux d’être formés au métier de maçon.
)Maçons formés à la pose de briques
marquées du svastika, l’un des plus
anciens symboles de l’humanité.
Toujours très présent dans les cultures
hindouiste et bouddhiste, il est signe
de bon augure.
contribuer à un monde durable
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 6 1
D epuis 1971, la nature a repris ses droits dans l’ancienne carrière de calcaire
de Lafarge au Kenya, aux portes de Mombassa. Grâce à une réhabilitation
et des pratiques exemplaires “dont les autres industries devraient bien
s’inspirer”, indique Wangari Maathai, ministre de l’Environnement kenyan et prix
Nobel de la paix, qui ont notamment déjà permis de replanter plus d’un million
d’arbres, le Haller Park est aujourd’hui un refuge naturel de la faune et de la flore
locales. Classé réserve naturelle, le site accueille quotidiennement des touristes
venus du monde entier et des classes d’enfants médusés. Les singes jalonnent par
dizaines les bords des sentiers de promenade, où il y a 40 ans encore, les camions
acheminaient la roche crayeuse vers la cimenterie. C’est dans cet univers protégé
qu’est née l’histoire d’une amitié peu commune entre une tortue et un hippopotame.
Une amitié rendue possible par l’immense travail accompli ici pour recréer tout un
écosystème.
Complicité animaleEn décembre 2004, des pêcheurs récupèrent un bébé hippopotame orphelin, échoué
sur les côtes kenyanes au lendemain de la tempête déclenchée par le tsunami. Ils le
nomment Owen, du nom de son sauveur. Mais comment le réintroduire dans la nature ?
L’adoption n’est pas le fort des hippopotames. On pense naturellement au Haller
Park, géré par Lafarge Eco Systems. Chargé sur un pick-up, le bébé hippopotame
est transporté jusqu’à la réserve. Et là, stupeur, Owen se dirige spontanément vers
un pensionnaire inattendu, une tortue géante mâle de 130 ans qui… l’adopte. Elle
s’appelle Mzee, ce qui veut dire ‘vieux sage’, en swahili. Sous le regard attentif des
professionnels de la réserve, naît une étroite complicité. Owen et Mzee mangent
ensemble, nagent ensemble, dorment côte à côte. Cela fait des années que les
hippopotames se sentent chez eux au Haller Park. Owen, quant à lui, semble y avoir
trouvé un compagnon fidèle. ■
Owen et Mzee Quand la réhabilitation d’une carrière fait naître des amitiés uniques
Deux stars mondialesTapez Owen & Mzee sur
Google, vous obtiendrez
74 100 réponses.
On y trouve des centaines
de blogs, de photos,
d’articles de presse,
de sites divers dont
www.lafargeecosystems.com
qui donne en permanence
des nouvelles des deux
amis.
Un livre contant cette amitié
est classé dans la bestseller
list du ‘New York Times’. Un
film est présenté au festival
de Tribeca à New York.
CNN, NBC, la BBC, National
Geographic... la liste des
médias qui s’intéressent à
Owen & Mzee ne cesse de
s’allonger. La preuve que
le star-system existe aussi
chez les animaux ?
Kenya
En 1971, l’ancienne carrière de calcaire de Lafarge au Kenya a pu être réhabilitée. Elle est devenue une réserve naturelle si accueillante pour la faune et la flore que le bébé hippopotame orphelin, Owen, a pu y trouver l’affection de Mzee la tortue.
Les facettes insolites d’un monde
“made in béton” Lafarge est partenaire de l’exposition
“Bétons, étonnez-vous”, au musée des arts et métiers à Paris, qui braque les projecteurs sur un matériau aussi familier qu’extraordinaire : le béton. Suivez le guide…
contribuer à un monde durable
Lafarge, partenaire
exclusif de l’exposition
Ce partenariat naturel
s’inscrit dans la volonté
du Groupe de valoriser
les matériaux de construc-
tion et le monde de l’archi-
tecture. Très engagé dans la
réflexion sur les matériaux et
modes constructifs de demain,
Lafarge est un acteur de pointe
de la R&D dans cette spécialité.
Son centre de recherche, près de
Lyon, est le premier laboratoire
au monde dans le domaine des
matériaux de construction.
1.
2.
3.
4.
5.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | P A g e 6 3
Les facettes insolites d’un monde
“made in béton”
Une histoire plusieurs fois millénaireInventé au XXe siècle
pour construire de tristes
immeubles aux airs de
parpaings géants ? Pas le
moins du monde ! La recette
du béton, déjà connue des
Romains, était utilisée par
les Égyptiens depuis plus
de 20 siècles. De nombreux
aqueducs, fondations, ou
encore le prestigieux Panthéon
de Rome témoignent de l’âge
canonique de ce matériau
qui sied si bien aux créations
futuristes de notre époque.
Les Romains conservèrent
toutefois leur secret, et ce n’est
qu’au 19e siècle, après de fort
nombreux essais, que le béton
fut redécouvert, et, depuis
lors, sans cesse
réinventé.
France
)
C e sont de vénérables murs de pierre aux allures classiques qui
accueillent le visiteur. Et pourtant, passé le seuil de l’exposition,
la machine à remonter le temps semble faire le grand écart.
Dans une vitrine, un simple parpaing côtoie des fioles de parfum et des
bijoux contemporains. Plus loin, dans une alcôve noire, se détache une
barque de plus de 3 mètres en ciment armé, datant de 1849. Du béton,
tout ça ? Et oui ! Ou plutôt, des bétons. Et pour le visiteur, le début d’un
bien curieux voyage au cœur d’un matériau tant décrié, aux applications
pourtant multiples, une “pierre liquide” sidérante de modernité.
Voyage au cœur du bétonToujours plus haut, plus solide, plus innovant, semble être le credo des ouvrages
d’art, documents et films qui se révèlent au regard dans un croisement de parcours
combinant histoire du matériau, recherche scientifique et réalisations techniques.
Ici, on découvre le toit du Cnit de la Défense, le plus grand voile de béton du monde ;
là, une passerelle à Séoul, conçue par l’architecte Rudy Ricciotti, où le pas des pro-
meneurs est soutenu par un voile de béton épais de seulement 3 cm ! Au détour
d’une salle, la maquette d’Hypergreen ouvre une fenêtre sur un avenir proche où les
gratte-ciel seront respectueux de l’environnement, et donne à réfléchir. La pensée
s’éparpille, le visiteur s’attarde. Au-delà des vitrines, la scénographie tout entière
rend hommage aux talents cachés de ce matériau unique désormais capable de se
rendre translucide. L’essentiel des supports du parcours a été
réalisé en Ductal®, l’un des derniers nés des bétons ultra per-
formants. Les dalles du sol au toucher si lisse, les murs de
couleur jaune, taupe ou rose, les bancs d’un blanc éclatant
renforcent l’étonnement et enlèvent au visiteur ses derniers
préjugés. Pour finir la visite en beauté, des œuvres de desi-
gners étonnent encore. Baignoire, fauteuil, lampes, vases…
tous made in béton, bien sûr ! ■
Lafarge, partenaire
exclusif de l’exposition
Ce partenariat naturel
s’inscrit dans la volonté
du Groupe de valoriser
les matériaux de construc-
tion et le monde de l’archi-
tecture. Très engagé dans la
réflexion sur les matériaux et
modes constructifs de demain,
Lafarge est un acteur de pointe
de la R&D dans cette spécialité.
Son centre de recherche, près de
Lyon, est le premier laboratoire
au monde dans le domaine des
matériaux de construction.
1. Miroir de Provence en béton
sur-imprimé, par Jean-Michel
Ducancelle, 2003.
2. Objet design en Ductal®.
3 et 4. Salle d’exposition principale
et salle annexe consacrée aux
utilisations alternatives du béton
(poufs en béton).
5. Vitrine sur les composants du béton.
6. Hypergreen, un concept de
gratte-ciel ultra-environnemental
par l’architecte Jacques Ferrier et
Lafarge.
7. Barque de Lambot, construite en
1849 en ciment armé.
6.
7.
p a g e 6 4 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
90nationalités différentes
participent au quotidien
à l’accélération
de nos performances.
+ 35 % c’est l’augmentation
du nombre de brevets
déposés en 2006
par rapport à 2005.
C R e S C e N D O | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | p a g e 6 5
2006 : une année d’accélération vers l’excellence. Recentré sur ses forces et doté d’une organisation plus efficace, Lafarge agit dans tous les domaines pour atteindre l’excellence. Son ambition : être le meilleur de son secteur, c’est-à-dire assurer la meilleure valorisation de l’investissement de ses actionnaires et figurer au rang des groupes industriels mondiaux les plus performants en matière de santé et de sécurité des hommes, de respect de l’environnement et de responsabilité sociale.
tout le potentiel du groupe 39
c’est le nombre de projets
majeurs d’extension des capacités
de production en cours dans
les activités Ciment et Plâtre
du Groupe.
+ 15 %c’est l’augmentation
de la croissance organique
du Groupe au premier
semestre 2006.
2006 sous le signe de l’accélération
02/01/06
Bruno Lafont devient Directeur général du groupe et présente sa nouvelle équipe de direction
02/03/06
parmi les 100 multinationales les plus engagées en matière de développement durableLafarge sélectionné pour la
deuxième année consécutive.
Lafarge est la seule
entreprise de matériaux de
construction répertoriée sur
la liste 2006 des
100 multinationales
les plus engagées en matière
de développement durable
(“The Global 100 Most
Sustainable Corporations
in the World”), créée en
2005 à l’initiative de
Corporate Knights Inc.,
avec le concours d’Innovest
Strategic Value Advisors Inc.
09/03/06
Une tour écologique pour les mégalopolesLafarge présente
“Hypergreen”, un concept
de tour pour des villes
plus durables.
Convaincu que son
engagement envers
l’environnement et la société
doit aller au-delà de ses sites
industriels, Lafarge
présente, à Shanghai puis
au MIPIM
(marché international
des professionnels
de l’immobilier),
un concept de tour
multifonctions respectueux
de l’environnement,
développé pour les
mégalopoles mondiales
par l’architecte français
Jacques Ferrier, en
partenariat avec
Lafarge.
20/03/06
Sécurité, priorité numéro 1 du groupeDéjà en tête de son secteur
dans ce domaine, Lafarge
veut figurer parmi les
meilleurs groupes industriels
mondiaux en termes de
sécurité, car pour Lafarge,
la sécurité est au croisement
de ses valeurs humanistes
et de sa culture de
performance.
Un plan d’action de grande
envergure est lancé pour
y parvenir.
22/03/06
La construction durable à l’étudeLafarge, l’École des
Ponts et l’École
Polytechnique créent
une Chaire d’enseignement
et de recherche unique
au monde intitulée
“Science des matériaux
pour la construction
durable”.
Dans le cadre d’une
approche interdisciplinaire,
cette chaire a pour vocation
d’aborder au plus haut
niveau et de manière
innovante la recherche
sur les matériaux,
afin d’ouvrir
un champ illimité de
nouvelles possibilités
constructives, plus
respectueuses de
l’environnement, des
hommes et de la planète.
29/03/06
autosuffisance énergétique des bâtiments avant 2050Une initiative de Lafarge et
United Technologies Corp.
au sein du WBCSD (Conseil
mondial des entreprises
pour le développement
durable).
À l’initiative de Lafarge et
United Technologies Corp.,
le WBCSD annonce la
création d’une alliance
de grands groupes
internationaux afin de
réfléchir aux solutions
pour la conception et la
construction de bâtiments
ne consommant aucune
énergie d’origine externe,
neutres en carbone, pouvant
être construits et gérés au
meilleur coût.
10/04/06
priorité à la diminution des émissions de CO2
Lafarge enregistre un
deuxième projet de
MDP (mécanisme de
développement propre).
Après son parc éolien
au Maroc, le Groupe
enregistre un projet de MDP
relatif à la substitution
de combustibles fossiles
par des combustibles
alternatifs (biomasse) dans
2 cimenteries situées en
Malaisie, poursuivant ainsi
son engagement volontaire
de réduire ses émissions
de CO2 partout dans le
monde.
27/04/06
Une usine ultra-moderne au Mexique Cette installation, dotée des
toutes dernières technologies
et conforme aux standards
environnementaux du
Groupe, renforce l’exposition
de Lafarge à la croissance du
marché mexicain du ciment.
Cette usine à faible coût,
idéalement située, l’une
des plus compétitives de la
région, devrait rapidement
créer de la valeur pour le
Groupe.
17/05/06
Lafarge North america devient 100 % LafargeÀ la clé : économies
et simplification
organisationnelle
en cohérence avec
l’organisation du Groupe
par métier, dans le but
de lisser les processus,
d’accélérer les prises de
décision et d’optimiser la
poursuite du développement
de Lafarge en Amérique
du Nord.
p a g e 6 6 | L A F A R G E | N O V E M B R E 2 0 0 6 | C R e S C e N D O
22/05/06
préserver la biodiversitéUn effort soutenu depuis
plusieurs décennies.
À l’occasion de la Journée
mondiale de la biodiversité,
Lafarge ouvre les portes de
ses carrières de granulats.
Conscient de l’impact de
ses activités sur
l’environnement et
convaincu de la nécessité
de protéger les écosystèmes
et la biodiversité de ses
sites pendant et après
leur exploitation, Lafarge
réaménage ses carrières
et met en place des outils
novateurs pour préserver la
biodiversité.
31/05/06
“Bétons : étonnez-vous” L’exposition dont Lafarge
est le partenaire exclusif
est prolongée jusqu’en mars
2007 au Musée des arts et
métiers de Paris. Lafarge
marque une nouvelle fois
sa volonté de contribuer
à l’évolution des matériaux
et à une réflexion de fond sur
les modes de construction de
demain, au service du monde
de l’architecture et du secteur
de la construction dans son
ensemble.
21/06/06
Le prix des énergies renouvelablesCe prix est attribué à Lafarge
pour son engagement
à utiliser les énergies
renouvelables sur ses sites
de production ainsi que pour
ses nombreuses initiatives
visant à promouvoir leur
utilisation. Le prix, remis
par le Syndicat des Énergies
Renouvelables, récompense
en particulier le parc éolien
de Lafarge qui alimente
en électricité l’une des
principales cimenteries du
Groupe au Maroc.
22/06/06
Le plan excellence 2008 pour assurer un leadership durableC’est l’ambition du plan
stratégique “Excellence 2008”.
Recentré sur ses forces,
focalisé sur la réalisation
de ses ambitions et doté
d’une organisation plus
efficace, le Groupe traduit,
avec ce plan stratégique,
sa détermination à être le
meilleur de son secteur, pour
ses clients, ses actionnaires,
ses collaborateurs et toutes
ses parties prenantes.
02/08/06
Très forte progression des résultats semestriels du groupeCes résultats confirment
les perspectives favorables
tracées pour l’année 2006.
Forte hausse des chiffres clés
au premier semestre :
chiffre d’affaires en hausse
de 21 %, résultat d’exploitation
courant en hausse de
41 %, bénéfice par action
en hausse de 48 %. Et aussi,
une croissance organique
soutenue, bénéficiant des
fortes positions du Groupe
sur des marchés en
croissance.
Sept. 06
Bruno Lafont, conseiller du Maire de ChongqingLa plus grande ville du
monde avec 34 millions
d’habitants, située dans le
sud-ouest de la Chine où
Lafarge s’est imposé comme
le leader cimentier local…
n° 1 pour la production, le
respect de l’environnement
et la sécurité des hommes.
Un exemple qui pourrait en
inspirer d’autres.
26/09/06
position renforcée en IndeLe Groupe double sa
capacité de production sur
l’un des marchés cimentiers
les plus prometteurs au
monde. Dans l’est de l’Inde
où Lafarge occupe déjà
une position de premier
plan, une nouvelle ligne
de production va être
construite dans notre usine
de Sonadih. Lafarge effectue,
par ailleurs, ses premiers
pas dans une nouvelle
région, l’Inde du Nord,
où une cimenterie sera
construite d’ici à 2010.
En tout, le Groupe
passera d’une capacité
de production de 5,5 à
12 millions de tonnes de
ciment : un atout pour
mieux répondre à la
croissance.
Contacts :
Directeur de la communication du Groupe Philippe [email protected] Tél. : +33 1 44 34 11 71 Fax : +33 1 44 34 12 08
Directeur de la communication externe du Groupe Stéphanie [email protected] Tél. : +33 1 44 34 92 32 Fax : +33 1 44 34 12 23
Le rapport annuel et document de référence Lafarge 2005, déposé auprès de l’autorité des marchés financiers (AMF) et auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis sous sa forme 20-F, est disponible sur demande sur www.lafarge.com.
Directeur de la publication : Stéphanie Tessier
Conception : Lafarge, Angie, Pégase
Rédaction : Lafarge, Angie, François Bernheim
Direction artistique : Pégase
Fabrication : KAAP
Crédits photos : Couverture (première), p.3 : (1,2,3,4,6), p.6 (2), p.48-49 : Alexandre Sargos - p.2 : Philippe Couette - p.3 (5), p.28-29 : Jean-Philippe Mesguen - p.3 (7), p.6 (1), p.17, p.43, p.44, p.45 : DR Médiathèque Lafarge - p.4 : Claude Cieutat, architecte : Rémy Butler - p.5 : Rapho/Gérard Uferas - p.8 : Jack Clark - p.9 : Rapho/Jean-Christian Bourcart - p.10 : © Courtesy of Rich Sanders/GPA - p.11 : Richard Rogers - p.12-13 : John de Mello - p.14, p.16, p.36, p.37, p.47, p.56 : Eric Tourneret - p.18 : Mathieu Colin - p.19 : © Courtesy of Rémy Marciano - p.20 : © Courtesy of Zaha Hadid (1) : Steve Double, (2&3) : Klemens Ortmeyer - p.22-23 : © Courtesy of Dupont - p.25 : Alexandre Sargos - p.26-27 : © Bedzed - p.30, p.32, p.34, p.38-39, p.42 : Interspeed/Imtiaz Alam Beg - p.33, p.35 : Mark Edwards - p.40, p.62-63, p.64-65 : Images et Concepts/Laurence Prat - p.41 : Alain Beauvais - p.46 : Rapho/Nian Zeng - p.50 : Graeme Williams/Panos Pictures - p.52 : © Courtesy of WWF - p.54 : © Courtesy of the Georgia Aquarium - p.58 : A. Loke/Panos Pictures - p.60 : Peter Greste - p.63 : Jacques Ferrier Architectes - p.66&67 : DR - p.68 (dos) : Hervé Lewis.
Cette revue a été imprimée sur du papier couché mat, ECF, sans acide, recyclable et biodégradable, et certifié ISO 14001.
Siège social61 rue des Belles Feuilles - BP 40
75782 Paris Cedex 16 - FranceTél. : + 33 1 44 34 11 11Fax : + 33 1 44 34 12 00
www.lafarge.com