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UMR6553 ECOBIO Université de Rennes 1 Analyse de la diversité fongique par pyroséquençage dans des sols forestiers Rapport de Stage de Master 2 Ecologie-Environnement Parcours Ecologie Fonctionnelle, Comportementale et Evolutive Présenté par Quentin Gautier Encadrant du stage : Monsieur Philippe Vandenkoornhuyse Année universitaire 2009-2010

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UMR6553 ECOBIO

Université de Rennes 1

Analyse de la diversité fongique par

pyroséquençage dans des sols forestiers

Rapport de Stage de Master 2 Ecologie-Environnement

Parcours Ecologie Fonctionnelle, Comportementale et Evolutive

Présenté par Quentin Gautier

Encadrant du stage : Monsieur Philippe Vandenkoornhuyse

Année universitaire

2009-2010

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Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier très fortement Philippe Vandenkoornhuyse de m’avoir

permis de réaliser ce stage qui s’est avéré vraiment très intéressant et enrichissant. Je le remercie

également pour son aide, sa patience et son optimisme à tout épreuve (même lors des

contaminations d’amorces ou lorsque les amplifications d’ADN n’ont pas fonctionnées !). J’en

profite également pour remercier l’équipe « Interactions arbre-micro-organismes » de l’INRA de

Nancy pour m’avoir fournit leur jeu de données brutes sur les séquences ITS fongiques.

De même, Je tenais également à exprimer mes remerciements à toute l’équipe du labo

RBPE pour m’avoir aidé dans la réalisation de ce stage quelque soit leur niveau de participation.

J’ai donc une pensée en premier lieu pour Stéphane Mahé qui m’a énormément aidé pendant les

manips ou lorsque j’avais des questions bêtes à poser ! Je ne pouvais pas espérer mieux comme

thésarde, toujours prête à m’aider, pour pouvoir décompresser en parlant de tout et de rien et en

se payant des bonnes tranches de rigolade. Il y’a également Sophie Coudouel qui a été une

excellente formatrice pour l’initiation à la technique du pyroséquençage et qui est toujours de

bonne humeur. Ce qui fait toujours plaisir quand on n’a pas trop la tête à ça. Je remercie aussi

mes deux « camarades » de pyroséquençage Julia et Flavia pour l’entre aide et pour voir passer

de bons moments ensemble. Sans oublier, Alexis Dufresne qui m’a beaucoup aidé, notamment

dans l’analyse des données tout comme Delphine Naquin ainsi que Jean-Sébastien Pierre qui m’a

« sauvé » d’un départ bien mal embarqué dans la création de la matrice de données pour

EstimateS. Et enfin, les autres membres de l’équipe que j’ai pu côtoyer durant cette période et qui

ont apporté leur bonne humeur : Yvan, Cécile, Elodie, Gwen, Achim…

Et puis, il y a toutes ces personnes en dehors de l’équipe (ou dedans !) avec qui j’ai pu

beaucoup échanger durant ce stage que ce soit au niveau de la sphère professionnelle ou privée et

avec qui j’ai passé d’excellents moments : Mitch, Guillaume, Pauline, petite Pauline, Julia,

Natacha, Camille, Amaury, Benjamin, Boss, Aurélien, Julie, Philippe… et Stéphane et Stéphane

(merci pour cette blague mémorable sur les Inconnus) !

« Autant de sons nés du même instrument, autant de champignons né d’une même humidité… »

Zhuangzi (Tchouang-Tseu)

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Acronymes

ACP : Analyse en Composantes Principales

ADNr : ADN ribosomal

ANR : Agence Nationale de Recherche

BLASTn : Basic Local Alignment Search Tool nucleotidic

CCD : Charge Coupled Device

ECM : Ectomycorhize

GS : Genome Sequencer

HASSIUM : HAplotypic Successive Separation and Identification User Manager

INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

ITS : Internal Transcribed Spacer

MA : Mycorhize à Arbuscules

MP : Maximum de Parcimonie

NCBI : National Center for Biotechnology Information

OTU : Operational Taxonomic Unit

PCR : Polymerase Chain Reaction

TBR : Tree-Bisection-Reconnection

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Sommaire

Introduction .............................................................................................. 1

Matériel et méthodes ............................................................................... 4

Préparation des amorces et amplification de l’ADN ribosomal ................................................... 5

Pyroséquençage de masse ............................................................................................................ 7

Outils de traitement bioinformatique ........................................................................................... 8

Résultats .................................................................................................. 10

Analyse des séquences par clustering d’OTUs .......................................................................... 10

Analyse de la diversité fongique ................................................................................................ 13

Richesse spécifique................................................................................................................. 13

Comparaison des communautés ............................................................................................. 14

Comparaison entre OTUs et séquences fongiques connues .................................................. 16

Discussion ................................................................................................ 18

Importance de la composition et de la diversité fongique dans la structure et le fonctionnement

des écosystèmes forestiers en milieu tempéré ............................................................................ 18

Caractérisation de la diversité fongique ................................................................................ 18

Composition et structure des communautés fongiques .......................................................... 18

Vers une approche intégrée du Règne fongique dans l’étude des écosystèmes naturels et/ou

anthropisés ................................................................................................................................. 20

Ecologie du paysage et changement d’usage des terres ........................................................ 20

L’Internal Transcribed Spacer (ITS), un marqueur fiable pour la diversité taxonomique

fongique ? ............................................................................................................................... 21

Conclusion ................................................................................................................................. 22

Bibliographie .......................................................................................... 23

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Liste des figures

Figure 1: Phylogénie simplifiée des 5 clades majeurs des champignons basée sur 6 marqueurs

moléculaires (modifiée et simplifiée d’après James et al. 2006) ..................................................... 2

Figure 2 : Schéma du plan du site expérimental de l’étude de Breuil (modifié d’après INRA

Nancy) .............................................................................................................................................. 5

Figure 3 : Schéma du couple d’amorces fusionnées au sein de la région intergénique transcrite

(modifié d’après Roche et INRA Nancy) ........................................................................................ 6

Figure 4 : Principe du pyroséquençage : technique d’addition séquentielle de nucléotides en

temps réel (d’après Lamoril et al. 2008) à l’aide du pyroséquenceur GS-FLX (Roche) ................. 7

Figure 5 : Amplification clonale en émulsion (modifié d’après Roche) .......................................... 8

Figure 6 : Dépôt des billes portant la banque d’ADN sb (modifié d’après Roche) ......................... 8

Figure 7 : Estimation de la diversité maximale des champignons dicaryotes dans la parcelle de Q.

sessiflora ........................................................................................................................................ 11

Figure 8 : Estimation de la diversité maximale des champignons dicaryotes dans la parcelle de P.

abies ............................................................................................................................................... 12

Figure 9: Analyse en composantes principales (ACP) de la diversité fongique entre 6 essences

forestières distinctes ....................................................................................................................... 15

Figure 10 : Dendrogramme des espèces d'arbres réalisé à partir des points ACP ......................... 15

Figure 11 : Arbre phylogénétique non raciné basé sur la comparaison de la diversité fongique de

6 sols d’essence d’arbres distinctes ................................................................................................ 16

Figure 12 : Reconstruction phylogénétique non enraciné obtenue par maximum de parcimonie

(MP) des séquences ITS les plus abondantes (parcelle à Q. sessiflora) incluant les plus proches

séquences relatives aux OTUs (BLASTn et UNITE) .................................................................... 17

Figure 13 : Reconstruction phylogénétique non enraciné obtenue par maximum de parcimonie

(MP) des séquences ITS les plus abondantes (parcelles à F. sylvatica et P. nigra) incluant les plus

proches séquences relatives aux OTUs (BLASTn et UNITE) ....................................................... 17

Liste des tableaux

Tableau I : Nombre de séquences et d'OTUs avec ou sans singletons après filtrage et clustering à

99% ................................................................................................................................................ 11

Tableau II : Détermination taxonomique au niveau du genre et calculs d’abondance relative des

OTUs les plus fréquents dans chacun des types forestiers ............................................................. 13

Tableau III : Représentation de la diversité α au sein de chaque parcelle forestière ..................... 14

Tableau IV : Représentation de la diversité β par les calculs de diversité de Sørensen par paires de

communautés.................................................................................................................................. 14

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Introduction

Les connaissances scientifiques portant sur le Règne fongique se sont fortement

accumulées et multipliées ces dernières années dans de nombreux domaines tant au niveau de

leur diversité (Fitter & Moyersoen 1996 ; Read & Perez-Moreno 2003 ; Selosse 2000 ; Smith &

Read 1997) qu’au niveau de leur fonctionnement et de leurs interactions au sein des écosystèmes

(Simon et al. 1993 ; van der Heijden et al. 1998 ; Vandenkoornhuyse et al. 2002a) ou bien encore

de leur physiologie et de leurs modes de vie (Blaudez 2000 ; Bouchet et al. 2005 ; Jennings &

Lysek 1996 ; Malloch et al. 1980 ; Selosse 2000). Malgré tout, il est important d’insister sur le

fait que, d’un point de vue global, le Règne fongique reste encore largement insondé

(Hawksworth 1991 ; Le Calvez et al. 2009) en dépit de son rôle essentiel pour le fonctionnement

des écosystèmes (Mueller & Schmit 2007). En effet, si le nombre d’espèces recensées à ce jour

avoisine les 100000, on estime qu’un total de 1,5 million d’espèces fongiques peuple notre

planète (Hawksworth 1991). Actuellement, l’organisation des champignons en phylum est

reconsidérée sur des bases phylogénétiques et l’application de techniques moléculaires pour

résoudre les relations taxonomiques entre ces organismes a permis de mieux comprendre les liens

évolutifs entre groupes fongiques (Hibbet et al. 2007 ; Lutzoni et al. 2004). Avec l’adoption

implicite du concept phylogénétique d’espèce, 5 phyla sont aujourd’hui acceptés selon une

analyse phylogénétique reposant sur 6 marqueurs moléculaires (les gènes codant les ARNr 18S,

ARNr 5.8S, ARNr 28S, le gène codant le facteur d’élongation EF1-α et les gènes rpb1 et rpb2

codant les sous unités de l’ARN polymérase II) et sur plus de 200 organismes provenant de tous

les clades majeurs des champignons (James et al. 2006 ; Fig. 1).

La présente étude porte sur 2 phylums monophylétiques du Règne des champignons, les

Ascomycota et les Basidiomycota, contenant la majorité des espèces de champignons décrites, en

l’occurrence 67000 espèces sur les 100000 environ recensées. Ces 2 phyla sont regroupés en un

sous-Règne, appelé les Dikarya, qui s’appuie sur la présence d’hyphes dicaryotes au cours du

cycle sexuel de ces organismes (Hibbet et al. 2007 ; James et al. 2006 ; Lutzoni et al. 2004).

Face à la contrainte majeure que constitue leur hétérotrophie vis-à-vis du carbone, les

champignons dicaryotes peuvent exister sous 3 modes de vie différents : le saprophytisme, le

parasitisme et la symbiose, largement répandus et participant tous au fonctionnement des milieux

naturels (Bouchet et al. 2005). Par exemple, les champignons saprophytes jouent un rôle

primordial dans le cycle de minéralisation de la matière organique tombée au sol (e.g. cycle du

carbone, de l’azote, du phosphore etc.). Au contraire, certains d’entre eux sont des pathogènes.

Ils pénètrent à l’intérieur de la plante et décomposent le tissu vivant provoquant ainsi un

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affaiblissement, une déficience en nutriments voir même la mort du végétal (Bouchet et al. 2005).

Toutefois, l’étude se focalise principalement sur les champignons symbiotiques, même si les

autres types biologiques existant dans ce sous-Règne fongique sont aussi analysés, car on

considère aujourd’hui qu’ils jouent un rôle clé dans un grand nombre d’écosystèmes (Mueller &

Schmit 2007). En effet, certains champignons s’associent aux végétaux au niveau de leurs

racines, où ils forment des organes mixtes, appelés mycorhizes (du grec myco, champignon et

rhiza, racine - Smith & Read 1997). On peut classer cette symbiose mycorhizienne en deux types

majeurs. D’un côté, les endomycorhizes dont la plus commune est la mycorhization à arbuscules

(MA) (Fitter & Moyersoen 1996 ; Vandenkoornhuyse et al. 2002b) qui n’appartient pas au sous-

Règne des dicaryotes et de l’autre, les ectomycorhizes (ECM) qui appartiennent exclusivement à

ce sous-Règne (Taylor et al. 2004). Ainsi, chez les 45000 espèces d’Ascomycètes décrites

(Taylor et al. 2004), les familles les plus concernées sont les Elaphomycetaceae et les

Terfeziaceae. Quant aux 22000 espèces de Basidiomycètes décrites (Taylor et al. 2004),

beaucoup de familles présentent une ou plusieurs espèces de champignons ectomycorhiziens

(Agaricaceae, Amanitaceae, Boletaceae, Cortinariaceae). Ce type d’association implique au final

plus de 6000 espèces (Gardes et al. 2003 ; Molina et al. 1992) au sein des 2 phyla et il semble

que les racines des arbres puissent être exposées à un nombre important d’espèces

d’ectomycorhizes différentes (Dahlberg et al. 1997).

Figure 1: Phylogénie simplifiée des 5 clades majeurs des champignons basée sur 6 marqueurs moléculaires

(modifiée et simplifiée d’après James et al. 2006)

Cette ectomycorhize est contractée essentiellement avec la couverture ligneuse

(Gymnospermes ou Angiospermes) des forêts des régions tempérées, boréales, montagneuses et

tropicales (Jennings & Lysek 1996). Ils possèdent ainsi une relation très étroite avec les racines

de leurs hôtes, impliquant un développement spécialisé du champignon formant le réseau de

Hartig de la racine et d’une communication approfondie entre la plante et champignon (Martin et

al. 2001). Ce réseau de filaments mycéliens va être engagé dans les échanges d’éléments nutritifs

avec le végétal (sucres, acides aminés, éléments minéraux). Les champignons ECM stimulent

ainsi généralement la croissance et le développement de la plante-hôte, en particulier dans les sols

forestiers où la disponibilité en éléments minéraux (azote et phosphate principalement) est faible.

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En retour, la plante fournit 30 à 40% du carbone total photosynthétisé (Selosse 2001). L’avantage

de la mycorhization, et plus particulièrement des ECM, est donc de permettre à l’arbre

d’augmenter sa capacité à puiser des ressources minérales en exploitant un volume de sol très

important, comparativement aux racines seules (Bouchet et al. 2005). De plus, les champignons

ECM contribuent également à une protection phytosanitaire par élicitation des mécanismes de

défense et en produisant des substances antibiotiques (e.g. mycorhize A) permettant de lutter

contre d’autres microorganismes pathogènes de la plante (Smith & Read 1997). L'association

mycorhizienne joue aussi un rôle dans la synthèse de composés complexes, comme les vitamines

et les phytohormones (Selosse et al. 2004). Ces phytohormones produites par le champignon sont

exportées vers la plante-hôte et affectent la croissance du système racinaire, du tronc, des tiges et

des feuilles. De même, certains champignons ECM améliorent la réponse des arbres au stress

hydrique (Guehl et al. 1992). Enfin, les champignons ectomycorhiziens jouent également un rôle

important dans l'absorption, le transfert ou l'immobilisation d'autres éléments minéraux du sol,

comme le cuivre, le fer, le zinc et le potassium (Blaudez 2000). La connaissance des populations

et des communautés fongique et plus particulièrement ectomycorhiziennes revêt donc une

importance cruciale dans les biocénoses forestières tempérées que ce soit au niveau des espèces

invasives (Collier & Bidartondo 2009) ou bien au niveau de la gestion rationnelle et durable des

écosystèmes naturels face au changement climatique globale ou face aux actions anthropiques.

Le travail réalisé ici s’attache à tester l’hypothèse selon laquelle les communautés

fongiques dans le sol sont dépendantes du contexte bioclimatique, c'est-à-dire de la localisation

géographique et de la nature des plantes qui s’y trouvent (facteurs confondants). Pour limiter le

nombre de paramètre pouvant potentiellement impacter les communautés fongiques, nous nous

intéressons à une seule unité géographique où 6 parcelles monospécifiques sylvicoles ont été

mises en place. L’hypothèse nulle (H0) pouvant être testé ici est que le type de plantation

forestière conduit à une différentiation des communautés fongiques au sol. Les champignons

dicaryotes présents dans ces sols forestiers sont ainsi étudiés par pyroséquençage de masse

(Margulies et al. 2005) à partir de l’analyse d’amplicons de l’ITS (Internal Transcribed Spacer)

de la région génique ribosomale nucléaire. Cette cible génétique est communément utilisée

comme « code-barre » des espèces d’Ascomycètes et Basidiomycètes (Seifert 2009). Il s’agira

alors tout d’abord de classer les séquences redondantes d’ADN ribosomiaux (ADNr) obtenues en

groupes de séquences nommés OTUs (Operational Taxonomic Units). Ainsi, les OTUs les plus

abondants sont déterminés au niveau du genre pour permettre de dresser un bilan relativement

fiable de la composition des communautés de champignons supérieurs. Puis, à l’aide de

techniques d’analyses appropriées comme les indices de diversité, les courbes de raréfactions,

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l’Analyse en Composantes Principales (ACP) ou bien encore par la méthode du maximum de

parcimonie, la diversité et la structure de la communauté fongique sont également évaluées pour

chacune des plantations d’arbres. In fine, sur la base de tous ces éléments, nous discutons (i) :

l’importance que revêtent les écosystèmes fongiques comme rôle dans la structuration et le

fonctionnement des biocénoses forestières des milieux tempérés mais également de l’impact de

l’essence forestière sur la structuration même de la communauté fongique à des échelles locales.

(ii) : l’intérêt d’accroître les connaissances scientifiques sur les communautés fongiques et la

nécessité d’avoir une estimation stable et fiable de la diversité fongique pour aborder, avec des

perspectives nouvelles les questions essentielles, notamment celle de la conservation de la

biodiversité. (iii) : de l’approche de la diversité fongique par pyroséquençage et de son

application sur les régions ITS.

Matériel et méthodes

Remarque préliminaire : Initialement, l’objet de ce stage de recherche de Master 2 consistait à reconsidérer

l’hypothèse de préférence d’hôte chez les champignons mycorhiziens à arbuscules MA (Vandenkoornhuyse et al.

2002b ; Vandenkoornhuyse et al. 2003). Un élargissement de son champ d’application pouvait être alors envisagé

aujourd’hui par l’étude des ADNs anciens (fossiles d’écosystèmes passés) en reliant la diversité des plantes

(Willerslev et al. 2007) à celle des communautés de champignons MA. Si l’hypothèse de travail s’était avérée juste,

une modification concomitante de la diversité des champignons MA avec la diversité végétale était attendue grâce à

une analyse de séquençage de masse (pyroséquençage 454) sur les amplicons obtenus. Malheureusement, l'approche

n’a pas pu aboutir car l’amplification de l’ADN ancien n’a pas fonctionné et cette approche évolutive très originale

de compréhension de milieux passés par l’utilisation d’ADNs anciens a été mise de coté et une réorientation a été

opérée (hypothèses de travail présentées en introduction).

Objet et site d’étude

Les prélèvements ont été effectués sur six sols forestiers d’un même dispositif

expérimental (ORE Breuil-Chenue, Morvan, France, latitude 47°18’10’’, longitude 4°4’44’’) et

correspondant à six plantations d’essences différentes (Fig. 2 ; Buée et al. 2009). Ces plantations

comprennent 2 espèces de la famille des Fagaceae : le chêne (Quercus sessiflora) et le hêtre

(Fagus sylvatica) et 4 espèces de Pinaceae : le douglas (Pseudotsuga menziesii), l’épicéa

commun (Picea abies), le pin laricio de Corse (Pinus nigra) et le sapin de Nordmann (Abies

nordmanniana). Pour chacune de ces plantations, 8 prélèvements de sol (1 x 1 x 5 cm de

profondeur) ont été échantillonnés indépendamment les uns des autres. Après l’enlèvement de la

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litière forestière, les 48 prélèvements de sol sont échantillonnés dans l’horizon organique

(profondeur 0-5 cm). Ils sont ensuite homogénéisés indépendamment et les débris de bois et de

racines (>2 mm) sont éliminés. Pour l’extraction d’ADN, 500 mg sont utilisés pour chaque

prélèvement de sol. Cet ADN est extrait par kit d’extraction de sol (Mobio) afin de déterminer la

diversité fongique présente dans les racines de ces six espèces d’arbres par la technique du

pyroséquençage de masse (454 Life Science/Roche).

Figure 2 : Schéma du plan du site expérimental de l’étude de Breuil (modifié d’après INRA Nancy)

Préparation des amorces et amplification de l’ADN ribosomal

Dans le cadre de l’exploration de la diversité des champignons dicaryotes et de

l’identification des taxa grâce à l’amplification génétique, le choix s’est porté sur la région ITS

de l'unité ribosomale nucléaire des symbiontes fongiques conformément à ce qui était prévu dans

le projet ANR. Il est admis que ces régions sont des marqueurs d’espèce intéressant compte tenu

de leur variabilité (Gardes et al. 1991 ; Gardes & Bruns 1993 et 1996). L’usage de l’ITS comme

code-barre ADN pour l’identification de nombreuses espèces fongiques se développe (Seifert

2009). L’étude se focalise plus précisément sur la zone ITS1, située entre l’ADNr 18S et l’ADNr

5,8S (Fig.3). Les deux amorces choisies ici, ont déjà été testées et utilisées dans diverses

publications (Gardes et al. 1991 ; Martin & Rygiewicz 2005). Il s’agit de l’amorce sens ITS1F

(5’-CTTGGTCATTTAGAGG AAGTAA-3’) spécifique aux champignons (Gardes & Bruns

1993) et de l’amorce anti-sens ITS2 (5’-GCTGCGTTCTTCATCGATGC-3’) qui est, par contre,

universelle (White et al. 1990). Ce couple d’amorces présente deux avantages majeurs pour cette

étude : (1) il est compatible avec l’ADNr de la grande majorité des champignons Ascomycètes et

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Basidiomycètes et (2) il permet la synthèse d’un fragment court d’ADN d’environ 250 pairs de

base (pb), appelé amplicon, séquençable par séquençage de masse 454 GS FLX.

Figure 3 : Schéma du couple d’amorces fusionnées au sein de la région intergénique transcrite (modifié

d’après Roche et INRA Nancy)

Afin de réaliser ce séquençage de masse d’un demi-run à 6 amplicons (avec 8 échantillons

pour chaque amplicon), il est nécessaire, tout d’abord, de reconnaître ces amplicons les uns des

autres. Pour cela, chacun d’entre eux ont été 'taggués', c’est à dire qu’ils possèdent une clé (ou 'tag')

permettant de les différencier. De plus, les amorces ITS1F et ITS2 doivent être précédées chacune

d’un adaptateur directionnel A ou B (Lib-A Chemistry permettant de réaliser un séquençage

d’amplicons bidirectionnel) pour que le pyroséquençage puisse débuter. Au final, l’association de ces

trois parties forment ce que l’on nomme communément les amorces fusionnées (Fig. 3) qui seront

utilisées telles quelles lors du pyroséquençage. Néanmoins, il est essentiel de vérifier que les amorces

fusionnées ne forment pas de structures secondaires (niveau d’énergie fixé inférieur à 3 Kcal/mol), à

l’aide d’un logiciel d’analyse de structure (e.g. EMBOSS sur le site Bioweb.Pasteur). En outre, il est

important de réaliser un BLASTn sur NCBI (National Center for Biotechnology Information) pour

vérifier la compatibilité des amorces aux cibles potentielles en accrochant uniquement les

champignons dicaryotes. Après l’obtention des amorces fusionnées, les 8 échantillons de sol vont être

amplifiés par PCR indépendamment pour chaque traitement avant de passer à l’étape proprement dite

du pyroséquençage. Ces réactions d’amplification de l’ADNr cible ont été réalisées à l’INRA de

Nancy. Pour le jeu d’amorces ITS1F (5’-CTTGGTCATTTAGAGGAAGTAA-3’) / ITS2rev (5’-

GCATCGATGAAGAACGCAGC-3’), le mélange réactionnel d’amplification était le suivant : 0,5 μg

d’ADN environnemental extrait, 5 μl de tampon de PCR 1X (contenant 15 mM de MgCl2), 4 μl de

déxoxyribonucléotides-triphosphate (dNTP à 1,25 mM, composé de dATP, dCTP, dGTP et dTTP), 1

μM d’amorce sens, 1 μM d’amorce anti-sens et 0.5 μl de Taq Gold-ADN polymérase (5 U/μl) et 50 μl

qsp d’eau ultra pure, Le cycle d’amplification consiste en une première étape de dénaturation de

l’ADN à 94°C pendant 2 minutes, suivi d’un cycle de 30 secondes à 94°C, 45 secondes à 53°C et 45

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secondes à 72°C. Ce cycle est répété 30 fois. Une étape d’élongation finale de 5 min à 72°C achève

l’amplification par PCR. Les amplicons sont ensuite purifiés (High Pure PCR product, Roche), puis

dosés et mélangés pour être pyroséquencés.

Pyroséquençage de masse

Le principe de base de la méthode consiste à lier une amorce à l’ADN cible de taille

inférieure à 500 pb, puis à ajouter séquentiellement et dans l’ordre une base à partir de l’extrémité

de l’amorce (Shapiro, 2008). La séquence est ainsi déduite en fonction de l’ordre d’incorporation

des nucléotides sur l’ADN complémentaire de la cible néosynthétisée (Fig. 4). Quatre enzymes

sont nécessaires pour la réaction : une ADN polymérase, une ATP sulfurase, une luciférase et une

apyrase. Dans le cadre de ce stage, c’est le système Genome Sequencer FLX (GS-FLX) de chez

Roche (Fig. 4), séquenceur d’ADN à très haut débit de deuxième génération, qui est utilisé pour

séquencer des fragments de brins d’ADN. Un demi-run a été effectué au Génoscope en juin

(chimie flx). Cette méthode de séquençage permet ainsi de réduire les coûts de manière

significative tout en augmentant le débit et en conservant une haute qualité de résultat. La

méthode suivie et le matériel utilisé sont ceux préconisés par la société Roche.

Figure 4 : Principe du pyroséquençage : technique d’addition séquentielle de nucléotides en temps réel

(d’après Lamoril et al. 2008) à l’aide du pyroséquenceur GS-FLX (Roche)

On procède tout d’abord à l’amplification clonale des molécules d’ADN sb par l’usage de

microbilles. Elles permettent de fixer une molécule d’ADN sb à la fois avec en surface des

amorces complémentaires à un des adaptateurs. Les microbilles porteuses des brins d’ADN sb

sont mises en émulsion en présence des réactifs pour PCR. Chaque goûte (microréacteurs)

englobe une microbille et donc une molécule d’ADN, ce qui permet une amplification clonale de

chaque fragments (Fig. 5). Les ADN sb proviennent directement des amplicons produits après

amplification des ADNs extraits des sols. Les amplicons produits par l’INRA ont été mélangés

pour un type de forêt donné.

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Figure 5 : Amplification clonale en émulsion (modifié d’après Roche)

Après amplification, les microgouttelettes (microréacteurs) sont dissociées et enrichies

puis déposées sur une plaque en fibre optique 1,6 million de puits. Les puits possèdent un

diamètre qui assure le dépôt d’une microbille par puits (Fig. 6). Avec ce système, 200000

réactions de séquençage peuvent se faire en parallèle pour un demi-run en version FLX. Le

séquençage se fait selon le principe de pyroséquençage décris ci-dessus. Une caméra CCD

(Charge Coupled Device) permet de capturer les images après addition de chaque nucléotide.

Figure 6 : Dépôt des billes portant la banque d’ADN sb (modifié d’après Roche)

Outils de traitement bioinformatique

L’analyse de données issues du pyroséquençage nécessite une puissance informatique

considérable. Ceci est principalement lié à la quantité de séquences générées par le

pyroséquençage. Dans notre travail, ce sont 166349 lectures qui sont analysées. Ces séquences

sont soumises à un nettoyage avec plusieurs niveaux de filtres (motifs répétés, au moins 1 base

indéterminée, taille comprise entre 50 et 600 pb). Au final, 158297 séquences ont passé les filtres.

Elles sont ensuite traitées par échantillon avant d’être traitées par le logiciel Hassium

(HAplotypic Successive Separation and Identification User Manager), développé par l’équipe

B@sic de l’Université de Rennes 1 (Nicolas 2009). Ce logiciel a permis de ne garder que les

séquences qui étaient bornées par le couple d’amorces ITS1F/ITS2rev (en enlevant les erreurs de

séquençage) et de regrouper ces dernières en groupe de séquences redondantes (voir annexe 1)

par clusterisation avec un taux d’homologie à 99% pour avoir un « cut off » stringent

comparativement à d’autres études (e.g. Nilsson et al. 2008). Toutes les séquences non

redondantes (les singletons) ont été mises de côté car elles présentent le risque de correspondre à

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des séquences artificielles. A partir de ce jeu de données obtenu, plusieurs analyses ont été

effectuées.

A l’aide du logiciel statistique EstimateS (Colwell et al. 2004), des courbes de raréfaction

(basées sur des échantillons dans la terminologie de Gotelli & Colwell 2001) avec des intervalles

de confiances de 95% ainsi que des courbes de bootstrap (tirage avec remise) ont été construites

en utilisant les formules analytiques de Colwell et al. (2004). La fonction de la richesse attendue

est appelée « Mao Tau » dans EstimateS et se base sur les estimateurs Chao1 et Chao2

développés par Chao (1984, 1987). Ces courbes ont ainsi été réalisées à partir des données

initiales pour évaluer la redondance des OTUs. Par ailleurs, les séquences ITS possédant les

groupes de redondance les plus importants dans chacun des 6 sols forestiers, ont été comparées

aux séquences contenues dans la banque de gènes internationale par analyse BLASTn sur les sites

NCBI (Altschul et al. 1997) et UNITE (Abarenkov et al. 2010 ; Kõljalg et al. 2005) dans le but

d’obtenir des séquences consensus représentant chacun des genres présents dans les échantillons

étudiés. Ces genres ont été regroupés dans un même tableau et plusieurs calculs d’abondance ont

été réalisés afin d’avoir une estimation de la représentativité des genres obtenus sur l’ensemble

des données et au sein de chaque sol forestier. Enfin, des calculs de diversité alpha et bêta ont été

réalisés pour compléter ces résultats. La diversité α, c’est à dire la richesse en espèces au sein

d’un écosystème local, a été calculée conjointement à partir des indices de diversité de Shannon

(1948) accompagné de l’indice d’équitabilité de Piélou (1966) ainsi que de l’indice de diversité

de Simpson (1949) afin d’extraire un maximum d’informations et de mieux comprendre la

structure des communautés :

D : Indice de diversité de Simpson

H’: Indice de diversité de Shannon

- D = 1 - ∑ Ni (Ni - 1) / N (N - 1) J : Equitabilité de Piélou

- H’ = - ∑ ((Ni / N) x Log2 (Ni / N) Ni : Nombre d’individus d’une espèce

- J = H’ / Log S donnée, i allant de 1 à S

N : Nombre total d’individus

S : Nombre total d’espèces

La diversité β, c'est-à-dire la comparaison de la diversité des espèces entre écosystèmes, a été

calculée à partir de l’indice de Sørensen (1948) et basée sur les OTUs les plus fréquents :

C : Nombre d’espèces communes aux 2 communautés

- β = 2c / (S1 + S2) S1 : Nombre total d’espèces enregistrées dans la première communauté

S2 : Nombre total d’espèces enregistrées dans la seconde communauté

D’autre part, les séquences connues et obtenues sur les sites NCBI et UNITE ont été

alignées avec les séquences principales de chaque espèce d’arbre sous Clustal X 2.0 (Thompson

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et al. 1997), selon le principe d’alignement multiple global, afin de procéder à une comparaison

deux à deux des espèces végétales avec une homologie inférieure à 2% contenant les différents

phylotypes fongiques par calcul de distances euclidiennes. Ce pourcentage d’homologie a été

choisi car les calculs de distances entre séquences connues de la même espèce (sur le site UNITE)

ont montré une variation ≤ 5%. A partir de ces résultats, une matrice de présence/absence a été

constituée afin de produire une ACP (Analyse en Composantes Principales) pour comparer les

communiés fongiques des différents sols étudiés via le logiciel statistique R 2.8.0 (voir annexe 2).

De même, un dendrogramme est construit grâce aux données de l’ACP pour illustrer

l'arrangement de groupes générés par un regroupement ascendant hiérarchique. Un second type

de comparaison de communautés est réalisé par analyse de parcimonie maximale (MP), à l’aide

du logiciel PAUP 4.0 β 10 (expliqué ci-dessous). L’alignement Clustal X a permis de créer une

matrice pour l’analyse de clusters des champignons dicaryotes. L’approche utilisée est également

l’analyse MP. Pour toutes les reconstructions par MP, une analyse heuristique a été effectuée où

50 réplicats d'addition aléatoire de séquences sont réalisés et couplés avec l’algorithme TBR

(Tree-Bisection-Reconnection) cassant l’arbre en deux sous-arbres qui sont ensuite reconnectés à

partir d’une de leurs arêtes (Goëffon et al. 2005). Cette méthode vise ainsi à retrouver la

phylogénie qui minimise le nombre d’évènements évolutifs (substitutions nucléotidiques)

nécessaires pour expliquer les différences observées entre OTUs. Il est important de souligner

que cette approche telle qu'elle est utilisée ici ne sert pas à réaliser des arbres phylogénétiques

mais à réaliser une clusterisation des taxons. De surcroît, cette nouvelle approche servira d’un

côté à analyser le degré de proximité entre les OTUs et les séquences types connues et d’un autre

côté, à réaliser à nouveau des comparaisons deux à deux (entre espèces d’arbre) mais cette fois-ci

en intégrant également les séquences connues des différents genres fongiques présents.

Résultats

Analyse des séquences par clustering d’OTUs

Nombre d’OTUs et courbes de raréfaction

Après filtration des 166349 séquences (réparties équitablement entre les essences

forestières), le nombre de séquences par échantillon est compris entre 5010 et 11957 si l’on ne

tient pas compte des singletons (Tableau I). En ce qui concerne le nombre d’OTUs (groupes de

séquences de redondance), nous mettons en évidence de 315 à 502 OTUs sans singletons. On

remarque donc des variations dans le nombre d’OTUs en fonction du type de forêt sans relation

nécessaire avec le nombre de séquences (Tableau I). Toutes les analyses qui suivent sont faites

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sans les singletons afin d’éviter au maximum le risque d’avoir des séquences artificielles (justifié

dans la section matériel et méthodes).

Tableau I : Nombre de séquences et d'OTUs avec ou sans singletons après filtrage et clustering à 99%

Espèces Sans singletons Avec singletons

Nombre d'OTUs Nombre de séquences Nombre d'OTUs Nombre de séquences

Q, sessiflora 315 5010 551 5246

P. menziesii 384 8777 678 9071

P. abies 502 11957 914 12369

F. sylvatica 381 10104 694 10417

P. nigra 479 9920 839 10280

A. nordmanniana 478 10546 850 10918

Les courbes de raréfaction calculées avec le logiciel EstimateS (Colwell, 2004) tendent

asymptotiquement vers un plateau, indiquant que l’effort d’échantillonnage est satisfaisant pour

décrire la diversité des champignons dicaryotes dans les parcelles respectives de Q. sessiflora, de

P. menziesii, de P. abies, de F. sylvatica, de P. nigra et de A. nordmanniana (Fig. 7 et 8). La

courbe de bootstrap tend aussi vers une valeur maximale avec une saturation plus rapide que la

courbe Sobs (Fig. 7 et 8).

Figure 7 : Estimation de la diversité maximale des champignons dicaryotes dans la parcelle de Q. sessiflora

On peut noter que les plateaux des différentes courbes de raréfaction ne se situent pas à la

même hauteur. La diversité maximale de champignons dicaryotes dans la chênaie (Q. sessiflora)

semble tendre vers 320 OTUs (Fig. 7). Celle des champignons dicaryotes de la pinède (P.

menziesii) et de la hêtraie (F. sylvatica) atteignent 400 OTUs tandis que celle des pinèdes (P.

nigra et A. nordmanniana) atteignent près de 500 OTUs (résultats non présentés). C’est au niveau

de la parcelle à P. abies que la diversité maximale des dicaryotes semble être la plus forte avec

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près de 520 OTUs (Fig. 8). Il semblerait donc que les parcelles à conifères soient associées à une

diversité fongique plus importante que dans les 2 autres parcelles à Fagaceae.

Figure 8 : Estimation de la diversité maximale des champignons dicaryotes dans la parcelle de P. abies

Distribution des OTUs et composition des communautés fongiques

Parmi cette diversité fongique, les OTUs présentant le plus grand nombre de séquences

(entre 23 et 27 OTUs correspondant à 71,92% des séquences totales) ont été analysées finement

(Tableau II). Ainsi, on dénombre au total 8 genres appartenant au phylum des Ascomycètes et

ayant tous un mode de vie saprophyte. Les genres les plus fréquents sont respectivement

Crocicrea (2,83 OTUs en moyenne) et Trichopezizella (1,83 OTUs en moyenne), tous les deux

membres de l’ordre des Leotiales. Le phylum des Basidiomycètes se voit attribué 7 genres de

champignons qui sont tous des ectomycorhizes Les genres les plus fréquents sont respectivement

Cortinarius (4,83 OTUs en moyenne), Serpula (4,67 OTUs en moyenne) et Suillus (4,17 OTUs

en moyenne), provenant tous les 3 de l’ordre des Boletales. A un niveau hiérarchique supérieur,

on observe un fort déséquilibre en abondance entre les 2 phyla. En effet, parmi les 71,92% des

séquences les plus abondantes, les Ascomycètes ne représentent que 15,62% des séquences

contre 84,38% de Basidiomycètes. On peut noter également que l’abondance des Ascomycètes

est peu variable entre les essences forestières (entre 12,46% pour la parcelle à P. nigra et 19,93%

pour la parcelle à Q. sessiflora) tout comme celle des Basidiomycètes (entre 63,97% pour la

parcelle à Q. sessiflora et 77,56% pour la parcelle à P. nigra). Enfin, même si l’abondance des

Basidiomycètes est beaucoup plus élevée que celle des Ascomycètes pour toutes les parcelles

forestières, on observe des différences dans la composition en genre de champignons. Il est à

noter que les amorces utilisées n'ont pas de biais d'amplification connu entre Ascomycetes et

Basiodiomycetes. Certains genres ne sont pas présents partout, par exemple le genre Tylospora

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(Basidiomycète) qui n’est présent que dans le sol forestier à P. abies ou bien le genre

Cenangiopsis qui n’est présent que dans la parcelle à P. menziesii. De même, certains genres sont

présents partout (Tableau II). A un grain grossier, on s’aperçoit donc qu’il existe des différences

au niveau de la composition des communautés de chacune des espèces d’arbres (diversité α) et au

niveau de la diversité des genres entres les espèces d’arbres (diversité β) qui peuvent être

intéressantes à analyser.

Tableau II : Détermination taxonomique au niveau du genre et calculs d’abondance relative des OTUs les plus

fréquents dans chacun des types forestiers

Phylum Règne Types forestiers

Moyenne Chêne Douglas Epicéa Hêtre Pin Sapin

Nombre total d'OTUs 27 24 23 24 23 26 24,5

Abondance totale des séquences

au sein de la communauté 63,97% 74,58% 69,59% 77,56% 72,74% 73,05% 71,92%

Basidiomycota

Cortinarius 3 3 5 8 5 5 4,83

Amanita 1 1 1 1 4 1 1,50

Boletus 1 0 1 0 2 1 0,83

Tomentella 0 1 1 1 0 1 0,67

Serpula 4 5 8 4 4 3 4,67

Suillus 3 6 1 5 4 6 4,17

Tylospora 0 0 1 0 0 0 0,17

Abondance relative des séquences

au sein de la communauté 80,07% 87,09% 81.79% 84,84% 87,54% 85,00% 84,38%

Ascomycota

Lachnum 1 0 0 0 0 1 0,33

Crocicrea 4 4 2 3 2 2 2,83

Hypomyces 2 0 0 1 1 0 0,67

Cladobotryum 4 1 0 0 0 2 1,17

Allophylaria 1 0 0 0 0 0 0,17

Belonopsis 0 1 1 0 0 1 0,5

Cenangiopsis 0 1 0 0 0 0 0,17

Trichopezizella 3 1 2 1 1 3 1,83

Abondance relative des séquences

au sein de la communauté 19,93% 12,91% 18,21% 15,16% 12,46% 15,00% 15,62%

Analyse de la diversité fongique

Richesse spécifique

En termes de diversité α (Tableau III), l’indice de diversité synthétique de Shannon

indique que les espèces Q. sessiflora (H’= 4,40) et P. abies (H’= 4,07) sont celles qui présentent

l’indice le plus élevé et la répartition des espèces la plus uniforme (J = 0,76 pour Q. sessiflora et J

= 0,65 pour P. abies). C’est par contre F. sylvatica (H’= 3,43) qui présente la répartition la moins

équitable entre espèces (J = 0,58). L’indice de diversité de Simpson, quant à lui, montre de très

fortes valeurs proche de 1 (D compris ente 0,87 et 0,96) notamment Q. sessiflora (D= 0,96) et P.

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abies (D= 0,93), ce qui indique que la diversité fongique est extrêmement élevée. Cela s’explique

par le fait que beaucoup de séquences de redondance faible forment des OTUs différents.

Tableau III : Représentation de la diversité α au sein de chaque parcelle forestière

Espèces Indice de diversité de

Shannon (H’)

Indice de diversité de

Simpson (D) Indice d'équitabilité (J)

Q. sessiflora 4.40 0.96 0.76

P. menziesii 3.52 0.87 0.59

P. abies 4.07 0.93 0.65

F. sylvatica 3.43 0.87 0.58

P. nigra 3.71 0.89 0.60

A. nordmanniana 3.81 0.90 0.61

Comparaison des communautés

En ce qui concerne la diversité β, les calculs d’indices de diversité de Sørensen ont été

réalisés à partir des OTUs les plus fréquentes représentant 71,92% en moyenne de l'ensemble des

séquences. Les résultats obtenus (Tableau IV), semblent indiquer que les communautés les plus

proches soient F. Sylvatica et A. Nordmanniana (β = 0,68) ainsi que F. Sylvatica et P. nigra (β =

0,64). De plus, F. Sylvatica semble avoir une communauté assez proche de P. menziesii et de P.

abies où plus de 50% des genres seraient communs. Il en a va de même entre P. nigra et A.

Nordmanniana (β = 0,51). Par ailleurs, Q. sessiflora semble avoir la communauté la plus distincte

des autres avec des indices de diversité de Sørensen compris entre 0,35 et 0,38.

Tableau IV : Représentation de la diversité β par les calculs de diversité de Sørensen par paires de

communautés

Espèces Q. sessiflora P. menziesii P. abies F. sylvatica P. nigra A. nordmanniana

Q. sessiflora —

P. menziesii 0,35 —

P. abies 0,36 0,43 —

F. sylvatica 0,35 0,54 0,5 —

P. nigra 0,36 0,47 0,4 0,64 —

A. nordmanniana 0,38 0,48 0,45 0,68 0,51 —

Pour aller plus loin, des analyses statistiques ont été menées afin d’obtenir une meilleure

vision de la diversité fongique entre sols forestiers. L’ACP permet de mieux représenter les

données dans un espace vectoriel (Fig. 10). On obtient 2 axes qui expliquent 51,99% de la

variance. L’axe 1 permet d’expliquer 30,29% de l’inertie générale. C’est la communauté

fongique de la parcelle à Q. sessiflora qui contribue essentiellement à cet axe (66,06%). L’axe 2

qui possède une inertie de 21,70% est principalement du à la contribution de la communauté

fongique de la parcelle à P. menziesii (63,07%).

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Figure 9: Analyse en composantes principales (ACP) de la diversité fongique entre 6 essences forestières

distinctes

Ces résultats semblent indiquer que Q. sessiflora possède une diversité fongique

relativement différentes des autres espèces tout comme P. menziesii. Quant à P. abies, F.

sylvatica, P. nigra et A. nordmanniana, l’ACP les place dans la même zone ce qui pourrait sous-

tendre une diversité fongique plus commune. C’est d’ailleurs ce que suggère le dendrogramme

associé avec cette ACP qui indique une diversité fongique assez proche entre F. sylvatica, P.

nigra et A. nordmanniana et dans une moindre mesure P. abies (Fig.10). Il montre par ailleurs

que ce serait la diversité fongique de P. menziesii qui se rapprocherait le plus de Q. sessiflora. Un

second type de construction a également été utilisé à partir de cette matrice présence/absence,

l’analyse MP, afin de renforcer l’analyse de la diversité au sein des racines des espèces d’arbres

forestières (Fig. 11). Les résultats indiquent que seules F. sylvatica et A. nordmanniana possèdent

une diversité fongique relativement commune (score de 77) et que l’on ne peut pas être sûr pour

les autres espèces. Lors des calculs de diversité de Sørensen, c’était également la valeur la plus

élevée (β= 0,68).

Figure 10 : Dendrogramme des espèces d'arbres réalisé à partir des points ACP

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Figure 11 : Arbre phylogénétique non raciné basé

sur la comparaison de la diversité fongique de 6

sols d’essence d’arbres distinctes. Il est construit à

partir de la méthode du maximum de parcimonie

par l’utilisation de l’algorithme TBR (Tree-

Bisection-Reconnection) pour un nombre de 50

réplicats

Comparaison entre OTUs et séquences fongiques connues

La composition de la diversité fongique, au sein des communautés des différents sols

forestiers, peut être comparée avec des séquences fongiques connues. La création d’arbres non

enracinés par la méthode MP permet ainsi d’analyser le degré de proximité de ces séquences types

avec les OTUs présents. Sur le nombre total de réarrangements testés (1185546), 3 arbres

équiprobables pour les séquences issues de la parcelle à Q. sessiflora (Fig. 12). Cet arbre non enraciné

est plutôt robuste car la majorité des embranchements ont des valeurs de bootstrap > 70% (29 sur 35).

Ensuite, on s’aperçoit que toutes les séquences connues des genres fongiques Basidiomycètes sont

regroupées ensembles (score de 75) sans OTUs de la parcelle à Q. sessiflora. Par opposition, les

séquences connues des genres fongiques Ascomycètes sont dispersées, ce qui indique une proximité

plus importante avec certaines des séquences environnementales. Par exemple, un OTU est affilié au

genre Lachnum (score de 100) et on observe la même chose pour le genre Allophylaria. Les autres

arbres réalisés pour les 5 autres essences de plantation indiquent des résultats similaires (résultats non

présentés). On peut donc en déduire que la plupart des OTUs dans les Basidiomycètes sont inconnus

(Fig. 12).

Le même type de travail peut-être réalisé en mélangeant les séquences de communauté

différentes. La reconstruction (Fig. 12) compare les séquences de parcelles de F. sylvatica et P.

nigra. On retrouve des groupes d’OTUs spécifiques à F. sylvatica ou à P. nigra (boostrap > 95) mais

aussi des regroupements d’OTUs communs aux 2 parcelles. Il existe donc bien des familles voir des

genres de champignons Ascomycètes présents dans des essences forestières distinctes. On retrouve

également dans ces groupes d’OTUs des séquences types appartenant soit à P. nigra (Cenangiopsis)

ou à F. Sylvatica (Trichopezizella). Par ailleurs, les séquences types de Basidiomycètes sont à

nouveau regroupées (Figure 13). Enfin, des résultats similaires ont été observés lors de la

comparaison des communautés fongiques entre Q. sessiflora et P. menziesii (résultats non présentés).

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Figure 12 : Reconstruction phylogénétique non enraciné obtenue par maximum de parcimonie (MP) des

séquences ITS les plus abondantes (parcelle à Q. sessiflora) incluant les plus proches séquences relatives aux

OTUs (BLASTn et UNITE). Méthode MP (Bootstraps calculés à partir de 200 pseudo-réplicats) par

utilisation de l’algorithme TBR (Tree-Bisection-Reconnection) pour 50 réplicats aléatoires de séquences.

Figure 13 : Reconstruction phylogénétique non enraciné obtenue par maximum de parcimonie (MP) des

séquences ITS les plus abondantes (parcelles à F. sylvatica et P. nigra) incluant les plus proches séquences

relatives aux OTUs (BLASTn et UNITE). Méthode MP (Bootstraps calculés à partir de 200 pseudo-réplicats)

par utilisation de l’algorithme TBR (Tree-Bisection-Reconnection) pour 50 réplicats d'addition aléatoire de

séquences. Les lettres P indiquent que les OTUs sont des séquences de la parcelle de pin (P. nigra) et les H

celles de la parcelle du Hêtre (F. sylvatica). En rouge sont indiquées les séquences communes aux 2 parcelles,

en vert uniquement pour P. nigra et en bleu uniquement pour F. sylvatica

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Discussion

Importance de la composition et de la diversité fongique dans la structure et le

fonctionnement des écosystèmes forestiers en milieu tempéré

Caractérisation de la diversité fongique

A travers cette étude, nous avons tenté de décrire et d’évaluer la diversité fongique au sein

de différents écosystèmes forestiers par la méthode du pyroséquençage. Les résultats impliquent

donc deux observations principales. Tout d’abord, la diversité fongique est très élevée dans les

écosystèmes forestiers (Indice de Simpson très proche de 1) et en accord avec d’autres travaux

(Jumpponen & Jones 2009 ; Jumpponen et al. 2010). Bien que la diversité fongique soit très

élevée, elle n’est pas la même selon l’essence forestière. Il semblerait que les espèces d’arbres de

la famille des Fagaceae telles Q. sessiflora ou F. sylvatica interagissent avec une diversité

fongique plus faible que les espèces d’arbres de la famille des Pinaceae telles que P. menziesii,

P. abies, P. nigra ou encore A. nordmanniana. La communauté fongique semblerait donc être

fortement structurée par l’essence forestière. L’hypothèse de travail H0 selon laquelle le type de

plantation forestière conduit à une différentiation des communautés fongiques au sol ne peut pas

être rejetée. Par ailleurs, une étude similaire menée par Buée et al. (2009) conduite sur le même

site affiche des résultats différents. Les courbes de raréfaction obtenues, avec chacune des 6

essences de plantations, n’accèdent pas à un plateau même après plus de 25000 séquences. Ce qui

a pour incidence première que le run de pyroséquençage n’a pas permis de tendre vers la diversité

fongique totale attendue. Cette différence dans les résultats s’explique par les conditions de

filtrage des données. Ici, nous n’utilisons que des séquences bornées par les amorces utilisées

(séquences complètes) qui satisfont aux algorithmes de clusterisation développés aujourd’hui.

Doit-on également garder les singletons dans l’analyse sachant qu’ils sont des risques possibles

d’erreurs de séquençage (fiable à 99,9%, soit une erreur environ tous les kb) ? Le degré de

restriction apportée aux données peut aboutir à des conclusions et interprétations différentes

surtout lorsque les études en question cherchent à déterminer précisément la diversité spécifique

totale. En effet, les algorithmes sont basés en premier lieu sur la composition physique des

séquences. Une erreur dans un homopolymère induit de façon erronée le dénombrement d’un

OTU additionnel. Pour notre part, le choix d’une stringence élevée permet de se prémunir d’une

surestimation profonde de la diversité fongique.

Composition et structure des communautés fongiques

Quelque soit le type de parcelle, ce sont les OTUs proches des champignons

basidiomycètes ECM qui sont les plus fréquents (abondance comprise au moins entre 80,07 et

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87,54% selon l’essence forestière) avec Cortinarius, Serpula et Suillus provenant tous de l’ordre

des Boletales. En accord avec ce résultat, un faible nombre de taxons de champignons ECM ont

une abondance très élevée (> 50%) et sont largement répandus alors que la majorité des espèces

ne sont que rarement rencontrées (Dahlberg et al. 1997 ; Gehring et al. 1998 ; Jonsson et al.

1999). Parmi les Ascomycètes, ce sont les genres Crocicrea et Trichopezizella tous les deux

membres de l’ordre des Leotiales qui sont les plus représentés. La richesse spécifique de ces

décomposeurs met en relief le rôle essentiel de ces organismes dans le cycle de minéralisation de

la matière organique par la formation des tissus mycéliens très denses (Deacon et al. 2006).

Néanmoins, il est assez unanimement reconnu que les champignons mycorhiziens sont plus

étroitement dépendants de la nature de leur environnement biotique que les champignons

saprophytes, à plus grande amplitude trophique et relativement tolérants (Guinberteau &

Courtecuisse 1997). Même si des spécificités étroites existent également, ces derniers pourront

s’adapter et coloniser souvent plusieurs sources de substratums, d’origine forestière parfois très

différente (Guinberteau & Courtecuisse 1997).

Les calculs d’indices de diversité β (Fig. 9 à 11) indiquent qu’il existe des différences

entre communautés avec notamment une forte différenciation de la communauté fongique de la

parcelle à Q. sessiflora. En revanche les communautés les plus proches seraient celles de la

parcelle à F. sylvatica et à P. nigra alors que ces deux espèces ne font pas partie de la même

famille (Fagaceae et F. sylvatica). De plus, la plupart des Basidiomycètes reconnus (malgré les

limites intrinsèques de l'ITS, voir ci-après) sont retrouvés associés à 4 des 6 essences de

plantations. La spécificité d'hôte étroite, qu’on peut retrouver chez les champignons ECM, peut

être parfois élargie à plusieurs hôtes s’il s’agit d’un peuplement mixte ou mélangé (Molina et al.

1992). Par exemple, Horton et Bruns (1998) ont montré que les champignons ECM avaient

tendance à être des individus multi-hôtes lorsqu’ils étaient dans des forêts mélangés d’espèces de

la famille des Pinaceae. Nous avons travailler ici sur le sol de 6 parcelles sylvicoles différentes. Il

ne peut pas être exclus que les mélanges observés correspondent à une exploration large du sol en

terme de distance à partir de l'arbre mycorhizé aboutissant à ce mélange apparent. Néanmoins,

nos résultats indiquent que les espèces d'arbres hôtes sont des déterminants majeurs de la

composition des communautés d'asco-basidiomycetes du sol en accord avec Ishida et al. (2002)

et Molina et al. (1992). Ce résultat pourrait être obtenu par « chance » car une hétérogénéité

locale ne peux pas être exclue. Cet élément n’a pu être évalué en raison du plan d’expérience

choisi. Il aurait été intéressant de traiter séparément les 8 échantillons prélevés d’une parcelle

forestière donnée. En effet, concernant les écosystèmes forestiers de résineux, Gardes et Bruns

(1996) ont montré que la variation spatiale des champignons ECM était très élevée et que la

plupart des espèces montrait des distributions agrégées. Une étude sur Pinus edulis montre

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d’ailleurs qu’un ou quelques taxons fongiques ECM sont dominants parmi les arbres isolés mais

que l’espèce dominante variait entre les arbres (Gehring et al. 1998). Par ailleurs, nous n’avons

pas d’éléments sur la variabilité temporelle de la composition des communautés fongiques du sol.

Les communautés fongiques dans le sol doivent être dépendantes de facteurs confondants

dépendant du contexte bioclimatique. Il aurait alors été intéressant d’intégrer dans le plan

d’expérience la saisonnalité, par exemple, en effectuant des prélèvements à différents moments

de l’année. En effet, Jumpponen et al. (2010) ont montré qu’il existe des tendances saisonnales

dans la composition et la diversité fongique avec notamment un remplacement des champignons

saprophytes par des champignons ECM au cours de la saison printanière. De même, des analyses

sur 2 sites spécialement distants mais possédant la même essence forestière auraient pu être

réalisées pour apprécier la localisation géographique comme facteur confondant. Jumpponen &

Jones (2009), ont montré que des communautés fongiques présentes dans des sites distincts mais

avec la même essence sylvicole (Quercus macrocarpa) différaient en richesse et diversité. Ce

manque d’informations sur cette variabilité spatio-temporelle est d’autant plus dommageable

qu’elle peut être mise en corrélation avec des facteurs édaphiques, liés notamment aux

modifications du climat, des saisons, de l’hétérogénéité du sol, de sol et de la qualité de la litière

(Erland & Taylor 2002 ; Gehring et al. 1998 ; Koide et al. 2007). Ainsi, et comme c'est le cas

pour d'autres espèces de champignons (saprophytes pour cette étude), la composition de la

communauté ECM est affectée à la fois par des facteurs biotiques et abiotiques. De fortes

modifications de ces facteurs par contraintes environnementales et/ou anthropiques (ici la

sylviculture monospécifique) pourraient fragiliser plus ou moins durablement l’équilibre des

écosystèmes forestiers.

Vers une approche intégrée du Règne fongique dans l’étude des écosystèmes

naturels et/ou anthropisés

Ecologie du paysage et changement d’usage des terres

La conservation de la biodiversité est devenue un enjeu majeur et un défi planétaire

notamment en écologie du paysage et dans le changement d’usage des terres (Dobson et al.

1997). Les champignons et plus particulièrement les champignons mycorhiziens font partie

intégrante de l’écosystème forestier et a fortiori dans de nombreux autres écosystèmes (Smith &

Read 1997). Plusieurs critères existent pour déterminer le potentiel des symbioses

mycorhiziennes dans le but de contraindre ou faciliter ces processus, particulièrement lorsque le

végétal introduit requiert un champignon mycorhizien (Pringle et al. 2009). Malheureusement,

peu de documentations existent sur ce sujet et un critère simple comme les taux et seuils pour les

invasions fongiques dans des environnements naturels sont largement inconnus (Collier &

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Bidartondo 2009). En conséquence, le rôle clé potentiel des champignons mycorhiziens dans le

processus de colonisation et le processus d'invasion repose essentiellement sur des spéculations

(Richardson et al. 2000). Reads (1991) montre qu’un type d’hôte symbiotique entrant dans un

écosystème dominé par un autre symbionte pourrait dans certains cas avoir des effets profonds

sur l’écosystème car les champignons mycorhiziens structurent certains processus

écosystèmiques. Par exemple, Collier et Bidartondo (2009) ont montré que la perte des habitats

de landes en Angleterre, qui revêt une grande importance dans la mise en œuvre de politique de

conservation, est principalement due à l’invasion du pin et du bouleau par l’intermédiaire des

champignons ECM. En effet, une fois le champignon ECM introduit avec succès dans son nouvel

habitat, il permet de faciliter l’invasion des arbres grâce à ses capacités symbiotiques et d’être

capable de modifier à terme son environnement par le biais des processus écosystèmiques. Pour

influer sur ces processus, Rillig (2004) dénombre 4 voies différentes : des effets du mycélium

(e.g. agrégation du sol), des effets sur les plantes-hôtes à différentes échelles de l’écosystème (e.

g. les cycles des nutriments), des effets sur les communautés microbiennes du sol et des effets sur

la composition des communautés végétales (e. g. production primaire). Cette capacité de

restructuration des écosystèmes via les champignons mycorhiziens a stimulé des travaux ces

dernières années, notamment dans la restauration des habitats et à la gestion rationnelle et durable

des écosystèmes naturels (Pringle et al. 2009), avec en filigrane des connaissances de plus en plus

sophistiquées de la Biologie et l'Ecologie de ces groupes d’organismes du sol. Par ailleurs, il ne

faut pas oublier également le rôle important des champignons saprophytes décomposeurs de

matière organique (Deacon et al. 2006 ; Setälä & McLean 2004). En effet, quelle serait la

variabilité de ces écosystèmes, forestiers notamment, si certaines de ces espèces n'assuraient plus

ce rôle ? Il est admis que de la diversité de ces décomposeurs dépend la complémentarité

fonctionnelle du processus de décomposition. Une altération de cette diversité induirait une

baisse du cyclage des nutriments donc une baisse de production primaire nette (Wardle et al.

2005).

L’Internal Transcribed Spacer (ITS), un marqueur fiable pour la diversité taxonomique

fongique ?

Cette étude a donc utilisé la technique de pyroséquençage pour évaluer la diversité

fongique des sols de 6 parcelles forestières d’essences différentes. La méthode a été appliquée sur

une région ITS particulière, ITS1, de l'unité ribosomale nucléaire des symbiontes fongiques.

Cette région est le locus le plus populaire pour l’identification des espèces et l’inférence

phylogénétique dans la recherche basée sur les séquences mycologiques (Nilsson et al. 2008). En

effet, l’utilisation de primers ITS a été appliquée avec succès dans de nombreuses publications

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(Gardes & Bruns 1993 ; Martin & Rygiewicz 2005) à tel point que les régions ITS sont

maintenant largement utilisées comme 'barcode' ADN pour l’identification de nombreuses

espèces fongiques (Seifert 2009). Le système UNITE rassemble ces séquences ITS provenant des

Ascomycètes et Basidiomycètes (Abarenkov et al. 2010 ; Kõljalg et al. 2005). Cependant, lors de

cette étude les résultats ont montré des choses étonnantes. Il a ainsi été difficile de caractériser les

séquences taxonomiques obtenues. Ces dernières n’ont pas pu être déterminées au niveau de

l’espèce mais au niveau du genre. Les arbres non enracinés générés par MP ont montré peu de

degré de proximité entre les OTUs et les séquences types les plus proches introduites dans

l’analyse. Ceci indique que la plupart des séquences environnementales générées proviennent

d’espèces ou de genres inconnus. Une difficulté rencontrée dans l’usage de ce type de séquences

est la variabilité très importante y compris à l’intérieur d’une espèce. Cela implique également

que les séquences ITS contiennent un niveau d’information phylogénétique pauvre en raison

d’une accumulation d’évènements d’homoplasie et la fréquence élevée d’évènements de délétions

ou d’insertions (D’Auria et al. 2006).

Plusieurs auteurs se sont interrogés sur la différence existant entre la variabilité

infraspécifique et la variabilité interspécifique de l’ITS (Aanen et al. 2000 ; Horton 2002).

Certains ont suggéré que les divergences entre ITS pourraient ne pas être pleinement corrélées

avec les espèces biologiques si les séquences divergent seulement après un isolement génétique,

comme cela a été proposé pour le champignon ECM Hebeloma (Aanen et al. 2000). Cependant,

d’autres auteurs comme Nilsson et al. (2008) ont montré que la variabilité intraspécifique

inférieure à 3% (limite seuil) prévalait pour 75% des ITS1 et 77% des ITS2. Une meilleure

résolution des séquences environnementales pourrait être rendue possible par l’utilisation du gène

codant pour l’ARNr 18S (Le Calvez et al. 2009 ; Vandenkoornhuyse et al. 2002a).

Conclusion

Le travail réalisé ouvre la voie à de nombreuses questions dans des contextes scientifiques

variés. Il semble clair que les connaissances doivent être approfondies à différentes échelles de

temps et d’espace que ce soit au niveau de l’écologie du paysage (Frost et al. 2001) ou au niveau

d’autres domaines, non discutés dans cette étude, comme la biologie évolutive via l’interprétation

de patterns biogéographiques (Halling et al. 2008). Une perte ou une diminution de la

biodiversité fongique pourrait avoir des conséquences imprévisibles sur le fonctionnement des

écosystèmes et leur capacité de production (Guinberteau & Courtecuisse 1997). Il ne faut pas

perdre de vue la fragilité de l’équilibre des écosystèmes, notamment forestiers, qui sont plus que

jamais soumis à des contraintes environnementales et anthropiques, en particulier face au

changement climatique.

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Annexes

Annexe 1 : Traitement des données par le logiciel Hassium

Après filtrage des d’amplicons obtenus par pyroséquençage, les séquences d’ITS sont

regroupées par essence de plantation. Chacune de ces parcelles forestières est traitée indépendamment

par le logiciel Hassium (Nicolas 2009) en plusieurs étapes successives. L’exemple pris ci-dessous est

pour la parcelle à Pinus abies (épicéa) qui totalise un nombre de 30829 séquences brutes.

- Etape 1 : amplicons triés en fonction de la présence ou non des amorces sens et/ou anti-sens pour

les séquences de la parcelle à P. abies. Seules les séquences bornées par les 2 amorces sont gardées

(en violet dans le graphique ci-dessus).

- Etape 2 : bornage de la taille des amplicons compris entre 50 et 300 pb. Puis, vérification sur le

graphique ci-dessous.

- Etape 3 : Regroupement des séquences bornées en groupes de séquences redondantes nommés

OTUs (Operational Taxonomic Units).

Label Number Truncated

Sequences

Number Raw Sequences

P. abies 929 12369

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Annexe 2 : Analyse en Composantes Principales (ACP) à partir du logiciel R

Pour comparer les communiés fongiques des différents sols étudiés, une ACP a été réalisée

via le logiciel statistique R 2.8.0. Pour effectuer cette analyse multivariée, les packages « ade4 »et

« stats » ont été chargés dans le logiciel. Puis, le script suivant a été rentré :

(1) Lecture de la matrice de donnée

X = ACP

read.table(matrice_acp,header=T)

(2) Réalisation de l’ACP

acp=dudi.pca (X)

- Choix du nombre d’axes à l’aide du graphique : x

- Division de la fenêtre graphique en 4 : par(mfrow=c(2,2))

- Réalisation de l’histogramme des valeurs propres : barplot(APC$eig)

- Réalisation du cercle des corrélations : s.corcircle(APC$co,clab=?)

- Réalisation de la projection des lignes :s.label(APC$li,label=row.names(X))

(3) Récupération des contributions absolues et relatives des variables

inertia.dudi(ACP,col.inertia=T)

(4) réalisation d’une classification ascendante hiérarchique (CAH) : méthode Ward

- Calcul de la matrice de distance : distACP=dist.quant(ACP$li,1)

- Regroupement hiérarchique selon la méthode Ward : dendACP=hclust(distACP,ward )

- Sélection du nombre de groupements (x) : cutACP = cutree(dendACP,x)

- Représentation graphique de la CAH : s.class(ACP$li,as.factor(cutACP))

- Projection des relevés dans le plan factoriel : s.label(ACP$li)

- Superposition avec le graphique de la CAH : s.class(ACP$li,as.factor(cutACP),add.p=T)

(5) Exportation du fichier

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Résumé

Les connaissances concernant la diversité dans le Règne fongique reste encore largement

insondé en dépit du rôle essentiel qu'exercent les champignons dans le fonctionnement des

écosystèmes. Le travail réalisé ici s’est attaché à décrire et à évaluer la diversité fongique au sein

de différents écosystèmes forestiers en milieu tempéré en un lieu donné, l'’hypothèse testée étant

que le type de plantation forestière conduit à une différentiation des communautés fongiques du

sol. Ainsi durant cette étude, des champignons dicaryotes (Asomycetes+Basidiomycetes) présents

dans six sols d’essences forestières distinctes ont été analysés par pyroséquençage de masse à

partir de l’analyse d’amplicons de l’ITS de la région génique ribosomale nucléaire. Les résultats

obtenus ont montré trois observations principales : (1) la diversité fongique est très élevée dans

les écosystèmes forestiers avec près de 420 OTUs en moyenne dans 4g de sol pour chacune des

parcelles soit approximativement 100 OTUs par gramme de sol. (2) en moyenne, 85% de la

diversité fongique rencontrée correspond à des champignons impliqués dans une relation

ectomycorhizienne (3) le type d'arbre cultivé influe profondément sur la composition des

communautés fongiques du sol. Le travail réalisé ouvre, par ailleurs, la voie à de nombreuses

questions dans des contextes scientifiques variés comme celui de l’écologie fonctionnelle et

l'écologie de la restauration ou de la conservation. Une perte ou une diminution de la biodiversité

fongique du sol, même si elle est peu documentée, pourrait avoir des conséquences importantes

sur le fonctionnement des écosystèmes terrestres et leur capacité de production.

Mots-clés : diversité fongique ; ectomycorhize ; pyroséquençage ; ITS ; sol forestier

Abstract

The knowledge about the diversity of the fungal kingdom remains deeply untaped despite

their critical functions displayed in ecosystems. The work done in this study has sought to

describe and assess the fungal diversity in different temperate forest ecosystems at a given

location. The tested hypothesis was the possibility of a soil fungal community differentiation

according to the species tree grown in the different plots. In this study, the dicaryotic fungi

(Asomycetes+Basidiomycetes) were targeted in six soils of distinct forest plots. To do so,

amplicons of the nuclear ribosomal gene region’s ITS were analyzed by pyrosequencing. From

the results three main observations should be highlighted (1) fungal diversity is very high in soils

of forest ecosystems with nearly 420 OTUs thus approximately 100 per gram of soil. (2) in

average, 85% of this diversity is closely related to fungi involved in ectomycorrhiza (3) the tree

species grown impact the fungal community composition deeply. This study open the way to a

variety of questions in different scientific contexts as among others the field of functional

ecology, conservation ecology. A loss or a decrease in the fungal biodiversity, even if poorly

documented, may induce important casualties on terrestrial ecosystems functioning and net

primary production capacity.

Key-words : fungal diversity ; ectomycorrhiza ; pyrosequencing ; ITS ; forest soil