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Module de lexicologie Dr BABA HAMED Warda
1
Année universitaire : 2018/2019
Intitulé du Master : Langue française et communication
Semestre : 2
Intitulé de l’UEF2 : Sciences du langage
Intitulé de la matière 2 : Lexicologie : Objet et méthodes
Crédits : 4
Coefficients : 2
Mode d’évaluation : Un examen final. Une note de TD : activités en présentiel, travaux de
recherche.
Objectifs de l’enseignement :
Ce module rend compte de quelques notions fondamentales en lexicologie. Il a pour objectif de
fournir à l’étudiant les outils théoriques qui lui permettront d’aborder les particularités
morphologiques, sémantiques et lexicales de la langue française à partir de corpus diverses.
Sommaire :
1. Notions linguistiques élémentaires
- Langue/parole/langage
- Le signe linguistique
- Les caractéristiques du signe linguistique
- Synchronie/ diachronie
- Les unités linguistiques
- La double articulation
- Axe syntagmatique/axe paradigmatique
2. La lexicologie : définitions
3. Lexicologie et autres branches de la linguistique
a. La lexicographie
b. La morphologie
c. La sémantique
d. La syntaxe
e. La sémiotique
4. L’objet de la lexicologie
- Le mot
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2
- Le lexique
- La lexie
- Le lexème
- La locution
- Le vocabulaire
5. La lexicalisation et le figement
6. La morphologie lexicale : les procédés de formation du lexique
- La flexion
- La dérivation
- La composition
- La conversion
- La troncation lexicale
- Le mot-valise
- Le redoublement
- La néologie
- Lexique général/lexique de spécialité : La notion de métalangage.
- Les technolectes : lexique technique et lexique de métiers.
- La variation lexicale.
- Le nom propre :
Noms des personnes
Noms des lieux
7. La sémantique lexicale :
a. Les relations lexico-sémantiques
- La synonymie
- L’antonymie
- L’homonymie
- La polysémie
b. Les figures de style
8. La lexicographie
- Le dictionnaire
- La structure des dictionnaires : microstructure et macrostructure
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3
- Les types de définition
- L’étymologie
Cours 1
La lexicologie est une branche de la linguistique au même titre que la phonétique, la sémantique
ou la sémiotique. Mais avant de la définir et d’aborder ses différents objectifs et composantes,
il est important de revenir sur quelques notions linguistiques essentielles auxquelles nous ferons
appel tout au long de ce module.
1. Notions linguistiques élémentaires
Il s’agit ici d’aborder quelques notions en linguistique qu’il est nécessaire de connaitre avant
d’aborder la lexicologie.
Langue/parole/langage
La langue est :
- un outil de communication.
- un système de signes conventionnels.
- un système de signes et de règles.
- un système évolutif.
- un lien social.
Le langage est la faculté inhérente et universelle de l'humain à communiquer, à l’aide d’un
système de communication quelconque. Le langage est inné. (Le langage des signes par
exemple).
La parole est un acte individuel. C’est la réalisation de la langue par un locuteur. (Utiliser la
langue pour parler).
Le signe linguistique
Le signe est constitué d’un signifiant et d’un signifié indissociables. Le signifiant est l’image
acoustique, suite sonore (sous sa forme vocale ou graphique). Le signifié et le concept. On parle
également d’une troisième entité, le référent qui est la chose.
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Les caractéristiques du signe linguistique
- le signe est arbitraire
Selon Saussure le signe linguistique est arbitraire dans le sens où l’association entre le signifiant
et le signifié n’est pas motivé. En d’autres termes il n’y as aucune relation entre la suite sonore
et le concept ou l’objet du monde réel.
Cette théorie reste cependant discutable et est d’ailleurs réfutée par la praxématique (Termes et
concepts pour l’analyse du discours, Détrie, Siblot, Verine), puisque nous pouvons relever des
mots iconiques tels que les onomatopées : c’est-à-dire les mots qui imitent le son de la personne
ou de la chose qui le produit. Exemple : Splash, onomatopée qui renvoie au plongeon. Le son
est la reproduction de l’action de plonger. Ainsi l’association du signifiant et du signifié est
dans ce cas-là motivée.
- Le signe est linéaire
Le signe linguistique est linéaire du fait de l’aspect oral de la langue. Nous sommes en effet
capables de produire qu’un seul son à la fois lorsqu’on parle. Les sons produits s’enchainent de
manière linéaire.
- Le signe est immutable
Le signe linguistique est figé, stable, parce qu’il est conventionnel. C’est grâce à cette
immutabilité du signe que l’on peut apprendre une langue. Si chaque locuteur inventait ses
propres signes on n’arriverait plus à communiquer ensemble.
Cette immutabilité permet d’étudier une langue de manière synchronique.
- Le signe est mutable
Les signes de la langue évoluent. Les systèmes de signes et les lois, évoluent dans le temps,
certains termes par exemple disparaissent parce qu’ils cessent progressivement d’être utilisés.
Des règles grammaticales sont modifiées, ou transgressées par les locuteurs inconsciemment.
Cette mutabilité permet d’étudier une langue de manière diachronique.
Synchronie/ diachronie
La dichotomie synchronie diachronie a été introduite par Saussure pour envisager une langue
selon deux approches différentes :
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L’approche synchronique : elle permet d’étudier un état de langue à un moment donné, sans
tenir compte de son évolution. De cette manière on peut étudier un phénomène linguistique qui
ne dépend pas de considérations historiques. Selon Dubois (dictionnaire de linguistique) la
synchronie réfère à « un état de langue considéré dans son fonctionnement à un moment donné
de temps ». Par exemple, on peut étudier les conversations d’une communauté dans une période
déterminée. Ou un fait grammatical dans une période déterminée.
L’approche diachronique : elle permet d’étudier l’évolution d’une langue, les motifs qui ont
conduit à l’état d’un fait linguistique. L’approche diachronique permet d’étudier l’évolution des
systèmes phonologiques, morphosyntaxiques, lexico-sémantiques, dans le temps. Le linguiste
doit alors tenir compte des états antérieurs d’un phénomène linguistique pour pouvoir le décrire.
On peut par exemple étudier les modifications orthographiques, et notamment la disparition de
l’accent circonflexe sur certains mot français.
Les unités linguistiques
- Mot
En grammaire traditionnelle le mot est « l’unité linguistique minimale dotée de signification.
Groupe de phonèmes perçu comme autonome, il est à l’oral isolable par les pauses et les
accents, et à l’écrit repéré par des blancs typographiques » (Termes et concepts pour l’analyse
du discours, Détrie, Siblot, Verine). Cette notion est remise en question par certains linguistes
qui leur pose problème au niveau de la segmentation et préfèrent utiliser les termes de lexème
et morphèmes.
- Morphème
« la plus petite unité de signification qu’on peut obtenir lors de la segmentation d’un énoncé »
(Ibid.).
Il s’agit d’une unité grammaticale.
Les morphèmes sont des noms (arbre, maison, etc.), des verbes (manger, finir, etc.), des
adjectifs (bleu, rapide, etc.), des terminaisons (le "-ons" dans le verbe "mangerons", ou le "eur"
dans "réparateur").
Exemple :
Les enfants pleurent : le + s + enfant + s + pleur + ent
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Le s et le ent sont des morphèmes.
- Lexème
« le lexème unité de base du lexique, est un morphème lexical autonome, considéré au plan du
contenu le plus souvent » (Ibid.)
Exemple : enfant est un lexème.
- Monème
Le monème est une unité qui englobe les deux ensembles lexème + morphème.
Exemple : le monème pleurent = lexème pleur + morphème ent.
- Phonème
Le phonème est l’unité élémentaire utilisé en analyse phonétique. Le phonème est la plus petite
unité distinctive de la chaîne parlée, c'est à-dire la plus petite unité de son capable de produire
un changement de sens par commutation (ex : lampe/rampe).
Les trois catégories de phonèmes sont : les voyelles, les semi-voyelles et les consonnes.
La double articulation
Selon André MARTINET, la langue s'organise selon deux niveaux d’articulation qui opèrent
de façon différente. En d’autres termes, la double articulation désigne la propriété de tout
énoncé d'être segmenté à deux niveaux :
- la première articulation: les morphèmes (unités minimales de signification).
- la deuxième articulation: les phonèmes (unités minimales distinctives). Ce sont
des sons distinctifs (ils changent le sens d'un mot (pont-bon, quand-banc) sans qu'ils
ne soient porteurs de sens) propres à une langue.
Cette double articulation est à l’origine d’une économie du langage importante puisque avec un
nombre limité de phonèmes, on peut construire un nombre illimité d'unités de morphème et
donc un nombre illimité d'énoncés.
Axe syntagmatique/axe paradigmatique
- L’axe syntagmatique : c’est l’axe horizontal qui fait référence au syntagme (groupe de
morphèmes ou de mots qui se suivent donnant un sens déterminé). L’axe syntagmatique
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donne lieu à la permutation. En d’autres termes à l’intérieur d’un syntagme on peut
permuter plusieurs mots ou groupes de mots. Exemple :
- Je viendrai chez toi demain matin.
- Demain matin je viendrai chez toi.
- Je viendrai demain matin chez toi.
- L’axe paradigmatique : c’est l’axe vertical, qui fait référence au paradigme (liste
d’éléments qui peuvent être remplacés). L’axe paradigmatique donne lieu à la
commutation (la substitution). Exemple :
- Cette soupe est bonne.
- Cette soupe est chaude.
- Cette soupe est infecte.
- Cette soupe est liquide.
Activité 1
Faites une synthèse de tout ce qui a été dit.
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Cours 2 : (Fiche étudiant 1)
La lexicologie
1. …………………………………………………………………………………………..
2. …………………………………………………………………………………………..
1. La lexicologie « peut être définie par rapport aux disciplines plus vastes dont elle n’est
qu’une partie : la sémantique dont l’objet est l’étude des significations linguistiques, elle-
même branche de la sémiologie qui traite des codes de signe en général. » (J. Picoche,
1992 :8)
2. La lexicologie est « l’étude du lexique et des vocabulaires ». (M-F. Mortureux, 1997 : 189).
3. « La lexicologie est une branche de la linguistique qui étudie les propriétés des unités
lexicales de la langue, appelées lexies » (A. Polguère, 2002).
4. « C’est en effet la morphologie et la syntaxe réunies qu’on est convenu d’appeler
grammaire, tandis que la lexicologie ou science des mots en est exclue » (Saussure, 1969 :
185).
5. « la grammaire fournit les règles qui permettent de combiner les mots et les groupes de
mots pour former des phrases et le lexique représente des unités qui constituent son
matériau de base » (Niklas-Salminen, 1997 : 25–26).
6. « Chaque langue est donc avant tout constituée d’un lexique et d’une grammaire.
Apprendre une langue consiste à assimiler ces deux ensembles de connaissances et à
développer les automatismes permettant de les utiliser de façon spontanée » (A. Polguère,
2002).
7. « Il serait donc légitime de considérer la lexicologie, la discipline qui étudie les
phénomènes lexicaux, comme étant la branche maîtresse de la linguistique » (A. Polguère,
2002).
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Lexicologie et autres branches de la linguistiques
1. …………………………………………………………………………………………
La lexicologie se situe au carrefour des autres disciplines :
La lexicographie
Domaine de la linguistique appliquée, la lexicographie est une lexicologie appliquée, elle vise
la construction de dictionnaires.
La lexicographie établie la liste des unités lexicales et décrit les relations qu’elles entretiennent.
La phonétique et la phonologie
La phonétique étudie les sons de la parole appelés phones. Elle étudie et décrit les sons de la
parole sans tenir compte de leur appartenance à une langue.
La phonologie étudie les sons de la langue appelés phonèmes. Elle étudie les traits distinctifs
des unités phoniques, leur valeur, et leur fonction dans une langue déterminée.
La syntaxe
Branche de la grammaire qui étudie la construction des phrases. La syntaxe étudie les relations
des unités qui constituent la phrase. Elle est définie comme l’ensemble des règles de bonne
formation d’un énoncé.
La morphologie
La morphologie est la branche de la linguistique qui étudie la structure des unités lexicales. Elle
étudie leur structure grammaticale, leur composition, leur mode formation.
La sémantique
La sémantique étudie le sens des unités lexicales et les relations de sens qu’elles entretiennent.
Elle s’intéresse également à l’interprétation des unités lexicales.
L’analyse du discours
Méthode pluridisciplinaire. Elle a pour objet le discours, qu’elle étudie en faisant appel à
plusieurs théories et méthodes. Elle étudie un texte ou un énoncé en rapport avec son contexte.
L’analyse du discours étudie le discours selon les différentes théories et les positions des auteurs
qui le définissent.
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La pragmatique
La pragmatique est une branche de la linguistique qui étudie les éléments du langage dont la
signification dépend de leur contexte de production.
2. …………………………………………………………………………………………...
a- « Notre recherche consiste à faire un inventaire de tous les proverbes d’origine
française, et de les décrire et les définir avec toutes leurs variantes depuis le moyen âge
jusqu’à aujourd’hui ».
b- « Nous souhaitons étudier l’implicite et le malentendu dans les conversations
asynchrones produites dans l’espace numérique ».
c- « Nous avons choisi d’étudier le vocabulaire des hommes politiques. Notre corpus sera
constitué de termes tels que Premier, le salaire poche, le kern, le sous-régionalisme, la
coalition violette, le plan Marshall, etc. ».
d- « Communication parlée des sourds et malentendants : perception et production de la
parole ».
e- « Ce travail de recherche s’intéresse au différents sigles utilisés dans le domaine de la
médecine ».
f- « Etude des types de discours rapportés dans la presse écrite algérienne ».
g- « Analyse des erreurs de prononciation des consonnes en langue française chez les
apprenants algériens ».
h- « Nous allons étudier la nature et les fonctions des mots dans les phrases écrites ».
i- « Ce travail de recherche porte sur les relations synonymiques et antonymiques d’une
liste de termes de la langue française ».
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La lexicologie
3. Commentez chacune des définitions en relevant les informations essentielles en
rapport avec la lexicologie.
4. A partir de ces informations, dégagez une définition détaillée de la lexicologie.
8. La lexicologie « peut être définie par rapport aux disciplines plus vastes dont elle n’est
qu’une partie : la sémantique dont l’objet est l’étude des significations linguistiques, elle-
même branche de la sémiologie qui traite des codes de signe en général. » (J. Picoche,
1992 :8).
La lexicologie est une partie de la sémantique. On parle d’ailleurs de sémantique lexicale qui
est donc l’étude linguistique du sens des mots. La sémantique lexicale a recours à la lexicologie
pour procéder à la décomposition lexicale.
9. La lexicologie est « l’étude du lexique et des vocabulaires ». (M-F. Mortureux, 1997 : 189).
La lexicologie distingue entre lexique et vocabulaire. Le terme vocabulaire est au pluriel. Il
existe donc un lexique et des vocabulaires. On appelle lexique d’une langue donnée l’ensemble
des mots de cette langue. Le vocabulaire est un sous-ensemble du lexique d’une langue. En
d’autres mots le lexique est constitué de plusieurs vocabulaires.
10. « La lexicologie est une branche de la linguistique qui étudie les propriétés des unités
lexicales de la langue, appelées lexies » (A. Polguère, 2002).
La lexie est une unité lexicale. Selon Polguère, elle renvoie à deux éléments linguistiques : le
lexème, unité de base du lexique, est un morphème lexical autonome, considéré au plan du
contenu le plus souvent. Et la locution, groupe de mots figé ou relativement stable ayant la
même fonction qu'un mot. Exemple : faim de loup, froid de canard, etc.
11. « C’est en effet la morphologie et la syntaxe réunies qu’on est convenu d’appeler
grammaire, tandis que la lexicologie ou science des mots en est exclue » (Saussure, 1969 :
185).
On doit distinguer entre grammaire et lexicologie. La morphologie est la syntaxe sont des
branches de la grammaire. La lexicologie n’en fait pas partie.
Module de lexicologie Dr BABA HAMED Warda
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12. « la grammaire fournit les règles qui permettent de combiner les mots et les groupes de
mots pour former des phrases et le lexique représente des unités qui constituent son
matériau de base » (Niklas-Salminen, 1997 : 25–26).
La grammaire se divise en deux branches, la morphologie et la syntaxe. Le matériau de base
de la grammaire est le lexique dans le sens où, pour combiner des mots, la grammaire opère
d’abord au niveau du mot en faisant appel au lexème, unité de base de la lexicologie, et au
morphème unité de base de la morphologie. Exemple : mangent = mang (lexème)+ ent
(morphème grammatical). Elle opère ensuite au niveau de la phrase en faisant appel à la
syntaxe pour déterminer les relations entre les unités qui constituent la phrase. Le lexique est
le matériau de base de la grammaire puisque sans lexique il ne peut y avoir ni morphologie, ni
syntaxe.
13. « Chaque langue est donc avant tout constituée d’un lexique et d’une grammaire.
Apprendre une langue consiste à assimiler ces deux ensembles de connaissances et à
développer les automatismes permettant de les utiliser de façon spontanée » (A. Polguère,
2002).
Le lexique et la grammaire sont deux entités interdépendantes dans une langue, pour apprendre
et maitriser une langue il est nécessaire de connaitre le lexique et de pouvoir l’utiliser dans des
phrases.
14. « Il serait donc légitime de considérer la lexicologie, la discipline qui étudie les
phénomènes lexicaux, comme étant la branche maîtresse de la linguistique » (A. Polguère,
2002).
La lexicologie est considérée comme la branche maitresse de la linguistique. Puisqu’une langue
est avant tout constituée d’un lexique. Exemple : Si vous devez partir en destination d’un pays
dont vous ne connaissez pas la langue, qu’est-ce que vous apprenez en premier ? La
grammaire ? Quelques mots utiles, la nourriture, le transport, des noms de lieux.
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Lexicologie et autres branches de la linguistiques
3. Dégagez à partir de ces définitions les relations entre la lexicologie et chacune de
ces disciplines.
La lexicologie se situe au carrefour des autres disciplines :
La lexicographie
Domaine de la linguistique appliquée, la lexicographie est une lexicologie appliquée, elle vise
la construction de dictionnaires.
La lexicographie établie la liste des unités lexicales et décrit les relations qu’elles entretiennent.
La lexicographie et la lexicologie sont deux disciplines connexes. La lexicologie est théorique
elle étudie le lexique d’une langue. La lexicographie est appliquée, elle fait notamment appel
aux études lexicologiques et sémantiques pour construire des dictionnaires.
La phonétique et la phonologie
La phonétique étudie les sons de la parole appelés phones. Elle étudie et décrit les sons de la
parole sans tenir compte de leur appartenance à une langue.
La phonologie étudie les sons de la langue appelés phonèmes. Elle étudie les traits distinctifs
des unités phoniques, leur valeur, et leur fonction dans une langue déterminée.
Il n’y a pas de rapport direct entre la lexicologie et la phonologie, si ce n’est que cette dernière
permet de déterminer la prononciation des unités lexicales.
La syntaxe
Branche de la grammaire qui étudie la construction des phrases. La syntaxe étudie les relations
des unités qui constituent la phrase. Elle est définie comme l’ensemble des règles de bonne
formation d’un énoncé.
La syntaxe a une relation avec la lexicologie, puisqu’elle classe les unités lexicales. Par ailleurs
lorsque l’on parle de la fonction ou de la nature d’un mot, sa catégorie grammaticale on fait
forcément appel à la syntaxe.
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La morphologie
La morphologie est la branche de la linguistique qui étudie la structure des unités lexicales.
Elle étudie leur structure grammaticale, leur composition, leur mode de formation.
Comme la sémantique, la morphologie est intrinsèquement liée à la lexicologie. Puisque la
lexicologie fait appel à la morphologie pour déterminer les modes de formation des unités
lexicales.
La sémantique
La sémantique étudie le sens des unités lexicales et les relations de sens qu’elles entretiennent.
Elle s’intéresse également à l’interprétation des unités lexicales.
La lexicologie prend en considération l’ensemble du signe linguistique, donc signifiant et
signifié. La lexicologie fera donc appel à la sémantique pour déterminer la signification d’un
signe.
Autres disciplines :
L’analyse du discours
Méthode pluridisciplinaire. Elle a pour objet le discours, qu’elle étudie en faisant appel à
plusieurs théories et méthodes. Elle étudie un texte ou un énoncé en rapport avec son contexte.
L’analyse du discours étudie le discours selon les différentes théories et les positions des
auteurs qui le définissent.
L’analyse du discours a pour objet le discours. Le discours étant constitué d’unités lexicales
contextualisées, l’analyse du discours fera appel à la lexicologie, à la sémantique et autres
disciplines. Par exemple on peut utiliser la lexico-sémantique pour étudier les figures de style
dans le discours politique.
La pragmatique
La pragmatique est une branche de la linguistique qui étudie les éléments du langage dont la
signification dépend de leur contexte de production.
La pragmatique étudie notamment les actes de langage, comme l’implicite ou le malentendu.
La pragmatique fait appel à la lexico-sémantique pour déterminer la polysémie d’un mot et par
conséquent déterminer si un mot a un sens figuré, implicite.
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4. Dites de quelles disciplines relèvent les sujets suivants et justifiez votre choix
(certains sujets peuvent faire l’objet de plusieurs disciplines)
j- « Notre recherche consiste à faire un inventaire de tous les proverbes d’origine
française, et de les décrire et les définir avec toutes leurs variantes depuis le moyen âge
jusqu’à aujourd’hui ».
La lexicographie
k- « Nous souhaitons étudier l’implicite et le malentendu dans les conversations
asynchrones produites dans l’espace numérique ».
La pragmatique
l- « Nous avons choisi d’étudier le vocabulaire des hommes politiques. Notre corpus sera
constitué de termes tels que Premier, le salaire poche, le kern, le sous-régionalisme, la
coalition violette, le plan Marshall, etc. ».
La lexicologie
m- « Communication parlée des sourds et malentendants : perception et production de la
parole ».
La phonétique
n- « Ce travail de recherche s’intéresse au différents sigles utilisés dans le domaine de la
médecine ».
La morphologie / la lexicologie
o- « Etude des types de discours rapportés dans la presse écrite algérienne ».
L’analyse du discours
p- « Analyse des erreurs de prononciation des consonnes en langue française chez les
apprenants algériens ».
La phonologie
q- « Nous allons étudier la nature et les fonctions des mots dans les phrases écrites ».
La grammaire / la syntaxe
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r- « Ce travail de recherche porte sur les relations synonymiques et antonymiques d’une
liste de termes de la langue française ».
La sémantique
5. Activité 1 :
Cherchez un thème de recherche pour chacune des disciplines énoncées précédemment.
6. Activité 2 :
1- Cherchez un thème de recherche en lexicologie.
2- Décrivez le corpus (imaginaire) que vous allez constituer pour faire cette recherche.
3- Choisissez une ou plusieurs disciplines dont vous ferez appel pour étudier votre corpus.
4- Justifiez votre choix (dites comment et pourquoi ces disciplines vont vous aider à
analyser votre corpus).
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Cours 3 : (fiche étudiant 2)
…………………………………………………………………………………………
1. « Le mot est en grammaire traditionnelle l’unité linguistique minimale dotée de
signification. Groupe de phonèmes perçu comme autonome, il est à l’oral isolable par les
pauses et les accents et à l’écrit repéré par des blancs typographiques » (C. Détrie, P Siblot,
B. Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
2. « Le lexique d’une langue est l’entité théorique correspondant à l’ensemble des lexies de
cette langue ». (A. Polguère, 2002).
3. « Le vocabulaire d’un individu est le sous-ensemble du lexique d’une langue donnée
contenant les lexies de cette langue que maîtrise l’individu en question ». (A. Polguère,
2002).
4. Le vocabulaire est « une partie déterminée du lexique, considéré au plan de la langue
comme à celui de la parole. L’ensemble des mots dont dispose une personne peut
s’envisager selon une double compétence : du point de vue de l’expression (vocabulaire
actif), ou de la compréhension, laquelle n’implique pas la réalisation (vocabulaire passif) »
(C. Détrie, P Siblot, B. Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours).
5. « l’opposition lexique/ vocabulaire, à la fois en tant que totalité vs partie, potentialité vs
réalité et langue vs parole, s’est maintenant établie dans la terminologie linguistique ». (C.
Détrie, P Siblot, B. Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
6. « Une lexie, aussi appelée unité lexicale, est un regroupement 1) de lexèmes 2) de
locutions. Chaque lexie (lexème ou locution) est associée à un sens donné, que l’on
retrouve dans le signifié de chacun des signes auxquels elle correspond » (A. Polguère,
2002).
7. « Une unité lexicale de ce type, que nous appellerons lexème, est un élément de base de la
connaissance lexicale. Lorsque l’on parle d’apprendre un « nouveau mot » dans une langue
étrangère, on réfère en fait à un lexème de cette langue » (A. Polguère, 2002).
8. « Substitué au mot par la lexicologie, le lexème, unité de base du lexique, est un morphème
lexical autonome, considéré au plan du contenu le plus souvent » (C. Détrie, P Siblot, B.
Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
9. « les problèmes de délimitation rencontrés par le mot se retrouvent pour le lexème et
suscitent l’apparition des termes proches de lexie chez Poittier (simple, cheval, composé,
cheval-vapeur, complexe, chevaux de frise) » (C. Détrie, P Siblot, B. Verine, Termes et
concepts pour l’analyse du discours).
Module de lexicologie Dr BABA HAMED Warda
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10. « Une locution est une lexie regroupant des expressions linguistiques complexes ne se
distinguant que par la flexion ». (A. Polguère, 2002).
Activité 1 :
…………………………………………………………………………………………………...
1. Abattre ses cartes – de fils en aiguille – d’accord – au hasard – à propos de.
2. Cheval – avoir – canal – finir – plaisir – mensonge – maitre.
3. Arthrite – glaucome – cervical – étiologie – hématome.
Activité 2 :
…………………………………………………………………………………………………...
- Coup de main
- Cheval
Activité 3
…………………………………………………………………………………………………...
- Il pousse violemment la porte du jardin pour découvrir le petit citronnier qui pousse devant
la clôture.
- Il va à la cuisine pour boire un verre d’eau. Il remarque que la vitre est cassée. Il y a du
verre partout sur le sol.
Activité 4
…………………………………………………………………………………………………...
a. Il s’est cassé la jambe en sautant.
b. Il s’est cassé la tête pour trouver la solution.
Activité 5 :
…………………………………………………………………………………………………...
a. Il a mangé une salade pourrie du Fast Food.
b. Il a mangé une salade pourrie de fruits de mer.
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c. Il a mangé une salade de fruits de mer pourrie.
d. Il nous casse souvent les pieds ce petit.
Activité 6 : ……………………………………………………………………………………
a. Pourriez-vous ouvrir la fenêtre s’il vous plait ? / tu peux ouvrir la fenêtre ?
b. Mon père me coupe internet mais il ignore que je possède la 4 G/ Le daron il me
coupe la wifi à 22h mais miskine, il sait pas que j’ai la 4G cheh !
c. té peux toudis chiffler poupoule ! / tu peux toujours siffler poupoule ! (tu peux
toujours courir).
d. Je suis homme qui aime à m'acquitter le plus tôt que je puis/ je suis le genre de
personne qui règle ses dettes le plus tôt possible.
Activité 7 : ……………………………………………………………………………………
- Applaudir du bout des doigts
- apporter de l’eau à son moulin
- apporter sa pierre à l’édifice
- attraper la mort
- accuser le coup
- abattre ses cartes
- arriver comme un cheveu sur la soupe
- caresser dans le sens du poil
- chercher noise
- compter pour du beurre
- cirer les bottes
- coiffer au poteau
- Au temps pour moi
- Etre de mèche
- L'avocat du diable
- Etre dans ses petits souliers
- Ne pas faire dans la dentelle
- Une fine lame
- Faire la fine bouche
- Etre dur à la détente
- Le revers de la médaille
- Remettre le couvert
- Tourner autour du pot
- Le parcours du combattant
- Donner carte blanche
- L'affaire est dans le sac
- Prendre ses jambes à son cou
- Mettre du beurre dans les épinards
- Avoir les jetons
- Dormir sur ses deux oreilles
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- Etre dans de beaux draps
Correction
Commentez chacune des citations suivantes :
Le mot :
1. « Le mot est en grammaire traditionnelle l’unité linguistique minimale dotée de
signification. Groupe de phonèmes perçu comme autonome, il est à l’oral isolable par
les pauses et les accents et à l’écrit repéré par des blancs typographiques » (C. Détrie,
P Siblot, B. Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
Le « mot » est très ambigu et certains linguistes évitent de l’employer, lui préférant des termes
plus précis tels que lexème, morphème, monème, etc. En effet, le mot pose problème au niveau
de la segmentation. Le mot comporte des morphèmes grammaticaux, qui sont des unités de
signification internes, et qui remettent en question son statut d’unité de base.
2. « Le lexique d’une langue est l’entité théorique correspondant à l’ensemble des lexies de
cette langue ». (A. Polguère, 2002).
Le lexique est une entité théorique : cela veut dire que le lexique n’est pas un ensemble d’unités
lexicales qui peuvent être énumérées. C’est un ensemble qui contient tellement de lexies qu’on
ne peut les connaitre tous et on ne peut donc pas déterminer si telle ou telle lexie appartient au
lexique d’une langue. Par exemple dans le cas de certains emprunts, il est parfois difficile pour
un locuteur de savoir si un anglicisme fait partie uniquement de la langue parlée et s’il figure
ou pas dans un dictionnaire.
3. « Le vocabulaire d’un individu est le sous-ensemble du lexique d’une langue donnée
contenant les lexies de cette langue que maîtrise l’individu en question ». (A. Polguère,
2002).
Le vocabulaire est différent d’un individu à un autre. Chaque individu a une connaissance de la
langue qui est différente de celle d’un autre individu. Le vocabulaire est donc une composante
de l’idiolecte, c’est-à-dire de la langue maitrisée et parlée par l’individu. Le vocabulaire varie
en fonction des idiolectes.
Il existe plusieurs types de variation linguistique :
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- La variation diachronique
- La variation diatopique appelée aussi variation régionale :
La langue peut varier d’une région à une autre, ou d’un pays à un autre. Une même langue peut
donner plusieurs dialectes et donc des vocabulaires différents.
Exemple : comment on dit : « qu’est-ce que tu as ? » en tlemcenien et en oranais ?
En France on utilise le mot machine à laver alors qu’au Québec on utilise la laveuse.
- La variation diastratique ou sociale :
Le vocabulaire d’un individu est déterminé par le milieu social auquel il appartient. A travers
des marques d’usage telles que les registres de langue, soutenu, familier, etc.
- La variation diaphasique ou situationnelle :
Le vocabulaire utilisé par le locuteur dépend de la situation de communication dans laquelle il
se trouvera, emploiera divers styles ou registres de la même langue.
- La variation générationnelle
Les jeunes et les personnes âgées ne parlent pas de la même manière.
- La variation selon le domaine d’utilisation de la langue
Il existe deux principaux types de lexique : le lexique général et le lexique de spécialité. Le
lexique général est le lexique d’usage quotidien. Le lexique de spécialité est un lexique savant
ou technique constitué de termes spécifiques au domaine de spécialité mais aussi de termes
courant utilisés dans une acception spécifique. Le jargon est le vocabulaire spécialisé d'une
profession ou d'une activité.
4. Le vocabulaire est « une partie déterminée du lexique, considéré au plan de la langue
comme à celui de la parole. L’ensemble des mots dont dispose une personne peut
s’envisager selon une double compétence : du point de vue de l’expression (vocabulaire
actif), ou de la compréhension, laquelle n’implique pas la réalisation (vocabulaire
passif) » (C. Détrie, P Siblot, B. Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
Le vocabulaire actif correspond à l’ensemble des unités lexicales connues et employées par le
locuteur.
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Le vocabulaire passif correspond aux unités lexicales que le locuteur connait mais qu’il
n’utilise pas ou pratiquement pas.
5. « l’opposition lexique/ vocabulaire, à la fois en tant que totalité vs partie, potentialité vs
réalité et langue vs parole, s’est maintenant établie dans la terminologie linguistique ». (C.
Détrie, P Siblot, B. Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
Le lexique est la totalité des unités lexicales, considérées dans leur potentialité d’usage et
constituant la langue. Le vocabulaire est une partie du lexique considéré dans sa réalité concrète
et qui relève de la parole.
6. « Une lexie, aussi appelée unité lexicale, est un regroupement 1) de lexèmes 2) de
locutions. Chaque lexie (lexème ou locution) est associée à un sens donné, que l’on
retrouve dans le signifié de chacun des signes auxquels elle correspond » (A. Polguère,
2002).
Ceci rend compte de la relation étroite entre la lexicologie et la sémantique.
7. « Une unité lexicale de ce type, que nous appellerons lexème, est un élément de base de la
connaissance lexicale. Lorsque l’on parle d’apprendre un « nouveau mot » dans une
langue étrangère, on réfère en fait à un lexème de cette langue » (A. Polguère, 2002).
8. « Substitué au mot par la lexicologie, le lexème, unité de base du lexique, est un morphème
lexical autonome, considéré au plan du contenu le plus souvent » (C. Détrie, P Siblot, B.
Verine, Termes et concepts pour l’analyse du discours)
Cette définition distingue entre lexème et morphème grammatical.
9. « les problèmes de délimitation rencontrés par le mot se retrouvent pour le lexème et
suscitent l’apparition des termes proches de lexie chez Poittier (simple, cheval, composé,
cheval-vapeur, complexe, chevaux de frise) » (C. Détrie, P Siblot, B. Verine, Termes et
concepts pour l’analyse du discours)
Le terme lexie succède celui de lexème. Celui-ci ne renvoie à une unité lexicale simple, ce qui
exclut les mots composés et les locutions. D’où l’utilisation du mot lexie qui englobe le lexème
et la locution.
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10. « Une locution est une lexie regroupant des expressions linguistiques complexes ne se
distinguant que par la flexion ». (A. Polguère, 2002).
Une locution est distinguée et définie à travers un ensemble d’unités lexicales figé ou
relativement stable ayant la même fonction qu’une seule et même unité.
Activité 1 :
Quelle est la nature de chacune des listes d’unités lexicales suivantes :
1. Abattre ses cartes – de fils en aiguille – d’accord – au hasard – à propos de.
2. Cheval – avoir – canal – finir – plaisir – mensonge – maitre.
3. Arthrite – glaucome – cervical – étiologie – hématome.
1 locutions 2 lexème 3 lexique de spécialité – vocabulaire médical.
Activité 2 :
Démontrez pourquoi les deux unités lexicales suivantes sont des lexies :
Coup de main – cheval
Coup de main est une locution. Elle est par conséquent une lexie.
Cheval est un lexème et par conséquent une lexie.
Activité 3
Démontrez que les deux unités lexicales en gras dans chacune des phrases suivantes sont deux
lexies distinctes :
- Il pousse violemment la porte du jardin pour découvrir le petit citronnier qui pousse
tranquillement devant la clôture.
- Il va à la cuisine pour boire un verre d’eau. Il remarque que la vitre est cassée. Il y
a du verre partout sur le sol.
Le premier pousse renvoie au verbe pousser dans le sens de faire pression contre quelqu’un ou
quelque chose pour le déplacer. Le deuxième pousse renvoie au verbe pousser dans le sens de
grandir. On doit donc considérer qu’on est ici en présence de deux lexies différentes. On dira
que les deux lexies appartiennent au même vocable.
Le premier verre renvoie au contenant, l’objet dans lequel on boit de l’eau. Le deuxième verre
renvoie au type de matériau. Même constat, deux lexies différentes appartenant au même
vocable.
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Un vocable est regroupement de lexies qui sont associées aux mêmes signifiants et qui ont un
lien sémantique évident. La polysémie est la propriété d’un vocable donné de contenir plus
d’une lexie. Une entrée de dictionnaire correspond à un vocable.
Lorsque deux lexies sont associées aux mêmes signifiants, mais qu’elles n’entretiennent aucune
relation sémantique évidente, on ne parle pas de vocable mais d’homonyme. Par exemple :
Or : la conjonction de coordination et or : la matière avec laquelle on crée des bijoux.
Activité 4
En quoi les deux expressions en gras dans les phrases ci-dessous sont-elles de natures
différentes ?
a. Il s’est cassé la jambe en sautant.
b. Il s’est cassé la tête pour trouver la solution.
La première expression n’est pas une locution. La personne se casse littéralement la jambe.
Dans la deuxième expression il s’agit d’une locution. La personne ne se casse pas réellement la
tête. C’est un sens figuré.
Activité 5 :
Observez les phrases suivantes et dites ce que vous remarquez
a. Il a mangé une salade pourrie du Fast Food.
b. Il a mangé des fruits pourris de mer.
c. Il a mangé des fruits de mer pourris.
d. Il nous casse souvent les pieds ce petit.
La phrase a est grammaticalement correcte. La phrase b est agrammaticale. La phrase c est
correcte. Explication fruit de mer est une locution on ne peut donc insérer l’adjectif pourri.
Contrairement à la phrase qui résulte de la combinaison de lexèmes. La phrase d est différente.
Bien qu’elle soit une locution, elle permet l’insertion d’un adverbe, elle n’est pas figé comme
la première.
Activité 6 : déterminez le type de variation des listes de vocabulaire suivant :
a. Pourriez-vous ouvrir la fenêtre s’il vous plait ? / tu peux ouvrir la fenêtre ?
b. Mon père me coupe internet mais il ignore que je possède la 4 G/ Le daron il me
coupe la wifi à 22h mais miskine il sait pas que j’ai la 4G cheh
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c. té peux toudis chiffler poupoule ! / tu peux toujours siffler poupoule ! (tu peux
toujours courir).
d. Je suis homme qui aime à m'acquitter le plus tôt que je puis/ je suis le genre de
personne qui règle ses dettes le plus tôt possible.
Activité 7 :
Expliquez les locutions suivantes et utilisez les dans des phrases.
- Applaudir du bout des doigts : Apprécier très faiblement, avec réticence
- apporter de l’eau à son moulin : Fournir des arguments permettant d'étayer une
opinion.
- Apporter (ajouter) sa pierre à l’édifice : contribuer personnellement à un projet
généralement collectif.
- attraper la mort : Prendre froid.
- accuser le coup : Montrer que l’on est affecté par quelque chose.
- abattre ses cartes : Dévoiler brusquement ses intentions
- arriver comme un cheveu sur la soupe : Arriver de façon incongrue, mal adaptée à
la situation.
- caresser dans le sens du poil : Flatter une personne.
- compter pour du beurre : Ne pas avoir d'importance.
- cirer les bottes : Flatter
- coiffer au poteau : Avoir perdu de peu.
- Au temps pour moi : Admettre son erreur.
- Etre de mèche : être complice
- L'avocat du diable : Celui qui défend une personne ou une cause difficile à défendre.
- Etre dans ses petits souliers : Avoir une sensation d'inconfort
- Être mal à l'aise : Etre gêné
- Ne pas faire dans la dentelle : Faire quelque chose sans délicatesse, sans raffinement.
Être franc et direct sans délicatesse.
- Une fine lame : Quelqu'un d'une grande habileté
- Faire la fine bouche : Faire le difficile
- Etre dur à la détente : Être difficile à persuader, à décider. Mettre du temps à
comprendre
- Le revers de la médaille : Le côté déplaisant, désagréable, d'une chose ou personne
qui paraissait d'abord agréable
- Remettre le couvert : Recommencer
- Tourner autour du pot : Hésiter, tergiverser, parler avec des détours avant d'aborder
franchement un sujet
- Le parcours du combattant : Des démarches (administratives, judiciaires...) longues
et compliquées.
- Donner carte blanche : Laisser la libre initiative. Donner les pleins pouvoirs pour
accomplir une tâche.
- L'affaire est dans le sac : L'affaire doit ou va réussir.
- Prendre ses jambes à son cou : Courir très vite, s'enfuir.
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- Mettre du beurre dans les épinards : Améliorer ses conditions de vie, gagner plus
d'argent.
- Avoir les jetons : Avoir peur.
- Dormir sur ses deux oreilles : Dormir profondément, tranquillement, en toute
sécurité. N'avoir aucun souci à se faire.
- Etre dans de beaux draps : Être dans une très mauvaise situation
Activité 8 :
En binôme, écrivez un dialogue dans lequel vous utilisez l’une des variations linguistiques
(diatopique, diastratique, diaphasique, générationnelle, selon le domaine d’utilisation de la
langue). Le dialogue se fait entre deux locuteurs qui discutent dans deux registres différents.
Activité 9 : Donnez 1 exemple de vocable qui contient plusieurs lexies. Utilisez les dans des
phrases.
Cours 4 :
9. La lexicalisation et le figement
1. « La lexicalisation est présentée [dans le Dictionnaire de linguistique et des sciences du
langage de Duboi et al] comme un « processus par lequel une suite de morphèmes (un
syntagme) devient une unité lexicale » et opposée à la grammaticalisation (elle est
d’ailleurs assimilée à une dégrammaticalisation), car favorisant « le lexique aux dépens
de la grammaire ».
C’est l’avènement d’une unité lexicale qui semble ici déterminant, sa composition
interne initiale étant considérée comme hors de portée de la grammaire. Mais, outre ce
sens de « fixation » d’une séquence lexicale, lexicalisation peut renvoyer également à
l’installation en langue d’un sens issu d’une figure, ou d’un trope ; la syntaxe n’est alors
plus concernée, puisqu’il s’agit de mots uniques. On trouve ce sens, dans le Grand
Robert, au détour des verbes lexicaliser, se lexicaliser : il y est question de « sens figuré
qui se lexicalise ».
Enfin, on trouve dans le Grand Robert un troisième sens de lexicalisation, qui concerne
« l’expression par le lexique d’un contenu sémantique » dans une langue donnée (par
comparaison avec d’autres). Le point central est toujours l’unité lexicale, même s’il ne
s’agit ici ni de processus ni d’avènement de cette unité lexicale.
Le figement chez Dubois et al. est également défini comme un processus, « par lequel
un groupe de mots dont les éléments sont libres devient une expression dont les éléments
sont indissociables. Le figement se caractérise par la perte du sens propre des éléments
constituant le groupe de mots, qui apparaît alors comme une nouvelle unité lexicale,
autonome et à sens complet, indépendant de ses composantes ». Les exemples cités
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— pomme de terre, le heur de bonheur et malheur —, permettent de souligner la perte
d’autonomie des éléments, mais ramènent le figement à la lexicalisation.
2. Selon les approches, la notion de lexicalisation peut renvoyer à des phénomènes
d’évolution sémantique (on parle alors de néologisme de sens), ou de création
morphologique (installation en langue d’une nouvelle unité lexicale, créée par un
procédé morphologique quel qu’il soit), à des phénomènes de cristallisation sémique en
contexte ou encore à des « discours en circulation », ou à des faits de citation (Perrin
2004). Du fait de cette diversité des points de vue, on peut considérer comme relevant
de la lexicalisation des unités beaucoup plus diverses, et naturellement bien moins
clairement classées, que celles qui sont concernées par le figement (cf. infra). En effet,
la lexicalisation peut affecter un terme unique, des unités polylexicales ou des séquences
beaucoup plus larges comme les formules, les « façons de dire » ou les fragments de
discours.
Le processus diachronique de lexicalisation consiste, comme son nom l’indique, à
intégrer au lexique quelque chose qui n’en relevait pas. En effet, une propriété souvent
invoquée est celle de la codification et de l’insertion sociolinguistique de la séquence
concernée dans la pratique des locuteurs d’une part, de sa valeur dénominative d’autre
part (cf. notamment Corbin op. cit., Habert 1998, Valentin in Greciano (éd.) 2000,
Mortureux 2003) — c’est cette acception que nous retenons. Évidemment cela donne
lieu à des interprétations diverses selon ce que l’on considère comme lexique et non-
lexique. Ainsi, si l’on considère que le lexique revient à la langue, dans une acception,
assez stricte, d’ensemble d’unités lexicales, codées et pourvues de sens, qui sont
« reconnues » et mémorisées, un nom propre peut être dit « lexicalisé » dès lors qu’il
entre dans un dictionnaire avec un sens codé comme celui d’un nom commun
(hercule, malabar, poubelle, etc.) ; un sens nouveau issu d’une figure, ou encore une
création néologique peuvent aussi se « lexicaliser » lorsqu’elles quittent le domaine du
discours individuel pour passer dans celui de la langue commune… Mais si l’on
envisage le lexique comme une catégorie linguistique (lexicale) qui s’oppose à une autre
(grammaticale), alors la lexicalisation s’oppose à la grammaticalisation considérée
comme « la transformation d’un élément lexical en un élément grammatical » ou encore
« le passage d’un élément autonome au rôle d’élément grammatical » (Meillet 1912,
cité par De Mulder 2001). La lexicalisation est alors vue et théorisée comme un parcours
qui va de la grammaire au lexique, tandis que la grammaticalisation va, en sens inverse,
du lexique à la grammaire, ou du « moins grammatical » au « plus grammatical ».
Tout comme la lexicalisation, le figement est un processus diachronique, mais ce n’est
généralement pas sous cet angle qu’il est abordé, les auteurs s’intéressant plutôt au
« résultat » de ce processus, i. e. les séquences figées. La notion de figement ainsi
entendue est déjà présente chez Bally (1951) qui s’attache à décrire des combinaisons
de mots relevant de la phraséologie. On la retrouve sous divers termes chez différents
auteurs (synapsie chez Benveniste, synthème chez Martinet, locution le plus
souvent…), tandis que se développe parallèlement une pratique lexicographique des
« expressions figées » (cf. Duneton & Claval 1999, Rey & Chantreau 1990). En France,
ce sont les travaux s’inscrivant dans le cadre du Lexique-Grammaire (Gross 1996, Buvet
(éd.) 1998, Mejri et al. (éd.) 1998, etc.), qui ont le plus développé l’observation du
figement comme « résultat ».
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Il s’agit dans ces cadres d’une notion relevant d’approches syntactico-sémantiques et
combinatoires du lexique, visant souvent des développements en traitement
automatique des langues, en particulier pour le domaine de la traduction. Ces études sur
le figement ont permis tout d’abord l’établissement de listes conséquentes, de sommes
lexicales emmagasinées et classées ; elles ont surtout été l’occasion de mise en place de
critères formels du figement linguistique, et d’une organisation générale des
phénomènes concernés. On dispose donc de repères assez solides pour ce qui relève du
figement : outre qu’il concerne exclusivement des unités polylexicales, le figement se
caractérise d’une part par une fixation formelle et syntaxique (blocage des paradigmes
synonymiques et inséparabilité, blocage des propriétés transformationnelles) et d’autre
part par une modification sémantique (perte de la compositionnalité du sens) et
référentielle (non actualisation des composants), celles-ci ayant pour conséquence la
démotivation — l’opacification — du sens (cf. Gross 1996). À partir de ces critères,
plus ou moins vérifiés selon les cas, peuvent se mettre en place des classifications
articulées, soit autour de la relativité du figement (degré de figement, portée du
figement), soit autour de la catégorie de la séquence figée (noms ou déterminants
composés/figés, locutions verbales, adjectivales, adverbiales, prépositives et
conjonctives). »
(Michelle Lecolle : Changement dans le lexique — changement du lexique : Lexicalisation,
figement, catachrèse).
La lexicalisation : « Processus par lequel une suite de morphèmes ou un syntagme devient une
unité lexicale autonome. Le processus de lexicalisation porte sur des segments de dimension
variable, depuis le classique pomme de terre, jusqu'aux locutions phraséologiques comme
mettre le pied à l'étrier, prendre le taureau par les cornes, etc. Résultant de l'usage, la
lexicalisation est lente et progressive. Elle passe par différents stades, au cours desquels le degré
de soudure des constituants s'accentue progressivement pour aboutir au figement complet
(indissociabilité des constituants) (D.D.L.1976).Les noms propres fournissent non seulement
des lexicalisations (un harpagon) mais des monèmes productifs (marxiste, marxisme, marxien)
(Rey, Le Lexique : images et modèles, Paris, Colin, 1977, p. 30). »
10. La morphologie lexicale : les procédés de formation du lexique
- La flexion
« La flexion, combinaison régulière d’un radical et d’un affixe, permet un emploi grammatical
de la lexie dans la phrase » (Polguère).
La flexion s’appuie sur un mécanisme morphologique qui consiste à combiner un radical et un
affixe (ou plusieurs) appelé affixe flexionnel.
L’affixe flexionnel renvoie à une catégorie flexionnelle relative par exemple au genre ou au
nombre d’un nom ou aux terminaisons d’un verbe :
- Cadre (au singulier) ----cadres (au pluriel)
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29
- Blond (masculin) ------- blonde (féminin)
- Achet (radical) ------- achètes (+ es de la deuxième personne du singulier au présent
de l’indicatif), achetait (+ ait de la troisième personne du singulier à l’imparfait).
On dira que achètes, achetait sont des formes fléchies de la lexie chanter
Liste 1 : ………………………………………………….
Cadre ----------- cadres ………………………………………………….
Blond ------------ blonde ………………………………………………….
Acheter ---------- achètes ………………………………………………….
- La dérivation
La dérivation est un mécanisme morphologique consistant en la combinaison d’un radical d’une
lexie et d’un affixe dérivationnel donnant une nouvelle lexie. Exemple :
- Le radical de la lexie danser ---- dans peut être combiné avec le suffixe eur pour
donner une nouvelle lexie : danseur (personne qui danse).
- Le radical de la lexie produire --------- peut être combiné avec le préfixe re pour
donner une nouvelle lexie : reproduire.
Il existe deux types de dérivation : la dérivation synchronique et la dérivation diachronique.
La dérivation synchronique est une dérivation construite par le locuteur à partir de sa
connaissance des radicaux d’une langue et de la règle de dérivation. A titre d’exemple la
dérivation par l’ajout du préfixe re : repartir, reprendre, retenir. Et qui donne un nombre
important de lexies. Ce type de dérivation reste rare en langue française en dehors du re.
La dérivation diachronique est une dérivation qui se construit par l’évolution de la langue. C’est
en effet la langue elle-même qui construit ce type de dérivation. Par exemple, consommer /
consommation ; communiquer / communication sont des termes qui ne sont pas dérivés par le
locuteur mais qui existent déjà dans la langue contrairement à manger / mangeation qui n’existe
pas.
Il existe aussi une dérivation savante qui consiste à former des mots savants à partir de deux
morphèmes liés : géologie.
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Liste 2 : ………………………………………………….
Danser ----------------- danseur ………………………………………………….
Produire -------------- reproduire ………………………………………………….
Tenir ------------------- retenir ………………………………………………….
Consommer ---------- consommation ………………………………………………….
Communiquer -------- communication ………………………………………………….
Manger ----------------- mangeation ………………………………………………….
- La conversion
La conversion est un procédé de formation de lexie par lequel la lexie change de nature ou de
catégorie grammaticale sans modification de sa forme. Exemple :
- Orange (le fruit)---- orange (la couleur).
- adverbialisation d'un adjectif : fort, chanter fort.
- substantivation d'un infinitif : dire, ses dires
- verbalisation d'un nom : un chant, chanter
Liste 3 : …………………………………………….
Il mange une orange --------------- un drapeau orange ……………………………………
Il est fort ----------------------------- il chante fort ……………………………………
Dire quelque chose ----------------- il revient sur ses dires ………………………………
J’entends un chant ------------------ tu veux chanter ……………………………………
- La composition
La composition est un mécanisme de construction de nouvelles lexies par la concaténation de
plusieurs radicaux. Exemple : bonhomme, grand-mère, portemanteau. Pour construire un mot
composé il existe des patrons à suivre :
- Adjectif épithète + nom :
Bonhomme, bonsoir, grand-père.
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- Verbe + complément
Portemanteau, ouvre-boite
Liste 4 : ……………………………………………
Un bonhomme …………………………………….
Bonsoir …………………………………………….
Grand-père ……………………………………….
Portemanteau ……………………………………..
Ouvre-boite …………………………………………
- L’abréviation (la troncation)
L’abréviation est utilisée à l’oral dans un souci d’économie. Une abréviation est un procédé
d’abrègement d’une lexie. C’est la production d’une nouvelle lexie par la troncation d’une
partie de radical d’une lexie initiale. Exemple : appartement ---- appart,
- La siglaison
La siglaison est une lexie produite à partir des initiales des lexies qui constitue une locution.
Par exemple PME (Petites et moyennes entreprises). Un sigle qui se lit comme une syllabe et
non pas comme une suite de lettre est appelé acronyme (exemple : OVNI)
Liste 5 : …………………………………………………
Appartement --------------- appart …………………………………………………
Petites et moyennes entreprises ---------- PME ……………………………………………
Objet volant non identifié ------------------ OVNI …………………………………………
- Le mot-valise
Un mot-valise est constitué par la jonction d'au moins deux mots existant dans la langue dont
l’un des deux au moins est tronqué. Exemple : motel = motor + hôtel, foultitude = foule +
multitude.
Liste 6 : ……………………………….
Motel ………………………………..
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Foultitude …………………………..
- Le redoublement
Le redoublement est un procédé de formation d’une lexie par la répétition complète ou partielle
d’une syllabe. Par exemple :
- Les mots enfantins : Mémé, tata, nounou, dodo, mimi.
- Les onomatopées : coucou, froufrou, glouglou.
- Les mots de l’argot : zinzin, youyou.
Liste 7 : ……………………………………………..
- Mémé, tata, nounou, dodo, mimi ……………………………………………..
- Coucou, froufrou, glouglou ……………………………………………..
- Zinzin, youyou ……………………………………………..
Activité 1 : dites quel procédé a été utilisé pour former chacune des lexies suivantes
Blabla, recadrer, bêbête, prof, SIDA, laitage, PDG, géommétrie, berceuse, ris, pépé, agriculteur,
blanche, importation, porteclé.
Activité 2 : dégagez les mots valises dans les phrases suivantes, et à partir du contexte,
trouver les radicaux qui les constituent :
A chaque fois qu’il parle, tout ce qui sort de sa bouche est pervers : il excelle dans la
perversation.
Il adore le chocolat : il devrait ouvrir une... chocolâtrie.
Elle se plaint de voir des oranges partout où elle va ; peut-être est-elle victime d'orangination ?
Activité 3 : expliquez le procédé dans les phrases suivantes
- J’ai acheté une rose et je l’ai déposée sur la nappe rose du salon.
- Tu peux te moquer et rire autant que tu veux. Tes rires ne m’atteignent pas.
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- C’était un bel homme. Il était grand et fort. Mais il voyait grand et il gaspillait tout
son argent pour vivre au-dessus de ses moyens.
Cours 5 :
La sémantique lexicale :
« La sémantique lexicale est 1' étude linguistique du sens des mots. Le sens d'un mot donné est
un potentiel de référence, codé et représenté dans le lexique mental. Dans le discours, la
référence s'établit sur la base de trois instances : le sens lexical, l'information fournie par un
contexte ou une situation et les connaissances non-linguistiques. Se superpose ainsi à la
représentation lexicale une représentation discursive, souvent modifiée, souvent plus riche ou
plus précise ».(Christophe Schwarze, 2001)
La sémantique a pour objectif de :
- analyser et représenter le sens lexical
- dégager la polysémie des mots et d'autres types de variation sémantique.
- dégager le sens lexical tel qu'il se présente dans les differentes parties du discours
(noms, adjectifs, verbes et prépositions).
La sémantique lexicale utilise des méthodes d’analyse qui empêchent les linguistes d’avoir des
jugements subjectifs. Selon Schwarze il existe deux types : les méthodes de découverte et les
méthodes de représentation.
Les méthodes de découverte :
- l'observation du comportement des mots dans les textes, y compris dans des
contextes artificiellement créés, et l'observation de leur aptitude à designer des
objets ou des situations, réelles ou imaginées.
- des tests et des techniques de reformulation, comme le test de la paraphrase.
Les méthodes de représentation :
- la décomposition lexicale (décomposition selon le genre et 1' espèce).
- l'emploi d'un « langage » formel ou standardisé, c'est-à-dire d'un symbolisme
conventionnel.
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c. Les relations lexico-sémantiques
Les relations lexico-sémantiques sont fondamentales. Elles permettent à chaque lexie de
prendre place dans le réseau lexical de la langue.
Choisissez dans la liste la relation lexico-sémantique qui correspond à chaque exemple :
Synonyme, antonyme, hyperonymie, homographie, hyponymie, homonymie, polysémie,
homophonie.
- Hyperonymie et hyponymie
Il s’agit de deux relations sémantiques entre lexies, correspondant à un cas particulier
d’inclusion de sens. Exemple :
1) animal est hyperonyme de chat. Chat est hyponyme de animal.
La lexie animal inclut celle de chat. La lexie chien est incluse dans la lexie animal.
- La synonymie
La synonymie est la relation lexico-sémantique qui unit deux lexies différentes ayant un sens
équivalent. Les synonymes sont des mots qui appartiennent à la même catégorie grammaticale
dont la signification est plus ou moins voisine ; on peut les inter-changer dans un texte sans
modifier fondamentalement le sens global de celui-ci ; mais puisque aucun mot n’a exactement
le même sens qu’un autre, remplacer un mot par un synonyme revient à introduire dans le texte
une nuance de sens.
Les synonymes servent à cerner avec précision une idée, s’il s’interroge sur ce qui a motivé le
choix d’un mot par rapport à d’autres possibles ; en distinguant les différents synonymes, il
saisit la nuance voulue
Certains synonymes ont un sens très voisin qu’il est difficile de distinguer nettement :
heureux / content
D’autres introduisent des nuances qui permettent d’exprimer sa pensée avec le plus de justesse
possible et de tenir compte du contexte. Ils peuvent :
• souligner un régionalisme :
une soupe de poisson est une bouillabaisse, une bourride selon les régions françaises ;
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• souligner un registre de langue :
2) l’influenza (scientifique), la grippe (courant) ; un importun (soutenu), une teigne
(familier) ;
• souligner une intensité :
3) la chaleur, la canicule ;
• exprimer une valeur connotée, c’est-à-dire porteuse d’un jugement :
4) la tâche (neutre), la corvée (dépréciatif), la mission (appréciatif) ;
• apporter une précision :
5) l’aérodrome est un terrain aménagé pour le décollage ou l’atterrissage des avions tandis
que l’aéroport est l’ensemble des installations nécessaires à la circulation aérienne.
Il existe deux types de synonymie :
- La synonymie exacte :
6) (vélo, bicyclette), (voiture, automobile).
La synonymie approximative : elle peut être observée par la substitution.
7) J’aime cette personne. / J’apprécie cette personne.
En remplaçant le verbe aimer par apprécier on obtient une nouvelle phrase à peu
près équivalente sémantiquement. Il s’agit de paraphrases. Bien sûr l’équivalence
est approximative, les deux lexies ne veulent pas dire totalement la même chose, et
il y a toujours des nuances.
L’hyperonyme ou l’hyponyme d’une lexie peut tout à fait être son synonyme :
Le dalmatien des voisins a cassé mes pots de fleurs.
Le chien des voisins a cassé mes pots de fleurs.
Il faut cependant noter que deux synonymes dans un contexte déterminé peuvent ne pas l’être
dans un autre contexte.
8) Son travail lui offre beaucoup d’avantages.
Son emploi lui offre beaucoup d’avantages.
9) Le travail a commencé, elle va accoucher.
L’emploi a commencé, elle va accoucher.
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Dans les deux premières phrases emploi et travail sont des synonymes. Alors que dans les deux
dernières phrases les deux lexies ne peuvent pas être substituées dans la même phrase, puisqu’il
s’agit de deux contextes différents.
L’antonymie
L’antonymie s’oppose à la synonymie. C’est la relation qui unit deux lexies de sens opposé.
Les antonymes appartiennent à la même catégorie grammaticale.
Tous les mots n’ont pas de contraire. Ex. : table, temps, vaincre.
Il existe aussi plusieurs types d’antonymie, nous en citerons trois :
10) L’antonymie exacte : Près/ loin. Lent/rapide.
11) L’antonymie approximative : aimer/détester.
12) L’antonymie réversive : bloquer/ débloquer. Construire/ détruire.
Il faut cependant distinguer entre antonymie et lexies contrastives telles que
13) blanc et noir. Considéré aussi comme une relation lexico-sémantique. Blanc n’est pas
l’antonyme de noir. Ce sont deux lexies différentes qui renvoient à deux couleurs.
Sa robe est noire.
Sa robe est blanche.
Sa robe est noire n’est pas le contraire de Sa robe est blanche.
14) L’homonymie
Les antonymes sont des lexies associées aux mêmes signifiants mais ne possédant pas le même
sens. Il existe deux types d’homonymie : l’homographie et l’homophonie
L’homographie :
C’est lorsque deux lexies sont associées aux mêmes signifiants écrits. Par exemple :
15) Mes fils jouent avec des fils dentaires.
Il est à l’est.
L’homophonie :
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C’est lorsque deux lexies sont associées aux mêmes signifiants sonores. Par exemple :
16) Ce sot a renversé le seau d’eau.
Ma mère va à la mer.
Un homonyme peut être à la fois homophone et homographe. Exemple j’ai acheté un livre qui
pèse un livre.
La polysémie
Un vocable est polysémique s’il contient plusieurs lexies. La plupart des vocables courants de
la langue sont polysémiques. Exemple :
17) J'ai transpercé une feuille.
Il m'a transpercé du regard.
Exercice 1 : quelle relation lexico-sémantique unit les lexies dans les séries suivantes :
Battre, frapper, châtier, taper, maltraiter, cogner.
Verre, vers, vert, ver.
Animal, chien, doberman.
Feu, glace.
Allumer, éteindre.
Exercice 2 : démontrez la polysémie des vocables suivants en donnant des exemples pour
chaque vocable :
Aboyer, accrocher, amer, prendre, glisser, décoller, passer, briser,
Exercice 3 : Les verbes donner et faire sont polysémique. Définissez ces verbes dans les
exemples suivants
Donner de l’importance à quelqu’un. (accorder)
Donner sa place à quelqu’un. (céder)
Donner sa vie à une cause. (consacrer, sacrifier)
Donner une promotion. (accorder)
Donner des informations. (fournir)
Donner une démonstration pour convaincre. (argumenter)
Donner sa fortune. (léguer)
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Faire à manger. (cuisiner, préparer)
Faire la vaisselle. (laver)
Faire une dissertation. (rédiger)
Faire un travail. (effectuer)
Se faire beaucoup d’argent. (gagner)
Exercice 4 : trouvez un synonyme au mot en gras
1. Le mobilier de ce restaurant représente les goûts hétéroclites de son propriétaire.
2. La réaction de sa collaboratrice a médusé Charles.
3. La résistance à ce projet s’amenuise depuis la publication de l’étude sur les retombées économiques.
4. Tous les journalistes ont dénoncé la vacuité des propos du conférencier.
5. Depuis la fermeture de l’usine de pâtes et papiers, le chômage dans cette région est endémique.
6. La littérature du terroir favorise la pérennité des traditions québécoises.
7. En rentrant à la maison, Maude a fait une rencontre tout à fait inopinée.
8. En général, l’être humain adopte un comportement grégaire.
Correction
NOTE. – Il peut y avoir plus d’une bonne réponse. La première réponse suggérée représente
généralement le synonyme le plus courant. Vous trouverez d’autres réponses possibles entre
parenthèses.
1. Le mobilier de ce restaurant représente les goûts (éclectiques, variés) de son propriétaire.
2. La réaction de sa collaboratrice a stupéfait (coupé le souffle à, époustouflé, renversé,
stupéfié) Charles.
3. La résistance à ce projet s’effrite (diminue, faiblit, s’affaiblit) depuis la publication de
l’étude sur les retombées économiques.
4. Tous les journalistes ont dénoncé la nullité (le vide) des propos du conférencier.
5. Depuis la fermeture de l’usine de pâtes et papiers, le chômage dans cette région est
chronique (persistant, tenace).
6. La littérature du terroir favorise la persistance (continuité, durée, l’immuabilité) des
traditions québécoises.
7. En rentrant à la maison, Maude a fait une rencontre tout à fait imprévue (inattendue).
8. En général, l’être humain adopte un comportement sociable (social).
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Cours 6 : Les figures de style
Une figure de style ou une figure de rhétorique est un procédé qui agit sur la langue en créant
un effet de sens ou un effet de sonorité. La rhétorique est assimilée à l’art de persuader, de
séduire et d’émouvoir l’auditeur. Les figures sont également reconnues dans leur valeur
argumentative ou explicative
Il en existe trois types :
1. Les figures de diction :
« Ce sont des formes de néologismes liés à des phénomène d’adjonction, de suppression ou de
permutation qui peuvent affecter phonème, graphèmes, ou groupe syllabique » (Fromilhague :
1995). Il en existe plusieurs nous en citons que quelques-unes :
L’aphérèse : Effacement d’un phonème, d’un graphème, ou d’un groupe syllabique en début
de mot.
L’apocope : effacement en fin de mot.
Le mot-valise : combinaison et fusion d’au moins deux termes partiellement homophones.
2. les figures de construction :
« Elles concernent l’organisation syntaxique de l’énoncé, la relation entre signifiants
morphosyntaxique » (Fromilhague : 1995). C’est « la manière dont les mots sont combinés et
disposés dans la phrase » (Fontanier). Il existe plusieurs types de figures de construction. Nous
n’en citerons que quelques-uns :
L’épitrochasme : « Suite de termes brefs, dans une structure à éléments de même rang
(juxtaposés ou coordonés) » (Fromilhague : 1995).
La dérivation : « variations morpho-lexicales sur un radical commun : les termes reliés
appartiennent à une même famille morphologique.
L’asyndète : non-emploi d’un lien de coordination (conjonctions et adverbes).
L’oxymore : « figure d’opposition, mais qui est fondée sur une apparente contradiction
logique » (Fromilhague : 1995).
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3. Les figures de sens ou les tropes
On les définit comme « des détournements de sens : dans le trope, il y a, dit-on généralement
transfert du sens propre au sens figuré » (Fromilhague : 1995).
Les trois principaux tropes sont
18) La métonymie
La métonymie est formée sur une relation de proximité logique. La métonymie et la synecdoque
appartiennent à la même famille.
19) La synecdoque
La synecdoque est fondée sur une relation d’inclusion. Elle consiste à employer un mot en lui
attribuant un sens plus large ou plus restreint que son sens habituel. La synecdoque est une
sous-classe de la métonymie.
20) La métaphore
La métaphore est fondée sur une relation d’analogie. Exemple : « un renard » au lieu de « un
homme rusé ». Contrairement à la comparaison, la métaphore ne comporte aucun outil de
comparaison, tels que : comme, ainsi que, tel, semblable à. La métaphore s’établit entre un
terme comparé, celui qui fait l’objet de la comparaison, et un terme comparant, qui sert de point
de comparaison.
4. Les figures de pensée
Ces figures « sont fondamentales dans le langage des passions, et aussi dans l’argumentation,
surtout celles qui jouent avec la valeur de vérité » (Fromilhague : 1995). Elles sont nombreuses,
nous en citerons trois :
L’ironie : « dire A pour signifier le contraire de A » (Fromilhague : 1995).
La litote : « on feint d’atténuer une vérité que l’on affirme implicitement avec force »
(Fromilhague : 1995), « on dit le moins pour le plus » (Morier).
L’euphémisme : « l’atténuation non feinte d’une vérité que l’on déguise parce qu’elle renvoie
à des domaines tabous » (Fromilhague : 1995).
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Exercice 1 :
21) La pauv’ fille. (apocope)
22) Il est le premier violon de l’orchestre. (métonymie)
23) Marches, courses, efforts, fatigue. Nous y sommes ! (épitrochasme)
24) Je prie Dieu chaque soir et après mes prières je vais dormir. (dérivation)
25) Tu n’as pas tort ! (litote)
26) Une personne à mobilité réduite (euphémisme)
27) Un silence assourdissant. (oxymore)
28) Tu devrais aller te changer, ta robe est très moche - Merci ! c’est gentil ! (ironie)
29) ‘ttention petite ! (aphérèse)
30) Six heures sonnèrent. Sarra entra. (asyndète)
31) un silence éloquent. (oxymore)
32) Ce n’est pas un trouillard ! (litote)
33) Elle est partie pour un autre monde. (euphémisme)
34) Je suis le parfum. Vivant et défunt. (oxymore)
35) Il n’est pas mal ce film (litote)
36) Elle porte un superbe manteau de vison. (synecdoque)
37) Il est oisif, ignorant, médisant, querelleux, fourbe, intempérant, impertinent.
(épitrochasme)
38) Elle me fixait avec son regard d'acier. (métaphore)
39) Ce n’est pas mauvais ! (litote)
40) Il n’a pas osé mettre le nez dehors. (synecdoque)
41) Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. (oxymore)
42) Gilles a enfin trouvé un toit. (synecdoque)
43) Il nous manquait des bras pour achever la tâche. (synecdoque)
44) Son esprit, strict, droit, bref, sec et lourd. (épitrochasme)
45) Une mer de manifestants a envahi les rues. (métaphore)
46) J’écoute du Beethoven pour me détendre. (métonymie)
47) Tu n’es pas stupide. (litote)
48) Il nous a quitté. (euphémisme)
49) J'ai apprécié, tu vois j'ai mangé toute mon assiette. (métonymie)
50) Veux-tu venir boire un verre avec nous après le travail ? (métonymie)
51) C'est loin d'être faux ! (litote)
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42
52) Je prends le métro (apocope)
53) La femme de ménage a ciré le salon. (synecdoque)
54) Tu vas prendre ton petit-déj dans la cuisine. (apocope)
55) Le Canada a vaincu le Brésil en demi-finale. (synecdoque)
56) J’aime observer les voiles qui naviguent sur le fleuve. (métonymie)
57) Cet avocat est un requin. (métaphore)
58) Je surfe sur le net. (aphérèse)
59) Ces cheveux sont comme une forêt amazonienne. (comparaison)
60) Je prends le bus. (aphérèse)
Cours 7
La néologie :
La néologie désigne la création de mots nouveaux. C’est aussi les processus de formation de
nouvelles unités lexicales. La néologie est un phénomène toujours à l’œuvre dans les langues
vivantes, dont l’intérêt est de suivre les transformations des techniques, le progrès du savoir
scientifique, l’apparition de nouveaux produits, idées, concepts. Elle permet la rénovation et le
renouvellement du stock lexical d’une langue. (Termes et concepts pour l’analyse du discours,
Détrie, Siblot, Verine).
Le néologisme ne devient effectif que s’il est repris et diffusé par l’usage social.
Louis Guilbert (1975) fait une distinction entre néologisme de forme et néologisme de sens.
- Le néologisme de forme : il inclut
La formation primitive : invention d’un mot de toute pièce, formé à partir
d’aucune autre unité lexicale connue. Comme par exemple le lexème
internet.
La formation récursive : formation d’un mot à partir de différents procédés
de morphologie lexicale. Donc de procédés de formation d’unités lexicales :
la dérivation, la composition, l’abréviation, la siglaison, et l’emprunt.
- Le néologisme de sens : Il s‘agit de l’utilisation d’une unité lexicale qui existe déjà
mais à laquelle on attribue un nouveau sens. On parle de création sémantique. Dans
ce cas, le sujet parlant, choisit un terme qui appartient au lexique d’une langue selon
une motivation personnelle (invention ou recherche) auquel il confère une nouvelle
signification. Par exemple : Souris, surfer.
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L’emprunt constitue la principale source de néologie. Il désigne « l’introduction dans un
système linguistique d’éléments lexicaux (bases ou morphèmes), discursifs (locutions et
phraséologies), syntaxiques (mots outils ou structures) repris d’une autre langue » (Termes et
concepts pour l’analyse du discours, Détrie, Siblot, Verine).
« L’emprunt est doublement néologique, parce qu’il introduit un terme nouveau, bien sûr, mais
aussi parce qu’il comporte lui-même nécessairement une néologie de sens. En vertu du principe
structural, on doit déjà poser que, déplacé d’un système linguistique à un autre, et changeant
ainsi d’environnement systémique, le terme en est constitutivement modifié » (Termes et
concepts pour l’analyse du discours, Détrie, Siblot, Verine).
Le xénisme :
Il s‘agit d‘un emprunt lexical (forme et sens) qui sert à dénommer des réalités typiquement
étrangères, des concepts appartenant à une autre culture.
Le calque :
Type d’emprunt lexical qui consiste à emprunter un mot à une autre langue et le traduire
littéralement. (Il s’agit ici d’un des aspects du calque, il en existe d’autres que nous ne
mentionnons pas dans cette définition).
- La notion de métalangage :
Le terme de métalangage englobe les termes : métalangue et métadiscours. Le terme renvoie à
« une fonction des langues naturelles, celle de pouvoir parler d’elles-mêmes » (Termes et
concepts pour l’analyse du discours, Détrie, Siblot, Verine).
C’est le fait qu’une langue parle de son propre système.
Le terme métalangue renvoie à un système codé qui constitue une terminologie spécialisée, par
exemple : adverbe, suffixe, phrase, etc.
- Lexique général, lexique de spécialité (lexique technique, lexique scientifique)
Il existe deux principaux types de lexique : le lexique général et le lexique de spécialité. Le
lexique général est le lexique d’usage quotidien. Le lexique de spécialité est un lexique savant
ou technique constitué de termes spécifiques au domaine de spécialité mais aussi de termes
courants utilisés dans une acception spécifique. Le jargon est le vocabulaire spécialisé d'une
profession ou d'une activité.
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- Le nom propre :
- Du point de vue grammatical le nom propre est un nom caractérisé par une majuscule à
son initiale et par l’absence de prédétermination,
- Le nom propre désigne une substance distincte de l’espèce ou la catégorie à laquelle elle
appartient.
- Il désigne une personne, un animal, un lieu, un objet qui sont uniques.
- Le nom propre désigne le même référent dans tous les mondes possibles.
- Le nom propre s’oppose donc au nom commun qui est un nom qui désigne une substance
non distincte de l’espèce ou la catégorie à laquelle elle appartient. Il désigne donc une
même espèce ou catégorie d’êtres ou de choses.
L'onomastique est une branche de la lexicologie qui a pour objet les noms propres. Elle étudie
leur étymologie, leur formation, leur usage à travers les langues et les sociétés.
Activité : dites à quelle catégorie appartiennent chacune des unités lexicales suivantes
(une unité lexicale peut appartenir à plusieurs catégories)
Internet, Paris, dialogisme, surfer, gentilhomme, Hercule, souris, maïda, chien, harem, verbe,
football, fiesta.
Internet : formation primitive. Le mot est devenu lui-même la source d’autres néologismes.
(internautes, etc.)
Paris : Nom propre
Dialogisme : métadiscours
Surfer : néologisme de sens (surfer sur les vagues / surfer sur le web)
Gentilhomme : gentleman
Hercule : nom propre
Souris : néologisme de sens
Maïda : xénisme
Chien, nom commun
Harem : hénisme
Verbe : métalangue
Football : emprunt lexical
Jeunisme : formation récursive par dérivation (jeune + isme).
Fiesta : emprunt lexical
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La lexicographie
« La lexicographie est l’activité ou le domaine d’étude visant la construction de dictionnaires ».
(Polguère). La lexicographie est une lexicologie appliquée.
Le dictionnaire
« Un dictionnaire d’une langue donnée est un répertoire du lexique de cette langue qui fournit,
pour chaque lexie, une description selon un patron relativement rigide (définition, étymologie,
prononciation, exemples d’emploi, etc.) » (Polguère).
Il existe différents types de dictionnaire selon le type de public et d’utilisation visée :
61) Des dictionnaires destinés à un large public, tels que les dictionnaires de langues
contenant le lexique général. Exemple le Larousse, Le Robert, les dictionnaires de
synonymes, les dictionnaires d’antonymes, les dictionnaires bilingues, les dictionnaires
étymologiques, les dictionnaires encyclopédiques.
Le dictionnaire de langue a pour objectif de décrire les mots qui nomment les objets
du monde. Il doit permettre la compréhension de ces mots et leur utilisation. Il
indique donc leur orthographe, leur prononciation, leur étymologie. Il recense les
significations du vocable. Il précise la situation dans le temps (sont-ils courants,
vieillis, néologiques ?), la situation dans l’espace (sont-ils propres à un territoire
donné ?) et le registre de langue.
Alors que le dictionnaire de langue décrit les mots qui nomment les objets du monde,
le dictionnaire encyclopédique décrit les objets du monde, que désignent les mots.
Le dictionnaire encyclopédique met en exergue les nouvelles réalités politiques,
géographiques, scientifiques, techniques. Il est généralement illustré à l’aide de
dessins, de photographies.
62) Des dictionnaires spécialisés ou théoriques propres à des disciplines ou des métiers : ce
sont des dictionnaires qui contiennent des lexies spécifique, scientifique ou technique
ainsi que des définitions de ces lexies dans leur domaine d’étude : dictionnaire médical,
dictionnaire d’économie et de sciences sociales, dictionnaires théoriques (dictionnaire
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linguistique, dictionnaire d’analyse du discours), le dictionnaire des romanciers
algériens écrits par Salim Jay (marocain).
La structure des dictionnaires :
63) microstructure et macrostructure
La macrostructure d’un dictionnaire est la nomenclature générale du dictionnaire. Elle est
organisée autour d’une succession de superarticles (vocables), ordonnés alphabétiquement.
Chaque lexie du vocable est présentée dans un article du superarticle.
Chaque lexie (acception) d’un vocable est généralement numérotée à l’intérieur du superarticle.
La microstructure du dictionnaire est l’organisation interne des articles, en fonction du contenu
(étymologie, prononciation, définition, exemples, etc.).
Exercice : d’après les définitions suivantes, dites de quel type de dictionnaire il s’agit
64) CATASTROPHE n. f. (lat. catastropha) Événement subit qui cause un bouleversement,
des destructions, des victimes.
65) Abaisser : raser, incliner, courber, descendre, pencher.
66) Idéologie : en analyse du discours l’idéologie est un concept central. Elle est liée à
l’inconscient par le biais de l’interpellation des individus en sujets.
67) Doliprane : Traitement symptomatique des douleurs d'intensité légère à modérée et/ou
des états fébriles.
68) Asie : c’est le plus vaste des continents : 44 millions de kilomètres carrés. Elle s'étend
sur 75 degrés de latitude et, en tenant compte des îles, sur 92 degrés (de la Severnaïa
Zemlia, ou Terre du Nord, 810 de latitude nord, à l'île Roti, 110 de latitude sud) ; elle
couvre 164 degrés de longitude du cap Baba en Asie Mineure au cap Dejnev en Sibérie.
L'Asie est entourée au nord par l'océan Arctique, à l'est par l'océan Pacifique, au sud par
l'océan Indien. Mais elle n'a pas de vraie limite à l'ouest : l'Europe n'est qu'une péninsule
asiatique.